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REPORTAGE Eubée, reconstruire après le feu

GRAND REPORTAGE Eubée, reconstruire après le feu

Ravagé par les flammes enaoût dernier, le nord de cette île de la mer Égée, petit paradis vert qui vivait de la résine de ses pins, de l’huile de ses oliviers et du miel de ses abeilles, n’est depuis qu’un champ d’arbres calcinés. Une désolation pour ses habitants, qui ont perdu maison et travail mais qui s’attellent à lui redonner vie et tentent de le protéger de la voracité des promoteurs. Des superhéros à mains nues que nos reporters sont allés rencontrer.

Par Alexandre Duyck Photos Penelope Thomaidi

TOUTES CELLES ET CEUX QUI L’ONT CONNUE avant emploient le même mot pour décrire Eubée : le paradis. Située à deux heures de route d’Athènes, étonnamment peu prisée des touristes, l’île, reliée au continent par un pont, était demeurée un sanctuaire pour la faune et la ore, loin du tourisme de masse. Mais au milieu de l’été 2021, le paradis s’est transformé en enfer. On se souvient des images diffusées dans le monde entier, ces vacanciers fuyant les ammes par la mer, seule issue pour ne pas périr. Ou ces habitants se tordant de douleur devant l’ampleur de la catastrophe. Pendant neuf jours, début août, un feu gigantesque a ravagé le nord de l’île, dévorant tout ou presque sur son passage et détruisant des millions d’arbres sur une surface de cinquante mille hectares. Tracez un carré de 75 km de côté recouvert de forêts et de champs d’oliviers. Et tentez d’imaginer que dans ce carré, grand comme cinq fois Paris, presque tous les arbres ont brûlé. Le spectacle de désolation est insupportable à regarder. Pourtant, tant bien que mal, les habitants sont restés. Et parmi eux, comme souvent après une catastrophe, des femmes se battent pour reconstruire ce qui peut l’être et faire que la vie reprenne. Chassons tout de suite une idée reçue : une forêt dévastée par les flammes ne s’en remet pas toute seule. Et encore moins les champs d’oliviers. Il faut une intervention humaine, il faut couper les arbres morts, replanter, prendre son mal en patience. Et comme le dit tristement une habitante : « Admettre

À gauche En Grèce, près de Vasilika, avril 2022: au nord d’Eubée, cette propriété de la municipalité d’Istiaia-Aidipsos fait partie des 52000 hectares de terre que les incendies ont ravagés entre le 3 et le 11août 2021.

Çi-dessus Nancy Kourelou, cofondatrice de l’association de protection des animaux Ranch-Eros, et l’un des sept chevaux qui ont trouvé un nouveau refuge sur la plage d’Aghia Ànna. que le paysage que vous regardiez chaque matin depuis votre fenêtre a disparu pour toujours ». Bien sûr, les habitants sou rent, luttent avec de maigres moyens, mais ils restent et se battent. Marina Valli dirige une maison d’hôtes (1) dominant la mer. Le feu a épargné le bâtiment, qu’elle a su sauver des ammes, seule, mais il ne reste plus que 800 de ses 3 500 oliviers. À part quelques parcelles préservées et des arbres miraculés, tout a brûlé. Peter, un client norvégien depuis des années, est venu l’aider, elle et son mari Stefanos, tous deux retraités, à arracher, nettoyer, couper et replanter. Au loin, le hurlement d’une tronçonneuse… « C’est désormais le seul bruit qu’on entend et je ne le supporte plus, soupire-t-elle. Nous avions une forêt, nous l’aimions tellement. Le feu n’a pas changé seulement le paysage mais aussi nos vies. »

