Voir autrement 5e_Des religions en transformation

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ÉTHIQUE ET CULTURE RELIGIEUSE 3e ANNÉE • 2e CYCLE DU SECONDAIRE

SAVOIRS • ACTIVITÉS AVEC LA COLLABORATION DE

MARIE-DOMINIQUE COUSINEAU

COMMENT LES RELIGIONS ÉVOLUENT-ELLES ? QUELLE EST LEUR PLACE DANS LA SOCIÉTÉ ?

CONFORME À LA PROGRESSION DES APPRENTISSAGES



TABLE DES MATIÈRES

IV

Présentation du fascicule

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Ouverture

VI

1 L a naissance et la transformation des religions  2 2 U ne ample diffusion du christianisme  6 3 D es religions bousculées  11

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4 L es religions à l’époque contemporaine

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Images de synthèse

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Engager le dialogue L’analogie  22 À retenir

24

Glossaire

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Sources iconographiques

15 20 © 2015, Les Éditions CEC inc. • Reproduction interdite

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PRÉSENTATION DU FASCICULE Des religions en transformation est un fascicule de savoirs et d’activités faisant partie de la collection Voir autrement. Il comporte : • une ouverture • quatre sections de savoirs et d’activités • une section Images de synthèse • une section Engager le dialogue • une section À retenir

Le fascicule Les références accompagne et complète cette collection. On y trouve notamment une définition et une mise en contexte pour chaque élément de dialogue, des informations sur la répartition des religions, une petite histoire du christianisme et des fiches signalétiques sur les principales traditions religieuses.

LA STRUCTURE DU FASCICULE • Une double page d’ouverture donne un aperçu du thème à l’étude. Une introduction précise l’angle sous lequel le thème sera abordé.

Une mise en situation sert d’élément déclencheur.

Une citation invite à la réflexion sur le thème à l’étude.

• De nombreux compléments enrichissent les pages de savoirs. Des énoncés facilitateurs attirent l’attention de l’élève sur un passage jugé important. La rubrique Le saviez-vous ? fournit des informations complémentaires au thème à l’étude. Des renvois en marge invitent l’élève à consulter le fascicule Les références afin de mieux comprendre certaines notions.

La rubrique Personnage présente une personne marquante, liée au sujet abordé. Les mots difficiles, en gras bleu dans le texte, sont définis en marge.

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DES RELIGIONS EN TRANSFORMATION

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• Une alternance de savoirs et d’activités favorise l’autonomie de l’élève. Les savoirs sont présentés dans une facture visuelle moderne et accessible.

• La section Images de synthèse propose à l’élève d’associer des images aux thèmes et concepts abordés dans le fascicule.

Les activités de formats variés favorisent l’acquisition des connaissances.

• La section Engager le dialogue permet à l’élève de réactiver ses connaissances de certains éléments du dialogue dans le contexte du thème à l’étude.

• La section À retenir permet à l’élève de faire le point sur les savoirs du fascicule.

Des questions générales récapitulent les notions importantes du fascicule.

Un résumé et un réseau de concepts synthétisent les savoirs du fascicule. © 2015, Les Éditions CEC inc. • Reproduction interdite

Présentation du fascicule

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Les religions, du moins celles qui survivent, sont des organismes dont l’étonnante capacité d’adaptation est quasi “darwinienne ”. HARVEY GALLAGHER COX (NÉ EN 1929), THÉOLOGIEN ET UNIVERSITAIRE AMÉRICAIN


À L’ÈRE DES GRANDES DÉCOUVERTES, LES RELIGIONS CHRÉTIENNES PARCOURENT LE MONDE À LA SUITE DES EXPLORATEURS, DES COMMERÇANTS ET DES CONQUÉRANTS EUROPÉENS. AUJOURD’HUI, AVEC LA MONDIALISATION, ELLES OCCUPENT DES TERRITOIRES COMMUNS, S’ADAPTENT, SE MÉLANGENT OU S’OPPOSENT.

Mise en situation Justin et Isaac discutent de leurs vacances des Fêtes. — Qu’est-ce que t’as fait durant les Fêtes ? demande Isaac. — On est partis cinq jours en motoneige avec mon oncle et ma tante. J’ai vraiment aimé ça, lui répond Justin. Et toi, es-tu allé quelque part ? — Ça dépend de ce que tu entends par « quelque part » ! J’ai assisté à un mariage, et… — Et puis quoi ? — Euh… En fait, ma cousine Joanie, dont la mère est protestante, a marié un Français qui est bouddhiste, et la cérémonie a été célébrée par mon grand-père, qui est catholique ! Et le mariage a eu lieu sur le site d’un moulin à vent. Alors, si c’est pas un voyage, ça, je sais pas ce que c’est !

La statue du Christ Rédempteur (O Cristo Redentor, en portugais) est située sur le mont Corcovado, au Brésil. Perchée à 710 mètres d’altitude et mesurant 38 mètres de haut, elle domine la ville de Rio de Janeiro.

Voir la suite à la page 19.

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NAISSANCE

LA ET LA TRANSFORMATION DES

RELIGIONS

LES RELIGIONS SEMBLENT FAIRE PARTIE DE L’AVENTURE HUMAINE DEPUIS SON ORIGINE, ET CE, PARTOUT DANS LE MONDE.

DE LA TERRE-MÈRE AU DIEU CRÉATEUR Les premiers êtres humains font partie intégrante de leur environnement. Les puissances de la nature et la conscience qu’ils ont de la mort inspirent sans doute leurs premiers sentiments religieux. Dans leurs spiritualités, tout est animé d’une force intérieure et né de la Terre.

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Chamanisme Croyances et pratiques liées au chaman, la personne qui, au sein d’un groupe, agit comme médiateur entre les humains et le monde des esprits. Panthéon Ensemble des divinités d’une mythologie, d’une religion. Salut Dans l’univers religieux, fait d’être sauvé de la mort de l’âme ou de trouver un bonheur éternel. Karmique Qui concerne le karma, soit le principe selon lequel le destin d’un être conscient est déterminé par ses actions passées ou ses vies antérieures.

