Créer et aménager une mare

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Créer et aménager une mare

FOU DE JARDIN

1 L’eau au jardin

Les changements climatiques modifient le cycle naturel de l’eau et nous obligent à gérer plus efficacement les eaux pluviales, de manière collective et individuelle, pour atténuer à la fois les sécheresses et les inondations.

Gérer l’écoulement et l’infiltration de l’eau de pluie ainsi que l’épuration d’une partie des eaux usées directement chez soi, dans son jardin, permet de faire quelques économies sur la facture d’eau et offre également de nombreux bénéfices à la collectivité.

Réalimenter le sol et les nappes phréatiques en eau est un moyen de réduire les problèmes de sécheresse, tout comme les risques d’inondation.

C’est aussi bénéfique pour la biodiversité locale.

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Récupération

Récupérer l’eau de pluie, c’est gaspiller moins d’eau potable pour arroser et nettoyer le jardin. Utilisez des petites réserves couplées aux gouttières ou un réservoir plus important, comme une grande cuve enterrée ou une cuve souple posée sur le sol dans un coin du jardin.

● La réserve d’eau est séparée du réseau d’eau potable et n’est utilisée que pour les toilettes de la maison ou l'arrosage du jardin.

SOL NATUREL VERSUS ARTIFICIEL

• Un sol naturel couvert d’une végétation en bonne santé évapore 70 % de l’eau des précipitations, en absorbe 20 % et n’en laisse ruisseler que 10 %.

• Sur un sol artificialisé ou compacté, 100 % ruisselle…

● L’eau de pluie stockée sert à l’arrosage et aux usages domestiques avant de retourner à la terre.

2Infiltration

Les systèmes de tout-àl’égout conçus au XIXe siècle, aujourd’hui saturés, sont incapables de faire face aux eaux d’orages qui, sur nos sols imperméabilisés à outrance,

provoquent inondations et rejets de polluants par lessivage des sols. Faciliter l’infiltration de l’eau dès son arrivée au sol réduit l’impact négatif des fortes précipitations en améliorant la rétention hydrique du sol du jardin.

● Les matériaux poreux (graviers, pavés, autobloquants, plaques alvéolées…) laissent l’eau s’infiltrer naturellement.

● Créer une noue d’infiltration (voir 9 ), une dépression plus ou moins profonde, pour récupérer les eaux excédentaires permet leur infiltration lente dans le sol tout en les épurant.

GÉRER LA POLLUTION

Les eaux de pluie véhiculent des microparticules de plastique, des pesticides, des métaux lourds… Par ruissellement sur les toits et les voies de circulation, elles lessivent déjections animales, nutriments, bactéries, voire des huiles et sédiments divers. Les aléas et variations climatiques brutales vont accentuer la dégradation des eaux stagnantes. Il est important de prévoir dès à présent un système le plus efficace possible pour dépolluer l’eau.

● Un parcours de phytoépuration « nettoie » l’eau pour être réutilisée ou s’infiltrer.

● La mare stocke de l’eau, qui pourra être réutilisée, épurer, s’infiltrer ou accueillir de nombreux petits animaux.

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Création d’une mare

Une mare, temporaire ou permanente, combine plusieurs systèmes de gestion de l’eau : une réserve d’eau, un tampon lors des orages ou grosses pluies, une zone d’épuration naturelle, pouvant être complétée en aval par la phytoépuration, un décor innovant et une zone refuge pour la biodiversité locale.

● Les plantes inféodées aux systèmes humides, à la fois épuratrices et décoratives par leur forme, leurs fleurs ou leur feuillage, sont précieuses pour la microfaune du jardin.

Petite histoire des mares

Une mare est une dépression, souvent d’origine artificielle, de 3 m² à 5 000 m² d’une faible profondeur avec une végétation qui la colonise en tout ou partie, sans ouvrage de vidange, contrairement aux étangs. L’eau y est présente de manière temporaire ou permanente.

L’histoire des mares est depuis toujours liée à celle de l’humanité. Elles ont pour la plupart été creusées et entretenues afin de répondre à différents besoins. Destinée surtout à l’alimentation en eau des hommes, des chevaux et bœufs qui étaient la première force motrice pendant des siècles, la mare siégeait au centre des villages et des fermes. Jusqu’au XVIIIe siècle, on dénombrait au moins 28 noms pour les désigner suivant leur usage. Plusieurs milliers de mares ont ainsi existé jusqu’à l’apparition de l’agriculture « moderne », de l’adduction d’eau, mais aussi de la progression des connaissances en matière d’hygiène et de médecine qui ont fait percevoir les mares comme impures et insalubres.

