NIKOS ALIAGAS P01-Des amis v14.indd 16
24/08/2012 14:48
« ON DOIT GARDER SA PART D’ENFANCE DANS L’AMITIÉ ! »
P01-Des amis v14.indd 17
24/08/2012 14:48
Kostas, DJ. C’est son pote de bac à sable. Ils se sont
connus en terre hellénique. Nikos, le petit Parisien de 6 ans, revenait chaque été dans le village de sa grandmère, à Missolonghi. Une amitié de trente-cinq ans les lie malgré l’éloignement géographique. Désormais, Kostas vit à Bruxelles où il est l’heureux propriétaire et le DJ d’un night-club, baptisé Ethnic. Kostas considère Nikos comme son frère : « La dignité et le respect sont nos valeurs communes », dit-il.
Stéphane Cosnefroy, manager d’artistes. Ils se sont connus
et appréciés sur les bancs de la Sorbonne et se sont fixés un seul objectif : réaliser leurs rêves tout en surmontant l’adversité. Aujourd’hui Stéphane est un brillant manager d’artistes, marié à Nathalie Lebreton, co-animatrice historique des Maternelles sur France 5 et confidente de Nikos. Chaque fois qu’il le peut, il ramène Nikos vers sa passion première : la musique. Ensemble, ils ont réalisé le premier album de Nikos, sorti en Grèce uniquement « pour ne pas passer pour des opportunistes en France ! »
P01-Des amis v14.indd 18
24/08/2012 14:48
La galaxie NIKOS Guillaume Lacroix, producteur. Ils auraient pu
devenir les meilleurs ennemis du Paf : Guillaume et Nikos cultivent une amitié indéfectible. Guillaume a présenté le premier numéro de 50 mn inside, sans succès. Nikos a été appelé en renfort. Depuis, l’un est devenu l’heureux producteur des Infidèles, et l’autre donne de la voix sur TF1. « Dans ce milieu de la télé, Nikos est un être d’une rare élégance. » On le croit !
Nikos Aliagas, né le 13 mai 1969, du signe du Taureau. Sur TF1, il fait les beaux jours du divertissement avec des émissions à succès comme Après le 20 h c’est Canteloup, 50 mn inside mais aussi The Voice. Il a interviewé tout ce que le show-biz français et international compte de stars. Mais l’homme ne s’émoustille pas de bravades. C’est un bosseur, un coureur de fond. Dans ses rêves les plus fous, il s’imagine chanteur, mais pour l’heure, c’est en Grèce qu’il s’adonne à cette folle passion. Histoire de ne pas brûler les étapes et sous le regard complice de ses trois copains… à la vie.
P01-Des amis v14.indd 19
24/08/2012 14:48
Là, je vous présente ma vraie «bande de potes. Ensemble, on rit comme des enfants, ou on pleure, sans faux-semblants.
»
Nikos et Stéphane Cosnefroy.
P01-Des amis v14.indd 20
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 21
L
’ amitié, est-ce un sujet sur lequel vous vous sentez particulièrement légitime ?
