3 minute read

Recueil des disjonctions 2022

Que tout est cadré ! Enfin, je veux dire, tu as demandé au voisin de couper sa tondeuse. Si tu fais des plans en studio, pour que… Tu calibres quand même bien la lumière, le son. Sinon c’est impossible. Enfin, tu ne vois pas, je crois, pour que… bon, il y a déjà ça. Et après ça, la différence fondamentale, je crois que le documentaire, il me semble que… oui, voilà, c’est ça, il n’y a pas une maîtrise totale du sujet. Enfin, de fait… et qu’il se laisse aussi guider par son sujet et ce n’est pas le sujet qui le guide ! Il y a un truc un peu comme ça.

Donc à partir du moment où tu appuies sur un bouton, je SUIS dans ton film et tu t’engages dans une grosse responsabilité. Si tu vois des choses qui te sont désagréables. Qu’est-ce que tu fais à ce moment-là ? Tu casses ta caméra ?

Advertisement

Blandine. Blandine Brière, je suis en résidence ici, à côté, à Saint-Étienne, pour une semaine, cinq jours, dans le cadre du projet Bloom. Et ce que j’ai fait, c’est que j’ai revisité des archives.

Les traces qui engagent la responsabilité de celui qui les produit avec une finalité. Et ça, c’est le sens classique du mot archive le mot record. Et puis, ces objets de mémoire, je reprends le mot objet, avec un certain contexte et qui, surtout, sont appréhendés avec une finalité de connaissance et qu’on appelle archive qui est le sens patrimonial nouveau.

[0:00:00.000] — Blandine Brière

[00:01:01] — Jean Rouch (Martin Gruber, The Future of Visual Anthropology, 2006)

[00:01:20] — Blandine

[00:01:14] — Ballon baudruche frotté + accordage d’un piano.

[00:01:50] — Marie-Anne Chabin, séminaire Nouveaux Paradigmes de l’Archive: l’intelligence artificielle au service de l’archivage et de l’analyse des archives, 2020

Recueil des disjonctions

C’est un drôle d’effet parce qu’il y a… ça replace au moment de la prise de son. Et ça replace certaines… ça te replace dans ton propre corps, au moment de l’enregistrement et ça réactive pas mal de souvenirs. Et en même temps, ce qui est assez drôle, c’est que ça…

Ça me montre aussi qu’il y avait déjà… Ce n’est pas n’importe quels sons que j’enregistre, enfin je veux dire, je n’enregistre pas tout. Il y a quand même des choses qui sont assez récurrentes. En tous les cas, il y a des sons que j’ai pris il y a vingt ans et je continue à prendre ces types de sons. Nous. Le vent, c’est un ennemi pour notre prise de son, mais qu’en même temps on ne peut jamais vraiment l’avoir totalement. C’est comme filmer la lumière si tu filmes le soleil, tu vas tout de suite saturer, et il y a quelque chose de ça aussi ou tout de suite, nous, avec la membrane qui colle et qu’on veut entendre avant d’entendre le vent. Il faut trouver des stratagèmes.

[00:02:20] — Blandine

C’est un film sur l’impossibilité de cadrer le vent et donc il revient aussi sur ses archives et sur ses moments de captation, de film, de filmer le vent et avec, à chaque fois, une sorte de plan insaisissable. Il filme aussi… une grande partie qui est filmée en Chine… Oui, j’y pensais. J’y pensais cette semaine, déjà parce que c’est un film qui est monté avec ses archives à lui. Et parce que je trouvais ça assez beau comme

[00:04:21 .990] — Blandine

[00:02:11] — bruits de fond

[00:03:51] — vent dans des sacs plastiques (Jardins ouvriers) principe : d’arriver à cette question de l’impossibilité de cadrer le vent.

Je prends souvent des sons… souvent… au début, c’était plus… En fait, je crois que ça a toujours été comme ça. Je trouve qu’en fait… c’est marrant, parce que l’autre fois on discutait avec la mère de Colin. Elle me parlait de sa blouse et elle disait que c’était important d’avoir ce costume-là et qu’elle ça lui facilitait beaucoup les choses d’avoir la blouse blanche. Il y avait une espèce de distance qui se créait et je trouve qu’avec le micro aussi. En fait, c’est une distance et une rencontre aussi.

Enfin, il y a un peu des deux, c’est-à-dire que ça te met dans un certain rôle et dans une certaine attention et une certaine concentration. Mais, en même temps, il y a une espèce de filtre aussi, par le micro. Et donc ça me permet. De rencontrer les gens aussi beaucoup. Et donc je prends souvent… il y a beaucoup d’entretiens et aussi de… Eh bien au début, en tous les cas, ça fait partie de carnets de bord, de voyages.

Pas objectif, ni neutre, ça ne veut rien dire, mais de filmer avec… je ne sais pas, avec retenue, pudeur… de ne pas forcer, de ne pas faire un mouvement qui soit contraire un peu à… je ne sais pas… à ce que je ferais, à ce que je bouge dans la vie, c’est-à-dire pas… à rester comme je porte un regard, comme ça.

[00:06:08] — Blandine

[00:07:49] — Raymond Depardon ( Jean Rouch, Portrait de Raymond Depardon, 1983)

This article is from: