DEUXIEME ANNEE.
N° 4
REVUE TRIMESTRIELLE
JUILL,ET 1948
BUllETll1 DE LA SOCIETE
d'Etudes Historiques et
Géographiques
. d 'ATHIS-MO NS ET DE LA
PLAINE �e LONGBOYAU RESEAU MEDIATH EQUE
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JANVIER : Mlle de Nes.Je et M. le Marquis G � Luc. - P. CSERY : menhir d,e la Pierre-Fitte. � Mlle L. BONZON : Paray et Wis étude hydrographique. - Recensement du Canton de Long - Les armoiri,e's de nos eommunes. - Chateaubriand gny. - M. LEROY : Barnabé Brisson. - Mme L. BRUNEL : feu de lIa Saint-Jean à Morsang. - L. BRUNEL : Port-Aviation. M'DUt V. KERIVEL : Les babas glacés d'Etampes. - L. BRUNEL : Juvisy, €: Maquette � de Versailles?
PRIX DU NUMÉRO : 40 francs.
1 l
MM. GOUJON, Inst., 8, avenue de .la Gare à Savigny. - GREGOIRE, Inst., Ecole J.-Ferry à A. GUERIN, 20, rue Jules-Simon à 'A. MU. HALTER, Inst., 2 6, rue des Roses à Savigny. MM. HORDELALAY, 122, route de. Fontainebleau à A. HUBER, rue du Midi à A. HURTAUT, lnst., Ecole Pasteur à -Vigneux. JABELY, 7, rue Berthonnef à A. JACQUART, 7, rUe Ferdinand-Duval à Paris (4e). JACOÇEMIN (Rév.. Père), Supérieur, Inst. Saint-Clément à VIrY. . dANVIER (A.), 14, rue de la Martinière à Savigny. JANVIER (J.), 14, rue de la Martinière à Savigny.. JAULT, Cons. municipal,· 32 bis, rue Caron à A. «JUVISY (Ville de). KERGOAT, 7, rue Arguillière à A. LAMARQUE, Dir., ECole J.-Jaurès à J. LASCROUX, lnst., ()5, rue du Dr-Bourrier à Savigny. LASSAILLY (Abbé), Curé' d'Ablon, 1, place Cholet. LATOUR, 5, rue Etienne-Lebea"u à A. LAURENT (Abbé), Curé d'Athis-Mons. . MU•• LAURENT" 112, boulevard Gabriel-Péri, à Malakoff. LAYGUE, Inst., 10, avenue du Plateau à J. MM. LEBLANC, 6, rue Paul-Marais à J. LENOBLE, 23, rue Théophraste-Renaudot à Paris. LEROY (A.), 37, ru.e Mathurin-Régnier à Paris (15·). LEROY (M.), Dir. Hon. d'Ecole, 2,5, avenue Voltaire à A. LION, place de la Gare à A. LONGJUMEAU (Ville de). M-. LORMEAU, 8, avenue de . Morangis à A. MU. LOUVEL, 10, avenue du Plateau à J. M. LYNDE, Cinéma « Eden:. à J. �es MALBET, lnst., Ecole Boulesteix à Ris. MARIE (Ste), lnst., 19, rue de la Convention à Paris (1' '. n -�." ....�.--�_:u Luu C:ondorcet à A. Drge à A. . la Concorde à A. .-Jaurès à Draveil. �utte à Saint-Michel-sur-Orge.. bnt à Ris. . -Rousseau à A. ert, 2, place du Maréchal-Foch à . de Morangis à Paray. use :',' Grande-Rue à A. al, 14, rue des Plantes à A.
(1).
I.ONS DU BUREAU er pendant un certain temps� la . -promenade-conférence prévue pour le dimanche 29 août n'aura pas lieu à cette date et le Bulletin N° 5 d'octobre 1948 paraîtra avec quel�e retard. Par déCIsion du Conseil d'administration, M. Jacques JANVIER est nommé délégué de la Société pour la Commune de Savlgny sur-Orge (siège: 14, rue de la Martinière). (1) A = Athis-MoDS; J � JUris,.. Le Dom \eU ... es, Im,.I_ en 04l'aoQ.........
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Deuxième Année. Directeur
N° 4 Louis BRUNEL.
Juillet 1948
:
MADEMOISELLE DE NESLE ET MONSIEUR LE MARQUIS DU LUC SEIGNEUR D'EpINAY, S AV IGNY
ET
VIRY
Le 9 février 1 732, Jean de Vins d'Agoult, Seigneur haut Jus ticier des Paroisses d'Epinay, S avigny, Viry et autres lieux en dépendants, s'éteign ait doucement dans, so n hôt , el de Paris. S o n fils uni que étant mort, il avait d û s e choisir u n héritier e n la p ersonne du Comte du Luc, son parent et ami p articulier, qu'i l institua légataire universel de s e s biens, avec substitution pout son fils et son p etit-fils (1). Charles-François, C omte du Luc, appartenai t à l'une des plus illustres et antiques familles d e France, les Vintimille. TI et ait le frère de Charles-Gaspard-Guillaume , Archevêque de Paris d epuis Je fi s eptembre 1 72 9 (2 ) ,et, après avoir fort honora blement servi dans la c arrière d e s armes, il vivait retiré lors qu'il r ecueillit cette succession . Son gra n d âge ne lui p ermit p as de jouir longtemps de son nouv e au domaine et c', e s rt au château de Savigny-sur-Orge, où il était venu s'établir, qu'il mourut le 19 juiHe� 1 740 (3) . A cette date, il y avait déj à quelqu e temps que le n om de Vintimille, no n seulemen t défrayait la chronique d e la Co ur, ma i s encore alimentait avantage usement les conversation s de n os villageois. En effet, l'épouse du .p etit-fil s du seigneur de S avigny, Pauline-Félicité de Mailly, etait depuis 1 739 la m aî tresse favorite du roi Louis XV. (1) Mercure de France, mars 173'2, p. 611. (2) Il semble que ce personnage ait hérité également des b ien s du m a'rqu i s de Vin s au même t it :r e que son frère, si l'on e n croit la titu lature d'un document extrait des regist'res du Greffe du Baillage de Savigny daté du 6 août 1732. (3) Inhumé dans , j 'église.
- 82ç'es t u�e figur� I;em-arq ua �le qUe c elle !Î e -p e tte j eune femme A . qm auraIt certamement Joue un role tres Important dans le royaume - de France, si la mort n e fût venue détruire cet e mp i re de roses, d'éventails et de frivoles c o uronnes (4). Née en 1 71 2, Pauline -Félicité était l a second e des cèlèbr:es « sœurs de Nesle », «;lont q uatre régnèrent tour à tour ou simultanément sur le cœur du- Roi de-1732 à 1 74 4 . Elle était pensionn aire à l'abbaye d:e Port-Royal,<lors qu'en 1 732 sa sœur 'aîn ée, 1\<I""e de Mailly, fut appelé e à partager les fav eurs du Roi,. alors âgé de vingt-deux ans ; et, instruite d e cette aventur e galante qui élevait Louise-Jul i e au rang- de favorite en titre de Sa Maj esté, elle n' e ut plus désormais qu'une seule p e nsée : p laire au Roi, renchaîner, le subjuguer, en un mot suppla nter sa sœur p ar tous les moyens possibles. C'e st dans cet or dre d'idées qu'dIe déclarait à une chanoinesse de ses amies, Mme de Dray : « J'écrirai lettres sur lettres à m a sœur Mailly; elle est b onne, elle m'appellera près d'elle. Je me ferai aimer du Roi : je chass emi Fleury (5) et je gouvernerai le royaume. » Elle fit effec tivement ce qu'elle avait dit et son proj et réussit merveiBeusement . Comme elle s'en doutait, l e MaItre lisait l es ' leUres adressées à Louise avec attention et il s y a musait d'y trouver toutes sortes de louanges sur 1ui et sur -son règne . Aussi ne fut-ell e p as éto nnée outre mesure lorsqu'en décembr e 1 738, elle r eçut enfin l'invitation tant attendue de s e prés·e nter à la Cour. Séjour assez br ef d'ailleurs, mais qui fut suivi de plu sieurs, autres qu'elle employa à p rép arer s a p osition . Bientôt, une occasion inespérèe Ja rapp elait à Versailles p our une i nstallation définitive : M'me d e Mail ly, s'étant brouillée avec ses trois autres sœurs, s'en nuy ait terriblement et ce fut avec j oie qu'elle fit venir P aul in e auprès d'elle dès le mois d'avril 1 739 . A partir de ce moment, l es deux sœurs ne se quittèrent plus ; mais on vit déjà, à b i e n des si gnes, que ],e Roi la dise tinguait et était même si captivé qu'il ne s e lassait p o i nt d'être . en s a p r ésence. • Il s embl e pourtant que Mlle d e Nesle. ne disposait pas d'attraits physiques supérieurs : les contemp orain s sont unanimes à dire qu'elle était laide, ef de ces laideurs qui inspiren t plus la crainte q ue le m épris (6). C'était é galem ent l'opinion de sa famille ; sa sœur, Mme de Flavacourt, disait d'elle : . « Elle a la tai lle d'un grenadier, .le co l d'une grue et l'odeur d'un singe. » Si 'nous en croy o ns les Mémo ires du temps, eHe avait une démarche virile, une taille gigantesque, des traits un peu durs, une voix forte, un r, e gar d rude et hardi ; elle étai t affligée e n outre d'une puanteur de l' es tomac. Aussi était-il diffiCIle de comprendre à p remière vue les raisons pour <lesquelles le goût du Roi s'était fixé sur cette étrange fiUe ! . Ce portrai t physi que, qui est loin d'être flatteur, s'accorde mal, à notre avis , avec les deux .tableaux que nous avons pu retrouver et c'est pourquoi nous préférons laisser au l ecteur le soin de se faire une opJnion sur la b eauté d,eM1'. de Nesle. Par contl'e, il est certain qu'elle était la plus instruite �t la plus spirituelle de ·la famille : « Sa physionomie promettait 4e l'esprit; elle en ,avait reçu en effet, mais aussi b r . ut _qu'e lle l'avait _
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.(4) � RiCHELIEU (Maréchal DE) : Mémoires. ',(i5)'.'P;oomier mini'slre de Louis XV, ami intime de-, la; famille. de VintimiHe. Il séjourna plusieurs fois à S avign y' , , 'J', ' c' _ (6) LUYNES (Duc DE) : Mémoires.
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MADAME DE VINTIMILI�E
I:eçu de la n,alllre, s ans éducation, sans acqui t, sans connais sance. » Toutefois, cette pétulance était doublée d'un caractère ferme et indomptable. Elle avait de la dureté, de la méchan ceté et de l'aigre ur, si bien que ce caractère difficile lui valut souvent des reproches assez brutaux de l' a part du Roi. Un jour qu'elle se p laignait d'être malade, il 'lui dit : « Je s ais bien, madame la comtesse, le remêde qu'il faudrait e m plo ye r p o u r valls gllérir, c e serait de v ous c o uper la tête. Cela ne vous mes siérait pas mal, c ar vous avez le coè assez long; on vous ôterait touf votre s ang et on VallS mettrait à la plac e dll sang d agne au. Et c ela serait' fort b ien, car v ous êtes aigre et méchante. » '
Cependant, de cette laideur et de cet esprit se dégageait un certain aUrait qui devait être irrésistible. car, après avoir été officiellement présentée -au Roi le 9 juin 1739, oelui-ci ne put se passer un instant de re!\ter sous son charme et, fin alement, i1 s'éprit follement d'elle. Suivant toujours sa sœur, elle voit sou vent le Roi, l'accompagne dans ses voyages, assiste à ses repas intimes, et les rares famiHers de Sa Majesté ne tarissent pas d'él oges sur son esprit, sa malice et l'audace spirituelle de ses propos. Bref, eHe est si i ntimeme nt liée à la vie du Souverain qu'elle arrive enfin au but qu'eUe s'Hait fixé alors qu'eUe était au couvent: e}.!e devient à son tour la favorite de Louis XV, sans pour cela évincer complètement Mon. de Mailly. Toutes deux c o nti n uent à être mMées comme par le passé aux moin dres a mus,e ments de la Cour. Ce bonheur ne devait, hélas, pas durer, car pour éviter un scandale possiMe, le Roi décidait subit ement de favoriser au plus tôt l'établissement de la demoiselle compromise en tui cherchant un mari complaisant. Mais, malgré la situation br il lante qui lui était faite par Ile Prince, aucun des courtisans, ne Se. souciait de se voir adjuger les « restes royaux »! Tour , à tour, les grand's noms de la noblesse française se refusèrent à
- 84servir de voile aux amour s du Monarque : d'abord �e Comte d'Eu, puis le Comte de Noailles dont les parents se déclarèrent blessés p ar c e cho ix frivole. Enfin, dès le 1 4 s eptembre 1739, on murmurait que Mlle de Nesle allait se marier avec M. d e Vintimille, p etit-n eveu de l'Archevêque d e Paris. Celui-ci, qui n e faisai t nullement mys tère d'avoir , l e chap eau rouge, avait, p araît-il, o uvl e rt de grands yeux aux con ditions de cette union. Le jugement p orté à c e propo s par le Duc - d e Luynes e n d i t l o n g sur la façon dont cette alli ance fut concIue : « Il n'y e ut que la bassess e de l'arc he vêque et la fau'sse p o litique du , vieux c omte du Luc (7 ) q ui en furent é b lo uis. Ils offri1'ent le com te de Vintimille et il fut ac c ep té , avec assez de répugnance de la part de M'" de Nesle, et M. de Vintimille, jeune, méchant, impr udent et fOIl, parla de son mariage avec le dernier mépris, ne ménagea ni sa femme, ni sa belle-s œ ur, n i le Roi l ui-même; ains i , il gagna par ce mariage b e auc o llp de ridic ule al/prè s des qens s ensés , une grande aversion de sa femme, mille brusqueries de sa b elle s œ llr et un air de disgrlÎce auprès du Ro i. » Toujours est-il que , dè s le ,len demain, le mariage était dé claré officiellement. Le Roi donnait 200.000 livres d'argent comptant, une p ension de 2.000 écus, l'exp e ctative de dame du p alais de Mm, 'la Dauphine e t un logement dans Versailles . L'Archev ê que de Paris offrait de s on côté 25.000 francs en bij oux . D ' aucuns aj outen t que l e Roi mettait comme condition s ecrète au mariage celle que le j eune comte ne l e consommerait p as ; mais c'est, sans aucun douie, un bruit qui n e s'appuie sur aucun fondement. Le 16 septembre, l'Archevêque de Paris, accompagné du père du fiancé et de M. de Nicolaa (8), venait demander J'agrément de Sa Majestéqüi ne p ut que se flatter d'un ehoix aussi heureux. Seul, Je futur marié n e cachait p oint les sentiments quelque peu hostiles qu'il nourrissait à l'égard de la favorite royal e . Petit-fils, du vieux s,elgneur de Savigny-sur-Orge, Jean-Baptiste Félix-Hubert d e Vintimille du Luc était n é <le 13 juillet 1720; et bien qu'il ne fût âgé que de dix-n euf ans, l e Roi lui avait déjà donn é le comman dement du régiment de Peyre (11 mars 1739) lorsqu'il fut appelé à s.' incliner devant la volonté familiale. L e mariage e ut lieu l e dimanche 27 septembre 1 739, dans la chap elle de l 'archevê ché, où il fut b éni solennellement par le grand-oncle du marié. Et, après u n grand dîner offert dan s le palais' archi épiscopa l, les j eunes époux viJ;lrent s e r e poser au château de Madrid (9 ), de leur fatigalite journée. Le Roi, p our la première fois, fit ,l'honneur à M. de Vintimille de lui donner s a chemi se et se retira ensuite à l a Muette (10). Certains contem porains, en particulier la maréchale d'Estrées, assurent que ce fut l e comte qui se rendit e n c e dernier lieu, laissant a i n si sa place au Roi. C'est là un e version de la nuit de n o ces qui ne man que p a s de piquant ! Toutefois, il est sûr que cela est bien hors de créan ce, car personne n'y ajouta foi. Le len demain, le Roi assista à la toilette de la mariée et Il res ta quel q ue temps. L'ap rès-midi, Mme de Mà111y et la n ouvelle (7) Gaspal'd-Madelon-Hubert de Vintimille, père du fiancé, fut sei gneur de Savigny de 1740 à 1748. , (8) Jean d, e Nico,laï, premier présid 'e nt de �a Chambre de' s Comptes, beau-frère du fiancé. (9) Demeure de plai sance dans le Bois de Boulo lj;lne. (lI») Le château de , l a Muette se trouvait à la Jls ière du Bo i s de Boulogne'.
- 85 -'Mme de Vintimille, accomp agnée de son mari, partirent pour l e
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château de S avigny où eUes restèrent deux j ours aU rès du vieux comte malade . Simple visite de courtoisie, car i n'était certes p as dans le s intentions de Pauline de vivre en reCluse loin de la Cour. Devons-nous croire qu e Mme de Vintimille a habHé le château avec s es sœurs, comme le mentionn ent plu s ieurs ouvrages r é cents (1 1 )? Certainemen t non, si J'on consi dère le caractère même de cette jeune femme, qui n' aurait pu goilter les charme s d'une vie paisible et retirée à l a camp agne. D 'autre part, les Mémo ires de l'ép o que nous permettent de reconstituer s a vie jour pour j our et un séjour i mportant à S avi gny n e serait pas passé inaperçu (1 2) . Nous savon s enfin que les n o uveaux m ariés s'établire n t à Versailles , dans l' app ar tem e nt que leur avait donné le Roi. D ans les moi s qui suivent, Mme de Vintimille ne quitte pas l e Roi un seul instant. De son côté , l e comte est tous Jes j ours à la chasse sur les chevaux de S a Majesté qu'il crèv e d'aille urs comme il plaisir. L e soir, tous se retrouvent dans les s oupers du Roi avec le p è re, M. du Luc, que le Monarque traite fort b ien. Comme ce dernier avait peu habité à la Cour, le Prin ce le comble de faveurs, le fait monter dans seS, calè ches et assister à ses moindre s divertissements. Mais, si s on p ère est ébloui p a r ,les fastes de cette vie p rin cière, M. de Vintimill e commence à se fatiguer de toujours ram asse r les « miettes r oyales. ». En e ffet, l a faveur de son ép ouse augmente sans cesse . C'est ainsi qu'elle est désignée pour quêter seule le j our d e Noël. Le Souverain n e sait que faire p our · la contenter : la veille du jour de l'An, les courtisans étonnés voient l e Roi lui faire beaucoup de ques tions, lui demander si on ne lui avait jamai s donné d'é/rennes, si elle v o u lait qu'on lui en donnât. Le soir m ême, le Pri n c e lui fais · a it cadeau d'une b oîte d' o r incrustée, fait qui m érite d'être sign alé, puis que c'était la p remièr e fois qù'H a gissait ainsi en public. Dès l o r s , l a fureur du comte ne connaît plus de bornes et il traite cette grande halberda (1 3) qui pue comme un diable avec l e plu s. grand mépris ; il ne l'appelle plus d 'ailleurs que « son petit bo u c »! Amoureux de s a belle-sœur, Mme de Fla v acourt, la seule des Nesle qui ne soit pas devenue la favorite de Louis XV, il se plaint souvent à son grand-on cle d'avoir favorisé un tel m a riage et de lui avoir ainsi gâché s a vic : « Il a,ugmentait t o us les jours d' indécenc e et de folie; il n'y avait poin t d'horreurs qu'il n e dît de sa femme; les détails les plus dégoûtants étaient pOZZI' l'ordinaire le s u jet des conversations, à table, devant tOllS le s valets . Il en re vint assez à Mm. de Vintimille p o ur fortifier la haine qu'elle avait déjà pour lui; e , [ [e ne voulut p lus vivre avec lui c omme sa femme, elle fit lit à part (6). » Elle s 'en plaignit même au Roi qui charge a s a cou sine, M"e de Charolais, de p arler au p a uvre mari. Celui-ci lui répliqua vertement que ce n'était n i à e lle, ni au Ro i de s e mêler de c e qui se passait entr e s a femme et lui. L'année suivante, quand il apprendra sa grossesse, il j e ttera feu et flamme et ti e ndra les dis cours les plus abj· e cts. Pourtant, •
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( 1 1 ) Gran d Dictionnaire Larousse du li1xe s iècle. (1 2) On signale la présence de Mme de Vintimille à Savigny ' l es 28-3û septembre 1 739, 8-9 juin 1 740 et le 23 juillet 1 740 à l'occasion de la ma ladie et du décès du comte' de Luc. ( 13) « Grande femme de basse ·condition et mal bâtie � (Dict. de Trévoux).
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le Duc de Luynes n ous apprend que la famille de M: de Vin" timille désirait passion nément qu' e lle eût un enfant et il aJ oute: « .T' ign ore ce qui l a détermina li en c o urir le risq ue, mais, ait retour de Fontainebleau (1740) , e lle c o ucha avec SOn. mari el deuint grosse. L e'premier m o uvement de M. de Vin timille, quand il l'apprit, fut une jo ie extrême ; il en alla p o rtel' la n o u velle li l'archevêquë et au président de Nic o laï, son beau-frère; . mais, soit par de mauvai.ç conse ils, s o it pal' un acc ès de folie inou,ïe, i[ changea de ton quelques . jo urs après et dit publiquement qu'il n'avait nulle part li .cette grossess e ; q ue c'é tait l'o uvrage, ou de M. d'Ayen o u de M. de Forcalquier, -ou du, R o i. Les deux pre m iers ne furent pas s o upçonnés longtemps Il n 'en fu t pas de même du R o i. Les ennemis d e Mme de Vintimille y don nèrent toute la vraisemblan c e qu'ils purent; ils inventèrent mille faits q u i prouvaient l' intelligenc'e , mais ces faits, li la uérité ,. n'étaient pas pro uvés e ux-mêmes (6). »' M"'e de Vintimille, froissée dans son amour-propr, e , p rit la chose ' a v e c hauteur. Elle n e voudra plus d ésormais entendre p arler de cette famill e où elle est entrée et <P.Iiconque amène la conversation sur l es Vintimille est disgraczé' po ur to ujo urs. Il n'est pas jusqu'à l'Archevê' q ue de Paris qui se voit r e fus , e r avec dédain l a magnifique layette qu'il lui envoie ! Cette grossesse fut un événement considérable à l,a Cour et elle mérite qu'on en fasse brièvement l'histoir e. Dès que le Roi la connut, il parut assez insensible aux- rumeurs qui couraient sur s o n compte ; au c on tra ire, la Vintimille augmenta de consi dération auprès de lu i. . Rien n ' était épargné pour satisfaire ses moindres désirs et pour montrer le gran d attachement qu'i l avait pour elle. Cep e n dant, l e s signes p remiers de fa grossesse d e Paulin e n'étalent pas de b o n augure ; à d e n ombreus e s reprises, il fallut l,a saigner ·e t 'souvent e lle s ' évanouissait. Au d ébut du m ois d'août 1741, alors qu'elle s éj ournait au château de' Choisy le-Roi, elle fut prise d'une fièvre vio lente : « Elle paraissait p longée dans la plus profonde tris tesse, et elle ne se prêtait li rien de to u t ce qu'on v oulait lui faire pour sa guérison., Le Ro i parut v érita blemen t affligé, et dans une grande occ upation d'elle ; lui seul p o uuait la déterm iner li suivre l es ordonnances ' er que Mme de VintimUle se de,ç médec'ins, et on avait lieu de jug plaisait à faire durer un état qui lui donnait o c c asion de c on naUre chaqu e jo ur l' ami tié du Roi pour elle. Entin, quand elle fut dans son ne u (1 4), on la tran spo rta li Versailles (24 août) . » .Le Roi l'instal a confortablement dans l'app artement du Car dina l de Rohan et c'est là qu'il p assa désormais, ses j ournées, n o nobstant la mauvaise humeur crois s' a nte de la m alade. Final ement, le 2 septembre 1 741, à neuf heures, La Pey roni e (1 5 ) accoucha M"'e de VintimiIle d'un splendide garçon . Contrairement à ce qu'avaient p révu les médecins, tout se p assa fort heurepsement. Quant au Roi, redoublant d ' attention, il y passait les journées entières et lui rendit toUJS le s s o ins de l'ami le plus tendre. Il avait même donné l'ordre de n e plus faire jouer les trois j{!ts d'eau s e trouvant dans le . j ardin vis-à-vis, sous prél!exte qu'ils faisaient trop de bruit . Ces faveurs royales contrastent viol emment avec le dédain du mari et de s a famille M. d e VintimiUe ne prit s eule�ent .•.
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(14) Neuvième mois de g·rossesse. (15) Chirurgien du roi.
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pas la peine de se déranger pour rendre visite à sa femme. Seul, l'Archevêque se crut obligé de l'aller réconforter, emme nant le b eau-père, M. du Luc, p resque de force. L'eI1fant fut ondoyé sur-le -champ; mais on dut différer aux cérémonies du baptême, parce que le père avait remis entre les mains du curé d e Versailles une protestation, déclarant qu'il avait ,appris que son épouse était préten due grosse et qu'il désa vouait toute présentation du p réten du enfan t comme son. fils. Mis au courant de cette opp osition, le Roi or don n a qu'il serait passé outre et que l'enfant serait présenté au b aptême comme fils de M. de Vintimille. Et voilà comment cette famille fut dotée d'un héritier auquel le mari affirmait qu'il n'avait pris aucune part! Etait-ce là peut-être aussi la caractéristique d une époque où l'on pensait que c'est un des moi n dres maux qu'on puisse faire dans la Société que de don n er des enfants à ceux qui n'en ont poi nt? Mais l'état de la mère s'aggrava au cours de son sixième jour de couches; la fièvre empirant brusquement, les médecins sc déclar -è rent à l'unanimité pour la p anacée de l'ép oque: la sai gnée, quî fut effe ctuée à minui t en présence du Roi et de l'Archevêque d e Paris, venu apporter à 'sa petite-nièce les seCQurs de la religion. Il paraissait que le remèd e avait fait bon effet lorsque, vers. le matin, la malade p erdit connaissance et mourut à sept heures (9 septembre 1741). Aussitôt, des bruits d'empoisonnemen t circulèrent ave c insis tance; mais il est p robable qu'on ne saura jamais le fin mot de cette triste histoire. Un certain nombre de faits, sont toutefois proban ts: le procès-verbal de l'autopsie demeura secret et nous savons seulemen t par le Duc de Luynes que son corps é tait d' llne pllanteur ex c ess i ve (16). II convient de noter également que le prêtre qui avait reçu les confidences de M"'e d e Vin timille mourut une heure après de Ja m ême façon! Quel aurait été l'auteur de ce crime? On n e manqua pas de dire que c'était son mari. Mais cette accusation dénuée de preuves manquait de vraisemblance. Il y 'avait e n effet plu sieurs mois qu'il n'avait vu sa femme et nous ne devons pas oublie r que, bien que très jeune au moment de son union av ec Pauline, le Comte de Vintimille l'avait cep endant épousée en connaissanc'e de c ause . . Tl semble que l'assassin, s'U y en eut un, fut le Cardinal de Fleury, dont Mme de Vintimille complotait dep uis longtemps le renvoi. P.lusieurs petits inci dents montrèrent qu'elle était décidée à user de son influen ce pour accoutumer le Roi à go uverner et à être le maître . Un instant, elle rêva de faire de Louis XV un guerrier e t tenta même en 1741 de l'entraîner à l'armée. Contre le Cardinal, elle avait formé le projet que reprendra plus tard la Duchesse de Châteauroux, de tirer le Roi d e son apathie et de -lui apprendre à « vouloir» : en un mot, elle fu t la « pre mière maîtresse politique ». C'est p ourquoi, le Car dinal et tous les ministres furent effm y és de voir un crédit s' é lever q ui ne de vai t p as leur être favorable ; e t comme ce crédit paraissait encore faible, ils n' épargnèrent rien po ur l'abattre (6). De là à accuser le Cardinal, il n'y avait bien entendu qu'un pas très faeile à franchir; il n'en reste p as moins vrai que nous som Bles toujours dans le domaine des hypothèses. (16) C e fut, dit-on, un
«
érésipèle laiteux
»
qui l'empo, r ta.