Nikos Aliagas : Oui, je crois. Je n’ai jamais trahi mes amis, ni le temps qui nous lie, l’innocence qu’on avait avant de grandir, les rêves que nous faisions ensemble. On doit garder sa part d’enfance dans l’amitié. Même avec des potes plus récents, comme Guillaume Lacroix, je n’ai pas trahi la première poignée de main qu’on s’est donnée en mecs. Quand ça va bien pour eux, je suis fier. Je n’ai jamais ressenti une once de jalousie. Quand Guillaume monte son film Les Infidèles avec Jean Dujardin et qu’il est à Los Angeles, le jour des Oscars, pour The Artist, je suis rempli d’une fierté absolue. Il m’a envoyé une photo à quatre heures du matin et j’étais aux anges pour lui. De son côté, il avait reçu un texto annonçant les excellentes audiences de The Voice et il était hystérique pour moi. Voilà, quand on est contents avec mes potes, on est comme des gamins. Nous n’avons pas été rongés par le cynisme de la vie d’adulte. Ni par le système de la médiatisation ? Ce qu’il y a d’étonnant avec vous, les gens de la télévision, c’est que vous ne vous liez pas d’amitié entre vous. On est loin de la grande famille du cinéma avec la bande de Dujardin, Lellouche, Canet et qui nous fait tant rêver… À la télévision, tout va beaucoup plus vite, tout est beaucoup plus prosaïque. Les gens défilent. Tu peux travailler toute une saison avec quelqu’un, tu es à fond avec lui, et six mois plus tard tu changes d’équipe et ton pote peut même être passé à la concurrence. Au cinéma, c’est différent : tu passes des mois sur un film, la mise au monde du bébé commun est gérée différemment. La grande famille du cinéma existe, même si je suis persuadé que ça doit flinguer aussi, comme à la télé ! Y a-t-il des animateurs avec qui vous auriez aimé vous lier d’amitié si le rythme n’était pas aussi dense et la concurrence aussi rude ? Ça va vous paraître étrange, mais je vais vous parler de Marc-Olivier Fogiel. Nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas le même parcours, nous avons été concurrents en radio, mais j’aime sa combativité. J’ai de l’estime pour les bosseurs. Je laisse faire le temps. Sait-on jamais… Vous n’êtes pas marié, vous n’avez pas d’enfant : quelle place prend le cercle amical dans votre vie d’homme ? Où placez-vous le curseur de l’amitié ? Si tu perds tes amis à cause d’une femme, c’est que ce n’est pas la bonne. Pour moi, c’est une règle d’or. Si elle t’aime, elle aimera ceux que tu aimes !
P01-Des amis v14.indd 21
24/08/2012 14:48
22
Nikos et Maria, sa sœur, en Grèce sur l’île d’Alonissos dans les Sporades, en 2009.
P01-Des amis v14.indd 22
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 23
Et ça a toujours été le cas ? Non (rires). Et je reste intimement convaincu que la fiancée qui snobe ton ami d’enfance le fera également avec ta famille. Et là, on ne touche pas ! Ça ne se discute même pas ! Étonnamment, il n’y a pas une femme parmi vos amis proches. Vous ne seriez pas un peu macho, Nikos ? Vous croyez ? (rires) Je pourrais vous parler de ma sœur Maria, avec qui j’ai une vraie complicité. On travaille même ensemble désormais. Avec elle, je peux tout aborder, il est vrai que c’est sans ambigüité ! (rires) Maria, c’est ma conscience, mon double. Pour elle, ce n’est pas toujours facile d’être dans l’ombre justement, mais outre notre lien familial, elle est ma confidente, mon épaule et parfois mon éponge. Elle est plus pudique que moi quand il s’agit de raconter des choses personnelles. Mais on se complète parfaitement. Et mes potes appellent Maria, « la patronne ». Comment vos parents ont-ils pris le fait que vous travailliez ensemble ? Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, Maria a donc quitté France Télévisions après sept ans de bons et loyaux services. Ce jour-là, notre mère nous a fait jurer de ne jamais nous disputer pour des histoires de sous ou d’ego. On honore chaque jour cette promesse. Et je peux vous dire qu’elle ne me protège pas si je fais une connerie, mais je dois avouer qu’elle m’évite souvent d’en faire. Une star de la télévision comme vous l’êtes doit être souvent sollicitée. Repérez-vous les opportunistes ? Où êtes-vous un grand naïf en amitié ? J’ai incontestablement un instinct qui s’est développé avec le temps. Au début de ma carrière, j’étais toujours emballé par mes rencontres amicales. Puis je suis passé par le stade de la suspicion permanente à la suite d’une ou deux déceptions. En fait, il faut du temps ! Il y a des gens pour qui j’ai une véritable estime : c’est le cas de Jean-Claude Ruffin ou Didier van Cauwelaert. On ne connaît pas nos intimités respectives, mais quand on se voit, je sais qu’ils me veulent du bien et réciproquement. Le plus ancien de vos copains, Kostas, est grec et vit désormais à Bruxelles. Vous vous connaissez depuis que vous avez six ans : une amitié de bac à sable, pourrait-on dire. Serait-il le frère que vous n’avez jamais eu ? Oui, c’est ça ! À vrai dire, j’étais d’abord le pote de son frère Yannis, mais la vie a fait que je suis devenu plus intime avec Kostas. Quand je pense que Yannis était le plus volage de nous trois, et il est désormais père de deux enfants. On se retrouve avec
P01-Des amis v14.indd 23
24/08/2012 14:48
24
Nikos en primaire à l’école des Recollets à Paris, dans le 11e arrondissement.
