Le nid vide

Page 1

augmentée4succèsGrandeédition Marie-José Astre-Démoulin

Récit d’un mal de mère

Le nid vide

alias Marie-José d’Astrée

3

Marie-José ASTRE-DÉMOULIN

Chapitre

Marie-José ASTRE-DÉMOULIN

alias Marie-José d’’Astrée

Première partie : Récit

Reprendre mes notes pour retrouver le fil des douze semaines avant le mariage de mon fils. Y piocher avec précaution. Pas tout de suite. Laisser encore mes pensées flotter dans ce décor qui m’a fait produire tant de lignes, tant de textes. Remercier ce lieu pour son rôle extracteur, libérateur.

Demain. À partir de demain.

12 septembre

9 7

M’offrir quelques heures de dérive intérieure sur la surface bleu froid de mon lac et attendre. Profiter encore un peu de ce lundi après-midi, veille de reprise du travail, où je me sens comme une écolière qui grignote une journée buissonnière avant la rentrée.

Brusque douleur d ’estomac. Je sais que l’épreuve sera rude. L’accueillir comme une étape nécessaire. Une manière de boucler le voyage, de me déconnecter de la Colombie.

Peut-être.

demain, peut-être, m’installer dans une pièce tranquille. Fermer la porte. Et me mettre à relire. Ou plus exactement à lire. À la vérité, jamais je ne suis revenue sur les pages écrites pendant l’été. Crainte. Toujours cette crainte des mots lâchés, de mes mau x abandonnés sur le papier.

Savourer.Cesoir,

tonnes. On a même un rendez-vous dans une boutique de sur-mesure.–Parfait.J’ai hâte de te voir. Je t’embrasse.

–Un peu de peur, sans doute, aussi… ?

–Que ressens-tu ?

Douleur au creux du ventre. Nœud au fond de mes tripes. Depuis le début, je sais que le risque d’un départ à Bogota existe.

J’ai eu envie de hurler : tu vas partir la rejoindre, mon enfant, mon fils ? Et ton job, à toi ? Et l’appartement à Amsterdam, en contrebas d’une ruelle que tu décores amoureusement en attendant son arrivée ? Et tes craintes, ta fragilité ! Et… tu risques d’aller vivre là-bas ?

10 8

Respirer profondément. M’excuser auprès de Véronique pour le temps passé au téléphone. Elle a compris que quelque chose de majeur vient de se produire. Elle dit que ce n’est pas grave. Nous marchons le long des quais. On se pose toutes les deux dans la lumière descendante, de chaque côté de l’objectif, sans parler. J’appuie sur le déclencheur.

2 juin

Laura n’ira pas vivre à Amsterdam après le mariage. Elle a accepté une offre d’emploi à Bogota. Impossible à refuser. Ce sera transitoire : un contrat d’un an seulement, extrêmement bien payé pour la Colombie.

Ces interrogations sont restées muettes et je me suis contentée d’une question aussi distante que « stratégique », fondée sur des techniques d’écoute active :

C’est bien normal qu’elle veuille aussi avoir une carrière.

–… … … Un peu. Sans doute. Je suis content que tu viennes ce week-end.–Moiaussi. Tu as récupéré des adresses pour acheter le costume–D?es

–Heu… C’est excitant, stimulant…

11 9

Le soleil ne brille plus. La blancheur de la fin de journée alourdit les contrastes. Chiens et loups. Comme en moi. L’annonce du départ de mon fils vient de changer le prisme des couleurs. Véronique papote, me décrit les événements essentiels des cinq ou six années écoulées depuis notre dernière rencontre. Remonte à nos études à la Sorbonne. Je n’entends pas.

Elle reprend le fil de son monologue. La formation qu’elle a reçue. Dont je ne me rappelle rien. Son refus d’avoir une voiture. Ses nuits en dortoir qu’elle présente comme un exercice de style, quelque chose « qu’elle a surmonté ». Le respect de la terre, les pensées égalitaires. Dans ma tête, plus rien n’entrait, les mots se mélangeaient.Lesjoursavant de partir à Amsterdam vont être longs – ou très courts – car je sais que, maintenant, tout va être difficile. Vertige. Passer du rêve multiculturel à l’éloignement géographique. Des charmes de l’amour à la réalité du couple.

Figée.

J’ai peur pour mon enfant. Je ne peux aimer personne, je ne peux écouter personne. Isolée depuis des mois, tenue à l’écart des préparatifs de la cérémonie du mariage, face à ma solitude sentimentale, à mon absence de tribu familiale, au terrible éloignement de garçons devenus adultes, étranges, étrangers.

Continuer la promenade. Le long des quais. Bains des Pâquis. On boit une eau minérale. Je paye. Véronique n’a pas de francs suisses. Ni d’euros. Véronique méprise l’argent, alors je paye. Je la photographie encore une fois sur le ponton. Pour qu’elle se taise. Ses cheveux sont devenus blancs mais elle est belle car elle s’aime comme ça, Véronique. Elle s’aime, Véronique, depuis toujours.

Ils me manquent jusque dans mes os qui développent depuis cinq ans une arthrose galopante. Mon corps s’est alourdi, s’est éteint, s’est bloqué quand ils sont partis.

Nous ne savions pas, à la fin des années 70, que nous marierions un jour l’un de nos fils en Colombie.

En fait, il ne s’agit pas de m’exprimer mais de dire les mots qui conviennent lors d’une cérémonie traditionnelle.

10

Renouer avec un brin de romantisme. Raconter que, trente ans plus tôt, leur père grattait la guitare pour me séduire, en susurrant des rengaines sud-américaines. Nous chantions, rêvions, disions que nous ne croyions en rien alors que nous croyions en tout (Dieu, que c’est laid, l’imparfait du verbe croire ! Un i à côté d’un y. On a presque envie de changer de verbe. Ou de cesser de croire. Ce qui est arrivé. Bien assez vite.)

Notre conversation téléphonique comme une empreinte, une cicatrice. Dont il ne faut pas parler. À laquelle il ne faut pas penser. Nous n’avons presque pas communiqué depuis, hormis pour les horaires. Quelques lettres juxtaposées dans un texto.

Amsterdam, le 15 juin

12 5 juin

Sans intérêt. Je ne parlerai pas.

Le jour où Dorian m’a demandé de préparer un discours pour le mariage, je n’avais qu’une envie : raccrocher au plus vite pour m’y attaquer dans l’instant. Je voulais même rendre hommage à Pierre. Je n’étais pas sûre d’en être capable. Trouver une manière de célébrer notre « pa rent-attitude » commune – même si, après vingt ans de séparation, c’est devenu une notion floue.

J’ai réfléchi non-stop pendant des jours. J’ai tout brassé dans ma tête, j’ai fait des brouillons qui traînaient partout. Je n’y arrivais pas. Je viens de tout déchirer et mettre à la poubelle. Ça ne sonnait plus juste. L’euphorie du mariage a disparu, s’est évaporée. Cette cérémonie à laquelle je ne suis pas associée me déprime.

Sur une étagère du studio, son Traité d’athéologie a, lui aussi, la tranche bien nette, sans une cassure. Pas ouvert. Ils sont trop gros, ces bouquins, et trop documentés. Je les trimballe partout, certaine que je m’y mettrai un jour. Il me faudrait la version « Sciences et vie junior » de ces merveilleuses idées. Pourtant, cette fois, c’est dit : sa lapidation des théories freudiennes, je vais m’y atteler !

S’il a pensé que la frontière était fine, c’est qu’il n’a jamais aimé.

S’il existe vraiment, comme le disent certains, trois types d’amour. L’amour de Dieu – que je ne connais pas – l’amour filial/ parental et l’amour amoureux (Eros), que vient faire cette chimie corporelle, viscérale dès que je vois ou que j’entends l’un de mes fils ? Est-ce là que Freud a pris ses notions d’Œdipe ?

Tiens, je vais leur faire plaisir, à ces vieux ringards de psychanalystes freudiens !

