SESAM Revue Savante et Artistique de la Banlieue Parisienne Sud - Volue VII - 1950

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RESEAU MEDIATHEQUE

BIBLIOTHEQUE ATHIS-MONS (91)

• nnlll::::"7lltft

VOLUME VII )


s. 1:. S. A. M.

Société Saval!te el Arlislique de la Banlieue Parisienne Sud

PRESIDENTS D'HONNEUR M. Henri LEMOINE, I.

�,

C . .*, ArcliiYisle cn chef du Département, Vice-Présidcnt

de la Commission des Anliquités et des Arts de S eine-et-Oi se . M. Alexandre Ru SIEn, Maire d'Athis-Mons.

CONSEIL D'ADM I N ISTRATION l'résident ........... . l'iee-Président ....... . Directeur ........... . i'iecrélaire ........... . Trésorier ........... . Trésorier-Adj()i/lt .... . Archiviste ........... . Aliminist ra/eu!'s

M. LEltoy, A. >l(Jl!, C. *, Directeur honoraire d'Ecole Publique. :\I",e Camille FLA)IAIAI\IO:\', C. *. :\L 1',\!J!ltI F. LA l 'ItE:'>iT, Curé d'AtllS- ons. :\L Louis DHCNEL. Î�'" , BIBLIOT'·i :\llIe Denise LAYUCE, Institutrice. :'If. ,\. AHIl1LLOT, Cultivateur. .. .\1"''' Denise AlCGIEH, Institutrice. M.UNi C rt-, .... ..;. 1\1. Hober'l SDIO:\'. :\[lIe BEI,LA�IY, D:rectrice d'Ecole. .•

ATHIS Mv.-.i.;:)

Mlle YVO:\', Professeur.

:\1. LAMAItQUE, Direeteur d'Ecole. l\nI. O\;IlLAHO:'/ pt VIGNAUD.

CERCLE ARTISTIQUE 1\f. Maurice nELALOY.

lJirertel1r

D IRECTEURS DES CERCLES COMMUNAUX Grigny ............. . Juvisy . . . . . . . . . . . . • • • Morangis ........... . Orly . . . . . . . . . . . . . . . • • Saviyny ............. . Yillellwisson ........ . j'illen l'llI'e-t e-Tllii lVissoHs . . . . . , .. , . . . .

:\1. (;"OI'ges BAIt:'>iIEH, Secrélalre de Mairie. :\L L. LA;\IAIlQUE, 26, Avenue Frédl'rie-Merlcl. \1. .JAI:I)[:.\HT, 7, Huc Ferdinand-Duval ù Paris (4"). J)' (;OTlY, C. *, Hue du Commcrcl'. \1"'" Illll::\EI" 2, Huc du Mail. :'II. Vietol' CIl A U)l1i':. \f. 1'<1 III C";I<;I\Y, 1:l, Hue (In J\lnl'éclwl-Foch. .\111 .. L. 110:\'7.0:\, Ecol!) (le Filles.

SUBVENTIONS COMMUNALES VILLE D'ATHTS-:vroNS: 10.000 fram,;.

Maire: :\1. Alexandre RosIEn. VILLF. D'ABLON-SnH-SF.TI\'F.: fi.OOO francs. Maire: :\1. Alain l'omm, C.

*, D(ill'guI)

(le la France

ri!.,) inlcmalionalc de la Huhl'. VILLE DE .TUVISY-SUIl-OHnF.: fi.OOO· fl"UlCS. Maire: M. Xayirr (le la l\1AIHl\�:nE. VILLE DE S A VW:\lY-SC H- O H n F.; fi.OO() fralles. Maire: M. HCllô LEGnOS, C:.

*.

VILLE DE VILLENECVE-LE-HOT: Ul()O francs. Maire: M. flillJert CAn'rmn. Tlèput,· de Seine-ct-Oise. VILLR DE GRIGNY: 1.000 francs. Maire: M. Jean M1AOD. VILLE DE VILLE:\IOISSO:\l-SUR-ORGE: 1.000 frullcs.

Maire: M. Marcel GIRARD, C.

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Conseil de l'auto­


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Q t;ATIUÈ�·;Ê· ANNÉE·

VOLum VII

ANNÉE 1950

Di'fecleur Fondateur: Louis BRliNEL

C

OlVl�I. E l'an dernier . nous avons encore ré:lssi à publier un important Volume de 160 pages qu i , si nous en croyons les témoignages re<;us de toutes ptrts,

sera apprécié de l 'ensemble de nos lecteurs. Ceux-ci constateront que sa présentation et sa tenue restent touj ours excellentes, car nous nous efforçons de le rendre de plus en plus intéressant et utile.

Il faut toutefois avouer que pareil effort eut été impossible sans le soutien apçré­ ciable cie nos Sociétaires, qu i ont bien souvent augmenté leur cotisation, et de plu­ s ieurs Communes du Canton cie Longj umeau, dont la généros ité nous aurait enfin permis d'équil ibrer notre budget si le coÎtt du papier et de l'impres sion n'avait lui­ même subi une hausse de plus de 50 % pendant la même période. C'est ainsi qu'Athis­ Mons, Ablon et Savigny ont renouvelé leur subvent ion en les augmentant; alors que Juvisy, Villeneuz'e-Ie-Roi, Grigny et Villemoisson' nous ont, pour la première fois, aecordé une aide financière. Que tous en soient ici remerciés. Il est cependant regrettable que le Conseil Général de Seine-et-Oise nous ait j us­ qu'ici totalement ignorés ; mais. par l'entremise de notre Président d'Honneur M. Lemoine qu i ne manque j amais de nous prodiguer les marques de son amitié, nous ne désespérons pas de l'intéresser à nos activités, tant il est vrai que l'utilité et les mé­ rites des humbles « compagnies» que sont nos Sociétés Savantes ne peuvent être contestés. Nous n 'en retiendrons pour preuve que le fait que l'étude du mûieu local est inscrite au programme de l'enseignement du premier degré. Il faudrait d'ailleurs que nos publications soient large�1ent d i ffusées dans les Ecoles et pour cela nous deman­ dons à tous les Membres du Personnel Enseignant, qui n'ont aucune raison de ne pas a imer notre rôle, d'abonner leur établissement ou leur classe à notre Bulletin, ('omme cela se fait à Athis-Mons et Juvisy. A insi, grâce aux nombreuses relations que nous ne cessons de nouer dans natre Banlieue, i l ne sera pas dit que la flamme du lumignon de la S .E.S.A.M. flottant sur une mer déchaînée, symbole de notre persévérance en butte à de multiples d ifficultés, finira cette année de briller. Elle vacille peut-être, mais elle ne s'éteindra pas!

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Sam mai re

LA G,\RE DE JU V IS Y de 1 840 A 1 8 84 ..... .. .. . . .. . . LA SE C O NDE GARE DE VILLENEUVE-LE-ROI: Les suites ù'une man i festation ù l'américaine ..... J C.\'\IlLLE FL,\MMARION: Un gr a nd Savant ù l ' à me de Poi· ' r . . . . . . . . . . . . . . CO:VIME;\"r .J'AI 1'll[W)URS COMPRIS L'AS'rRONOMIE.. N01'ULE HISTIlH/lJUE DE PERRAY-S UR-ORGE et du DOlIlûinl' de la Gilqul'nièl'c ....................... 'y L' AERUP() RT DE PARIS-ORLY ............ ; . ... . . .. .. DES CERISJ<:S BL AN CH ES DE VILLEBUUZIN il la légende des honrlPs pêcll' l s de Corhei l . ... . . . . . . . .. ... . .. .. CO:VIPLAINTES HUGUENUTES D'ILE-DE-FHANCE: " Les lou a nge s d'Ablon " ......................... LE CHA'l'EAU DE DHl\VEIL ET LORD COCl\TENAY .. . .;/ ATHTS-MO;\"S EN 5 :VlI'\"UTES .. . . ... . . .. . .. . .. ... . ... LA Y1E:\IIOlRE DE DUCOS DU HAURON, inventeur de la Photogra pllie Ùl'S r, ou leurs a été Ilonor,>r ;'1 Savignysu r-O rge .... . . ... . .. . . . . ...... ..... . . . .... . . ..... LE PARDON BRET(),\" DE VILLENEUVE-LE-Ror ..... . L;\ VIER GE MInACULEUSE D'ATHIS-MONS ........... UN .DUEL ,\ JUVISY ........ , . . . ... . . . . ...... . .. . .. . DECX SIEGES OU CHATEAU DE SAVIGNY ......... . NO:VJINATIUN D'UN Ii\"STITUTfmR A (�RTGê\lY EN 1 8 1 2 . C.'< RE G LE ME NT DE POLICE A ATHlS-SUR-UHGE sous l'Ancien Régime (:> Mars 1 7 6 1 ) . . ................. LA C()MMANDERIE DE BALISY . . ... . . . . ... . . ... . .. . . LE C H EVAL IER DE LUSSAN (Roman historique local) .. .... LE NOUVEAU LYCEE DE S AVIGNY-S UR-ORGE ...... . LA VILLA DES GRAVILLIEHS: Premier lotissement· d'Athis-Mons . . . . . ... . . . . . . . . . . LE BARO;\" CORVISAR'I', premier médecin de Napoléon 1er LES AR1'S E1' LES AH1'ISTES: Le Cercle Artistique de la S.E.S.A.M. M"e Boudet, Premier Grand Prix de Home 1 9 5 0. Mauri ce ' Delalov, Directeur du Cercle Artistique. O. Arramond et S. Carré, sculpteurs d'Athis. Le prc m l er S a l on PllOtogr ap lli qu c d ' A thi s - Mons . . .. LES FOUILLES ARCHEOLOGIQUES: A Orly ......................................... , A Vm è n euve-lc - Roi . . . . . ... . . . . ...... . .. .. . . . . . . . . VARIETES. FOLKLORIQUES: . Le "Baptême» des mariniers il .\!Jlon ........... . Coutumes de mariage à Evry-P('tll-Rollrg ......... LE BLASON DE SEINE�ET-üIS E ..................... . DOCUMENTS D'HISTOIRE: Atllis-sur-Orge en 1 717 . .. . Cahier de Doléances de Grigny . . . . . ... .. .. . ... . . C,\ et LA: L'électrification de la Grande Ceinture. - La 1 Fête Nati onale de l'Air. - L'Autoroute du S ud ... . CURIEUX et CHERCHEURS .......................... . MIETTES D'HISTOIRE A JUVISY .................... . NOS EXCURSIONS: à Versai lles en 1 9 5 0 . ',' . . . . . • • • • . . A 1'HAVERS LiVRES ET REVUES ................ " . . et C()M:Vll�:\'IQUES DIVERS

BULLETIN DE

LA S. E. S. A. M.

Revue annuelle 4' Année - Volume VII

1950

�lIl11lllllllllllllllll!llllllllllllllllllllllllllllllllllllllll:n1l

Pages L. BruneI

2 95

P. Csery

a10

L. Brunei

c. Flammarion

V. Chaudun L. Brunei

y. Chaudun

356

L. Brunei

35R 362 :16i

R. de Courcel

L. Brunei

G. Goulon

P. Csery

L. Brunei M. Leroy

L. Brunei

G. Barnier

L. Brunei

:>9S 40:\ 40G 412

V. Chaudun L. BruneI L. BruneI

417 420

L. Brunei

421

Dr Gouy

42R 429

L. Brunei

P. Csery L. Brunei

L. Rallard

L. Brunei

430 4a 1

G. Barnier

4a2

L. BruneI

43:> 436 439 441 44a

Mme Brunei

Rédaction

_

Administration

36, Rue Marcelle.Henry ATHIS-MONS Tél.:

BEl. 48_41

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JUVISY �SUR-ORGE

LA Lw NE

Tl 'ORLÉA:'\S

ET LE PO:'\T

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BELLES-Fo:"iT.Il:'\ES

(Lithographie de Champin)

LA GARE DE JUVISY =-"==----c=c 1: I1 P ar LOUIS BRUNEL

Il

Membre de

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la Commission Départementale

ries Antiquités et des Arts de Seine-ct-Oise

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A gare de ,Juvisy, à laquelle l'Agglomération .Tuvisienne doit son développe:... ment actuel, eut des débuts fort modestes et, telle

que nous la voyons

renaître aujourd'hui de la destruction totale causée par la dernière guerre,

flle est le résultat de retouDhes successives permises par une combinaison de fadeurs favorables.

La position géographique.

-

Son emplacement, connu dans les premières

années d'existence du Chemin de fer de Paris à Orléans sous le nom de Fourche

rie

Juvisy, met en relief Ulle position géographique qui sera, dans une certaine

mesure,

à la base de l'importance croissante de cette gare, ft savoir: la confluence

de la Seine et de l'Orge à pro�:imité .de Paris.


- 296-

En effet, l a ligne de P a r i s à Orléans ne se dirige pas vers la H aute-Seine, mai s quitte, au contrai re, ce fleuve à Juvi sy pour s'engager sur l e s plaines b eau­ ceronnes en direct i o n d'Orléans, à la faveur de la vallée de l'Orge. Seul l e premi e r embranchement en date de cette l i gne principale re ste de Juv i sy à Corb e i l dans l'étroite dépendance de l a va llée de la Seine, comme s'y trouve la section précédente de P a r i s à Juv i sy . Le site. - A p a r t i r de R i s-Orangis, l a vallée de l a S e i n e , qui jusque- là est re lativement étro i t e dans l e s plaines de la Brie, s'él argit à l a confluence du fleuve et de l'Orge pour faire place à une vaste p l a i n e al luvi ale. C'est à l a faveur de c e t épanoui ssem ent de l a vallée que s'installeront, sur la rive gauche, entre les berges de l a S e i n e et de l'Orge, longeant l e s coteaux de Juv i sy et d'Athis-Mons, les di fférente s installat i on s de la gare. La politique ferroviaire. - Ma i s ce m i l i eu géographi que, si favorable qu' i l fût, n'aur a i t pu être uti l i sé avantageusement si une poli tique ferrovi aire, nont nous a llons fix er l e s traits e s sent i e l s , n ' av a i t fait de Juv i sy, au cours d'un peu plus d'un dem i - siècle, l e point de b i furcation e t de croi sement des v o i e s ferrées de plusi eurs réseaux : P . O . , P . L . M . e t Grande Cei nture, c'est-à-dire u n nœud ferrovi aire de prem i er ordre.

L'EMBRANCHEMENT DE CORBEIL ET LA LIGNE D'ORLËANS L'établi ssement du Chem i n de fer de Pari s à Orléans, avec embranchements sur Corbei l , Arpajon e t P i thivi ers, fut autorisé pour une durée de 70 ans par la loi du 7 jui l let 1838. Par sui te de la conces s i on accordée, une société ano­ nyme fut constituée sous le 'nom de Compagnie du' Chemin de fer de Paris à Orléans et une ordonnance royale du 1 3 août 1838 en approuva l e s sta tuts. Les form a l i t é s .une foi s rempli e s, les directeurs et i ngéni eurs de l a nouvelle c ompagn i e se m i rent immédiatement à l'œuvre. Leur prem i er soin fut d'exa­ Ininer m i nutieusement les plans e t devi s dre ssés dès 183 5 par des techni ciens de l'Etat ; e t i l s se rendirent v i t e compte qu' i l s avaient ac cepté, sans avoir l e temps d ' e n mesurer toute l a portée, l es conditions par t r o p rigoureuses d u C a h i e r des Charges annexé à l a dite l o i : ces étude s montrèrent n o n seulement que le s fra i s de con struction ava i ent été sous-évalués de près de m o i t i é , m a i s encore que l e trafic sur l e s embranchement s d'Arpajon et de P i thiviers ne pour ­ rait p a s compenser les dépenses occasionnées pour l eur construction . . Ces erreurs d'appréc i a t i on furent à la ba se de grave s embarras financ i ers qui menacèrent l a Compagn i e pendant près de deux ans ; elles fai llirent l a faire renoncer à sa concession et l'obli gèrent finalement à restreindre ses travaux ft !a seule secti on de Pari s à Corb� i l par Juvi sy. Ceux-ci furent d'ail leurs com­ mencés et pouss é s avec activité dans le courant du printemps de 1839 ( 1 ) . Pendant ce temps, l e s admini strateur s s'employèrent activement à faire mo­ difier le Cah i e r des Charge s et surtout à s o l l i c i ter du Gouvernement une i nter­ vention financi ère qui, sans rien faire sortir de ses c a i sses, donnât confiance aux petits cap itaux. �ous omettrons vo lontai rement tous les tiraillements, les nombreuses dis­ (;ussions à la Chambre et l e s diffi c i l e s négociations pour ne retenir que l'heu­ l'eu�e i ssue qui devai t enfin a ssurer l ' avenir de la Compagnie. (1) Arch. corn. d'Athis-Mons, R e g . des Délib. (17 mars e t 1 2 mai 1839).


- 297 Une l o i du 1 er aoùt 1839 apporta un all égement notable de s charge s, et le 1 5 j u i l l e t 1 840 le Gouvernement entra enfin dans les vues de la Compagni e en associ ant financi èrement l'Etat à son propre crédit. En même temps, un nouve au Cahier des C harges porta l a durée de l a concession à 99 ans, rédui s i t les trois �mbranchements à un seul, celui de Corbei l, et accorda c i n q ans pour achever la l is:ne de P ari s à O r l é ans.

L'EMBRANCHEMENT DE CORB E I L (20 septennbre 18(0) La Compagnie du Chemin de fer de Pari s à Orléans n'avai t p a s attendu, pour et les travaux avai ent ét é ent repr i s rapi dement j usqu'à Juv i sy ( 1 8.630 m.) , s u r l a l i gne de Pari s il Orléans, et il part i r de Juvi sy sur l'embranchement de Corb e i l ( 1 1.620 m . ) se mettre il l'œuvre, les m o d i fieations aux clauses de l a concession (2) ;

L'un des proj ets primitifs de tracé de l a l i gne principale Les projets. devai t suivre l a Seine jusqu'à Corbei l et se continuer par la v a l l é e de l'Essonne jusqu'à Orléans, par M a l e sherb e s et P i th i v i ers. M a i s c e proj et fut abandonné pour le tracé a ctuel pr�senté par M . Defontaine, i ngéni e ur en chef des Ponts et Chaussées, et ce fut sur les i nstances de M. M agniant, Maire de Corb e i l, que crtte ville dut en grande parti e la concessi on de sQn embranchement. L'i ngénieur en chef de la Compagn i e , M . Jullien, chargé du tracé et de l'exécuti on de l a v o i e e t des travaux d'art, sui v i t presque fi dèlement, dans l a secti on de Pari s à Juvi sy, l e tracé du Gouvernement SUI' les alluvions de l a rive gauche de la Seine. Cependant, pour éviter un pont b i a i s SUI' l e f leuve après Juvi sy, il préféra continuer l'embrancherrient de Corb e i l sur l a même rive, au lieu de le placer sur le côté dro i t, comme le prévoy a i t l e proj et gouverne­ mental (3 ) . -

Les nombreuses localités traversées par c e nou­ L'attitude des localités. veau mode de l ocomotion adoptèrent des attitudes très di fférentes sui vant l a position qu' e l l e s avai ent par rapport il l a l i gne du Chemin de f e r et surtout à ;'�mplacement des stati ons. -

Les Communes d'Athis-Mons et de Juvi sy accue i l l i rent cette i nnovation avec une prudente réserve, d'autant plus que le Chemin de fer ne fai sait que traverser le territoire sans 11 at'oir de gare d'arrivée et de départ et que les habi tants qUI voudrai ent en profiter ne le pourrai ent qu'en se rendant à Ablon ou à Châti l lon (1). Le Rail-voie sembl a i t être plus une gêne qu'un b i enfai t . N'all ai t-on pas se trouver dans l a triste o b l i gati on d'attendre le passage des wagons pour traverser

(2) Il Y avait alors en France 212 km . de voies ferrées en exploitation et 158 km. en construction. Le premier Chemin de fer ouvert dans notre pays fut celui de Saint­ Etienn e à Andrézieux, sur la Loire, qui était tiré par des chevaux sur 27 km . et trans­ portait des houilles (1827). La 'première ligne où fut utilisée normalement la traction mécanique (locomotive à chaudière tubulaire inventée p ar Seguin) fut· celle de Saint­ Etienne à L yon qui assurait le transport des voyageurs et des marchand:ses (août 1832). (3) A rch. de la S.N.C.F. (Région Sud-Ouest), V - 204 (Chemin de fer P. O. - Assemb. Générales: Rap p orts et Délib . ) , p p . 32-33. (4) La station d'Athis-Mons fut ouverte le 1er avril 1841. Lire à ce suje t: La station aLternante de Petit-Mons ou les origines de la gare d'A this-Mons p ar Louis Brunei (in Bulletin de la S .E.8A.Jlf., avril 1948, n° 3, pp . 49 à 5:1).


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ledit Chemin de fer et faire u.n ymnrl détour pour sc rendre. à la Seine ou au;r portions de terre- s i t uées de l 'autre cMé de l a v o ie, ce qui entra î n a i t , b i e n en­ t endu, une gro sse perte de t em p s ; sans oulliier la plus yrnnde for!'1' de traction nécessaire pour tirer II's /'oilu'/'es SUI' les remblais l/1l'/wnl all:r passay es de niveau! ... (5) Malgré ces objed i o ns, qui m a i n t enant nous p ara i s sent b i en faibles, les Com­ munes n'entravèrent point l es travaux (6) .

Expropriations et indemnités - P endant ce temps, M. Alexis Donnet, géomètre attitré et archivi ste de l a Compagn ie, dressai t depuis aoù! 1 838 l e s plans parcell aires des terrains à exproprier pour l'établ issement de l a l i gne. .

La plupart des propri étaires trai tèrent toul de suite à l ' a m i a b le avec l a Com­ pagnie, de sorte que, en septembre j 839, les terrassement s é t a i e nt en c ours n'exécution et même en grande part i e term i né s entre Pari" e t l'Orge et au delà de Châti llon jusqu'à Corbei l . Une seule l acune, d'une longueur de 3.000 mM l'es, exi s­ t a i t en tre l 'Orge et Châti l lon, sur les territoi res d'Athis-Mons ct de Juvisy, du fai t que M. de Monttessuy, m a i re et rhàlelain de JUYÎsy-s\lr-Orge, ava i t refusé à l a Compagn i e l ' autori sation de trav a i l ler sur ses terrains avant 1(3 r('gl emenl èéfinitif d e SOIl i ndemn i t é (7) . Il ava i t fallu, en effet , acqu(·rir plus i eurs hectares il Ju v i sy pt A t hi�-Mons; et i l v a sans dire que l a propriét(\ des M o n l t essuy fut part i c u l i èrement a tt e i nte par l'expropri a t i on du 2 septplllbre 1839. cal' l a majpure part ie des terrains de la « P l a i ne Basse», formant de'i ,il'pem!ances du ('llùLea u d e Juvisy, étalL détenue par r elte fam i l le qui poss0t\n i 1 ègakmen t Ip dumaine de Chaîges, sur l a Commune voisine d'Athis-Mons (8) . En dehors du prix d'acquis i t i on des terrains, l a Compagn i e dut payer des i ndemni tés il divers propri éta i res ou fermi ers pour' dommages de toutes nature s , destructi ons d'arbres (orm e s et saules) , perles de réco ltes (betteraves, pommes de lerre, c éréales, �urtout s a i nfo i ns et luzernes) , int errupti ons de j ouissance et rési­ l i at i ons de baux de fermage et de sous-fermage (9).

La construction de l'embranchement. - La construc tion du Chemin de Corbeil (7 l i eues 1/2 = 30.250 m.) fut relativement aisée . La l igne se présentait presque p artout en remb lai , parce que son élévation avai t été calculée à une moyenne de 50 c m . au-dessus des hautes eaux de 1740, les plus consi dérable s dont on a i t gardé mémoire à cette époque. Les seules difficultés sérieuses se rencontrèrent à Ablon et Mons, à l'endroi t où le pied du coteau vi ent mourir aux b erge s mêmes de la Seine : la tranchée ouverte dans un terra in entrerouyré de bancs de g l a i s e verte fut en parti e com­ blée par d'importants éboulements, d'où report obligatoire du tracé p lus près du fleuve (10).

(5) A rch. d'A this, Reg. des Dé!. (17 mars 1839). (6) Elles réclamèrent seulement quelques petits avantages, en p articulier la confection en macadam de certains chemin s aux frais de la Compagnie . (7) Arch. S.N.C.F., Rap p o rt à l'Assemb lée générale d e s Actionnaires, de 1838 à 1852 (Imprimé) , 'p. 19 du rap. du 5 sept . 1839. (8) Pour le détail des expropriations, lire L'A b e ille de Seine-et-Oise de 1839. (9) Arch. S.N.C.F., Carton A,2 (Dl, Ch6, P3) et Cart. JI (D 9, ChU, P2-3). (10) Id., Rap. imprimé à l'Assemb . gén . (8 août 1840, p. 26).


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L'ina�guration de l'embranchement. - Les nouveaux travaux furent me­ nés si rondement qu'on ne put ajourner au delà de la premi ère q uinza ine de sept embre l'ouverture de l a section de Corb e i l . L ' i naugura t i on offi c i elle, empreinte d'une grande simpli c i té , eut l i eu le 1 7 sep­ t embre 1 840, à une vi t esse moyenne de marche de 40 km. à l'heure. C' é tait une amél iorat i o n tr€>� nette sur l es services de bateaux il vapeur qui mettai ent 2 h. 1 5 il l a desc ente e t 3 h. 3 0 il l a remonte ! L e s voyageurs furent autori �é", il dater du 20 septembre, à uti l i ser les convois à la vapeur il l'Ernbm'cadère du Jardin des Plantes ( 1 1 ) ; e t le pub l i c, bien qu'il connût depuis troi s a n", une vitesse semb lable sur l a ligne de Saint-Ger­ main. n'en fut p a s m o i ns émervei lh' de v o i r la troi si€>me ligne de Chemin de frl' p:lrtant de l a Capita l e riv a l i ser avec les deux premi ères (12).

LA STAT,OX

DE

JCVISY

(LitlW!ll"alll!ip rf� CIHlIIlpln)

Outre l e s grands embarc adères de Pari s et de Corbei l, i l ava i t été c on strui t cinq stations a lternantes i n terméd i a i res: Choi sy - I e-Ho i , Ablon, Ch â t i llon , His et Evry.

La station de Châtillon.

- A l ' ori g ine ,

il n'y eut donc point de station

à Juvi sy sur l e Chemin de Corbe i l , mais une simple halte au petit port de Châ­

tillon, située en bordure de la Seine e t à proxi m i té de la route roya l e N° 7, à un kibrnètre environ des prem i ères mai sons de Juv i sy ( 1 3 ) . Dans l'espri t des a c t i onnaires de la Compagn i e , cet emplacement paraissait ,nomenta nément plus profita ble tant que la l i gne pri ncipale ne serai t p a s c ons-

(11) Gare d'AusterUt;:; actuell e . Le terme embarcadère, désignant une " grande gare", est tombé en désuétude vers 1860:. on a p pelait embarcadère la partie réservée au départ et débaréadère celle réservée il l'arrivée. (12) La ligne de Paris-Saint-Lazare il Saint-Germain avec t erminus au Pecq fut in au­ gurée le 26 août 1837 et celle de Paris il Versailles, il partir de l'embranchement d'As­ nières sur ia ligne précéde nte , le 2 août 1839. (13) BRUNEL (Louis), La gare éphémère de Viry-Châtillon (in Rulletin de la S. E. S. A M., avril 1948, n° 3, pp. 60 il 73).


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truIte, car plus accessible non seulement aux v i l l ages VOlSlllS, m a i s encore aux services de d i l i gences ou de coucous (14) venant d'Arpaj on, Longj umeau et Montl héry. Les installations de cette halte étai ent forL modestes . Le receveur se plaça tout d'abord dans l a l oge du cantonnier ; pui s une mai sonnette lui fut édifiée auprès de laquelle on éleva une petite baraque pour mettre les voyageurs à l'abri des i ntempéri es. En 1841, elle étai t certai nement l 'une des m e i l leures sta­ tions du Chemin de Corb e i l , e t sa prospérité p arut tellement évidente que la b araque en b o i s fut agrandi e e t mieux aménagée. M a i s on s'en tint l à : l a station de Châtil l on n'étant que provi soire et destinée à s'effacer devant c e l l e de Juvisy-sur-Orge.

LA LIGNE PRINCIPALE D'ORLEANS ET L'OUVERTURE DE LA STATION DE JUVISY (10 juin 1843) L e s di spo si tions de la l o i du 15 j u i l let 1840 avaient nécessité entre l'Etat, et la Compagn i e des arrangements qui ne furent définitivement conclus qu'à l a fi n d e j anvier 1841, date à laquel l e purent être seulement commencé s l e s travaux de la l i gne principale, depui s Juvi sy jusqu'à Orléans (102.437 m.)

La construction de la ligne. - Selon l e proj et de Defontaine, l a ligne d'Orléans s'embranc h a i t sur celle de Corbei l, près du v i l l age de Juvi sy, à une di stance du point de départ de P ari s de 18.630 mètres, et, abandonnant la rive gauche de l a Se ine, elle s'infl é c h i s s a i t vers le Sud-Ouest en pénétrant dans l a vall(\e de l'Orge ; d e l à , e l l e franchi s s a i t à Marolles (53 m.) les coteaux séparant cette vallée de celle de l a Jui ne, pour atteindre directement Etampes par Saint­ Mi chel-sur-Orge e t Brétigny. Le point d'embranchement, qui pri t dès lors l e nom de Fourche de Juvisy, "e t rouva i t exactement à 162 m. au Sud du p arc du château de C h aîges et sur la limite des Communes d'Athi s-Mons et de Juv i sy. La nouve l l e l igne coup a i t ensuite l e superbe C l os de l a M a l a dreri e, passait s o u s l a route royale N ° 7 d e Pari s à Anti b e s il 7 5 m. au-dessous du P o n t des R e lies-Fontaines e t traversai t un peu plus l o i n le bras de l' Orge - ou « fausse rivi ère d'Orge ) ) - en formant une rourbe de 1.033 mètres. C e tracé sur le territoire de Juv i sy avait été ainsi conçu pour : 1 ° ne p a s attaquer l e s bâtiments tout neufs de l a Ferme de l a M a ladrerie, appartenant au romle de M onttessuy (15) e t 2° traverser l e remb lai de l a route royale en un [Joint o ù l a hauteur fût suffi s ante pour établir un pont sans changer l a pente 'Of) la route . Pour l a confection de l a l i gne dans l a traversée d'Athi s-Mons, de Juvi sy ct surtout de V i l l emoi sson, la Compagn i e avai t obtenu l'autori sation d'ouvrir des fouilles, c'est-à-dire de prendre des terres et du sable dans différents terr a i n atte­ nants à la v o i e . Elle l e s l a i s s a par la suite dans un tel état d'insalubri té que les Communes voisines durent récl amer à maintes repri ses : en 1844, ces « foui lles )) formai ent dans la Pl aine Basse de Juv i s� d'assez vastes marai s où s'amassaient

(14) On appelait. coucous des p etites voitures p ub liques à deux ro ues. (15) Le comte Auguste de Monttessuy obtint une indemnité extraordinaire de 66.192 francs 32 pour la t.raversée de son Clos de la Maladrerie (Arch. S .N.C .F., Cart. JI (09, CIlI, PS) .


- 301 les eaux pluvi ales qui , privees d'éc oulement, ri squai ent de provoquer des fièvres automnales dues à la putréfà c t i on des végétaux, des insectes et autres ani­ m aux ( 1 6 ) .

L'inauguration de la ligne d'Orléan s (2 mai 1843). L'inaugurati on d� la l i gne enti ère de P ari s à Orléans, qui eut l i eu le 2 mai 1 843, fut un événemen� m émorable parce qu' i l marquai t l'achèvement de la première vo i e ferrée à grande distance exécutée en France et la réali sation de la premi ère l i a i son de la Capi tale avec un centre i ndustriel et commerc i a l important. -

L'ouverture de la l i gne pour l e 4 mai fut annoncée par une affiche au bas de l aquelle on fai sait ob server au pub l i c que « les stations de Villeneuve-le-Roi et de Juvisy ne seront ouvertes qu'à datcr du jour de l'organisation définitive du service".

Construction et ouverture de la station de Juvisy (10 juin 1843).

-

Pendant que l e s travaux se poursui vaient sur toute l a l i gne avec une a c t i v i té frbrile, l 'attention des Admini stra teurs de la Compagnie se portai t t out n a tu-' rellement sur la « Fourche de Juvi sy " , c'est-à-dire sur la b i furcation des Che­ mins de fer d'Orléans et de Corb e i l . I I f u t b i entôt question de supprimer la station de Châtillon p o u r l a trans­ porter à Juvi sy, où des travaux étaient effecti vement entrepri s dès octobre 1 84 1 p o u r l'étab l i ssement d'une gare et d'un parc à besti aux ( 1 7 ) . Mai s si cette nou­ velle deva i t causer une j oi e l égi time aux Juvi siens, elle provoqua de la part de M. Francœur, m a i re de Viry- sur-Orge, une prote station véhémente suivie d e l'envoi aux Admini strateurs d'une foule de l ettres qui , toutes, présentai ent Juvi sy sous un j our 'particuli èrement sombre : « Vous regardcz la station à l'cmbra "!che ment comme nércssairc, et je crois cette opinion erronnée: jc pense que l'établissement de l'embarcadère de JUVlSy est une conception malheureuse pour vous-mêmes. Est-cc une mpsurc bien conçue que d'cnvoye,r les gens au milieu d'une plaine, sans un sentier qui y con­ duise directement, sons un abri pmlr eU.T et leurs bagages, en proie mu vents, li la pluie, peut-êtrc au solcil? Il n'y a, en cM endroit, aucun ombrage. ouenne moison où l'on puissc sc retirer (J1'ec les paquets que l'on apportera ou recevra; une solitude absolue sans moyen de sc rafraîchir; le soir, une crainte fondée d'être volé ou a ttaqué; la montogne barre le passage a U.T lieux voisins, foit un obstacle insurmontable ct force les voyageurs à se dévier; la faible population de Juvisy n'cst pas une rcssource ( 1 8 ) ; la travcrsée de la Seine est très diffi­ cile cl établir et les moye ns de cmnmunication font tellement défaut qu'aucune

voiture publique ne voudra venir les secourir! Bref, mille raisons rendent la station de Châtillon bien préférable, cm' elle est infiniment mieu.T située à cause de la grande rout!' et de la Se,ine" ( 1 7 ) . Si les a l l égations de M. Francœur étaient justifiées dans une cert a i n e mesure, de multiples considérations motivaient pourtant cette suppression e t fai sa i ent apparaî tre la stati on de Juv i sy comme nécessaire, uti le et lucrati ve :

10 La très grande proximité de la station de Juvisy pour Viry-sur-Orge ne ri squait pas de léser les habitants de ce tte localité; et les aménagement s envisagés devaient

(16) Id., Cart. Jl (09, Ch5, pl et Chs, P2). (17) Id., Cart . Vl (Dl, CIlS) et Jl (09, Ch<5, Pl). (18) On dénombrait 416 hahit ant s il Juvisy en 1841.


- 302ren dre cette station aussi facilement accessible qu e celle de ChâGlon pour l('s Co mmunes des alentours.

2° Les aiguillages, fort rares à l'époqu e , n'étaient pas san s présenter quelques dan ­ gers, et un règlement recomman dait aux machinistes de ralentir leur vitesse à 500 mètre s au m o i n s avant d'arriver au p o i n t de croisement des d e u x lign es, de telle manièr e que le convoi puisse être complètement arrêté si les circonstances l 'exigeaient (19). 3° L e s conVOIS devant obligatoirement ralentir à Juvisy, un second arrêt sur une aussi courte distance qu e c e l le de Juvisy à Châtillon apportait un retard inu tile sur la voie : les arrêts multipliés étai ent alors un gros inconvénient pour le mécanisme des locomotives et pour la. célérité de l a march e . 4 ° I l fallait enfin un m oyen de communIcations de Corbeil à Orléans: c e tte corres­ pondance ne pouvait raisonn ablement se faire qu'à Juvi sy.

Monsi eur Fr ancœur, qui voul a i t b i e n admettre .Juv i sy comme simple dépôt pour la Route d'Orléans, usa de tous l e s moyens en son pouvoir, supp l i ant et· menaçant tour à tour, pour faire échouer le proj et de la Compagn i e . Toutefoi s, celle-ci ne pouva i t s'arrêter à de t e l l e s sub t i l i téi;l sans compromettre ses pro­ pres intérêts ; car, pour être agréable à u n fonctionnaire commun a l d ont le caractère pub l i c et privé mérit a i t toute sa considération, i l n'éta i t aucunement quest i on de prolonger une s i tuation provi soire qui n'était que gêne dans le fonc·-· t i onnement du serv i c e d'une doubl e l igne de Chemin de fer se croi sant dans le voi si nage de Chât i l lon. Néanmo ins, pendant un an, le Direc teur de l a Compagn i e l a i ssa sub s i ster h station de C h âti llon à côté de c e l l e de Juv i sy ; mais c omme son rendement était vraiment i nsuffisant, elle fut défini t i vement s Û pprimée, ainsi que celle d'Ablon, par d é c i s i o n du Conse i l d'Admini stra t i on d u 1 6 févri er J844, à p arti r du 1 er avril , date du changement de serv i c e pour l'été de l a même année ( 1 3 ) . * * *

B i e n que l e s i nstal la tions ne fussent pas encore prêtes, l e s « conv o i s à la vap eur» s'arrêtèrent offi c i e l lement à la station de Juvi sy-sur-Orge l e 1 0 JUlU lIH"3, à l'occasion de la m i s e en v igueur du servire défi ni t i f de la ligne d'Orléans. L a Compagn i e ava i t provi soirement élevé au c arrefour des deux voies une petite baraque en b o is qui fut rapi deme n t· remp l a c é e , vers 1 8 4 6-18 4 7 , par un .< olide bâtiment en maçonnerie (20) . En outre, l e s abords de la nouv e l l e station furerit m i s dans un état de via­ b i l it é très sati s fai sante g:râce à l'ouverture : - du Chemin de la Station qui longe a i t l e s murs du Clos de la M a ladrer i e ju squ'à la Grande-Rue de Juvisy ( 2 1 ) ; - du Sentier de la Station qui suivait la v o i e (22) ; - et du Chemin du Bac, tra c é en l i gne dro i t e du poteau kiIométri qu� N° 19 du Chemin de fer j usqu'à la S e i n e , en direction de 'l'axe de l'avenue

(19) Id., Règlement pour la police du Chemin de fer de Paris à Orléans (Art. 3) . (20) Id., Reg'stre des Procès-verbaux des séances du Conseil (287: 1843, 1844 et 1845 - Vol. V, fol. 35). On note à la séance du 19 mai 1843: Le s stations de Juvisy et de Villeneuve-le-Roi ne pourront être prête s le 10 juin pour l'ouvet'ture du service définitif; mais M. nngénieur en chef a promi s de livrer à cette époque des baraques provisoires qui suffiront jusqu'à l'achèvement des stations.» (21) Rue Hoche actuelle. ( 22) Rue Würtz. «


- 303 �ituée de l'autre côté du fleuve et allant au centre de Dravei l (23). Comme son nom l'indi que, ce chemin condui sait au b ac instal l é depui s peu en face de l a station p a r l'anc Î en ferm i er du passage d'eau de Chât i l lon, M . André Dumont, et à l'auberge qu' i l ava i t fait construire à cet endro i t, la seule mai son existant alors à Juv i sy sur l e s bords de l a Seine (24 ) . * * *

L e s traits de la premi ère gare de Juvi sy nous ont été heureusement con­ servés par une adm irable l i thograph i e de Champin, imprimée chez J. R i go et C" et intitul é e : FOURCHE DE JUVISY.

LA "FOUtellE" IlE .JensY

(Lil hogra}J/lie cie C lwmpin)

Au prem i er plan, on aperç o i t la « fourche» des lignes ferrées il double \oi e de Corb e i l et d'Orléans, bordées d'un tre i l lage qui limite les terrains de la Compagn i e . La petite bâti sse rect angul aire de l a stati on, élevée en meuli ères de V i ry, s'inscri t normalement aux deux branches, derri ère des médai l lons de

sazon et de fleurs (25), sur l e sque l s se dressent l'horl oge et les i nstruments èe sécuri té indi spensables à l a b onne marche des convoi s : les mâts cie signa l i

-

(23 ) Hue de Drareil. (24) Dans l e recensement de 1846, cette auberge e st appelée habitée par André Du mont, aubergiste e t passeur.

"le Petit-Jul'isy"

et

(25) Le bâtiment de la station m e surait 26 m. 50 sur 7 m. A gauche (en regardant vers Paris), il renfermait 3 salles d'attente pour chacune des 3 ClasSes; l e centre était occupé par un Bureau, les Bagages et un Vestibule donnant accès aux Trottoirs (quais); le côté droit était réservé à la vente des Bill ets, au Magasin , au Télégraphe et au Bu­ reau du Chef de Gare.


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.�ation ou arbres il signaux et l a cloche autori sant l e s voyageur:3 à quitter l es salles d'attente et à prendre place dans l e s voitures (2 6 ) . On i magine faci l ement l'arrivée du convoi , dont la locomo t ive, telle une comète il la c1wivelure enflammée, l a i sse échapper de sa l ongue chem i n é e une épai sse fumée noire et toutes sortes de- rési dus qui i ncommodent considérable­ ment l e s voyageurs des berlines et surtout ceux des tombereaux, exposés à toutes les i n t empéri e s (27 ) . L a station est maint enant toute proche. L e machini ste, cri sp é sur son i m­ mense frein à main, arrête l e monstre crachant de tout e s parts dans un derni er =-l'rineement. Les voyageurs s'affai rent ; ceux qui vi e nnent de descendre.à Juvi sy Îl'Hnchi ssent le passage de niveau ou le passage par dessous, s i s au bout du �enti er de la Station (28 ) , et gagnent le v i e ux v i l l age en maugréant contre l e s foui lles dont l e mauvai s état empeste le pays et en j etant un regard di strai t sur l e s bâtiments de la Ferme de la Maladr.eri e que surplombe un curi eux pi geonni er. Au loi n se dressent l e s graci euses arcades du Pont des Belles-Fon­ taines, avec ses groupes de sculpture qui se profilent sur un hori zo n barré par de magni fiques futa i e s et par l e s arbre s de la route royale. C ette description ne serait pas complète si l 'on n e di sai t enfi n un mot de l'aiguIller'ie, petite m a i son - invi sible sur la l i thograph i e - si tuée presque en face des deux leviers d'aigui llage et adossée aux « foui l le s )), dans laquelle vécut pendant de longue s anné e s l e premier et l e plus sympathique employé de l a gare d e Juvi sy : l ' a i guilleur Jul e s C é sar Napoléon Cavelle . Un moi s après l'ouverture de la station, le prem i er receveur - le « chef de gare)) de l'époque -, M . Duminy, donna sa dém i s sion sous prétexte que c e trav a i l éta i t « au-dessus d e ses furces)) e t fut remplacé par son gendre M . Foi sy (2\)) . Comme l e s bâtiments n'étai ent pas encore terminés, le personnel demeura i t dans l e vill age ; e t c'est ainsi qu'en j u i l let 1 846, l e troi sième chef de station, Alexandre Bouchard, hab i t a i t toujours « la Grande Rue d e Juvisy, dans la i\!lun­ tagne)) (30).

(tG) Au début de la mise en service de la ligne de Paris il Corllc], seuls les si­ gnaux mobiles étaient en vigueur. Dans le cours de l'année 1843, après l'ouverture d e l a ligne de Paris à Orléiln s, les ho m m e s manœuvrant les f'ignaux fixes il pied d'œuvre furC'nt remplacés par des mâts élevés appelés arbres à signaux, implantés à 150 o u 2 0 0 m . en avant d e l'axe du bâtiment d e cllaqu e statio n . Ils portaient 3 signaux: u n disque blanc, un vert et un rouge, fixés s u r une tringle verticale q u e l'on faisait touI'Ilcr au moyen d'un engrenage très simple. La nuit, ces signaux étaient rpmplacés par des lanteI'Ile s à verres de semblables couleurs. A la gare de Juv'sy, il y avait 3 mâts , un pour chaque sens d e circulation , à raison d e la « fourclle ), . (27 ) Les to m b e reaux, en service depuis le 1er avril 184 1 , étaient des wilgons décou­ verts ; malgré les plaintes du public, o n les util'sa jusqu'au 24 février 1 8-'18. (28 ) Un passage par dessous de 4 m. d'ouverture sur 4 m. de hauteur, avec pas­ sage à niveau accolé, fut construit cn 184 1 il l'intersection du Pavé de ,Juvisy ( Grande Ru e actuelle) ct du Chemin de fer: "La Ci' a fait édifier aux frais d'elle . des murs le long des murs de clôture du Clos de la Maladrerie, et d'une partie des b âti m ents de la Ferme de lUDÎsy - appartenant aussi au comte de Monlt essuy - qui, par suite de l'étab lissement du passage par dessous se trouraient déchaussés à une profondeur qw m e ttait leur so lidité e n danger - 1 8 septembre 184 1.» (Arch. S.S.C .F., Cart. JI (D9, Ch9, P�) . (29) Id., Reg. des Pro cès-verbaux (287: 1 R43, 44 et 4;) - Vol. V, fol. 78). Séance du 12 juillet 1843: « Le sieur Duminy, recommandé par M. lullien, donne sa démission de Receveur, parce qu'il la considère comme au-dessus de ses forces ..Vous demandons son r e mplacem ent par le sieur Foisy, son gendre, qui nous est particulièrement recommandé par M. Warmont e t qui est un homme très capable . " (30) Rue Camille Flammarion actuelle.


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L'AMÉNAGEMENT DES AllaRDS DE LA STATION IlE JUVISY La gare de Juvisy fut ouverte offi ciellement quelques Illois après la mise en service de la l'gn e de Paris il. Orl éa ns. Pour permettre aux piétons et aux voitures publiques de s'y rendre facilement, l e s abords de la nouvelle station furent mis dans un état de viabilité très satisfaisante grâce à l'ouverture du Chemin de la Station, du Sentier de la Station, du Chemin du Bac et au détournement du vieux Che­ min d'A this à Juvisy qui longeait auparavant le magnifiqu e Clos de ra Maladrerie.

Comparer ce plan avec celui de la gare de Juvisy, en 1867 (p. amI): la gare de m a rc h an ct: ses , avpc son faisceau de voies et sa halle, a été construite et de nombreuses « fouilles» ont été creusées à proximité des installal;ons ferroviaires.


- 306 Le site de la station de Juvi sy, a u L'avenir de la Station de Juvisy. m i l i eu des p r é s et des champs, n'avai t d o n c ri en de particuli er, si ce n ' e s t d'être i mposé par la b i furcation des deux l i gnes d'Orléans e t de Corb e i l . Et encore cette « fourche J ) n'avait-elle à ce moment qu'une importanc e relative, puisque l'une des deux branches abouti ssait en impasse il Corbe i l , à une dizaine de ki l omètre s de Juvi sy. Dans des conditions aussi préc aire�, M a i t- i l possible d'espérer d e grande s opérati ons d e transbordement à Juv i sy ? E n effet, b i e n que j o u i s sant d'une grande prospéri té, l e chemin tronqué dl! ' Corbeil continuait à ",e voir enlever par l e s b ateaux à vapeur de l a Seine le ti ers de ses voyageurs et la pre sque tota l i té des marchandises ( 3 1 ) . C'est pourquo i l a Compagn i e songea séri eusement, dès 1842, il prolonger cette l i gne j usqu'à :\l ontereau. Toute concurrence devait alors cesser et la Com­ pagn i e aurai t possédé u n railway c omplet d'un bon parcours, ayant pour ter­ minus un des grands centres de commun i cation du Royaume. Montereau aurait été « le poin t le plus favorable pour rétablir l'entrep ô t des marchandises d i r i ­ gées du Midi sur ['n ris ct pour cré er un vaste magasin de charbon d e s l inr à' ali m e n ter les usines el les loeornotil'cs de la Compagnie J) ( 3 1 ) . M a i s l e Gouvernement, en présentant l a loi du 26 j u i ll e t 1 8 4 4 sur le futur Ch emin de fer de Paris cl Lyon, donnait une s o lution b e aucoup plu� é l égante : le tra c é en était dirigé par les vallées de la Seine, de l'Yonne, de l'Arm an�'on f� t d e l a Saône, c'est-il-dire qu' i l empruntait l' embranchement de Corb e i l . D e plu�, qu'on a doptât dans Paris une gare commune aux Chemins de fer d'Orll'ans et de Lyon ou deux gares di stinctes, l e s deux l i gnes se j o i gnaient naturel lemen t à ,Jm'i sy, d'où les ,wantages suivant s : -

1 0 Les voyageurs et l e s marchand ises qui n'allai ent pas à Pari s étai en·, a fIranc h i s de 2 0 km . de p arcours ; 2 0 Les marchandises de la l i gne de Lyon, à desti nation de Bordeaux, Nan ... tes, etc . . . , et réciproquement, étai ent di spensées de s fra i s de chargement et de déchargement, a i n s i que de c eux de transport d'une gare il l'autre ; 3 0 L'Etat n'avait plus il fa ire, pour réali ser cette j onction impérieusement �ommandée par l e commerc e, soit un embran 0hement entre les deux l igne s, soi '> un Chem i n de C e i nture clans l a Capitale. Les espoirs de Corhei l e t de Juvi sy furent pourtant crue llement déçus, car, m a l gré les protestations de toutes les localités de la rive gauche de la Seine, le tracé définitif, e n oppo sition au texte comme à l'espri t de l a l o i du 26 j u i l let 1 8 4 4 , passa par l a v a l l é e d'Yerres et les plateaux de l a Brie (32 ) .

LA GARE D E J UV I SY D E 1 8 6 3 A 1 883 La gare de Juvi sy, qui j usque vers 1 860 n ' a qu'une très faible activ i té, n e tarde p a s à présenter un i ntérêt d' autant plus grand que le trafic général prend un développement i nsoupçonné en rapport avec l'extension même du réseau.

(31) Journal d e s Chemins de Fer, n ° 2 du 15 f l' v . 1842, p . 1 0. Les marchandises s e composaient surtout de farines destinées à l'approvisionnement de Paris. (32) Arch. corn. de Juvisy, « Mémoire des habitants, propriétaires d'usines . . . tendant à ce que le Chemin de Fer de Paris il Lyon suive l a vallée de l a Seine en passant par Corbeil » . - A rch. d'A this, Reg. des Dé!. (9 fév. 1845 ) .


- 3 07 En 1 86 1 , la longueur totale des li gnes de Chemin de fer de l a Compagni e d'Orléans é t a i t de 1 . 4 7 5 km. ; en 1 8 6 4 , e l l e atteint 1 .7 6 5 k m . , e t chaque année voi t s'effectuer la l ente, m a i s sùre progression de s voi e s ferrée s vers nos fron­ tières, a lors que se re sserrent les m a i l l e s du filet qui les r e l i e entre e l l e s . Il eonvi ent a u s s i de noter q u e l a Compagn i e d'Orl é ans n ' e s t pas l a seule ' \ man i fester son a c t i yi t é d a n s notre région, pui sque, sur l a rÎ\:e dro i t e de l a Se ine, une autre Com pagnie a jeté l e s j a lons d'une autre grande l i gne de Che ­ m i n de fer devant relier P a r i s à l a Médi terranée par Lyon. La concess ion de ce Chemin de fer fut accordée le 2 0 déc embre 1845 à une soc i é t é p r i v é e . il laque l le l ' E t a t dut s e sub sti tuer le 1 1 aoùt 1 8 48, parce qu'e l l e ne pouva i t 8a t i sfaire à ses o b l i gations . La premi ère sec t ion, de Paris il Tonnerre, fut inaugurée le 1 2 aoù t 184g, suivie de c e l l e de Tonnerre à Dijon, le 1 er juin 1 85 1 ; de Dijon à C h â lons, le 1 er septembre 1 8 4 9 , et de Châlons à Lyon, l e 1 0 j u i l l e l 1 8 5 4 , il l'exc eption de l a traversée de Lyon l i \Tée à l a c i rcu­ l a tion en 1 8 5 6 seulement. Entre temps, par traité en date du 5 j an v i er 1852, rEtat rétrocéda l a nou ­ velle l i gne à la « Compagnie du Che m i n de fer de P ari s à Lyon " , formant p e u après, avec c e l l e du « C h e m i n de f e r de Lyon à l a Méditerranée " , l a: Compagnie du Chemin de fer rie Paris cl Lyon et cl la Méditerranée.

L'abandon de l'embranchement de Corbeil par la Compagnie d'Orléans.

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A la suite d'un ac cord i ntervenu entre la Compagn i e de Lyon et la Compa ­

;mie d'Orléans ( 1 1 avr i l 1 8 57 ) , c e l le - c i c é d a l e tronç'on de Juvi sy à Corbe i l il l a Compagn i e de Lyon q u i le joignit à son réseau. Elle construi sit, à cet efIe t, un peti t embranchement, reli ant Juv i sy à Vi l ­ leneuve-Saint-George s, qui franch i s s a i t l a Seine à tro i s o u qua tre c e n t mè tres en amont du confl uent de l'Orge sur un magn i fi que pont b i a i s à tro i s piles, désigné sous l e nom de Pont d e Lyon. L'exp loi tation de la l i gne d e Corbei l par l a Compagn i e du l'.L.M., effective il partir du 1 8 mai 1863, ava i t pour but l a prolongation de c ette l i gne jUSqU'3 Lyon par Montargis, dont la première se ction de Corb e i l à M a i sse fut ouverte en j u i l let 1864 (lignE'- du Bourbonnai s ) . F a i t capital, les deux lignes de Chemin de fer étai ent absolument i ndépen­ dantes l'une de l'autre dans l a traversée de l a gare de Juvi sy, désorm a i s com­ mune aux deux Compagn i e s , e t se côtoyaient seulement sur quelques centa ines de mètres.

L'appréhension des Communes. - Dès l e moi s de décembre 1857, l e s local i té s des environs, en parti culier Athi s-Mons et J uvi sy, av aient été m i se s au courant de ce proj et d'abandon d'embranchement q u i leur c ausa quelque i nqui étude. Ce changement de di rection ne sera i t - i l pas fatal aux i ntérêts de tous les v i l la ge s de la rive gauche de l a Seine en apportant une profo"nde perturbatio n dans l e s communications soi t avec Pari s, soi t avec Corb e i l , chef-lieu de l ' a r­ rondissement, où l e s habi tants étaient appe l é s journellement pour leun affa i re s ? . L e s Commune s, qui avaient . p u apprécier l e s b i enfai ts d u C hemi n d e fer depu i s plus de quinze ans, s'empressèrent d'attirer l'attention du Gouvernement de l'Empereur sur le s m e sures propres à les sauvegarder d'une véritable dé · possession de tous les avantage s dont ell e s jqui ssai ent : 1 0 Organi s ation sur la l i gne de Corbe i l d'un servi ce de banli eue mainte ­ nant le nombre des tra i ns d e l a Compagn i e d'Orléans ;


- 3 08 2 0 Augmentation, sur la l i gne d'Orléans, des trains de banlieue d'un nom­ bre égal à c eux supprimés sur la l i gne de Corbei l ; 3 0 Aménagement sur l e « Pont de Lyon )) d'un passage réservé aux voi tures et aux pi étons, quand bien même cette d i sposition engendrerai t un droi t de péage au profit de l a Compagn i e . Ce passage, semb lable à celui de B e r r y s u r l a li gue de P e t i t e Cei nture ( 3 3 ) , permettr a i t de fréquenter l e s marchés de l a Bri e ; 4 0 Construction Jl our Ath i .� -Mons d'une seconde stati on au débouché du pont­ vi aduc pour le maintien des commun i c ations avec Corb ei l ; G o E tabli ssement d'une c orrespon dance f a c i l e e t sans perte d e temps à la station de Juvi sy, où voyageurs e t marchandise s il transborder devaient trouver place.

Les deux Compagn i e s a c c édprent à c e s demandes, tout au moins pour l 'orga­ ni sation des servi c e s de trains ; m a i s e l l e s repoussèrent par c ontre l es tro i s der­ nières, vu les faci l i t (S s nouve l l e s de r orreBpondance à Juv i sy et l a proxi m i t é du pont neuf de Y i l l eneuve-Sai nt-Georges ( 3 4 ) .

L e racco,rdement des deux réseaux à Juvisy ( I 864). - S i l e prolon­ gement de l'embrancheme n t contribua iL augmenter l ' i mportance de Corb e i l en lui créant de nouveaux déb o uchés, cette nouvelle si tuation mit surtout en évi­ dence l e rôle particuli èrement actif que l a Gare de Juv i sy jouait dan s l e s opé­ rations de transbordement, bien que le simple a c c o l ement des l i gnes ne facil i tâ t p a s le trava i l et f ù t même un véritable non-sens. En 1863, en effet, le poids tot a l des marc handi ses il petite vi tesse des trafics transi taire e t l o c a l de la Compagn i e d'O rt'éans il l a Gare de Juvi sy était 3 4 fOB p l u s él evé que celui de 1 8 5 3 :

1853 : 1863 :

Expédi tions

223 .882 kg.

H é c eptions

358.043 kg.

Trafic local :

Expéditions

3.226.400 kg.

Héceptions

9 . 080.800 kg.

Trafl:c tr·ansitairc, (de Lyon sur Orléans) :

283.500 kg.

Expéditions

7 . 3 9 1 . 1 00 kg.

Réceptions

Il en résul t a que le besoin se fit trè s vite sentir, en 1 8 6 4 , de rac corder l e s (l eux l i gnes il Juvi sy et de con struire u n e certa ine longueur de v o i e s soit pour le garage, s o i t pour l'expédi t i on des wagons dirigés pal' Juv i sy sur l'une quelcon­ qu e des quatre direetions ( 3 5 ) . Outre ce raccorde­ La « Gare de marchandises » de Juvisy (I864). ment e t quelques ouvrages accessoires concernant l e serv i ce des voyageurs, la -

(33) (3 4 ) (35) (36)

L'origine de la P etite C einture remonte au décret du 10 décembre 1 8 5 1 . A rch. Juv'i sy, Dé!. d u 13 déc. 1 85 7 . A rch. d'A thi s, Dé!. d u 20 j anvier 1 858. A rch . .s.N.C .F., Cart. J I (D9, Chi , P I l ) . Id., Cart. J I (D9, Ch i , p l 4 ) . -


2


- 310 -

création d'une gare de marchand i s e s fut une di spo s i tion propre à sati sfaire àux besoins nouveaux de la station de Juvi sy. Si tuée à l 'emplacement actuel de « Juvi sy-local » , dans la fourche des deux lignes, e l l e comprenait un petit fai sceau de voi es re l i ées entre e l l e s par deux voies transversales muni e s de plaques permettant la manœuvre des wagons jus­ qu'au quai et à la halle des marchandi ses. L'ensemble de ces installations' était , destiné à assurer le service de la localité e t surtout au transbordement des mar­ chandises expédiées d'un réseau sur l'autre par , chargements inco m plets. Bi entôt, divers travaux d'agrandi s sement furent rendus nécessaires par l'im­ portance cro i ssante du transbordement� ().ans la gare de Juvi sy. En 1 867, l e s voi'e s de Corb e i l furent rej etées autant q u e p o s s i b l e s u r l a gaucpe pour permettre l'étab l i s sement de tro i s nouvelles voi es de marchandises, à côté des quatre voi e s déj à existantes ; une a u tre 1 v o i e , r e l i é e il la tête S u d du fai sceau, fut étab l i e dans la c o u r de cette gare afin de desservir un q u a i de chai ses de poste. La halle des marchandises fut prolongée d'une longueur égale à celle qu'elle présenta i t ; et une grue fixe instal lée pour fac i li ter l e chargement et le déchar­ gement des marchandises lourdes pour l e service local de Juv i sy (36) . Telles étaient les installations de' ce qu'on veut appeler, à tort, la premi ère gare de marchand i s e s , de Juv i sy et qui é t a i t, ' en réalité, l'embryon d'une vér i ­ t ab l e gare de tri age, adaptée naturellement aux besoins et aux connai ssance s de l'époque. Dans l eurs lignes essentieIres, elles suffiront pendant une quinzaine d'années au transit des marchandi ses d'un réseau sur l'autre. Mais l eur augmen­ tation constante en poids et en nombre, a i n si que des communi cati ons plus a i sées entre l e s di fférentes l i gnes divergeant de la Capitale, provoqueront fina­ l ement la construction d'une véritable « gare de tri age » , à l a quell e Juv i sy devra sa renommée, son extension et sa pro spérité actuelles. (A suivre.) 111111111111111111111111111111111111111111111111111

LA SECON·D E GARE DE VI LLEN EUVE�LE�ROI

les suites d'une ma nifestation

"

à l ' a méricaine

"

Par PAUL CSERY

Directeur du Cercle Sesamois de Villeneuve-le-Roi ------- ..... -------

ux A

premi ères années de l'exp l o i ta­ t i on du Chemin de fér de Pari s , ' :1 Orléans, V i l l eneuve -le-Roi étai t desservi par une gare si tuée à l'endro i t où présentement se trouve le pont en­ j ambant l'Avenue de la Répub l i que, c'est­ à, .. dire à mi -chemin entre les stat ions

a c t uelles de V i l leneuve-le-Roi e t d'Ab lon. M a i s, quelque s années plus tard" cette station fut supprim � e, et l a gare d'Ablon resta seule à la di sposition des usagers. Nous lai sserons aujourd'hui volontai ­ rE'ment d e côté l ' h istoire de cette pre­ mi ère gare de V i l leneuve-le-Roi - dont


- 31 1 nous reparlerons d'a i lleurs dans un pro­ charn article - pour ne reteni r que la relation des difficultés rencontrées lors de l 'établi ssement de la station actuelle. * * *

Donc, i l faut tout d'abord rappe ler qu'en 1 898 commencèrent l e s prem i ère s opérati ons de morcellement du Parc de le. Fai sanderi e : les premi ers terrà i n s achetés l e furent l e long de l a voie fer­ rée par le f a i t de leur prix plus modéré ' - de 2 il 4 francs l e mètre -, car ces lots étaient c onsi dérés comme de moin­ dre valeur à cause de leur si tuation, dans la part i e l a plus basse du pays. Néan­ moins, malgré cet i nconvéni ent. aggravé par la prox i m i té de l a Seine, en quelque s année s, de nombreuses habi tations éta i e n t édi fiées et u n e agglomération nouvel l e de quelque six c e n t s habi tants é t a i t ve­ nue s'y étab lir. O r, vers 1 9 0 4 , l a Compagn i e d'Orléans, pour l e doublement de Pari s à Juvi sv ' des l i gnes exi stantes, entreprit des tra ­ v à ux impor tants. Les habitants du voi ­ sinage et l e s usagers de V i l leneuve-Ie­ R o i , obligés de faire cinq ki lomètres pour prendre l e tra i n de Pari s ou le quitter à son retour, pensèrent qu'à ·;>, e tt e occasion i l leur était possible d'obten i r la création à l e u r usage d'une petite gare, à défaut d'une h a lte, ne sera i t- c e enfi n qu'un s i m p l e q u a i d'embarque ' m ent ! Mai s des délibér a tions de la Muni cipa­ bté adressées à l'admini stration supé­ ri eure ( 1 ) et des nombreuses pétitions signées par l e s habi tants, l a Compagn i e ' Il'eut cure, arguant q u e l e nombre d e voyageurs é t a i t i n suffi sant pour récupé­ rer une telle dépense. Et pourtant, la Commune a v a i t offert de parti ciper aux fra i s de constructi on de l a modeste gare soll i c i tée ; la Soeiété Immob i l i ère du Pare de l a Fa i sander i e e l le-même s'en-

( i ) 2 8 mai 1905, 9 juin 1907 et 2 0 février 1909.

gage a i t à mettre graci eusement à la d i s ­ p o s i t i o n de l a Compagn i e un emplace­ ment de 4.000 m2 environ : ces offres tout i ntéressantes qu'elle � fussent, n modifièrent point pour autant le point d e vue de l a Compagni e d'Orléans. Chacune de ces mar: Lestations épi sto­ l a ires sans résultat Jl'avai t pourtant pas été inutile, car les rapports des enquêtes m enées .:',h aque foi s apportai ent des ar­ guments de plus en plus forts en fa­ veur des demandes des usagers. La po­ pulation s'étai t accrue, en effet, de plus de 3.200 habitants, e t. c ette augmentation devint un argument majeur qui entraîna l a Compagni e il promettre ce qu'elle ava i t toujours refusé. De nouvelles l enteurs, admini stratives cett e fo i s, l assèrent l a patienr,e mise à ' trop dure épreuve pendant si longtemps et provoquèrent un mécontentement tel que deux manifestations assez graves s'ensui vi rent.

* * *

En 1 9 09, M. le baron de Cou r cel, alors ' c onsei l ler généra l , étant venu à la Mai ­ ri e de Vi lleneuve-le-Roi pour di scuter d e la question qui tena i t tant au cœur des habitants, fut entouré il l a sorti e de la M a i son Commune par un groupe de m a ni festants. Debout sur le perron, i l leur déclara qu' i l s aura i ent satisfaction, sans pouvo i r préci ser dans comb i e n de temps . Réponse trop évasive au gré de s assi stants et qui m i t au comble l 'énerve­ ment de certains, plus surexc ités. Ils �e prée ipi trrent ver s le landau du ,:', onse i ller g énéral, s'en prirent au cocher qu' i l s in­ sultèrent e t tentèrent d'arracher de son ' si ège . H eureusement pour l u i , les che­ vaux pri rent peur, se cabrèrent, et leur brusque démarrage d i spersa la foule. En 1 9 1 0, une protestati on d'un genre tout il fai t inédit fut organisée par les habi tants du P arc de l a Fai sander i e . De nombreuses affiches ava i ent convoqué toute la populat io n à une réunion qui eut lieu le dimanche 18 avri l il 10 heu­ res dans l a salle du C a s ino e t qui ava i t pour b u t de secouer l'apathie d e tous


312

A gauche : :\IANIFE STATION DEVANT L A MAIRIE A droUe : CONSTRUCTION DE LA GARE

les services et accélérer la sorti e de terre des murs de l a gare promi se. Au cours de la di scussi on, un assi stant pr oposa de s o rendre, dans un geste purement sym­ b o l i que, jusqu'au l i eu de la future sta­ t ion. Une c o l onne de 3 à 4 00 personnes se forma aussitôt, précédée de M M . Ar­ gel iès, député de la cir::onscripti on e t m a i r e de Juv i sy, M a s c aux, maire de V i l­ leneuve-le-Ro i , l'abbé Bouché, curé de la · Fai sander i e , du c onse i l ler d'arrondi sse­ ment et de l a plupart des m embres du Conse i l Muni c i p a l . Arr i vés sur l'empla­ cement prévu, l e s organ i sateurs engagè­ rent tour à tour l e s habi tants à persé­ vérer dans l eur act i on et à l'intensifier jusqu'à complète sat i sfacti on. Comme le Sud-Express, parti de Pari s il m i d i , appar a i s sa i t au loin, les mani ­ fe stant s, d é l a i ssant les orateurs et les d i � e ours, se portèrent au devant du con­ voi, entraî n é s par un consei ller muni ri ­ pal, M. Costes, qui agi t a i t de droite et de gauche un drapeau rouge qu' i l vena i t de déployer. A ce signal qu' i l consi déra comme un s i gnal d'alarme lu i ordonnant un arrêt absolu, l e méeanie i en renversa la vapeur e t b loqua immédi atement ses frei n s. Au chef de train qui vena i t se rendre compte des r a i sons de cet arrêt, il fut rem i s un écriteau portant l'inscripti on : « Nous 1wulons une gare à Villeneuve-le-Roi ! )) A ce moment arriva l'express de Limo­ ges qui dut stopper à son tour. Après avo i r protesté de cette façon, les u sagers du P . O., qu i n'av a i ent voulu en cette c i rconstance que concréti ser leur profond m écontentement, se rangèrent

alors de chaque côté de la voie pour lai s­ ser p asser l e s deux trai n s (2) . La p resse pari s i enne d'alors qua l i fi a cette manife stati on « à l'américaine )) d'acte de v i o lence et comme un pro c è s­ verb a l av a i t été dre ssé sur le champ p ar l e s agents de la Compagn i e , l e s organ i ­ sateurs furent, par l a suite, i nculpés de­ vant les tribunaux pour i nfraction à la polic e des Chemins de fer (3) . Aussitôt après l'incident, une déléga ­ t i on de sept membres se rendit à Ath i s­ Mons, auprès de M. de Coureel, pour l u i demander d'i nterven i r a fi n d'arrêter l e s poursuites q u i deva i ent être engagées, ln'i fa i sant remarquer que l'acte qu' il s ve­ n a i ent de commettre, s' i l pouvait paraî­ tre exagéré, n'ava i t été accompli que dans l e but de fa i re aboutir leurs re­ vendicat i ons. I l s'en fallut de peu que l a délégat i on ne fût reçue par M. de Cource l : c e tte v i si t e i nop i néè arr i va i t, en effet, a u châ­ teau d'Ath i s tout aux préparat i fs du ma­ ri age d e Mue d e Courc el. Sur l e s i nstan­ c e s de cette dern i ère, i l s furent quand même admi s à expli quer l e but de leur v i s i te et i ls s ' en retournèrent après que

(2) Supplément i llustré du Petit Journal du 1 er mai 1 9 1 0 - L'A b e ille de Seine-et­ Oise, n° 31 du 21 avril 1 9 1 0 . ( 3 ) O n l i t dans L'A b e ille n ° 5 1 d u 30 juin 1 9 1 0 : " Nous pensions que c ette affaire, que nous a v ons blamée en son temps, était ou­ bliée par les pouvoirs publi cs. Il n'en était rien, parait-il, car nous apprenons que M. Dominique, jug e d'instruction à Corbeil, vient d'inculper M. A rge liès c o m m e coauteur d'in­ fraction à la police des chemins de fer. »


- 313 M. de Coureel leur eût promi s formelle­ ment qu' i l userai t de tout s on pouvo i r pour faire abouti r l eurs desi derata e t arrêter l e s poursuites d o n t i l s étaient l'obj et. * * *

On pourrai t croire que le 3 1 mai 1 9 1 2 , après l ' i n auguration de l a gare tant dé­ sirée (4 ) , toutes les di ffi.cultés éta i e n t vaincues et q u e l e p'ays a l l a i t reprendre son tra i n t r a i n d'autrefo i s . I l n'en fut rien ! La gare étai t bien là, à la satisfaction de tous, mais quel nom lui attribuer ? Sur re point, tout aussi tàt, des divergell­ ees s'él evèrent. Certains adressèrent au Consei l Municipal un vœu tendant il l a désigner s o u s le vocable : L a Faisander·ie. - Perturbation inutile dans nos rela­ tions commerciales et industrielles, pro­ testèrent bon nombre d'habi tants. C'es t la yare du pays e t non d'un quartier! Le Consei l . Municipal demanda alors il �a Préfecture l'ouverture d'une consul­ tati on pub l i que ayant pour obj et de con­ fl a î tre l'opinion de l a population sur l e n o m à donner. U n comm i s s a i re-enquê­ teur recuei IIi t les ob servati ons des hab i ­ t a nts. le 9 février 1 9 1 3 et rédigea son rapport qui se termi n a i t par les cons i ­ d érations suivantes : « A près avoir reçu les dires des habi­ trmts de Villeneuve-le-Roi pour la déno­ m ination de la station créée, nous ' avons consta t é que 252 déclarants sont venus dire que cette station devra s'appeler en ou tre, il « VILLENEU VE-LE-ROI » ; n o u s a été remis quinze listes con tenant 132 déclarations pour dire aussi que le nom de « VILLENEUVE-LE-RO I » devra être donné à la future station. D'un autre côté, nous n'avons reçu que douze déclarations pour dire que

ce tte station doit se nommer « LA FAI­ SANDERIE » . Les 384 déclarants demandant la déno­ rnination « VILLENEUVE ':LE-ROI » pour la future station disent l'tuec raison que la Ville s'est imposée extraordinairem ent de 172.000 francs non pas dans l'intérêt cl un quartier, mais bien pour celui de t oute la ville. La population, par son em­ pressemen t à répondre à l'enquê te; indi­ (l ue clairement qu'ayant consenti de gros sa crifices, elle entendait que les avanta­ yes de ceUe sta tion soient au profit de la Commune et non d'un intérêt parti­ culier. Les dires des importantes maisons de Villeneuve-le-Roi qui font un gros trafic (( vec la Compagnie P. O. sont une attes­ to tion indiscutable qU,e le nom de « VIL­ LENE G \T.E-LE-ROI » doit ê tre donné à cette station. La réinstallation d'une sta­ tion dans la Commune s'impose en rai­ son de l'accroissement considérable de Itl popu!ation de ce tte ville. )) . A la suite de ce referendum et con­ formément a u x conclusions du commi s 8aire -enquêteur, la station f u t dénom­ p1 ée « VILLENEUVE-LE-RO I » , avec en' sous ti tre « LA FAISANDERIE » . Ainsi, tout le monde é t a i t content ! Par contre, sur la demande qlli lui en fut fai te , l a Compagn i e fi t di sparaî t re de l'appellation de . l a station si tuée sur la voi e ferrée de Choi sy-le-Roi à Massy­ P a lai sea u les termes « VILLENEUVE­ LE-nOI » qui suivaient l e mot « ORLY » . Chaque Commune eut alors son propre n om donné à la stati on si se sur son ter­ roir. Tou t est b i en qui finit bien. M a i s quand on songe qu'i l ava i t fallu p r è s d e dix ans pour donner sati sfacti on aux désirs légi times des hab i t � nts, on se prend à rêver mélanco l i quement aux vers de La Fontaine : .

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage

(4) La d é pense engagé e pour la construc­ tion d e la gare a été amortie par un e mprunt remboursable e n 30 ans ; il fut alimenté par IR création d'une surtaxe locale d e 5 centi­ mes sur l e s billets simp l e s d'aller et de 1 0 centimes sur l e s billets d'aller retour .

on les oppose tout naturellem e nt à une autre expre ssi on au moins aussi forte : et

Que l 'attente

est

crueI1e ! . ..


N'est-il pas étrange que les habitants de no­ tre planète aient presque tous vécu jusqu'ici sans savoir où ils sont et sans se doute r de,� ' merv eilles de l' Uni v e rs ? C. FLAMMARION.

l ' âlM

,

a

C AMILL E

FLAM MAR ION

(26 Février 1 842

-

3

J uin 1 925)

* Par ' LOU I S BRUNEL

A l'occasion du XXV, annive rsaire de la mort de Camille Flammarion, l'Am i ca l e Philatélique de Juvisy-sur-Orge a o rganisé, le dimanche 4 juin 1 950, une expo sition o ù

d e nombreux souvenirs du grand savant étaient rassemblés. Un bureau postal y fonc­ tionna, permettant à la foule des visiteurs de fi.x er cette date importante en envoyant une carte postale souv enir représentant l'illustre disparu et son observatoire . La S.E.S.A.M. a tenu à contribuer à ce s manife stations de déférent souv enir et de respectueuse admiration en évoquant la vie et l'œuvre de l' éminent astrdrtome. Qu'il nous soit p e rmis de remercier ici lIfm , Camille Flammarion qui s'est vivement intéressée, dès la création de la S.E .S.A.M., à la vie !te notre Société et qui a bien voulu. lui marqu er toute sa sympathie en acceptant les fonclions de 1:ice-présittente .

ORSQUE cam i l l e Flammarion recevai t un v i s i teur dans son Observatoire de Juv i sy - sur-Orge, i l ne manqu a i t j am ai s de faire en sa compagni e une promenade, à travers son parc. I l était fier de ses arbre s et nommait au passage ceux qu'avai ent p lantés l'empereur du Bré s i l, la reine de Roumanie ; car èe savapt ava i t eu des roi s et des reines pour j ardini ers. Et, tout à coup, i l s'arrêtai t, a u bout d'une allée d e fusains, devant un e space fleuri , tout baigIlé de s i lence, et di sai t sans tremb ler :

L

- Voici ma tombe; elle est prête; je descendrai, un soir, de mon cabinet' pour y prendre ma place . Un s oir, après une b onne journée de travail... Ge visi onnaire, en relat i on avec des forces i nconnues, avait vu juste. Tout se p a ssa comme il l ' avai t di t : sans souffrances, sans agonie, comme s' i ! pour­ suiva i t un beau songe, i l desc endit dans le jardin qui l'attendait . Il mourut comme un poète, comme un amoureux du Ci e l, restant lui-même jusqu'à l'ultime m i nute. Espri t prodigi eusement alerte, il i gnorait, à p lus de quatre-vingt-troi s ans, ce qu'étai t l a v i e i ll e s se. C'est pourquoi rien, en cette fa­ tale journée du 3 juin 1 92 5 , ne f a i sa i t prévoir qù e ses yeux morte l s vena i en t de v o i r leur derni er lever de Soleil. Dans l'après-mi d i , i l ouvri t s a fenêtre pour contempler l'immensi t é calm e q u i l u i avait livré ses secrets. Le tem p s é ta i t superbe. L e s acac i a s embaumaient


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CA M I L L E: A �T.R ON O M E

1 84.2

.

FRANCAIS

' 9.2 5

FAC-SIMILÉ il E LA CARTE P O STA LE SOlJVEI'iIR éditée par l ' A m ic ale Philatélique de Juvisy à l'occasion du XXV· Anniversaire de la mort de Camille FLAMMARION

Solei l, fleurs et charits d'o i seaux exa ltaient la Vie, cette V i e qu'i l a i m a i t tant ! « Quelle belle journée » , fit-il, « que mon buisson ardent est admirable! ,) P u i s i l ferma les yeux, frappé une dernière foi s par, la b e auté de la Nature et la splendeur d u Ciel. C'était fini ! * * *

S'i! n'est pas d'œuvre plus grande et plus noble pour un homme que d'allumer dans d'autres cerveaux l a fl amme qui brûle d ans le si en, aucune ne dépasse celte - imm ense, prodigieuse - de C a m i l l e Flammari on. Sa vie, racontée dans un


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livre attachant comme un roman, c'est l'hi stoire d'un de ces hommes qui se font à eux-mêmes leur propre destinée e t, sans appui du dehors, franchi ssent aUé� grement tous les degrés de l'échelle sociale, depui s la base jusqu'au sommet ( '1). « J e suis né, écrit Flammarion ( 2 ) , le samedi 2 6 février 1842, à une h eure du matin, dans le b ourg de Montigny-le-Roi, chef-lieu de canton du département de la Haute-l'rlarne, vmage qui comptait 1 .267 habitants . » Ses parents tenaient alors un peti t commerce de draperi e, de mercerie et d'obj ets usuels. Son père, Eti enne-Jules F lammarion ( 1 8 1 0- 1 89 1 ) était cultiva­ teur et, pendant sa j eunesse, n'av a i t pas qui tté l e s champ s : « Je suis donc fils de campagnards, s'écrie-t- i l , vérita b le enfant de la Nature ! » Sa mère, Françoise Lomon ( 1 8 1 9 - 1 90 5 ) , « avait plutôt des tendances aris tocratiques ... e t pensait que son premier-né de vait qvoir une destinée intellectuelle t oute spéciale et une glo­ rieuse carrière (3 ) . » Aus s i ne doit-on point s'étonner que le j eune Cami lle ai t reçu une bonne et s o l i de instruc tion. I l nous conte lui-même, dans ses Mémoires, que dès l' âge d e 4 ans i l savait lire courammen t ; à 4 ans et demi, i l savait écrire ; à 5 ans, il ap­ prena i t l a grammaire et l'arithmétique. A 6 ans, i l était l'élève l e plus fort de sa classe et conn a i s s a i t presque par cœur le Nouveau Te stament...

LES

PREMIERES OBSERVATIONS

ASTRONOM IQUES

Parmi ses souvenirs d'enfance, F lammari on se plai s a i t à rappeler deux faits astronomi que s qui l a i s sèrent en lui une impression i neffaçab le. U n j our, le 9 octobre 1 8 4 7 , une belle éclipse fut annoncée ; dans un seau remp l i d'eau, placé à dessein par l a tendre sollicitude d'une mère - se doutait-elle de l'i mportance de son geste ? ' -, le petit garçon de c i nq ans et sa sœur plus j eune vir�nt le 0 i sque noir de la Lune s'avancer sur ' l'astre du jour et ne p lus l a i s ser b i entôt , subsi ster qu'un m i nce al.ùeau de lumi ère. Quatre ans plus tard, l e 28 j u i l l e t 1 8 5 1 , l e S o le i l s e trouva de nouveau par­ t.i e i ïement obscurci . Comme la premi ère foi s, l'enfant observa l'éclipse dans un r:;eau a'eau ; et l'émoti On ressent i e fut s i forte qu' i l n'eut « cesse ni arrê t d'en avoir l'explication les jours suivants par l'instituteur. » Ce derni er trouva un tra i t é de cosmograph i e que l e futur a stronome parcourut... sans trop l e comprendre, p u i s, pour m i eux le sai si r, cop i a page par page, « rempli d'admiration à la pensée que les savants pouvaient calculer d'avance la marche des astres dans le Ciel. » Ne peut-on voir dans cet inci�ent de \a dixi ème année comme les prém i sse!t d e son i n i t i ation à l'Astronomi e et n'est-od pas tenté de croire qu' i l éta i t pré­ d estiné de par son nom même, s o i t qu'on l e fasse dériver du lati n Flamma Orionis, « la Flamme d'Orion " , ou du vi eux mot franç a i s Flameron, « qui apporte la lumière " ?

( 1 ) L ' œuvre et la vie du Maître ont été longuement exposées dans les Bulletins de la So ciété A stronomique de France, auxquels il a été fait de larges emprunts dan s cette notice. Citons notamment : Jubilé s cientifique de Camille Flammarion ( mars 1 9 1 2 ) , Hom­ mage à Camille Flammarion au G rand A mphithéâtre de la Sorbonne, le 1 4 juin 1 922 (août 192 2 ) et Camille Flammarion, 1842-1 9.25 (juillet 1 92 5 ) .

(2) FLAMMARION (Camille ) , M émoires biographiques e t philo sophiqùe s d'un A stronome. Nous recommandons p articulièrement la l ecture de cet ouvrage. (3) Camille Flammarion était l'aîné de quatre enfants : M m e Berthe Martin , n é e en 1844 ; son frère Erne st, né en 1 8 46 ; puis sa seconde sœur, Mm e Marie Vaillant, née en 1 856 .


- 317 -

FLAMMARION VIENT A PARIS Entre 1 8 53 et 1 8 56 se produi s i t un événement que Flammarion considère comme ayant déci dé de sa destinée : ses parents tombèrent subi tement d'une modeste ai sance à la ruine complète. Ils prirent le parti de venir à Pari s et lais­ sèrent leur fi ls cont inuer ses études chez l e mave curé de Monti gny qui en fi t les fra i s . M a i s l a vie est dure ! E t bi entô t le j eune homme est obl igé de se rendre à son tour dans l a Capitale, o ù i l arrive l e 4 septembre 1 856. Dans ses Mémoires, i l narre son désenchantement : au l i e u du Pari s féérique, éblou i ssant de palais aux m i l l e splendeurs, qu' i l s' étai t forgé, il n'aperçoit que les mai sons gri s e s et sales du faubourg S a i nt-Martin. Après plusi eurs semaines, on trouve enfin à l e placer chez un graveur-ci se­ leur : il y sera simplement nourri e L logé. Quanl à son trava i l , il consi·ste à faire les rudes besognes. C'est ainsi que se passent la fin de 1 85 6 , l'année 1 857 et l'hi ver 1 858. Notre apprent i - c i seleur ava i t heureusement une mani ère à lui de se délas­ ser après l e s dures journées de labeur. Il recevait, l e soir, d'excellentes leçons ùe dessin. chez l e s Frère s de la paroi sse S a i n t-Roch, et les cours de mathémati ques élémentaires de l'Associ ation P o ly tech n i que ava i en t en lui un audi teur non moins assidu. Si tôt rentré dans sa mansarde, il étudi a i t inlassablement pendant de longues h eure s : « Jamais couché avant minuit, di t-i l , je me servis plus d'une fois du clair de Lune pour lire et · ,"crire, ne pou vant même al'oir toujours un bout de bougie à ma disposition. » En j anvi er 1 8 5 8 , Flammarion fonde l'Académi e de j eunesse ; c'est un grou­ pement d'élèves de l'Ecole des Frères de Saint-Roerh et bien plus une soci été de secours gra tuit en cas de maladie, et au�si d'instruction mutuel l e . I l en est élu prési dent et d o i t faire - évidemment - l e di scours d'ouverture, c'est-à-dire sa premi ère conférence, intitul ée : Les rl/ cr reilles dl' la l\"ature. Il est déjà très do­ cumenté, car s a b i b l i othèque comprend 230 volumes, p o i nt de départ de la magni fique collection de 1 2.000 ouvrages qu'i l l a i ssera en 1 92 5 . N o n content de poursui vre s e u l de diffic i l e s études, i l prenai t encore sur s e s nui ts p o u r confier au p a p i e r ses idées s u r l'origine et l 'évo luti on de l'Univers. A mesure que les feui llets s'emp l i s s a i ent i l s prenai ent place dans un dossier portant l e t itre naïvement audaci eux de Cosmologie Universelle. Les dlO ses aura i ent b i e n pu en demeurer là, si le c i sele ur-astronome, épui sé par l e surmenage i ntellectuel et le travail Je l'ateli er, n'ava i t eu la chance de tomber malade. Le médecin qui vint le voir s ' i nforma de ses habi­ tude s et mit l a main par h asard sur l e volumineux manuscrit. Une l ecture rapide de quelques pages le troubla grandement. Il n'en pouvai t croire ses yeux. Force lui fut de · reconnaître dans ce j eune homme une inte l l i gence su­ périeure ; et frappé d'une telle précocité, l'excel lent homme, tout d'abord incr é ­ d u l e , s'employa p o u r l e recommander à Le Verrier, di recteur de l'Observatoire de Pari s.

FLAMMARION

A

L'OBSERVATOIRE

DE

PARIS

Invi té à se rendre auprès de l ' i l l ustre a stronome, Camille Flammarion fut reçu par lui le 24 j uin 1 858 à 1 0 heures du matin. Pour la c i rconstance, i l avait fait grande toi l ette : rai e bien tracée malgré des cheveux touj ours ébou-


- 318 riffés, linge p arfa i tement b l anc, costume noir, chapeau haut de forme, gants et canne de j onc. L'entrevue fut relativement courte ; le j eune homme sub i t une rapide i nterrogation de mathématiques qui se termi n a p ar l'annonce de son admi ssion en qualité d'élève-astronome au trai tement mensue l de 5 0 francs. I l devai t entrer à l'Ob servatoire de Paris le lundi 28 j u i n 1 8 58. M i nute d'ivresse i nou­ b l i ab l e ! Quels horizons merve i l leux pour cet esprit débordant d'imaginati on : vivre m a intenant e n pleine Sci enc e, étudier, chercher, découvrir, contempler les splendeurs du C i e l, s'envoler à travers les plaines éthérées ... Vite, il courut porter l a bonne nouve lle à ses parents . « En sortant de l'Observatoire, écrit- i l , j'a vais des ailes ... L'aven u e de l'O bservat oire e t le jar­ din du Luxem b ourg me parurentl un, paradiS, une contrée céleste, dont jl] de­ venais le citoycn, ct je sentis quc j'cntrais dans ma v oie si long temps cherchée. » La réal i t é se trouva pourtant d i fférente du rêve. Affeeté au Bureau des Calculs, son occupation essent i e l l e consi sta i t à prendre des chiffres dans des regi stres et à les transcrire sur de grandes feui lles préparées pour l e s recevo i r. Ce n'éta i t p a s b i en diffi c i l e , m a i s on c o n ç o i t fac i l ement qu'une telle besogne admini strative fût loin de c O,n venir à un tempérament aussi spéculatif. Tro i s ans e t demi se passèrent ainsi sans aucun changement : l a porte qui aurait pu le faire p a s ser du service des calculs à celui des observations de­ meura obstinément fermée ; et c'est en cachette, comme en fraude, qu' i l montai t ' parfo i s à l a terrasse supéri eure o ù , pour un in stant, l'a.stronome Chacornac lui (' pdait sa place auprès de l'instrument confié à ses soins. , Entre temps, Flammarion fut reçu au b a c c alauréat è s s c iences et ès lettres, et rédigea un second ouvrage manu'scri t : Voyage extatique aux régions lu­ naires - correspondance d'un philosophe adolescent qui , d'ai lleurs, ne verra j amai s le j our. .

LA

PLURALITE

DES

MONDES

HABITES

I l serai't trop long d'exposer dans le c adre de cette b iographie les consi­ dérations philosophiques qui amenèrent Cami lle Flammarion à écrire son tro i ­ sième manuscr i t : L a Pluralité d c s Mondes habités, qui f u t s o n premier l ivre impri m é (4 ) . D i sons simplement qu'il consacra l'année 1 8 6 1 à cette composi t i on « enflammée d'unc bouillante ardeur. » Ici encore, Flammarion semble forcer la chance. Chargé de porter des épreuves à l'imprimer i e Mal let-Bacheli er, il avai t glissé dans l'enve loppe qui Ips contenai t quelques cl)apitres de son m anuscri t. Le prote de l ' i mprimerie les aperçut, désira l e s l i re et, ayant questionné le j eune homme, il s'étonna de le voir écrire un ouvrage scientifique à son âge. Peu de temps après, i l lui appre­ nait que l'imprimeri e ' était di sposée à pub l i er son l i vre. Il parut, en effet, dans le courant de l'année 1 862, tiré à 500 exemp l a i res ; et il conte n a i t de s i belles v i s i ons, i l était pénétré d 'une si ardente foi dans les destinées de la Science et dans celles de l'Homme, qu' i l traversa le monde comme un hymne de beauté ( 5 ) . ( 4 ) Mémoires, Chapitre XI. ( 5 ) La première édition de La Pluralité des Monde s habités parut amputée des con­ clusions philosophiques si chères à son auteur : elle fut épuisée en quelques mois, En

1 864, ayant reçu des propositions de la Librairie Académique, Flammarion fit publier une belle édition in-S o , complète cette fois, qui fut très rapidement enlevée, et, la même année, une autre édition in- 1 2 .


- 319 Où donc c e t adolescent avait-i l pui s é cette forc e qui trouve la v o i e des espri t s et des cœurs f Sans doute, l a magi e du style , qui donne des a i l e s à la pensée, étai t un des plus beaux dons qu'i l avait reçus du destin. Mai s les i dées, les ava i t- i l puisées toutes dans sa propre réfl exion ? Nul de ceux qui conna i s ­ s e n t l a lente élaboration de la p e n s é e scientifi que ne saurai t le croi re. La vérité est que :Flammarion étai t déj à un prodigi eux travailleur et qu'i l avait lu tous les écrivains qui s'étaient attachés à la question. Touj ours est-il que l'ouvrage obtint un énorme sue c è s et qu' i l fi t entrer d e p l a i n-pied son auteur dans la e é lébrité. En 1 862 , V i ct o r Hugo, au faîte de la gloire, lui écrivai t : « Les rnatières que vous tmitez sont la perpétuelle obsession de rnà pensée, e t l'e.cil n'a fait qu'augrnenter en rnoi cette rn éditation, en m e p laçant entre deu.r infinis. l'Océan c t l e Ciel... J e rn(� sens e n étroit� affinité avec des esprits cornrne le vôtre . . v os é tudes sont rnes études. Oui, creusons l'Infini. C'est là le véritable emploi des ailes de l'âme . » Il faut dire également que c ette œuvre arrivai t il son heure. Un peu plus de d eux s i ècles ava ient passé depui s l'époque où Galilée éprouvait les i nconvéni ents de croire au mouvement de la Terre ; un peu moins d'un s i ècle et demi depu i s le moment où Newton, en formulant la loi de l'attraction des masses, avai t donné aux géomètres le moyen de calculer les mouvements des astres. Et c'était un demi-siècle auparavant que Laplace avait forgé, dans sa Mécanique Céleste, le mervei lleux outil au moyen duquel L e Verrier dev a i t préci ser la position d e Neptune. La sensation produite d a n s l e monde p a r c e t extraordinaire cal:ml n'éta i t point encore c a lmée que déjà monta i t à l'horizon de la Science l'aurore d'une grande révoluti on. L'analyse spectrale, alors nai ssante, apportai t la pro­ messe i nouïe - et combien réalisée depu i s lors ! - de nous faire connaître l'l constituti on c h i m i que des a stres, tandi s que :Fizeau découvrai t -le moyen de dé­ terminer les vi tesses radiales. L'Astron9mi e mathém a t i que semblait c omplète­ ment armée, l'AstrorlQmie physi que étai t à ses débuts. Au moment préei s où il parut, le livre de Camille :Flammarion apporta i t tant de soluti ons optimi stes il d'ango i ssantes questi ons qu' i l fut salué par beaucoup d e gens c omme un b i enfait. Cependant, la louange ne fut pas unanime. M ébontent de la subite renom­ mée de son c alculateur. Le Verri er, c onnu pour son caractère épouvantable, lui s i gni fi a aussitôt son renvoi. C'est alors que le Bureau des Longitudes l'accueilli t, et, pen dant tro i s années, i l co llabora à ses travaux, tout en suivant, à la Sorbonne, les cours de sci enc es pour la l i c ence. JI détermina, en particulier, les valeurs des ascensions ct roi tes et des déc linai sons de la Lune pour les Connaissances des Temps des années 1 8 66 et 1 86 i .

