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La filière bois en Île de France

Auteur : Jonathan Debruyne Novembre 2009


Table des matières Introduction ....................................................................................................................................... 5 1 Etat des lieux du potentiel de la filière bois en Île de France et principales contraintes ........... 6 1.1

Les forêts d’Île de France, et le volume de bois disponible ................................................ 6

1.2

Le commerce du bois en Île de France ................................................................................ 8

1.3

Les structures franciliennes pour l’exploitation du bois ................................................... 10

2 La construction bois : un essor certain...................................................................................... 11 2.1

Le bois d’œuvre : l’essor du bois dans la construction ..................................................... 11

2.1.1

Le Grenelle de l’environnement et ses perspectives ................................................ 11

2.1.2

Le bois : un matériau performant ............................................................................. 12

2.1.3

Une période propice à la dynamisation de la filière bois : construction et rénovation 13

2.1.4

Le financement du développement de la filière bois‐construction .......................... 15

2.1.5

Les constructions actuelles........................................................................................ 16

2.1.6

Le rôle des architectes............................................................................................... 16

2.2

Le capital bois d’Île de France : une ressource mobilisable mais insuffisante .................. 17

2.3

Les plates‐formes logistiques en Île de France.................................................................. 17

3 Le bois énergie : une filière faiblement développée................................................................. 19 3.1

La valorisation de la ressource bois énergie ..................................................................... 20

3.1.1

Les déchets ................................................................................................................ 20

3.1.2

Le bois énergie des forêts.......................................................................................... 21

3.1.3

Le besoin de se fédérer ............................................................................................. 23

3.2

Une demande encore faible à accentuer .......................................................................... 23

3.2.1

La demande actuelle en énergie en Île de France..................................................... 23

3.2.2

Peu de projets de chaufferie bois.............................................................................. 24

Conclusion ........................................................................................................................................ 27 Bibliographie .................................................................................................................................... 29

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Sommaire des figures Figure 1 : Répartition des forêts publiques et privées en Île de France ............................................ 6 Figure 2 : Caractérisation des principales forêts d'Île de France ....................................................... 7 Figure 3 : Importation (VI) et exportation (VE) de bois brut.............................................................. 9 Figure 4 : Destination du bois récolté en île de France...................................................................... 9 Figure 5 : Balance commerciale en Île de France............................................................................. 10 Figure 6 : Comparaison du coût énergétique de quelques matériaux de construction .................. 12 Figure 10 : PNRU en île de France .................................................................................................... 13 Figure 7 : Utilisation du bois dans l'isolation des murs.................................................................... 14 Figure 11 : Comparaison des PCI des différents combustibles ........................................................ 22 Figure 12: Comparaison des coûts moyens des combustibles en France........................................ 22 Figure 13 : Consommation finale d'énergie en Île de France (en milliers de tep) ........................... 23

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Index des sigles ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie ANRU : Agence nationale pour la rénovation urbaine ARENE : Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies BBC : Bâtiment basse consommation BTP : Bâtiments et travaux publics CNDB : Comité national pour le développement du bois CSTB : Centre scientifique et technique du bâtiment DRIAAF : Direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Île‐de‐France FEADER : Fonds Européens Agricole de Développement Rural HQE : Haute qualité environnementale IFN : Inventaire forestier national MAP : Mètre cube apparent ONF : Office national des forêts OSB : Oriented Strand Board (panneau à lamelles minces orientées) PCI : Pouvoir calorifique inférieur PNRU : Programme national de rénovation urbaine SCIC : Société coopérative d’intérêt collectif ZUS : Zone urbaine sensible

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Introduction Suite au Grenelle de l’environnement, qui a permis d'identifier et de partager les enjeux du développement durable, plusieurs projets ont vu le jour, avec pour objectif d’agir concrètement pour favoriser le développement durable. L’un de ces projets a pour mission de renforcer la filière bois en France, et en Ile de France. Atout majeur local en termes de développement durable, la forêt francilienne et française est cependant sous‐utilisée. Le bois‐construction est moteur au plan économique, le bois‐énergie est majeur au plan des émissions de gaz à effet de serre, mais est peu rémunéré. En Île‐de‐France, le bois est aussi loisir et biodiversité. La filière francilienne ne pouvant a priori répondre à elle seule aux besoins en matière de construction de bâtiments, l'importation de bois et son travail sur place demandent une organisation logistique structurée. Cette étude a pour but de caractériser les atouts et les faiblesses de la filière bois francilienne et de proposer des solutions à son développement.

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La filière bois en Île de France 1 Etat des lieux du potentiel de la filière bois en Île de France et principales contraintes 1.1 Les forêts d’Île de France, et le volume de bois disponible

Figure 1 : Répartition des forêts publiques et privées en Île de France

L’Île de France est couverte à 23% par des forêts, sur 277 946 ha. On distingue principalement deux grandes régions de la forêt francilienne : Fontainebleau, ainsi que Rambouillet. La forêt francilienne est à 30% publique avec 25% de forêts domaniales, et 5% de forêts communales1. Les bois sont exploitables à 87%. Mais les forêts d’Île de France sont très morcelées, avec des propriétés privées de surface réduite. Ce morcellement important, couplé à une médiocrité de qualité des bois, suffit à entrainer un désintérêt pour l’exploitation de la plupart des propriétaires privés forestiers de la région. Les forêts d’Île de France ont une production brute annuelle de 1,6 millions de m3 (entre 1978 et 2004) de bois, alors que la récolte moyenne annuelle de bois en Île de France est de 542 000 m3. On

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IFN 2ème inventaire 1993‐1994

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voit donc qu’à peine le tiers du bois produit est exploité2. La ressource disponible est donc importante. Ces chiffres ont tendance à diminuer puisqu’après la tempête, le volume de bois disponible a fortement chuté. En 2006, la récolte était de 336 850 m3. Un effort est donc à faire pour contribuer à la hausse de 12 millions de mètres cubes de bois à récolter d’ici 2010 au niveau français, conformément aux engagements gouvernementaux. On distingue principalement dans la région francilienne dix zones géographiques aux caractéristiques différentes :

Région forestière

Surface forestière hors peupleraie (ha)

Type d’essence

Substrat

Pays des Yvelines et de Fontainebleau

127 868

Chêne Châtaigner (Au nord) Chêne pubescent (Au Sud) Hêtre (au Sud)

Sols sableux Argiles à meulière

La Brie

82 068

Chêne Charme Bouleau

Limons sur calcaire Argiles à meulière Hydromorphie

Vieille France

18 652

Chêne Châtaigner

Formations siliceuses Zones argilo‐marneuses

Vexin

17 908

Chêne (50%)

Sols variés

Gâtinais

11 596

Chêne (65%) Résineux (16%)

Sols principalement argileux Hydromorphie

Vallée de la Seine

8 395

Feuillus principalement

Sols sableux

Beauce

4 278

Chêne

Calcaires de Beauce

Tardenois

3 811

Chêne (49%) Frêne (22%)

Sols argileux, hydromorphie

Bassée

3 223

Peupleraie Frêne (37%) Chêne (23%)

Sols argileux

Champagne crayeuse

147

Frêne (53%) Pin noir d’Autriche (46%)

Sols carbonatés

Figure 2 : Caractérisation des principales forêts d'Île de France

Source : IFN

L’Île de France possède une grande diversité de milieux, où les essences feuillues dominent (90%), avec une nette proportion de Chêne (44% dont 32% de sessile et 12% de pédonculé)3. On voit donc une grande mixité d’essences avec une qualité et une diversité variable.

2 3

IFN 1978‐1994 DRIAAF : La forêt francilienne

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Le gros problème des forêts d’Île de France est qu’elles sont confrontées à la problématique d’accueil du public, la forêt étant un lieu de détente nécessaire aux franciliens qui habitent des villes urbanisées. Ainsi les forêts publiques (qui sont souvent les seules forêts productrices d’Île de France) sont en priorité consacrées à l’accueil du public, en application de la politique forestière définie dans le cadre des Orientations Régionales Forestières approuvées par arrêté du ministère de l’agriculture le 30 décembre 1999. Ce sont plus de 80 000 ha de forêts qui sont visitées dont les forêts de Fontainebleau, Rambouillet, Saint‐Germain‐en‐Laye, Sénart et Montmorency. Ce sont donc les plus grandes forêts propices à une activité sylvicole raisonnée et durable qui doivent réduire leur rôle productif, au profit de l’accueil public. Quand on sait que les propriétaires privés disposent pour la plupart de forêts de petite superficie, non aménageables à long terme, on en conclut que l’Île de France se prive aujourd’hui d’un fort potentiel de bois. La question est donc celle de savoir comment la production de bois peut être améliorée dans les forêts publiques, tout en maintenant des conditions d’accueil du public indispensables aux populations, et dans les forêts privées grâce à des offres d’exploitation structurées.

1.2 Le commerce du bois en Île de France Les bois d’Île de France sont principalement exploités dans les forêts publiques, ainsi c’est l’ONF qui commercialise la grande majorité des grumes de la région. La plupart des bois d’Île de France sont vendus à des structures présentes hors de la région. En effet, l’Île de France ne possède qu’une seule scierie ne vivant que de son activité sciage : la scierie ROESER. Les autres structures d’Île de France mènent de pair l’activité sciage (peu rentable) et celle de négoce de bois, ou lient l’activité scierie avec celle de travaux forestiers. Ceci s’explique par la pression forte exercée en Île de France sur les prix du foncier. On comprend alors que les entreprises de transformation du bois, nécessitant un terrain important pour le stockage des bois et pour les outils de sciages, ne peuvent se permettre de s’implanter en Île de France. Le volume de bois scié en Île de France est quasi nul à 9 100 m3 en 20064. La région est donc largement exportatrice de ses bois. Cette tendance à l’exportation des bois bruts est actuellement en phase de croissance, puisque les valeurs à l’import (VI) décroissent de manière drastique depuis 2006, alors que les valeurs à l’export (VE) ont presque doublé entre 2006 et 2007 et se sont stabilisées entre 2007 et 2008. Cela traduit l’incapacité de gérer cette matière première francilienne, notamment à cause de la diminution du nombre de scieries dans la région. L’Ile de France se prive ainsi d’une source de revenus issus directement de la production de son territoire, et de retombées économiques.

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Source : Agreste 2006

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Source : Douanes

Figure 3 : Importation (VI) et exportation (VE) de bois brut

Les bois coupés dans la région Île de France, ont trois principaux types de valorisation, comme le montre la figure 3.

Figure 4 : Destination du bois récolté en île de France

Source : FCBA

La principale finalité des bois récoltés dans la région est le bois d’œuvre (47%), qui sera destiné à la fabrication de sciages pour la construction mais aussi pour le merrain (utilisé dans la fabrication de tonneaux servant à la vinification du vin). On voit la part importante (52%) des bois destinés à la trituration (broyage pour les préparations de pâtes à papier) et au bois énergie.

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Du fait de l’export de sa ressource brute et de l’ampleur de la demande dans cette région de près de 12 millions d’habitants, l’Île de France est largement importatrice pour tous les produits dérivant du bois. On ne s’intéresse dans l’étude qu’aux bois de construction et bois énergie, ainsi nous laissons de côté tous les produits du papier.

Commerce en Île de France en 2008 Valeur à l’import Valeur à l’export 2008 (€) 2008 (€) Arbres forestiers et services des pépinières 1 156 504 31 203

Bois brut

572 112 9 563 111

2 962 604 7 708 867

97 821 732

4 738 485

129 061 889

7 752 355

7 967 031

1 053 558

Autres éléments de menuiserie et de charpente

65 762 328

13 668 501

Emballages en bois

44 718 944

6 579 250

Autres objets en bois ; objets en liège, vannerie et sparterie

92 209 182

20 100 046

448 832 833

64 594 869

Autres produits forestiers Bois, sciés et rabotés Panneaux et placages à base de bois Parquets assemblés

TOTAL Figure 5 : Balance commerciale en Île de France

Source : Douanes

La région Île de France est la première région d’importation de bois en France. Au niveau national, le déficit du commerce extérieur de la filière bois est de 6,3 milliards d’euros (en 2007), soit le deuxième poste de déficit national. Ce déficit est dû principalement aux papiers et pâtes à papier, aux meubles et aux sciages résineux. La région Île de France a une part conséquente dans ce déficit avoisinant les 2 milliards d’euros, soit près d’un tiers du déficit national5 relatif au bois. Quand on sait que seulement un tiers du bois produit annuellement dans la région est récolté, on comprend la nécessité de structurer la filière d’approvisionnement et la mobilisation des bois pour profiter de ce potentiel.

1.3 Les structures franciliennes pour l’exploitation du bois La filière bois en Île de France est peu développée, ceci principalement à cause des prix du foncier qui ne permettent pas l’installation des structures et infrastructures nécessaires, demandant de grandes emprises, en particulier les entreprises de première transformation nécessaires à la filière. Ensuite, l’exploitation limitée du bois en Île de France vient de l’absence de structuration des entreprises travaux, ainsi que du désintérêt des propriétaires privés pour gérer leurs forêts. Qui plus est, une augmentation des dessertes est nécessaire à l’exploitation de toute la production de bois en

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Francilbois

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Île de France. Néanmoins il existe aujourd’hui plusieurs exploitants forestiers qui sont susceptibles de valoriser la ressource en Île de France. C’est en particulier l’objectif de l’interprofession, France Bois Forêt, et de ses comités régionaux , soit FrancilBois en Ile de France, de travailler à cette structuration de la filière. France Bois Forêt est une interprofession créée en 2004, reconnue comme représentative par le ministère de l’agriculture6, qui présente ainsi les caractères d’unicité et d’intérêt général. Elle gère en particulier la Contribution Volontaire Obligatoire (CVO) versée par les professionnels de la filière, au bénéfice commun de la promotion et du développement économique de cette filière. FrancilBois, comité régional de l’interprofession pour l’Ile de France créé en 2008, met aujourd’hui en œuvre des actions régionales et locales pour structurer et promouvoir l’ensemble de la filière bois au bénéfice du territoire francilien. L’interprofession est un outil puissant de développement que nos voisins européens nous envient, qui permet aux territoires de valoriser leurs ressources et de créer de l’emploi local.

2 La construction bois : un essor certain

2.1 Le bois d’œuvre : l’essor du bois dans la construction 2.1.1 Le Grenelle de l’environnement et ses perspectives Le Grenelle de l’environnement et les lois qui en découlent vont permettre d’augmenter significativement le pourcentage de bois dans les constructions, en particulier en adaptant les normes de construction qui limitent aujourd’hui cette utilisation. La loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement stipule ainsi dans son articles 4 que les normes de construction « seront adaptées à l’utilisation du bois comme matériau », et dans son article 34, que l’Etat s’engage à « adapter les normes de construction à l’usage du bois, notamment en augmentant très significativement le taux minimum d’incorporation du bois dans la construction et en soutenant la mise en place d’un label. » Par ailleurs, les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement, d’après le Boston consulting group, vont permettre, surtout dans le domaine du bâtiment, de développer l’emploi : les créations de postes se situeront principalement dans le secteur de la rénovation des bâtiments et de leur mise aux normes, en particulier thermiques. La filière bois dispose donc d’une base sûre qu’est le Grenelle de l’environnement pour se développer.

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en tant qu’organisation interprofessionnelle, au sens de l’article L 632‐1 du Code rural, par arrêté interministériel du 27 mai 2005. France Bois Forêt est régie par la loi de 1901

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2.1.2 Le bois : un matériau performant Le bois présente de multiples atouts : matériau biosourcé, renouvelable et biodégradable, il s’inscrit dans une démarche de développement durable en stockant directement du carbone. Mais ces caractéristiques ne sont pas les seules qualités de ce matériau. Il a un coût énergétique lors de son cycle de vie bien inférieur aux autres matériaux, quand on prend en compte l’exploitation ou l’extraction, la transformation, le transport, la mise en œuvre, les performances à l’usage, la destruction et le recyclage : Matériau

Energie consommée (kWh/m3)

Rapport au matériau bois

Bois scié

350

1

Béton

700

2

Ciment

1750

5

PVC

24 700

70

Acier

46 000

130

141 500

400

Aluminium

Source : CNDB

Figure 6 : Comparaison du coût énergétique de quelques matériaux de construction

Qui plus est, la construction d’une maison en bois nécessite trois fois moins d’énergie qu’une maison construite en béton7. Le bois est un matériau léger, il est en effet cinq fois moins lourd que du béton. Le bois permet de réaliser des économies directes : bon isolant il réduit l’énergie nécessaire au chauffage, et indirectes : le bois étant plus léger, les fondations sont moins profondes. De même, les maisons en bois sont préfabriquées en atelier avant d’être installées sur le terrain. Il en découle une rapidité de mise en place, ce qui réduit les coûts du chantier. L’utilisation du bois en construction correspond à un chantier « sec », qui s’oppose aux chantiers « humides » tels que ceux réalisés lors de l’usage du béton qui nécessite de grandes quantités d’eau. Le bois permet donc d’éviter la pollution des eaux et une partie des nuisances de chantier. Pour ce qui est de l’isolation, le bois est un parfait isolant puisqu’il est 15 fois plus isolant que le béton et 430 fois plus isolant que l’acier8. Il est donc d’une importance capitale pour toutes les réhabilitations et rénovations de structure en Île de France. Contrairement aux idées reçues, le bois résiste bien au feu, puisqu’il conduit 10 fois moins vite la chaleur que le béton et 250 fois moins la chaleur que l’acier.

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ONF, le bois un matériau d’avenir

8

Abibois : Usages et Avantages du bois dans la construction

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2.1.3 Une période propice à la dynamisation de la filière bois : construction et rénovation Il y a près de 700 millions de m² de bâti en Île de France, qu’il sera nécessaire de rénover dans les années à venir pour atteindre les objectifs du Grenelle en matière d’émissions de gaz à effet de serre et de consommations énergétiques. La filière bois va donc pouvoir profiter d’une double impulsion : l’application des nouvelles normes thermiques en réhabilitation, comme en construction neuve, va demander des solutions bois ; la définition de nouvelles normes structurelles facilitant l’utilisation du bois va parallèlement permettre de soutenir l’utilisation du bois dans la construction neuve. La valorisation du bois‐matériau, la communication sur ses atouts intrinsèques et en termes de développement durable, doit permettre de le faire connaitre auprès du consommateur et de l’entrepreneur, et ainsi de faire croitre la demande. C’est en effet aux consommateurs, qui construisent leur logement ou qui le rénovent, ou plus généralement aux prescripteurs de travaux, mais aussi aux entrepreneurs qui proposent des solutions de travaux, de faire appel au bois‐ matériau. En la matière, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) doit jouer un rôle de moteur et de levier. Cet organisme a mis en place un programme national de rénovation urbaine (PNRU) qui vise à réhabiliter les quartiers fragiles classés en Zone Urbaine Sensible (ZUS). Ce programme vise en 2013 de rénover près de 500 quartiers sur la France entière, qui permettent de financer près de 40 milliards d’euros de travaux. En Île de France, qui représente le quart du programme national, une centaine de conventions ont été signées avec l’ANRU. Ces conventions portent sur un total d’investissements dépassant les 13 milliards d’euros et concernent en particulier la construction de 35 000 logements neufs et la rénovation de près de 100 000 logements. Pour permettre ces projets, des subventions importantes sont allouées aux maitres d’ouvrage, en plus d’avantages fiscaux spécifiques, comme la TVA à 5,5% pour les programmes de construction neuve dans ou à proximité des zones ANRU.

Figure 7 : PNRU en île de France

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Il reste aujourd’hui une marge de manœuvre importante pour intégrer le bois dans les programmes de construction et de réhabilitation en zone ANRU car moins d’un tiers des opérations de réhabilitation ont aujourd’hui été livrées et moins de 20% des constructions l’ont été. Plusieurs projets ont d’ailleurs utilisé des solutions bois, y compris en Ile de France, et peuvent ainsi servir d’exemples pour faire émerger de nouveaux projets utilisant du bois. Etant donné les calendriers et les échéances du programme de rénovation urbaine, il y a cependant urgence à intégrer massivement le bois dans ces multiples projets, leur apportant par là même une dimension de développement durable complémentaire. L’ANRU a ainsi la possibilité de contribuer aux objectifs de développement durable en donnant des lignes directrices claires aux porteurs de projet, pour favoriser l’utilisation du bois dans leurs opérations. Du côté des entrepreneurs qui proposent des solutions techniques pour atteindre les objectifs des maitres d’ouvrage, de nombreux produits performants issus du bois peuvent être proposés et mis en œuvre. Les matériaux d’isolation en sont le premier exemple : l’incorporation de bois dans les matériaux d’isolation permet d’atteindre des performances équivalentes, voire même supérieures, à celles des matériaux traditionnels.

Figure 8 : Utilisation du bois dans l'isolation des murs

Source : CNDB : Performance thermique et économie d’énergie * SOLARTE

Le CNDB, Comité National pour le Développement du Bois, mène ainsi des études pour caractériser et améliorer les performances du bois matériau. Il montre ainsi que l’emploi de bois, sous forme de panneau de fibre et d’OSB, permet une hausse de l’isolation des murs, mais il montre aussi la diversité des matériaux qui peuvent être utilisés dans la construction.

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Source : CNDB : Performance thermique et économie d’énergie *SOLARTE

Le matériau bois est donc un premier choix pour tout ce qui a trait à l’isolation de l’habitat. Il sera donc en première ligne pour les rénovations de logements. Il est ainsi important de former des personnes qui dès à présent pourront répondre à la demande, en construction comme en rénovation. En effet il y a actuellement 20 000 charpentiers en Île de France pour 12 millions d’habitants. C’est le plus faible taux en France9. La forte demande à venir en Ile de France, en construction bois comme en matière de rénovation de l’habitat, nécessite d’augmenter le nombre de charpentiers. Il est aussi et surtout nécessaire, en faisant monter en puissance les métiers de l’isolation thermique, de former les entrepreneurs, artisans et ouvriers, à l’usage des matériaux‐bois. En Île de France, la plupart de ces types d’entreprises sont des entreprises familiales qui ont aujourd’hui des habitudes de fonctionnement ne permettant pas de converger vers l’objectif de développer le matériau bois. Par exemple, les entreprises qui posent de l’isolation n’utilisent pas systématiquement des panneaux de bois. Le réseau entre entreprises du bâtiment et fournisseurs d’isolants dérivant du bois n’est donc pas encore ficelé. C’est le rôle des interprofessions que de créer ces liens qui vont permettre de structurer cette branche de la filière. Le bois, de part sa légèreté, semble donner une possible évolutivité aux nouvelles constructions. En effet l’ajout d’un étage, ou l’extension du bâtiment avec une terrasse apparaît plus aisée qu’avec les anciens matériaux de construction. En revanche, il convient de bien orchestrer la construction qui, puisque les parties constructives sont agencées avant leur assemblage sur place, ne peut souffrir d’aucune erreur de disposition. Pour les constructions en béton, il suffisait de « boucher » les erreurs de construction, cela devient moins possible avec la construction bois.

2.1.4 Le financement du développement de la filière bois­construction Plusieurs types de soutiens financiers peuvent être mobilisés pour développer la filière. Tout d’abord l’Ile de France bénéficie d’aides européennes qui ont été prévues à hauteur de près de 700 millions d’euros de fonds structurels sur la période 2007‐2013 pour soutenir l’emploi, le développement économique et rural. Une partie de ces fonds doit être utilisée pour développer la

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Francilbois

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filière bois et les emplois associés par le biais du Fonds Européen Agricole de Développement Rural (FEADER) qui dispose d’une enveloppe de 13,4 millions d’euros. L’Ile de France doit favoriser l’émergence de structures importantes telles que des plates‐formes près des ports (cf §2.3), ou telles que des scieries de grande capacité qui permettent de réduire les coûts de production de sciages. Pour faire émerger ces structures et ces infrastructures, il est aujourd’hui nécessaire de limiter les prix du foncier, en particulier grâce à l’action des Etablissements Publics Fonciers, au nombre de 4 en Ile de France, et d’offrir aux investisseurs des possibilités d’injecter des fonds dans la filière. Par exemple la SCIC, Société coopérative d’intérêt collectif, est une nouvelle forme d’entreprise coopérative adaptée au développement d’une ressource locale telle que le bois. Elle permet d’associer autour d’un même projet de multiples acteurs : entreprises, collectivités territoriales, Etat, associations, particuliers... Elle permet des investissements des collectivités territoriales jusqu’à 20% en fonds propres et constitue une réelle opportunité de regrouper les acteurs, de structurer la filière et d’investir dans celle‐ci. D’autre part, l’Etat propose des prêts à taux zéro aux particuliers, ce qui a pour but de développer la demande dans le secteur de la construction et de la rénovation des logements. En particulier l’éco‐ prêt à taux zéro permet de financer les travaux d’économies d’énergie et les éventuels frais induits par ces travaux afin de rendre le logement plus économe en énergie, plus confortable et moins émetteur de gaz à effet de serre. Ces prêts pour les particuliers devraient, sous réserve d’une impulsion dans ce sens, permettre d’orienter ses bénéficiaires vers des solutions bois pour leurs travaux. Enfin, le bois de construction permettant la valorisation d’un co‐produit, le bois énergie, les entreprises de première transformation du bois doivent pouvoir utiliser cette ressource pour limiter les pertes en volume et écouler un produit de leur activité, qui constitue ainsi une rentrée financière. 2.1.5 Les constructions actuelles De nombreuses constructions en bois montrent aujourd’hui les différentes possibilités qu’offre le matériau bois en matière d’isolation, de résistance et de qualité. L’Île de France dispose d’un parc de constructions en bois conséquent (près de 200 d’après le CNDB), qui comprend autant d’exemples de constructions nouvelles que de réhabilitations ou rénovations. Il faut se baser sur celles‐ci pour connaître les difficultés, les spécificités, mais aussi les avantages de ces constructions en bois, et les faire connaitre. 2.1.6 Le rôle des architectes Il y a un rôle important à donner aux architectes pour faire émerger des projets de construction et de rénovation en bois. En matière de conception, les architectes souhaitent réaliser des ouvrages uniques, ce qui mène souvent à l’apparition de problèmes techniques dans les constructions. Il faut ainsi fournir à ceux‐ci des moyens d’exprimer leurs idées d’innovation, tout en limitant les incompatibilités techniques, ce qui peut s’opérer par un travail partenarial avec l’ingénieur – ou l’entreprise de construction ‐ dès 16


l’origine de la conception. C’est donc à nouveau un travail de dialogue qui doit se mettre en place entre toutes les parties prenantes de la construction.

2.2 Le capital bois d’Île de France : une ressource mobilisable mais insuffisante Au vu de la demande actuelle d’énergie en Île de France, ainsi que de la multiplication des bâtiments à rénover, réhabiliter ou tout simplement construire, si l’Île de France exploite le maximum de ses ressources en bois, elle ne pourra satisfaire que 20% de la demande régionale. Le futur de la filière bois en Île de France ne se place donc pas dans un contexte strictement régional, mais bien dans un contexte national voire européen. La région devra nécessairement importer des bois pour la construction, la trituration et l’énergie. Le principal constat problématique que l’on peut faire est que près de 90% du capital bois d’Île de France est composé de feuillu, alors que ce sont des bois résineux qui sont en grande majorité utilisés dans la construction. Les constructions actuelles en bois résineux utilisent principalement le mélèze, l’épicéa, le sapin et le douglas, que ce soit pour le bardage ou la structure du bâtiment. On retrouve parfois quelques constructions utilisant du chêne mais celles‐ci sont fortement minoritaires. Les maîtres d’ouvrage choisissent principalement les bois résineux pour leur très bon rapport résistance / légèreté. Les bois du Nord (scandinaves) profitent de leur renommée et sont donc essentiellement utilisés dans la construction en bois, alors que les bois résineux français souffrent de leur réputation qui les associe à un produit de mauvaise qualité. Un double effort est donc à entreprendre : d’une part il faut démocratiser les bois feuillus dans la construction, afin de permettre l’utilisation des bois qui composent les forêts franciliennes. D’autre part il faut développer des structures permettant d’utiliser les bois d’importation avec un meilleur rendement et une meilleure valeur ajoutée qu’actuellement. Il y a donc une nécessité de créer ou rénover des plates‐formes logistiques susceptibles d’accueillir les bois importés.

2.3 Les plates­formes logistiques en Île de France L’Île de France possède plusieurs ports fluviaux. Le principal port est celui de Gennevilliers, qui n’importe cependant aucun bois10. Or le meilleur moyen de transport des grumes reste le transport fluvial. L’Île de France a donc tout intérêt à placer une ou plusieurs plates‐formes sur ses ports. Ces plates‐formes regrouperaient des entreprises complémentaires, utilisant le bois brut importé. Cela permettrait d’une part de gérer le prix du foncier, et d’autre part cela améliorerait la structuration de la filière en liant étroitement, et c’est indispensable, l’activité bois d’œuvre et l’activité bois énergie qui en découle. On peut comparer cette perspective à ce qui a été fait chez Arcelor, le groupe regroupant les aciéries françaises. Ce groupe a créé, à Fos sur Mer (13), un pôle qui transforme l’acier brut importé. Il ne faut donc pas voir à ce développement de plates‐formes une fatalité à l’importation, mais bien un moyen de valoriser les produits importés. La région Île de France, possédant un réseau hydrographique important, dispose donc d’un potentiel énorme de

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Port de Gennevilliers : service commercial logistique

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développement. Il faut toutefois faire attention aux scieries qui sont souvent spécialisées dans un certain type d’essence ou groupe d’essences, du fait des contraintes des machines. Il va donc aussi falloir penser à diversifier les plates‐formes afin d’être en mesure de transformer tous les types de bois utilisés en aval de la filière. Se pose ensuite le problème d’approvisionnement de ces plates‐formes. Le but à atteindre pour la région serait le suivant : les bois importés transiteraient (par voie fluviale ou ferroviaire) vers les plates‐formes et subiraient une première transformation. Dès lors tous les produits de transformation resteraient en région francilienne et subiraient d’une part une seconde transformation pour les produits à valeur ajoutée, ou seraient utilisés comme bois énergie ou de trituration pour les déchets de transformation. Pour ce faire il faut créer et diversifier les plates‐ formes franciliennes, en commençant par faire un état des lieux des emplacements possibles de celles‐ci. On va distinguer les plates‐formes portuaires de celles ferroviaires. Le transport ferroviaire permet de livrer des quantités de produits plus faibles que par voie fluviale, mais plus rapidement et surtout un peu partout dans la région en comparaison de la voie fluviale. C’est donc le transport à utiliser pour livrer les chaufferies bois qui verront le jour, mais aussi les matériaux de construction. Des plates‐formes peuvent ainsi être créées à proximité de gare de fret. On en recense plusieurs en Île de France. Gares de Fret Paris-Bercy Trappes Brétigny Corbeil-Essonnes Malesherbes Gennevilliers La Folie-Nanterre

Rungis Valenton Villeneuve-SaintGeorges Survilliers-Fosses Vaires-Torcy Gretz-Armainvilliers

Melun Montereau Longueville Mantes-la-Jolie Vernouillet-Verneuil Poissy

Source : Econovista

L’Île de France possède aussi de nombreuses installations portuaires susceptibles d’accueillir des plates‐formes logistiques dans la région francilienne : Plates-formes portuaires Paris aval ‐ Chiffres clés : 20 ha de superficie, 305 000 tonnes de trafic fluvial annuel. ‐ Environnement : le Port de St‐Ouen‐l'Aumône se trouve à 25 km au nord‐ouest de Paris et à 5 km de Pontoise. La zone d'activité qui l’accueille est à la charnière des zones industrielles de la périphérie de l'agglomération parisienne et de celles du sud de la Picardie. Installé dans la remarquable région d’Auvers‐sur‐Oise, le port est installé face à l’Ile‐de‐Vaux qui forme un véritable écran végétal et agrémente le site en lui conférant une personnalité originale. Les entreprises privilégiant un cadre paysager de grande qualité trouve dans le port de Saint‐Ouen‐l’Aumône des opportunités d’implantation remarquables.

Saint-Ouen l'Aumône

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‐ Desserte : le port est desservi par 5 modes de transport (fluvial, maritime, ferroviaire, routier, aérien).

Paris amont Lagny - Saint Thibault des Vignes

‐ Chiffres clés : 14 ha de superficie, 245 000 tonnes de trafic, 15 entreprises implantées ‐ Environnement : en plein développement, le port de Lagny – Saint‐Thibault‐des‐Vignes attire des entreprises séduites par l’environnement économique dynamique de ce port et son excellente situation géographique : la proximité de Paris et de l’aéroport Paris‐Charles de Gaulle, l'attraction de la ville nouvelle de Marne‐la‐Vallée et de son bassin d’emploi et le dynamisme généré par Disneyland Paris séduit toujours plus d’entreprises. ‐ Desserte : le port est desservi par 3 modes de transport (fluvial, routier et aérien)

MontereauFault-Yonne

‐ Chiffres clés : 37 ha de superficie (dont 18 ha de terrains industriels viabilisés divisibles en lots d'un minimum de 5 000 m²), 145 000 tonnes de trafic annuel, lancement dès 2007 d’un terminal à conteneurs pour transport fluvial de marchandises conteneurisées. ‐ Environnement : située à 80 km de Paris dans le Sud‐Est de l'Ile‐de‐France, le port de Montereau est situé dans la Zone Economique du Confluent qui accueille déjà une soixantaine d'entreprises sur ses 110 ha. Le site est parfaitement équipé pour gérer la logistique la plus lourde. Ses vastes parcelles font du port de Montereau un site stratégique de regroupage et stockage pour la redistribution de marchandises sur la région parisienne. ‐ Desserte : le port est desservi par 5 modes de transport (fluvial, maritime, ferroviaire, routier, aérien).

Dammarie-lèsLys

‐ Chiffres clés : 7 ha de superficie (dont 6 ha de terrains viabilisés pour l’implantation d’entreprises, divisés en parcelles commercialisables à partir de 5 000 m²), au cœur du Clos Saint‐Louis, zone d’activités industrielles de 80 ha. ‐ Environnement : à moins de 50 km de Paris, le port de Dammarie‐lès‐Lys est situé face à la ville de Melun, dans un environnement d'intense activité économique. Il a naturellement vocation à desservir l’agglomération de Melun et son bassin économique. ‐ Desserte : le port est desservi par 4 modes de transport (fluvial, maritime, ferroviaire, routier).

Conflans-find'Oise

‐ Chiffres clés : 6,2 ha de superficie, 125 000 tonnes de trafic voie d’eau annuel, 6 200 m² de surface bâtie. ‐ Environnement : à 25 km au Nord‐Ouest de Paris, la zone portuaire de Conflans‐Saint‐Honorine – fin d'Oise est constituée d'une installation portuaire linéaire desservie par le fer et composée d'un port public, d'une escale pour bateaux à passagers et d'un ensemble de locaux d'activités. Actuellement, la zone portuaire accueille des sociétés tournées vers les matériaux de constructions, des sociétés de services et des magasins pour professionnels. ‐ Desserte : le port est desservi par 4 modes de transport (fluvial, maritime, routier, ferroviaire).

Evry

‐ Chiffres clés : 4,1 ha de superficie dont 3 ha dédié à l’implantation d’entreprises, 154 600 tonnes de trafic voie d’eau annuel. ‐ Environnement : situé à 30 minutes de Paris, Evry est un pôle en forte croissance et appuie son développement sur un tissu économique dense et performant. Le port est occupé actuellement par des entreprises de BTP. Situé à l'intersection de la francilienne et du fleuve et à proximité de nombreuses zones logistiques, il offre différentes possibilités pour le développement d'une plate‐forme multimodale desservie par un service fluvial conteneurisé Le Havre‐Evry. ‐ Desserte : le port est desservi par 5 modes de transport (fluvial, maritime, ferroviaire, routier, aérien)

Nanterre

Bruyères-surOise

‐ Chiffres clés : 40 ha de superficie, 290 000 tonnes de trafic fluvial annuel. Lancement dès 2007 d’un terminal à conteneurs pour transport fluvial de marchandises conteneurisées. ‐ Environnement : le port de Bruyères‐sur‐Oise est situé à 40 km de Paris, en limite du département du Val‐d'Oise et des régions Ile‐de‐France et Picardie. Il s'inscrit dans une zone d'activités économiques de 140 ha en pleine expansion. Son découpage en grands terrains répond bien à des besoins de logistique lourde. Un important réseau ferroviaire, une gare de triage, une voie d’eau à grand gabarit, des installations portuaires modernes assurent la performance du site. ‐ Desserte : le port est desservi par 4 modes de transport (fluvial et fluvio‐maritime, ferroviaire, routier, aérien). Source : Econovista

3 Le bois énergie : une filière faiblement développée Le schéma régional biomasse11 qui doit être présenté prochainement recensera les principales conclusions de l’étude de la filière bois énergie en Île de France, en y regroupant les potentialités et les solutions à développer.

11

ADEME : Schéma régional biomasse énergie par Jean Michel Servant

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3.1 La valorisation de la ressource bois énergie 3.1.1 Les déchets Actuellement, les déchets sont la principale source d’énergie bois utilisée en Île de France. Ils comprennent les bois d’élagage et d’abattage, les composts et les bois en fin de vie. L’île de France regroupe environ 400 élagueurs et 35 plates‐formes de compostage disséminées dans la région, qui traitent de l’ordre de 400 000 tonnes de déchets verts par an. Les élagages d’été sont humides, ils sont donc envoyés sur les plates‐formes de compostage ou valorisés sous forme de mulch (paillage). Une tendance actuelle tend à valoriser les élagages d’hiver, plus secs, en bois énergie. Les élagages sont ainsi broyés et employés directement. Les collectivités demandent de plus en plus aux élagueurs de laisser les élagages sur place afin de les valoriser directement énergétiquement. Ces directives menacent l’activité du compostage et pourraient à terme provoquer la fermeture des plates‐formes dédiées. Une diversification de ces plates‐formes, avec l’investissement dans une unité de broyage et stockage de bois vert, pourrait maintenir l’activité en place et éviterait à des plates‐formes logistiques de disparaître. Elles sont en effet indispensables au développement de la filière bois énergie en Île de France puisqu’elles permettent de structurer cette filière en concentrant la ressource.

ADEME : Les plates‐formes de compostage des déchets verts

Les plates‐formes de compostage des déchets verts peuvent actuellement de moins en moins répondre aux appels d’offres d’approvisionnement des chaufferies publiques et industrielles. Les chaufferies industrielles demandent des approvisionnements importants et réguliers, ce qui n’est pas envisageable pour les plates‐formes de compostage. A contrario, le faible nombre de petites chaufferies publiques ne permet pas de développer la filière (voir le point 2.1.2). Les bois en fin de vie représentés principalement par les palettes et caisseries industrielles sont récupérés sur des plates‐formes dédiées. On recense plusieurs plates‐formes en Île de France : ‐ REP (groupe Veolia Propreté) à Baupeval et Claye‐Souilly (3‐4 ha) ‐

Ecobois à Ably

CEL à Vert‐le‐Grand (8 ha) 20


On voit donc une nécessité de développer les plates‐formes logistiques en Île de France, et ceci de manière régulière et cohérente sur le territoire. Cela permettra de favoriser la récupération des bois en fin de vie auprès des petits utilisateurs. Cela permettre aussi de favoriser le développement de contrats de proximité entre fournisseur de bois énergie et chaudière bois. Il est en effet nécessaire de structurer la région autant en matière d’offre de bois énergie que de demande. 3.1.2 Le bois énergie des forêts Le bois énergie issu des forêts est principalement du bois bûche directement utilisé par les petits consommateurs : 300 000m3 de bois bûche sont utilisés chaque année en Ile‐de‐France. La forêt francilienne a été principalement gérée en taillis sous futaie. Le bois bûche a alors une part importante et cela se confirme de nos jours dans la récolte annuelle de bois en Île de France (21%). Mais le bois peut aussi être valorisé sous forme de plaquettes. Cette valorisation est cependant peu développée en Île de France. En effet, il n’est pas rentable de valoriser le bois énergie seul, il faut qu’il soit associé au bois d’œuvre, en tant que co‐produit. Le bois énergie ne peut valoriser à lui seul une exploitation forestière. Il faut donc obligatoirement associer ce bois énergie à du bois d’œuvre. L’exportation du bois d’œuvre francilien dans les régions voisines est donc le principal problème à surmonter pour développer le bois énergie francilien. Il est donc indispensable d’attirer une entreprise de première transformation qui permettrait de valoriser les deux ressources : bois d’œuvre (directement) et bois énergie (indirectement). Les résidus d’exploitation (rémanents), les petits bois ainsi que le taillis et les branchages peuvent après broyage être transformés en plaquettes forestières. On distingue les plaquettes vertes (broyage de tous les résidus) des plaquettes sèches (qui doivent être stockées et séchées). Les chaufferies bois collectives acceptent principalement des plaquettes sèches. Il est en effet déconseillé d’utiliser le bois vert produisant trop de « polluants » pour la chaudière, ce qui l’encrasse et réduit sa durée de vie. Les plaquettes sèches nécessitent des installations coûteuses telles qu’un centre de stockage et de séchage, ainsi que des équipements tels que des broyeurs. Le rendement à 30% d’humidité en moyenne est toutefois supérieur à celui obtenu avec des plaquettes vertes, puisque le besoin en dioxygène est moindre. On doute souvent du bois comme réelle source de chaleur en France. Mais le bois n’est pas loin derrière ses principaux concurrents combustibles. On peut comparer le pouvoir calorifique inférieur (PCI en MJ/Kg) des différentes sources de combustibles aujourd’hui utilisées : Combustible

PCI (MJ/Kg)

Hydrogène

120,11

Méthane

50,11

Propane

45,81

Diesel

43,01

Essence

42,51

21


Gaz naturel

38 ,11

Charbon

33,31

Granulés de bois (5 à 10% d’humidité)

16,22

Plaquettes (20 à 30% d’humidité)

13,02

CO

10,91 Figure 9 : Comparaison des PCI des différents combustibles

», Proceedings of Fuel Cell Forum, 2003 1 : Source : Ulf Bossel, « Well‐to‐Wheel Studies, Heating Values, and the Energy Conservation Principle 2 : Source : ITEBE

Comme le pouvoir calorifique inférieur des dérivés du bois est trois fois inférieur à celui des combustibles fossiles, la ressource bois doit être mobilisée en plus grand volume pour obtenir des rendements équivalents à celle de ses principaux concurrents. On effectue souvent la comparaison suivante : 1MAP = 1000 kWh = 100 L fioul Un MAP étant un mètre cube apparent de plaquette. L’intérêt économique d’utiliser la ressources bois énergie s’évalue en comparant les prix des combustibles par MWh. Combustible

Coût

Electricité

60 – 150 €/MWh

Propane

50 – 100 €/MWh

Fioul domestique

45 – 70 €/MWh

Granulés (Pellets)

30 – 50 €/MWh

Gaz naturel

23 – 50 €/MWh

Plaquettes bocagères

25 – 35 €/MWh

Plaquettes forestières

18 – 25 €/MWh

Plaquettes industrielles

14 – 19 €/MWh

Source : COFOROUEST

Figure 10: Comparaison des coûts moyens des combustibles en France

L’utilisation du bois s’avère de nos jours être bon marché. L’investissement dans les chaufferies peut s’avérer lourd de prime abord, mais l’amortissement est rapide pour un coût du combustible faible. Dans le cas de logements collectifs, la réduction de ces coûts permet aussi de limiter le coût des charges : à Saint‐Saëns dans la Résidence du Vallon de la Haye qui a mis en place une chaufferie bois, les charges ont baissé d’environ 22€ TTC par mois et par logement. Autre contrecoup du changement de combustible : le prix des charges est beaucoup moins dépendant du prix du pétrole. La ressource bois est donc un combustible rentable, stable et écologique. 22


3.1.3 Le besoin de se fédérer D’un côté, les gestionnaires des installations de compostage doivent se fédérer. En effet, il est important qu’ils puissent développer leurs activités tout en limitant les investissements liés au développement de celles‐ci (broyage, etc.). Une mutualisation des équipements est donc primordiale. Pour ce qui est de l’exploitation du bois énergie en forêt, ONF Energie, par exemple, recherche des plates‐formes de stockage des bois à vocation énergétique. La création de plates‐formes de stockage des grumes, de broyage de celles‐ci puis de séchage des plaquettes permettrait d’optimiser les coûts de transformation du bois en plaquette. On peut donc envisager de développer ces équipements, en Île de France, d’une part sur les plates‐formes de compost, ce qui limiterait le prix du foncier. D’autre part on peut envisager de créer de nouvelles plates‐formes, qui seraient optimisées pour canaliser les bois devant être broyés, et répondre aux appels d’offre des chaufferies bois collectives et industrielles. On voit que la filière bois est actuellement assez désorganisée. Le mot d’ordre de l’interprofession et de ses comité régionaux, soit FrancilBois en Ile de France, et de tous les acteurs de la filière, est sa structuration. Dès lors, la filière bois énergie n’étant qu’aux prémisses de son développement, il est important de la structurer pour éviter un éparpillement d’initiatives locales, qui à terme mèneraient à une réorganisation coûteuse des activités. La principale qualité que la filière bois énergie doit développer est la visibilité de ses activités. Dès lors la demande se développera.

3.2 Une demande encore faible à accentuer Le bois énergie est un moyen de valoriser des produits que l’on n’exploitait pas encore. Qui plus est c’est la première source d’énergie renouvelable valorisable en France. La loi grenelle 1 de l’environnement fixe à 23% la proportion d’énergie renouvelable à atteindre d’ici 2020. 3.2.1 La demande actuelle en énergie en Île de France Secteur

Demande (en milliers de tep) 1990 1999

Répartition (%) 1990

1999

20051

Evolution 1990‐ 1999(%)

Transport franciliens

5501

5727

26,0%

22,6%

Essence aviation

2967

4955

14,0%

19,5%

Total Transports

8468

10682

40,0%

42,1%

Industrie

2594

2210

12,2%

8,7%

50

123

0,2%

0,5%

9968

12243

47,1%

48,3%

48%

23%

98

98

0,5%

0,4%

0,4%

0%

21178

25356

100,0%

100,0%

100%

20%

BTP Résidentiel et tertiaire Agriculture Total

4% 67%

44% 8%

26% ‐15% 146%

Figure 11 : Consommation finale d'énergie en Île de France (en milliers de tep) Source : DGEMP. Observatoire de l’énergie 1 Source : ARENE : Tableau de bord de l’énergie en Île de France, données 2005

23


Une grande part de l’énergie consommée en Île de France est due aux transports à environ 44% en 2005. A ce titre la biomasse ne peut actuellement pas se substituer à l’énergie utilisée. Par contre près de 48% de l’énergie est consommée par le secteur résidentiel et tertiaire. Il y a donc une possibilité de développer la part de biomasse comme ressource pour le chauffage des bâtiments résidentiels et tertiaires. La production de chaleur en Île de France représente quant à elle 20,5 TWh parmi les 32,1 TWh6 d’énergie totale produite en Île de France (qui ne représentent que près de 11% de la consommation totale en énergie de la région). La part de la biomasse dans cette production de chaleur est de 0,2% (en 2005)6. On voit donc la quasi inexistence de filière bois énergie. La marge de progression est donc énorme et inquiétante. Il est urgent de développer la filière pour répondre aux objectifs du grenelle que sont les 23% d’énergie renouvelable d’ici 2020. Près de 29% (en 2005) de l’énergie d’Île de France était utilisée dans le secteur résidentiel, et près des 2/3 de celle‐ci était consommée par des logements datant d’avant 197512. La rénovation écologique de la ville devra donc s’articuler autour de deux axes : isoler les bâtiments pour moins consommer, et consommer des énergies renouvelables telles que le bois énergie pour couvrir une plus grande part des consommations énergétiques. En milieu urbain, les réseaux de chauffage urbain ont un rôle de premier plan à jouer pour utiliser le bois énergie, sous réserve que leurs prix soient maintenus compétitifs donc attractifs. Aujourd’hui, dans les 120 réseaux de chauffage urbain que compte l’Ile de France, le bois n’est utilisé qu’avec une proportion totalement marginale. 3.2.2 Peu de projets de chaufferie bois Du côté demande, la principale contrainte en Île de France est la quasi absence de projets de chaufferies bois. Il est donc indispensable que les nouvelles constructions, quelques soient leur usages, prévoient des chaufferies bois afin de favoriser l’émergence de ce combustible dans la région. Par ailleurs, on a vu que la part des constructions datant d’avant 1975 dans la consommation d’énergie du secteur résidentiel est d’environ 2/3. Les projets de chaufferie bois devraient donc se développer lors de réhabilitation d’anciens immeubles. Il est enfin également indispensable que des projets de chaufferie collective soient menés dans les nouvelles constructions franciliennes et lors du renouvellement des installations de chauffage urbain. Mais actuellement, les investisseurs peinent à engager des moyens financiers dans cette nouvelle source de combustible. Le principal frein est l’absence de sûreté d’approvisionnement. On est face à un double blocage : d’une part la biomasse à usage énergétique attend une émergence des contrats d’approvisionnement de petites chaufferies collectives afin de développer sa filière. D’autre part les chaufferies collectives peinent à émerger par manque de combustible. Le développement des deux partis doit donc se faire de pair, avec des soutiens financiers qui permettront les investissements. La région peut d’ores et déjà utiliser le fonds chaleur, engagement majeur du Grenelle Environnement, qui a pour objectif de développer la production de chaleur à partir des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, solaire thermique …). Finançant en particulier les projets liés au bois énergie, il est destiné à l'habitat collectif, aux collectivités et à

12

ARENE : Tableau de bord de l’énergie en Île de France

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toutes les entreprises (agriculture, industrie, tertiaire) pour une enveloppe totale de 1 milliard d’euros entre 2009 et 2011. Il existe tout de même des chaufferies bois en Île de France qui peuvent servir d’exemple pour tous les nouveaux projets. On recense plus particulièrement de gros projets en cours : ‐

Le projet de Cergy Pontoise à Saint‐Ouen‐l’Aumône (95) d’une capacité de 25 MW en co‐ combustion avec du charbon et chauffant environ 32 000 logements et 600 000 m² d’équipements tertiaires publics et privés, via un réseau de chauffage urbain.

Une chaufferie à Nanterre (92) qui couvrira en 2010 près de 100% des besoins en eau chaude de 873 logements dans le nouveau quartier Hoche développé par l’EPA Seine Arche. Pour atteindre l’équilibre économique de cette opération, un bâtiment existant voisin sera raccordé au futur réseau de chaleur alimenté par la chaufferie bois. Ainsi, la mise en place d’une source d’énergie renouvelable pour les bâtiments neufs et le basculement vers une source d’énergie renouvelable pour les bâtiments anciens se conjuguent intelligemment.