- 88Le Roi, à cett e nouvelle, fut comme frappé de la foudre. Sa douleur fut encore plus grand e lorsqu'on lui rapporta la façon abominable dont le cadavre avait été traité : les domestiques chargés de transporter le corps du château à l'hôtel de Villeroi l'avaient laiss é sous une remis , e pour aller boire dans un cabaret . Alors le peuple s'en saisit; on lui jeta des pétards SUI' le corps et ses restes servirent de jouet à la canaille (17) . D e tout le règne de Louis XV, cette fin d'année fut de beau coup "la plus trisle pour ,la Cour. Le Comte Fleury raconte �Uè
« parfois, dans un repas, édatant en larmes, le Ro i était oblzgé de quitter la table: il lui fallut des mois po ur reprendre la vie ordznair e . »
Il n"en fut pas de même p our l a famille de Vintimille. Aucun membre, hormis M. de Ni coJaï, n 'assista à l'enterrement et M. d e Vintimille ne se gên a point p our manifester s: a j oie devant le Roi. Malgré cette attitude, il fut uommé brigadier l'année - qui s uivit le décès de s a femme. A la mor t d e s o n père, le 17 mars 1748, Jean-Baptiste-Félix-Hub e rt de Vintimille du Luc,
Marquis du Luc, de Vins, de Savigny et de la Mar'ihe, Baron d'Ollioules, Saint-Nazaire, Roussillon, Saint-Savournin, Cas telnau, Saint-Paul, Laval et autres lieux, Maréchal des camps et arméez du Boy, Mestre de camp d'un Régime nt de cavalerie de s on nom, l'un des Lieutenants du Roy de Pro vence, Gou verneur des Isles de Porquerolles et Lingoustier, prenait à s on' tour le titre de très hqut et très puissant Sezgneur haut Justicier d'Epinay, Savigny et Viry (18). Se souciant p e u de son « fils », il s 'était empressé de confier l'enfant à M'me de Mailly qui p arut très satisfaite. Le Roi le pre nait souvent dans ses bras et le consi dérait ave c attention, comme p our chercher des traits qui devaient lui être agréables. En fait, a u fur et à m esure que les j ours s'écoulaient, Ja res semblanc e avec le s ouverain. devint tellement frappante que bientôt toute l a Cour ne le désigna plus que sous le nom de « D emi-Louis » . Le garçonnet passa ses p remières années auprès de Mesdemoiselles, filles du Roi, lesquelles l'appelaient « leur j oli neveu » . Pui s , aprè s avoir été élevé pendant u n certain t emp s au château d e Savigny, il revint à la Cour sous Mme de Pomp a d ou r qui caress a un moment le rêve de le marier à sa filïe Antoin e tte . « Ce serait là un beau co uple», dit-elle un jour au Roi en lui présentant les deux e nfants . Louis XV, qui n'avait pas revu son fils depuis longtemps, se troubla. « Ce fut avec
peine que M'me de Pompadour renonça à sOn projet d'union »,
ajoute le 'Comte Fleury qui nous a rapporté ce trait. A l a mort de son « père » , e n 1777, Charles-Emmanuel-Marie Madelon de Vintimille d u Luc hérita n éanmoins de l a seigneurie d e Savigny, qu'i l vendit ,le 2, 8 j anvier 1791 à M. Hameli n . La p res s i o n des événements révolutionnaires le p oussa certai nement à s e défaire de ce splen dide domaine, car, après avoir été Commandant de la Garde Nationale de Savigny-sur-Orge (19), il se vit obligé de prendre eomme tant d'autres le chem in de l'exil. (17) ARGENSON (Marquis D') : Journal et Mémoires. (18) Registres du Greffe du BaiUage, Marqu isat et ChâteHenie de Savigny-sur-Orge. Il vendit la terre d'Epin' ay en mai 1768 à Me Augus tin-Henri Cochi n , chevalier, con seiller du Roi en sa cour du Parle ment. (19) Arch. Corn. d e S avigny : Registre N° 1 des Dél. Municipales.
- 89Tels sont les faits qui se p assèrent vers la fin du XVIII· siècle dans la riante v allée de l'Orge, p rès de ,l'en droit où les e aux de cette j olie riviète viennent s'unir à celles de la Seine. Peut être 'le lecteur sera-t-il désireux d.e conna' î tre l'épilogue de cette tragi-comédie ? Nous l e 'lui contons bien volontiers !
L'EGLISE ET LE CHATEAU DE SAVIGNY
(Vue de dos)
On crut un instant que le Roi allait tourner à Ja dévotion sous l'em p rise d e cette gran de doule ur. Et si les gens sensés s ' i n quié taI ent d'une affliction qui aurait p u causer p réjudice fJ. la s anté et au moral de Sa Maj esté, le menu p euple se mon trait moins attristé, s'attendant à ce qu'i l prît une autr, e m aî tresse . . C'es t ce que fit le Roi. Quittant la Comtesse de Mailly avec laquell e il avait timidement renoué, i.J s'attacha dès 1742 à une autre de ses sœurs, M,me d e la Tournelle, la future Duchesse de Châteauroux . Jacques JANVIER. .
LE
({
NOURRISSAGE
»
DES ENFANTS
(ATHIS-MoNS)
Autrefois, avan t la grande p ouss é e des lotissements, une res source p articulièrement préci euse p our les pauvres ménages d'Athis-Mons était le « nourrissage » des enfants de Paris . En effet, note une D élibération du Co nseil Municipal en date du 18 août 1857, « la position salubre du, village d'Athis y attire
constamment de Paris une population aisée; d'autre part, sous le rapport de la pureté de l'air, la sit uation du village en bor dure du coteau qui domine la vallée de la Seine, est tellement appréciée et sa réputation de salubrité si· bien établie qu'un grand nombre de nourrissons y sont envoyés chaque année sur l'indication des médecins de Paris ». Le recensement d e ,la p opulation de 1841 n ous p ermet de savoir que 21 enfants s e trouvai e nt alors en nourrice à AthisL. B. Mons.
LE
M ENHIR
DE
LA
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PI ERRE-FITTE
»
(VILLENEUVE-LE-ROI) . Dans la Plaine Basse de Villeneuve-IecRoi, non Join de la Seine, s e dresse ,le menhir de la « Pierre-Fitte », classé monu ment historique depuis le 30 mars 1 88 7. Ce mégalithe (1 ) , que les gens du ·pays app ellent p lus. volontiers « la Pierre-Fritte » à la suite d'une altération du langage, occup ait autrefois le point qui, sur la carte d'Etat-Major, porte la cote d'altitude «
45
»
(2).
C'est un bloc de meulièr e assez compacte de 3 mètres de haut et de 4 m. 50 de c irconférence en moye nne, dont une partie est profondément plantée. e n terre, n e laissant ainsi apparaîtr e que la partie supérieure affectant grossièrement la forme d'un p rism e triangulaire. Au moment d e son érection, ce monument a dû être placé dans une île formée par un bras d tt .fleuve qui coupait a lors en deux-parties la p lame alluviale de VHleneuve-le-Roi; ce bras de rivière s'ap pelait « le Rû Bateau », c, é qui explique le nom d 'un lieu-dit tout proche figurant de nos. jours sur le cadastre . . . Les historiens locaux, en particulier l'abbé Barranger (3 ) , s'appuyant sur l e texte des ICommentaires de la Guerre des Gaules de César� s'accordent p our admettre que ce menhir aurait été dressé en l'an 52 avant J.�C . p our commémorer Ja victoire des· Romains sur Camulogène, chef de l'importante tribu gau loise des Parisii, habitant Lutèce et ses environs. Il semble toutefois, d'après les études d'e n s emble faites jus qu 'à ce jour sur le p roblème des monuments mégalithiques, que la véritable destination des menhirs demeure encore pro blématique. Leur érection se rattache, selon toute apparenc,e, à d'anciens cultes lilholâtriques, dont les vestiges abon dent chez un grand nombre de p euples an ciens et on peut affirmer qu'un caractère religieux - qui n'exclurait nullement djailleurs une destination funéraire ou commémorative - fut attaché dès l'origine aux vrais menhirs. Il. y a encore une soixantaine d'années, le chemin rural N° 42, dit Vo ie de la Pierre-FiUe, permettait d'y accéder dans d'assez bonne s conditions; à la suite des fouiHes e ntreprise.s par. la Soci été Morillon, il devint bientôt impraticable et fut déclassé en 1 9 0 4 sur une longueur de 94 0 mètres. Le 4 novembr e 1 8 8 3 , M. Godefroy, alors propriétaire du ter rain sur lequel il étai� placé, voulut en fl.l.ire don à la Com mune, sous la se ule con dition que cette pierre fiché e fût érigée . sur une p lace publique, ceci dans ,le seul but d'en assurer la garantie de con· s ervation qui lui faisait défaut et de ne p as la laisser ignorée des habitants. Aussi le Conseil Municipal, dans sa séance du 1 8 novembre 1 883, délégua-t-il l'u n de ses membres pour établir un devis des dép ense s, nécessitées p ar l'extraction, le transport et la mise en place de ce monument. Aprèsl un (1) O n comprend. sous l a désignation gén < éralede monuments méga lithiques ou par apréviation, de mégalithes (du grec : megas, grand, et lithos, pierre) � un ensemble de monuments primitifs, composés d'un ou de' plusieurs blocs de pierrel hrute OU grossièrement déhru fis : menhÎrs (du bas-hreton : men, pierre, et hir, Jong) crom lechs, alignements, dolmens et allées couvertes, trilithes et cists. (2) Consulter la carle d'EtatcMajor de Melun (N° 65 Quart N.-E.) . . (3) Savant a'l'chéologue qui dirigea 'les fouiUe's dans de nombreuses communes du canton. Curé de Villeneuve-le-Roi de 1852 à 1877. -
,
-
-91-
eX8men minutieux du rapport de M. Delage, faisant ressortir la difficulté de transporter une charge aussI lour de (12 à 1 3 tonnes) à travers champs, l e projet fut ajourné. P,en dant ce temps, le Sous-Préfet, saisi de la question, faisait savoir que la Commission des Antiquités et Arts de Seine-et-Oise deman dait que le men hir ne fût pas· déplacé et rappelait à la muni cipalité, le 30 mars 1884, quelles garanties de conservation elle devait employer p our le préserver. Malheureusement, au bout de quelques anné es d'entretien sommaire, ce monument tomba encore une fois dans l'oubli . En 1 8 9 7, l'entreprise Morillon et Corval fit l'acquisition d'une super fic ie importante de terrai n dans c e lieu-dit, en vue d'en extraire le sable sous-.iacent; c'est alors que la p arcelle sur laqueLle le menhir se trouvait p lacé dev.int la propriété de cette Société qui, n e ten ant pas. compte de sa valeur archéologique. procéda à son déplacement afin qu'il ne soit plus un obstacle à la manœuvre des dragues, fonctionnant à proximité. Actuellemenf, la « Pierre-Fitte » se trouve isolé e sur un p e tit îlot auquel On ne peut accéder que difficilement en barque; et, étant donnée la quantité de sables, de ron ces et d'arbustes qui l'entourent, elle est complèt ement soustraite à la vue du public! Le p rojet de sa translation a été de nouveau reJ;>ris au cours de l'année 1 947 et les Beaux-Arts pa'M'tissent disp oses à autoriser son transfert sur la place de la viei.Jle église qui est, de toute évidence, 'le lien le mieux i n diqué p our recevoir ce vénérable monument, puisque c'est à cet endroit que fut découvert, il y a quatre-vingt-dix ans, au cours de fouilles nécessItées p ar la désaffection de J'ancien cimetière, l'emplacement d'un véritable . village celtique. Il serait souhaitable que les démarches administratives qui sont en cours et, hélas! s'éternisent, puissent aboutir rapi dement, afin que ce vestige du passé soit préservé d'une des truction à peu près certaine et fasse revivre les antiques origines de n otre Cité parmi les p opulations de notre région. Paul CSERY.
PARAY ET WISSOUS ÉTUDE HYDROGRAPH IQU E Les communes de Paray et de Wissous, limitrophes du dépar tement de la Sein e, sont situées à l'extrême nord du canton de Longjumeau, à environ 16 k.ilomètres de Paris. L'ensemble de ces deux finages de la Plaine du Longboyau, compris entre les Routes Nationales N° 20 (d'Orléans) et N° 7 (de Fontainebleau), offre un e remarquable surface p lane d'une altitude moyenne de 85 mètres qui n'est détruite sur Wissous que par la b utte sableuse du Tartre ou Montavas (au sud-ouest : 1 01 m.) et 'par les petits vallons aux pentes très douces dans lesquels se logent le village et les différents ruisseaux qui arros·ent la ,localité. La partie .la plus basse, sise exactement à l'extrême nord du terroir de Wissous, culmine à 52 m. au lieu dit « la Prairi e du Moulin de Sainte -Joie ». Si le territoire de Paray se fait remarquer p ar un manque total d'écoulement sup erficiel, il en est tout autrement de celui
- 92 de la Commune de Wissous où la nature argileus e de certaines p arties du sol, en p articulier les affleurements d' arg i l e verte (Sonnoisien inférieur ' mmb) .sur le versant des coteaux, déter mine p l usieurs s ources et suintements formant, avec les eaux amenées du dehors par un a·q ueduc souterrain, trois p etits cours d'eau d'un volume très variable (1), ---
L e premier de ces ruisseaux, le Rui s seau de la Fontaine, dont les eaux tirées du territoire de Morangis à s a ' limite avec Chilly Mazarin viennent, après u n parcours souterrain d e plus de 2 .0 0 0 mètres, alimenter la fontain e d e Wissous ( 2 ) , coule du sud au nord à travers Je village où i l dessert p lusieurs 'lavoirs, abreuvoirs et pièces d'ea u ( 3 ) , A sa sortie du village, il prend le nom de Ruisseau des Communes j u s qu'à sa rencontr e à angle droit avec celui des Jumeaux ; et son p arcours sous ces· deux noms est d ' environ 1. 75 0 m ètres, Le de uxième, le Ruisseau de M o rvilliers, prend n aissance sur Wissous, s e dirige également du sud au nord et, après un trajet de 7 0 0 mètres, vient s e j eter lui aussi dans le Ruisseau. des Jumeaux, Le Ruisseau des J umeaux, qui prend sa source sur le ter. : ritoire de Rungis dont il .l>lIit la limite sur un p etit p arcours, est le « fleuve » du p ays ; il se dir.i ge de l'est à J'ouest jusqu'à sa rencontre ,a vec celui des Communes au bas de l a Côte d e Montj e a n . A cet en droit, augmenté ·e ncore d u Ruissçau de Mor villiers, il traverse l e ' p arc de Montj e a n e n rivière anglaise et, prenant alors le nom de l'ancien M oulin de Sainte -Joie qu'il faisait tourner près le chemin de Fresnes, il p oursuit son cours au pied du coteau de Montj ean p o ur s e rèndre sur la Commune d e Fresnes où, après '<lvoir a.Jimenté la piscine, il devient affluent de la Bi èvre. So n parcours sous ces deux n o ms , e st de 2.400 mètres. Il existe encore sur Wissous les Rûs Poirier, des Petits Marchais et du Bois Charlet qui, en hiver ou lors des grandes pluies, viennent ajo uter aux p etits volumes d'eau des. ruisseaux des Communes et du Moulin de Sainte-Joie. Il convient de mentionner enfin l a fontaine publique de la rU e de la Vallée (rue du Général-de-Gressot ) , dont les eaux p articulièrement goûtées par les habitants de Wissous, sont captées souterrainement au lieu-dit « la Fontaine d'Orme » (4 ) . ***
L'intérêt de cette courte étude sur les sources de Wissous dépasse celui d'un e simpl e questi on d'hydrologie : elle permet de mettre en évidence certains faits qui ont trait à l'ensemble (1) Cette oétud'e a été faite ,e'n s'ins.pirant de la Carte agricol e, par cellaire, statistique des Communes de Wissous et Paray, dressoée en m ars 1850 par .J·.-B. Richard et L. Richard de Jouvancc et complétée grâce aux renseignements ·fourn i s fort a imablement par M . Georges Ronsseau. (2) Au lavoIr de la rue Paul-Doumer (ancienne rue de la Fontaine) . Cette conduite souterraine, dont �'apport e st pratiquement inépui sabl e, est caradérisée par J'abondance de son d ébit. (3) ,Lavoirs de la Fontaine, du Rft et dei lIa rue de l'Am iral-Monchez . . (4) Cette eau eX!cellente est amenée par une canalisation souter rain e qui trav,erse le p arc de!! Etang s. Le propriéta ire de c e domaine est tenu à surveiller le bon foncti onnement d·e s conduites et des rega·rds en vertu d'un Arrêté communal .