13 11

Pour l’instant, te laisser approcher, mon fils, dans cet aéroport bruyant, glacé. Te donner le droit d’oublier notre échange du 2 juin. De faire semblant. Je marche à tes côtés, tu tires ma valise. J’y vois tout à coup une métaphore : moi en objet encombrant. Comment puis-je continuer d’adorer mes fils alors que, souvent, ils ne me réduisent qu’à un rôle, à un être du passé et sans grand intérêt.

Deux lignes dans un message électronique, parfois accompagnées d’un lien vidéo qui a plu à l’un mais que l’autre n’ouvrira pas.

Saleté de Freud ! Il a pollué les rapports entre mères et fils pour des décennies ! Ce soir, c’est dit, je ressors le livre de Michel Onfray, Le crépuscule d’une idole, dans lequel les théories psychanalytiques sont mises à mal. Un ouvrage commandé sur Amazon dès sa parution et encore jamais ouvert. Pas la première fois que ça m’arrive, d’ailleurs, avec Onfray. J’achète ses livres et je ne les lis pas. J’adore l’écouter. Il formule si bien ce que j’avais en moi et que je n’avais pas mis en mots, parfois même que je n’avais pas orchestré dans ma tête ! Mais je le trouve illisible.

Me relever la nuit pour respirer leur crâne, leurs cheveux posés sur l’oreiller. M’imprégner de leur odeur pour mieux me ressourcer, pour retrouver des forces et du calme en même temps.

Je te serre brièvement dans mes bras, Dorian, le corps palpitant d’un amour sans ambiguïté, fondamental, pur, maternel. Nous quittons l’aéroport et partons vers ton appartement, silencieux.

Aucun sujet essentiel n’a été abordé.

Absolu apaisement. Seule source de régénération face à l’incommensurable fatigue d’élever seule trois bambins.

14

Je pousse Dorian vers une lavallière orange, un gilet à fleurs. Un peu de fantaisie – qui ne passe pas. Alors, j’ai approuvé ses choix en évitant de commenter. Je suis incompétente en matière de mariage, autant l’admettre. Me laisser guider.

Oui, les enfants sucent nos seins, dorment dans nos lits, nous palpent les fesses, le ventre, les cuisses pour attirer notre attention pendant toutes les années où leurs mains n’arrivent pas encore à la hauteur de notre taille. Trottinant dans la cuisine, essayant de se tenir debout, réclamant à manger pendant que nous préparons le repas, mangeant, bavant dans notre assiette. Se lovant contre nous pour écouter une histoire. Pendant des années. L’intensité de ce rapport charnel et émotionnel nous emplit. Nous coupe du reste du Somptueuxmonde. éblouissement, fascination à regarder un enfant bouger, jouer, dormir.

17 juin

On a tout trouvé : costume, chaussures, chemise, cravate. Enfin… toute la panoplie du parfait marié. J’ai fait augmenter le plafond de ma carte bancaire pour accéder aux boutiques comme on les aime : chères, intimistes, paisibles.

Liés.

Une arrivée de Romuald, à 5 heures du matin, déposé par un inconnu jamais identifié sur le pas de la porte après une nuit de recherche, de coups de fil, d’angoisse. Le cou brûlé, le pantalon en lambeaux sur une jambe, le blouson et le scooter disparus. À ce jour, cet accident reste sans explication. Son œil hagard, ses propos incohérents. Plus de casque. Traumatisme crânien. Sauter dans ma voiture, l’emmener à l’hôpital cantonal de Genève, secouée de tremblements de peur, bravant les feux et les radars. Lui délirant sur le siège à côté de moi.

Schémas éclatés. Couples divorcés. Lieux de vie dispersés. L’indépendance a un coût élevé. Très élevé.

Aucun de mes fils ne vit dans la région où je les ai élevés. J’ai moi-même bougé. On se parle peu. On privilégie la qualité à la quantité. On est fiers de ça. On se parle bien, quand on se parle mais c’est quand même… peu.

15 13

Je Troppleure.pour continuer.

C’est incroyable comme cela me manque, la possibilité d’acheter un blouson sur un pull-chemise-ceinture-pantalon de toile lorsque je passe devant un magasin pour hommes. Pas de compagnon, plus d’enfant à la maison…

Les urgences de l’hôpital qui me connaissaient par mon nom pour les bras cassés, les arêtes coincées dans la gorge, les ligaments froissés, les chocs sur la tête, la cornée griffée par un élastique, les crises d’asthme infantile en pleine nuit. Les accidents. À vélo, à roller. À scooter. Sans qu’on sache comment.

18 juin

Trois enfants. Garçons. Énergie démultipliée.

Deuxième partie : Guide pour parents esseulés

135

De plus, lorsque l’un des deux souffrait plus que l’autre du départ des enfants, une cassure sérieuse s’installait dans le couple. Celui qui était le plus affecté se sentait incompris et reprochait à l ’autre de ne pas compatir à son chagrin. Alors que l’autre membre du couple souffrait de voir que sa présence n’apportait pas suffisamment de bonheur à son conjoint.

Je m’étais alors mise à parler. À questionner tous ceux que je croisais et qui avaient connu cette situation. Soit du point de vue du parent qui se retrouve esseulé, soit de celui de l’enfant qui prend son indépendance. Autant dire, à tout le monde. C’était devenu mon unique sujet de conversation !

Et j’avais découvert que presque tous mes interlocuteurs avaient traversé de sérieuses difficultés lors du départ de cette phase de leur vie. Et qu’ils s’étaient sentis perdus ou démunis, sans savoir à qui s’adresser pour obtenir de l’aide.

Les couples mariés se rendaient mutuellement responsables des difficultés qu’ils rencontraient dans la communication avec leurs enfants communs. Les parents isolés se sentaient en échec. Les « familles recomposées » se mettaient à douter de la solidité des liens entre les deux tribus – et entre eux.

Dans la plupart des cas, les couples vivaient une période de crise à la fois personnelle et conjointe. Ils avaient conscience du fait que ces changements profonds de rythme dans leur foyer risquaient de mettre en danger leurs propres liens. Ils se trouvaient devant la nécessité de repenser leurs échanges.

130

Lorsque mon fils m’avait annoncé son mariage, j’avais été enchantée. Pourtant, au fil des jours, sans que je comprenne ce qui se passait, j’avais senti mon moral chuter. J’avais cherché des informations sur la période du départ des enfants du domicile familial, mais les ressources étaient maigres.

En bref, hormis une femme qui avait rencontré le nouvel homme de sa vie en allant inscrire sa plus jeune fille à l’université (la réalité plus belle que la fiction !) et un couple qui me disait qu’ils s’étaient sentis plus proches au départ de leurs enfants, je ne recueillais que des témoignages sombres ou, pour le moins, mitigés.

Certaines mères en souffrance s’étaient senties jugées, « fautives » ou raillées. Alors qu’elles auraient eu besoin d’être félicitées pour le travail accompli et encouragées à regarder l’avenir avec confiance.Toutes se plaignaient du « discours ambiant » (médias, magazines, télévision), qui donne une piètre image des quinquagénaires en général et des mères d’adultes en particulier. Alors que l’iconographie autour des mamans d’enfants en bas âge est sublimée, il semblerait que les femmes deviennent la risée de tous dès que la tâche a été accomplie, surtout si elles ont élevé des

136136

Quant aux mères célibataires (je n’ai pas rencontré de père célibataire ayant été le principal parent éducateur), beaucoup avaient un sentiment d’échec global, se sentant directement responsables de tout ce qui avait « mal » fonctionné dans l’éducation de leurs enfants. En même temps, elles reprochaient au père un manque d’implication ou une attitude trop laxiste.

Les griefs contre leur ex-mari ou ex-compagnon ressurgissaient brutalement. Parfois, alors même que les relations avaient été plutôt bonnes entre eux depuis leur séparation. Apparaissaient alors des rancœurs anciennes, que tous croyaient oubliées. Les questions financières revenaient au-devant de la scène, pour décider du financement de la cérémonie, par exemple.

Toutes se plaignaient du « discours ambiant » (médias, magazines, télévision) qui donne une piètre image des quinqua génaires en général et des mères d’adultes en particulier. Alors que l’iconographie autour des mamans d’enfants en bas âge est sublimée, il semblerait que les femmes deviennent la risée de tous dès que la tâche a été accomplie, surtout si elles ont élevé des

Or, cette étape est extrêmement peu commentée, mal connue, traitée avec indifférence ou mépris dans nos sociétés. Nombre de mes interlocuteurs indiquaient avoir eu des consultations avec des thérapeutes qui ne leur avaient guère proposé d’autre « recette » que de les sermonner ou les bousculer.