P01-Des amis v14.indd 24
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 25
Kostas comme de vieux cons. On se dit souvent que l’on va finir comme les deux petits vieux du Muppet Show. C’est notre hantise ! Mais, pour être sérieux deux minutes, Kostas, c’est une vraie amitié. Quand on était gamins, on ne pensait pas qu’un jour, je serais à Paris et lui à Bruxelles. KOSTAS « Avec mon frère Yannis, nous habitions Missolonghi en Grèce. Chaque été annonçait l’arrivée de Nikos chez nous. Il venait pour deux mois. Un été, nous avions dix ans environ, nous sommes partis tous les trois jouer au basket avec une autre bande de garçons. Avant de pouvoir rentrer sur le terrain, le chef de la bande opposée, nous a demandé : ‘‘Qui est-ce ?’’ en parlant de Nikos. Nous lui avons rétorqué que c’était notre ami et qu’il venait de Paris. Le gars nous a alors répondu que pour jouer, nous devions, mon frère et moi, recevoir une baffe chacun. Nous avions accepté fièrement, mais Nikos s’en est mêlé. Il leur a dit : ‘‘Moi aussi, je suis leur frère et je veux me prendre autant de baffes qu’eux, car nous partageons tout !’’ Nous avons bien reçu nos coups, nous avons eu mal tous les trois, mais cela a cimenté notre amitié. Je considère Nikos comme un vrai frère ! » Comment se construit-on avec cette double appartenance culturelle ? Enfant, vous étiez considéré comme le Grec en France et, en même temps, le petit Parisien dans votre village… C’est long ! Ça aurait pu devenir une fêlure, mais j’en ai fait une arme. J’assume désormais. Enfant, c’était plus difficile. Quand j’arrivais en Grèce, j’étais quand même le petit Parisien. En plus, je ne savais pas faire du vélo comme eux, je courais moins vite, j’étais là avec ma petite caméra et j’étais, disons, un peu trop « précieux » à leurs yeux. Je me souviens que ma grand-mère, paix à son âme, disait aux autres gamins du village, avec son accent : « C’est mon petit-fils, il vient de Paris. Vous ne jouez pas avec lui. Il ne sait pas. » Du coup, tout le monde me tabassait, sauf Kostas et Yannis qui me vannaient, mais sans m’exclure. Ils m’ont donné confiance, physiquement et moralement. Ils ont de très belles valeurs. Les difficultés liées à cette double appartenance culturelle reviennent comme un boomerang avec la crise que traverse la Grèce. Et le racisme que l’on voit se développer ici et là dans notre pays a dû vous atteindre. Vous abordez très peu la question. Pourquoi ? J’ai souffert avec toutes les horreurs que j’ai entendues. Je l’ai mal vécu, mais on s’endurcit. Je n’ai plus d’illusion mais je rêve encore. C’est un avantage d’avoir une double forme de pensée, deux langues et je me sens autant français que grec. J’aime la France, je suis enfant de la République, je vote ici, je paye mes impôts en France. Pour autant, j’aime aussi garder ma spécificité identitaire, cette double appartenance
P01-Des amis v14.indd 25
24/08/2012 14:48
26
Concert en juillet 2012, à Athènes : Nikos chante devant 40 000 personnes.