LES LARMES LUI MONTENT AUX YEUX, elle se tait. Puis se rend au fond du parc de sa propriété, là où elle a planté, au printemps, de minuscules pousses qui donneront des arbres. La vie reprend, de l’herbe refait son apparition mais tout ceci prendra tellement de temps… « Vous les verrez peut-être si vous revenez ; moi, non », sourit son septuagénaire de mari, qui considérait chacun de leurs arbres comme un de ses enfants. « Nous ne partirons pas et, d’ailleurs, je ne connais personne qui soit parti depuis les incendies, assure Marina. C’est comme si tout le monde était pétri é, tétanisé. » Elle a déjà reçu bon nombre de réservations pour l’été, malgré tout. Aux futurs résidents, elle envoie un message de remerciements en évoquant les incendies de 2021, histoire que les touristes viennent en connaissance de cause. « Pour l’heure, je n’ai pas d’annulations. Heureusement, les plages sont intactes. » C’est en prenant la route, en traversant ce qu’il reste des immenses forêts que l’on prend conscience du désastre écologique. Depuis certaines hauteurs de cette île vallonnée, où que votre regard porte, rien que des arbres morts, à perte de vue. Un drame aussi économique. Combien de Grec·ques louant leur maison n’hébergeront personne ni cet été, ni les étés suivants ? Et les restaurateurs, les patrons de café, les artisans… Sur Eubée, dont le nom signi e « bon bétail » en grec ancien, 1 500 personnes vivaient de la résine du pin qui sert à fabriquer des colles industrielles, des cosmétiques, de la peinture, ou le Retsina, un vin traditionnel. Jusqu’en 2020, sur les 6 500 tonnes produites dans toute la Grèce, 5 500 provenaient d’ici, rapportant des millions d’euros, revenus partis en fumée. Depuis l’été 2021, ces personnes se sont transformées en bûcherons, passant leurs journées à débiter ces arbres qui les faisaient vivre.

EUBÉE COMPTE AUSSI 2500 APICULTEURS qui produisent environ 40% du miel de pin grec. Mais les abeilles ne savent plus où butiner, quand les ruches n’ont pas été réduites en cendres. Ellie, 29 ans, apicultrice débutante arrivée ici il y a moins de deux

ans, mesure l’ampleur de la tâche : « Ce lieu a été attaqué mais je vais rester et le défendre. » À quelques kilomètres de là, dans la montagne, les frères Vaggelis, deux grands gaillards barbus, ont pu sauver leurs abeilles mais l’avenir reste incertain. « Une grande partie de la nature a disparu, on découvre encore les conséquences de cette catastrophe jour après jour », explique Panagiotis, le plus jeune. L’endroit qu’il préférait sur l’île a brûlé et il refuse de s’y rendre pour ne pas le voir en l’état. « Tout le monde est partagé entre colère et tristesse mais notre résistance, c’est de rester, en tout cas pour l’instant. » Le gouvernement grec a nommé un « Monsieur reconstruction du nord d’Eubée », Stavros Benos, et débloqué quelque 24 millions d’euros. Un organisme national comme Marketing Greece travaille à « mettre en valeur les atouts de l’île, son histoire, sa culture, ses traditions, ses sites comme les sources thermales et sa nature mais aussi ses habitants. » Des expérimentations de replantation ont débuté comme sur cette immense colline qu’arpente Aristoula Stamou, une garde forestière en charge de la

Ci-dessus

Korina Tsirigou, ici sur la plage d’Aghia Ànna devant l’hôtel qu’elle possède, souhaite que les gens continuent de venir pour visiter l’île. Elle soutient le plan de reconstruction de l’Eubée du Nord proposé par l’ONG Diazoma. Pour elle, ce serait l’occasion de réglementer le développement de cette région. restauration de l’île : « Il faut d’abord stabiliser les terrains puisque les arbres morts ne retiennent plus l’eau de pluie, le risque d’éboulements, d’inondations est réel à l’automne quand il va pleuvoir. » Partout, on installe des planches à l’horizontale pour empêcher l’eau de dévaler, avant de commencer à replanter des milliers de minuscules bébés pins ou cyprès qui deviendront grands dans trente ou cinquante ans. « On a vécu quelque chose d’inimaginable. Il faut se battre avec les armes qu’on nous donne, mais il le faut pour les habitants. On sait que pour les dix ans qui viennent, ça va être très dur mais on regarde devant. » Korina Tsirigou, propriétaire de l’hôtel Agali (depuis trois générations dans la famille) (2) se montre optimiste : « Où que votre regard se porte, les choses ont changé. Mais il faut y croire. » Elle a commencé à replanter, des pousses pas plus grosses que des pommes de pin. Korina Tsirigou fait partie des rares habitants qui défendent l’action de l’État et souhaitent voir le tourisme se développer « sans pour autant devenir un nouveau Mykonos. Il faut des règles pour l’encadrer ». Elle vient justement d’acheter une nouvelle boutique dans son village d’Aghia Ànna. Mais la plupart des habitants demeurent en colère, persuadés d’être oubliés. Dans une ancienne usine désa ectée, les membres du collectif SaveEvia expriment leur peur de l’urbanisation, que l’on reconstruise la région à coups de grands hôtels, de complexes touristiques, ou qu’on y installe des rangées d’éoliennes. « Les gens ont perdu leur travail, leurs arbres, leurs abeilles, parfois leurs maisons, explique une ancienne journaliste, également prénommée Korina. Il faut les aider. On voudrait que de vrais spécialistes de la reconstruction des forêts viennent ici et disent quoi faire, comment éviter que les sols deviennent infertiles. Mais on voudrait aussi des services publics dignes de ce nom : le premier hôpital se trouve à 2 h 30 de route du nord de l’île. » Jolie station balnéaire posée sur la côte ouest, Limni vivait du tourisme. Depuis le port, on aperçoit le collège, au sommet d’une colline. Le vent et une grande cour non arborée ont épargné le bâtiment mais pas ses alentours. Le décor est apocalyptique, mais la principale, Georgia Latta, tient bon. De son bureau, si la vue sur la baie est à couper le souffle, l’enseignante souffre toujours de ce à quoi elle a assisté. « Personne n’a tenté de sauver le nord d’Eubée. On n’a jamais vu un pompier attaquer le feu. Pourquoi ? » Les maigres moyens ont été d’abord employés pour éviter tout décès, pour ne pas reproduire le traumatisme national de Mati, ce village du Péloponnèse détruit en 2018 (cent deux morts), quitte à sacri er les forêts, trois cents maisons, des églises. Comment se portent les élèves ? Évoquent-ils encore la catastrophe, discutent-ils de l’état de leur île ? « Les enfants sont anxieux et en colère mais n’en parlent pas beaucoup, résume-t-elle. Alors que nous savons que beaucoup

