RES-1301-Renovation_du_bati_parisien_actes_Conference

Conférence-débat de la DU

Dans le cadre des 5èmes Journées parisiennes de l’énergie et du climat spéciale révision du plan climat de Paris

Rénovation du bâti parisien et plan climaténergie lundi 22 octobre 2012

Conception graphique : mairie de Paris, direction de l’Urbanisme, Service concertation et communication Achevé d’imprimer : janvier 2013 Dépôt légal en cours

L

a conférence - débat « Rénovation du bâti parisien et plan climat-énergie » qui s’est tenue à l’Hôtel de Ville le 22 octobre 2012 dans le cadre des 5èmes Journées parisiennes de l’énergie et du climat a été l’occasion pour la direction de l’Urbanisme de réunir, avec la direction du Logement et de l’habitat, la direction des Espaces verts et de l’environnement de la ville

de Paris, l’Agence parisienne du climat et l’Atelier parisien d’urbanisme, plusieurs responsables et acteurs de la gestion du patrimoine bâti de Paris afin d’échanger sur les enjeux et moyens à mobiliser pour son adaptation énergétique. Au cours de cette séance, animée par Anne Ged, directrice de l’Agence parisienne du climat, les objectifs du plan bâtiment 2012-2017, la réglementation actuelle, la politique municipale du logement et les premières mesures des dispositifs d’accompagnement pour les copropriétés ont été présentés par les représentants de l’Etat et de la ville de Paris. Les caractéristiques patrimoniales et énergétiques du parc bâti parisien ont ensuite été exposées. Puis, à partir de retours d’expériences et projets de réhabilitation, bailleurs sociaux, architectes et conseils syndicaux ont échangé sur les facteurs humains, techniques, patrimoniaux et financiers à prendre en compte pour mener à bien ces opérations.

Ce document de synthèse est un premier bilan du vaste chantier de la transition énergétique du bâti qui démarre à Paris. Il montre que le parc de logements sociaux est désormais bien engagé dans cette voie, et que beaucoup reste à faire pour les copropriétés privées et les bâtiments tertiaires. Pourtant cette mutation doit être au centre de nos préoccupations, non seulement parce qu’il en va de la responsabilité de notre ville eu égard au défi planétaire du changement climatique, mais aussi parce qu’elle est source d’économies d’énergie et qu’elle permet de lutter contre la précarité énergétique et donc contre l’exclusion sociale.

En complément du cadre réglementaire, fiscal et financier qui sera prochainement

précisé par l’Etat, la ville de Paris, compte tenu de la diversité et richesse des bâtiments parisiens, souhaite rassembler à travers de « bonnes pratiques », un ensemble de savoir-faire qui puisse servir de références pour les opérations futures. Ce document en constitue une première étape, dans l’espoir qu’il contribue à enclencher une dynamique.

Elisabeth Borne

1

SOMMAIRE 3

1.

Rénovation énergétique du bâtiment : politiques publiques et bâti ancien parisien .................................... page 5

1.1.

Table ronde : Plan bâtiment 2012-2017, réglementation, politiques municipales Intervenants : 1.1.1. Jérôme Gatier, directeur du Plan bâtiment 2012-2017, 1.1.2. Denis Caillet, chargé de la sous- direction du permis de construire et du paysage de la rue, direction de l’Urbanisme de la ville de Paris, 1.1.3. Emmanuel Poussard, directeur des activités, Agence parisienne du climat, 1.1.4. Frédérique Lahaye, directrice du Logement et de l’habitat de la ville de Paris.

1.2.

Les grandes typologies du bâti parisien par périodes de construction : atouts et faiblesses 1.2.1. Présentation générale : Julien Bigorgne, Atelier parisien d’urbanisme (APUR), 1.2.2. Point de vue du Service territorial de l’architecture et du patrimoine de Paris : Jean-Marie Blanchecotte, architecte des bâtiments de France, chef de service.

2.

Retours d’expérience et projets de réhabilitation ............................... page 17

Présentations par :

2.1.

2.2.

2.3.

2.4.

2.5.

François Brugel, architecte, pour le 74 rue de la Verrerie 4e arr.,

2.6.

Yann Miginiac, RIVP, pour le Village Saint-Paul 4e arr.

Isabelle Quet-Hamon, Paris Habitat, pour le 130 rue Amelot 11e arr., Marc Bénard, agence Equateur, pour les 161 et 161 bis rue de la Convention 15e arr., Isabelle Petitperrin, SGIM, pour le 29 rue Pierre Nicole 5e arr., Aude Porsmoguer, PACT Paris-Hauts de Seine, MM. Aumaître et Diulein, conseils syndicaux des 9 et 29 rue Boussingault, OPATB du 13e arr.,

3.

Conclusion : Elisabeth Borne, directrice de l’Urbanisme de la ville de Paris ..... page 33

4.

Bibliographie ...................................................................................... page 37

1.

Rénovation énergétique du bâtiment : politiques publiques et bâti ancien parisien

5

Table ronde : plan bâtiment 2012-2017, réglementation, politiques municipales

Logement économe

Logement

kWhEp/m2/an

Logement énergivore

1.1.

7 1.1.1. Jérôme Gatier, directeur du plan bâtiment 2012-2017 au ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE) Le plan bâtiment 2012-2017 qui succède au plan bâtiment Grenelle (dont le président du comité stratégique, Philippe Pelletier, a été reconduit) a pour but d’accompagner l’objectif national de rénover 500 000 logements par an, soit un objectif très ambitieux qui s’ajoute à la construction annuelle de 500 000 logements neufs (conformes à la RT2012).

Depuis le vote de la loi Grenelle 2, en 2010, l’opinion a été fortement sensibilisée aux enjeux énergétiques du bâtiment. Le secteur du logement social à Paris a d’ailleurs particulièrement bien intégré ces enjeux. Pour les copropriétés, il s’agit maintenant d’entrer dans la phase opérationnelle : il faut trouver les financements et faire travailler ensemble tous les acteurs de la

filière. Le gouvernement mettra en place un guichet unique qui travaillera sur les territoires, au plus près des propriétaires et particuliers.

Les collectivités locales seront donc appelées à jouer un rôle clé en matière d’information (diffusion des nouveaux textes comme ceux relatifs aux diagnostics de performance et audits énergétiques, à la possibilité pour les copropriétés d’emprunter au taux zéro), pour recueillir les bonnes pratiques sur le terrain, et comme forces de proposition.

Il faut commencer dès maintenant, l’objectif étant que conseils syndicaux et assemblées générales des copropriétés délibèrent rapidement pour lancer un grand nombre de diagnostics et audits dès 2013.

Discussion Un travail considérable de sensibilisation a été effectué auprès des architectes, l’engagement des membres de la Compagnie des architectes des copropriétés en témoigne. Pour que les « bouquets de travaux » se mettent en place (de préférence à des interventions indépendantes), architectes et bureaux d’études devraient d’ailleurs travailler ensemble sur le sujet de la copropriété.

Les travaux d’économies d’énergie valorisent le patrimoine et cette valorisation peut même les justifier, créant de la « valeur verte ». La multiplication des indicateurs et labels, l’obligation pour les propriétaires de faire des DPE, vont dans le sens d’une valorisation du patrimoine, à l’instar

des contrôles techniques pour les automobiles.

Le tertiaire bouge plus lentement que le logement, alors qu’il représente plus de 50 % de la consommation d’énergie du bâti et émet 11 % des émissions de gaz à effet de serre du territoire parisien. L’enjeu est pourtant une réduction de l’ordre de 500 M€ de la facture énergétique annuelle. Cependant alors que le « grand tertiaire » se met en mouvement, car c’est pour lui un facteur d’attractivité économique, le petit commerce reste très peu mobilisé. Pour les collectivités territoriales et les institutions publiques, la question du coût des travaux est devenue aigüe de sorte qu’il n’a pas été possible d’aller plus loin dans les obligations.

1.1.2. Denis Caillet,

1.1.3. Emmanuel Poussard,

chargé de la sous-direction du permis de construire et du paysage de la rue à la direction de l’Urbanisme de la ville de Paris

directeur des activités, Agence parisienne du climat

Sur les bâtiments existants, le PLU de Paris (qui a valeur de règlement) a été adapté pour permettre des travaux visant à améliorer la performance énergétique ou à développer la production d’énergies renouvelables sur les bâtiments existants. Ainsi, la pose d’isolant par l’extérieur en saillie de vingt centimètres sur l’alignement et le rehaussement en couverture, sont autorisés.

En outre, le conseil de Paris a délibéré en vue de permettre l’application des dispositions de l’article L 128-1 du code de l’urbanisme autorisant pour les opérations majoritairement d’habitation un « sur-cos » de 20 % si elles respectent des critères de performance énergétiques élevés.

La sous-direction du permis de construire et du paysage de la rue aide les usagers à mettre au point les dossiers de demandes d’autorisations d’urbanisme (ravalement,

réhabilitation ou restructurations lourdes) en prenant en compte à la fois les objectifs du plan climat-énergie et le respect du patrimoine architectural parisien.

Elle s’appuie sur les cahiers « HABITER DURABLE » accessibles au grand public (sur le site paris.fr).

J’économisen énergie mo

MIQUE R E H T N IO T A RÉNOV E BÂTI IN O IM R T A P U D

BLE - Edition

HABITER DURA

n01 - octobre

2012 (nouvelle

collection)

Discussion En matière de « sur-cos » (plus de 20 % de surdensité par rapport au coefficient d’occupation des sols à Paris qui est de 3), il n’y a pas encore beaucoup d’exemples parisiens qui concernent le bâti existant, contrairement aux cas des constructions neuves. Les surélévations sont acceptées lorsqu’elles sont destinées à des logements. Elles sont souvent des compléments des réhabilitations. Elles sont demandées essentiellement par les bailleurs sociaux à

Paris et le secteur privé (copropriétés) se montre de plus en plus intéressé. Paris a toujours surélevé, surtout avant la loi instituant les copropriétés.

Même si le dépassement des saillies et des hauteurs réglementaires est autorisé lorsque les performances énergétiques sont améliorées, la compatibilité avec le respect du patrimoine, sujet délicat, fait qu’on ne peut pas tout accepter.

L’Agence parisienne du climat (APC), inaugurée en 2011, a été créée à l’initiative de la ville de Paris, en association avec des partenaires publics (région Ile-de-France, ADEME, Météo France, Caisse des dépôts et consignations) et privés (EDF, CPCU, RATP). Près de 70 partenaires ont rejoint l’APC depuis sa création. Lieu de veille, d’échange et de réflexion, l’APC rassemble régulièrement ses adhérents autour des grands sujets énergie-climat. Depuis octobre 2011, l’APC organise notamment des ateliers de prospective centrés sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre et la transition énergétique.

Au-delà de la dimension fortement partenariale, l’APC est un guichet unique d’information et de conseil pour les maîtres d’ouvrage, les bailleurs sociaux, les copropriétés. Elle accompagne les copropriétés avant, pendant et après les audits énergétiques. Ceux-ci se développent grâce notamment au dispositif Copropriété objectif climat qui en subventionne 70 % du coût. L’Agence travaille avec le Pôle accueil et services à l’usager (PASU) de la direction de l’Urbanisme pour renseigner les pétitionnaires parisiens. En collaboration avec les services de la direction de l’urbanisme, l’APC tient des statistiques sur les isolations thermiques par l’extérieur, les panneaux solaires installés, les toits végétalisés dans les permis de construire.

9

Actuellement, l’Agence met au point le Livre blanc sur le financement des travaux de rénovation, établi à partir de l’analyse de nouvelles offres de rénovation et de financement de type contrat de performance énergétique et tiersinvestissement. Une dizaine de copropriétés seront suivies par l’APC en 2013 pour tester ces nouvelles offres.

Pour pouvoir accompagner une plus grande partie des 43 000 copropriétés parisiennes, un outil virtuel, le « Coach Copropriété ® », sera mis sur le site internet de l’Agence au printemps 2013. On y trouvera par exemple un cahier des charges-type pour faciliter la sélection des bureaux d’études, des listes d’entreprises qualifiées, un outil pour réaliser un bilan énergétique simplifié...

Site web de l’Agence parisienne du climat

Discussion Les copropriétés peuvent-elles obtenir des certificats d’économie d’énergie ? Ce système, dont les dispositions actuelles expirent fin 2012, n’a pas été retenu pour les copropriétés en France.

C’est un sujet sur lequel l’Agence parisienne du climat pourrait faire des propositions aux pouvoirs publics.

1.1.4. Frédérique Lahaye, directrice du Logement et de l’habitat de la ville de Paris

Le bilan carbone de Paris établi en 2009 montre que le bâti émet 23 % des gaz à effet de serre et que les logements représentent 49 % de ces émissions, le tertiaire comptant pour 51 %.

Le parc des logements sociaux à Paris est principalement géré par l’Office public de l’habitat, trois SEM de la ville de Paris et quelques SA HLM. Environ un tiers de ce parc date d’avant la seconde guerre mondiale et pourtant seulement 6 % des rénovations énergétiques financées par la ville de Paris portent sur des bâtiments de cette époque.

L’objectif est d’atteindre l’excellence énergétique des nouveaux logements sociaux et de rénover le parc existant en réalisant 30 % d’économies d’énergie d’ici 2020.

Pour les constructions neuves, on arrive actuellement à 87 % d’immeubles aux normes « plan

climat » (50 kWh/m²/an) et en réhabilitation, 56 % des immeubles rénovés sont conformes aux objectifs du plan climat. Toutefois, on constate que le taux de conformité est deux fois moindre pour les opérations sur les bâtiments datant d’avant la seconde guerre mondiale du fait des contraintes réglementaires liées aux qualités architecturales de ce patrimoine qui grève la possibilité de réaliser des isolations thermiques par l’extérieur (ITE).

Celles-ci permettent des économies d’énergie considérables et présentent des avantages par rapport aux isolations thermiques par l’intérieur (ITI) qui sont difficiles à effectuer en site occupé, réduisent les surfaces habitables et peuvent engendrer des pathologies liées à l’humidité. Lorsqu’elles sont possibles, les ITE sont souvent effectuées à l’occasion des ravalements obligatoires, ce qui en diminue le coût.

11 LE PROJET DES TOURS ARCHEREAU DANS LE 19ÈME ARRONDISSEMENT Le projet des tours Archereau dans le 19ème arrondissement, labellisées « patrimoine du XXème siècle », prévoit une isolation thermique par l’extérieur avec laine de roche et bardage métallique ainsi que le remplacement de toutes les menuiseries. Ces interventions permettraient de réduire la consommation d’énergie de 230 à 80 kWh/m²/an. Sur les quatre tours du groupe, seules deux appartenant à un bailleur social sont rénovées. Le financement d’une rénovation identique sur les deux autres tours en copropriété sera une vraie difficulté pour les copropriétaires.

En ce qui concerne l’habitat privé, la ville de Paris complète les aides de l’ANAH pour les rénovations s’effectuant dans le cadre d’opérations d’amélioration thermique du bâtiment (OPATB) en ciblant ses aides sur les travaux d’isolation thermique par l’extérieur (celle du 13ème arrondissement, celle autour de la place de la République lancée en 2012, une troisième dans le 19ème arrondissement devant être lancée en 2013).

Une rénovation énergétique dans le logement social coûte environ 23 000 €/ logement et bénéficie d’une subvention d’environ 9 000 €/ logement. De tels montants sont difficiles à mobiliser pour les copropriétaires parisiens déjà sommés de réaliser d’autres travaux de mise aux normes tels que ceux concernant les

ascenseurs. Un même niveau d’aide que pour le parc social n’est évidemment pas envisageable, cependant la précarité énergétique des occupants renforce la nécessité de procéder à des rénovations ; la ville de Paris met en place des réponses dédiées complétant les dispositifs de l’ANAH.

Discussion La qualité de l’air et de l’acoustique doit être prise en compte dans les travaux de rénovation.

En général, l’ITE (lorsqu’il n’y a pas de contraintes patrimoniales) est préférable à l’ITI. Il importe de prévoir des systèmes pour réguler la température et les consommations d’énergie.

13

Les grandes typologies du bâti parisien par périodes de construction : atouts et faiblesses

1.2.1. Présentation générale Julien Bigorgne,

Source APUR

Atelier parisien d’urbanisme (APUR)

avant 1800

1801 - 1850

1851 - 1914

Construction ancienne (avant 1950)

1.2.

1918 - 1939

1945 - 1974

1950

1975 - 2000

Construction “moderne” (après1950)

A partir de l’analyse thermographique de 500 bâtiments parisiens, on peut dresser une typologie des immeubles selon leurs caractéristiques thermiques.

L’année 1950 apparaît comme une charnière entre les constructions anciennes et « modernes ».

Les immeubles construits avant 1950 ont une inertie thermique forte, une morphologie favorable (édifices mitoyens) et il n’y a pas de ponts thermiques au niveau des planchers ; les appartements sont traversants et ont généralement un chauffage individuel. En revanche, le phénomène de « paroi froide » est présent, les menuiseries et vitrages sont anciens (et peu isolants), la ventilation est naturelle.

Après 1950, on doit distinguer deux souspériodes.

La première, les « trente glorieuses », de 1945 à 1974, est une période difficile, correspondant à un prix du pétrole peu élevé, ne favorisant pas l’installation de systèmes

de contrôle de la consommation d’énergie ; en outre, les aspects patrimoniaux sont peu documentés. Pour ces immeubles, l’inertie thermique est faible, le chauffage est collectif, ce qui est source de surconsommation et les appartements non traversants sont difficiles à ventiler l’été. Ils sont exposés au phénomène de paroi froide ; la ventilation est naturelle ou de simple flux, on trouve de grandes baies en simple vitrage.

La seconde sous-période (1975-2000) correspond à l’entrée en vigueur de la réglementation thermique de 1975 après le premier choc pétrolier de 1973. La morphologie redevient favorable, les appartements sont traversants, les murs assez performants, le chauffage est individuel. L’introduction de l’isolation permet d’atténuer le phénomène de paroi froide et des doubles vitrages sont posés.

En revanche, l’inertie thermique est assez faible, provoquant une surchauffe estivale.

Des ponts thermiques apparaissent au niveau des planchers. La ventilation peu performante entraîne des problèmes d’humidité.

L’histogramme ci-dessous montre le niveau élevé de la consommation d’énergie (chauffage et eau chaude sanitaire) des immeubles construits pendant les « Trente Glorieuses », sa diminution à partir de 1975 et la performance assez correcte des constructions d’avant 1914.