P01-Des amis v14.indd 26
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 27
culturelle comme vous dites. Je ne renie pas ce que je suis et je dois dire que c’est à l’époque d’Union Libre, quand je travaillais sur France 2 avec Christine Bravo que j’ai assumé publiquement mon côté grec. Ça ne m’a pas empêché de faire carrière. Kostas et Stéphane Cosnefroy, un autre de vos amis dont on parlera plus tard, pensent que votre véritable passion, c’est la musique. Ado, vous leur disiez même : « Je fais mon trou à la télé, ça ne m’empêchera pas de chanter ! » Auriez-vous fait fausse route sur cette voie cathodique ? Je n’ai pas été très courageux, mais je ne ressens aucun regret. C’est même devenu une blague avec ma mère. Je lui dis souvent : « Je suis devenu journaliste pour finir chanteur ! » Ce à quoi elle répond avec son accent : « Tu ne pourrais pas y aller directement, non ? » J’aime la musique et quand je suis en Grèce, je chante, je donne des concerts et je suis heureux. La chanson, c’est presque un besoin psychanalytique. Je m’oublie quand je chante. J’en ai besoin. J’ai grandi en écoutant Nina Simone, Leonard Cohen, Pink Floyd, et en même temps, je me prenais pour Claude François devant le miroir quand j’avais six ans ! KOSTAS « Dès l’âge de douze ans, Nikos circulait chaque été avec un magnétophone et une caméra. Tout le temps et partout. Comment donc voulez-vous l’imaginer faire autre chose dans la vie que ce qu’il fait aujourd’hui ? Nikos, mon ami d’enfance, est devenu exactement ce qu’il devait devenir, mais je suis certain que s’il n’exerçait pas ce métier, il serait chanteur. Quand tu vois Nikos sur scène, tu comprends tout de suite qu’il est dans son élément naturel. C’est une passion commune. Lorsque nous découvrons un nouveau titre, on se l’envoie et on en parle des heures. » Est-ce si dur à vivre d’être Nikos Aliagas ? (long silence) J’ai mes angoisses comme tout le monde. Je suis un stressé, mais je le cache bien. Le temps m’a aidé. J’ai eu une enfance un peu tristounette, une famille modeste, deux cultures à gérer. Kostas le sait mieux que quiconque, et avec lui je n’ai pas besoin de frimer. Vous êtes deux beaux mecs. Adolescents, vous deviez être des bourreaux des cœurs, non ? Avant la notoriété, oui ! On était des bourreaux des cœurs de bac à sable ! (rires) Moi, j’étais un sensible, lui faisait le caïd. J’étais tout le temps amoureux de plans foireux. Il m’a fallu un peu de temps, mais ça a changé. On est les deux derniers de la bande à ne pas avoir d’enfants, à ne pas être mariés. Moi, je suis plus tranquille : j’ai une fiancée depuis deux ans !
P01-Des amis v14.indd 27
24/08/2012 14:48
28
StĂŠphane Cosnefroy et Nikos.
P01-Des amis v14.indd 28
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 29
Stéphane Cosnefroy, un ami depuis la fac et manager d’artistes, nous a dit que vous passiez votre temps à refaire le monde. De quoi parlez-vous plus précisément ? Croire que tout est encore possible. Nous sommes de grands sensibles, même si dans la vie on joue les durs. Dès qu’on parle vrai, on a les yeux embués et ça fait du bien de partager de l’émotion avec quelqu’un. Qu’est-ce que je suis heureux de pouvoir pleurer devant mes potes sans avoir honte ! « Les larmes aux yeux sont un signe de noblesse », disait mon grand-père. Stéphane insiste beaucoup sur le fait que vous avez réalisé vos rêves sans aucune aide, sans être né dans le système. C’est important de réussir de cette façon ? Oui, bien sûr. On s’est connus, avec Stéphane, à une époque où on galérait beaucoup. On était en fac, Stéphane bossait un peu avec Florent Pagny. À l’époque, il me faisait rêver. Mais moi, je ne m’emballais pas. Comme d’habitude. Il me faut du temps pour décider quelque chose. STÉPHANE « On venait de nulle part. Ma mère était vendeuse. Nous n’avions pas d’ouverture sur ce qui nous faisait rêver. Nikos a toujours voulu être journaliste, mais au fond de lui c’est la chanson qui l’anime. Quand on avait vingt ans, notre rêve, c’était de faire un disque ensemble : moi à la direction artistique, lui au micro. On l’a fait en 2006. On s’est débrouillés sans aide. On