La famille

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La

famille

Perspective sociologique pour mieux intervenir Julie Allard Jocelyne Valois


PRÉSENTATION DES CARACTÉRISTIQUES DES CHAPITRES

C HAPI TRE

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LA TAILLE DES FAMILLES Depuis quelques décennies, conséquence, en partie, du phénomène de la maternité tardive, le nombre de familles de trois enfants ou plus a fléchi de façon appréciable : depuis 2001, elles ne représentent plus que 15 % de ces familles. Elles sont remplacées par des familles à enfant unique, dont la croissance est constante durant la même période. Quant aux familles de deux enfants, nombre souvent associé à la taille idéale de la famille, elles représentent 38 % des familles. FIGURE 4.2

Observations

Les modèles familiaux

L’évolution de la taille de la famille au Québec de 1971 à 2011

L’évolution de la taille de la famille indique une diminution notable des familles de trois enfants ou plus dès les années 1970 : leur proportion passe de 42 % en 1971 à 25 % en 1981. Avec les années 1980 et 1990, elle descend encore pour glisser à 16 % en 1991 et à 15 % en 2001 et en 2011. Parallèlement, les familles à enfant unique, soit seulement 29 % des familles en 1971, ont atteint 47 % en 2001 et en 2011. Il existe encore une majorité de familles de plus d’un enfant, mais elle s’est effritée, passant de 62 % en 1981 à 53 % en 2001 et en 2011.

TABLE DES MATIÈRES LE MODÈLE TRADITIONNEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 LE MODÈLE CONJUGAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 LE MODÈLE ÉGALITAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 LES FACTEURS DE CHANGEMENT DES MODÈLES FAMILIAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

1971

1981

100 % : 980 390 familles

100 % : 1 183 225 familles

1991

2001

2011

100 % : 1 241 175 familles

100 % : 1 267 815 familles

100 % : 1 273 240 familles

Note. Les familles comprennent des enfants de tous âges, qui demeurent avec leurs parents. Ces enfants n’ont   ni conjoint ou conjointe vivant avec eux, ni enfant. Source des données. Statistique Canada, Recensements du Canada.

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE

Ainsi, le constat est clair : depuis les années 1960 et 1970, les Québécoises ont des enfants de plus en plus tard et l’indice de fécondité est sous le seuil de renouvellement. Conséquemment, la taille des familles affiche la même courbe descendante.

• Comprendre la structure, les valeurs et les normes, de même que les rôles familiaux, à l’intérieur des modèles traditionnel, conjugal et égalitaire de la famille. • Connaître le contexte sociohistorique lié à chaque modèle familial. • Se sensibiliser quant aux inégalités présentes dans la famille et comprendre leurs causes.

LES FACTEURS INFLUENÇANT LA FÉCONDITÉ Tous les sondages indiquent que, depuis longtemps, le désir d’avoir deux enfants, et même plus, est bien présent chez les jeunes, et ce, encore plus au Québec que dans le reste du Canada (Bingoly-Liwaro, 2002 ; Centre de recherche et d’information sur le Canada, 2000 ; Conseil permanent de la jeunesse, 2007a ; Secrétariat à la famille, 1991). Il existe donc un écart appréciable entre le nombre d’enfants désirés et les indices de fécondité. Comment expliquer un tel écart ? Nous nous arrêterons plus particulièrement aux facteurs suivants : le coût de la vie, la pauvreté et la précarité financière chez les jeunes, le travail des mères, la transformation des rôles féminins et l’instabilité de la vie conjugale.

• En apprendre davantage sur les particularités de la société québécoise en lien avec le contexte historique et les modèles familiaux. • Saisir la notion d’idéal-type utilisée en sociologie et les nuances à faire quant aux différents modèles familiaux à la suite de l’observation de la réalité québécoise.

39

76

CHAPITRE 4

Des explications de l’évolution de la famille québécoise appuyées sur des statistiques à jour.

Des objectifs d’apprentissage ouvrent chacun des chapitres.

La socialisation des enfants et des adolescents sera étudiée plus en profondeur dans le chapitre 7.

graduellement le marché du travail où d’autres apprentissages les attendent. Le marché du travail socialise également les adultes lorsqu’ils entament un nouvel emploi ou une nouvelle profession. Par exemple, une infirmière qui commence à travailler dans un hôpital est amenée à s’adapter à ce nouveau milieu. Ses collègues, ses supérieurs et ses patients participent à sa socialisation. Enfin, d’autres agents de socialisation, comme les médias, la religion et l’État, encadrent les individus et véhiculent des valeurs particulières selon les sociétés. Par exemple, les médias, qu’il s’agisse de la télévision, d’Internet, de la radio ou de la presse écrite, transmettent des normes qui peuvent concerner autant la beauté et la sexualité que la famille ou la consommation. Les religions, pour leur part, prescrivent des principes moraux et des rituels qui ont des impacts sur la vie quotidienne des croyants. L’État, quant à lui, par l’intermédiaire des décisions prises par le gouvernement et des programmes qu’il met en place, est censé refléter les valeurs des citoyens. Il le fait notamment par l’adoption de lois qui instaurent des normes formelles à respecter.

ENCADRÉ 1.4

La socialisation anticipatrice La socialisation anticipatrice permet aux individus d’acquérir la culture du groupe dont ils souhaitent un jour faire partie. La socialisation par anticipation consiste donc, par exemple, à préparer une personne à s’intégrer dans une profession, dans un futur plus ou moins rapproché. Plusieurs sociologues ont étudié l’exemple des étudiants en médecine. Bien que ces derniers aient une personnalité différente et des caractéristiques propres, comment expliquer qu‘ils aient autant d’attitudes et de traits communs ? Être médecin, ce n’est pas seulement avoir appris à poser des diagnostics et à recommander des traitements. Devenir médecin est le produit de l’éducation scolaire par l’entremise du contenu des cours, des mises en situation et des

stages, mais aussi de la socialisation par les pairs. Les attitudes, les manières d’agir, les opinions et les idées des futurs médecins se forgent au contact des professeurs et des autres étudiants, mais aussi des patients et des infirmières lors des stages. C’est grâce à ces personnes que se font l’apprentissage et l’intériorisation de la culture médicale, des valeurs de la profession ainsi que de la conduite à adopter. À la fin de sa formation, l’étudiant « se sent » médecin et les autres le voient comme tel (Baszanger, 1981 ; Darmon, 2006).

Qu’y a-t-il de particulier selon vous dans la socialisation anticipatrice des étudiants et des étudiantes en soins infirmiers ?

ENCADRÉ 1.5

La socialisation de la femme enceinte La grossesse, surtout lorsqu‘il s’agit de la première, est une pér iode relat ivement courte, mais intense en apprentissages et en nouvelles expériences de socialisation. La femme enceinte, par exemple, est d’abord influencée dans son rôle de future mère par les médias et son entourage, mais également par son médecin ou sa sage-femme, les infirmières, les autres mères, les personnes côtoyées dans un centre périnatal, etc. Elle apprend et intériorise les valeurs actuelles en lien avec la maternité, les attitudes à privilégier (être heureuse, être active, etc.), les postures de l’accouchement ou encore les produits à utiliser (porte-bébés, couches lavables, crèmes, poussettes, etc.). Ces agents lui transmettent aussi les

normes auxquelles elle doit se conformer pour jouer de façon adéquate son rôle de femme enceinte. Ce que l’on attend d’elle, par exemple, c’est qu’elle fasse tout en son pouvoir pour limiter les risques reconnus scientifiquement et socialement auxquels pourrait être exposé le bébé qu’elle porte. Les recommandations faites à la femme enceinte sont nécessairement teintées par les valeurs culturelles ambiantes. Généralement, les femmes enceintes s’y conforment facilement (Jacques, 2007).

Discutez en équipe de l’évolution des normes au québec en lien avec la grossesse et l’accouchement.

Observations

FIGURE 1.1

Porteurs des modèles culturels, les agents de socialisation utilisent des sanctions pour encourager l’apprentissage par les individus. Ceux-ci peuvent cependant exercer leur libre choix et interagir sur les agents de socialisation au cours du processus de socialisation.

Le processus de socialisation Agents de socialisation

Individus

Apprentissage

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CHAPITRE

Modèles culturels

Sanctions

Sanctions Mécanisme de contrôle social soutenant le processus de socialisation.

Agents de socialisation La famille, l’école, les pairs, le travail, les médias, l’État et la religion, qui servent de relais entre la culture et les individus.

Voir l’encadré 1.5.

Les agents de socialisation sont les « courroies de transmission » de la culture. Ce sont eux qui appliquent les sanctions sociales, qui servent de modèles et qui font la promotion des valeurs et des normes dominantes dans une société. La famille est le premier agent socialisateur. Les parents sont les modèles de leurs enfants et leur manière de les éduquer sera déterminante. Durant l’enfance, d’autres agents de socialisation accompagnent la famille dans sa fonction de socialisation. Les services de garde et l’école veillent à ce que les enfants évoluent bien dans un groupe, qu’ils s’y intègrent et qu’ils apprennent les règles de base de la vie en société : le respect, le partage et d’autres valeurs qui peuvent varier d’une culture à l’autre. Un peu plus tard, souvent lors de l’adolescence, les pairs prennent une place déterminante dans le développement des jeunes qui font alors l’apprentissage de l’amitié et des premières relations amoureuses, de même qu’ils subissent des influences en lien avec certains courants culturels (mode, musique, sports, loisirs, etc.). C’est aussi durant cette période qu’ils intègrent

1

Des récapitulations sous forme de figure accompagnées d’observations.

VI

Qu’est-ce qui motive vraiment les individus à respecter toutes ces normes ? Le processus de socialisation comprend un système de sanctions positives et négatives qui les encouragent à adopter certains comportements et attitudes, ou les en dissuadent. Les sanctions positives peuvent être de bonnes notes à l’école, une bourse d’excellence, une promotion au travail, un sourire, un mot d’encouragement ou des félicitations. Les sanctions négatives, quant à elles, sont rarement perçues comme agréables et désirables. Il peut s’agir d’une amende pour avoir texté au volant, d’une suspension de quelques jours à l’école ou, dans les cas extrêmes, d’une peine d’emprisonnement pour un vol à main armée. Toutefois, les sanctions négatives s’expriment généralement par des regards désapprobateurs devant certains comportements, comme se faufiler dans une file d’attente, fumer dans une foule ou cracher par terre, des commentaires désobligeants, des insultes ou encore des réprimandes, comme gronder un enfant qui a enfreint une règle familiale. Ces sanctions servent à rappeler aux individus les valeurs et les règles de base de la société dont ils font partie. Pour y être acceptés, ils doivent donc s’y conformer. Mais qui s’occupe de mettre en place ces sanctions indispensables à l’intériorisation des valeurs et des normes sociales ?

PRÉSENTATION DES CARACTÉRISTIQUES DES CHAPITRES

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Des notions de sociologie en relief dans le texte, dont la définition est reprise en marge du texte et dans le glossaire.


En résumé

en famille matricentrique. À l’inverse, la proportion de jeunes de 15 à 19 ans vivant avec leur père atteint 26 %, ce qui constitue le ratio le plus élevé pour tous les groupes d’âge. Quant à la garde partagée, elle entraîne la monoparentalité à temps partiel pour chacun des parents. Toutefois, ce phénomène est trop récent pour en connaître toutes les composantes (Guilmaine, 2012).

PRINCIPALES NOTIONS Idéal-type

CHAPI T RE CONCEPTS LIÉS

L’idéal-type est un outil d’analyse sociologique qui rend compte des caractéristiques d’un phénomène. Cependant, chaque modèle théorique fait face à des contradictions dans la réalité concrète. Des familles traditionnelles prennent certaines distances avec les préceptes religieux. Des mères au foyer représentant le modèle conjugal sont peu épanouies dans leur rôle alors que la société envoie une image idéalisée de leur situation. Enfin, le modèle égalitaire reste un idéal en raison du partage inégal du travail domestique.

- Modèle traditionnel - Modèle conjugal - Modèle égalitaire

ENCADRÉ 5.3

La garde partagée Depuis 1986, il est possible de faire reconnaître officiellement la garde partagée lors de la procédure de divorce ou de séparation. Jusqu’au milieu des années 1990, peu de parents s’en sont prévalus, puisque de 7 à 11 % des enfants de parents divorcés se sont alors retrouvés en garde partagée. La tendance change avec les années 2000, où près de 30 % de ces enfants sont en garde partagée (Duchesne, 2002b, 2006). Cette nouvelle réalité demeure toutefois difficile à quantifier, car les parents en union libre qui se séparent à l’amiable n’enregistrent pas légalement leur choix de garde. La plupart des études font ressortir que certaines conditions sont nécessaires à la réussite de ce type de garde (Camus, 2005 ; Careau et Cloutier, 1990 ; Côté, 2000). La proximité géographique des parents est la plus évidente, mais d’autres sont tout aussi essentielles : le partage équitable des frais rattachés aux enfants ; un mode de fonctionnement qui fait en sorte que les enfants ne se sentent pas comme des étrangers dans deux maisons ; la possibilité qu’ils puissent conserver leur réseau social malgré l’alternance de leur lieu de résidence ; la disponibilité des parents pour s’adapter aux horaires des enfants ; l’absence de rivalité entre les parents (« Chez qui es-tu le mieux ? ») ; la reconnaissance de la compétence paternelle de la part de la mère ; l’ouverture à l’idée qu’après une période de garde partagée, l’enfant choisisse de demeurer

Famille traditionnelle

• Société préindustrielle • Cellule de base de la société • Division des rôles parentaux • Fidélité aux préceptes religieux • Famille, lieu de production • Autorité patriarcale • Influence de l’Église

Famille conjugale

tout le temps chez l’un des parents. Lorsque ces conditions sont à peu près remplies, la garde partagée est l’occasion de redéfinir le partage des responsabilités entre les parents et d’établir un lien de continuité parentale malgré la séparation.

• Société industrielle • Séparation de la famille et du monde du travail • Famille, lieu de consommation • Rôles parentaux complémentaires • Démocratie familiale

La garde partagée entre les deux parents est-elle le mode de garde idéal ? Quelles en sont les difficultés potentielles ?

Les conditions socioéconomiques de la monoparentalité Les conditions socioéconomiques viennent au premier rang des difficultés éprouvées par les familles monoparentales. De façon générale, les conditions financières de ces familles sont moins bonnes que celles des familles biparentales : les revenus des familles matricentriques représentent 50 % de ceux des familles biparentales et, pour ce qui est des familles patricentriques, cette proportion est de 68 % (Institut de la statistique du Québec, 2014a). Ces écarts indiquent que c’est chez les mères seules que se concentre la majorité des familles monoparentales à faible revenu. Lorsque leur plus jeune enfant a moins de 3 ans, près de 69 % des mères seules de 25 ans à 54 ans occupent un emploi, comparativement à 80 % de celles en couple (Gouvernement du Québec, 2016). Quant aux meilleures conditions financières des pères seuls, elles découlent de leur présence fortement majoritaire sur le marché du travail, facilitée par le fait que les enfants sous leur garde sont généralement plus vieux et autonomes, et de leurs salaires plus élevés. Toutefois, ne pouvant profiter des deux salaires des familles biparentales, ils sont, eux aussi, dans une situation moins favorable que ces dernières.

Voir la figure 5.6.

92

CHAPITRE

Famille égalitaire

• Société postindustrielle • Rôles parentaux interchangeables

Facteurs de changement des modèles

• Nouvelle situation des femmes • Caractéristiques socioéconomiques • Trajectoires sociales

5

66

3

EN BREF

• Modèles familiaux

La forte hiérarchie sociale des sociétés préindustrielles se répercute sur la famille, lieu de production. Au père est assigné le rôle de pourvoyeur unique, autoritaire et respecté ; à la mère, celui d’éducatrice et de ménagère, sous l’autorité du père. Les enfants sont nombreux et participent à l’activité économique de la famille dès leur très jeune âge. L’Église soutient l’autorité patriarcale et influe aussi sur la détermination des valeurs morales, notamment en ce qui concerne le mariage et la sexualité. L’avènement de l’industrialisation change le mode de vie des familles qui deviennent majoritairement urbaines : la production s’effectue dans les industries, ce qui entraîne une séparation entre la famille et le monde du travail. La famille devient alors un lieu de consommation. Au Québec, ces changements s’accélèrent à partir des années 1960 avec la Révolution tranquille et façonnent le nouveau décor des mutations familiales. Dans ce contexte, le modèle traditionnel est contesté, en particulier son caractère autoritaire. La famille conjugale devient alors un lieu de sécurité affective pour ses membres. La vie amoureuse des conjoints est importante, de même que les besoins des enfants. Par contre, le modèle conjugal conserve une division plutôt traditionnelle des tâches entre le père et la mère. Des changements apportés par l’économie mondiale, le féminisme et la montée de valeurs individualistes et hédonistes émerge un modèle prônant la liberté et l’égalité à l’intérieur de la famille. Les rôles parentaux sont interchangeables et l’éducation des enfants est orientée vers l’accès à l’autonomie. Cette transformation des modèles familiaux s’effectue sous la poussée de divers facteurs.La contraception, le travail des femmes mariées, la scolarisation, l’appartenance de classe la perte d’un emploi et l’émigration en font partie.

CHAPITRE 3

Un résumé à la fin de chaque chapitre sous forme de tableau contenant un rappel des notions principales traitées dans le chapitre.

Des encadrés apportant des compléments d’information et contenant des questions de réflexion.

L’APPRENTISSAGE EN ACTION

❯ MISE EN SITUATION

❯ EXERCICES DE COMPRÉHENSION 1- Indiquez si les énoncés suivants sont vrais ou faux. Corrigez les phrases au besoin. a) La vie rurale est un élément qui fait partie du modèle familial s’inscrivant dans la société postindustrielle. b) La complémentarité des rôles sexuels fait surtout partie du modèle familial égalitaire. c) Au 21e siècle, au Québec, les jeunes couples s’identifient généralement au modèle égalitaire. d) Le modèle traditionnel de la famille est critiqué par les modèles conjugal et égalitaire. e) L’autorité patriarcale ne se manifestait, dans la famille traditionnelle, que lors de conflits importants à l’intérieur de la famille. f) Dans le modèle égalitaire de la famille, les parents sont vus comme des guides pour leurs enfants afin que ces derniers développent prioritairement leur autonomie.

