LE POUVOIR DES MOTS DANS LA LUTTE CONTRE LA VGMS Winnie Namata UNATU (Syndicat national des enseignant.es de l’Ouganda)
L’expression « pour toujours » est censée qualifier quelque chose de beau. Je veux dire, les gens déclarent aux personnes qu’ils aiment « je t’aimerai pour toujours ». Nous avons même de l’argot millénial comme BFF, « best friends forever » (meilleur.es ami.es pour la vie). Quand les gens et les choses que nous aimons nous assurent que ces bonnes vibrations ne partiront jamais, on ressent une sensation extraordinaire. Notre cœur bat plus fort quand nous pensons à ces souvenirs merveilleux. Sur ce parcours, en dévoilant et en révélant les uns après les autres les différents aspects de ce qu’est la violence liée au genre en milieu scolaire (VGMS), mon cœur est soudain envahi d’émotions mitigées. « Peut-être que tout ne devrait pas durer éternellement. » Ces ateliers m’ont remémoré le passé et fait revivre des émotions que je pensais soigneusement enfouies au fond de moi et entre les murs de l’école. Et je me suis enfin aperçue que mes amies et moi-même avions d’une certaine façon été victimes de VGMS, même si elle n’avait pas été physique. Nous ne pouvons plus parler de ces « pauvres filles ». Nous sommes un chiffre. Nous sommes l’une d’elles. Ces filles, c’est nous ! C’est triste, d’autant plus que si nous avions l’occasion de nous trouver face à face avec les responsables, ils balaieraient notre douleur d’un revers de la main. Après tout, il ne s’agissait que de « MOTS ».
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