FLAMMARION

ET LE

JOURNALISME

l':ouvrage de :Flammari on : La Pluralité des Mondes habités, fit malgré tout une impression consi dérable ; et b i entôt, on sollicite la c o l labor;1tion du j eune astronome à diverses revues. I l débute dans le j ournali sme li ttéraire le 1 er février 1 863 il la Revue fmn ­ raise. Quatre moi s plus tard, le 1er juin, on lui confie la rédaction scientifrque du Cosrnos auquel il v a donner régulièrement, j usqu'en 1 869, des articles d'a:ô­ tronomre e t de météorologi e. C'est dans l'annuaire du Cosmos que para i ssent ae., étude s importantes comme : Discours sur les destinées de l'A strunom i e ( 1 86"1 ) ; A stronornie stellaire, les univers lointains ( 1 8 6 5 ) ; Unité de force et unité de substance ( 1 866) .


- 32 0 Dès décembre 1 86 4 , i l compose pour le numéro de j anvier 1 865 du Magasin pittoresque des cartes de la position des planètes : c'est le début de l'Annuaire astronomique et météoro logique, pub l i é de 1 865 à 1 88 4 dans la revue mensuelle L'A s tronomie, pui s de 1 89 3 j usqu'en 1 92 5 en petits volumes annue ls. C'est l â une œuvre de documentati on sûre, d'érudition et de pati ent labeur, p our la­ quelle Flammarion n'accepta j a m a i s un c entime de dro i t s d'auteur. Le second ouvrage de Flammarion, écri t en 1 86 4 , Les Mondes imaginaires et les Mondes réels, para î t en février 1 8 65 ; pui s, en jui l let, c'est le tour des Merveilles célestes. La popularité du j eune homme croi ssant de j our en j our, l e s j ournaux ob­ t i ennent aussi sa collaboration. Le 1 2 j anvier 1 866, il écrit dans l e quotidien Le Siècle un premier arti cle trai tant de La e à mposition chimique des as tres révé­ lée par l'analyse de leur lu l}'tière . Puis, sa parti c i p a tion s'étend à de nombreux journaux ou revues comme : L'Evénement, Le Voltaire, Le Temps, Le Petit Mar ­ �eillais, et surtout L'Illus tration, Les Annales politiques et littéraires, La Nature.

LES CONFERENCES DES CAPUCINES. - LES PROJECTIONS En 1 866, Camille Flammarion entreprend ses conférence s du boulevard des Capucines qui obti ennent un très grand succès. Il les continue de quinze en quinze j ours, et l e Tout Paris i ntellectuel vi ent écouter l'astronome dont l e renom s'étend toùj ours plus loin. A ces conférences, i l i naugure les proj ections à la lumi ère oxhydri que. Les premi ères vues sont consti tuée s avec les trente fi­ gures des Merveilles c é lestes; mai s le conférencier s ' i ngéni e b i entôt à com­ poser l e s m e i l l eures i mages, les plus p i ttore sques tableaux astrono miques ou météorologique s. A ce suj et, notons qu' i l y a huit façons dè placer un cliché de proj ecti on dans une lanterne. Un j our, agacé des erreurs du proj ectionniste, Fl ammari on raconte qu' i l envoya chercher un paquet de petits pains à cacheter qu' i l plaça au. bas et à dro i t e de chaque gravure, i ndi quant ainsi le sens à adopter. C e petit fait d'hi sto ire p hotographi que est intéressant à rappeler. car auj ourd'hui toutes les vues pour p roj ecti ons c o mportent un peti t cercle bl anc de papier gommé à cet endroi t Sai t-on qu'o n le doi t à Flammarion ?

LE PREM IER OBSERVATOIRE DE

F LAMMARION

Depui s 1 8 62, Flammarion rêv a i t de pouvoir observer ce C i e l qu' i l chanttd t dans s e s livres et qu' i l aimait tant. En 1 8 66, i l loue une terrasse rue Gay-Lussac, y i nstalle une lunette Secrétan de 1 08' mm. e t peut enfin se l i vrer à sa passion insatisfaite. A cette époque, les articles e t études sci entifiques, pub l i é s ou inédi ts, com­ mencent à représenter un labeur consi dérable. Leut auteur, en 1 867, les réun i t en Un premier v o l u m e intitulé : Etudes e t lec tures sur l'Astronomie . N e u f volu­ mes de la même séri e s'éche lonneront d e 1 8 67 à 1 880. Flammarion désigne comme huiti ème ouvrage cet ensembl e si captivant et si i nstructif de l ecture s, dont beaucoup consti tuent des travaux personne l s importants. En 1 867 également, il i magine un photomètre pour mesu rer les grandes d i f­ férence s de lumière des nuages. Il emploi era plus cet i nstrument pendant l'éclipse de Soleil du 22 décembre 1 8 7 0 (6) . ( 6 ) Compte s rendus de L'A cadémie des Sciences, 26 déc. 1870, tome LXXI, p . 9 4 1 .


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32 1

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Camille FLAMMARION

LES

VOYAGES AERIENS

Les problèmes de l'atmosphère, cette enveloppe gazeuse dont l a perp é tuelle mob i l i t é v i en t si souvent troubl er, l e s observations astronomiques, préoccupèrent Flammarion à tel point qu' i l décida d'aller surprendre l e secret des phénomènes multiples et compliqués dont elle est le siège. Il entreprit pour cela une série de douze a s c ensions en ballon, tant diurnes que nocturnes, dont la premi ère eut lieu le 30 mai 1867 et l a dernière en 1 880. I l en rapporta des observations nombreuses sur l a formation des nuages, les mo­ difications des courants atmosphériques, les var i a t i ons de température dans la zone de nébulosi té, etc ... ( 7 ) , observations qu i donnèrent lieu à d'uti l e s d iscus­ sions (8) . L'aéronaute-astronome a réuni le compte rendu de toutes ses ascen­ sions dans un séduisant volume : Mes v oyages aé1"iens . Cami lle Flammarion n'a pas simplement consi déré l'aérostat comme un ob­ servatoire floUant, mai s il a su apprécier à son bord les charmes de la naviga-

t.

(7) Id., 2 5 mai, 1er et 15 j uin 1 8 6 8 , t. LXVI, p . 1051, 1 1 1 3 et 1 2 07 ; 1 3 juillet 1 8 6 1' , LXVII, p. 86. (8) Id., 1 er et 8 juillet 1 872, t. LXXV, p . 40 et 1 04 .


- 322 tion aenenne. Il ne pouv a i t d'ai l l eurs, en être autrement avec une âme poétiqu e comme la si enne ; et nul mi eux que lui n'a senti et exprimé l e s impressions pro­ fondes qu'on éprouve au-dessus des nuages, dans cette région « s i pure e t si belle, où la pluie et la neige ne tombent jamais, où les vents b el'cent notre esquif sans se faire sentir, où la lumière et la joie inondent de rayons enchantés le contemplateur de la Nature . »

FLAMMARION ET L'ENSEIGNEMENT Sous le Second Empire, Camille Flammari o n entame v a i l l amment l'œuvre d'instruction démocratique qui devai t devenir un des souci s du régi me républi ­ cain, Il i naugure d'abord, avec l'i ntrép i dité de � onfiance qui n'appartient qu'aux j eunes, ces cours gratui ts d'Astronom i e populaire qui furen t un des bonheurs de sa vie. La descripti o n qu' i l en fait nous l e montre ému de ce qu' i l a déc ouvert dans ces audi toires d'ouvr i ers, d'emp loyés, d'apprenti s, sur les bancs de l ' Ec o l e Turgot, dans l e s amphithéâtres de l'A ssoc i a t i o n P o l�'te r hn i que, p l u s encore qu'aux soirées mondaines des conférences du boulevard des Capucines. Comme il rend justice à cette soif d'apprendre, à ce bel e ffort naïf et v i r i l d' inte l l i gences mal préparées, mais qui , à force de volonté, triomphent des obstacles, comprennent. apprennent, et parfo i s s.'élèvent j usqu'à la véritable origi nali té sci entifique ! Il faut ensui te retenir qu'à cette épo que F l ammarion, le premie.r, accepte. avee son courage coutumi er, l a re�poIlSabi l i t é d'une entreprise, en c e ' temps-l à aussi obscure que péri l l euse : la fondation d'une LigUë dc l'Enseign ement à Pari s Un jour du m o i s de j u i n 1 8 6 7 , i l reçoit la vi site d'un groupe de j eunes hom­ mes qu' i l ne connai ssait pas, mai s qui, au nom de Jean Maré, professeur dans un pensi onnat de j eunes filles en Alsace et auteur déj à c é l(\ bre de c e petit ehef-d'œuvre : l'llistoire d'une b ouchée de prlin. vienl lui demander de s'intére sser à un proj et de Ligue de l'Ensei gnement. Ils lui exposent les prem iers essa i s, les prem i ers cercl e s créés &1I1S quelque s villes, et lui demandent de fonder avec eux le Cercle pari sien et d'en être le pré:"i dent. Emmanue l Vauchez lui fait partager son enthousi asme, et le voi c i prési dent de c e tt e Assoc i a t ion qui dev a i t , populariser en France et faire i nscrire d a n s nos l o i s l a grande formule d e l'instruction gratu i te, obligatoire et laïque. La même année, i l fai t à l'asile de Vimennes, puis à l'Association Polytech­ ni que de Chaumont une conférence SUI' Les lléros du Travail, dont le texte est pub l i é en une peti te broc hure. En mai 1868, il est nommé prés i dent de la classe des sci enc es à l'Expo sition mari time i n t e r n a ti onale du H avre . Pendant cette période, l'astronome rédige Dieu dans la Nature ou le Maté­ rialisme e t le Spiritualisme devant la Science m oderne (mai 1 8 6 7 ) , suivi d'une Galerie Astronomique en douze tableaux et de la t raducti on des Dernirrs jours d'un Philosoph e, de Sir Humphrey Davy,

LES CONFERENCES

SCIENTIFIQUES

Le succès des conférences dù boulevard des Capuc ines fut tel que, de toutes parts, on demanda au conférencier de venir parler des n w rv e i I l e s du C i e l . Aussi le trouve-t-on, de 1 868 à 1 9 1 4, dans diverses v i l l e s de France, notam­ ment à Lyon, Mar,\eille, Nice, Nantes, Rouen. Saint-Bri euc , Le H avre, Chaumont, Langres" Cherbourg, Troyes, Epernay, Versa i l l e s ; en Belgique (Bruxe lles, Anvers,


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Li ège, Gand) ; en Sui s se (Genève, Lausanne, Montreux, Neuchâtel ) et en Ita l i e (Gênes, Mi lan, Veni se, Rome, ,Florence) . L'organisati o n prati que d e ces conférences lui donne parfo i s ,beaucoup de mal. P our en a ssurer l a réussi te, i l n'hés i te p a s à se charger de l a parti e maté­ ri elle : confection des invitations e t des enveloppes d'envoi , rédaction et con­ fection des affiches. Il lui arri ve aussi, pour dimi nuer les frais, de coller lui ­ même ses programmes ; i l se lève alors de grand matin pour procéder à cette opération. Un j our, à M i lan, comme il vient d'apposer une affiche, un petit voyou trouve intell igent de l a déchirer en sa présence. P our une foi s, Flammarion connaît la colère, et le j eune vauri en s'en va en se frottant l e bas du dos ! La derni ère conférence de Fl ammarion date du 26 novembre 1 924 et elle réun i t certai nement l e plus grand nombre d'audi teurs : parlant de son cabinet de travai l de l'Observatoire, devant le mi crophone reli é à l a Station de l'Ecole Supéri eure des P o stes et Tél égraphes, il pron once une charmante al locuti on pour servir de préface aux causeri e s radio-astronomi ques organi sées par son collègue Georges Moriee (9 ) .

L A GUERRE D E 1810 La guerre de 1 8 7 0 éclate peu après l a paruti on du douz i ème ouvrage de Flammari on : Contemplations scientifiques. Le savant, enrôl é dans l a garde na­ tionale, . se trouve assimi l é au génie. Un poste de survei llance de l ' i nvesti ssement prussi en est installé dans le château de la Muette. Cinq observateurs y sont affectés dont C am i l l e Flammarion, capitaine ; Paul e t P o sper H enry, a stronome s d e I:Observatoire de P a r i s , l e premi er l i eutenant, l e second sous-lieutenant. Leur rôle consi ste, de ce po ste, à régler, en se servant de pui ssantes lunettes, le tir des forts sur l e s pi èees allemandes qui bombardent Pari s. La guerre finie, Flammarion, plus a c ti f que j amais, poursu i t de multiples travaux. En 1 8 7 7 , i l donne cette i n s truetive e t si complète deseri ption des autres planètes : Les Terres du Ciel, où il expose l'ensemble des conditions particulières à c h a cun des astre s du système solaire. La même année, il fai t imprimer u n Urand A t las célcstc c omprenant c ent m i l l e éto i l e s e t · trente e t une eartes.

L'ASTRONOM IE POPULAIRE C am i l le Flammari on a touj ours vi vement souhai té que tout le monde part i ­ �ipe à l'étude et à l a contemplation de l'Univers ; et c'est c e qui l ' a amené à écrire en un l a ngage clair, pré e i s et aeeessible à tous tant d'ouvrage s de vulga­ risation dont l e plus eonnu est l'As tronomie populaire- ( 1 880) . Comme i l le di s a i t souvent : « Cette rénovation d'une science antique scr­ virait peu au progrès g énéral de l'hum anité, si ces sublimes connaissances, qui développen t l'esprit, éclairent l'âme c t l'affranchissent des médiocrités sociales. restaient enfermées dans lc cercle res treint des astronomes de profession. Le boisseau doit ê tre renvcrsé. Il fau t prendre le flambeau à la main, accroître s e n écla t, le porter s u r l e s ploces pub liques, dans l e s rues populeuses, jusque dans les carrefours. Tout le m onde est appelé à recevoir la lumière, tout le m onde en a soif, surtout les humbles, s urtou t les d é shérités de lft fortune, eftr e e u c Œ pensent davantag e, ceux-là sont avides de . scienee, tandis que les satisfaits du s iècle ne sc doutent pas dc leur ignorance e t sont prcsque fiers d'y demeurer. .

(9: L'A stronomie, décembre 1 924 , p. 5 1 9 .

-


- 324 Oui, la lumière de l'Astronomie doit être répandue sur le m onde; elle doit péné ­ trc?' jusqu'auœ m asses populaires, éclairer les consciences, élever les cœurs . Et ce sera là sa plus be llc mission; ce sera là son bienfait ( 1 0) . » Toute la vie et l'œuvre de Flammarion sont dans ces phrase s ; et les cen­ Laines d e m i l l i ers de lecteurs ou d'auditeurs qui ont eu leur âme i l luminée p:1r ses enseignements lui seront éternellement reconna i ssants de l e s avoi r élevés dans leur évolution spirituelle. En ce sens, l'Astronomie populaire e s t l'œuvre par excellence de Flammarion ; elle a éclipsé, si l 'on peut dire, toutes ses autres productions. M ai nte s foi s réédi­ tée, elle a été i mprimée à un nombre i ncroyable d'exemplaires e t e lle a é t é traduite dans toutes les langues. L'ouvrage é t a i t réellement populaire. Pour l e rendre accessible à tous, i l ava i t é t é m i s e n vente p a r livrai sons à di x c enti m e ;;: ! Le suceès fut énorme : on voulut voir le Ci el, on se procura des lunettes, bref l 'Astronomie connut une période d'intérèt et de curiosité comme jamai s il n'y en a eu. Cet ouvrage d'instruction, que l'Ac adém i e des Sciences couronna en décernant à l'a-uteur l e prix Mont yon, fut aussi créateur de vocations. A c e p o i n t de v u e , i l a rendu plus de services que b i e n d e s volumes techni ques, bourrés de formules ou de conc epti ons transcendantes, car i l a enfan té de véritab les carrières sci enti­ fi ques et astronomiques,

L'ENSE IGNEMENT DE

L'ASTRONOM I E

Une description générale d e s d écouvertes de l'A:ôtronomi e n'éta i t p a s sUl­ fisante. Ca mi l l e Flammari on v i ent au secours de c eux qui dési raient un gui de préc i s dans l'étude du C i e l en pub l i ant, en 1 88 1 , Les Etoiles ct les Curiosités du Ciel. I l met aussi à l a di spo sition des étudi ants tous les éléments d'un trav a i l, sérieux : une grande Carte célestc contenant toute s les éto i l e s vi s i b l e s à l'œi l nu ; un Planisphère m o b ile donnant la position des éto i l e s pour ehaque jour et chaque heure de l 'année ; une carte de la Lune; un Globe de la Lune; un Globe de Mars . Flammarion a de mème beaucoup songé aux débutants si J 'on en j uge par ees l i vre s : Qu'es t ce que le Cie l ? - Petite A stronomie dc.;criptive Initiation astronomique - Astronoll� ie des Dames. Mentionnons ensuite les études h i stor i ques, l e s monographi e s spé c i a l e ,, : Histoü'e d u Cie l - Copernic e t le système du monde - La planète Vénus L'invention des lunettes d'approch e : Galilée - Le pendule du Panthéon - Les imperfec tions du calendrier, sans oub li e r les ouvrage s ne trai tant pas d'Astrono­ m i e : Tre m b lements de terre et Er'uptions vo lcaniques - L'éruption du Kra­ katoa -. Les capriccs de la foudre - Les ph énomènes de la foudre -- Curiositès rie la Science : le telmps, le calendrier - Contemplations scientifique s : la Nature, les plantes, les animaux - L'atmosphè1'e. En 1 88 5 , paraît Le Monde a vant l'apparition 'de l'Homme dont le manus­ crit, très remani é par la sui te, était eelui de c ette Cos m ologie unit' el'selle que Flammarion a v a i t écrite à l'âge de seize ans. On est déj à surpris par une telle production. Et pourtant elle ne s'arr�te pas là, cal' la parti e p h i l o sophi que et li ttéraire de l'œuvre de Flammarion est eel i e q u i sédu i t le p l u s , q u i a l e mi eux répandu le goût de la sci enc e e t le

( 1 0 ) Uranie, p . 53 (La Muse du Cie l ) ,


- 325 '---' désir de savo i r : « A rôté de la méraniqu(' céleste, avai t-i l dit, il 11 avait place pour une rech('rr!i c plus idéale, plus poétique, plus vivante , ,, C ette c ompréhen­ sIon de l'Astron o m i e , i d éale, poétique, vivante, Flammari on l'a développée, en l'enj o l i vant parfo i s d'hi stoires, d'i dyll e s ou de c i rconstan2es, qui font' de l a lecture d e ses ouvrages un véri tab l e réga l spi r i tueL Lunwn, dont il avai t conçm le plan dès 1 865, en est l e prototype, I l rédigea par l a suite : Récits de l'infini : Histoire d'une Comète - La Fin du Munde - Uranie - S tella - Rêves é toilés Vuyages dans le Ciel - Dans le, Ciel et sur la Terre - Clairs de Lune - Excur­ sions sur les autres Mundes - Contes philosophiques - Mémoires biograph i­ ']urs r t ph ilos ophiqurs d'un Astronome ,

L'OBSERVATOIRE DE JUV ISY Un des plus chers désirs de Flammarion fut de posséder un observato i re con,fortabl ement aménagé d'où i l put, tout à l o i s i r, étudier le CieL Ici encore l a dwnce lui souri t E n déc embre 1 882, un ri é he propri étaire d e Bordeaux, ad­ mi rateur passi onné de ses théori es scienti fiques, M , Méret, réussi t à lui faire acc.epter le don d'une magnifique propri été s i s e à Juvi sy- sur-Orge, dans le M­ partement de Seine-et-Oise ( 1 1 ) . L e M a î tre s'empressa de transformer cette anci enne demeure, qui servit pendant longtemps d'hôtellerie (( La Cour de France " ) e t de relais de poste, en un étab l i ssement sci enti fique bien équipé, entrepri s e assez téméraire lorsqu'on songe que l'a stronome ne posséd a i t aucune fortune personne l l e . C'est i c i qu' i l est à propos de rappeler l e fameux a dage : « Aide-toi , le Ciel t'aidera. ", car le Ciel a i da vraiment Flammari on à attei ndre son but : l A s tronomie populaire couvri t , en effet, tous l e s frai s de cette installation. L'édi teur, frère de l'a uteur, tira à ce,n t mille exemp laires cet ouvrage dunt p o u s a vons conté par a i l l eurs l'immense succès. Le savant devai t touc her une redevanc e d'envi ron un franc par exempl a i re, mai s il ne v i t jamais la couleur de c e t argent pour l a simple rai son que ces dro i t s se muèrent en pi erres, c ou­ pole et i n s t ruments. A insi naqu i t l'Ob servatoire Flammarion où l'étude de la planète Mars, l ' observation des surface planétaires, des nébuleuses, l a phot o­ grap h i e des comètes, des éclipses, l'étude des éto i l e s filantes, . . . ont occupé l a pre­ mi ère place au programme des travaux. Ultéri eurement, M . Flammarion compléta l'Observatoire astronomi que pnr une station météoro logi que et une station de radio-culture ( 1 2 ) . «

L'ASTRONOM IE

».

- L A SOCI ETE ASTRONOMIQUE D E FRANCE

Dans la prem i ère édition de l'As tronomie populaire ( 1 8 7 9 ) , Flammarion env i sage a i t l a l' réation d'un observatoire populaire. I l écri vait: « L'entreprise est assurément loin d'Il trI' irréa lisab le. Si même les lecteurs de l'Astronomie popu­ laire le veulent, ils peuvent eux-mêmes créer leur propre observatoire . On désire également, aj outa i t - i l , voir la fondation, à l'usag e de tous le3 amateurs

( 1 1 ) Bulletin rie la Société A strono mique de France, août 1 9 07, pp. 3 4 5 à 3 5 6 ; sep­ t embre 1 9 0 7 , pp. 3R9 à 400 ; octobre 1 907, pp. 427 à 4 4 1 . ( 1 2 ) L e s obse rvations faites ont paru dans L'A stronomie e t dans L'A nnuaire A stro­ nomique. Une discussion complète des observations et des expériences a été publiée dans le Bulle tin de l'Offi ce des renseignements agricoles du ilfinistl're de l'A griculture de l'aD­

née 1 9 09.

3


- 326 d'Astronomie, d'une revue p ériodique mettant au courant des progrès si rapides de la Science. Ce journal astronomique serait le compl,ément naturel de l'obser­ · 'atoire proje té » Camille Flammarion eut le bonheur de mettre successi vement res proj ets :1 exécuti on. En mars 1 882, i l fonda l a revue L'Astro1l'nn i e qui paraît encore men­ suellement. Cinq ans plus tard, le 28 j anvier 1 8 8 7 . l a Société Astronomique de France vit le j our au cours d'une réunion tenue en son sa lon de la rue Cassini ; et, en 1 889, cette Soci été insta l l a i t, 2 8 , rue Serpent!'. à Paris, un ob servatoire ouvert aux Sociétaires et, certains jours, au pub l i c . ...

LES TRAVAUX TECHNIQUES DE FLAMMARION Lorsque Flammarion ava i t été chassé de l'Ob servatoire de Paris, en 1 862, par l'irascible Le Verri er, il ava i t fait. ce serment : « Il me fait partir, il partira !» Pour mener cette affaire à bonne ti�, i l ouvrit, dans le j ournal Le Siècle, UD e rubri que intitulée : Le dossier Le Verrier. Ce dossi er, commencé le 1 0 févri er 1 8 66, fut continué j usqu en févr i er 1 87 0 , époque où M . Le Verrier fut relevé de ses foncti ons de directeur et remplacé par M . Delaunay. En 1 8 7 3 , Le Verrier, assagi , fut rappelé à l a direction, qu' i l occupa désor­ mais jusqu'à sa mort. M a i s l a leçon avait porté ; et Le Verrier demande bi entôt à Cam i l l e Fl ammarion, en lui exprimant ses regrets du passé, de revenir à l'Ob­ servatoire où, grâce au grand équatori al de la Tour de l'Est ( 1 8 7 6 ) , il mit l a derni ère main à u n travai l très complet sur l e s étoi les doubles ( 1 3 ) . L'étude des éto i l e s doub les est, e n effet, l a branche l a plus i mportante de l'Astronomi e si déral e. I l avait commencé à en ob server les couleurs, à son prr­ m i er Observatoire de l a rue Gay-Lussac ; mai s ayant voulu se rendre compte ùe l a nature des systèmes, il fut immédi atement arrêté, à sa grande surpri se, par . l'absence à peu près totale de documents sur c e tte question. I l lui fallut troi s années d e dur labeur pour accumuler l a documentati on nécessaire à l'élaborati on de son Catalogue des étoiles doubles et multiples en mouvement relatif cer­ tain ( 1 8 7 8 ) . Le savant astronome porta ensuite son effort sur la planète Mars qui , par sa position dans le C i e l au-delà de la Terre, pal' son atmo sphère limpi de, est la 8eule p lanète du système solaire dont nous puissions voir les . configurati ons de l a surface. Dès son premier ouvrage sur La Pluralité des Mondes habités, Flammarion a ttira spécialement l'attenti o n sur ce monde v o i s i n et il réunit fi nalement en deux forts volum e s : l.a planè te Mars et ses conditions d'habitabilité (Tome I. 1 892 Tome II, 1 9 09 ) , toute la production sci entifique le concernant depui s 1 63 6 j usqu'en 1 909 ( 1 4) . -

(13) Comptes rendus, 24 nov. 1873, t. LXXVII, p. 1234 ; 2 fév., 2 mars, 27 avril 1874, -LXXVIII, p . 3{!2, 637 et 1196 ; 30 nov. 1874, t. LXXIX, p. 1246 ; 18 j anvier et 15 mars 1 875, t. LXXX, p . 171 et 662 ; 13, 20 août, 3 sept., 29 oct., 5, 1 2 , 19 nov. 1877, • . LXXXV, p. 386, 437 , 510, 783, 841, 902, 935 ; 28 oct. 1878, 25 nov. et 2 déc. 1878, t. LXXXVII, p. 638, 835 et 872. (14) Id., 28 j uillet 1 8 73, t. LXXVII, p . 278 ; 27 août 187 7 , t. LXXXV, p. 476 ; 29 août 1892, t. CXV, p . 364 ; 5 nov. 1894, t. CXIX, p . 786 ; 25 nov. 1895, t. CXXI, p. 760 ; 25 juin 1888, 1. CVI, p. 1759 ; 2 j uillet 1888, t. CVII, p. 19. Les deux volumes sur La Planète Mars et ses conditions d'habitabilité ont été analysés par M_ Fouché dans le "Bulletin de la Société Astronomique de France, 1909 , p. 235. t.


327

L'OBSERVATO I R E DE JUVISY

La comparai son m i nuti euse et réfléchi e de toutes les observations, central i ­

g

s é e s depu i s lon temps à Juv i sy, ava i t convai ncu le M aître qu' i l se produit sur Mars des var i ati ons, des transformations, prouvant qu'elle n'est pas un peUt globe . mort comme la · Lune. La succession des sai sons y produi t des chutes de neige, des formations de broui llards et de nuages, des changements de coloration

affectant de grandes zones de végétation. Mars, à touj ours affirmé Fl ammarion,

est une planè te sur laquelle une v i e végétale peut très b i en . exi ster. Or, les plu s ré�entes observati ons e ff ectuées à l'a ide des -grands télescopes ont révélé bien des choses sur notre voi sine, notamment l'exi stence quasi certaine d'une vie végé­ laie qu i se transforme au cours des sai sons

(15) .

Au point de vue sci enti fique proprement dit, i l n'est meilleur guide pour apprécier l a producti on de Cami lle Flammarion que l a pub l i cation rendus de l'Aca d ém i e des S � i ences, à laquell e . il présenta plus

de s · Comptes de

soixante

communi cations sur les sujets l e s plus d ive�. On peut en j uger par les titres d e ces notes qui , par l a sui té , furent réunies, étendues, di scuté e s dans l e s Etudes

et Lectures sur l'Astronomie :

Variation de la lumière pendant les éclip s es ( 6 ) - Anomalies présentées par les observations magnétiques de Paris ( 1 6 ) Corrélation entre le ma gn éti sm e terrestre et l'activité so lair e ( 1 7 ) Influence d e la lumière su r ie s êtres vivants ( 1 8 ) - Production -

-

( 1 5 ) L'A stronomie, sept. 1 950, pp. 351 à 355 (Nouvelles possibilités expérimentales de la vie sur la Planète Mars ) . ( 1 6 ) Comptes rendus, 3 1 mars e t 1 4 avril 1 879, t . LXXXV III, p . 704 e t 7 7 3 . ( 1 7 ) Notamment dans : Etudes sur l'A stronomie, depuis 1 8 6 7 ; l'Astronomie populaire. ( 1 8 ) Comptes rendus, 14 aoo.t 1899, t. CXXIX, p. 398.


- 328 -dps

s e x p s r,h r z

d l' la p l u i l' il

il

l e s vpr�

soie

(19)

P a r i s - R e l ati o n

- E x p éri e n c r s

entre

O b s ervation de l a lll m Ï<) r p z o d i a r a l e

la

(21 )

de

radio-culture

t e m p érature terrestre - E l u d e drs é t o i l e s

pt

(20)

-

l e s tilcl l P S

fil a n t e s

(22 )

S t a tistiqu e solaires

--­

- L e crati' r e

(23) - - Variati o n s il l a s u r f a c e d f' l a Lunr (23)

Observa t i o n s d ' p c l i ]l s e s -� Liste d e s !l e l i p s e s dn x x ' sii� c l e ( 2 5 ) - Di scussion c t c r iti qu e de ] ' e x i stl'll C e h y p o thétique d p Vulcain (26) - Ollservation de passages d e Mercu r e , d e r, O Ill (.t !' S ( 27 ) - F o rlll u l l' ]l r r lllcttant d l' caleuler l a d u r é e d e chute d ' u n e plani; t !' SIlI' Ir S o l r i l ( 2 R ) - R e l a ti o n p n t r !' la J u r é e de rotat i o n d e s p l a ­ n H e s ct l e u r densit é ( 2 9 ) -- Sur l a r o t at i o n d e V é n u s ( :1 0 ) - O b s e rvations d e .Tu ]l i t cr et d e l ' é c l at de s e s sate l l i t p s ( :1 1 ) --- S u r l ' a n n e a u d f' Saturne (32 ) - Sur l e s é t o i l e s d o ub l e s e n mouv e m ent ( 1 3 ) . -- Sur l a 6 1 " du Cy gne ( 1 :1 ) . . . lun aire L i n n é

J r' S o l e i l ,

d ' o e cu l t a ti o n s

!I r

V é n u s , d ' A n t a r!' s

( 2 !, )

-�

Sur la Terre. l 'ob servati on d e s phénomôn e s de l a Nature a éga lem ent pas­ s ionn é

F l a m m ari o n . De

1 R7 1

il

H l 2 4 , on

le vo i t nnter conscienci eul'emenL

l es

dates de feu i l l a i son e l, de fl o r a i son des m flrron n i ers de l ' avenue de l'Observa t o i re, p our r e e ll er e ll er u n e rel a ti o n p o s sib le avee l e s phé n o mènes solaire s.

En

1 R fl 1 ,

il pl a n t e

un

chêne

d a n s l a grand e

serre du Muséum

rI'H i sto i r e

Na tu r e l l e pn vue de r e c l l erc h er l ' i n fl uence d'une température con stante sur c e vpgét a l .

C omme

il

s\

r i a t i o n a nrme l l e d e l a

d e s essa i s de culture

a tt e n d a i t, c e chêne eut d e s feuilles persi stantes, la v a ­

tem tp (\ ra t . nre n e l' a ff e ctant plus. En 1903, i l entreprend

suivant le s

p h a se s de la Lune .

Tl convi en t aus s i de f a i re une m e u ti on par!i cul i ôre à l a cré ati on à Juvi sy, en

1 8 9 4 , d ' un e nouvel l e h r a n c h e de l a p h �' s i que , l a

r i ences

rl o n nôrent

des

n \ su l L a t s

sur p r e na n t s ,

«

ra d i o - cultur e

mon trant

i n fl uence de la l um i (\re sur les a n i maux et le s p l a n te s , C'est a i nsi que des vers à

s o i e,

Olev é s dan s des

notamment

n.

L e s exp é ­ la

curieuse

(33) . serres m o n o c h r o m a t i q u e s ,

p r o du i s e n L de l a so i e n a lu re l l em e n t c o l or é e . De m ê m e , l e s planles 'lé c o m p or t en t

d'une man i f\re di ITérente s u i v a nt la eouleur il laquel l e elles son L expos ées. Dans

le b leu, e l l e s v i vent, ma i s ne lTo i s s e n t pas : e l l e s se d é v e loppent avec ra p i d i té :

l a vie est ralenti e . Dans le rouge"

la v i e e s t e x a ltée.

Par exemple, des sen s i t i ­

ves qui , l e 13 jui n , avai e n t t out e s u n e h a uteur d e 3 c m . , a tte i g n a i ent, le 1 2 octo­ bre, 35 cm . d a n s le bleu et 50 cm. d a n s le rouge, contre 28 cm. en l um i ère b l a n c he . C e s e x p ér i e n c e s ob t i n r ent un Grand Prix à l'Exposition Universelle de 1 9 00 !

( 1 9 ) là., 1 9 a o ù t 1 9 0 1 , t . CXXX I T I , p . :1 97 . ( 2 0 ) là., Ili dé (l . 1 8 9 5 , t . CXXI, p . 9 57 . Voir aussi l e Bulletin (le la Société A strono­ mi q ue de Fran c e , 1 8 9 6 e t 1 8 9 7 . ( 2 1 ) I d . , 27 février 1 87 1 , t . LXXI!, p . 2 3 2 . ( 2 2 ) Id., .. d é c . 1 8 8 5 , t . C I , p . 1 :2 1 0 ; 2 8 a o ù t (, t 1 1 s e p t . 1 8 9 9 , t . CXXIX , p . 435 e t 4 6 0 ; 2 5 févr i e r 1 9 0 1 , t. CXXXH, p . ' ù 7 ; 9 d é c . 1 9 0 1 , t. CXXXIII, p. 990. ( 2:1 ) Id., 2 0 mai 1 8 6 7 , t . LX I V , p . 1 02 0 . ( 2 4 ) I d . , 7 d é c . 1 87 '< , t . LXXIX, ]l . !:1 1() ; " aoùl. 1 8 7 9 , t. LXXXIX, p. 2 9 2 . ( 2 5 ) Bulletin de l a So c i é t é A s tronomi q ue, n o v e mbre 1 8 9 9 . ( 2 6 ) C O II/ p t e s rnutus, 2 6 j an v i e r 1 8 9 1 , t . CXI l , p . 2 6 0 . ( 27) I d . , 11 et 18 j u i l l et 1 8 81, t . XCIII, p . 1 3 5 ; 2 5 s e p t. 1 8 8 2 , t . XCV, p . 557 . ( 2 8 ) A stronomie p o p ulaire , p . 277 . ( 2 9 ) C O lH p t e s rendus, 1 1 ct 25 avril 1 87 0 , t. LXX, p . 8 0 4 et 9 2 2 . ( 3 0 ) là., 22 octobre 1 8 % , t. CX IX, p. tl7 0 . ( 3 1 ) là., 4 m a i 187'l , t . LXX V l T I , p . 1 2 9 5 ; 2 1 d é c . 1 87 !. , t. LXXIX, p . 1 49 0 ; 1 9 j u i l l e t , '2 ao ù t , 1 5 e t 2 2 n o v . 1 87 5 , t . LXXXI, p . 1'1 5 , 2 3 :1 , 887 e t 9 5 8 ; 2 0 j u i l l e t 1 8 9 1 , t . CXIII, p . 1 2 G . V o i r a u ssi l'A stronomie p o p ulaire, p . 5 3 8 . (32 ) I d . , 2 7 a v r i l 1 8 9 6 , t . CXX I I , p . 9 1 3 . ( 3 3 ) B u l letin d e l a Société A stronomi q u e , août 1 8 97, pp . 3 0 5 à 3 17 (2 planches en couleur ) .


- 329 -

LES Dans s e s

ETUDES

Mémoires,

PSYCH IQUES

Fl a m m a r i o n r a c o n t e

DE

FLAMMARION

son anxi é t é ,

ans, i l cro i s a un enterrement. E t il pose eette q u e s t i o n

lorsque, âgé de

à un c a rnàrade :

«

sept

Est-ce

que je mourrai aussi ? » Sur l a réponse a ffi r m a ti ve de son a m i , il s' écri e : « Ce n'est pas vrai, on ne doit pas mo urir ! » P è ndant des j ours, des s e m a i n e s , d e s m o i s , l ' e n f a n t r ê v a à c e l t e terri b l e r é v é l a t i on : « La c onvidilln que la mort n'e.ris t e phs, () c r i l- i l , Il continué de dominer mon espl'i l; nous nt;1 pouvons 'pa.� ê tre détruits ! » Aussi F l am m a r i o n étudi a - t - i l très tàt l e prob l ème de l a V i e et i l s e e O!1 s a c r a

à c e s travaux dès n o v e m b r e 1 8 6 1 . Du 2 0 a u 2 5 odobre 1 8 6 5 , i l rédi gea un ouvrage manuscri t de 1 52 pages, Des forces natureUes inconnues, qui dev int b e a ucoup plus tard, en 1 9 06, un l i vr e de 600 pages, réimprimé en 1 9 08, puis e n 1 9 09 sous 13 titre : Les forces naturelles inc onnues. A fi n d e résoudre quel ques-uns des m y s tères qui se pressent a u t o u r d e nous, i l exécuta un gra n d nombre d'expéri enc e s

a v ec l e s m é d i u m s

les p l u s c é l èbres,

pui s se l i vra à des enquêtes très serr é e s sur les

p h énomènes psyc h i qu e s . I l

résu m é

l i vr e s

l 'ensemb l e

de

ses

é tudes

dans

p l u s i eurs

qui

ont

remporté

a un

succ! � " c o n s i dérab l e , t a n t i l e s t vra i que le prob ](' m e de la desti née h u m a i n e p r é o c ­

L'inconnu e t les pro b lème..., psy­ chiques La mort ei son mystère ( di v i s é en tro i s volume s : A vant la Mort Autour de la Mort - Après la Mort) et Les maisons h a n tées ( 3 4 ) . cupe touj ours l e s h a b i tants de notre p e t i t globe : �

Pour Fl ammar i on, persuadé que l a :'Il a t i ère n 'e st p o i n t l ' a rgi l e e s senti e l l e d e l a c r é a t i o n e t q u e l'Espr i t l a modèle a p r è s l ' a v o i r a n i m ée, l e p syc h i sme ne fut n i un dogm e , n i une r e l i gi on , m a i s une s c i ence b a sée sur des f a i t s d'observation ri goureusement analysés.

LA CONSTITUTION DE LA MATIERE M a i s eette M a t i ère, qu'e�t- e l l e , a u j uste ? I c i enc' ore, F l a m m a r i on a deviné , dès l e d ébut de s e s rec h e r c h e s sc i e n t i fi que s e t p h i l osoph i qu e s , l a v é r i t a b l e cons­ t i tu t i o n de l a m a t i ère. L e s phrases suivantes, extr a i te s de s e s prem i ers ouvrage s, semb l en t être écri t e s par un de n o s m e i l l eurs p hy s i ci ens d ' a uj o urd' hui : ({ L'Univers, les c h oses e t les ê tres, tout ce que nous voyons est formé d'atomes invisibles et impondérables. L'unil'ers est un dynamisme .. . Si je dis­ sèque la Matière, je trouve aIl fond de t o u t l'a tome inv isible : la Mat ière dispa­ raît, s'évanouit en fumée. Si mes ycu:n a naient la puissance de voir la réalité, ils verraient à travers les murs, forrnés de m()lécules séparées, cl tro.l'ers les corps, tourb illons a tomiques . Nos yeux de ehair ne voient ]las ce qui est. C'est a l'ec l'œil de l'Esprit qu'il fau t 'l'oir ... Tl n'y a qu'une seule unit é . L'infiniment grand est iden tique à l'infiniment pe tit . L'espace est infini sans ê t n� grand. La durée est é ternelle sans ê t re longue . Etoiles et a t omes sont un ... Les a tomes qui constituent les corps s e meuvent relativement aussi vile que les é t oiles dans le ciel. Le mO/l'''crncnt régit t o u t, forme {out... La Matière et l'énergie n'ont jarruûs été vues séparées l'unc de l'au tre; l'e:r:istence de l'une i mplù{uc l'e.ristence de l'autre; il ?I a peu t-ê tre iden tit é subs tantielle de l'une et de l'a.utre ... La consti­ tution de l'un ivers sidéral est l "image de eelle des corps que n o us appelons rna.-

(34 ) Dans L'Inconnu, la constatation des transmissions télép athiqu e s il distance a été prouvée, et les facullés transcendantales d e l'âme l'ont été dans La Mort et son mystère .


- 330 -

Mriels. Tout corps, organique ou inorganique, h omme, animal, plante, pierre, fer, bronze, est composé de molécules en mouvement perpé tuel et qui ne se touchent pas . Tous ces atomes, tmdes ces m o lécules sont en mouvement sous l'influence des forces qui les régissent e t, relativement à leurs dimensions, de grandes distances les séparent. Nous pouvons même penser qu'il n'y a en principe qu'un genre d'atomes, et que c'est le nom bre des atomes prim i tifs, essentiellement simples et h omogènes, leurs modes d'arrangements et leurs mouvements, qui constituent la diversité des m o lécules ... (3 5) »

FLAMMARION ET LA PAIX C a m i l l e Fl ammar i o n a eu une b e l l e e t heureuse une

de

conséquence

e x i stenc e :

peut-être

c ' est

d' humeur

éga l i t é

d'une

earactÈ're,

exc e l lent

son

p a rf a i te .

A v e c l u i , toute s l e s d i ffi c u l t é s s'évanoui s s a i e nt c o m m e p a r enchantement. Il é t a i t , d'autre part, n ature llement h i enve i l l ant et b o n . N o mbreux sont c eux qui v i nrent frapper à s a porte pour lui

Ce

d e m a nder une faveur, un serv i ce ...

tempérament bon e t sensi b l e se r é v è l e dans un f a i t remontant il une époque où

A q u o i p o uv a i e n t b i en serv i r tous Je m'efforçai de comprendre comment les nations sont néccssai­ rement ennemies les unes des autres, e t je n '?! parvins pas . " Inut i l e de d i r e d e s régiments trav e r s a i ent Monti gny - l e - Ro i .

c e s s o l d ats ?

«

q u ' i ! n ' y r éu s s i t j amai s ! F l ammar i o n

s'est

toujours

montré

comme

un

ardent

p a c i fi ste,

a i m an t

la

V i e, a i mant l e s autr e s, parce que, averti de l a m i nuscule f a i b l e s s e de l ' H omme au m i l i eu d'une

telle

a mp l i tu d e ,

il

c o nc ev a i t m i eux

l e besoin

d'être

fraternel

il ses frère s, quel que f ù t l eur degr() sur l ' é c he l l e d e s m i s (\ r e s v i v a n t e s . Un e rel i gi o n de p i t i é , de s o l i dari t é , s'impo s a i t -de l a sor te; u n e rel i g i o n q u i prena i t s e s r a c i n e s dans l ' i n s ti nct môme

de

g i on de c h a r i t é p l u s que chréti enne,

la Vie,

une

pui sque,

irréfutab l e

dans

la

et

détresse

d é fi n i ti v e

reli­

commune,

elle

s'étenda i t n o n seu l ement à tou s l e s humai n s , c o m m e J é s u s l e v o u l a i t , m a i s aux bêtes, aux plan l e s , e t même a u x m o n d e s q u i r o u l ent. c om m e nous suivant une l o i i m p i toy a b l e . En c e l a , C a mi l l e Flamm a r i o n fut \ T a i ment un a p ü t r e , au sens le p l u s str i c t du mot, en prêchant un dogme qui s'appu i e sur la v é r i t é sci enti fi que pour con ­ dure il l ' a p a i sement d e s h a i n e s d é c o ncertan t e s . M a l heureusement,

«

l'h u mani t é terrestre est

1m e

s ingulière espèce " ,

éerit­

i l . Et i l montre l e s exem p l e s e x Lraord i n a i re s de dévoùment m i s p a r d e s h o m m e s pour en sauver u n a u t r e en d a n g e r , f ù t- i l u n v i e i l l ar d , près de la f1n de s a v i e ,

u n m i sérab l e m a l a d e eondanmé p a r t o u s l e s m (�de(' i n s ; il c ü i é de r e l a , deux peu­ p l e s s ' é l ancent l'un contre

l ' a utre,

d e s m i l l i o n s d'hommes v a l i de s

e t .i ell l l e �

�e

Ce t te race pré tend ue inte llig ente t rouve l'do f o u t nature l... J e le demande à tuut lecteur rais onna ûle, d e v uns-nous qualifier l a }luli·· tique des nations autrement que par le titr'e d'idiote, d'infâme, de II Il J"iw 1"t" e t d e l a dernière stupidité ? »

j ettent sur d'autre s m i l l i o n s :

Dans tou s s e s ouvrages, v i o lence.

Mais

qu'on

ne

s'y

«

le

M a i tre

trompe

s ' é l è v e contre

point !

