Dr K. Hostettmann
Les plantes pour la femme de tout âge
Deuxième édition actualisée
Soulager les maux
Guérir les infections
Préserver la beauté
Des plantes contre les troubles de la menstruation
Des plantes contre les troubles de la menstruation
Les règles, qui marquent la vie de toutes les femmes chaque mois de la puberté à la ménopause, sont bien supportées par certaines et moins bien par d’autres. Mais les variations hormonales du cycle sont normalement accompagnées de légers malaises comme par exemple des tensions dans le bas-ventre. Beaucoup de femmes redoutent chaque mois les règles, car avant et/ou pendant ces périodes, elles sont sujettes à des troubles notables qui rendent la période de menstruation pénible, voire difficile à passer.
Le syndrome prémenstruel
Le syndrome prémenstruel peut avoir différentes causes. Il affecte près de 70 % des femmes qui manifestent certains symptômes dans les jours qui précèdent les règles, en général 2 à 4 jours. Ces symptômes peuvent être importants et mener à une incapacité temporaire de travail chaque mois. En France, on estime qu’environ 2,5 % des femmes en état de procréer ont une incapacité temporaire de travail au moment des règles.
Ce syndrome se manifeste par : – des troubles psychologiques comme l’abattement, la dépression, l’inquiétude, l’anxiété, l’irritabilité et le manque de sommeil, le sentiment d’épuisement ; – des troubles neurologiques comme la céphalée et la migraine ; – des affections corporelles comme des douleurs aux seins (seins gonflés) et à l’abdomen, des jambes lourdes et même des œdèmes, des troubles du transit intestinal et des constipations. Chez cer taines femmes, la peau devient grasse avec des poussées d’acné.
Heureusement, chez de nombreuses femmes, ces différents troubles disparaissent dès que commencent les règles et cela généralement dans les vingt-quatre heures.
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Le gattilier, Vitex agnus castus
Le gattilier ou Vitex agnus castus L. (Verbenaceae) est un arbuste originaire de l’Asie centrale qui s’est acclimaté dans toute la région méditerranéenne, mais qui est plutôt rare en France où il est protégé. Il peut atteindre une hauteur de 4 à 5 m. Les fleurs en grappes dressées sont de couleur bleu-violet. Les fruits sont des petites baies noirgris qui ressemblent à celles du poivrier.
Les propriétés thérapeutiques des fruits du gattilier ont déjà été décrites par Dioscoride (ier siècle de notre ère). Ce grand médecin grec préconise les graines présentes dans le fruit comme calmant de la libido. La plante est aussi citée dans l’œuvre de Pline l’Ancien (23-79). Au Moyen-Âge, la réputation d’anaphrodisiaque des baies du gattilier commence à intéresser l’Église catholique qui considère que cette plante peut aider les moines à respecter leur vœu de chasteté. Les arbustes sont utilisés pour former des haies protectrices autour des couvents et monastères et les moines cultivent la plante à l’intérieur de ceux-ci. Ils utilisent les branches pour se tresser des ceintures, les feuilles séchées bourrent leurs oreillers et les graines servent à l’assaisonnement des mets. D’où le nom de poivre des moines sous lequel le gattilier est aussi connu. D’après un médecin français du xive siècle, on préparaît, dans divers monastères au sud de la France, une essence à partir des baies du gattilier appelée « Es sence de chasteté de Michael » qui était distribuée dans d’autres couvents et monastères « pour amortir l’aiguillon de la chair » ! Agnus castus veut dire en français « agneau chaste ». Mais l’efficacité réelle du gattilier comme anaphrodisiaque n’est pas prouvée scientifiquement. Il est intéressant de mentionner que les moines avaient l’obligation de cultiver et de consommer le gattilier. Mais en même temps, il leur était formellement interdit de cultiver la sarriette que le dieu grec Dionysos nomma « herbe du bonheur ». Cette interdiction se trouve dans un décret de Charlemagne (742-814) daté de l’an 800. La sarriette aurait pu exciter les moines à cause de sa réputation de plante aphrodisiaque. Il s’agit en fait de deux espèces différentes, à savoir
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Satureia hortensis L. (Lamiaceae) ou sarriette des jardins et Satureia montana L., la sarriette des montagnes. Le nom de Satureia trouverait son origine dans le mot satyre.
