Remerciements Ce nouveau projet a pu aboutir grâce à la confiance renouvelée de mon éditeur et je remercie particulièrement Antoine Isambert et Didier Willery. Je remercie également chaleureusement Francis Hallé, ami de longue date, qui a bien voulu en rédiger la préface. Merci également tous mes proches pour leur soutien ainsi que ceux qui me sont venus en aide lorsqu’il me manquait des photos : Aurélie Van de Sande, Bleddyn et Sue Wynn-Jones, Luc Klinkhamer, Karl Kristensen et Ulf Sill. Et merci à vous, qui avez ce livre entre les mains...
Crédits photographiques Toutes les photos sont de l’auteur sauf : Marie-Diane & Didier Willery : 17hg, 19hg, 20hg, 25bd, 26hg, 29 x 4, 30hd, 31h, 32h, 34g, 36g, 44hd, 46hg, 47hg, 53md, 56g, 57d, 58 x 2, 59hd, 60 x 2, 61hg, 61hd, 63bd, 64hg, 64hd, 65hd, 66md, 66bd, 67hg, 67hd, 71b, 79hd, 84bg, 93hm, 97bd, 101b, 104, 105hd, 106hg, 106bd, 107hg, 107bd, 110hd, 114 x 3, 115 x 3, 116 x 2, 121md, 127hd, 136hg, 144hg, 146hd, 146b, 147hd, 150bd, 152hg, 154mg, 155hg, 155hd, 156m, 156bg, 157h, 159m, 161bd, 161bg, 162hd, 162m, 162bg, 163h, 179h, 180hg, 180b, 182g, 182d, 185bd, 189hd, 202 x 2, 203 x 2, 204g, 205bd, 208bg, 209hg, 211bg, 230bg, 234g, 235hd, 243hd, 244hg, 262bg, 263d, 264b, 266hg, 267, 269bd, 264bg, 286hg, 289mg, 290hg, 290hd, 292, 316g, 320hg, 320hd, 324g, 325md, 326hg, 338, 339, 345hd. Bleddyn et Sue Wynn-Jones : 24hd, 75bd, 93hd, 121bd, 123hd, 126mg, 126md, 144bd. Karl Kristensen : 32bd, 34bg, 281b, 283bd, 283mg, 283md, 289md. Luc Klinkhamer : 72bg, 72hg, 73hd, 73mg, 73bg, 97mg, 97md, 98hd, 247md. Aurélie Van de Sande : 15, 14m, 34hg (vignette), 80m, 189b, 249hd, 249b, 296h (vignette). Sur la couverture sont photographiées, de haut en bas et de gauche à droite : Stauntonia purpurea, Saxifraga fortunei ‘Tamabotan’, Fatsia polycarpa, Fargesia papyrifera, Anemone nemorosa ‘Bracteata’, Hepatica nobilis, Paris polyphylla. Sur la 4e de couverture : Enkianthus campanulatus.
© 2014 Les Éditions Ulmer 8, rue Blanche 75009 Paris Tél. : 01 48 05 03 03 Fax : 01 48 05 02 04 www.editions-ulmer.fr Réalisation : Julia Verneau Responsable éditorial : Didier Willery Suivi éditorial : Raphaèle Dorniol Impression : Printer, Trento ISBN : 978-2-84138-645-1 N° d’édition : 645-01 Imprimé en Italie Dépôt légal : juin 2014
Cédric Basset
Les nouvelles PLANTES D’OMBRE pour le jardin Préface de Francis Hallé
INTRODUCTION
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PRÉFACE
J
e connais depuis longtemps l’intérêt passionné que Cédric Basset porte aux plantes ornementales des régions tempérées et froides de l’Asie, que j’avais remarqué dès nos premières excursions botaniques communes. Cédric est maintenant devenu un spécialiste incontesté des plantes de ces régions du monde, de leur culture et de leur acclimatation en Europe. Il nous donne, avec son nouvel ouvrage, un riche et vaste panorama des plantes ornementales capables de pousser à l’ombre et de résister aux froids européens ; la plupart viennent d’asie mais, en cherchant bien, on en trouvera quelques-unes qui sont originaires d’amérique Nord (Darmera, Sanguinaria, etc.). Cet ouvrage a, de mon point de vue, un puissant intérêt botanique, du fait qu’il donne accès à un phénomène trop peu connu, l’« involution des plantes », c’est-à-dire une évolution, au sens darwinien du terme, mais associée à une réduction des dimensions. Je m’explique : beaucoup des plantes figurant dans l’ouvrage sont, si j’ose dire, des « aventurières », puisqu’elles appartiennent à des familles d’arbres tropicaux. Abandonnant dans la chaleur moite des forêts situées autour de l’Équateur leurs parentes arborescentes et moins audacieuses, elles se sont aventurées jusqu’aux hautes latitudes, là où la période de végétation se raccourcit ce qui impose à ces plantes d’adopter des dimensions réduites ; continuant à s’avancer jusqu’à des latitudes encore plus hautes, elles doivent affronter le froid hivernal, qui les contraint à chercher un refuge
souterrain et protégé par une couche de neige, un habitat difficile mais dont les températures restent compatibles avec la vie végétale. Un Isodon de 40 cm de hauteur est cousin du teck de Birmanie et doit être considéré comme la fine pointe de l’évolution de la famille des Lamiaceae. Un Panax de 20 cm est le digne représentant, à 50° Nord, des énormes Schefflera d’amazonie et des Gastonia de Nouvelle Guinée, des Araliaceae qui atteignent 40 m de hauteur. Les Elatostema et Pilea, qui ne dépassent guère 40 cm de haut, ont pour ancêtres directs les terrifiants Laportea gigas de la Nouvelle Irlande, dont le caractère urticant, si répandu chez les Urticaceae, est… à l’échelle de ces très grands arbres. Un Trigonotis de 10 cm est étroitement apparenté aux énormes Cordia, ces Boraginaceae exploitées pour leurs bois dans les chantiers d’abattage des forêts sud-américaines. Et c’est pour moi un moment d’émotion que de reconnaître dans un Tripterospermum, ou tout simplement dans une Gentiane, les descendants « involués » des Gentianaceae arborescentes des forêts tropicales, les Fagraea d’Asie, les Anthocleista d’Afrique et les Tachia de l’Amazonie et des Guyanes. On trouverait bien d’autres exemples d’involution dans les Polygonaceae, Rosaceae, Euphorbiaceae ou Asteraceae. L’ouvrage de Cédric Basset présente donc un triple intérêt, horticole, écologique et botanique, auxquels s’ajoute une indiscutable valeur esthétique, liée aux plantes elles-mêmes qui sont, tous les amateurs de jardins vous le confirmeront, les sommets de la beauté du monde. Francis Hallé, à Montpellier le 29 août 2013.
Les Isodon sont des cousins du teck de Birmanie (ci-contre Isodon longitubus ‘Seijaku’)
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INTRODUCTION
L
es forêts du globe, qu’elles soient tropicales ou tempérées, ont toujours abrité une riche flore adaptée aux conditions de faible luminosité. Les jardiniers de tous pays ont su en tirer parti pour fleurir et végétaliser les zones sombres du jardin. Les horticulteurs s’y sont également intéressé pour créer des variétés aux feuillages colorés et aux fleurs vives. Les plantes pour l’ombre, que ce soit des vivaces, des arbrisseaux ou des grimpantes, ont toujours suscité l’intérêt des jardiniers qui se trouvent bien souvent désemparés devant un coin trop sombre du jardin. Les lierres, pervenches et autres variétés de bergénias, entre autres, ont eu leur heure de gloire. Mais on assiste depuis quelques années à un renouveau sans précédent de ce type de plantes. Tout d’abord, les pépiniéristes et amateurs
de plantes ont commencé à se tourner vers des genres nouveaux pour nos jardins : Syneilesis, Deinanthe, Isodon, Epimedium… Puis les horticulteurs ont emboîté le pas et de très nombreuses variétés apparaissent aujourd’hui dans les catalogues et sur les stands des foires aux plantes. Il suffit de voir comme certaines plantes (les Isodon par exemple) se sont propagées sur les étals des pépiniéristes depuis 2 ans. Le public redécouvre également des genres connus, comme les hortensias, mais avec de nouvelles espèces et variétés, comme les Hydrangea serrata. Les horticulteurs japonais y sont pour beaucoup, mais on note également de nombreuses obtentions américaines et européennes. Le chemin est parfois long pour qu’une plante se trouve diffusée largement dans le circuit des pépinières, pour que la presse grand public s’y intéresse
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et il peut parfois se passer des années entre le moment où un pépiniériste présente une nouvelle plante et le moment où on la retrouve dans toutes les jardineries. Actuellement, on assiste donc à un renouvellement de la gamme de végétaux proposés. Avec cette arrivée massive de nouvelles plantes, il n’est pas facile de comprendre toutes ces nouvelles appellations. Il n’est également pas évident de trouver les bons conseils de culture et d’associations au jardin. Ce guide vous présente donc un large panel de ces plantes, avec une courte description et les meilleurs conseils pour les cultiver et les associer aux autres plantes du jardin et créer ainsi de beaux massifs dans les coins sombres du jardin. Il est souvent difficile de s’y retrouver avec tous les noms de cultivars. Chez les Epimedium par exemple, il y a des nouveautés en permanence et, parfois, les différences semblent minimes d’une plante à une autre. Une autre difficulté est que, bien souvent, les cultivars sont renommés. Ceci arrive souvent avec les noms japonais que les Occidentaux rebaptisent. Par exemple, Ophiopogon japonicus ‘Kijimakukidoma’ se trouve plus souvent dans le commerce sous le nom de ‘Silver Mist’. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela, comme le fait de simplifier un nom ou d’une impossibilité de traduire une étiquette en japonais ! Nous nous retrouvons donc avec des synonymes pour certains cultivars, que je mentionne dans le texte. Plantes d’ombre ne signifie pas forcément qu’il faut absolument avoir un coin frais et humide au jardin. Les forêts des climats tempérés (car se sont surtout ces plantes qui vous nous intéresser ici) ne sont pas toutes couvertes de mousse épaisse et verte ! Nous trouverons donc aussi des plantes adaptées à l’ombre sèche. Sous-bois de montagne au Japon
J’ai voulu ce livre avec de nombreuses informations issues de mes expérimentations personnelles. M’intéressant depuis de nombreuses années aux plantes d’ombre dont je cultive plusieurs centaines d’espèces et de variétés, d’abord dans le jardin familial puis dans notre jardin-pépinière en Bourgogne, je trouve intéressant de vous livrer également mes expériences de culture. Comme pour le précédent ouvrage (Cultiver les plantes de Chine et du Japon), j’ai sélectionné des variétés disponibles dans le commerce. Alors bien sûr, toutes ne se trouveront pas dans la jardinerie du quartier et il faut parfois « fouiller » sur les stands des foires aux plantes, sur les catalogues ou sur Internet, et être patient. Certaines nouvelles obtentions sont encore assez rares mais j’ai sélectionné les plus prometteuses qui devraient rapidement devenir plus répandues. Il est difficile de prévoir le nombre d’années entre la création d’un nouveau cultivar en Amérique ou au Japon et le moment où on le trouvera assez facilement chez nous. Il suffit qu’une grosse pépinière s’y intéresse et en fasse venir de grandes quantités pour qu’une variété inconnue ou rare se retrouve alors rapidement sur les étals. Mais il est également possible que certains cultivars restent à jamais très confidentiels. Beaucoup de ces plantes d’ombre poussant naturellement en forêts apprécient des sols frais à pas trop secs mais bien drainés et humifères. Il est donc conseillé d’alléger la terre du jardin si celleci se montre un peu lourde. Le terreau grossier, le sable, ainsi que tout élément aidant à drainer sera le bienvenu. Je ne répéterais jamais assez d’éviter la terre dite « de bruyère » pure. En effet, en quelques années, celle-ci se décompose et se tasse et devient vite asphyxiante et fait pourrir les plantes, en hiver surtout. Donc, à utiliser toujours en mélange.
VIVACES
VIVACES
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Achlys japonica
ACHLYS Famille des Berbéridacées Petit genre ne comprenant que trois espèces très proches vivant dans les forêts d’amérique du Nord et du Japon. Elles sont nettement moins connues que leurs cousines de la même famille comme les Epimedium ou Podophyllum.
Les plantes vivaces forment des colonies grâce à leurs rhizomes. Chaque pétiole porte une feuille composée de 3 folioles dentées et très décoratives. Ses petites fleurs blanches sont groupées sur un épi dressé au-dessus du feuillage entre avril et
juin. Ces plantes ont une allure bien à elles et mériteraient d’être plus souvent plantées dans nos jardins d’ombre. Elles affectionnent les sols frais et humifères. Elles se marieront bien avec les Epimedium, Chloranthus, Chionographis, Coptis, corydales, anémones et toute plante basse couvre-sol. ◆◆Achlys japonica atteint une trentaine de cm de haut. Ses feuilles sont composées de 3 folioles larges. z6 Achlys triphylla est très ressemblant et on choisira l’une ou l’autre espèce pour mettre dans le jardin. z6
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VIVACES
ACONITUM Famille des Renonculacées Vaste genre présent dans la plupart des régions tempérées du globe, les aconits sont des plantes vivaces (très rarement annuelles) de plein soleil ou de forêts. Ce sont elles qui vont nous intéresser ici.
Si ce genre est bien connu, il reste peu présent dans les jardins à cause de sa toxicité. Le choix est grand avec des plantes de petite taille ou, au contraire, très hautes ; des coloris de fleurs variés allant du blanc au violet foncé en passant par le rose, le mauve… Certaines espèces sont même grimpantes. On les utilisera pour donner du volume ou garnir un petit support. Les aconits sont très florifères et les fleurs, en forme caractéristique de casques, s’épanouissent en fin d’été et automne. Certaines font partie des dernières plantes à fleurir. On les plantera en sol bien drainé et frais à pas trop sec même si leur tolérance est grande. Il faut éviter les sols lourds qui risquent de faire pourrir le système racinaire en hiver. Toutes les variétés se mettent au repos en fin d’automne. Les aconits ne demandent pas d’entretien et la plupart se maintiennent bien sans tuteurage. Fleurissant en automne, on prendra le parti, soit de les mixer avec des plantes de printemps, soit de jouer la carte du « tout fleur » en les mariant avec des isodons par exemple. Attention de bien faire attention à la hauteur finale de votre variété car certaines devront être placées plutôt en fond de massif. Pour les variétés volubiles, on prévoira un petit tuteur type bambou pour que les tiges puissent s’enrouler. On peut également les planter au pied d’arbustes et la plante grimpera alors dans celui-ci. L’intérêt est que les tiges disparaissent en hiver et donc la plante ne risquera pas d’étouffer l’arbuste sur lequel elle prend support. ◆◆Aconitum arcuatum a des fleurs bleues s’épanouissant dès la fin de l’été sur de grandes tiges arquées qui portent des feuilles découpées.
Elle forme une souche vivant de nombreuses années et elle est très florifère. z6 ◆◆Aconitum carmichaelii est une plante vigoureuse aux inflorescences bleues dressées en fin d’été et début d’automne. Elle atteint 1 à 1,2 m de haut avec de grandes feuilles vert foncé. Les fleurs tiennent très bien en bouquets. Vivace robuste très rustique. z4
▲ Aconitum arcuatum ▼ Aconitum carmichaelii