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Par l’élevage et l’agriculture, l’humanité domestique la nature, dont elle se sépare peu à peu en vivant dans des villages, puis dans des cités. À l’aide de rituels, l’être humain se fait bientôt médiateur entre les domaines terrestre et spirituel afin de maintenir l’ordre du monde. Dans certaines sociétés, on pratique le chamanisme. Dans les cités et les empires, les divinités se multiplient et forment des panthéons où elles occupent de multiples fonctions. Les prêtres et les devins se chargent du culte dans ces religions polythéistes, qui ont pour principal objectif la préservation de la communauté.

Comme les sociétés humaines dans lesquelles elles se développent, les religions se transforment. Devenu plus libre des contraintes liées à sa survie, l’être humain observe ce modèle de beauté, d’ordre et d’harmonie qu’est la nature pour en dégager des principes fondamentaux et des lois morales. Il s’interroge bientôt sur son destin personnel. Des visionnaires en Inde (Siddhartha Gautama), en Chine (Confucius et Lao-Tseu), chez les Hébreux (les grands prophètes du Dieu unique) et chez les Grecs (des philosophes marquants, comme Socrate) suggèrent une relation plus directe entre les individus et les dieux. L’idée d’un salut individuel après la mort prend alors forme.

DES RELIGIONS EN TRANSFORMATION

Ces réflexions, ainsi que les nouvelles règles morales qu’elles entraînent, sont propices au développement des traditions religieuses monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) et karmiques (l’hindouisme et le bouddhisme).

FONDATION ET TRANSFORMATION DES MONOTHÉISMES Dans plusieurs traditions religieuses des premiers temps du judaïsme ancien, on voue un culte à un dieu principal (Zeus en Grèce, Toutatis en Gaule, etc.) entouré d’autres divinités, liées à la nature, aux éléments, à des lieux ou aux astres. Le dieu des Hébreux est différent : le judaïsme introduit l’idée d’un monde créé et ordonné par un dieu unique qui exige une adoration exclusive. Cette manière de concevoir la croyance se nomme monothéisme. « Dès lors, le rapport à l’Absolu ne passe plus par l’espace, la nature (ses mystères, son ordre, sa beauté, son harmonie), mais par l’histoire, à travers une rencontre directe entre Dieu et l’homme. La nature n’est que le cadre neutre de l’histoire entre Dieu et son peuple. » Frédéric LENOIR, Petit traité d’histoire des religions, Paris, Plon, 2008, p. 347. © 2015, Les Éditions CEC inc. • Reproduction interdite


C’est dans le Croissant fertile, en bordure de la mer Méditerranée, que s’amorce l’histoire du judaïsme il y a environ 4 000 ans. Selon la tradition, Abraham quitte alors sa ville natale avec son clan pour s’installer à Canaan, la Terre que Dieu lui a promise en échange de sa foi exclusive. Exilés durant quelques siècles, leurs descendants, les Hébreux, y reviennent guidés par Moïse, qui reçoit de Dieu la Loi, la Torah. Envahis et persécutés pendant près de mille ans, les juifs espèrent la venue d’un messie libérateur. Il y a environ 2 000 ans, certains juifs croient cet espoir exaucé : les disciples de Jésus disent l’avoir vu ressuscité quelques jours après son exécution, preuve pour eux qu’il est ce messie attendu. Certains d’entre eux, les apôtres, diffusent ses enseignements dans l’Empire romain, et on nomme bientôt chrétiens ceux pour qui Jésus est le Christ. Quelques siècles plus tard, dans l’Empire divisé, dont la religion officielle est le christianisme, des divergences tant politiques que religieuses opposent les chrétiens d’Occident et d’Orient. Ces divergences entraîneront une première division des chrétiens en deux religions : le catholicisme romain et l’orthodoxie.

Au fil du temps, le christianisme se transforme et de nouvelles religions voient le jour. Pendant ce temps, dans l’Arabie du VIIe siècle, l’islam prend naissance. Selon cette religion issue de la tradition biblique, la Révélation de Dieu aux êtres humains se fait en trois temps : d’abord par Abraham et Moïse, ensuite par Jésus et enfin par Muhammad. Au XVIe siècle, les réformes proposées en Europe notamment par l’Allemand Martin Luther (1483 – 1546) et le Français Jean Calvin (1509 – 1564) créent de profondes dissensions au sein de l’Église catholique romaine, dont ils remettent en question l’autorité. Entre autres, ils affirment que seule la foi en Jésus peut assurer la vie éternelle aux fidèles, que ceux-ci sont égaux dans leur croyance et responsables dans leur pratique, et qu’ils n’ont pas besoin de l’Église pour

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se rapprocher de Dieu. Ils exigent donc qu’on repense des règles imposées aux fidèles et certaines pratiques du clergé. De violents conflits opposent les partisans de ces réformes, qu’on nommera protestants, et leurs adversaires, de fervents catholiques.

Son opposition aux lois de l’Église a fait du moine Martin Luther le fondateur du protestantisme.

Devant l’essor du protestantisme, l’Église catholique propose une Contre-Réforme : elle encourage une expérience plus intérieure de la vie religieuse et favorise un retour au mandat d’évangélisation que Jésus a confié à ses premiers disciples. « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. » TOB, Évangile selon Matthieu (28, 19-20).

C’est dans ce contexte que s’amorce la diffusion du catholicisme romain et du protestantisme hors de l’Europe. Les adeptes du protestantisme s’exileront dans des régions où ils pourront pratiquer librement leur religion. Les missionnaires catholiques chercheront à transmettre le message de Jésus aux populations de territoires éloignés avec lesquelles les Européens ont des rapports commerciaux et politiques.