Avec les premiers effets du réchauffement

climatique, le confort d’été va devenir de plus en plus important, surtout dans les îlots de chaleur qui sont nombreux à Paris. Dans bien des cas, il faudra trouver des solutions pour le rafraîchissement de l’air autres que les appareils de climatisation lorsque les logements n’ont pas de façades sur cour.

CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE DES LOGEMENTS PARISIENS (CHAUFFAGE + ECS) 300

250 250

200 kWh/m²/an

200 170 150 150

130 100

100

ventions simples, ne nécessitant pas des isolations thermiques par l’extérieur, celles-ci étant parfois difficiles à mettre en œuvre comme dans le cas des façades haussmanniennes.

Les travaux d’efficacité énergétique peuvent poser des problèmes de propriété intellectuelle (altération de « l’écriture architecturale »), notamment pour le patrimoine labellisé « XXème siècle » et qui a de mauvaises performances énergétiques : les HBM des années 1920 et 1930, d’une grande richesse architecturale, l’architecture des années 1960 (barres de Maine-Montparnasse de Jean Dubuisson, la tour Super Montparnasse de Bernard Zehrfuss, Orgues de Flandres dont la rénovation en cours est confiée à Yves Lion).

Lors de son PLU de 2006, la ville de Paris a lancé une protection (« protection ville de Paris ») qui rend les démolitions très difficiles et il faut saluer cette initiative.

Des solutions d’isolation par l’intérieur doivent

pouvoir être envisagées, y compris avec des matériaux nouveaux offrant de faibles épaisseurs et une bonne conductivité de l’air.

La rénovation thermique des bâtiments patrimoniaux, y compris des bâtiments récents, n’est envisageable qu’après une étude spécifique au cas par cas. Il s’agit de comprendre le comportement de l’immeuble. Les diagnostics et audits doivent être faits de façon objective et si possible avec le concours d’un architecte.

Alors que pour la rénovation énergétique de parc bâti parisien, le logement social avance assez vite, les copropriétés privées ne sont pas prêtes. Les stratégies sont différentes selon qu’il s’agit de la « grande échelle » ou du « diffus ».

Cependant, on doit se demander s’il faut imposer dès à présent des rénovations onéreuses alors que dans l’avenir on disposera sans doute de techniques qui changeront les conditions et le coût des rénovations.

50

Discussion

0 avant 1914

HBM

Trente Glorieuses

RT74

RT82

RT89

Source : analyse de la performance thermique des logements parisiens, mars 2011, APUR

1.2.2. Point de vue du Service territorial de l’architecture et du patrimoine de Paris Jean-Marc Blanchecotte, architecte des bâtiments de France, chef du Service territorial de l’architecture et du patrimoine (STAP) de Paris L’adaptation de la ville de Paris au changement climatique ne doit pas se faire au détriment de son paysage urbain.

A cet égard, il faut rappeler que le plan climat-

énergie de Paris s’impose pour les constructions neuves mais pas pour la rénovation.

Au demeurant, des gains d’économie d’énergie substantiels peuvent être obtenus par des inter-

La conservation du patrimoine n’est pas antinomique avec l’application des principes du développement durable, celui-ci étant une opportunité plutôt qu’une contrainte. Par définition, le patrimoine est durable alors que la démolition ne l’est pas. Les thermiciens apprennent à travailler avec les architectes et il faudrait aussi travailler de plus en plus avec les historiens.

Quelle est la date limite de péremption d’un immeuble à Paris ? Il n’y a pas d’objection de principe à la démolition ; il ne faut pas tout conserver, on peut modifier et démolir. A cet égard, il est plus facile de démolir du bâti des années 1960, qui comprend beaucoup d’immeubles de bureaux. Mais il faut faire attention au patrimoine. Sur ce plan, et en particulier pour ce qui concerne les logements sociaux, il existe de nombreux contacts entre le STAP et la ville de Paris.

Les bailleurs sont confrontés aux difficultés économiques des locataires ; il faut parfois gérer des intérêts contradictoires (donneurs d’ordre, architectes, occupants). Les dossiers prennent du retard lorsqu’on ne trouve pas de voie commune. Cependant, renoncer à rénover un immeuble en raison du coût de la rénovation, accentue la précarité énergétique pour les occupants à faibles ressources.

Nous nous trouvons dans un moment clé où des questions cruciales se posent auxquelles les entreprises doivent répondre sans délai (par exemple pour la question des fenêtres et des menuiseries métalliques). Il faudrait, par l’intensification de l’effort de recherche, que de bonnes solutions soient proposées : des capteurs solaires qui ne modifieraient pas le paysage des toitures ou des matériaux de construction de meilleure qualité, par exemple.

Sinon, il serait préférable d’attendre un peu.

15

2.

Retours d’expérience et projets de réhabilitation

17

Immeuble XVIIème siècle 74 rue de la Verrerie 75004, SGIM

Façade, perspective Saint Merri

François Brugel,

architecte, présente la rénovation de cet immeuble situé 74 rue de la Verrerie, au chevet de l’église Saint Merri en plein Plan de sauvegarde et de mise en valeur du Marais, resté sans entretien pendant des décennies. Propriété du bailleur social SGIM, l’immeuble doit être transformé en un ensemble comprenant sept logements sociaux, le chantier devant être achevé début 2013. Les travaux d’efficacité énergétique (isolation thermique par l’intérieur, isolation des parquets et des combles, installation de double-fenêtres offrant conforts thermique et acoustique) conjugués à la restauration dans les règles de l’art des parties vétustes (façades, planchers, escalier, couvertures, fenêtres…), permettent d’atteindre des performances énergétiques remarquables, conformes au plan climat de Paris (78 kWh Ep/m²/an après travaux), certification CERQUAL THPE, tout en respectant l’authenticité de la façade et d’autres parties protégées de l’immeuble (certification Patrimoine et Habitat). Une autre façade a fait l’objet d’une réécriture architecturale. Ce type de rénovation du patrimoine historique qui s’avère toutefois onéreux (2600 €/m²) montre que le bâti ancien peut offrir un modèle de développement durable « au-delà des fausses confrontations stériles et paresseuses ».

Isabelle Petitperrin, SGIM, ajoute que le comité de suivi multidisciplinaire monté avec des représentants du ministère de la Culture et de la ville de Paris, avec des architectes, ingénieurs et historiens, a d’abord cherché à comprendre la construction du bâtiment à travers un diagnostic complet avant de proposer et de chiffrer les travaux.