S' i !

l ' i nj u s t i c e ,

e s t paei fi st e ,

il

la

force

n'en

aime

et

la

pas

m o i n s ardemment son P a y s , e t l e s atr o c i té s comm i se s p a r l'ennemi l o r s de l ' a tta­ que

a l l emande

de

1 9 1 4 l u i a r r a c h èrent p l u s i eurs prote stati ons énerg i q u e s . Il

( 3 5 ) Uranie, p. 1 09 ( G eorg e s Spero ) et p. 353 (A d l'eritatem per S cientiam ) .


- 33 1 faut l i re ses articles sur La brutalité allemande dans l'histuire e t c e tte lettre aux ci toyens améri c a i n s sur La lib ération de la Belgique, datée du 2 1 décembre

191 4 !

DISTI NCTIONS

HONORI FIQUES

Tant de travaux, un e renommée véri tablement universelle, ont valu à Cami lle Flammarion d e s di sti nctions honor i fiques extrêmement nombreuses dans tous l e s pays. En France, i l fut nommé Offici er d'Académi e en 1 86 7 , Offici er de l'Instructi on Pub l i que en j anvi er 1 882, Cheval i er de la Légion d'Honneur l e 18 j anvier 1 88 1 , Offi ci er e n 1 9 1 2 e t Commandeur e n 1 922. En reconnai ssance de ses i d ées, un grand nombre de groupements se sont formés sous son patronage : le nombre des « Soci é tés Flammari on " est é l evé dans l e monde. On l'ompte également plusi eurs « Ob servatoires Flammarion » à l'étranger. Peu d'hommes, en vérité, on joui d'une telle popularité, s'étendant - cn peut l'affirmer à toute la Terre. Il faut c iter l e s noms de Gambetta, de Vi ctor Hugo, de P asteur pour en trouver de semb l ab l e à la si enne. Un exemple entre mille : en 1 9 05, une éclipse totale de Soleil amène Flammari on en Espagne. Aussi tôt, parlant des nombreux astronomes venus de tous côtés pour observer ce rare phénomène, la presse de M a dri d l e s englobe dans un vocable unique : a Los Flammariones " (Les Fl ammari ons) . Comb i en cette popul arité semble j ustifiée, quand on songe à l a noble tâche à quo i Flammarion a toujours consacré sa vi e : « D é to urner la pensée humaine des miséra b les compétitions terrestres ct des luttes fratricides, pour l'idéaliser par la contemplation des sub limes harmorJ,ies du Ciel. » -

VIE I NTIME DE CAM I LLE FLAMMARION Cami l l e Flammari on ava i t épousé, le j 8 août 1 87 4 , Madame veuve Mathi eu, née Syl v i e Péti aux- Hugo, qui , pendant de longues années, fut pour lui une col­ laboratr i ce assi due et dévouée. Mme Sylvi e Flammarion mourut l e 2 3 févri er 1 9 1 9 ; e l l e e s t également i nhumée dans l e parc d e l'Ob servatoire d e Juv i sy, à côté de son mari (36) . Resté seul, âgé de 7 7 ans, le Maître aura i t sans doute mené une exi stence b i en pénible et b i e n tri ste, lui qui ne se préoccup a i t j amai s des conditions ma­ t érielles de la vie, s'iL n'ava i t été, une foi s encore, i nspiré par sa bonne étoi le, qui plaça sur son ehemi n Gabri e l l e Renaudot. - Née dans le vo i si nage de l'Observatoire d e Meudon, s a fami l l e qui tta ce pays pour venir hab i ter non loin de l'Ob servatoire de Paris. Installée au 22 de l'avenue de ' l'Observatoire, l a petite Gabri elle, âgée de sep t ans, commença ses étud es dans un modeste cours, installé au n° 4 0 d e l a même avenue, à l 'angle de l a rue Cassini (n ° 1 6 ) , dans cette mai son où Cami lle Flammarion hab i tai t depu i s 1 8 7 0 et dont i l était le plus anc i en locataire. A neuf ans, la petite fille continua ses é tudes au Lycée Fénelon ; elle y resta hui t ans. Elle aimait parti cul i èrement l e s sciences naturell e s : déj à on la plai santai t et on l'appelait « l'astronome " . ( 3 6 ) Le tombeau fut placé en ce lieu, selon le d'une délibération du Conseil Municipal de Juvis y .

désir du MaItre et en conformité


- 3 32 -

Un double deu i l - son père et sa mère di sparai ssant à tro i s sema i nes l'un de l'autre - vint bouleverser son exi stenc e. Elle avai t heureusement fréquenté, avec. sa fami l l e , les bri l l ant e s réceptions données rue C a s s i n i c h ez Cami l l e Flam­ marion, o ù se rencontrai ent des c élébrités de Lous les pays. �lle fit part au savant du plaisir qu' e l l e prena i t à l'étude de l'Astronomie, qu' elle a v a i t appr i s il aimer dans s e s ouvrage s. C'est a i n s i que lVI'le Renaudot devint secrétaire de Cam i l l e Flammari oIl et qu' e l l e se consacra, dès lors, enti èrement il son œuvre. Une c o l laboration de plus en plus complète, une fusion s i harmon i euse de pensées trouva s a l'om l u s i on logi que, le n septembre 1 I B O , pal' le mar i age du 'vI a î tre et de Gabri e l l e Renaudot. * * *

On reste confondu, à la l ecture d'un exposé si succ i nt, rédu i t parfo i s à u ne simple énumération, de l ' i mmensi té de l'œuvre accomp l i e par Cam i l le Flam­ mari on. Trava i l leur a c harné, c h erc heur i nfati gab le, apôtre de bonté, cet homme extraordina ire ne vécut r é e l l ement que pour le p l a i s i r d'étudier et surtout pour la j o i e de commun i quer à autrui l ' amour de cette sci ence du C i e l qu' i l affecti on ­ na i t p a r dessus tout. Toute sa v i e , i l s ' e s t e fforcé de popu lari ser l'Astronomie, de fa i re comprendre aux foules les beautés de la Nature, de transmettre aux autres une part de ce dynam i sme scientifique qui l ' anima i t. Cami lle Flammar i on fut un grand savant, mais aussi un poète i ncomparable. Certes, il ava i t écr i t au fronton de sa v i e comme à celui de sa demeure cette aus­ I rre devi se : A D VERITATEl\1 P E R S C I ENTIAM . Mais la science, dan;;; sa bouche ou sous sa plume, éta i t sans ari d i t é ; et l'é lève su i v a i t d'autant plus l e maître à la re­ (' herche de l a vérité fugi tive qu'au rai sonn ement e t au c alcul s'entremêlait, ' comme pour l e s v i v i fi er, le souffle d'un e âme toute p l e i ne de lyri sme. S e s écrits étai ent comme ses paroles tout frém i ssants d'une ardente poési e ; e t c'est, à n'en p o i n t douter, l a rai son de leur étourd i ssant sUC' c r s à travers le monde entier et de l' empr i s e qu' i l s exereèrent sur u n s i grand nombre d'espri t s . Lorsque Cami l l e Flammarion mourut, (" est u n si llon lumineux qu' i l lai s f a derr i ère lui ; e t l' eUe lumi ère non seulement i ntellectuelle, m a i s spi r i tuelle est de c e l le:,; LIlle r i e n n'eHace. P ()urrai t - e l l e d'a i l leurs d i sparaî tre, pui sque s a fi d è l e c ompagne e l ses nombreux d i sc i p l e s c O ll t i nucn t i nlassahlement s o n œuvre de honté et de vérité et tra v a i l lent, c omme il a toujuurs fait, avec son même ' cn thous i a sme et son même dèiintéres sernent, à l' évo l ut i o n spi ri t u e I l e de no tre p e t i te pl anète.

C 'est avec infiniment cie peine que nous venons d'apprendre la mort, à l ' âge cie Q UENJSSE T, auquel de nombreuses découvertes célestes ont valu la notoriété. 79 ans, cie M. Ferdinand

Astronome à l ' Observatoire de Juvisy-sur-O rge, M. Quen isset était, c inquante ans, le principal collaborateur cie M me G'abrielle Flammar ion.

clepuis


Par

CAMILLE FLAJ\l MA R I O N

Comment j 'ai touj ours compris l'Astronomie ? J e la considère e t la vénère comme la science de l'univers vivant. Ce ne sont pas des blocs planétaires inertes roulant inutilement dans l 'espace que le doigt d'Uranie nous montre au sein des plaines éthérées : ce ne sont pas des points stellaires brillants . dont les coordonnées géométriques représenteraient toute la val!=ur ; ce sont des mondes, des séj ours de vie. présente, passée ou future (mais le temps n 'existe pas dans l'éternité ) ; ce sont des foyers d ' énerg ie, de lum ière, de radia­ tions prodigieuses et fécondes. Terres du ciel ou soleils de l ' infin i , c'est l 'hymne de la vie universelle chanté par la nature entière, la Vie étant l 'ordre suprêm� , la loi et le but de la création , auquel obéissent tous les atomes , car l ' inertie n 'est qu 'une erreur de notre ind igence intellectuelle. Non, l 'Astronom ie ne doit pas s 'arrêter à la mesure de la position des astres : elle doit s 'élever j usqu ' à la connaissance de leur . nature. Les contemplations de la Nuit charment nos pensées comme une div ine mélodie. C 'est ainsi que je ja concevai s , cette science sublime, lorsqu'il y a longtemps , à l 'âge de seize a n s , j 'eus la j o;' e d' être admis au Bureau d e s calculs de l ' O bserva ­ toire de Par i s , grâce à l ' indulgence plénière de l 'astronome Victor Puiseux, grâce à la réorganisation récente de l ' O bservato ire par Le Verrier, et c'est ainsi que j e me trouvai isolé, dès le prcmier j our, au m ilieu d'une adm inistrat ion de fonctionnaires dont j e n'avais pas cleviné l 'organisation mécanique nécessaire à tout établissement. A cette époque, cl 'ailleurs, l'astronom ie phys ique n'était pas encore née ; on ne con­ naissait que l 'astronomie mathématique, et l'on ne paraissait pas penser que l 'analyse des mouvemcnts et cles masses ne représente pas la nature cles astres , pas plus que le poids cl 'un homme ne représente lui-même l 'être humain intégral. L'enseignement cles cieux n 'est pas celui des tables de logarithmes . Par une belle nuit étoilée, sous le scintillement des constellations lointaines , dans la solitude et le s ilence, nos regards s 'élèvent vers ces régions inaccess i bles et se sentent en communion avec l'infini. Nous savons que ce globe lunaire, à la mystérieuse clarté, est éclairé par le même soleil que nous , et roule à nos côtés, s i près, en vérité, q u 'un pont de trente arches du cliamètre de la Terre suffirait pour nous y condu ire. Nous savons .q ue ces autres mondes , Vénus éclatante, Mars aux continents rougeâtres, .T upiter enveloppé de nuées , Saturne entouré d'anneaux fantastiques , sont, eux aussi, éclairés par notre Soleil et régis par des lois organ iques analogues aux nôtres ; l 'ana­ lyse spectrale nous y montre les mêmes substances que les substances terrestres. Nous savons que chaque étoile est un soleil et que la plus proche plane à 41 mille milliards de kilomètres d ' i c i . Nous savons que S i r ius est plus de deux fois plus loin, Aldébaran trois fois ; Altaïr quatre fois ; Véga cinq fois, cl'au6-es dix fois, cent fois plus élo i gnées , à des centaines et des milliers de trill ions cie kilomètres. Nous savons que plus de cent mill ions de soleils composent notre univers s idéral, qu'ils forment plusieurs courants j uxtaposés, que nul atome n'est en repos dans l'univers, que le point fixe n'existe nulle part, que tous ces astres sont emportés par des vitesses de dizaines


- 334 et de centaines de kilomètres par seconde, que les uns sont à l'aube de leur existence, éblouissants de lumière, brûlants de flammes hydrogénées , tandis que d'autres sont à l 'agonie et nous apparaissent dans la nuit profonde comme des gouttes de sang prêtes à se coaguler ; que d'autres , à côté, flamboient comme des diamants , des topazes , des rubis, des émeraudes, des saphirs, des turquoises, des améthistes ; que de charmantes étoiles doubles gravitent l 'une autour de l 'autre, avec des couleurs si translucides, que pour les représenter fidèlement, il faudrait pouvoir tremper son pinceau dans l'arc­ en-ciel et j eter ces gouttes de lumière céleste sur le fond pur du ciel de minuit ; nous sentons qu'une vie immense, inénarrable, prodigieuse, rayonne dans cet univers sidéral au sein duquel le modeste petit globe que nous habitons n'est qu'une m,i nuscule automobile lancée en spirale dans la nuit, à la vitesse de 107,000 kilomètres à l'heure, sans savoir où elle va ; que cet univers s idéral ne représente lui-même qu'un archipel de l 'océan céleste ; que la lumière et des radiations inconnues mettent en relation cons­ tante tous ces astres entre eux et avec nous-mêmes ; et qu 'au delà de cet univers, d'autres univers se succèdent sans fin, dans toutes les d irections de l 'espace inévita­ blement sans bornes , et que, à tout j amais , ces univers lo intains peuvent rester étran­ gers au nôtre et comme s ' ils n'existaient pas, car un vide privé d'éther peut les séparer et interdire toute transm ission de radiations quelconques. Et cette immensité sans limites se présente à nous comme un infini dont le centre est partout et la cir­ conférence nulle part, su ivant l'expression d'Empédocle, de Plutarque, de Vincent de Beauvais, de G'erson, de Rabelai s , de Pascal et d'autres penseurs ... Voilà ce que nous inspire le spectacle de la nuit étoilée, avec un tout autre langage que celui des for­ mules algébriques d'une architecture matérielle. Oui, élançons-nous avec la vitesse d'un rayon de lumière vers n ' importe quel point de cette nuit éto ilée, et volons en ligne droite, avec cette même vitesse de 300.000 kilomètres par seconde, pendant des heures. . . des 'j ours . . . des semaines. . . des mois ... des années . . . des s iècles . . . des milliers de s i ècles . . . et si nous arrêtant fatig-ué s . e n u n point quelconque, après ce v o l fantastique, nous voulons mesurer le chemin parcouru, nous constatons que nous n'avons pas avancé d'un seul pas dans l'espace, et que nous sommes restés au centre . . .

Ce n 'est p a s tout. E n même temps qu'elle nous écrase dans le vertige de l ' I N F I N I , l'Astronomie nous impose celui de l'ETERN I T E . Le c i e l ouvre devant n o s regards terrifiés d'insondables abîmes . Car nous sommes dans la Vie. O r , qu'est-ce que la Vie de l'esprit ? Chacun de nous peut se demander , en ce moment, où il sera d'auj ourd'hui en cent ans . Les uns supposent qu'ils n 'existeront plus , que leur être intellectuel se sera évanoui dans la nuit suprême et aura entièrement disparu, comme la flamme d'une lampe éteinte. D 'autres s 'attendent à être transportés dans un parad i s . dans un enfer, ou dans un purgato ire. D 'autres pensent qu'ils erreront à l'état d'ombres dans l'at­ mosphère de la Terre. D 'autres songent au repos plus ou moins conscient du Nirvana. D 'autres auss i espèrent continuer une vie extra-terrestre sur les autres mondes du système solaire, ou dans quelque système étoilé, et évoluer graduellement en un perfectionnement indéfini , au sein d'un univers plus illim ité encore que notre désir de vivre et notre insatiable curios ité. Le problème se pose devant nous , formidable, inéluctable. « To be or not to be. - Etre ou n'être pas, mouri r , dorm ir, plus r ien ! » se dit Hamlet, en aj outant : « Mais n'y a-t-il pas quelque chose après, dans cette contrée non découverte dont la frontière n 'est repassée par aucun voyageur ? » Et au cimetière d ' Elseneur, en prenant dans ses mains le crâne ramass é par le fossoyeur : « D ire que la tête de César , changée auj ourd'hui en argile, peut servir à boucher la fente d'un vieux mur , lui qui tenait le monde en arrêt. » S hakespeare, Le Dante, Victor Hugo, ces grands poètes de l'humanité ; S ocrate, Platon , saint Augustin , Pascal, Descartes , Kant, ces penseurs ; Copernic, Kepler, N ewton , Euler, Linné, Ampère, Pasteur, astronomes, phys iciens, naturalistes, regardent avec effarement la


- 335 -.,.. porte du s épulcre, comme le voyageur vénitien, arrêté devant le troublant et impéné­ trable tombeau de Canova. Et le sph inx reste muet. Et nous ignorons tous quelle implacable destinée nous attend pour l 'éternité. On éprouve, en certains moments, devant cette perspective, une sorte d' insoutenable effroi , on se demande si l ' immor­ talité est désirable, s ' i l ne serait pas préférable de n ' être j amais né - et même s ' il ne serait pas moins cruel d'avoir la faculté de s 'évader de la vie psychique et de s 'anéantir. D ' éminents esprits me répondent que c'est là une inquiétude super flue, que la faculté de penser n'est pas autre chose qu'une fonction du cerveau. que. le cerveau détruit, la pensée disparaît. et d'autres aj outent même. avec B erkeley, que tout n'est qu'illus ion, qu'en fait, l'univers n'existe pas , n i notre corps, n i celui de nos voisins ou de nos vois ines , n i la terre. ni le. soleil. ni les étoiles. Ces négations pures sont très s imples , en effet, mais elles ne sont pas démontrées , et le grand point d'interro g ation continue à se dresser devant nous. Ceux qui penseraient que ces grands problèmes de l'espace et du temps sont étrangers à l'Astronom ie se tromperaient étrangement. Cette science seule nous fait connaître l 'univers, et le système du monde moral doit s'accorder avec le système du monde phys ique. En détruisant l 'antique conception géocentr i que et enthropocen­ trique de la création, l'Astronom ie a transformé radicalement nos idées sur l 'espace et sur le temps, et les yeux qui se re fuseraient à le reconnaître rappelleraient ceux de l 'autruche qui se cache la tête sous son aile. , D 'ailleurs, en proclamant la grandeur de la miss ion philosophique de · notre chère science, je n'ai r ien inventé, je n'ai fait que suivre la tradition en la transformant ; nul de vous n 'ignore que le système de Ptolémée était celui des Pères de l ' E glise ( 1 ) , et que l a condamnation d e Galilée comme hérétique a été déterminée par l'impossi­ bilité d'accorder la doctrine du Verbe incarné avec la révélation de la science mo­ derne. Et puis, je ne me fl atte pàs de l ' immodeste idée de fonder une religion ; j e n e suis pas seul à penser ainsi : nous sommes légion, e t nous n e nous connaissons même pas. L'heure de la l ibération est arrivée. La splendeur des cieux répond aux aspirations de nos âm es. « Ingenium audax, natura audacior », nous dit LUMEN . Nous ne 'serons j amais rassas i é s . Nous ne sommes que des atomes , mais des atomes pensants . et la pensée humaine vaut un soleil. J'aj outerai encore que non seulement le programme de la philosophie astrono­ mique est le plus beau de tous ceux qui ont pu être attribués à cette science, mais encore que tout le reste s 'annih ile et disparaît devant lui. En effet. que nous fait l'histoire de l 'human ité toute entière, de cette race qui doit pér i r . que nous importe la politique des nations et ses frémissements, que signifient toutes les découvertes et tous les progrès, et toutes les sciences , et tous les arts , puisque ce monde d 'lit fi n i \' et que r ien n'en restera ? Ce qui nous intéresse, en définitive, c'est nous -mêmes, c'est notre propre sort, c'est notre exi stence personnelle, c'est notre destinée, et ce sont nos conditions d'existence dans l 'univers. Si les années s i fug itives et s i rapides de notre v ie actuelle représentent toute la réalité, la réalité d 'un jour, qu'est-ce que c'est que cette comédie-là ? Si cette vie, avec ses luttes, ses inj ustices, ses souffrances , ses misères . finissait avec notre dernier soupir, on pourrait conclure que D ieu n'existe pas , que l'univers n'est pas organ isé, ce qui paraît contraire à l 'observation de la nature. * * *

Quoiqu'il en soit, nul ne peut contester que le problème que nous venons d'agiter ne soit pour chacun de nous la premi ère des questions. D 'une part. la V I E , actuelle, passée, ou future, à la sur face des myriades de mondes qui roulent dans l' infin i ;

( 1 ) Lorsque Pascal écrivait ses Pensées, 1 6 5 6 - 1 6 5 8 , il croyait la Terre immobile au centre du Monde et but de la création, quoique Copernic eût publié son ouvrage en 1 543, et Galilée les siens de 1 6 1 0 à 1 632. Mais celui-ci avait été condamné en 1 6 3 3 .


- 336 -

d'autre part, notre aSSOCIation à cette vie universelle. Et c'est en cela que les études psychiques se trouvent être le complément naturel de l'Astronomie. D 'ailleurs, dans la nature, il n'y a n i astronom ie, n i phys ique, n i mécanique, n i zoologie. n i phys; olog- ie, n i psychisme ; les sections de nos académies n'existent pas dans la nature. Il n 'y a qu'une immense unité. Et cette immense unité est un dynam isme intelligent, quoique inconnaissable. De plus , le Temps n'est pas ce qu'il nous paraît être, l'avenir est déterminé et peut être vu d 'avance, et toutes nos idées habituelles sont des erreurs . E t , peut-être , e n terminant, n'est-il pas hors d e propos d'aj outer que l e résultat de ces vastes contemplations est de nous dégager de toute ambition. ainsi que des tourments plus ou mo ins dorés de la fortune. La valeur intellectuelle de l 'homme n 'est pas là. Les seules richesses réelles sont celles que nous emportons dans notre âme au delà du tombeau . En dominant de ces hauteurs la politique sauvagement armée de tous les peuples , on pense avec S énèque : « Evolutions de fourm i s , grands mouve­ ments sur peu d'espace ! » Nous ne sommes pas les citoyens d'une cité. d'une nation, n i même de la Terre : nous sommes citoyens du C iel. Je m'arrête. J'ai seulement voulu rappeler ici que l'Astronomie philosophique pose devant nous le plus prodig ieux, le plus formidable et le plus beau des problèmes : celui de la Vie. le Cantique des cantiques.

N OT U L E

H I STO R I Q U E

de PERRAY-sur-ORGE et d u DOMA I N E de la G I LQU E N I �RE P a r VICTOR CHAUDUN

Directeur du Cercle Sésamois dl' Ville m o iss on-sur-Orge Mmnùrc de la Com,m iss iun IJépu/' t e rnentale des Antiquités e t des Ad.\' de S ei n e - U ise

L

A

terre éta i t

de

une

bénédictins

des-Prés,

dont

P erray- sur-Orge possession de

des

(1)

moines

S a i n t - Germ a i n -

l ' a b b é logea i t

au Breui l ,

Pépin l e Bref, v e r s

7 5 0. Ces moines con­ 1253 pour le vendre, e n mars de cette année, ' à Guil­ servèrent c e fi e f j usqu'en

l(mme du Terme,

obtenue probabl e m e n t d'une d onation d e

l a somme de

ou P e rr e u l-sur­ O rg e (xv' s ' è c l e ) , dénomination à. rapprocher de celle du ha meau d e Saint-Michel-sur-Orge : Gu i perr e u x - le g u é perre u.r - tirant son ori­ gine de ses terrains pierreux.

ries, les

bailli

d e Ito uen, pour

3 5 sous, les r e l i g i eux con­

servant toutefo i s les droits d e justice. Malgré l e s troub les d e s XIV· et xV" siè­

(1)

Anc: e n n e m en t

Pe rreuil

Du Terme

rie

du

P erray,

du

XV·

siècle

gardèrent l a s e i gneu­

e t on retrouve à

la fin

Bertrand du Terme ,

sei­

gneur du Perreul et de l a G i l quenière.


- 337 Les moines, en vendant le fief, avaient spécifi é qUe l e s e i gneur du P erray " ne pourrait tenir hôte l et oratoire ' SUI' le territoire du Breui l . Aussi ce dernier, ne possédant aucune habi tati on convenab l e au Perray, b :Ui t-i 1 s o n m a n o i r en-deçà du chem i n du Breui l à V i l l i ers, à l a l i ­ m i te des c hamps, au-dessus d'une fu t a i e bordant l'Orge, à l ' o r é e du plus beau s i te de la régi on, l'œi l se reposant sur de ma­ gn ifiques prairi es : c'est ainsi que naqu i t l e château d e la Gi lqueni ère qui fut pri ­ mi tivement la Jacquinière (2 ) , aujour­ d'hui le château de Vaucluse. Il est prob able que Bertrand du Ter­ me, qui ava i t su con server sa v i e pen­ dant la guerre de Cent Ans - dont les troub les furent un immense mal heur, parti cul i èrem ent pour notre région posséda i t fort peu d'argent et avai t en outre beaucoup de dettes. car ses b i ens furent vendus par autori té de justice au début de 1 500 et acqu i s par son parent Jean du Term e .

Jean du Terme mourut e n 1 52 0 et sa fille et h éri t i ère Catherine du Terme épousa Louis de Martine, procureur au Châtelet, a vocat du Roi en l'Ami rauté. Le 5 août 1 5 49, C a therine du Terme don­ na à son fi l s puîné Pierre de Martine le,s fiefs de Perreul- sur-Orge et de la Gil­ quen i ère qu' i l conserva: très peu de temps car Jehan de Martine, son frère ainé, conse i l ler au P arlement de Breta­ gne, en rendit foy e t hommage au Roi le 9 j u i l l e t 1 5 5 5 . Le fils de Jehan, Isaac de Martine, rend i t le même hommage le 23 avr i l 1 596 et mourut à l'âge de 63 ans, le 16 septembre 1 62 4. Ses successeurs " i mmédiats furent son fils Louis de Martine, toujours qual i fi é de seigneur du Perray, pui s Charles d f Martine, jusqu'en 1 650. A cett e épo que, fe dom a i ne fut acqui s par René Davy de la Fautrière, consei l ­ l er a u Parlemen t. e t s a Rœur Renée. L'hé­ ritier de René D a v�', Ron fi l s Guillaume,

( 2 ) Jacquin, Jacquine, prénoms très muns j usqu'au XVIII' siè cle .

com­

ven d i t ses propri étés d'Epi nay-sur-Orge et du P erray, en 1 7 1 9 , à dame Elisabeth Uaguienne qui a l i éna s o n acqui s i ti on l a même année à Jean Rieu l ê cadet, célè­ bre di sc iple du banquier Law dont l a for­ tune sombra avec celle du trop astu­ ci eux banqui er. Son i mpécuni osi té l'obli ­ gea de dégrader son hôtel de la Gilque­ ni ère dont i l vendi t les plombs, l e s fers et les meubles. L'hôtel fut lui -même ven­ . du en mars 1 7 4 3 à Gratien Drouilhet, re­ ceveur des Finances, qui fi t remettre en état le château : c'est à lui que nous e n devons l'appa rence actuelle. En 1 7 56, Drou i l het mourut à 4 0 ans et sa veuve vend i t le domaine à François Marchant, écuyer, qui en étai t déjà locataire . Le fief du Perray, qui ava i t été d i s ­ tra i t de c e l u i de l a Gi lquenière à une époque que nous i gnorons et acheté par­ tie (les deux tiers) par le seigneur de " Sa inte-Genevi ève et Vi l lemoi sson, part i e (le tiers) p a r le châte l a i n de Beaumont à V i l l e m o i s son, fut estimé à l a vente qui suivi t le décès de l a prési dente A melot, dame de Sai nte-Geneviève et de V i lle­ � oi sson, à 24 .000 l i vres et vendu à Pierre Durey d'Harnoncourt, le 1 6 juillet 1 7 4 3 . Celui - c i , receveur général des F i nanc es de Bourgogne, seigneur de Morsang, a v a i t acqui s en même temps l e s seigneuri es de S a i n te-Genevi ève et de V i l lemo i sson. Les tro i s s e i gneuri es, augmentées du fief du Perray (en parti e ) , devi nrent l a pro­ priété de Louise Bernarfle, sa fi lle, en 1 7 67. El l e éta i t l'épouse de Jean Bertier de Sauvigny, i ntendant des finances de Louis XVI. L'autre part i e du fi ef fut vendue par la châtel a i ne de V i l l emoi sson, dame Hé­ lène Hérault de Séchelles, grand'mère du c élèbre conventi onne l, le 12 j anvier 1 7 7 0 à Mich e l Marchant, é cuyer, héritier de la Gilqueni ère par son père. Il dissipa la fortune fami l i al e très rapidement et céda ses domaines en août 1 782 au très pui s ­ s a n t sei gneur, le marqu i s A lexandre Em­ manuel de Crussol, maréc h a l des camps des Armées du Roi, à qui nous devons, parait- i l, l'appel lati on moderne de Vau-


338 cluse à la pri ère du comte de Pro­ vence (3) . Nous en appelons à l'éruditi on de nos lecteurs pOUl' nous confirmer l'origine de ce vocable que nous enregi strons a vec un certain sceptici sme, car le comte de Pro­ vence posséda i t à Brunoy ( 4 ) une .impor­ tante et agréable propri été, rappe lant par son site et sa r i v i ère ( l'Yerres) l'as­ pect du domaine de la G i l queni ère, au­ quel il eut été facile de donner le nom de « Vaucluse " , si lei était son désir. Avant d'émigrer, le marqu i s de Crus­ sol vendit le 3 mars 1 7 9 1 à Jean-Henri Morel dei Grolé de Pe yre, maréchal de camp, le domaine de l a Gi lqueni ère, sauf le moulin du Breuil qui fut di strait d e l a vente au bénéfice du seigneur d'Epinay , et cela dès août 1 78 7 . C h angeant encore une fo i s de mai ns, l e domaine de Vauc luse fut acqui s pour 285.000 l i vres · pal' Pierre-Michel Des­ brosses qui y aj outa à nouve au le mou­ lin du Breu i l lors de la décapi tation de M. de Montcloux, seigneur d'Epi nay. Successivement, V aucluse devint la propri été de Bernard Jean Etienne De ­ laitre, frère du b aron Delaître, en juillet 1.803 ; du comte Jean Mari e Lepage Dor­ senne, chambellan de l'Empereur, l e 30 mai 1 81 1 ; de Pierre Dabrin, le 1 7 août 1 8 1 6 ; de Paul D a b r in son fils, le 5 mai 1 838 ; de Kirk Patrik, de Londre s, en ,

( 3 ) Peut-être ne s'agit-il que d'une confu­ sion de nom et faut-il enten dre Comte d'Ar­ tois au lieu de Comte de Prov ence, car nous savons que l e bailli de Crussol, capitaine d e s gardes du c o r p s d u Comte d ' Arto i s, était ad­ ministrateur du Gran d Prieuré de Franc� pour l e compte du duc d'Angoulême, fils atné du C o m t e d'Artois, e n c o r e en minorité . (4) Actuellement Rue Monsieur.

juin 1 860, et l e 1 8 novemJjre 1 863, du dé­ partement de l a Seine, dans l'i ntentipn d'y établir un asi l e d'ali énés. Louons le département de la Seine d'avoir su conserver au parc d(l Vaucluse l'aspect général qu'i l avai t au début d u X V I I I " s i è c l e . Le sty l e d i t anglais, quelque peu romanti que, avantageusement serti par l a rivi ère d' Orge, des essence s l i ­ gneuses heureusement choi sies, mettent en valeur, à fl anc de colline, c ette an­ c i enne gentilhommière. Nous fai sons toutefoi s une résen e. Le département de la Seine, sur les consei l s d u Professeur Marcel, spéci ali ste fran ­ ç a i s du peupli er, a créé dans l a pra i r i e de Vaucluse, entre l 'Orge e t l a B o ë l e , une magn i fi que p lantation de peup l i ers gri s et blancs d e l'Ourcq, é l ément d'assai ni sse­ ment pour ce l i eu marécageux et i mpor­ tante réserve d'oxygène pour les habi­ tants du Breui l, mai s écran sans pare i l pour le touri ste q u i pouvait admirer, i l y a fort p e u d'années, l a belle ordonnance dl'. parc. Il est indéniable qu' i l est difficile de trouver en Ile-de-France un s i te p lus agréable et plus reposant que celui que l'œil rencontre à l ' angle Sud de l a Ga­ renne, SUI' la route départementale 1 1 7 ; paysage doucem ent val lonné, prairie des pei ntures de Corot, fronda i sons magnifi - . ques et, tout au fond, au sinus, l'anti q u e donj on de Montlhéry. Pourquoi n'a-t-on pas lai ssé une per­ ' cée parmi les l i gnes de peup l i ers pOUI' nous permettre d'admirer l'ancien châ ­ t e a u de l a Gi lquenière ? Mon père ava i t eu l'i dée de faire c l a s ­ s e r le s i t e dans le but d ' e n eonserver l'ordonnance. P eut-être pourrai t-on )lI ­ j ourd'hui pressentir, dans cette intention le s services de la conservation d e , 'lite � ?


L'AEROPORT DE

PARIS

ORLY Par

Louis BRUNf.. L

que l'av i on doit, ùans un proche avenir, détourner à S O I l profit une partie de l'activité actuelle des autres modes de transport. L'av i ation civi le se développe de façon prodigieuse, et c'est maintenan l que se dessinent les grandes voies internationales du trafi c aérien. La France, par sa position géographique, par son i mportance économique, par l'attrai t qu'eUe exerce, peut e t doi t obtenir que les principales de ces voie � passent p a r Paris. C'est pourquoi nos dirigeants o n t envisagé de créer à Orly , avec d e s moyens financiers et techni ques à , la mesure d e l a tâche à réali ser, un immense Aéroport destiné à devenir la véritable plaque tournante aéri enne de l'Europe. La construction du « GRAND ORLY )) , dont l a présence modifiera profon dé ­ ment la physi onom i e de la Banli eue Parisi enne Sud, est déj à commencée. Depu i s deux ans, tous les travaux effectués lé sont dans le cadre d u p l a n d e masse d� l futur Aéroport, et tous les efforts nécessaires pour mener il bi en cette vaste entreprise indi spensable à l'équipement du P ays sont présentement concentrés au sein d'un organi sme qui a pri s le nom d'AEROPORT DE PARIS.

N

DL n'ignore

' * * .

En termes

admini stratifs,

pu b lic à autonomie

l'AEROPORT DE PARIS

est un

Etab lissement

financière et à caractère commercial, soum i s à la tutelle du

Mini stre des Travaux Publi cs, des Transports et du Touri sme. A ses destinée;; préside un Oonsei l d'Admini stration composé de représentants des diverses admi ­ ni strations de l'Etat, des collectivités locales ( c on s e i l municipal de Paris, conseils généraux de Seine et Seine-et-Oise, chambre de commerce a érona uti q ue ) et des uti li sateurs ; ce consei l est assi sté d'un directeur général ( 1 ) .

( 1 ) Nous exprimons notre 15incère gratitude à M . l e Directeur du Service Propagande de l'AEROPORT DE PARIS (Direction Commerciale et Financière - 7 , Rond-Point des Champs-Elysé es - Tél. : BALzac 41-55) qui nous a permis de reproduire les différents clichés photographiques illustrant cet article et qui a mis à notre disposition une copieuse documentation dans laquelle nous avons très largement puisé.


- 340 -

L'AERO PORT DE P ARIS a pour foncti o n s de gérer selon d e s méthodes sou ­

ples

l ' ensemb l e

des aérodromes

c i v i ls

app a r te n a n t

5 0 ki l omètres autour d e P n r i s. I l

rayon d e

d é v e l oppement de cps a ,\rodr o m e s , dont

a us "i

il

ft

l'ELa t

et

,;i Lué"

dans

un

p o ur tâche de fav o r i ser le

les p r i n c i p a u x son t :

O RLY, réservé a u

trafic i ntercontinpnta l , LE B O U H G ET, d ' o l l s ' e ffecLuenl pour l e moment les l i a i ­

sons

(2)

euro p é e n n e s

et

T O U SSeS-LE-N OBLE,

la Hégi on P a r i s i,enne e t centre

actif

BREF

de

affecté

l ' a v i at i on

<lu i

aériennes

l ' u t i l i sèren t a m é r i c,aines

pour

grand

touri sme

de

i n tern a t i on a l e .

H I STO R I Q U E 1 9 1 4- 1 9 1 8 par l e s Améri­

L'Aérodrome cI ' O r l y fut cré() penclant la Guerre cie cains

au

privée

leurs

opéra U on s

s e c om p o sa i e n t

l 'A l I rmag n e .

e o n lre

d'a v i o n s

lI, moteur Gnome e t R i l t'l n e .

L i li l:rly, C a II/ e l

Les

for é e s

e t iV i f' u1Jor t

2R,

A c e tte époque, le ( erra i n é ta i t d é l i m i té : a u Nord, par l a rou l e d é p a r te m en ­

tale lIe l i a nt la au Sud

«

V i e i l le P o s t e ))

e t à l'Est, par

le

ft O r l y ; à l ' O u e s t , p a r la route n a t i o n a l e N ° i ;

c he m i n

G.

32.

C.

* * *

1919.

- Au début cie l'année, l e Service drs Entrepôts G én pTn.u;r, de l'A via­

tion ( S . K G . A . ) s ' i n s ta l l e à O r l y ; pri s e n sub s i s tanc e pnr

l'Armée

américai ne ,

il

est chargé du stockage du matéri e l a é r i e n de guerre.

1 920. 1921.

pour

-

-

Nungesser fonde

une

é(�o l e de p i lotage.

M. H i ehard é t a b l i t sm' le terra i n le prem i e r Crntre d ' En t raînement

les pilo t e s rie réser' l ' e fondé e n Franc e .

La même a nn é e sont c o m m e n c é s , sous l a d i r e d i on clu c o l o n e l Sagonney, l e s travaux de con struct�oll d e s h fttirr1 8IlI s d e s t i n é s au port de d i r i ge ab l e s d e l'Aéro­

na u t i q u e Civüe, e n p a r t i c u l i e r d e s deux grand s h angars dont l a s i l h ouette mas­

s i v e nous fu t s i

1922-1923.

hmg(oet nps fal1l i l i l' r e ( 8 ) .

-

Certa i n s c o n s tructeurs a è l'tmauti qu e s u t i l i sent l e c a m p p o ur

y effectuer l'essai et la m i s e au p o i n t de l eurs appare i l s , n ot amment MM. Schne i ­ der, H enri o t , Garn i e r e t Demonge.

1923.

- L' A é ronau tique M iUtai r c forme son Centr e d'Entraînement, tand i s

1928.

- Le

que sont é d i fi é s d e s hangars m i s d irec.tion

' 1930.

de

-

Centre

à l a d i spos i t i o n de l'A v ia t i on Ci v il e rie Tourisme .

d'Entraînement

l a Compagn i e

franç a i se

des

pi lotes

de

r é serve

passe

sous

la

d'Av i ation.

La Station P o tez développe l'e mouvement en faveur de l'Av i ati on

légère de T o ur i sm e , dont l ' e s so r commeme il. prendre une certaine ampleur . nombreux r a l l y e s i nternat i onaux sont organi s é s , a i n s i

De

llue des épreuve s a é r i e n ­

nes. Orly devi ent un d e s grands centres fran ç a b de l ' Av i at i o n de Toul'Î sme.

CLu b

1932.

-

M"e D e u t c h d e l a M e u r t h e fai t c o n s trui r e un b â timent d e sti n é a u

R o land Garros, patronné p a r ,el le-même ;

l ' a n i m ateur e n e s t l e chef-p i lote

Maillet.

( 2 ) La Société (l'Etude s Histo riques, G éographiqu e s et Scientifiqu e s de la R égion Pa­ risienne a publié dans son BuUe tin n° 6 3 d'avril-j uin 1 949 une mise au point intéressante de !\J , Marcel-M. CHARTIEH sur le rôle de premier plan j oué par Le port aérien du Bourget entre les deux guerre s ( p p . 2 à 9 ) . ( 3 ) Ce s deux constructions ovoïdes, visibles d e fort loin, coûtèrent une trentaine de millions. Chaque hangar mesurait 300 m. de long, 90 m de large et 60 m. de haut. . .


- 34 1 A SOIl tour, l' Union des Pilotes Civils de France fait édifier à côté du terrain l a lYlaL�(Jn du Pilote.

L'Eeole de p i lotage . dirigée par M . Guy Bart et dont Mme M aryse 1933. Basti é est l'ani m atri ce fai t son apparition. -

Cette Ecole e s t repri se par M M . Savary et Thibault. Notons que 1 934. d'autre" Eeo les foncti onnent à cette date : Clu b de tourisme aérien, Clu b Joseph Le Bl'i:r, Ecole Sup-Aéro, Ecole Ma u b oussin. -

Le Centre d'Entraînement des pi lotes de réserve change de 1937 -1938. nouve au 4e directi on ; il est repr i s par la Société Lorrai n e - H enri ot. Le mouvement en faveur de l'A viation Populaire entraîne l a création de nou­ veaux dubs tels que : l'Aho-Club de ln Préfe e t ure de Police, l'A éra-Club des l'ranspm'ts, l' A é r a - C l ub du, Canton de Seeau:c. Sous la condu i te de ,; chefs-pilotes Arnoux, M a i l let, Bart, Grandj ean, Coyco, Savary, Thi bault, Chatel, H o stié, de nombreux é lèves sont formés ; certai n s sont devenus célèbres, notamment les pi lotes fém i n i n s Madeleine Charnaux e t H é lène Bou c h er. -

La Soc i ét é Amiot commence l e s essai s de son prototype, le bom­ 1939. baI'dier l éger bi moteur « Ami o t 3 7 0 " , dont elle commence le montage en séri e. A la déclaration de guerre ( 3 septembre 1 ( 3 9 ) , l'Armée de l'Air réqui si tionne les i nstall ations de l'Aérodrome et prend le contrô le du terrain assuré jusqu'aloI''' par l a Direction de l'Aéronau tique Civile . C ependant, un Commandant d'Aéro­ drom è est maintenu afin de v e i ller sur les bâtiments non occupés appartenan t à l a D.A. C. et aux Soci étés privées. -

L'Aérodrome est complètement évacué par l e s Françai s. Le Ju in 1940. m atériel non requi s est stocké dans l'un des hangars à d i r i geables, cédé depu i s quelques années à l'A éro-Navale . -

La Luf/ maffe (Armée ' de l'Ai r allemande) occupe la totalité 1940-1 944. de l'Aérodrome et, dans le but de l'agrandi r, e l l e s'empare de tous les terrains limi trophes appartenant à des parti cul iers. Le camp acquiert ainsi un périmètre d'environ 1 8 k i lomètres et s'étend : au Nord, j usqu'à la route départementale N ° 6 4 reli ant Rungi s à Orly ; au Sud, jusqu'au c hremin v i c inal N ° 1 reli ant la route nationale N° 7 au vi eux v i l lage d'Ath i s ; à l'Ouest, en bordure de la R. N. 7 ; à l 'Est, jusqu' aux premi ères m a i sons des Communes d'Ath i s-Mons, Ab lon, Ville­ neuve-le-Roy et Orly. Durant leur occupati on, les Allemands tracent les deux premi ères p i stes en c i m ent ( l'une Est-Ouest, l' autre Nord-Sud) , ainsi que de nombreuses pi stes de circulation et de desserrement pour leurs appare i l s ( 4 ) . E n même temps que l e s Alliés débarquent sur l e s côtes d e Normandi e, d e v i o l ents bombardements endommagent gravement l'Aérodrome et pulvéri sent l e s deux hangars (20 ma i , ' 23 m a i et 1 er j u i n 1 9 4 4 ) . -

Le 2 2 août 1 9 44 au matin, l,es prem i ers apparei l s améri c ains S . Air Forces prennent possession du camp et effectuent, avec un matéri'e l p ui ssan t et moderne, le dégagement des dé­ bri s qui le recouvrent et l a réfecti o n des i nstallations. En un temps rec ord, les Améri cains bouchent les ,e ntonnoirs provoqués par les bombardements a l l i é s , remettent en état l e s bâti ments, réparent les pi ste s

Août 1944.

-

se posent sur Orly. Le lendemain, l e s U.

( 4 ) Avant l'arrivée d e s Allemands, le camp d'aviation de PARIS-VILLENEUVE-ORLY

(A érodrome d'Etat, Port aérien de l'A éronautiqu.e CiviLe e t Terrain de �'A rmée de l'A ir) ne disposait que d'une aire d'atterrissage de 700 m . sur 900 m .


- 3 42 -

construites par l e s Allemands, en p arti culier la pi ste Nord-Sud qui, pour per­ mettre l e décollage et l'atterri ssage des avions lourds (type Superforteresse B. 29) , est raccordée à la p i ste Est-Ouest p ar un tronçon formé d'une couche de b éton de 2 0 cm. armée de gri l l age. Ils i nstallent, en outre, l e s apparei l s radio-électri ques très modernes des ­ tinés a u radio-gui dage des avions e n v o l et aux télécommuni cations a u s o l (G.C .A., S.C.S.-5 1 , télétypes) .

Novembre 1 946. - Le Gouvernement américain remet l'Aéroport d'Orly , avec ses nouvelles installations, au Gouvernement françai s : devant les représen­ tants des deux P ay s , les troi s couleurs nati onales rempl acent au grand mât le drapeau éto i l é .

L'AË ROPO RT ACT U E L

D ' O R LY

L'Aéroport d'Orly occupe sur la vaste P l ai n e du Longboyau, à 1 0 km. au Sud de P a r i s ( P orte -d'Ita l i e ) , une surface de 7 7 5 hectares (Lat. : 4 8 0 4 4' Nord Long. : 02 0 2 3' Est) , à la cote moyenne de 90 mètres, encadrée grosso modo au Nord par la v o i e ferrée électri fiée de Paris à Orly et Massy - P a lai seau, à ['Est par la vallée de la Seine qui coul e à 5 0 mètres en contr,eb as, au Sud par les loti s ­ sements d'Athi s-Mons e t à l'Ouest p a r l a route nationale de P ari s à Fontaine-'­ bleau ( N 0 7 ) qui en permet un accès rap i de e t aisé. Simple Aérodrome m i l i taire et de touri sme avant la dernière guerre, Orl�· reçoi t maintenant les l i gnes i ntercontinentales reli ant P ari s aux Améri que s, à l'Afri que du Nord, à l'Afri que Noire, à M adagascar, au Moyen et Extrême Ori ent. Son activité se r ésume dans le tableau ci-dessous qui donne les chiffres afférents aux années 1 9 4'8 et 1 9 4 9 et permet d'appréci ei' l a progression du trafic.

N O l\lBRE

M O UVEMENTS AN NE E

1948 . . . . . . 1949 . . . . . .

( arrivées et dép arts)

. .

de

BAGAGES ( en

passagers

kilo s )

FRET

POSTE

( en kilo s )

et j ournaux ( e n kilo s )

1 5 .839

2 1 5 .7 1 4.

., . 4 0 1 .835

9 . 7 4 1 .408

2 .2 9 5 .937

20.685

3 08.207

6 . 5 4 1 .937

1 2 .:173.705

2 .5 3 9 . 5 3 1

Ces l i ai sons aéri ennes sont assurées p al' de nombreuses Compagnies. En voici une l i ste · succinte.:

a)

Compagnies représentant un pavillon national : Aerovias Gu e s! (Mexi­ q ue ) , Aerovias Venezuela, Aerovias Cubanas ( Cuba ) , Société Nati onale Air-France, Air India O ndes ) , Avianca ( C o l o mbi e ) , B . O .A . C . ( G r an d e -Breta g n e ) , EL AL ( Isra ë l ) , F .A.M.A. ( Argen ­ tine ) , H . A . L . ( G r è c e ) , Ir'anian Airvvays, Linee Aeree Italiane, P .A.A. (Pan A rnerican World . A irways - U . S .A. ) , Panair do Brazil, Phillipines Air Lines, S .A.I.D . E . (Egypte ) , Saoudi Arabian Air Lines (Arabie Séoudite ) , 'l' . C .A . ( Canada ) et T .W.A. ( Transworld Air Lines U .S.A. ) .

b) Compagnies privées françaises :

S.T.A.,

c

S . I .T . A .

et

Air

) Compagnies privées étrangères :

(U .S.A . ) , Flying Tiger ( U . S .A . ) , P atri ck Aviation Western ( U .S.A. )

Algérie,

Air

Madagascar,

Air

Maroc,

TAI.

Air

Entr e p rises

( G .-B . ) ,

Curtiss

Reid

( G .-B . ) , Orient Airways ( G .-B . ) , Seabord

et Transocean Airline ( C anada ) .


- 343 -

PLAN

DE

L'AÉROPO P T DE PARIS-ORLY


- 344 -

Pour répondre aux nécessités d'un trafic sans cesse cro i ssant, l'Aéroport d'Orly di spose depui s 1 9 4 7 de multi ples installations que nous allons rapidement passer en revue.

1.

-

L'AEROGARE COMMERCIALE

L'Aérogare actue l l e est prov i soire. E l l e est constituée p a r deux c orps de bâtiment perpendi culaires. Le premi er, ori enté Nord-Sud, résulte de l'aménage­ ment de baraques exploitées à la Lib érati on par les servi c e s de transport de l'Armée américaine ; l e second, ori enté Est-Ouest, a été construit en 1 9 4 8 . Elle s e compo se essenti ellement d'une z o n e pub l i que (toute la parti e Nord­ Sud) est d'une zone sous douane. Li brement accessible au pub l i c , e l l e comprend : les La zone publique. bureaux commerci aux des principales compagn i e s aéri ennes, une grande salle d'attente (avee bar et restaurant de 120 places environ) et une salle à manger reservée d'une trentaine de p laces. Au Sud, elle se termine par un hall donnant aecès à l a zone douani ère et aux cars à desti nati on de P ar i s (Gare des Invali des) . Dans ce h a ll ont été prévues des boutiques e t dépendances diverse s : bureau des P . T . T . , burRau de change, 'bureau d e renseignements de l 'Aéroport, fleuri ste, vente d'art ïcles de Paris, livres, j our­ naux, tabacs, bar et toi lettes. -

Elle offre deux cireuits pom'ant être i ndi fférem­ La zone douanière. ment uti l i s és pour les arrivées ou les départs. C'est en les p areourant que le� voyageurs accomp l i ssent les diverses formalités auxqu e l l e s i ls sont astreints : contrôle sanitaire, contrôle des passeports, déclarations en douane ,et vi site des b agages. Les bureaux du Service de Santé, de l a Douane et de la Police séparent ces circuits. -

Lorsque les voyageurs ont terminé leurs formalités, i l s peuvent se rendre soit dans les salles d'attente, soit dans une « salle trans i t )) au premi er étage, où i l s trouvent un restaurant, un b ar, des toi l ettes avec douches, salles de bain, et.c ... De cette salle, on découvre l'ensemble de l'Aéroport et l'on peut assi ster aux principales évoluti ons des avions. C'est l à que sont conduits les voyageurs en transit, c'est-à-dire ceux qui font seulement escale à Orly avant de pour­ suivre l eur voyage. L'Aérogare est en prineipe Utilisation et rendement de l'Aérogare. réservée aux voyageurs en provenance ou à destination de l'étranger. Ceux qui ne sont soum i s à aucune formalité se rendent, la plupar t du temps, direetement du car à l'avion (au départ) ou de l'avion dans le ear qui doit les conduire à Pari s (à l'arrivée) . -

L'Aérogare a été conçue en vue d'assurer quatre mouvements à l'heure (arrivées ou départs) , soit de 1 5 0 à 200 personnes. Son rendement j ournalier a, en fait, dépassé 1 . 500 voyageurs pendant certai n e s pOintes sai sonni ères. Aussi la construetion d'un nouveau bâtiment est-elle d'ores e t déj à env i s agée .

I I. - LES SERVICES TECHNIQUES Installés derri ère l'aérogare commerei ale, les services de l'exploi tation tech­ n i que comprennent, en commençant par l e Sud :

La Météorologie. - Les observati ons transm i ses en langage conventionnel par les s t ations du réseau météoro logique international au sol et en alti tude sont c aptées à i ntervalles réguliers e t au m o i n s quatre fo i s par j our à Orly ;


- 345 --

dies sont aussi tôt reportéeR sur des cartes aux points où elles ont été faites. C'P!'It ce qu'on appelle : le pointage. Les cartes pointées et les di a grammes thermodynamiqu es sont rem i s aux qui analysent la si tuati on générale de l'atmosphère, déter­ « prévi si onni stes " minent l'évo luti on du temps et formulent l eurs conclusions. Les p i lotes vi ennent obligatoi rement les consulter. Ils l eur remettent les coupes e t cartes météoro­ logiques donnant aux différentes alti tudes l ' é tat prévu du temps sur l eur parcours c onsi déré en fonction de l'horaire envi sagé. Ils vi sent enfin les plan s de vol. Les renseignements qu' i l s fourn i s sent tant aux pi lotes qu'aux di vers services t eehniques d'exploi tation permettent en tout état de r ause de cho i s i r l a route la plus sùre et la plus économi que, en s i gnalant par avance l e s zones dangereusee ou gênantes pour l a navigati on. Une stati on d'ob servation, eompl étant cet ensemble, fournit aux avi ons qni vont se poser l e s rense i gnements météorologiques précis nécessaires pour les a tterri ssage s par mauva i s e visibilité. A l a suite vi ennent l e s salles d'appare i l s Les Télécommunications. transmi ssion du Servire des Tél écommun i c ations. C e sont des relai s et postes tél écommande rel i ant les usagers d'Orly au centre émetteur de l a Bell e-Epine a u c entre récepteur de Gri gny, situés l e premier au Nord, l e second au Sud l'Aéroport. -

de de pt

de

On di stingue deux types d e liai sons : 1 0 Les l i a i sons du « servi c·e fixe " reli ant Orly aux principaux aéroport s françai s, aux Açores, à. Terre-Neuve, au Caire et à. l'Afrique du Nord. Elles se font de tro i s façons : par tél égraphi e ordinair·e (télétypes) , par radi o-tél étypie rt par radi o-télégrap h i e .

2 ° Les l i a i sons d u « servi c e mob i l e " , ,rel i ant O r l y a u x a v i o n s en v o l , princi ­ palemen t sur l e s routes des l ongs courri ers vers New-York, Le Caire et Casa­ blanca. El l e s sont assurées en radio-tél égra p h i e à haute fréquence.

C'est une grande salle où l es pi lotes vi ennent pré­ Le Contrôle local. p arer leur p l an " de vo l . Un Servi ce des Instructions Aéronauti ques leur s i gnale l'état des a érodrome s qu'i l s vont survoler e t les dérangements éventuels des aides à l a navi gati on \ Cf. : § VI) qui doivent les guider, Ils y reçoivent tous les règlements e t consi gne s relatifs il l 'ut.i li sation de c e tte i nfrastructure. Ils étab l i s­ sent l eur plan de vol en eonséquence et le remettent au contrô leur régi onal. Un pilote ne peut partir que l orsque c e l ac cord lui a été retransmi s par le contrôle local. Ce serv i c e est également c h argé de recevoir et expédier tous l e s messages c o n c ernant les départs et arri vées des avions uti li sant l'Aéroport d'Orly et d'en i nformer les compagn i e s dont ils dépendent. Enfîn, c 'esl dans c e bureau que se tient en permanence un représentant qua l i fî é de l 'Aéroport, chargé de prendre toutes les mesures urgentes qu'impose­ [' ai�nt des c i rc onstances forfuites ou excepti onnelles. -

I I I. - LES INSTALLATIONS EN BORDURE DE LA R. N. 7 En quittant les 8ervi res t ec hni ques, on franeh i i l a barri ère douanière de la zone publique de l 'Aéroport et on aperç o i t d'ahord, en se diri geant vers le Nord, l e s i nstallati ons provi soires de l'Ec o l e Nationale de l'Aviation Civile, contenues da ri s des baraque s ; l a plus coquette d'entre elles abrite le Club des é l èves et les b ureaux de l a Directi on.


- 346 Un peu plus loin, à gauche, ce sont l e s bureaux et le mess du M.A.T.S , \Military Air Transport Service) , dont le rôle à Orly est tout à fai t analogue 11 celu i d'une compagn i e de navigati on aéri enne ordinaire. Avant d'attei ndre les hangars de l a C ie Air-France, d e grandes surfaces sont occupées par les stocks de matériaux nécessaires pour les travaux e t par l e s installations de manutention de ces travaux. I l n ' e s t pas I nu ti l e de signaler que d epu i s la L i b ération 1 5 0.000 m3 de b éton ont été coulés sur l'Aéroport et 1,0 .000. tonnes d'aci er mises en œuvre.

Au Sud de l'a érogare, une route de R. N. 7 , dessert :

servi ce, sensib lement parallèle à la

- l e s hangars-ate l i ers de la Soc i été des Tran sports Aériens Interc.ont.inen­ taux (T.A.I . ) , de l a c o mpagn i e américaine T.W.A. et de la Soci é t lS Aérienne Tran­ �atlantique ; P ar i s ;

l e s bureaux de la Direction de l'Exp loitation aérienne de l'Aéroport d e les bureaux, atel i ers e t garages de l a Direct ion des Etudes e t Travaux.

IV. - LA ZONE INDUSTRIELLE NORD Dès la Libérat i on, la Compagn i e N atüma l e Air-Frallce ,, e s l ré servée l a z o n e Nord de l 'Aéroport p o u r l'entreti en de ses avi ons D.C. 4 et « Constellati o n )) . Un seul b â ti ment y existait alors, les é c o l e s d'Orly. Elle eOlIlpre � d mai nte­ nant un ensemble compl exe d'i nsta l lations ( 5 5 . 01l0 m 2 environ de. surface b â t i e ) où s o n t occupés près de 3 .001l techni ciens e t ouvriers. '

Les hangars et leurs appentis.

-

te s hangars ainsi di spo sés d'Ouest en Est :

Au premier p l a n, on aper ç o i t de vas­

- un h angar t ri ple, c omportant troi s (' e l l u l e s de /1 5 m. d'envergure, 60 m . de profondeur e t ! J m . de hauteur, affeC'té i l l 'entretien des D . C . 4 ; - deux h a ngars doub le-tonneau, s o i t quatre cellules de 4 5 m . d'envergure et 60 m . de profon deur, destinés 11 l'entre tien des « Conste l l a t i ons ll . Les deux cellules Ouest ont f) m. de h auteur sous entrai t ; les deux cellules Est f) m . 50. Ch aeune peul re(' evoir deux « ConsteJJ ations )) ou D.C. 4 . Le gr a nd h â ti ment atlm i n i stra t i f d'Ai r-France vi ent s'i nsérer ent.re l e h angar tri p l e et l e s doub l e s - t unneaux. De IIH;me, les deux groupes de cellules d e s doubles­ tonneaux sont. sépa rés par un maga sin aménagé pour l e m a t é r i e l d'armement des avions : appare i l lage divers, canots pneumati ques, couvertures et c ommo­ dités nécessaires aux voyageurs. Ces hangars sont uti l i sé s uni quement pour l e s r évi sions et l e s réparati ons importantes, l e pet i t entretien se fai sant s u r l'aire de stati onnement. Ce sont donc de véritables ate l i ers, ayant b e so i n de dépendanc es abri tant l e s maga s i n s à pi è c es détachées, a t e l i e r s de p e t i t e s mécani que, ve sti a i res et loc aux né(' e ss a i re s aux ouvriers. C e s dépendance s s o n t aménagées d a n s de s appent i s enserrant l e s .

hangars sur tro i s faees.

Les ateliers. - En arri ère des hangars, principa lement au N ord des dou­ bles-tonneaux, s'étend une l i gne d'ateliers formée de douze cellules d'une super­ fieie de 1 5 .000 m2, dans l e squel l e s se font toutes les opérations de révi s i o n : mo­ teurs, hélices, trains, etc ... Les ateli ers de méeanique de préc i sion sont i nsta llés dans le bâtiment des éeoles.


� '3 47 -

Les maga.sins. Derri ère l e s ate li ers sont l e s magasins du Centre de Ré­ v i sion d'Orly. I l s abritent toute s les re c hange s nécessaire s aux opérations de révi sion. Leur surface uti l e atteint 6.000 m2, dont 600 pour l a soute à pneus. -

Installations diverses. La zone Nord forme ainsi un ense � b l e i ndustri e l complet, renfermant d e s servi c e s généraux importants : u n e v a ste c antine servant plus de 3.000 repas par j our, un servi c e social et une i nfirmeri e, un poste de transformati on d'un e puissance de 2.300 kw., une centrale d'air comprimé, un central téléphoni que, une stati on service pour le parc des véhicules automobiles . et enfin une chaufferi e centrale. --

Le chauffage des installations. - Le chauffage des surfaces couvertes de cette zone ' est assuré p ar un système a s sez particul ier : des tub e s alimentés en eau surchauffée à 1 80 0 sont s u spendus sou s les fermes des toitures. Ils sont surmontés par des réflecteurs renvoyant le rayonnement calori fique vers l e bas, l 'ensemble formant p l a fond ('.h auffant. Dans les hangars, dont les portes sont souvent ouvertes, ce chauffage est compl é té par des aérothermes. L'eau chaude est fourni e par une c·haufferi e central e où fonctionne actuel­ lement quatre chaudières d 'une pui ssance de 4 m i l l i ons de calories-heure cha­ cune. Une tel l e i nsta l l a ti o n pourra i t ('.hau ITer 3 .000 appartements de moyenne importance. Un tableau de c ontro le rassembl e tous les apparei l s permettant de suivre la marche des di vers é l éments répartis dans l e b âtiment. Son agrandi s sement a été prévu en fonction des possib i l i té s de développe­ ment de la zone i ndustri el le qu'elle dessert. -

VOIES

V. - PISTES. AIRES

DE

DE

CIRCULATION

STATIONNEM ENT

L'Aéroport di spose présentement de tro i s p i stes en béton :

La Piste Est-Ouest ( Piste 26 R ) ,

60 m., peut rer.evo ir des avions et rechargée a près l a Libérati on, de 0 m. 1 7 d'épai sseur, recouvert constitué par une da lle en b éton

longue de 1 . 580 m. et large de de 60 tonn e s ( 5 ) . Construite par J.e s Allemands e l l e comprend un macadam mortier très maigre d'une chape riche de 3 cm. Le rechargement est de 1 5 cm.

La Piste A.M.V. ( Piste 26 L Est-Ouest ) , pouvant supporter des avions de 1 35 tonnes, est uti l i sée pour l'Atterrissage par Mauvaise Visibilité et équipée pour cette rai son des instruments radi o-électri ques les plus modernes. M i se en service à la fin de 1 94 8 , el l e a une longueur de 2 . 02 0 m. et une l argeur de 60 m. Un tronçon de 420 m. à partir de l ' extrémi té Est a été construi t en b é t on précontraint de i 6 cm. d'épai sseur. Il est constitué par des dalles de un mètre au carré reposant par l'intermédi a i re d'une couche de sable de 5 cm. sur une fon­ dation en sol stabi l i s é ( m é l ange c omportant un t i ers de l imon naturel et deux ti ers de sab l e de Seine ) . La précontrainte de 3 4 kg . par cm2 est créée par dei! câbles transversaux espacés d'un mètre. C haque câble est formé de 30 fi l s pa­ rallèles en acier à haute limite élasti que, l a contrai nte initiale étant normale­ ment de 9 0 kg. par mm2• La pi ste est divisée en hui t tri angl es rectangle s i so­ cèles par des j o i nts mun i s de rouleaux verticaux. Ces j o i nts sont inclinés à 4 5 0 sur l'axe d e la pi ste. La base d e chacun d e s deux tri angl e s d'extrémité s'appui e sur une culée . profondément ancrée dans le s o l (puits de 9 m.) . C e système de (5) Un

«

Constellation "

pèse 48 tonnes.


- 3 48 -

j oints et culées pro v oque une précontrainte transversale. Le béton est donc pré­ contraint suivant deux directions perpendi culaires. Cette formule enti èr� ment nouvelle, due à M . Freyssi net, rend la pi ste il la fOl S p l u s souple et plus r é s i s­ tante. Le rest.e de l a p i ste est formé de dalles en b éton urdinaire de 30 cm. d'épai s­ seur posées sur un matelas de sab l e de 5 cm. La fondation est une couche dE' béton d'argi le épai sse de 2 0 cm. Un tronçon a été exécuté en « p i ste écran )) : i l comporte une dalle de 2 0 cm . reposant par l'intermédiaire d'une couche de sable de 1 5 cm. sur un « écran en béton de 1 5 cm. d'épaisseur. »

La piste Nord-Sud, de 1 .820 m . de longueur sur 60 m. de largeu r, peu t également accuei l li r l e s avi ons de 6 0 tonnes. * * *

Un réseau complet de voi es de circulation pour les avions, de 22 à, 3 0 m . d e l argeur, reli e l e s pi stes aux installations i ndustri e l l e s e t commerc i a l e s . Remarquons en particulier la voie qui dessert la pi ste Est-Ouest et celle qui conduit à l'aire de stationnement d'Air-France. Cette dernière (vo i e n° 7 ) , ouverte à la fin d e 1 9 4 7 , a 3 0 m . d e l argeur et une épai sseur totale d e 6 0 cm. se décompo sant comme sui t : sable 1 5 cm., héri sson 2 5 cm ., m acadam trai té en pénétration 14 cm., béton b i tumineux 6 cm. en deux couche s de 4 et 2 cm. cha­ cune ; un é l argi ssement de c ette voie sert d'aire de stationnement pour garer les avi ons. Enfin, 16 hectares d'aires de stationnement b étonnées e t 8 h a . d'aires pro­ vI soires reçoivent les avions en opération ou en cours de réparation et servent de garage.

V I. - LES AIDES A LA NAVIGATION L'Aéroport d'Orly est équipé avec un bali sage de j our, un bali sage de n u i l e t d e s a i d e s radi o-électriques. ' Balisag e de j our. Ce bali sage est essenti e l l ement consti tué par des indi ­ cations peintes sur les pi stes et des marques plac ées l a téralement. L'orientation d'une pi ste est donnée à son origine par des (',hifIres qui indiquent en dizaines de degrés l'angl e que fai l l ' axe de cette pi ste avec l e Nord magnéti que, ret angle étant compté dans l e sen s des a i gui l l e s d'une montre. De s bande s blanches s i tuées à gauche de l a pi ste et tous les 500 mètres permettent au pi lote d'appréc i er sa position. -

Les pi stes sont bordées par des lampes Bartow d i � ­ Balisage de nuit. po sées t o u s les 6 0 mètres. Leurs feux s o n t blancs ou b lanr s et j aunes suivant leur posi tion. A l'entrée de chaque pI ste se trouve une l igne de feux vert s et à l a sorti e une l i gne de feux rouge1l. -

Une l i gne d'approche, compo sée par des feux alternativement ruuges et j aunes, prolonge sur 780 m. la piste Nord-Sud vers le Sud et SUI' 5 3 0 m. l a piste A.M.V. vers l'Est. Les voi e s de c i rculation sont signa lées par des feux b leus d'un c ôté (tt dro i te en allant vers l'aérogare) et j aunes de l'autre. Enfin un phare à éclats signale le terrain à di stance.



- 350 -

Aides radio-électriques. -

goni omètre s à très h au t e

L'équipemen t

fréquence, deux

d'Orly

systèmes

comprend

d'atterri s sage

deux

radio­

S.C.S.- 5 1

et

un G.C.A. basé sur le princi p e du Radar (6) . L e s radi o -goni omètres V.H.F. sont s i tu é s l'un a u Sud d e l a p i ste Nord-Sud,

, ' a utre à l ' Ouest de la pi ste A.M.V. et dans l'axe de ces p i stes. Ils peuvent, à cha­ que i n stant, répondre à la demande

d'un avi on pour lui donner sa position

exacte par recoupement de deux ou tro i s r e l èvements d e s signaux qu' i l émet

(7) .

Les p i stes Nord-Sud et A.M.V. sont également dotées du S.C.S.-5 1 , appa r e i l m i l i t a i r e ( 8 ) , o u de sa ver s i o n c i v i l e l e F.T.R . - 5 1 (9 ) , l a prem i èr e pour l 'atter­ ri ssage vers le N o r d, l a seconde pour l 'atterri ssage vers l'Ouest. Cet a p pa r e i l est composé de deux émetteurs r a d i o - é l ectr i ques, le s i s en bout de p i ste ( f a i seeau vert i c a l ) et l e

«

glide pa th »

(f a i s c e a u

«

localizer

»

presqu e ho­

ri zontal) di spo s é près de l'entrée de la p i ste e t à gauc h e . Les é m i s s i o n s de ces i n struments s e font dans deux p l a n s perpend i cu l a i r e s dont l ' i ntersect i on défin i t l a l i gne de descente d e s avi ons. U n cadran d u tahl eau d e hord d e l ' appare i l in­ di que au pi lote s a p o s i t i o n p a r , rap p ort à cette l i gne de descent e . Un G.C .A.

(10),

c' e s t - il - d ire un sy stème Radar d'att erri ssage par m auva i s e

vi s i b i l i té , e s t en serv i c e i l Orl y depu i s l a Libérati on . L e princi p e en est l e sui ­ van t : l e s opéra teurs d u sol voi ent l e s · avions sons l a forme d e p e t i t e s tar.hes claires sur d e s écrans sombres. I l s conn a i s s ent ainsi aux p i stes et.

les gui dent en p l e i n e brume j u squ'à

l eur pos i t i o n par rapport la fi n de

l ' atterri ssage, en

donnant par r a d i o des i ndications et des conse i l s aux pi lotes. S i gnalom; pour

termi ner que deux rad i o - p h a r e s

�. a l i gnements,

ou rad i o­

ranges, i nstal l é s l'un au Sud de la C a p i ta l e , l ' a utre au N . -E., dé fi n i ssent l e s routes a éri ennes que doivent suivre l e s avi o n s pour entrer dans la région con t r ô lée d e Pari s. Ceux-ci connai s sent l eur position préc i s e lorsqu' i l s pa ssent au p o i nt d'i n ­ tersection des f a i s c e a u x de ces phare s. C'est e n général i l c e s p o i nts d'intersec ­ tion que commenc e l a procédure d' appr o ch e .

V I I. - LA TOUR DE CONTROLE La t our de contrô l e , véri table cerve a u de J'Aéroport., d e qui dépendent. tous l e s mouve ments (arri vées et départs ) , est un édi fi c e provi soire constru i t au l en­

dem a i n de la Libération p a r l e s troupes du Génie de l ' Armée améri c a'i n e .

Deux sal l e s superposées, dont l'am énagement i n t éri eur est. fréquemment. m o ­ difié en foncti on des progrès de l a techni que ou des c h angements de doctri ne dans l'exp l o i tation. ,� ont supportées p a r une c h arpen t e m é t a l l i que soudée. E n ce moment, la s a l l e i nféri eurè e s t ré servée à l a sta t i on d'observati on de la météo­ rol ogi e . Au-dessus se trouve la ", a i l e de contr ô l e proprement. d i te, sorte de m i rador au suj et duque l on peut donner les i n d i c ations sui vante s :

( 6 ) Abréviation d e R A dio Dete ction A nd Ranging. (7) Le sigle V.H.F. signifie : Very High Prequency. Ge sont de s radiogoniomètres de

grande navigation (hautes fréquences et. ondes très courtes) . ( 8 ) Le S . C . S .-5 1 doit son nom au Signal Corps System américain qui l ' a établi. (9) Ainsi appelé parce qu'il a été étudié aux Et.ats-Unis par la Société Federal Tele­ phone and Radio . ( 1 0 ) Abréviation de Ground Control App roach.


- 351 -

Le personnel c omprend : un c hef d'équipe Personnel d'exploitation. responsable du foncti onnement du service, un contrôleur d'approche, un con­ trôleur d'aérodrome et un messagi ste. -

On di sti ngue deux typ e s de contrôle a s­ Principe du fonctionnement. surés par deux agents trava i l lant en l i a i son étr o i te l'un avec l'autre : le 'contrôl e d'approche et le contrôl e d'a érodrome. -

Plusi eurs cas sont il considérer :

- Par bonne visibilité, le c.ontrôleur d'approche n'intervient ni au décol­ lage ni à l ' atterri ssage. C ' es t le contrôl eur d'aérodrome qui donne directement a u pi l o te les consignes e t autorisations nécessaires. - Par lIulU vaise dsilJ ilité, au d é c o llage, l e eontrôleur d'aérodrome règl e c irculation au sol et passe l e s avions en compte au contrôleur d'approche dès que ceux-ci sont prêts il s'engager sur la pi "te de décoll age. A l'atterrissage, l e contrôleur d'approche prend en charge un a v i o n lorsque le contrôle régi ona l l e lui passe . I l garde l e c ontact a v e c l u i j usqu'à ce q u e c e dern i e r a i t f a i t sa percée, c'est-à -dire jusqu'il. c e qu' i l voi t l 'Aéroport ou l a p i s t e d'at terri ssage . I l l e passe alors au contrôl eur d'a érodrome. P a r très mauva i s e v i s i b i l i t é , l e contrô leur d'ap­ prol' he peut garder le contrôl e d'un avion j usqu'à l a fi n de l ' a tterri ssage.

la

Les princ ipaux appare i l s que l'on peut voir dans ceUe Appareillage. salle sont les suivant s : un tab l e a u de c ommande du b a l i sage l uminem:: de l'Aé­ roport, l e s pupi tres des appare i l " émetteurs e t J'('cept eurs réglôs sur l e s l'rôquen­ ces de tra fi c permettant de contacter le s avions en vol, les tél étypes retrans­ mettant à l a tour les messages de l'expl oi tation aéri enne et de l a météorologie, l e s tabl eaux de progres s i o n du trafi c aéri eI) S U I' lesque l s sali t affi c h é s les mou­ vemen ts i ntéressant l a t.our, les appare i l s donnant l a direction e t la v i tesse du v ent, et y ne p endu l e il l'heure G . M .T. -

Proc h a i nemen t , d e s inst a l l aLiuns très perfeeti olllH'es seront mi ses à l a dis­ posi ti o n des c ontrôleurs. Un radar de surv e i l lance permettra de voir en tout temps un avion en vol dans un rayon de 1 00 ki l omi'Lres ; un radar de préci s i on le prendra ensuite en c harge et règlera son a l terri ssage sur la pi ste A.M.V . j usqu'au c ontact avec cel le-ci.

LE

F U T U R O R LY

L'Aéroport d'Orly d o i t être ronsidéra b l emen t agrandi et devenir au stade extrême de son d é v e l oppement la p i è c e ma îtresse de l' équipement aérien de l a Régi on Pari si enne e t même d e la France. Il t',oBvi ent dOll C , po ur ell, présenter c o n venabl ement l'avant-proj et, de donner les grandes l i gnes de ce plan d'équi pement et de préci ser ensuite le rôle im­ portant i mparti à c e t Aéroport.

I. - LES PREV IS IONS DE TRAFIC ,

Le premier souc i des spéc i a l i stes a été de déterminer l e s trafics que l 'on doit rai sonnablement espérer à P ari s dans le délai d'une v ingtaine d'années. Les d i scussions sur ce suj e t, poursui v i e s sous la di re c ti on de M. IL Lemaire, Ins-


- 352


pec teur général des Bases Aéri ennes, ont conduit à éval u er le nombre maximum ' d e voyageurs (arri vées e t départs) à 6.000.000 par an, se réparti ssant a insi :

a) LIGNES A GRANDE DISTANCE : - Amérique du Nord . - Amérique du Sud, Asie, Co loni e s lointaines .

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1 . 000.000 500.000

b ) LIGNES A M OYENNE DISTANCE : - Europe - Afri que du Nord Lignes intéri eures .

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3 . 000.000 500.000 1 .000:000

Ce chi ffre global étant défini , i l a fallu en rechercher aussi exactement que possible l e s vari ations 'et donner le résultat essenti e l , à savoir les nombres max'Îma pro bables de mouvements d'a uions quo tidiens et h oraires, a i nsi étab li s :

Nombre de mouvements d'avions

JOUR D E l' O lNTE

JOUR MOYEN

1

1

Quotidien

400

Pendant l'heure de pointe

50

Quotidien

1

Pendant l'heure de pointe

. 640

80

L'évaluation du trafic postal et du trafic marchandi ses ont donné l i e u à de� recherche s i denti ques qui ont abouti à une estimation respecti ve de 300.000 ' et 4 3 0.000 tonnes pal' an.

I I. - LE PLAN D'EQUIPEMENT P our f5.ire face à ces di fférents trafics comm erci aux, il est prévu d'aména­ , ger tro i s grands Aéroports dans la Région Pari si e nne, à Orly, Le Bourget et Guyancourt. C'e st à Orl y , à proxim i té i mmédi ate de P aris, que sera concentré tout l e trafic voyageurs assuré p a l' des lignes régulières. On aboutira a i n s i à l'exploi­ tati on commerci ale la plus économi que, en concentrant au maximum l e s services et ltis installati ons.

( ' ) La photo aéri enne ci-contre, p ri se du S .-S.-E . , rep r é sente l'Aérop ort d'Orly. Les trois p i st es , qui allongent leur mince ruban blanc à travers la plaine, sont llette­ ment visibles. Au Nord du terrain, on distingue les installations de la Zone industri e l l e N ord et, à l e u r gauche, en bordure de l a R . N. '1 , le grand bâtiment de la Société " T e calem i t » . , Au pr emi er plan, à droite, on re connalt le " vieil Athis » ave c la propriété des Frères des Ecoles Chrétiennes, la mairie et le parc d'Avaucourt, l ' é gl i s e , le château et son parc immense (appartenant au Collège secondaire li bre Saint-Charles) et enfin la C ité Air-France, aux lignes géométriques. A l'horizon s'étale l'énorme Agglomération Parisienne dominée par la Tour Eiffel.


- 354 -

Le trafic postal et m archandi ses, assuré l e plus souvent au moyen d'avi ons­ cargos s J? é c i a l i séR, sera uni qpeme n t ré servé à l'Aéroport du Bourge t. Enfin, i l faut Ronger aUx services il l a demande à longue di s tance des pas­ sagers, au tra fi c privé de grand touri srne et d'affaires, aux l i a i sons des adm i ­ ni st rati on,; c i v i l e s e t m i l i ta i res. Dans l e s prem i Ares années, Le Bourget pourra assurer ce rôle, sa c apac i té n'étal1t. pas ent i èrement ab sorbée par le fret. M a i s i l faudra envi sager assez rapi dement la construct i on d'un gra nd aéroport sup­ p l émentaire qui serv i ra, en outre, de dégagement pour Orly en c a s ct' i nc i dent ou de po i nte de t r a fI C anormale. I l a été déei dé de l'étab l i r sur le p l ateau de Guyancourt où i l sera re l i f' i l P a r i s par la hranehe Sud de l'Autoroute de l'Ouest ; dans son développement définitif, il pourra comporter des pi stes doub les lui donnant une capac i t é du mème ordre que eelle du « Grand O rl y )) ( 1 1 ) .

II I.

-

L'AVANT- PROJET D E L'AEROPORT D'ORLY

POUl' étab l i r l' et a \' a n t -pmj e t , i l a fa llu prendre en c onsi dération :

Le régime des vents. - -- Si l'on eonstate, dans la R égi on Pari �i enne, ries vents forts dans loutes les d i rections, on rel ève c ependant une très grande pré. dom i nanee des ven ts de Sud-Ouest. Il en résulte que l 'exp l o i t ati on se fera le plus souvent - dans une propor­ lion supéri eure il R5 % - sur les p i s t e s de la d i rection pri nc i pale E . - N . - E .0.-8.-0., dans le seIlS E s t - O u e s ! . La d i rect i on N . - N . -E.-S . - S . - O . sera emm i te la plus fréquentée, il pe u prf'. s f'ga lement dans les deux sens. O n a remarqué, d'autre pa rt., que les p lafonds b a s et la m auvai se v i s i b i l i t é s e produ i sent fréquemment p a r t emps calme, m a i s peuvent être aussi accompa-, gnés de vents forts, vena n t pre squc t on j ours du sect eur S . - O . , avec que lque s . excepti on s eorrespoll d a n t il d e s yen!,s de Nord-Est. La d i reetion pri m i pa l e e ,� t dom C ll même temps la di rect i on normale d'ex­ plo i tat i oll aux i Il s t nun e ll Ls, ce qni j u s t i fi e ple i nement l a ct i ssymétr i e du plan de masse du fu t u r A tIr'opnrL Le rendement des pistes. - P ar tem p s c l a i r. une p i st e spéci a l i sée per­ met d'assurer GO mouvemen t s ( atterri ssages ou cté e o l l ages) il l 'heure ; nn e pi ste hana l e, 40 mouvements . Dam, l e s c ondi tions l e s plus eourantes de mauvaise vi sib i l it é , on pourra ' c ertai nement ("(nnpter sur un déb i t horaire de 3 0; 4 0 atterri ssages, lorsque les teehniques d'atterri ssages aux i n struments seront perfeeli onnées. Poù r a tt e i ndre au trafic eseompté (cf. : § 1) , i l sera dar\(', nécessaire de d i s ­ poser, dans l a di rec t i on prineipale, de d e u x pi stes d'a tterr i ssage et d'une pi ste de déeoll age. Dans les di r e c t i ons seconda i res, deux p i stes suffiront. * * *'

( 1 1 ) A côté de cet équipement princi pal, destin é aux grands trafics commercia u x , i J faudra égal e ment construire de nombnmx aérodromes secondaires qui permettront l e 1évelop pement complet des autres aetivités aéronautiques (servi c e s à l a d e mande, a vi a ­ t i o n de t ourisme, aviation sp ortiv e , éeoles de pilotage , v o l à voile ) . Les p l u s import a n t � de c e s aérodro m e s secondaires, dont l'aménagement est envisagé dans la Région Pari­ sienn e , seraient l e s suivants : Feucherolles, Issy-le s-Moulineaux, Pontoise, Coulommiers, Mar ly , Melun , Fonta.i..nebleau, Meaux, Corbeil, Mante s .


- 355 -

du

Compte tenu de ces deux facteurs, l e s caractéri sti ques essenti e l l e s probables ' Grand Orly )) , qui s'étendra sur 1. 600 hectares, seront les sui vante s :

«

Dans l a d i r(èdion pri n c i p a l e E.-N .-E. - O.-S.-O., dont on Les pistes. v i ent de souligner l ï mportane e : deux p i stes d'atterri ssage ( N°' 3 et 7 ) , dont l'une actuellement construite sur 2 . 02 0 m . (pi ste A.M.V. = N° 3 ) , et une pi ste de déco l l age ( N ° 4 ) . Dans l a d i rection secondai re N.-N.-E. - S.-S.-O., troi s p i stes (N°' 2, 2 bis e t 6 ) , dont rune existe déj à sur 1 .820 m. ( N ° 2 bis) ; plus deux pi stes dans l a d i ­ r e c t i o n N.-O. - S . - E . ( N°s 1 et 5 ) , afin d'avoi r l a plus l arge s é c u r i t é ainsi que les plus grandes fac i l i té s d'exp l o i tation. -

Les hui t p i stes entoureront une vaste aire centrale, de L'aire centrale. forme hexagonale, sur l aque l le prendront p l ace : -

- une « aérogare .. commerc i a l e )) réuni ssant dans un grand bâtiment tous les servi ces concerna11l l e trafi ç passagers ; une « aérogare techni que )) abri tan t tous l e s serv i c e s travai ll ant pour les p i lotes ou en l i a i son avec eux ; - des aires de stati onnement, dont l e développement l i néaire dépassera 3 km . 500 (pour 60 appare i l s simultanément) , dessel'Yi es pal' des voies de cir­ culation à sens unique. Chaque compagn i e d i sposera d'une certaine surface, en rapport avec son tratie, où chaque avion aura une place fixe qu' i l gagnera dès son atterri ssage. C'est à cet emplacement que l ' on viendra chercher l e s passagers à l 'arrivée, qu'on les eonduira au départ, au moyen d'autoears dont l ' aménage­ m e ut serai t spé c i alement étud i é à c e t effet ; c'est là aussi que l'avion sera l'a­ v i t a i l l é et reeeyra l'entretien c ouran t ; - u n e a i r e d'évo lution et de stati onnement pour l e s h é l i e optères ; e t enfin des parc s pour garer a u ' moins 2 . 4 00 voi tures d e touri sme e t _

200 autocars. I l est prévu deux larges zones d'installation s Les zones d'entretien. d'entreti en. La premit'>re, au N.-E. de l 'Aéroport, englobera l a Zone i ndustI'i e l l e N o r d aetue l l e et permettra l a construc tion de hangars s u r u n front de 1 .000 mètres. La seconde, située à l'Ouest, au Sud du v i l l age de 'Vi ssous, est prati quemen t extensi b l e à vo lonté. -

La desserte ro utière.

L'Aéroport

sera

rel i é

à

Pari s d'abord par

la

R . N. 7 , plus tard pal' l'Autoroute du Sud. Ces deux voies passeront en tranchée

e ouverte avant d'attei ndre l'aire centrale : à l eur débouché, l'Autoroute devra comprendre deux chaussées di stinctes, à sens unique, eneadrant l a R. N . 7 . C e l l e - c i traversera ensui te l 'Aéroport, couverte en tant que de besoin. Les deux chaussées de l 'Autoroute, auxquel l e s on pourra a c céder de l a R. N. 7 sans e i s a i l ­ l ement des c i rculations, aboutiront à l ' aérogare centrale p a r d e s rampes à f a i b l e pente (2 % environ ) , séparées p a r u n j ardin a u x larges d imensions ; e l l e s seront, en outre, prolongées en tranchée sous les voi es de c i reul ati on, j usqu'aux aires de stati onnement de l ' aérogare techni que. La construct ion du « Gran d Orly » s'accompagnera Les aires d'habitat. d'une vaste opération d'urbani sme : une e i té de 2 5 . 000 habita� ts sera aména ée a u Nord-Oues t de l'Aéroport, dans l e but de loger l e personnel travai l l ant SUI' la base, l e s fami lles qu' il faudra déplacer dans le développem ent v er s l'Ouest -

g


- 358 des i n s t a l l a ti o n s et Ir" nom b r e u s e s perEionnes que l a présence d'un grand Aéro­ port n e m a nquera pas d'attirer dans la régi on. * * *

Trl \ e s sont 1 e R

l i gn e s r R s r n t i e l l r s

de l avant proj e t de l'Aéroport d'Orly. Sa s huit ans, a vec de l a rge s moyens techni qu e s , e t e l l e e x i ger a un trè s g r o s efl'ort fi n anc i er de l'ordre de 3 0 m i l l i ards . Cet e iY o r ! d o i t p o u r t a n t être c o n s e nt i par la France, que l l e s que soi ent les d i fficultés pr é s en t e s e a r notre Pays né s aur a i t rester à l'écart de cette nouvelle ac t i v i t é i nternat i on a l e q u i l u i permettra dèaugmenter son influence et qui sera sans aucun d o u te profitab l e à s on économi e . r é a l i sati on d ema ndr l'3

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Par VICTOR CHAUDUN

§ Secrétaire-ré gisseur de la Chaire du Muséum de Paris �:;'I I I 1 I I I I IIIIIIIiIIIiIIIIIIIII�111111I11I1111i1II11I11I11I11II1II11I11II

§ � 1111111111111111111111111111111111<;

R A CE aux travaux de M. B run eI , qui nous a don n é derni èrement un ext r a i t de l 'A lmanach des Gourmands de Grimod de la Reyni ère, nous appr�nons l'exi stence, aux temps passés, de cultures de ceri ses b lanches à Vil lebouz i n ( 1 ) . Vi llebouz i n était, sous l a Monarchi e , une dépendance de l a terre de Longpont. Nous en connai ssons l e s anci ens proprié­ taires et nous savons que des drames il­ lustrèrent très souvent sa peti te hi sto ire. L:ombre de la Montespan s'étend encore sur ses murs et nous rappel le l'immense scandale des poi sons qui terni t pendant

G

( 1 ) Bulletin de la S.E .S.A.M., 1 9 4 9 , pp. 263-264.

11111111111111111111 1:

vol.

VI,

de Culture

longtemps la Maison royal e de France au Grand Si ècle. Au début du XVIIIe siècle, Vi llebouz i n était en possession de Jean Labb é, écuyer, mari é à Mari e-Anne d'Armenon­ vi lle, décédée à Pari s en 1 745. De leur union naquirent deux filles dont l'une, Mari e-Madeleine, baronne de Ballainv i l ­ li ers, e u t e n partage le château de Ville­ bouz in, l'autre, M arie-Anne, fut l'épouse d'Alexandre Grimod de l a Reyni ère, sei­ gneur de Villiers- sur-Orge, né en 1 7 58 et décédé à Villiers en 1 8 37 (2) . ( 2 ) LEROY (M. ) , Un o riginal doublé d'un gastronome, Grimod de la Reynière, seigneur de Villiers-sur-Orge (in Bul. de la S.E .S.A .M., janvier 1948. nO 2, pp . 39 à 4 1 ) .


- 357-

Grimod de la Reyni ère, i nfirme de ses mains mais extrêmement adroi t de ses doigts posti ches, se rendi t ridicu l e et i n­ désirable par son mainti en bouffon dans l a bonne soc i é té. Il se c o n fina pendant longtemps dans ses terres de Vi l l i ers et c'e st probablement à cette di sgrâce na­ turel l e que nous devons son amour de s bonne s ciJo ses et son succulent l i vre l A l­ 'II/anaeh Iles gou rman d s . I! est évident que nous ne fa i sons pas nôtre son appréciation sur l e s c er i s e s dont i l parle, d o n t l 'une ; l e G ros G o bet de .lJo'f!,tmorency de nos aïeux (la M o nt­ morency à courte queue de no s j ardi ns), est ai grel ette, exc e l lente à l'eau de vie et pour l e s tartes, m a i s peu agréabl e à nos pa l a i s franç ai s ; l'autre, l a Ccrise blanche, cu ltivée depuis peu de temps, d i t-i l , à V i l l eb ouzin, est très probabl e ­ m e n t la vari été Grosse Ambrée, ori gi ­ naire de l'Orléana i s, que Le LecUer, pro­ cureur du Roi à Orléans, cultivait déjà en 1628. C'est une cerise très peu cult i ­ vée d e nos j ours, très grosse, à peau transparente à fond jaune d'ambre pas­ sant au rose ou aU rouge cl a i r à expo'

s i tion ensol e i l l é e , mûrissant fin juin, de première qual i té, d é l i cieusement parfu­ mée, a c i dulée et sucrée. Il ne faut pas confondre cette excel­ lente variété avec l e Bigarreau jaune Bu t tn e r obtenu en Saxe vers 1800, i n­ troduit en France vers 1860, que nos jar­ d i ni ers de banlieue c u l t i vent parfois, dont le fru it, de cou l e ur j aune brillant, est de bonne qua l i té, mûr i s sant au début de j u i l l e t , mai s se cot i t au mo i ndre con­ tact, rai son pour laque l l e i l est non trans­ portabl e et non commerc i a l i sable. Ce bi­ garreautier est un arbre à port érigé peu vi goureux, alors que l e c erisier Gr o ss e Am brée a un port l égèrement étalé et forme de magn i fi ques arbres de plein ,

vent.

Que d i r a i t l e fin gourme t que paraît avo i r été Gri mod de l a Reyni ère sïl vi­ vai t de nos j ours ? Trouvera i t - i l toujours fades nos rut i l antes Guignes et nos sa­ voureux Bigarrèau.r? Les goûts de nos anciens, - dont semblent avoir héri té les anglo-saxons, étai ent te l lement di fférents d e s nôtres!