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Messie Celui qui est désigné et envoyé par Dieu pour accomplir une mission salvatrice et libératrice. Christ Du grec khristos, qui est la traduction du mot hébreu mashia’h. Synonyme de Messie, nom donné à Jésus par ceux qui le considèrent comme tel. Évangélisation Action de convertir au christianisme en prêchant l’Évangile. Missionnaire Religieux ou religieuse qui a la tâche de propager la foi.

1 La naissance et la transformation des religions

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AU BESOIN, VOIR FASCICULE LES RÉFÉRENCES VOLET 3

ACTIVITÉS

1. Afin de les replacer en ordre chronologique, numérotez les affirmations suivantes sur les rapports qu’entretient l’être humain et son environnement naturel au fil du temps.

ORDRE CHRONOLOGIQUE

AFFIRMATIONS a) L’être humain étudie la nature et y découvre des principes fondamentaux et des lois morales. b) L’être humain agit comme intermédiaire entre le monde terrestre et le monde spirituel. c) La nature constitue le décor dans lequel se joue la relation entre l’être humain et le divin. d) L’être humain est profondément lié à la nature, dont il vénère les forces.

2. Associez chaque type de croyance à sa définition. TYPES DE CROYANCE

DÉFINITIONS

a) Polythéisme

n

n Croyance selon laquelle le destin d’un être conscient est déterminé par ses actions passées ou ses vies antérieures.

b) Chamanisme

n

n Croyance selon laquelle il existe plusieurs divinités, qui forment un panthéon et occupent diverses fonctions.

c) Religion karmique n

n Croyance selon laquelle tout est animé d’une force intérieure ou d’une part spirituelle.

d) Animisme

n Croyance où l’on conçoit qu’une personne peut agir comme médiateur entre les humains et le monde des esprits.

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3. Quelles sont les deux principales caractéristiques qui distinguent le Dieu unique des religions monothéistes des autres dieux et déesses l’ayant précédé ? Expliquez vos réponses. •

4. En prenant appui sur les règles du judaïsme, expliquez pourquoi il existe plusieurs noms pour désigner Dieu dans les textes sacrés des juifs.

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ACTIVITÉS

5. Quel évènement de l’histoire de Jésus prouve, pour les premiers chrétiens, qu’il est le Messie attendu et espéré par les juifs ? Expliquez votre réponse.

6. Indiquez si les énoncés suivants sont vrais ou faux. Puis, corrigez ceux que vous jugez faux. ÉNONCÉS

VRAI

FAUX

a) De grands penseurs tels Confucius et Aristote proposent le concept d’un Dieu unique.

b) Dans l’Arabie du VIIe siècle, l’islam prend naissance, basé sur la foi en un Dieu différent de celui des juifs et des chrétiens.

c) Pour les réformés, tous les baptisés sont libres et égaux dans leur croyance envers Dieu.

d) Au XVIe siècle, la Contre-Réforme de l’Église catholique entrave son travail d’évangélisation.

e) L’idée d’un salut individuel après la mort est associée aux traditions monothéistes et karmiques.

f) Dans certaines sociétés antiques, les panthéons sont formés de plusieurs chamans qui sont en relation avec le divin.

7. Comment peut-on expliquer que le christianisme ait donné naissance à plusieurs religions au fil des siècles ?

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1 La naissance et la transformation des religions

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UNE

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AMPLE DIFFUSION

DU CHRISTIANISME À LA FIN DU XVe ET AU DÉBUT DU XVIe SIÈCLE, LES EUROPÉENS PRENNENT LA MESURE DU MONDE. C’EST À CETTE ÉPOQUE QUE S’ACHÈVE LE PREMIER TOUR DE LA TERRE PAR BATEAU DE L’HISTOIRE ET QUE COMMENCE UNE LARGE DIFFUSION DU CHRISTIANISME.

Ce portail fait partie des ruines de la réduction de San Ignacio Miní, construite par des jésuites au début du XVIIe siècle, en Argentine.

LE SAVIEZ-VOUS

parfois peu scrupuleux, soumettent les populations locales à l’esclavage, et ce, sans souci légal jusqu’en 1542.

Les premiers contacts entre les Européens et les peuples d’Amérique sont peu propices à l’évangélisation.

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Les ordres missionnaires catholiques

En 1540, le pape reconnaît la Compagnie de Jésus, un ordre religieux fondé par Ignace de Loyola afin de servir en tant qu’envoyé papal. Avec les récollets, les franciscains et les dominicains, les membres de la Compagnie de Jésus, appelés jésuites, font partie des mission­naires les plus actifs de cette époque. Les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, congrégation fondée en 1636, et les ursulines font aussi un grand travail d’évangélisation et d’éducation, particulièrement en Nouvelle-France.

LE CHRISTIANISME EN AMÉRIQUE DU SUD Lorsque Christophe Colomb parvient en Amérique, les continents américains sont peuplés de multiples nations aux traditions culturelles et spirituelles diversifiées. Dès 1493, le pape accorde aux royaumes d’Espagne et du Portugal le droit de régner sur les terres du sud de l’Amérique en échange du devoir d’évangélisation. Toutefois, les États européens voient aussi les terres américaines comme des colonies, et les colons en quête de richesses,

Pour parvenir à leurs fins, les missionnaires d’Amérique du Sud construisent et administrent des réductions : des villages où, à l’abri de l’oppression des conquérants portugais et espagnols, les populations autochtones vivent, reçoivent une éducation catholique, et appren­ nent les coutumes occidentales et des métiers. Certains missionnaires, comme Bartolomé de Las Casas, s’insurgent contre l’esclavage et le massacre des populations locales. Leurs protes­ tations amorcent un débat sur la colonisation, sur l’évangélisation, et sur la pleine humanité et liberté de conscience des « Indiens ». « Pour ne pas rester muré dans un silence criminel sur la destruction de tous ces corps et âmes, j’ai décidé de dévoiler les nombreux abus dont j’ai été témoin par le passé et que je peux relater avec exactitude ». Bartolomé de LAS CASAS, Très bref rapport de la destruction des Indes, paru sous le titre Brevísima relación de la destrucción de las Indias en 1552.