Anne Ged souligne l’importance de l’analyse

2.1.

Façade, perspective coeur d’îlot

des comportements du bâtiment et d’un bon diagnostic montrant les voies d’adaptation possibles. Elle rappelle qu’il est indispensable d’avoir une approche cohérente des travaux, l’isolation par l’intérieur appelant une ventilation efficace par exemple. Le pilotage multidisciplinaire de ce chantier mériterait d’être reproduit dans d’autres cas de rénovation énergétique du patrimoine bâti.

19

Immeuble faubourien (1850) 130 rue Amelot 75011, Paris Habitat

AVANT 449 kWhEp/m2/an

Isabelle Quet-Hamon, responsable de la cellule habitat durable à Paris Habitat ainsi que l’équipe projet chargée de la rénovation de cet immeuble, comprenant Ghyslaine Floury, responsable du programme pour Paris Habitat, et Vincent Poirier, architecte maître d’œuvre (agence Enard et Poirier architectes), ont présenté cette opération qui a été achevée au début de l’année 2012.

L’immeuble a été transformé en un ensemble comprenant 38 logements sociaux, une loge de gardien et un commerce en pied d’immeuble.

Le « bouquet de travaux » mis en œuvre, visant à concilier amélioration des performances énergétiques et revalorisation patrimoniale, était composé pour l’essentiel de l’isolation de l’enveloppe : isolation thermique par l’extérieur des façades sur cour (conservant rythmes, modénatures, gardes corps), isolation par l’intérieur de la façade sur rue, isolation de la toiture (24 cm de laine de verre), mise en place de menuiseries performantes à isolation renforcée(Uw<1,6 W/m²K) sur lesquels des volets roulants ont été posés.

En outre, les logements ont été équipés de chaudières individuelles au gaz à condensation ainsi que d’une régulation et programmation des systèmes et d’une VMC hygroréglable de type B. L’accessibilité aux personnes à mobilité réduite a été rendue possible, en particulier par l’installation d’un ascenseur.

Un livret d’accompagnement a été remis à chaque locataire entrant dans les lieux.

A la date d’aujourd’hui, il n’y a pas de retour particulier. La rénovation a permis d’atteindre des performances énergétiques remarquables, conformes au plan climat de Paris (réduction de 83 % de la consommation d’énergie, celle-ci étant désormais de 78 kWhEp/m²/an ; réduction de 58 % des émissions de gaz à effet de serre) et a obtenu la certification CERQUAL Patrimoine, Habitat et Environnement.

Le coût global des travaux s’est élevé à près de 3 M€ HT, soit environ 1575 €/m².

Anne Ged observe que la surface importante des façades sur cour se prêtait à une ITE. Toutefois la particularité de l’implantation du bâti sur la parcelle n’a pas permis de traiter les mitoyennetés extérieures. Malgré cette contrainte et l’état très dégradé du bâti, la diversité des matériaux et principes constructifs (briques et pans de bois), la discussion en équipe et en amont avec les services d’instruction concernés a permis de trouver des solutions somme toute assez simples et durables permettant l’atteinte du plan climat de Paris.

APRES 78 kWhEp/m2/an

2.2.

Façade de l’immeuble en fond de cour

21

Immeuble post-haussmannien (1926) 161 et 161bis rue de la Convention 75015, SIEMP

Marc Bénard, architecte de l’agence Equateur, maître d’œuvre, présente cet immeuble datant de 1926 et qui a été rénové de 2006 à 2008, les travaux ayant commencé avant le vote du plan climat de Paris (2007).

Il s’agit d’une opération de la SIEMP s’inscrivant dans la politique de lutte contre l’insalubrité à Paris. Cette opération comprenait l’installation de 89 logements destinés à la fois à une résidence sociale (ADOMA) et à une résidence universitaire (CROUS).

Les très bonnes performances environnementales (réduction de près de 80 % de la consommation énergétique, pose de panneaux solaires sur le toit après surélévation, végétalisation de la toiture et du cœur d’îlot) ont permis à l’immeuble d’être certifié Patrimoine, Habitat et Environnement.

Façade sur rue avec panneaux solaires en toiture

2.3.

Malgré l’importance des façades sur cour, l’isolation thermique par l’extérieur n’a pas été autorisée. C’est donc l’isolation par l’intérieur qui a été mise en œuvre, entraînant une réduction des surfaces. Toutefois, il est possible qu’à l’occasion d’un ravalement, une ITE soit réalisée, supprimant les trois quarts des ponts thermiques, ce qui réduirait de 30 % la consommation énergétique, actuellement de l’ordre de 100 kWh/m²/an et permettrait un gain de surface. Le système de ventilation VMC simple flux est complété par un dispositif de ventilation naturelle inspiré des garde-mangers haussmanniens. Des persiennes en métal protègent du soleil. L’ensemble des locaux est rendu accessible aux personnes à mobilité réduite. Un mode d’emploi pour les occupants a été distribué.

La terrasse, lieu convivial pour les occupants avec une vue sur la Tour Eiffel, aménagée en même temps que la surélévation pour la pose des panneaux solaires (réversible), valorise l’immeuble.

Le coût total de la réhabilitation s’est élevé à 3,5 M€ HT.

23

Façade sur cour intérieure

Anne Ged

constate un écart entre les consommations d’énergie réelles qui sont supérieures d’environ 15 % aux performances prévues (95 kWh/m²/an).

Les intervenants soulignent la difficulté d’avoir des retours d’expérience et souhaitent mettre en place des tableaux de bord pour suivre les conTerrasse sommations d’énergie et d’eau. On pourrait alors mieux distinguer les interventions efficaces de celles qui ne le sont pas. On note que les panneaux photovoltaïques donnent des résultats mitigés eu égard aux variations des tarifs de rachat de l’électricité au cours des dernières années. En conclusion, cette réhabilitation montre qu’il est possible de « faire du facteur 4 » sur du patrimoine post-haussmannien et pour un coût maîtrisé.

Volets intérieurs

Immeuble en brique type HBM (années 1920-30) 29 rue Pierre Nicole 75005, SGIM

L’opération conduite par l’atelier Jérôme Leroy, architecte, démarrera début 2013 et devrait s’achever en 2014. Elle aura lieu en milieu occupé, quelques locaux étant mobilisés pour loger les occupants qui seraient gênés par les travaux dans les parties communes.