131

Les recommandations sont intéressantes avant la crise – même si chacun(e) de nous sait parfaitement ce qu’il faudrait faire ou ce qu’il aurait fallu faire pour avoir une vie épanouissante et équilibrée, bénéficier de quelques idées extérieures est souvent utile.

Et pourtant, se voir accrocher une petite médaille au revers de la veste pour bons et loyaux services rendus, se sentir un peu cajolée et validée, voilà qui permettrait de franchir le passage dépressif avec moins de difficulté !

137 132

**********

Les rares livres traitant du traumatisme du départ des enfants contiennent souvent une partie culpabilisante et (dé)moralisante qui présente des exemples de parents ayant réussi la transition avec succès et décrivent par le menu ce que nous aurions dû faire pour y parvenir. Ils développent d’excellentes idées à mettre en œuvre pendant la phase éducative : garder une vie personnelle et professionnelle riche, prendre soin de soi, s’investir dans d’autres projets, etc. Mais s’avèrent inutiles et contre-productifs lorsqu’ils prodiguent ces conseils rétroactivement.

Mais, lorsqu’arrive le moment du départ des enfants, nous avons souvent le sentiment que, même si nous nous sommes naturellement employés à maintenir un équilibre entre l’éducation des enfants et nos loisirs, le résultat est parfois moins réussi qu’on ne l’avait espéré. Il a en effet fallu composer avec la réalité du quotidien et faire… « au mieux », « du mieux possible », sans nécessairement parvenir à la perfection.

Avec l’éducation des enfants, le travail, la vie sexuelle, les relations sociales, la maison, on se retrouve vite pris par les horaires, la fatigue, les hormones, le stress, les exigences que nous nous

garçons. Vite soupçonnées d’être possessives, abusives, frustrées. La présomption d’innocence ne semble pas s’appliquer.

sommes (im)posées – et que la société dans laquelle nous vivons a légitimées – pour que nos chérubins puissent faire du sport, fréquenter les meilleures écoles, se développer.

Cet événement peut prendre des formes variées. Pour certains, ce sera lors du mariage d’un enfant. Pour d’autres, lors de l’installation d’un aîné dans son premier studio, ou juste avant/ après le départ du bercail du petit dernier.

Ou encore, simplement en se réveillant un matin dans une maison silencieuse, on découvrira que la saveur du monde a changé, sans que l’on sache vraiment pourquoi.

C’est pourquoi j’ai décidé de publier cet ouvrage : camaïeu d’anecdotes, racontées par des amis, d’émotions ressenties et d’observations sociales romancées1. Afin d’aider d’autres parents à se sentir légitimes dans leurs peurs, leurs échecs et leurs doutes. Pour que nous n’ayons plus honte de nos sentiments, de notre tristesse, de nos excès, de nos erreurs et de nos contradictions. Pour

Si chaque histoire est singulière, le départ des enfants du cocon familial est un phénomène (quasiment) universel. Que la plupart d’entre nous encourage, souhaite, favorise – et redoute à la fois.

Dans tous les cas, il est essentiel, pour le bien-être des enfants comme pour nos perspectives personnelles, de parvenir à boucler notre mission éducative en évitant la culpabilité.

138 133

1 À ce propos, je tiens à rappeler le caractère purement fictif des personnages du récit. J’en profite pour remercier de tout cœur les proches, qui m’ont encouragée et soutenue dans l’élaboration de cet ouvrage, avec humour et générosité.

************

On s’active. On dérape. On se trompe. Le temps passe. Et on se retrouve, un beau jour d’été, en sentiment d’échec total, debout face à des profondeurs abyssales, devant un nid… déserté.

139

Nous serons alors en mesure d’utiliser nos énergies créatrices pour tisser de nouveaux liens, musarder, découvrir, décevoir (pourquoi pas ?). En bref, nous « affranchir » de notre rôle passé afin de mieux ouvrir nos cœurs à d’autres envies et rencontres.

