Ainsi, en pratiquant les exercices de ce livre, vous ressentez la force du vivant qui se répand dans la globalité de votre corps et qui devient terreau pour la détente et l’allégresse, les eaux paisibles et circulantes, les cicatrisations des chairs et du cœur. Alors, sans plus rien faire d’autre que d’être simplement là, présent dans l’instant, vous honorez cet élan de vie qui érige les arbres vers le ciel et qui grandit aussi en vous. En voyageant dans ce livre, Vincent Karche vous invite à fréquenter les arbres et votre voix, deux puissantes voies de passage vers l’inconditionnel et l’essentiel.
Riche des deux métiers-passions qu’il a exercés depuis plus de trente ans, technicien forestier puis ténor d’opéra, Vincent Karche a accompagné près de 5000 personnes chanter en forêt. En 2011, la proposition s’appelait RandOlyric, et elle s’est d’abord ancrée dans les Vosges, puis a voyagé aux quatre coins de France, en Suisse, en Allemagne, au Canada et au Burundi, s’adressant à tous les publics. En parallèle, Vincent Karche publie plusieurs livres et propose de nombreuses conférences. En 2021, il s’associe à un médecin du CHU de Nantes et un ancien responsable de l’UNICEF pour créer l’association sylvalyric.org (Arbre, Voix, Santé), la première expérience en France alliant bienfaits des arbres et de la voix, pour profiter de leurs vertus thérapeutiques ISBN 978-2-8289-1981-8 en milieu médical. ISBN 978-2-8289-1981-8
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VINCENT KARCHE
Une sylvothérapie à pleine voix
Quand vous chantez en forêt, c’est l’essence de la Nature qui s’exprime en vous. D’abord les arbres vous offrent tout, leur présence, leur oxygène, leurs substances odorantes, leur fraîcheur et leur calme. Ils sont sources de bienfaits : des scientifiques du monde entier l’ont prouvé depuis des dizaines d’années. Ensuite, la voix vient stimuler les recoins oubliés de votre corps qui ne demandent qu’à retrouver leurs fourmillements, leur vitalité et leur potentiel. Et leur joie aussi.
VINCENT KARCHE PRÉFACE ERNST ZÜRCHER
Une sylvothérapie à pleine voix Vibrer avec les chants de la forêt
Le forestier-ténor, auteur d’Un loup dans la gorge et des 12 sagesses des arbres, vous invite à trouver votre voie
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Vincent Karche
Une sylvothérapie à pleine voix
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Photo 1 : Hêtre gardien chanteur de la forêt du Gâvre (France 44), photo Vincent Karche
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Préface Une « sylvothérapie par le chant », cela ne concerne pas seulement les humains qui ont recours à la forêt pour guérir, mais peut-être aussi les forêts elles-mêmes, qui avaient vu les humains s’éloigner d’elles. En effet, un formidable changement de paradigme est en train de s’opérer. Pour nombre d’entre nous, « l’impérialisme cognitif occidental » (B. de Sousa Santos 2018), qui voudrait qu’en dehors de l’esprit humain il n’y ait que des choses, n’est plus tenable. Pire : il apparaît comme responsable de graves problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, tant au niveau écologique et climatique qu’au niveau économique et social. L’un des aspects de ce changement dans notre représentation du monde est que même dans le milieu scientifique, des questions impensables, il y a peu de temps encore, émergent et alimentent la réflexion. La plus fondamentale d’entre elles est certainement celle, non pas de la vie sur Terre, mais bien de la Terre elle-même vue comme un être vivant, un organisme. Des revues de vulgarisation scientifique en font aujourd’hui leur page de titre, Et si la terre était vivante : pourquoi les scientifiques y croient (Science & Vie, mars 2020). Ceci est en train de rejoindre une évidence universelle chez tous les peuples racines, pour lesquels la Terre-mère – Pachamama – est un être qu’il faut non seulement respecter, mais avec lequel l’humain peut communiquer. 7
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Une sylvothérapie à pleine voix