LES TRACES DU PASSÉ

Aujourd’hui, on estime qu’il ne reste que 10 % des mares qui existaient encore dans l’Hexagone au début du XXe siècle. On continue encore dans certaines régions de combler des mares naturelles alors que l’on connaît plus précisément leur rôle important pour la gestion de l’eau et la préservation de la biodiversité liée au milieu aquatique.

Elles retrouvent aujourd’hui une part d’attractivité pour les concours de pêche, les pique-niques ou des sorties pédagogiques, mais aussi dans les jardins. Creusées dans la plupart des cas pour créer un décor aquatique, on découvre progressivement leur utilité pour la gestion des eaux pluviales et domestiques et leur importance comme refuge pour une partie de la petite faune dont l’habitat naturel disparait jour après jour.

L’endroit le mieux adapté pour créer une mare dans votre jardin est peut-être celui d’une ancienne mare qui a été comblée par de précédents propriétaires. Même avec un sol naturellement argileux, des mesures d’étanchéification seront sans doute à prévoir. En effet, toute intervention sur un sol risque de le déstructurer et de perdre ainsi son étanchéité naturelle. Entreprendre des travaux de restauration d’une mare doit s’organiser en plusieurs étapes légères pour ne pas nuire à la biodiversité existante. Dans un terrain possédant déjà une zone humide, évitez de la modifier totalement et imaginez plutôt des aménagements complémentaires. En effet, une flore et une faune particulières peuvent déjà exister, il serait dommage de les détruire.

Différents noms de la mare dans

les régions

RÉGION NOM DE LA MARE

Alsace Lache, weiher

Aquitaine Bà, bach, laguneau, palus, font, hount

Auvergne Beal, mazuc, gourg, fons, lacut

Bourgogne Gouille, nouette, bourbier

Bretagne Lann

Nord, Picardie Fontaine, vesse, gouille, casse, baie, bache

Normandie Ru, clot, perron, vaque, puits-d’herbage

Poitou et Vendée Fosse, bourne, piote, gour, vigue, veigue, bourrine

Savoie Pè, gouille

Provence Estang, pozzo, poi

Un jardin de pluie

Le jardin de pluie permet de gérer utilement les eaux pluviales afin de réduire le ruissellement, prévenir l’érosion, renforcer les réserves hydriques des sols et alimenter les nappes phréatiques. Le connecter à une mare maximise son efficacité écologique comme son aspect esthétique.

TEST DE PERMÉABILITÉ

Avant de commencer, testez la perméabilité du sol de manière simple en creusant un trou de 30 cm de profondeur que vous remplirez d’eau. Si l’eau s’infiltre en moins de 24 h, votre sol est naturellement adapté à capter les eaux de pluie, sinon des travaux plus conséquents de drainage seront obligatoires ainsi que l’intervention d’un professionnel.

Un jardin de pluie vise à capturer, retenir et infiltrer les eaux pluviales issues de surfaces imperméables comme les toits, les allées et les terrasses, tout en gardant un aspect plaisant au regard. Les plus simples sont les noues ou les mares temporaires peu profondes, des dépressions aménagées dans le sol, connectées aux gouttières et implantées avec des végétaux adaptés à des variations climatiques saisonnières, généralement humides l’hiver et sèches l’été. Cet aménagement simple augmente le nombre d’espèces végétales du jardin et fournit un nouvel habitat aux oiseaux, insectes et autres espèces sauvages, tout en améliorant l’esthétique du jardin.

SURFACES PROPORTIONNELLES

La surface minimale d’un jardin de pluie varie selon l’importance des surfaces de captation des eaux de pluie (toiture, parking, allées) et de la nature du sol :

• sur sol sablonneux, caillouteux : jardin de pluie =  10 % de la surface imperméable estimée (10 m2 pour 100 m2)

• sur sol argileux : jardin de pluie = 30 % de la surface de captation (30 m2 pour 100 m2).

Dans un petit jardin, la faible surface disponible est compensée par une profondeur plus importante. La prudence exige toutefois de conserver un trop-plein relié au réseau d’assainissement afin d’évacuer des pluies importantes.

1Au bord des noues, des plantes supportant autant l’excès d’eau que la sécheresse : lysimaque, menthe, salicaire, saule marsault.

2Au centre des noues, les plantes les plus tolérantes à l’humidité : iris jaune, prêle d’hiver, ligulaires, carex.

3Le jardin de pluie débute idéalement à proximité des gouttières, des descentes pluviales, des allées ou d’autres zones où l’eau s’accumule.

42 à 3 m de sécurité avec les bâtiments évitent tout problème d’infiltration dans les fondations.

LES 5 RÔLES DE LA VÉGÉTATION

5Un tuyau enterré ou une rigole étanche conduit l’eau vers une marte.