Les fruits du gattilier contiennent une huile essentielle formée de terpènes, de glycosides d’iridoïdes comme l’agnuside, et de flavonoïdes particuliers comme la casticine. Dès 1943, une firme pharmaceutique allemande a commercialisé un extrait de baies de gattilier standardisé en agnuside, substance caractéristique de la plante. Cette préparation était indiquée à l’origine pour le traitement de la tension et des douleurs aux seins survenant avant les règles. Elle est reconnue maintenant dans le monde entier pour le traitement du syndrome prémenstruel.
Des études cliniques en double aveugle et contre placebo ont montré l’efficacité réelle de cette plante. Actuellement, de nombreuses préparations ont reçu l’autorisation de mise sur le marché comme médicament. Il faut choisir ce type de préparation et non des
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compléments alimentaires à base de gattilier que l’on trouve aussi en pharmacie, mais surtout en vente par le biais d’Internet. Ces préparations échappent le plus souvent aux contrôles de qualité les plus élémentaires et n’ont fait l’objet d’aucune étude clinique !
Parmi les préparations reconnues comme médicaments figurent aussi des extraits standardisés en casticine, une autre substance caractéristique du gattilier.
Il faut se rendre à l’évidence que pour être efficace, un traitement avec des médicaments à base de gattilier doit durer au moins douze semaines. Il faut compter entre un et trois cycles menstruels avant de pouvoir constater une amélioration, voire une disparition totale des symptômes typiques du syndrome prémenstruel.
Il est prudent de prendre l’avis d’un médecin avant un traitement par des préparations à base de gattilier. Ces préparations peuvent être prises en même temps qu’un contraceptif oral (la pilule). En principe, il n’y a pas de raison de prendre ces médicaments pendant la grossesse puisque l’absence de règles durant cette période supprime les troubles qui y sont liés. Par mesure de prudence, les fabricants de ces phytomédicaments déconseillent fortement de les consommer durant la grossesse et la période d’allaitement. On ne peut pas faire des infusions avec le gattilier car les principes actifs (terpènes) ne sont pas solubles dans l’eau.
Aucun effet indésirable n’a été observé jusqu’à présent à part de très rares cas de maux de tête passagers et de troubles gastrointestinaux légers.
En 1998, des chercheurs allemands ont constaté que le gattilier pouvait aider les femmes ayant des problèmes de fertilité, notamment ceux dus à une insuffisance en progestérone. Dans ce cas, le traitement doit durer au moins six mois. Ces observations semblent confirmées par une étude réalisée aux États-Unis. Mais cette nouvelle indication pour le gattilier doit encore être confirmée par des études cliniques avec un nombre plus élevé de patientes et de durée plus longue. Une affaire à suivre car l’infertilité féminine reste un problème important au sein de nombreux couples.
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Les troubles de la menstruation
Ces troubles sont aussi connus sous le nom de dysménorrhée. Ce terme englobe les règles irrégulières, les règles douloureuses et encore les règles trop abondantes et de durée trop longue. Dans ce dernier cas, on parle aussi de ménorragie. Les règles douloureuses sont fréquentes à la fin de l’adolescence et disparaissent souvent après une première grossesse. Elles peuvent avoir des causes très diverses que seul le médecin spécialisé en gynécologie arrivera à déterminer. Quelques plantes peuvent apporter un soulagement.