La même évolution des consciences a eu lieu dans les dernières décennies au sujet des forêts, qui peuvent également être perçues comme des organismes complexes où le végétal surpuissant (la flore) interagit et coévolue avec la part animale (la faune) – l’un n’étant pas viable sans l’autre. Parallèlement à celà, une toute récente discipline scientifique est en train de s’établir, capable d’appréhender un organisme d’une manière beaucoup plus globale que jusqu’alors : en analysant et décodant ce qu’il dit – ou chante – de lui-même : il s’agit de la bioacoustique pour les organismes individuels ou de l’écoacoustique pour des écosystèmes pris dans leur totalité. Cette discipline permet de visualiser cette impressionnante expérience que l’immersion dans une forêt nous offre, avec ses grandes variations phoniques quotidiennes, tout comme saisonnières. Au sujet de nos forêts tempérées, les chercheurs parlent du « chœur du matin » où les oiseaux jouent un grand rôle, émergeant aux premières lueurs du jour et se terminant après le lever du soleil. Une forêt tropicale constitue encore davantage un grand orchestre riche des multiples voix que lui prêtent batraciens, insectes, oiseaux et mammifères. Les sonogrammes que livrent les relevés écoacoustiques sont là d’une grande beauté visuelle, où la puissante chorale nocturne des insectes et des grenouilles se termine par le point d’orgue presque terrifiant des singes hurleurs à l’aube, le tout faisant place dans la journée au chant des oiseaux et aux stridulations des insectes, mais à un niveau sonore nettement moindre. Ces deux approches peuvent converger, et nous permettre de réaliser qu’en fait, c’est la forêt, organisme qui chante, nous enchante – à l’aide de son larynx ! – avant peut-être d’observer que c’est par le truchement de certains oiseaux, insectes, batraciens ou mammifères. Par analogie, nous ne dirons jamais que c’est le larynx d’une personne qui nous parle, mais la personne elle-même en tant qu’individualité. 8
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Préface
Pour évoquer encore la sagesse de certains peuples autochtones en lien avec l’expression vocale, citons ici Galina Schatalova (1916 - 2011) , chercheuse et médecin russe chargée de la préparation des cosmonautes, auteure d’un concept de régénération révolutionnaire. « … On trouve la pratique du chant chez de nombreux peuples. D’en faire des plaisanteries ou même de s’en moquer est plus que de la bêtise. Ne serait-ce pas mieux de voir dans les traditions d’autres peuples, même si elles nous paraissent de prime abord étranges ou inhabituelles, comme l’expression de leur lien profond et organique avec la nature, lien qui manque tant aux humains artificiels de notre civilisation moderne ? », Galina Schatalova mentionne en particulier le peuple sibérien des Yakoutes, célèbre pour sa longévité (elle parle d’un âge de 133 ans). Ceux-ci, en plus d’un régime alimentaire très particulier, ont l’habitude, lors de leurs déplacements dans les grands espaces, de chanter en décrivant tout ce qui se présente progressivement à leur vue. La grande scientifique interprète cette pratique comme permettant à l’organisme de s'autoréguler en permanence de façon optimale, sans être perturbé par des interférences venant du psychisme humain. Tout ceci nous laisse maintenant pressentir ce que signifie la rencontre et l’interaction du chant humain avec celui de la forêt. Nous pouvons d’une part affiner et élargir notre perception de la sylve et en ressentir les bienfaits, mais nous savons d’autre part que les plantes disposent d’une forme « d’intelligence émotionnelle », (Cleve Backster, 2014) par rapport à leur environnement et aux autres formes du vivant qui s’en approchent. Que signifie alors pour les arbres et les forêts que nous venions à leur rencontre avec des chants – une forme d’expression qu’elles nous ont inspirée ? Serons-nous enfin en mesure de (re)pratiquer un vrai « donner et recevoir », où la contrepartie aux bienfaits dont nous profitons de leur part serait ce que nous avons de plus profond, de plus 9
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Une sylvothérapie à pleine voix
personnel et de plus précieux à offrir : notre émerveillement, notre mélodie, notre chant ?