- 93 de la Plaine du Longboyau. Quelle différence n 'y a-t-il pas, en effet, entre la p artie centrale de cette p etite région, absolument plate et dénuée de tout drainage superficiel, et les coteaux qui la ceinturent, où l'affleurement des marnes verte s donn e nais sance à une véritable floraison de sources ? Cette remarque est grosse de conséquences, car, abstraction faite des lotissements qui ne tiennent p as compte des condi tions naturelles, c'est la position de ces sources qui a fixé autre fois celle des établiss e ments humains : tous les vUlages de l a Plain e de Longboyau sont installés près de ces coteaux, alors que la p a rtie centrale ne fut j adis occup ée que par d e rares ferme s (Saussaye, Contin, Champagne) ou par des auberges dis. séminées l e long de l a Grande Route de Lyon. Les sources de ·Wissous ont enfin un intérêt historique, puis que, comm e l'a montré M. Lemoine dans un article récent, c' e st de cet endroit que p art aient les con duites qui, du temps des Romains. alimentaient le s Thermes de Lutèc e . M"e L .
B ONZON, Institutrice.-
T RA F I C BAN L I E U E E N GA RE DE J UV I SY ( Février 1 947 ) Il e st difficile de mettr e en évidence le trafic « voyageurs » de la gare de Juvisy avec des élém e nts rigoureusement compa rables, en raison de la répartiti on des voyageurs en Abonnés (ordi naires ou hebdomadaires) et en Voyageurs avec biIlet . Le « Mouvement » des voyageurs (exp édiés et reçus ) repose sur d e s hypothèses que la réalité ne confirme pas toujours . Aussi, semble-t-il rationnel d'utiliser de s éléments qui n e nécessitent aucune hypothèse, afin de matérialiser le trafic de cette gare. Le m ois de février est de tous les mois celui pendant lequel aucune p erturbation n'est général e ment constatée dans le trafic des voyageurs. « A » de s abonnements en vigueur au le, février donne l e nombre des Abonnés ordinaires (1.252.). 2 ° Le nombre « H » des abonnements hebdomadaire s est celui de la, premièr e semaine d e février (5 .442). 3 ° Les billets délivrés en février p e rmettent de déterminer un nombre j ournalier « B » de voyageurs de banlieue ave c billet (55. 8 2 1 biUets p o u r la b anlieue ) .
1 0 Le nombre
L e s éléments « A » , « H » e t « B » nous donnent la phy sionomie d e la j ournée « normale » du trafic de b anlieue. Le nombre « V » = B + H + A représente le nombre maximum de « voyageurs » susceptibles d'emprunter en semain e les trains d e banlieue. Il représente aussi, approximativement, le nombre moyen des « habitants » d'une localité utilisant une station déterminée. En février 1 94 7 , le nomnre « V » des voyageurs était d e : V = A + B + H = 8.618.
L . BRUNEL.
R EC E NSEM E N T D E LA POPU LATION CANTO N DE LON GJ U M EAU
D epuis d i x a n s , on n'avait p u pro céder à un recensement gé n éral de l a p opulation, p a r suite de l a guerre. Le recensement du 10 mars 1 94 6 viént de combler cette lacune . Nous sommes heureux d'en publier le s éléments intéressant le Canton de Longj umeau .
C O M M U N ES Abl on-sur-Seine . . . . . . Athis-Mon s . . . . . . . . . . . Ballai nvilliers . . . . . . . . Champlan . . . . . . . . . . . Chilly-Mazarin . . . . . . . Epi n ay-sur-Orge . . . . . . Fleury-Mérogis . . . . . . . Grigny . . . . . . . . . . . . . . Juvisy-sur-Orge . . . . . . Longjumeau . . . . . . . . . Longpont . . . . . . . . . . . . Massy . . . . . . . . . . . . . . . Morangis . . . . . . . . . . . . M orsang-sur-Orge . . . . . Paray-Vieill e-Poste . . ' Ste-Geneviève-des-Bois . S aulx_les-Chartreux . . . Savigny-sur-Orge . . . . . Villemoisson-sur-Orge . . Villeneuve-le-Roi Villiers-sur-Orge . . . . . . Viry-Châtillon . . . . . . . Wissous . . . . . . . . . . . . .
Population totale
1 93 1
1 9 36
2.246 10.033 665 97G 1 .50 7 3.167 324 1 .305 8.143 3.106 873 4. 5 8 9 2.0 4 :l 2. 7 9 9 3.207 5.567 1.1U 1 1 .,58 2 1 . 5 4 ::; 1 3. 747 5 26 8 .442 1 .426
2. 1 9 3 1 0 .962 688 981 1 .68 1 3 . 944 238 1 .042 8.531 3.014 921 4.480 2.706 3.61 1 4.447 7. 3 90 1 . 1 86 1 3 . 0 :� 9 1 .683 1 4.400 517 9 .234 1 .500
1 946 2.63 7 8 .41 4 680 978 1 .69 7 3.64 9 201
1 .007 7 . 813 3.0 1 0 979 4.1 9 8 2.466 3.61 1 4.2 1 1 10.675 1 . 1 72 14.554 1 .88\) 14.794 53 5 9 .495 1 .505
,
Gain ou perte
+
-
+
-
+
-
444
2 .548
�I 3
16 295 3 '1 35 713 ·1 58
282 1 240 1 2 :1 6
+ 3.28 5
-
14
+ 1 .5 1 ,5
+ +
+ +
+
200 394 18 26 1 5
'I
Malgré une diminution sensible de l a population dans, c er tain e s communes p articulièrement affectées p ar les d estru c tions d e s bombardeme nts (Juvisy et surtout Athis-Mons.) , la p opulation totale du Cantcn accuse p ourtant une augmenta tion légère, puisqu'elle passe de 9 8 . 3 8 8 à 1 0 0 . 1 7 9 habitant s . A cette date, VersaiUes, chef-lieu d u départem e nt, atteignait 7 0 . 1 41 habitants et l a p opulation d e l a France s'élevait il 40.51 7.923 habitants, soit une densité de 74,77. N otre p ays enregistre donc une diminution de 1 .38 9 . 1 3 3 habitants qui est, e n p artie, le résultat de la guerre. L. . LAMARQUE.
L ES'
A RMO I RlES ' ·
D E NOS CQMMU N ES : La C ommiss ion d'Héraldique de S.-et-O .; creee paor, arrê té préfectoral du 5 avril 1943, s'est ' donné p our tâche de vé d,fi er" , rectifier, comp léter et composer des armoiri es , p our' 'les Com mimes de notre département. Nous ferons conn aître à nos lecteur s , les blasons déjà p arus dans les fascicules p ubli és par ' c'eUe :Commission et intéressarit notre région. , A tout seigneur, tout honneur ! Notre prés'ente série est con sacrée aux armoiries d es chefs-lieux admini stratifs dont dépendent n o s Communes. ,
,
'
VERSAILLES (Chef-lie u du
D6partement) :
fleurs - d e -Iis d 'or, au chef d'arg ent chargé ' phale, issant, au naturel.
D'azur à trois d'un coq bice �
, A rmes c h o is ies par la Munic ipalité de Ve rs ailles le 15 sep ten.lbre 1 789. L e coq bicé pha le issant sym bolise les libertés nm ss ant e s . C ORBEIL
( Chef-lieu
d'Arrondissement)
:
au naturel, chargé ' d'une fleur- d e - Iis d'or.
D'azur
au
cœur
Armes parlantes ayant pour origine ,c elles de l'anc ienne c o m pagnie d'arq uebusiers. Différentes figurations ou descriptions indiquent un c œ ur de gueules (c'est ainsi d'ailleurs que nous l'avons représenté) , ce qui cons titue une infrac tion aux règles héraldiques d'alternance. , La Comm iss ion, en maintenant des arm es d'usage anc ien, a rectifié la nat ure des émaux en indi ' q uant le c œur « au, naturel » . ,
LONGJUMEAU (Chef-lieu de Canton)
D'argen t semé de, trèfles de gueules, à deux taux de m ê m e en chef et, en ' pointe, deux papegais affrontés de sinople . :
A rm es des G aillard de Longjumea u.
Une simple ' couronne mural e à trois tours p O,sée directe ment sur l'écu est le seul ornement extérieur de ces blasons qui rappellent d'une façon si p arlante certains traits de fhis"" , ' toire ' de nos localités . L . BRUNEL.
C HATEAU B R I AN D A SAVI GNY-SUR-ORGE
j
Il Y a exactement un sièc le, . le 4 uillet 1 848, Franço is-René de Chateau.brian d mo urait à Paris. D'imp ortantes man.i esta lions littéraires ont é vo q ué c e tte date avec s o lennité . La Société app orte une c ontrib utio n mo deste à c e t anniversaire et salue la mémoire du. grand é crivain, en s o u venir du s é our dé licie ux q u' i l passa dans notre pays.
f
j
Les commentateurs de la vie et des œuvres de Chateaubriand ont p arlé plus ou moins longuement d e son séjour à Savigny sur-Orge ; lui-même l'a évoqué dans les M é mo ires d' O u tre Tomb e et tous les b iograp h es de M""e de Beaumont qui l'hébe r gea six mois entiers dans ce village ont tiré du fait la m atière d'un des chapitres les plus intéressants d e l'existence d e celle qui fut et resta l'Hirondelle de Chateaubriand ( 1 ) . C'est e n effet dans le courant d e 'l'été d e 1 80 1 que l e domaine d e Courte-Rente abrita les amours fraîches écloses d e Pauline de B eaumont et dé Chateaubriand et vit la refonte tob l Ie du Génie du Christianisme, m i s définitivement au point dans c e c a d r e e nchanteur. Dans le s M émo ires d' O u tre-Tomb e, Chateaubriand a décrit en ciJuelques lignes c ette maison où il p assa avec <l a j eune femme un eté inoubliable . Elle était s ituée à « l'entrée du village, du. c ô té ·
d,e Paris, près d' un vieux grand chemin qu'on appeUe dans le palfs, le chemin de Henri IV; e lle était adossée à un c o teau de vignes ·e t avait en ac e le parc de Savigny terminé par un rideau de b o is et traverse par la petite rivière d'Orge » (2).
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Après les heures d e travail acharné qu'il cons,acrait à la ' rédaction de son ouvrage, les deux amants exploraient les en vi-. rons. « To ut auto ur de c e pays, on trouve des vallées où nous
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allions le s o ir à la dé couverte de q U'e l u e s promenades nou velles », n ous conte 'Chateaubriand. AUSSI, quand. le soleil com
mençait à descendre sur l'horizon, on les voyait au b ras fun de l'autre, traverser l es sentiers, p arcourir les champ s et les bois, s'arrêter et s e reposer dans l es beaux sites des alentours, s'entretenir et s'aimer en face de l'immortelle n atur e. Pour tous deux -- on p e ut l'affirmer -, ces six mois res tèrent p arés d 'un reflet incomparable et furent les meilleurs moments de leur existence. Chateaubdand connaîtra bien d'autres aventures, m ais j amais rien ne devait faire pâlir à ses yeux tle s éj ou r de Savigny . . J. JANVIER. .
(1) RIseH (Léon ) : Chateaub r iand à Savigny-sur-Orge (Extrait de la Revu e de l'Histoire de Versailles et d e Seine-et-Oise, année 1 9 3 1 ) . (2) La maison de Courte-Rente, dont J,e j ardin s'étendait d u 5, rne Chatea.u briand ( Ma as n « S avigny-Mobilier :.) u u a bont de c ette rue, fut démolie en 1 9 0 4 et. l'année suivante, s'e s pierres s·ervil'Clnt en partie à la construction de ,l'Hôtd d s P o stes de S avi n . A peine quel ques t,é moins de cette vieill e deIileure s ont venus j u s qu'à o s : nous faisons s urtou allusion à la ra e porte d'entrée à barreaux toute rouillée, qui ·est maintenant entré e dans l'histoire de n otre Cité.
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Q u;i maxime mundo s e rv it a m u ndo de c ip itur maxime Testis ejus praes idis Brissonis acerba et violenta mors .
Pierre de J 'EstoHe.
BARNA B E B R I SSO N
SEIGNEUR DU BREUIL, EPINAY ET AUTRES LIEUX
de 1577 à 1591
Pour financer l a lutte qu'ils menèrent contre les factieux durant les guerres religieuses g;u i ensanglantèrent notre pays pendant plus d'un quart de siecle, 'Charl es IX, en 1568, et Henri III, e n 1577, durent s e faire octroyer par l e Pape l'au torisation d'aIiéner des domaines e cclésiastiques. Cest ainsi que, sous ce dernier monarque, l'abbaye de Saint-Germain-des Prés de Paris ayant été taxée pour une somme de 6.318 livres, le cardinal de Bourbon, alors abbé de Saint-Germain, se trouva dans l'impossibilité de réunir les fonds nécessaires au p aie ment de c ette imposition extraordinaire. II dut se résoudre à la vente pure et simple d'une p artie des b iens de la Commu nauté ; le 2 1 mai 15 7 7 par-devant l'archidiacre de Josas, repré sentant du Roi, du Pap e et des Evêques de France, Barnabé Brisson, alors avocat général 'au Parlement de P aris, devint, moyennant remise d'une somme de 6.840 livres tournois, pos sesseur de l a seigneurie du Breuil, Epinay-sur-Orge et autres lieux, p ropriété des moines de Saint-Germain�des-Prés depuis , Pépin le Bref ( 1 ) . Fils d'un conseiller e t assesseUr a u siège royal d e Fontenay le-Comte, en Poitou, le n ouveau châtelain était né dans cette ville e n 1531 . II était déjà for t connu par la p ublication de nombreux travaux de j urisprudence parus. sous l e règne de Charles IX et il avait été nommé en 1575 par Henri III avocat général au P a rlement de Paris . Peu après son ac quisition du B reuil, il e ut à s outenir un p rocès contre le p révot de Mon t lhéry, représentant du Roi, qui prétendait lui enlev e r les droits seigneuriaux de h'aute, moyenne et b asse justice attachés à l a terre du Breuil. Par arrêt du 1 3 août 1 5 7 9 (2), le Parlement donna gain de cause à Barnabé Brisson en faisant inhib itions
et déf enses aux offic iers de Mon tlhéry de tro u b ler ledit Brisson dans l e xerc i c e de ses droits de s e igne ur haut justic ier et châ telain . '
Déjà conseil ler du Roi, il devint présid ent à mortier en 1580 e t fut chargé par Henri In, qUi le prisait fort, de présider Une commission chargée de réunir les anciennes ordonnances royales et de condenser en: un volume celles dont l'utilité ou l a nécessité p araîtraient incontestables . , En trois m o i s de temps , ce long et laborieux travail de ' recherche e t de classement fut mené à bien par Brisson et p ublié sous le titre d e « Code ' Henri » . Ce légiste, dont le roi Henri III disait qu' il n 'y avait aucun
prince dans le m onde qui p ût s e vanter d'av o ir un homme aussi savant que s on Briss o n, j ouissait de toute l a faveur royale.
Et pourtant, aux j ours d'adversité, il abandonna son p rotec teu r : faiblesse et p eur, ou dissimulation e t intérêt ? La p ostérité luÏ -est dure 'dllns l'appréciation de sa conduite en 1 589, après la journé e des Barricades et le départ de Henri III, contraint de , �uitter Paris. (1) Arch. Nat., S. 2198. (2) Id., SJ Xia 50087 fo 99. -
Lorsqu e Bussy Le Clerc et ses « satrapes » , après avoir mol e sté le premier président Achill e du Harlay, les préside nts P otier et de Thou et une cinquantaine de conseillers du P arle m ent, les eurent con duits à la Bastille et se mire'nt à fo urrager les meille ures mais ons de la ville principalement ce l les où ils scavo ien t q u' il y av o i t des escus, cent vingt conseillers du Par lement siégèrent le lendemain c omme de coustume.
B ARNABÉ BRIS S ON
Ce Pa r l eme n t imaginaire, a ssem b lée d'esc laves, cauaille pros Utltée, comme le qualifiè si vigoureusement l e chroniqueur Pierre de l'Estoile, choisit comme premier président, pour rem- ' placer AchiUe du Harlay, embastillé, Barnabé Brisson que son prédécesseur affligea depuis lors d u sinistre prénom de Barab bas, au lieu de Barnabas ! I l accepta l a présid e nce qui lui était offerte, se contentant, p'ar . un acte rédigé en secret p ar-devant n otaires, de protester de s a loyauté envers l e Roi. CeUe p r otestation écrite et signée par Brisson en sa maison le 22 j anvier 1 589, en présence d e Maîtres Luss()n et Le Noir, notaires , en voici l e texte rapporté par l'Estoile : « Je s o u ssigné, déclare q u'ayant consulté e t tenté to u s les moiens à m o i poss i b le s po ur sortir de cette ville, à fin de m' exempter de faire ou d i re chose q u i pe us t offenser m on Ray e t s o u b verain s e ign e u r, leque l je veux s ervir, o b é ir, res pecter e t recognoistre toute ma vie, dé t estan t to ute re bellioll contre lui, il m'a esté impossible de me p o u v o ir re t i r e r et sau ver Et afin q u'à l'avenzr ma demeure e t rés idence en cesle ville n e me so ient im put és à blasme, don t j'appelle Die u à tes.
...
- 99 ' m o i n, qui cognoist l'intérieur ' de mon c œ ur et la c andeur, pureté et s in cérité de ma c ons c ience, j'ay escrit et signé la pré sell te protestat i on, v o u lant qu'elle serve p o ur tout le temps tutIll'. » Le Parlement fit le serment de vivre et mo urir dans la reU-' gion catho lique et de poursu ivre p ar to utes voyes les auteurs dl( . mw:sacre de Blois ( 3 0 janvier). Le 1 3 m ars suivant, Brisson fit répéter mot à mot le texte du serment 9;ue prêta, devant le P.arlement, le duc de Mayenne nommé lIeutenant général de l'es tat r o v al et c o uronlle de France par le Conseil de l' Un ion des prznces, pré lats et oNi c iers catho liques du royaume joints et u nis avec la p lupart des bfJn ne s v illes. A ces manifestations hostiles, Henri III répondit par u n édit ordonnant au Parlement de P.aris de se rendre à Tours, pour le 1 5 avril : « .To us les officiers de la c o ur du Parlemen t de Paris, de quelque rang qu' ils soient, de vron t s e rendre à To urs dans le quinzième jOlll' du moi s d'avril prochain, horm is ceux qui sont dét.e nus en prison p o ur s' être montrés fidèles à leur Roi légi tim e et. naturel. » Et le 18 avril, à . la séance d 'ouv erture dans l'abbaye Saint-Julien de Tours, quelques magistrats qui avaient pu s'.échapp er de la Cap itale entouraient Henri III qui prési dait ' lui-même, mais Barnàbé Brisso n n'était pas là. Pen dant deux années (1590 et 1 5 9 1 ) , il servit les intérêts de la Ligue dont· les p ersécutions., les supp lices, les m eurtres susci taient, du moins chez ceux qui aspiraien t à la paix intérieure, des résistances encore hésitantes. Certains membre s du P arle ment jugés trop tièdes furent v i ctimes de proscriptions et se montrèrent auss i pressés de s'en a ller que ' le urs ennemi� prompts à les chasser. D'ailleurs, l'attitude du Parlemen t dans l'affaire Brigard, ancien procureur du Roi à l'Hôtel de Ville, fut consi dérée p ar les « Seize» (3) comme un défi porté à leur autorité et redoubla leur fureur! N 'avait-il p as osé absoudre un homme accusé d'en tretenil' des intelligences avec le « . Béarnais » et ses affidés (il avait écrit u ne leUrc à u n de ses on cles, royaliste, a u camp de. Saint-Denis). Cet acquittement provoqua don c une réaction vio lente contre le Parlement et le prési dent Brisson fut :p articuliè rem ent visé par 'les menaces que proféraien� sans arret les plus enragés. (A suivre .) M. LEROY.
L'ACTUALITÉ LOCAL E I nauguration d e l'Aérogare d e Paris-Orly.
L a nouvelle Aérogare de Paris-Orly a été inaugurée ole m e rcredi 26 mai p ar les membres du Gouvernement et les personn alités aéronau tiques. . Depuis le 1 er. avri l le publ i c es t admis à p énétrer sans laissez -passer dans l'Aérogare et à ·circuler d ans une zon e aménagée p ermettant a u x visiteurs d e voir d e très p rès les appareils. -
(3) Le� « S eize » , m eue'llrs de la Ligue à Paris form;lient un véri table Gouvernement o cculte tout à l a dévotion des Gu1.se. Les vio-_ len,ces 'et Jes exàctions auxqueltl e s il s se l ivrè'r�nt notamment 8,1}rès la j ournée des Bal'I"Ï cades, ,l'assassinat des Guise à Blois eL le meur tre de Henri . I I I par Jacques Clément -furent teUes qu'elles inquié tèf\elllt bon . n onibre de leurs partisans, qui furent tout nature l l e m '!'nt taxés de tiédeur et traIt é s avec rigüC'll'r .
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L ES BABAS G LAC ÉS D' ÉTAM PES ou
LE P R EM I E R
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B U F F ET » DE GA R E
Lors de l a mise en service de la ligne d e Paris à Orléans ( 1 843) , il avait été prévu qu e les trains de voyageurs station neraient à Etamp es p e n dant 1 0 à 1 5 minutes afin de procéder à l'échange des machines. La Compagnie concessionnaire eut l'idée d'utiliser ce station n e ment p our offrir aux voyageurs un « buffet » , comme il e n existait déjà en Angleterre sur certain es lignes de chemin de fer. C ' est à cette initiative heureuse que remonte la création du premier « buffet » dans une gare française . Dès son ouverture, i l bénéficia d'une très grande vogue. U n ancien artiste culinaire du Café de Paris, d e gran de renommée à l'ép o que, avait été préposé à l a préparation de gâteaux qui étaient p articulièrement goûtés. Le Jo urnal des Chemins de fer du 2 septembre 1 843 les appréciait ainsi : « Ce b uffet to ujo urs prêt, to ujours garni, offre aux v oyageurs des p âtisseries déli cieuses e t s urto u t de s petits b a b as glac és qui auront b ientôt conquis une grande réputation. On dira b ien c ertainement les bab as glacés d'Etampes, c o mm e on dit les babas de Sturmer, les gâteaux de Pithiviers, les bisc u its de Mennecy. » Ce j ournal n e se contentait p a s d'inviter les voyageurs à se déle cter de babas succulents ; il v antait aussi les bienfaits d'un arrêt du convoi employé e n ces termes : « L e pu,b lic a go ûté cette importation anglaise ; c e c o urt temps d'arrêt é tait néces saire, il permet de c omp léter 'un déjeuner pris à la hâte, c o up e agl'éablement l e voyage, donne. le moyen de se délqsser et t o ut le monde y tro uve son compte, car, il faut le rec onnaître, la faim et la s o if ne sont pas les seules né cess ités impé rieuses auxque lles nous somm es s o umis . . . » C'était encore l'époque, imprégnée de cette douceur de vivre, où l es voyageurs n'étaie nt p a s dévorés, comm e de nos j ours, par le démon de l a vitesse et où ils continuaien t à conserver le s vieille s habitud.e s des d iligences laissant, p e n dant 'l e s haltes aux relai s de che�aux, le temps d'admirer un bea u paysage, d'interroger l e con ducteur sur l'historiqu e d'un site remar quable, de prendre un léger repas dans une auberge hospita lière et p ermettant ainsi d'assister à des épisodes don t l'esprit conservait facilement le souvenir . Mme V. KERIVEL.
B I B L I OGRAPH I E RÉGIONALE (Suite)
7 . Bulle tin Folklorique d'lIle-de·Franc e (Rodez, P . Carrère, 1 0' année, n ° 1 de j anvier-mars 1 948, 24 p ages ) . Revue trimes trieIle de la F édération du même nom ; s'adresser à M. Lecotté, 38, rue Truffaut, P aris (XVII") . Mme D. AUGIER.
J UV I SY,
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MAQ U ETT E » D E V E RSAI L L ES ?
Selon une tradition erronée et malheureusement fort répandue dans les milieux .férus d'histoire locale, le roi Louis XIV aurait eu l'idée d'établir à Juvisy l e château et l e parc qui s'élevèrent à la même époque à Versailles, près des s ources du Rû de GaIly. Les · lamentables v estiges que n ous voyons en core seraient ainsi les restes d'une v éritable « maqu e tte » de ce projet. Il est certain que cette entreprise aurait quel que p eu modifié les destinées de n otre agréable Cité. Mais l es faIts et les docu ments ne p euvent étayer solidement une traditi o n qui n'est que pure légen de. D e nombreux historiens l o caux l'ont p ourtant adoptée avec enthousiasme, si bien qu'elle a fini par prendre corps et s'ancrer délibérément dans les esprits. O n J? eut leur reprocher simplement d'avoi r été les esclaves d'un prédecesseur, dont l'impartialité les a empêchés d'aller à la. v éritable source des faits. D'aucuns nous ont fait remarquer ·qu'il était inutile de prendre trop à cœur de savoir si oui ou n o n Louis XIV avait e u l'in tenti o n de p rendre Juvisy p ou r y construire son château et y installer la Cour, p arce .qu'il nous s erait imp o s sible de p rouver le c ontraire . Or, nous p ouvons leur r ép o n dre à notre tour qu'il
n'existe aucun document permettant d 'affirmer p éremptoi rement que Juvisy ait attiré l'attention du Ro i-Soleil au, point qu'il ait voulu en faire le siège de sa Cour et de son Gouvernement !
Ceci nous a d'ailleurs amené à reprendre poin t par point et avec minutie le s divers éléments, qui ont abouti à créer ce fanx « fait historique » . Ce travail, e n raison, même de son ampleur, est loin d'être terminé ; nous j ugeons utile toutefois de mettre sous les yeux du lecteur un document qui confirme notre thès e d ' u n e f a ç o n catégorique.