1. embellir les noues ou les espaces de rétention par le feuillage et les fleurs

2. ralentir l’écoulement de l’eau et les risques d’érosion

3. filtrer les polluants et épurer l’eau

4. retenir les nutriments et les sédiments contenus dans l’eau de ruissellement

5. faciliter l’infiltration de l’eau grâce à leurs racines, dans le sol puis vers la nappe phréatique.

L'eau, le climat et la biodiversité Réflexions

Les chemins d’eau 4

Plusieurs types de chemins d’eau améliorent la gestion de l’eau, l’esthétique et la biodiversité. En combinant les ruisseaux, rigoles, drains visibles ou non, on crée un système de gestion de l’eau fonctionnel et harmonieux.

LA RIGOLE

Ce petit canal à faible pente contrôle et dirige l’écoulement de l’eau dans le but de ralentir son débit afin d’humidifier un maximum de surface. On l’utilise le plus souvent pour les cultures vivrières — c’est plus ou moins le principe des rizières en montagne. Une rigole entoure une parcelle cultivée à irriguer, puis se déverse dans une autre un peu plus bas. Cela suppose une alimentation à partir d’une réserve d’eau : une culture vivrière ne peut pas s’en remettre aux précipitations irrégulières.

LA NOUE

Elle cumule les deux rôles, à la fois drain et rigole ; elle évacue l’eau pour qu’elle s’infiltre et humidifie le plus possible le sol. L’eau peut y stagner quelque temps mais la noue reste sèche la plus grande partie de l’année. Elle peut être plantée de végétaux capables de vivre plusieurs semaines en partie immergés ou de plantes semi-aquatiques capables de résister aux périodes sèches. Une noue végétalisée ne doit pas être tondue au risque de perdre ses qualités absorbantes.

LE DRAIN

Ce petit fossé permet d’évacuer l’eau le plus rapidement vers un lieu précis : zone de filtration, bassin, égout. C’est le principe du caniveau appliqué au jardin. Il prévient la formation de flaques, les inondations locales, l’engorgement du sol, donc son érosion. Peu profond, ses dimensions varient en fonction du volume d’eau qu’il doit canaliser, suivant une légère pente qui facilite l’écoulement. Les drains peuvent être simplement creusés dans le sol ou revêtus de pierres, briques, pavés, ardoises, tuiles ou tout matériau de récupération pour améliorer leur durabilité et leur efficacité. Une fois végétalisés, ils s’intègrent de manière décorative dans le jardin. On peut connecter plusieurs drains entre eux pour alimenter un petit ruisseau, une mare ou une zone absorbante.

LE RUISSEAU SEC

Une solution décorative lorsqu’il n’est pas possible de créer un véritable cours d’eau faute d’alimentation hydrique régulière. Il offre une possibilité de drainage, en dirigeant les eaux de pluie vers les zones d’absorption basses du jardin. Il peut être imperméabilisé ou pas, selon l’objectif d’amener ou non l’eau vers un point d’eau temporaire ou une zone de filtration (phytoépuration, voir 5 ). Avant d’y installer des plantes adaptées à la fois à l’eau et à la sécheresse, disposez des pierres de volumes différents, du bois mort, puis répandez du sable et du gravier sur le fond de ce ruisseau sec pour imiter le lit d’une rivière. Ces matériaux feront partie à la fois du décor et de la structure filtrante.

L’eau, le climat et la biodiversité

Créer une mare naturelle ou artificielle est aujourd’hui un acte citoyen qui permet de réguler les eaux de pluie, d’alimenter les nappes phréatiques et d’enrichir la biodiversité. De l’étude du projet à l’aménagement, de la sélection des plantes au choix du style ornemental, de la forme à la profondeur, ce guide propose 60 clés essentielles pour créer une mare esthétique et vivante.

● L’eau au jardin : comprendre le cycle naturel de l’eau et le rôle d’une mare dans l’écosystème du jardin pour apprendre à gérer les eaux pluviales et domestiques, et pour créer des refuges pour la petite faune. La mare, bienfaitrice du jardin.

● Créer une mare : dessiner la mare sur le terrain, calculer simplement sa surface et son volume, choisir le style (minimaliste, exotique, naturel), optimiser la phytoépuration, respecter la réglementation en vigueur… Tout ce qu’il faut savoir avant d’intégrer une mare dans son jardin.

● Aménager une mare : distinguer les six zones de la mare pour bien choisir les plantes indigènes ou exotiques et pour favoriser la vie animale en proposant des garde-manger, des microhabitats et des refuges pour la reproduction. La mare, un lieu de vie pour la faune et la flore.

Profondément attaché à la Sologne, une région emblématique pour sa richesse écologique et ses étangs, Emmanuel Régent s’est toujours intéressé à la préservation des écosystèmes naturels. Il préside aujourd’hui Biodiversio, une association de protection de la nature qui accompagne des

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