Ernst Zürcher, ingénieur forestier et écrivain
Backster, C. (2014) : L’Intelligence émotionnelle des plantes. Avec Ervin Laszlo, Bénédicte Fumey, Jacques Collin et Michèle Choquet, Guy Trédaniel Editeur, Paris. Schatalova, G. (2006) : Heilkräftige Ernährung. Eine energetische Lebensmittel- und Heilkräuterkunde für wahre Gesundheit, Goldmann-Verlag, München. The End of the Cognitive Empire: The Coming Age of Episte mologies of the South (2018), Boaventura de Sousa Santos, 1er février 2021, https://critique.sps.ed.ac.uk/ the-end-of-the-cognitive-empire/
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Introduction Avez-vous remarqué ? En forêt vous respirez soudainement mieux, vos pensées s’apaisent et vos idées retrouvent leur clarté au hasard du sentier ? Avez-vous également ressenti à quel point la prise de terre, réancrée au milieu des arbres, vous donne de l’énergie et vous procure un souffle nouveau ? Avez-vous laissé surgir la joie toute simple en frôlant les écorces et les mousses, en respirant les effluves des diamants de résine, ou en vous accordant au bruissement des feuillages ? Avez-vous perçu les vibrations de votre voix qui reviennent en boomerang, après un voyage sur la peau lisse des troncs ? Vous êtes-vous émerveillé de la quantité phénoménale d’êtres vivants qui habitent les arbres ? Ceux qui chantent, sifflent, bruissent, creusent, gravissent, s’appuient, se protègent, boivent, grignotent ou construisent leur nid ? Ça saute aux yeux, aux oreilles, et aux narines, en forêt ça grouille de vie et spontanément ça stimule le grouillement de vie en vous. Et vous vous sentez bien. D’où provient ce bien-être ? La réponse se trouve peut-être là, dans les racines, les troncs et les feuillages. Car les arbres sont des êtres vivants de pure présence. Ils vous invitent à vous reconnecter à votre propre présence, à ce jus de vie de l’instant qui s’est 11
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Une sylvothérapie à pleine voix
parfois dilué dans les bruines des regrets, des émotions perturbatrices, ou des projections du mental. Une vraie rencontre avec soi. Par leur façon de vivre, grandir, et rebondir, et aussi par leur constitution, pied dans la terre, cœur en soutien, et bras tendus vers le ciel, les arbres sont des sources profondes d’inspiration, de guérison, ou tout simplement de détente, de régénération et de dynamisation, pour nous les êtres humains. Partons à leur rencontre, souvent, spontanément. Aimons-les, protégeons-les. Ils nous attendent.
Photo 2 : Lumières dans le parc des Vosges du Nord (France 67), photo Vincent Karche
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Chapitre 1
Présentation de la sylvothérapie Le terme « sylvothérapie » regroupe des pratiques très diverses. Elles puisent cependant toujours leur origine dans une façon de fréquenter les arbres et de ressentir les bienfaits qu’ils procurent. La plupart du temps, on vous propose de les observer, de les toucher, de les sentir, ou de respirer avec eux. Ensuite certains vous emmènent plus loin en expérimentant quelques instants de méditation sous leur ombrage, pieds nus sur la terre. Enfin, d’autres vont même jusqu’à vous inviter à ressentir leurs énergies, ou bien encore leurs harmonies subtiles en chantant auprès d’eux. Que l’approche soit botanique, scientifique, médicale, philosophique, psychologique, sensorielle, sportive, énergétique, vibratoire, artistique, spirituelle ou métaphysique, il y a une sylvothérapie faite pour vous. Dans tous les cas, vous plongez dans le bain de l’instant offert par les arbres, et l’intensité de l’expérience dépend des profondeurs que vous vous autorisez à atteindre. Finalement la sylvothérapie est une manière, en surface ou dans les tréfonds, de rencontrer votre être.