Micheline est une femme de 52 ans qui a quitté son travail dernièrement pour s’occuper de son conjoint atteint de la sclérose en plaques et de sa mère victime de la maladie d’Alzheimer. Sa mère vit en CHSLD, mais Micheline est très présente à ses côtés et s’occupe, entre autres, de ses soins d’hygiène et de ses sorties. Micheline a deux frères et une sœur qui l’épaulent de temps à autre dans son rôle d’aidante.

Un logement plus petit et adapté aux déplacements de son mari en fauteuil roulant correspondait à une diminution du travail domestique.

Micheline et son conjoint ont deux enfants qui ont déjà quitté la maison et qui ont eux-mêmes de jeunes enfants. Micheline aimerait pouvoir s’en occuper davantage, mais elle est débordée. Il y a peu de temps, elle a dû organiser la vente de la maison familiale. Le déménagement s’imposait en raison de la baisse importante des revenus du couple.

b) Quelles sont les principales difficultés rencontrées par Micheline en tant qu’aidante ?

a) Comment les problèmes de santé des proches de Micheline peuvent-ils influer sur sa situation d’aidante ? Donnez des exemples concrets et formulez des hypothèses.

c) Trouvez les ressources de votre région qui pourraient soutenir Micheline dans son rôle d’aidante.

g) L’industrialisation a fait en sorte de transformer les familles en lieu de production. h) Le féminisme et l’émancipation des femmes ont transformé en profondeur la famille traditionnelle. i) La société industrielle est caractérisée par des transformations profondes dans l’économie mondiale, la nature et l’organisation du travail et la flexibilité demandée aux travailleurs, de même que par de nouvelles valeurs sociales dominantes.

LECTURES SUGGÉRÉES

j) L’idéal-type représente la réalité précise et parfaite d’un phénomène.

CHARTRÉ, Marie-Ève et Johanne GAGNÉ (2014). Mon enfant a une maladie chronique. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine.

❯ MISES EN SITUATION

2- Tracez un portrait de la transformation des modèles familiaux à travers trois générations : celle des grands-parents (de 60 ans et plus), celle des parents d’adolescents (de 40 à 50 ans) et celle des parents de jeunes enfants (de 25 à 35 ans). a) À cette fin, questionnez des personnes de ces trois générations concernant : • les valeurs acquises dans leur famille d’origine ; • leur vie de couple à partir de la période des « fréquentations » ; • leur mise en pratique des rôles parentaux. b) Comparez ensuite la définition des modèles familiaux avec les informations collectées .

❯ EXERCICES DE RÉFLEXION 1- En équipe, débattez de la question suivante : Le modèle traditionnel de la famille est-il encore présent dans notre société?

1. Lisez la mise en situation et répondez aux questions qui suivent.

2. Lisez la mise en situation et répondez aux questions qui suivent.

Sophie et Marc sont deux professionnels en couple depuis une décennie. Depuis trois ans, ils essaient d’avoir un enfant. Bien que ce désir soit fort, ils ne tiennent pas à ce qu’il se réalise à tout prix. Ils viennent d’acheter une maison et ne sont pas encore à l’aise financièrement. Leurs emplois respectifs, sans être prioritaires, sont assez prenants. Ils habitent une nouvelle municipalité, loin des grands centres urbains, ils n’ont pas encore de réseau d’amis. Toutes les solutions alternatives pour avoir un enfant sont pour l’instant sur la table.

Isabelle a 37 ans. Elle détient un BAC en science politique, une maîtrise en études internationales et un MBA. Elle vient de rompre avec son copain des trois dernières années. Ils s’étaient éloignés en raison du dernier voyage d’Isabelle d’une durée de six mois qu’elle avait fait pour le travail et pour prendre de courtes vacances. Cette séparation l’affecte bien sûr, mais elle est de plus en plus inquiète, car elle désire avoir des enfants. Elle a toujours rêvé d’avoir une famille de quatre enfants. Cependant, elle sait qu’elle devra revoir ses plans. La vie a filé rapidement et les projets se sont succédés.

a) Selon la définition de l’infertilité, ce couple est-il infertile ?

2- Nous avons vu dans ce chapitre certaines caractéristiques importantes de la société post-industrielle. Comment se manifeste-t-elle concrètement dans votre vie ?

b) Que lui conseilleriez-vous concernant les méthodes de procréation assistée offertes ? L’insémination artisanale est-elle une solution envisageable ? Pourquoi ?

a) Donnez quelques exemples précis. b) Quels en sont les aspects positifs et négatifs pour vous ?

c) L’adoption internationale peut-elle être une solution ? Pourquoi ? LES MODÈLES FAMILIAUX

LECTURES SUGGÉRÉES

Des exercices de compréhension et de réflexion qui permettent aux étudiants de mettre leurs connaissances en pratique et de prendre une distance critique par rapport aux faits, aux comportements observés ainsi qu’aux données statistiques.

ATLAN, Henri (2005). L’utérus artificiel. Paris : Éditions du Seuil, 227 p. CHICOINE, Jean-François, Patricia GERMAIN et Johanne LEMIEUX (2003). L’enfant adopté dans le monde (en quinze chapitres et demi). Montréal : Éditions de l’hôpital Sainte-Justine, 480 p. LEMIEUX, Johanne (2013). La normalité adoptive : des clés pour accompagner l’enfant adopté. Montréal, Québec Amérique, 508 p.

82

CHAPITRE

TÉLÉ-QUÉBEC (2015). « Proches aidants à bout de souffle », Une pilule, une petite granule. http://pilule.telequebec.tv/ occurrence.aspx?id=1290

DUCHARME, Francine (2006). Famille et soins aux personnes âgées. Enjeux, défis et stratégies. Montréal, Beauchemin Chenelière Éducation.

RESSOURCES COMMUNAUTAIRES ET INFORMATIVES

MATHIOT, Louis (2014). « L’alimentation des enfants du point de vue de leurs parents ». Sociologie et sociétés, vol. 46, no 2, p. 133-154.

Biblio-aidants – Cahiers thématiques à l’intention des proches aidants http://biblioaidants.ca

McALL, Christopher et coll. (2012). Au-delà du préjugé. Trajectoires de vie, pauvreté et santé. Montréal, Presses de l’Université du Québec. SINGLY, François de (2007). Sociologie de la famille contemporaine. Paris, Armand Colin.

a) Quel est le phénomène sociologique représenté par l’histoire d’Isabelle ?

L’Appui pour les proches aidants d’aînés www.lappui.org Meilleurs ensemble : main dans la main avec les familles www.fcass-cfhi.ca/WhatWeDo/bettertogether Regroupement des aidants naturels du Québec http://ranq.qc.ca Répertoire des organismes communautaires en lien avec la famille www.mfa.gouv.qc.ca/fr/Famille/ partenaires/organismes-communautairesfamille/ocf/Pages/index.aspx

Chaire de recherche en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille www.chairepersonneagee.umontreal.ca Famili@ Banque de références sur la famille http://familia.ucs.inrs.ca

b) Quels sont les facteurs de fécondité en jeu ? c) Quelles craintes légitimes Isabelle pourrait-elle avoir par rapport à son désir d’enfant ?

d) Sophie et Marc rencontrent-ils d’autres obstacles à la réalisation de leur projet parental ?

67

CRESSON, Geneviève et Mohamed MEBTOUL (2010). Famille et santé. Rennes, Presses de l’EHESP.

DOCUMENTAIRES SUGGÉRÉS

SOCIÉTÉ RADIO-CANADA (2011). « Grandir pauvre », Naufragés des villes. 45 min 4 sec. (disponible sur Curio.ca)

MIGNEAULT, Joanie (2016). « Les familles dans les régions du Québec. Quelques caractéristiques sociodémographiques et socioculturelles récentes. ». Quelle famille !, vol. 4, no 3.

38

RESSOURCES COMMUNAUTAIRES ET INFORMATIVES DOCUMENTAIRES SUGGÉRÉS

LAVIGNE, Chantal (2015). « Bébé business », Enquête. Montréal, Radio-Canada, 43 :12, diffusé le 26 mars 2015 (disponible sur Curio).

CHAPITRE

2

MANDY, Marie (2010). L’utérus artificiel – Le ventre de personne. France, Andana films, 53 min.

Association des couples infertiles du Québec http://aciq.ca/ Fédération des parents adoptants du Québec http://fpaq-adoption.ca/index.php

En fin de chapitre : • des suggestions d’ouvrages à consulter ; • des suggestions de documentaires à visionner ;

4

Une ou deux mises en situation en lien avec le contenu à l’étude dans le chapitre et suivies de questions de compréhension.

• des suggestions de ressources communautaires et informatives.

PRÉSENTATION DES CARACTÉRISTIQUES DES CHAPITRES

VII


TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE

1

3

Qu’est-ce que la sociologie ?. . . . . . . . . . 1

Les modèles familiaux . . . . . . . . . . . . . . . . 39

LES APPORTS DE LA SOCIOLOGIE AUX SOINS INFIRMIERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

LE MODÈLE TRADITIONNEL. . . . . . . . . . . . . . . 40

LA PERSPECTIVE SOCIOLOGIQUE . . . . . . . . . 3

L’autorité patriarcale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 L’Église et les valeurs morales . . . . . . . . . . . . 41

LA DISCIPLINE SOCIOLOGIQUE. . . . . . . . . . . . 4

Les approches épistémologiques en sociologie. . . . . 5 La culture et la socialisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Une définition de la culture . . . . . . . . . . . . . . 8 Quelques éléments de la culture . . . . . . . . . . 8 Le processus de socialisation. . . . . . . . . . . . . 10

La famille dans les sociétés préindustrielles. . . . . . 40

Les caractéristiques de la famille traditionnelle . . . 42 La famille : la cellule de base de la société. . . 42 La famille : une structure hiérarchisée . . . . . 42 Les rôles familiaux traditionnels. . . . . . . . . . 43

La famille traditionnelle québécoise. . . . . . . . . . . . 46

EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

La famille rurale : une famille idéale. . . . . . . 46 Des rôles définis par l’Église . . . . . . . . . . . . . 46

L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . 15

La famille traditionnelle : du modèle à la réalité . . . 47

CHAPITRE

2

La famille et la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 LA FAMILLE : DÉFINITION ET CADRE D’ANALYSE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Qu’est-ce que la famille ? Analyse sociologique. . . . 18 La famille : différentes visions théoriques. . . . . . . . 19 La famille : une institution . . . . . . . . . . . . . . . 20 La famille : reflet des inégalités sociales . . . . 20 La famille et les trajectoires sociales. . . . . . . 22 FAMILLE ET SOCIÉTÉ : DES LIENS MULTIPLES AVEC LA SANTÉ DES PERSONNES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

L’influence de la famille sur la santé des individus : un aperçu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 La socialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 La pauvreté familiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Les impacts de la maladie et du vieillissement sur la famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Un proche nécessitant des soins. . . . . . . . . . . 27 La réalité des proches aidants . . . . . . . . . . . . 29 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . 37

VIII

CHAPITRE

Idéal rural, réalité urbaine. . . . . . . . . . . . . . . 47 La fidélité aux préceptes religieux et la sexualité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Les rôles familiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

LE MODÈLE CONJUGAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

La famille dans les sociétés industrielles. . . . . . . . . 50

La famille et le monde du travail : vers deux univers différents . . . . . . . . . . . . . . 50 La transformation des fonctions familiales. . 51 L’évolution de la place des enfants et des adolescents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

La société québécoise en mutation . . . . . . . . . . . . . 52

L’affaiblissement de l’influence de l’Église . . 52 Le développement du rôle de l’État . . . . . . . . 52 L’urbanisation croissante de la société. . . . . . 53 La diversité ethnique au Québec . . . . . . . . . . 53

Les caractéristiques du modèle conjugal . . . . . . . . . 53 La famille : un lieu de sécurité affective . . . . 54 La famille : une structure ouverte sur l’extérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Les rôles familiaux : une conception démocratique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

La famille conjugale : du modèle à la réalité. . . . . . . 56 LE MODÈLE ÉGALITAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

La famille dans les sociétés postindustrielles . . . . . 57

La révolution numérique : les impacts sur l’économie et le travail. . . . . . . . . . . . . . . 57 L’individu au centre des valeurs sociales. . . . 58 Individualité, autonomie et égalité : négociations au sein de la famille . . . . . . . . . 58

TABLE DES MATIÈRES

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Les caractéristiques du modèle égalitaire . . . . . . . . 59

LES RUPTURES CONJUGALES. . . . . . . . . . . . . 86

Le couple : s’aimer en toute liberté. . . . . . . . . 59 Des rôles parentaux interchangeables. . . . . . 60 Des enfants autonomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

Les facteurs explicatifs des ruptures conjugales . . . 87

La famille égalitaire : du modèle à la réalité. . . . . . . 61

Les familles monoparentales. . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

LES FACTEURS DE CHANGEMENT DES MODÈLES FAMILIAUX. . . . . . . . . . . . . . . . 63

La nouvelle situation des femmes . . . . . . . . . . . . . . 63 La contraception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Le travail des femmes mariées. . . . . . . . . . . . 63

Les caractéristiques socioéconomiques. . . . . . . . . . 64 Les trajectoires sociales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . 67

CHAPITRE

4

La conception d’un enfant et l’évolution de la fécondité au Québec. . . . . . . . . . . . . 69 LA CONCEPTION D’UN ENFANT . . . . . . . . . . . 70

Le recours à la procréation assistée. . . . . . . . . . . . . 70 L’adoption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 L’adoption internationale . . . . . . . . . . . . . . . . 72 L’adoption au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 La réalité des familles adoptives . . . . . . . . . . 73 L’ÉVOLUTION DE LA FÉCONDITÉ AU QUÉBEC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

La taille des familles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Les facteurs influençant la fécondité. . . . . . . . . . . . 76

Le coût de la vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La pauvreté et la précarité chez les jeunes . . Le travail des mères. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La transformation des rôles féminins. . . . . . L’instabilité de la vie conjugale. . . . . . . . . . . .

77 77 77 78 78

EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . 81

LES TYPES DE FAMILLES . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

L’évolution de la monoparentalité . . . . . . . . . La responsabilité parentale. . . . . . . . . . . . . . . Les conditions socioéconomiques de la monoparentalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les mères seules : des facteurs d’adaptation divers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les pères et la monoparentalité : des distinctions nécessaires. . . . . . . . . . . . . . Les enfants : des réactions diverses . . . . . . . .

91 91 92 94 95 9 6

Les familles recomposées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

L’arrivée d’un parent substitut . . . . . . . . . . . . Le nouveau couple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La nouvelle fratrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les relations enfants-parents naturels. . . . . .

97 98 99 99

Les familles homoparentales. . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Les craintes fréquemment reliées à ce type de famille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 La discrimination homophobe et l’hétérosexisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . 106

CHAPITRE

6

La parentalité et les rôles sociaux. . .

109

LA PARENTALITÉ : CONCEPTUALISATION ET RÉALITÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

Le couple et la parentalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Les facteurs sociaux de l’adaptation parentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 LES RÔLES PARENTAUX. . . . . . . . . . . . . . . . . 113

La maternité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Les valeurs, les normes sociales et les réalités actuelles de la maternité . . . . 113 La grossesse et l’accouchement . . . . . . . . . . 115 L’allaitement maternel. . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

La paternité : un rôle en transformation . . . . . . . . 122 CHAPITRE

5

La diversité des types de familles. . . .

83

LA PROGRESSION DE L’UNION LIBRE ET LE DÉCLIN DU MARIAGE. . . . . . . . . . . . . . . 84

Le contexte social de la paternité. . . . . . . . . 123 La paternité au jour le jour. . . . . . . . . . . . . . 125 Le congé de paternité et le partage du congé parental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

La santé mentale des mères et des pères en période postnatale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 TABLE DES MATIÈRES

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Les mères. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 Les pères. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Dépistage et prévention. . . . . . . . . . . . . . . . . 130

Les comportements sexuels des adolescents . . . . . 156 La prévention des ITSS et la contraception. . . . . . . 157

Le travail et la famille : conflit et conciliation. . . . 130

La maternité à l’adolescence. . . . . . . . . . . . . . . . . 158

Le dilemme travail-famille pour les femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

Le partage inégal du travail domestique . . . . . . . . 133

L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . 161

Les obstacles au partage égalitaire . . . . . . . 133 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . 136

CHAPITRE

7

Enfance, adolescence socialisation et sexualité. . . . . . . . . . . .

CHAPITRE

8

La famille et les communautés culturelles et autochtones. . . . . . . . . . .

