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4. Nouvelles infrastructures éducatives privées

Alors que plusieurs écoles sont susceptibles de continuer à utiliser des plateformes de gestion pour organiser les activités d’enseignement et d’apprentissage, beaucoup plus intéressantes sont les propositions des gouvernements qui estiment que les écoles en ligne adoptées dans l’urgence, comme Oak National Academy au Royaume-Uni, perdureront et seront intégrées à des modèles hybrides de scolarisation et aux pratiques des enseignant·e·s durant la période de reprise et au-delà. Cet exemple illustre clairement la tendance à la privatisation de l’éducation publique, au travers de laquelle les gouvernements travaillent en partenariat avec des acteurs privés (commerciaux et philanthropiques) pour assurer des services publics de base. Bien que ces initiatives visent ostensiblement à répondre aux besoins des élèves défavorisé·e·s, nous réitérons les arguments selon lesquels ce type de scolarisation risque de creuser le fossé des inégalités et non de le réduire (Sellar et Hogan, 2019). Si les écoles en ligne peuvent offrir un moyen rentable d’enseigner à des masses d’élèves, elles sont néanmoins susceptibles de compromettre les objectifs sociaux et les devoirs éthiques de nos sociétés à l’égard de la santé et du bien-être des jeunes.

Les sociétés du secteur privé actives dans l’éducation et les entreprises technologiques mondiales ont principalement développé et intensifié leurs programmes commerciaux pour l’éducation publique par le biais de la mise à disposition de leurs infrastructures numériques pour l’enseignement et l’apprentissage en ligne (par exemple MS365, G Suite, AWS Cloud). Ceci a permis de consolider la part de marché des principaux fournisseurs d’infrastructures privés. Par exemple, le soutien apporté par le gouvernement britannique à Microsoft et Google a potentiellement restreint le marché des fournisseurs de plateformes d’apprentissage en ligne, en encourageant les écoles à se tourner vers celles qui, gratuites, bénéficient d’une assistance technique financée par le gouvernement. Dans une large mesure, l’investissement du gouvernement dans Microsoft et Google a permis à ces entreprises d’avoir la mainmise sur les infrastructures informatiques des écoles. De même, le gouvernement chinois a réalisé des investissements considérables dans les technologies de l’éducation basées sur l’IA pendant la pandémie, répondant ainsi à son ambition de longue date de créer un système éducatif innovant capable de renforcer la position géopolitique à long terme de la Chine dans le développement et le déploiement de l’IA (Knox, 2020). La participation des entreprises technologiques aux coalitions nationales et internationales, comme celles dirigées par l’UNESCO et l’ISTE, a contribué à élargir les activités dans le domaine des infrastructures à de nouveaux espaces géographiques, en particulier dans les régions mal desservies ou en développement.

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