9 minute read
Introduction
Une rétrospective du travail de l’Efus : pourquoi nous avons conçu MATCH-
Le projet MATCH-SPORT : lorsque les collectivités territoriales travaillent avec les acteurs locaux
Comment répondre aux violences, au racisme, aux discriminations et à l’intolérance dans le sport, et plus spécifiquement dans le sport amateur ? Le projet MATCH-SPORT a réuni des collectivités territoriales et des organisations sportives locales qui ont travaillé ensemble sur ces enjeux dans le sport amateur par l’échange d’expertise et de pratiques.
Reconnaître que les problèmes de racisme et de discriminations existent
Il est bien connu que le sport peut jouer un rôle éducatif important auprès des jeunes pour leur enseigner des valeurs civiques telles que le respect des autres, l’esprit d’équipe et les bienfaits de l’effort personnel, pour n’en citer que quelques-unes. De nombreuses études ont été menées dans divers pays sur les bénéfices sociaux du sport. En Europe, la Commission européenne « est convaincue que le sport joue un rôle vital non seulement dans la santé et la forme individuelles, mais aussi dans la construction de notre société européenne ». De plus, ajoute la Commission, le sport devrait « créer un sentiment d’inclusion sociale et d’intégration, en particulier pour les groupes marginalisés » et contribuer « à éliminer le racisme et la xénophobie et à instaurer l’égalité des genres »1 . Dans le Plan d’Action Pierre de Coubertin publié par l’Observatoire européen du Sport et de l’Emploi en 2007, l’Union européenne (UE) affirmait que « la prévention et la lutte contre le racisme et la violence dans
1-Commission européenne. About Sport Policy (À propos de la politique du sport), https://ec.europa.eu/sport/policy/society_en.
le sport [doivent être] des priorités » pour lesquelles il convient de « promouvoir le dialogue et les échanges de meilleures pratiques dans le cadre existant de coopération et de renforcer la coopération entre les services de police, les organisations sportives et les autres parties prenantes ». Plus récemment, le Plan de travail de l’UE en faveur du sport pour la période 2017-2020 a pour objectif de « favoriser une approche fondée sur la coopération et la concertation entre les États membres et la Commission, ainsi que, le cas échéant, avec le mouvement sportif et d’autres acteurs concernés, pour apporter, à long terme, une valeur ajoutée dans le domaine du sport au niveau de l’UE »2 . De multiples campagnes sont menées à l’échelle nationale et internationale pour prévenir les discriminations et le racisme dans le sport professionnel, notamment le football, de loin le sport le plus populaire en Europe. Cependant, le racisme dans le sport amateur est rarement couvert par les grands médias même s’il existe bel et bien, reflétant les tendances qui parcourent la société. De même, il existe peu d’études sur la question. En France, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a publié un rapport en 2017 qui examinait les violences discriminatoires dans le sport amateur, y compris chez les jeunes pratiquants. Le Conseil national des activités physiques et sportives a mené une étude en 2007 avec divers acteurs locaux, dont des collectivités. Celle-ci soulignait entre autres le rôle des parents, qui parfois pose problème. Un autre aspect relevé par l’étude était que la pression exercée sur les jeunes pour qu’ils obtiennent des résultats, y compris par les entraîneurs, les volontaires et les parents, peut alimenter les violences. Le Forum européen d’Études sur les Migrations, basé en Allemagne, a publié en 2009 un rapport national sur le racisme, la xénophobie et les discriminations structurelles dans le sport (y compris amateur) en Allemagne. Il note qu’il existe « un large consensus sur la sous-représentation des migrants dans les clubs de sport », non seulement en tant que membres, mais aussi parmi le personnel. Le fossé est encore plus grand si l’on observe la situation sous la perspective du genre : si les migrants
2- https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:42017Y0615(01) – Point 10, 3e alinéa
masculins sont nombreux à pratiquer certains sports spécifiques, « les filles et les femmes migrantes, notamment les filles musulmanes, sont largement sous-représentées dans le sport organisé ». En ce qui concerne les discriminations de genre et son corollaire, les violences de genre, un rapport de la Commission européenne datant de 2016 confirmait l’analyse du Forum européen d’Études sur les Migrations, basé en Allemagne. On peut noter que 65% des Européens de l’UE de sexe masculin pratiquent un sport, contre 56% pour les Européennes, ce qui reflète les préjudices culturels et sociaux contre la pratique du sport par les filles/femmes, mais aussi le fait que l’offre de sports pour celles-ci est moins importante que pour les garçons/ hommes.