163

LA FAMILLE DANS LES COMMUNAUTÉS CULTURELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164

Les valeurs familiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165 139

Les mères des communautés culturelles. . . . . . . . . 167

LA SOCIALISATION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

Des savoirs familiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

La socialisation de l’enfant. . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

La transformation de l’engagement paternel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168 L’importance du rôle de pourvoyeur . . . . . . 169

Les parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 L’enfant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 L’environnement social . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

Les pères des communautés culturelles. . . . . . . . . 168

La place des enfants dans la famille . . . . . . . . . . . 170

La socialisation de l’adolescent. . . . . . . . . . . . . . . 145

Les jeunes des communautés culturelles . . . . . . . . 171

Les relations avec les parents. . . . . . . . . . . . 145

L’influence d’autres agents de socialisation. . . . . . 147 LA CONSTRUCTION SOCIALE DU GENRE. . 147

Les valeurs et les obligations familiales. . . . 171 Des règles différentes pour les garçons et les filles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 La résolution des désaccords . . . . . . . . . . . . 172

Le processus de la socialisation différenciée selon le sexe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

LA FAMILLE DANS LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Le mode de vie traditionnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

Les attitudes des parents et la division des rôles parentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Les jouets, la mode et les loisirs. . . . . . . . . . 149 Le cheminement scolaire, un effet de la socialisation différenciée selon le sexe. . . . . 150

Quand on ne correspond pas aux normes de genre ou de sexe... Les enfants trans ou intersexués. . . . 151

La réalité des enfants trans ou intersexués. . Les enjeux de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les relations avec le système de santé et les services sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les enjeux légaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

152 152 153 154

LA SEXUALITÉ DES ADOLESCENTS ET SES IMPACTS SUR LA SANTÉ . . . . . . . . . 155

La découverte et la divulgation de son orientation sexuelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

La mise en tutelle des Autochtones . . . . . . . . . . . . 176 La Loi sur les Indiens et ses conséquences sur leur mode de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Les pensionnats et les conséquences pour les familles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

La situation actuelle des Autochtones. . . . . . . . . . 177 Vivre ou non dans les réserves. . . . . . . . . . . 177 La scolarité et l’emploi. . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Les conditions de vie des familles . . . . . . . . 179

Des problèmes sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 La victimisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 La détresse des jeunes et le suicide . . . . . . . 181 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . 185

X

TABLE DES MATIÈRES

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CHAPITRE

9

La violence familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . 187 LA VIOLENCE CONJUGALE. . . . . . . . . . . . . . . 188

Les formes et le cycle de la violence conjugale. . . . 189 Les facteurs explicatifs de la violence conjugale . . 190

Les rapports patriarcaux . . . . . . . . . . . . . . . 190 La socialisation différenciée. . . . . . . . . . . . . 191 Des conditions de vie difficiles. . . . . . . . . . . 192 Des facteurs individuels . . . . . . . . . . . . . . . . 192

Le dépistage et les interventions requises en matière de violence conjugale. . . . . . . . . . . . . . 193 Les interventions institutionnelles. . . . . . . . 193 Les interventions communautaires. . . . . . . 195 LA MALTRAITANCE DES ENFANTS. . . . . . . . 197

Les diverses formes de mauvais traitements envers les enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 La négligence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 Les mauvais traitements psychologiques. . . 197 Les abus physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 Les abus sexuels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 L’abandon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

Les facteurs de mauvais traitements envers les enfants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198 La négligence et les abus physiques et psychologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Les abus sexuels incestueux. . . . . . . . . . . . . 200

Le dépistage et les interventions sociales en matière de protection des enfants . . . . . . . . . . 201 La législation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202 Les interventions institutionnelles. . . . . . . . 202 Les interventions communautaires. . . . . . . 203 LA MALTRAITANCE DES AÎNÉS EN CONTEXTE FAMILIAL. . . . . . . . . . . . . . . . . 204

Les formes de maltraitance. . . . . . . . . . . . . . . . . . 204 Les facteurs de vulnérabilité et de risque de la maltraitance des aînés . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 Le dépistage et les interventions en matière de maltraitance des aînés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . 209 GLOSSAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 BIBLIOGRAPHIE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 INDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

TABLE DES MATIÈRES

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LISTE DES FIGURES FIGURE 1.1 Le processus de socialisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 FIGURE 2.1 Synthèse et application du cadre d’analyse. . . . . . . . . . . . . . . . . 23 FIGURE 3.1 La hiérarchie dans la famille traditionnelle. . . . . . . . . . . . . . . . 43 FIGURE 3.2 La comparaison des modèles familiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 FIGURE 4.1 L’indice synthétique de fécondité au Québec de 1961 à 2015. . . 75 FIGURE 4.2 L’évolution de la taille de la famille au Québec de 1971 à 2011. 76 FIGURE 5.1 La progression de l’union libre au Canada et au Québec

de 1986 à 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

FIGURE 5.2 La répartition du mariage et de l’union libre dans la population

en situation de couple selon l’âge au Québec en 2011. . . . . . . . . 85

FIGURE 5.3 L’indice synthétique de divortialité au Québec de 1969 à 2008. 87 FIGURE 5.4 Les types de familles selon la situation parentale

au Québec en 2011. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

FIGURE 5.5 L’évolution de la monoparentalité au Québec de 1971 à 2011 . . 91 FIGURE 5.6 Le revenu moyen disponible selon le type de famille

au Québec en 2011. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

FIGURE 5.7 Les facteurs d’adaptation des mères à la monoparentalité . . . . 95 FIGURE 5.8 Le rôle de père seul : adaptation et difficultés. . . . . . . . . . . . . . . 96 FIGURE 6.1 Les facteurs sociaux de l’adaptation parentale. . . . . . . . . . . . . . 112 FIGURE 6.2 Les facteurs de changements et de continuité de la paternité. . 124 FIGURE 7.1 Comprendre la diversité sexuelle et l’identité de genre . . . . . . . 148 FIGURE 9.1 Les différentes formes de violence conjugale . . . . . . . . . . . . . . . 189 FIGURE 9.2 Le cycle de la violence conjugale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 FIGURE 9.3 Les facteurs de négligence ou d’abus physiques et

psychologiques envers les enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

FIGURE 9.4 Les facteurs de l’inceste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 01 FIGURE 9.5 Les différentes formes de la maltraitance envers les aînés . . . . 205

XII

LISTE DES FIGURES

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LISTE DES ENCADRÉS ENCADRÉ 1.1

Les facteurs sociaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

ENCADRÉ 1.2 Des données de types différents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 ENCADRÉ 1.3 Le rôle social de l’infirmière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 ENCADRÉ 1.4 La socialisation anticipatrice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 ENCADRÉ 1.5 La socialisation de la femme enceinte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 ENCADRÉ 2.1

La reproduction de la pauvreté familiale. . . . . . . . . . . . . . . . 26

ENCADRÉ 2.2 Dépassé, le concept du troisième âge ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 ENCADRÉ 3.1 Les enfants étaient-ils maltraités dans les sociétés

préindustrielles ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

ENCADRÉ 3.2 Le féminisme au Québec. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 ENCADRÉ 3.3 L’affaire Chantal Daigle et le droit à l’avortement. . . . . . . . . 60 ENCADRÉ 4.1

Les questions éthiques autour de la procréation assistée. . . 71

ENCADRÉ 4.2 La filiation, quelques notions juridiques . . . . . . . . . . . . . . . . 73 ENCADRÉ 4.3 Une analyse sociologique du couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 ENCADRÉ 5.1 Le mariage ou l’union libre ? Les conséquences

légales du choix d’union au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

ENCADRÉ 5.2 Les conséquences de la rupture sur les parents

et les enfants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

ENCADRÉ 5.3 La garde partagée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 ENCADRÉ 5.4 L’hétérosexisme et les soins de santé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 ENCADRÉ 6.1

Le rôle des grands-parents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

ENCADRÉ 6.2 Un point de vue critique sur la maternité actuelle. . . . . . . . . 114 ENCADRÉ 6.3 La violence obstétricale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 ENCADRÉ 6.4 Allaitement : un peu d’histoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 ENCADRÉ 6.5 La conciliation travail-famille et le personnel infirmier. . . . 1 32 ENCADRÉ 7.1

L’état de santé des enfants québécois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

ENCADRÉ 7.2 Les comportements à risque pour la santé

des adolescents québécois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

ENCADRÉ 7.3

La place des médias sociaux dans la vie des adolescents . . . 1 46

ENCADRÉ 7.4

La pornographie sur Internet et les jeunes. . . . . . . . . . . . . . . 1 56

ENCADRÉ 8.1

Être proche aidant en contexte migratoire. . . . . . . . . . . . . . . 1 66

ENCADRÉ 8.2 Où sont les territoires des Premières Nations du Québec ?. . 174 ENCADRÉ 8.3 La vie dans les pensionnats autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . 177 ENCADRÉ 8.4 Des perspectives pour les jeunes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 ENCADRÉ 9.1 Le signalement des mauvais traitements envers

les enfants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

LISTE DES ENCADRÉS

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C H A P I T RE

1

Qu’est-ce que la sociologie ? TABLE DES MATIÈRES LES APPORTS DE LA SOCIOLOGIE AUX SOINS INFIRMIERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2

LA PERSPECTIVE SOCIOLOGIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3

LA DISCIPLINE SOCIOLOGIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4

EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Comprendre les apports de la sociologie à la pratique infirmière. • Saisir l’importance d’adopter une distance critique par rapport aux jugements spontanés et aux préjugés concernant les phénomènes sociaux. • Connaître les fondements et les approches épistémologiques de la discipline sociologique. • Se familiariser avec des concepts sociologiques importants : la culture et le processus de socialisation.

1


LES APPORTS DE LA SOCIOLOGIE AUX SOINS INFIRMIERS L’importance de la sociologie dans la formation des infirmières n’apparaît pas toujours évidente et peut même sembler inutile. La pratique infirmière est axée sur l’intervention rapide auprès des patients, sur des gestes et des protocoles bien encadrés par le savoir médical. Avec sa réflexion théorique et ses critiques qui appellent à des changements souvent à long terme, la sociologie, pour sa part, semble bien éloignée de la réalité du personnel infirmier (Aranda et Law, 2007 ; Côté et Cloutier, 2010). Des recherches démontrent pourtant que les infirmières sont en général mieux préparées à exercer leur profession lorsqu’elles ont une vision plus large de la santé et de la maladie. La sociologie permet de se familiariser avec l’idée que la maladie relève de facteurs sociaux, et pas seulement individuels ou génétiques. D’ailleurs, le fait de dispenser des soins repose sur des fondements sociaux et culturels, et comprend des interrelations nécessitant des points de repère communs. Lorsque des patients appartiennent à des groupes sociaux qui, tels les itinérants, les bénéficiaires de l’aide sociale ou les immigrants, sont différents de ceux auxquels appartient en général le personnel infirmier, ces points de repère peuvent être insuffisants ou imprécis, ce qui vient compliquer la relation de soins. Ainsi, les infirmières sont en mesure de donner de meilleurs soins lorsqu’elles sont conscientes d’enjeux qui dépassent leurs gestes à caractère médical. La sociologie permet en outre de réfléchir sur le fait que les soins peuvent avoir des effets autres que thérapeutiques, qui découlent de certaines réactions devant des patients aux prises, par exemple, avec un problème de santé mentale (Perron et Holmes, 2010).

Voir l’encadré 1.1.

Comprendre la place que l’on occupe dans un aussi grand ensemble que la société et saisir comment ses propres comportements et ceux des autres sont modelés par des influences extérieures peut en venir à changer sa perception de soi et des autres. Grâce à l’analyse sociologique, il est possible de prendre du recul par rapport à la réalité, d’avoir une attitude réflexive devant des situations délicates et de faire un examen de ses préjugés. De plus, le fait que la famille soit une réalité commune à tous peut nuire à l’analyse objective qu’on devrait en faire et, là encore, le recours à la discipline sociologique permet de surmonter la difficulté. L’environnement familial influe grandement sur la santé des personnes et il convient de l’étudier. Comme il est indispensable que le personnel infirmier s’assure d’intégrer la famille d’un patient dans le processus de soins, ses connaissances sur la famille sont d’autant plus importantes (Wright et Leahy, 2014). Dans un contexte de soins, une analyse sociologique approfondie de l’institution familiale est complémentaire des habiletés relationnelles requises pour intervenir adéquatement auprès des familles. La sociologie fournit à cette fin des connaissances essentielles quant à certains phénomènes et à leurs impacts sur la famille et sur ses membres. On peut penser, entre autres, au vieillissement de la population, aux transformations du monde du travail

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CHAPITRE

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C H AP I T R E

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La conception d’un enfant et l’évolution de la fécondité au Québec TABLE DES MATIÈRES LA CONCEPTION D’UN ENFANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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L’ÉVOLUTION DE LA FÉCONDITÉ AU QUÉBEC . . . . .

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EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Connaître les options qui s’offrent aux personnes qui souhaitent avoir des enfants et les enjeux qui y sont reliés. • En apprendre davantage sur l’évolution de la fécondité des Québécoises et ses facteurs explicatifs.

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LA CONCEPTION D’UN ENFANT Lorsque les couples décident de concevoir un enfant, il leur est possible de prévoir les modalités de cette naissance éventuelle : ils choisiront le moment qui leur semble idéal pour l’arrivée d’un premier enfant et certains prendront aussi une décision concernant le lieu d’accouchement à privilégier. Une fois la famille fondée, il s’agira de déterminer le nombre d’enfants qu’elle comptera ainsi que l’espacement entre chaque naissance. Certes, il est impossible de tout prévoir avec exactitude et tout n’est pas si simple pour un nombre grandissant de couples. En effet, le taux des couples infertiles au Canada est passé de 8,5 % en 1992 à 16 % en 2010. Un couple est présumé infertile lorsqu’il n’y a pas de grossesse après un an de rapports sexuels. La consommation d’alcool, l’obésité et le report de la maternité à un âge plus élevé sont pointés du doigt comme principales causes de ce nouveau phénomène. Il peut s’agir entre autres de troubles hormonaux, de malformations des organes reproducteurs ou d’anomalies génétiques. Un grand nombre de couples infertiles se tournent maintenant vers la procréation assistée ou l’adoption (Bushnik et coll., 2013). Entre 2001 et 2010, le recours à la procréation assistée a bondi de 223 % au Canada (Castonguay et Strubb, 2013).

LE RECOURS À LA PROCRÉATION ASSISTÉE Pour les couples infertiles dont le projet de vie est étroitement lié à celui de procréer, le recours aux techniques de reproduction apparaît comme le seul moyen de ne pas y renoncer, même s’ils ont beaucoup d’appréhensions quant aux effets de ces procédés. Cependant, il importe de dire que les lesbiennes en couples et les femmes seules peuvent aussi opter pour la procréation assistée, ce qu’elles peuvent vivre bien différemment selon le cas. Par ailleurs, plusieurs d’entre elles choisissent l’insémination artisanale, un moyen de devenir enceinte sans rapports sexuels. L’insémination se fait alors à la maison à l’aide d’une seringue contenant le sperme d’un donneur. La femme doit surveiller son cycle menstruel pour que l’insémination ait lieu au moment de l’ovulation. Dans certains cas, on aura procédé à une stimulation ovarienne au préalable pour augmenter les chances de réussite. Ces femmes vont solliciter l’aide d’un donneur inconnu (les dons sont souvent faits par l’entremise d’Internet, une pratique illégale au Québec) ou d’un donneur connu qui jouera un rôle plus ou moins important dans la vie de l’enfant (Fédération du Québec pour le planning des naissances, 2015). En quoi la procréation assistée consiste-t-elle ? Il s’agit principalement de traite­ ments hormonaux qui ont pour but de favoriser l’ovulation, de l’insémination artificielle, soit avec le sperme du conjoint, soit avec celui d’un donneur anonyme, et de la fécondation in vitro. Dans le cas de la fécondation in vitro, les ovules fécondés en laboratoire sont généralement ceux de la future mère, mais ils peuvent aussi provenir d’une autre femme, la mère légale étant celle qui reçoit l’embryon et qui accouche. L’embryon issu des ovules fécondés par le sperme du conjoint ou par celui d’un donneur est ensuite transféré dans l’utérus (Procréa Fertilité, 2016).

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À l’exception de la fécondation in vitro qui fait l’objet d’un crédit d’impôt selon le revenu (sauf pour les femmes de plus de 42 ans), ces traitements de même que les médicaments nécessaires sont couverts par l’assurance-maladie tant dans les centres hospitaliers que dans les cliniques privées de fertilité (Gouvernement du Québec, 2017 ; Le centre de fertilité de Montréal, 2016). La complexité de ces techniques et la lourdeur des traitements hormonaux modulent la vie quotidienne des couples, celle des femmes plus particulièrement, pendant plusieurs mois. Il est fréquent que la grossesse ne se produise qu’après quelques tentatives d’insémination ou de transfert d’embryons, et les échecs sont

ENCADRÉ 4.1

Les questions éthiques autour de la procréation assistée Les techniques de la reproduction sont au cœur de débats sur les enjeux sociaux et éthiques qu’elles soulèvent concernant la pro­créa­ tion, la filiation, la surmédicalisation qu’elles exigent, la manipulation génétique à laquelle elles ouvrent la porte et le contrôle mercantile de la reproduction (Vandelac, 1996). Après plusieurs années de tergiversations, le Canada a finalement adopté la Loi sur la procréation assistée en 2004 (Gouvernement du Canada, 2004). Cette loi interdit certaines pratiques, dont : • la création de clones humains ; • l a modification du génome d’une cellule d’un être humain ou d’un embryon qui aurait pour effet de rendre cette modification transmissible lors de la procréation ; • la détermination du sexe d’un embryon ; • la vente ou l’achat d’embryons ; • la rétribution des donneurs de sperme ou d’ovules au-delà des dépenses encourues ; • la rémunération d’une mère porteuse ; • la rétribution d’une entreprise recrutant des mères porteuses. Le recours aux mères porteuses ou au don de sperme, d’ovules et d’embryons demeure donc possible, pour autant qu’il ne donne pas lieu à une rémunération. Au Québec, cependant, les règles de filiation interdisent qu’une mère porteuse s’engage à procréer et à porter un enfant pour une autre personne, même si elle n’est pas rémunérée : elle demeure la mère de l’enfant au sens de la loi (Ministère de la Justice du Québec, 2008a). Cependant, nul ne peut garantir que ces règles ne sont pas contournées. Bien que le gouvernement du Québec se soit doté en 2009 d’une loi encadrant la procréation assistée (Gouvernement du Québec, 2009), le problème demeure et plusieurs experts constatent un vide juridique créant des situations problématiques. Pour l’instant, ce flou semble encourager le tourisme procréatif où des couples québécois font affaire avec des agences de mères porteuses dans des pays en développement, comme l’Inde ou la Thaïlande. Le procédé, illégal au Québec, est coûteux pour les futurs

parents. Souvent, les mères porteuses vivent leur grossesse et leur accouchement dans des conditions déplorables. Les spécialistes qui travaillent sur la question exhortent le ministère de la Justice à faire les changements législatifs nécessaires pour protéger les droits des enfants et ceux des mères porteuses, ce qu’il se dit prêt à faire dans les prochaines années (Chouinard, 2016). Outre la gestation par des mères porteuses, d’autres enjeux éthiques découlant de la procréation assistée font présentement l’objet de débats, ici comme ailleurs dans le monde. La question des utérus artificiels, qui semble relever de la science-fiction en fait partie. En raison de recherches intensives, cette perspective ne semble plus si lointaine (Hyun et coll., 2016 ; Shahbazi et coll., 2016 ). Cette technologie qui permettrait une grossesse artificielle, c’està-dire sans recours à un corps féminin, pose de nombreuses questions éthiques. La possibilité de réaliser le désir d’enfant sans un corps maternel ouvre la porte à des dérives évidentes (eugénisme, perte de repères sociaux et moraux, effritement des liens parents-enfants, etc.) et remet en question les fondements biologiques de la reproduction et plusieurs s’inquiètent des conséquences qui peuvent en découler (Atlan, 2005 ; Canto-Sperber et Frydman, 2008 ; Martin, 2010). On parle également beaucoup du fait de dévoiler ou non leurs origines aux enfants issus de la procréation assistée impliquant un don d’ovule ou de sperme. La question divise les personnes qui souhaitent, dans le meil­leur intérêt de l’enfant, lui fournir des renseignements sur ses ori­gi­nes biologiques et celles qui veulent protéger l’anonymat des donneurs (O’Neill et Blackmer, 2015) . Que pensez-vous de cet enjeu en général ? Adoptez, à tour de rôle, les points de vue des enfants conçus à l’aide d’un don d’ovule ou de sperme, des donneurs ou donneuses, et des parents de ces enfants. Quelles sont les conséquences pour chacun et chacune de permettre ou d’interdire le dévoilement de l’identité des donneurs ou donneuses ? Prenez position en tenant compte de tous ces arguments.