l’a sorti en Grèce uniquement, car on ne voulait pas paraître opportunistes en France. Il s’intitule Rendez-vous. C’est notre fierté ! Il a été double disque d’or. » Stéphane a fait un choix de vie, radicalement différent du vôtre. Sa vie d’artiste vous faitelle rêver ? C’est vrai, il est plus bohème, plus artiste, mais je n’ai jamais eu son courage. Moi, j’avais des comptes à rendre à ma famille, même si elle ne me demandait rien. Je ne voulais pas décevoir mes parents, mon immigré de père que j’ai vu toute sa vie se plier en deux en train de raccommoder du cuir et de faire des costumes. Mon père était déçu quand j’ai commencé à faire ce métier. Il ne comprenait pas. Du coup, je ne me suis jamais emballé. De toute façon je ne me laisse que rarement aller : je suis plutôt un coureur de fond, pas un sprinteur. Mais que vouliez-vous prouver à votre père ? J’ai peut-être voulu prouver à mon père, qui était dur avec moi, que je pouvais également faire ma transgression sans rien demander, comme lui. Lui, qui est parti de rien, qui a dormi dehors le premier soir, en débarquant de la gare de Lyon en 1964, avec son manteau et sa valise. Moi aussi, avec mon éducation, sans vendre mon âme,
P01-Des amis v14.indd 29
24/08/2012 14:48
30
La famille Aliagas lors de la remise à Nikos du titre de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, en 2007.
P01-Des amis v14.indd 30
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 31
sans baisser mon froc, sans tuer les autres, j’ai réussi à me faire une place et à rêver encore. La question n’est pas de savoir où tu es arrivé, mais comment tu repartiras. On a toujours le syndrome du déracinement dans notre ADN. STÉPHANE « Sa maman, c’est un peu ma maman aussi. On a vécu ensemble l’ascension de Nikos. Ça crée des liens, et puis comme je travaillais à ses côtés lors de la première Star Academy sur TF1, je rassurais ses parents. C’était difficile pour sa famille. J’étais le copain qui réconfortait la maman. » On était loin d’imaginer votre parcours… Ma vie a été une baston permanente. À treize ans, je n’imaginais pas une seconde qu’elle serait comme ça. Je dormais sous la machine à coudre de mes parents et je pensais vraiment que ma vie future serait identique à la leur. C’est pour ça que je n’accepte pas les leçons ni la fatalité. Oui, il n’y a pas de place pour tout le monde, mais si on bosse, qu’on se lève plus tôt que tout le monde, qu’on se couche plus tard que les autres, il y a des raisons d’espérer. Il faut se battre en permanence et ne pas baisser les bras au moindre revers. Je dois dire que je n’ai pas appliqué ce précepte lors de la première Star Ac’. À cette époque, les audiences ne décollaient pas, on ne cessait de me fusiller dans la presse, mais également dans les couloirs de l’émission, et un jour je suis allé voir ma mère et lui ai dit que j’abandonnais la Star Ac’ en cours de route. Elle m’a laissé dormir sur le canapé, et le lendemain matin elle s’est postée devant moi et m’a dit la chose suivante avec son accent à couper au couteau : « Dans la famille, on finit toujours ce que l’on commence. Alors tu te lèves et tu retournes sur ton plateau. Ton grand-père a combattu les nazis et les fascistes, et il est rentré à la maison à pied ! » Je n’oublierai jamais ce serrage de vis, on se serait crus dans Le Parrain. Illico, je suis retourné travailler. Vous est-il déjà arrivé de vous fâcher avec vos potes ? Plein de fois ! En 2006, on est partis à Los Angeles avec Stéphane pour réaliser ce fameux album, le rêve de notre vie ! Sur place, tout se passe à merveille : je chante avec Adam Cohen, le fils de Leonard dans un studio mythique, on est les rois du pétrole, on vit notre rêve américain, heureux comme des gamins, et on prend un taxi qui nous ramène à l’aéroport. On a les bandes avec nous et… Stef oublie le sac dans le taxi ! Je perds tout en quelques secondes. En fait, il n’y était pour rien, c’est le taxi qui nous l’a volé, mais sur le moment, j’aurais pu le tuer. J’ai hurlé comme jamais. Encore aujourd’hui, je sais que Stéphane est traumatisé par cette histoire ! Il n’en a pas dormi pendant des semaines.