C’est donc au vu de cette situation et à partir de son expérience dans la conception et la conduite de projets pour prévenir et lutter contre les violences dans le sport et promouvoir la tolérance que l’Efus a conçu MATCH-SPORT. L’objectif est ici d’étudier comment contrer et prévenir les violences discriminatoires dans le sport amateur à l’échelle locale, et en particulier parmi les jeunes.
MATCH-SPORT et le travail de l’Efus dans le domaine de la prévention des violences discriminatoires
L’Efus a une longue expérience dans la prévention des violences au travers du sport. Il travaille sur cette question en collaboration avec le Conseil de l’Europe depuis plus de vingt ans, et de manière plus récente également avec la Commission européenne. L’Efus a commencé à travailler sur le thème de la prévention de la criminalité et la sécurité des grands événements sportifs avec le projet « Euro 2000 Villes contre le Racisme », qui reconnaissait déjà la capacité du sport à rapprocher les communautés. L’Efus a également exploré les conséquences indirectes des incidents discriminatoires ou de violences dans le sport professionnel (a fortiori dans les grandes compétitions internationales telles que le Mondial de football, le Super Bowl ou les Jeux olympiques) sur les comportements dans le sport amateur au niveau local.
D’autres projets européens lui ont permis d’affiner son expertise sur cette question : GOAL (2009-2012) avait pour objet d’aider les villes à élaborer une approche de prévention intégrée lorsqu’elles accueillent de grands événements sportifs, et Sport + « Prix européen pour l’intégration sociale par le sport » (2015-2016) a distingué des initiatives (établies ou prometteuses) de prévention du racisme ou des discriminations par le sport, principalement amateur, pouvant inspirer d’autres organisations, institutions et associations à l’échelle locale, régionale, nationale ou européenne.
Agir localement contre les violences discriminatoires dans le sport amateur
Le principal objectif de MATCH-SPORT était d’analyser le phénomène des violences, notamment discriminatoires, dans le sport amateur et de proposer des formations et un soutien aux collectivités territoriales et aux clubs de sport pour leur permettre d’agir contre celles-ci, notamment auprès des parents qui font du volontariat dans un club. Par ailleurs, le projet a considéré que les discriminations et les violences de genre devaient être traitées de manière transversale. Un aspect important du projet est qu’il considère comme constituant une violence discriminatoire tout incident violent que la victime, un témoin ou toute autre personne perçoit comme étant motivé par les préjudices, l’intolérance ou la haine, et qui peut ou non constituer un délit selon le Code pénal. Cette définition englobe toute une gamme d’incidents qui sont souvent ignorés par les autorités, notamment policières, mais qui ont un véritable impact sur la cohésion sociale à l’échelle locale : cela va des problèmes « mineurs » aux violences discriminatoires structurelles qui sont plus diffuses, mais extrêmement nocives. Les objectifs de MATCH-SPORT étaient ainsi de : Développer ou renforcer les programmes de lutte et de prévention des violences discriminatoires dans le sport amateur, en particulier les clubs ou activités auxquels participent les parents. L’idée est de former les parents pour qu’ils ne tolèrent aucun type de discriminations et qu’ils éduquent leurs enfants à se comporter avec tolérance.
Permettre aux collectivités territoriales de constituer ou de renforcer des partenariats locaux avec les acteurs du sport (clubs et fédérations) et sensibiliser sur les discriminations et le racisme.
Responsabiliser les partenaires locaux en leur apportant des outils de réponse appropriés et pertinents. En effet, ceux-ci sont souvent bien conscients des problèmes, mais mal outillés pour y répondre. Traiter spécifiquement la question du genre en observant comment les discriminations de genre motivent les incidents violents dans le sport amateur. En particulier, le projet a établi des liens avec d’autres projets européens focalisés sur la prévention et la lutte contre les discriminations de genre.
Partager les enseignements du projet avec d’autres villes européennes
Cette brochure a été produite dans l’objectif de partager les principaux résultats du projet avec d’autres collectivités territoriales européennes, et de leur donner des outils qu’elles peuvent facilement utiliser dans leur propre contexte afin d’améliorer la prévention des discriminations dans le sport amateur. La plupart des résultats présentés ici sont également exposés de façon détaillée dans la section MATCH-SPORT du site web de l’Efus (www.efus.eu) et sur la plateforme « Résultats des projets » d’Erasmus +.
La brochure est structurée en cinq parties comme suit :
Partie 1 : Revue « état de l’art » des violences discriminatoires dans le sport amateur dans sept pays européens
Présentation de la recherche documentaire menée sur les six pays représentés dans le partenariat du projet auquel s’ajoute le Royaume-Uni, afin de mesurer le degré de sensibilisation sur les violences et les discriminations dans le sport amateur d’une part, et les actions menées pour y répondre d’autre part. Bien que cette étude ait été principalement axée sur les collectivités territoriales, nous avons estimé qu’il était nécessaire, pour comprendre le phénomène dans sa totalité, d’examiner aussi les
niveaux de gouvernance national et européen. La recherche a permis aux partenaires d’identifier les domaines qui étaient prioritaires pour eux et ainsi de jeter les bases des actions du projet.
Partie 2 : De la recherche aux actions concrètes. Les projets pilotes locaux et les sessions de formation
Cette section présente un résumé des actions concrètes prises par les villes partenaires de MATCH-SPORT, avec le soutien des experts du projet en réponse aux problèmes identifiés précédemment. Associant des clubs de sport locaux et des associations locales, chaque action pilote concernait un problème considéré comme prioritaire par la ville, par exemple la participation des parents aux activités du club, la prévention des violences entre joueurs et spectateurs, ou la lutte contre le harcèlement sexuel et les discriminations. Les villes ont choisi de mettre en œuvre ces actions de différentes façons, par exemple par le biais de sessions de formation, l’organisation d’un festival ou bien encore des réunions.
Partie 3 : #weplayfair, une campagne de sensibilisation en ligne
Cette partie présente la campagne de sensibilisation en ligne créée par le projet et lancée à l’occasion de la Semaine européenne du sport, en septembre 2020. Nous y expliquons pourquoi il est important d’utiliser les bons outils pour atteindre la cible la plus pertinente. Nous présentons également une méthodologie de coproduction pour créer une campagne de sensibilisation en ligne qui prenne en compte les besoins et les priorités des promoteurs de ladite campagne (dans le cas qui nous occupe, les villes) et ceux des publics ciblés. Enfin, nous partageons le kit de campagne lui-même, conçu comme un outil pratique modulaire et adaptable destiné aux collectivités territoriales qui souhaitent sensibiliser sur le sujet.
Partie 4 : Les recommandations de MATCH-SPORT en matière de politique locale
La quatrième partie présente les recommandations élaborées par les partenaires du projet pour les collectivités territoriales. Celles-ci résultent
de nombreux échanges conduits pendant le projet en présentiel et en ligne. Elles reflètent les principes fondamentaux du consortium MATCHSPORT, qui ont inspiré et guidé toutes les décisions et actions du projet.
Partie 5 : Ressources et informations complémentaires
En conclusion de la brochure, la partie 5 comprend une liste de documents offrant des informations complémentaires, y compris sur la position de l’Efus en matière de violences discriminatoires et sur le sport comme moyen de renforcer la cohésion sociale.