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la réalité s’avère plus complexe. L’ampleur des défis est souvent sous-estimée. Plusieurs aspects mettent les parents adoptifs dans une situation fort différente de celle des parents naturels (Chicoine et coll., 2003 ; Ouellette et coll., 1999 ; Ouellette et Méthot, 2003). Nombre d’enfants adoptés ont des traits physiques qui les distingueront toute leur vie de leurs parents adoptifs et de leur nouveau milieu d’appartenance. Tous les enfants adoptés doivent également faire le deuil de leurs parents biologiques. Toutefois, pour ceux de l’adoption internationale, le deuil englobe aussi un autre pays, une autre culture, une autre identité. Même ceux qui ont été adoptés tout petits doivent, un jour ou l’autre, faire face à ce qui les distingue des autres membres de la famille. Parfois, le racisme ambiant est aussi là pour le leur rappeler. Un autre défi que doivent relever les parents est celui de continuer à se voir comme des parents adoptifs même si un fort lien d’attachement s’est développé avec leur enfant. Celui-ci aura toujours besoin qu’ils se montrent compréhensifs par rapport à ses inquiétudes sur ses origines et à son chagrin d’avoir perdu ses parents biologiques. Nombre d’enfants adoptés, en raison d’abus ou d’autres problèmes, risquent d’éprouver de la difficulté à s’attacher pendant longtemps. Ils peuvent avoir du mal à faire confiance à ces nouveaux adultes qui cherchent pourtant à leur donner des parents. Il semble donc que de nombreux couples souhaitent avoir des enfants et aient de la difficulté à y parvenir. Cette situation s’ajoute aux nombreux facteurs qui influencent la fécondité au Québec.

L’ÉVOLUTION DE LA FÉCONDITÉ AU QUÉBEC

Voir la figure 4.1.

Après la baisse relative de la fécondité qu’avait connue le Québec durant les années 1920 et 1930, la période du baby-boom, qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, a provoqué une augmentation de la population de près de 30 % entre 1951 et 1961 (Linteau et coll., 1989). La population du Québec semblait alors en progression constante. La diminution subséquente des naissances et, par conséquent, d’une population jeune susceptible de se reproduire à son tour a paru d’autant plus impressionnante Les années 1980, en particulier, ont vu la fécondité fléchir jusqu’à 1,36 enfant par femme en âge de procréer en 1987. L’indice de fécondité est cependant remonté pour atteindre 1,65 en 1991. Les démographes se sont alors montrés fort prudents dans l’interprétation de cette remontée, car la cause en était davantage attribuable aux dernières maternités de la génération du baby-boom qu’à une hausse généralisée de la fécondité. L’indice de fécondité est d’ailleurs redescendu autour de 1,5 entre 1997 et 2005 pour remonter à 1,73 en 2008 et 2009 (Girard et coll., 2015), hausse qui a été attribuée à l’instauration de congés parentaux mieux rétribués. Depuis 2009, l’indice est toutefois en recul et se situait à 1,60 en 2015 (Girard et coll., 2016). La chute des naissances depuis le baby-boom est souvent imputée au fait qu’un nombre élevé de femmes n’ont aucun enfant. Or, à partir des données de 2015, il est possible d’estimer que 71,3 % des femmes auront au moins un enfant et

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FIGURE 4.1

Indice synthétique de fécondité

Indice de fécondité

L’indice synthétique de fécondité au Québec de 1961 à 2015 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0

3,78

1,93 1,57

1961

1971

1981

1,36

1987

1,65

1,54

1,49

1991

1997

2001

1,65

2007

1,60

2015 Année

Nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Cet indice est calculé en additionnant les taux de fécondité par tranche d’âge (le nombre de naissances divisé par le nombre de femmes) des femmes de 13 à 49 ans, pour une année donnée. Pour assurer le remplacement de la population, l’indice synthétique de fécondité doit être de 2,1.

Source des données. Institut de la statistique du Québec (dans Duchesne, 2002a et Girard, 2008, 2016).

que 57,4 % en auront au moins deux. Seulement 21,6 % des femmes en auront trois ou plus, et 9,8 %, quatre ou plus. Le faible niveau de la fécondité ne se traduit donc pas par la disparition de la maternité chez la majorité des femmes, mais plutôt par un plus grand nombre de femmes n’ayant qu’un ou deux enfants. De plus, l’âge moyen à la première maternité, qui était de 29 ans en 2015, défavorise une deuxième et, surtout, une troisième naissance (Girard et coll., 2016). Ce niveau relativement élevé de l’âge moyen à la première maternité vient du fait que nombre de femmes attendent la trentaine et au-delà pour avoir un premier enfant, et ce, pour toutes sortes de raisons : études supérieures, carrière, voyages, difficulté à trouver un partenaire ou problèmes d’infertilité. Par ailleurs, pour l’ensemble des enfants nés la même année, la prise en compte de l’âge de leur mère révèle des changements importants. En effet, depuis 2013, les femmes âgées de 30 à 34 ans sont plus fécondes que celles de 25 à 29 ans. Pour leur part, les femmes de 35 à 40 ans ont, depuis 2011, une fécondité plus élevée que celles de 20 à 24 ans. De plus, même si les naissances demeurent plutôt rares chez les femmes de 40 à 45 ans, leur taux de fécondité est tout de même passé de 2 enfants pour 1000 femmes en 1985 à plus de 11 pour 1000 en 2015. Par conséquent, l’âge moyen des mères, pour l’ensemble des naissances, a augmenté graduellement pour atteindre 30,5 ans en 2015, alors qu’il était de 28 ans au milieu des années 1990 (Girard et coll., 2016). Il faut pourtant souligner qu’il s’agit de moyennes pour l’ensemble des régions du Québec, et que la réalité diffère selon les divisions territoriales. Les différences dans l’âge moyen à la maternité sont marquées selon la région administrative. Par exemple, les régions de Montréal et de Québec présentent respectivement un âge moyen à la maternité de 32,2 et de 30,7 ans en 2014, alors que la Côte-Nord et le Nord-du-Québec affichent des âges moyens à la maternité de 28,5 et de 27,1 ans (Saint-Amour et Binette Charbonneau, 2015). Les analyses plus poussées de la fécondité au Québec se doivent de prendre en considération les disparités géographiques. La maternité tardive est donc davantage un phénomène de grands centres urbains.

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LA TAILLE DES FAMILLES Depuis quelques décennies, conséquence, en partie, du phénomène de la maternité tardive, le nombre de familles de trois enfants ou plus a fléchi de façon appréciable : depuis 2001, elles ne représentent plus que 15 % de ces familles. Elles sont remplacées par des familles à enfant unique, dont la croissance est constante durant la même période. Quant aux familles de deux enfants, nombre souvent associé à la taille idéale de la famille, elles représentent 38 % des familles. FIGURE 4.2

Observations L’évolution de la taille de la famille indique une diminution notable des familles de trois enfants ou plus dès les années 1970 : leur proportion passe de 42 % en 1971 à 25 % en 1981. Avec les années 1980 et 1990, elle descend encore pour glisser à 16 % en 1991 et à 15 % en 2001 et en 2011. Parallèlement, les familles à enfant unique, soit seulement 29 % des familles en 1971, ont atteint 47 % en 2001 et en 2011. Il existe encore une majorité de familles de plus d’un enfant, mais elle s’est effritée, passant de 62 % en 1981 à 53 % en 2001 et en 2011.

L’évolution de la taille de la famille au Québec de 1971 à 2011 1971

42 %

29 % 29 %

1981 25 % 38 % 37 %

100 % : 980 390 familles

100 % : 1 183 225 familles

1991

2001

16 %

2011

15 % 44 %

40 %

100 % : 1 241 175 familles

Un enfant Deux enfants Trois enfants ou plus

15 % 47 %

38 %

100 % : 1 267 815 familles

47 % 38 %

100 % : 1 273 240 familles

Note. Les familles comprennent des enfants de tous âges, qui demeurent avec leurs parents. Ces enfants n’ont ni conjoint ou conjointe vivant avec eux, ni enfant. Source des données. Statistique Canada, Recensements du Canada.

Ainsi, le constat est clair : depuis les années 1960 et 1970, les Québécoises ont des enfants de plus en plus tard et l’indice de fécondité est sous le seuil de renouvellement. Conséquemment, la taille des familles affiche la même courbe descendante.

LES FACTEURS INFLUENÇANT LA FÉCONDITÉ Tous les sondages indiquent que, depuis longtemps, le désir d’avoir deux enfants, et même plus, est bien présent chez les jeunes, et ce, encore plus au Québec que dans le reste du Canada (Bingoly-Liwaro, 2002 ; Centre de recherche et d’information sur le Canada, 2000 ; Conseil permanent de la jeunesse, 2007a ; Secrétariat à la famille, 1991). Il existe donc un écart appréciable entre le nombre d’enfants désirés et les indices de fécondité. Comment expliquer un tel écart ? Nous nous arrêterons plus particulièrement aux facteurs suivants : le coût de la vie, la pauvreté et la précarité financière chez les jeunes, le travail des mères, la transformation des rôles féminins et l’instabilité de la vie conjugale.

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C H A P I T RE

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La diversité des types de familles TABLE DES MATIÈRES LA PROGRESSION DE L’UNION LIBRE ET LE DÉCLIN DU MARIAGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 LES RUPTURES CONJUGALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 LES TYPES DE FAMILLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .105 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Comprendre les causes de la diversification des types de famille. • Saisir la réalité des enfants selon le type de famille dont ils font partie. • Mieux comprendre comment les mères et les pères qui se retrouvent seuls avec leurs enfants s’adaptent à leur rôle. • Connaître la réalité des familles recomposées actuelles. • Connaître les principaux préjugés envers les familles homoparentales et tenir compte de l’impact de l’hétérosexisme dans les interventions des professionnels de la santé.

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Plus de 71 % des familles québécoises sont biparentales. Ce pourcentage inclut les familles intactes, qui n’ont pas connu de divorce ou de séparation, et les familles recomposées, où l’un des conjoints est un parent substitut. Comme ces données ne distinguent pas ces deux sous-types familiaux, il est impossible de mesurer leur importance respective dans une typologie fondée sur la répartition des familles selon la situation parentale. Par contre, selon d’autres données de recensement, 16 % des familles biparentales sont recomposées, ce qui permet de déduire que les familles intactes demeurent les plus nombreuses (Statistique Canada, 2014). Par ailleurs, la progression de l’union libre se répercute aussi sur les familles : alors qu’en 1986 les parents en union libre ne représentaient que 6 % des familles (Bureau de la statistique du Québec, 1989), leur proportion atteignait près de 21 % en 2001, environ 25 % en 2006 et un peu plus de 28 % en 2011. Pour ce qui est des familles dont les parents sont mariés, elles sont passées de 60 à 43 % entre 1996 et 2011 (Institut de la statistique du Québec, 2013 ; Statistique Canada, 2012). Les familles monoparentales, quant à elles, regroupent près de 29 % des familles et elles incarnent depuis les années 1980 un nouveau type familial consécutif à l’accroissement des ruptures d’union. La mère est la responsable de la famille dans la très grande majorité des cas, mais les familles monoparentales patricentriques occupent une place croissante, d’un recensement à l’autre. Cette augmentation est peut-être due au fait que plusieurs couples adoptent la garde partagée après leur séparation. Enfin, nous verrons que les familles homoparentales, bien qu’elles ne représentent qu’un très faible pourcentage de l’ensemble des familles, sont une réalité pour nombre de parents et d’enfants, et qu’elle gagne à être connue. Les familles de ce type sont plus visibles qu’auparavant à la suite du changement des mentalités et de modifications législatives. De plus, leur nombre s’accroît depuis les progrès technologiques de la procréation assistée.

LES FAMILLES MONOPARENTALES De toutes les transformations qu’a connues la famille dans les dernières décennies, la progression de la monoparentalité est l’une des plus importantes. Au début des années 1970, au moment où le nombre des familles monoparentales commence à augmenter de façon significative, la réprobation sociale domine. Les familles monoparentales semblent constituer une menace pour la survie de la famille et ne sont pas perçues comme de « vraies » familles. Les mères seules sont souvent soupçonnées de faillir à leur tâche de « bonne » mère et les critiques de l’entourage se font nombreuses (Papadomanolakis, 1987). Depuis, les attitudes ont changé : les familles monoparentales sont considérées comme l’une des variantes familiales, et leur condamnation n’est plus admise.

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L’évolution de la monoparentalité Les familles monoparentales ne sont pas un phénomène nouveau dans notre société. En 1931, il y avait au Canada 14 % de familles monoparentales dont la majorité était issue d’un veuvage. Entre 1931 et 1961, cependant, l’amélioration des conditions de vie entraîne une baisse de la mortalité des parents encore jeunes et la monoparentalité décroît en conséquence. En 1961, elle ne représente plus que 8,4 % de toutes les familles avec ou sans enfant (Statistique Canada, 1984). À partir de 1971, la proportion de familles monoparentales change de nouveau : avec l’augmentation des séparations et des divorces, elle passe, au Québec, de 13,4 % en 1971 à 28,7 % en 2011. Elles représentent donc aujourd’hui près du tiers des familles. FIGURE 5.5

Proportion (%)

L’évolution de la monoparentalité au Québec de 1971 à 2011 30 28 26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0

26,5

27,8

21,6 17,6 13,4

1971

1981

1991

2001

2011

Année

Note. Le taux de familles monoparentales est calculé sur la base des familles avec enfants, de tous âges, sans conjoint ou conjointe ni enfant, et qui demeurent avec leurs parents. Source des données. Statistique Canada, Recensements du Canada. (Dandurand et Saint-Jean, 1988, pour les données de 1971 et de 1981.)

La responsabilité parentale La monoparentalité se concrétise majoritairement par le départ d’un parent toujours vivant. Cependant, il peut aussi arriver que la mère soit déjà seule au moment de la naissance de son enfant et que le père reste inconnu. Des femmes décident aussi d’avoir un enfant seules en recourant à la procréation assistée. Plus rarement, des hommes vont aussi décider d’adopter seuls. Toutefois, dans la grande majorité des cas, la monoparentalité est féminine et elle met fin, pour les pères séparés ou divorcés, à la vie quotidienne avec leurs enfants. Par contre, 24 % des familles monoparentales sont patricentriques en 2011 (Statistique Canada, 2012), et les pères doivent assumer pleinement la garde des enfants et réorganiser leur vie en conséquence. En outre, la répartition des enfants selon qu’ils sont avec leur mère ou avec leur père révèle que, plus ils sont jeunes, plus ils sont nombreux

LA DIVERSITÉ DES TYPES DE FAMILLES

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L’observation des familles recomposées nous a permis de souligner les difficultés de ce type de famille. En revanche, certains témoignages mettent en évidence les possibilités d’adaptation à ce mode de vie et les satisfactions réelles qui peuvent en être tirées, surtout si la famille recomposée a réussi à se forger son propre modèle de fonctionnement (Desforges, 1987 ; Desjardins, 2002 ; Germain, 1989).