En 1657, Pierre P errault, receveur des finances, faisait cons truire à Viry une belle maison de campagne et l'histoire nous appren-d qUj:l c e fut son frère Charles, l e célèbre auteur des Contes de ma m ère l'Oye, q:ui dirigea les travaux. Ce fait nous permet de connaître le célebre littérateur sous u n j our plutôt inattendu : Charles P errault avait, en effet, un p enchant très marqué p our l'architecture, dont il s'occupait non p oi nt en dilettante puisqu'il fut nommé par Colbert premier commis de l a surintendance des bâtiments. C ' e st grâce à son ouvrage Mémo ires de ma v ie que l'on peut se f ât re une i dée de ses a ctivités dans C e domaine et surtout des différents projets qui furent élaborés p our les b âtiments royaux. S i le « {> rojet J uvisien » avait quel Q,ue peu effleuré l'esprit de Loui s XIV, Charle s P e rrault aurait eté le p remier à en être in form é ; or, nulle trace de ce dess e i n dan s ses Mémo ires, tout au moins en ce qui concerne Juvisy. Au contraire, Charles Perrault nous fai t p art, sous le titre « Pensé e d' une maiso n royale » , d'une proposition curieuse que lui fit un homme qui s'offroit de {aire venir sur le haut de Paris la rivière d'Etampes en lui faisant trav e rser l'Orge sur un aque duc p assant entre Savigny et Viry. Lisons plutôt son exposé à ce sujet !
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« C e la -m e fit naître une p ensé e q u'on pourro it bâtir en c e t endroit la plus b e lle maison royale qu'on p uisse imaginer, à cause du b onheur de sa s ituation e t de l'amas des eaux qui s'y rencon trent, savoir : la riv iè re d'Orge qu i passe dans une des plus b elles prairies du. monde ; la rivière d'Etampes qui vien dro it la traverser et p assel' par dess us par des aq ueducs qui, étant fort larges; fero z ent un canal dont les ea Ux iro ien t faire des effets d'eau prodigieux dans un cana l de q uinze ou s ei.:e cents to ises de long (1) et de cent to ises de large (2) que for mero it la rivière d' Orge . L es deux c o teaux des côtés, celui de Viry et c elui de Savigny , où il y a un monde infini de s o urces (3) , sero ient ornés d' une infinité de fon taines. L e .c hateau seroit p lanté SUI' le s o urc il du c oteau de Savign y, au s o leil levant, et uuro it to ute la vue de la riv ièr e de Seine jus q ue et au-delà même de C orbeil. Il auro it d' un côté la forêt de SéquignU (4) , de l'autre c e ll e de Sénart qu'un pont S UI' la rivière de Sein e u niro i t l' une à l'autre . Si j'eusse eu le temps de faire un plan de to tit c e que j'av o is imaginé, comme on étoit en b ranle de q uitte r Versailles, en
ce temps là, pour aller bâtir dans u n terrain plus heureux,
peut-être auroit-on choisi cet endro it. La pensée de faire venir la rivière d'Etampe s le long du coteau n'allo it q u'à emb ellir ainsi Paris. La prop osition ne f u t p a s écouté e . Cependant la chos e es t très faisab le e t seroi t d' une très grande b eauté et d' une p lus grande util ité enc ore. »
TI en résulte qu'il n'y a rien de commun e htre ce projet e t l'amén agement du domaine de Juvisy, dont l'embellisse ment revient exclusivement à son seigneur, le président Rossignol. Le s Juvisiens son t donc en droit de se deman der comment une telle tradition a pu n aître; et, reprenant les termes mêmes d'une le ttre fort aimabl e de M. le .Chanoine B audet, Vicaire Général de :\igr l'Evêque de Versailles, qui a évoqué si s'ouvent le p assé historique de Juvisy, o n dira peut-être qu'i l n'y a pas de « fumée sans feu » : c'est p o urq u o i il s erait c urieux de c her cher dep uis q uand cette « fumée » est apparue dan s la tradition lo c ale et nous po urrions alors lu i demander de quel « feu » e lle ém ane ! C'est précisément l e bu t d e n otre enquête, dont l e s résultats et l a critique p araîtron t in extenso dans le s Bulletins de la Société. L . BRUNEL.
. (1) E n v i r o n 3· km . (2) Environ 200 m ètre s. (3) Au niveau des m a rn e s vertes. Lire l ' a r tic l e s u r l'hydrogra p h i e d e Parav et Wissous. .(4) Fôrêt d e Saint.c'-Geneviève. ;� �
PO RT�AV I AT I O N ou
LE P R EM I E R A ÉRODROME DU MO N DE
( 23 m a i 1 909 ) La conquête d e l 'air est l'une des p lus gran des dates dans j'histoire de l'humanité. Comment ne pas être fiers, en effet, d'une ép o que qui a su réaliser un succès p oursuivi depuis tant de . siècles par d es savants jusqu'alors traités d e rêveurs ? En l'an de grâce 1 908, bien que ·cette conquête n'en fût e n core qu'à ses débuts, on prêtait déj à beaucoup d'attention aux exploits des aéroplanes, dont chaqu e envolée, si minime fût-elle, suscitait l'enthousiasme délirant des forues p our l e s hommes vo lants. C'était la période héroïque où toute s l e s publications se fai saient un devoir de consacrer de l o ngues chro n i ques à chaque essai d'aérop la ne et où les j ournalistes sp ortifs, littéralement sur les dents, couraient de terrain en terrai n p our saisir sur le vif des décollage s trop souvent problématiques. Assistons d o n c aux débuts des C onquérants de l'A ir, à leurs ess a i s et à l eurs exp l o its, avec d'autant plus d'i ntérêt que c'est à notre p etit coi n d e banlieue que revient l'honneur d'avoir p o s sédé le premier Aérodrome du monde : Port-Aviation. _
Un mati n d'aoû t 1 906, l es promeneurs s'arrêtaient surpris devant u n étrange appareil que M. Santos-Dumont venait d' ame ner sur la p elouse de Bagatelle. Trois bras ouverts en éve ntail , sortes de l o ngues boîtes dont l a carcasse de bois léger était ten due de toile blanche ; ail centre, un moteur à essence et une étroite n acell e ; à l'arrière, une hélice ; e n dessous, troi s p etites roues de b icyclette. Attention ! Voici que le moteur ronfle, l'hél i ce tourne ; l a m a chi ne s'ébranle, roule sur le gazon . Tout à coup, l ' avant de l'app areïl se d resse ; à son tour l ' arrière se détache : l'app areil t o ut e ntier s'élève , i l plane, il vole ... Comb i e n de temps dura c e « vol » ? Qu'imp orte ! C' était l a victoire. Sans l e secours d'aucun b allon, un homme avait pu voler dans u n « plus lourd que l' air » ! Ce 2 2 août 1 90 6 , l'avia tion était née •
. E n 1 9 0 7, l e s Blériot, l es Farman, les Delagrange avaient pu Se contenter du champ de ' m anœuvre d'Issy-les-Moulineaux; mais, déjà, dès 1 9 08, i l avait fallu à Wilbur Wright l e s va&tes espaces des Hunandières et du Camp d'Auvours, près du Mans. Aussi , devant l'attirance des sp e ctacles aériens et l'augmen tation rapide du nombre des appareils, d es p i l otes et de leurs élèves, la Société d'Encouragement à l'Aviation rechercha dan s .. la proche Banlieue des terrains libres, d'étendue suffi s a nte, pour y fon der un e é cole et p e rmettre, en a éroplane, des vols en plus gra n d n ombre et d e plus longue durée .
L'A MÉN.4 GEMENT DE POR T-A VIA TION
Son choix se porta sur un vaste terrain situé à 20 kilom ètres de Paris, a u déb ouché de l a vallé e d e l'Orge, entre Savigny et Juv isy, en bordure du chem i n d e fer de Paris à Orléans et de là route de Fontainebleau. Ce champ de v ol, b aptisé « P ort-
104 Avi ation », était un peu plus vast e que l'hippo drome de Long champ ; la p iste, de forme elliptique, avait un développement de 3 ldlomètres et les tribunes p ouvaient contenir environ 7 . 0 0 0 p ersonnes. Autour d u stand, M . Tronch e t, architect e en chef du Gou vernement, avait semé avec autan t de goû t que de rapidité les divers chalets nécessaires au bon fonctionnement de la nou velJ e i n stallation : hangars pour aéroplanes et pour dirigeables, atel iers de réparations, restaurant, p oste et télégraphe, sémaphore sur le quel étaien t installés le s appareils servant à mesurer la vitesse, la direction du vent, etc . . . Les princip aux m otifs décoratifs, empruntés - naturellement à la gent ailée, reposaient les yeux des inspirations co urante.� . Pour le dos des tribunes, en particulier, M. Tronchet avait ima gin é de s portiques e n treillage, don t l es pylônes, surmontés d'aigles ou de vautours aux ailes éployées, ét aient du plus gra cieux effet. A la fin de 1 908, Wilbur Wright et Delagrange e n visitaient les p remiers les installations et adre ssaient à cette. occasion leurs féli citations aux p romoteurs . -
LA BÉNÉDICTION DE L'A.ÉRODR OME Quelqu e telV-P s après, une cérémonie religieuse bien moderne s e déroulai t à Port-Aviation, l e 3 1 mars 1 9 0 9 . Devant un e assemblée d'invités et une foule de curieux, Mgr AmeUe, arche vêque de Paris, assisté du vicaire général de l'évêque de Ver sailles, procédait à la bénédiction solennelle de l'aérodrome et de deux aéroplanes auxquels leurs marraines, Mme D ussaud et la b aronne de Lagatinerie, donnèrent le s noms de « Ile-de France » et « Alsace ». Un e assimilati o n toute naturelle devait suggérer au p rélat des p aroles appropriées à la circonstance : « L'Eglise, dIt-il , b énit les n avires qui sillonnent les e aux ; p ourquoi n e bénirait-elle pas les nouveaux navires destinés à parcourir le s airs ? »
L'INA UGURA TION L'in auguration ne put avoir lieu en même temps que la bénédiction en raison des rigueurs de la saison. Toutefois, l'école commença à fonctionner dès les premier s beaux j ours, e t l 'entraînemen t s'y continua assidûment sous l'impulsion du capitain e Ferber, à qui la Ligue Nationale Aérienne en avait confié le soin . L'énumération des performances accomplies paraîtrait aujour d'hui des plus fasti dieuses : elles étonnaien t à ce moment les plus blasés . Bornons-nous à mentionner Ferber qui , le 8 avril, parcourut troi s kilomètres à 10 mètres d e hauteur sur un aéro plane D elagrange-Voisin . rI devait briser son appareil l e 20 jui n , en atterrissant 1) u r une b arrière après un v o l de 5 kilomètres . Le dimanche 23 mai 1 9 09, P ort-Aviation fu t enfin inauguré . Cette s o lennité sportiv e avait aUiré une foule considérable éva luée à plus de 20. 0 0 0 personnes, qui s'en retira d'ailleurs après avoir éprouvé une vive déception. En effet, l'entreprise n ouvelle, l a p remièr e du genre, ne s'était pas rendu un compte exac t des idées du grand public sur l'avia tion. La grande maj orité des Parisiens se figurait que l e s cham pions, dont on lui narrait j ournell ement les exploits, s'envolaient
- 105 aussi facilement que des moineaux ; elle était, e n outre, c o n finnée d a ns cette impression par le t o n c atégorique des affiches placardées dans Paris et annonçan t <Jue l es plus célèbres avia teurs voleraient. Or, aux p ortes de l'aerodrome, d'autres affiches rappelaient que, l'enlèvement des aéroplanes étant soumis aux caprices du vent, aucun vol n 'était garanti ! . .. La foule m o ntra néanmoins un e grande p atience p endant les deux heure s un peu longues - consacrées à de s lancers de cerfs-vo lants ; mais, lors que vers 5 heures app arurent enfin deux aéroplanes impuissants à s'envoler, o n e ntendit des murmures . Tan dis que beaucoup s'en allaient, d'autres envahissaient la piste, inconscients de la gêne qu'ils apportaient à de n ouveaux essais et du danger auquel ils s'exposaient en se plaçant dans le champ de l'hélice . En fin de compte, tout en p rotestant é ner giquement, le publi c ' se retira avec c alme. Par une singulière ironie du sort, au moment où s'opérait l'exode, la brise fléchissait et b i entôt M. Del agrange, empruntant au Dr Quinton un aéroplane du même typ e que le sien, réus siss ait, vers 7 heures, à faire cinq fois le tour de la piste, s e tenant à une h auteur de 4 ou 5 m ètres. Mais, depuis longtemps déjà, l es tribunes étaient vides, et cette envolée que 20 .000 Parisiens avaient en vain attendue pendant tout un après-midi eut p our s p ectateurs, dans l e déclin d u j our, quelques p ersonnes d'une 'p atIence supérieure et le peloton d e gendarmes chargé du serVIce d'ordre. En conclusion, i l ressor tait que; dans l'état d'avancement où s e trouvait l'aviation, 011 n e p ouvait encore sans' imprudence' s'engager à voler à heure fixe. _.
LA RÉUNION D U
4.
JUILLET
Loin d ' être découragée, la Société d'Encouragement à l'Avia tio n n'en continua p as moin s ses réunions sur son terrai n . Un m o i s plus t ard, le dimanche 4 juillet 1909, elle organisait une n ouvelle journée au profit des sinistrés des inon dations du Midi. M . . Blériot, accouru de D ouai, y fut cette fois à l'honneur : effectuant vingt-quatre fois le tour de la p iste - environ 120 kilo mètres - à un e altitude moyenne de 30 mètres sur l'appareil ave c l e quel il devait s e couvrir de gloire en traversant la Man che, il volait 58 minutes, b attant ses records précédents. De son côté, le capitaine . Ferber, dissimulé sous le p seudonyme de d e Rue, lui enlevait l e prix Lagatinerie e n p r e nant 3 m. 47 sec. pour faire un tour de 3 kilomètres à 15 mètres de hauteur.
LA PREMIÈRE VICTIME DE L'A, VIA TION Le 7 septembre 1 909, raviation faisait à Juvisy sa première victime en France. Le jeune Eugène Lefebvre qui, lors d'une réunion à Reims, avai t émerveillé la foule p ar l'audace de ses envolées et ses « boucles » gracieuses, devait faire une chut e mortell e à Port-Aviation. Vers li heures du soir, après une pre mière sortie sans incident, il rep artait sur un biplan Wright récemment achev-é et gagnait rapidement une hauteur d'une dizaine de mètres. T out semblait marcher· n ormalement lorsque, près du R estaurant de s Tribunes, on vit l'appareil p i quer subi tement du n e z et s'abattre à une allure vertigineuse. Les assis tants accoururent : le malheureux aviateur, projeté hors de son appareil, râlait sans connaissance, ét e ndu sur l e dos. En dép it
- 1 06 des soins empressés prodigués p ar le s mé decins, il expirait quelques i n stants plus tard, à l'Infirmerie d e l 'aérodrome.
LA GRA NDE Q UINZAINE DE PA RIS Malgré ce t incident p énible, l es anim ateurs de Port-Aviation se mirent à préparer avec ardeur l a Gr an de Quinzaine de P aris qui devait avoir lieu du 3 au 18 o ctobre . Après l a .semai n e triomphal e de Bétheny (près de Reim s ) , i l semblait facile d'improviser un meeting d'aviation . aux portes de P aris. Il n'y avait guère, en cffet, qu'à copier l'organisation impeccable de Reims. On devait compter toutefois ave c l' avancemen t de la saison et avec la difficulté d'obtenir l e concours des champ ion s que l 'Europe se disp utait à prix d'or . Grâce à l'unio n de la Soci été d'Encouragement à l' Aviatio n , de l'Aéro-Club de France e t de la L i g u e Nationale Aérie nne, l'effort réalisé fut couronné de succès . C'était la première fois qu'une gran de manifestation a�rien n e sc déroul erait aux envi rons d e la Capitale et celle-ci devait perm ettre à tous l es Pari siens de p r e n d r e contact av e c l e s hommes-oiseaux. E n prévision de cet événement, de grands travaux d'aména gement furen t entrepris : établissement de voies d'accès, édi fication de n o uvelles tribun es, construction de routes pour les piétons ave c passages au-dessus des p arcs automobiles, multi pli cati on des réseaux télégraphiques et téléphoniques reliant Pari s et Juvisy . Bref, rien n e fut laissé au hasard et les orga nisat e urs parai ssaient bien avoir tou t prévu. Tout p révu . . . s auf l'·é n o rme succès qui dépassa toutes les esp érances les plu s opti mistes . A vrai dire, les premières j ournées du meeting, quoique très suivies, n e suscitèrent pas un enthousiasm e débordant : les p erformance s réalisées ne dépassèrent pas l'honnête moyenne. L'aérodrome, beaucoup moins vaste que celui construit à Bétheny e t obligeant à des virages rapprochés contrariés par des remous persistants, s e prêtait ma l aux gran des vitesses. Mais cette exi guït é permit de suivre sans effort des vols que ren daient encore pI ns attray ants l a grâc e du p aysage et l'atmosphère un p e u floue des beaux j ours d'automne . A défaut d e records d e distance ou de durée, Port-Aviation offrit des records de p ittoresque, car on vit le biplan de Paulhan en plein vol se refléter entre l es arbres dans les eaux claires de l a fausse Orge, tandis que lc comte de Lambert, p assant au-dessus de s t ribunes, s e mblait u n instant continuer l a guirlande d'oriflammes flottant s o u s ses ailes . . . Nombre d e Paris i e n s avaient d é j à p u voir de p r è s au Salon de l'Aéron autique des aéroplan es de tous mo dèles ; mais, jus qu' i ci, la presque universalité n e connaissait que p ar des images les hommes volants. Aussi des foules consi dérables se p ortèr c nt-elles vers Juvisy et, le dimanche 10 o ctobre 1 909, l'affluence fut telle dans les gares de la Compagnie d'Orléans que des trains entiers restèrent en détresse . D'innombrables voyageurs, après avoir p assé. leur j ournée dans des voitures de diverses classes, dans des wagons à besti f}Ux, des trucks chargés. de b oîtes à lait, o u sur les voies, fur�rit ramenés à Paris sans avoir pu atteindre l'aérodrome. II y eut quelques b ousculades, beaucoup de cris et de carreaux cm:sés ; mais finalement, nul accident ni dommage sérieux ! Il en fut de même sur l'aérodrome où, m al gré l'ampleur des dis-
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p ositions prévu es, l'orga n isation fut l ittéralement débordée par l'a ffluence popula ire. Venus de tous les p oints de l'horizon avec les movens de tran sport les plus hétéroclites, plus de 3 0 0 . 0 0 0 s p ect ateurs en vahirent l e s pelouses et l e s tribunes. Pend ant ce t emps, au-dessus de cett e foule qui trépignait et hurlait, faisant re tentir l'air de s e s bravos et de ses cris d'en thousiasme, plusieurs oiseaux blancs, gracieux et léger s , décri vaient de larges cercle s réguliers avec aisance et facilité. Le spectacle était féerique et à voir dans le ciel radieux ct e n s o leill é cett e flottille aé ri e n n e , « on eû t p u croire p ar instants, comme dans les anciennes pièces du Châtelet, qu'une fée bien faisante vous avait tout à 1.' 0Up transporté dans u n pays de chimère et de rêve . . . » Le s oir, après avoir h i s sé a u s émap hor e l'oriflamme indiquant que les e ss ai s d e la j ournée étaient terminés, ce fut alors vers l a gare une ruée formidable . Les tro i s cent mille personne s qui se trouvaient à ce moment-là sur l'aérodrome de Juvisy, s e p r é cipi tè re n t à la fois· vers la statio n ; celle-ci, en un cl in' d 'œ i l, f ut p r i se d'assaut et envahie par ce flot humain, comme elle l'aurait été p ar un raz-de-marée ! En moins de t e mp s qu'i l n'en faut pour l'écrire, les b ar riè re s furent renversées, les empl oy é s et le chef de gare refoulés, les p ortes en.f on cées , les salles d'attente s a ccag é es , et les qu ai s envahis. Et comme il arrivait toujours et touj ours du monde, les spectateurs, poussé s 'contre les convois qui attendaie nt pour p artir, se dé�ersèrent bi e n tôt sur la v o i e elle-même, au risque d e se faire é cras e r p ar l e s t rai ns. Les t rain s , en n ombre in s uffi s a nt, ramenèrent des voyageurs jusqu'à une heure fort tard ive d e l a nuit ; mais, mal g r é ces petits enn u i s , tous rapportèrent de cette gran de j ournée comme un é bloui s s em en t, comme un ém e rv e ill e ment . Ne venaient-ils p o in�. en effet, d'assister à l'un des p lus é mot i onn ant s e t d e s pl u s p as sion n ants spectacles qu'il soit p ossi b l e d'imaginer : des hommes. volant, comme des OIseaux, à· travers l'e s p ace !
LE PREMIER SUR VOL
DE
PARIS
Le héros de la Grande Quinzaine de P aris fut sans c o ntestl> ' l e c omt e d e Lamb ert. Non seulement il s y a djugea de n ombreux. prix, mai s, un p e u hors p rogramme, il profita de cette occasion
pour faire u n tour sur Paris et doubler la Tour Eiffel. C'était la première fois qu'un aviateur se risquait a u -dessus de la Capitale !
Le lun di 1 8 octobre 1 909, vers 1 6 h . 30, le comte de Lambert s'envolai t de P ort-Aviation d e façon m agistrale. Apr ès u n tour d e p iste. p e n d ant lequ e l il s 'était élevé pr o gress i ve m e nt à une soixantai n e d e mètres, on le vit s ' é loigner et il ne fut bientôt p l us qu'un p o in t qui d isp a rut e n direction du Nord. Cep e ndan t , le s minutes s'écoulaient et ceux qui avaient assisté à ce triom p h a n t dép a r t s e ntaient peu à peu l' a n goiss e les envahir. L'absence d e nouvelles faisait crain dre le pire, le souvenir de l'acciden t d e L efebvre é tr e i g n a i t tous les cœurs. C'est en ' vain que plusieurs pilotes p renaien t le dép art · e t cherchaient, par leurs év o l ut io n s , à distr air e le s spectateurs de p l u s en p l u s inquiets .. . . Pendant ce temps, d e s milliers de Parisiens ébahis avaient la stup éfacti o n d ' apercevoir un aéroplane W right survolant Paris av ec les dimensions d'un gros oiseau. Arrivé au Champ de Mars,
- 108 ' il p as s a i t à droite de la Tour Eiffel et décrivait à une centaine de mètres au-dessus d'elle un cercle d'environ 5 0 mètres de rayon . . . Enfin, après trois quarts d'heure d'att�nte anxieuse, un point noir était signalé à l'horizon. Bientôt, on put reconnaître la silhouette du Wright. Quelques instants plus tard, il était au dessus du t errai n. Ayant accompli un tour d'honneur, l e comte de Lambert a tterris s ait doucement sur l'aérodrome. salué par des ovations d'autant plus formidables que sa longue disparition avait rempli la foule d'inquiétude . Il avait accompli en 4 9 mi nutes, 39 secondes 2 / 5 u n trajet qui, à vol d'oiseau, repré sentait environ 40 kilomètres. U n grand dîner, donné par l'Aéro Club, devait célébrer quelques j ours plus tard l e retentissant exploit.
CONCL USION A la suit e de la Grande Quinzaine, Port-Aviatio n devait fer mer ses portes au p ublic j usqu'au printemps de 1 9 1 0. L'ins truction y continua cepen dant, car les élèves y affluaient. Mais la saison n'était guère favorable aux performances exception n ell e s . Il faut signaler celles d e Léon D elagrange qui illustrèrent la fi n d e l'a n née . Le 18 déc embre, avec son monoplan Blériot, il quitte le s limites du terrain e t vie nt survoler le château d e Savigny. Enfin . l e 3 0 décembre, ayant muni s o n app areil d'un moteur p lus puissant, il p arcourt 200 kilomètres e n 2 h eures 32 minutes, s'attribuant les records de duré e , de distance e t de vitesse en monoplan. Malgré toutes les difficultés ren'contrées, on peut dire qu'au cours de l ' a n n é e 1 9 09, les promoteurs de Port-Aviation avaie nt remp orté d'in contestabl e s succès. E n procurant aux Paris i e n s un r é g a l sp ortif dign e d'eux, il leur avait p ermi s de s e familia riser ave c l e s choses d e l ' A i r . L e gran d mérite leur revenai t au ssi d'avoir créé, aux p ortes de l a Capitale, un aérodrome qui, sans la guerre, eût p eut-être connu un certain avenir . Auj ourd'hui, les lotissements ont remp lacé l e s han gars et la pist e elliptique. Les p eup liers qui bordent l 'Orge ne fri ssonnent plu s au vent des hélices, l e s ouvenir des temps héroïques de l'A viation s'efface de n otre mémoire ; seuls quelques noms de rues rappellent encore que Port-Aviation fnt un des berceaux d e la science n ouvelle. Louis BRUNEL.
Po u r t ous envois d'argent, employer de préféren c e le COMPTE C H EQ U E POSTAL : Louis B R U N EL, 9, rue C. C.
des Grav i l l i ers, ATH I S-MONS.
Paris 605 6 - 1 9 .
( 1 ) B ibliogra:phie. - On tronvera l e s éléments d e cette causerie dan s les revues suivantes : B . (A .) , Port-Av,iation (Extrait du Bulle tin m ensuel du Comité de Défense des Intérêts du Vieux Savigny, N° 4 de fév,rier 1 9 3 6 , pp. 5-6 et N° 5 de mars 1 936, pp. 4-6) . L'Illus/ra tian (19 déc. 1 908, l p. 437 10 avril 1 9 09, p . 243 - 29 mai 1 9{)9, p. 374 1 0 j u illet 1 9Û'9, pp. 1 9 et 32 - 1 1 sept . 1 9 09, p. 1 8 9 - 1 6 oct . 1 9 0 9, pp. 2 7 7 e t 2 8 4 - 2 3 octobre 1 909, p . 286) , -
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VARIÉTÉS FOLKLORIQUES L E F E U D E LA SAI NT-J EAN A MORSA N G-SU R-ORGE C' est entre la porte de l' église et l a font aine Saint-Jean qu'a lieu chaque anné e , le 24 juin ou le samedi qui suit cette . date, la curieuse cérémonie du Feu de la Saint-Jean, suivant une ancienne coutume qui existait autrefois en maintes localités de noI r e région, mais ne s'es t perpétuée qu'e n d e rares e n droits. Avant la guerre, ce Feu avait une réputation t ell e que, non seulemen t toute l a population morsanais e se faisait u n devoir d'y assister, mais encore on y venait de tous l es villages voi sins. Ces réjouissances, loin d'être impr ovisées, étai ent au con trai re p r éparées de longue date ; ct, bien longtemps à l'avance, chacun confe ctionnai t avec amour le p etit fagot de s arm ents ou de bra nche s qui irait grossir le tas immen s e de bois e t d e p aille dan s lequel était planté le grand chê n e de la Saint-Jean. Celui-ci, choisi dans la forêt de Séquigny toute p roche, était décoré de guirlandes, de rubans de toutes couleurs et littéralement « truffé » de feux de bengale, fusées, pétards, crapauds, soleils et autres pièces d'artifice habilement dissimulée s dans le feuillage. Le j our tant atte n du, à la tombée de s derniers voiles de la . n u i t , unc foule compacte, évaluée à 2 . 0 0 0 ou 3 . 0 0 0 p�rsonn e s, se pressai t autour du foyer, p r ès duquel on p ou,;,ait remarquer, à i a lueur clignotante des flambeaux, M. le Maire et les p erson nali tés d e Morsang-sur-Orge .