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Une sylvothérapie à pleine voix
Origine de la sylvothérapie Si les mots « sylvothérapie » ou « bain de forêt » (shinrin yoku) sont nés au début des années 1980 au Japon, quelques tentatives de pratique sont apparues bien avant, par exemple avec les cures forestières mentionnées dans la revue Eaux et Forêts en 1912 ou avec la présence d’un sanatorium en forêt landaise, dès 1800. En 1985, Georges Plaisance, ingénieur des eaux et forêts, publie un article dans Forêt et Santé qui lance ainsi officiellement la sylvothérapie en France. Bien avant notre époque contemporaine, au XIIe siècle très exactement, une léproserie est ouverte en forêt du Gâvre (44) autour d’une chapelle (Sainte-Madeleine), offrant ainsi un mieux-être protecteur à ceux qui sont en fin de vie, tout en les éloignant du monde pour éviter les contagions. Sous le règne du roi Louis VIII, en 1225, il existe en France ainsi plus de mille léproseries, souvent installées en forêt. « Sylvothérapie » : définition
« Sylvothérapie » est constitué de deux mots, sylvo et thérapie, ce qui veut dire « thérapie par la forêt ». En France, cette dénomination est audacieuse, car le mot thérapie reste associé aux actes médicaux, exclusivement. On ne s’aventure pas n’importe quelle manière sur les chemins forestiers avec le mot thérapie dans le sac à dos. Son équivalent, « bain de forêt », est une formulation plus largement répandue et acceptée aujourd’hui. Mais les choses évoluent, l’Office national des forêts utilise de plus en plus le terme de « sylvothérapie » pour des événements qu’il crée ou des zones forestières qu’il aménage.
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Présentation de la sylvothérapie
Et si l’on remonte plus loin encore, qui furent les premiers véritables sylvothérapeutes de l’histoire de l’humanité ? Où a-t-on pratiqué de façon consciente pour la première fois le bain de forêt ? À certaines lointaines époques, la question ne se posait pas. Les hommes vivaient en harmonie avec leur milieu, la forêt. Et y forgeaient naturellement et quotidiennement leur équilibre. Une existence quelquefois rude mais toujours ancrée dans la réalité. Les témoins vivants de ces époques originelles sont aujourd’hui les peuples premiers. Les peuples racines
Une manifestation telle que le forum des peuples racines, en mai 2019, à Strasbourg, a invité quelquesuns des gardiens de la terre et des forêts. Venant de trois continents, les Navajos du Nouveau-Mexique, les Tapirapés du Brésil, les Lobas du royaume du Mustang, les Massaïs du Kenya et les Mayas du Mexique ont lancé un cri d’alarme et partagé avec force leur amour de la terre et des arbres. Cet appel est réitéré pendant le forum 2021 et prend une résonance toute particulière, suite à la période covid. Ces représentants de cinq peuples auraient pu être entourés de tant d’autres peuples premiers, les Aborigènes d’Australie, les Wendats-Hurons du Québec, les Kogis de Colombie, les Bushmen et Himbas de Namibie, tous soucieux de partager le même message : aimons et protégeons les arbres. Car tous vivent au quotidien en leur compagnie et connaissent l’étendue de leurs bienfaits. Par exemple, les Himbas pratiquent un rituel ancestral : aucune grande décision n’est prise sans une concertation des membres de la communauté sous le plus grand arbre sacré du village, un mopane. …/…
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…/… Qu’ils soient en ligne directe avec la sagesse de leurs ancêtres sans avoir jamais quitté leur forêt primaire, ou qu’ils en aient été partiellement coupés à cause des invasions colonisatrices, et soient en phase de reconstitution, ces peuples nous rappellent l’évidence : l’équilibre, le bien-être, et la santé d’une population dépendent du temps, de l’intimité et du respect qu’elle consacre aux arbres et à la nature.