Bartolomé de Las Casas (1474 – 1566)

Ordre religieux Regroupement de personnes ayant prononcé des vœux solennels et s’étant engagées à observer les règles et à vivre selon les principes d’une communauté religieuse.

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Né à Séville, en Espagne, Bartolomé de Las Casas est le fils d’un des compa­gnons de Christophe Colomb. Il est ordonné prêtre à Cuba, puis devient évêque du Chiapas, au Mexique. Dans son Histoire des Indes (nom qu’on donnait à l’Amérique), il dénonce sans complaisance la violence et les pillages auxquels sont soumises les populations autochtones. Ses écrits susciteront de nombreuses polémiques, tant en Europe que dans les colonies d’Amérique.

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L’ÉVANGÉLISATION EN NOUVELLE-FRANCE Au XVIe siècle, la France, qui est aux prises avec de violents conflits opposant catholiques et huguenots (nom donné aux protestants français), ne se préoccupe pas de diffuser le christianisme dans les contrées d’outre-mer. Plusieurs colons français, tant catholiques que protestants, s’installent en NouvelleFrance afin d’échapper aux violences et aux persécutions qu’ils subissent dans leur pays d’origine. Les religieux et religieuses qui les rejoignent s’occupent du maintien de la colonie : les membres des ordres masculins officient lors des messes, administrent les sacrements et éduquent les garçons ; les membres des ordres féminins prennent soin des malades et éduquent les filles. On n’établit donc les premières missions de Nouvelle-France qu’au XVIIe siècle. Et, malgré quelques rencontres faites dans un climat de curiosité et de partage, elles ne remportent pas un grand succès.

Peu de peuples autochtones adhèrent d’emblée au catholicisme prêché par les missionnaires. Les missionnaires acceptent mal les mœurs et les comportements des autochtones. La vénération d’objets ou de phénomènes pour la force qu’on y trouve, l’importance spirituelle des songes et la multiplicité des manifestations divines leur paraissent incompatibles avec la foi chrétienne. De leur côté, les autochtones, attachés à leur propre spiritualité, n’apprécient pas toujours les enseignements et les comportements des missionnaires. Nomades et souvent commerçants, plusieurs ne sont pas non plus très réceptifs au modèle des réductions sud-américaines, basées sur l’agriculture. De plus, les religieux acceptés par une nation autochtone sont considérés comme des ennemis par les adversaires de cette dernière, ce qui complique leur évangélisation.

fonde le Séminaire de Québec, puis obtient du pape l’établissement du diocèse de Québec en 1674. Tous les ordres religieux de la Nouvelle-France sont alors soumis à son autorité, et un clergé catholique fort et prospère se développe.

LE CHRISTIANISME EN NOUVELLE-ANGLETERRE Élisabeth Ire, qui règne de 1558 à 1603, fait de l’anglicanisme la religion officielle de l’Angleterre. Dès lors, les catholiques et protestants y sont persécutés. Les premiers fuient surtout vers l’Irlande et la France ; les seconds cherchent refuge en Amérique du Nord, où ils souhaitent bâtir un monde nouveau basé sur leurs valeurs et leur religion.

LE SAVIEZ-VOUS

Le Mayflower et les Pères pèlerins Le 11 novembre 1620, bousculé par le mauvais temps, le navire marchand Mayflower jette l’ancre au Cape Cod, en Nouvelle-Angleterre. Les 102 colons protestants anglais qu’il amène, en quête de liberté religieuse, y fondent la première colonie anglaise durable en Amérique. On les nommera les Pères pèlerins, et leur colonie, dont les lois ont été rédigées à bord du navire, deviendra le Massachusetts.

Les colons anglais sont bientôt suivis de Hollandais, d’Allemands et de Français. En un peu plus de 100 ans, ils fondent les 13 colonies britanniques. Ils sont principalement protestants, si ce n’est quelques anglicans, de rares catholiques et un petit nombre de juifs qui bénéficient d’une relative tolérance religieuse pour l’époque. Lorsque les États-Unis obtiennent leur indépendance de la Couronne britannique, la pensée et les valeurs protestantes inspirent sans doute les auteurs de la Constitution américaine. Par exemple, le rejet d’une autorité hiérarchisée dans les pratiques religieuses, qui permet entre autres aux croyants d’élire le pasteur qui les guide, est un présage du système de démocratie à venir.

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Reconstitution du village de Plymouth, au Massachusetts. Ce village a été érigé par les Pères pèlerins, qui débarquèrent du Mayflower en 1620.

La Nouvelle-France devient catholique grâce à l’immigration européenne. C’est l’arrivée, en 1659, de Mgr François de Laval, premier évêque de Québec, qui marque l’enracinement de l’Église catholique romaine sur le territoire nord-américain. Il © 2015, Les Éditions CEC inc. • Reproduction interdite

2 Une ample diffusion du christianisme

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ACTIVITÉS

7. Lisez le texte suivant, puis répondez aux questions. « Ces objectifs reposaient sur l’hypothèse que les cultures et les croyances spirituelles des autochtones étaient inférieures. D’ailleurs, certains cherchaient, selon une expression devenue tristement célèbre, “à tuer l’Indien au sein de l’enfant”. Aujourd’hui, nous reconnaissons que cette politique d’assimilation était erronée, qu’elle a fait beaucoup de mal et qu’elle n’a aucune place dans notre pays. » Stephen HARPER, premier ministre du Canada, 11 juin 2008, [En ligne].

a) Selon vous, à quel évènement ce discours d’excuses fait-il référence ? Encadrez la bonne réponse. • Les missions en territoire autochtone, en Nouvelle-France • Le système des réserves pour les autochtones au Canada • Le système des pensionnats obligatoires pour les autochtones au Canada b) À quel phénomène peut-on associer cet épisode de l’histoire des peuples autochtones du Canada ? Encadrez la bonne réponse. • À l’évangélisation

• À la diffusion

• À l’acculturation

• À la persécution

• À la conversion

• À l’aliénation

8. Selon vous, pourquoi les cultes maya, aztèque et inca ont-ils presque entièrement disparu aux XVIe et XVIIe siècles ?

9. Selon vous, Bartolomé de Las Casas était-il opposé à l’implantation de réductions en Amérique du Sud ? Expliquez votre réponse.

