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Numéro 2288 ● 22 mars 2016 ● hebdomadaire

Associer l’hyperféminin et l’ultramasculin, le flou et le structuré ou le sport et l’habillé : la mode hiver 2016-17 des créateurs parisiens s’ingénie à marier les contraires. Page 28

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MARCHÉ

Le costume perd encore du terrain Déjà sérieusement mis à mal depuis quelque temps par la poussée continue du casual, le costume masculin voit ses ventes reculer encore. Le phénomène déstabilise les grands spécialistes, comme Brioni (photo) ou Boss. ❯ Page 2

DISTRIBUTION

Vladimir Pesnya/Ria Novosti

Auchan cherche le rebond

Distancé dans la course à la croissance qui met aux prises les grands distributeurs, Auchan se réorganise pour se donner un nouvel élan. ❯ Page 6

MONDE

Habitué jusqu’ici aux croissances insolentes, le groupe de mode jeune allemand voit ses ventes reculer pour la première fois, et pour faire face, il va devoir fermer des magasins. ❯ Page 11

Maloja

Anthony Vaccarello

PARIS unit les contraires

Tom Tailor se met à la diète

61, rue de Malte 75541 Paris cedex 11 ● Tél. 01 43 57 21 89 ● Fax : 01 47 00 08 35 ● 53e année ● N° ISSN : 0293.0757 ● Prix du numéro : 6,90 € ● Abonnement France /1 an : Papier : 179 € - Papier + iPad : 188 € - iPad : 153 €


L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE Le costume, symbole d’une époque révolue ? La nouvelle génération a de moins en moins envie de s’habiller comme son aînée.

(Ermenegildo Zegna)

LE COSTUME S’EFFILOCHE La déferlante du casual rebat les cartes de l’habillement masculin traditionnel.

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lle s’était déjà fissurée sous les coups de boutoir du casual, et la voilà qui chancelle. L’institution du costume masculin, qui avait paru pouvoir renaître, en revenant, au cours des années 2000, sur les podiums et dans le vestiaire de certains néo-dandys, résiste de plus en plus difficilement à l’accélération des mœurs vestimentaires en cette deuxième décennie du XXIe siècle. Les récentes difficultés de Brioni, Hugo Boss ou Ahlers, grands producteurs de vêtements masculins formels, le montrent clairement : les hommes d’aujourd’hui ont de moins en moins envie de s’habiller comme leurs aînés. Les nouveaux «maîtres du monde», les fameux patrons des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), icônes et modèles pour la nouvelle génération, ont, du reste, abandonné la veste depuis longtemps. Et sur le terrain, la réalité est là. Le marché du formel décroît quand le casual s’envole. Ce que s’obstinent pourtant à nier certains spécialistes italiens, encore convaincus de la résilience du «sartorial». En France, le phénomène est net en tout cas, comme le montrent les chiffres des instituts d’études. Confrontés au recul du costume, les marques et distributeurs s’adaptent. En accordant moins de place au formel dans leur offre, ou en le proposant en pièces séparables, à mixer avec des produits décontractés. Pour autant, le costume ne va pas disparaître. Il reste le vêtement incontournable de tout évènement exceptionnel. Et demeure l’habit professionnel pour certains métiers encore attachés à l’apparat (banque…). Mais force est de constater qu’il ne s’agit plus là que de niches. Le marché de fond a, lui, déjà basculé du côté du confort. En faisant sauter au passage les codes hérités d’une époque révolue. 2

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N mode masculine comme en mode féminine, il y a les défilés, vitrines des marques créateur et luxe portées par de forts discours marketing, et puis il y a la réalité : les chiffres du marché. Les costumes, pièces centrales du vestiaire formel, qui avaient été remis sur le devant de la scène au début des années 2000 (retour aux authentiques, à l’esprit tailoring, voire au classique blazer…), ne cessent pourtant de voir leurs ventes s’effriter. Selon l’Institut français de la mode, le chiffre d’affaires en France de ce segment de la mode masculine est ainsi tombé de 511,7 millions d’€ en 2010 à 438,4 millions en 2015. Si les données d’Euromonitor International sont un peu plus généreuses (740 millions d’€ en 2015, contre 756 millions en 2013), elles traduisent également un recul. Et rien ne laisse prévoir une embellie. «Le formel est clairement passé de mode. Si l’on considère ce segment du marché sur cinq à six ans, la taille de sa clientèle s’est presque réduite de moitié, avec, aujourd’hui, 1,7 million d’acheteurs de costumes», indique Valérie Tillon, directrice du département Fashion de l’institut d’études Kantar Worldpanel. Selon elle, cette désaffection touche en fait tout l’univers formel masculin : «On retrouve par exemple la même tendance baissière pour la cravate, dont les ventes ont chuté de 38%

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en cinq ans, quand, dans le même temps, celles des chaussures de sport ont explosé. Or, on ne porte pas un pantalon de costume avec des baskets !» En cause : la déferlante sport, qui, même si elle n’est pas nouvelle dans l’habillement masculin, s’est installée ces dernières années définitivement dans la mode. Aujourd’hui, les sweat-shirts, les baskets, les parkas et les blousons multipoches font partie intégrante des collections pour homme et pas seulement chez les labels qui s’adressent aux jeunes générations.

Erosion des ventes

Les marques spécialistes du formel qui diffusent dans le circuit milieu de gamme ont été les premières concernées par cette évolution, sachant que les ventes de costumes se font pour près de 60% dans le circuit des chaînes spécialisées et des enseignes de grande diffusion, comme le montrent les données de l’Ifm. Là, si la proposition de pièces formelles reste encore présente, elle n’est plus prioritaire. «Depuis deux à trois ans, nous constatons une érosion des ventes de ce que l’on appelle le costume traditionnel. Nous sommes en pleine réflexion sur cette famille de produits. Nous continuons à en faire, car il reste un marché, mais il est clairement supplanté par le casual chic», indique ainsi Richard Gigou, dirigeant de l’enseigne


Mais plus que la tendance sport, c’est l’évolution même de la société qui tendrait à rendre obsolète le formel. Développement du travail à distance, coworking, chargés de comptes bancaires hier derrière un guichet, désormais en ligne… Ces nouvelles façons de travailler seraient en train de faire «exploser» les codes de l’habillement professionnel. Une mutation qui toucherait par ailleurs toutes les catégories et même les tranches d’âges. «Il n’y a plus que les banquiers de 50-60 ans pour porter un costume formel», répètent ainsi en boucle les professionnels de la mode masculine, qui s’appuient sur l’exemple des nouvelles générations de dirigeants, ceux notamment portés par la planète numérique, tels les emblématiques patrons des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui semblent ne plus placer l’élégance «sartoriale» en tête de leurs priorités, mais davantage le confort. «Notre vie tout entière est devenue sportswear», résume Jacques Vuillermet, dirigeant du groupe Vuillermet, à la tête de plus de trente franchises, dont, pour l’homme, Tommy Hilfiger et Tom Tailor. «On veut du confort, appuie-t-il, plus personne ne veut être engoncé. Même les chaussures de ville en cuir jouent la décontraction, avec des semelles en caoutchouc. Et cela se ressent dans tous les secteurs, comme en décoration, où les canapés proposent des assises plus vautrées, plus confortables. En lingerie, où l’on recherche le côté pratique du porter et de l’entretien et non des guêpières contraignantes…». Un constat qui rejoint celui de Valérie Tillon, qui témoigne de son côté d’un effondrement encore plus vertigineux du formel en mode féminine, avec des ventes de tailleurs féminins et d’escarpins en chute libre depuis cinq ans. Selon François-Olivier Gerreboo, directeur France de la marque masculine italienne Harmont & Blaine, l’explosion du business Internet a apporté de nouveaux codes dans le milieu du travail : «Il est acquis désormais que la tenue n’est plus forcément liée à la performance du collaborateur !» La marque de casual chic, implantée depuis octobre 2015 en France avec deux magasins, a d’ailleurs fait le choix de ne proposer aucun costume, mais de miser sur le dépareillé pantalon et veste.

Une clientèle éduquée

Cette exigence du consommateur masculin, c’est aussi ce qui, selon Romain Le Dantec, porte-parole de la maison spécialiste de la grande mesure Cifonelli, qui a lancé son prêt-à-porter il y a trois saisons (avec, depuis six mois, une boutique rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris), expliquerait les difficultés que rencontrent à l’heure actuelle certains spécialistes du formel. «La clientèle business a rajeuni et est devenue de plus en plus éduquée. Or, beaucoup de spécialistes du costume fabriquent dans les mêmes usines, mais avec des prix qui varient du simple au triple et juste une étiquette qui change. Certains réalisent dès lors des marges très fortes, qui peuvent monter jusqu’à dix points. Peutêtre payent-ils désormais les conséquences de cette surenchère face à des hommes qui savent de plus en plus comprendre la spécificité d’une belle draperie ou d’un bon montage d’épaule.» Car, selon Romain Le Dantec, le secteur du formel homme n’est pas mort, il est même en croissance dans le luxe, mais à condition qu’il soit authentique, et qu’il s’adresse à une clientèle internationale. «Pour ces hommes, le prix n’est pas un frein. Ils ont les moyens, mais ils vont désormais préférer investir dans un costume de grande mesure que dans un modèle de prêt-à-porter, très légèrement moins cher que du sur-mesure chez certaines marques de luxe, mais sans identité et qui ne tiendra pas ses promesses.» Une sorte de haute couture masculine si l’on y réfléchit bien. BÉNÉDICTE JOURGEAUD AVEC STÉPHANIE ATHANÉ ● Suite de l’Evènement : page 4

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Andrew Burton/Afp

LES NOUVEAUX “MAÎTRES DU MONDE” TOMBENT LA VESTE

sont les nouveaux maîtres du monde. Les plus puissants, les plus riches, les plus forts. Et donc des «modèles», que toute une nouvelle génération de jeunes hommes souhaitent imiter. La capitalisation boursière de leurs entreprises est stratosphérique. Ils sont en représentation permanente, sous le regard du monde qu’ils contribuent à façonner. Et pourtant ces nababs des nouvelles technologies s’habillent toujours comme les geeks qu’ils sont restés au fond (tout au fond) d’eux. Mark Zuckerberg, l’homme aux 1,5 milliard d’amis et aux centaines de milliards de dollars de capitalisation boursière continue à 31 ans de s’habiller comme un ado nonchalant : teeshirts gris, sa couleur fétiche, qu’il achète par conteneurs et sweats à capuche, son fameux «hoodie». Chaussures de sport et tongs Adidas style retour de piscine l’été complètent son uniforme. Un non-look basique assumé : «Je veux vraiment simplifier ma vie afin d’avoir le moins de décisions à prendre autres que celles qui visent à servir au mieux cette communauté», at-il un jour déclaré.

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DES MAÎTRES DU MONDE TRÈS CASUAL. Les patrons des géants du Net (de haut en bas, Tim Cook, Mark Zuckerberg et Sergey Brin) sont loin d’être des adeptes du costumecravate.

Lluis Gene/Afp

Codes du travail

Brummell, la marque propre du Printemps, s’est engagé dans la même voie depuis le printemps-été 2015, en proposant une majorité de costumes vendus en «séparables». «Nous avons également revu toutes nos coupes, en introduisant du slim, des coupes droites modernisées, des vestes un peu plus courtes… Autant d’améliorations qui permettent de “twister” un costume, en associant une veste avec un jean, un pantalon en draperie avec une paire de Stan Smith…», illustre Karen Vernet, directrice du marché homme et marques propres du Printemps. En sachant que les grands magasins réalisent 9% des ventes de costumes en France. Le pouvoir d’achat, en berne dans l’Hexagone, serait par ailleurs une autre raison appuyant cette tendance baissière du segment costume. Avec un prix moyen de vente de plus de 200 €, selon Kantar Worldpanel, le costume resterait en effet un produit très impliquant financièrement, pouvant pousser, selon certains distributeurs, les hommes à s’habiller de la même façon en semaine et le week-end. «Plus que le prix du costume, c’est l’enjeu de son rapport qualité-prix qui est devenu très important, précise cependant Karen Vernet. Les hommes sont devenus d’une exigence incroyable. Il y a quelques années, ils faisaient confiance aux marques. Mais désormais, ce n’est plus le cas. S’ils achètent un costume haut de gamme, luxe, ils veulent une qualité absolument irréprochable. Et s’ils sont déçus, ils n’y reviennent pas. Ce sont aussi des hommes qui comparent beaucoup… Ils ne sont pas pressés com-me les femmes, ils veulent le meilleur et peuvent très bien retarder leurs achats le temps de trouver le bon produit. Ainsi la croissance à deux chiffres de Brummell depuis son repositionnement nous conforte dans l’idée que, si l’on propose un rapport qualité-prix juste et des coupes modernisées, le costume ne se meurt pas.»

Less is more

Dans la même veine, Sergey Brin, le cofondateur de Google frappe très fort avec ses Crocs aux pieds par tous les temps. Sa patte, sa signature stylistique. Il les emmène partout, en conférence de presse comme en sortie officielle. Le plus souvent, il les coordonne d’un sweat, et d’un jean ou d’un pantalon de toile, circulez il n’y a rien à voir. «Rien à cirer du diktat de la mode», s’amuse le boss du Net. Il est vrai qu’il n’a plus grand-chose à prouver… Plus chics quand même mais toujours informels sont Jeff Bezos et Tim Cook, respectivement patrons d’Amazon et d’Apple. Adeptes du «less is more», les deux jeunes quinquas adoptent une allure moderne et intemporelle qui leur va bien au teint. Une silhouette sobre et de bon goût, tout en jean, chemise près du corps (mais non rentrée dans le pantalon, ça vous date tout de suite une silhouette), pull ou tee-shirt ras du cou. Façon Steve Jobs, on ne change pas un look qui gagne. Une veste noire ajustée en prime quand on est de sortie et le tour est joué. ODILE MOPIN ●

Steve Jennings/Afp

Olly Gan (près de 140 boutiques en France). L’approche est similaire chez Celio, qui, en pleine restructuration et relance depuis un an, a fait évoluer son offre autour de six segments, dont cinq orientés denim, sportswear, et même sport désormais, et un seul consacré au formel. Pour l’enseigne, qui cultive de longue date son image sportswear, il apparaît néanmoins important de conserver quelques vestes et pantalons dans la panoplie. Cette ligne, certes minoritaire, est présentée sous la forme d’un corner en magasin. Nombre d’indépendants (20,7% des ventes de costumes selon l’Ifm) continuent toutefois de proposer une sélection de costumes business (mais aussi de cérémonie). Pesant 5% de part de marché en valeur, ceux-ci constituent en effet encore un marché notable si l’on considère l’ensemble du total habillement homme. «Et les détaillants auraient tort d’y renoncer, car c’est encore l’un des rares domaines où ils continuent à être performants. Certes, parce que c’est un produit cher, même si son taux de renouvellement est bas. Mais aussi parce que l’achat en ligne est encore très peu utilisé pour le costume, dont la vente s’accompagne nécessairement de conseils, d’un service de retouches», souligne Valérie Tillon (Kantar Worldpanel).

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L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE

La décontraction du vestiaire masculin est un phénomène socioculturel A mode masculine haut de gamme est confrontée à d’importantes difficultés, comme le montre la crise qui frappe Brioni ou, dans une moindre mesure, Hugo Boss. Pourtant, en apparence, les entreprises de ce secteur ont encore connu une année 2015 positive. Selon l’institut d’études Bain & Co, les ventes du secteur au niveau mondial ont progressé de 13%, atteignant 29 milliards d’€. Mais derrière ces chiffres se cachent de multiples réalités. «Le poids du casual dans l’habillement masculin de luxe a fortement augmenté ces dernières années. Il représente désormais 70% du total des ventes. Les vêtements d’extérieur, les cachemires, les cuirs et les fourrures, ainsi que le denim réalisent de bonnes performances, analyse Claudia D’Arpizio, consultante de Bain & Co. En revanche, l’habillement formel est en souffrance.» Symbole de cette tendance, même James Bond, considéré comme une icône de la mode masculine, a modifié son look dans son dernier film, «Spectre». Daniel Craig endosse toujours des costumes impeccables taillés par Tom Ford, mais il arbore aussi un vestiaire plus confortable, avec blouson de cuir, desert boots et même quelques pièces très techniques, comme une veste en laine matelassée. La dégaine est chic et confortable, élégante, énergique et moderne. Tout n’est pas si simple dans cette évolution. «C’est un phénomène socioculturel complexe. Les marques sont confrontées à différents profils de consommateurs et chacun d’entre eux présente mille facettes», explique Armando Branchini, viceprésident de la Fondation Altagamma. Ces dernières années, en Italie, de nombreuses entreprises du secteur ont d’ailleurs titubé. Victimes d’une baisse des achats, mais aussi souvent d’une mauvaise gestion, certaines ont pratiquement disparu de la scène internationale. On

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Le casual représente désormais 70% des ventes dans l’habillement masculin de luxe. peut citer Hitman, qui fut pourtant le partenaire privilégié de Giorgio Armani et de Cerruti, ou encore Nervesa Moda Uomo. Aujourd’hui, c’est Brioni (groupe Kering) qui trébuche et annonce un plan social qui concerne 400 personnes, soit un tiers de son personnel. «Le marché de l’habillement formel s’est fortement réduit, nous devons donc réorganiser les ateliers de production», indique l’entreprise. Mais différents observateurs évoquent aussi des «erreurs», telles que la concentration des ventes sur le marché russe ou encore le développement de produits trop mode, qui ont entraîné un problème d’identité et créé le brouillage de l’image sur les marchés. Dans l’ensemble, les grands noms du secteur, tels Ermenegildo Zegna, Canali 4

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son offre avec Manuel Ritz, qui signe un vestiaire complet tout à la fois élégant et branché, à prix accessibles, et il s’est même lancé sur le segment de la mode des créateurs avec Msgm. Conçue en partenariat avec le styliste Massimo Giorgetti (également directeur de la création de Pucci), c’est aujourd’hui l’une des marques à succès des Semaines de la mode de Milan. Cette évolution socioculturelle dans le vestiaire de la mode masculine ne date pas d’hier. «On a commencé par enlever la cravate, il y a une vingtaine d’années, avec le fridaywear, venu de la côte est des EtatsUnis et, depuis, le mouvement ne fait que s’accentuer. On ne reviendra pas en arrière, car nous avons tous envie de vivre de façon plus décontractée. Du reste, le sportswear peut être extrêmement élégant et luxueux», note Armando Branchini.

American gigolo

COSTUME BRIONI. Confrontée au recul du marché de l’habillement formel, la marque du groupe Kering réorganise ses ateliers de production et doit supprimer 400 emplois. Yannis Vlamos / Pixelformula.com

ou Corneliani, ont plus ou moins réussi à s’adapter à cette évolution. Ils ont certes souvent réorganisé leurs capacités industrielles dédiées à l’habillement formel (Ermenegildo Zegna a fermé un outil dédié aux pièces à manches l’an dernier et Canali est actuellement engagé dans des discussions syndicales pour réduire l’activité de ses usines dédiées aux pantalons), mais ils ont également su élargir leur offre pour proposer un vrai lifestyle tout en maintenant leur identité de «tailleur». Le colosse de Biella Ermenegildo Zegna développe désormais un univers complet, allant du sur-mesure au prêt-àporter et au sport, en passant par la Couture, avec la collection qui participe à la Semaine de la mode masculine de Milan. Confiée, ces trois dernières années, au crayon de Stefano Pilati, la collection sera désormais conçue par Alessandro Sartori, ex-Berluti. «Ce segment de marché est une niche, mais il sert de moteur au reste de la collection», avait commenté son Pdg, Gildo Zegna, au mois de janvier à l’occasion du dernier défilé, annonçant au passage une progression à un chiffre des ventes consolidées pour l’exercice 2015.

Une vie décontractée

Certaines marques ont repris la balle au bond et surfent désormais sur cette tendance qui allie le confort à la modernité sans rien enlever au style. C’est le cas de Lardini, qui, l’an dernier, a progressé de 10%. L’industriel implanté dans la région des Marches, qui vient d’augmenter sa capacité de production,

a su diversifier son activité, en lançant il y a trois ans une ligne d’habillement avec Nick Wooster, idole d’Instagram, qui lui permet d’avoir une belle visibilité sur les réseaux sociaux. D’autres ont eu le nez creux en élargissant leur portefeuille. Manifattura Paoloni est toujours considéré comme un spécialiste des pièces à manches haut de gamme. Mais le groupe a lui aussi enrichi

En Europe, Giorgio Armani, puis Hedi Slimane se sont faits les apôtres de cette tendance tout en continuant à cultiver l’élégance. Le premier est entré de plainpied dans l’histoire de la mode avec sa veste déstructurée et son pantalon flou coupés dans des matières légères, rendus célèbres par Richard Gere dans «American Gigolo». Hedi Slimane a lui aussi révolutionné l’allure, introduisant le genre androgyne, avec une silhouette cintrée et longiligne. «Il a ouvert des portes, il a su interpréter cette recherche d’une nouvelle identité, cette envie de sortir des sentiers battus», commente Raffaello Napoleone, dirigeant de Pitti Immagine. Dans la foulée, d’autres ont aussi bousculé les codes du vestiaire masculin : toute la vague des créateurs japonais ou encore Paul Smith jusqu’à Ralph Lauren. Désormais attisé par les réseaux sociaux, le mouvement semble s’être accéléré ces dernières années, avec le comportement de certains grands patrons, souvent considérés comme des personnages mythiques dans leur profession, qui ont tombé la veste. Les tee-shirts et les claquettes de Mark Zuckerberg, le polo à col roulé noir et le jean délavé de Steve Jobs (lire par ailleurs) ou encore, plus près de l’Italie, le pullover noir et la chemise à carreaux de Sergio Marchionne, Pdg du groupe Fiat Chrysler Automobiles, en visite dans une usine avec Barack Obama, lui-même en bras de chemise, ont-ils leur part d’influence ? «C’est l’idée même du costume considéré comme un uniforme pour le bureau

MODÈLE CANALI. La griffe a élargi son offre pour proposer un vrai lifestyle, tout en gardant une identité tailleur.


L’ÉVÈNEMENT DE LA SEMAINE qui a évolué. Il y a eu un vrai changement culturel, qui a rajeuni les dynamiques à l’intérieur de l’entreprise. On pense évidemment au monde d’Internet et à ses grands bureaux open space, où l’âge moyen des employés a nettement diminué», observe Claudia D’Arpizio. «L’évolution est en cours depuis une quinzaine d’années et elle est en train de s’accélérer. Aujourd’hui, l’homme est libre, il a la possibilité de mêler les genres et de s’amuser avec l’habillement», commente Raffaello Napoleone. Excellent observatoire du secteur, son Salon de mode masculine Pitti Uomo, considéré comme le rendez-vous incontournable du vêtement pour homme, a d’ailleurs voulu interpréter cette tendance en janvier dernier avec le thème Generation(s), ou comment les hommes mûrs s’habillent désormais comme des adolescents et les jeunes gens adoptent le costume. «Il y avait des règles de forme, des schémas traditionnels. Ils ont complètement sauté», remarque le dirigeant, qui cite au passage le rôle des matières (des tissus plus légers et naturellement élastiques, parfois très techniques, pour une meilleure performance), des finitions (des thermosoudures à la place des coutures), ainsi que des accessoires : le foulard remplace la cravate, les sneakers se substituent aux derbies ou encore le sac à dos en guise de mallette.

Exigences de l’acheteur

Toujours placée sous le signe de l’élégance, cette liberté entraîne une multiplication de l’offre et une très forte segmentation, créant de multiples ouvertures sur un marché qui avait longtemps été monopolisé par quelques grands noms. Le formel occupe toujours une place importante dans l’offre du Salon, mais elle n’est plus quantifiable, car la plupart des marques développent désormais un vestiaire complet. Au-delà de ces macro-tendances dans le style des vêtements, les professionnels de la mode masculine doivent également compter avec les nouvelles exigences plus abstraites de l’acheteur de produits de luxe. Selon une étude récente réalisée par le Boston Consulting Group pour le compte d’Altagamma auprès de 10.000 consommateurs dans 11 pays, un bien de luxe doit avoir des valeurs intrinsèques, telles que l’exclusivité (73% des interviewés renoncent à une marque s’ils estiment qu’elle n’est plus exclusive) et, plus nouveau, le développement durable. Le document met également en évidence l’importance des «millenials», cette génération des 18-34 ans qui représentent le présent, mais surtout le futur du secteur : un consommateur global, fortement digitalisé, enclin aux conseils et aux échanges de produits, au regard critique. Dans cette optique, le costume retrouve toute sa valeur, d’autant plus important qu’il n’est plus imposé par les conventions, mais est le résultat d’un choix personnel. «Les marques doivent apprendre à fondre le tangible et l’intangible pour soutenir leur positionnement prix et continuer de maintenir l’attention des consommateurs», observe Claudia D’Arpizio. Entreprise «humaniste» (elle compte un

DE NOUVELLES EXIGENCES. L’homme est de plus en plus demandeur de confort et de modernité, tout en gardant du style. (Corneliani )Yannis Vlamos / Pixelformula.com

moine au sein de son conseil d’administration), attentive à la culture et au territoire, Brunello Cucinelli est l’un de ceux qui a su le mieux interpréter cette tendance. Considéré comme un spécialiste de l’habillement décontracté de luxe et du cachemire, il s’est offert, il y a deux ans, un maître de l’élégance sartoriale, D’Avenza, pour gagner ses lettres de noblesse dans la mode masculine. Les résultats lui donnent raison : les ventes consolidées du groupe ont bondi de 16% en 2015 et l’homme, qui pèse 33% du total, n’est pas en reste, avec une poussée de 15%. Certaines marques, comme Kiton ou Caruso, maintiennent le cap, avec une identité fortement axée sur le vêtement formel. «Les coupes changent, les tissus aussi, mais le costume est incontournable. Il reflète l’évolution de l’habillement de l’homme. Il a fallu deux cents ans pour y parvenir et je pense que c’est l’une de ses grandes conquêtes. Bien sûr, il y a des cycles et nous sommes sans doute dans une phase négative. Mais c’est un attribut auquel les élégants ne peuvent renoncer, surtout nous en Italie», estime Umberto Angeloni, dirigeant de Caruso. Et même les hommes les plus mal habillés de la Terre, les fameux geeks de la Silicon Valley, se laissent séduire par ce symbole de sécurité, de virilité et de pouvoir.

Processus de maturité

«La Californie est la région du monde où nous vendons le plus de costumes», s’exclame Antonio de Matteis, administrateur délégué de Ciro Paone, l’entreprise napolitaine propriétaire de Kiton. Tous deux notent même un renouveau parmi les consommateurs. Pour leur premier costume, les jeunes riches privilégient en effet les maîtres du secteur. «C’est toujours un achat important, souvent pour une cérémonie officielle comme le mariage, mais pas seulement. C’est un passage fort dans le processus de maturité d’un homme», estime Umberto Angeloni. Kiton, qui chaque année grandit à petits pas (+6% en 2015, à 110 millions d’€), réalise encore 60% de ses ventes avec l’habillement formel. Une part importante vient du sur-mesure (20%), avec un bataillon composé d’une quinzaine de tailleurs qui parcourent inlassablement le monde. «C’est la façon de porter le costume qui a changé, avec la veste sur un jean par exemple. Mais nos clients le considèrent toujours comme un produit exclusif, qui leur permet de se sentir uniques», observe Antonio de Matteis. La marque, qui compte une boutique à Paris, rue Marbeuf, ouvrira un petit temple dans la capitale au mois de septembre, 400 m2 sur 4 étages rue Saint-Honoré, en face de l’hôtel Coste. Cette année, elle inaugurera également un point de vente à Monte-Carlo. Chacun des costumes qui sortent des ateliers de Kiton nécessite pas moins de vingt-cinq heures de travail, avec des tailleurs dont la moyenne d’âge est de 37 ans, la plupart formés dans sa propre école, créée il y a quinze ans. «C’est l’un des meilleurs investissements que nous ayons faits», assure le dirigeant. PASCALE MATTEI, A MILAN ●

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N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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POINTS CHAUDS

Auchan se réorganise pour pouvoir rebondir ■ Le groupe met en place une nouvelle politique omnicanal et multiformat. ■ Il refond son offre pour être plus proche des attentes de ses clients. prochaine rentrée promet d’être intense pour Auchan. Engagé depuis quatre mois dans une réarticulation-transformation du groupe autour de ses trois métiers majeurs (distribution, immobilier, banque), Auchan, qui se nomme désormais Auchan Holding et réalise un chiffre d’affaires global de 54,2 milliards d’€, devrait présenter son nouveau visage en septembre 2016. A cette date auront été mises en place les stratégies omnicanal conçues par les responsables de chacun des seize pays où est implantée l’enseigne. Des responsables qui, dans la nouvelle organisation, disposent désormais d’une large marge de manœuvre, selon le souhait du dirigeant du groupe et directeur général d’Auchan Retail, Wilhelm Hubner, afin, observe ce dernier, «de construire une performance durable». Il s’agit de fait, grâce à cette nouvelle organisation, de permettre à Auchan Retail de reprendre sa marche en avant. Et surtout d’accroître une part de marché qui se limite pour l’heure à 8,2%. Une relance qui doit passer par un travail de fond sur l’offre, afin qu’elle soit plus proche des attentes. Avec davantage «de produits frais traditionnels venant du lieu dans lequel on se trouve», ainsi qu’un travail sur le non-alimentaire, dont la marque propre d’habillement In Extenso. A

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Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

HYPERMARCHÉ AUCHAN ET WILHELM HUBNER, LE DIRIGEANT DU GROUPE. Le distributeur espère

pement d’Auchan sur son marché domestique. Et cela passe également par une montée en puissance du cross-canal et partant de l’e.commerce (via Auchandrive ou Chronodrive). Cette accélération est déjà en cours, puisque «notre site vient d’entrer dans le Top 14 des sites marchands en France», s’enorgueillit le dirigeant. Auchan.fr a, en effet, gagné 20% de visites en 2015. L’effort sur la proximité et la volonté de miser sur le cross-canal, afin de s’approcher au plus près des attente du con-

repartir de l’avant après avoir perdu –2,7% de chiffre d’affaires en France l’an dernier.

2 pas», celle-ci va se renforcer, elle qui compte déjà 100 magasins. Et pour ce faire, Wilhelm Hubner n’exclut pas de recourir à la franchise, une formule qui sied bien à ce format. «Oui, la franchise va se développer chez Auchan, mais en priorité pour ce modèle.» Plus de proximité mais aussi davantage d’«agilité», voilà l’évolution du dévelop-

Bertrand Guay/Afp

PROXIMITÉ De fait, en France, Auchan Retail continue de souffrir. En 2015, l’activité hexagonale a de nouveau perdu du terrain (–2,7%). La faute principalement aux hypers – dont la contribution à l’Ebitda recule de 1,1% –, tandis que les supermarchés de proximité «enregistrent une meilleure performance», indique le dirigeant. On comprend mieux la volonté du groupe de faire repartir de l’avant ses 144 hypermarchés hexagonaux. Parc qui, de toute façon, évoluera après le futur mariage du groupe avec Système U. Il sera largement renforcé par la politique omnicanal et multiformat qui se met en place. «Nous n’avons pas suffisamment de magasins de proximité actuellement», relève le dirigeant, bien que son groupe détienne 445 supermarchés, grâce à 11 ouvertures intervenues en 2015. Ce circuit de proximité s’avère d’ailleurs dynamique, puisque sa contribution à l’Ebitda d’Auchan Retail a progressé de 13,6%. Cela permet à la France d’afficher un Ebitda positif (+1,7%) malgré la baisse des hypers, sur un total de 2,2 milliards d’€ (+7,5%) pour l’ensemble d’Auchan Retail. Mais ce que le dirigeant vise davantage, c’est l’ultra-proximité, «à laquelle je crois très fort». Représentée par l’enseigne «A

Vladimir Pesnya/Ria Novosti

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L’alliance avec Système U se dessine peu à peu ES alliances entre les géants du commerce commencent à se mettre en œuvre en France et en Europe, mais à des vitesses différentes. Plus rapide au nord du continent, avec, par exemple, la fusion entre le néerlandais Royal Ahold et le belge Delhaize, qui vient d’être entérinée par leurs actionnaires respectifs, créant de ce fait un mastodonte de la distribution européenne de près de 60 milliards d’€. Plus lente en France. Ainsi, le mariage entre Système U et Auchan s’opère à rythme tranquille. «Nous attendons les décisions, les remarques, le feu vert» de l’Autorité de la concurrence avant d’avancer, indique Wilhelm Hubner, le président d’Auchan. Décisions auxquelles Auchan entend se conformer. «Si nous devons vendre des magasins, nous le ferons, évidemment, mais je rappelle que, si cette association a lieu, c’est parce que nous estimons que nous ne sommes pas en concurrence frontale,

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mais bien complémentaires», commente le dirigeant. Initié à l’automne 2014, avec une première entente autour des centrales d’achats, ce rapprochement entre une société et un groupement doit voir naître une entité réalisant près de 70 milliards d’€ de chiffre d’affaires. Un mariage qui impliquera des redéfinitions stratégiques pour chacun des partenaires. En effet, selon les grandes lignes de l’accord, Auchan devrait se recentrer sur son métier de prédilection : les hypers. Inversement, Système U se réarticulera autour des supermarchés (récupérant dès lors les Simply Market). L’accord induit aussi que les 70 Hyper U passeront sous pavillon Auchan. Or, dans le cadre du groupement, un tel changement d’enseigne nécessite l’accord de chaque sociétaire. Il faudra donc les convaincre de la pertinence de ce choix ! Ce ne sera pas forcément aisé,

alors qu’Auchan Retail affiche une «activité détériorée» de ses propres hypermarchés en France. Le groupe nordiste s’emploie à rectifier rapidement le tir… pour le second semestre justement. Date à laquelle, si tout va bien, l’Autorité de la concurrence aura donné son aval. Condition sine qua non pour lancer réellement le rapprochement. D’ici là, Auchan Retail pourra au moins mettre en avant les fruits produits par l’alliance des centrales d’achats des deux partenaires. Grâce à elle, Auchan Holding affiche un taux de marge commerciale en hausse de 4% par rapport à 2014. Celui-ci s’établit désormais à 23,5% du chiffre d’affaires. Une performance rendue possible notamment «grâce à l’entente des centrales d’achats à l’égard des grands fournisseurs internationaux». Entente à laquelle s’est greffé un autre accord avec Metro, renforcé en septembre dernier. S.A. ●


POINTS CHAUDS sommateur (autre fil conducteur de la stratégie en place), sont des leviers qu’Auchan Retail va actionner sur ses autres marchés. Présente sur chaque continent ou presque, puisqu’elle compte même 84 supermarchés en Afrique, répartis entre la Mauritanie, le Sénégal et la Tunisie, l’enseigne doit d’ailleurs beaucoup de ses performances à l’international. La progression de son chiffre d’affaires de 1,2% à change constant (+1,7% en organique) est, en effet, principalement due à l’international et plus spécifiquement à la Chine. De fait, sur les 41 hypermarchés ouverts pendant l’exercice, la grande majorité ont été inaugurés en Chine (+37). Un pays dont l’effet de change favorable a permis de compenser celui, défavorable, du rouble.

FLUCTUATIONS MONÉTAIRES Portée principalement par la Chine (avec le Vietnam et Taïwan), la part asiatique de l’activité d’Auchan Retail est d’ailleurs en croissance de 5,1%, pour atteindre 14,5 milliards d’€ (en change courant), soit 27,5% de l’activité totale d’Auchan Retail, ce qui la place juste derrière la France (34%), tandis que l’Europe (18%) perd du terrain. Celle-ci est en recul de 4,1%, sous l’effet d’une contre-performance en Italie et malgré le «retour de la croissance» en Espagne. Enfin, si l’Europe centrale et de l’Est (Pologne, Hongrie, Russie, Ukraine) représente encore 19% de l’activité, elle recule de 8,9%. La faute donc, principalement, aux fluctuations monétaires, estime le dirigeant, qui rappelle que, à «taux de change constant, l’activité d’Europe de l’Est gagne 9%». Tout en prenant acte de l’évolution et de la santé de chaque zone, il appartient désormais aux différents responsables de pays de tracer la feuille de route qui permettra à leur activité, dès la rentrée prochaine, de se relancer. STÉPHANIE ATHANÉ ●

Immochan sera plus autonome branche immobilière d’Auchan, échappe à la réorganisation engagée par le groupe de distribution. Elle conserve son nom et devient une entreprise à part entière. Détenant 379 centres commerciaux dans 12 pays, soit 2,5 millions de m2, Immochan a généré 633 millions d’€ de revenus durant l’exercice 2015, principalement constitués des loyers des occupants de ses centres. Ces revenus sont quasi-stables par rapport à 2014, malgré les divers événements qui ont marqué l’année. Il y a eu des cessions (22 actifs en France, ainsi que 50% de la galerie commerciale de Setùbal, au Portugal), des ouvertures (10 centres, dont 7 en Chine, et inauguration des Saisons de Meaux) et des acquisitions (12 galeries précédemment détenues par Real en Roumanie). De même, la santé fluctuante et la variété des marchés sur lesquels sont implantés les différents actif du groupe ont, au final, eu peu d’effets, malgré «la Russie qui nous a pénalisés», observe Benoît Lheureux, le dirigeant d’Immochan. «La France a été plutôt positive, avec +2%.» Les efforts des équipes visant à réduire la vacance commerciale sur l’ensemble des sites du groupe, au cours de l’année 2015, ont permis de réduire son taux à 5%, un taux conforme avec le reste du marché. S.A. ●

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MMOCHAN, la

Desigual a perdu des couleurs lors d’une année 2015 “compliquée” ■ Pour la première fois, le chiffre d’affaires de la marque-enseigne espagnole a reculé.

MODÈLES DESIGUAL. Pour la première fois depuis vingt ans, la marque espagnole subit un recul de son activité. Frazer Harrison/Afp

’ANNÉE 2015 a été compliquée pour Desigual. Pas seulement parce que la marque-enseigne espagnole s’est séparée de son dirigeant, Manel Jadraque, en mai dernier. Mais aussi parce que, pour la première fois, «après plus de vingt années d’affilée de croissance», elle a subi un recul de son activité : son chiffre d’affaires s’est rétracté de 3%, tombant à 933 millions d’€. Lien de cause à effet ? Les difficultés rencontrées par le groupe ont-elles été la cause de l’éviction du Pdg, installé depuis moins d’un an, obligeant le fondateur Thomas Meyer à reprendre les rênes ? La griffe ne dit évidemment rien de cette éventualité. Elle se borne à constater que la baisse du chiffre d’affaires «s’explique par la contraction des ventes et la contribution limitée des magasins ouverts au cours du second semestre». Ce semestre s’est, en effet, révélé difficile pour de nombreux acteurs du secteur, notamment sur les deux marchés majeurs de Desigual que sont l’Espagne et la France. La baisse d’activité dans ces deux pays est d’ailleurs pointée du doigt par la marque, même si, ces derniers mois, les consommatrices françaises semblent s’être entichées des sacs colorés de la griffe… Hormis ces deux marchés majeurs, et hors d’Europe, Desigual continue de réaliser de belles performances, soulignant, à cet égard, la dynamique de l’Amérique latine. Cette «région révèle son potentiel», fait savoir la marque-enseigne. Mais la plus grande particularité de 2015 pour Desigual est d’avoir été une année charnière. Une stratégie de transformation du groupe a, en effet, été engagée l’an dernier. La marque a procédé à une «révision» de son business-model. Celui mis en place est davantage orienté vers le client et «privilégie l’innovation produit», tout en optimisant «les différents canaux de distribution de l’entreprise». Objectif : gagner rapidement en efficacité et en rentabilité. Le récent recrutement d’Alberto Ojinaga (chief corporate officier) et de Pierre Cuilleret (chief client officier) intervient dans le cadre de cette réorientation. Plus concrètement, cette transformation devrait aboutir à une nouvelle

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segmentation de l’offre et à une cadence renforcée de l’approvisionnement en magasin, «jusqu’à quatre fois par saison». L’idée sous-jacente est de coller davantage aux envies d’un consommateur habitué désormais à un renouvellement cons-

tant de l’assortiment. Cela suffira-t-il à remettre Desigual dans le sens de la marche et de la progression ? Première réponse en mars 2017, au terme de l’exercice actuel. S.A. ●

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POINTS CHAUDS

L’avenir de Desseilles se joue entre deux repreneurs ■ Holesco, la maison mère de Sophie Hallette, et un groupe chinois sont candidats au rachat. ■ Deux façons d’envisager le futur du dentellier calaisien s’affrontent. OUVEAU rebondissement dans le dossier Desseilles Laces. Deux candidats repreneurs, le groupe Holesco, maison mère du tullierdentellier de Caudry Sophie Hallette, et un groupe chinois coté en Bourse s’affrontent pour reprendre Desseilles Laces (mais aussi Codentel). Tous les deux ont manifesté leur intérêt dans les délais impartis, soit avant le 15 mars. Desseilles, l’un des trois derniers dentelliers de Calais, grand fournisseur de la lingerie, a été liquidé le 15 mars, à la demande de ses propriétaires. Son voisin de Calais, Codentel, également spécialiste de la dentelle pour lingerie et employant encore 38 salariés (en équivalent temps plein), était, pour sa part en vente. Pour Desseilles, il s’agit du énième épisode d’un feuilleton qui devrait voir – en principe – son épilogue ce 23 mars. A cette date, en effet, le tribunal de Commerce aura tranché entre les deux candidats. Un premier acteur chinois, Mein Grace, avait déjà manifesté son intérêt pour Desseilles. Grâce à l’entremise de Nord France Invest, organisme dépendant du conseil régional, ce groupe était entré au capital de Desseilles à hauteur de 33%. Mais il ne s’agissait alors que de renflouer la trésorerie de l’entreprise, certes sortie fin juin 2015 d’un redressement judiciaire, mais encore fragile. Un accord avait été signé pour 44% du capital, avec les trois dirigeants actuels de Desseilles, Jean-Louis Dussart, Pdg, Michel Berrier, directeur commercial et marketing, et Gérard Dezoteux, directeur de création et technique. Mais une décision du tribunal administratif de Lille, le 2 décembre dernier, avait rebattu les cartes. Celle-ci obligeait Desseilles à réintégrer trois salariés protégés, objet d’un licenciement économique après le redressement de 2013. Du coup,

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ROMAIN LESCROART, LE PDG DE SOPHIE HALLETTE. «Nous voulons proposer une alternative 100% Hauts-de-France pour la pérennité de la Dentelle de Calais-Caudry.»

CAMPAGNE POUR LE SAUVETAGE DE DESSEILLES. Le dentellier a été placé en liquidation judiciaire le 15 mars dernier. Le tribunal de commerce devrait choisir son nouveau propriétaire ce 23 mars.

l’actionnaire chinois, qui avait déjà versé 300.000 €, mais devait encore apporter une tranche de 400.000 € (un second versement qui devait déclencher une subvention équivalente de la part de la région) a fait machine arrière. Et refusé de mettre au pot dans une entreprise dont la situation ne lui permettait pas de supporter, selon le Pdg, de nouvelles charges. L’entreprise, qui employait encore 75 salariés avant cette réintégration, a de surcroît été condamnée à payer les salaires des personnes réintégrées avec deux années d’arriérés ! Acculés, les actionnaires ont demandé la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise.

LETTRE D’INTENTION Un second groupe chinois a alors été contacté en février par les dirigeants et actionnaires de Desseilles, grâce à nouveau aux bons soins de Nord France Invest. Les négociations ont été menées tambour battant. Jean-Louis Dussart et Michel Berrier se sont rendus mi-février en Chine pour rencontrer leur interlocuteur. Celui-ci est venu visiter l’entreprise fin février et a envoyé sa lettre d’intention à l’administrateur judiciaire le 29 février. Soit à la date initialement fixée pour la remise des offres de reprise. Etant coté en Bourse, 8

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le groupe chinois a demandé trois semaines supplémentaires pour pouvoir respecter les procédures nécessaires pour boucler son offre. Dans sa lettre d’intention, le candidat disait vouloir reprendre au moins 50% des effectifs. Dans son offre définitive, il propose de reprendre 55 salariés, mais conditionne la reprise au départ des trois délégués réintégrés. De son côté, le groupe Holesco (Sophie Hallette) a lui aussi remis le 15 mars son offre de reprise de Desseilles et Codentel. Le candidat nordiste propose «une reprise conséquente des effectifs (soit 58% des salariés de Desseilles et Codentel) concentrée sur les postes métiers garants des savoir-faire, le maintien de l’activité à Calais, bassin historique des deux sociétés, et enfin un investissement de 1,7 million d’€ dans les deux structures». Sophie Hallette ne conditionne pas, pour sa part, sa reprise au départ des trois salariés réintégrés. «Je fais le pari qu’ils sont attachés à leur entreprise et à leur métier, puisqu’ils s’accrochent autant, et je table sur un retournement de situation», indique Romain Lescroart, le Pdg de Sophie Hallette. Evoquant son rival chinois, comme étant «étranger à la dentelle et à ses savoirfaire», Sophie Hallette fait valoir son propre profil de «créateur et fabricant de

tulles et dentelles à Caudry depuis 1887» et sa solution «à 100% française». «Je veux offrir une pérennité à ces deux belles entreprises, souligne Romain Lescroart. C’est aussi un nouveau défi, alors que l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers m’apparaît comme un risque de plus pour la pérennité d’une filière quasi artisanale. Une filière de haute technicité, fortement exportatrice, dans laquelle, j’en suis sûr, beaucoup est encore à accomplir au plan technique et sur le terrain». Mais Jean-Louis Dussart, le Pdg de Desseilles, et les autres dirigeants coactionnaires ne cachent pas leur nette préférence pour l’offre du candidat chinois. «Sophie Hallette ne veut reprendre que 40 salariés, contre 55 pour le candidat chinois, souligne-t-il. Sophie Hallette souhaite développer la marque avec un minimum de personnel. Elle ne conserverait que deux salariés à la création, soit autant qu’au service commercial, qu’elle diviserait ainsi par deux. Alors que, de son côté, le groupe chinois a affiché sa volonté de conserver la totalité de l’équipe de création, soit neuf personnes (plus une stagiaire), et les quatre commerciaux. Une partie de la production leavers, serait, elle aussi, reprise. Les Chinois ne veulent pas délocaliser et ne délocaliseront pas. Ce serait essentiellement l’administratif, une partie de la production jacquard (départs volontaires) et de la finition qui seraient touchés par les réductions d’effectifs». A propos du groupe Holesco, le dirigeant de Desseilles assure que «celui-ci a déjà repris par le passé cinq entreprises de Calais, dont quatre (Eurodentelles, Dentelles Berthe, Lace Clipping, Marescot) ont fermé». «Seul Riescher, fusionné avec Marescot, a survécu», observe-t-il.

INTÉGRATION Pour sa part, Romain Lescroart (Sophie Hallette) affirme que les entreprises qu’il a successivement rachetées continuent de vivre, mais elles sont de fait intégrées au sein de Sophie Hallette. «Nous avons par ailleurs créé une nouvelle société, France Leavers Service, qui a permis de recruter à Calais et Caudry l’équivalent des effectifs actuels de Desseilles, explique le dirigeant. Et depuis cinq ans, nous investissons chaque année 2 millions d’€ pour nous équiper en matériels ultramodernes». Le dirigeant de Sophie Hallette considère que «son offre n’a pas à rougir» face à celle qui lui fait concurence. Il marque clairement «l’intention de conserver la main-d’œuvre qualifiée dans la dentelle», alors que les postes plus transversaux, dont dispose déjà le groupe, seraient plus touchés par la réduction des effectifs. Il dit aussi aspirer «à un nouveau départ pour ces entreprises sur des bases saines et entre interlocuteurs qui se comprennent car ils baignent dans le même métier depuis toujours». «Nous voulons proposer une alternative 100% Hauts-de-France pour la pérennité de la Dentelle de CalaisCaudry, conclut-il. Mon groupe est une entité économique régionale 100% familiale et 100% investie dans le métier. Comment pourrions-nous être comparés à un investisseur coté en Bourse à Shanghaï ? Il n’y a pas de comparaison possible. Longue vie à la dentelle de Calais-Caudry à Calais et Caudry !» Le groupe Holesco réalise un chiffre d’affaires de 29,4 millions d’€ (dont plus de 85% à l’export) avec 297 salariés. Il fabrique du tulle et de la dentelle pour les marchés de la haute couture, du prêt-àporter et de la lingerie. Historiquement situé à Caudry, il a ouvert une filiale – Riechers Marescot – spécialisée dans la dentelle leavers de luxe, en 1996 à Calais. SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE ●


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POINTS CHAUDS

Thom Browne change de partenaire financier ■ Le créateur new-yorkais est racheté par le fonds Sandbridge Capital. le quartier de Washington Square, une muse des années 30 victime de la Grande Dépression, obligée de recycler ses vieux vêtements. Qu’on se rassure, Thom Browne ne fait pas dans le misérabilisme. Le créateur est connu pour la précision de ses coupes et la qualité de ses tissus : jacquards, tweeds, laine bouclée. Thom Browne a l’imagination vagabonde. Ses mannequins se sont promenés dans Washington Square avec au bras des sacs en forme de chiens.