.fi la LégetuÜ q êdte.s ck CoJud

ES L

pêehe s que nos anci ens appe­ la i e nt « pesches de Corbeil» pa­ rai ssent avo i r di sparu comme type' de vari été fru iti ère, supplantées par de mei lleurs gains, produi t du tra­ vai l et de l'art de nos arboriculteurs (3 ) . Les écrits des auteurs du XVIIe s i èele nous permettent de nous faire tout de (3)BRUNEL (L.l, Les p�ches de, Corbeil et de Montreuil (Id., 1949, vol. VI, p. 264l.

m ême une opllllOn au suj e t de ce fruit que no s ancêtres prétendai ent délectable. La prem ière menti o n en fut fai te, sem­ bl e-t- i l , par Charles Esti enne en 1540 dans son Seminarium, où il dit que « les

pesches de Corbeil son t les meilleures des pesches à noyau n on adh é ren t .» Nous savons par le m o i ne Tri quel, dans s es Instructions po u r les arbres fruitiers (1659), que ces pêches mûris­ saient en même temp s què la Bourdine G


(début septembre) et l'Abrico tinc (au­ j ourd'hui l'Admirable jaune - mi-sep­ tembre). Merlet, dans son Abrégé des b ons fruits (1667), nous d.it que la pêche de Corbe i l était velue, blonde, assez bonne et fruc­ ti fère ; mais i l aj out e dans l'édition de 1690 que, dans les terres fortes, el le de­ venait amère et verte. Il est évi dent qu'une telle pêche sans couleur e t assez i négale dans sa qual i té pourrait être diffic i l ement vendue de nos j ours sur les marché s ; e t telle e st, il nous semble, l'exp l i cation de l a d i sparition déj à lointaine de cette vari été frui ti ère pourtant d é l i c i euse au pala i s de n o s aïeux, c a r , ne l'oubl i ons pas, l e s l e nteurs des transports à cette époque. l'inexi s� tence de bonnes routes i nterdisai ent ab­ so lument les envois loi ntains de fruits pér i ssables e t par conséquent l'arrivée à

Pari s dés a d m i rables pêches colorées de notre M i d i . Du reste, la médiocri té d e la péche de Corbe i l nous est confirmée par La Quin­ tinie, le célèbre et très séri eux jardinier de Loui s XIV, dans son lns truction pour les jardins fruitiers ct po tagers (1 7 1 5). Parlant des mauvai s e s qualités de la pê­ che, i l écri t : « Elles consistent première­ ml'nt...; quatrièmement, à avoir l'eau fade

ct insipide avec un goût de verd et d'a� mpr comme le sont d'ordinaire les pê­ elles communes, autrement pêches de Corbeil ct de Vigne. » Nous aurions voulu éviter la moindre peine à nos a m i s Corbeillois, m ais que pouvons-nous faire de mi eux que de n ous ranger it l'opi nion du maître-jardi­ n i er du Ro i -Sol e i l et de penser que la ré­ putati on des anciennes pêrhes de Cor­ beil fui quelque peu surfai te!

COMPLAINTES HUGUENOTES D'ILE-DE-FRANCE

. s L.ouanges d'Ablon "Le

"

Par LOUIS BRUNEL

ES

�'1111111111 '''IIIII! Illlll11111111111111111ll11lJ 111111

Guerres de Re l i gion qui, pendant trente-cinq ans, opposèrent les Cath0. i mpor­ l i ques et l e s Protestants, ont dOIll:té au v i l lage d'Ablon une place tante dans l 'hi sto ire des envi rons de Par i s au XVI" siècle. Là, en eiTet, fut établi l'un des Temples accordé aux C a l v i n i stes de P aris par l'Edit de Nantes du 1er mai 1 59 8 qui stipula i t « qu'il seroit baillé à ceux de la Religion un lieu pour la Ville, Prévosté et Vicomté de Paris, à c inq lieues

L

pour le plus de ladite Ville, auquel ils puissent faire l'e.Tercice public d'icelle.» La créati o n du Temple d'Ablon fut autor i s é e par le roi H enri IV par Let­ tres Patentes du 14 octobre 1 599,conçues en ces termes:

HENRY, PAR LA GRACE DE DIE U ROY DE FRANCE E T DE NA VARRE, à nos tre âmé et féal, le Prévost de nostre b onne Ville, Prévosté et Vic()mté dc Paris et lle-de-France, SALUT. Nous avons fait voir en nos tre Conseil l'Ordonnance des Commissaires dé­ putés pour l'exécution de nos Edits de Pacification, par laquelle i ls ont donné à ceux de la Religion Prétendue Réformée résidens en la Ville, Prévosté et Vi­ comté de Paris, le village d'Ab lon, prbehe la rivjère de Seine, du costé de


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po ur y. faire l'exe,rcice public de leur R e ligion, c�mme en l ieu de la distance duquel village à nostre ville de Paris estant bicn informée, et que la Haute-Jus tice d' iceluy nous appartient.) A ces causes pour faire exécuter ct garder ce que par eUX a esté fait et ordonné, en procédan t à l'exécution dudi t Edit, Nous, de l'avis de nostre Conseil, .. . , nous avons commis et député, ... , pour mettre et établir par effe t l'exercice de ladite R eligion Pré­ tendue Réfor mé e au dit village d:A b lon, comme en lieu de bailliage accordé par l Edi t à la première r équisition qui vous en sera fai te par le Substitut de notre Procureur Général ou par ceux de ladite Religion. Car tel est nostre plaisir. Donné à Fontainebleau, le quat orzième jour d'octobre, l'an 1599, et de nostre règne le onzième. Villeneuve-le-Roy,

de bailliage,

'

HENRY.

L e s Hugu enots de Pari s furent m i s en possession de leur prêche d'Ablon _ dès le 12 novembre 1599, j our même de l a publ i cati o n en ce l i eu des Lettres­ Patentes ci-dessus par un hui ssier à cheval du Parlement de Paris. Le Temp l e se trouvait à droi te du C hastel d'Ablon, à p�u près à l'endro i t qu'occupe aujourd'hui l'Eg l i s e (1). I l semble, d'a i l leurs, qu'i l n'y a i t pas eu de construction proprement dite, mais seulement un hangar ou quelque modeste abri pour l e P asteur e t un petit nombre d'audi teurs. Cela paraît ressortir avec . évidence de la descri ption enthousi aste qu'en fi t un Calvini s te, en ce temps-là, dans une Complainte en 51 distiques i nti tulée: Les louanges d'Ablon. Dans ces vers, qui ne sont p a s sans mérite, l'auteur anonyme - peut-être le célèbre mini stre P ierre du Mou l i n ( 2 ) - oppose la s i mpl i c i t é rustique du culle d'Ablon à la pompe des cérémonies catho l i ques et s'in surge ,assez v i vement, comme on en peut j uger, contre l'autorité du Pape.

ii

LES

LOUA<\..NGES

D'ABLON"

1. Ablon, petit hameau, que ce bel œil du monde Voit sur le bord de l'eau près la Seine profonde, 2. Où, les jours de repos, le fils de Dieu appelle Pour ouïr ses propos. son Espouse fidelle ; 3. Hameau délicieux, où mon âme ravie Mange le Man des Cieux et boit de l'Eau � Vie, 4. Il faut que, par mes vers, ton nom et ta mémoire Volent par l'Univers, et triomphe ta gloire ! 5. Que d 'une ferme foy se chantent les louanges Du Christ, souverain Roy des hommes et des anges , 6. Qui a voulu quitter tine ville superbe' Pour venir habiter en tes déserts sur l'herbe, 7 Dessous tes petits toits , dans les vignes et taches, Loin des peuples et rois, et du bruit de leurs cloches. 8. Car, comme le berger aime touj ours l'ombrage De son' petit verger et l'air de son village, .

.

(1) Avant l'ouverture du Temple d'Ablon, le� Protestants se réunirent pendant quel­ ques mois à Grigny, dans la propriété de l'Arbaleste, si\uée à ,proximité de Ris-Orangis. Le village d'Ablon se composait alors d'une trentaine de feux. (2) Célèbre théologien protestant, né au village de Buhy ,(8:-<et-0.) en 1568, mort à Sedan, en 1658, qui vint souvent prêcher à Ablon ..


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9. Christ dédaigne les tours et temples magnifiques, Les Palais et les Cours des Romains catholiques, 10. Et toute ceste gent qui reluit et esclate En or et en argent, en pourpre et escarlate, 11. Luy qui. du haut dl" l'air, par esclat et par foudre, Ou d'un soudain esclair, les peut réduire en poudre. 12. 0 merveiIIe des Rois, ô grand D ieu des merveilles , F ais que ta sainte voix parvienne en leurs oreiIIes, 13. Et qu'on voie à tes pied5 les Prélats de la France Venir humiliés te faire révérence, 14. 11

faut qUf' tous humains f't tous rois (jp la terre, Que le ciel de ses mains environne et enserre, 15. Vienne baiser le F ils, et vray D ieu et vray homme, Et non un crucifix ou un Pape de Rome. 16. Car c'ei,t le vray pourtraict de l'image du Père Par qui tout il a faict, à qui tout obtempère. 17. C'est son sage conseil et son inteIIigence, C'est l 'éternel soleil de sa divine essence. 18. Mais le Pape f'st un ver enflé de grande audace, Qui ne fait qu'estriver pour luy prendre sa place ; 19. Se disant homme et Dieu, et que jamais il n'erre, Qu'il commande en tout lieu, au ciel et en la terre ; 20. Qu'il est le vray espoux. 0 Jésus Christ mon maistre, Veuille donner à tous son blasphème à cognoistre. 21. Heureux deux et trois fois, Ablon, que tu es noble, D'ouyr de Christ la voix en ton petit vignoble ! 22. Deux fois un m illion malheureuse est la viIIe Et la Religion qui chasse l'Evang ile! 23. Heureux, dis-je, ô Ablon, d'ouyr en tes chaumettes, Sur ton doré sablon, le Prince des Prophètes, 24. Et voir devant tes yeux tant de saints et de saintes Fendre et ouvrir les Cieux par prières non feintes, 25. Par psaumes et par chants de beauté souveraine, Resjouyr tous les champs et les r ives de Seine! 26. Qui est, mon petit cœur, la voix qui peut suffire A chanter son bonheur, et la plume à l'escrire? 27. Puisque le Roy des Cieux t'a choisy pour y mettre Son char victorieux, ses armes et son sceptre, 28. Ayant vaincu la M ort, la Mort, dis-je, éterneIIe, Qu'il a prisp f'n son sort f't en sa citadeIIe. 29. Et ayant fait captif If' Dragon et la Beste, Et son fils adoptif qui porte triple creste, 30. N'esctu pas l'Arche, où D ieu nous sauve par miracles, Et l'Arche et le saint lieu où D ieu tient des oracles? 31. Car de fait tu nous sers d 'une seure conduite, Comme l'Arche, ès déserts, au peuple Israëlite, 32.

Et tu as dedans soy la Verge tant exquise Et sa Manne, et la Loy qui en l'Arche fut mise. 33. C'est la protection, la nourriture bonne Et sainte instruction· que Jésus-Christ nous donne. 34. D'autre part, on y' ,voit la. figure pourtraicte De l'Arche qui servoit, à Noé, de retraicte,


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35. Qand ton basteau. couvert sur la Seine nous porte Où Christ nous a ouvert du C iel l'Arche et la porte, 36. Et où il nous a mis à l'abry de l'orage, Ayant des ennemis adoucy le courage. 37. O r , comme l'Arche fut sauvé par le déluge, Lorsque D ieu y reçeut son Eglise à refuge, 38. Comme sauvée encor fut, recevant l'Eglise, La petite S egor, près de S odome assise, 39. Et sauvé fut Pella, pauvre vtue ancienne, Quand D ieu y appella son Egl ise chrestienne, 40. Ainsi D ieu te tiendra. Ablon, dessoubs son aile, Quand son ire viendra sur le peuple infidèle. 41. Mais c'est, ô toy. grande nef, errante et vagabonde, Qui adore ce chef, et ce faux dieu du monde, 42. Qui est pleine d'excès, d'orgueil et d'ignorance, De deuil et de procès, le fléau de la France, 43. Qui n'eschapperas pas la vengeance divine, Qui talonne tes pas pour te mettre en ruine. 44. Tu n'auras pas secours de ton aveugle tourbe Qui te conduit tousj ours au pro fond de la bourbe. 45. Sus dons, ô mes amis, fuyez de ceste presse! Christ en Ablon a mis son enseigne et adresse. 46. Sortez d'entre les morts. vous que D ieu fait renaistre! Aigles, suivez les corps! Disciples, nostre maistre! 47. Chrestiens illuminés, laissez là ces gens folles Et ces aveugles-nés qui courent aux idoles ! 48. Il faut aller. suivant partout, à teste nuë, L'Arche du Dieu vivant. q'u i tonne sur la nuë. 49. Fut-ce dedans les mers. au péril de la vie, Fut-ce dans les déserts de la grande Arabie! 50. Tant qu'arrivions au port de la Terre promise, Que Jésus. par sa 111�rf, nous a du toute acquise, 51. Dieu veuille nous donner que parvenions en elle Et nous y couronner de la glo ire éternelle! A quelle date precise faut-il faire remonter cette C omplainte heureusement retrouvée dans une plaquette de six pages in-8 ° par M . Charles Read (3)? Nous l'i gnorons! Toujours est- i l que, quelques années plus tard, une appropri � tion beaucoup p lus connue en fut faite sous le titre : Les louanges de Charenton, lors­ que le Temple d'Ab lon fut abandonné pour celui de C harenton qui devint, de Hi06 à 1 685, la véri table métropole des Calvini stes.

. (3) Bulletin historique et littérai re de la Soci é t é de l'Histoire du p rotestantisme fran­ çais, tome XL, année 1891, pp. 348 à 358. Il convient de signaler, contrairement à ce qu'écrit l'abbé BONNIN dans son ouvrage: A b lon-sur-Seine, Recherches Historiques (Paris­ Lecène, Oudin et Cfe, 189 0 ) , page 7 3, que cette Complainte ne figure pas dans les recueils du Chansonnier Huguenot.


LE CHATEAU DE DRAVEIL ET LORD COURTENAY II !

il !

E L

Par ROBERT DE COURCEL

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Président de la S o ciété Historique de Corbeil Membre de la Commission Départementale des Antiquités e t des Arts de Seine-et-Oise --

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1 '

13 août 1 72 0 , par act e passé devant Me Delaleu, notaire à Paris, Mar'in de la Haye, un d e s ferm i ers généraux du Roi depu i s deux ans, admini s tra­

teur de l'hôpital général de P a r i s , e t Marie-Edmée de Saint-Mars, sa femme, qu'i l avait épousée à Boulogne près P ari s le 13 juin 1714, acheta ient dans le v i llage de Drav e i l , situé entre la forêt de Sénart et la Sei ne, une m a i son bour­ geo i se. entourée d'une trentaine d'arpents, appartenant alors à un con seiller ho­ noraire au Parl ement, François Le Maitre, e t à ,Marie-M arguerite Boucher, sa femme. De cette petite propri été, l e pui s sant financi er fit un domaine .seigneuri al: un ch âteau aux l i gn e s simples c omprenant deux a i les fut édifié par ses soins; d eux escali ers l e desservaient ; dans l'a i l e gauehe, en entrant, se trouv a i t la chapel le ; une vaste cour d'honneur l e précédait, séparée du chemi n conduisant de Vi lleneuve-Sai nt-George s à Corbe i l par une grande gri lle, flanquée à chaque extrémité de deux p av i l l ons bas, servant au l ogement des porti ers, frotteurs et autres domestiques. Un abreuvoir, a l i m enté par le s e aux venant du plateau de Bri e , donn a i t sur l a route près du p av i l lo n si tué à dro i te regardant le château; il était entouré d'un parapet. formé de grosses p i erres de grès. Une orangerie percée de quatorze fenêtres toucha i t au potager qui , entouré ·de murs, se ren· c ontra i t à droite de la cour d'honneur en venant du château.

Au-de l à de la route et formant perspective, s'ouvrait une majesteuse allée plantée d'une qua druple rangée de t i l leuls, large de 7 2 p i eds, l ongue de p lu­ sieurs centaines de mètres, bordée de fos s é s et fermée de barri ères à chaque extrémité: e l l e condu i s a i t au domaine du Gué de la Folie. L a ferme 'seigneur i a l e élevait s e s bâtiments entre c ette allée et l'égli se.

Sur l'autre façade du château régnai t un grand perron d'où, par deux esca­ l iers en p i erre de taille, l 'on ava i t accès aux p arterres et au parc, dessiné avec fies boulingrins, des bo squets et des charm i l les. C e parc, orné d e statues et de vases, contenait un j ardin planté d'arbres fruitiers et une pièce d'eau avec de., ca s cades app e l é e {( la Tonne » ; . un saut de loup en bord a i t la parti e i nféri eure qui descendai t è n pente douce vers la plaine ; une grande terrasse la domi nait et permettait d'admirer, par delà la p l a i n e et la Seine, l e s c oteaux d'Athi s et de Juvi sy, couverts de parcs et de v i gnes. A ce domaine, M ari n de la H aye j o i gn i t plusi eurs terres voi si nes: le 17 avril 1732, le fief de Beaumont, comprenant une ferme ou un anci en manoir, dont les bâtiments exi stent touj ours ; - l e 27 février 1739, l e fief de M onceaux ou de


- 363 Mousseaux qui eonserve son p arc et .son vieux manoir entouré de fossés d'eau et qui n'est séparé du pare de Draveil que par le chemin du Port-aux-Cerises, par lequel on apportait autrefois les cerises récoltées à Mainville jusqu'au bord de la Seine, où e l l es étaient transportées en bateaux à Paris; - le 1 2 mars 1 7 4 6, le fief du Gué de Folie, que nous venons de rencontrer; - le 111 avril 1 7 50, en fi n, à l a suite d'un prêt imporÙlIlt qu'i l avait fait aux Dames de Sai nt-Lou i s rle Po i s sy, i l devenait possesseur de leur Terre et Seigneurie de Draveil, dont Philippe-le-Bel leur avait fait don en 1 305 ; sauf les Bois (538 arpents 18 per­ ehes) si tués dans la forêt de Sénart et non inclus dans la vente, ce domaine comprenait 217 arpents 25 perches de terres labourables et ;:. arpents de pré,;. ,rais, surtout, Marin de la Haye avait acquis le fief de Marcenoux dont le prin­ cipal manoir se trouvait. dans le pare même qu'il avait créé, près de la p i Ne d'eau appe l ée « la Tonne»; de ce fief de Marcenoux relevaient, comme arrières­ fiefs, le fief de Villiers à Draveil et le fief d e C hâ te au-Fr ay é à Vigneux, De ce domaine qui oecupai t une i m po rt an te partie de la Commune actuelle de Draveil, i l reste un témo i gnage préci eux: le terrier dressé en 1 75 5 - 1 7 5 7 pa r M" Claude-Charles Nouette, notaire en la Prévôté et Chatellenie de Corbei l , ré­ sidant à Brunoy, et auquel sont j o ints treize p l a n s exécu t é s par Etienne-François­ Gallien Juré, arpenteur royal, demeurant à V i l l ejuif. La demeure par i s i enne de Marin de l a Haye l'lait ègalement de choix. I l avait demeuré d'abord a u coi n d u Boulevard e t d e l a rue Caumartin, dans la

maison construite par l'architecte Aubert; en 1 7 47, i l avait pris en lo c ation le m a gni fi qu e hôtel constru i t e n 1 64 0 par L e Vau pour l e président Nicolas Lam­ bert. de Thorigny et situé à l a pointe orientale de l'lie Saint-Louis, près de l'hôt e l de C l aude Le Rago i s de Bretonvi l l i ers, construi t en la même année 1 64 0 par Jean d u Cerceau; i l l'a chet a e n 1 7 5 0 et i l y mourut l e 3 odobre 1 75 3 .

L'année suivante furent vendues s a bib l i oth(\que e t sa collection d e tableaux, de I)I'onzes, de rriarbres et de dessins. Le rata logue cie ces deux coll ections a été imprimé. Celui de l a Bibliothèque contient 3.820 numéros; clans la section con­ cernant Paris et les provinces, on peut noter le livre de Jean de la Barre sur les Anti q ui t ez de la ville, comté c t cha tcl lenie de Corbeil ( 1 6 4 7 ) et l'ouvrage de Dom Basile Fleureau sur les Antiqui tcz de la rülc d'Etampes (1683). De même a été imprimé le catalogue des tableaux et objets d'art clépenclant de la succe ssion de �a yem'e (1 7 7 8 ) ; il contient l'indication cles statues et des vases plaeés dans le pare de Draveil. Après la mort cie :\Iarin de la Haye, le domaine seigneurial cie Draveil passa entre les mains de sa veuve et de ses deux frères, Salomon de la Haye des Fossés et Jfare-Ant oine de la Haye de Bazinville; ce sont eux qui firent établir le Papier­ Terrier dont i l a ét é qu e sti on plus haut et qui , éga l e m e n t , d'accord avec l'ab­ baye de Sainte-Geneviève de Paris et l' Hôtel Dieu de P a r i s firent b orner leurs seigneuries respeeiives sur Draveil, Champrosay et Mainville; cette opération eut lieu au mois d'août 1 7 5 6 ( 1 ) . Par adjudication du 27 février 1 779 , le domaine de Draveil échut à Je(1n Duàos de Bclbcder e t à Antoinette-Marie de la Haye de Launay, son épouse. Il fut acquis, le 28 novembre 1 7 9 0 , par Jean-François Bérard, époux de 'Margue ­ rite Victoire l\fagnon, dont les enfants le vendirent le 1 7 oeiobre 1 800 à Jean-

(1) Arch. nat., S. 1550. Le domaine constitué par Marin de la Haye s'étendait sur une superficie de 1.339 arpents 53 perches.


- 36<1Baptiste-Daniel Desmanot, demeurant à Paris, rue Saint-Dominique-Saint-Ger­ main, et qui, trois ans plus tard, le céda, par acte passé devant Me Huguet, notaire à Paris, le 23 novembre 1803, à Daniel Parker, citoyen des Etats-Unis d'Amérique. C'est Daniel Parker qui fit don à la commune de Draveil du Papier-Terrier de 1755-1757; ée dépôt fut constaté par M . Granger, maire de Draveil, en une déclaration insérée à la date du 7 décembre 1828 dans le registre des délibéra­ tions du Conseil Municipal de ce lieu. Mais ce précieux document, essentielle­ ment draveillois cependant, ne devait pas demeurer à Draveil: en 1929, les deux volumes in-folio qui le eomposent furent revendiqués par les Archives Dépar­ tementales de Seine-et-Oise, à Versailles (2). Daniel Parker paraît s'être trouvé dans une situation difficile, car une saisie fut pratiquée sur ses biens; mais un jugement de la Chambre des Saisies im­ mobilières du Tribunal civil de la Seine, en date du 7 octobre 1819, convertit la saisie réelle en vente sur publications volontaires. Le domaine de Draveil fu! alûl's mis en vente; et le 6 mai 1821, par devant Me CoUenet, notaire à Paris , il fut acquis par William Courtenay, Comte de Devon. 1* * *

Qui est lord Courtenay et par quelle suite de circonstances l'et anglais, por­ teur d'un grand et vieux nom français, a-t-il succédé à un citoyen de la libre Amérique dans la possession d'un château des environs de Paris? L'aseendanee royale des Courtenay n'est pas douteuse. Elizabeth de Cour­ tenay, par son mariage avec Pierre, septième et dernier fils de Louis VI le gros, porta à son mari le nom, les titres et les armes de sa fami lle; e lle appartenait à une famille du Gâtinais français qui possédait les seigneuries de Courtenay, Montargis et Châteaurenard. Trois Courtenay ont été empereurs de Constanti­ nople au XIIIe sièele; Guillaume de Courtena.y, fils d'Elizabeth et de Pierre, fonda la hranehe de Tanlay; des Courtenay furent seigneurs de Yerres, de Bondoufle, de Combs-la-Vi Ile; l'Abbaye d'Yerres COInIl! e pa l'lni ses Abbesses Marguerité de Courtenay, dont la mère était Isabelle de Corbei l. A diverses reprises, les Courtena�' ont chercllL' il faire reeolluaitre officiel­ lement leur filiation royale; et en 1661, du Bouche! composa son Histoire g énl'a­ logique rie la maison royale de Courtenay pour proU\'er leur appartenance.

« M. de Courtenay, a dit le duc de Saint-Simon (3), était d!' (Jrande mine ct parfaitement fait. Personne n'a véritablement doufli de sa naissance légitime de 1nâle en mâle issue de Louis le Gros .. . Ils portaient de Pran!'e en plein. écartelé ('1' Courtenay, avec la eouronne rie fils de Pran!'!', sans qu'on les ait e mpêchés, ri ont toujours drapé avee l e R oi, c e qui jusqu'à sa mort n'a étl' souffert qu'mJ:J' (Jens qui en avaient le droit . .. M. de Cou rtl'Tw.y . .. n(' laissa qu'un fils fort 1'.1'lra­ ordinaire ... qui se tua d'un eoup de pistolet snr son lit en 1730. . . et un I' fille (,oui a épousé M. de Bremont. A insi, (I1.'ee l'Ali/Ii;. frère du père, qui a p l u s de SO ans et qui est un saint prêtre, toute cette maison est étein/e . »

Ce saint prêtre, Roger de Courtenay, abbé de Saint-Pierre d'Auxerre et des hr har li s, qui s'éteignit le 5 mai 1733, fut en effet le dernier mâle de la maison

royale de Courtenay en France. Le titre et le nom de Courtenay passa dès lors

(2 ) Il Y est conservé sous la côte: E . Supplément 128. (3 ) A ddition au .Tournai (l u marquis d e Dangeau, t. IV, p . 1 8 , dimanche 3 février 1692.


- 365dans la famille de Bauffremont, par suite de la mort de Charles-Roger, prince de Courtenay, le 7 mai 1730, et du mariage d'Hélène de Courtenay, sa sœur, avw� Louis-Bénigne de Bauffremont (4). Mais, dès le règne du roi Henri II d'Angleterre, apparaît dans re pays une branche de la famille de Courtenay: Reinaud de Courtenay est cité romme le premier ancêtre wnnu de la maison anglaise de cette famille (5). Au XIVe siècle, Hugh de Courtenay est créé comte de Devon; en 1644, le chef de la famille reroit le titre de baronet et, le 6 mai 1762, Sir William Courtenay est créé Vicomte de Courtenay of Powderkam Castle. Ces deux der­ niers titres avaient, suivant ('erlaines opinions, enlevé à la famille anglaise de Courtenay le titre de Comte.

Quoiqu'il en soit, c'est le Iroisipme et dernier Vicomte Courtenay qui, 1821, acquit de Danie l Parker le château de Draveil.

en

D'après une tradition, toute locale, lord Courtenay, condamné à mort en Angleterre au début du XIX· siècle, avait été sauvé par Daniel Parker, son domestique, qui avait ohtenu de le voir une dernière fois dans sa prison, ac­ compagné de sa jeune femme allaitant alors son enfant. Lord Courtem\�' se serait échappé en se déguisant sous les effets de Mm. Parker, avec l'enfant dans ses hras; il aurait aussitôt fait voile pour l'Amérique où il séjourna assez long­ temps; puis il vint en France, et c'est alors qu'il s'installa au ('hâteau de Drayeil. Toujours d'après cette même tradition draveilloise, il y menait un train princier, entouré de beaux et précieux souvenirs de ses ancêtres; mais personne ne le fréquentait dans le pays. A la fête patronale de Saint-Remy, ses laquais offraient un magnifique bain bénit. Quelle valeur convient-il d'attacher à cette tradition et quels sont les liens qui ont pu exister entre lord Courtenay ,et Daniel Parker? Ce dernier aurait-il continué à résider au château de Draveil après la vente de 1821, ou tout au moins à en être rhô1 e occasionnel? On a vu plus haut que c'est seulement en 1823 que Daniel Parker a fait. don à la Commune de Draveil du Papier-Terrier des terres et seigneurie de Draveil. Y aurait-il, par ailleurs, un lien entre la tradition draveilloise et les dispositions testamentaires prises par lord Courte­ nay? Ce sont là des énigmes. Toujours est-il que lord Courtenar laissa par testament le château de Dra­ veil en usufruit à Georg('s "-(Joris, son maître d'hôtel et intendant, et à Esther Clark, épouse de celui-ci, et en nue-propriété à leurs enfants, dont deux étaient nés à New-York et moururent à Draveil. Mais Georges \Voods et sa famille ne conservèrent pas le château de Draveil qui fut mis en vente par adjudication les 3 juin et 20 aoùt 1837; il fut alors acquis par Victor-Alexis-Désiré Dalloz, le g'rand jurisconsulte. Lord Courtenay !\tait mort le 2G mai 1835 à Paris, au n ° 22 de la place Vendôme. C'est lui qui fi l plarer sur le �()IlImet de la grande porte de la grille clô­ turant la l'our d'honneur du château de Draveil les armes des Courtenay. Elles sont figurées sur un grand médaillon rond en fer, autour duquel s'enroule la devise héraldique, et se lisent ainsi: Etartel é : au premier ct au qua trième,

(LA), Dictionnaire généalogique (Paris, 1757- 1761, 4 vol. Intermédiaire des Chercheurs et des CUriel1.T, 1929, pp. 860-861. (5) The Encyclopaedia britani('a, vol. 6 (London and New-York, 1929, 14th edition). (4) CHES:-IAYE-DESBOIS

in-12 ° ) .

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- 366-

d'or à t rois lourteau.T de gueules ( Courtenay); au deu.rième, d'or au lion d'azur (Redvers, aneiens comtes de Devon ) ; au troisième, d'azw' à trois f leurs de lis d'or (France). A la cime: buisson épanoui en forme de bouquet; - supports: deux sangliers dressés et erinés; - devise: UBI LAP SU S QUID FEC!. Ces armes appellent p lusieurs observations: 1 ° L es arm e s anciennes des Courtena;,' éta:cnt s;mplemrnt : D'or ù trois tuurteau.]; de gueules, 2 et 1, au lambel de trois pièces (6). �o Sous le règne de Henri IV, les Court enay dl' France prirent comme armes: Ecartelé: au 1 et au 4, cle France II la bordure enyrélée de gueules; au 2 et au S, d'or à trois tourteaux de gueules (6). Ce s armes �e rct ro\lVt'nt dans celle� des Princes-Ducs de

Bauffremont-Courtenay. 3° Sous Louis XIV, les Courtenay, au dire de Saint -Simon, portaient: de France en plein, écartelé de Courten(1?!, avee la couronne de f i ls de Fran c e . 4° D'aprè s l'A rmorial général de Ri etstap, les armes des Courtenay s'énoncent comme sui t : Ecartelé: au 1 et au 4, d'or à trois to urteau.E de gueules ( Courten ay); all 2 et all S, d'or all lion d.'azur (Redvers, aneiens comtes de Devon). Casque couronné; - cimier: sept plumes d'autrucllP d'argent; - su pport s : deux sangliers d'argent, crinés, défendu s e t onglés d'or: - devisc,; : a ) QU O D VEHUM 'l'U'fUl\I c t b) UEI LAPSUS QUID FEC!. 5° Il semhle qu e le s armes placée s sur la grille du chât eau de Draveil n e soient pas exempt e s dl' faut es dl' protocole� a) au quartipr d'azur ù t rois lieurs de lis d'or manque la bordure engr eslée de 'gueules, et b) les armcs de France doivent toujours être placées au prrmier quarti e r ou sur le t ou t (7 ) . 6 ° I l est probahle qUl' les armes des Courtenay qui se vo;enl. il Draveil sont une synthèse des arm e s anpiennes et m o dernes de cct te maison. 7° Enfin la deviseUEI LAPSUS Qum FECl, qui paraît être le cri d'une innocence injustement accusée , a exercé la sagacitl\ de hien des chercheurs; elle forme un véri­ table pet it prohll'me héraldique (8).

Les armoiries de Guillaume Courtenay, comte de Devon, dont seule la cime a disparu, ont été respectées par les propriétaires successifs du château de Draveil: M. Dalloz, M. Ség uin, M. Laceissièrc, la société « Paris-Jardins » enfin, depuis 1911. ici que, lor.� rie la venle de HlJ J, les ])oi"el'ies ancienne.s - datant telllps de Marin de la Haye - qui ornaient le grand sa­ lon, furent vendues et transportées en AmériqUf�, il Philadelphie, où e l les sont Ajoutons

'T;lÏs('lllhlablement du conservées.

Aujourd'hui, les l[)tissemen�.s enserrent le château de Draveil et couvrent les terres qui en dépendaient. Mais le château de Marin de la Haye et sa cour d'honneur, ln graride grille. accostée cie ses deux pavillons bas, la belle allée de til leuls qui lui fait per spe c. tive, suhsistent; et les armes des Courtenay do­ minent toujours cet ensemble dont le style contraste avec les entours. . Ce témoin d'un passé relativement récent et de l'histoire de l'une des plus anC'Ïennes familles de France et d'Angleterre méritait, nous semble-t-il, d'être mis en lumière; il mériterait également de bénéficier de toutes mesures per­ mllttant d'en assurer la conservation.

(6 ) CHES:'iAYE-DESnoIS (LA), op. cité. (7) Henseignement s obligeamment donnés pa r M, Meurgey de Tupi gny, le 6 avril 1 948 ( 8 ) Voir il ce sujet : \V. FRANCIS ct H. KI"n, Classical and Forl'ir;n (}uotatiolls (London, J. \Vll:taker e t Sons, 1 9 04, 1 v o l. in-8° , 3d edition), p. 398 .


5

En

minutes ...

Par

LOCIS

BHUNEL

A l'occasion du tirag e de la Loterie Na tio­ nale à A this-Jfons, le d i manch e 10 m a i 1950, cette b rère notice histol'ique, dont la lec ture ne de r a i t pas ('.p('éder cinq minutes, est pas sé e SUl' les antennes de la Radi odiffusio n .Va/ionale .

A

Ville. d'ATHIS-MONS est une charmante localité de la Banlieue Parisienne Sud, magnifiquement située au bord de la Seine, ?n .face de la forêt de Sénart, à une vingtaine de kilo­ mètres de la Capitale.

ré et (\rlitla ulle église romane dont il ne reste plus maintenant que l'antique clocher, entièrement construit en pierres et e1assé pour cette raison au nombre des Monuments historiques depuis le 30 mars 1887 (1).

Son appellation �ous ce nom composé est de date rérente, puisque les villages jumeaux d'A this-sur-Orgc et de M ons ­ sur-Org e ne furent rôunis qu'en 1817, à la suite d'une décision royale. '

C'est autour de ('ette fondation et du manoir' féod;d tout ]Iroche, transforlllé en

L

En fait, le petit village de Mons était une simple dépendance de celui d'Athis, dont il faut ('hercher les origines jusque dans la préhistoire. De nombreux vesti­ ges de ces temps lointains ont été décou­ verts à maintes reprises sur son terri­ toire ; et son nom même, sous la forme latine Attegia, désigne les cabanes en branchages qui abritèrent les premiers occupants. Cependant, la p lus ancienne mention relevée dans les documents est celle qui relate la translation dans ce lieu, en 845, des précieuses reliques de Sainte-Gene­ viève, Patronne de Paris, afin de les sous­ traire à la profanation des Normands. Ce qui fait qu'Athis est r-onnu depuis 1.100 ans au moins! en peu p lus tard,

en

1140,

A

l ' hbay e

!loyale de Saint-Victor y fonda un Prieu-

chàteau de p laisaJJ('e dans le courant du · xvne siècle, que se développa le village, qui, malgré les glwrres et les destruc­ années tions, connut pourtant de longues . de tranqui lIi té. l�n sol d'une fertilité extraordinaire, particulièrement apte à la culture du blé, une longue ligne de coteaux entièrement eouverts de vignes dont les produits ' étaient parmi les plus réputés de toute l'Ile-de-Rrance (2), un air si pur qu'un très grand nomhre de nourrissons y étaient envoyés chaque annôe sur l'in­ dication des médecins de Paris (3) et en-

Sain t - D e nis L'''lllise (1) BRC'\EL (Louis ) , !l'Athis-Mons. E l ude archéolof,ique (in Bulle­ tin Ile la S.E.SAN., 1949, vol . VI, pp. 20� il 227). (2) BIHi'\EL, La culture de la rigne et ses coutu mes à 4this-Jlfons et Juvisy (Id" jan­ vier 1948, n° 2, p p . 17 il 37).

(3) BRUNEI., Le "now7issnlle)) de,s enfants il A this-Mons (Id., juillet 1948, n° 4, p. 89).


368 fin une situation des plus agréables firent

j a dis d'Athis-Mons une locali té pri v i lé­ giée, habitée pal' des personnages d e ma nIue. N obIes, offici ers, li ttér ateurs, artistes y eurent leur propriété, et on peut c i te r entre autres l e Président Pierre V i o le , qui j oua un certain rôl e pendant l e s troubles de l a Fronde, la Princesse d u San g Loui se-Anne de Bourbon-Condé, dite Mademoi s e l l e de C harolais, le Duc de Roque l aure, le Duc de Rohan-Chabot... Le célèbre Conrart, surnommé l e Père de l'A cadémie Française, y posséda une splendide maison de campagne dan s la ­ quelle i l se pla i s a i t à recevo i r tout c e q u'il y ava i t alors de mi eu:.; d a n s l e monde d e s Lettres : c'est a insi q u e Mlle de Scudéry fut trè s souvent l'hôte de cet homme de sens et de goût, auque l B o i ­ l eau reproehait s o n « s i le nce prud en t ,,! Sous l'ancien Rég i me , Athi s et Mons groupai ent au plus 3 0 0 habi tants ; et en 1817, date de leur réunion, la p opu l ati on totale étai t d e 700 per sonne s. Un accroi s­ sement notable fut enregistré après 1870, c on sécut if à l 'établ i s s em ent d'une impor­ tante entr epri se i ndustr i e l l e : l e s Forges e t Aciéries d'Athis-Mons. Mai's l a cause pr i m i pal e de l 'extens i o n d éme surée et de la prospérité de cette Commune subur­ baine fut la construction, en 1884, de la première Gare de triage de Juvisy, d o n t l es instal lations s'étendent entièrement sur le terroir d'Athis-Mons. Toute la partie basse du pays (Athi s­ Val), entre les voies ferrées du. tri age et les sinuosités de l'Orge et du Mort-Rû, se couvrit de maisonnettes et de pavillons occupés surtout par des employés et ou­ vriers du P. O. Plusieurs' années s'écoulèrent et, sur le plateau, dans le périmètre compris entre les coteaux dits « les Vignes", la Natio­ nale 7 (de Paris à Lyon) et le chemin de G. C. allant de la « Belle-Etoile" à l'tL glise d'Athis-Mons, des opérations de

morcellement s'effeeluai ent et que lques maisons commençaient à s 'édi fi er. La guerre de 1914-1918 i nterrompi t ces constructi ons, mais après le confl i t mon­ dial, l a cri se du logement a i dant, l e mou­ velllent repr i t avec plus de vigueur et la maj eure partie des terrai n s de culture qui restai ent encore sur le plateau fut transformée en loti sse n1ents sous le nom de Sociétés d'Epargne. Au début de la dernière guerre, en 1 939, la popula t i on d'Athi s-Mons compt a i t près de 11.000 ha­ bi tants. La localité eut malheureusement à souffrir du catac l ysme qui s'abatt i l S11r l'humanité: 300' tués, une centaine de b l essés, 600 mai sons détrui tes, tel fut le t ra g i q ue bilan du terri b l e bombarde­ ment qui, dans la nuit du 18 a u 1 9 avr i l 1944, d e va i t anéantir l' i m p ortant nœud ferroviaire que ronstituai t la Gare de Ju­ vi sy. D e pu i s res événements de sini str e mé­ moire, la Municipalité et les particuliers se sont remis courageusement à l'œuvre, si bien qu'Athis-Mons est de nouveau en plein e"80r et totalise maintenant plus de 12.000 h a bi ta nts . La réédification du T r i a ge de Juvisy sur des bases ultramo­ dernes et l'aménagement récent de l'Aé­ roport de Paris-Orly (qui a absorbé une grande partie du terroir de la Commune) ont eu pour effet non seulement de pro­ voquer et d'accélérer la reconstruction des immeubles détruits, mais enrore de créer tout un quarfier nouveau - la Cité Air-France - à la bordure Est de l'Aéro­ drome. Et Athis-Mons manque toujours df' logements ... ! Malgré des origines très diverses et la préRenee rie rlasses sociales très diffé­ rentes, cette p o pul a tion laborieuse forme un tout bien homogène et dan" l e que l SA maintient un excellent. esprit. laissant présager pour l'avenir que le développe­ ment de la Ville d'ATHIS-MONS se pour­ suivra toujours dans le même sens et. a v ee lA même succès.

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LA MEMOIRE DE DUCOS DU HAURON INVENTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS

à été honorée à Savigny-sur-Orge où il vécut

1

Par GÉRARD GOUJON

Président de la Commission des Arts du Syndicat d'Initiatives d e Savigny-sur-Orge

L e s 27 et 28 jan vier 1951, il l'occasion de �on Prelllier Salon de Photographie, la l'ille de Savigny-su r-Orge a comw les .Journées Ducos du Hauron. Ce salon était, en effet, placé sous le p at rona ge dJe l'ill ust re sarant quirécut p l usi eurs années dans la localité Une rét ro sp ectiv e de ses œuvres rut prés enté e pour la p remi ère fois au public, {Jrâce il la Société Française de Photographie q ui a l'ait IIlis il la dispositio n des o rgani­ sateurs deux gr an d s cadres oil l'on pouvait admire r, arec les t ric hrom ies le s 7Jl us an­ ciennes, l e s synt hès es de dif{érenles œuvres, ai ns i que ,lrs }J/wtocol/o.qraphies de Quinsac, de s ana gl yp he s et un po rtra it (/11 sawnt pa r Sallal'. La Sneiéll' des Lpllrcs pt Arts d'Agen, ainsi que M. Lacroi.r, {il s (//1 c é l (lbre LacTai.L', l' a m i de Ducos du lIaUf01!, aca ie nt é ga l e­ ment envo y é d'autres réalisations du gra nd in ven teu r . Le dimanche 28 ja n vi e r, derant la maison où il d em e ura, eut lieu une cérémonie touchante, o r ga nisé e pal' le S)'ndicat d'Initiatives de Savignî'-sur-Urge arec le (,ol/cours de la lIfunic ip alit é et en présence de JI"" Ducos du IIauron, nièce s dll sara nt , ile JI"" d M. L amarq ue, ses p elils -n ev ew:, et du Délégué de la Soc'été Française de Photographie Après l 'ina ugur atio n (/e la plaq u e commémoratire apposée sur c e lte maison, sise 14 rue de R os sa y, l e co rt ège o fti cie l risita le Salon de P h o to grap h i e où un l'in d' ho n neu r fui of f ert par la lIf u nifipalit é. * * *

l'heure où la photograp h i e et le cinéma en couleurs commencent à se vulgariser et connai ssent l e s faveurs du pub l i c , i l sera i t injuste de ne pa s reporter ses pensées vers l ' i nventeur de l a photograp h i e des c ou­ leurs, qui est aussi l'im'enteur du c i néma et de l'impression des gravures co­ lori ées. Duc o s Jérome M a t h i a s du H auron, contrôleur-receveur des Cont ributi ons Indirectes à Coutras, pujs à Langon (Gironde) , term i n a sa carri ère comme di­ recteur de l a même admin i stration à Auch, JI eut deux fi l s : Duc o s Jean-M a r i e C a s i m i r , d i t Aleide, né à Coutras le 29 j ui n 1 830, qui fit sa carrière dans la magi strature, et Loui s Arthur :\:Ionla­ lembert, c onnu sous le nom de Lou i s Ducos du H auron, né le 8 déc embre 1 83 7

A

à Langon.

De santé d é l i cate, la fami l l e du j eune Lou i s surve i l l a tout p ar t i c u l i èrement ses années de j eunesse au point d' i nterrompre ses heure s de travai l par des récréations qu' i l ne s o l l i c i t a it pas. L'i nstruc t i on lui étai t donnée à dom i c i le , c a r l e régi m e scola ire norm a l é t a i t i ncompatible a v e c sa fragi l i té . Il présenta très vi te des di spositions pour la musi que et atteint rapi dement une telle maîtr i s e que ses parents et amis lui préd i s a i en t un b e l aveni r dans l a voi e arti stique. Mai s le métier d'arti ste nécessite un c ontaet constant avec le public, et Ducos du Hauron ne peut se résoudre à c e tte obligation! Elevé en dehors des hommes, au sein d'une f amill e qui l e chérit, par surc roît de car&�-


370 t ère t i m i de et effacé, i l e s t m a l armé pour affronter la masse des audî teurs d e s salles d e spectacles e t préfère de beaucoup le calme du lab orato i re au tonnerre des applaud i s sements e t des vivats. C'est pourquoi il abandonne l ' i dée de l a musi que concertan t e pour se tourner résolument vers la recherche scienti fique, autre suj et de préoc eupat i o n de son esprit i nventif. C'est en 1859 qu' i l s e s i gnale à l'attention du monde savant en présentant ft l a SoeÏété des Sri enres et Arts d'Agen, l e 2 0 j a nv i er, une étude fort étendue sur les sensations lum i neuses. Impre ssi onné par l e s r é c e ntes découverte s de C hevreul sur t i on de la lum i pre h lanrhe e n t r o i s éléments pri m a i r e s : rouge, ainsi , que par l ' i nvention de Daguerre perfeeti o nm'e par Talbot entrevo i t bi entôt l a fus i o n des deux procédés e t l a pOf'si b i l i t é l e s couleurs p.tlOtograph i quement.

la dérompo s i ­ j aune e t bleu, et P o i t evin, i l d e reproduire

Tro i s ans après, le 1 4 j u i l l e t 1 862, dans une communi c ation à :\1. Lelut, de l 'In sti tut, i l i n d i que une « m é th odc de recons t i tution ph otographique d es cou­

leurs par triple tam isage des ra yons et triple réversion d'empreinte » . «

Le 1 er m a r s 1 8 6 4 , i l

p rend

un brevet franç a i s d e 1 5 a n s (n ° 6 1 .976) pour u n

appm'eil d e s tin é à reproduire photographiquement une seène quelconquel avec toutes les transforma tions qu'elle a subies pendant un temps déterminé » . C'est la Ch ronoph otograph ic, appelée aujourd'hui : C i nématographie ( 1 ) !