Le « bouquet de travaux » comprend une isolation thermique par l’extérieur (cours, pignons), sauf pour la façade sur rue, au moyen d’un parement en briques sur laine minérale, un changement de vitrages (Uw<1,5 W/m²K) en bois côté rue et en PVC côté cour, une installation de volets sur toutes les fenêtres y compris sur rue, la pose de panneaux solaires en toitures (pour la production d’eau chaude), l’optimisation du système de chauffage (CPCU), une ventilation VMC simple flux hygro B. Ces interventions et notamment les ITE sur cour ont été validées par les architectes des bâtiments de France.

Sur le plan financier, le coût global des travaux, intégrant le bail emphytéotique versé à la ville de Paris (presque la moitié du prix de revient) s’élève à près de 11 M€ TTC. Les subventions (provenant très majoritairement de la ville de Paris) en couvrent plus de la moitié. Si l’on compte seulement les travaux de rénovation, le coût est de 33 000 € HT par logement dont près de 40 % (soit environ 13 000 € HT) pour le coût du traitement énergétique.

Anne Ged retient le caractère reproductible de ce projet qui montre qu’il est possible de rénover en milieu occupé. Les participants s’interrogent sur l’amortissement de ce type d’opération par les économies d’énergie, ce qui renvoie à la question précédente relative aux consommations réelles d’énergie, difficiles à maîtriser et à mesurer. Or ce sont les gains d’énergie qui en principe ouvrent droit aux subventions « plan climat ».

Façade sur rue

Immeubles sur rue (A) et sur cour (B)

Isabelle Petitperrin, directrice de développement, SGIM, présente la rénovation de cet immeuble construit en 1936 et situé en plein centre de Paris, destiné à accueillir 98 logements sociaux. L’ensemble est formé de deux immeubles de six étages en vis-à-vis, l’un sur un plan rectangulaire, l’autre sur un plan en T. Cette configuration particulière est différente de celle des HBM situés en ceinture parisienne, boulevards des Maréchaux.

2.4.

Façade intérieure, 1ère cour

Elévation bâtiment sur cour (B), état futur

25

OPATB* (années 1950-70)

27

9 et 29- 31 rue Boussingault 75013, OPATB Aude Porsmoguer, chef de projet de l’OPATB*, PACT Paris-Hauts de Seine, présente cette opération visant à accompagner et à inciter les copropriétés à s’engager dans une démarche d’amélioration énergétique. Cette OPATB concerne au total 326 immeubles privés d’habitation (25 000 logements) du 13ème arrondissement construits entre 1940 et 1981, fortement énergivores car datant d’avant les premières réglementations thermiques. Plus de la moitié de ces immeubles présentent un potentiel d’isolation par l’extérieur du fait de la simplicité de leurs façades. L’OPATB permet la réalisation d’une campagne d’audits énergétiques gratuits, la mobilisation de subventions publiques pour les travaux et un accompagnement des copropriétés tout au long du processus. Deux opérations seront présentées avec la participation des représentants des copropriétés.

9 rue Boussingault 75013, OPATB* Aude Porsmoguer indique que l’immeuble

2.5.

du 9 rue Boussingault, construit en 1958, comprend un seul bâtiment et regroupe 53 logements dont les 2/3 sont occupés par leurs propriétaires. La copropriété a bénéficié en 2010 d’un diagnostic énergétique financé par la ville de Paris.

Après travaux, les consommations d’énergie devraient baisser de 38 % et les émissions de gaz à effet de serre 34 %, soit des objectifs conformes au plan climat de Paris.

Selon le plan de financement, le coût global du projet qui s’élève à près de 1,3 M€ HT pourrait être couvert à concurrence de près d’un tiers par des aides (région, ville de Paris, certificats d’économie d’énergie) ou des crédits d’impôt. *OPATB (opération programmée d’amélioration thermique des bâtiments)

Renaud Aumaître, membre du conseil syndical, détaille le programme de travaux qui comprend notamment une isolation thermique par l’extérieur des façades et pignon, l’isolation de la toiture et du plancher bas, l’amélioration de la ventilation, le remplacement des fenêtres en parties privatives. Ce programme sera soumis au vote de l’assemblée générale qui se réunira en mars 2013. La copropriété a bénéficié d’une assistance à maîtrise d’ouvrage pour l’élaboration du programme de travaux et du cahier des charges, ainsi que de l’aide des services de la direction de l’Urbanisme de la ville de Paris, et d’une assistance financière pour les simulations financières personnalisées. Renaud Aumaître précise que la quasitotalité des 53 copropriétaires a adhéré au projet même si une partie importante du financement reste à la charge de ceux-ci. La copropriété attend beaucoup du futur texte sur le prêt à taux zéro destiné à paraître prochainement. Il ajoute que l’alourdissement considérable des charges d’énergie (doublement depuis 2000), source d’impayés, renforce la motivation des occupants pour des « ravalements thermiques ». Enfin, il souligne le problème de l’empiètement de l’isolation, d’une épaisseur de 17 cm, sur le pignon non donnant sur l’immeuble l immeuble mitoyen et qui a été traité par un cabinet d’assistance à maîtrise d’ouvrage. rage.

LES CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC THERMIQUE

9 RUE BOUSSINGAULT

Etat initial Murs Baies

Non isolés 50% SV

Combles

Isolés 5 cm

Planchers

Non isolés

CH/ECS Ventilation

Gaz collectif, rad Naturelle

Cep Etiquettes

196 D

E

29-31 rue Boussingault 75013, OPATB*

Aude Porsmoguer, chef de projet de l’OPATB*, PACT Paris-Hauts de Seine, présente cet ensemble de trois bâtiments construits en 1960 et comprenant 192 logements dont les 2/3 sont également occupés par leurs propriétaires. Après travaux, les consommations d’énergie devraient baisser de 40 % et les émissions de gaz à effet de serre de 47 %.

Le coût global du projet, de près de 1,5 M€, sera financé à hauteur de presque moitié par des aides publiques (région, ville de Paris…) et des crédits d’impôts.

Anne Ged

remercie les représentants des conseils syndicaux qui jouent un rôle important d’accompagnement des opérations (diagnostics, travaux...). A propos des contrats de performance énergétique (CPE), les propositions de financement restent à confirmer ; les copropriétés attendent d’avoir plus de contenu avant de s’engager.

