2 minute read

Rebel rebel : Michiko (21 ans), dissidente anticapitaliste

Texte et photo Ringo Gomez-Jorge

REBEL REBEL

À chaque génération ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd'hui ? Rencontre avec Michiko (21 ans), une dissidente anticapitaliste qui segmente sa garde-robe en fonction de trois personnages différents : Michiko, Mica et M.

a tenue que je porte en ce moment s’inspire des bonnes vibes de mes amis newyorkais pendant la Fashion Week. Bien qu’on ne se soit jamais rencontrés, ça fait maintenant quatre ans qu’on échange des idées sur Instagram. C’est sous l’influence d’une photo envoyée par un ami que j’ai eu envie du top en maille que je porte en ce moment. » « La robe vient de chez Bershka, je l’ai achetée en solde pour une bouchée de pain. Je suis très économe quand il s’agit de vêtements. Outre des pièces de seconde main, j’achète souvent des vêtements issus de la fast fashion, mais j’attends que les marques proposent leurs prix les plus bas. Je refuse catégoriquement de payer le prix fort pour qu’elles engrangent des profits indécents. C’est ma façon de me rebeller contre leur pensée capitaliste. Je n’attendrais jamais les soldes si j’achetais à une petite entreprise. » « La fast fashion manque bien sûr d’éthique, mais les vêtements durables ne correspondent ni à mon style ni à mon budget. Je compte donc sur la fast fashion pour avoir du style. Car oui, la mode est importante pour moi. Je suis mannequin, porte-parole de la communauté queer et artiste contemporaine. Je pratique le spoken word et les vêtements font partie de mes performances. Quand je participe à une lecture, je porte souvent une robe baroque, qui reflète parfaitement ma poésie à travers laquelle je romantise le deuil. »

L« Les vêtements que vous voyez maintenant appartiennent à Michiko. C’est une persona que j’ai créée vers l’âge de 16 ans. Michiko est une fashionista exubérante. J’ai aussi développé deux autres personnages : M et Mica. M est mon moi professionnel, pour aller à l’école par exemple. Mica est une lolita japonaise, elle m’offre un espace de réconfort lorsque je suis en difficulté. Mica est innocente et n’a pas de responsabilités. » « Je me considère comme non binaire. Enfant, je ne voulais jamais porter de vêtements féminins alors que ma mère aimait m’habiller comme une poupée. À un moment, j’ai pensé que je voulais devenir un garçon. Mais ça ne me correspondait pas non plus. Aujourd’hui, j’ai accepté mon corps et je me rends compte que les vêtements ne définissent pas mon genre. J’avais l’habitude de cacher mes seins, aujourd’hui je les vois comme un accessoire. Parfois je les montre, parfois je les cache. La poitrine ne fait pas d’une personne une femme. Si je me les faisais enlever, serais-je pour autant un homme ? Non, je ne crois pas. » « Lorsque je porte une robe, la plupart des gens pensent que je suis une fille. Quand j’enfile des vêtements de garçon, alors ils hésitent : n’est-ce pas le visage d’un mignon petit garçon ? J’aime jouer avec cette ambiguïté. Après tout, elle soutient mon point de vue. Ça signifie quoi d’être un homme ou une femme aujourd’hui ? »

@michikolii

«LES VÊTEMENTS NE DÉFINISSENT PAS MON GENRE » MICHIKO

This article is from: