European Forum for Urban Security
Conférence
Démocratie, villes et drogues Nouveaux challenges, nouvelles solutions
Vienne 23-25 février 2011
Projet co-financé par l’Union européenne, programme Santé publique
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Introduction : une conférence pour agir
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Le projet Démocratie, villes et drogues
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Comment mieux vivre ensemble ?
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Comment renforcer les liens entre décideurs politiques, chercheurs et praticiens
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Trafics de drogues, impacts et réponses : un sujet primordial en matière de sécurité urbaine
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Phénomènes migratoires et facteurs interculturels dans les politiques en matière de drogues en Europe
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Programmes d’e-santé
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Quelles solutions pour les petites villes ?
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La parole des femmes et leurs besoins
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Pratiques locales pour vivre ensemble
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Comment valider votre travail
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La Déclaration de Prague sur les principes de politiques locales efficaces en matière de drogues
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La résolution Démocratie, Villes et Drogues et les conclusions
Une conférence pour agir Le cadre juridique de l’Union européenne donne aux responsables des politiques de prévention et de lutte contre les drogues un certain nombre de repères permettant de mener une approche assez équilibrée entre prévention et répression, ordre public, santé et développement social. Ce cadre relativement souple autorise les Etats nationaux à adopter des législations contrastées allant de la répression de l’usage de drogues à l’autorisation du petit trafic et à l’expérimentation de politiques curatives. A l’échelle des villes, l’hétérogénéité est encore plus marquée. La réponse apportée par les différents services concernés est très variable ; les quelques études sur la pratique des polices et des tribunaux font apparaître de très grandes amplitudes dans la réponse répressive. Il en est de même en ce qui concerne la prévention sanitaire et sociale ; la qualité des outils, leur nombre et leur couverture géographique créent une grande inégalité de resources entre les citoyens européens. Cette inégalité engendre des déséquilibres dangereux pour la pérennité de certaines politiques nationales mais surtout, elle ne correspond pas au niveau d’intégration que l’Europe a atteint ces dernières années. En tant qu’élus, quelles que soient nos convictions religieuses, éthiques et philosophiques à propos de nos concitoyens qui consomment des drogues, nous devons assurer le bien commun et garantir l’intérêt général, le « mieux vivre ensemble ». Dans le respect des lois, il nous faut trouver des modus vivendi qui permettent à tous les citoyens de se sentir membres de leur communauté et de leur ville ! L’usage des drogues est devenu inhérent à nos modes de vie, nos modes de produire, nos modes de loisirs. Le nombre des produits utilisés pour stimuler l’imaginaire, amplifier ses capacités physiques ou intellectuelles, accroître le plaisir et découvrir de nouvelles jouissances augmente constamment. L’usage de ces produits devrait être raisonné ; chacun gère sa santé, son équilibre au sein de la communauté et son budget lui donne la mesure de sa consommation. C’est l’excès qui nous préoccupe, la démesure dans l’usage, le dépassement des capacités de la personne à faire un usage raisonnable, une mise en péril de l’insertion de la personne au sein de la société, de la communauté, du groupe. L’excès déclenche l’attention et la réaction de l’Autorité publique.
L’ordre public, le bien être social et la santé sont mis en cause par l’usage excessif des drogues. Mais les politiques sociales n’ont jamais dépendu des croyances des personnes. Autant dans un cadre national, il appartient aux élus de décider de l’orientation d’une politique de lutte contre le trafic ou de restriction de l’usage des drogues, autant au niveau local, le rôle de l’élu est d’assurer les éléments contribuant au « vivre ensemble ». C’est ce qui s’appelle le pragmatisme. La diversité des situations dans les villes et des politiques pousse à ce que les villes européennes échangent sur leurs politiques locales, qu’elles aident les villes qui n’ont pas encore un type d’approche pragmatique. C’était l’objet principal de notre programme « Démocratie, villes et drogues » durant ces quatre dernières années et c’est le sens de notre conférence à Vienne. Plus qu’une déclaration, cette conférence doit nous donner les éléments constitutifs d’une politique des villes européennes sur les drogues alliant pragmatisme et réalisme, ordre public, santé et développement de la personne. Michel Marcus Délégué général Forum européen pour la Sécurité urbaine
Le projet Démocratie, villes et drogues 23 février Présentation des résultats du projet DC&D II par les responsables de chaque plateforme nationale et thématique Susanne Schardt, consultante, Realitäten Bureau Martine Lacoste, plateforme « Jeunes errants », vice-présidente de la Fédération Addiction Cinzia Brentari, plateforme « Femmes et drogues », consultante, IREFREA Italie Stéphane Leclercq, plateforme « Milieux festifs », ABD-ES Thomas Legl, plateforme « Traitements et accès aux soins », président d’EuroTC Eric Schneider, plateforme « Education à la santé », directeur d’Acces13 Vanina Hallab, plateforme française, Forum français pour la Sécurité urbaine Viola Barbieri, plateforme italienne, Forum Italiano per la Sicurezza Urbana Nuno Oliveira, plateforme portugaise, vice-président du conseil municipal de Matosinhos, Fórum Português para a Prevenção e Segurança Urbana Doina Nita, plateforme roumaine, Agence nationale anti-drogue Cette session a permis de jeter un premier coup d’œil sur le travail réalisé dans le cadre des différents groupes de travail du projet DC&D II. Tous les groupes ont développé des outils opérationnels dans leur domaine, pouvant être utilisés sur le terrain par différents types d’acteurs. Au cours des discussions, l’ensemble des intervenants a exprimé un besoin fort d’une approche transversale et multi partenariale, incluant les groupes cibles eux-mêmes, dont la voix est très rarement entendue lorsqu’il s’agit de développer ou mettre en place des politiques les concernant. On retrouve également un large consensus sur le fait que ce qui marche quelque part n’est souvent pas transposable directement ailleurs, sans adaptation. En effet, de la flexibilité et une représentation claire de la véritable situation sont nécessaires. Plutôt que des solutions « prêt-à-porter », des réponses
« sur mesure » fondées sur une volonté et un constat communs ainsi que sur les standards de qualité en vigueur doivent être apportées. Les groupes de travail ont voulu proposer des réponses, des approches et des outils innovants mais la mise en œuvre concrète doit faire l’objet d’une évaluation individuelle des besoins et spécifique à chaque contexte. Certaines remarques et critiques ont également été émises durant la discussion : • Dès lors que les guides sont disponibles pour les différents champs, comment vont-ils être utilisés ? Il serait intéressant de pouvoir suivre cette mise en place, de l’évaluer et d’en publier les bonnes pratiques. • Il semble également que l’approche répressive des consommateurs de drogues gagne encore du terrain. Comment peut-on répondre à cette tendance tout en gardant l’équilibre entre d’une part les droits légitimes des citoyens à l’ordre public et à la sécurité et d’autre part les droits fondamentaux des usagers de drogues, qui sont des citoyens comme les autres ? En savoir plus sur le projet Démocratie, villes et drogues II
Comment mieux vivre ensemble ? 23 février Michel Marcus, délégué général du Forum européen pour la Sécurité urbaine Martine Lacoste, vice-présidente de la Fédération Addiction, France Comment trouver les moyens de mieux vivre ensemble dans une société avec des personnes souffrant d’addictions ? Christian Laval, directeur adjoint de l’Observatoire national sur les Pratiques en santé mentale, Docteur en Sociologie, Centre Max Weber, Lyon, France Des incertitudes aux actions créatives Cette session a pour objectif principal de replacer la question des usages de drogues, telle qu’envisagée par l’Efus et ses partenaires, dans un cadre plus général qui est celui du « vivre ensemble ». Il s’agit bien sûr des rapports interpersonnels entre tous les citoyens d’une ville, d’une société, qui vivent avec plus ou moins de bonheur sur un même territoire. Il s’agit aussi, et ce n’est pas négligeable, des rapports entre citoyens et Autorités publiques, que ce soit à l’échelon local, national voire supra-national. Comment appréhender ce rapport extrêmement complexe entre l’individu et la règle, sa compréhension, son acceptation ? La question doit également se poser à l’inverse. Comment créer, d’un point de vue public, un cadre de vie – légal mais pas seulement – le plus adapté à chacun, respectant les différences et les aspirations ? Comment, finalement, organiser la vie en société ? Une des questions fondamentales réside dans le rapport qui existe entre les pratiques et les discours d’Etat. Comment les premières se mesurent-elles aux seconds ? On voit qu’il existe parfois des fossés entre ces deux réalités. Rendre plus visibles et promouvoir les pratiques du terrain représente indéniablement un défi et un travail permanent qui doit être réalisé par l’Efus et par d’autres. Le « bien vivre ensemble », avec le temps, est devenu une interrogation : « pourquoi ne peut-on pas vivre ensemble ? » Nous vivons dans une société où le citoyen est en tension permanente avec le consommateur. Il faut donner du sens à l’éducation des jeunes et intégrer le fait qu’en aucun cas les modèles répressifs en matière de drogues ne pourront se substituer aux modèles
préventifs. Ces modèles, quant à eux, doivent veiller à s’adapter et à s’ajuster à de nouveaux comportements (tels que la pratique du binge drinking chez les jeunes). Il est également nécessaire de réaffirmer les bases. Il est indispensable que les stratégies de prévention soient conjuguées avec des politiques de réduction des risques et d’accès aux soins. Mais, partant de tout cela, il faut aussi garder à l’esprit que les modèles de prise en charge des toxicomanes et les pratiques en matière de réduction des risques ont été pensés, pour certains, il y a plus de 20 ans. Il faut donc se poser la question de leur pertinence pour répondre aux problèmes actuels. En savoir plus... L’intervention de Martine Lacoste
Comment renforcer les liens entre décideurs politiques, chercheurs et praticiens 24 février Luciano Gamberini, Laboratoire de Technologies humaines, département de Psychologie générale, Université de Padoue, Italie Doina Nita, assistante chef de projet, Agence roumaine antidrogues, Roumanie Valérie Paternotte, département de la Santé, Commission communautaire française de Bruxelles, Belgique Bertrand Fincoeur, coordinateur du projet EMROD, Province de Liège, Belgique Hans Gros, coordinateur Drogues de la ville de Stuttgart, Allemagne Matej Košir, Institut de Recherche et de Développement Utrip, Slovénie Adam Zawadzki, DAAD Fellow, réseau BASICS, diplômé en sciences de l’Education Bien que l’on s’efforce constamment de trouver de nouvelles méthodes plus efficaces pour aborder le phénomène de l’abus de drogues, force est de constater que les différents acteurs travaillant dans ce domaine ont souvent des intérêts distincts. Pour différentes raisons, les résultats scientifiques sont souvent intégrés avec un grand retard aux pratiques quotidiennes des travailleurs sociaux. Il arrive même que certains résultats des recherches scientifiques ou mises à jour des pratiques sociales passent « à la trappe » et soient ignorés des décisionnaires. Du fait de la difficulté à fluidifier le processus « du savoir à l’action », une bonne partie des actions entreprises auprès des usagers de drogues sont le résultat de solutions disparates et d’un manque de directives claires. Il semble que l’on fait plus grand cas des sensibilités et approches des acteurs de la prévention et des organisations politiques que des besoins des consommateurs et des connaissances scientifiques. La carte des interventions se transforme rapidement en zones hétérogènes d’interventions, caractérisées par une faible disponibilité des différents traitements, des retards dans la mise en place des meilleures pratiques et des différences importantes entre les systèmes de répression et de tolérance. Tous ces facteurs jouent un rôle dans l’émergence et
l’augmentation de l’insécurité dans certaines zones et aboutissent à un gâchis d’argent public et à une désaffection du public, qui perçoit le système de santé comme inefficace et incohérent. Les débats ont révélé combien chercheurs et élus ont des attentes différentes, notamment parce qu’ils sont confrontés à des échéances différentes dans leur calendrier d’action. Le temps politique n’est pas le même que celui des ONG ou de la recherche. Malgré tout, on peut observer qu’il est possible et plus facile de trouver des concordances entre le temps de la recherche et celui du terrain. Adam Zawadzki considère que les activités de recherche sont adaptées à un cadre spécifique ; elles se fondent sur des preuves mais elles s’adaptent aussi, en cours de programme, aux comportements. Il explique également que le fossé n’est pas seulement une question de langage mais également de codes et de normes professionnelles et culturelles. Dans quelle mesure ce fossé induit–il des attentes différentes ? Bertrand Fincoeur pense que les élus souhaitent avoir une vision opérationnelle et les chercheurs aspirent à une indépendance, une validation et une application de leurs études. Le langage est le même mais les différents acteurs ne semblent pas se comprendre et les travaux ne sont pas forcément lus. Selon Matej Košir, la recherche doit présenter aux élus des travaux courts, dans un langage vulgarisé. Elle doit aussi fournir des conclusions et des statistiques qui permettent de susciter un intérêt et d’obtenir des soutiens politiques. Cette explication fait consensus ; il est nécessaire de fournir une synthèse et souvent ce rôle revient aux techniciens des collectivités qui deviennent des intermédiaires entre les élus et la recherche scientifique. L’approche scientifique serait–elle difficile à mettre en œuvre ? L’ensemble des intervenants considère que la recherche doit s’adapter à la réalité sociale sans oublier qu’elle a également pour objectif d’indiquer les grandes tendances à venir. En savoir plus…
Trafics de drogues, impacts et réponses : un sujet primordial en matière de sécurité urbaine 24 Février Mylène Frappas, coordinatrice Drogues, ville de Marseille, France Michel Kokoreff, Professeur à l’Université de Nancy II, France Le «business» dans les quartiers défavorisés, l’exemple des banlieues pauvres en France Mario Lap, Drug Text Foundation, Pays-Bas Cannabis: marchés et politiques Nicola Singleton, directrice de Politiques et Recherches, Commission des politiques en matière de drogues, Royaume-Uni Pour une stratégie de réduction des risques appliquée à la sécurité Anne Coppel, sociologue, France Johnny Connolly, chercheur, Unité de Recherche sur l’alcool et les drogues, An Bord Taighde Slainte, Irlande Adam Crawford, professeur de Criminologie et de Droit pénal, directeur du Centre d’études de droit pénal, Université de Leeds, Royaume-Uni Conclusions de Johnny Connolly Les quatre présentations que nous avons écoutées ont permis d’identifier des thèmes-clés liés à l’organisation des marchés de drogues illégales, leur impact à l’échelon local, comment nous devrions y répondre et comment nous y répondons dans la réalité. Tout d’abord, nos réponses au crime lié aux drogues et aux marchés de drogues illégales sont clairement inspirées, bien que pas totalement limitées, par le cadre des lois et conventions internationales. Nous avons écouté comment les Pays-Bas cherchent à négocier les tensions et les problèmes créés par ce cadre international, et les nombreux succès engrangés grâce à cette approche. Nous avons aussi appris que nos réponses aux marchés de drogues illégales doivent être fondées sur une compréhension très claire de leur fonctionnement. Il y a de nombreux marchés et de nombreux acteurs impliqués, qui jouent des rôles différents. Tous les marchés ne sont pas aussi nocifs et nous devons écarter les nombreux mythes qui règnent autour de ces marchés. Par exemple, de très nombreux acteurs de ces marchés sont de petits
revendeurs, souvent des usagers qui se trouvent pris dans le cycle des dettes et qui gagnent un tout petit peu d’argent en faisant de la revente. Nous devons avoir conscience du fait que la réponse de la justice criminelle aux marchés de la drogue peut avoir des conséquences négatives involontaires. Par exemple les tribunaux imposent des amendes aux délinquants, ce qui alourdit leurs dettes et peut contribuer à les amener à vendre de la drogue. Nous devons aussi avoir conscience du fait que les marchés de la drogue illégale peuvent, en particulier au niveau local, créér des dommages importants pour les individus et les communautés et contribuent au sentiment d’insécurité et à la vulnérabilité des habitants. Ceci étant dit, et bien que certains estiment que la légalisation (ou la décriminalisation) est la solution, nous devons pour l’heure, en attendant que de tels changements se produisent, adopter une approche que je qualifie de pragmatique et humaniste. Le dernier intervenant a développé un thème important : comment réorienter la lutte contre les drogues de façon à traiter les dommages par une approche partenariale entre tous les acteurs ? Nous devons prendre de telles initiatives innovantes pour adopter de nouvelles approches à des anciens défis. Conclusions d’ Anne Coppel 1°) « Le business des cités comme solution et comme problème : l’exemple des banlieues pauvres en France » par Michel Kokoreff. L’ampleur et l’organisation du trafic sont peu connues, mais on sait que cette économie parallèle, une économie de la débrouillardise, ne se limite pas aux drogues. Les opérations policières se sont multipliées ces dernières années, tandis que les réseaux de trafic se renouvellent sans cesse, suscitant tensions et craintes. La mise en scène de la guerre des bandes relève plus de la communication politique que d’une politique réfléchie et concertée. 2°) « Le cannabis aux Pays-Bas, marché et politique » par Mario Lapp. Les coffee shops n’ont pas réglé la question du statut du produit et dans les années 90, les réseaux organisés se sont emparés de la production, augmentant par exemple le taux de THC, tandis que le gouvernement a intensifié la lutte contre la production. Aujourd’hui, un débat s’est ouvert sur le « tourisme cannabis », au nom de la sécurité. Le gouvernement se propose d’en interdire la
vente aux étrangers, mais cette mesure inquiète les municipalités : ce qui n’est pas vendu dans les coffee-shops le sera dans la rue. A terme, un changement des conventions internationales est nécessaire mais dès à présent, leur interprétation doit privilégier la protection effective de la santé. 3°) « Pour une stratégie de réduction des risques appliquée à la sécurité », par Nicola Singleton. Plutôt que les quantités de drogues saisies ou le nombre des personnes interpellées, la priorité doit être accordée à l’amélioration de la qualité de la vie des citoyens. A défaut de pouvoir éradiquer les marchés illicites, on doit au moins faire en sorte que leurs conséquences soient les moins nuisibles possibles. Tels sont les principes qui doivent guider l’action des services répressifs. Les priorités doivent être définies en fonction des effets et impacts du trafic pour les concitoyens. C’est là un changement radical de perspective, qui implique une vision à long terme, une négociation avec les acteurs en présence, une rédéfinition des missions et des pratiques policières. Ces trois interventions ont identifié les questions clés suivantes : 1) Diagnostic de la situation : à défaut d’évaluer l’ampleur du trafic, on peut en connaître ses conséquences pour les concitoyens. Les différents types de trafics n’ont pas les mêmes effets et impacts pour les villes et leurs habitants ; ils peuvent être plus ou moins violents, peser plus ou moins sur leur entourage. 2) Définition des priorités des services répressifs : les priorités doivent être définies avec les partenaires concernés pour l’amélioration de la qualité de vie des concitoyens. Un tel objectif implique de repenser les pratiques répressives. La négociation des priorités favorisera une meilleure communication entre les services et les communautés urbaines. 3) Politiques de drogues : les conventions internationales définissent un cadre général, mais il reste une marge de manœuvre dans leur interprétation. La démarche de réduction des risques pose une question : quelles actions protègent au mieux la santé ? La même démarche s’applique à la sécurité : quelles actions améliorent effectivement la sécurité des citoyens ? Cette démarche pragmatique peut être mise en œuvre quel que soit le cadre législatif et elle peut obtenir des
résultats immédiats. Elle doit aussi contribuer à l’expérimentation de réponses innovantes, à défaut de réponses satisfaisantes. Alors que le trafic de drogues est l’exemple d’un problème considéré comme insoluble, il est apparu clairement à la fin de la session que la définition de priorités permet d’orienter l’action des services de police pour une plus grande efficacité, dans le respect des droits civiques. En savoir plus... Les interventions d’Adam Crawford et de Michel Kokoreff La présentation de Mario Lapp La présentation de Nicola Singleton
Phénomènes migratoires et facteurs interculturels dans les politiques en matière de drogue en Europe 25 février Luciano Gamberini, Docteur au laboratoire de Technologies humaines, département de Psychologie générale, Université de Padoue, Italie Eberhard Schatz, réseau Correlation, Chef de projet Jane Fountain, de l’Université centrale du Lancashire (Angleterre), Centre pour l’Ethnicité et la Santé Un modèle d’engagement communautaire, techniques et résultats Katia Duscherer et Carlos Paulos, CePT, Luxembourg Lost in translation – Réduction des risques entre les frontières belge, française, allemande et luxembourgeoise Franco Corradini, adjoint au maire de Reggio Emilia (Italie), chargé de la cohésion sociale et la sécurité et vice-président de l’Efus L’expérience de la région Emilie Romagne, Italie Ramazan Salman Privat, directeur du centre ethno-légal de Hanovre, Allemagne Avec les migrants, pour un modèle migrant Jane Fountain a présenté un modèle d’engagement communautaire qui remet en question les processus traditionnels de recherche et de consultation auprès des migrants et des communautés en marge de la société. Ce modèle a été créé pour répondre aux situations dans lesquelles les services sociaux et de santé (parmi lesquels les services « drogue ») et les chercheurs prétendent consulter, représenter, impliquer, responsabiliser ou développer les populations soi-disant « cachées » ou avec lesquelles il serait « difficile d’entrer en contact ». Mais en réalité ces prétentions sont trop souvent infondées et la « consultation » et le reste sont trop superficiels. En effet, il est fort probable que les chercheurs et évaluateurs de risques soient « parachutés » dans une communauté et donc y récoltent les informations qu’ils veulent sur cette population cible pour ensuite disparaître et rédiger un rapport brillant et des articles universitaires : la population cible n’est donc pas impliquée dans le projet et n’en tire aucun bénéfice.
Le modèle d’engagement communautaire permet de répondre aux besoins de santé et de services sociaux des exclus grâce à un accès, une expérience et des résultats équitables. Ce projet a d’abord été mis en place en 2000 parmi les migrants consommateurs de drogues et a depuis été étendu à d’autres domaines (comme ceux de la santé mentale ou de l’extrêmisme violent), ainsi qu’à d’autres communautés cibles. La présentation a mis en avant certains des succès rencontrés par les différents projets ayant utilisé ce modèle. La présentation powerpoint revient plus en détail sur ce modèle et certains des projets qui l’ont mis en place. Présentation du projet CePT concernant les lieux festifs au Luxembourg : projet MAG-Net Party. Ce projet était nécessaire car il y a une grande mobilité des lieux festifs dans les zones frontalières entre le Luxembourg, la Belgique, la France et l’Allemagne. Les jeunes traversent les frontières pour se rendre à des événements festifs, mais souvent ils ne connaissent pas les régions où ils se rendent, ni la langue et les législations en vigueur sur les drogues légales/illégales. De même, ils ignorent souvent les services d’urgence ou de santé qui existent dans les autres pays. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre cinq institutions qui ont cherché à susciter l’intérêt des noctambules et aussi à travailler avec leurs pairs, c’est-àdire d’autres étudiants. Dans la ville italienne de Reggio Emilia, la politique d’intégration pour les communautés d’immigrants repose sur des actions sociales et de santé. Franco Corradini, adjoint au maire de Reggio Emilia chargé de la sécurité, a expliqué comment les intervenants de rue ont mis en place des relations de confiance avec les migrants grâce à des médiateurs de rue de langue arabe qui interviennent dans les quartiers à forte concentration d’immigrés. En Allemagne, le programme MiMi est un modèle de prévention dans le domaine de la santé à destination des communautés d’immigrants. Ce programme recrute, forme et soutient des immigrés pour qu’ils deviennent des médiateurs culturels. Ils agissent dans leur communauté afin de promouvoir une perception de la santé et du corps qui diffère de leurs coutumes traditionnelles. L’objectif de ce programme est de rendre le système de santé allemand plus
accessible aux immigrants, d’accroître leur connaissance en matière de santé et de leur donner de l’autonomie en favorisant leur participation directe dans ce processus. En savoir plus… Présentation du projet « Lost in Translation » (Katia Duscherer et Carlos Paulos) Extrait du projet « Lost in Translation » (Katia Duscherer et Carlos Paulos) Présentation par Jane Fountain Abstract par Jane Fountain Présentation par Franco Corradini
Programmes d’e-santé 24 février Stéphane Leclercq, ABD-Energy control, Barcelone L’e-santé d’Energy control et les nouveaux médias comme outils d’assistance Pjer Vriens, promoteur de développement du département des maladies infectieuses, service de Santé publique de la ville de Rotterdam – réseau Corrélation, coordinateur d’e-santé. E-santé et drogues : introduction et présentation d’un nouvel outil d’intervention sociale pour une assistance en direct sur internet Karl Kociper, Check-it, Vienne Critères pour une assistance par internet Internet offre des possibilités uniques de créer de nouvelles méthodes et stratégies pour faire un travail efficace d’assistance online. De nouveaux outils sont développés pour réduire le fossé entre prévention et traitement. Les organisations doivent aussi développer leurs propres produits audio et vidéo ainsi que les nouveaux médias et remplacer les traditionnels documents en papier par l’e-santé et le web 2.0. Dans les années à venir, il faudra également travailler sur les contenus et les applications de téléphonie mobile. De nouvelles compétences sont également nécessaires et les techniques de soutien classiques doivent être adaptées. Le groupe de travail sur l’e-santé de DC&D II a présenté certaines des options qui sont déjà accessibles aux praticiens à un coût raisonnable. En savoir plus… Présentation de Stéphane Leclercq Présentation de Pjer Vriens Présentation de Karl Kociper
Quelles solutions pour les petites villes ? 24 février Susanne Schardt, consultante, bureau Realitäten, Allemagne Hélène Martineau, directrice adjointe de l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), France Présentation quantitative de la consommation de drogues et des services dans les régions françaises. Vue d’ensemble des disparités Roger Ferrer Montero, Coordinateur, projet DRAC Présentation du projet DRAC, un programme de prévention de la consommation de drogues et de réduction des risques, lancé par le Conseil d’Osana, Espagne Bernard Rivaillé, maire adjoint chargé de la sécurité de la ville de Lormont, France La situation française et le rôle des municipalités dans le domaine de la prévention Antonio Leone, service des Projets et de la Communication, ville de Cormano, Italie Prévention de l’usage de drogues légales et illégales chez les jeunes. L’expérience de Cormano, une petite ville dans un environnement complexe Cet atelier est fondé sur le constat que les services drogues sont principalement disponibles dans les grandes villes, alors qu’il existe aussi des consommateurs ayant des comportements à risques dans les zones rurales et les petites villes. Les difficultés budgétaires jouent ici un rôle important, tout comme l’influence que subissent les villes proches des grandes agglomérations, telles Bordeaux (France) et Milan (Italie). Suite aux présentations des différentes approches et à la contribution de l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), la discussion a porté sur le rôle de « laboratoires pour le changement » que jouent les petites villes et ce, pour deux raisons principales : 1. Dans les villes plus petites, les décideurs politiques sont « plus proches des problèmes » ou comme l’a dit l’un des intervenants : « Sans doute, moins d’études sont réalisées dans les petites villes, mais on y a le sens des réalités, doublé d’une bonne compréhension des possibilités. » 2. Il est plus facile pour les petites villes de rassembler les acteurs locaux et d’inclure réellement tous les groupes concernés. Cela permet d’accélérer le
processus de décision et de trouver des solutions très flexibles. Cependant, un point doit être souligné : si les décideurs politiques des villes plus petites sont plus proches des problèmes, l’inverse est également vrai, c’est-àdire qu’ils sont observés de près par les habitants. Ceci fait que les problèmes doivent être gérés vite et que les réponses sont souvent inspirées par l’opinion publique plutôt que par les données et les chiffres réels. Un point particulièrement intéressant soulevé pendant la discussion est que les petites villes ne doivent pas seulement former des alliances au sein de leur propre communauté, mais également avec d’autres communautés alentour, plus petites. Cela permet une utilisation efficace des budgets et assure une stratégie commune de gestion des problèmes régionaux. En savoir plus... Présentation d’Hélène Martineau Présentation de Roger Ferrer Présentation d’Antonio Leone
La parole des femmes et leurs besoins 24 février Cinzia Brentari, coordinatrice du groupe de travail « Femmes et drogues », consultante Irefrea, Italie. Rosario Mendes, Irefrea Portugal Inégalité des sexes : cinq raisons de boire différemment Pye Jakobsson, porte-parole, Rose Alliance, Suède Remettre en question le concept des communautés avec lesquelles il est « difficile d’entrer en contact » Cinzia Brentari est la coordinatrice du groupe de travail « Femmes et drogues » du projet DC&D II. Le groupe de travail a élaboré un ensemble de directives sur les problèmes auxquels font face les femmes consommatrices ou dépendantes des drogues, ainsi que leurs difficultés de vie. La méthodologie a consisté tout d’abord à travailler avec plusieurs services des villes et à poser les questions suivantes : - disposez-vous de services destinés aux femmes consommatrices de drogues ? - récoltez-vous des données ? - avez-vous des directives spécifiques sur les questions de genre ? Le groupe de travail a ensuite consulté les données disponibles, les résultats des recherches, les directives et protocoles. Ces directives seront bientôt disponibles sur le site internet du projet DC&D II. Données : - il y a plus d’hommes consommateurs de drogues que de femmes ; - la violence, parmi les consommateurs de drogues, vise plus souvent les femmes ; - le taux de femmes ayant des difficultés financières est plus important ; - les femmes sont plus vulnérables aux infections que les hommes. Cette session a été une excellente conclusion à trois années de travail. Elle a permis d’analyser les nouvelles évolutions de la consommation de drogues chez les femmes en Europe, comme par exemple l’émergence du phénomène
d’alcoolisation massive (binge drinking) chez les jeunes femmes (comme c’est aussi le cas chez les jeunes hommes). Les différents intervenants ont insisté sur la nécessité de remettre en question le préjugé selon lequel les femmes sont « plus difficiles à atteindre ». Il faut notamment, ont-ils souligné, entrer en contact de façon différente avec les consommateurs de drogues et tout d’abord prendre en compte leurs expériences et situation personnelles. L’une des principales idées évoquées lors des débats est qu’au lieu de créer des services spécifiques pour les femmes, il vaut mieux focaliser l’ensemble des services de prévention contre les drogues et l’alcool en fonction du sexe. En savoir plus … Présentation par Rosario Mendes
Pratiques locales pour vivre ensemble 24 février Vanina Hallab, coordinatrice de la plateforme française de DC&D II, Forum français pour la Sécurité urbaine, France Carla Napolano, chef de projet, Forum européen pour la Sécurité urbaine Thomas Kattau, administrateur du groupe Pompidou, Conseil de l’Europe Patricia Ros, chef du service Drogues de la ville de Tarragone, Espagne Plateforme « Nits Q » à Tarragone, Projet Nuits de qualité Philippe Lagomanzini, directeur de l’association Drogues et Société, France Usagers de drogues : territorialisation des modes d’intervention et de prévention de l’exclusion Manon Reynders et Sophie Neuforge, Observatoire des Drogues de la ville de Liège, Belgique Projet expérimental de traitement assisté de l’addiction à l’héroïne, intégration dans la ville : les enjeux Dominique Meunier, chargé de mission, Fédération Addiction, Paris Karlheinz Cerny, expert référent du projet, cadre de direction à l’Espace du Possible- ADNSEA, Lille Jeunes en errance dans les villes européennes- usagers de drogues, alcool et autres substances psychoactives Olivier Peyroux, sociologue, Hors la rue, France Comportements addictifs dans les communautés migrantes roms Eberhard Schatz, chef de projet du réseau Correlation, Amsterdam, Pays-Bas Comment intégrer les individus marginalisés dans les politiques locales de lutte conre les drogues ? Le fait que nos sociétés accueillent de plus en plus de groupes ethniques différents, en particulier depuis l’extension de l’espace Schengen et en raison de la mobilité accrue en Europe, signifie que les acteurs de terrain doivent acquérir de nouvelles compétences pour apprendre les langues parlées par les immigrants et connaître leurs habitudes sociales. Il est en effet souvent difficile de communiquer avec les migrants ou les résidents d’origine ethnique/ culturelle différente (par rapport au reste de la population) quand ces derniers sont exclus et consomment des stupéfiants. Le personnel manque de
compétences et n’a pas les capacités pour établir le contact. De plus, ces groupes sont souvent peu enclins à demander ou à recevoir de l’aide, même dans les situations graves, parce qu’ils ressentent une peur profonde de l’Etat et de toute organisation officielle. La réaction commune parmi les professionnels de la santé et de la prévention est de recruter du personnel d’origine ethnique différente. De plus, les praticiens réclament régulièrement davantage d’échanges professionnels entre les pays ainsi que des contacts de travail directs entre acteurs de première ligne, à travers toute l’Europe. L’ensemble des experts et professionnels consultés pour cette recherche confirment la difficulté d’entrer en contact avec les groupes d’origine ethnique et culturelle différente. Les principaux problèmes sont les différences de mentalités et de conventions sociales, une culture et une hiérarchie différentes, les problèmes de langues et d’intégration. Les individus membres de ces communautés sont souvent en mauvaise santé et ne reçoivent aucun traitement parce qu’ils n’ont pas accès aux services adéquats ou se méfient des institutions. Dans de nombreuses cultures, on considère que les problèmes doivent rester en famille et il est mal vu de faire appel à l’extérieur. Il est très rare que des individus membres de ces communautés soient pris en charge par les institutions, du fait de ces liens familiaux très forts et de la méfiance envers les services publics. Du point de vue politique, ces projets sont tous fondés sur une approche de santé publique, avec un objectif global qui ne bénéficiera pas seulement aux groupes cibles mais également à l’ensemble de la société. Il est beaucoup plus efficace d’aborder les problèmes ainsi, plutôt que de s’inspirer d’une idéologie soutenue par seulement une partie de la société. En termes de mise en place et de gestion, tous ces projets ont une approche pratique et de proximité centrée sur les clients. Ils ne sont pas centrés sur l’intérêt des institutions mais sur des solutions pragmatiques répondant aux besoins des clients. Ceci garantit la réussite et l’utilisation optimale des ressources. Tous ces projets ont également en commun de viser un objectif global d’inclusion sociale et d’intégration. Les groupes cibles, les bénéficiaires et les activités varient beaucoup d’un projet
à l’autre. Certains s’attaquent aux comportements à risque au sein des jeunes appartenant à la majorité, c’est-à-dire ceux qui s’adonnent à des activités « classiques » de la culture jeune comme aller en boite de nuit et autres loisirs nocturnes. D’autres projets soutiennent des groupes marginalisés et exclus et proposent des services et de l’aide pour favoriser l’intégration. Les méthodes de travail sont très différentes. Certaines sont fondées sur une approche « service » (client/fournisseur), alors que d’autres reposent sur le travail avec les pairs. Cependant, tous les projets ont un objectif commun : impliquer les usagers et consulter leurs groupes cibles pour définir et mettre en place les activités. Une autre caractéristique commune est la mise en réseau des différents acteurs sur le terrain et, à distance, via internet, des sessions de formation et des réunions avec les collègues d’autres régions et pays. L’une des réussites les plus intéressantes de ces projets est que tous se sont assurés la coopération des acteurs concernés ainsi que l’engagement et le soutien des élus. C’est une tâche difficile et l’expérience montre que de nombreux projets échouent faute de soutien politique. Cependant, ces partenariats essentiels à la viabilité des projets demandent à être confirmés sur la durée. Il sera également intéressant de voir si les décideurs politiques tireront des leçons de ces projets et les diffuseront. En savoir plus… Résumé de M. Reynders and S. Neuforge
Comment valider votre travail 24 février Etapes pour l’évaluation d’une politique locale en matière de drogues Fernando Mendes, responsable de l’évaluation du projet Démocratie, villes et drogues, Irefrea Portugal Matej Košir, Institut de recherche et de développement Utrip, Slovénie La complexité des réponses au problème des addictions est également patente dans nos villes et dans les différentes options que nous devons considérer. Cependant, il est possible de développer des stratégies pour faciliter l’évaluation de nos interventions. Ainsi, il est clair que tout programme local d’évaluation doit comporter : • une analyse systématique et une constante amélioration des programmes des services de santé (programmes de réduction de la demande - prévention, réduction des risques et traitement) ; • l’utilisation d’instruments d’évaluation qui doivent également être vérifiés régulièrement ; • un programme central cohérent (maintenir un réseau local entre la justice, les services de santé et les services sociaux) ; • des objectifs de santé publique forts ; • des résultats en termes de santé publique soutenus et constamment améliorés ; • une mise en commun des points d’excellence du programme ; • une politique de communication • une planification et une allocation des budgets minutieuses ; • la recherche des meilleures pratiques. En savoir plus… Présentation Powerpoint de ce groupe de travail
La Déclaration de Prague sur les principes de politiques locales efficaces en matière de drogue 25 février Pavel Bém, ancien maire de Prague Kasia Malinowska-Sempruch, directeur du programme « Global Drug policy », Open Society Institute Tomas Zabransky, directeur de la Recherche et du Développement, Centre pour les addictions, République tchèque Christine Köhler Azara, commissaire aux drogues à Berlin, Allemagne La Déclaration de Prague a été présentée par l’ancien Maire de Prague, Pavel Bem. Il s’agit d’un message des représentants de gouvernements municipaux, des décideurs responsables des politiques locales en matière de drogues, des travailleurs oeuvrant dans le domaine de la prévention, du traitement et de la réduction des risques sanitaires, ainsi que des chercheurs et scientifiques spécialisés dans ce champ. Ce document a été préparé au cours de la conférence Urban Drug policies in the Globalised World (littéralement, politiques urbaines en matière de drogues face à la mondialisation), du 30 septembre au 2 octobre 2010, et il peut être signé par quiconque est intéressé par les politiques urbaines, municipales et locales en matière de lutte contre la consommation de stupéfiants sur www. praguedeclaration.com. M. Bem a également présenté la politique locale en matière de drogues mise en place dans la ville de Prague. Il a montré les points positifs de ce type d’action, parmi lesquels le faible nombre de drogués « invisibles » parmi la population, un faible taux de mortalité, peu de malades du SIDA chez les consommateurs problématiques, des taux de mortalité raisonnables, des dynamiques gérables, des coûts économiques et sociaux acceptables. Selon lui, « un défi que nous aurons à relever à l’avenir sera d’améliorer et de maintenir de façon régulière des échanges d’informations entre les niveaux locaux, nationaux et internationaux en matière de politiques dans le domaine des drogues et ce via une voix
commune ». Kasia Sempruch de l’Open Society Institute (OSI) a souligné les succès remportés par les politiques nationales de réduction des risques sanitaires mises en place au Portugal et en Suisse. « Pour nous, l’Efus est un réseau intéressant car il sort les politiques de leurs contextes nationaux et locaux et les fait partager au reste de son réseau, » a-t-elle déclaré. « Le niveau local est particulièrement intéressant car il nous permet de nous faire une idée précise de ce qui fonctionne ou pas. » En savoir plus… Présentation de P.Bem sur la Déclaration de Prague Présentation de P.Bem sur l’exemple de la ville de Prague Présentation de C. Köhler Azara
La résolution Démocratie, Villes et Drogues et les conclusions La vente et la consommation des drogues sont des phénomènes profondément inscrits dans les espaces publics de nos villes. En tant qu’élus représentant le bien commun, nous devons prendre acte de cette réalité et faire en sorte d’en limiter les effets nocifs pour les personnes, les familles et le public. Toute démarche doit être fondée non sur l’idéologie, mais sur le réalisme et l’analyse des faits, et particulièrement sur les résultats de l’évaluation scientifique ordonnée par la Commission européenne.[1]. Un certain consensus existe déjà en la matière. Il se retrouve notamment dans le Manifeste de Saragosse (2006)[2], la Déclaration de Vienne (2010) [3] et la Déclaration de Prague (2010)[4] qui énoncent certains principes et recommandations que nous souhaiterions rappeler ici. Les questions de sécurité et de santé publique ne doivent pas être vues comme contradictoires en la matière, mais bien complémentaires et interdépendantes l’une de l’autre. Dans ce cadre, il est particulièrement nécessaire de veiller à ce que les droits humains fondamentaux soient garantis pour les personnes souffrant de détresses sévères liées à l’usage de drogues. En effet, ces détresses doivent avant tout être considérées comme des maladies. Les politiques essentiellement répressives envers les consommateurs se sont révélées clairement inadaptées. Elles accentuent la stigmatisation et maximisent les risques. Pour les personnes. Pour les communautés. La lutte contre le trafic, notamment au niveau international, et l’organisation du marché sont les priorités de ces politiques et non les consommateurs. Les politiques locales sont reconnues comme celles ayant l’impact le plus direct sur la situation en matière de drogues. Le niveau local s’avère également indispensable à la récolte d’informations et au développement d’expériences novatrices. Il revient aux autorités locales de favoriser les conditions permettant le développement du « mieux vivre ensemble », chacun pouvant affirmer sa citoyenneté et contribuer à la construction d’une cohésion sociale ; cela concerne
aussi les consommateurs et les personnes souffrant d’addiction aux substances psychotropes. Ces politiques locales doivent s’inscrire dans un cadre national et international déterminé mais doivent absolument être adaptées à chaque situation spécifique. Il est donc essentiel que les autorités locales soient dotées des moyens et des marges de manœuvre nécessaires à l’expérimentation de réponses innovantes. La répartition des dépenses publiques doit marquer une volonté affichée d’équilibre entre réduction de l’offre, réduction de la demande et réduction des dommages. Les conventions internationales doivent elles aussi reconnaître cet équilibre. Elles doivent être revues à la lumière de ladite évaluation de la Commission européenne constatant leur échec tant dans le domaine de la sécurité publique que de la santé publique. Le réalisme et le pragmatisme doivent s’accorder avec les droits et libertés de chacun. En référence aux textes précédemment cités et suite au projet Démocratie, Villes et Drogues, les villes européennes engagées dans le Forum européen pour la Sécurité urbaine ainsi que les partenaires de ce projet se lient autour des principes suivants : 1. Renforcer, encore et toujours, les partenariats et les formes de coopération afin de permettre à chacun – y compris les usagers - d’apporter une contribution à cette démarche commune. 2. Encourager un débat global sur la décriminalisation maîtrisée de ces questions de santé que sont les consommations de drogues et particulièrement l’addiction aux produits psychotropes. 3. Orienter, de ce fait, plus clairement l’appareil répressif vers le contrôle des marchés notamment internationaux et ainsi reconnaître les trafics de drogues et l’économie souterraine qui y est liée comme un des principaux éléments destructeurs de la cohésion sociale et du vivre ensemble dans nos villes. 4. Toujours essayer de renforcer la coopération et le dialogue entre les mondes
scientifique, politique et technique. 5. Faciliter la tâche des responsables locaux lorsqu’il s’agit d’adapter l’offre de soins aux réalités des citoyens concernés et pour développer des politiques de prévention, notamment à destination de la jeunesse. 6. Porter une attention particulière lors de toute démarche préventive ou thérapeutique au public féminin. Les groupes vulnérables doivent également bénéficier de politiques spécifiques et adaptées. 7. Envisager le suivi thérapeutique comme une alternative crédible à l’incarcération. Mais veiller également à ce que les personnes incarcérées bénéficient d’une offre de soins adaptées. 8. Garder à l’esprit, dans toute démarche nationale ou internationale, que les trafics et la consommation de drogues ne sont pas seulement une affaire de métropoles et qu’il existe partout en Europe des villes, petites et moyennes, qui cumulent les difficultés et sont victimes d’inégalités flagrantes en termes de moyens et d’offre de soins. [1] http://zaragoza2006.fesu.org/ [2] http://www.viennadeclaration.com/ [3] http://www.praguedeclaration.com/ [4] European Commission report: The World Drugs Problem, Ten Years On, March 2009
___________________________________________________________ [1] Reuter, Peter (RAND) and Trautmann, Franz (Trimbos Institute) (Editors) : A report on Global Illicit Drugs Markets 1998-2000, European Communities, 2009 - http://zaragoza2006.fesu.org/
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