Des rapports intergénérationnels fondés sur cette nouvelle donne y gagneront en légèreté, en simplicité. Et, sans l’ombre d’un doute, en authenticité ! Et surtout, nous autres, parents d’adultes, aurons de meilleurs atouts pour entrer dans les troisième et quatrième âges avec une plus grande confiance si nous prenons notre vraie place dans nos familles et dans la société.

Bien entendu, la notion de famille est complexe et les relations s’ écrivent au fi l des jours, avec des moments souples et des anicroches. Tout comme nous reconnaissons à nos enfants le droit d’évoluer, de formuler des reproches et de s’éloigner, autorisonsnous, en tant que parents, à panser nos propres blessures, à réclamer, à refuser.Affirmons nos désirs et nos besoins afin de mieux écouter ceux de notre couvée !

que nous soyons capables de les vivre sereinement et de les exprimer sans nous en glorifier, sans nous en excuser.

Pour que nous nous autorisions aussi à être fiers de nous, de nos accomplissements, de nos efforts et de nos réalisations et que, quel que soit « l ’air du temps » ou le fâcheux qui s’adresse à nous, nous gardions l ’estime de nous-même, le bonheur du travail accompli, le sourire aux lèvres et la joie dans le cœur !

Pour que le « syndrome du nid vide » ne soit plus un sujet secret ou tabou mais un moment intense dont on reconnaisse les signaux, l’intensité, la difficulté.************

134

Inventer de nouveaux possibles tout en facilitant et en chérissant les futures nouvelles interactions familiales : rapports avec nos enfants, beaux-enfants et (futurs) petits-enfants, échanges entre nos enfants eux-mêmes et leurs conjoints respectifs. Tant de titres et de rôles nouveaux à endosser pour chacun : fratrie élargie de beaux-frères et belles-sœurs, enfants à naître qui créeront des fonctions de cousins, oncles, tantes, neveux.

Les énergies vont se transformer, d’autres équilibres se créer, les rapports se modifier. La découverte va être passionnante ! Et complexe.

140 135

À partir de mes mille lectures, papotages et réflexions échangées, j’ai concocté une petite liste de conseils et idées que je vous propose ci-après, déclinée sous forme de clins d’œil, puisque le mot d’ordre est… PICOREZ !

Afin de négocier une entrée sereine dans cet avenir prometteur, la première étape consiste à gérer au mieux la période du départ des enfants. Affronter le « syndrome du nid vide » sans trop de souffrance permettra de dégager de ces moments extrêmes un carburant puissant, celui qui nous permettra d’avancer vers la suite de nos aventures.

************

de survie à

• pour un temps – le passé !

• ebellez-vous !

• la légèreté

R

• émotions ! restez…

du parent esseulé

Et

Instillez de

Communiquez !

Protégez-vous !

Oubliez –

Ecoutez vos

141 136

Sept règles l’attention

!

• ZENNNNNNN

12

Table des Premièrematièrespartie:Récit

203

septembre ............................................................................. 9 2 juin .......................................................................................... 10 5 juin .......................................................................................... 12 Amsterdam, le 15 juin ............................................................. 12 17 juin ........................................................................................ 14 18 juin ........................................................................................ 15 20 juin ........................................................................................ 18 22 juin ........................................................................................ 19 23 juin ........................................................................................ 21 24 juin ........................................................................................ 25 Sans date .................................................................................... 29 25 juin ........................................................................................ 30 26 juin ........................................................................................ 32 Miroir au petit matin ............................................................... 33 27 juin ........................................................................................ 35 28 juin ........................................................................................ 36 Intemporel ................................................................................. 39 29 juin ........................................................................................ 40

..................................................................................... 59 22

J-45 Parc OMC 19 h 40 juillet juillet juillet juillet juillet

........................................................... 45

........................................................... 55 19

................................................................ 72

44

......................................................... 48 4

Quelque part dans le mois de juillet –avec les congés, j’ai perdu le fil des jours

1er juillet à l’aube

Début août

....................................................................... 42

............................................................................... 52

..................................................................................... 61 23

91

2 juillet juillet Glückschmerz..........................................................