P01-Des amis v14.indd 31
24/08/2012 14:48
32
Kostas, StĂŠphane, une amie et Nikos.
P01-Des amis v14.indd 32
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 33
Bizarrement, aucun de vos amis n’a souhaité nous parler de votre vie sentimentale. Vous leur avez passé la consigne ? Non, mais c’est important qu’ils respectent ma vie privée et qu’ils se montrent solidaires. De la même façon, le jour où j’ai vécu une histoire compliquée, ils ne s’en sont pas mêlés, par pudeur, et pourtant ils savaient tout. Ils attendaient que je m’en aperçoive par moi-même. Ils ne sont pas interventionnistes, mais très attentifs. Vos trois potes se connaissent-ils et avec qui faites-vous la fête ? Tout le monde se connaît et c’est en Grèce que nous faisons la fiesta. Surtout avec Kostas, Stéphane et Adam Cohen. C’est souvent arrosé, on écoute de la musique à fond, on rigole comme des gamins et on se lance des défis débiles. Mais ça nous fait rire ! Aujourd’hui, on s’est rangés avec l’âge : ça ne pardonne pas au réveil. Stéphane comme Guillaume vous ont choisi pour être le parrain de leurs enfants. La paternité vous titille-t-elle un peu ou pas du tout ? Je veux être père ! Jusqu’à présent, je pensais que ce n’était pas une priorité. Mais comment se passer de cette superbe expérience de vie ? Mes potes m’incitent à y penser sérieusement. On termine cet entretien avec Guillaume Lacroix, un autre de vos amis. Une amitié plus récente et qui a dû vous prendre au dépourvu. À l’origine, vous lui piquez sa place sur 50 mn inside sur TF1. Comment passe-t-on de rivaux à amis ? On n’a rien fait pour être potes, ça s’est produit naturellement. Pourtant c’est vrai, je lui ai piqué sa place, en gros. Je suis venu en pompier sur une émission qui ne marchait pas. Ça aurait pu provoquer des sentiments d’aigreur, de jalousie. Il n’en est rien. On se serre la main et je vois, dans ses yeux, une extrême sensibilité. Un coup de foudre amical, en somme ? Oui, on peut le dire comme ça. Depuis, on ne se quitte plus : dans les bons comme dans les mauvais moments. J’étais là pour la naissance de son fils, le décès de son père. Il m’a accompagné dans la folie de mon arrivée sur NRJ. Personne ne misait un kopeck sur nous. Lui, il y a cru. Et il est là à chaque émission, il m’encourage, me conseille. Nous sommes comme Jean Dujardin, issus de la génération des romantiques rêveurs. GUILLAUME « Lorsque j’ai été dégagé de l’antenne, Nikos a fait montre d’une élégance rare avec moi. Et rare dans ce milieu de la télé. Je suis alors devenu le rédacteur en chef de l’émission, et il était toujours partant pour me rendre service, faire la pub de l’émission. Un jour, nous sommes allés à Tokyo pour …/…
P01-Des amis v14.indd 33
24/08/2012 14:48
34
Guillaume Lacroix et Nikos à la maternité lors de l’accouchement de l’épouse de Guillaume.
