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LIVRES Vacances : jamais sans mon livre !
VACANCES JAMAIS SANS
MON LIVRE ! NOSTALGIE EN CE QUI CONCERNE ALEXANDRE DE PHILIPPE BRANDES
Parce que la Belgique regorge de pépites littéraires, on vous propose huit romans pour lire local pendant tout l’été. Cocorico!
Par Aurélia Dejond Flash-back: Bruxelles, années post-68. Alexandre a une âme de militant. Etudiant à l’Académie d’architecture de l’Ouvroir, il combat la bruxellisation de sa ville qu’il adore, prônant une capitale au service de ses habitants, épaulé par sa bande de copains convaincus. Mais après l’euphorie et un succès fulgurant, le projet coupé en plein vol redessine les contours de la vie du jeune étudiant, au point d’impacter son parcours, sa famille, ses amis. Tour à tour chômeur, nomade et sans cesse en quête de son idéal de jeunesse, il flirte au fil des années avec utopies et réalités, tant sur le plan de la quête de sens que de l’amour. Un premier roman très visuel, des décos urbaines extrêmement bien rendues et un thème furieusement actuel.
Éd. Accro, 22 €
SUSPENSE
LE VENT DU NORD DE JEAN-BAPTISTE BARONIAN
Alexandre, petit garçon chétif et hypersensible, passe l’hiver chez sa tante Lucienne dans une vieille maison de Knokke-Le-Zoute, La Reculée. Sa passion : trouver un trésor dans les dunes, son terrain de jeu de prédilection. Le plus souvent bredouille, sa vie bascule quand il trouve un révolver. Son destin prend une nouvelle tournure… Quarante ans plus tard, au décès de tante Lucienne, Alexandre revient sur les lieux. Entre terreurs enfantines et cauchemars d’adultes, le fameux trésor ressurgit sous forme de vengeance posthume. De quoi glacer vos chaudes journées d’été…sous la prose d’un auteur qui a le don d’immerger dans des ambiances étranges et mystérieuses. Vous ne vous promènerez plus dans les dunes comme avant, après avoir lu ce roman palpitant!
DESTIN DE FEMME
ADÈLE DE DOMINIQUE VAN COTTHEM
Tout part d’une vieille photo retrouvée dans le garde-manger du château abandonné de Mesvin, que Guillaume vient d’acquérir : une jeune femme qui descend un escalier et cache son visage d’un revers de la main… Il ne la lâche plus, au point de mener une véritable enquête pour en savoir plus sur cette jolie villageoise qui a vécu dans l’entre-deux-guerres et qui a fait l’objet des plus folles rumeurs. Mari violent, belle-mère manipulatrice…un suspens mené avec brio autour d’une femme libre, forte et inspirante, dont le destin a été brisé en plein vol. C’est haletant jusqu’à la dernière page. Un deuxième roman très réussi et très documenté sur l’époque, commis par cette ancienne compositrice de bouquets de fleurs, qui assemble aujourd’hui les mots et sonde à merveille les âmes humaines.
Éd. Genèse, 22,5 €
BOULEVERSANT
LIMITE PETIT BAIN DE GEOFFROY KLOMPKES
C’est un magnifique hommage aux grands timides. Poignant, tendre : on s’attache à ce récit comme on se lierait à une personne craintive, effarouchée ou effacée, avec l’envie de la prendre par la main et de lui montrer le chemin de la réassurance. Car les questions que (se) pose l’auteur dans ce premier roman très abouti sont profondes et percutent: a-t-on le droit d’exister sans faire de vague, sans crier à corps et à cri que notre existence a plus de valeur qu’une autre? L’auteur, journaliste à la plume savoureuse, confie la difficulté de naviguer dans une vie traversée de tumultes, lorsque l’on est un introverti et un timide confirmé. À l’heure où chacun se surexpose sur les réseaux sociaux, qu’il est bon de passer un moment avec un personnage qui ne s’impose pas.
Éd. Lilys Editions, 20,50 €
AU NOM DE L’AMOUR
QUAND LES GENS DORMENT D’ARIANE LE FORT
Bruxelles, face à la cathédrale SainteGudule. Un appartement va être démoli. Une femme accueille chez elle l’homme qui y vit: c’est l’homme de sa vie, sa moitié, ancienne gloire dans le milieu du cinéma, qui a perdu sa fille, aime l’isolement, dort beaucoup et n’a plus qu’elle pour tout horizon. La romancière belge, dont l’amour est le fil conducteur de toute l’oeuvre, explore le désir au scalpel. N’est pas dupe du sentiment amoureux, dont elle sait à la fois comme il peut galvaniser, rendre extatique et sublimer toute l’existence, jusqu’au plus petit détail de la vie quotidienne, mais qui peut aussi être mesquin, douloureux et destructeur. C’est précis, drôle, ironique…et criant de vérité. Au point qu’il est difficile de ne pas s’interroger sur son propre couple une fois le roman terminé.
Éd. Onlit, 18 €
ÉCOLO
MILLE ARBRES DE CAROLINE LAMARCHE & AURÉLIA DESCHAMPS
Parce qu’un tilleul âgé de deux cent cinquante ans est menacé par le projet de la construction d’une autoroute, François, qui le voit depuis toujours au bout du jardin de sa grand-mère Marinette, décide d’alerter l’opinion publique. Un ouvrage à l’écriture pertinente, sous la très agréable plume de Caroline Lamarche. Un livre qui conscientise et qui fait partie d’une collection engagée, «combattre maintenant pour construire demain», qui traite de sujets d’actualité autour de l’économie, l’écologie et la société en général, comme la diversité et le genre. À mettre entre toutes les mains avant la rentrée, l’occasion de prendre de bonnes résolutions pour l’environnement et la planète dès le mois de septembre.
COUP DE POING
EMPRISE DE MANON TERWAGNE
C’est pendant le confinement que Marion Terwagne, étudiante namuroise, décide de se plonger dans l’écriture d’un premier roman, achevé avant de souffler sa vingtième bougie. Un récit uppercut où elle aborde sans détours les violences faites aux femmes sur fond de réalisme et sans tabou. Un livre puissant qui lui a valu de recevoir le prix Laure Nobels, tuée à seize ans par son compagnon et dont la fondation finance la publication et la promotion d’œuvres littéraires en français, écrites par de jeunes auteurs belges âgés (une année sur deux) de 15 à 19 ans ou de 20 à 24 ans accomplis. Une histoire bouleversante qui rappelle que ça n’arrive pas qu’aux autres et dont la jeune auteure est clairement une écrivaine à suivre absolument.
Éd. Ker, 12 €
DÉSOPILANT
PORTRAIT DU BARON D’HANDRAX DE BERNARD QUIRINY
Collectionneur de maisons en ruines, organisateur de dîners de sosies, spécialiste des langues inconnues, inventeur autodidacte, amateur de cimetières et de trains électriques, le baron d’Handrax ne fait rien comme tout le monde. Quand le philosophe belge Bernard Quiriny, considéré comme l’un des plus grands nouvellistes contemporains, décide de rendre hommage à ce personnage excentrique à la vie rocambolesque et à son monde très à part (il est mort en 2016), ça donne un texte génial, porté par une plume enchanteresse. Un récit hilarant, à l’image de l’histoire de son héros insolite. Une plume à la hauteur de la réputation du surréalisme belge, une biographie imaginaire et une parfaite maîtrise du burlesque. Succulent!