..................................................................................... 65

........................................................ 76 Pierre .......................................................................................... 79

3 juillet, 4 h 30 du matin juillet

................................................................................. 80

....................................................................................... 44 2

....................................................................... 81 Ma

....................................................................................... 49

..................................................................................... 62 25

.............................. 71

................................................................................ 69

Milieu de la nuit journée avec Amélie miroir août........................................................................................

204

.................................................................................... 91 15

Après-stage

Moment hors du temps

Jour sans fin

20 et quelques juillet Nuit après nuit après nuit

.......................................................... 82 Heidi ........................................................................................... 83 Romuald .................................................................................... 86 Fantasme .................................................................................... 87 Sophro ........................................................................................ 89 Médecin ..................................................................................... 90 Le

..................................................................................... 56 21

...................................................................

.................................................................

.................................................................

......................................................................

Eliot 103

Phéromones............................................................................... 121

Jethro 105

Après Jethro............................................................................... 110

...................................................................... 120

? ...........................................................

...............................................................................................

...........................................................

Deux jours avant le départ 113

Hôtel et tourisme

La migraine 98

La lointaine parente 126

.................................................................

Sept règles de survie à l’attention du parent esseulé 141 Protégez-vous ! 142 Instillez de la légèreté 144 Communiquez 146

.......................................................

Deuxième partie : Guide pour parents esseulés

...............................................................................

......................................................

....................................................................................

............................................................................................

...........

16 août........................................................................................ 95

...................................................................

Juste avant le départ 116

J-2 122

Jour 1 – Bogota

J-1 milieu de la nuit 127

Jour J moins 1 – 1 heure du matin......................................... 130

3 jours avant le mariage 121

205

..........................................................................................

Bogota –3 jours avant le mariage 122

Syndrome du nid vide 94

...........................................

Privilèges 105

......................................................................... 118

...........................

......................................................

La robe – J-15 (-6/8 jours avant le départ) 99

Développement personnel 112

J-1 fin de journée 128

206

......................................................

.........................................................................

........................................................

La genèse de Le nid vide, récit d’un mal de mère 163

a) Pour les couples 171 b) Pour les mamans solos 172 c) Dans les familles où d’autres enfants sont encore présents 173

a) Budget diminué 173 b) Budget augmenté 174

...............................

3. Modification de l’emploi du temps 174

.............................................................

...................................................................

1. Modifications des relations familiales 171

Ménopause 177

L’importance de mettre les émotions en mots 165

.........................

..........................................

...........................................

.......................................................

Oubliez le passé – en tout cas, pour le moment ! 148

....................................................

Les enjeux spécifiques des femmes 177

.............................................

Écoutez vos émotions 152

Zennnnnnn 154

.............................

.......................................

Les conséquences du départ des enfants 171

Culpabilité 181

Rebellez-vous ! 150

.....................

Le rôle de victime 183

Troisième partie : Printemps 2022

Dix ans plus tard

........................................................................

.........................................................................

....................................................

.........................................................................

......................................................

........................

2. Modification de l’équilibre financier 173

.................

Génération sandwich 180

Les rencontres avec les lectrices 168

Et aujourd’hui ? 159

4. Modification du lieu de vie 175

.........

Une astuce pour faire face à l’afflux d’émotions 195

...........................................................................

207

Effet boomerang 187

Un dernier mot avant de se séparer 197

..............................................

b) Les enfants adultes 191

Parents et enfants devenus adultes......................................... 188

Absence de mode d’emploi 188

.....................................................

c) Beaux-enfants, petits-enfants, fratrie 193

Un processus complexe 185

Le changement

Inspirographie 199

.......................................................................... 185

...............................................

.............................................................

..................

.................................................

.......................................

....................................................

Les étapes du changement 186

Les nouveaux arrivants 189

................................................................

...................

a) Vous-même 189

Éditions Favre SA Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél.: +41 (0)21 312 17 lausanne@editionsfavre.com17www.editionsfavre.com

Vous venez de consulter un

EXTRAIT

Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite.

d'un livre paru aux Éditions Favre.

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.