Mégalithes de Bretagne (Éd. Favre, 2023) - EXTRAIT

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JOËLLE CHAUTEMS PASCAL LAMOUR

MÉGALITHES DE BRETAGNE

LIEUX D’ÉNERGIE EN TERRE SACRÉE

MÉGALITHES DE BRETAGNE

EXERCICES PRATIQUES, RITUELS, GÉOBIOLOGIE

LIEUX D’ÉNERGIE EN TERRE SACRÉE

Éditions Favre SA

Siège social et bureaux

29, rue de Bourg – CH-1003 Lausanne

Tél. : (+41) 021 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com

Groupe Libella

www.editionsfavre.com

Dépôt légal en Suisse en juillet 2023. Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite.

Photographies : Pascale Désagnat avec Joëlle Chautems, Julien Chautems et Pascal Lamour Mise en pages : Dédikace

ISBN : 978-2-8289-2080-7

© 2023, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse

Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024

SOMMAIRE

Un livre pas comme les autres p. 8

Bretagne, terre de mégalithes ! p. 9

Bretagne, terre de légendes et de croyances p. 19

Quelques repères dans le temps p. 24

Des mégalithes aux multiples formes p. 27

Le sacré p. 34

Géobiologie, le sacré dans le paysage p. 35

Interprétation des sites sacrés p. 42

Vivre les sites aujourd’hui p. 47

LE MORBIHAN

P. 52

Les sites de Locmariaquer p. 56

Les alignements de Carnac p. 62

Le Géant du Manio, Carnac p. 68

Les alignements de Kerzerho, Erdeven p. 74

Le cairn de Gavrinis p. 78

Le cairn du Petit Mont, Arzon p. 84

L’allée couverte du Grah Niol, Arzon p. 88

Le Jardin aux Moines, Néant-sur-Yvel p. 92

Les alignements de Monteneuf p. 96

La Pierre de Manéguen, Guénin p. 100

L’ILLE-ET-VILAINE

P.104

La Roche-aux-Fées, Essé p. 108

Le Cordon des Druides, Landéan p. 112

La Maison des Fées, Tressé p. 116

Le menhir de Champ-Dolent, Dol p. 120

Le sommet du Mont-Dol p. 124

Les landes de Cojoux, Saint-Just p. 128

Les alignements de Lampouy, Médréac p. 132

L’hôtier de Viviane, en Brocéliande p. 134

LE FINISTÈRE

Le cairn de Barnenez, Plouzeoc’h p. 140

La forêt de Huelgoat p. 144

Le menhir de Cam Louis, Plouescat p. 150

L’allée couverte de Guinirvit, Plouescat p. 154

Le menhir de Men Marz, Brignogan p. 158

Le menhir de Kerloas, Plouarzel p. 162

La presqu’île de Saint-Laurent p. 166

Les alignements de Lagatjar, Camaret-sur-Mer p. 170

Le cairn du Yedig, Menez Hom p. 174

Le site de Menez Dregan, Plouhinec p. 178

L’allée couverte de Lesconil, Poullan-sur-Mer p. 182

L’oppidum de Kastel Koz, Beuzec-Cap-Sizun p. 186

L’allée couverte et le menhir de Kercordonner, Moëlan-sur-Mer p. 190

Le dolmen du Poulyot, Porspoder p. 194

Le menhir de Kergadiou, Plourin p. 195

L'allée couverte du Mougau-Bihan, Commana p. 196

L’alignement de Traonigou, Porspoder p. 196

Dolmen et menhir de Kerivoret, Porspoder p. 196

LES CÔTES-D’ARMOR

Le Champ des Roches, Pleslin-Trégavou p. 202

La Lande du Gras (la Chaise à Margot), Meslin p. 206

L’allée couverte de Coët Correc, Mûr-de-Bretagne p. 210

Le menhir du Rossil, Saint-Nicolas-du-Pélem p. 214

Les Gorges du Corong, Locarn, Duault p. 218

La Dent de Saint-Servais p. 222

Le menhir de Pergat, Louargat p. 226

La chapelle des Sept-Saints, le Vieux-Marché p. 230

L’allée couverte de l’Île-Grande, Pleumeur-Bodou p. 234

Le menhir de Saint-Uzec, Pleumeur-Bodou p. 238

L’allée couverte et le menhir de Prajou-Menhir, Trébeurden p. 242

Le site de Kerguntuil, Pleumeur-Bodou p. 246

LA

LOIRE-ATLANTIQUE P. 248

Le calvaire mégalithique de Louisfert p. 252

Le menhir de Coisbrac, Nozay p. 256

Le menhir des Louères, Saint-Aubin-des-Châteaux p. 260

Le menhir de Saint-Michel, Batz-sur-Mer p. 264

La Pierre Longue, Le Croisic p. 264

Le dolmen de la Joselière, Pornic p. 268

Le tumulus des Mousseaux, Pornic p. 270

Les dolmens de Kerbourg, Saint-Lyphard p. 272

Le menhir de la Pierre Levée, Chéméré p. 274

Le dolmen des Trois Pierres, Saint-Nazaire p. 274

LE MORBIHAN (56)

« Artiste du grand œuvre, le temps façonne la roche, peaufinant son art jusqu’à la perfection. »

AMBIANCE

Ces monuments, vous allez les aimer car ils sont extraordinaires.

Ils montrent la puissance de nos ancêtres, sans les outils que nous connaissons. Par exemple, 300 tonnes transportées sur 10 km ! Mais de quelle civilisation parlons-nous ? Comment avons-nous perdu tant de savoirs, tant de liens avec l’essentiel ? Et toute cette folle activité, pour quelle raison ? Des milliers de visages en sueur pour le bien de tous, pour des énergies qui s’imposent… Et comme me disait Jeanne, une femme de Carnac : « Ces cailloux-là, pourquoi qu’on les déplace maintenant ? Ça fait au moins mille ans qu’ils sont là ! »

Enfant, j’ai frôlé les pierres de ces monuments, accessibles et ouverts à cette époque. Depuis, certains ont été rénovés. C’est à peine si je les reconnais aujourd’hui. La Table des Marchand a été revêtue de son cairn et la pelouse du menhir brisé est bien belle. Beaucoup de pierres sont maintenant grillagées, et Gavrinis va être à nouveau modifiée après une rénovation catastrophique, mais qui a surtout imposé un modèle qui n’a pas vraiment existé, visiblement. Devant le nombre de visiteurs qui parcourent ces terres, il est nécessaire de revoir la protection des sites. C’est une certitude. Mais cette protection pose de nombreuses questions pour l’avenir. L’accès aux monuments est devenu souvent payant, et limité. Pour les rendre fréquentables, des parkings ont été créés…

Les énergies se perdent… Fallait-il donc rénover ces monuments ? Ne fallaitil pas les laisser dans leur énergie en les protégeant mais sans chercher pour autant à les replacer ? Ne fallait-il pas attendre d’améliorer nos connaissances, encore bien minces, avant de procéder à tous ces changements ?

Et dans le même temps, j’en ai vu d’autres disparaître, sans que personne ne vienne contester. Des destructions de dolmens pendant le remembrement, avec l’aval de toutes les institutions, et la récupération des pierres pour les réinstaller dans les propriétés des maîtres d’œuvre. Et cette destruction continue…

> Kermario, Carnac

> Alignements de Kerzerho, Erdeven ; dolmen de Penhap, Île-aux-Moines ; dolmen de la Maison Trouvée, Monterrein.

LE MORBIHAN :

Le Jardin aux Moines, Néant-sur-Yvel p. 92

Les alignements de Monteneuf p. 96

L’allée couverte du Grah Niol, Arzon p. 88

Le cairn du Petit Mont, Arzon p. 84

Le cairn de Gavrinis p. 78

Les sites de Locmariaquer p. 56

Le Géant du Manio, Carnac p. 68

Les alignements de Carnac p. 62

Les alignements de Kerzerho, Erdeven p. 74

La Pierre de Manéguen, Guénin p. 100

LES SITES DE LOCMARIAQUER

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INFORMATIONS PRATIQUES :

La pr esqu’île de Locmariaquer regorge de sites mégalithiques.

Ici, nous nous attarderons sur la Table des Marchand et sur le grand menhir brisé d’Er Grah , accessibles dans le musée à ciel ouvert qui abrite ces ceux sites : www.site-mégalithique-locmariaquer.fr.

Attention aux heures d’ouverture lors de votre visite ! Le site est accessible à tous et il y a un parking à votre disposition. De nombreuses informations archéologiques y sont disponibles. Une visite guidée est possible.

Adresse : route de Kerlogonan, 56740 Locmariaquer.

HISTOIRE DU LIEU

Les sites de Locmariaquer, incontournables, ont été construits en plusieurs phases. Entre 5000 et 4000 av. J.-C. apparaissent ici les premières pierres dressées, des menhirs isolés ou groupés en alignements, assez grands. Leur signification nous est inconnue. Vers 4000 av. J.-C., on distingue des sépultures individuelles, puis collectives.

Un ordre de visite peut être envisagé, pour quelques-uns des monuments :

• Le dolmen de Kerveresse, Er Roh ou Mein-Drein, « la Pierre aux Épines », qui n’a conservé que sa chambre et le début du couloir. Des cupules sont gravées sur la dalle de couverture. Des motifs, type crosse, ornent les supports. Classé monument historique, il est sur une propriété privée.

• Puis le tumulus de Mané-Lud, ou Mane en Hellu, ou Mane Helleu, qui date de 4500 av. J.-C. Il se compose d’un dolmen à couloir, avec de nombreuses pierres gravées. Il est recouvert d’un tertre. Six menhirs en arc de cercle complètent l’ensemble. À l’origine, ils étaient surmontés d’un crâne de cheval, et sont peut-être issus du rituel d’élévation de la butte…

Magnifique chambre, dolmen à ne pas rater, c’est l’un des plus beaux. Quasi enterré aujourd’hui, il a conservé sa puissance, et s’y rendre ressemble vraiment à une entrée dans l’Autre Monde. Sur les pierres, des dessins magnifiques. En automne, les mousses et les fougères polypodes nous accueillent et nous aident à franchir ces 6500 ans d’un coup, sans que rien n’ait changé. Il est assez rare de trouver encore un monument aussi puissant, aussi riche et surtout libre d’accès. Partout, dorénavant, les lieux sont protégés, certes, mais ils perdent leur nature, leurs vibrations…

• Puis le menhir brisé, la Table des Marchand et le Cairn (tumulus) d’Er Grah (voir plus loin).

• Puis le dolmen de Mané-Rutual, appelé aussi Be er Groah « la Tombe de la Sorcière ». Un dolmen à couloir, décoré lui aussi. Il est possible que la dalle qui le recouvre provienne du réemploi d’un menhir brisé. Il a été construit vers 3800 av. J.-C.

• Puis le tumulus de Mané er Hroëk ou tumulus du Ruyk. Il fait partie des trois tumulus de type « carnacéens » qui existent, aux dimensions colossales, ici de 100 m de longueur, et visiblement élevés pour inhumer une seule personne. Il est donc considéré comme l’un des premiers tombeaux de « roi », enseveli. Décoré, lui aussi, le mobilier mis au jour lors des fouilles fait apparaître de nombreuses offrandes dont certaines ont été placées volontairement en diagonale dans la chambre.

• Puis l’allée couverte des PierresPlates, Er vein plat, recouverte d’un cairn, et son menhir indicateur, replacé au début du XXe siècle. Construit vers 2500 av. J.-C., on y découvre des gravures caractéristiques.

Ici, une jeune fille se serait noyée, happée par la mer, lors d’une grande marée, alors qu’elle s’était pourtant at-

taché la chevelure autour de la pierre, pour ne pas être emportée. Le cadavre fut retrouvé et enterré au pied du mégalithe, lieu devenu symbolique pour les habitants.

• Le dolmen de Kerlud ou de Kerlut, formé d’une chambre et autrefois recouvert d’un tumulus.

• Le menhir Mên er Letionec, aux plusieurs noms : Men Melen, le Chien de Kerpenhir, le menhir de Kerpenhir, situé non loin de la pointe de Kerpenhir. Il mesure 3,40 m de hauteur et serait l’unique témoin survivant d’un grand cromlech.

LE GRAND MENHIR BRISÉ

Baptisé Er Grah, Mên er Hroeh, « Pierre de la grande magicienne », il est le plus grand menhir d'Europe. Ce bloc, qui s’élevait à plus de 18 m de hauteur au-dessus du sol à l’origine, est à terre aujourd’hui, en quatre morceaux. 280 tonnes de granite déplacées sur 10 à 20 kilomètres, puis polies sur place. Mais il n’était pas seul, car les traces de 18 autres emplacements subsistent. Cette ligne a été détruite vers 4300 av. J.-C., très tôt après avoir été érigée, ajoutant une énigme de plus à ces ouvrages mystérieux. Seules ont survécu ici les pierres du grand menhir, les autres ont été réemployées. On ne connaît pas la technique utilisée pour le transport et l’installation des blocs. On ne connaît pas non plus la raison de la chute de ce grand menhir, et plusieurs hypothèses sont proposées : un tremblement de terre ou une destruction volontaire.

Il présente des motifs gravés : une hache charrue, un cachalot…

Il est considéré comme un amer, ou un système astronomique.

> 18 mètres de haut, 280 tonnes, aujourd’hui en quatre morceaux au sol, faisaient du grand menhir brisé le plus grand d’Europe.

LA TABLE DES MARCHAND :

Il s'agit d'un dolmen, près du grand menhir. Marchand ne prend pas de « s », car il s’agit du nom d’un propriétaire, Marchand, qui ne l’a d’ailleurs jamais été !

Orienté nord-sud, ce monument date de 3900 av. J.-C. Les datations restent très complexes, mais il semble qu’ici, la dalle du fond soit plus ancienne que le dolmen. On parle d’une tombe à couloir, qui mesurait 12 m dans sa plus grande longueur. Elle était recouverte d’un cairn de pierres sèches.

À l’intérieur du dolmen :

Des crosses apparaissent sur la stèle du fond, de grès, qui a été érigée en premier. Sous la dalle de la table, on distingue une hache, une crosse et une partie de bovidé. À l’origine, et avant d’être réemployée ici, cette partie intégrait un grand menhir de 14 m de hauteur : la deuxième partie se trouve au tumulus Er Grah ou Er Vinglé, « la Carrière », installé sur le même grand site. La troisième partie est à Gavrinis.

Cette « sépulture collective » a été d’abord abandonnée, puis utilisée après le Néolithique, à l’âge du bronze puis à l’époque gallo-romaine. Elle a été restaurée en 1990, après que les pierres du cairn ont servi de carrière.

Les squelettes retrouvés sur le site étaient accompagnés d’objets et d’offrandes.

LE TUMULUS ER GRAH

Situé sur le même site, c’est une sépulture dite à caveau fermé, restaurée dans les années 1990. Elle a été construite en plusieurs phases entre 4500 et 4000 av. J.-C.

> À l’intérieur de la Table des Marchand, une grande dalle sculptée de crosses.

LÉGENDES & TRADITIONS

Il était bon que les jeunes filles, la nuit du premier mai (fête druidique de Beltan), se frottent, nues, à la pierre pour être certaines de se marier dans l’année.

Ces pratiques étaient extrêmement mal vues par la société chrétienne, mais avaient encore cours quand j’étais adolescent. Les pierres étaient une création de Dieu, et s’y frotter n’empêchait pas de les respecter !