Et on recense des chaufferies déjà actives en Île de France : Localité

Puissance (MW)

Année

Achères

3

2005

Roissy en Brie

2

2006

Villeparisis

1,6

1989

Athis‐Mons

1

2002

Tournans en Brie

0,93

1988

Vaires sur Marne

0,93

1988

Saint‐Rémy les Chevreuses

0,4

2003

Verrières‐le‐Buisson

0,22

2006

Nangis

0,1

2005

Grigny

0,08

2004

Buno‐Bonnevaux

0,06

2005 Source : ADEME

Cependant, la question du mode de transport pour l’approvisionnement de ces chaufferies, ainsi que de la distance à parcourir, donc de l’origine de la ressource, est cruciale : faire venir par camions des tonnes de bois du fin fond de l’Europe pour alimenter les chaufferies de l’Ile de France ferait perdre d’un côté, en termes d’émissions de gaz à effet de serre, ce qui a été gagné de l’autre. A Cergy Pontoise par exemple, la situation est théoriquement idéale : un embranchement ferré est directement disponible pour alimenter par wagons de bois la chaufferie située sur Saint Ouen l’Aumone. Cependant le projet ne prévoit pas aujourd’hui d’utiliser ce mode de transport, et le bois sera apporté par camions. Ceci montre bien que l’entente est indispensable, entre tous les acteurs de la filière bois énergie, pour faire poids dans les négociations relatives aux modes d’approvisionnement, qu’ils soient ferrés

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ou fluviaux. La confiance et la complémentarité des acteurs seront donc les deux vertus à développer en Ile de France.

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Conclusion L’enjeu majeur de la lutte contre le changement climatique est la rénovation écologique de la ville qui existe aujourd’hui, pas celle qui se construira demain. Mais la construction neuve est un levier de cette rénovation. En Ile de France, 700 millions de m2 bâtis doivent être rénovés, 7 millions de m2 sont construits chaque année. La pénurie annoncée de matières premières fossiles, les nécessaires économies d’énergie comme les indispensables appels aux énergies renouvelables, font du bois une ressource stratégique. Devant ces enjeux, le potentiel forestier francilien est encore sous‐exploité et les principaux bois franciliens sciés le sont dans les régions voisines car l’Ile de France n’a pas de plates‐formes de première transformation. Le prix du foncier est déterminant, celui de la main d’œuvre tout autant. Ensuite le bois francilien, indispensable à mobiliser, ne suffira pas. L’approvisionnement par d’autres régions, par voie d’eau ou de fer, est incontournable. Le bois relève de plusieurs usages et fonctions: bois construction, bois énergie, bois biodiversité mais aussi bois loisir. Parfois contradictoires, ils sont globalement convergents : nous avons besoin de plus de bois, mieux exploité sur les territoires, et par les territoires. Les 8 EPA de l’Ile de France et les projets financés par l’ANRU sont des outils déterminants de développement du bois par la demande, en énergie comme en construction. La construction doit utiliser de plus en plus de bois selon les directives du Grenelle de l’environnement. La filière bois d’œuvre doit ainsi structurer ses activités, créatrices d’emploi, et former les acteurs à l’usage de ce matériau : entreprises travaux, architectes, consommateurs, doivent se rendent compte de la nécessité d’utiliser le bois dans la construction et y trouver leur intérêt propre. L’appel par la demande est déclencheur. Les politiques publiques portées par l’ANRU ou les Etablissements Publics d’Aménagement doivent concourir à cet objectif. Les directives d’aménagement (les cahiers des charges), édictées par les EPA et liées aux cessions de terrain aux promoteurs, comme les projets de construction et de rénovation financés par l’ANRU, sont en effet l’occasion d’aller vers l’objectif concerté de 20% de bois dans la construction d’ici 2020. Nous sommes aujourd’hui encore à peine à 10% quand la Scandinavie ou l’Amérique du Nord dépassent les 35%. En la matière, il est déterminant de rassurer les maîtres d’ouvrage en mettant en valeur les expériences réussies de maisons individuelles, d’immeubles, de bâtiments d’activité, d’équipements publics comme l’école d’Epinay, clé d’or de la FFB IDF cette année. La filière bois énergie quasi inexistante en Ile de France tend à se développer sous l’impulsion du Grenelle de l’environnement, notamment grâce à des aides publiques conséquentes, mais ne peut se développer localement si la filière bois‐construction n’est pas organisée conjointement. Le bois énergie doit s’appuyer sur des projets de chaufferie bois dans les réseaux de chaleur, nombreux en Ile de France, permettant ainsi de travailler la question des modes d’approvisionnement massifiés. Les mêmes EPA sont autant d’outils pour développer des réseaux de chauffage urbain alimentés par du bois, comme dans le quartier Hoche à Nanterre. Les projets ANRU sont quant à eux souvent des territoires d’implantation de réseaux de chaleur urbains, où leur rénovation concomitante à un basculement vers du bois‐énergie peut être réalisée, dans l’objectif 27


conjoint de diminuer les charges des locataires. Ces actions permettront d’aller vers l’objectif Grenelle de 23% d’énergies renouvelables en 2020. La DREIF va lancer avec l’Ademe, au début de l’année 2010, une étude globale pour situer les enjeux urbains et énergétiques de ces réseaux, l’Ile de France rassemblant le tiers des réseaux français. Conjointement, la DRIRE et la DRIAF mettront l’accent sur la biomasse proprement dite. Les éléments d’une stratégie francilienne seront alors disponibles. La biodiversité, qu’elle soit ordinaire ou remarquable, est liée, entre autres, à la forêt. Celle‐ci est en effet le milieu terrestre le plus riche, sous réserve que la gestion forestière ne soit pas monospécifique. Plus généralement, planter de la forêt est une occasion, ici ou là, d’établir ou de rétablir des continuités écologiques, mais aussi d’assurer l’approvisionnement en bois des prochaines générations. Le bois loisir, majeur dans une Ile de France aux densités de population importantes, demande de savoir aménager et gérer les franges urbaines et en profondeur, la forêt. Les schémas directeurs, les zones réglementées, qui font le quotidien de la DIREN, mais aussi les aménagements pilotés par les EPA et bien sûr le mode gestion de la forêt piloté par la DRIAF, sont autant d’occasions de rendre cet usage compatible avec les autres. Il serait bon de lier cette réflexion au réseau régional de pistes cyclables. Pour répondre à ces enjeux et tirer parti des opportunités dessinées par les politiques publiques mises en place, la filière bois doit s’organiser en conséquence, dans toutes ses dimensions professionnelles.

ANRU Etablissements Publics d’Aménagement

Etablissements Publics Fonciers Ports fluviaux Gares de fret

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Bibliographie Rapport Développement des usages calorifiques de la biomasse ; CEDEN, 2009 L’énergie consommée par les transports franciliens ; STIF Tableau de bord de l’énergie en Île‐de‐France ; ARENE, 2005 Mesure des caractéristiques des combustibles bois ; ADEME, 2001 Les régions forestières franciliennes ; DRIAF AGRESTE Île‐de‐France numéro 92, 2008 La conjoncture du secteur de la construction ; Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, Développement durable et de l'Aménagement du territoire, 2008 Etat d’avancement du programme d’avancement national de rénovation urbaine ; ANRU, 2009 Construire en bois, un choix durable ; CNDB, 2006 Les atouts du bois dans la construction ; ADIB, 2009 Présentation : le capital bois en Île de France ; FRANCILBOIS, 2009 Mise en valeur de la forêt française et développement de la filière bois ; Puech, 2009 Charte bois, construction, environnement ; Ministère de l’équipement des transports et du logement Les plates‐formes de compostage de déchets végétaux, ADEME, 2003 Fiches construction bois Architecture contemporaine en bois en Allemagne, Centre de Recherche en Architecture et Ingénierie, Centre de Ressources et d'Informations Techniques ; Comité National pour le Développement du Bois, 2003 L'Architecture contemporaine en bois en Lorraine ; GIPEBLOR, Conseil Régional de Lorraine, 2008

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