Il faudrait que les économies d’énergie soient garanties. La notion de CPE est intéressante mais on ne peut se contenter d’isoler et de changer les fenêtres, sinon, il faudrait recommencer dans vingt ans ; il faudrait intégrer le chauffage par les énergies renouvelables et s’assurer de ce que les ravalements thermiques aient une durabilité supérieure à quinze ans au moins.

LES CONCLUSIONS DU DIAGNOSTIC THERMIQUE 29-31 RUE BOUSSINGAULT

Jean-Marc Diulein, membre du conseil syndi-

*OPATB (opération programmée d’amélioration thermique des bâtiments)

cal de la copropriété « Les prés de Montsouris », précise que les occupants reflètent une forte diversité sociale et générationnelle, ainsi qu’une volonté de vivre ensemble qu’ils entendent préserver. Le site, proche du parc Montsouris, est un îlot protégé, comprenant des arbres classés et auquel les occupants sont attachés.

Après avoir réalisé en 2010 un diagnostic énergétique financé par la ville de Paris, l’assemblée générale des copropriétaires a voté (« à l’arraché ») en juin 2012 un programme de travaux comprenant notamment une isolation thermique par l’extérieur et une mise aux normes handicap des accès des bâtiments.

Jean-Marc Diulein regrette que le retard de la publication du texte réglementaire relatif aux prêts à taux zéro mette en difficulté les copropriétaires qui ont reçu les premiers appels à paiement en septembre 2012.

Etat initial Murs

Non isolés

Baies

60% double vitrage

Toiture

Isolée 5 cm Polyuréthane

Plancher

Non isolé

CH/ECS

CPCU

Ventilation

Naturelle

Cep Etiquettes

224 E

E

29

( 4ème arrondissement), RIVP Yann Miginiac, délégué du développement durable RIVP, présente le village Saint-Paul, îlot comprenant plusieurs groupes d’immeubles d’habitation construits entre la fin du XVIIème et la première moitié du XIXème siècle, en plein cœur du Marais.

Schéma de l’îlot Saint-Paul

*PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur)

2.6.

En vue d’une réhabilitation durable de cet îlot, qui devrait se faire en milieu occupé, la démarche a consisté dans un premier temps à établir un diagnostic et à réaliser une étude de faisabilité. A cette fin, une équipe a été constituée comprenant un architecte ayant une expérience de réhabilitation du patrimoine sauvegardé (atelier Monchecourt et Cord), un bureau d’étude thermique et HQE (Al Environnement), un économiste de la construction et un bureau d’étude technique (CETBA).

Le diagnostic a comporté deux volets : patrimonial (bâtiments classés selon leur ancienneté, leur état de vétusté, la possibilité ou non de les modifier), et environnemental (énergie et confort).

L’étude de faisabilité a été faite en concertation avec les ABF, la direction de l’Urbanisme de la ville de Paris, l’Agence parisienne du climat etc. Elle a pris en compte plusieurs aspects environnementaux (matériaux, collecte sélective, économies d’eau, déplacements, végétalisation des espaces…). A l’issue d’une réunion d’échanges qui s’est tenue fin juillet 2012, un programme été proposé comprenant plusieurs « familles de travaux » (remplacement des menuiseries extérieures, ventilation, isolation des planchers hauts et bas, changement du système d’énergie, ravalement ou isolation thermique par l’extérieur, énergie solaire…) ; selon les « familles » retenues, les gains énergétiques sont plus ou moins importants.

L’ensemble des travaux représente un coût global de 11 M€.

Famille de travaux

Nb de bâtiments concernés

Gains énergétiques estimés (kWEp/m2/an

Menuiseries, ventilation, planchers haut et bas

5

256.9

ITE + travaux communs

10

277.5

Solaire + travaux communs

2

314.8

ITE + solaire + travaux communs

2

360.7

Changement d’énergie

8

536.6

Changement d’énergie + ITE

1

623.5

Changement d’énergie + ITE + solaire

2

643.2

31 Les gains augmentent avec le nombre de travaux

Village Saint Paul : réhabilitation d’un îlot rénové en 1979 du PSMV*

GAINS ATTENDUS EN TERMES DE PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE EN FONCTION DES BOUQUETS DE TRAVAUX RÉALISÉS

Ilot état projeté

Anne Ged

rappelle, à propos de la difficulté de trouver des financements, que l’Agence parisienne du climat met en relation copropriétés et offreurs de solutions financières. On constate que les rénovations « plan climat » entraînent en moyenne un surcoût de l’ordre de 350 à 400 €/m², celui-ci pouvant être beaucoup plus élevé, notamment lorsqu’il faut respecter les qualités architecturales anciennes de l’édifice à rénover.

Dans ce domaine, le maillon faible ce sont les matériaux. Il est surprenant de ne pas trouver sur le marché français des isolants plus minces (en général, 17 cm d’épaisseur). Les fabricants devraient accélérer la recherche et l’innovation sur ce type de produits. Des prototypes existent, certes, mais le problème est de passer au stade industriel sans connaître la taille des marchés.

A cet égard, il serait intéressant, par exemple, de connaître les quantités de surfaces à isoler à Paris.

Façades sur cour de l’îlot

Cour et passage de l’îlot

3.

33

Conclusion

35 Elisabeth Borne, directrice de l’Urbanisme de la ville de Paris Après avoir rappelé qu’Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, chargée de l’urbanisme et de l’architecture, ainsi que René Dutrey, adjoint chargé du développement durable, de l’environnement et du plan climat, avaient pris l’initiative de cette conférence-débat dans le cadre de la cinquième édition des Journées parisiennes de l’énergie et du climat, Elisabeth Borne remercie le directions de la ville (urbanisme, logement et habitat, espaces verts et environnement), ainsi que l’Atelier parisien d’urbanisme et l’Agence parisienne du climat (APC) de s’être associés à la direction de l’Urbanisme pour l’organisation de cet événement. Elle remercie tout particulièrement Anne Ged, directrice de l’APC, pour la préparation et l’animation de la séance.

Dans la mesure où les constructions neuves sont peu nombreuses à Paris - le parc bâti se renouvelant lentement, à un rythme annuel de l’ordre de 1 % - la réduction de l’empreinte carbone et de la consommation énergétique du bâti passera par les rénovations pour l’essentiel.