L’alchémille, Alchemilla xanthochlora
Cette plante de la famille Rosaceae est connue sous le nom d’alchémille vulgaire ou Alchemilla xanthochlora Rothm. (syn. Alchemilla vulgaris L.). Elle est parfois aussi appelée manteau de Notre-Dame ou alchémille porte-rosée. Cette dernière appellation est connue depuis l’Antiquité car les alchimistes récoltaient, le matin tôt, la rosée accumulée sur les feuilles qui, selon eux, pouvait transformer des métaux comme le fer en or ! L’alchémille vulgaire pousse dans les prairies et pâturages de la plaine jusqu’en montagne. Mais en haute altitude, on rencontre d’autres espèces comme Alchemilla alpina L. ou l’alchémille des Alpes ou encore Alchemilla glacialis Buser, l’alchémille des glaciers.
L’alchémille vulgaire est aussi fréquente en Amérique du Nord et en Asie jusqu’à environ 2000 m. Elle est absente du bassin méditerranéen. Elle se laisse bien cultiver. Il s’agit d’une plante vivace de 10 à 30 cm de haut à la tige érigée et ramifiée. Les feuilles sont divisées en 7 à 9 lobes et leur bord est grossièrement dentelé. Les fleurs sont petites et de couleur jaune verdâtre. Les parties aériennes fleuries séchées font partie de la Pharmacopée européenne. Elles sont très riches en tanins et contiennent aussi des flavonoïdes. En raison de ses tanins, la plante est surtout utilisée pour le traitement des diarrhées légères. En usage externe, elle permet d’arrêter les saignements, favorise la cicatrisation des plaies, soulage les jambes lourdes. L’infusion sert aussi à faire des bains de bouche pour l’hygiène buccale.
Des plantes contre les troubles de la menstruation
La plante est considérée comme un régulateur du cycle menstruel. Mais elle est aussi indiquée pour le traitement des douleurs prémenstruelles et menstruelles et des ménorragies. Son utilisation est très populaire sous forme de « tisanes pour la femme » que l’on trouve en sachets-doses dans le commerce spécialisé qui propose aussi des extraits fluides et secs, des dragées et des comprimés.
L’alchémille est sans aucun doute une des plantes les plus utilisées par les femmes, mais son efficacité réelle devrait être prouvée par des études cliniques sérieuses. En usage externe, elle est parfois recommandée sous forme de bains de siège pour le traitement des pertes blanches avec des préparations pharmaceutiques ou une infusion préparée soi-même.
Conseils pratiques
On peut préparer une tisane d’alchémille en versant 1 l d’eau bouillante sur 20 g de plantes séchées et coupées. Filtrer après 10 minutes et boire 2 à 3 tasses par jour lors de douleurs liées au cycle menstruel de règles irrégulières ou trop abondantes. La modération s’impose toutefois car un usage prolongé de l’alchémille peut conduire à la constipation à cause de la teneur élevée en tanins.
Alchémille vulgaire ou Alchemilla xanthochlora.
Alchémille des Alpes ou Alchemilla alpina.
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La bourse-à-pasteur, Capsella bursa-pastoris
Appelée bourse-à-pasteur du fait de la ressemblance des fruits triangulaires, aplatis et échancrés, avec un ancien sac de berger, cette plante se nomme Capsella bursa-pastoris (L.) Medicus en latin.
Elle fait partie de la famille Brassicaceae (anciennement Crucifères) à laquelle appartiennent entre autres des plantes comme le chou, le radis, la moutarde, le raifort et encore le colza.
La bourse-à-pasteur est une plante abondante que l’on rencontre aussi bien en plaine qu’en montagne jusqu’à environ 1600 m d’altitude. Elle est annuelle avec des tiges érigées qui atteignent 50 cm de hauteur. Les feuilles sont très petites de couleur vert grisâtre et les fleurs blanches sont également petites. La bourse-à-pasteur est connue depuis l’époque de la Grèce antique pour ses propriétés médicinales. Au Moyen-Âge, on la nommait sanguinaire non parce qu’elle provoque des saignements, mais parce qu’elle les arrête ! Mais il ne faut pas confondre cette plante avec la sanguinaire ou Sanguinaria canadensis L.
Il ne faut pas confondre la bourse-à-pasteur avec la sanguinaire ou Sanguinaria canadensis.
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L’échinacée,
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