Les monuments ont été fouillés, mais aussi pillés sans vergogne. On parle de personnages discutables, des chercheurs de trésor qui s’installaient ici pour pratiquer des fouilles, n’hésitant pas à culbuter pierres et dalles. Des auteurs de l’époque nous parlent d’un carnage, qui s’est rapidement accentué à partir du milieu du XIXe. Vers 1862, par exemple, un officier des douanes fouillait pour le compte de la princesse Baciocchi, nièce de Napoléon Ier !

Tous ces monuments semblent avoir un rapport privilégié avec l’équinoxe, et laissent imaginer une succession de constellations, en replaçant les monuments dans le contexte de leur histoire, en 4500 av. J.-C.

Ici, dans le légendaire, on retrouve Er Groah, notre sorcière, magicienne ; on rencontre aussi un géant, et encore un saint, pour compléter le tableau classique : saint Gildas. Dans ces légendes, on découvre que les levers de la lune sur l’horizon sud-est étaient ici l’objet d’attentions particulières.

En 2022, une stèle a été installée au Guilvin, à Locmariaquer, pour honorer les Vénètes, peuple gaulois qui a tenté de résister à l’invasion romaine, dans le golfe du Morbihan. La pierre continue de marquer le lieu…

LES ALIGNEMENTS DE LAGATJAR

LES ENSEIGNEMENTS DES ALIGNEMENTS

INFORMATIONS PRATIQUES :

Ces alignement s impressionnants sont situés à Camaret-sur-Mer, dans la presqu’île de Crozon. Un parking à côté du site permet d’accéder facilement aux monuments. Ces alignements sont libres d’accès.

Adresse : le long de la D8A, 29570 Camaret-sur-Mer.

HISTOIRE DU LIEU

Vers la pointe de Pen-Hir se trouvent les alignements de Lagatjar, LagadYar, « l’Œil de la Poule ». Une soixantaine de menhirs subsiste encore, dans cet ensemble aussi dénommé « les alignements de Toulinguet », nom de la pointe du même nom.

Sur une longueur de 200 m, ce site restauré en 1928 se compose de trois alignements.

L’alignement le plus important est orienté nord-est / sud-ouest. Le deuxième alignement lui est perpendiculaire, sur 40 m de longueur, avec le plus haut menhir du site, d’une hauteur de 3 m. Le troisième et dernier alignement lui est parallèle, sur 50 m. Plus loin, trois autres menhirs isolés. Par les dessins et les descriptions anciennes, nous savons qu’une partie importante du site a été détruite (on parle de 600 menhirs au XVIIIe siècle).

L a couleur des pierres est d’une clarté étonnante, due au quartzite blanc, extrait visiblement sur place, à 100 m de leur installation actuelle, tout au plus. D’autres monuments, aujourd’hui ruinés, existent aux alentours. Ils sont datés de 2500 av. J.-C., du Néolithique final.

SUR LES PAS DU POÈTE

DES SYMBOLES

D’ici, où s’aperçoivent les ruines de son manoir de Coecilian, j’entends toujours la musique des mots de l’écrivain Saint-Pol-Roux (1861-1940). Je pense souvent à ses feuilles disparues, une œuvre quasi entière emportée par le vent, lors de l’agression militaire, durant la Seconde Guerre mondiale. Des mots évaporés pour l’éternité, en raison de la bêtise et de la violence de quelques hommes. Et ce manoir qui, lui aussi, se meurt irrémédiablement.

Un de mes sites préférés, sur les pas du poète symboliste qui m’inspire,

son âme qui hante les lieux, les sons de sa poésie qui se déclament comme un cri. Mélancolique, certainement, mais surtout emporté par ses mots, comme une proclamation adressée à la Bretagne qui l’a si bien accueilli : « Ici, j’ai découvert la vérité du monde. »

LÉGENDES & TRADITIONS

Ar yar, en breton « la poule », est le nom donné à la constellation des Pléiades.