E créateur new-yorkais Thom Browne

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change de mains. Le fonds Sandbridge Capital – qui compte à son tour de table Tommy Hilfiger et Domenico De Sole, l’ancien dirigeant de Gucci – rachète au japonais Stripe International la majorité du capital. Stripe International garde malgré tout une participation minoritaire chez le créateur. «J’ai trouvé avec Sandbridge un grand partenaire, dont la perspective globale à long terme et les ressources m’aideront à construire la marque à l’international», se félicite Thom Browne. Ken Suslow, associé de Sandbridge, qui devient président du conseil d’administration de Thom Browne, vante, de son côté, «le talent singulier» de la griffe. «La vision de Thom Browne, dit-il, n’a pas d’égal.» La marque, créée en 2001, détient des magasins à New York, Tokyo et Hongkong. Elle est également diffusée par 180 grands magasins, boutiques et shops-inshop. Thom Browne s’est d’abord imposé sur le créneau masculin, avec des costumes très bien coupés, aux vestes étroites et aux pantalons courts. Puis il s’est intéressé à la femme en 2011. Les défilés féminins de New York sont de vrais spectacles, très recherchés. En février dernier, Thom Browne a ainsi mis en scène, dans

Le duo de fondateurs de Costume National lâche la barre ■ Ennio et Carlo Capasa quittent la griffe qu’ils ont lancée en 1986.

C THOM BROWNE. «J’ai trouvé avec Sandbridge un grand partenaire, dont la perspective globale à long terme et les ressources m’aideront à construire la marque à l’international.» Mireya Acierto/Afp

3SI poursuit son recentrage vers les métiers de la logistique ■ Le groupe se déleste des véadistes Blancheporte et Becquet. E groupe 3SI (ex-3 Suisses International), filiale du géant allemand Otto, se déleste de ses activités dites non stratégiques pour se recentrer sur les métiers de la logistique. L’ex-vépéciste Blancheporte, qu’il avait mis en vente dès juin 2015, au même titre que Becquet, vient de trouver preneur. Il est cédé à Franck Duriez, directeur général de l’enseigne depuis 2009, et à son comité de direction. Cette cession, qui deviendra effective le 1er avril, s’opère avec une reprise de 100% du personnel. Créé en 1806, Blancheporte se positionne aujourd’hui comme «le premier site français mode et maison pour les jeunes seniors, qui, la cinquantaine passée, ont envie d’un style qui leur ressemble». L’enseigne, qui n’a pas abandonné l’édition de catalogues papier, réalise aujourd’hui près de 50% de ses ventes sur Internet, dont 15% sur tablette et smartphone. Son site serait consulté par 2 millions de visiteurs uniques par mois. L’entreprise traite 4 millions de commandes par an, pour un chiffre d’affaires de 200 millions d’€. Par ailleurs, le groupe 3SI est entré en négociations exclusives avec la société Domoti, implantée à Marquette-lez-Lille, en vue de lui céder son autre ex-vépéciste, Becquet, spécialiste du linge de maison. L’entreprise, née il y a un demi-siècle, commercialise quatre collections par an, vendues en ligne et sur catalogues. Elle a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 80 millions d’€ et emploie 70 personnes. Do-

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La griffe néanmoins demeure encore très masculine. Les ventes annuelles, d’environ 60 millions d’€, se partagent entre 65% de vêtements masculins et 35% de lignes féminines. L’arrivée de Sandbridge au capital devrait lui permettre d’accélérer son développement à l’international. Sandbridge, créé en 2012, possède des bureaux à New York et à Los Angeles. Le fonds apporte en moyenne de 10 à 20 millions d’€ dans les entreprises où il investit. Et il est bien représenté dans l’univers de la mode. Il est actionnaire de Farfetch, un site de boutiques de luxe sur Internet. Il est de même présent chez Bonobos, une ligne masculine sur mesure, combinant ventes en magasin et sur la Toile, mais également chez Derek Lam ou encore Tamara Mellon, cofondatrice des chaussures Jimmy Choo. Sandbridge s’est aussi impliqué dans la griffe Karl Lagerfeld et la marque de sports d’hiver Rossignol. Thom Browne se retrouve en très bonne compagnie chez Sandbridge Capital. CAROLINE TALBOT, A NEW YORK ●

moti est, pour sa part, spécialisé dans la vente (par catalogue et par Internet, sous l’enseigne Temps L) d’«objets pratiques et astucieux pour la cuisine». La réalisation de l’opération devrait avoir lieu pendant ce premier semestre. En décembre 2015, le groupe 3SI avait déjà cédé les activités françaises et belges de Taylormail au groupe familial et industriel Prenant, spécialiste de l’imprimerie. Parallèlement à ces cessions, 3SI s’apprête à muscler sa logistique, en rachetant Girard-Agediss, filiale de Arcole Industries et leader français de la livraison de produits encombrants et de meubles vers le professionnel, le particulier et l’internaute. CATHERINE PETIT ●

■ LE PÔLE SPORT & LIFESTYLE DE KERING VA ÊTRE MOINS “ELECTRIC” ERING continue de s’alléger. Sa filiale Volcom, l’une des composantes du pôle Sport & Lifestyle du groupe, vient en effet d’annoncer la cession de sa marque Electric, à travers une opération de Management Buy Out (Mbo) à un groupe dirigé par Eric Crane, le Pdg actuel d’Electric. Fondée en Californie, rachetée en 2008 par Volcom, cette marque est spécialisée dans les lunettes de soleil, masques de ski et montres.

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OSTUME NATIONAL tourne une page

de son histoire. Ennio Capasa, le fondateur de la griffe italienne et son frère Carlo Capasa, l’actuel dirigeant (également président de la Camera della Moda), annoncent leur démission de la griffe qu’ils avaient lancée en 1986. Celle-ci appartient désormais totalement au fonds d’investissement sinojaponais Sequedge, qui détenait déjà 33% de son capital depuis 2009. Ce départ a surpris plus d’un observateur dans le monde de la mode, même s’il était de notoriété publique que les relations entre les deux hommes et leur partenaire oriental n’étaient pas toujours faciles. En février dernier, le dernier défilé de Costume National avait reçu un accueil chaleureux de la part de la presse. Souvent qualifiée de «chic et cool», avec des lignes s’inspirant des univers de la rue, de la moto et du rock, une préférence pour le noir et un jeu continu entre le masculin et le féminin, la marque a défilé pendant dix ans à Paris, où elle avait d’ailleurs ouvert sa première boutique (fermée depuis) avant de venir présenter sa collection sur la place milanaise il y a quelques saisons. «Le moment est venu d’affronter de

Le communiqué est tombé une semaine seulement après l’annonce d’un plan social portant sur le tiers (400 personnes) des effectifs de Brioni, la marque masculine de Kering. Certes, Brioni n’appartient pas à la même division du groupe, mais au pôle Luxe. Mais, dans les deux cas, il s’agit pour le groupe de resserrer les rangs, notamment autour de ses marques phares, Puma, dans le sport et lifestyle, et Gucci dans le luxe. Dans le luxe, Kering détient cependant encore un très large portefeuille de marques, à la rentabilité inégale. Soit Saint Laurent, Balenciaga, Alexander McQueen, Brioni, Christopher Kane, Sergio Rossi et

nouveaux défis pour continuer à raconter une histoire moderne», expliquent les deux frères dans un communiqué de presse, annonçant d’ores et déjà de «nouvelles initiatives créatives». Ennio et Carlo Capasa voudraient en effet lancer une nouvelle marque à leur nom, qui pourrait débuter pour l’automne-hiver 201718. De son côté, Sequedge va devoir retrousser ses manches pour trouver un nouveau directeur artistique et relancer la griffe qui stagne depuis quelques années. Le dernier chiffre officiel date de 2011 : à l’époque, les ventes de Costume National s’étaient élevées à 24 millions d’€. Aujourd’hui, elle compte six boutiques dans le monde, à Milan, Rome, New York, Tokyo, Fukuoka et Hongkong. PASCALE MATTEI, A MILAN ● MODÈLE COSTUME NATIONAL. Ennio et Carlo Capasa voudraient lancer une nouvelle marque à leur nom qui pourrait faire ses débuts pour l’automne-hiver 2017-18. B & C Médias/Journal du Textile

Stella McCartney, Boucheron, Girard Peregaux, Pomellato, Ulysse Nardin et Sowind. Tandis que dans le Sport & Lifestyle, Kering ne possède plus que Puma et Volcom. Cette dernière se positionne sur les sports de glisse avec une offre de vêtements, chaussures et accessoires. En juillet 2015, Kering avait déjà cédé la marque suédoise d’outdoor Tretorn au groupe Authentic Brands. En 2015, le pôle Sport & Lifestyle de Kering a progressé de +6% à 3,7 milliards d’€. Mais c’est Puma qui constitue de très loin le cœur du pôle, avec des ventes de 3,4 milliards d’€, elles-mêmes en progression de 6,5%.SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE ●


POINTS CHAUDS

Showroomprivé dote sa production d’un troisième atelier ■ Le site de ventes événementielles sur Internet inaugure de nouveaux locaux à Roubaix. E site de ventes événementielles sur Internet Showroomprivé a inauguré le 8 mars dernier son troisième atelier de «production» à Roubaix en présence de nombreuses personnalités, dont Xavier Bertrand, le tout récent président de la Région Hauts-de-France. Ce centre, avec ceux de La Plaine-Saint-Denis et de Barcelone, accueille une quarantaine de collaborateurs (ils seront 130 d’ici à fin 2018), qui gèrent la réception des échantillons, le stylisme, la mise en valeur des produits, le shooting, la retouche photo ainsi que le descriptif marketing. Au total, près de 25 métiers y œuvrent. Le centre s’occupe essentiellement de la préparation des articles d’habillement. Ceux-ci seront ensuite traités et expédiés par la plate-forme logistique de Dispeo (groupe 3SI), située à quelques kilomètres.

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Le centre de production, qui occupe un espace de 1.000 m2, qui sera bientôt agrandi de 500 m2, se situe à l’étage d’une ancienne usine textile. Le bâtiment, qui appartient toujours à un professionnel du textile (Daniel Najberg), a été transformé en «hôtel d’entreprises» et Showroomprivé s’y est installé en misant sur «le dynamisme entrepreneurial de la région et la montée en puissance d’un hub d’innovation dans les secteurs de la distribution et du commerce numérique». Le projet est soutenu par la Région, la Métropole de Lille, la Ville de Roubaix et Lille’s Agency. «Notre présence ici s’inscrit dans le cadre du projet Blanchemaille, qui vise à faire rayonner les métiers de l’e.commerce à partir de la Métropole européenne de Lille. Nous y sommes déjà présents via nos partenariats avec Dispeo, avec qui nous avons créé 400 emplois, et

Tom Tailor est contraint de se mettre à la diète

THIERRY PETIT, LE COFONDATEUR DE SHOWROOMPRIVÉ (A DROITE), AUX CÔTÉS DE XAVIER BERTRAND, LE PRÉSIDENT DE LA RÉGION HAUTS-DE-FRANCE, LORS DE L’INAUGURATION DES NOUVEAUX LOCAUX. «Notre ambition est de faire grandir nos capacités. La région, avec ses compétences issues du textile et de la vente à distance, a de nombreux atouts.» Typhaine

Mondial Relay. Notre ambition est de faire grandir nos capacités. La région, avec ses compétences issues du textile et de la vente à distance, a de nombreux atouts», souligne Thierry Petit, cofondateur de Showroomprivé. L’entreprise de vente en ligne a également annoncé le lancement d’une fonda-

tion, qui proposera notamment un cursus de formation aux métiers du numérique dans la région. Destiné à des chômeurs de longue durée, ce cursus leur permettra de se former aux métiers de l’e.commerce, en collaboration avec la mairie de Roubaix. La première promotion accueillera une vingtaine de personnes. C.P. ●

■ Le groupe d’habillement allemand engage une restructuration. s’apprête à vivre une année de transition. Rattrapé comme nombre d’entreprises d’habillement allemandes par le ralentissement de la consommation, le groupe de mode et de distribution ne table pour 2016 que sur une légère progression de ses ventes et une stagnation de son résultat brut d’exploitation. Après des années de croissance insolente, il doit désormais rectifier le tir et engager une restructuration. Celle-ci comprend notamment la fermeture de magasins non rentables, la suppression des lignes Polo Team et Contemporary Men et des réductions d’effectifs. Tom Tailor, qui souhaite économiser 20 millions d’€ par an à partir de 2018, prévoit ainsi la fermeture de 80 à 100 magasins en 2016 (sur un total de 1.500 succursales). Près de 90% de ces fermetures concernent le parc allemand et 80% des fermetures auront lieu dans l’enseigne filiale Bonita (le reste étant des magasins Tom Tailor). Alors qu’il a ouvert 132 magasins en 2015 (et en a fermé 41), le groupe ne devrait procéder qu’à une trentaine d’inaugurations cette année. «Après des années de forte croissance, le groupe se trouve dans une phase de consolidation, euphémise le Pdg, Dieter Holzer. En 2015, nous avons déjà réagi à la rétraction du marché. Nous allons mettre progressivement en œuvre les mesures engagées. Nous sommes persuadés que celles-ci vont durablement améliorer notre rentabilité et notre compétitivité.» En 2015, le groupe a vu son chiffre d’affaires consolidé progresser de seulement 2,5% (à

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OM TAILOR

955,9 millions d’€). La marque Tom Tailor a été la plus dynamique avec des ventes en hausse de 3,8% (à 630 millions). Les ventes des magasins propres de Tom Tailor ont crû de +4,9% (mais se sont contractées de 0,3% à surface comparable), tandis que les ventes en gros ont gagné 2,8%, soutenues notamment par l’ouverture de 270 shops-in-shop (pour un total de 2.960 unités). La filiale de mode pour les quadras, l’enseigne Bonita, a, elle, fait du surplace avec un chiffre d’affaires de 325,8 millions d’€, en progression de 0,3% (+1,7% à surface comparable). Affecté par des problèmes logistiques et les investissements engagés pour développer le réseau, le résultat brut d’exploitation s’est affaissé de 20%, à 67,6 millions. Au final, le groupe, contrôlé à 29,5% par l’investisseur chinois Fosun et à 10% par le fonds néerlandais Farringdon (le reste étant du flottant), n’a enregistré qu’un minuscule bénéfice de 0,1 million d’€ (contre 10,8 millions un an plus tôt). JULIEN BELS, A MUNICH ●

DIETER HOLZER, PDG DE TOM TAILOR. Le groupe a prévu la fermeture de magasins non rentables, la suppression des lignes Polo Team et Contemporary Men, ainsi que des réductions d’effectifs. Christian Krininger

N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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L E BAROMÈTRE DU MARCHÉ V Ê T E M E N T

M A S C U L I N

F É V R I E R

2 0 1 6

L’essoufflement des ventes s’est encore accentué LES DISTRIBUTEURS DE MODE MASCULINE ont vécu un mois de février difficile, et ce malgré un jour de vente supplémentaire (année bissextile) et la poursuite de la campagne de soldes pendant les deux premières semaines. Le mois a été marqué en effet par un recul sensible de leurs chiffres d’affaires par rapport à février 2015, lequel a atteint –3% en moyenne dans les magasins interrogés par le Journal du Textile. Les professionnels attribuent cette baisse très sensible de leur activité au comportement des consommateurs. Ces derniers, observent-ils, ont montré un désintérêt marqué pour les grandes pièces à manches (doudounes, parkas ou manteaux) mais aussi les articles de draperie (costumes et pantalons de ville), malgré les fortes et théoriquement alléchantes remises pratiquées en cette fin de saison. Un comportement favorisé par une météo toujours peu hivernale qui a conduit la clientèle à préférer s’équiper en petites pièces de mi-saison (pulls, jeans, chemises) nettement moins coûteuses, et donc moins porteuses de L.A. chiffre d’affaires.

–4%

–2%

Dans les 135 points de vente “Olly Gan”, le chiffre d’affaires a légèrement reculé par rapport à février 2015.

Dans les 16 points de vente “Complices”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a légèrement progressé par rapport à février 2015. Dans les 11 points de vente “First Madison”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport février 2015. Dans les 8 points de vente “Seven’s”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a légèrement reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les chemises; les polos; les sweat-shirts; les jeans; les pantalons; les vestes; les blousons; les accessoires. Dans les 5 points de vente “Transfert”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015.

L’HOMME DEVIENT ACCRO A LA MAILLE. Les hommes se sont abondamment équipés de pulls, sweats ou gilets en cette période de misaison et délaissé les grandes pièces. (Luis Trenker).

GRANDS SPÉCIALISTES

CHAÎNES

Dans les 36 points de vente “Territoire d’Homme”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015.

3

– %

PARIS Chez “Donald”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes. Ventes stationnaires : de chemises. En baisse : les pullovers; les pantalons. Dans les 2 magasins “Crémieux”, dont l’un est situé à Saint-Tropez, le chiffre d’affaires d’ensemble a reculé par rapport à février 2015.

NICE Chez “Lions”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes. En baisse : les pantalons.

MONTPELLIER Chez “Jean Gaillard”, le chiffre d’affaires a légèrement progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes.

S A I N T- É T I E N N E Chez “Don Juan” et “Don Juan Le Cube” à Andrézieux, le chiffre

d’affaires a légèrement reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les chemises; les pullovers; les pantalons; les parkas.

ANGERS

en

en

HAUSSE

BAISSE

● Pulls

● Parkas

● Pantalons-Jeans

● Doudounes

● Chemises

● Manteaux

12 Journal du Textile

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Chez “Henri André”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015.

DIJON Chez “Nature d’Homme”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les costumes.

LE MANS Chez “Insolite”, “Repères” et “SaintHilaire”, le chiffre d’affaires d’ensemble a progressé par rapport à février 2015.

Bonnes ventes : de chemises; de costumes.

C LE R M O N T- FE R R A N D Chez “Murat”, le chiffre d’affaires a sensiblement reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de pantalons. En baisse : les chemises; les pullovers; les costumes; les vestes; les parkas.

BOURGES Chez “Aubrun Homme”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers; de vestes; de pantalons; de parkas. En baisse : les chemises; les polos; les chinos.

CANNES Dans les 3 magasins “Trabaud”, dont deux sont respectivement situés à Draguignan et Saint-Raphaël, le chiffre d’affaires d’ensemble est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes; de blousons. En baisse : les parkas; les accessoires.

CHÂTEAUROUX Dans les 4 magasins “Rochon”, dont l’un est situé à Chatellerault, le chiffre d’affaires d’ensemble est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de polos; de chemises; de pullovers; de parkas; de blousons. En baisse : les pantalons; les costumes.


L E BAROMÈTRE DU MARCHÉ S A I N T- B R I E U C Chez “Griff ”, “Le Club”, “Latitudes”, “Newport” et “Sporlux”, le chiffre d’affaires d’ensemble a légèrement reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de pullovers; de pantalons; de jeans. En baisse : les costumes.

CASTRES Chez “Latapie” et “Coin de Rue”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers; de pantalons. En baisse : les costumes.

COMPIEGNE Chez “La Grande Maison”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015.

GAP Chez “Masculin by Serres”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015.

AGEN Dans les 3 magasins “New Styl”, dont deux sont respectivement situés à Auch et Tarbes, et chez “New Styl Espace de Mode”, qui appartient au même détaillant, le chiffre d’affaires d’ensemble a légèrement reculé par rapport à février 2015.

THONON-LES-BAINS Chez “Vêtements Raymond”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de chemises. En baisse : les costumes; les parkas.

DIJON

BELFORT Chez “Léon”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015.

BRIVE-LA-GAILLARDE Chez “Image de Marques”, le chiffre d’affaires a légèrement progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : d’accessoires; de parkas.

ANGOULEME Chez “L’Homme Chic”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les chemises; les pullovers; les pantalons; les vestes; les parkas.

B AYO N N E Chez “Gianni Marco”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de costumes.

Chez “Urban Culture”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015.

C LE R M O N T- FE R R A N D Dans les 2 magasins “Manhattan”, dont l’un est situé à Limoges, et dans les 3 magasins “Universal”, dont deux sont respectivement situés à Bourges et Issoire, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de jeans. En baisse : les pullovers.

TOURS Chez “Jean-François Sorain”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a légèrement progressé par rapport à février 2015.

METZ

SALON-DE-PROVENCE

Chez “Twenty”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015.

Chez “Jean-Pierre Chapel”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de vestes; de pantalons. En baisse : les chemises; les pullovers; les parkas; les manteaux.

Chez “Bullitt”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers; de parkas. En baisse : les jeans.

ROUEN

BOURGES

DEAUVILLE Chez “Le 3e Homme”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015.

M U LT I S P É C I A L I S T E S

–3%

Chez “Boutique Rochon”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de polos; de pullovers; de vestes; de pantalons. Ventes stationnaires : de tee-shirts; de costumes; de parkas; de blousons. En baisse : les sweat-shirts.

–1% PARIS Chez “Mérode”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de pullovers. En baisse : les parkas; les blousons; les manteaux.

MARSEILLE Chez “Georges Garat”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015.

TOULOUSE Chez “C’Pierre Style”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. Ventes stationnaires : de chemises. En baisse : les tee-shirts; les polos; les pullovers et gilets; les vestes; les pantalons; les costumes; les parkas; les blousons; les manteaux. Chez “Sun Bell Store Men”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de sweat-shirts; de jeans.

PERPIGNAN

PARIS Chez “Western Deluxe”, situé dans le centre commercial Parly 2, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015.

NICE Chez “Kentucky”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a sensiblement reculé par rapport à février 2015.

REIMS Chez “Odile Boutique”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers; de pantalons. En baisse : les vestes; les parkas; les manteaux.

TOULON Chez “Grand central” et “Key West”, ainsi que chez “Atlantic”et “Harper’s Bazaar” situés au centre commercial Mayol, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a légèrement reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les parkas; les doudounes; les manteaux.

CAMBRAI Chez “Zone Libre”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015.

SOISSONS Chez “Magor”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements féminins” a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de vestes; de costumes.

ALENÇON Chez “Yume”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015.

Chez “L’Arnaque”, le chiffre d’affaires a sensiblement reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les vestes; les costumes.

MARSEILLE Chez “Ley’s Carmelo Bianca”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de parkas. En baisse : les manteaux.

TOULOUSE Chez “Soulery”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Chez “Orly”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015.

NANTES

MONTBÉLIARD Chez “Léon & Woman”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015.

RODEZ Chez “Audace” à Villefranche-deRouergue, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015.

Chez “Le Club-Philippe Gourt”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers; de pantalons. En baisse : les parkas; les manteaux.

BORDEAUX Chez “N.D.E. Limited”, le chiffre d’affaires a légèrement progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes; de jeans.

BOUTIQUES

LILLE

–2%

Chez “Série Noire”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” est resté stationnaire par rapport à février 2015.

Chez “Trendy’s”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements féminins” est resté stationnaire par rapport à février 2015.

CHARLEVILLE-MÉZIÈRES Dans le grand magasin “Jeanteur”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de costumes.

EVREUX Chez “Les Saisons de la Mode”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015.

BELFORT Dans les 2 magasins “La Jeannerie”, dont l’un est situé à Audincourt et chez “Be Engelyc”, qui appartient au même détaillant, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de chemises; de pantalons. En baisse : les parkas; les blousons.

BOULOGNE-SUR-MER Chez “Harpaj’”, le chiffre d’affaires des rayons “vêtements masculins” a reculé

ANGERS

Chez “Evalon”, le chiffre d’affaires a légèrement reculé par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de chinos. En baisse : les parkas; les blousons. Chez “Beaubien”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de sweatshirts; de pullovers. Chez “New York”, à Enghien, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de tee-shirts; de polos; de chemises. En baisse : les costumes.

LY O N Chez “Graphiti”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de costumes; de pantalons; de jeans; de blousons.

Chez “V.I.P.” et “V.I.P. in Fine”, le chiffre d’affaires d’ensemble a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de pullovers; de jeans; de pantalons; de costumes; de parkas; de blousons.

CHAMBÉRY Chez “Elite Hommes”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015.

CHARTRES Chez “Covent Garden”, le chiffre d’affaires a sensiblement progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de polos; de pullovers et gilets; de jeans; de pantalons; de vestes; de costumes; de parkas; de blousons.

SARREGUEMINES

Chez “Capsule by Eso”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de tee-shirts; de sweat-shirts; de jeans.

Chez “Kyony”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de chemises; de pullovers; de pantalons; de jeans. En baisse : les doudounes; les blousons.

Chez “Legend”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de pullovers.

Chez “Léon”, le chiffre d’affaires a progressé par rapport à février 2015.

Variation globale du chiffre d’affaires par rapport au mois correspondant de l’année précédente

Chez “Créange”, le chiffre d’affaires a reculé par rapport à février 2015. En baisse notamment : les chemises; les pullovers; les vestes; les pantalons; les costumes; les parkas; les blousons.

Ventes stationnaires : de chemises; de pantalons. En baisse : les costumes.

PARIS

NIORT

SPÉCIALISTES

par rapport à février 2015. Bonnes ventes cependant : de pullovers; de blousons. Ventes stationnaires : de pantalons; de jeans. En baisse : les tee-shirts; les polos.

BANDOL

Variation cumulée depuis septembre 2015 Variation par rapport aux mêmes mois de 2014-2015

+4,5% +4%

+4%

+3%

+1%

+2,5%

POITIERS

+1,5%

Chez “Havane”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Ventes stationnaires : de chemises; de polos; de pullovers; de pantalons; de chinos; de costumes. En baisse : les doudounes; les blousons.

+1% +0,5

–1%

–1%

–3%

VALENCE Chez “Héritier”, le chiffre d’affaires est resté stationnaire par rapport à février 2015. Bonnes ventes : de costumes. En baisse : les polos; les chemises.

octobre

novembre-décembre

janvier

février

–3%

octobre

nov./déc.

janvier

février

N°2288 / 22 MARS 2016 Journal du Textile

13


D ISTRIBUTION L A

G R A N D E

D I S T R I B U T I O N

E S T

D ’ H U M E U R

cheter 36 magasins au groupe Eroski en Espagne. Le programme de rénovation de magasins continuera également avec l’appui de la foncière Carmila. D’autres chantiers sont en cours, dont la refonte des chaînes logistiques et la simplification des systèmes d'information dans plusieurs pays, le repositionnement du modèle en Chine. Enfin, Carrefour va accélérer sa transformation numérique dans le cadre d'une ambition omnicanale. Celle-ci s’appuie sur son réseau physique et sur le développement de services d’e.commerce dans l’ensemble des pays où est implanté le groupe. En France, l’acquisition de Rue du Commerce «permettra l’enrichissement de l’offre au travers d’une place de marché». CATHERINE PETIT ●

Lionel Barbe

◗ Carrefour multiplie les chantiers d’expansion après un exercice 2015 de bonne facture

O F F E N S I V E

aborde l’année 2016 avec confiance. Pourtant, le résultat net du géant français de la grande distribution a fléchi en 2015, revenant de 1,25 milliard d’€ à 980 millions d’€, ce qui a fait chuter son cours en Bourse. Un repli dû aux «coûts de réorganisation dans différents pays». En France notamment, où le groupe réalise 47% de son chiffre d’affaires, le résultat opérationnel a été pénalisé par le coût de l'intégration des 800 magasins Dia (qu’il a rachetés fin 2014 pour les transformer en Carrefour Market, City ou Contact), par le relèvement de la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et par le transfert à Carmila des loyers des galeries commerciales lors de sa création en 2014. Mais une fois retraité des éléments non récurrents, le résultat net ressort en fait en hausse de 7,1%. Le groupe a vu en outre son chiffre d’affaires croître de 3%, à 76,9 milliards d’€. En France, «le plan de transformation des magasins Dia s’est accéléré comme prévu au cours du deuxième semestre», précise Carrefour. Dans le reste de l’Europe (qui pèse 26% du chiffre d’affaires), la croissance s’est s’accélérée, notamment en Espagne et en Italie ARREFOUR

C

Expansion

Les performances sont également qualifiées d’«excellentes» en Amérique latine dans un contexte plus difficile. Malgré la période de récession traversée par le Brésil, le distributeur réalise de belles performances sur ces marchés, aussi bien en termes de ventes (+15,5% en organique) que de résultat opérationnel courant (+23,5% hors changes). Enfin, l'Asie reste pénalisée par la Chine en termes de ventes (avec une baisse organique de 9,5%, hors taxes), aussi bien que de performance opérationnelle, avec un résultat opérationnel courant en chute de 87,6%. Un redressement est néanmoins attendu pour fin 2016, début 2017. 14

Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

En 2016, Carrefour, qui comptait 12.296 magasins fin 2015, devrait poursuivre son expansion. Des magasins dans ses différents formats, notamment en

proximité, seront ouverts à un rythme soutenu. Le distributeur a récemment acquis 86 supermarchés Billa en Roumanie et signé un accord en vue de ra-

HYPERMARCHÉ CARREFOUR ET APPLICATION

WEB DE TEX, SA MARQUE TEXTILE. Le leader français de la grande distribution va accélérer sa transformation numérique.

◗ Groupe Casino veut mieux faire jouer les synergies entre ses différents formats et enseignes ’ANNÉE 2015 n’a pas été de tout repos pour Groupe Casino. On peut même dire qu’elle a été difficile pour le groupe de grande distribution (Géant, Monoprix, Cdiscount…), puisque son chiffre d’affaires a reculé de 4,84%, à 46,15 milliards d’€. La faute à un taux de change défavorable, argue le groupe. En effet, à taux de change constant, le chiffre d’affaires du groupe serait en hausse de 1,6%. Mais c’est surtout du côté de la rentabilité que 2015 a été décevant pour Groupe Casino, avec un bénéfice net qui a chuté de 25,89%, pour tomber à 412 millions d’€. Un coup dur supplémentaire pour cette filiale de Rallye, lequel s’est renforcé à son capital à hauteur désormais de 50,1%. En effet, Groupe Casino a été plutôt chahuté ces derniers mois, entre les attaques du cabinet d’analyse Muddy Waters et la chute consécutive de son action en Bourse. Sans oublier le ralentissement économique de certains pays où le groupe est fortement implanté, dont le Brésil, un dernier facteur pointé du doigt, au même titre que les effets de change, pour expliquer la contre-performance 2015, notamment la dégringolade du résultat opérationnel courant, qui a fléchi de 35%. Dans ce bilan peu favorable a priori, le groupe dirigé par Jean-Charles Naouri veut cependant voir le verre à moitié plein. Et évoque, pêle-mêle, «un net redressement de l’activité au second semestre» en France; de «bonnes performances d’Exito en Colombie, en Uruguay et en

L

Argentine (les ventes alimentaires en Amérique latine progressent de 5,8% en organique)»; la «croissance continue du volume d’affaires de Cnova» (sa branche e.commerce); ou encore une réduction sensible de la dette financière de Groupe Casino en France, celle-ci passant à 6,1 milliards d’€ (soit une réduction de 20%).

Nouveaux concepts

Sur le marché français précisément, le groupe de distribution a donc réalisé une croissance organique de +1,1%, «soutenue par le fort redressement de Géant Casino et de Leader Price». Le déploiement

des nouveaux concepts de Franprix et des supermarchés Casino semble avoir également pesé dans la balance. Pourtant, tout n’est pas rose (ni rouge) dans l’Hexagone. Le Roc y chute de 15%. La faute, dixit le groupe, aux ultimes baisses de prix opérées chez Géant et chez Leader Price lors du premier semestre. Le même résultat opérationnel courant s’est, en effet, redressé lors du second semestre, même s’il n’a pas permis de rattraper le terrain perdu. Parmi les sujets de satisfaction, l’activité de Cnova (la filiale d’e.commerce) est, quant à elle, remarquable : un chiffre

HYPERMARCHÉ GÉANT CASINO. Groupe Casino se donne deux objectifs majeurs en 2016 : accélérer son désendettement et mettre en place les conditions d’une «croissance rentable».


D ISTRIBUTION d’affaires en hausse de 16,4% à taux de change constant et un trafic en augmentation de 28,9%. Mieux, «la part de marché de Cdiscount (l’une des composantes de Cnova)» atteint 34,4% en janvier 2016, soit une augmentation de 3,8% sur un an, précise Groupe Casino. Toutefois, le tableau est obscurci par une donnée : le Roc de la branche e.commerce est négatif et s’établit à –142 millions d’€ (contre +7 millions en 2014). Une baisse due au Brésil, «pays affecté par l’environnement macroéconomique et par une fraude détectée chez Cnova Brazil», fait savoir Groupe Casino.

Arthur veut mieux quadriller le marché hexagonal La marque-enseigne de sous-vêtements et de homewear compte encore ouvrir trente nouveaux magasins en France en misant sur l’affiliation.

Désendettement

Profitant de la présentation de ses comptes 2015 pour répondre à certaines attaques du cabinet Muddy Waters, Groupe Casino envoie des signaux positifs pour l’exercice actuel. Au chapitre des prévisions, il compte franchir une nouvelle étape significative dans son désendettement. Cela notamment grâce à son plan de cession, qui doit permettre d’engranger 4 milliards d’€ (la cession de sa participation dans Big C Thaïlande doit être finalisée). Cette enveloppe est destinée principalement à la réduction de l’endettement en France. Groupe Casino nourrit, par ailleurs, de belles ambitions sur le marché français, où il devrait enregistrer «une croissance rentable» à la fin de l’exercice 2016. Pour ce faire, le groupe entend faire jouer les synergies entre ses différents formats et enseignes. Une variété allant du discount au premium, en passant par la proximité, qui «répond aux besoins actuels et futurs des consommateurs». L’e.commerce est un autre univers majeur que Groupe Casino va continuer d’explorer. Amélioration du Roc pour Cdiscount, en tablant sur la poursuite de la dynamique engagée, mais aussi retour de l’équilibre pour Cnova Brazil figurent sur la feuille de route de 2016. STÉPHANIE ATHANÉ ●

Groupe Go Sport a allongé la foulée en 2015 désormais à 100% de Rallye, Groupe Go Sport a profité de la présentation des résultats de sa maison mère pour lever un peu le voile sur ses comptes 2015. L’entité, qui regroupe les enseignes Go Sport et Courir, a connu une année plutôt dynamique. Son chiffre d’affaires consolidé s’est en effet élevé à 680 millions d’€, progressant de 3,2% à magasins comparables et taux de change constant. Et ce avec un parc de magasins en nette progression, puisque, tous réseaux confondus, celui-ci comprend désormais 515 unités, dont 74 à l’étranger, contre respectivement «334 et 56 fin 2013», fait savoir Rallye. Principalement succursaliste, ce réseau se développe aussi grâce à l’affiliation. Doucement mais sûrement. Fin 2015, 17 magasins Go Sport et deux Courir fonctionnaient selon cette formule de l’affiliation ( il n’y en avait que sept il y a deux ans). A noter que l’année a été marquée par l’intégration au réseau des 18 points de vente Bata rachetés il y a un an. Quant à l’enseigne Go Sport proprement dite, qui avait vu se succéder des exercices difficiles, il semble que la nouvelle direction prise lui convienne. «Go Sport France a vu sa dynamique commerciale se poursuivre», indique Rallye, évoquant à la fois une hausse des ventes, mais aussi «une progression des clients et des volumes». S.A. ● ILIALE

F

MAGASIN ARTHUR. A la tête d’un réseau de 40 boutiques, l’enseigne estime avoir le potentiel pour s’installer dans une trentaine de villes. Sont dans son viseur, notamment Nice, Strasbourg, Biarritz ou La Baule.

«I

L existe une trentaine de villes fran-

çaises où nous sommes prêts à ouvrir, mais pas en succursales», indique Bernard Saada, responsable du développement d’Arthur (Ltj Diffusion). Actuellement à la tête d’un réseau de 40 boutiques – mi-succursales, mi-affiliés –, qui s’étend principalement dans la partie nord-ouest du pays comprise entre Nantes et Lille, en passant par Paris, la marqueenseigne de sous-vêtements et de homewear nourrit le projet de «développer son réseau d’affiliés». En vue de pouvoir partir à la conquête de cités aussi diverses que Nice, Strasbourg, Biarritz ou encore La Baule. Des villes de dimensions variées, mais qui descendent rarement en deçà de 30.000 à 50.000 habitants (exception faite de La Baule). Arthur veut s’y installer en s’appuyant sur des partenaires locaux, qui doivent être idéalement des professionnels déjà aguerris. «Le dossier qui aura le plus de chances d’aboutir sera celui d’un commerçant qui a déjà l’expérience de son magasin de prêtà-porter», observe le responsable du développement. Celui-ci va d’ailleurs à la rencontre des candidats, en participant notamment actuellement et jusqu’au 23 mars au Salon Franchise Expo. Ce faisant, la chaîne, née il y a plus de trente ans, renoue avec le développement, elle qui a connu quelques vicissitudes durant la dernière décennie (dont un redressement judiciaire, suivi d’un plan de continuation voilà deux ans). A l’image d’un marché convalescent. Aujourd’hui distribué en multimarques, dans des grands magasins mais aussi via son site d’e.commerce, Arthur développe donc les occasions d’ouvrir des points de vente. De préférence dans des espaces de 30 à 40 m2 et sur des emplacements bien situés, sans être en haut de la liste. «On privilégie les sites numéro 1 bis», précise

Bernard Saada, misant plus encore sur un voisinage d’enseignes nationales. «Quelque 50 à 60% de nos affiliés sont sur ce modèle», ajoute-t-il.

Image et réalité

Estampillé spécialiste du sous-vêtement ou encore du vêtement d’intérieur et de nuit, Arthur décline toujours une offre qui s’exprime entièrement dans ses boutiques à l’enseigne, dont le logo et le décor ont été revus. D’ailleurs, son image,

plutôt masculine, est légèrement chahutée par la réalité de son activité. Selon les dernières données, l’offre masculine représente encore, certes, de 55 à 60% des ventes. Mais les secteurs de l’enfant et de la femme sont également bien représentés, avec des parts respectives de 25-30% et de 20%. Pourtant principale acheteuse dans le magasin, la femme n’est donc pas la première consommatrice-utilisatrice de l’enseigne. D’abord parce que, en matière de vêtements d’intérieur, elle fait face à une offre pléthorique, celle des spécialistes mais aussi celle des enseignes généralistes. Ensuite, parce que, sur l’ensemble de l’année, l’homme et l’enfant sont davantage choyés par Arthur. Pour la période estivale, des maillots de bain sont en effet déclinés pour ces deux types de clientèles. Des maillots qui ont l’heur de plaire à certains marchés internationaux plus exotiques où Arthur est vendu, la griffe étant présente, chez des multimarques, jusqu’en Nouvelle-Zélande. D’ailleurs, axant sa quête d’affiliés principalement dans l’Hexagone, Arthur ne ferme pas la porte à des partenariats hors frontières, mais, dans ce cas, davantage sous la forme de franchises. S.A. ●

MODÈLE ARTHUR. La marque garde une image très masculine (l’homme représente 55 à 60% de son offre), mais elle entend séduire davantage à l’avenir la femme et l’enfant.

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D ISTRIBUTION

Intersport se déploie sous trois bannières Le groupement des spécialistes du sport joue les synergies entre ses enseignes Intersport, Black Store et The Athlete’s Foot, en n’hésitant pas à unir les implantations de magasins.

NTERSPORT FRANCE poursuit sa course en vue d’atteindre à l’heure dite les objectifs fixés par son «plan 2020». Et le rythme est parfaitement tenu à en juger par les performances de l’enseigne d’articles de sport en 2015. Son chiffre d’affaires a ainsi progressé de 5,3% (en comparable), pour atteindre 1,7 milliard d’€. Son réseau de magasins s’est amplement étoffé, avec 19 ouvertures nettes et 16 transferts-agrandissements. Enfin, le groupement est parvenu à gagner deux points de part de marché (18%). Intersport France entend maintenir, voire accélérer, cet élan en 2016. Tout d’abord, en développant des enseignes complémentaires, toutes propriété du groupe Intersport. Ainsi, son enseigne Black Store, proposant une offre de mode urbaine, qui compte 18 points de vente en France, va en ouvrir cinq nouveaux (Brive-la-Gaillarde, Cholet…). The Athlete’s Foot, l’enseigne de chaussures d’esprit sportif, rachetée par le groupe en décembre 2012, va entamer son décollage. Pour la rentrée, deux magasins The Athlete’s Foot seront inaugurés en France. «Nous pensons poursuivre avec 20 ouvertures en 2017. L’idée est d’atteindre un peu plus de 100 magasins à l’horizon 2020», annonce Jacky Rihouet, président d’Intersport France et Belgique. Les unités The Athlete’s Foot (de 100 à 200 m2) s’installeront dans le voisinage immédiat de magasins Intersport (voire de Black Store) déjà existants.

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Sneakers «Nous installerons ces points de vente dans des zones de chalandise de 70.000 à 200.000 habitants. Là où les consommateurs n’ont pas forcément accès à cette offre de sneakers plus mode, plus stylées», remarque le dirigeant. Une offre davantage image et moins loisirs, prisée par un grand nombre de consommateurs et que certaines marques refusent de proposer dans le circuit des grandes surfaces spécialistes du sport. Intersport n’y avait donc pas accès. Grâce à The Athlete’s 16

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MAGASIN THE ATHLETE’S FOOT. Rachetée en 2012 par Intersport, l’enseigne de chaussures va ouvrir ses deux premiers magasins en France à la rentrée. 20 ouvertures auront lieu en 2017 et le groupement vise les 100 unités à l’horizon 2020.

Foot, le groupement pourra surfer sur cette tendance en vogue et venir concurrencer des acteurs tels que Footlocker, Courir ou le dernier arrivé mais dynamique JD Sport. De plus, cette proposition aux accents plus mode crée un lien évident entre le trio d’enseignes.

Cercle vertueux En faisant cohabiter mode et sport, à une époque où la tendance et la rue les associent dans les silhouettes, Jacky Rihouet espère créer un «cercle vertueux», complémentaire et dynamique entre les enseignes. Surtout, en unissant les implantations, il profite de «la connaissance locale de chaque marché qu’ont déjà les sociétaires». «D’ailleurs, c’est un vrai projet sociétal, car ce lancement permet aux adhérents, qui ne peuvent plus s’étendre géographiquement sur leur territoire sous l’enseigne Intersport, d’avoir de nouveaux projets.» Pourtant, des projets, le groupement n’en manque pas. Lui qui veut atteindre en France, selon l’objectif fixé par Jacky Rihouet, un chiffre d’affaires de 2 milliards d’€ et une part de marché de 25% en 2020. Pour y parvenir, l’enseigne va doper son réseau. Après avoir engagé un investissement de 35 millions d’€ en 2015 pour l’étoffer (ouvertures nettes et transferts-agrandissements), Intersport France prévoit un engagement identique en 2016, voire accru. Dix-huit ouvertures sont programmées, auxquelles s’ajoute le redéploiement en Belgique, via un magasin de 1.800 m2 à Mons cet été. Quelque 17 transferts-agrandissements et 23 rénovations sont également inscrits au programme. Fidèles au schéma établi, les nouveaux magasins s’étendent sur des surfaces importantes : 2.700 m2 à Toulon-Grand Var, 2.500 m2 à Orléans, 2.300 m2 à Angou-

lême et même 2.800 m2 à Dinan. Initiative de deux jeunes sociétaires qui possèdent déjà le point de vente de Saint-Malo, ce grand format, installé dans une ville moyenne, aura valeur de test, «pour voir comment on peut s’exprimer au mieux dans un magasin de cette dimension», s’enthousiasme le président. Donner du champ à l’expression, procurer un terrain de jeux important à chaque sport, pour offrir la panoplie complète de la pratique, de la marque propre à la marque nationale et dans un éventail de prix large, c’est toute la stratégie de la présentation en «category management», choisie depuis quelques années par Intersport. Une option qui nécessite des surfaces plus grandes et induit l’agrandissement du parc existant. Notamment pour le réseau en plaine (404 magasins, contre 220 en montagne), qui génère la quasi-majorité de l’activité, soit 1,6 milliard d’€. A l’horizon 2017, l’ensemble du parc français sera «homogène», composé de magasins ayant atteint la taille nécessaire au nouveau concept. Et participant de fait à la montée en puissance du groupement. «Chaque agrandissement se traduit par une montée du chiffre d’affaires», observe le dirigeant. Assez logique, a priori. Néanmoins, la progression du chiffre d’affaires trouve aussi une part de son origine dans la mise en place d’un tronc commun d’assortiment à flux tendu. Celui-ci permet «de réduire les ruptures de

stock». «Les taux de transformation s’en trouvent donc meilleurs. Surtout, comme il y a moins de rupture, le client trouve ce qu’il veut. Il est moins déçu et donc il revient», analyse Jacky Rihouet. Cette nouvelle organisation pourrait également participer à l’accroissement du nombre de visites en magasin (+12%) et à la forte amélioration du nombre de porteurs de cartes : +27% (soit 1 million de plus). Les investissements engagés pour unifier le système informatique du groupement, pour développer une plate-forme d’approvisionnement de 6.000 m2 pour tous les magasins français depuis l’usine de cycles de Machecoul et pour renforcer l’approche Crm des clients, contribuent également à ces bons résultats.

Réservation en magasin Se servant des nouvelles technologies pour s’améliorer et se renforcer, Intersport France fait de même avec Internet. «Pour moi, le modèle le plus abouti en la matière est celui du mode retrait en magasin. Avec un réseau de plus de 400 magasins en plaine, nous sommes vraiment proches du consommateur. Ainsi en un click, le client peut choisir son produit et venir le chercher chez nous.» Pour le dirigeant, qui croit «beaucoup au magasin physique» autant qu’au trafic générateur d’achats additionnels, la Toile est donc une manière supplémentaire de toucher le consommateur et de lui apporter un service, mais surtout pas de le couper du magasin physique. Pas question pour le site de devenir une market-place. Le groupement développe donc actuellement un système de réservation en ligne. Où l’internaute réserve d’un click et paie lors du retrait en magasin. Ce qui permet, dans le même temps, de régler la question du «comment et à qui attribuer le produit d’une vente Internet ?» Sujet épineux, surtout quand on est soit en franchise, soit en commerce coopératif. Le test est actuellement mené sur les opérations promotionnelles de l’enseigne. Au second semestre, il sera étendu à certains secteurs forts de l’enseigne, comme le running et le football. Avant, idéalement, de concerner l’ensemble de l’offre, «dans les deux ans qui viennent». On sera alors à la veille (ou presque) de 2020 et de cet objectif qui, telle la perspective d’une médaille d’or, motive Intersport France. STÉPHANIE ATHANÉ ●

Les Galeries Lafayette baissent le rideau à Casablanca L’enseigne s’apprête à fermer les portes de son grand magasin du centre commercial Morocco Mall. ES Galeries Lafayette Casablanca fer-

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meront à la fin du mois. Le grand magasin baissera définitivement le rideau, quatre ans et demi après avoir été inauguré en grande pompe en même temps que le Morocco Mall dans lequel il s’est installé. C’est d’ailleurs le groupe marocain Aksal, propriétaire de ce centre commercial (en partenariat avec le groupe saoudien Al Jedaie), qui était le franchisé de ce grand magasin, dont l’aventure ne se poursuit pas. Une décision prise d’un commun accord entre le franchisé et le groupe français, alors que le centre commercial, initialement conçu pour faire se côtoyer des enseignes populaires et de grandes marques de luxe, a décidé de se réorienter vers le seul positionnement de l’accessible, lui et les enseignes qu’il accueille au sein de ses 70.000 m2 de surface

commerciale. Un recentrage nécessaire, faute d’attirer suffisamment la clientèle aisée sur ce bord de mer en périphérie de Casablanca, où le centre commercial est implanté. Pour les Galeries Lafayette, dont c’était la deuxième incursion marocaine en presque cent ans, cette décision n’est en rien un grain de sable qui pourrait gripper le développement à l’international. Les projets d’expansion en cours, notamment à l’étranger, ne «sont absolument pas remis en cause» par cette décision, précise-t-on. Celle-ci étant considérée comme un cas particulier. Pas question donc de ralentir le vaste programme de déploiement de l’enseigne à l’international, qui prévoit son arrivée prochaine à Istanbul, à Doha ou encore à Milan. S.A. ●


D ISTRIBUTION

Damartex s’affirme toujours plus en groupe omnicanal Le spécialiste des seniors a progressé de 2,8% au premier semestre grâce à l’ensemble de ses canaux, de la vente à distance à l’e.commerce en passant par la distribution physique. VEC un chiffre d’affaires s’élevant à 390,7 millions d’€ au premier semestre de son exercice 2015-2016, Damartex enregistre une hausse de 2,8% à taux de change constants de son activité. Mieux, son résultat net progresse de 14,2% pour atteindre 12,5 millions d’€. De quoi réjouir le dirigeant, Patrick Seghin, qui souligne que malgré «l’environnement volatil, nos résultats sont solides et confirment l’excellence du travail en profondeur accompli par toute l’équipe de Damartex». De fait, le spécialiste de l’habillement des seniors, exploitant huit enseignes présentes dans huit pays, réalise une belle performance, si l’on tient compte des éléments défavorables – météo hivernale trop clémente et attentats parisiens – qui ont affecté l’activité du deuxième trimestre et l’ensemble du secteur. Ces événements du 13 novembre 2015 dont Damartex a subi doublement les effets aussi bien dans ses magasins franciliens que dans les six unités de Bruxelles, ville «fermée» pendant six jours à la suite des attentats.

A

Magasin éphémère

Trouver son public Ces facteurs négatifs ont cependant freiné l’élan du groupe. Alors qu’elle galopait à +4,7% au premier trimestre allant (du 1er juillet au 30 septembre), l’activité a marqué le pas. Le chiffre d’affaires n’a progressé que de 1,7%. Ce qui reste néanmoins meilleur que l’ensemble du marché. «Jusqu’à fin octobre, toute la profession était optimiste. Elle envisageait même, pour la première fois depuis sept ans, un sursaut du secteur du textile-habillement». Il n’en a rien été. Mais Damartex a su néanmoins tirer son épingle du jeu. Avec l’arrêt, fin novembre, de l’activité de Happy D by Damart qui n’aura pas su trouver son public dans un positionnement (plus jeune) déjà bien concurrencé par des enseignes telles que «1.2.3, Caroll, Balsamik ou encore Christine Laure», «les foyers de perte du groupe» ont été par ailleurs endigués durant la période. Permettant désormais à celui-ci de profiter pleinement de la stratégie mise en place. Une stratégie qui repose sur deux piliers majeurs que sont le

plicité avec la consommatrice, ainsi qu’un travail de modernisation de l’image de marque, visible notamment à travers les collections capsule. Ces lignes spéciales, comme celles créées avec le collectif Andrea Crews ou celle vendue chez Colette, «ne sont pas forcément des opérations avec lesquelles nous faisons beaucoup de bénéfices, mais elles participent à faire connaître Damart auprès d’un autre public». Bien que notable, cette amélioration du textile reste inférieure à celle du pôle Home & Lifestyle : +4,7% au cours de la première moitié de l’exercice. Porté par des enseignes telles que Coopers of Stortford, Delaby ou encore Jours Heureux, ce pôle poursuit son développement engagé depuis plusieurs saisons. «Cent pour cent de nos enseignes du segment, dans tous nos pays, sont en croissance», confirme le dirigeant. Ce qui a permis à ce pôle de réaliser un chiffre d’affaires de 51 millions d’€ au premier semestre.