Et nous, en Occident ? Avec la pratique en pleine expansion de la sylvothérapie, la médiatisation croissante de tout ce qui concerne la forêt, et ces multiples ouvrages ayant fleuri depuis le début des années 2000, ne sommes-nous pas également en phase de reconstitution du lien avec nos arbres, à la recherche pressante de la globalité de nos racines, après les avoir tronçonnées nous-mêmes ? Sans doute y a-t-il eu de bonnes raisons pour nous éloigner de la nature – elle était rude, inconfortable – et nos ancêtres aspiraient légitimement à une vie plus aisée. En parallèle, l’ego surdimensionné des hommes et de leurs dirigeants a voulu se placer au-dessus de la nature, en croyant la dominer, la dompter, manifestant ainsi la preuve de leur divine toute-puissance. De surcroît, il faut bien reconnaître que la culture judéo-chrétienne nous a quelque peu éloignés du corps, de la chair, de la matière vivante (le péché n’est-il pas représenté par la pomme croquante de l’arbre originel ?). On en a presque oublié les traditions qui ont précédé et qui glorifiaient les arbres, également en Occident. Les druides jadis, tout comme les Himbas aujourd’hui, ne célébraient-ils pas leurs arbres au milieu de forêts qu’ils considéraient comme sacrées ? Je pourrais citer tant d’exemples, le frêne Yggdrasill scandinave, arbre cosmique du monde, le frêne de Poséidon, le culte du chêne en passant de Zeus aux druides, 16
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Présentation de la sylvothérapie
l’olivier de la fondation d’Athènes, le figuier de Rome, ou encore le bouleau des chamans sibériens… Et en Asie, un des premiers sylvothérapeutes connus, c’est-à-dire un homme ayant décidé sciemment et consciemment de respirer au pied d’un arbre, n’est-il pas celui que l’on nomme le Bouddha ? Pourquoi a-t-il choisi un arbre, le pipal (Ficus religioso), et non un temple, un océan ou une montagne, pour atteindre l’illumination ? Avait-il la conscience que cet être de pure présence allait pouvoir l’aider ? Sans l’ombre d’un doute. (Pour en savoir plus, lire Mythologie des arbres de Jacques Brosse chez Payot.)
La sylvothérapie, qu’est-ce que c’est ? Une pratique de pleine nature
La sylvothérapie, c’est d’abord revenir dans la nature. Pourquoi ? Pour se sentir respirer, pour se sentir ancré, équilibré, pour se sentir vivant.
Photo 3 : Arbres sacrés, Namo Buddha, Népal, photo Vincent Karche 17
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Une sylvothérapie à pleine voix
Photo 4 : Ranibari Community Forest, Kathmandu, Népal, photo Vincent Karche La sagesse des arbres
En forêt, on regonfle ses batteries, on respire à pleins poumons, on ouvre tous ses sens. La joie coule dans nos veines et l’on se sent à nouveau capable de tout. On retrouve la sensation que nous sommes la nature.
Une philosophie de vie En observant les arbres, leur manière de vivre, de survivre, de guérir, de renaître et de mourir, nous recevons de profondes inspirations pour nos propres vies humaines. Les arbres suivent toujours le rythme des saisons, savent tout donner, savent se reposer, savent terminer une phase, laisser aller, laisser mourir. Chacun a sa place, aucun d’eux n’est plus important qu’un autre. Ils vivent ensemble, hautement interconnectés, mûs par 18
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Présentation de la sylvothérapie
une force de solidarité hors du commun. Comment ne pas s’en inspirer ?
