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L'héroïne du quotidien: Samanta Borzi

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elle du mois

Tous les mois, Céline Pécheux met en lumière une Wonder Woman du quotidien.

Samanta Borzi

Après avoir été toxicomane pendant plus de 20 ans, Samanta raconte l’histoire de son combat pour la vie et celle de ses enfants. Elle est la preuve vivante que ce qui ne tue pas rend plus fort.

« Je suis d’une gratitude infinie pour tout ce que j’ai vécu dans ma vie. Mon parcours chaotique commence par le divorce de mes parents… Et l’arrivée dans ma vie d’une belle-mère toxique et maltraitante. À 12 ans, je perds pied. Je fume, je prends des médocs, je me scarifie. Je me rends compte que c’est quand je me fais mal qu’on s’occupe de moi. Une autodestruction qui guidera mes pas pendant 20 ans… A 15 ans, je me prostitue pour acheter de l’héroïne. Je tombe enceinte. J’arrête de consommer pour préserver le bébé que je porte, mais c’est plus fort que moi… Je retombe accro. Je perds mon enfant à huit mois de grossesse. La culpabilité me ronge. La victime devient bourreau et cette idée m’est insupportable. Je touche le fond. Je me retrouve à la rue et je me prostitue. Avec l’aide du produit, je me coupe de mon ressenti. En fait, quand on est toxicomane, chaque jour est une guerre. Une guerre pour trouver de l’argent (beaucoup d’argent) pour acheter le produit, le matériel pour le consommer, l’endroit où le prendre et à côté de ça assouvir les besoins vitaux tels que se laver, se nourrir, dormir. Je passe dix ans à me punir par l’aiguille. Je suis au plus bas, si bas que personne ne pensait qu’un jour je pourrais me relever. Certains me pensaient même déjà morte… Puis je rencontre Saïd. Nous nous aimons et je tombe enceinte d’un petit garçon. Medhi. Je lutte de toutes mes forces, mais… La drogue me rattrape encore une fois. J’accouche d’un bébé que l’on doit sevrer. Seule, je réalise que je ne suis pas capable de m’en occuper. Je l’abandonne pour le protéger…

« Prenez-le, je l’aime trop ! »

Medhi loin de moi, je m’autodétruis plus encore. Mon corps me lâche. Je dois me faire opérer du cœur. Personne n’est à mes côtés le jour de l’opération. Je me rends compte qu’il n’y a que moi pour me sauver. Sauf que c’est trop difficile. Je n’ai plus envie de vivre. Au moment où je veux avaler la boîte de cachets, j’ai un dernier sursaut en pensant à mon fils. Je ne voulais pas mourir comme ça, lui laisser penser que sa mère n’avait été qu’une toxico ! Je veux qu’il soit fier de moi. Je décide de faire une cure de désintox. Et puis, miracle ! Le 23 février 2007, j’apprends que j’attends une petite fille. La vie m’offrait une dernière chance de rebondir. J’étais déterminée à la saisir. L’énergie que j’utilisais pour me détruire, j’allais enfin l’utiliser pour quelque chose de positif. L’amour que j’ai pour mes enfants m’a donné la force d’arrêter les produits, de changer ma manière de fonctionner et de me battre pour récupérer mon fils. Aujourd’hui, j’ai cinquante ans. Je suis « JE ME RENDS COMPTE auteure, comédienne, thérapeute… Mais je QU’IL N’Y A QUE MOI POUR suis surtout maman. ME SAUVER » Quelque part entre une Mama sicilienne et Françoise Dolto. Mes enfants m’ont sauvé la vie sans jamais rien me reprocher. J’essaye à présent de leur donner la sécurité émotionnelle qui moi, m’a tant manqué. Je suis super fière d’eux, mais aussi de moi, car j’ai enfin trouvé ma voie. En tant que formatrice et thérapeute en pratiques holistiques (labonheure.be), j’aide aujourd’hui les autres comme j’aurais voulu être aidée… Les épreuves que j’ai vécues sont une force pour guider les autres vers une vie meilleure, les écouter sans jugement, les aimer pour ce qu’ils sont, leur ouvrir les yeux sur les beautés de l’existence… Car la vie est belle et il faut en savourer chaque seconde. »

PRESSE

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