Ci-contre Marina Valli, a pu sauver sa maison d’hôtes mais a perdu 2700 de ses 3500 oliviers lors de l’incendie.

Ci-dessous, à g.

À Aghia Ànna, cet ouvrier est chargé de découper les pins brûlés. Depuis huit mois, le son des tronçonneuses est constamment présent dans le nord de l’île.

Ci-dessous, à d.

Vaggelis Dimou est apiculteur à Rovies. S’il a réussi à mettre ses ruches à l’abri, il a dû trouver une partie de la forêt qui a survécu pour y déplacer ses abeilles: «Je ne sais toujours pas si ce terrain leur suffira.»

d’entre eux sont traumatisés. Notamment ceux dont les maisons ont disparu ou dont les parents qui travaillaient dans l’industrie de la sève n’ont plus de travail. »

2021 MARQUAIT UNE ANNÉE CHARNIÈRE pour les deux sœurs Deppie et Nancy Kourellou. Nées à Athènes, installées ici il y a une vingtaine d’années, elles recueillent des chevaux et des mules abandonnés ou maltraités. L’année dernière, elles arrivaient en n à l’équilibre nancier. Et puis le feu a surgi, le 5 août. Au moins les animaux ont-ils été sauvés. Mais depuis, ils courent et paissent au milieu d’un terrain dévasté, entouré d’arbres morts qui cachent la plage, paradisiaque, à quelques centaines de mètres. Les deux gérantes du refuge Ranch-Eros (3) lancent un appel : « Nous avons besoin de tout matériel d’équitation usagé, n’importe quoi car nous avons tout perdu. Quelqu’un, en France, pourra-t-il nous aider ? » Les enfants courent au milieu des chiens, les chevaux cavalent dans le manège reconstruit ou sur la plage. « Ce lieu nous a apporté tant de joie et de bonheur que nous voulons lui donner sa chance, assurent-elles. Si tout le monde part, que va-t-il devenir ? » Elles refusent de livrer l’île aux promoteurs immobiliers. « Nous sommes toutes en deuil, comme si nous avions perdu quelqu’un. Il y avait des souvenirs en chaque arbre, reprennent-elles. Mais si l’on s’y prend bien, nous sommes certaines que le paradis perdu peut redevenir le vrai paradis. »

Ci-dessus

Vue d’ensemble, en avril dernier, des terres agricoles et des forêts qui s’étendent autour de Rovies, au nord de l’île. Malgré un vent faible ou nul, «le feu ne s’est arrêté que lorsqu’il a rencontré la mer», racontent les habitants.

Ci-dessus Aristoula Stamou, gardeforestière chargée de la restauration de l’île: «Cela va être dur mais on regarde devant.»

À gauche Les pins d’Alep commencent à repousser. Il faut entre quinze et trente ans pour que la forêt se reconstitue.

lilisidonio.com

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Zalando souffl e dix bougies en Belgique

Dix ans après son arrivée en Belgique, Zalando fait partie des plateformes en ligne les plus influentes dans les domaines de la mode et de la beauté. Retour sur l’histoire et le succès de ce webshop.

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1. Raia Maria Laura. 2. Miss Angel. 3. Farah El Bastani and Saràh Phenom. 4. Max Colombie Oscar and The Wolf. 5. Jake Marcello.