10. a) Qu’est-ce qu’une religion métissée ? Encadrez la bonne réponse. • Une religion qui concerne les populations issues de croisements entre deux ethnies ou plus. • Une religion composée de croyances et de pratiques issues de plusieurs traditions religieuses. • Une religion composée de croyances et de pratiques issues exclusivement de traditions chrétiennes. • U ne religion composée de croyances et de pratiques issues de plusieurs traditions religieuses qui ne sont pas chrétiennes. b) Dans l’extrait de Pays sans chapeau, de Dany Laferrière, reproduit à la page 8, qu’est-ce qui permet d’affirmer que le personnage de la mère pratique une religion métissée ?

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RELIGIONS

DES BOUSCULÉES

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À PARTIR DU XVIIIe SIÈCLE, L’ÉVOLUTION ET LA DIFFUSION DU SAVOIR ET DES IDÉES ENTRAÎNENT D’IMPORTANTS CHANGEMENTS DANS LE MONDE OCCIDENTAL. LES TRADITIONS CHRÉTIENNES COMMENCENT ALORS À PERDRE DE LEUR INFLUENCE POLITIQUE ET SOCIALE.

LE DÉCLIN DES MONARCHIES EUROPÉENNES Au XVIIIe siècle, un vaste mouvement culturel, scientifique et intellectuel, connu sous le nom des Lumières, fait surgir en Europe de nouvelles idées. Il est marqué par l’adhésion à l’humanisme, la valorisation de la raison et la lutte contre la tyrannie, la superstition et le fanatisme. De plus, l’essor colonial, l’intensification du commerce et les avancées scientifiques et techniques entraînent de grands bouleversements dans la vie des gens, notamment par la révolution agricole et les débuts de l’industrie.

Les XVIIIe et XIXe siècles sont des siècles de profondes transformations et de révolutions. Ces réflexions, découvertes et transformations auront des répercussions sur les autorités politiques et religieuses. On a longtemps considéré que le pouvoir de régner découlait de l’autorité divine, que c’était un droit divin, donc incontestable. Mais, dorénavant, on

LE SAVIEZ-VOUS

s’interroge sur ce qui rend apte à gouverner les sociétés et on remet en question les dogmes de l’Église. On souhaite bâtir un monde où l’humanité responsable se sert de sa capacité de penser afin d’atteindre le bonheur sans l’aide de Dieu. « J’entends présentement crier de tous côtés : “Ne raisonnez pas !” L’officier dit : “Ne raisonnez pas, exécutez !” Le financier (le percepteur) : “Ne raisonnez pas, payez !” Le prêtre : “Ne raisonnez pas, croyez !” […] Il y a partout limitation de la liberté. » Emmanuel KANT, Réponse à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? (1784).

En 1689, l’Angleterre se dote d’un Parlement et d’une charte de droits (Bill of Rights) pour imposer aux monarques certaines obligations. En 1787, les États-Unis adoptent une constitution incluant une déclaration de droits et garantissant, entre autres, la liberté de culte. « Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion […]. » Constitution des États-Unis, 1er amendement.

Le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724 – 1804) est une des figures marquantes de l’époque des Lumières.

Humanisme Courant de pensée selon lequel les êtres humains sont égaux et possèdent des droits inaliénables parce qu’ils sont tous de la même espèce. Tyrannie Pouvoir arbitraire et absolu d’un souverain ou d’une personne détenant l’autorité suprême, caractérisé par des politiques d’oppression et de terreur. Absolutisme Régime politique où le dirigeant de l’État n’est soumis à aucun contrôle, mais détient au contraire le pouvoir absolu.

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Les Lumières

Les philosophes français du XVIIIe siècle utilisent le terme Lumières pour désigner le savoir, la connaissance et la raison, par opposition aux ténèbres de l’ignorance. Si la plupart d’entre eux croient en Dieu, ils rejettent la théologie chrétienne, les dogmes et les institutions cléricales. Ils attaquent l’Église, sa richesse, son pouvoir et sa volonté d’entraver la liberté, et ils combattent l’intolérance religieuse, tout comme l’absolutisme politique. Bien qu’il affirme que « si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer », Voltaire (1694 – 1778), croyant mais opposé au clergé et à son influence dans la société, écrit : « Tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde. »

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Le philosophe français Voltaire

3 Des religions bousculées

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En 1789 s’amorce l’évènement le plus marquant de l’époque : la Révolution française. Les révolutionnaires français exigent non seulement que ce soient des citoyens élus qui exercent le pouvoir, mais aussi que l’Église se retire entièrement des affaires politiques. Les biens de l’Église sont nationalisés ; la dîme, supprimée ; la monarchie, abolie ; l’État, laïcisé. Ces changements permettent une plus grande liberté de culte : certains groupes minoritaires, comme les communautés juives et protestantes, vivent ainsi plus librement. Le roi de France Louis XVI (1754 – 1793) est arrêté et guillotiné par les révolution­ naires français. Il est le seul roi de l’histoire de la France à avoir été exécuté.

Dîme Impôt, fraction variable de la récolte prélevée par l’Église. Laïciser Rendre indépendant du clergé et de toute confession religieuse. Rendre conforme au principe de séparation complète des pouvoirs religieux et civils. Aliénation État d’un individu asservi par des conditions sociales qu’il ne peut modifier et qui le privent de son humanité.

LE SAVIEZ-VOUS

Les États laïques garantissent la liberté de culte aux fidèles de toutes les traditions religieuses. Ce premier gouvernement laïque français ne dure que quelques années. La France oscille longtemps entre monarchie et république, et l’Église n’y sera définitivement séparée de l’État qu’en 1905. Malgré tout, de nombreux États européens emboîtent le pas et se laïcisent. Quelques-uns conservent toutefois l’idée d’une religion d’État, comme certains peuples nordiques, attachés au protestantisme, et ceux de l’Europe de l’Est, attachés à l’orthodoxie.

UN HUMANISME ATHÉE Au XIXe siècle, l’essor de l’esprit scientifique amène une remise en question parfois virulente des religions et même, dans certains cas, l’affirmation de l’inexistence de Dieu. On s’appuie alors sur cet esprit scientifique,

qui veut que seules les idées vérifiables soient recevables, et sur le matérialisme, selon lequel toute réalité est constituée de matière. Pour les philosophes Karl Marx (1818 – 1883) et Friedrich Engels (1820 – 1895), l’écart des conditions de vie et les inégalités sociales découlent non pas d’une volonté divine, mais de luttes pour le pouvoir et de l’accumulation de richesses. Ils voient dans les traditions religieuses un outil d’aliénation qui maintient les populations dans l’illusion consolatrice d’un au-delà meilleur. Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) déclare qu’en rejetant les valeurs morales des traditions religieuses, nous avons tué Dieu. Il propose à chaque être humain de devenir son propre dieu, en définissant sa propre morale et en affrontant avec courage et lucidité son avenir.

Les philosophes matérialistes du XIXe siècle réfutent l’existence du divin et l’immortalité de l’âme. Inspirés par ces réflexions, des révolution­ naires du XXe siècle, notamment en Russie et en Chine, tentent de bâtir des sociétés nouvelles, dites communistes, fondées sur l’égalité et bannissant toute croyance et toute religion. Ces sociétés athées plutôt que laïques ont généralement recours à la contrainte pour réprimer les pratiques religieuses, mais ne parviennent pas pour autant à supprimer les croyances.

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Des États sans religions Pendant et après la révolution russe de 1917, l’Église orthodoxe est paralysée, et les fidèles, persécutés. Dans toutes les républiques de l’URSS, on ferme et détruit les églises, les monastères et les séminaires. On interdit la pratique du culte jusqu’à la chute du régime communiste, en 1991. Durant cette période, de nombreux orthodoxes émigrent. Cette diaspora, évaluée à 10 millions de personnes, contribue à la diffusion du christianisme orthodoxe dans le monde, y compris au Canada. Un phénomène semblable se produit en Chine après l’avènement de la révolution communiste de 1949. Malgré la garantie de la liberté de culte, la nouvelle République passe d’une acceptation suspicieuse à la répression. On détruit des monastères bouddhistes, des églises chrétiennes et des temples, et on opprime les prêtres et les moines. La cathédrale de l’Intercession-de-la-Vierge, mieux connue sous le nom de Saint-Basile, érigée entre 1555 et 1561 à Moscou et classée monument historique depuis 1923. Aucune messe n’y a été célébrée entre 1929 et 1997.

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RELIGIONS

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LES À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE AU XXe SIÈCLE, DES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES PERMETTENT DE PERCER CERTAINS MYSTÈRES DE LA VIE ; LES COLONIES EUROPÉENNES GAGNENT PEU À PEU LEUR INDÉPENDANCE ; PLUSIEURS ÉTATS SE LAÏCISENT ET SE DÉMOCRATISENT, ET ON Y RENFORCE LES DROITS ET LES LIBERTÉS DES INDIVIDUS ET DES COMMUNAUTÉS. CELA N’EST PAS SANS RÉPERCUSSIONS SUR LES TRADITIONS RELIGIEUSES.

LE MONDE ET LES TEMPS CHANGENT À cette époque, les opinions et les connaissances circulent plus librement et plus rapidement. Pour de nombreuses personnes, le divin, qui semblait autrefois incontournable, devient facultatif, voire superflu. Quelques penseurs prédisent même la disparition des traditions religieuses. « Dieu, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui était d’abord présent à toutes les relations humaines, s’en retire progressivement ; il abandonne le monde aux hommes et à leurs disputes », écrit le sociologue français Émile Durkheim en 1922. Mais rien de tel ne se produit. Dans les années 1960, les premiers enfants nés après la Seconde Guerre mondiale atteignent l’âge adulte. Par d’importants courants contestataires, comme les révoltes étudiantes en France (mai 68) et le mouvement hippie, cette génération nombreuse tend à renverser les normes et les

LE SAVIEZ-VOUS

traditions. On s’oppose à l’autorité parentale, on remet en question les pouvoirs en place et on bouleverse les structures sociales, notamment le modèle familial. La lutte pour l’égalité raciale, le féminisme et l’émancipation sexuelle prennent leur essor. Dans cet élan, on rejette souvent en bloc les obligations et les dogmes religieux.

De plus en plus individualistes, de nombreux fidèles abordent différemment la religion. Avant les années 1960, le Québec est profondément religieux. L’Église catholique y a une emprise forte sur la vie individuelle et collective. Avec la Révolution tranquille, l’État québécois sécularise les systèmes d’éducation, d’aide sociale et de soins de santé. Au cours des décennies suivantes, au Québec comme dans l’ensemble de l’Occident, les églises se vident, et de plus en plus de gens se disent non pratiquants ou même athées.

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Le féminisme chez les religieuses Déjà, dans les années 1960, des religieuses critiquent leur sort au sein de l’Église. Elles luttent pour un traitement égalitaire et pour l’ordination des femmes. En religion sous le nom de sœur Marie-Edmond, Françoise Vandermeersch (1917 – 1997), religieuse française chez les Auxiliatrices des âmes du Purgatoire, est l’une d’elles. Elle poursuit une réflexion critique sur la place des femmes au sein du clergé. « Dans l’Église, je suis rentrée dès ma naissance par mon éducation familiale : “je suis née dans l’eau bénite”. […] Au long des années, il m’est apparu que ce bassin d’eau bénite géré par des maîtres nageurs masculins n’était qu’un contre-témoignage de la véritable communauté [de l’Église]. » Françoise VANDERMEERSCH, Bulletin international de l’association Femmes et hommes dans l’Église, no 8, 1975.