Une utilisation astronomique du site est donc possible, et en tout cas n’est pas à exclure, en lien avec d’autres monuments de la presqu’île. Difficile d’avancer sur ce chemin aujourd’hui, tant les monuments ont été abîmés. En effet, il semble qu’ici aussi, les destructions aient eu lieu à un rythme « endiablé », retirant le caractère sacré de toute cette région. Certains menhirs pointent à l’est, en direction du lever du soleil, au solstice d’hiver.

Ici, comme à Huelgoat, les menhirs ne meurent pas de soif, ils vont s’abreuver en mer. Mais pas souvent : une fois tous les cent ans, abandonnant alors les trésors qu’ils cachent sous leur pied, l’espace de ce court instant. Il faut éviter de tomber dans le trou béant durant leur absence afin de ne pas se faire cristalliser là pour cent ans au moins. Il faut donc prélever le butin avant leur retour, mais sans être trop gourmand afin de ne pas perdre de temps ! Certains ou certaines y sont restés et leur âme hante toujours les environs de ce « Jardin de l’Ankou »…

RESSENTI ET GÉOBIOLOGIE

Cet alignement est orienté en diagonale par rapport aux points cardinaux. Cela est un axe typique du coucher de soleil au solstice d’hiver pour le plus long alignement, et du lever du soleil au solstice d’hiver pour les deux plus courts. Ils sont positionnés sur des lignes du réseau Curry. Le réseau Curry, de par son lien avec l’élément Feu, semble un choix de prédilection pour garantir la présence du soleil, de la chaleur et du renouveau, année après année. Cette présence essentielle était gage de vie pour nos ancêtres. Levaientils un menhir en faveur du dieu du soleil à chaque solstice d’hiver pour s’assurer la bonne faveur des dieux ?

EXERCICE, RITUEL OU EXPÉRIENCE

Ce lieu permet de prendre conscience du temps et de l’assiduité. Il y a quelque chose dans cet endroit qui nous permet de prendre la mesure du temps nécessaire pour bien faire les choses. Vous pouvez visiter ce lieu avec un projet, et emporter un cahier et un crayon pour le développer, et noter.

Imaginez nos anciens qui ont transporté ici chaque pierre, l’une après l’autre, pour créer cette œuvre monumentale capable de traverser des mil-

liers d’années. Quelles sont les leçons que ce lieu vous enseigne, que vous pourriez en retirer et qui seraient utiles à votre projet ?

Prendre soin des fondations, donner un sens et une direction, créer des conjonctions sur des points de force, donner une forme, utiliser des matériaux solides, orienter votre création, parmi bien d’autres choses… Et vous, que découvrez-vous ?

Je vous invite à noter tous ces enseignements, et à vous en inspirer pour vos avancements.

LE SITE DE LA LANDE DU GRAS LA CHAISE À MARGOT

LA PIERRE PORTE CONSEIL

INFORMATIONS PRATIQUES :

Ce site est situé le long de la D28, à environ 1 km de Trégenestre. La Chaise à Margot est un menhir, situé près d’un dolmen et d’une pierre plate. Ce petit complexe mégalithique se trouve dans une jolie forêt de chênes et de fougères. Il s’intègre à un plus grand ensemble : la Lande du Gras. Il y a une place de parking en bordure de la route, à une centaine de mètres du site.

Adresse : La Lande du Gras, 22400 Lamballe-Armor (Meslin).

HISTOIRE DU LIEU

Ici, nous nous trouvons sur la commune de Meslin.

La Chaise à Margot est un menhir de grès de 2,30 m de hauteur, aujourd’hui, car des textes nous le citent à plus de 3 m, avant qu’il ne soit « décapité » à la fin du XIXe siècle. Isolé, il faisait certainement partie d’un ensemble. On peut l’affirmer, car des restes d’une allée couverte toute proche ainsi que de nombreuses autres traces mégalithiques nous orientent vers cette proposition.