LES FAMILLES HOMOPARENTALES Depuis juin 2002, grâce à la Loi instituant l’union civile et établissant de nouvelles règles de filiation (Gouvernement du Québec, 2002), un couple de même sexe peut être considéré conjointement comme des parents. L’adoption de cette loi, qui reconnaît la double parentalité homosexuelle, a eu pour effet de rendre plus visibles les familles homoparentales qui existaient depuis longtemps, mais qui n’avaient pas de statut juridique ni même social. Les familles homoparentales se sont d’abord formées essentiellement à la suite d’une première union hétérosexuelle ayant donné naissance à un ou des enfants, et souvent rompue par la déclaration de l’homosexualité de l’un des parents. Le parent homosexuel a alors la garde totale ou partagée des enfants. S’il forme un nouveau couple, la famille homoparentale ainsi constituée comporte des liens de parentalité de même type qu’une famille recomposée, puisque les enfants ont déjà deux parents. Mais, avec l’adoption et la procréation assistée, d’autres possibilités sont apparues et elles changent les perspectives pour les couples homosexuels qui désirent des enfants (Beausoleil, 1999 ; Julien et coll., 2002 ; Malacket et Roy, 2008). Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à y recourir pour réaliser leur projet parental (Francoeur et coll., 2015), créant ainsi des familles homoparentales « planifiées » (Vyncke et coll., 2008). Lors du recensement de 2001, les couples homosexuels ont pu s’identifier comme tels pour la première fois. Or, seuls 10 360 de ces couples ont alors été recensés au Québec et ils ont déclaré avoir, au total, près de 1300 enfants. Selon le recensement de 2011, ces couples sont passés à 18 430 et leurs enfants, à près de 2160. Ces chiffres sont bien en deçà des évaluations qui sont faites par ailleurs et qui estiment, par exemple, que 50 000 enfants environ seraient élevés par des parents homosexuels. De plus, la typologie familiale utilisée pour le recensement ne prend pas en compte les familles homoparentales où il n’y a qu’un seul parent, lesquelles sont alors considérées comme monoparentales. Cela pourrait expliquer la sous-estimation de leur nombre (Francoeur et coll., 2015 ; Ricard, 2002 ; Statistique Canada, 2002a, 2002b, 2012). Toujours selon les données du recensement de 2011, il n’y a que 7,6 % des couples de même sexe qui vivent avec un ou des enfants. Ils sont à plus de 77 % des couples féminins, ce qui signifie que la majorité des enfants de famille homoparentale vivent avec deux mères (Francoeur et coll., 2015). Les chercheurs expliquent ce phénomène par différents facteurs. D’abord, il est évident que les hommes font face à des obstacles biologiques, ne pouvant porter eux-mêmes les enfants. Mais il semble surtout que la société désapprouve davantage l’homoparentalité masculine que féminine. L’absence de mère dans le portrait familial en dérange plusieurs. Déjà, l’ensemble des pères, homosexuels comme hétérosexuels, voient souvent

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En résumé PRINCIPALES NOTIONS Types d’union

C H A PIT R E CONCEPTS LIÉS

• Mariage • Union libre

Diversité des types de familles

• Ruptures conjugales

Familles monoparentales

• Matricentrique

• Transformation des valeurs sociales

• Patricentrique • Pauvreté • État de santé • Adaptation (facteurs) Familles recomposées

• Famille recomposée simple • Famille recomposée complexe • Pluriparentalité • Fratrie

Familles homoparentales

• Reconnaissance sociale • Préjugés et craintes • Homophobie et hétérosexisme

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EN BREF L’union libre est en nette progression au Québec, et le mariage de plus en plus délaissé. De nouvelles structures familiales apparaissent : les familles biparentales où les parents sont mariés ou en union libre, et les familles monoparentales. Une proportion des familles biparentales sont, en fait, des familles recomposées. Le changement des mentalités et des modifications législatives ont permis aux familles homoparentales de se former plus facilement et d’être reconnues socialement. La monoparentalité représente environ le tiers des familles au Québec. Les familles monoparentales ont un niveau de vie moins élevé que les foyers biparentaux. Si la monoparentalité se vit dans la pauvreté, tous les membres de la famille risquent d’avoir des difficultés d’adaptation et des problèmes de santé. De nombreux parents forment un nouveau couple après leur séparation ou leur divorce. Enfants et adultes doivent s’adapter à cette recomposition familiale dont les principaux éléments sont : l’arrivée du parent substitut, la vie amoureuse et les responsabilités parentales du nouveau couple, les relations spécifiques entre les enfants et les parents naturels, et la création d’une nouvelle fratrie. De nombreux chercheurs ont étudié ce type de famille pendant les dernières décennies et n’ont pas souligné de problèmes majeurs vécus par les enfants, à part la victimisation homophobe. Les personnes homosexuelles, mais aussi leur entourage, peuvent être victimes de préjugés et de discrimination. L’homophobie réfère au mépris et à la violence en lien avec l’orientation sexuelle. L’hétérosexisme décrit un système social où l’hétérosexualité est considérée comme une orientation sexuelle supérieure aux autres.

LA DIVERSITÉ DES TYPES DE FAMILLES

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L’APPRENTISSAGE EN ACTION ❯ EXERCICES DE COMPRÉHENSION 1- Repérez les préjugés dans les affirmations suivantes et, en vous référant à ce chapitre, dites en quoi ce sont des préjugés. a) C’est parmi les mères seules les plus jeunes que les difficultés d’adaptation à la monoparentalité sont les plus grandes. b) Les garçons sont agressifs parce qu’ils vivent en famille monoparentale matricentrique. c) Rares sont les pères seuls qui ont une bonne relation avec leurs enfants. d) Les enfants des familles homoparentales peuvent développer des problèmes de comportement s’ils font face à de la violence homophobe dans leur environnement social. e) À l’intérieur des familles recomposées, la relation entre les enfants et le parent substitut représente souvent un réel défi d’adaptation. f) Pour les enfants, le fait de vivre dans une famille homoparentale peut rendre difficile l’acquisition d’une identité de genre conforme à leur sexe. g) Les pères qui élèvent seuls leurs enfants sont plus nombreux que les pères de famille biparentale à ressentir de la détresse psychologique. h) La recomposition familiale n’apporte que des problèmes. i) Les mères et les pères seuls sont souvent plus défavorisés économiquement que les familles biparentales. j) Les parents homosexuels remplissent leur rôle parental de façon moins adéquate que les parents hétérosexuels en raison de leur mode de vie.

2- Associez chaque concept à un énoncé. Biparentalité

Hétérosexisme

Parent substitut

Famille recomposée simple

Homophobie

Matricentrique

Famille recomposée complexe

Indice synthétique de divortialité

Patricentrique

Fratrie

Mariage

Union de fait

a) Ensemble des enfants qui ont le ou les même(s) parent(s), naturels ou substituts. b) Synonyme d’union libre. c) Phénomène en déclin au Québec. d) Composante d’une famille pluriparentale. e) Famille dont le couple a un enfant et dont un des conjoints a déjà un ou plusieurs enfants. f) Famille monoparentale dont la mère est responsable principalement. g) Permet de rendre compte de la tendance sociale quant à l’issue de l’union des couples mariés. h) Contraire de monoparentalité. i) Système de pensée selon lequel l’hétérosexualité est une orientation sexuelle supérieure aux autres. j) Famille d’un père seul.

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❯ EXERCICE DE RÉFLEXION 1- Réfléchissez individuellement aux manifestations de l’hétérosexisme dans la vie quotidienne des personnes gaies, lesbiennes ou bisexuelles. Rédigez une liste d’exemples à la première personne comme si vous étiez vous-même dans cette situation. Partagez ensuite vos exemples avec le groupe. Par exemple : « J’hésite toujours à embrasser mon partenaire en public. »

❯ MISES EN SITUATION 1- Lisez la mise en situation et répondez aux questions qui suivent.

2- Lisez la mise en situation et répondez aux questions qui suivent.

Élise a 31 ans. Elle a une fille de 14 ans, Léa, qu’elle a élevée seule. Le père, avec qui elle ne s’entend pas très bien, vient voir sa fille à l’occasion. Il n’a jamais versé de pension alimentaire, mais il offre des cadeaux à sa fille de temps à autre. Élise a achevé ses études secondaires à la formation aux adultes et elle a mis cinq ans pour compléter un DEC technique en soins infirmiers. Elle a rencontré José, un homme de 39 ans d’origine mexicaine, il y a 3 ans. Ils cohabitent depuis et ils ont un fils de trois mois, Émilio. José a eu deux enfants d’une union précédente, Lucía, six ans et Renata, neuf ans. Elles demeurent avec leur mère au Mexique durant l’année scolaire, mais visitent leur père au Québec à Noël et pendant les vacances d’été.

Éric est infirmier et il commence son quart de nuit à l’urgence de l’hôpital. Il est 22 h lorsqu’une mère se présente, seule avec son bébé de quatre mois. Elle semble fatiguée et nerveuse. Elle est très inquiète, car l’enfant, selon elle, a de sérieux troubles de sommeil. Le bébé est examiné et ne présente aucun problème de santé apparent. Il finit par s’endormir dans les bras d’Éric. La mère et l’enfant retournent à la maison. Quelques jours plus tard, Éric est à son poste et il voit arriver la même mère avec son enfant. Elle a l’air épuisée. Son bébé ne dort toujours pas. Après une série d’examens plus poussés, on découvre des traces de somnifères dans le sang du bébé. Il est hors de danger, mais Éric prend conscience que la personne à traiter est sans aucun doute la mère. Après une consultation plus approfondie avec elle, il apprend qu’elle est mère de famille monoparentale depuis la naissance de l’enfant, que son réseau social est très restreint, tout comme ses moyens financiers.

a) Quelles difficultés Élise a-t-elle pu rencontrer depuis la naissance de Léa ? b) Quel type de famille Élise, José et leurs enfants forment-ils ? c) Quels défis particuliers attendent cette famille ? Donnez des exemples précis et détaillés.

a) Quels sont les indices qui auraient pu alerter Éric lors de la première visite de la mère et de l’enfant ? b) Trouvez les ressources de votre région qu’Éric aurait pu proposer à cette mère.

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LECTURES SUGGÉRÉES

GREENBAUM, Mona (dir.) (2015). Familles LGBT. Le guide. Montréal, Les Éditions du Remue-ménage, 374 pages. PARENT Claudine, Amélie POULIN et Caroline ROBITAILLE (2004). « Regard critique sur un rôle inventé : le rôle beau-parental ». Dans Séparation, monoparentalité et recomposition familiale. Bilan d’une réalité complexe et pistes d’action (p. 127-148). Québec, Les Presses de l’Université Laval.

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DOCUMENTAIRES SUGGÉRÉS

LAMBERT, Sophie (2009). « Papa solo », Série Toute une famille !, Montréal, Sogestalt Télévision Québec, Aviva Communications, 22 min. LAMBERT, Sophie (2009). « J’ai deux mamans », Série Toute une famille !, Montréal, Sogestalt Télévision Québec, Aviva Communications, 22 min. VEILLET, Mireille (2015). « Ingrat, le rôle des beaux-parents ? », Banc public, Saison 1, Montréal, Pamplemousse média, Télé-Québec, 17 min 21 sec. http://zonevideo.telequebec.tv/ media/23111/ingrat-le-role-de-beauxparents-partie-1/banc-public http:// zonevideo.telequebec.tv/media/23112/ ingrat-le-role-de-beaux-parents-partie-2/ banc-public

RESSOURCES COMMUNAUTAIRES ET INFORMATIVES

Coalition des familles LGBT www.familleslgbt.org/main.php?lang=fr Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec www.fafmrq.org Maison oxygène – Ressource d’hébergement et de soutien pour pères en difficultés personnelles ou conjugales www.maisonoxygene.com

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Enfance, adolescence, socialisation et sexualité TABLE DES MATIÈRES LA SOCIALISATION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .140 LA CONSTRUCTION SOCIALE DU GENRE . . . . . . . . . . . .147 LA SEXUALITÉ DES ADOLESCENTS ET SES IMPACTS SUR LA SANTÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .155 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .160 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Comprendre le processus de la socialisation chez les enfants et les adolescents en étudiant l’action des agents de socialisation les plus importants. • Saisir le phénomène de la construction sociale du genre par l’entremise de la socialisation différenciée selon le sexe. • Se familiariser avec la réalité des enfants trans ou intersexués. • En apprendre davantage sur la sexualité des adolescents et ses impacts sur la santé.

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ENCADRÉ 7.2

Les comportements à risque pour la santé des adolescents québécois Compte tenu des conditions de vie favorables dont jouissent la grande majorité des adolescents québécois, leur état de santé est parmi les meilleurs des pays industrialisés. Toutefois, ce diagnostic global doit être nuancé, car certains risques menacent leur santé. La sédentarité, un rapport malsain avec son poids, le tabagisme, la consommation d’alcool et de drogues ainsi que les jeux de hasard et d’argent constituent autant de comportements qui peuvent générer des risques pour la santé physique et mentale des adolescents (Institut de la statistique du Québec, 2002b, 2007b, 2012b, 2014c). L’obsession de la minceur, qui peut apparaître dès la préadoles­ cence, amènera plusieurs jeunes filles à développer des troubles alimentaires qui les conduiront jusqu’à la boulimie ou à l’anorexie mentale. Du côté des garçons, s’ils sont en excès de poids, ils ont tendance à en sous-estimer le surplus. Par conséquent, l’excès de poids et l’obésité, en progression chez les adolescents, touchent plus les garçons que les filles. Signe encourageant, la consommation de tabac, d’alcool et de drogues, de même que la dépendance aux jeux de hasard et d’argent, sont en baisse chez les élèves du secondaire. Cependant, plus du tiers d’entre eux ont déjà fumé du tabac au moins une fois dans leur vie, un peu moins du quart ont déjà consommé du cannabis et près des trois quarts des élèves interrogés avaient bu de l’alcool dans les 12 derniers mois. Certains comportements sont à surveiller de façon particulière : la consommation de cigarillos et de produits du tabac aromatisés, dont l’usage est plus élevé que celui de la cigarette conventionnelle, de même que la prise de médicaments possiblement toxiques non prescrits (diazépan, opioïdes, codéine, etc.) et de certaines drogues moins courantes (GHB, kétamine, etc.). En ce qui concerne l’alcool, il faut noter que près de 60 % des adolescents qui en boivent le font de manière excessive, c’est-à-dire qu’ils absorbent cinq consommations et plus en une même occasion, au moins une fois dans l’année. Enfin, parmi les 29,7 % de garçons et les 20,6 % de filles qui s’adonnent aux jeux de hasard et d’argent, plus de 1 jeune joueur sur 10 est considéré à risque de développer des problèmes de dépendance et plus de 3 % des joueurs adolescents souffriraient probablement de jeu pathologique. Certains facteurs sociaux sont en lien avec ces comportements. Par exemple, les adolescents sont plus à risque que les adolescentes d’uti­ liser la cigarette électronique, de consommer de façon excessive de l’alcool (huit consommations et plus en une même occasion) et d’être des joueurs occasionnels ou habituels. Grandir dans une famille monoparentale ou recomposée, éprouver des difficultés scolaires et

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vivre dans une famille à faible revenu sont aussi des facteurs qui ont une influence certaine sur les conduites des jeunes et sur les risques qu’ils prendront relativement à leur santé. On observe également un lien entre le jeu pathologique, la consommation d’alcool, de drogues et de tabac et les problèmes de santé mentale. Les attitudes des parents ont également une incidence sur la consommation d’alcool et de drogues, et les normes sociales reliées à l’alcool ne sont pas étrangères non plus aux comportements des jeunes. Comme il est normal et même valorisé de boire de l’alcool de façon modérée chez les adultes québécois, il serait étonnant que cette perception soit bien différente chez les adolescents. Cependant, la consommation de drogues est beaucoup moins acceptée. La légalisation du cannabis à des fins récréatives pourrait changer les normes à cet égard (Gagnon et Rochefort, 2010 ; Institut de la statistique du Québec, 2014c). Même si la plupart des comportements à risque étudiés sont en déclin chez les jeunes du secondaire, il convient de les surveiller, car ils sont fortement associés à la morbidité et à la mortalité, que ce soit durant l’adolescence ou plus tard, à l’âge adulte.

Selon vous, comment serait-il possible d’améliorer la santé des adolescents ? Suggérez quelques pistes de solutions en lien avec les problèmes soulevés.

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LA SOCIALISATION DE L’ADOLESCENT

Voir l’encadré 7.2.

Comment se passe pour les jeunes cette période qui, de 12 à 18 ans environ, marque un tournant décisif vers l’âge adulte ? Le processus de socialisation se transforme alors : les adolescents commencent à faire preuve d’autonomie et de distance critique par rapport à la famille et à la société, à développer leur identité, tant personnelle que sociale, et surtout à répondre à la question : « Qui suis-je ? ». L’adolescence modifie également les rapports avec les parents et les autres agents de socialisation. C’est aussi le moment où l’identité de chacun et de chacune commence à s’affirmer dans les relations sexuelles et amoureuses (Malrieu, 1973 ; Lagrange, 1998).

Les relations avec les parents Il est souvent mis en évidence qu’à l’adolescence les jeunes s’éloignent de leurs parents et attachent plus d’importance à leurs relations avec leurs pairs : l’adolescence est ainsi décrite comme une période durant laquelle se creuse le « fossé des générations » entre les adolescents et leurs parents (Dolto et Dolto-Tolitch, 1989). Pourtant, plusieurs études font ressortir qu’en général les adolescents accordent une grande importance aux relations familiales. Ils sont sensibles au climat familial et donc nullement indifférents à ses soubresauts : ils sont nombreux à se préoccuper des problèmes de leurs parents, qu’il s’agisse de leur relation conjugale, de leurs difficultés financières, de leur état de santé ou de leur vieillissement (Conseil de la famille et de l’enfance, 2002 ; Charbonneau, 2005 ; Gagné, 1988 ; Holmes et Silverman, 1992 ; Pelletier, 1988 ; Roy, 2003). Par conséquent, les attentes quant aux relations qu’ils entretiennent avec leurs parents sont élevées. Présence, disponibilité et communication dans un climat de confiance sont les attitudes parentales les plus recherchées. Recevoir du soutien inconditionnel de la part des parents et pouvoir discuter avec eux dans les moments difficiles sont aussi des comportements qu’ils souhaitent. Certes, ils valorisent l’autonomie concédée par les parents, mais l’ouverture dans la communication, sur des sujets plus ou moins intimes, leur importe encore plus : ce qui compte alors, c’est moins la satisfaction d’avoir gain de cause que la qualité de cette communication (Bernier, 1997 ; Claes et coll., 2011 ; Cloutier et Drapeau, 2008 ; Cloutier et coll., 1994). Soulignons enfin que les adolescents accepteront plus facilement d’être contrariés s’ils trouvent dans leur milieu familial une entente parentale et une cohésion qui les rassurent. Lorsque leurs attentes sont comblées et qu’ils ressentent un fort sentiment d’appartenance, les adolescents adopteront assez volontiers les valeurs inculquées par leurs parents, surtout en ce qui a trait aux aspirations professionnelles, aux valeurs socioéconomiques, aux habitudes de consommation, à l’appartenance religieuse et à l’adhésion politique. La socialisation par la famille se poursuit donc à l’adolescence bien que d’autres groupes et institutions viennent occuper une place plus importante qu’auparavant.