P01-Des amis v14.indd 34
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 35
…/… vingt-quatre heures afin d’assister à l’avant-première du film Spiderman. Treize heures de vol, une pluie battante à l’arrivée, et on a poireauté sur le tapis rouge pendant des heures en grelottant. Il ne s’est jamais plaint. D’autres auraient réagi autrement. On est devenus amis. Il a toujours été présent à mes côtés aux moments les plus cruciaux. Un exemple ? Lorsque ma femme a eu ses premières contractions, je l’ai appelé à la rescousse, car j’étais à Cannes. Il a lâché son plateau pour rejoindre la clinique et rester auprès d’elle le temps que j’arrive. Un vrai pote ! » Quand nous avons parlé avec Guillaume, il avait à cœur de dresser le portrait d’un Nikos plus volontiers tourné vers la culture, loin de l’image de l’animateur de The Voice. Comme si vous aviez besoin d’être réhabilité. Le comprenez-vous ? Je ne cherche pas la réhabilitation, car je n’ai pas le sentiment de ne pas être à ma place. Je suis aujourd’hui dans un registre et je l’assume. Si le temps me donne raison, je pourrai peut-être un jour m’engager dans un autre domaine. Guillaume comme Stéphane s’énervent parce qu’ils entendent parfois des conversations qui ne leur plaisent pas sur moi. De mon côté, je me dis que quand tu passes la quarantaine, tu n’as pas besoin de prouver pour prouver. Je n’ai pas de plan de carrière. Je n’en ai jamais eu. Et tout ça, ce n’est pas grave, ce n’est que de la télé ! GUILLAUME « Ce qui frappe chez lui, c’est le mur de livres qu’il a dans son salon. En Grèce, c’est un journaliste politique reconnu et apprécié. En France, il est le pape de l’animation. Nikos a deux visages. » Et puis Guillaume nous a parlé de l’épisode Johnny Hallyday. Vous avez essuyé de nombreuses critiques lorsque vous êtes intervenu dans le JT de TF1 pour nous donner de ses nouvelles à Los Angeles, au moment où on l’annonçait mort en France. Guillaume a mal vécu cet épisode de lynchage… Je le sais. Il était malade qu’on dise autant d’horreurs sur moi, mais il faut savoir encaisser et être patient. Le temps vous donne raison quand votre conscience est tranquille. J’ai été très heureux de revoir Johnny récemment à la finale de The Voice sur TF1 ! Un dernier mot sur Bruno Solo qui va vous succéder. Quelle image avez-vous de lui ? C’est un vrai pote d’Yvan Le Bolloc’h qui, lui-même, est un super pote de Stéphane Cosnefroy. C’est un homme doté d’une sincère bienveillance à l’égard d’autrui. Quelqu’un de fidèle. Et ça me plaît !
P01-Des amis v14.indd 35
24/08/2012 14:48
36
P01-Des amis v14.indd 36
24/08/2012 14:48
DES DESAMIS AMIS&&DES DES HOMMES HOMMES NIKOS 37
Stéphane Cosnefroy et Nikos en bateau en Grèce.
P01-Des amis v14.indd 37
24/08/2012 14:48
Nikos et Maria en costumes traditionnels grecs. Nikos et sa sœur à Paris, « les déracinés ». Maria et Nikos à Athènes près de l’Acropole.
P01-Des amis v14.indd 38
24/08/2012 14:48
DES AMIS & DES HOMMES NIKOS 39
La famille Aliagas sous le soleil de Grèce. Maria et Nikos dansant au cours d’une fête de famille en 2007.
P01-Des amis v14.indd 39
24/08/2012 14:48
P01-Des amis v14.indd 40
24/08/2012 14:48
DES AMIS & DES HOMMES NIKOS 41
Page de gauche : Nikos à ses débuts de journaliste sur Euronews dans les années 1990. Sur Télé Monte-Carlo, il fait ses armes de présentateur. Nikos a même présenté le 20 heures en Grèce. Page de droite : Nikos s’éclate sur le terrain.
P01-Des amis v14.indd 41
24/08/2012 14:48
Nikos Aliagas en concert.
P01-Des amis v14.indd 42
24/08/2012 14:48
DES AMIS & DES HOMMES NIKOS 43
Stéphane Cosnefroy, Nikos et la chanteuse Georgia Dagaki travaillent sur les textes du disque Rendez-vous, en 2006.
P01-Des amis v14.indd 43
24/08/2012 14:48