Photographer: Oriane Verstraeten. Director: Heleen Declerq. Styling: Dogukan Nesanir. Hair & MUA: Mary Corbeel.

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Lorsque Zalando a pris pied dans notre pays en 2012, le commerce électronique n’en était qu’à ses balbutiements. Endossant le rôle de pionnier, le géant américain est parvenu à balayer tous les doutes grâce à son approche exible et transparente. Vêtements livrés sans frais de port, à essayer tranquillement chez soi et à retourner tout aussi gratuitement s’ils ne conviennent pas : un concept qui a fait l’effet d’une bombe. Résultat : l’o re et le nombre de clients n’ont cessé de s’accroître. L’assortiment haut de gamme s’est ainsi considérablement éto é ces dernières années en intégrant des grands noms de la mode internationale mais aussi des jeunes créateurs. Grâce à cette collaboration, ces derniers ont pu toucher 49 millions de consommateurs dans 23 pays et prendre leur envol sur les chapeaux de roue.

FOCUS SUR LE LOCAL

Le succès de Zalando s’explique aussi en partie par son ancrage dans la communauté locale. En 2012 déjà, il a o ert un tremplin aux in uenceurs belges en organisant la première édition du Zalando Blogger Awards. Beaucoup de ces bloggeurs, qui étaient relativement peu connus à l’époque, ont ainsi accédé au rang de stars du net et continué à béné cier du soutien actif de Zalando. En 2017, la plateforme de vente en ligne a noué une collaboration avec Robbie van Mierlo, fraîchement diplômé de l’Académie de la mode d’Anvers. De nombreuses campagnes ont suivi avec des artistes locaux comme Emma Bale, Matthieu Terryn et plus récemment Max Colombie, mais nous y reviendrons plus tard.

PRIORITÉ À LA DURABILITÉ

Le développement durable gure en bonne place sur la liste des priorités de Zalando. L’o re durable de labels verts s’est nettement ampli ée ces dernières années pour atteindre les 140 000 articles. Ce nombre est encore plus élevé pour les marques propres. Zalando encourage vivement d’autres marques et créateurs à travailler de manière plus durable. Parmi ses initiatives en la matière gurent les Zalando Sustainability Awards qui, depuis 2017, sont décernés une fois par an lors de la Fashion Week de Copenhague, à des jeunes créateurs axés sur l’innovation durable. Par ailleurs, Zalando utilise en outre exclusivement de l’énergie verte pour ses propres activités, mise fortement sur les emballages recyclés et prend des mesures ambitieuses pour limiter les émissions de CO2 liées au transport. Autre exemple de ses ambitions en matière de durabilité : l’espace de seconde main « PreOwned » lancé en 2020 et qui a connu un succès foudroyant dès son démarrage. En un an, son o re est passée de 20 000 à plus de 200 000 articles. Le système est très simple : vous prenez en photo l’article que vous souhaitez vendre, vous l’envoyez et Zalando s’occupe du reste. Vous recevez ensuite un bon de valeur qui vous permet d’acheter un article neuf ou d’occasion mais vous avez aussi la possibilité d’o rir le montant à une association caritative.

ZALANDO BEAUTY

Depuis 2019, il est possible de commander des produits de beauté et de soin sur Zalando.La gamme de soins tendance est à tout le moins impressionnante. Elle compte pas moins de 6 500 références, des marques de renommée internationale aux petits labels de niche, avec une attention soutenue pour les cosmétiques naturels. Zalando Beauty a connu un succès instantané sur le marché belge et propulsé la plateforme au premier rang des boutiques mode & beauté virtuelles du pays.

LA CAMPAGNE : LA CARTE DE LA DIVERSITÉ Pour célébrer son dixième anniversaire, Zalando Belgique déploie une grande campagne avec, pour l conducteur, l’inclusivité et l’expression de soi sur fond d’humour. Des talents comme Raia Maria-Laura, Miss Angel, Farah El Bastani, Jake Marcello et Saràh Phenom en sont les visages. Chacun d’eux est connu pour sa perception personnelle de la création et sont utilisation de la mode comme un outil d’auto-expression. Max Colombie, le chanteur d’Oscar and the Wolf, est un autre visage de cette campagne. Son objectif à travers la mode et la musique ? Casser les normes et être luimême. Il rejoint en cela les valeurs clés de l’espace mode de Zalando et la mission de la plateforme. Il nous a divulgué les secrets de son style sur notre site web. Surfez vite sur

marieclaire.be/maxcolombie-zalando pour en savoir plus.

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