ENFANCE, ADOLESCENCE, SOCIALISATION ET SEXUALITÉ

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de sexe complet, tandis que les personnes transgenres préféreront éviter les interventions chirurgicales et simplement modifier en conséquence leur expression de genre dans leur quotidien, par exemple par leur tenue vestimentaire (Chamberland et coll., 2011). Enfin, d’autres refuseront de s’identifier à un genre en particulier et se présenteront comme « non-binaires » ou encore queer (Proulx, 2015). Pour les enfants, il est préférable d’utiliser le terme trans, car plusieurs se questionneront longtemps afin de savoir comment ils voudront vivre cette réalité à plus long terme. Les personnes intersexuées, quant à elles, sont nées avec des caractéristiques sexuelles biologiques à la fois masculines et féminines. Par exemple, cela peut signifier la présence d’un pénis et d’un ovaire ou encore le fonctionnement « anormal » des glandes surrénales. Dans le discours populaire, l’ancien terme hermaphrodisme est encore utilisé pour désigner l’intersexualité. Une personne intersexuée peut devenir trans, plus tard dans sa vie, si le « sexe d’élevage » qu’on lui a assigné à la naissance ne correspond finalement pas à son identité de genre (Bastien-Charlebois, 2014).

La réalité des enfants trans ou intersexués Étant donné que leur expression de genre n’est pas conforme aux attentes sociales, les enfants trans vont souvent être victimes d’homophobie ou de transphobie dans leur milieu. Leur entourage peut avoir divers comportements inappropriés à leur endroit, allant de la discrimination et du rejet jusqu’au harcèlement et aux agressions, et même aux menaces de mort. Les enfants trans qui témoignent de leur situation font également état du peu de soutien de la part du personnel de leur établissement scolaire. Le passage à l’adolescence et à la puberté est particulièrement anxiogène pour ces enfants, car c’est le moment de la transformation du corps selon les caractéristiques sexuelles. Des traitements hormonaux sont alors possibles, mais s’ils souhaitent changer de sexe à l’aide d’interventions chirurgicales, ils doivent attendre d’avoir 18 ans (Chamberland et coll., 2011).

Voir la figure 7.1.

Pour les enfants intersexués, les premiers bouleversements arrivent la plupart du temps dès la naissance lorsque leurs parents constatent la différence de leur enfant et l’impossibilité de le catégoriser sexuellement. Cela peut créer une réelle anxiété chez certains d’entre eux qui seront pressés de « régler » le problème en recourant aux chirurgies appropriées. Il n’y a pas si longtemps, les médecins procédaient rapidement à l’assignation physique d’un sexe à l’enfant, et ce, avec le consentement pas toujours éclairé des parents. On considérait alors que l’identité de genre était « flexible » (Dorais, 2015 ; Löwy, 2003).

Les enjeux de santé Le fait d’être un jeune trans présente des risques pour la santé. Des études ont démontré que ces jeunes sont six fois plus à risque que les autres de vivre de la détresse psychologique. Plus de 50 % d’entre eux seraient victimes de harcèlement physique et 85 % de violence verbale. La particularité de cette dernière forme d’agression est que les parents font souvent partie des personnes qui s’y livrent.

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La famille et les communautés culturelles et autochtones TABLE DES MATIÈRES LA FAMILLE DANS LES COMMUNAUTÉS CULTURELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 LA FAMILLE DANS LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES . . . . . . . . . . . . . . .173 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .184 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Mieux comprendre la réalité des familles qui ont vécu le processus d’immigration et les bouleversements familiaux qui en découlent. • En apprendre davantage sur les familles autochtones, de même que sur l’histoire des peuples autochtones au Québec.

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Jusqu’à maintenant dans cet ouvrage, il a surtout été question des familles d’origine québécoise. Qu’en est-il par ailleurs de celles qui proviennent d’autres cultures et qui doivent « négocier la différence », c’est-à-dire décider ce qu’elles accepteront d’abandonner et d’intégrer comme valeurs et pratiques dans leur quotidien familial (Vatz Laaroussi, 2007) ? Dans ce chapitre, il sera question des familles issues de l’immigration récente et qui appartiennent à diverses communautés culturelles ainsi que de celles qui descendent des peuples dont l’arrivée est la plus ancienne, les Autochtones. Ces familles se distinguent bien sûr de maintes façons les unes des autres, mais, en tant que communautés minoritaires, elles connaissent des situations semblables, notamment par leurs conditions de vie plus difficiles que celles de la moyenne de la population et les problèmes pour faire accepter leurs différences.

Voir le chapitre 3, « La diversité ethnique au Québec ».

LA FAMILLE DANS LES COMMUNAUTÉS CULTURELLES En 2011, 17 % des familles avec au moins un enfant mineur au Québec étaient immi­grantes. Dans le reste du Canada, elles représentaient 26,4 % des familles. La plupart du temps, la migration est d’abord un projet familial. Il faut dire également que les familles en âge de procréer sont privilégiées dans le processus de sélection des immigrants (Rousseau et coll., 2016).

Xénophobie Sentiment et attitude de peur, de rejet ou d’hostilité envers les étrangers.

Racisme Discrimination fondée sur des différences de couleur ou de traits physiques, différences attribuées, à tort, à l’existence de « races » et au partage inégalitaire et hiérarchisé de caractéristiques génétiques entre celles-ci. De plus, le racisme assimile les différences culturelles à des distinctions prétendument biologiques.

Même s’il est généralement reconnu que la société québécoise fait preuve d’ouverture et de tolérance, quelle que soit l’origine des nouveaux arrivants, les manifestations de xénophobie et de racisme n’y sont pas totalement absentes, notamment quand les familles se voient refuser un logement ou quand le père ou la mère ne réussit pas à obtenir une entrevue d’emploi, seulement à cause d’un nom à connotation étrangère. Généralement, les immigrants et plusieurs des immigrantes ont un niveau plutôt élevé de scolarité. En 2011, dans 53 % des familles immigrantes, les deux conjoints possédaient un diplôme d’études supérieures, comparativement à quelque 38 % dans celles de la population québécoise en général. Cependant, en raison de leurs difficultés à faire reconnaître leurs diplômes et leurs compétences, les nouveaux arrivants affichent un taux de chômage plus élevé que celui de la population québécoise. Cette situation est encore plus présente dans les communautés qui se distinguent aussi sur le plan religieux : en 2017, le taux de chômage est à 11,1 % chez les bouddhistes, à 13,6 % chez les sikhs, à 14,2 % chez les hindous et à 17,4 % chez les musulmans alors qu’il se situe autour de 6,4 % pour l’ensemble de la population (Baillargeon, 2017 ; Front d’action populaire en réaménagement urbain, 2012 ; Institut de la statistique du Québec, 2017 ; Rousseau et coll., 2016). De plus, quand les parents arrivent à trouver un emploi, celui-ci est rarement à la hauteur de leurs compétences et il s’ensuit que leurs revenus sont inférieurs à la moyenne. Plusieurs familles immigrantes se retrouvent alors dans une situation précaire qui ressemble à celle dans leur pays d’origine et elles doivent souvent habiter les quartiers les plus défavorisés. Cette situation peut être très frustrante pour ces personnes à qui l’on a promis un bel avenir professionnel et qui ont

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fait de nombreux compromis pour s’adapter à la culture québécoise. Les pères particulièrement peuvent vivre très mal cette dévalorisation et cette perte de statut social (Montigny et coll., 2015 ; Institut de la statistique du Québec, 2017 ; Institut de recherche et d’informations socio-économiques, 2012 ; Lechaume et Savard, 2014 ; Vatz Laaroussi, 2007). Malgré ces difficultés économiques familiales et le racisme que les enfants peuvent aussi vivre, il est souligné que ces derniers font généralement preuve d’un développement socioaffectif identique à celui des autres enfants, signe de l’attachement et du souci de bien-être présents dans ces familles. Par contre, sur le plan du fonctionnement cognitif et des habiletés comportementales, les enfants originaires des pays les plus pauvres se classent moins bien que les autres (Bastien et coll., 2002). Les effets de la précarité des conditions de vie d’avant l’immigration ne disparaissent donc pas complètement à la suite de celle-ci. Les membres des communautés culturelles sont loin de former un groupe homo­gène, et cela, même lorsqu’ils partagent une origine ethnique identique. Les raisons qui ont motivé l’immigration ou la demande de refuge au Canada, qui vont du désir d’améliorer sa situation économique à la nécessité expresse de quitter une situation de guerre ou de répression politique, marquent différem­ ment la trajectoire des familles et déterminent le niveau de difficultés qu’elles éprouveront pour s’intégrer dans leur nouvelle société. Soulignons à cet effet que l’arrivée de familles réfugiées s’est intensifiée depuis 2015 et que la conjoncture internationale laisse croire qu’il en sera encore ainsi pour un certain temps (Société Radio-Canada, 2016b).

Communautés culturelles Ensembles d’individus issus d’une population immigrante et qui partagent une même culture même si leurs familles sont au Québec depuis plusieurs générations. On emploie de façon indifférenciée les termes communautés ethniques et communautés culturelles.

Les valeurs familiales de même que les rôles et les relations à l’intérieur des communautés culturelles comportent autant de diversité que chez les Québécois d’origine. Toutefois, quelques tendances se dégagent et elles indiquent des différences, pouvant aller jusqu’à des divergences, entre les communautés culturelles et leur société d’accueil.

LES VALEURS FAMILIALES Les communautés culturelles sont très attachées aux valeurs familiales de leur pays d’origine et, souvent, aux croyances religieuses soutenant ces valeurs (BerdugoCohen et coll., 1987 ; Buchignani et coll., 1989 ; Helly, 1987 ; Ioannou, 1983 ; Labelle et coll., 1987 ; Meintel et Le Gall, 1995 ; Ramirez, 1982 ; Vatz Laaroussi, 2006). Leur modèle de famille était le plus souvent patriarcal et les relations avec la parenté élargie y tenaient un grand rôle. La conservation de ces valeurs paraît la meilleure façon de ne pas couper entièrement les ponts avec sa propre culture et de la faire connaître à ses enfants. Elles seront de plus préservées même si, depuis, la situation de la famille a commencé à changer dans la société d’origine. Par exemple, seront valorisées les pratiques culturelles favorisant la cohésion familiale, comme c’est souvent le cas au moment des fêtes religieuses, des mariages ou des naissances. Cette attitude ressemble à celle des Québécois et Québécoises d’il n’y a pas si longtemps qui voyaient dans le maintien de la structure traditionnelle de la famille la meilleure garantie de la survie nationale. Là s’arrête cependant la comparaison car, malgré leur attachement à leur culture d’origine, les immigrants sont placés devant la nécessité de s’intégrer à la société québécoise. Les enfants sont d’ailleurs les premiers à le rappeler à leurs parents.

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venus d’Europe, la chasse n’a plus servi uniquement à la survie et leur rapport à la nature s’est alors transformé (Secrétariat aux affaires autochtones, 2011). Dans un second temps, lorsque la population d’origine européenne a surpassé celle des Autochtones et qu’elle a voulu accaparer le territoire, les pouvoirs en place ont adopté des mesures pour les contrôler.

LA MISE EN TUTELLE DES AUTOCHTONES La Loi sur les Indiens et l’instauration de pensionnats destinés aux enfants autochtones ont été les principales mesures adoptées par le gouvernement canadien non seulement pour prendre possession de vastes territoires, mais aussi pour tenter d’assimiler les Autochtones à la société canadienne. Même si ces mesures ont par la suite été modifiées ou abandonnées, elles ont marqué les Autochtones qui en subissent encore les effets.

La Loi sur les Indiens et ses conséquences sur leur mode de vie Adoptée en 1876, la Loi sur les Indiens a exigé que les membres des Premières Nations s’inscrivent auprès du gouvernement s’ils voulaient maintenir leur statut, et qu’ils s’installent dans des territoires restreints, des « réserves » (Henderson, 2006). Les Inuits n’ont pas été inclus dans cette loi et, tant que les contacts ont été limités au commerce des fourrures avec des entreprises comme la Compagnie de la Baie d’Hudson, ils ont pu maintenir leur mode de vie traditionnel. Toutefois, avec l’exploitation des richesses naturelles de l’Arctique, qui prend son essor au 20e siècle, et l’installation de bases militaires dans le Grand Nord, les Inuits ont eux aussi été invités à s’installer dans des villages permanents où ils ont été pris en charge par l’entremise de programmes gouvernementaux qui assuraient leur subsistance, le logement, l’éducation et les soins de santé (Bonesteel, 2006).

Le 9 août 2016, de nombreux membres des peuples autochtones ont ouvert la marche du 16e Forum social mondial, qui s’est déroulé à Montréal.

Ainsi, de nomades ou semi-nomades qu’ils étaient, les Autochtones ont été forcés de devenir sédentaires. Certes, ils ont gardé le droit de pratiquer la chasse, mais à l’intérieur des territoires de moins en moins grands ou devenus inaccessibles. En effet, depuis le 19e siècle, l’industrie de la coupe du bois exploite les forêts du Canada et du Québec et a fait disparaître une bonne partie des territoires de chasse des Autochtones. S’y sont ajoutés les aménagements hydro-électriques et l’extraction minière qui continuent de transformer radicalement ces mêmes territoires (Trudel, 1999).

Les pensionnats et les conséquences pour les familles À la fin du 19e siècle, le gouvernement fédéral a financé la mise en place de pension­ nats autochtones et en a confié la responsabilité à diverses institutions religieuses dans la majorité des provinces canadiennes, dont le Québec. On voyait dans cette mesure la meilleure façon de couper les nouvelles générations de leur culture d’origine et de les assimiler à la société canadienne. Sans que l’autorisation des parents soit nécessaire, plusieurs générations d’enfants ont donc été amenées dans ces pensionnats, dont le dernier a été fermé en 1980 au Québec, et en 1996 ailleurs au Canada. De plus, il est maintenant reconnu que les enfants y ont souvent été victimes de mauvais traitements et même d’abus sexuels (Dion et coll., 2016 ; Lepage, 2009).

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Comme ils passaient la plus grande partie de leur vie à l’extérieur de leur communauté, ces jeunes Autochtones n’ont pas été en mesure de bien intégrer les éléments de leur culture, notamment la langue, les valeurs et les rituels traditionnels, et ils se sont sentis comme des étrangers ou ont été perçus comme tels dans leur propre famille. En outre, privés de modèles parentaux durant l’enfance, ils ont eu de la difficulté à soutenir adéquatement leurs enfants (Dion et coll., 2016). Sans compter que la maltraitance et les abus sexuels, dont plusieurs ont été victimes, ont pu entraîner chez eux des comportements semblables à l’âge adulte.

ENCADRÉ 8.3

La vie dans les pensionnats autochtones Les institutions religieuses, qui se sont occupées de gérer les pensionnats autochtones, avaient la ferme conviction de veiller au plus grand bien d’enfants qui, sans elles, seraient restés des petits sauvages sans culture ni valeurs morales. Il fallait donc effacer chez eux toute trace du mode de vie de leurs parents qui, aux yeux du personnel des pensionnats, ne les élevaient pas assez sévèrement et leur laissaient trop de latitude en leur permettant, par exemple, de se déplacer sans contrainte pour faire l’apprentissage de la vie en forêt. Par conséquent, les jeunes Autochtones sont devenus de véritables prisonniers des pensionnats, où régnaient une discipline rigide pouvant aller jusqu’aux coups, des conditions de vie à la dure et l’interdiction de toute référence à leur vie antérieure. Par exemple, les jeunes pensionnaires n’avaient pas le droit de parler leur langue, leur nom amérindien était remplacé par un nom chrétien, sinon par un numéro et leurs vêtements, par des uniformes, et ils étaient obligés de renier ouvertement leurs croyances et leurs traditions culturelles. L’enseignement se résumait à la religion chrétienne, à la langue anglaise ou française de même qu‘à quelques matières scolaires de base, le tout doublé

de l’obligation de faire l’entretien ménager du pensionnat (Dion et coll., 2016 ; Lepage, 2009). Les conditions matérielles étaient quasi insalubres dans ces pensionnats et la plupart des enfants contractaient le rhume, voire la tuberculose, maladies inconnues dans leurs communautés d’origine. D’ailleurs, une proportion assez élevée d’entre eux est décédée sans même que l’on en avise leur famille. D’autres sont morts parce qu’ils se sont perdus alors qu’ils tentaient de retourner à pied auprès de leur famille et certains n’ont jamais été retrouvés. Dans certains cas, le personnel a maltraité et agressé sexuellement les enfants comme l’ont révélé de nombreux survivants et survivantes des pensionnats dans leur témoignage à la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (2015).

Demandez à une personne âgée si, dans sa jeunesse, elle a entendu parler des pensionnats autochtones.

LA SITUATION ACTUELLE DES AUTOCHTONES Chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits, la population est beaucoup plus jeune que chez les non-Autochtones, en raison à la fois d’une fécondité plus marquée et, surtout chez les Inuits, d’une espérance de vie moins élevée. En effet, alors que les jeunes de 0 à 24 ans représentent 29 % de la population non autochtone, cette proportion atteint 49 % chez les Premières Nations, 41 % chez les Métis et 54 % chez les Inuits. À l’autre extrême, les personnes de 65 ans et plus ne constituent que 6 % de tous les Autochtones (4 % chez les Inuits), comparativement à 14 % des non-Autochtones (Statistique Canada, 2015). Cette dernière donnée est liée aux conditions de vie difficiles de plusieurs familles ainsi qu’à des problèmes sociaux et de santé.

Vivre ou non dans les réserves Depuis les dernières décennies, de plus en plus d’Autochtones ont quitté leur réserve pour des villes du Québec, généralement les plus proches de leur

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En résumé PRINCIPALES NOTIONS Communautés culturelles

C H A PIT R E CONCEPTS LIÉS

• Contexte migratoire • Valeurs familiales • Savoirs familiaux • Engagement paternel • Adaptation des jeunes • Relations parents-enfants

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EN BREF • Les familles des communautés culturelles sont bien différentes les unes des autres. Cependant, des similitudes existent entre leur mode de vie et leurs stratégies d’adaptation et de négociation, qui se répercutent sur la vie familiale. • Le contexte migratoire influe grandement sur la vie familiale, en particulier si les parents ont de la difficulté à trouver un emploi et un logement, ou si la famille immigrante ne peut compter sur un large réseau social et est isolée. • Les rôles au sein des familles des communautés culturelles sont souvent transformés à la suite de la migration. Les pères, par exemple, peuvent s’impliquer davantage auprès de leur conjointe et de leurs enfants, et ces derniers demanderont une liberté qu’ils n’auraient pas eue dans leur société d’origine.

Communautés autochtones

• Mode de vie traditionnel • Loi sur les Indiens • Pensionnats autochtones • Situation socioéconomique • Problèmes sociaux

• Les Premières Nations et les Inuits ont vu leur mode de vie traditionnel, axé sur la chasse et la pêche, bouleversé par l’arrivée des Européens. • Au 19e siècle, la Loi sur les Indiens a obligé les Premières Nations à demeurer sur des territoires précis et restreints appelés réserves. Par la suite, les Inuits ont été forcés de s’installer dans des villages contrôlés par le gouvernement. • Plusieurs générations d’enfants autochtones ont été emmenées dans des pensionnats et coupées de leur culture d’origine. • La situation socioéconomique des Autochtones est inférieure à celle des non-Autochtones en ce qui concerne le niveau de scolarité, d’emploi et de salaire, ainsi que les conditions de vie des familles. • Il s’ensuit des problèmes sociaux dans plusieurs communautés, dont la victimisation, celle des femmes en particulier, la détresse des jeunes et le suicide.

Attitudes sociales devant la différence culturelle

• Ethnocentrisme • Racisme • Xénophobie

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• Ces attitudes sociales sont en général le fait de personnes provenant de la société d’accueil, mais l’ethnocentrisme peut se manifester dans toute culture. Ces phénomènes peuvent causer de la discrimination chez les communautés culturelles et autochtones au Québec et contribuer à les défavoriser, par exemple, sur le marché du travail.


C H A P I T RE

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La violence familiale TABLE DES MATIÈRES LA VIOLENCE CONJUGALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .188 LA MALTRAITANCE DES ENFANTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . .197 LA MALTRAITANCE DES AÎNÉS EN CONTEXTE FAMILIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .204 EN RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .208 L’APPRENTISSAGE EN ACTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .209

OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE • Comprendre pourquoi la violence conjugale est un phénomène social. • Connaître les différentes manifestations de la violence conjugale, de la maltraitance des enfants et des aînés pour mieux les dépister. • Prendre conscience des facteurs sociaux et individuels qui permettent d’expliquer les problèmes de violence familiale. • Comprendre les liens entre les comportements des parents abuseurs et ce qu’ils ont vécu durant l’enfance. • Comprendre le rôle de l’État lorsque des familles sont aux prises avec la violence. • Prendre connaissance des interventions sociales en matière de violence familiale.

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Toute famille est susceptible de connaître des difficultés plus ou moins sérieuses, qu’il s’agisse d’obstacles à l’adaptation des parents et des enfants, de mésententes entre les membres de la famille ou même de crises familiales consécutives à certains événements, tels de forts stress dans des milieux de travail exigeant de plus en plus de performance, une détérioration de la situation financière ou une rupture conjugale. Ces difficultés font partie de la dynamique de nombreuses familles sans qu’il soit nécessairement question de problèmes familiaux. Par contre, la situation devient fort différente lorsque les difficultés familiales donnent lieu à des comportements qui portent atteinte à l’intégrité physique ou mentale d’un ou de plusieurs membres de la famille. Nous examinerons successivement le phénomène de la violence conjugale envers les femmes, celui des mauvais traitements à l’égard des enfants et, finalement, celui de la maltraitance envers les personnes âgées. À première vue, ces problèmes semblent appartenir exclusivement au domaine privé : ils apparaissent comme des dysfonctionnements intrafamiliaux dont chaque membre de la famille serait individuellement responsable. Pourtant, les fondements de ces problèmes sont ancrés dans la structure même de la société. C’est pourquoi nous tiendrons compte des facteurs sociaux qui expliquent ces phénomènes tout en mettant en évidence le rôle déterminant que jouent certains facteurs individuels. Nous constaterons ainsi que la société tout entière est responsable des problèmes familiaux, ce qui nous amènera à présenter les interventions sociales comme une conséquence directe de cette responsabilité.

LA VIOLENCE CONJUGALE La violence conjugale demeure un phénomène tabou dans une société où l’égalité entre les sexes est érigée en valeur incontournable, souvent vue comme quelque chose d’acquis. De plus, la violence envers les hommes est perçue comme une réalité déconcertante à laquelle nombre de personnes refusent de croire. Selon les données du ministère de la Sécurité publique (2016), la violence conjugale est d’abord et avant tout une violence envers les femmes : parmi les 17 746 infractions en contexte de violence conjugale qui ont fait l’objet d’un signalement à la police en 2014, 84 % sont commises envers des femmes et 16 % envers des hommes. C’est dans le groupe des 18 à 39 ans que ces actes de violence s’avèrent les plus nombreux, et ils sont perpétrés envers des femmes dans plus de 90 % des cas. Cependant, alors que le nombre d’agressions a tendance à diminuer pour ces dernières victimes, il s’est accru chez les jeunes de 12 à 17 ans, parmi lesquels se trouvent 92 % de filles et 8 % de garçons. Enfin, dans la grande majorité des cas, l’auteur de cette violence est de sexe opposé à la victime, mais, pour 14 % des hommes et 1 % des femmes, il est de même sexe. Ces données ne tiennent pas compte de la diversité ethnique. Toutefois, des enquê­tes de Statistique Canada révèlent que le taux de violence dans les communautés culturelles est semblable à celui de l’ensemble de la population, mais

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plus élevé chez les Autochtones (Bouchard et Garneau, 2013 ; Institut national de santé publique du Québec, 2017a). De plus, des études mettent en évidence que plus les conditions de vie sont difficiles, plus le risque de violence conjugale est élevé (Lessard et coll., 2015). Or, nous avons vu, dans le chapitre 8, que plusieurs familles des communautés culturelles et autochtones sont dans cette situation ; nous y reviendrons quand il sera question des facteurs de cette violence.

LES FORMES ET LE CYCLE DE LA VIOLENCE CONJUGALE Le plus souvent, la violence conjugale est associée aux atteintes physiques, aux coups et blessures. Or, il existe également d’autres formes de violence conjugale qui, moins évidentes, ont tout de même des effets préjudiciables à l’intégrité de la victime. Il s’agit notamment de la violence psychologique, qui consiste à dénigrer le plus souvent sa conjointe, à la dévaloriser devant l’entourage et même à la forcer à agir de façon dégradante. La violence peut aussi être sexuelle. Outre le viol, allié à la violence physique, divers actes de domination à caractère sexuel, comme obliger la conjointe à regarder et à reproduire des scènes pornographiques, en font partie. Quant à la violence verbale, elle concerne le mode de communication avec l’autre : crier constamment, insulter l’autre ou l’empêcher de s’exprimer sont des exemples de violence verbale. Enfin, il faut tenir compte de la violence économique qui réside dans l’exercice d’un contrôle total sur l’autre de façon à l’empêcher d’acquérir quelque autonomie financière que ce soit. Notons que la violence physique est souvent accompagnée de ces autres formes de violence. À l’inverse toutefois, celles-ci peuvent être exercées sans qu’il y ait nécessairement des coups (Bélanger, 2005 ; Garceau, 1990 ; Welzer-Lang, 1992).

FIGURE 9.1

Les différentes formes de violence conjugale Physique Atteintes au corps de l’autre

Économique Atteintes à l’autonomie financière de l’autre

Verbale Mode dominateur de communication

Violence conjugale

Psychologique Atteintes à ­l’intégrité mentale de l’autre

Sexuelle Actes de domination à caractère sexuel

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effet, comme un problème social qui doit être pris en charge par la collectivité. Cependant, malgré des progrès notables, il y a encore un écart appréciable entre les objectifs et leur réalisation.

La législation C’est en 1979, avec la Loi sur la protection de la jeunesse et la nomination d’un Directeur de la protection de la jeunesse dans chaque centre de services sociaux, que le gouvernement québécois s’est donné les moyens d’intervenir pour protéger les enfants de la maltraitance de leur entourage. C’est aussi à ce moment qu’a été créé le Tribunal de la jeunesse qui, par la suite, est devenu la Chambre de la jeunesse. Celle-ci est chargée de statuer sur les mesures nécessitées par la protection des enfants de moins de 18 ans. De plus, toute personne qui est témoin de mauvais traitements envers un enfant est alors dans l’obligation légale de le signaler à la protection de la jeunesse (Dubé et St-Jules, 1987 ; Giroux, 1993 ; Gouvernement du Québec, 2016f ; Lauzon, 1990). ENCADRÉ 9.1

Le signalement des mauvais traitements envers les enfants Toute personne soupçonnant qu’un enfant est victime de mauvais traitements doit le faire savoir au Directeur de la protection de la jeunesse de sa région. Dans les milieux institutionnels, tels les services de garde, les écoles ou les centres hospitaliers, cette obligation va encore plus loin puisqu’elle s’applique à toute circonstance pouvant compromettre la sécurité ou le développement de l’enfant (Giroux, 1993 ; Lauzon, 1990). Une fois le cas signalé, une enquête est effectuée et, s’il y a lieu, des mesures d’urgence sont prises, tel le retrait de l’enfant de sa famille. Généralement, l’enquête donne lieu à un long processus au cours duquel sont dévoilés les divers problèmes des parents. Ces derniers traversent souvent cette période avec un grand malaise, beaucoup de réticence et même d’agressivité. Il peut même arriver que la crise familiale soit exacerbée pour quelque temps (Dubé et St-Jules, 1987). Dans ce contexte, l’intervention des services sociaux est un processus complexe exigeant une évaluation continue.

Toutefois, cette intervention est essentielle pour protéger les enfants tout en permettant aux parents de corriger la situation.

Les infirmières et les infirmiers sont-ils assujettis à des règles particulières concernant les signalements ?

Les interventions institutionnelles Comme dans les cas de violence conjugale, l’intervention en matière de protec­ tion de la jeunesse comporte un double volet : le recours aux tribunaux pour sévir contre les abuseurs et l’intervention thérapeutique auprès des victimes et de leur famille. Souvent, le danger est tel pour l’intégrité de l’enfant qu’il est impérieux de le retirer de son milieu familial. S’il est impossible de le confier aux soins d’une personne qui lui est proche, tels l’un des grands-parents ou un autre membre de

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sa famille élargie, il sera placé en centre jeunesse ou en foyer d’accueil. Lorsque le problème est moins aigu, l’enfant sera maintenu avec ses parents, et des interventions seront faites auprès de ces derniers (Éthier et coll., 2006). Il importe de souligner que le placement en foyer d’accueil soulève beaucoup de critiques en ce qui concerne les enfants autochtones, et ce, dans tout le Canada (Groupe de travail sur le bien-être des enfants autochtones, 2015). D’abord, ces derniers y sont surreprésentés par rapport aux enfants non autochtones : au Canada, alors que les Autochtones ne forment que 4,3 % de la population, leurs enfants représentent près de la moitié des enfants et adolescents en foyer d’accueil. Pour ce qui est du Québec, on signale que, proportionnellement, les enfants autochtones confiés aux services sociaux sont cinq fois plus nombreux que les enfants non autochtones, et plusieurs d’entre eux seront placés en foyer d’accueil. Or, la plupart de ces placements se font à l’extérieur de leur communauté, et, une fois de plus, les enfants autochtones se retrouvent coupés de celle-ci, dans des familles qui ne parlent pas leur langue et qui ne partagent pas nécessairement les mêmes valeurs qu’eux. Certes, ils se trouvent alors dans de bien meilleures conditions que dans les pensionnats d’autrefois, mais les conséquences sur la préservation de leur identité culturelle sont tout aussi présentes. Somme toute, les interventions institutionnelles en matière de mauvais traitements infligés aux enfants comportent des limites sérieuses. Le manque chronique de ressources nécessaires pour faire face à l’ampleur du problème, mais aussi la faiblesse des moyens employés pour empêcher toute récidive dans les familles faisant l’objet d’un suivi laissent un bon nombre de parents et d’enfants seuls aux prises avec ce problème. C’est ainsi que s’est imposée la conclusion que seules les interventions préventives visant à éliminer les facteurs sociaux et individuels générateurs de problèmes familiaux apporteront des solutions véritables, et certains organismes communautaires s’y emploient.

Les interventions communautaires Il existe des organismes communautaires dont l’un des objectifs est de fournir un soutien aux parents qui maltraitent leurs enfants ou qui craignent de le faire (Desjardins et Paquette, 2008). Certains de ces organismes mettent sur pied des groupes d’entraide pour des parents qui connaissent des problèmes semblables : le développement de liens d’amitié et de solidarité sur lesquels ces derniers pourront compter pour éviter de maltraiter leurs enfants est ainsi favorisé. En milieu autochtone, certaines initiatives apparaissent aussi. Par exemple, des Inuits ont mis en place la Maison Qarmaapik destinée aux familles en difficulté et dans laquelle des activités sont proposées pour que les jeunes parents développent leurs capacités parentales (Porter, 2017). La pertinence de l’intervention des organismes communautaires s’adressant à des parents aux prises avec les mêmes problèmes ne fait aucun doute, qu’il soit question de négligence, d’abus physiques et psychologiques ou d’inceste. Toutefois, leur efficacité se trouve souvent limitée par des moyens financiers constamment menacés. Là aussi, l’écart est grand entre les besoins des familles en difficulté et les ressources requises pour y répondre de façon appropriée.

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LES FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ ET DE RISQUE DE LA MALTRAITANCE DES AÎNÉS

Âgisme Ensemble des stéréotypes desquels découlent la discrimination et l’exclusion en fonction de l’âge des individus. Ce phénomène peut toucher autant les jeunes retraités que les plus âgés, mais ces derniers en seraient plus souvent victimes (Lagacé, 2010).

Les conditions de vie des personnes âgées sont grandement influencées par les valeurs et les représentations sociales de la vieillesse. Dans les sociétés occidentales, la vieillesse rend souvent mal à l’aise, en partie parce qu’elle représente la fin de la vie active, de même que l’imminence de la maladie, voire de la mort. Le travail, la performance et même la surcharge de travail sont grandement valorisés à notre époque et la vieillesse, symbole d’un retrait du monde, paraît hors norme. De plus, la question du vieillissement démographique et du « fardeau » que peut représenter cette plus forte proportion d’aînés sur l’économie et sur le système de santé peut engendrer des préjugés et des sentiments négatifs envers eux. Une perception négative des aînés peut entraîner le phénomène de l’âgisme qui se manifeste par de l’indifférence, de l’exclusion ou de la discrimination. Une société où l’âgisme est présent devient un contexte plus propice à l’apparition de la maltraitance envers les aînés (Beaulieu et Crevier , 2013 ; Lagacé, 2010 ; Lefrançois, 2004 ; Riendeau et Beaulieu, 2013). Les pertes cognitives liées à certaines maladies et au vieillissement en général entraînent également une vulnérabilité accrue quant à la maltraitance (Riendeau et Beaulieu, 2013). Toutefois, le fait d’associer systématiquement le vieillissement et la vulnérabilité, et cela, même chez les intervenants de la santé et les professionnels de recherche en gérontologie, est également problématique et contribue à maintenir un portrait plutôt noir de la situation des personnes âgées, alors que nombre d’entre elles mènent une vie active malgré le grand âge. Selon certains auteurs, il convient donc de distinguer la vulnérabilité des personnes et le processus de vulnérabilisation généré par la maladie et la vieillesse, mais qui peut aussi fluctuer. Cette vulnérabilité est construite socialement, entre autres par les valeurs sociales, mais aussi par des éléments structurels tels que les inégalités sociales, les conditions de logement ou encore l’exclusion des personnes âgées du marché du travail (Beaulieu et Crevier, 2013). Le stress que vit un proche aidant risque de le fragiliser et d’augmenter le danger de maltraitance. En effet, il est possible que la santé mentale et physique des aidants se détériore à un point tel que la qualité des soins qu’ils donnent à un proche en soit affectée. Des erreurs involontaires dans la médication, par exemple, peuvent survenir. Cette situation est susceptible de donner lieu à de la négligence avec des conséquences plus ou moins graves pour la personne malade (Beach et coll., 2005). Des conditions de vie difficiles, l’isolement social ou la dynamique relationnelle sont d’autres facteurs de risque de la maltraitance des aînés (Riendeau et Beaulieu, 2013). Notons enfin qu’en 2011, plus d’un aîné sur deux rapporte vivre en couple, la plupart du temps marié. L’espérance de vie qui continue d’être en hausse a un impact sur la vie de couple qui s’allonge elle aussi. Additionné au désir de continuer de vivre à son domicile, cela peut signifier de plus grands risques de devenir un proche aidant pour son ou sa partenaire de vie ou de voir une situation de violence conjugale perdurer encore plus longtemps (Migneault, 2015).