En effet, la Lande du Gras où se trouve la Chaise à Margot a été récemment rachetée aux nombreux propriétaires par la ville de Lamballe. Le site a été nettoyé et restauré pour que la lande reprenne sa place en ces lieux, et que les structures qui le composent puissent être visitées…

> Chaise à Margot

Ces landes regroupent :

• une allée couverte appelée « la Guigne Folle », en partie ruinée, en pierre de grès ;

• un menhir en grès d’un peu plus d’1 m de hauteur ;

• une deuxième allée couverte : « le Champ des Caves » ;

• une troisième allée couverte, ruinée, dont la Chaise à Margot en serait le menhir indicateur ;

• une quatrième allée couverte ;

• et, au centre de l’ensemble, peutêtre les vestiges d’un tertre tumulaire.

Ces mégalithes ont continué à être employés durant l’âge du bronze, puis à l’âge du fer.

> La pierre plate (à gauche) et les ruines du dolmen (à droite)

Encore une fée et, ici, c’est Margot, la protectrice des animaux.

On la retrouve fréquemment dans les traditions de Bretagne et aussi de Mayenne, liée à Morgane et plus anciennement à la déesse-mère issue des croyances du Néolithique.

Ses pouvoirs sont illimités, car elle peut aussi bien se rendre invisible que se métamorphoser, à l’instar de la Ceridwen de la tradition brittonique. Souvent, elle est accompagnée de bétail, en devenant ainsi la protectrice. On lui offre des animaux afin qu’elle cesse de perturber les humains !

Elle est considérée comme l’élévatrice de nombreux monuments, comme ce menhir qui lui sert donc de chaise !

Ici la présence du houx est patente, une des sept essences des druides.

Le grès est une roche sédimentaire constituée de grains sableux, provenant de plusieurs roches : c’est cette diversité qui en détermine les propriétés. Près de ces pierres de grès, on reçoit la sagesse, la mémoire de la Terre-mère, et elles stimulent notre créativité.

RESSENTI ET GÉOBIOLOGIE

Ce site est composé d’un dolmen, d’une pierre plate et d’une pierre levée. Le dolmen, relativement effondré, n’a plus de dalles de couverture. De nombreux dessins recouvrent les pierres du monument. On dirait que les fées se sont amusées ici à les sculpter.

Au niveau géobiologique, le dolmen est disposé sur un croisement de réseaux Palm (nord-sud) et Peyré (estouest), tous deux triple positifs. La ligne Peyré passe également sur la pierre plate.

La Chaise est donc la pierre levée à côté du dolmen, mais elle n’est pas dans son axe. Elle est sur un croisement du réseau Curry triple positif.

La particularité de la Chaise réside en la présence de deux cavités sculptées dans la pierre. L’une est en haut, l’autre en bas. Elles donnent l’apparence de deux chaises.

Lorsqu’on s’assied sur ces deux plateformes, celle d’en bas est très tellurique

et s’oppose à celle d’en haut, relativement cosmique.

En fermant les yeux, je vois un maître transmettre des enseignements à son disciple. Le maître est en haut, le disciple en bas. Je vois aussi un père et son fils. Une mère et sa fille. Un juge et son accusé.

Ce lieu multiple ressemble fort à un grand lieu d’initiation et de transmission.

EXERCICE, RITUEL OU EXPÉRIENCE

Ce lieu est clairement un site de conseil. Il harmonise le haut et le bas. Il permet aux guides du ciel de communiquer avec les esprits de la terre et inversement. Il crée un lien entre le corps et l’âme, entre notre provenance stellaire et ancestrale, entre les mémoires karmiques et transgénérationnelles. C’est un lieu où vous pouvez communiquer avec vos parents ou vos enfants. En inversant les places, vous instaurez une compréhension et une écoute mutuelles.

Les fées, gardiennes de ce lieu, écouteront vos paroles et elles en prendront soin. Qui sait, peut-être iront-elles ensuite les retranscrire sur les pierres, pour conter quelques histoires mystérieuses ?

Si en venant jusqu’à la pierre, vous avez pris le chemin de droite, repartez ensuite par celui de gauche, et inversement. Vous pourrez alors découvrir la beauté de cette petite forêt. Pensez à remercier les fées !

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