Avec le plan bâtiment 2012-2017, l’Etat a fixé des objectifs ambitieux pour la rénovation énergétique du bâti. La ville de Paris prend toute sa part dans cet engagement, comme le montre le plan climat de Paris voté en 2007 et qui sera révisé avant fin 2012.

Plusieurs études (potentiel d’énergies renouvelables, climatisation, ravalements et isolation thermique par l’extérieur, analyse des performances thermiques des logements de l’APUR…) montrent les voies à suivre. Les politiques municipales telles que les rénovations des logements sociaux, fer de lance en matière sociale et énergétique, et la révision générale du PLU prévue pour 2014, traduisent cet engagement.

La mairie de Paris et l’Agence parisienne du climat sont au plus près des parisiens pour les sensibiliser et les accompagner dans leurs démarches. La nouvelle collection de cahiers HABITER DURABLE complète cette information.

Alors que la mise aux normes énergétiques entraîne un surcoût financier, la mairie apporte une aide aux bailleurs sociaux, subventionne les diagnostics et audits des copropriétés et aide les bailleurs dans le cadre des OPATB. L’innovation, encouragée notamment à travers les initiatives de « Paris Région Lab », doit permettre de trouver des solutions pour favoriser l’insertion des rénovations énergétiques dans le paysage urbain parisien. Enfin, la Ville appuie la filière de la rénovation énergétique du bâti dont elle salue l’effort de formation pour ses artisans et PME (FEEBAT, Formations aux Economies d’Energie BATiment).

Le défi pour l’agglomération parisienne est considérable : pour Paris uniquement, il s’agit de rénover un parc comptant près de 100 000 immeubles anciens dont la plupart sont privés. Cela implique de mettre en place une ingénierie technique et financière à l’échelle des ambitions de l’Etat et de la ville de la Paris. L’Agence parisienne du climat fera des propositions à ce sujet en écho à la mission de Philippe Pelletier, président du comité stratégique du plan bâtiment 2012-2017.

Les retours d’expériences et projets de réhabilitation présentés au cours de la seconde partie de cette réunion ont montré qu’il était possible, au cas par cas, d’atteindre d’excellentes performances énergétiques tout en préservant notre patrimoine architectural, marquant ainsi une évolution par rapport aux échanges qui avaient eu lieu l’an dernier au cours du colloque « Patrimoine architectural parisien et développement durable ».

Les réalisations seront chaque année plus nombreuses, plus instructives, plus stimulantes. Il est proposé d’en faire régulièrement le point et de créer ainsi une dynamique pour capitaliser les savoir-faire, les innovations architecturales et les techniques, en échangeant de bonnes pratiques.

C’est l’avenir de Paris, à la fois capitale patrimoniale, ville « facteur 4 » et cœur d’une agglomération dynamique, qui se dessine.

e s i m o n o c J’é e i g r e n é n o m

4.

E U Q I M R E H T N O I T A V RÉNO I T Bibliographie  B E N I O M I R T A P U D

37

39 Ville de Paris

Acteurs du paris durable

• Plan climat de Paris, 2007 http://www.paris.fr/pratique/energie-plan-climat/le-plan-climat-de-paris/p8413 Voir aussi : PROJET soumis à la consultation publique, septembre 2012 “ Grandes Orientations “

• Fiches pratiques habiter, www.acteursduparisdurable.fr

• Bilan carbone de Paris, 2011 http://www.paris.fr/pratique/energie-plan-climat/bilan-carbone/p8414 • Rapport environnemental, Exercice 2011, juin 2012 http://www.paris.fr/pratique/environnement/energie-plan-climat/rapportdeveloppement-durable-2011/rub_8411_stand_110190_port_19606 • Plan local de l’habitat, 2011 http://www.paris.fr/politiques/logement/grands-axes-de-la-politique-du-logement/ p9410 • Plan local de l’urbanisme, 2006 http://www.paris.fr/pratique/urbanisme/documents-d-urbanisme-plu/p6576 • Cahiers HABITER DURABLE, 2012 http://www.paris.fr/pratique/urbanisme/construction-et-amenagement-durables/ p9172 • Répertoire des entreprises du bâtiment en économies d’énergie et énergies renouvelables,Île-de-France http://www.paris.fr/pratique/urbanisme/construction-et-amenagement-durables/ p9172 • Thermographie aérienne de Paris, 2010 http://www.paris.fr/pratique/environnement/energie-plan-climat/carte-de-lathermographie-a-paris/rub_8411_stand_91543_port_19606

Agence parisienne du climat • Carte des bonnes pratiques à Paris en matière de réduction des gaz à effet de serre et d’économies d’énergie, 2012 http://www.apc-paris.com/la-boite-a-outils/carte-des-bonnes-pratiques

Atelier parisien d’urbanisme • Analyse de la performance thermique des logements parisiens, 8 cahiers, mars 2011 http://www.apur.org/etude/analyse-performance-thermique-logements-parisiens • Cadastre solaire de Paris : mis en ligne 1er trimestre 2013

Ministères • Ministère de l’Egalité des territoires et du logement, Septembre 2012.

Les aides financières au logement (cf. rubrique “ Financement de la performance énergétique “) http://www.territoires.gouv.frhttp://www.developpement-durable.gouv.fr/ Les-aides-financieres-au-logement,29554.html • MEDDE/Ministère de la Culture et de la Communication/CETE de l’Est (et al.).

Connaissance du bâti ancien, fiches, juin 2010 http://www.maisons-paysannes.org/economies-d-energie/atheba.html

Autres • POUGET André (et al.), Le guide ABC- Amélioration thermique des bâtiments collectifs construits de 1850 à 1974, Paris, Éditions parisiennes, 2011

Crédits photos : Atelier François Brugel (photos Mirela Popa), Atelier Jerôme Leroy (architecte), Atelier Lion associés, Agence parisienne du climat, APUR, Luc Boegly (photographe), Christophe Lefébure (Parigramme), mairie de Paris (Jacques Leroy, Guy Picard), Paris Habitat, Pact Paris Hauts de Seine, RIVP

Conférence-débat de la DU

Dans le cadre des 5èmes Journées parisiennes de l’énergie et du climat spéciale révision du plan climat de Paris

Rénovation du bâti parisien et plan climaténergie lundi 22 octobre 2012

Conception graphique : mairie de Paris, direction de l’Urbanisme, Service concertation et communication Achevé d’imprimer : janvier 2013 Dépôt légal en cours