CATALOGUE DAMART DU PRINTEMPS-ÉTÉ 2016. Malgré un contexte peu favorable (hiver clément, attentats), le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 2,8% au premier semestre et son résultat net a crû de 14,2%.

textile et l’équipement du senior (secteur Home & Lifestyle) tous deux donc emportés dans un certain tourbillon positif ces six derniers mois.

Renouvellement de concept Représentant encore une part majeure de l’activité, soit près de 87% durant le premier semestre, le textile a «réenclenché sa dynamique» au cours du semestre. «Notamment en France où tou-

tes nos enseignes concernées sont en hausse», assure Patrick Seghin. Au global, ce segment (Damart, Afibel, Damartsport) qui a généré 339,7 millions d’€ de chiffre d’affaires durant le semestre, enregistre une hausse de 2,6% à taux de change constants. Plusieurs facteurs concourent à ce bon résultat. Dont le renouvellement du concept de magasin (en cours), une campagne de communication jouant la com-

Fort de cette progression affirmée malgré la tempête extérieure, Damartex poursuit la voie qu’il s’est tracée, en s’appuyant sur l’ensemble de ses canaux puisque tous bénéficient de la bonne santé ambiante. Depuis la vente à distance qui a progressé de 5,7% durant la période jusqu’à l’e.commerce qui bondit de 20% pour tout le groupe, en passant par la distribution physique pour laquelle Damartex nourrit plusieurs projets. Testant actuellement un magasin éphémère Thermolactyl au sein du centre commercial Parly 2, l’enseigne Damart devrait également faire évoluer son parc. Au gré des ouvertures mais surtout des transferts afin d’échapper à certains centres-ville «en voie de désertification», l’enseigne rééquilibre son maillage vers les parcs d’activité commerciale. A ses yeux, ces derniers présentent notamment l’avantage de loyers moins onéreux et d’une attractivité meilleure pour le consommateur qui apprécie sa facilité de parking. «A la fin de l’année nous aurons 25 magasins en retail parc, alors que nous n’en avions que 5 il y a quelques années», précise Patrick Seghin, qui souhaite à terme implanter «la moitié du parc» dans ces centres commerciaux. Une orientation sous forme de rééquilibrage qui n’empêche pas Damart de continuer à viser «les centres commerciaux de seconde zone» ainsi que les centres-ville (dynamiques) d’agglomérations moyennes telles que Sète, où l’enseigne a inauguré son seul magasin ouvert durant le semestre. S.A. ●

Un Observatoire pour ausculter les habitudes des seniors est créé ETTRE en commun nos savoirs sur les seniors et partager cette connaissance». Voilà l’objectif de l’Observatoire des Seniors, fruit d’une initiative commune entre le groupe Damartex et Senosphère Conseil, cabinet spécialiste de l’observation des 55 ans et plus. Cet «observatoire», lancé le 10 mars, regroupe de multiples données, études et informations sur cette population au poids grandissant. Et qui mesure précisément ce poids, mais embrasse également les centres d’intérêt des seniors, leurs aspirations, leurs valeurs, leur pouvoir d’achat ou leur style de vie… Autant d’approches qui sont décortiquées.

«M

MODÈLES DAMART. Damartex s’est associé avec Senosphère Conseil pour lancer L’Observatoire des Seniors qui regroupera de multiples données et informations sur cette population.

Ces données sont nourries d’études menées par les deux sociétés instigatrices du projet, illustrées de graphiques abordables et clairs, mais aussi comparées avec d’autres marchés européens (Grande-Bretagne). Pour Patrick Seghin, président du directoire de Damartex, cet outil commun doit avant tout servir de manne pour «nos employés, nos réflexions, nos partenaires». Mais il est également mis à la disposition de tous ceux (étudiants, journalistes, voire concurrents) qui s’intéressent aux seniors. Population qui est au cœur de la stratégie de Damartex dont l’enseigne principale a pour slogan : «Vieux, moi, jamais !». S.A. ●

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I NDUSTRIE

BOUTIQUE MAJE. Selon des rumeurs, le groupe chinois Shandong Ruyi aurait proposé 1,4 milliards d’€ pour racheter Smcp, alors que Kkr, son propriétaire, avait déboursé 650 millions d’€ pour s’en emparer en 2013. Gareth Jones Photography

Smcp hésite entre la Bourse et la cession Le groupe de luxe accessible a déposé un document pour une possible introduction boursière, mais aurait aussi reçu une offre très alléchante du groupe chinois Shandong Ruyi. ANS un monde décidément bien turbulent, mieux vaut saisir une bonne opportunité quand elle se présente. C’est probablement ce qui a décidé le groupe Smcp à engager plus tôt que prévu le processus de sa future entrée en Bourse. Certes, après son rachat (à 70%), par le fonds d’investissement américain Kkr, mi-2013, la possibilité d’une telle introduction pour le groupe de luxe accessible (avec les marques Sandro, Maje, et Claudie Pierlot) avait déjà été évoquée par deux de ses cofondateurs et dirigeants de l’époque, Frédéric Biousse et Elie Kouby. Mais ceux-ci avaient évoqué alors un horizon plus lointain. De son côté, Daniel Lalonde, le nouveau dirigeant depuis le printemps 2013, expliquait un an plus tard ne pas avoir inscrit cette perspective dans son proche agenda. C’est donc plutôt une anticipation sur le programme qui se profile. Car Smcp vient finalement de déposer le 8 mars dernier auprès de l’Autorité des marchés financiers (Amf), le document de base nécessaire «en vue d’une possible introduction en Bourse». «Possible», car un autre scénario pourrait aussi se dessiner. La cession serait en effet une autre option. Un important groupe chinois, Shandong Ruyi, aurait clairement manifesté son intérêt pour Smcp. Et selon une rumeur insistante, il serait même prêt à valoriser l’entreprise de plus de 1 milliard d’€ (1,4 milliards d’€ !). Une offre fort alléchante pour Kkr, alors que sa propre entrée au capital de Smcp avait valorisé le groupe à hauteur de 650 millions d’€,

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soit déjà onze fois son excédent brut d’exploitation (Ebitda). Si l’information se confirme, le temps presse, car Kkr n’a plus que quelques semaines pour valider en bonne et due forme sa demande d’introduction en Bourse, et préciser les termes de sa valorisation. Une décision difficile à prendre, d’autant que, selon la presse économique, un autre candidat repreneur, le fonds britannique Lion Capital, déjà donné comme intéressé, pourrait aussi se remanifester.

Potentiel

Quoi qu’il en soit, si la reprise par un tiers n’aboutit pas, l’opération d’introduction en Bourse comprendrait deux volets : la mise sur le marché de tout ou partie des actions de Kkr, d’une part, et l’émission de nouvelles actions, d’autre part. Et ce afin de refinancer une partie de la dette du groupe (qui atteignait, fin 2015, trois fois son Ebitda) et de continuer les investissements pour soutenir son développement à marche forcée. Une introduction en Bourse se justifie à la lueur de deux éléments. Smcp se présente sous son meilleur profil pour tenter les investisseurs, avec des performances 2015 records. Certes, Smcp a su largement soutenir le rythme depuis l’entrée de Kkr. Mais, en 2015, on peut se demander s’il n’est pas arrivé au maximum de sa croissance avant d’aborder un rythme plus raisonnable ? Même si le groupe affiche bien sûr toujours sa foi dans l’important potentiel qu’il lui reste à explorer. Et dans son «business model unique qui combine les codes du luxe et de la fast fashion», et dans son modèle de distributeur, qui permet de «maîtriser l’image de ses marques, l’expérience client et la politique commerciale partout dans le monde». DANIEL LALONDE, LE DIRIGEANT DE SMCP. «Nous avons doublé notre chiffre d’affaires au cours de ces trois dernières années, confirmant la pertinence de notre stratégie.»

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Le groupe a ainsi encore ouvert 139 nouveaux points de vente (dont 101 en propre et 38 en partenariat) en 2015. Avec notamment au menu, l’installation de ses magasins sur des emplacements «prestigieux», comme Harbour City à Hongkong, Paseo de Gracia à Barcelone ou le Dubaï Mall. Fin 2015, le groupe détenait un parc de 1.118 points de vente (906 en direct et 212 avec des partenaires) dans 33 pays. Et 80 à 100 devraient encore ouvrir «à court terme». Il faut dire que la productivité (14.000 €/m2) et la rentabilité (plus de 75% de marge brute) des magasins a de quoi faire saliver bien des investisseurs.

Trajectoire

De façon générale, 2015 représente un nouveau sommet dans la belle trajectoire de cette comète de la mode. L’an dernier, Smcp a vu son chiffre d’affaires croître de 11% en comparable, à 675 millions d’€. Sandro réalisant 49% des ventes, Maje, 40% et Claudie Pierlot 11%. En 2013 et

2014, les ventes avaient déjà crû de 4% puis de +12% en comparable. «Nous avons doublé notre chiffre d’affaires au cours de ces trois dernières années, confirmant la pertinence de notre stratégie», souligne Daniel Lalonde. Les ventes à l’export ont bondi de 61% et représentent désormais plus de 50% du chiffre d’affaires. Un objectif que le dirigeant de Smcp ne se fixait, il y a deux ans, que pour l’horizon 2016. Le trio de marques du groupe connaît notamment un beau succès en Grande Chine, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie. De façon globale, Smcp réalise désormais 50% de ses ventes en France, 27% en zone Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique), 12% dans les Amériques et 11% en Asie-Pacifique. Le résultat net du groupe a lui-même renoué avec les bénéfices cette année, soit 7,8 millions d’ €. Alors qu’en 2014, il subissait une perte de 7,3 millions d’€. Chez Smcp, on fait cependant valoir «que le résultat net n’est pas le meilleur indicateur à suivre pour une société sous Lbo, du fait de l’impact des charges financières pesant logiquement sur cet indicateur». Et on met en revanche en valeur «un indicateur plus pertinent», soit l’Ebitda (résultat opérationnel), pour «refléter au mieux les performances du groupe». Or, celui-ci a justement réalisé un bond de +44%, à 107 millions d’€ en 2015. La marge d’Ebitda du groupe a elle-même atteint 15,8% en 2015. Daniel Lalonde ne compte pas en rester là. Il veut «poursuivre son développement rentable par la croissance organique ainsi que par l’expansion de son réseau sur ses marchés clés, avec l’ambition de devenir un leader mondial du luxe accessible». Smcp compte ainsi accélérer le développement de son e.commerce, de ses accessoires et de sa mode masculine. Grâce à la marque Sandro Homme, lancée en 2007 par Ilan Chétrite (fils d’Evelyne Chétrite, elle-même fondatrice et toujours directrice artistique de Sandro), celle-ci a représenté 9% de ses ventes en 2015. Les ventes en ligne sont pour leur part passées de 4% des ventes en 2014 à 6% en 2015. Il y a deux ans, Daniel Lalonde indiquait viser 15 à 20% d’ici à 2020. Un but qu’il s’était aussi fixé pour les accessoires, qui représentaient, en 2014, entre 5 et 8% des ventes selon les marques. SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE ●

Cepovett grandit par croissance externe Le leader français du vêtement professionnel rachète Lafont. EADER français du vêtement professionnel, Cepovett rachète Lafont. Ce fleuron du vêtement d’image et de l’équipement de protection individuel, était auparavant propriété du leader européen du vêtement de travail, le groupe Kwintet. Cette acquisition renforce la position de Cepovett sur ce marché en pleine concentration, l’un des rares aussi dans l’habillement à rester relativement épargné par la crise. Cepovett, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 130 millions d’€ en 2015, poursuit ainsi sa stratégie de développement par croissance externe. Le groupe, présidé par Nicolas Sandjan, a en effet multiplié les acquisitions, depuis vingt ans, de Pme locales bien implantées dans leurs territoires (Marsh, Aimé Julien, Oxbridge). Cepovett, implanté à Villefranche-sur-Saône, emploie 250 personnes. Le rachat de Lafont va permettre des synergies internes efficaces, grâce à la mutualisation d’outils industriels et au partage d’équipements support. Cepen-

L

dant, l’identité et l’indépendance opérationnelle de chacune des marques, qui couvrent l’éventail global du marché, de l’artisan au grand compte, seront maintenues. Bénéficiant à présent des outils industriels et logistiques de Cepovett (usine sur place et site implanté en Tunisie, vaste plate-forme logistique), Lafont va recentrer sa stratégie sur la distribution professionnelle. Les catalogues 2016 de la marque, qui a renouvelé 70% de son offre en trois ans, couvrent l’artisanat et l’industrie, ainsi qu’une nouvelle offre à destination des soins de santé et de bien-être, un secteur en croissance. De son côté Cepovett, acteur dominant dans le vêtement technique et de protection, se positionne comme un expert du workwear. Le groupe propose un catalogue de plus de 800 modèles, une offre «stock» et «image» à laquelle viennent s’ajouter tout un éventail de services, tels que des sites de commande en ligne. O.M. ●


I NDUSTRIE

Chargeurs s’épanouit sur ses “niches internationalisées” Le groupe s’est montré très performant lors de son exercice 2015, avec un chiffre d’affaires en croissance de 4,3% et un bénéfice net qui a bondi de 42%.

seul en repli. La situation n’est pas nouvelle, la réduction du périmètre de la branche a été orchestrée par l’ancien dirigeant du groupe, Eduardo Malone. Chargeurs Laine représente tout de même encore un cinquième du groupe, avec un chiffre d’affaires de 93,7 millions d’€, en repli de 13%. La division a généré un résultat opérationnel courant de 2,5 millions d’€, en baisse de 26,5%, mais positif pour la troisième année d’affilée. Ce qui confirme la pertinence du modèle économique fondé sur la commercialisation de laine peignée haut de gamme. Depuis plusieurs années, le groupe s’est désengagé progressivement de ses peignages. Il produit aujourd’hui via quatre peignages en joint-venture, où il est à chaque fois minoritaire : aux Etats-Unis, en Chine, en Uruguay et en Argentine. Côté effectifs, formellement, Chargeurs n’emploie plus qu’une vingtaine de personnes directement dans la branche, œuvrant dans les bureaux commerciaux.

Raconter une histoire

LABORATOIRE DE RECHERCHE CHEZ CHARGEURS TECHNICAL SUBSTRAITES. Le groupe attribue sa croissance à l’amélioration de son mix produit et à l’effet globalement positif du taux de change eurodollar.

E groupe Chargeurs est en plein renouveau. Détenu et dirigé par un tout nouvel actionnaire, Michaël Fribourg, son jeune et frais dirigeant depuis quelques mois, le groupe vient de présenter des comptes 2015 qui témoignent d’un exercice étonnamment performant. Le bénéfice net bondit de 42%, à 15,3 millions d’€, et le chiffre d’affaires est en croissance de 4,3%, à 498,7 millions. La profitabilité, pour sa part, est en forte accélération, +33,6%, pour un résultat opérationnel de 30,6 millions d’€.

L

Le comité de direction va être renforcé avoir annoncé l’arrivée de Daniel Laurent comme «conseiller A du Pdg», Chargeurs, sous l’égide de PRÈS

son Pdg, Michaël Fribourg, va renforcer son comité de direction avec deux nouveaux dirigeants, issus de groupes industriels, dont les noms ne sont pas encore dévoilés. Il s’agira, en tout cas, d’un directeur de l’excellence opérationnelle groupe (une création de poste) et d’un directeur du développement international. Des postes clés pour un groupe qui oriente aujourd’hui l’essentiel de sa stratégie vers son internationalisation et ses performances opérationnelles. L’état-major se compose, pour le moment, des quatre directeurs de branche (Federico Paullier pour la laine, Bernard Vossart pour l’entoilage, Bernard Finckenbein pour le nouveau pôle substrats techniques et Laurent Derolez pour les films de protection), ainsi que du directeur financier, Rémy Husson. O.M. ●

L’effectif mondial, de 850 personnes, s’avère globalement stable. La croissance du groupe résulte, aux dires des dirigeants, de l’amélioration du mix produit et de l’effet globalement favorable des taux de change euro-dollar : hors laine, l’activité annuelle du groupe, à périmètre et change constants, est en hausse de 1,7%. Chargeurs réalise 93% de son chiffre d’affaires hors de France. «Nous sommes sur des niches internationalisées. C’est un bon modèle de rentabilité», fait observer Michaël Fribourg. Le groupe se renforce actuellement dans les pays où il est moins présent, comme le Mexique, le Chili ou encore le Vietnam. Chargeurs, qui se définit désormais comme un «spécialiste des matériaux et textiles de spécialités», a progressé dans trois de ses branches, le film plastique de protection, l’entoilage, et son métier le plus récent, les substrats techniques (supports enduits issus du textile, sortis l’an dernier de la branche entoilage pour devenir un pôle à part, destiné aux marchés de la publicité et du marketing).

Capacité d’innovation

Les films de protection, dont Chargeurs est le numéro 1 mondial, réalisent des ventes de 227,2 millions d’€, en hausse de 3,6% à change constant. La jeune branche des substrats techniques, encore petite, progresse quant à elle très vite : 20,3 millions d’€ de chiffre d’affaires contre 16,6 millions en 2014, réalisés à 95% à l’international, assortis d’un résultat opérationnel courant en hausse de 63,6% (3,6 millions d’€). Cette activité, à haute valeur ajoutée, est entièrement produite en France, sur le site de Sélestat (Alsace), qui emploie 80 personnes, dont 10% à la recherche-développement. Grâce à l’investissement réalisé en novembre dernier, soit une nouvelle ligne de production de grande largeur, le mé-

tier augmente sa capacité d’innovation. De Sélestat sortira d’ailleurs cette année une nouveauté mondiale dans le secteur des textiles intelligents, un tissu doté de micro-antennes capables de filtrer les ondes électromagnétiques. Ses applications seront variées, de l’ameublement, pour isoler des ondes wi-fi, par exemple, à l’étui de portable.

Savoir-faire réactivé

La branche entoilage, l’un des deux grands métiers historiques textiles du groupe avec la laine peignée, n’est pas en reste, tant en ce qui concerne la croissance que l’innovation. Positionné sur l’entoilage à valeur ajoutée, ce métier a réalisé un chiffre d’affaires de 157,5 millions d’€, en progression de 3,5% à change constant. Son résultat opérationnel progresse fortement : +37,5%, à 5,5 millions d’€. «Nous sommes numéro 2 mondial sur ce marché. Un vêtement sur deux recèle ainsi un entoilage Chargeurs. Nous accompagnons les grandes marques de mode mondiales depuis des décennies, qui attendent de nous expertise et service. Chargeurs Entoilage déploie quinze studios dans le monde, pour accompagner nos clients à proximité de leurs zones de production. Nous avons réactivé le savoirfaire de ce métier. Nous proposons aujourd’hui des entoilages de plus en plus fins, résistants et légers», souligne Michaël Fribourg. La branche fabrique encore en France, dans le site de Péronne (Somme), beaucoup en Asie, en Chine (où une usine a fermé, sa production étant transférée sur un second site), au Bangladesh, au Sri Lanka, ainsi qu’aux Etats-Unis, au Brésil et en Argentine. Tous les sites de production de l’entoilage sont détenus en direct par Chargeurs. «Un modèle intégré, de la production à la distribution», fait remarquer Michaël Fribourg. Reste le métier lainier de Chargeurs, le

«Nous avons d’importants pôles commerciaux dans la laine, en Nouvelle-Zélande, en Italie, en Argentine et en Uruguay. Nous privilégions une logique de qualité plutôt que de développement. Nous sommes positionnés sur le segment premium», précise Michaël Fribourg. Le groupe a mis en place une stratégie de traçabilité de ses produits, en ligne avec son identité haut de gamme. «Puisque nous sommes sur la valeur ajoutée, la haute qualité, il faut que le produit ait une histoire et puisse la raconter. Nos clients peuvent retracer, depuis les élevages, les “estancias”, la provenance de leur laine. C’est un important travail qui a été fait. Nous sommes le seul opérateur mondial à proposer une traçabilité complète. En Patagonie et en Uruguay, notamment, les sites fonctionnent en écosystèmes. Ainsi, des puits pour recueillir l’eau de pluie ont été aménagés… Nous mettons aussi l’accent sur la durabilité.» En 2016, Chargeurs va poursuivre sa politique de maîtrise des coûts et d’innovation opérationnelle. Selon son Pdg, 7 millions d’€ sont investis chaque année à l’échelle du groupe. Qui, après avoir annoncé l’arrivée de Daniel Laurent comme «conseiller du Pdg», étoffera bientôt son état-major avec des responsables «issus de groupes industriels». «Trois synergies jouent entre nos quatre métiers, conclut Michaël Fribourg : l’innovation, portée par l’enduction, notre cœur de savoir-faire, l’internalisation de chacun de nos pôles, un poste d’observation qui nous permet de voir ce qui est pertinent ou pas et d’ajuster. Enfin, le troisième élément est un modèle de production commun. Nos usines sont organisées selon le même profil. Il y a un “modèle Chargeurs”.» ODILE MOPIN ●

USINE CHARGEURS. Le groupe investit chaque année près de 7 milions d’€ afin de poursuivre sa politique de maîtrise des coûts et d’innovation opérationnelle.

N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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I NDUSTRIE

Gsa revoit sa copie stratégique Placée sous procédure de sauvegarde, le groupe de puériculture réorganise ses activités en se recentrant sur sa marque propre Sucre d’orge. ROUPE SALMON ARC-EN-CIEL (Gsa) reprend son souffle avant de reprendre son envol. Le spécialiste de la puériculture a enclenché début février une procédure de sauvegarde. Et ce au moment même où son activité de distribution en France – Arc-en-ciel Boutique –, avec l’enseigne Sucre d’orge & Cie, était liquidée. Celle-ci devrait cependant poursuivre son existence hors des frontières. Le groupe de mode enfantine se recentre par ailleurs sur l’activité de diffusion de sa marque propre Sucre d’orge en grande distribution (en France) et en multimarques (à l’étranger). L’avenir de la marque Berlingot, destinée au circuit sélectif, et de l’activité de marques de distributeur et de licences (Disney), est, toutefois, en cours de réflexion. Selon Xavier Cunaud, qui a repris les rênes de l’entreprise en 2008, après le décès de son père, Christian (lire par ailleurs), les difficultés rencontrées par son groupe et les évolutions récemment décidées résultent en premier lieu des conséquences «techniques» d’un Lbo. «Après un premier Lbo réussi en 2000, notre famille a recouru à un nouveau Lbo en 2006, auprès de huit banques, pour reprendre la totalité du capital de l’entreprise, explique le dirigeant. Celui-ci avait été remboursé à 99% et il ne nous restait plus que 300.000 € (sur 12,5 millions) à verser l’an dernier. Malheureusement, le résultat de la filiale du groupe Gsa (activité de la marque) a été négatif. Et bien que nous disposions d’une trésorerie importante, nous n’avons pu la mobiliser pour des raisons purement comptables, car la dette devait être acquittée par la holding.» Pour surmonter cette impasse, Xavier Cunaud a eu recours à la Médiation du crédit et a décidé de se séparer de la branche non rentable de son groupe, soit Arc-en-ciel Boutique. En 2012, Xavier Cunaud avait, en effet, tenté de redynamiser l’activité de distribution et regroupé sous la nouvelle bannière de Sucre d’orge & Cie les deux enseignes et marques existantes, Sucre d’orge et Berlingot, lancées du temps de son père (lire par ailleurs), dont plusieurs unités avaient fermé depuis.

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Une lente glissade Une première boutique Sucre d’orge & Cie avait été inaugurée à Paris. Xavier Cunaud espérait en ouvrir une cinquantaine en France et à l’étranger, sous la forme de succursales ou de partenariats. Pour porter le projet, Gsa avait même obtenu un prêt de 2 millions d’€ auprès de la Région et de partenaires financiers. Mais seulement deux autres magasins ont finalement vu le jour, à Nantes et à Angers début 2013, tandis que la boutique Berlingot de la rue Vavin, à Paris, adoptait le nouveau concept «bimarque» (mais sans changer d’enseigne). Selon Xavier Cunaud, la rentabilité de l’enseigne a été plombée dans l’Hexagone en raison de coûts prohibitifs (droits au bail, loyers à la hausse...), conjugués, bien sûr, à un «marché de l’enfant très compliqué depuis 2007». 20

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désormais majoritairement dans des pays lointains et font appel à nous pour des volumes plus faibles et des produits plus compliqués…Tout en ayant en tête les prix du grand import !» regrette le Pdg. Dans un tel contexte, le dernier chiffre d’affaires déclaré du groupe, en 2014, a subi un recul de 5%, à 15,8 millions d’€. En 2015, Xavier Cunaud prévoit encore un tassement, à 15 millions d’€ (dont 12% à l’export). On est bien loin des 50,9 millions d’€ (dont 32% à l’international) qui étaient réalisés neuf ans plus tôt. En 2014, Gsa avait certes sensiblement réduit (–80%, à 369.000 €) la perte subie l’année précédente. Il devrait encore la réduire en 2015.

Réduction d’effectifs

VISUEL SUCRE D’ORGE. Gsa veut se recentrer sur sa marque présente dans toutes les enseignes de la grande distribution alimentaire, mais n’a pas encore décidé du sort de Berlingot et de ses licences Disney.

Cet échec est venu s’ajouter à une lente glissade subie par le groupe ces dernières années. Si la marque Sucre d’orge (qui représente désormais 80% du chiffre d’affaires) a continué de tirer son épingle du jeu, Berlingot, qui vise le circuit des multimarques, dont on connaît les difficultés, mais également présent en grandes surfaces spécialisées (Bébé 9, New Baby, Autour de bébé) et grands magasins (Printemps), ne pèse plus que 5% des ventes.

Alors que la marque est encore diffusée par 200 à 300 points de vente, dont la majorité en France, Xavier Cunaud réfléchit à «une façon de l’exploiter de manière différente». Autre activité en péril, les marques de distributeur et les licences (Disney), qui représentent encore 15% du chiffre d’affaires du groupe. Celles-ci ne s’avèrent «plus forcément rentables», admet Xavier Cunaud. «Les acteurs s’approvisionnent

L’enseigne Sucre d’orge & Cie et l’activité de marques de distributeur et de licences n’expliquent pas à elles seules ces résultats négatifs. Le groupe a dû aussi drastiquement réduire ses effectifs, afin de «s’adapter à la nouvelle donne du marché de l’habillement, comme tous les autres acteurs, petits ou grands», remarque Xavier Cunaud. En 2011, 2013 et 2015, trois vagues de réduction d’effectifs (portant sur une centaine d’emplois la première fois, puis une trentaine les deux fois suivantes) ont fait passer le nombre de salariés de 250 à une centaine aujourd’hui. Les postes supprimés concernaient en majorité le service logistique (en raison d’une amélioration des process) et, dans une moindre mesure, l’administratif et le commercial. Si la réduction des effectifs et, plus récemment, la liquidation d’Arc-en-ciel Boutique étaient des mesures indispensables pour assainir les comptes du groupe et l’adapter aux nouvelles réalités du marché, la procédure de sauvegarde, elle, ne s’imposait pas, selon Xavier Cunaud. Celui-ci a cependant choisi d’y recourir pour clarifier les choses. «Je voulais éviter l’amalgame entre le sort de notre marque Sucre d’orge, qui va bien, et l’enseigne Sucre d’orge & Cie, indique-t-il. La sauvegarde permet de distinguer la première activité de la seconde, liquidée, en rendant les choses publiques. Par ailleurs, cette procédure va me permettre de me recentrer sur le commercial. Depuis 2008, j’ai passé beaucoup de temps sur les questions financières et il est important pour moi de passer désormais davantage de temps avec nos clients.

Une histoire entamée avec un premier sauvetage 1994, Christian Cunaud, un ancien responsable du groupe Albert, rachète l’entreprise de mode enfantine Salmon Arc-en-ciel, alors au bord de l’asphyxie, et réussit ainsi son sauvetage. Sur le plan financier, il recourt en 2000, soit bien avant d’autres (et avant la crise…), au levier du Lbo, s’appuyant sur des partenaires financiers pour prendre la majorité du capital (68%) et développer le groupe. En moins de cinq ans, il rembourse la dette contractée. Mais surtout, il propulse l’entreprise au rang de leader français de la puériculture, en recentrant l’offre sur le cadeau de naissance, avec deux marques déjà existantes, Sucre d’orge (vendu en grandes surfaces alimentaires) et Berlingot (circuit sélectif). Reprenant alors plus de 350 salariés sur les 600 encore employés par le groupe (qui en comptait près de 900 au début des années 80…), le dirigeant les a réorientés vers d’autres tâches (création, marketing, logistique). Il avait, en effet, délocalisé la production au Ma-

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roc et en Chine, tout en conservant en France un bureau d’études et de création. Toujours en place au siège (à Villedieu-la-Blouère), cette cellule autonome, baptisée Arc-en-ciel Diffusion, élabore les marques propres du groupe, tout en se mettant au service des marques propres de la grande distribution. Christian Cunaud lance également un merchandising unique pour valoriser Sucre d’orge en grandes surfaces, qui va connaître beaucoup de succès. En 1998, il crée à Hongkong une filiale de trading, sourcing et distribution, là encore chargée de travailler pour le groupe et des donneurs d’ordres. En 2002, Gsa se lance dans la distribution et inaugure deux premières boutiques, une à Paris pour sa marque Sucre d’orge et l’autre à Nantes pour Berlingot. Avec celles-ci, le Pdg espérait à la fois développer l’export et les commissions-affiliations. Quelques unités ouvrent en France et à l’étranger, en Espagne, en Belgique et même en Chi-

ne (Shanghaï), mais la plupart baissent le rideau quelques années plus tard… Fin 2007, le siège social est modernisé pour mettre en place une autre façon de travailler, décloisonné entre les trois départements (Berlingot, Sucre d’orge et Arc-en-ciel Diffusion). Avant son décès, Christian Cunaud avait pris le temps de transmettre les rênes. Son fils Xavier, déjà dans l’entreprise depuis onze ans (au département export, puis en tant que responsable du développement international), est nommé, à 36 ans, directeur général délégué. Et coiffe la casquette de Pdg après la disparition de son père. Sa sœur Marie avait, elle, pris en charge la responsabilité des nouveaux métiers, des licences et de la cellule jouets. Une dizaine de nouveaux cadres avaient, enfin, été recrutés lors de ce passage de relais, pour permettre d’aborder en force une nouvelle phase de l’existence du groupe. Avec la crise, cette phase est devenue un véritable défi à relever. S.B.E. ●


I NDUSTRIE L’administrateur judiciaire, que j’ai choisi, va ainsi me délester d’une partie des tâches administratives et négocier avec les fournisseurs pour remettre à plat les contrats. Enfin, la sauvegarde va nous apporter une bouffée d’oxygène pour mener à bien nos projets.» L’objectif est donc bel et bien aujourd’hui pour Gsa de se recentrer sur sa marque Sucre d’orge, référencée par toutes les centrales d’achats de la grande distribution alimentaire dans l’Hexagone. «Celle-ci se comporte bien, avec même des taux de revente améliorés. Nous avons ainsi gagné des parts de marché, souligne Xavier Cunaud. Sucre d’orge a aussi fait son entrée l’an dernier dans les grandes surfaces spécialisées (Aubert, Bébé 9, New Baby, Autour de bébé). Les efforts réalisés en termes de prix et de gammes ont porté leurs fruits, malgré un marché à la baisse et des enseignes qui souffrent.» Du coup, le dirigeant dit avoir aujourd’hui «confiance dans la capacité» de son groupe «à accompagner les distributeurs pour faire venir les clients chez eux». «La grande distribution peut encore se développer dans le non-alimentaire, à condition d’utiliser les bons leviers», estime-t-il. Sucre d’orge, par ailleurs, présent à l’export via des multimarques, devrait également monter en puissance à l’international. Les difficultés du marché européen poussent notamment la marque à explorer de nouveaux marchés plus lointains. Confronté à la disparition des agents qui ciblent le marché de la mode enfantine – conséquence de la concentration croissante du secteur –, Gsa va notamment s’appuyer sur son enseigne Sucre d’orge & Cie, qu’il juge plus apte à se développer à l’étranger qu’en France.

Maison Labiche se donne une première vitrine à Paris

Responsive design

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Le groupe s’est ainsi implanté de manière pionnière en… Inde, avec un partenaire. Après avoir déjà inauguré une première boutique Sucre d’orge & Cie, il y a un an et demi, dans «le plus beau centre commercial (Select) de New Delhi», celui-ci s’apprête à en ouvrir une deuxième en avril à Noida, là encore dans un centre flambant neuf. Sur ce marché encore émergent, la griffe est également déjà diffusée dans une dizaine de multimarques. En Chine, où Gsa nourrit aussi des ambitions et avait déjà eu (et fermé) une boutique Sucre d’orge & Cie à Shanghaï, la stratégie est autre. Dans ce pays où la concurrence est très rude, la marque compte une centaine de clients multimarques et espère encore monter en puissance grâce à Internet. D’une façon générale, l’e.commerce est l’un des atouts du groupe, pionnier dans ce circuit, puisqu’il a démarré les ventes en ligne dès 1999. La Toile lui permet d’ores et déjà de réaliser près de 10% de son chiffre d’affaires. «Cela progresse d’année en année et je pense que nous avons encore plein de leviers à utiliser, estime Xavier Cunaud. Nous avons fait le choix d’être présents via notre propre site Sucre d’orge & Cie et via des places de marché d’acteurs majeurs (La Redoute, Amazon…), afin de pouvoir maîtriser nos prix et la valeur de nos marques.» Gsa investit chaque année pour faire évoluer cet outil. Son site a été refondu il y a deux ans, notamment dans une optique de «responsive design» (adaptée à de multiples écrans, d’ordinateurs, de mobiles... Ndlr). D’une façon générale, Xavier Cunaud se montre bien le fils de son père et ne semble pas craindre le combat. Confronté à une situation épineuse, il se montre déterminé à surmonter les obstacles. Et à donner de l’avenir à son groupe. SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE ●

La marque de prêt-à-porter pour homme, femme et enfant vient d’ouvrir sa première boutique dans le quartier parisien du Marais.

LA BOUTIQUE MAISON LABICHE DE LA RUE DE POITOU A PARIS. Créée en 2011, la marque est déjà diffusée dans une centaine de multimarques.

a désormais sa… «maison». Même si son nom évoque une sorte d’institution française, la marque est en réalité encore jeune. Elle n’a été créée qu’en 2011. Mais elle est déjà diffusée par une centaine de multimarques dans 26 pays. Et elle vient d’inaugurer sa toute première succursale, rue de Poitou, dans le Marais parisien. Une boutique qui est à la fois un aboutissement et un point de départ. Un aboutissement, puisque, lancée initialement avec une offre de simples tee-shirts brodés, la marque a ensuite développé un vrai vestiaire (certes encore axé sur les hauts) pour l’homme, la femme et l’enfant. Conçu par l’architecte d’intérieur Chloé Nègre, le magasin, de 30 m2, reprend «des codes chers à la maison : broderies, savoirfaire et qualité». Outre son offre de prêtà-porter, la boutique propose un service de personnalisation. «Notre client peut choisir la couleur de son produit, le message qu’il veut faire broder, et avec quel fil, toujours à l’emplacement du cœur», indique Jean-Baptiste Richard, cofondateur de l’entreprise avec Marie Welté. Initialement, tous les produits de la marque étaient réalisés dans son atelier parisien. Désormais, les deux tiers des 30.000 à 35.000 pièces vendues chaque année sont sous-traitées (broderies incluses) au Portugal, tandis que 10.000 pièces sont cependant toujours personnalisées à Paris. AISON LABICHE

Fait maison Cet esprit «fait maison» transparaît cependant dans les collections «prêtes à acheter», grâce à la mise en place d’un nouveau logo : une bobine tricolore très simple. Imaginée par Jean-Baptiste Talbourdet-Napoléone (directeur artistique du magazine M le Monde), celle-ci signera les basiques de la marque. Et représentera une alternative plus discrète aux messages brodés à l’emplacement du

cœur des modèles. Clin-d’œil à des célébrités, ces broderies continueront bien sûr d’être proposées. L’offre de Maison Labiche s’est étoffée en termes de coloris comme de modèles. L’homme est le plus gâté, avec une centaine de références : tee-shirts, sweats, chemises à manches longues, maille. Avec toujours des matières nobles. La femme, qui n’a pris son indépendance que depuis deux saisons, ne compte encore qu’une cinquantaine de références (tee-shirts, sweats, chemises, robes), avec, à partir du printemps-été, des teddys. Pour l’automne-hiver 2016-17, des manteaux troisquarts, droits et sans doublure, ainsi que des vestes vont venir s’ajouter aux collections masculine et féminine. L’enfant a enfin fait son apparition l’an dernier. Concentrée sur une déclinaison des best-sellers de l’adulte (tee-shirts et sweats), la ligne comprend une trentaine de références. «Nous essayons de proposer des vêtements qui soient toujours de très bonne qualité, avec de très belles matières, de belles finitions et un prix exact. Des choses très simples que tout le monde peut porter tous les jours», résume JeanBaptiste Richard. De quoi alimenter, en tout cas, un concept de boutique positionné milieuhaut de gamme. Car les dirigeants projettent de développer à terme tout un réseau en France et à l’étranger. «Nous allons tester pendant six mois cette première boutique, avant d’en ouvrir très rapidement une deuxième, toujours dans la capitale, explique le jeune dirigeant. Il s’agit d’asseoir d’abord Maison Labiche à Paris avant de partir à l’international.» La diffusion en gros via les multimarques reste, par ailleurs, un levier privilégié. «En exposant dès 2012 au Salon masculin Man, nous avons tout de suite connu un franc succès en tant que jeune marque française, rappelle Jean-Baptiste Richard. Cela nous a permis de nous don-

ner une clientèle de boutiques à l’international, essentiellement en Asie (une vingtaine au Japon et une dizaine en Corée) et en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, Danemark).»

Clientèle féminine La France reste cependant le marché où la marque est le mieux représentée, via une bonne quarantaine de détaillants. Si les multimarques masculins, et dans une moindre mesure mixtes, dominent, Maison Labiche veux accroître sa présence dans ceux qui visent la clientèle féminine. A cette fin, la marque a exposé pour la première fois, début mars, à Woman, l’équivalent de Man. Maison Labiche a également réussi à susciter l’intérêt d’enseignes comme Colette ou le Bon Marché en France et J Crew aux EtatsUnis, pour lesquelles des collections spéciales de tee-shirts ont été conçues. Depuis 2014, Maison Labiche propose aussi un tee-shirt et une marinière parmi les permanents du site en ligne Sézanne. Dernières collaborations en date : une série limitée de baskets brodées Converse pour le Festival de pop et de rock Pitchwork, à la Villette, et des produits (marinières) personnalisés pour les garçons et filles de 2 à 12 ans dans la collection Bonton du printemps-été 2016. Enfin, l’e.commerce n’est pas négligé par Maison Labiche, qui vit forcément avec son temps. Les ventes en ligne (un quart du chiffre d’affaires) connaissent une croissance très soutenue. Grâce à ces circuits diversifiés de diffusion, Maison Labiche prend son envol de façon équilibrée. Si son chiffre d’affaires a été encore modeste en 2015, Jean-Baptiste Richard espère le doubler en 2016. S.B.E. ● N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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S ALONS

Apparel Sourcing signe une alliance tunisienne Une convention a été conclue entre le Salon et le Groupement professionnel d’habillement de Tunisie afin de favoriser la promotion de l’offre de textile-habillement tunisienne. E Salon Apparel Sourcing (organisé

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par Messe Frankfurt France) et le Groupement professionnel d’habillement de Tunisie (Gpch), viennent de signer une convention pour favoriser la promotion de l’offre de textile-habillement LES SIGNATAIRES tunisienne. Récem- DE LA CONVENTION. ment créé par Samir Michael Sherpe, le de Messe Ben Abdallah (diri- président Frankfurt France (à geant de l’entreprise gauche) et Samir Ben Plein Soleil et fonda- Abdallah (à droite), créateur du Gpch, teur du Festival de la le sont réunis ici à mode de Tunis), le Gpch l’issue de la signature réunit une cinquantaine de l’accord, en de confectionneurs. Il présence du ministre Commerce Mohsen est adossé à l’organi- du Hassen (au centre). sation professionnelle Conect. Cette convention engage Messe Frankfurt France, et particulièrement Apparel Sourcing Paris, à promouvoir les entreprises de textile-habillement tunisiennes auprès des marchés occidentaux, grâce à la mise en place, au sein du Salon, d’un pavillon tunisien, d’un défilé dédié à la mode et aux savoir-faire du pays, d’une conférence économique spécifique et d’une communication dédiée. Messe Frankfurt France s’engage également à mobiliser ses moyens pour lancer des actions de promotion spécifiques sur les marchés d’Europe du Nord, notamment l’Allemagne. Plus globalement, l’organisateur de Salons réfléchira à des mesures de soutien de la promotion des entreprises de textile-habillement tunisiennes. De son côté, le Gpch s’engage à promouvoir l’expertise des Salons professionnels de textile-habillement de Messe Frankfurt France, en particulier Apparel Sourcing. Ainsi qu’à assurer une participation significative d’entreprises performantes d’habillement aux deux sessions d’Apparel Sourcing. Ce Salon est, on le sait, le rendez-vous des façonniers, organisé en même temps que Texworld. Il grandit vite, avec, lors de la dernière édition, 400 exposants, encore principalement chinois et très majoritairement asiatiques. En ligne avec le profil des exposants de Texworld. Un sourcing lointain et de gros volumes que les organisateurs tendent, par touches, à rééquilibrer. En février dernier, Apparel Sourcing avait déjà accueilli une petite dizaine de fabricants tunisiens. Lors de la dernière édition de février, quelques entreprises marocaines sont venues à leur tour explorer les potentialités d’Apparel Sourcing. A présent, un partenariat se formalise, avec un objectif de collaboration mutuelle.

Sourcing de proximité Pour les industriels de l’habillement tunisiens, il s’agit de réagir face aux grandes difficultés et au blocage économique que connaît actuellement le pays. Dans le secteur du textile-habillement, les importations européennes en provenance de Tunisie ont chuté. Le pays est tombé du quatrième au neuvième rang des fournisseurs d’habillement de l’Europe. Or, 96% 22

Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

de la production tunisienne est destinée à l’Europe. Une dizaine (à ce jour) de confectionneurs tunisiens seront donc présents à la prochaine session d’Apparel Sourcing, en septembre. L’occasion d’explorer de nouveaux débouchés, principalement en Europe du Nord, le point fort du Salon. Concernant Apparel Sourcing, il s’agit d’étendre son éventail d’exposants, en se rapprochant du sourcing de proximité. En ligne avec la demande des donneurs d’ordres, qui diversifient davantage leurs zones de production qu’auparavant. En ligne également avec la montée générale de la qualité. «Nous sommes devenus des cotraitants ou des entreprises de produits finis. Nous sommes de moins en moins sous-traitants», souligne ainsi Samir Ben Abdallah. «Nous ne ciblons pas qu’un seul marché, nous ne sommes pas un Salon de niche, remarque de son côté Michael Sherpe, l’organisateur du Salon. Nous avons commencé, logiquement, avec l’Asie, mais, au fur et à mesure, nous nous étendons à d’autres régions du monde. C’est un travail de fond. Nous devons refléter le marché, hyper-concurrentiel, avec de multiples propositions. Nous commençons par la zone Euromed. Apparel Sourcing apporte ainsi à ses exposants un accès à des marchés dont ils sont moins familiers.» Des discussions sont également en cours avec le Maroc. Michael Sherpe a par ailleurs reçu récemment une délégation d’un pays de confection d’Europe de l’Est. Pas de doute, à Paris, la guerre des Salons de sous-traitance et de sourcing a bien commencé. PV Manufacturing, le Salon spécialisé de Première Vision, axé dès l’origine sur le sourcing de proximité, compte, lui aussi, des exposants tunisiens : entre 12 et 20 par session. ODILE MOPIN ●

Les Salons féminins de Milan vont se relifter Mipap et Super annoncent d’importants changements pour leur future édition de septembre. l’absence cette saison d’exposants «histosystème milanais des Salons de riques», tels que Fuego ou encore Paramode féminine veut tourner une kian Paris. Cette fois, ce dernier avait fait page. Mipap et Super, les deux renl’impasse, lui préférant un autre rendezdez-vous qui se sont déroulés du 27 au 29 vous milanais, White. «Nous sommes un février, annoncent des changements pour peu déçus, même si nous n’avons pas mal leur prochaine édition, qui aura lieu en marché. Nous avons une clientèle de fiseptembre. «Le format va évoluer pour dèles qui nous suit, mais l’objectif d’un Saattirer le segment plus haut et plus qualifié lon, c’est aussi de nouer de nouveaux de la clientèle internationale», indique contacts», observe Patricia Benarrosh, Raffaello Napoleone, administrateur déresponsable de collection chez Derhy. légué de Pitti Immagine, qui organise Super en partenariat avec Fiera Milano. Très axé sur l’accessoire (environ 60% de son offre), Super a accueilli 6.000 visiteurs, dont 20% provenaient de l’étranger. «Le Salon tel que nous le connaissons actuellement n’existera probablement plus. Nous étudions un projet plus ouvert», remarque de son côté Corrado Peraboni, administrateur délégué de Fiera Milano, propriétaire du Mipap. Lui aussi souhaite augmenter la part des acheteurs internationaux, qui, lors de la récente édition, ont représenté 23% d’un total de 4.030 visiteurs. Cette annonce devrait satisfaire les exposants du Mipap, LE MIPAP. Le Salon de grandir qui appellent à un changement. aetl’intention de proposer un Pour la plupart d’entre eux, le concept plus ouvert afin problème du Mipap est lié à sa d’attirer plus d’acheteurs taille (97 marques ont participé internationaux. Marco Beck Peccoz à cette dernière édition) et à

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Pour leurs débuts au Mipap, les dirigeants d’Aventures des toiles étaient eux aussi surpris. «Nous avons eu quelques nouvelles rencontres, mais nous attendions autre chose. C’est vrai que les marchés sont compliqués, il faudrait essayer d’inventer un nouvel esprit, apporter une fraîcheur qui donne envie aux acheteurs de venir», estime François Gadrey, le styliste-fondateur de la marque. PASCALE MATTEI, A MILAN ●


S ALONS

Les Salons de deuxième session ont marqué des points Les rendez-vous parisiens ont été dynamiques, grâce à la clientèle internationale. nouvelle pour le millier de marques qui ont exposé dans les Salons de «deuxième session» et les show-rooms qui se sont tenus pendant la Semaine de la mode de Paris : le climat sécuritaire qui règne dans la capitale n’a pas découragé les acheteurs internationaux. Ainsi, le Salon Tranoï indique qu’il «a su conserver sa place de leader, avec une fréquentation en augmentation de 3% et un visitorat composé de 91% d’acheteurs internationaux». Du côté des Salons Première Classe, Paris sur Mode, Don’t Believe The Hype, tous trois organisés par Wsn et se tenant dans des tentes contiguës au cœur du jardin des Tuileries, le bilan fait également état d’une fréquentation «solide». Sans chiffres ventilés par Salon ou par activité, les exposants disent avoir constaté un regain du visitorat asiatique et des hausses de fréquentation des visiteurs américains, espagnols et allemands. ONNE

TRANOÏ (A DOCKSEN-SEINE).

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La fréquentation du Salon a crû de 3% et la part des visiteurs internationaux a atteint 91%.

De plus, précisent beaucoup de participants, ces visiteurs étaient de «très bonne qualité». Cela a également été le cas dans les Sa-

lons Woman, Capsule ou Zip Zone. Dispersés dans des quartiers assez éloignés et pas tout à fait dans le cœur de l’activité, sauf pour Vendôme Luxury, le Salon de

Carole de Bona, ils ont néanmoins reçu des visiteurs «pointus». Certes, ceux-ci n’étaient pas extrêmement nombreux, ce qui a laissé souvent une impression de calme, mais «ils ont véritablement fait l’effort de se déplacer et se sont montrés très intéressés», observent les organisateurs. Que ce soit du côté de la gare du Nord, dans le quartier très populaire de Strasbourg-Saint-Denis, pour Capsule, près de l’Odéon pour Zip Zone ou à quelques encablures de la place de la République pour Woman, «les acheteurs n’ont pas hésité à sortir de leur zone de confort», remarque une styliste. Preuve que la démarche personnelle et la sélection très affûtée des petits show-rooms séduisent. «Alors qu’initialement nous avions la visite des acheteurs des plus grands “department stores”, aujourd’hui, ce sont les chefs des achats qui viennent», a constaté Antoine Floch, le cofondateur de Woman. Autre cas de figure pour Designers Apartment. Le show-room, organisé par la Fédération de la Couture avec le soutien du Défi, est devenu un passage presque obligé pour les top-acheteurs. Conviés expressément par la Fédération et accompagnés pendant leur visite du show-room par Patricia Lerat, responsable des visiteurs, ils ont pris l’habitude de rencontrer personnellement les onze créateurs sélectionnés. Du point de vue des rencontres, Designers Apartment a encore été cette fois un beau succès. Du point de vue des ventes, néanmoins, les jeunes créateurs devront faire preuve de persévérance, car «ce n’est qu’au bout de quelques participations que les premières commandes se déclenchent». ISABELLE MANZONI ●

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M ONDE

La mode britannique dit non au Brexit Les acteurs de la filière textile-habillement se prononcent très massivement contre une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.

STUART ROSE, L’EX-PRÉSIDENT DU BFC ET LA CRÉATRICE AMANDA WAKELEY.

Dan Kitwood/Getty/Afp

Selon la plupart des acteurs de l’industrie britannique de la mode, le Brexit pourrait entraîner une forte hausse des prix, mais aussi freiner l’expansion internationale des marques et enseignes britanniques, tant en Europe que dans le reste du monde.

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Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

plus faible se répercuterait sur les prix des vêtements en magasin, affirme un analyste de Sanford Beinstein dans le Financial Times, forçant les distributeurs à dépenser plus pour sourcer leurs produits, notamment en dollars. Alors que la monnaie britannique a récemment atteint son plus bas niveau depuis 2009, les experts mettent en garde sur le risque d’une chute supplémentaire de 20% de la livre en cas de Brexit, qui pourrait ainsi atteindre la parité avec l’euro.

WPA/Getty/Afp

ANDIS que le «Brexit» est sur toutes les lèvres outre-Manche, que le débat entre le «pour» (rester au sein de l’Union européenne), prôné par le Premier ministre, David Cameron, et le «contre», prêché par le maire de Londres, Boris Johnson, fait rage et que le cours de la livre oscille, reflétant les incertitudes liées au prochain référendum du 23 juin, la filière de la mode britannique se penche sur les effets que pourrait avoir sur elle une sortie de l’Union européenne. Parmi les acteurs du secteur ayant rejoint le débat, Burberry et Marks & Spencer ont affiché leurs convictions «pro-Europe» dans une lettre adressée au Times (signée par plus de 200 leaders du secteur de la distribution britannique), estimant qu’une sortie de l’Europe constituerait une «menace pour l’emploi et pour les ventes». D’autres acteurs du secteur ont également exprimé leur veto contre une sortie éventuelle de l’Europe, tels que la créatrice Amanda Wakeley ou les marques Belstaff et Gant, jugeant qu’un Brexit ne ferait qu’ajouter «complexité et barrières néfastes pour l’emploi, les clients et le commerce». Au rang des craintes des entreprises de mode : qu’un éventuel Brexit entraîne la baisse de la livre et l’augmentation des prix, freine l’expansion internationale et rende les marques britanniques moins compétitives. Parmi ceux qui brandissent le drapeau européen, Stuart Rose, exprésident du British Fashion Council, estime que le Brexit serait «catastrophique» pour l’industrie de la mode britannique. «Les coûts pour l’industrie augmenteraient inexorablement», selon lui, ce qui engendrerait inévitablement «une hausse des prix pour le consommateur final». De fait, le coût résultant d’une livre

Coût des importations L’augmentation des coûts liés aux importations n’est pas à prendre à la légère, puisque l’industrie britannique de la mode et du textile source environ 75% de ses produits en Chine et en Asie du SudEst, note un analyste d’Ubs. Si le divorce entre l’Europe et la Grande-Bretagne devait avoir lieu, cette dernière ne pour-

MAGASIN MARKS & SPENCER. Avec 200 autres leaders du secteur de la distribution britannique, les dirigeants de l’enseigne ont cosigné une lettre estimant qu’une sortie de l’Europe constituerait une «menace pour l’emploi et pour les ventes».

part essentielle dans le sourcing britannique», estime Bloomberg. L’implantation des marques britanniques au sein de l’Europe, mais aussi ailleurs dans le monde pourrait également être empêchée ou freinée en cas de Brexit, constate pour sa part Honor Westnedge de Verdict Research. «Nous pensons que cela constituerait un frein pour les marques britanniques désirant se déployer en Europe – en ligne et physiquement – et cela ralentirait donc considérablement les programmes d’expansion internationale.» Le fait est que le textile-habillement britannique bénéficie du statut actuel de la Grande-Bretagne au sein de l’UE : au cours des cinq dernières années, les exportations britanniques de textile-habillement ont augmenté de 30% au sein de l’Europe, passant de 5,7 à 7,5 milliards d’€. L’analyste revient également sur les effets négatifs potentiels d’un Brexit sur les enseignes britanniques : «Il est difficile à ce stade de jauger les effets d’un possible Brexit, mais quitter l’Union européenne rendrait les choses plus difficiles pour les distributeurs de mode britanniques, qui auraient plus de mal à rester compétitifs puisque les prix augmenteraient. Les délais seraient rallongés en raison de mesures d’importation plus strictes et la flexibilité des chaînes d’approvisionnement existantes serait ainsi affectée», s’inquiète-telle. Autre conséquence fatale d’un éventuel Brexit, selon l’analyste : la chute libre de la confiance des consommateurs. Le scénario potentiel d’un Brexit assénerait un nouveau coup à la confiance des consommateurs, «l’incertitude face à la situation conduisant ces derniers à réduire leurs dépenses, à commencer par les vêtements». Au-delà des implications économiques engendrées par une éventuelles sortie de l’UE, émergent les craintes d’un déficit sur le plan créatif pour la mode londonienne. Alors que Londres multiplie ses efforts pour s’inscrire sur la scène de la mode mondiale, l’éventualité d’un Brexit pourrait, en effet, changer la donne. Selon Stuart Rose, les potentielles restrictions sur le plan de l’emploi en cas d’un Brexit et l’isolement politique constitueraient un immense «pas en arrière» et ruineraient considérablement les efforts du Bfc pour établir Londres en tant que capitale de mode. La London Fashion Week s’est aujourd’hui imposée comme un rendezvous important du calendrier de la mode, bâtissant son identité sur cette liberté créative et cette diversité qui la caractérisent, rendues possibles grâce à la liberté de circulation et de mouvements au sein de l’UE. Un flot de talents issus d’horizons variés, passés sur les bancs des prestigieuses écoles Central Saint Martin ou London College of Fashion, ont ainsi nourri cette scène londonienne devenue aujourd’hui si éclectique, tels que Mary Katrantzou (Grecque), David Koma (Géorgien), Roksanda Ilincic (Serbe), Erdem Moraliogu (né au Canada d’un père turc), Johnny Coca (nouveau directeur artistique, d’origine espagnole, de Mulberry), la jeune créatrice française Faustine Steinmetz ou encore le duo créatif d’origine portugaise Marques-Almeida. Sans l’Europe, la mode britannique ne serait sans doute pas ce qu’elle est aujourd’hui : un riche vivier de talents européens et internationaux. DELPHINE ARBONNE, A LONDRES

rait plus bénéficier des réglementations de l’UE en matière d’importation ou d’exportation. «Soumis à de nouvelles restrictions, les distributeurs devraient multiplier leurs efforts pour renégocier leurs coûts de sourcing ou opter pour la relocalisation, mais cela risque de ne pas être suffisant tant l’Asie représente une


M ONDE

Hugo Boss va freiner sur la dépense en 2016 Confronté à un ralentissement de son activité, le leader allemand de l’habillement va réduire le nombre d’ouvertures de nouvelles boutiques, mais aussi fermer certaines d’entre elles.

n’atteindront pas leurs objectifs d’une croissance annuelle de ventes proche des 10% en moyenne et d’une marge d’exploitation ajustée de 25%. En 2015, la marge d’exploitation a été limitée à 21,2% (contre 23% en 2014). Le résultat brut d’exploitation avant effets exceptionnels a gagné 1% (à 594 millions d’€) tandis que le bénéfice net s’est rétracté de 4% (à 319 millions). «Hugo Boss demeure une entreprise saine et en progression. Mais dans un marché toujours plus exigeant, le succès ne peut être que le résultat d’efforts constants», explique le directeur financier, Mark Langer, poussé sur le devant de la scène pour la présentation du bilan 2015 suite à la démission surprise du Pdg, Claus-Dietrich Lahrs.

Réseau propre

BOUTIQUE HUGO BOSS. Le groupe prévoit d’investir moins de 200 millions d’€ cette année (contre 220 en 2015) et ne devrait pas ouvrir plus d’une vingtaine de succursales alors qu’il en avait inaugurées 42 l’an dernier.

s’adapte au ralentissement de son activité. Après avoir vécu une année 2015 difficile, au point d’avoir dû lancer un «avertissement sur résultats» en février, le leader allemand de l’habillement va réduire l’allure en 2016. Le groupe, qui prévoit d’investir moins de 200 millions d’€ (contre 220 millions en 2015), ne devrait ainsi pas ouvrir plus d’une vingtaine de succursales cette année. En 2015, le réseau de boutiques propre, – qui avait été le moteur principal de la forte croissance du groupe lors des précédents exercices – s’est étoffé de 42 unité, ce qui avait porté le parc total de magasins à 430. En parallèle, les responsables annoncent vouloir passer leurs boutiques à la loupe et fermer des shops-in-shop de petite taille en Europe. La Chine, où la baisse de la consommation a également rattrapé Hugo Boss, n’est pas épargnée par ces mesures et verra la fermeture d’une vingtaine de boutiques. Le groupe allemand a par ailleurs appliqué sa nouvelle politique de prix dans l’empire du Milieu, avec des tarifs en baisse de 20% en moyenne, ce qui contribuerait déjà à stimuler la demande. Aux Etats-Unis, autre marché actuellement problématique pour Hugo Boss, les responsables entendent limiter la distribution et miser sur la vente par le biais de shops-in-shop de la marque principale Boss. Le groupe annonce d’ailleurs s’être entendu en janvier avec l’enseigne de grands magasins Macy’s pour assurer en direct la gestion des shops-in-shop.

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UGO BOSS

Croissance à long terme Avec ces mesures, Hugo Boss (qui à partir du deuxième trimestre reprendra aussi en direct la gestion de son e.commerce en Europe), espère ainsi assurer la croissance à long terme des ventes et des résultats. Pour autant, la progression risque de fléchir au cours des prochains exercices. En 2016, le groupe n’attend qu’une progression de 1 à 3% à taux de

change constant de son chiffre d’affaires, en raison notamment de légères baisses en Amérique et Asie-Pacifique et d’un recul plus fort (jusqu’à –10%) des ventes

en gros. De plus, il prévoit un recul d’au moins 10% de son bénéfice brut d’exploitation avant effets exceptionnels. De fait, les responsables reconnaissent qu’ils

L’année dernière, la croissance du chiffre d’affaires consolidé de 3% en comparable (à 2,81 milliards d’€) a été rendue possible par le dynamisme du réseau de magasins propre. Celui-ci a vu son chiffre d’affaires gagner 7% (+2% à surface et taux de change comparables), générant désormais 60% des ventes globales. L’activité de vente en gros s’est en revanche affaissée de 3%. Au niveau des régions, l’Europe a progressé de 6% (avec un +5% en France), tandis que l’Amérique (–1%) et l’Asie-Pacifique (–3%) ont déçu. Du côté des produits, la mode féminine (+4%) a progressé légèrement plus vite que l’homme (+3%), sa part dans les ventes du groupe restant cependant stable à 11%. La griffe Boss Orange a été la seule à subir une baisse (–10%). Les lignes Boss Green (+19%) et Hugo (+14%) ont, elles, profité de la stratégie de distribution plus sélective en Europe de la marque principale Boss. Cette dernière a vu son activité progresser de 2%. JULIEN BELS, A MUNICH ●

Abercrombie & Fitch stoppe sa glissade L’enseigne américaine de mode jeune a rebondi de +1% au quatrième trimestre. crombie & Fitch est en train de se réin’ENSEIGNE américaine de mode jeune venter sous la nouvelle direction d’ArAbercrombie & Fitch reprend quelthur Martinez, un ancien des grands maques couleurs. Pourtant, son chiffre gasins Sears. Fini, les publicités mettant d’affaires réalisé au cours de son exercice en avant les torses nus des adolescents. 2015-2016 (clos le 31 janvier) a reculé de Terminé, les pulls barrés d’un énorme 6%, à 3,2 milliards d’€. Et son bénéfice Abercrombie. Les vêtements avec logo net (de 35,1 millions d’€) s’est replié de ne représentent plus que 15% de la col25%. Pas de quoi pavoiser. Mais les analection. Remise au placard l’ambiance lystes de Wall Street n’ont pas été rebutés boîte de nuit des magasins. Arthur Martipar ces médiocres performances, car ils nez est tranquillement en train de détriont constaté une reprise de l’activité au coter ce qu’avait créé son prédécesseur, cours du quatrième trimestre. Lors de ces Mike Jeffries. trois mois, les ventes dans les magasins Le nouveau concept de boutique, déjà ouverts depuis plus d’un an ont en effet testé par la filiale Hollister, met en avant augmenté de 1%. «C’est la première fois depuis 2012 qu’Abercrombie & Fitch voit ses affaires reprendre», souligne Matthew Boss, l’expert de la banque JP Morgan. Et de mettre en lumière un autre chiffre encourageant : la réduction de 5% des stocks. Les vendeurs d’Abercrombie & Fitch n’ont pas besoin de solder à tout-va pour éliminer la marchandise. La clientèle accepte plus volontiers de payer plein tarif. Le groupe a vu sa marge brute, de 60,8%, MAGASIN ABERCROMBIE & FITCH. Pour la première fois depuis 2012, l’enseigne a vu croître de 1% par rapses ventes augmenter au dernier trimestre 2015. port à l’année précéJustin Sullivan/Afp dente. De fait, Aber-

L

un meilleur éclairage et une présentation plus chaleureuse. Hollister est la petite sœur d’Abercrombie & Fitch. Cette enseigne est plus jeune, décontractée et influencée par la culture surf de la Californie. Ses lignes de vêtements sont colorées et les prix se sont alignés, vers le bas, sur ceux de la concurrence, H & M ou Forever 21. La nouvelle formule semble plaire, surtout dans les 15 magasins Hollister rénovés l’an dernier. La direction du groupe a donc prévu de poursuivre l’opération lifting dans 60 Hollister cette année. Et elle planche sur un autre concept Abercrombie & Fitch, qui sortira fin 2016. Le traitement administré commence à porter ses fruits. Mais la direction de l’enseigne aux 930 boutiques ne relâche pas ses efforts. Arthur Martinez est persuadé que la cible des jeunes consommateurs a changé durablement sa façon de faire les courses. Les adolescents achètent plus sur leur portable. Un quart des ventes du groupe se réalisent sur la Toile. L’enseigne n’a donc plus besoin d’une énorme flotte de boutiques. En six ans, 340 magasins ont été fermés, soit un tiers du parc. Et cette année, 60 fermetures sont encore prévues aux Etats-Unis. Le groupe réduit l’allure en Amérique. En revanche, il poursuit son expansion très rentable à l’étranger. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Chine sourient à Abercrombie & Fitch. C’est donc en Chine que seront inaugurés cette année 10 magasins. CAROLINE TALBOT, A NEW YORK ● N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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L E MARCHÉ DE LA DÉCO

Le linge de maison se mue en achat plaisir La poussée d’un esprit déco fait passer le linge de maison du statut d’achat de nécessité à celui d’achat plaisir, même si le paramètre prix reste toujours aussi déterminant.

de séduire avec des produits que l’on ne trouve pas ailleurs.» S’il est difficile d’établir un bilan chiffré pour cette catégorie de produits, on reconnaît, chez Descamps, que ces offres variées d’accessoires, outre le fait qu’elles élargissent les collections, recèlent un second avantage. Et il est de poids. «Les accessoires nous permettent de jouer sur une plus grande élasticité de prix. L’accessibilité à la marque fonctionne sur les deux extrêmes. Il est possible d’offrir un coussin déco à prix abordable ou, à l’inverse, des articles d’exception, comme des plaids en cachemire et des couvre-lits en satin de soie.» Caroline Decoudu ajoute à ces catégories d’accessoires, le peignoir, qui est devenu, selon elle, «le produit cadeau par excellence». Sur ce segment aussi, Descamps a enregistré en 2015 des croissances à deux chiffres, avec une offre sophistiquée et de grande qualité.

Question du prix

DE NOUVELLES HABITUDES S’INSTALLENT. Le rythme des achats n’est plus forcément lié aux saisons et à certains moments particuliers de l’année, comme la rentrée ou le blanc. (Descamps)

un climat économique qui tarde à s’améliorer, le linge de maison tire son épingle du jeu. Comme l’a montré le baromètre mensuel du Journal du Textile, l’année 2015 s’est terminée en enregistrant une progression globale des ventes de l’ordre de 2%. Certains mois, ce même baromètre a également noté des pics de 3 à 4%. C’est le cas notamment en septembre, le mois de la rentrée, qui n’est pas d’habitude forcément propice aux achats de linge de maison. Si la clientèle reste attachée au mois de janvier, réservé traditionnellement aux achats de blanc (+3% selon notre baromètre), les habitudes changent et le rythme des achats n’est plus forcément lié aux saisons et à certains moments de l’année. Le linge de maison, et en particulier le linge de lit, est passé, en l’espace de quelques années, du statut d’achat de nécessité à celui d’achat plaisir. La créativité des marques et des fabricants français est aussi passée par là. «La clientèle se fait plaisir en achetant une belle parure de lit, confirme Juan Marcos Gabas, directeur des ventes chez Tradition des Vosges. Désormais, les portes des chambres à coucher restent ouvertes. La parure de lit est devenue un élément incontournable du décor de la chambre. Encouragé et relayé par les magazines de décoration et les émissions de TV, ce changement de mentalité profite à notre univers. Je pense aussi que l’engouement pour des disciplines comme la sophrologie ou la méditation, qui prônent ALGRÉ

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des ambiances sereines et apaisantes, joue un rôle dans cette évolution des comportements d’achat.»

Habiller le lit

Cette poussée de l’esprit déco touche le linge de lit à proprement parler, mais pas seulement. Ces dernières années ont vu l’arrivée d’accessoires destinés à habiller le lit, devenus désormais quasi in-

dispensables. Chez Descamps et Jalla, le succès est flagrant, les accessoires de décoration ont enregistré l’année dernière une croissance à deux chiffres. «Les plaids, les coussins et les couvre-lits ont le vent en poupe, indique Caroline Decoudu, directrice marketing du groupe Descamps. Les clients les achètent pour eux ou pour faire des cadeaux. La forte personnalité de nos marques nous permet

La question du prix reste néanmoins au cœur des préoccupations de la clientèle. Et sur ce registre, Patrice Lefèvre, le dirigeant de la marque Sylvie Thiriez, note une certaine contradiction, qui, finalement, trouve une explication. «L’idée du cocooning et le besoin de se construire son propre refuge n’est plus ce qui prévaut dans l’équipement en linge de maison. C’est plutôt l’envie de créer son propre décor et d’être entouré de jolis objets et de belles matières, qui se prêtent au regard de tous. En 2015, nous avons vu nos ventes de parures en percale haut de gamme et en lin progresser sensiblement, quand, dans le même temps, nos parures unies 57 fils évoluaient dans des proportions quasi identiques. Cela pourrait paraître contradictoire, mais ne l’est pas tant que cela. Notre clientèle se fait plaisir avec des produits imprimés de qualité quand son budget le lui permet. Sinon, elle privilégie des unis intemporels, qui peuvent se coordonner avec ces mêmes imprimés fantaisie.» Et au final, l’année s’est soldée pour Sylvie Thiriez par une hausse globale du chiffre d’affaires de l’ordre de 5%. Chez Tradilinge, c’est encore une autre évolution des mentalités de la clientèle que Raphaël Clochette pointe du doigt : «Nos clients sont de plus en plus nombreux à nous demander des détails sur la fabrication et la provenance de nos produits. Jusqu’à présent, cela concernait surtout la clientèle étrangère friande du “Made in France”. Aujourd’hui, c’est aussi la clientèle française qui s’y intéresse de près. C’est le même phénomène, me semble-t-il, que celui observé dans le secteur de l’automoLINGE DE LIT BLANC DES VOSGES. L’enseigne a constaté une nette hausse de ses produits à forte valeur ajoutée. Blanc des Vosges


L E MARCHÉ DE LA DÉCO bile. Pour résumer, la clientèle est prête aujourd’hui à payer un peu plus cher si elle sait que le produit est français et de qualité.» Labellisé récemment Nord Terre textile, Tradilinge reste l’un des rares fabricants français de linge de maison dotés d’un atelier de confection. Et cela lui réussit, car ses ventes ont progressé de 3% en 2015. Pour Blanc des Vosges, labellisé de son côté Vosges Terre textile, l’année s’est terminée également avec «une hausse substantielle de ses ventes», observe Jean-François Birac, le dirigeant. Le début d’année a très bien commencé, alors que le second semestre a été un peu moins dynamique, sans doute en raison des attentats de novembre. Sans oublier la météo trop clémente, qui n’a pas encouragé à acheter des pièces plus lourdes, comme les couvrelits, les boutis ou les plaids. En revanche, ce début de 2016 semble s’engager sur le même rythme que l’année précédente, ce qui permet au dirigeant de supposer que le nouvel exercice pourrait être encore meilleur que celui de 2015.

L’enseigne Zara Home poursuit sa marche en avant L’enseigne de décoration et de linge de maison du groupe Inditex a continué de se développer à un rythme soutenu l’an dernier en ouvrant 65 nouvelles boutiques à travers le monde.

Documentation

Dans ce contexte porteur, Jean-François Birac constate une nette hausse des produits à forte valeur ajoutée, notamment des parures en satin jacquard 120 fils, aux côtés du segment accessoires (coussins, plaids), qui ne cesse de progresser : «La marque Blanc des Vosges est en passe de devenir une griffe lifestyle au positionnement haut de gamme, abandonnant ainsi progressivement son statut de marque spécialiste du linge de lit.» Côté comportements d’achat, le dirigeant relève des évolutions notables, qui se sont accentuées en 2015. Au premier rang d’entre elles, il a remarqué le soin très précis que prenait la clientèle à s’informer sur les produits avant de les acheter : «Souvent, certaines clientes regardent notre site Internet pour venir ensuite en boutique toucher les produits. Parfois, c’est l’inverse que l’on constate. Les clientes se documentent alors en boutique sur nos produits, demandent des conseils au personnel, mais n’achètent pas. Elles prennent le temps de la réflexion chez elles, avant de passer commande sur le Net. Et le prix n’est pas forcément ce qu’elles regardent en priorité. En revanche, la qualité reste primordiale. Nous avons affaire à des clientes très renseignées, qui sont également de plus en plus sensibles à l’argument “Made in France”.» Outre les phénomènes liés à l’évolution des comportements d’achat du client final, Raphaël Clochette (Tradilinge) note également certains changements chez ses clients distributeurs. «La géopolitique commence à jouer un rôle important. Certains acheteurs rechignent à partir au Pakistan, en Turquie, en Inde, en Tunisie ou au Maroc pour visiter leurs fournisseurs. Ici, à Cambrai, ils ne risquent rien et cela leur coûte beaucoup moins cher en transport», lance en guise de boutade Raphaël Clochette. Si le rapatriement en France de certains volumes achetés jusqu’ici dans ces pays reste encore anecdotique, le mouvement pourrait s’accélérer à terme au bénéfice des fabricants et des marques françaises de linge de maison. Un des derniers avantages d’un achat en France qu’avance Raphaël Clochette n’est pas des moindres. Alors que le produit d’origine française est un peu plus cher à l’achat, en contrepartie, il n’impose pas de volumes de stock importants, comme c’est le cas pour les productions en grand import. A l’heure où la conjoncture fluctuante laisse peu de place à la gestion des surstocks, l’argument prend toute sa valeur. AGNÈS LEGOEUL ●

LINGE DE TABLE ZARA HOME. L’enseigne a connu une forte croissance en 2015, avec une progression de 21,5% de son chiffre d’affaires.

ARA HOME poursuit son développement en France et dans le monde. L’enseigne de décoration et de linge de maison du groupe Inditex a ouvert l’an dernier pas moins de 65 nouvelles boutiques, portant à 502 son parc de magasins (dont 53 franchises, qui réalisent 15% du chiffre d’affaires total). En France, l’enseigne en compte 22. Un des derniers magasins ouverts est celui des Champs-Elysées, inauguré en octobre 2013. En 2015,

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l’enseigne a connu une forte croissance, avec un chiffre d’affaires qui a bondi de 21,5%, pour s’établir à 666 millions d’€, boutiques et ventes en ligne comprises. En termes de surface de vente, Zara Home a vu celle-ci croître de 19% en mètres carrés, contre une moyenne de 8% pour l’ensemble des enseignes du groupe Inditex. Zara Home peut également se féliciter d’un résultat d’exploitation (Ebit) en hausse de 23%, à 100 millions d’€.

S’il ne représente encore qu’une petite partie des ventes globales du géant espagnol, Zara Home continue donc de grandir, tout en affichant des performances tout à fait en phase avec les objectifs du groupe. L’enseigne dédiée à l’univers de la maison a également développé ses propres sites de vente en ligne dans la plupart des pays où elle s’est implantée. Le dernier en date a été inauguré en décembre 2015 en Afrique du Sud. A.L. ●

Une offre renouvelée à un rythme fast-fashion VEC cinq ou six collections par sai-

A

son, l’offre de Zara Home est sans cesse renouvelée. Une offre très diversifiée en styles permet ainsi de cibler des clientèles aux goûts différents. Pour le printemps qui s’annonce, l’enseigne a déjà mis en place deux lignes. Baptisée Cabinet de curiosités, la première baigne dans des coloris bleu et blanc traités avec une grande sobriété. Très tendance cette saison dans la décoration, le bleu est ici traité dans des motifs rappelant les anciens carreaux de faïence et l’univers méditerranéen. Le linge de lit en percale affiche, pour sa part, des tons unis et sobres, rehaussé de coussins aux couleurs plus vives qui finissent d’habiller le lit. Dans ces mêmes tonalités, l’enseigne propose des nappes unies ou fleuries au style très classique et intemporel. De la vaisselle, des couverts et de la verrerie sont également proposés dans cette ligne. Pour la seconde collection, Miami, les équipes de création de Zara Home se sont inspirées des Arts déco et de l’ambiance des années 20 et 30 pour développer un univers coloré et joyeux. Des touches de couleur fluo sont apportées par des plaids, tandis que des animaux

fantasmagoriques se promènent sur des coussins. Plus calmes, les parures de lit optent pour des fonds blancs où se déclinent, en de multiples rayures, les coloris de la ligne. Les deux premiers thèmes de la nouvelle collection printemps-été 2016 de Zara Home sont également repris dans l’univers du bain et du linge éponge,

sans oublier celui de la table. Zara Home propose, par ailleurs, des ambiances complètes et coordonnées, en développant à la fois les arts de la table et de multiples accessoires de décoration (coussins, plaids, bougies, vases). Le textile de maison représente 60% de l’assortiment et des ventes globales de Zara Home. A.L. ● LINGE DE LIT MIAMI DE ZARA HOME. L’enseigne propose une offre très diversifiée en styles, ce qui lui permet de cibler des clientèles aux goûts très différents.

N°2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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PARIS

DOSSIER LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

EST D’HUMEUR COMBATIVE LA MODE AUTOMNE-HIVER 2016-17 DES CRÉATEURS PARISIENS PREND DES ACCENTS GUERRIERS ET ELLE MULTIPLIE LES HYBRIDATIONS ET LES ASSOCIATIONS DE PIÈCES FLOUES ET STRUCTURÉES.

!» La capitale française s’obstine à vouloir se conformer à l’image de légende forgée dans les années 30 par Hemingway. Près de quatre-vingt-dix ans et plusieurs crises plus tard, elle continue de se rêver en «capitale mondiale» de la mode et des plaisirs. «Luxe et volupté», tel est le mantra indéfiniment formulé et répété par nombre de repré-

«P

ARIS EST UNE FÊTE

sentants de la mode parisienne. Or, le climat dans lequel vient de se dérouler la Semaine de la mode parisienne était franchement en décalage avec le mythe. Les 94 défilés, qui se sont déroulés du 1er au 9 mars, ont en effet illustré les incertitudes du moment. Incertitudes économiques, mais aussi interrogations sur la place réelle de Paris sur le marché international de la mode, alors que se font entendre des avis critiques sur le sujet. Inquiétudes et sentiment de danger en-

fin, à en juger par les accents guerriers des collections. Fourrure en mode carapace, peaux de bête et cuirs durs, parkas militaires et blousons de protection aux volumes Xxl : les podiums ont pris part, sans forcément en avoir conscience, à la polémique du moment. Bataille des anciens et des modernes, presse anglo-saxonne contre grands titres français, tenants de la vision américaine du «show now-buy now» contre parSUITE PAGE 30 ...

LA NOUVELLE MODE MARCHE AU PAS

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Dries van Noten

Chloé

Andrew GN

Est-ce pour mieux résister à l’incertitude ? Ou pour mieux s’affirmer ? La femme des créateurs parisiens est en tout cas parée pour le combat, avec ses cuirs durs, ses parkas militaires, ses manteaux d’officier et ses blousons de protection .


N째2288 / 22 mars 2016 Journal du Textile

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Chanel

Louis Vuitton

Nina Ricci

Haider Ackermann

Louis Vuitton

Isabel Marant


DOSSIER

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

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tisans latins du maintien de la dimension hédoniste de la mode. L’heure était au combat. ● A la croisée des chemins. Comme toujours, c’est en tentant d’associer deux tendances opposées que les créateurs de Paris s’illustrent le mieux. Les hybridations entre l’élégance attendue et les innovations réclamées ont été de vraies réussites. Entre poésie et élégance toute parisienne. Entre artisanat et haute technologie, structuré et flou, féminin et masculin, doux et rude, guerre et paix : les alliances et les mélanges de genres se sont multipliés. Taxée de «saison fantôme» par la presse anglo-saxonne, du fait de l’absence de chef d’orchestre

dans plusieurs grandes maisons (Lanvin et Dior), la Semaine de la mode de Paris s’est, en fait, révélée virtuose en matière de compositions. Grâce précisément à Lanvin et à Dior, privés de directeur artistique. Les deux griffes ont su réadapter les silhouettes maison à l’air du temps dual, en associant luxe et confort, élégance et décontraction, artisanat et hi-tech. Chez Chanel, la performance a été manifeste. Karl Lagerfeld a proposé un vestiaire multiple (et fleuve), mélange de tradition (tailleurs de tweed, robes de jour souples), de réponses aux attentes des consommatrices (profusion de mailles, bottes plates pour aller vers demain…) et d’innovations rigolotes (telle une pochette en résille de cuir pour smartphone). ● Question de dosage. Chez Chloé, le vestiaire d’une motarde, plutôt ajusté et près du

corps, taillé dans des cuirs, s’est parfaitement marié à l’esprit bohème, un peu seventies, de la Parisienne légère et insouciante que Clare Waight Keller met en scène depuis son arrivée aux commandes du style. La créatrice britannique s’est inspirée de la journaliste et écrivaine Anne-France Dautheville (l’auteure de «Et j’ai suivi le vent»), qui a parcouru le monde à moto dans les années 1970. Le podium a été pour l’occasion transformé en piste en terre, invitant au voyage. Les mannequins, portant de grands ponchos indiens, des capes enveloppantes ou des tuniques hippies aux manches démesurées, foulaient la piste de leurs bottines plates à bride. Le voyage a également été l’étoile polaire de Nicolas Ghesquière, qui crée depuis deux ans le SUITE PAGE 32 ...

LA NOUVELLE FEMME ROULE DES MÉCANIQUES

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Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

Acne

Chloé

Anthony Vaccarello

Anthony Vaccarello

Les podiums parisiens ont pris des airs de pistes de course, avec une profusion de tenues de motarde, ajustées et près du corps, taillées dans des cuirs protecteurs .


DOSSIER

Sonia Rykiel

OffWhite

Léonard

Stella McCartney

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

LE PANTALON AMPLE S’INSTALLE

Vionnet

Vêtements

Alexis Mabille

La page slim s’est semble-t-il tournée pour de bon lors des présentations des nouvelles collections féminines de l’automne-hiver 2016-17. Celles-ci ont en effet été marquées par l’avènement d’un pantalon large et souple, dont l’ampleur s’affirme comme synonyme de confort .

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DOSSIER

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

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prêt-à-porter féminin de Louis Vuitton. Bikeuses romantiques en pantalon de cuir très fin rouge écarlate, en robe de carrés de soie flottante à manches en cuir, sanglée d’un harnais de cuir lui aussi, en parka militaire de vison ou dans de belles mailles de mohair moelleux qui rappellent l’univers des sports mécaniques : une alchimie détonnante. Chitose Abe, la créatrice de Sacai, s’est laissée emporter par une spirale protectrice, mais, à l’inverse de son aînée Rei Kawakubo (Comme des garçons), elle a adouci ses armures, les rendant étrangement féminines. Les cuirasses de cuir de

Saint Laurent laissent cette même impression. Extrêmement féminines, elles habillent les épaules, se croisent sur le buste et se superposent à des robes en soie inversement miniaturisées. Très eighties. L’aristocrate décadente Luisa Casati, qui a été la muse d’artistes au tournant des XIXe et XXe siècles, a inspiré Dries van Noten, dont la collection a bien résumé le mix raffinement et fin d’une époque, avec ses pyjamas kaki et or et ses peignoirs violine en soie, ornés de renard argenté parfois, posés sur des dentelles délicates. Enfin, le bon mix a été trouvé par Christelle Kocher, la créatrice de Koché, qui met à portée de toutes les femmes le raffinement de la Couture dans un esprit contemporain, autour de joggings

et de baggys, portés avec des tops en patchs de tissus exceptionnels, rebrodés et assemblés de façon très savante. ● La décadence. D’un côté, donc, un luxe pour privilégiées, somptueux, riche et bariolé, duquel se dégage une élégante vision de la Parisienne sophistiquée. Une mode plutôt pour le soir et les nuits, forcément longues et agitées. A l’image du défilé Couture de Jean-Paul Gaultier, hommage aux années Palace, les gammes retenues par Dries van Noten ou Haider Ackerman sont subtilement moirées, denses et sourdes. Les couleurs y sont bien présentes, mais elles sont plutôt sombres. Elles contrastent avec la pâleur des peaux nues, qu’elles ne couvrent SUITE PAGE 34 ...

LA MINI ROBE REFAIT UN TOUR DE PISTE

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Journal du Textile N°2288 / 22 mars 2016

Andrew GN

Alexis Mabille

Iris Van Herpen

La robe se met au diapason d’un hiver aux velléités printanières et n’hésite pas à raccourcir fortement ses ourlets pour s’afficher en version miniaturisée qui dévoile largement les jambes et allonge la silhouette .


DOSSIER

Saint Laurent

Valentino

Anthony Vaccarello

Chanel

Léonard

Anthony Vaccarello

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

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DOSSIER

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

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que très peu. On pressent des lendemains difficiles mais riches, avec des fourrures qui traînent, des robes à larges pans qui flottent, des blouses ouvertes, transparentes. Olivier Rousteing pour Balmain dit au revoir à l’or et au bling bling. Ses robes sont toujours aussi courtes et énergiques, les fourreaux dessinent toujours des formes voluptueuses, mais sont déclinés dans un éventail de pastels. A noter : la brillance est une tendance majeure de la saison, mais elle est souvent utilisée à contre-emploi, pour signifier la chute, la fin et de belles époques révolues. A l’inverse, la sophistication s’illustre dans des teintes gourmandes et gaies, un peu estivales, comme on a pu les voir chez Manish Arora, Chanel ou Dior. Les fourrures de Valentino aussi, dans un damier dragée, jouent sur cette ambiguïté. Le fil rouge de la

nouvelle idée du luxe», comme cela a été observé pour le premier défilé de Balenciaga conçu par le collectif Vêtements, par exemple. Les recherches sur les volumes et les proportions étonnent : la ligne d’épaules est remontée – chez Jacquemus, elle est parfaitement géométrique et même un peu plate –, la taille n’est pas à sa place, les emmanchures sont à une hauteur inattendue, alors que les jambes, contrairement aux canons du moment, ne sont ni slim ni longues. Chez Stella McCartney, cette envie de protection s’illustre par les volumes des doudounes, parkas et blousons, poussés à fond. Rick Owens aura cette saison versé dans le tribal pour proposer un style nerveux, post-punk et poussiéreux, dans une version imprimée. Le but ? Sans doute suggérer des vêtures et induire des postures pour affronter les changements qui s’annoncent. ● Pour la vie de tous les jours. La mode des créateurs a de ce fait longtemps semblé loin, selon le néophyte, des préoccupations quoti-

maison romaine, autour du ballet, a néanmoins été déroulé en noir. La danse a également été le thème de Giambattista Valli, qui surfe, comme à son habitude, sur une élégance et une féminité très douces. La peau de bête, notamment le léopard, fauve et noir, en imprimé comme en jacquard, dans des rapports plus ou moins fins, pour des robes en mousseline comme pour d’épaisses pièces à manches, pourrait intégrer cette thématique fin de siècle, décadente. Mais chez Givenchy, Kenzo ou Sonia Rykiel, c’est un motif très dynamique qui électrise les collections. ● Jungle urbaine. Dans un autre registre, une mode relativement agressive, en réalité protectrice, s’oppose à ce vestiaire de Parisienne typique. Inspirée des sports mécaniques, du vestiaire masculin ou des tenues de combat, cette inspiration verse parfois dans la recherche appliquée. Le plus extrême dans cette métaphore protectrice et guerrière ? Comme des garçons et ses soldates en armure articulée parsemée de petites fleurs. Un œil d’expert sera nécessaire pour décrypter cette tendance, pour y voir «une

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PARIS DONNE UN COUP DE JEUNE AU MANTEAU

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Isabel Marant

Courrèges

Chloé

Dior

Saison froide oblige, le manteau reste l’une des pièces fortes du vestiaire, mais se renouvelle en faisant varier les longueurs et en jouant avec les matières, les coupes ou les cols .


DOSSIER

Acne

Dries van Noten

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

LE PYJAMA SORT DE LA MAISON

Chanel

Céline

Sonia Rykiel

Dries van Noten

Agnès b.

Parallèlement à un courant structuré, les lignes les plus floues ont abondé sur les podiums parisiens avec une profusion de «pyjamas» souples et décontractés, offrant aisance et confort .

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DOSSIER

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

les structures de guingois (vues chez Carven et chez OffWhite) ou les fronces qui remontent très haut sur le col participent de cette volonté d’innovation et d’inédit. Phoebe Philo pour Céline aussi, dans une vision très douce et sereine d’un minimalisme nouveau, joue avec les proportions. Elle offre un luxe peut-être rare dans la mode féminine : de l’ampleur et de l’aisance. Une voie que suit, par ailleurs, Lemaire, Nehera ou encore Hermès. ● De la poésie malgré tout. Les créateurs ont quand même envie d’y croire. Leur femme se fait parfois insouciante, mais le plus souvent, malgré tout, mélancolique. Elle arbore des fourrures d’un luxe inouï, comme chez Dior ou Vuitton, mais se permet de les associer à des cotonnades ou de petites nuisettes sur des sous-pulls en maille chaussette. Déambulant sur des podiums de plus en plus longs

●●●

diennes des femmes. Un virage a été pris cette dernière décennie avec l’arrivée, notamment, de femmes créatrices qui conçoivent des vêtements prêts à être portés, dont la fonction protectrice est cette saison mise en exergue. Des créateurs préfèrent alors aborder ces changements, que l’on redoute, de façon soft. Chez Issey Miyake, on ne perçoit pas une once d’agressivité dans le travail de Yoshiyuki Miyamae, qui propose des vêtements qui protègent autant qu’ils habillent de façon originale. Les porters de la nouvelle femme Dior également surfent sur cette recherche de modernité. Dessinée par un duo de trentenaires – Lucie Meier et Serge Ruffieux –, la collection poursuit sur la lignée non ostentatoire, cérébrale et graphique initiée par Raf Simons. Les coupes dans le biais,

LA BRILLANCE MARQUE LA FIN D’UNE EPOQUE

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Dries van Noten

Lanvin

Alexis Mabille

Céline

La brillance a éclairé les collections d’hiver des créateurs parisiens, mais en étant souvent utilisée à contre-emploi, comme pour symboliser les derniers feux d’une époque insouciante, désormais révolue.

(750 mètres chez Chanel), circulant dans un dédale autour de spectateurs privilégiés, comme lors des défilés Kenzo, Hermès ou Sonia Rykiel, cette chic Parisienne est carrément à portée de main chez Chanel. La maison a offert un privilège à ses 2.000 invités : celui de vivre l’expérience «Front Row». Il faut bien donner à voir quelque chose de plus lorsque les défilés sont diffusés en direct sur Internet. Chez Saint Laurent, les 170 «invités» garderont en souvenir de «la collection parisienne» d’Hedi Slimane – ainsi que le créateur a intitulé cet automne-hiver 2016-17 (part 2) – une plaque en laiton avec leur nom gravé dessus, juste en dessous du fameux et prestigieux sigle. Un cadeau d’adieu ? ISABELLE MANZONI ●

PHOTOS B & C MÉDIAS/JOURNAL DU TEXTILE


DOSSIER

Esteban Cortazar

Jacquemus

Iris Van Herpen

LA FEMME DE L’HIVER 2016-17

LA NOUVELLE SILHOUETTE EST BIEN ÉPAULÉE

Manish Arora

Saint Laurent

Isabel Marant

Entre inspiration militaire et hommage aux eighties, la ligne d’épaule remonte et est bien marquée, parfois exagérément, pour proposer une nouvelle silhouette ambivalente, aussi protectrice qu’agressive .

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TRAJECTOIRES S monte en grade chez Schöffel. Jusqu’à présent A chargé des ressources humaines au NDREAS

CHUPP

sein du grand groupe allemand d’outdoor, le manager de 54 ans se voit confier la direction de la distribution et du marketing, une fonction stratégique qui lui permet d’entrer au sein du comité de direction du groupe, où il va côtoyer le Pdg, Peter Schöffel, le directeur financier, Felix Geiger, et Georg Kaiser, le responsable de l’approvisionnement et de la logistique. J.B. ●

CAROLINE NIERMANN PREND LA TÊTE DE ROSNER

CAROLINE NIERMANN

nouvelle dirigeante de l’entreC prise allemande de prêt-à-porter Ros-

Issey Miyake est fait commandeur de la Légion d’honneur

UN HOMMAGE EXCEPTIONNEL. Le créateur japonais reçoit une des plus hautes distinctions de la République.

l est très rare qu’une personnalité non française devienne commandeur de la ILégion d’honneur. Et il est encore plus

rare qu’elle puisse accéder directement à cette dignité. Cette faveur exceptionnelle vient pourtant d’être faite au créateur de mode japonais ISSEY MIYAKE. Celui-ci a accueilli cet honneur avec émotion. «Je suis surpris et confus, je me demande si je mérite cette distinction», at-il réagi le soir du vernissage de la grande exposition qui célèbre ses 45 années de création au National Art Center de Tokyo, quand son ami Jack Lang, ancien ministre de la Culture, lui a remis les insignes de sa distinction. L’une des plus hautes de la République française. Né en 1938 à Hiroshima et ayant survécu au bombardement atomique de la ville, en août 1945, Issey Miyake s’installe à Paris en 1964 et décide d’apprendre le métier de styliste auprès des grands de l’époque, Guy Laroche et Hubert de Givenchy. S’il préfère retourner au Japon pour y créer dès 1970 son studio et sa propre griffe, c’est toujours à Paris qu’Issey Miyake a présenté ses collections. Il est du reste inscrit dans le ca-

ISSEY MIYAKE

lendrier de la Chambre syndicale de la Couture depuis 1973, date de son premier défilé. Souhaitant concevoir des tenues con-

Hiroto Sekiguchi/The Yomiuri Shimbun

ANDREAS SCHUPP PREND DU GALON CHEZ SCHÖFFEL

fortables en mêlant savoir-faire traditionnel et technologies de pointe, il s’est fait connaître par son concept de vêtements créés à partir d’un seul morceau de tissu dont l’acronyme, en anglais, Apoc (pour a piece of clothes) a donné le nom de l’une des lignes du créateur. Mais c’est avec une deuxième grande invention, le Pleats Please, qu’Issey Miyake s’est fait mondialement connaître. Son nom est aujourd’hui associé à ces vêtements faciles à vivre et à porter. Réinventés saison après saison, les vêtements Pleats Please, comme leur nom l’indique, sont des plissés issus d’une technologie très avancée et spécifiquement mise au point par Issey Miyake. Ils se plient dans une valise et font désormais partie des must have de toute femme active, pressée et voyageuse. Aujourd’hui retiré des affaires, Issey Miyake reste toutefois très présent dans l’entreprise qu’il a créée, œuvrant sur la recherche et l’innovation. Depuis 2011, la direction artistique de la marque est entre les mains de Miyamae Yoshiyuki, 40 ans, entré comme apprenti dans la société. I.M. ●

AROLINE NIERMANN, 40 ans, est la

ner. Elle avait jusque-là la responsabilité de la distribution globale de la marque de pantalons féminins, propriété du groupe Weber & Ott. Après avoir commencé sa carrière dans la chaîne d’habillement Peek & Cloppenburg, elle était passée par les marques de prêt-à-porter féminin Oui et Bianca avant de rejoindre le distributeur Ernsting’s Family. Caroline Niermann succède à Enrico Tomassini, qui a choisi de rejoindre le spécialiste allemand du jean Angels. J.B. ●

JASON ADAMS PILOTE LECTRA EN AMÉRIQUE

François Feijoo est élu président de Procos

PDG DU PÔLE ERAM, TEXTO ET STAGGY. Il succède à Jean-Luc Bret à la tête de la Fédération.

F est le nouveau président de Procos (la Fédération pour F l’urbanisme et le développement du RANÇOIS

EIJOO

commerce spécialisé). Il a été élu à l’unanimité le 15 mars dernier. Professionnel de l’univers de la chaussure, François Feijoo est depuis 2013 Pdg du pôle Eram, Texto et Staggy. Il a commencé sa carrière en 1984 chez Myrys, avant de rejoindre San Marina en 1995. Il a ensuite occupé les fonctions de Pdg des enseignes Minelli et André au sein du groupe Vivarte. Il a rejoint le groupe Eram après une année passée à la présidence de Fosco Zapatos y Accesorios en Espagne. Déjà très impliqué au sein de la Fédération en tant qu’administrateur

depuis 2014, il a la volonté «de renforcer les synergies entre adhérents, de développer le savoir-faire lié aux études et de travailler de concert avec les organisations, fédérations et bailleurs, afin de répondre aux enjeux du commerce d’aujourd’hui». Au sein de Procos, François Feijoo succède à Jean-Luc Bret (La Croissanterie), qui poursuit son mandat en tant qu’administrateur. Parallèlement, Procos s’est donné trois nouveaux administrateurs : HUGUES BORGIA (Ugc), OLIVIER DE MALEZIEUX (The Body Shop France) et STEPHAN GOENAGA (Kiabi). LAURENT MILCHIOR (Etam) devient vice-président. C.P. ●

FRANÇOIS FEIJOO

DISTINCTION. L’atelier de tricotage tarnais décroche le label et sa créatrice est nommée chevalier de la Légion d’honneur.

Missègle-Joly devient Entreprise du patrimoine vivant

J

JASON ADAMS

ASON ADAMS prend la direction de

Lectra Amérique du Nord. Installé à Atlanta et directement rattaché à Daniel Harari, le directeur général de Lectra, Jason Adams aura pour mission principale le développement de Lectra aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique et en Amérique centrale. Avant de rejoindre le groupe français, Jason Adams a œuvré chez Camstar et chez Apriso, des éditeurs de logiciels de gestion des processus industriels, puis chez Delmia pour la C.P. ● région Amériques.

ouble reconnaissance pour l’atelier Missègle-Joly Chaussettes. Cet atelier D de tricotage tarnais, spécialiste de la laine, créé il y a trente-deux ans, vient d’obtenir le label Entreprise du patrimoine vivant. Il rejoint ainsi le «club» restreint (1.305 entreprises) de ceux qui ont su répondre aux critères de sélection exigés par ce label. Cette marque de reconnaissance de l’Etat, créée en 2006, distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels dits d’excellence. De son côté, MYRIAM JOLY, la créatrice et dirigeante de l’entreprise, a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en février dernier à Castres. Il faut dire que le parcours de cette chef d’entreprise est remarquable. Initialement éleveuse de

chèvres angora, elle a ensuite créé l’atelier Missègle. A l’origine, celui-ci réalisait les produits tricotés avec sa propre production lainière. Mais depuis, l’atelier a élargi le cercle et utilise (notamment) la laine

d’une bonne vingtaine d’éleveurs castrais. Fort de désormais 25 salariés, Missègle tricote 120.000 paires de chaussettes et 10.000 pulls par an. Son chiffre d’affaires est de 3 millions d’€. S.B.E. ●

CHANGEMENT DE CAMP. Il va diriger la distribution et le marketing.

Justo Gallardo passe de Roy Robson à Leithaüser G crée la surprise en Leithäuser. Directeur généJralrejoignant depuis 2006 du spécialiste allemand de USTO

ALLARDO

mode masculine Roy Robson, le manager d’origine espagnole a décidé de rejoindre le groupe concurrent, propriétaire de la marque Benvenuto. Il y dirige désormais la distribution et le marketing aux côtés

de Florian Leithäuser, petit-fils du fondateur de la société en 1934. Ex-directeur des ventes du pantalonnier Gardeur, Justo Gallardo a repris les fonctions de Sebastian Holzschuh (un ancien de Hugo Boss, Cinque, Holy Fashion et Roy Robson également), qui travaille désormais comme conseiller de marque. J.B. ●

Directeur de la publication et responsable de la rédaction : Lucien Abra. Principal associé : Editions Hennessen SAS. N° de commission paritaire : 1117T82336. Impression : Roto France Impression,Rue de la Maison Rouge 77185 Lognes


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