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Une des devises des groupes hippies était Faites l’amour et non la guerre !

Hippie Relatif aux jeunes qui, dans les années 1960 et 1970, contestent la société de consommation et les valeurs sociales et morales traditionnelles. Séculariser Rendre laïque, faire sortir du domaine religieux ou du contrôle du clergé pour faire passer dans le domaine de l’État. Auxiliateur Qui secourt les âmes.

4 Les religions à l’époque contemporaine

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ENGAGER LE

DIALOGUE

L’ANALOGIE

VOIR FASCICULE LES RÉFÉRENCES PAGE 4

L’ANALOGIE AIDE À FAIRE CONNAÎTRE OU COMPRENDRE UNE CHOSE, UNE PERSONNE OU UNE SITUATION EN FAISANT RESSORTIR DES RESSEMBLANCES ENTRE ELLE ET UNE AUTRE DE CATÉGORIE DIFFÉRENTE, MAIS MIEUX CONNUE.

DES MOTS SACRÉS AU QUOTIDIEN Les croyances et les traditions religieuses se transmettent entre autres par des rites et des récits. Il existe donc un vocabulaire pour désigner les pratiques, les objets rituels, les personnages, les évènements, etc. Depuis longtemps, ce vocabulaire circule entre le sacré et le profane, soit entre son usage religieux et un usage quotidien, désacralisé, hors de la religion. En intégrant le discours profane, ces termes et locutions gardent souvent une grande force, comme un résidu de la puissance de leur sens original. Ils permettent diverses analogies, dont on oublie souvent l’origine religieuse. Lisez les textes suivants, puis répondez aux questions.

Texte 1 Le pape du design graphique québécois s’éteint

Texte 2 La religion du Canadien de Montréal

À Montréal, Frédéric Metz a enseigné les fondements de son art à des milliers d’étudiants jusqu’à devenir le pape du design graphique. Il aimait vénérer le meilleur cru de la profession, jouer les critiques acerbes des ratés du métier. Suisse d’origine, mais montréalais jusqu’à la moelle, Frédéric Metz, professeur au franc-parler et ex-directeur du Centre de design de l’UQAM, s’est éteint samedi soir à la suite d’une longue maladie, le jour de son 70e anniversaire. […]

Nous espérons seulement vous convaincre, précieux lecteur ou précieuse lectrice, qu’au Québec, le Canadien est bel et bien une religion — avec toutes les nuances qu’une telle notion implique —, qu’il en présente en tous les cas de nombreuses caractéristiques : des dogmes et des rites, des saints et des prêtres, des reliques et une éthique…

“En classe, il faisait pleurer les gens tellement son jugement était impitoyable mais important, indique son ancien élève Philippe Lamarre, fondateur de la revue Urbania. Mais lorsqu’il soulignait un travail, c’était comme une consécration.”

[…] le culte de la Sainte-Flanelle, la présence d’un Démon blond et d’un saint Patrick dans le Temple de la renommée, les fantômes du Forum qui portent secours au Canadien dans les moments décisifs, un Jésus Price qui se révèle comme un sauveur quand il n’est pas crucifié devant son filet […] suffisent-ils à faire du Canadien une religion ? Olivier BAUER et Jean-Marc BARREAU, dir., La religion du Canadien de Montréal, Montréal, Les éditions Fides, 2009, p. 7 et 10. Cet extrait est reproduit aux termes d’une licence accordée par Copibec.

Isabelle PARÉ, « Le pape du design graphique québécois s’éteint », Le Devoir, 11 août 2014, [En ligne].

Caricature d’Aislin, parue dans The Montreal Gazette en 2008

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1. a) Dans le premier texte, soulignez les termes empruntés au langage religieux. b) Dans la première colonne du tableau qui suit, reportez les termes soulignés. c) Dans la deuxième colonne du tableau, en vos mots et sans l’aide du dictionnaire, écrivez votre définition de chaque terme selon votre compréhension du texte. d) Dans la troisième colonne du tableau, inscrivez le sens religieux de chaque terme. Utilisez un dictionnaire au besoin. TERMES

DÉFINITIONS PERSONNELLES

SENS RELIGIEUX

2. Expliquez l’analogie qu’Isabelle Paré établit dans son texte pour mieux nous faire connaître la personnalité de Frédéric Metz.

3. Choisissez deux des termes que vous avez définis dans le tableau du numéro 1 et, pour chacun, faites une analogie différente de celle d’Isabelle Paré. 1er terme : 2e terme :

4. a) Dans le second texte, où l’on établit une analogie entre un club de hockey et la religion, soulignez les termes empruntés au langage religieux.

b) Selon vous, l’utilisation du langage religieux est-elle appropriée pour parler d’un sport professionnel ? Expliquez votre réponse.

c) Sur une feuille mobile, rédigez à votre tour un texte d’environ 100 mots qui présente une analogie entre un sport professionnel et la religion. © 2015, Les Éditions CEC inc. • Reproduction interdite