Une thérapie
L’enjeu de la sylvothérapie, c’est d’abord d’aller bien, mieux, tout simplement. Guérir, soigner, ou apaiser nos maux du corps et de l’esprit, nos petits stress du quotidien ou les crises de nos grandes étapes de vie. De ce bien-être, de cet équilibre mental et de cette santé retrouvés ou renforcés, découle une conscience qui nous rend responsables vis-à-vis de l’ensemble des êtres vivants. Et capables d’agir en conséquence. À l’échelle des peuples, c’est une thérapie collective. En respectant la planète Terre, en respectant les arbres, les fleurs, les animaux, nous nous respectons nous-mêmes et nous cessons toute forme d’abus. Ainsi, dans le souci de sa pérennité, nous exploitons la forêt avec parcimonie, de la façon la plus juste possible, ne prélevant jamais plus que ce qu’elle peut produire, préservant ainsi la biodiversité et la beauté des paysages. Forts d’une nouvelle conscience collective, nous permettons à certains bois de vivre leur vie sans nous, et de reconstituer ainsi des zones de forêts primaires. Des zones qui retrouvent la richesse de la biodiversité originelle. De la richesse de vie. La sagesse des arbres
Ce que nous créons à l’extérieur de nous, nous le créons d’abord en nous. Abondance du vivant.
Intérêt de la sylvothérapie aujourd’hui Nul ne peut aujourd’hui le nier, les pollutions et abus en tous genres mettent en péril l’équilibre du vivant sur notre planète Terre. Il y a donc aujourd’hui une urgence : 19
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Une sylvothérapie à pleine voix
fréquenter de nouveau les forêts, réentendre la voix de nos racines, rééquilibrer l’intelligence du mental, du cœur et du corps. C’est en accordant notre mental aux rythmes du vivant, grâce aux extraordinaires catalyseurs du vivant que sont les arbres, que nous prendrons les justes décisions de respect pour nous-mêmes, et pour la collectivité humaine. La sagesse des arbres
Si l’arbre est compagnon de notre joie, de notre santé ou de notre bien-être, il est aussi potentiellement le compagnon de notre discernement et de notre éveil. À nous de décider jusqu’où nous cheminons, en murmure avec lui. Et c’est maintenant.
Et la sylvoixthérapie ? Avez-vous déjà chanté, sous la douche, dans la forêt, seul ou avec d’autres dans une chorale ? Avez-vous remarqué à quel point l’on se sentait vivant pendant cet acte de chanter ? Avez-vous aussi remarqué que la voix était un baromètre de votre état de bien-être ? Bloquée quand une émotion était coincée ou grande ouverte et puissante quand vous vous sentiez libre, épanoui ? Il y a de nombreuses voies de passage pour ressentir le vivant pulser en soi et retrouver son essence. La rencontre avec les arbres en est une. La vibration de sa voix dans toutes les parties de son corps en est une autre, et elle agit en profondeur. L’idée m’est donc venue de réunir mes deux compétences professionnelles (forestier, ténor lyrique), qui sont avant tout mes deux passions, pour proposer des instants de rencontre avec le double catalyseur du vivant en vous. 20
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Présentation de la sylvothérapie
La sylvoixthérapie est d’abord née en 2011, sous la forme des RandOlyrics, parcours sensoriels et chantés en pleine forêt, dans le parc naturel des Ballons des Vosges. Puis la proposition a évolué vers une sylvothérapie couplée à un chant plus spontané, improvisé, entièrement créé dans l’instant. Un chant massage à l’intérieur de soi. La sylvoixthérapie a ainsi vu le jour, et continue à évoluer. Mai 2020 accueille la naissance de l’association SYLVA LYRIC dont l’objectif est de développer les activités liées au bien-être par les arbres et le chant, en se reconnectant à toutes les enfances, les enfants d’aujourd’hui et les enfants intérieurs qui respirent encore en chaque adulte. (Pour connaître toutes les initiatives de l’association, et pour contribuer, consultez www.sylvalyric.org)
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Photo 5 : Séquoia, Promenade Déroulède, Guebwiller (France 68), photo Vincent Karche
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EXTRAIT d'un livre paru aux Éditions Favre.
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