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LE DÉPISTAGE ET LES INTERVENTIONS EN MATIÈRE DE MALTRAITANCE DES AÎNÉS La maltraitance des aînés, tout comme les autres types de violence familiale, est particulièrement difficile à dépister. Comme elle implique une relation de confiance entre l’agresseur et sa victime, cette dernière peut être longtemps dans le déni, ne pas vouloir dénoncer la personne quand elle prend conscience qu’elle est maltraitée et même refuser l’aide des professionnels de la santé. Outre ces difficultés, il semble que la procédure de dépistage actuelle est peu efficace. Il est en effet étonnant qu’il n’y ait pas davantage de personnes âgées maltraitées qui soient dépistées, étant donné qu’elles sont probablement déjà des patientes du réseau de la santé. Le fait qu’elles consultent de façon régulière des infirmières, des médecins, des nutritionnistes, des travailleurs sociaux devrait favoriser la découverte des situations de maltraitance. Or, certains chercheurs notent que les professionnels du réseau de la santé paraissent croire que le dépistage de la maltraitance est le travail d’un autre intervenant qu’eux-mêmes, ce qui laisse les aînés touchés sans assistance (Couture et coll., 2016). Le gouvernement du Québec reconnaît lui-même que les intervenants de la santé sont peu formés pour procéder à un dépistage précoce de la maltraitance des aînés. Les indices qui permettent de la reconnaître sont encore peu connus de ceux qui devraient la signaler (Ministère de la Famille, 2010). Comme ce type de violence est une priorité récente de la société québécoise, des solutions à plus grande échelle en sont encore à leurs premiers balbutiements. Plusieurs chercheurs le reconnaissent, nous en sommes à l’étape de la recherche approfondie sur le phénomène (Beaulieu et Crevier, 2013). Certes, des ressources d’aide existent déjà dans les régions du Québec, mais elles sont trop souvent méconnues des personnes âgées elles-mêmes. Les personnes âgées qui subissent de la maltraitance font face à des difficultés en ce qui concerne la dénonciation de ces gestes répréhensibles. Par exemple, elles ne connaissent souvent pas leurs droits et ne savent pas à qui s’adresser pour dénoncer les actes dont elles sont victimes (Riendeau et Beaulieu, 2013). Pour remédier à cette situation, le gouvernement du Québec a mis en place une ligne téléphonique d’écoute et de référence vers les ressources appropriées destinées aux personnes âgées en difficulté, Ligne Aide Abus Aînés (Ministère de la Famille, 2010). De plus, en 2016, le projet de loi intitulé Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité a été déposé par le gouvernement du Québec. Ce projet comprend des mesures qui devraient favoriser à la fois la dénonciation des cas de maltraitance et les interventions en conséquence, que la maltraitance ait lieu en contexte institutionnel ou familial. Les problèmes familiaux représentent la forme extrême des situations nocives que peuvent engendrer les difficultés auxquelles font face un grand nombre de familles. La nécessité d’améliorer les conditions de vie familiale, soulignée dans les chapitres antérieurs, ressort ici avec encore plus d’évidence.

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En résumé PRINCIPALES NOTIONS

C H A PIT R E CONCEPTS LIÉS

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EN BREF

• Violence familiale

• Violence conjugale • Maltraitance des enfants • Maltraitance des aînés

• La violence familiale surgit lorsque les difficultés familiales entraînent des comportements qui menacent l’intégrité physique ou mentale d’un ou de plusieurs membres de la famille. Bien qu’il semble relever en priorité du fonctionnement de la famille, ce problème a des fondements sociaux qu’il importe de mettre en évidence.

• Formes de violence - Envers le ou la partenaire - Envers les enfants - Envers les aînés

• Physique • Verbale • Psychologique • Sexuelle • Économique • Négligence ou abandon • Violation de droits

• Les formes de la violence familiale peuvent être très diverses, mais elles ont toutes en commun des situations de contrôle, de domination et d’abus. Les conséquences s’avèrent dramatiques pour les personnes qui en sont victimes.

• Cycle de la violence conjugale

• Tensions • Violence • Réconciliation

• La violence conjugale, dont les femmes sont les premières victimes, s’exerce généralement selon un cycle répétitif.

• Facteurs de risque - De la violence conjugale

• Rapports de domination • Socialisation différenciée • Conditions de vie difficiles • Facteurs individuels

• Les facteurs sociaux qui sont à l’origine de la violence conjugale se conjuguent à des facteurs individuels déclencheurs de comportements violents dans le couple : un passé marqué par la violence ; une identité personnelle où sont associés virilité, contrôle et violence ; un événement perçu comme menaçant, telle la grossesse de la conjointe.

- De la maltraitance des enfants

• Rapports de domination • Pauvreté • Jeune âge des parents et faible niveau de scolarité • Isolement social • Facteurs individuels

• Pour leur part, les mauvais traitements infligés aux enfants sont la conséquence de l’interaction de divers facteurs sociaux, tels la pauvreté, le faible niveau de scolarité et l’isolement, et de facteurs individuels comme l’incapacité des parents à surmonter les difficultés.

- De la maltraitance des aînés

• Âgisme • Pertes cognitives • Santé fragile • Proche aidant

• Enfin, la maltraitance des aînés est davantage susceptible de se produire dans une société qui dévalorise les personnes âgées. D’autres facteurs tels qu’une santé fragile chez la personne aînée ou la fatigue d’un aidant peuvent aussi contribuer à l’apparition de situations de maltraitance.

• Dépistage et interventions

• Lois • Interventions institutionnelles • Interventions communautaires

• Le dépistage précoce de la violence familiale est très important. Cependant, il demeure encore insuffisant. • Les interventions sociales en matière de violence familiale portent sur l’instauration de lois criminalisant ces types de violence et sur des politiques étatiques visant à guider les diverses interventions institutionnelles des milieux judiciaires et médicaux ainsi que des services sociaux. Elles sont complémentaires à celles des organismes communautaires.

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L’APPRENTISSAGE EN ACTION ❯ EXERCICES DE COMPRÉHENSION 1- Présentez les facteurs individuels à la source de la violence familiale et déterminez quelles interventions sont les plus susceptibles de corriger et de prévenir ces derniers. 2- Indiquez si les énoncés suivants sont vrais ou faux. Justifiez votre réponse. a) La négligence est une forme de maltraitance qui peut toucher autant les enfants que les personnes âgées. b) Être un proche aidant qui vit du stress et des difficultés est un facteur de risque d’être maltraité. c) Une victime de violence conjugale n’est pas nécessairement violentée physiquement. d) Les cas d’abus sexuels à l’intérieur de la famille impliquent souvent la complicité passive de cette dernière. e) Ce sont les femmes de plus de 40 ans qui sont davantage victimes de violence conjugale.

❯ EXERCICES DE RÉFLEXION 1- Expliquez pourquoi la violence familiale est un problème social. 2- Quelle est votre perception des personnes âgées ? Avez-vous déjà été témoin de situations où elles étaient dévalorisées ? Comment les interventions du personnel infirmier peuvent-elles prévenir ces situations ?

❯ MISE EN SITUATION Lisez la mise en situation et répondez aux questions qui suivent. Maryse, une infirmière du CLSC, fait des visites à domicile pour des patients qui viennent de subir des chirurgies mineures. Elle visite Monique, âgée de 58 ans, qui a dû être opérée à la jambe. Son mari, André, se trouve aussi à la maison au moment de son passage. Maryse examine la plaie qui paraît guérir difficilement. Elle note aussi que Monique semble repliée sur elle-même, désorientée et craintive. Son mari a l’air tendu ; il mentionne que, selon lui, il doit changer les pansements de sa femme un peu trop fréquemment. En consultant le dossier de la patiente, Maryse apprend qu’elle ne travaille pas et que le couple n’a pas d’enfant. Elle rappelle les soins à apporter pour la

guérison de la plaie et les médicaments à prendre, puis elle leur confirme qu’elle reviendra les visiter la semaine suivante. Adapté de MARTIN, R. (2006). a) Si vous soupçonnez une situation de maltraitance, quels sont les risques concrets auxquels s’expose Monique ? Expliquez bien vos affirmations à l’aide des indices soulevés par la visite de Maryse. b) Regroupez ces risques selon les différentes formes de violence étudiées dans le chapitre. c) Quelles précautions l’infirmière devrait-elle prendre dans son intervention ?

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LECTURES SUGGÉRÉES

BEAULIEU, Marie et Johannie BERGERONPATENAUDE (2012). La maltraitance envers les aînés. Changer le regard. Québec, Presses de l’Université Laval. DESJARDINS, Martine et Daniel PAQUETTE (2008). « Les jeunes parents. Besoins et services complémentaires ? ». Dans Visages multiples de la parentalité (p. 161-184). Claudine Parent et coll. (dir.). Québec, Presses de l’Université du Québec. FEMMES AUTOCHTONES AU QUÉBEC (2011). L’approche autochtone en violence familiale. www.faq-qnw.org/wp-content/ uploads/2016/10/Lapproche-autochtoneen-violence-familiale.pdf SECRÉTARIAT À LA CONDITION FÉMININE (2012). Prévenir, dépister, contrer. Plan d’action gouvernemental 2012-2017 en matière de violence conjugale. www. scf.gouv.qc.ca/fileadmin/publications/ Violence/Plan_d_action_2012-2017_ version_francaise.pdf

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DOCUMENTAIRES SUGGÉRÉS

BANC PUBLIC (2017). La violence conjugale. Émission 45, 28 février 2017, 18 min 44 s. http://bancpublic.telequebec.tv/ emissions/emission-45/31951/ violence-conjugale MAHER, Jean-Pierre et Monique FOURNIER (2000). Visages de la violence : La violence conjugale. Montréal, Vitalmédia/ Télé-Québec, 25 min.

RESSOURCES COMMUNAUTAIRES ET INFORMATIVES

Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI–VIFF) www.criviff.qc.ca Fondation Marie-Vincent www.marie-vincent.org Ligne Aide Abus Aînés (AAA) www.aideabusaines.ca

MAHER, Jean-Pierre et Monique FOURNIER (2000). Visages de la violence : La violence contre les enfants. Montréal, Vitalmédia/ Télé-Québec, 25 min.

Regroupement québécois des CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) www.rqcalacs.qc.ca

MAHER, Jean-Pierre et Monique FOURNIER (2000). Visages de la violence : La violence sexuelle contre les enfants. Montréal, Vitalmédia /Télé-Québec, 25 min.

SOS violence conjugale www.sosviolenceconjugale.ca/ TEL-JEUNES www.teljeunes.com

PARENT, Dominique (2012). Un jour, il pourrait me tuer. Montréal, Fairplay, 45 min.

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GLOSSAIRE Adoption régulière Pour qu’un enfant soit admissible à l’adoption régulière, ses parents biologiques recon­ nus doivent donner leur consentement ou encore être déchus de leur autorité parentale. Un enfant peut aussi être adopté s’il est orphelin ou abandonné. Agents de socialisation La famille, l’école, les pairs, le travail, les médias, l’État et la religion, qui servent de relais entre la culture et les individus. Âgisme Ensemble des stéréotypes desquels découlent la discrimination et l’exclusion en fonction de l’âge des individus. Ce phénomène peut toucher autant les jeunes retraités que les plus âgés, mais ces derniers en seraient plus souvent victimes (Lagacé, 2010). Approche compréhensive Action d’analyser le sens donné par les individus à leurs comportements et à leurs choix. Approche critique À l’aide des approches expli­ cative ou compréhensive, approche qui cherche consciemment à soulever des problématiques sociales et des orientations visant à trouver des solutions. Approche explicative Action d’exposer les corré­ lations entre des facteurs sociaux et des phénomènes sociaux. Cadre d’analyse Ensemble de concepts théoriques permettant d’interpréter un objet d’étude. Catégorie socioéconomique Groupe d’individus qui se distingue selon des caractéristiques comme le niveau de scolarité, la profession ou le revenu. Clan Ensemble des individus appartenant au même lignage. Classe sociale Groupe d’individus qui se distingue selon le rôle qu’il joue dans la production sociale des biens, selon la part de richesse qu’il en retire et le pouvoir qui en découle. Communautés culturelles Ensembles d’individus issus d’une population immigrante et qui partagent une même culture même si leurs familles sont au Québec depuis plusieurs générations. On emploie de façon indifférenciée les termes communautés ethniques et communautés culturelles. Compétences sociales Capacités à entrer en relation avec autrui et à composer avec diverses situations interactives. Connaissance objective Connaissance qui se fonde sur l’observation des faits et qui se distancie des valeurs et des perceptions. Culture Manières de penser, de sentir et d’agir d’un groupe social. Discipline sociologique Ensemble de théories et de concepts qui servent à l’étude scientifique des institutions et des groupes sociaux, des comportements sociaux et de l’action sociale.

Éducation androgyne Éducation qui valorise, en chaque enfant, des caractéristiques ou des traits attribués à l’un et l’autre sexe. Épistémologie Discipline qui consiste à analyser les modes de production de la connaissance scientifique. Ethnocentrisme Tendance à juger et à évaluer une autre culture en référence aux valeurs et aux normes de sa propre culture ou ethnie. Facteurs sociaux Ensemble de phénomènes ayant une influence sur un fait social particulier. Famille nucléaire Famille composée uniquement du noyau que forment le père, la mère et les enfants. Fratrie Ensemble des frères et sœurs d’une même famille. Genre Caractéristiques attribuées socialement au sexe féminin ou masculin. Ce que la société attend des garçons et des filles comme attitudes, apparences et comportements. Hédonisme Recherche de plaisirs immédiats. Hétérosexisme Système social d’oppression, souvent comparé au racisme et au sexisme, où les personnes hétérosexuelles sont privilégiées par rapport aux personnes homosexuelles, car elles sont considérées comme étant les seules à représenter la « normalité ». L’hétérosexualité est alors vue comme supérieure à l’homosexualité ou à la bisexualité (Greenbaum, 2015). Homophobie Il s’agit de perceptions, d’attitudes ou de comportements négatifs envers l’homosexualité ou les personnes homosexuelles (Ryan, 2003). Cela peut prendre la forme d’insultes, de moqueries, de menaces, de violence physique ou même d’agressions sexuelles envers des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de celle d’un de leurs proches. Idéal-type Sert à représenter une réalité concrète, un phénomène social, en retenant ses caractéristiques les plus déterminantes. La pertinence d’utiliser l’idéaltype comme outil d’analyse sociologique réside dans la possibilité de faire des comparaisons et de rendre compte des grandes tendances et transformations sociales. Identité de genre Sentiment personnel d’appartenir au sexe féminin ou masculin, indépendamment de son sexe biologique. Idéologie Ensemble d’idées servant à justifier ou à contrer la hiérarchie sociale. Indice synthétique de divortialité Somme des taux de divorces par durée de mariage. Le taux de divorce est le nombre de divorces pour mille mariages contractés dans la même année antérieure. L’indice synthétique de divortialité permet d’estimer la proportion de mariages qui se termineraient par un divorce, selon les conditions d’une année donnée.

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UNE PERSPECTIVE SOCIOLOGIQUE ADAPTÉE AUX SOINS INFIRMIERS Quelles transformations la famille et les rôles parentaux ont-ils subies au Québec, au cours du dernier siècle ? De quelles façons la socialisation des enfants et des adolescents s‘effectue-t-elle à l’intérieur et à l’extérieur de la famille ? Comment la diversité socioculturelle, qui caractérise la société québécoise actuelle, influe-t-elle sur les familles québécoises ? Est-il possible de se dégager des préjugés familiaux entourant l’orientation sexuelle, l’origine ethnique ou le type de famille ? Voilà autant de sujets qui permettront aux futurs infirmiers et infirmières de bien comprendre les enjeux familiaux afin de mieux intervenir dans le cadre de leur pratique professionnelle.

La famille propose : · des contenus adaptés, accessibles et clairs pour comprendre l’évolution des familles au Québec ; · des données statistiques et démographiques récentes ainsi que des résultats de recherches et d’enquêtes pertinents sur la famille ; · diverses activités d’apprentissage en fin de chapitre pour mettre en pratique les connaissances acquises ; · des mises en situation reflétant la réalité de la pratique infirmière et permettant d’analyser les enjeux selon une perspective sociologique ; · des exercices interactifs complémentaires pour réviser et consolider les apprentissages.

Versions numériques accessibles avec ou sans connexion Internet L’accès 6 mois à la version numérique sur MaZoneCEC est offert gratuitement avec le manuel papier. La version de l’enseignant permet : • de projeter, d’annoter et de feuilleter l’ouvrage en entier ; • d’accéder au corrigé et à tout le matériel complémentaire ; • de partager des notes et des documents avec les étudiants ; • d’accéder aux exercices interactifs associés à l’ouvrage.

La version de l’étudiant permet : • de feuilleter et d’annoter chaque page ; • d’accéder aux exercices interactifs associés à l’ouvrage. L’accès 1 an à la version numérique uniquement est aussi disponible pour achat en ligne au www.editionscec.com.

Julie Allard enseigne la sociologie au cégep de Drummondville depuis 2009, principalement dans les programmes de soins infir­ miers et de sciences humaines. Elle détient une maîtrise en sociologie de l’Université du Québec à Montréal. Elle est également la coauteure du fascicule Sociologie. Les inégalités sociales, publié aux Éditions CEC. Titulaire d’une maîtrise en anthropologie de l’Université Laval, Jocelyne Valois a complété une scolarité de doctorat en sociologie de l’École pratique des hautes études de Paris et a partagé sa carrière entre la recherche et l’enseignement. Pendant 26 ans, elle a enseigné au cégep de Saint­Jérôme l’anthropologie et la sociologie, dont le cours de sociologie de la famille pour les sciences humaines, les soins infirmiers et les techniques d’éducation à l’enfance. Auteure du manuel Sociologie de la famille, publié aux Éditions CEC, Jocelyne Valois a également signé une dizaine de rapports de recherche et d’articles, dont plusieurs portent sur les questions familiales. Depuis 2004, elle a collaboré à deux projets de Transfert de connaissances aux intervenants communautaires Famille pilotés par le partenariat Familles en mouvance et dynamiques intergénérationnelles. De plus, elle a participé aux diverses phases des États généraux sur la famille organisés par la Confédération des organismes familiaux du Québec.


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