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À

RETENIR La religion, un phénomène continu Les systèmes de croyances et les religions accompagnent l’être humain depuis fort longtemps. Au fil des millénaires, chamanisme, polythéismes et monothéismes apparaissent, se développent, se transforment, se divisent et, parfois, disparaissent. Ainsi, de tensions au sein du judaïsme émerge le christianisme ; de tensions au sein de celui-ci émergent l’orthodoxie et le catholicisme romain ; et de tensions au sein de ce dernier émerge le protestantisme. Le christianisme hors de l’Europe Au XVIe siècle, les Européens explorent le monde et découvrent des continents qui leur étaient inconnus. Des missionnaires, principalement catholiques, les accompagnent. Ils établissent des missions en Asie, puis en Amérique du Nord, et des réductions en Amérique du Sud afin d’évangéliser les populations locales. De plus, des colons européens s’installent dans ces nouveaux mondes et y pratiquent leurs religions, surtout le catholicisme et le protestantisme. La laïcisation des États Au XVIIIe siècle, les réflexions des philosophes des Lumières et les avancées scientifiques transforment la relation des peuples avec les

autorités. On conteste notamment la monarchie de droit divin et les pouvoirs de l’Église. Des systèmes démocratiques apparaissent et les États se laïcisent, ce qui augmente la liberté de culte. Au XIXe siècle, certains penseurs critiquent et condamnent les religions elles-mêmes. On tentera ensuite de bâtir des sociétés athées, notamment en Russie et en Chine. L’individualisme religieux Au XXe siècle, le renforcement des droits individuels ainsi que la libre circulation des connaissances et des opinions contribuent, d’une part, à la désaffection des pratiques religieuses traditionnelles et, d’autre part, à la personnalisation des croyances, notamment dans les sociétés occidentales. Malgré cela, les traditions religieuses demeurent bien vivantes. Diverses luttes sociales, comme la place des femmes au sein du clergé, y entraînent parfois d’importants débats. Le climat de tolérance d’après la Seconde Guerre mondiale favorise l’œcuménisme et les dialogues interreligieux, mais des tensions politiques ravivent certains conflits religieux à la fin du siècle.

à l’établissement de fidèles dans de nouveaux lieux se diffusent

grâce à la conversion de nouveaux fidèles

LES TRADITIONS RELIGIEUSES

des relations avec le pouvoir politique se transforment ou se divisent

à cause

de tensions et de débats internes des relations avec d’autres traditions religieuses

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1. Associez chaque terme de l’encadré à sa définition. • Absolutisme • Acculturation • Anticlérical • Évangélisation • Humanisme • Laïcisation • Liberté de culte • Lumières • Mission • Missionnaire • Monarchie de droit divin • Œcuménisme • Ordre religieux • Pluralisme • Réduction • Religion à la carte • Sécularisation DÉFINITIONS

TERMES

a) Spiritualité personnelle constituée de croyances et de pratiques religieuses provenant de différentes traditions religieuses. b) Séparation complète des pouvoirs religieux et civils. c) Courant de pensée selon lequel les êtres humains sont égaux et possèdent des droits inaliénables parce qu’ils sont tous de la même espèce. d) Regroupement de personnes ayant prononcé des vœux solennels et s’étant engagées à observer les règles et à vivre selon les principes d’une communauté religieuse. e) Opposé au clergé, à son influence et à son intervention dans la vie publique. f) Désigne la tâche d’évangélisation, le groupe de personnes chargées d’accomplir cette tâche, et les lieux et bâtiments établis à cette fin. g) Système qui accepte la pluralité des opinions, des tendances et des comportements, notamment dans les domaines politique, social et religieux. h) Autorité politique dont le pouvoir est considéré comme découlant de l’autorité divine. i) Action d’assimiler une personne ou un groupe de personnes à une culture en lui faisant perdre sa propre culture. j) Mouvement culturel, scientifique et intellectuel du XVIIIe siècle marqué par la valorisation de la raison et la lutte contre la tyrannie, la superstition et le fanatisme. k) Action de convertir des personnes au christianisme en prêchant l’Évangile. l) Régime politique où le dirigeant de l’État n’est soumis à aucun contrôle, et détient le pouvoir absolu. m) Religieux ou religieuse qui a la tâche de propager la foi. n) Action de faire sortir du domaine religieux ou du contrôle du clergé pour faire passer dans le domaine de l’État. o) Village administré par des missionnaires où la population autochtone vit, reçoit une éducation catholique et apprend des métiers. p) Mouvement qui tend à réunir les diverses Églises chrétiennes. Au sens large, ensemble des dialogues interreligieux. q) Droit de pratiquer quelque religion que ce soit.

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À RETENIR

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Une collection unique qui vous permet de vivre et de Voir autrement l’enseignement de l’ECR !

Huit fascicules thématiques

Vous pouvez utiliser certains fascicules pour des thèmes spécifiques ou l’ensemble pour un matériel clé en main.

Matériel destiné à l’élève • Huit fascicules liés aux huit thèmes du programme d’ECR. Chaque fascicule propose : – des concepts et des savoirs bien illustrés ; – des activités variées ; – des éléments du dialogue liés au thème à l’étude ; – un résumé accompagné d’un réseau de concepts et d’activités de synthèse. • Un fascicule de référence, qui comprend : – un volet consacré aux éléments du dialogue ; – un volet consacré aux notions et concepts en éthique ; – un volet consacré aux traditions religieuses.

Matériel destiné à l’enseignant • Huit corrigés des fascicules thématiques ; • Un guide de l’enseignant comprenant le fascicule de référence, ainsi que trois situations d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ), incluant pour chacune : un guide SAÉ, un carnet de l’élève, des grilles d’évaluation.

Versions numériques Les fascicules pour l’enseignant • Pour l’animation en classe et la correction collective, la version numérique de chaque fascicule vous permet : – de projeter, d’annoter et de feuilleter le fascicule en entier ; – d’afficher le corrigé du fascicule, question par question ; – d’accéder à tout le matériel reproductible ; – de partager des notes et des documents avec vos élèves ; – de corriger leurs réponses directement dans la version numérique de leur fascicule ; – et de travailler dans votre matériel même sans connexion Internet.

Un fascicule de référence

Les fascicules pour l’élève

• La version numérique de chaque fascicule permet à l’élève : – de feuilleter et d’annoter chaque page ; – d’écrire ses réponses dans son fascicule ; – de travailler dans son matériel sans connexion Internet.


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