M a is V O I C i que la Fanfare municipale, qui vient de déverser des flots d'harmonie, s e tait soudainement. La fête va c o m mencer, car la foule s'avance près de l'arbre, si p r è s qu e les p ompiers o n t du mal à l a retenir. A c e moment précis et dans un silence impressionn ant, les p ortes de l'église s ' o uvrent largement p our laisser p asser M. le Curé, suivi du clergé et de s enfants de chœur . Le cortège des cend lenteme nt l e s vieux degrés de p ierre e t marche solennel lement a utour de l'arbre, p e n dant que l e prêtre, revêtu de ses h abits d'apparat, bénit le chêne, ainsi qu e la foule qui le cein tUr e ; car il n e faut point oublier que saint Jean est l e Patron de la Paroisse, c e qui co nfère à cette cérémo n ie une importance e t un écl at e n corè plus gran ds. C'est ce que rapp elle brièvemen t M. le Curé dans une courte allocution, avant d'accomplir le geste symbolique, vieux de plu sieurs siècles, qui con siste à mettre l e feu à l a b ase du bûcher en plusieurs en droits différents, à l'aide d'une torche que vient de lui remettre l e gard e-champ être . Soudain, u n e clameur immense secOUe l a foule enthousiasmée, p endant que les langues de feu s'entrecroisent et s'élèvent ven l e ciel, au milieu de s craquements et d e s p étillements. Les cris, les hurlements et les chants fusent de toutes p arts ; une sorte de dan se de Sai nt-Guy s'empare de c es grappes humaines qui finissent p a r former d'interminables farandoles. R eligieuse au début, la cérémonie devient profane une demi-heure après, puis b o uffonne, comme certaines fêtes du moyen âge.
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D éjà, de longues flammes vi e nnent lécher les branches ùe l'arbre. Les pétards éclatent à tout moment sous l'effet de cette chaleur torride, tandis que le feu prend maintenant les couleurs variées des feux de bengale. Une véritable pluie d'étincelles voltige au-dessu s des lipectateurs ; les guirlandes s'abattent sur le s têtes. Il fait chaud, horriblement chaud ; mais cela n' emp êche pas petit s et grands d' être tous très heureux ! Après avoir éprouvé les d ernières morsures du feu, le pauvre arbr e doit encore subir les assauts d'une j eunesse fougueuse et téméraire qui va essayer de l'abattre par tous les moyens. La c outume veut, e n effet, que le chêne appartienne à la localité du j eune homme qui réussira à le culbuter. Entreprise d élicate, parce que l es branches incandescente s l aissent trop souven t de cuisants souvenirs aux j eunes étourdis qui se précipiten t sans réfl échir. Une fois abattu, la foule s'écarte prudemment au p assage de la meute hurlante qui, à l'aide de cordes, traî n e le trophée. à travers tout le village . Le Feu de la Saint-J ean est une fois de plus termin é ! Les charbons du Feu de la Saint-Jean étaient considérés comme précieux : ils avaient le pouvoir exceptionnel de pre server de la foudre. Les jeunes filles elles-mêmes avaient grand soin d'en pren dre en cachette, quand elles désiraient se marier dans l'année. Enfin, il était de tradition que tout nouvel habi tant de Morsang fût marqué à la figure d'un charbon du Feu de la Saint-Jean, sans quo i l e s éj our d e cette localit é ne lui était p as recommandé. Pour i ndiquer l'âge d'un enfant qui, par exemple, n 'avait p as encore six ans, o n disait couramment : « n n'a vu q ue cznq fois le Fe u de Safnt-Jean ! » Et, quand les vieillards qui l'avaient vu 75, 8 0 fois et plus encore, s'aperce vaient qu'il était sur l e point de s'éteindre, il s pensaient mélan coliquement au temps de leur jeunesse, à l'époque où ils s au taie nt sans crainte p ar-dessus le brasier . . . Le verraient-ils encore une fois ? D epuis 1 9 36, le Feu de la Saint-Je an de Morsang-sur-Orge a perdu beaucoup de sa renommée. Pour des raisons qui n'oht m alheureusement rien à voir avec nos vieilles traditio n s p opu laires, M. le Curé s'est vu int e rdire tonte participation à cette cérémonie. Le feu lui-mêm e a perdu de son ampleur et, e n cette année de grâce 1 948, O n p eut dir e que cette coutume se meurt au milieu d'une i ndifféren ce quasi générale : b aptisé « Fe u de joie » par les autorités municipales, ce s imulacre de Feu de Saint-J ean p asserait tout à fait inaperçu s'il n e correspondait maintenant à l'ouverture de la kermesse annuelle. Mme L . BRUNEI. .
LE
PA I N
D E CH I LLY
L'ém in e nt ab b é Jean Lebe uf, auteur . de l'Histoire de la ville et de to ut le dioc èse de Paris, s 'est . longuement étendu sur un produit de n otre région, qui eut ses j ours de gloire à une épo que
où l a Plai ne de Longboyau ell e -mê me était réputée p our s a fer tilité et l a beauté de son frOment : le pain de Chilly.
« Soit que les eaux ou le grain y contribuassent, o u que ce fût une manière p articulière de le façonne r qui e ût été trouvée
par quelque s habitans du l i eu, le pain de Chailly fut en grande réputation dans le quatorzième siècle. Dans une Ordonnance du Roi de l'an 1350, i l est fait mention de trois sortes de pains : Pain de Chailly, pain c o quillé et pain bis. Un Arrêt du P arlement de l'an 1 3 7 2 au mois de Juillet sur le prix du pain qui s e débitoit à P aris selon les différen s p rix du bled, m arque le p ain blanc, le premier, et l'appelle Pain de Chailly. Le p a i n qui suivoit s'appelloit l e p ain b o urgeois : en troisième lieu était le pain de b ordre, par où j e crois qu'i l faut entendre l e pain des p auvre s gens, logés dans les bordes , ou chaumines couvertes de j o n c qui étaient appellée s alors des bordes. L e Registre aj oute qu'or.'. p esa le p ain ; e t qu'il fut trouvé que le pain de Chailly nouveau fait p e s ait deux onc e s et demie p lus que le pain de Chailly exp osé e n vente aux fenêtres . Un Règlement du 21 septembre 1 396 fait encore mention de ce p ain. O n y lit cett e note : « Quand le blé v aut vingt-quatre « sols le s eptier, l e p ain de Chailly pèse en p âte dix onces, et « tout cuit huit onces et demie, e t vaudra deux deniers. » II y a a ppar è nce que le p ain dit de Chailly devoit SO n origine à la façon de le faire qu'on avoit trouvée dans ce Village, ct que l e s B oulangers d e Paris se mirent sur le pied de l'imiter, de même qu'il s ont fait de nos j ours le pain de Gonnesse . . (1) » .
D e nos j ours ? . Oui , m ai s c'était v ers 1 7 50 que l'abbé Lebeuf écrivait ces lignes ! Ce temps est maintenant bien révolu ct, e n ce mois de j ui llet 1948, le pain blanc e st touj ours .. aussi rare que les beaux j ours. Bornons-nous à esp érer que l e j our est proche où nous reverrons à profusion d e m agnifiques flûtes en farin e de froment q u i n'auront rie n de comparable quant à la cQ.nsis tance, à la couleur, au contenu et au gOÎlt avec ce qùe nous offrent nos dirigeants. R. SIMON. .
(1) L'Hist oire de la Ville et de tOllt le dz'ocèse de Paris par l'abbé Jean LEBEUF (Paris, Féchoz et Letouzey, 1 88 3', in'-8 ° , t . IV, p . 69) e st un o u vrag e de base dont la c o nnai s s a n ce est absolument indispensable pour quiconqu e s 'intél'e's s e il .l'hi s t o ir e de, toutes les Communes d,e la Banlieue de Pari s . Il s'ag it de Chilly-Mazarin .
ETERNELLES CHlèA'N," ' .
L ES MlSAvlNTU RES D E �OU1S: MOltiLLE 1
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_, 1 746
« Le lundy vint six déxembre mille sept cens quarante six A six heure du soir, est comparu p ar devant Antoi ne Jouve, gref fier ordinaire de la haute j ustice d u boure · de Juvisy-sur-Orge, Louis-Charles Morille, mètre d'écolle e n ce lieu, Le quel nous li dit qu'il avoit été ins ùIté le j our de Noël à l 'issue de la grand messe par le Sieur Alexis Marcelin, huissier au Chatelet de Paris, résidant en ce liéu de Juvisy. La cause de l a dispute est occasionée p our avoir prié l e fils à Mr Marcelin de se ranger dans le tems de la St messe affin que les e nfens de cœur eut leurs place ordinaire. La maisse étant finie, l e p l aignant étant dans les rues fit rencontre de Ml' Mar celin qUI apelle le plaignant, disant qu'il v ouloit luy p arler. Le premi er discour qu'i l y a tenu a êté de le traiter de Jean fo utre, de c o c quin et de sélérat. Le meme j our de la p lainte à deux heure après midy, dans le t emp s que l'on aloit dire le s vespres, l e meme fils à Ml' Mar celin ajant trouvé l e plaignant à la grand p orte d e l'église p our maintenir les e nfens de son écol le dans l e resp e c qui e s t du à l'église, l e meme fils à MI' Marceli n est venu p our t enter le plaignant pour se batre en luy p résantant le pouin sous le nez et en se servan t des termes les plus injurieux. Le plaignant, qu'il n'est p oint pour se ' batre, il s'est retiré p our s'aler habillier et ", faire les fonctions de p o rte-chap e . Le soir du meme j our entre six et sept heure, le plaignant sortant de chez Jean-Louis, hotellier e n ee lieu, p our s'en retourner chez luy, fut d erechef insulté p ar le meme fils à Ml' Marcelin le p o ursuivant en luy vomissant des sotises j usque à la porte du presbitaire . De plus, dans les meme s momens, l e plaignant sortant d e chez luy p our d e s affaires qu'il avoit dans le p aïs, le meme fils à MI' Marcelin et le Sieur Labrune, qui est le neveu de Ml' Marcelin et sOn clair, ajant aUandu le' -p lai gnant, i l s y Ol1t de nouveau cherché dispute, il s y ont aphqué l e p ouin sur le visage avec force et si certain s habitant n'avoit emp é ché, l'on l'auroit frapé plus vigoureusement. Voj ant qu'ils ne p ouvoit pas éxécuter leurs dessin, ils l 'ont menacé que tot ou tard il s luy p ej eroit, ce qui n'a p as manqué, car, dè s le lendemain, le plaignant sortant de chez MI' Noël Aubry, p�ocureur fiscal de cette justice, i l y a trouvé le meme fil s à Ml' Marcelin qu'étant sorti au m e m e instant et alant a côté du plaignant, il luy a dit : « Tu méritera is qu'on te f...e cens CO llp d e b utons ! » et que tot ou tard i ls luy p ej eroit, c e qui détermine le plaignant de faire sa plainte pour sa sureté et offre de faire preuve de c e faiet (1 ) . » L. B .
(1) Arch. de S.-et�O., Registre d'audiance du greffe d e la haute Justice de Juvisi, commen,œ le 25 juin 1 746, fin i le 28 may 1 75 3 .
MEMBRES DE LA SOC 1
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ATHIS MONS /
MM. AGENES, lnsl., Ecole J.-Ferry :fI Sa"\,igny. 1. t. 0 ARBILLOT (A.), &.9 , Grande-Rpoe.\ à A. C ., '1 AR8ILLQT (R.) ; . 3 7, Gra nde-Rue à' A. ATHIS-MONS (Ville d'). ' . . ' AUBERT, 61 , av.enue de Paris . à. Pàray. Mme AUGIER, lnsf., 1: 5 , ' rue MO,nttessuy à J. M ll e BELLAMY, D ir., Ecole , P. et M.-Curie à A. M. BESSUARD, 22, rue' du Général-Leclerc à A. M lle B IDARD, 1 , aUée d es Charmettes à A. MM. BILLARD, Dir., Ecole F.-Buisson à J . . BO CHE, 1 4, rue Langlois à A. BODIN (Dr) , avenue , Jules-Vallès à A. BODIN (J. ) , 5, ru e Berthonnet à A. BOGUET, 9, avenue Jules-Vallès à A. BONNETERRE, 1 55, avenue de Mo�angis à A. BOREL, Cité rue Henri-Hamel à A. BOUCHAUD, 23, avenu:e Pasteur à MGr�ang. BRASQUIE, 61, rue des Coquelicots à A. BRETEAU, 1 5, rue Joun'roy à Paris (1 7') . BRUNEL (J. ) , Maire-Adjoint d'Athis-Mons, 9, rue des Gra viHiers. Mme BRUNEL (J. ) , 9, rue des Gravill iers à A. MM. BRUNEL (L. ) , 9, rue des Gravilliers à A. CADIC (Abbé), -Cllré de Savigny (Paroisse Saint-Marli n). . CAMUS, . 3 4, avenue de l a Libératio n à Ris. CASSIER, Inspecteur Primaire, 5, rue Nungesser à Brunoy. C�SrETS, lnst., 6, avenue de la Gare à S avigny. , . CIlARIGNON, lnst., 1 00, avenue de Valenton à ·'\T.-St-G. �es CHAUBON, Dir., E'cole Boulesteix à Ris. . CHAUTARD, Inst., Ecole J.-Ferry à A. MM. COLAS, 1 9, rue d e l a Pyramide . à A. COURCEL (R. de), 47\ rue de Bellechasse à Paris ( 1 7° ) . COURCEL (V. de), 4, avenue Frédéric-Le Play (78) . CSERY, 1 3, rue du Maréchal-Foch à V.-Le-Roi. DANTZER, 1 00, route d e Fontainebleau à A. ( Mlle DELECHENAULT, Inst., 3 1 , route de Corbeil à Vigneux. DELIdN, 35, rue de Corbeil à Epinay. M. :M'De D E UTSCHMANN, 9, avenue d e Morangis à A. MM. D IEU, lnst., Eco�e' J.-Ferry à A . DUBLARON, 70, route Nationale à Viry-Châtillon. DUFOUR, 1 1 9, Grande-Rue à A. M lle ESCROUZAILLES, 7, rue Berthonnet à A . . M. FELZINES, 1 9, avenue de Mor,angis à A. M ll e FERÈT, lnst., 33, rue Gambetta à Neuil1,y-Plaisance. M,m e FLAMENT, lust., 34, rue de la Voie-Verte à A. Mll" FORTIN, lnst., Ecole J.-Ferry à A. MM. FOUCAULT. 57, quai d e l'Orge à A. , GABRIEL; 124, Grande-Rue à A. GARDERE, lnst., 52, avenue Marcel-Sembat à A. GARNIER, Insl., . 9, avenue de la République à J . GAUSSIN, lnsp. des Domaines, 1 2, rue du Télégraphe à J . Mme GILLARD, lnst., Ecole J.-Jaurès à J . GIMALAC, 1 4 , rue Paul-Marais à J. M.
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Le Directeur : L. BaUNBL. Imp; G. DÀLB�, 5 et 7. rue Victor-Baseh - Montrouge.