Il mùrit son ' i dé e de reconstitution des couleurs jusqu'en 1 8 68. I l hab i te alors Lec t o ure, dans l e Gers. Il achpte un trai t é de photographie. pui s un appare i l et un matér i e l sommaire ; son vo i s i n, un v i trier, lui fourn i t l e s verres c o l oré" dans lesque l s il déc oupe ses fil tres e t commen�e ses expéri ences. !\Ja i s i l s'aperç o i t vite que l ' i ntensité de l'écla irement i nflue p lus sur l a plaqu e que l'intensité de l a coul eur : une parti e rouge clair v i o l emment é c l a i rée ' i mpressi onne plus profondément l a p la que qu'une part i e très rouge moins éclaï ­ ' rée .C'est alors qu' i l c o nç' o i t l'i dée de photographier l'obj e t non à t ravers des fi ltres de même t e int e que la rouleur à reproduire, m a i s à travers des fi ltres d e cou leur com plp,m cn fairc . Le yert l a i s s e passe r l e " rayons b l eus e t jaunes, mai" e s t opaque au rouge ; à t ravers le v i o l e t fi l trent le rouge e t l e b l e u , alors que l e j a une e s t i ntercepté ; quant au rouge orangé, il s e lai sse traverser par le j aune e t l e rouge. t out en retenant le bleu . En prenant des photos avec ces troi s ér r a n s , on obtient des négatifs dont u n e d e s tro i s roul eurs est absente e t se tradui t p a r d e s transparenr e s p l u s ou m o i n s a c � entuées selon le degré d'in­ ten s i t é de l a couleur e t d e l ' é d a i rement. De l' e s négatifs, on tire d e s l)ositifs dont l'un sera uniquement formé de .rayon s rouges, l'autre de rayons j aunes, le troi s i i"me de rayons b leus. On peut alors, s o i t t irer de ces tro i s c l i r hé s tro i s planches que l'on encre d e la c ouleur d e s rayons fi lt rés e t que l'on appliqu� suceessivement sur la même feui l l e de papier, soit t i rer l e s positifs sur de� supp orts m i nces e t t r a nsparents (gé l a t i n e ou c o l l odion) e t l e s superposer exaC­ tement. C'est le Jl/ odf' rmtich rom atique, qui doit son n o m à un ehassP-I'roi$é de cou leurs com plpm entaires (2) .

( 1 ) A ce suj et, une lettre à lui adressée par M. J. Marey, de l'Institut, en ' date du fi novembre 1 900, lui rend hommage en ces termes : « Un dessin que vous représentez d'une de v o s inv entions montre bien que vous avez une antériorité marqu ée sur . tO.ut le m onde .

»

(2) Ducos DU HAURON, Expo s é théorique et scientifique de la photographie ' leurs - trichromie (Etampes, 1 9 11 , chez Dormann ) .

de's '

cou­


- 371 Le 23 novembre 1 868, i l prend un nouveau brevet n ° 8 3 . 0 6 1 sur cette dé­ couverte : " Les coule urs en p h o togra p hie, solution du problème » , où i l expose deux moyens de parveni r à ce résultat : procédé tri chrome développé ci -dessus et procédé stIr p laque uni que par i nterpos i ti o n d'un réseau tri chrome. Celui-ci consi ste à prendre la photo en n o i r e t blanc à travers un fi ltre composé de l ignes fines, colorées et très serrée s ; en regardant le p o s i t i f, obtenu à l ' a i de de ce négatif, à travers le même réseau coloré, on a une reproduc t io n exacte des teintes. Le 7 mai 1 8 69, il adresse à la Société Française de Photograph ie une com­ munication où il décrit son i nvent ion et accompagne son envoi de deux p l� oto­ graphies fort réus s i e s . A cette même séance, un autre c hercheur, Charles Cros, fit un exposé sur le même suj e t : i l était arrivé à c e résultat par un procédé it peu près analogue, m a i s i l déclara i t reculer devant l'exécuti on, la dépense de temps et d'argent étant trop considérable. Certes, les c ommunirations furent faites le même j our, par une coïnridence extraordinaire ou p lutot par une malchance qui va le poursuivre i nexorabl ement. On peut c ependant affirmer avec cer t i tude que Duco s du Hauron est bien le prem i e r qui eut c ette idée (en 1859) e t la divulgua avant qui c o nque ( 3 ) . L'anté ­ riorité de Ducos du Hauron ne saur a i t donc être d i scutée ; i l avait, d'autre part, j o i nt à son envoi deux r é a l i sati ons, tandi s que Cros n'émett a i t qu'une i dée. Cette découverte ne susci t a aucun enthousiasme. Le c r i t i que be lge :Vlonc ko­ ven, qui f a i s a i t aut orité en mati ère de photograp h i e, la déc lara même « c ont ra ire à .la saine théorie e t impossible à réaliser dans la pratique » . I l ajout a i t que l e s épreuws fourn i e s étaient évi demment truquée s ( 4 ) . Cette neUe pri se de po­ s i tion fut acceptée d'emblée, et l e si lence se fit autour du savant. Plus tard, trop tard, ;\Ionckoven reconnut son erreur e t fit amende honorab le. Màis vo i c i que P o i tevin découvre l é moyen prati que d'ut i l i ser l a gélatine b i chromatée pour reproduire les épreuves photographiques sur papier : c'est le procédé au charb o n , que l e pub l i c adopte rapi dement, c ar ces reproduc tions sont plus fac i l e s à manier, moins lourde s et moins fragi les. P artant de ce pr incipe, Duco s du H auron cherche à tirer des épreuves c olorées en les impri mant ave� des encres grasses. Il y a évi demment un monde entre les procédés modernes et ceux d'alors, tant pour l a photographi e que pour l'imprimerie. P our avo ir un aperçu des d i fficultés à surmonter, songeons q u e l e procédé au collodion alors en usage -, était d'une l enteur extrême, qu' i l faJl a i t de longs temps de pose, de une à deux heures pour le filtre orang() ! I l y remédie en augmentant l a rapi d i t é des émulsi ons, et, en j anvier 1 8 7 0 , i l pub l i e une brochure i n_8 ° de 8 3 pages chez Marion, 16 .c i té Bergère, ayant pour titre : Les couleurs en pho ­

togra phie r t cn particulier l'h éliochromie au charbon. Adapter l a trich r omie à l'imprimerie fut l a suite naturelle des efforts du s :want. I l eonçut l a marche il "uivre : tirer une photo à travers les tro i s fi ltres, marquer sur une plaque gélatinée les i m ages p o >, i t i ve s obtenues, l e s i mprimer sur une même feui lle en les superposant exactement. Ce procédé, dont le prin­ cipe es t encore en vi gueur à l' heure actuelle, eut à l'époque bien du mal à s'im­ poser. I l fallait, en e ffet, vaincre b i en des routines, créer un matérie l di fférent, dresser le personnel à ces méthodes nouvelles, ri squer ses c a p i t aux. Pour ces

(3) Communication à M. Le lut en date du 1 4 .juillet 1862 et Brevet du 23 nov. 1 869. (4) R evue Prançaise de Phoü>graphie, n ° 19 du 1 er · oct. 1 920.


- 372 rai sons, l e s maîtres i mprimeurs, peu souci eux de compter parm i l e s précurseurs, ne crurent pas devo i r mettre en prati que l a r é a lis at io n de cette découverte. Duco s du H auron, b i en que refoul é d'un peu p artout, sut ma lgré tout i nté­ resser quelques membre s de la corporation. Tout d'abord, ce fut Blanquart­ Evrard, savant e t i mprimeur de Li l l e , qui entrevit l a justesse de r i dée et m i t tout en œuvre pour monter u n a t e l i er b i e n équi pé. M a i s , c omble de m a l c hance, B l anquart m ourut en J 872 , avant que les pre m i ers ti rages soi ent sor l i s . En i 8 / li, Gustave Pereire tente l'expéri ence, fa i t des essais, puis, devant l e s difficultés d'l r é a l i sation e t l e peu de rendement, abandonne à son tour. L'année 1 876 est aussi c e l l e de l'Expo s i t i on. Afin de frapper l'opinion, Duc o s è é ci d e de préparer des œuvre s de grandes dimensi ons ; ma i s i l d o i t abandonner ce proj et, c ar, l a v e i Ile de l'ouverture, tro i s feui l l e s de gélatine, déformées au c ours des manipulations, ne veulent p a s « repérer )) ! A l'J�xpo s it io n Universe l l e de i R'78, i l présente u n e admirable c o l l e e t i o n de tric hromi es. M a i s l e s i ndustr i e l s franç a i s ne c r o i e n t p a s il l'avenir du procédé. P ourtant, un vi s it eur s'arrête, (\merve i l I é , regarde avec insi stance e t demande des pré c i s i ons. C'est un A l lemand. le maître imprim eur Albert de Muni rh, qui en lrevo i t tout de suite les p o s s i b i ­ l i t é s de l ' expl o i tation. I l o ff r e une fortune ft Duc o s p o u r monter Ull a t e l i e r outre R h i n e t en diriger les travaux. Longtemps, le savant lH\ s i!. e ; l'argrnt est b i e n tentant ! Il refuse fina lement : l a découverte d'un Franç a i s restera en Franc e . I l ava i t, entre temps, m i s au point plusi eurs i nventions e t pri s d'autr e s brevets : 1 5 j u i l l e t 1 86 9 , brevet franç a i s de 1 5 ans n° 86.060 : Moteur g irouette ou m oulin à vent h orizontal; système analogu e de roue hydraulique. 1 5 décembre 1 874, brevet de 1 5 ans n° 1 05 .88 1 : Chambre noire Il éliocll ro ­ ' mique o u appare'Îl photographique destiné à reproduire simultaném ent trois ou plusieurs épreuves d'un même sujet. - 2 4 juillet 1 877, brevet de 15 ans n° 1 1 9 . 4 5 7 : Produetion de trois clichés généra teurs d'une épreuve positive hélioehromique - Nouvelle méth ode basé.? sur les propriétés de l'éosine a vec interposition de milieu;1; colorés. - 17 déc embre 1 8 8 5 , brevet de H i aIl S Il ° J 73 . 1( 1 1 : Triple appareil photo ­ graphique des t iné à la prise s'ÎTnu ltanée de t rois l'l ich és du mhn e sujet e.:cempts de différences stér'éuscupiqucs. - 18 déc embre 1 88 5 : Nouveau m ude de papiers mü;tionnés ou produits analogues pour la photographie dite au charbon, caractérisé pal' l'ineorporation provisoire d'une teinture . C'est à c ette époque, alors que son brevet arrive à exp i ration, que des i n­ dustr i e l s commencent à comprendre le parti à tirer de tel l e s i nventions. A Toulouse, un photo c o llographe ( 5 ) célèbre, M . Quin s a c , ouvre une annexe d e ses ate l i er s d'Agen qu' i l confie à M . Alexandre Ja i lle. Le s es sa i s sont sati s ­ fai sants. Tro i s reproducti ons - u n tab leau d e Moreau e t deux paysages de Lourdes - sont parfai t e s , b i e n qu'ayant été repérées à l a main . Un matéri e l des plus perfe c t i onnés fut acheté pour tirer à d e nombreux exempla ires. Or,

(&) Procédé de reproduction photomécanique aux encres d'imprimerie dans lequel on fait usage de substances colloïdes (gélatine, albumine, bitume. de Judée ) étendues sur des supports variés (vllrre, cuivre, pierre, zin c ) et rendues aptes à recevoir l'encrage .


- 373 l a réal i sation ne confirma p a s l e s promesses des e s s a i s , parce que le rep érage m é c ani que manquai t de préei sion. L'encrage, i négal selon les 3 n('gat.i fs, donn a i t des « domi nantes )) , c'est-à-dire qu'une ou d e u x couleurs prédo m i nai ent e t t e i n ­ t a i ent t o u t l e tab l e au � et lorsque ce f a i t se produi s a i t, l'édi t i on é t a i t c omplète ­ ment perdue du fa i t qu'une tei nte au moi n s é t a i t déjà pa�sée sur tout le t i ­ r a g e (6). L'imprimeri e d'Agen ayant été détruite par un incend i e , Quinsac reprit son activi té à Pari s. M a lheureusement , i l mourut avant d'avoir pu organi ser son exploi tation. En 1881, son brevet de 1868 arrivant b i entôt à expiration, Duco s demande au Mini stère du Commerce la faveur de l e voir pro longé. Celle-ci lui est refusée avec cet attendu : « La découverte inv oquée par l'inventeur n'a pas l'ampleur 'l' O U

lue et les re tards de la mise en œUV1'e lui sont exelusivement imp u tables . ))

Sou i nvention a l l a i t tomber dans le dom a i ne public! En 188 4, son frère, l e magi strat, est nommé à Alger . C éli bataire, n'ayant plus que de m a i gres ressourc e s personne l l e s , l ' i nventeur dut le suivre. Ils y res­ tèrent douze ans. Toutefo i s, avec les f a i b l e s moyens financiers dont il d i spose, il achèt e une presse à bras et, tour à tour apprenti , ouvr ier ou p atron, il se met à tirer des épreuves. I l vénd c e l l e s qui sont réussies - une centaine à peu près - aux musées, aux amateurs, a u prix de dix franc s pièce. Cet argent est le seul qu' i l ait j a ma i s tiré de ses i nventions. Le 2 juin 1888, il prend un brevet franç a i s de 15 ans n° 191.03 1 sur : Le transformisme en ph o tographie par le pouvoir d e deu.T fentes. En mai 1 89 1 , i l fa i t une commun i c a tio n à l 'Académi e d e s Sciences sur : L a photographie des couleurs - Reproduction photomécanique des couleurs en nombre illimité d'exem­ plaires. Le 6 j u i l l e t 189 1 , il prend un brevet , n ° 214.666 pour : Un tube donnant la caricature en photorJraphie par le moyen dc deu.r fentes ent re-croisées à distance. Le 15 septembre 1892, nouveau brevet n° -216.465 : Es tampfs, pho tographies ct (ab lcau.T s téréoscopiques produisant leur effet en plcin jour, sans l'aide de

s téréoscope . Ce procédé, qu'i l i nventa en 1891 et qu' i l bapt i s a « anaglyphes )) , es t b a s é sur le principe de l'absorpti on d'une c ouleur par sa « complémentaire )) . Le dessin est établi en deux tons e t c h aque couleur est l égèrement décalée par rapport à l'autre. Imprimée en b leu verdâtre, l a perspective de gauche sera vue à travers un verre de c o u l eur rouge orangé et celle de dro it e, i mprimée en rouge orangé, sera vue à travers un verre b leu vert . De cette façon, chaque œ i l ne perçoit en noir que le dessin exécuté en couleur complémentai re, alors que l e dessin eX écuté da n s la m ê m e tei nte q u e l e verre c oloré par a ît invisible. C es phénomèn e s suffisent pour donner l ' i mpression du r e li ef et n e néce ssi tent pas l ' e m p l oi du stéréoscope. Cette découverte tomba elle aussi dans l e dom a i n e pub l i c avant qu'i l l'eût exploi tée, faute d'argent pour renouveler son brevet. C'est également pendant son séjour à Alger que d'Améri que, d'Angl eterre, de H o l l ande, d'Autriche, fuse l a « découverte )) de la tri chrom i e que chaque pays réclame comme si enne, alors que Duc o s du H auron l'avai t énoncée en 1859 et réalisée en 1868. Toujours pendant cette période et vers 1 890, les progrès réa­ lisés dans l ' i mprimeri e et l a gravure font entrer dans l a pratique c ourante le�

( 6 ) Illustration, il 0 4 04 5 du 1 1 septembre 1920. /)


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impressions photoméc ani que s et la . trichromi e e st peu à peu uti li sée i ndustri el­ I ('me nt d a n s l e m o n d e enti ('r. Le 20 août 1892, un autre brevet n° 23 3". 8 17 a pour obj e t : Clich és spéciau:r pour la réalisation en i m pr i m eri e au m o y e n de trois enrrages seule m ent c t sur toutf'S les presses, de la ph o toqraphie dcs (, 01l ll'urs, soit typographiquement, soit par report e t généralem ent par t ous les pro c é d és de gravure h éliographiq u e . Le 2 0 mai 1895, breveL n ° 2'17.77 5: Appareil il miroir courbe proeurant, par anamorphose et sans m écanism c rota t i f un panora m a correct réalisé soit gra­ ph iquement, soit par projection. ,

Le 17 septembre 1895, brevet n° 250.802: Polyf o l i u m c h romodiatitique Livre Il feuiUe / s I ro lls]Ja 7' e n t s ('onstifUi;S pO l' une al/crnance d'écrans colorés et de plaques ou peUinû('s s e n s i b l es, au rno!Jcn duque l s'o b tie,nncnt simultanément, dans toute cham li l'(' no ire, l e s tro"i s ph o t o typ e s dest inés mu: tJ:rages photogra­ phiques en trois (' ouleurs. Le 29 août 18D6, aprè'S avo i r p erfedionné SOl! appare i l de chronophologra­ r h i e , il prend le brevet n ° 25n.39D: .'Voul'clles c o m b inaisons d'optique supprimant

radicalement toute intermittencc dans l'éclaire m ent des tableau;I; ph otograph { . q u e s dits mouvementés (clt ronoph otograplde) ct permettant de réduire considé­ ra b lement le nombre des éprcuves constitutives. L'année 1 896 voit l e retour à Paris de l a fami l l e Dur o s du H auron. L e 6 mars 18!)7, l 'i nventeur- dépose a u Tribu n a l d e C O lmneree de l a Seine, pui s prend, l e 26 octobre, un brevet n ° 271. 7 0 '1 �ur : Le eh romowrapll oscope - A ppareil eh romo­

yraphi que e t ehrom oscopique, t r i p l e o u m u l ti ple, facultativement s t éréoscopique. "osé sur l'emploi coml)i�é de m i r o irs or d in a i r c s l'l de réflecteurs transparents, plus ,spécia lem en t Ile réflecle urs J!e l l i (' u l a i r e s . Le Inrll\ e breve t l' omprend une b o Ue semblable servant d'anncxc (' n l ' // (' de proj('ction de l'image s!lnthétiqu,� (p'ec un puissant éclairage fourni par u n e S O Ul'('C l umin e u s e nniq71 c c t n o n triple nont les rayons sc partag ent d'a b ord en Irois fa i s e ( ' a u:r dis tincts pour fusionner ensuite. Le 16 mai 18n9, l e Mélanoch rornosco}il' e�t l 'ohj et du brevet 11 0 288. 8 7 0. C'est appare i l de stiné il reproduire s i multanément l e s t.ro i s e 1 i c h l� s négat i f s pour ! : I photograp h i e des couleur s ; i l sert également il la v i s i o n synthétique des cou­ leun.

lln

Le 3 m a i 1n oo, Ducos dépose au Tribunal de Commerce de P ar i s des p la ­ qu es, pellicules ou ca-rtcs colorées fournissant, par l'action de la lumière e t par 1 1 /1 simple lavage Il l'cau, des images, soit d'une teinte unique, soit polychromes, Le 27 avr i l 1901, l e brevet n° 810.344 est pri s pour le Chromoscope, appa­ T'('i! à voir l a synthèse des c ouleurs, sans être assuj etti à mettre l'œi l dans un

oculaire. Toute une assemblée peut ainsi jouir du spectacle en même temps. A p artir de ceUe époque, l'activité de Duco s du H auron se limite à la m i se p o i nt, avec son neveu Raymond de Bercego l , i nventeur du Sinnox, et Jougla, des p laques {( Omnicolore s » ayant pour obj e t l a reproduction de toutes l e s cou­ I ('urs de la nature. CeUe a p p l i c a t i o n ava i t été prévue et d'ai lleurs décrite dans s o n hrevet de 186l). La fusi o n de l a Soci été Joug l a avec c e l l e des frères Lumière, l'ahri quant le s p laques {( Autochromes )) m:i t fia aux {( Omnicolores )) ! L'anéan­ t i ssement des espoirs que Duco s ava i t fondés sur cette exploitation ajouta une (Tuel l e déception à c e l l e s déj à sub i e s e t marque l a fi n des travaux de l ' i l lustre savan t. "

:m


- 375 Si Ducos du H auron a pu sub i r tant de débo i res sans perdre sa genti llesse, c'est grâce à l a douce chal eur sentimentale qui régna i t dans sa fam i l l e , parmi laquelle il a touj ours vécu et qui l'a si tendrement soutenu tout au l ong de sa vie. C'est grâce à son frère Alride qu' i l a pu continuer ses recherches, caI" l'ar ­ gent néc e ssaire à s e s travaux éta i t prélevé sur le trai tement peu élevé du ma­ gi strat qui, à ses heures de l o i sir, a i da i t le savant dans l a ron c ! ruction de ses appare i l s ; il a même pub l i é un l i vre exp l i quant l'ensemble G r' l'œuvre de l'in­ venteur p l . D'une sobri été ascéti que, Lou i s Ducos d u H auron passa tout e son exi stence au-dessus des hommes . Ceux-ci, du m o i n s j usqu'en 1 89 7 , ne s'oc c upèren t gw\re de lui, regardant ses i nventions comme des c ho s e s d'un autre monde. V i s i onna i re de gén i e , i l a pourtant été en avanr e de près d'un dem i - si ècle et OH ro mpre n i a l ors le déséqui libre provoqué par la volonté de faire accomplir un trava i l par des machines i nadapté e s et rétrogrades. Mais, étant donné l a nouveauté e t la be auté d e s épreuve s présentée�, s' i l n e reçut point de commandes O u d'offres d'exploitation, l e s Exposi tions de 1 878, 1 889 e t 1 892 lui valurent cependant des méda i l l e s et des diplômes. En 1 8!) 7 , la S oc i é té Française de Photograph i e lui attribue la médaille Janssen et, en jui llet 1 89 7 , la Société d'encouragement pour l'Industrie le prix G i ffard. En 1 89 9 , i l obti ent l e s Palmes académi que s ; p u i s l'Ar adém i e des Seience s l u i o c tro i e le pri x Trémont, tandi s que la Société Roya l e de P llOtographie de Grande-Bretagne lui décerne l a grande médai l l e d'or. En 1 noo, l'Expo s i t i o n de Turin lui nmt la Croix de -la Légion d'Honneur e t en 1 9 1 2 il est nommé Cheval ier de l a Légion d'Hon� !leur. Le gouvernement lui a l l oue enfI n une subvent ion a nnue lle ne J .200 francs. A cette époque et depui s le début du s i ù c l e , la fa m i l le Duc o s nu H auron s'est i nstallée à Savigny-sur-Orge, au 1 4 rue de B o ssay, dans la m n i son qui eIl­ t oure sur tro i s côtés l'anci enne poste. Mais l e 13 mai 1 9 09, l e Consei ller honora i r e il la Cour d'Appe l d'Alger meurt, SU l vi l e 25 mars 1 9 1. 2 par son fils Gaston : cette double séparati on lui fut par­ ti culièrement eruelle. Peu après, la veuve d'Alcide qui t t e à son tour S a v i gny pour retourner vivre à Agen. Au debut de l a Grande Guerre, sur son appe l, i l ira l a rej o indre, et c ' e s t d a n s ce p a y s q u e , l e 3 1 a o û t 1 920, i l q u i t t a notre monde, en­ touré de sa fam i l l e e t de ses deux grands ami s : Antoine Balistaï r i Jean-Baptiste Làcroix, tous deux photographe s . De toutes ses inventi ons, troi s trouvent aujourd'hui un essor digne d'eIle s : l a chronophotograph i e, l a sélection d e s couleurs a u moyen d e fi ltres e t J' impres­ s ion des gravure s colori é e s qui a perm i s une vulgari sation form i dable e t néces­ saire de tous l e s chefs-d'œuvre. Ducos du H auron, méconnu de son vivant, quel­ quefo i s dédai gné et souvent exploité, a ainsi fai t faire d'énormes progrès à de s i ndustr i e s qui occupent à J'heure présente une place de prem i e r p lan. Le Syndi­ cat d'In i t i atives de Savigny-sur-Orge ne pouva i t pas l'oub l i e r !

(7) D u c o s Dl' HAU RO'i (Alcide ) , La TripUce photographique des couleurs et l'impri­ merie - Système de photochromographie L ouis Ducos du H au ro n (Paris, Gauthier-Yillars, . 488 pages in-12° ) .


LES BRETONS EN B A N LlEUE S UD

AU

B ilAS

LA

DUCHESSE

DE

B H ETAGNE, M " e

IlU Sn'I PATHIQUE D É PUTÉ-MAi n E

DE

'l'JGIER

VJLLEN E U VE-LE-ROJ, M . CARTI E R

LE PARD O N BRETON

DE VILLENEUVE - LE - ROI Par PAUL CSERY

D

E

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tous les groupes de provinciaux implantés en I 1e-de- France, celui des Bretons de V illeneuve-le-Roi occupe certainement une place de premier plan tant par son importance que par l'am­ pleur de ses manifestations folkloriques. Qui ne connaît, en effet, le Pardon fondé en 1 925 par le barde Léonick Le Boucher, né à Quimper en 1 887 et mort à Villeneuve­ le-Roi en 1 93 1 ? Jusqu'à cette date, ce fut une très belle fête réunissant la presque totalité des· B re­ tons de la Commune et des environs. Par la suite, elle perdit une partie de son inté­ rêt ;. et certains groupements politiques lui trouvant sans doute un caractère trop re­ ligieux, elle fut même réorganisée en 1935 avec la participation des B retons Emanci­ pés, sous la présidence d'honneur de M . Marcel Cachin. En cette année 1 950, la fête des Bretons Emancipés a eu lieu comme d'habitude. Mais un véritable Pardon s 'est également déroulé le dimanche 25 j uin avec le con­ cours de toutes les sociétés locales.

Dès dix heures, un cortège avec M . Car­ tier, député-maire, et les sociétés bretonnes : Wessergeder, Evel, Breiz Breiz, avec leurs binious et leurs bombardes, les sociétés sportives et les Bretons de l.a Commune, revêtus de leurs riches vêtements brodés, alla recevoir à la gare la Duchesse de Bre­ tagne, M " e Tigier, et ses demoiselles d'hon­ neur. Ce fut ensuite le défilé, puis la grand' messe bretonne dite par un prêtre breton. Auparavant, une délégation se rendit au cimetière pour honorer la mémoire de Léo­ nick Le Boucher, fondateur du Pardon. L 'après-midi, place S oupanet, les nOm­ breux spectateurs assistèrent à des luttes bretonnes, à des chants et à des danses évocateurs du « pays ». Une grande ker­ messe suivie d'un bal de nuit termina · la j ournée. Le succès de ce Pardon est de bon augure pour celui de 1 95 1 , mais il serait souhaita­ ble que la politique ne soit désormais plus mêlée à des manifestations purement fol­ kloriques.


.ATHIS-MONS DEVIENDRA-T-IL LE

(l

LO U RDES "

D E LA BAN LIEUE PARISIENNE

L A VIERGE MIRACULEUSE D'ATHIS-MONS Par LoCIS BIlUNEL

----- 0 �----

T H I S-�IO NS va-t-i l f a I re COill' urrenc e aux c (\ I Mm:� s sn ncfu a i r e s de FrallC 8 où l a V i erge e s t l'obj e t d'un c u l t e particul i e r ? On ne saur a i t encore l e d i r e . �Ia i s on p e u t d'ores e t déjà affirmer q u e sa réput a t i o n e s t fortement ébranlée, c a r l'année 1 9 5 0 s'est, en e ffe t , a (' hevée sans que l a « sour�e m iraru­ l euse » j a i l l i sse - comme i l l'ava i t é t é préd i t - sous l e s pieds d e · Notre-Dame d e l a Maternité, De p lus, les Auto r i t é s E c c l é s i a s t i ques onl adopté il l ' égard de ce nouveau c u l t e Ull e posi t i on nettement défavorab l e fort suscepti b l e de mettre un terme a ux démonstr a t i ons dont l a st atue, jusqu'alors, a été l 'obj e t.

A

En reprenan t quel ques-uns d e " événements « mystéri eux )) q u i sont à l'or i ­ gi ne de c e p è l e r i nage, notre but n'est pas d e pré senter à nos l ecteurs un art i c l e à sensa t i o n o lt l e p i t t oresque se mNera i t il l ' i nexaetitude, mai s si mplement d e mettre entre l e u r s m a i n s tout e s l e s données d'une « a ffa i r e » qu' i l s j ugeronL comme bon leur semblera e t dont - il faut b i en l ' avouer - nous attendons avec quelque curi o s i t é les développement s f u t urs.

LES MESSAGES MEDIUMNIQUES DE Mmo DEBORT ET SES E NTRETIENS AVEC LES « INV I S I B LES » Sur l e s coteaux dorn i nnnt la c onfl uence d e l a S e i n e e t de l 'Orge, plus pré­ c i sément au v i e]Jx v i l lage de Mons ( 1 ) , existe une splendide propr i é t é , l e « C l o s Dagobert » , o ù demeure depu i s b i en l ongtemps u n e fam i l l e de négoc i ants � n vi ande, l es Debort. Jusqu'au printemps 1 9 i3, r i en d'extraordinaire ne se passa dan s ce foyer à tant de foyers franç a i s ... S i ce n' e s t que M m e Yvonne-Mari e ­ Lou i se DEBoRT, née Hédi ard l e 28 octobre 1 8 9 4 , soufl'ra i t depu i s plusi eurs année s d'une grave malad i e de cœur. qui ressemb l a i t

(1)

P e tit hameau dépendant autrefois du villagc d'Athi s-sur-O rge .


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I l c on v i ent pourtant de souli gner que, l a maladie a igu i s ant sans doute sa sensib i l i té , elle possédait depu i s 1 9 4 0 l e pouv o i r d'obten i r des « messages » mé­ diumniques. M n" Debort a v a i t , en efi'et, avec l e s Invi sibles des entre l i ens cons­ tants ; elle fai s a i t préc éder ses « Demandes » d'« Evocations » , dont nous donnons e i - a TH'(' :'; un exemple, et, le lendema i n m a t i n , poussée par u n e force i n connue, elle s'asBey a i t devant une table et écrivait i nconsciemment l a réponse aux qU€S­ tions posées l a vei I l e . Voi c i l e te x te d ' u n e D e m a n d e de M e s �age qu'e l le adre �sa l e d illl a n c h e 2 ·i m a i 1 9 4 2 , j o u r de l a Pcntec ùte : « J) ieu To u t-Puissant, So urce de vie et de lumière éternelle. accm-Ile Il mes enfan ts, g l'O nds e t petits, Il mon bon eompagnon c t à 1IIOi-'mêTll c, la santé, la pers évérance, la l'url/préh ension de nos d e v oirs envers les ê tres s o uffrant sur la TerrI! . . « J) onne aU.J: Esprits imparfaits qui sont dans l'Espace le j'cpcnt ir de leurs faut es et le désir de s 'améliore1' p()u r- jouir de Ta belle lumière ... « A ux Esp1'its de ma famille qu i nous entoU1'ent accorde lcs g râces néces­ saires pota qu'ils arrivent Il unc me,illeure é vo lution, e t qu'ils pu issent nous faire sen/il' leu1' b onne influence et nous encourage1' à mieux fŒire . « Accorde à la France, notre beau Pays, la Paix e t la prospérité; que tous les h o mmes aient unI' pensée eom'mune : LE BIEN DES A U TBES, au lieu de vivre en égoïstes, c o mnw c'est le cas actuellement. « Mon Dieu, par les m érites de Votre divin Fils, notre bon Gùide, B édempte ur du monde, je Vous demande de me m ettre dans les dispositions nécessaires pour acquérir les grâces qui me sont indispensa bles afin d'arriver à être utile à une portion de l'humanité souffrante . « J'ai le g ra nd désir d'être guérisseuse, mais je sens que je ne m e ts pas assez rl'an[eul' à v o us demande!' d'cxauee1' ce désir; mes mérites sont b ien min- . ces; je suis pleine de mau mises pensées e t de défauts; aidez-moi à ê tre meil­ leure, à rendre se/'"iee. " D onnez-moi la patiencp, la douleur, la charité, la foi, la confiance' en l'avenir. « Bénissez,-nous tous. Rendez-nous meilleurs . Mettez en nos âmes le désir de mieux faim E T DE BlEN VO US SEB V/[{ (2) . »

Mai s là s'arrêt a ient l e s dons de M me Debort... quand, i mprévue, la grâce di­ vine se posa sur elle.

LA GRACE DIVINE SE POSE SUR Mme DEBORT PIn une b e l l e j ournée du printemps 1 9 4 3 , se promenant au fond de son jardin tout en fl e urs, elle vit l a Vi erge apparaître. Bouleversée par ce « miracle » , e l le s e crut tout d'abord l'obj et ([une i l lusion, que l a Sai nte dissipa, lui annon­ çant qu' e l l e la pren a i t avec l e s s i e n s sous sa protection e t qu' e l l e l'av a i t choisie pour être l ' interprète de sa volonté.

(2) Les " Evocation � )) écrites par M me Debort pour ses demandes de Messages ont été pubUées sans retouche avec l'autorisation de MM. D ebort père et fils, qui les ont l econnues exactes et conformes au manuscrit original (cf. : note 1 0) . L'éditeur fait remarquer : " A eux seu ls, ces documents portent la marque du phé­ nomène médiumnique. L'Ecriture haute, ici, trépidante, spontanée, sera là, minu scule, lJosée et comme réfléchie. lei, les mots tiennent des moitiés de page ; là, ils s()nt réduits à des proportions infinies. De larg es paraphes zèbrent le texte, comme si la main d'un. Invisible voulait donner une signature . »


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Et cette suave Apparition se répéta quinze j ours de suite ... Mn" Debort dou­ t a i t po urtant de ses sens. Peul-être même n'en eut- e l l e jamai s parlé, si, un matin, SOIl mari ne lui eût di t : « J e n e sais ce qui se passe, mais, depuis deux

nuits, je suis pUlI l'slI i vi par lin rêve qui se répète plus de ving t fois chaque nuit: JE VOlS, AU POND n o JAR DI.V, UNE S TA T UE REPRESEN TAS T LA V/ElUlE il VEC L'ENFA N T JES US s un SES GE.VO UX . . . Une foule se pt'esse a u ­ tour de cette d i l'ine ('ffiy ie . . . ( 1 0) » . Alors, L' onv a i ncue de Il' avoir p a s é té v i c t i lll e d'une h a l l uc i nation provoquée par l a m a l a d i e, M m e Debort p a r l a de sa v i s i on, pui s d é c i d a , d a n s sa reconnais­ sance, de faire édifier c ette statue. Mais où ( l"Ouver un a r l i s l e capable d'exécuter une telle œUyTe '? Ils n'eurent heureusement pas à le L'herc her. Lui-même, sans dout e c ondui t par l e Destin, apparut à son tour . . . Mme Debort lui confia son secret et, sur l e s conse i l s de la V i erge, laissa fe sculpteur Baum e l p. son i nsp i r a t i on. Quelque ( emps plus tard, c e l u i -ci soum i t une maquette dans l aque l l e , déj à fam i l i ar i s é avec l e m i ra c l e , M . Emi le Debort reconnut aussi t ùt la Sai nte M è r e de Jésus, tclle qu'il l'avait vue

en rê v e .'

ERECTION ET BENEDICTION DE LA « VIERGE MIRACULEUSE » Peu a pl'(' s , l a s t a tue s' P 1 e v a i t entre les pêcher,;; c t l e s poiriers du « C l o s Dagobert » , et, dans le rourant du printemps 1 94 4 , M . l ' abbé Laurent, curé d'Athi s­ Mons, vint l a hénir à la demande de la fam i l l e Dehort. On ne peut trouver m e i ll eure descri p t i o n de ' c e tte œUHe d' art que c e l l e pub l i é e d a n s l a Croi.T de Seine-et-Oise p a r l ' a b b é Emile Baudet, a lors curé­ doyen de Juvi sy- sur-Orge et présentement v i c a ire-général auprès de Mgr l'Evêque de Versa i ll e s (3 ) : « Alors que nous éI'oq uions les h eures angoissantes du bombardement qui avait anéanti la moitié d'une cité banlieusarde, le b on c t dévoué curé (d'Athi s·­ Mons) me raconta la foi inébmnla b le, toute empreint!) de mysticisme d'un de ses par(rissicns (l lii m.' ait co nfié sa mais on, ses enfants e t ses petits- enfants à la Sainte Vierg e . ' « Nou s alLâmes l /l i faire ?:Ïsitl' elt je me trouvai en présence d'un brave e t eXl'ellent homme, au l'l'fjord franc e t qui n'a L'ait, l'ertes, rien d'un mys tiqu e, bien au c on traire ... « - Tl para î t, lui dis-je, que vous avez été providentiellement protégé du­ rant les b ombardements ( 4 ) , « Le b oucher - c'était son m étier (à Versa i lles) - gardant son air jovial, nous fit part de sa confiance totale en la Sainte Vierg e . Il nous dû c e la lc pilis s implement d u monde, comme au tl'cfois le ecnturion de l'Evangile q ll e Jésus fé­ licita, ou la chananéenne qui insistait près du Sauveur. « Puis il nous invit d à venir voir une s tatu'e de la Vierg e qu'il fit selllpt.er dans un bloc de pierre par u n véritable artis te e t qu'il plaça au fond de son jardin lim itroph e d'un fJmnd champ d'avia tion ...

(3) 843, (4) de celle

lIO

La Croix de Seine-et-Oise (H eb d oma d a i re d'Information e t d'Action Catholique , du dimanche 25 avril 1 948 ) . L e bru it a couru que « le s maisons des e nt;irons furent démolies à l'exception de M. Debort » . En réalité, aucun e maison n'a 'été touchée dans c e quartier .


- 380 « Nous approch ons de la s tatue qui m'apparut assez orillinalc : Une Vierge, jeune, vêtue à l'orientale, assise sur un tabouret d e mêm e style . [_ 'Enfant Jésus étai t couché, à la façon tn:s na turelle des t ou t petits, sur les genou:r: dc sa mère . « Cc n'était pas une sedes sapi entiœ classique avec Jésus assis en majesté, comme sur un trône . Marie élait là dans l'attitude: de l o u / es les mamans de la terre . Son divin Enfant é t endu sur ses genoux, elle seTnblail deJ'enuc, en cet ensemble pie ux, comm e Caute/ . vivant de nnearnat i()n. Les mains jointes. en effet, la tête inclinée vers son d ivin Fils, la Vierg e adorait, com m e le fon t les prêtres à la Messc après la Consécration. « Sur le socle, on avait gravé en lettres d'or: « Nolrc-Dame de la Maternité, Pa t ronne des mèrcs dc France, R e ine des mères de l'uni v!'rs ( 4 ) . » La niche où se t rouvait la s tatue avaü l/aspcc( . d 'un e (' oupole dc J'crre c l au-dessus de l a Vier'ge, sur c e v it rail d e forme si Ol'igina/e, une colombe déployait ses ailes, s y m b o lisant l'Espri t-Saint couvrant le t o u t de son ombr'c di vinement lumineuse. - Mat in e t soir, me dit l'ho mme à la foi sans nuage, si c onfiant en Marie, matin ct soir je viens fair'e ma prière il la Vier'ge dans cc jardin flcuri.

E t quelle touchante prière : ' Reine de toutes lcs flpurs, à loi j e m'adresse. Vers toi je penche mon cœur. Vers t o i s'envole ma pensée la plus belle. Reçois-la. Accepte l e don de tout le meilleur d e moi-même. 0 Marie très charitable, ton enfant se prosterne à tes pieds et demande que ta main douce et parfumée sur ma tête s'attarde pour la Paix. Que l 'Anrour soit en JUon esprit ; que mon cœur soit tout plein de vous. 0 Mère de tous les enfants célestes, j e te promets que la charité sera mon souci envers tous les plus p etits que moi, pour mériter ton sourire et l a douceur de vivre un j our dans ton auréole de lumière. Reine du monde, Reine des fleurs, Reine céleste, j e t e salue pour ta beauté, pour ton a mour, pour l a divinc maternité (6) . El l'I1corl' :

Je viens à vous, bonne Mère, plein d'espoir et de confiance. Je vous cn sup plie, faites refleurir la Joie de mon cœur en l'obtenant de votre Fils bien-aimé. Qu'il permette qu e le rayon de soleil qu'il nons a accordé la grâce de faire luire dans nos vies, brille à nouveau de tout son éclat e n nos àmes ... ( 6 ) . « A ces accents pieu.x, jaiUis d'nn c œ nr sincère et droit, je ne m 'ét onnais plus de la pro tection de Dieu ... »

LE PREMIER

({

M I RACLE' lt

M me Deborl quitta c c monde le 30 décembre 1 9 4 3 . Ses « voix » l'avai e n t avertie, quelques j o u r s auparavant, q u e ses « souffrances seraicnt bientôt fi­ nies . . . » . Elles ne lui avaient point menti ! Ses voix l u i avai ent aussi promi s que de nombreuses guérisons serai ent obtenues en ce l i eu. Et, en effet, « l e premier miracle se produisit, instantané, imprévisible, sur une pc:ti 1 e · fille Cécile Bertrand, demeurant 37, rue P aul·-

( 5 ) L e s noms qui glorifi ent la stalue " ont été donnés à M m , D e bort par l'A pparilion Elle-même ; ils sont, paraît-il, unique s dans le Panégyrique e t la llagiographie Catho­ liqu e » ( 1 0) . ( 6 ) Ces deux prières, a;nsi que la photographie de la Vierge, sont reproduitès sur une carte vendue par M . Debort aux pèlerins. La deuxièm e prière se termine par ces R endez la santé à notre cher mots : Protégez-nous e t rendez-nous dignes «

de votre protection. »

• . , . . . . . . . . . .


- 38 1 Cavaré à Rosny- sous-B o i s .

-

, à laquelle on devait faire des hanches d'arg ent,

'et qui fu t g u érie pour av oir été conduite auprès de la source de toutes les grâces ( 1 0 )

».

LA VU:HGE :\lm ACl'LEli " E

/ ) ' ATHIS-MoNS

Depu i s c e moment, « les grâces se mu ltiplient, des vœu:c sont exaucés, des malades guéris, dcs cœurs c o m blés ... Car, si depuis quelques mois des foules sans cesse plus nombreuses m ontent jusqu'à ce haut lieu comme à un pèlerinage, c'est qu'il irradie de eette figura tion de l'Amour des e ffluves d'une. t e lle p uis­ sance que quiconqu e s 'en appro e h e en est imprégné, encouragé, soutenu, soulagé ou guéri ( 1 0) » .

LA CAMPAGNE D E PRESSE I l est é v i dent qu'une parei l l e « révélation » ne pouvai t garde r . longtemps le caractère c l intime » qu'el l e eut à son origine ... D'ai l leurs, le M a î tre n'a-t-i l pas dit qu' « une lumière ne doit pas ê tre t en ue sous l e b oisseau » ! Et c'est pourquoi , « malgré le pi e ux silence de l a famille Deb ort, d e s faits, indépendants d e leur volonté, . ouvrirent une brêche dans ce silernce ... ( 1 0) » . ,


- 382 -

C'est a lors que l a Grande Presse, avec un ensemble vraiment surprenant, s'empara de leur « secret " , au cours de l'été e t de l'automne 1 950, et d i ffusa l ' étonnant e nouvelle il traVeI\S l e monde, .i nsistant particuli èrement sur l e fai t (lue, peu de tem p s avant la mort. de M"" Debort, l'Apparition lui ava i t prédi t ' qu u n e « s o u r c e m i raculeuse " j a i l l i ra i t il l' ô t é de l a statue. Pour permettre il nos l e c teurs de voir l' omment <: e déta i l a été monté en épi ngl e, nous jugeons u t i l e de repro duire in e.r tenso l'arti rle que l'hebdomadaire Prancc-Dirnanc h e lui a (' onsalTé l e 5 a o ù t H J 5 0 s o u s l e ti tre « Le B o u c h c r d'Athis­ Mons : mon ja rd in s(' /'a u n nuu l'e� u Lourdes " : « L'an dernicr, une nappe d'cau souie/'ra ine a vait été décelée dans le fond du jardin de :\J. ]) e fi ort. il troÎs mèlres de pl'ofondeur. Mystérieuse ment, l'eau s'est mise il m ()nlcr '"'crs la s u rfllce, cers la lumière . Aujourd'hui, e ll e n'est plus qu'à 1 nt . .'iO d u s o c le de la Vie'rg e . Un jour v icndra où elle coulera il flots. « Un jour v iendra peu t-être o ù de,s incura b les se plongeront dans l'Ctte source, m ilie u des li1'ières des fidèles, de vant les béquille.s e t les voiturl's de paraly­ tiques laissées en ex-voto par les m iraculés ...

ŒU

« La réputation de .Vo tre-Dame d e la Maternité commence il se, rIJpandre . Les journaux n'en ont cncrn'e g u ère parlé, mais tous ceux q u i souffrent repren­ nent espo ir c t se rendent il A this-Jl uns . Ils disent lcs pr'ières dictées il la vision-· naire ( 6 ) . Ils t'uient dans l'eau dont le niceau continue mys térieusement cl monler la justification de leur foi e t attendent sans impatienci'. le j o u r où elle viendra bai!lnc1' leurs plaies et leurs douleurs, just ifiant leul' immense espémnc e . ))

M M. Debort père et fi l s avai ent cru pouvoi r affirmer que l'eau sourdrai t en décembre 1 9 50 et i l s avaient même prévu à c ette o c c a si on l a convocation de personna l i t é s scientifiques de toutes les opinions pour leur demander de se pro­ nonc er en toute obj ectivité. - Si les m iracles doivent sc produire quand la s ource jaillira, aj outa i ent-i ls_ son aecès sera possible Il . tous les malades, quelles que soient leurs croyances ... A l'heure actuelle, printemps 1 9 5 1 , l e s fleurs, l e s feui l l e s" les o i seaux, le sole i l ont déj à fait leur réappar i t i oIl ... Seule l'eau souterrai n e se refuse obstiné­ ment à voir le j our ... tout au moins par ses propres moyens.

QU'EN PENSE M. LE CURE D'ATHI S-MONS ? Dam; s o n numéro du 2 5 aoùt 1 9 50 ( ;'i 0 308 - 5" Année ) , Le Répub licain, sous la plume de M . Marius Boulland, ava i t affirmé en ces termes que M. l e Curé d 'Athi s-Mons « n'y croyait paS » : « Seul ( o u il peu près ) de, toute la reg ton, l'a b b é Laurent, qui devrait se trouvet' pourtant parmi les pl'incipaux intéressés, manifeste cl l'égard des appa1'i-· ti ons du « Clos Dago b ert » un certain scepticisme, bien qu'il tienne iYI. D e b ort pour un excellent paroissien. Il attend avec s érfnité les résultats de l'enquête (de l'Evêehé) ; mais, dès maintenant, il tient M.. SA BY - il s'agi t du c é l èbre médium Edouard Saby pour l'instigateur de l'affaire . M.ême l e jaillissement de la s ource, impatiemment attendu par JI. D e b ort, ne lui paraîtrait pas plus pro bant. C'est que l'a b b é Laurent est un disciple de Saint Th omas : se trouvant il Baurain au moment des apparitions, il continue de croire à une « im;cntion hôte lière » malgré l'avis favo rable de l'épiscopat, devant lequel il s'est néanmoins incliné ... » -


- 38 3 -

Une semaine apr{\ s, au num même d e la vél' i t é que l 'on doit l'abbé Laurent répondit par c ette Mise au point ( i ) :

au

lec t e u r, M .

« En réalité, personne ne: peut affirmer s i fil crois ou s t J e n'y crois pas. Je n'ai encore, D n e ffet, sw' cette affaire aucune opi n i o n arrê tée. Je me contente de voir et !l'écouter. J'a t t e nds . »

Abordant ensui te l e prob lème des « gU!\ ri solls m i ra c u l eu se s » , i l poursui t : « Pour l'instant, per's onne n e pcu t c n c i / el' u n e s e u l e (J u i s o i t au t h en t i q u e m en t reconnue . Chacun sait qu'en cc domaine l'église l's i d'une e.c t rê m e pl'tul e n c e . Cela di t, l'on c o mpl'endra a isément p o /(J'{J u o i de m on c ôt (> j e n l!: ma intiens da ns une p r ude n t c réserve, réserve que l'o l o n l iers certains r'rpol'tages tradu isent par « scepticism e » ou « incrédulité » , ta/ulis que !l 'au lres Il vanceront n o n m o i n s volontiers c t tout auss i téméraireJ/Len t q u e je n ' h ésite pas il en l' oyer des « c l i e n ts » nu « Clos Dag o bert » . '

Mgr L'EVEQUE I NTERDIT CE NOUVEAU CULTE Le moins qU'on pubse dire e st que M. l 'abbé Laurent , i m i tant en c ette o c ­ c a s ion, de n o t r e c é l èbre l'one i toyen Conrart, l e « s i lenc e prudent » , av ait eu par­ fai tement rai son d'attendre les événements. Car l e Conse i l d e VLgi lance d e l'Evêr h é de Versa i l l e s , réuni l e Hl décembre 1 9 5 0 « pour étudier les faits qui se seraient déroulés à A this-Mons dans la pro­ priété d e ;lI. D e b ort. au s u j e t d'une statue, dite de Notre-Dame de la Maternité qu i s'y trouve érigée » , conclut purement et .simpl ement que, « les origines e t le s entou1'S de ('c t t e affaire é t a n t indéniablement mêl és d'éléments spirites, S o n Ex('ellence Monseigneur l'Evêque de Versailles interdit formellemen t à tous les ca t h o liques une participation quelconque au culte de celte s tatue e t il toutes manifestations organisées en sa fa v e u l (8) . )) '

LA FONDATION DU « FOYER SPIRITUEL D'ATH IS-MONS » On pourrai t croire que la réprobation de l 'Egl i s e m i t fin aux démonstrations qui s'étai ent dérou l é e s jusqu'à c e j our à Ath i s-Mons. Or il n'en fut r i en, et, per­ suadés que leur propri été donnera i t un j our nai ssanc e à une véritable métropole de la Foi, MM. Debort, entourés de « quelques h ommes de b onne volonté )) , déc i­ dèrent « de sc constituer cn Comité afin ,de donner à c e l t e Œuvre de foi e t d'hu ­ manit é les m oyens néeessa.ires à son rayonnement ( 1 0) . )) C'est ainsi que naqui t le

FOl/er'

Spiri t u e l d'Ath is-Mons qui fut i nauguré l e

6 , j anvier 1 9 5 1 « s o u s l a clarté d'un c i e l aimable c t les fe ux conjugués de la télé­

v'i sion c t du cinéma, en pl'ésenee d e croyants s i ncè res, de presque tou tes les reli­ gions, c t de sceptiques conl'u.ineus, de presque toutes les éco les (9 ) . )) Au cours de cette réun i on, M . Edouard Saby, prési dent du Foye r , et M . Debort firent un ex­ posé des faits que nous avons c i-dessus relatés ; et Mme �Iarcelle C apy, femme de lettres, l ança de c e « haut l i eu )) un message il l'univers. Quelques m i raeu l é s ,

( 7 ) L e R épublicain, n ° 3 09 du 1 er septembre 1 9 5 0. (8) La Croix de Seine-et-Oise, décembre 1 9 5 0.

(9) Le R épublicain,

janvier

1951.


- 384 -

dont l a p e t i le Bertrand, v i nrent ensu i t e apporter leur témo ignage, et tout fin i t, comme tant de choses en Franc e , pal' un v i n d'honneur. Que l s sont les buts d e c e Comité d'A c / i u n ? La réponse à ,c ette importante questi on nous e s t donnée à l a page 42 d'une brochure pub l i é e p al' l e s soins du Foyer e t vendue aux pèlerins pour la « modi que )) somme d e 30n francs ( 1 0 ) : 1 ° Informer la J>n'sse française et étrangl're des faits oh t e Ilus ;

2 0 Attirer l'attention des Institutions re ligieuses, l aïques, scientifiques, sur ces f 1 it s ; 3 0 Publier les

" C om munications

pt

n

«

:\ressages

n

reçus

p ar

Mme Debort ;

4 0 Fonder un C e ntre a'A ccueil p O U l' l e s p ersonnes habitant la Province et l ' Etranger ; 5 0 Organiser des manifestations publ iques l1enéfi c e de c e s gre/ c e s s pirituel les ;

pour a p p eler

] p p lus grand nombre au

60 Faire' face aux frais entraînés p ar ces diverses manifest ations ; 7 0 S'inspirer, dans tout e s leurs actions, d u VŒU d e l\pne Debort, c t faire J OLIs l e u rs efforts p our le réal ' ser : R ép andre s u r la terre l e s lii e nfaits cle Dieu, et éclairer l e s 1'1 l' C S qui v iendront demander s e c o u rs e t assis/an c e . ' Ajoutons qu' " u n Conseil d e Méde cins e,( to nn é }J o u r l ' é t u de ri,e ras r('[el'an l ri e leur s cie n c e n .

le Comité s'est vu dans Deyant l ' afflux des v i s i t eur,.; M . Debort liLI'il l'obli gat i on d'ordoIlner les V i s i te s de l a façon suivante : les LUNDI, JEUDI et SAME DI, de j 3 heures à 20 b eures (à l'exeeption des j ours d'Automne et d'H iver, où les v i s i t e � wnt suspendues dè", l e coucher du s o l e i l ) . M a i s, direz-vous, c omment se rendre au C l os Dagobert ( 1 Î , Hue Dagobert à Athi s-Mons) '? H i e n de p l,us simple, à condi tion de suivre il la l ettre l e s conse i l s d u Comité q u i n' a , c omme o n e n peut j uger, rien l a i ssé a u h a sard : -

De

PARTS,

prendre

le

train

à

la

gare

d'Orsay,

de

S a int-Michel

ou

d'L\u�Le[' l itz .

Le traj et se fait en 20 minutes. D 'ATHIS-MONS, prendre le sentier en face la gare, tourner J. droite sur la route de ciment, p u ; s prendre la eôte, entre le 1 07 - 1 09 , Grande Rue, il Mons. Du rée de traj e t : 1 0 minutes.

NOTRE VIS ITE A M. DEBORT I I va de ,",oi tIUe l ' a u t eur de c e s l i gnes a fa i t v i si t e à M . Debort e t à l a V i erge, seulement p a r s i m p l e souc i d'obj e d i v i té, m a i s peut-être a u s s i p o u r éprouver l'exc e l l ence de l a théra p e u t i que d'A t h i s-Mons, car chacun sait qu' i l marche eIl­ cvre péniblemenL avec deux cannes. I l fera grâc e a u lect eur d e la description gt\néra l e des l i eux p our Il e r e t e ni r q u e , d e rri ère une s p l endi de m a i son en meul i ères, s'étend un v a s t e verger a u m i ­ l i eu duqu e l un l o n g ruban de ciment, de 2 0 0 mètres environ. condui t à la statue anondamment fl euri e . P e u de m o n d e a u Fuycr Spirituel, hors tro i s femmes vêtues de noir qui, s accessivement, s e signent e t présentent l a paume des m a i ns, t out en marmot­ tant les prières d e la v i si onna i r e . A quelques m è t r e s de l à , l e regard e s t tout de sui t e a ttiré p a r une l arge i n script i on : TEMOIGNAGES ET DOCUMENTS, p e inte en gros caractère s sur l a façade d'une m a i sonnette, réc emment construi t e a u fond d u j ardin. A l ' i ntéri e ur, l e p è l e r i n trouve tout ce qu' i l faut pour écrire ; un Livrc rie Tém oignages est même t enll à sa d i sposi ti on dans l e cas où il aura i t un « témoignage )) à donner... non

( 1 0 ) SABY (Edouard ) ,

Vitiano, 1 9 5 1 ,

in-8 ° ,

48

La pages

Vierge

miraculeus e

d'A this-Mons

et deux illustrations ) .

(Paris.

.éditiolls

Jean


- 3 85 Sur l e ch e m i n du r e t o u r nous a v o n s l' i n :o: i gn e h O H n e u r de r e n c o nt rer M. Debart qui s'e n q u i e rt a u s � i tàt ---:- et pour c a u s e - de n o t r e s a n l é e t demande, s i, a rr! ve a un8 qui Il z a i n e d e m è t r e s d e l a s t a t u e , n o u s n ' a y o n s p a s res s e n ti des p i c ot em e n ts dans le� a r t i c u l a t i o n s , su i v i s d ' u n e c e r t a i n e amé l i orat io n. H é la s ! i l faut avouer que ce l o n g t r a j e t , fa i t ent i èrement il p i e d , n o u s a f a t i gu é a u plus h aut point, ear nou:" n e � a v i () n s p a s que d e s pe t i t e s v o i tures éta i en t m i se s à l a d i spos i t i o n des p è l e r i n s q u i en expri m a i ent l e d é s i r. En revanche, no s tro i s femm e s , fort e s de l eur c on v i r f i o n , ne sont p a s du tout de cet avi s. ,

- Bien sûr, que je les ai ressenties, les radia tions. Elles ont remonté mon bras gauche, atteint l'épaule et eUes sc sont répandues par là, s'écrie une v i e i l l e d a m e en montrant un p o i n t s i t ué que l que part derrière l e poumon gauche. Elles sont mêm e tellement fortes qu'elles ont fai t trembler la photo d'un jeune homme (I.tteint de poliomyélite que j'ai présentée cl la statue! M.

Debort exp l i qu e a l ors qu' i l a l u i -même recours il c e m oyen quand i l est

fatigUt\ : - La semaine dernière, par e.rernple, j'étais grippé et n 'ai pas pu m.onter là-· h a u t . Mnis lorsque je suis sorti pour la première, fois, e h bien, vous ne le croire::, pliS . . j'ai dft aller c inq fois à la selle pendant la nuit! .

Et l

a

v i e i l l e dame de c onclure :

Vous voyez, elles vous ont bien dégagé! ... i nt éressante c o n ver s a t i on se poursui t SUI' c e ton pendant plus d'une d e m i - h eu r e M a i s il est t e m p s de prendre cong é et, avant de partir, nous nous h as a r d o n s t o u tefo i s il demander il M . Debort ce q u ' i l pense e t de l a sourc e et de l'Archevêché. Cette

,

.

- La s ource, 1 '.4 r e h e v é e h é . . . ils

répond-i l,

c'est une invention des radiesth ésistes . Quant à

fin iront par m e ttr'e de l'eau dans leur vin! ... * * *

Certa i n s cie n o s l e d eurs pourra i ent penser, peut-être, qu' i l entre une large p a rt cie fan t a i s i e o u cI ' exagé r a t i on cl a n s ce réci t. Ils se trompera i ent lourdement, ( a r nous s o m m e s prê t s à jurer en noIre âme et conRrience que c ette relation est le fi d r le r e fl el de l a v é r i t é . Et a i n s i s e term i n a notre bref séjour au Fo!!cr Spirituel d'A this-Mons qui n'esl pré s e n t e m e n t que le l i eu cie rendez-vous cles médiums, cles spirites, des rad i e �thési stes e t de s guéri sseurs.

U N DUEL A j UVlS"i Par M. LEROY

S

A

VIEZ- V O US que l e rela i s de poste de Juvi sy-sur-Orge avai t été, i l y a près de tro i s cent vingt ans, le théâtre cI'un confli t entre deux gen t i l s -

hommes, clo n t l u n reve n d i qu a i t la re­ mise pour son propre usage d'un cheval que l e M a ître cie poste du l i eu vena i t ci e fa i r e seller pour l ' autre pressé de rentrer '


386 -

le 'plus rapi demen t possible à Paris. Après quelques paro1es a i gres-douces, la di seussion s'envenima très v i te au p o i n t que souda i n un souffl et vint con­ firmer brutalement la vo lonté du pre­ mier de s'approprier c oùte que coùte le c h e v a l , m a i s le second, mettant tout aus­ s i tôt l'épée au poi ng, pI'l1Yoqua son agre s­ seur. l' n due l s'engagea immédi atement dans la cour du rel a i s, sans autres témo ins que les palefreniers e t hommes d'écur i e , t o u t effrayés de l a tournure sanglante que semb l a i t prendre l'affaire. Nous n'aurions p eut-être j am a i s eu au­ cun écho de c� vi eux f a i t-diyers - tel­ lement à la mode à cette époque, m algré les édi t s sévères du cardi nal m i n i stre R i ­ cheli eu - si l'offensé ne n o u s ava i t p o i nt conté plus tard, b i en plus tard, SUI' l a fi n d e s a v i e , av é e enrore b eaucoup de feu et une grande sobri été de termes cette foll e aventure de j eunesse. Qui donc é t a i t ce boui l l ant personnage qui mettai t si rapidement flamberge au vent ? Certes - et nous ne pouvons nous méprendre - l'une des plus curieuses fi­ gures d'une époque particul i èrement r i ­ c h e en hommes « remarquable s » . C é l èbre déj à au c ours d'une jeunesse très orageuse pal' ses dérèglements a moureux ou scandaleux, conservant sous l' autori t a i re cardi nal de Richelieu une aiti tude nettement i ndépendante ; nommé à la mort du m i n i stre, grâce à l a H e i ne-mère, coadjuteur d e s o n oncle, l'ar­ rhevêque de Pari s ; devenu eardinal, pro­ menant dans l a Capitale e n bataille sa frondeuse et boui ll ante personne pen­ dant l e s démêl és du Parlement et d e s P r i n e e s a v e c l'astud eux Mazarin ; éc arté dPfini t i vement de l'archev�eh é de Paris par Loui s XIV ; exi l é dans son château d e Commercy, partageant s o n temp s e ntre l a piété e t la rédaction de ses Mémoires et revenant mourir à Pari s chez sa nièce Mme de Lesdigui ères en aotît 1679 , r et homme, dont l a vi e fut lm mél ange cl e

ùPboires et card i n a l de Gondi. Savourez fai t de son

d e grandeurs, étai t le fameux Hetz : Jean Franço i s Paul de donc le j o l i réc i t qu' i l nous duel j uvi sien :

« Un an devant cette prc mière aven­ ture, j'étais a llé eOU1Te le cerf à Fontai­ nebleau, avec la meute de M . de Souvrai, ct comme mes chc vaux étaient fort las, je prü la poste pour l'evenir à Paris. Comme j'étais micux monté quc mon you verneur c t qu'un valet de ehambrc qui couraient avec moi, j'arrivai lc prem ier cl Juvisy, ct je fis me ttre ma selle sur le 111 ri.ll e ur cheval que j'y trouvai. Cou/ cnan, capitainc de la petite com­ p:lgnie de chevau- légcrs du Roi, brave, mais e:r/ra vayant rt scélérat, qui venait dc Paris aussi en poste, commanda à un palefrenier d'ôtcr ma selle e t d'li m� ttre la sienne. Je T/l 'avanr:ai l'n lui disant quc j'a vais retenu le cheval; c t comme il me voyait avec un petit collet uni e t un habit noir tout simple, il me prit pour ce que j'é­ tais en effct, e'est à dire pour un écolier, c t il ne me répondit quc par un s ouffle t, qu'il me donna cl tour de bras, et qui me m i t tout en sang . .Tc mis l'épée à la main e t lui aussi; ct dès le premier c oup que nous nous por­ tâmcs, il tomba, le pied lui ayant g lissé ; ct eommc il donna dc la main, en se vou­ lant soutenir, contre un m orceau de bois pointu, son épée s 'rn alla aussi de l'au ­ tre rôté. .TI' 1II e reculai deu" pas. c t je lui dis de reprendre son épée ; il il' fit, mais ce fut par la pointe, l'ar il m'en préscnta la garde en m e demandant un million de pardons . Il les redoubla bien quand mon g 0111 '('rneur fu t arrivé, qui lui di t qui j'étais . Il retourna s u r ses lJas; il alla conter au R oi, avec lequel il m'ait une très grande lib erté, toute ('rtte peti te histoirr. EUe lui plu t. e t i l s'rn sou1,int en temps et lieu. »


SA VIG �l Y -sur- O RGE

L E C HATEAU D E SAVIG.'iY AU XVII' SIÈCLE

,

DEUX SIEGES

DU C HATEAU D E SAVI GN Y Par LOUIS B RUNEL ------ 0 -------

A

() !lloment où architect es et entrepreneurs s ' ingénient à rencl r e sa beauté première

au Ch àteau de Sav igny. . . récemment a<:quis par l'Etat. il apparaît du plus haut . intérêt de se pencher sur le passé de cette localité. Il faut malheureusement avouer que. hormis une courte monographie sur « L e Ma réchal Dm·'o 1 l t et sa famille à Sm'ign y-sl/ r- O rg e ( 1 ) » . on connaît b ien peu de choses de l'h i stoire de cette Com­ mune. en particulier de la pér iode IJ!-érévolutionnaîre_

Tout ou presque tout t-este à faire en ce domaine. et les deux seub faits vér ita­ blement c irconstanc iés que nous ayons présentement trouvés touchant le Chàteau de Savigny sont d'une part la prise qui en fut faite en j anv ier 1 :592 par les Royalistes sur les L igueurs. cle l'autre une « petite gtierre » provoquée vers 1 6 1 1 par une s imple question cl'héritage_

UN « COMMANDO » A SAVIGNY SOUS LA LIGUE Pendant les troubles qui opposèrent les Ligueurs paris iens au roi Henri IV. la V ille cie Corbeil fut une des prem i ères à reconnaître le nom-eau Pr ince. Après lui avoi r présenté les clefs de la cité clans le Prieuré cle Saint-]ean-en-l'Isle. les habitants le reçurent en grande procession clans leur enceinte. Mal leur en pt-it. car l 'armée cle la Ligue. aidée des Espagnols du général Alexan ­ dre Farnèse. s'empara cle Corbeil le 1 6 octobre 1 59 1 . Mais fort heureusement le duc de :Mayenne ne laissa en ce lieu . sous le commandement du capitaine C hampagne, ( 1 ) Ce travail, entrepris par M. JA.'iVIER sous notre direction, Volume VI de la S.E .S.A.M . , p p . 1 5 9 à 1 9 9 .

est

paru

dans le


- 388

que « deux cens hommes François, & cent Lansquenets. nombre peu suffisant pour deffendre la ville contre les forces que le Roy tenoit lors à Melun » . Cette s ituation permit au Seigneur de Givry , gouverneur de la Province, de re­ prendre la place trois semaines plus tard , « le j our S. Martin sur les quatre heures après minuit », et d'en donner aussitôt le gouvernement au Seigneur de Treigny, as­ sisté du S eigneur de Marivaux. « La plus grande difficulté qu'ils y trouverent, assure le S ieur de la Barre (2) , fut au recouvrement des vivres ; cela les contraignit d'aller visiter les maisons, v illages & bourgs circonvoisins. & apres qu'ils eurent consommé ce qu'ils avoient trouvé à Villeroy, Couldray, & autres lieux voisins. ils furent le j our des Rois surprendre l e B ourg de Chastres, & apres la Maison d e Leuville : de c e s lieux i l s enleverent tant d e grains, v i n s , bestiaux , & autres commoclitez , q u e depuis r ien ne leur manqua : car cie quatre à cinq lieuës à la roncle le païs leur rendit obeïssance, & contribua volontaire­ ment à l 'entretenement cie la Garnison, où de tous costez l'on apportoit des v ivres, apparte- ' principalement depuis qu'ils eurent pris le Chasteau de Savigny-sur-Orge -

nant alors à Fran çois L ouis d'A goult et non à Messire Ferrand de la Baume

la maniere de la surprise mérite cI'estre rapportée au long.

»

* * *

(( Au V i l l age de Sav i gny i l y a un Chasteau ba sty à la M oderne de pi erre de t a i ll e et de brique, couvert d'ardo i se ; aux quatre coins du bastiment, il y a quatre pavillons qui fl anquent l e logi s qui e st entouré de l arges et profonds rossez. Ce i cha steau apartenoi t à Messire Ferrand de la Baume, Comte de M aurevert. En cette sai son Monsi eur de Belin, Gouverneur de P a r i s , s'esto i t s a i s i de l a P l a c e afin de s'en prév a l o i r pour l e passage des v i vres qui descendent du Gasti noi s à P a ri s ; il y avoi l m i s une douzaine de C ava l i ers pour réprimer les courses des S o l dats de la G arni son de Corb e i l qui ne l a i ssoi ent pas q � e de passer l a n u i t sur la c haussée du Chasteau ; en ce fai sant, i l s reeonneurent que ceux du Cha steau ne mettoient point de sentinelle au P av i l l o n qui regarde sur Ie Verger, se confi a n s it la l a rgeur du fossé plein d'eau vive de l a rivi ère d'Orge.

S a i nt-Deni s, l'un des C a p i t ai nes de la Garnison sion d u Seigneur de Trei gny, entrepri t d'emporter contre-e scarpe d u f o s " é fa i so i t l a prem i ère d i f fi c u l t é qu' i ! avo i t f a i t apporter pour s'en ayder à p asser le

de Corb e i l , par la perm i E' ­ l a P l a c e par e sc a l ade. L a pour descendre des n ace l l e s fossé.

Le Capitaine S a i nt-Den i s e t quatre de ses soldats se despouï l lerent en che­ m i se, l eurs e Sp t\ e s penduës à l eurs r o I s , desc endirent dedan s le fossé avec une esche l l e , pui s reçeurent l e s n a c e l l e s qui l eur furent dévalées, et sçachans que la c é lérité l e s favor i s o i t p l u s que l e reste, c e s cinq personnes nuë s entrerent en l'une des n a c e l l e s garnies de l eur esche I l e , ponsserent l e bateau à l'encogneure d'un pavi l l o n où l'on avo i t l a i ssé une fene stre ouverte pour desc ouvrir le long du ba sti ment. Saint-De n i s et ses c ompagnons entrerent par c ette fenestre, e t sans s'amuser à attendre plus grand renfort, s'en vont dro i t a u c o !:ps de garde où i l s trouverent

1 2 ) LA RAH l-: t: (Jeèln d e ) , p l" ' vùl dO' COl'l, , , i ) , L e s A nt i q uit e::; de la cille, c o m t é et rltatelenie de Corbeil (Par;s, X . et J . de L a Coste, 1 64 7 , in-4 ° ) , cha p . XXVI, D e Henry quatriesme du nom, R o y de France et de Nararrc, p p . 2 5 6 il 2 7 2 . Contrairement à ce qu 'écrit le sieur de la Barre, l e Domaine de S a vi gn y a p p artenait depuis 1 5 6 1 à Fran çois L ouis d'Agoult.


389 -

sept ou huit, Mai stres que Valets, qui dormai ent auprès du feu : i l s se lai sserent saisir et désarmer sans faire aucune rési stance, et se l a i sserent enfermer dan s une c hambre proche. Saint-Den i s lai ssa deux des si ens dans le corps de garde, et luy avec les deux autres va dro i t à l a Chambre du Capitaine qui s'esta i t esvei l l é au bruit e t commençai t à mettre ses chausses ; estonné de se voi r surpri s, i l se lai ssa l i e r et garotter. Nos conquérans sai s i s des clefs du Chasteau, firent ouverture des portes a u reste de l eur troupe, et depui s garderent la place avec plus de vigilance, recon­ naissant qu' i l s s'estai ent acquis une grande commodi té pour destrousser les mar­ ehands qui s' aventurai ent de mener l eurs marchandi ses à P aris, d'autant que ce C hasteau est s i tué entre les grands chemins de Lyon et d'Orléans où i ls a l l a i en t poser deux corps de garde sur les advenuës de Paris, l'un à la Saulsoye, l 'autre au pont d'An thony. ))

« PETITE GUERRE » AUTOUR D'UN CHATEAU De par son mariage avec Chrétienne d'Aguerre, dame de V ienne-le-Châtel ( 1 ) , l e seigneur d e Savigny-sur-Orge, F rançois Louis d'Agoult eut au moins deux enfants : 1 0 Louis d'Agoult de Montauban de Vesc de M ontlaur, plus tard comte de Sault, qui, mourant sans postérité, testa en faveur de sa mère qui dev int ainsi l'unique héritière de tous ses b�ens ; 2 0 Jeanne d'Agoult de Montauban de Vesc de Montlaur, qui épousa le 5 j uin 1 602 Claud� F rançois de la Baume, comte de Montrevel (2) .

A sa mort, la comtesse de S ault, Chrétienne, deshéritant délibérément la comtesse dl' Montrevel, sa fille, légua tous ses biens à Charles de Crequy (3) , issu de son premier mariage, en 1 572, avec Antoine de Blanchefort de Crequy (4) .

( 1 ) Chrétienne d'A gue rre, fi l l e de C laude, seigneur de Vienne-le-Châtel, et de Jeanne de Hangest-Moyencourt.

( 2 ) Claude Fran çois de la Baume, comte de Montrevel, n é le' 1 8 mars 1 5 8 6 , fut fai t c a m p devant O stende, le 3 févri e r 16 02 , Maître de C a m p du Régiment de Champagne et conse i l l e r d ' Etat p a r L o u i s X I I I le 1 1 avril 1 6 1 9 . l i s c signala a u combat d e s Ponts-de-Cé e n 1 62 0 . L e Roi l u i donna l e Gouve rnement d e s I l e s de Sauveterre et d ' O l é r o n , et l e fi t Maréchal d e C a m p l e 25 avril 1 6 1 2 . I l s e trouva

I�llevalier par l'Archiduc Albert, au

e nsuite au siège d e Saint-Jean d 'Angely et mourut quetade

qu'il

r e çu t

en

forçant

les

barricades

du

l e dernier faubourg

mai

de

suivant, d'une

mous­

Taillebourg.

(3) Charle s, Sire d e Cre qu y , Prince d e Poix, D u c d e L e sdiguiè r e s , Pair e t Maréchal de France, du

Cheva l i e r d e s () rdr�s du R o i , Lieutenant-Général d e ses Armées, Gouverneur

D auphi n é , fut un

des

plus

de canon l e 1 7 mars 1 6a 8 , a ssiégée

par l e s

célèbres

capitaines

en voulant j eter du

de

son

temps.

se cours dans

Il fut tué d'un coup

la v i l l e

de

C r è m e ( Itali e ) ,

Espagn o l s .

1 0 en 1 59 5 , ilfadelene de Bonne, fi l l e d e François, D u e de Lesdigu i è r e s , Claudine de Béranger, sa p r e m i l� r e femme ; et 20 en d é c e mb r e 1 6 2 3 , Françoise rie Bonne, fl1 l e du m ê m e Connétable e t de Marie Vignon sa Slcconde f e m m e , donc sa b e l l e-sœu r , qui avait été tlancée il l ' âge d e huit ans à Charles R e n é du pui, Seigneur de Montbrun , et dont le mariage n ' avait pas été consomm é . I l n ' e u t des enfants que du p r e m i e r_ lit, à savoi r : 1 0 François de Bonne de Crequy, Il é p ousa :

Pair et C o n n é t a b l e de Fran c e , e t d e

Seigneur d'Agoult, France,

de

ChevaJ i e r d e s

Vesc,

Ordres

de

Montlaur,

du R o i ;

20

de

Montauba n ,

Duc

de

L e sdiguières,

Cha r les ; et 30 Françoise.

Pair

de

(4) A ntoine de Blanch efort de Crequy, Prince d e P o i x , Seign eur de Saint-Janvrin , Gilbert de Blanchefort, Seigneur de Saint-Janvrin, et de Marie, dame fi e Crequy et de Canaples. était le fils de

7


- 390 -

Cette donation arbitraire ne laissa pas de s usciter entre l'heureux bénéficiaire et demi-sœur quelque peu désappointée un long procès (5) sur lequel nous reviendrons dans un autre article. Mais comme touj ours, le Destin se fit un malin plaisir de mêler le comique au tragique, et toute une série d'événements héroï-comiques dont fut le théâtre le château de Savigny Uli des principaux obj ets du lit i ge - fut consignée dans ses Mémoires par un chroniqueur de l'époque, Monsieur de Pontis (6) , particulièrement bien rensei­ gné pour avoir été mêlé de très près à cette « affaire de famille » . Car c e gentilhomme provençal d e bonne maison, engagé fort j eune dans l e Régi­ ment des Gardes, se trouva placé sous les ordres de M . de Crequy, M aître de Camp, qui le « reçut avec beaucoup de bonté » . Et lorsque M. de Montrevel cha_ssa les gens de M . de Crequy clu ch âteau cie Savigny, probablement en 1 6 1 1 , c'est précisément à M. cie Pontis que s'adressa le Maître de Camp pour venger l'affront qui lui avait été fait, lui laissant toute liberté pour ce faire. Or... Mais plutôt, écoutez-le donc conter s i agréablement son aventure ! sa

-

* * * « A peine y éto i s - je entré qu' i l m'employa clans une très-péri l leuse affaire d'où j'eus b i e n de l a peine de me tirer. Monsi eur de Monravel avo i t épousé Ulle sœur de Monsi eur de Crequy, laque l le pour son partage devo i t avoi r une t erre nommée Savi gny proche d e Juv i sy, que Monsi eur de Crequy l uy di sputo it, & dont i l éto i t en possession. Monsi eur de Monravel tâcha de surprendre l e Conci erge, & l'en mi L effec ­ tivement dehors, quoyqu'avec b i en de l a peine. P our conserver ce Château oont i l s'étoit ainsi rendu maître, il choisit tro i s soldats qu' i l avoi t commandez, & leur donna charge de garder ceLte mai son comme Ulle place de Guerre, & d e n'y lai sser entrer personne sans l e b i e n connoî tre. Monsi eur de Crequy é tant yivemenL pi cqué de cet a ffront, résolut à quel­ que prix que ce fût de se remettre en possession de son C hâteau. Il jugea

( 5 ) Nous avons retrouvé aux dates du g , 1 2 et 2 6 a oùt 1(i l l tro is sentences suc­ cessives, prononcées aux Requêtes du Palais (Arch. Nat., X 3 B 1 1:1 3 ) , eoneernant le procès entre Jeanne d ' Ag o ult et Charles de Crequy pour la succession de derruncte dame Chrestienne d'A guerre . La Seigneurie de Sa vig n y est nommément désignée dans la sentence du 26 août 1 6 1 1 : « La courr, partie s oyes en la chambre a ordonn é e l o rdonne qu'i l s e ra p rocéddé à l'inventairre des meubles estans audit chateau de Savigny pour estre m i s a/'ant L'inven­ tairre des' meubles estans en ceste ville de Pari s . . . » ( 6 ) PONTIS (Louis de ) , Mémoire s (Paris, à la Compagnie des libraires associez, 1 7 6 6 , 2 vol . in- 1 2 ° ) , t o m e l, p p . 3 6 il 5 0 . A l a f i n de sa v i e , en 1 653, le Sieur de PonÙs, lassé de vieillesse et affaibli par ses b les s u r e s , se retira , disait son épitaphe , du service des Rois de la terre, pour se rv ir l e Roi d e s ROÎs1 dans l 'abbaye de P ort-Royal, où il mourut le 1 4 juin 1 6 7 0 à l ' âge de 7 g ans. Se's Mémoires f u r p n t recueillis par les Messieurs de Port-Royal et rédigés par le Père T h o m a s d u Fossé, de c e tte C o ngrég ation . Théodule Pinard a très succin ctement résumé cet épisode dans son Histoire, A rchéo­ logie, Biogrraphie du. Canton de Longjumeau ( P aris , Durand, 1 8 6 4 , in-8 ° ) . Mais il fait lourdement erreur en écrivant que " vers l'an 1 605 ou 1 606, le comte de Montrev e l, qui possédait la terrre de Savigny, mourut laissant pour héritiers M . de C requy et sa sœur, mariée à M. de Mornes » . Ce dernier personnage es t imaginaire ; quant à M. de Montrevel, il est le mari et non l e père de Mne d ' A g ou l t 1 Le savant abb é Jean Lebeuf, sur lequel Pinard a visiblement copié, commet la même faute dans son Histoirre de la vine et de tout le diocè se de Paris (Paris, iFéchoz et Letouzey, 1 8 83, in-8 ° , t. IV, p. 3 9 4 ) ; elle est cependant atténuée, puisqu'il se borne à 'noter que " M. de Crequy, Me strre de Camp, e t sa sœur qui étoit mariée à M. de Mornes, prétendoi.ent tcrus le s deux à la propriété de ce chateau » .


- 391 -

pouvoi r m'employer 11 cette entrepri se, & m'ayant communi qué l'affaire, i l ml' pri a de le ser v i r de mon mi eux. I l ne me parla point des moyens de l'exécuter, & s ' en reposa entièrement sur m o i , m'assurant qu' i l me donneroi t tout c e q\1 i me sero i t nécessaire pour cela ; & ce qui é t o i t beaucoup plus i mportant, q u' i l me soûti endro i t pui s samment e n tout, eomme i l y éto i t obligé . Je lui di s qu' i l me f a i s o i t h o n neur d e me e h() i � ir pour lui rendre ce ser­ vi ce, mai s que l ' afl"aire me p aroi s s o i t un peu di ffi c i l e , p u i sque conno i s sant cette mai son, je sçavo i s qu'el l e éto i t entourée de fos sez remp l i s d'eau qu'on ne pouv0i t passer que sur un pont, qui ne serai t pas abbatu étant gardé par des gens de' Guerre ; mais que toutefo i s j e tentero i s l 'entrepri se � que comme i l ne voulo i t

pas q u e j e fisse un si ège en form e , j e n'avo i s pas b e s o i n de beaucoup de gens, mai s seulement de deux ou tro i s h o m m e s que je ehoi siro i s dans le Régiment ; & que je luy rlemando i s la grac e q \1 ' i l m e w u t i nt d ans l a s u i t e , comme i l me f a i s o i t l ' honneur de me le prom e t t r e . Il m'en :l ssura de n o U \'e a u ; & jp parti s ave(' c e t t p a s s u ranl' e , ayant p r i s t l'oi s bon s soldats avec moi . * * *

Etant arrivé à Savigny, je fis sembl a n t de c1wssel' avec un de m e s eamara­ des ; & conn o i ssanL le prem i pr des tro i s solda t s , qui demeuroi en t dans l e Château, j e l'ap e l ay de dessus l e bord du Pont qui éto i t lev é . C o mm e i l se fut app r oché, j e lui d i s qUè j'élois venu jusque s - l it Pll c h a ss a n t. & l u i p a l' l a �; ensuite d'un mai l qui é to i t proehe l a mai son, lui demandant s' i l ne sero i t point d'humeur à y j oüer une parti e avec nous. Il me demanda à son t our si j e ne vouloi s point entrer; & l ' i n d i ffé renee avee laque lle j e lui répond i s lui ô l a tout suj e t de m e soupçonner. Un de ses deux eama:rades é to i t d éj à hors l e C l l ù l e a u ; & comme i l voulut aussi s ortir, l orsq u 'i l éto i t encore sur la planeheUe où il n'y avoi t p o i nt d e gardefou, j e le pri s par la main & le tiray un peu ferme à m o i ; m a i s l u i rési s­ t ant, l e pied lui manqua, & il tomba dan s lA fo s s é . .Je lui j e tt a y aussi -tôt une perche pour l'ai der à s ortir de l'eau ; & da n s l ' i ll,;talll Ill e s deux autres so ldat s qui s ' é t o i ent c n c h e z & m i s il l ' l' l' a rt pour voir ce qu i n rr i veroi t; al ' c oururen t. & se rendirent m a i tres avec nous du Pont. Nous l evâmes ensuite la planchette, & j e d i s 11 celui qu i étoit tombé dans l'eau qu'i l s'allât sécher ; & que comme i l éto i t entré dans ce l i eu par surpri se pour Monsieur de M onrave l , il n e devoH p a s trouver mauva i s que j'y fusse entré par l a JIl (ome \'o)'e pour Monsi eur de Crequy le véri t able pro p riétaire. Le tro i s i ème s o ld n t qu i é to i t resté dans le Château nous voyant quatre eontre l u i s e u l ne fit aucune r é s i s t a n c e, & s e laissa mettre ' d o u c e m e n t dehors aussi-bien que p l usi eurs femmes qui y é toi ent. Je fi s promptement d o nnerc avi s il Monsi eur de C l'equy de ce qui s'éto i t passé. Il n o u s envoya SUI' le e h am}J d e u x che vaux ehargpz de v i vres & m 'é e r i vi t que nous ti nssions bon contre tous, nous a s surant de nouveau qu' i l nous soû ­ ti endrai t jusqu'à l a fin, & y engageroi t p l u t ô t t o u t e son a utorité & toul s o n b i en qu' i l n ' e n vint à son honneur. Je me crus a v e e eette lettre d a n s une' enti ère assurance, m a i s je ne eonno i s s o i s pas encore le tra i n ordinaire des affaires du mond e n i les manières des grands ; comme j e les ay connus depui s . On m e vint d ire peu de j ours après qu' i l y a v a i t au bout du Pont un Huis­ sier du Parlement qui me commando i t e n vertu d'un Arrest d'ouvrir l e s por t e s dans l ' i n s t ant, & de remettre ce C hâteau entre l e s mains de Monsi eur de Mon­ rave l ; à faute dequoy il seroi t déerété eontre nous, & ordonn é aux Prévôts voisins & aux Communes de nous amener morts ou vif.


392 -

J'avouë qu'un tel comp l i m ent m e surprit, ne m' étant point attendu à avo i r en tête l e P a r l emellt. J ' av a i s el'U que la prometlse si authenti que que Monsi eur de Crequy m'ava i t faite de nous soùtenir eontre tous, nous mettoi t ellti èrement à couvert. Cependan t j e m' i m agi nay qu' i l pouvoi t n'en être pas averty, & qu'en attendant j e pouva i s répondre à l ' H u i s s i e r que je ne l e eonno i ss o i s point, & qu' i l falloit m'apporter une l e Ure s ignée de Monsi eur de Crequy quoi m'ava i t mis d an s ce C hâteau.

LE CHATEAU nE SAVIGNY AU XVII' SIÈCLE

L'Hui ssi er retourna porter ma réponse à Madame de Monravel . qui l 'ava i t envoyé, & q u i s o l l i e i t o i t e ette affaire au P arlement avec une si grande {',hal eur, que sur l e champ e l le fut demander à Messi eurs, que pui sque l a garni son n'aV0 i t p a s voulu obéir à l eur Arrest, i l l eur plût d'y envoyer u n Conse i l l e r pOUl' l e q u fl l o n auro i t s a n s doute plus de respect. S a demande l u i f u t accordée, & l a Cour nomma un Commi ssaire pour s'y transporter. Comme j ' avo i s pri s m a résolution d'attendre l'ordre de Mons i e lll' de Crequy, ainsi que j 'y éto i s obligé, j e fi s l a même réponse au Conseiller qu'à l ' H u i s s i er, lui témoi gnant que j 'avo i s le dernier regret de ne pouvo ir lui ob é i r p al l a néee8sité indi spensab le où j e m e trouv o i s d'exécuter les ordres de m o n M e stre de '

( * ) La gravure ci-dessus est e xtraite de l'ouvrage de Claude CHASTILLON : llraphie fran çaise ou R eprésentatio ns de p Lusieurs v ille s, bourgs, pLans, r oyaume de France, de ssignez par defunct C Laude ChastiUon. . . (Paris,

in-fol.) ,

Topo­

chasteaux . . .

Boisseau,

du

1648,


- 393 -

Camp. Le Consei ller se t i n t extrêmement offensé de voir qu'on refusât ainsi fi e lui obéi r ; & i l comm a n da aussi-tôt qu'on fit venir un bâteau de Juvisy pour escalader les murai Iles.

Son ordre fut exécuté dans le moment, parce que Madame de Monravel qui avait prévù à tout l'avait déjà fait préparer. Le premier Prévôt qui se trouva là commanda à un de ses Archers de monter à l'escalade ; mais cet Arc her s'étant ' un peu trop hâté n'eùt pas plùtôt mis la main sur le haut de la muraille qu'on le fit quitter prise & tomber dans l'eau. Cet accident mit en co lère tous eeux qui étaient présens; & un autre qui faisait le brave ayan t dit qu'on lui donnât un pistolet, & qu'il empêcherait bien qu'on ne lui en fit autant, monta résolument le pistolet à la main ; mais lorsqu'il R e croyait déj à maître du Château, un de mes eamara des & moi qui étions cachez contre la muraille le prîmes par le col let du pourpoint aussi-tôt qu' i l montra sa tête, le tirâmes fortement à nous & l'ayant entraîné en bas, nous le liâmes & l e mîmes e n prison. Après cette seconde avanture nul des a ssai l lans n'eut la hardiesse d'y mon ­ ter. Ainsi Madame de Monravel jugeant bien qu'il lui fall ait plus de monde, fit venir encore un Prévôt avec tous les P aïsans de quatre ou cinq villages voisins. & de tous ces gens ramassez elle fit divers corps de garde qui bloquerent le Château. E lle fit étayer les ponts-levis pour empêcher que les assiégez ne les pussent abattre & se sauver s'ils se trouvaient trop pressez . Elle man da du canon à. Paris pour nous forcer, résoluë de nous prendre v i fs ou morts ; car elle était persuadée que nous étions plus de cinquante il cause que toutes les nuits nous faisions paraître plus de cinquante mèches al­ lumées sur des perches qui en portaient dix ou douze cha runes espacées ainsi que des Mousquetaires. De plus on en mettait il tOUR les eoins de la maison. & on les remuait de temps en temps, pour fai re croire qu'on releva it l es sentinelles. Cependant nous voïant pressez, & ne recevant aucunes n ouvelles de Mon­ si eur de Crequy, nous trouvâmes le mo�'en de lui faire Rc:avoir l'état où nous étions, & dès la nuit suivante il commanda deux cen s hommes dn Régiment des Gardes avec quelques Sergens pour part i r de grand matin & venir à Savigny charger tous ees assiégeans. & entrer ensu ite dans le Château. Mais cet ordre ne pùt être si secret que Ma dame de Monravel qui étai t retournée à Paris n'en fùt avertie. Elle partit donc dans l e moment, & fi t s i grande diligence qu'elle creva deux chevaux de carosse. Elle arriva u n moment devant le secours, & ayant mis son carrosse devant le Pont, elle étant à. pied dit à ces Sergens des Gardes qui commandaient les deux cens hommes qu'i ls ne passeraient point qu'ils ne lui marchassent sur le ventre ; que c'était à eux à voir s'ils la voulaient écraser, parce qu'el le ne partirait pas de la place. Ce discours étourdit si fort les Commandans qu'ils changerent de dessein, respectant une Dame de qualité, & la sœur de celui pour qui i ls marchaient. I ls essayerent seulement de jetfer quelques hommes dans le Château par un petit pont de derrière ; mais il é tait si mauvais qu'il rompit sous dix ou douze ' qui y passaient, & il n'y en eut que deux qui purent gagner la porte dont l'un était Va let de chambre de Monsieur de Crequy. Tout ce secours aboutit-là, & le reste se retira sans avoir fait autre ch ose que de nous donner au moins quelque consolati on pour la réitération de la parole' de Monsieur de Crequy


- 394 qui

nous a s sura de

nouveau qu'à quelque p r i x

que

ce

fùt i l

nous

dégagerG i t

& en vi endro i t à son honneur. M ai s une j ournée çâmes

s'étant p a s s é e ,

comme nous v î m e s

toules

les

machines

& t o u t l e monde se d i sposer . p o u r donner l ' a s saut, n o u s commen­

s'appréter,

d'appréhender

avec

r a i son,

qu'en

attendant

plus

longtem p s

l'effe t

des

prome sses d e notre M e stre d e C amp, nous n e fus s i ons forcez, & en état o u fie périr l'épée que

à la main, o u d'éprouver l a r i gueur d'un P arl ement offensé. Avan t

de prendre n ô t r e parti

d a n s c e tt e

étrange ext r é m i t é

nous nous trou ­

vi ons, j e p o s a i une sentine l l e pour regarder si e ll e ne déc ouvr i ro i t p o i n t quel­ ques

troupe s qui

v i n ssent

à n ô tre

secours.

M a i s au lieu cie troupe s il vit un homme sur le h a u t d'une c o l i n e , qui lui f a i sant s i gn e de l a m a i n l u i jeUa une p i erre qui é t a i t enveloppée d'un p a p i e r

où j e l ù s l' e s m o t s : .Jc s ilis an désespoir; sa n vez-'/' olls à quelqu e pri.T que ce soit; car il n'est plus en mon pouvoir sans périr moy-même dr 1'aus dégager; mais si vous pouvez sortir l'l'nez droit à .J1lI 'isi où vous trou�'erl'Z dans l'Hôtel­ lerie des chevau.T tous prê ts e t lou(rs dlOsrs néce ù·ail'cs. D E CREQ UY.

C e b i llet n e n o u s mit pas m o i n s a u d ll s e s p o i r que nôtre M e s t re de C a m p ,

oe nous v o i r a i n s i engagez, s i a v ant s u r sa pa r o l e t a llt de f o i s r é ï t é r é e , & qu' i l ne pouvo i t plus nous tenir. I l fal lut pourtant pen ser à sorti r de que l que m a n i èr e q u e c e fùt ;

& pui squ' i l fa l l a i t p é r i r s i nous nous fussions l a i s s é forcer, nous

résolûmes de nous-mêmes

préveni r quelqu e

l'assaut, ne

voye

pour

d é s e spérant pas

nous

d e pouvo i r nous

ouvr i r

à

sauver.

, " ' ' * *

Je m ' a v i s a i donc d'envoyer fa i re grand b ru i t l a nuit suivante au

derrière

du C hâteau, pour y app l i quer l e s a s s i ége a n s ; & j e trava i l l a i cependant l e p l m doucement que j e pus à d é c l oiier un d e s a i s du P o n t - l ev i s p o u r nous f a i re p a s ­ s a g e . L'ayant enfin t i r é à m o i , j e d e s c e n d i s p a r l e h aut. de la mura i l l e une éch e l l e a v e c u n e corde & l a l a i ssai p o s e r p a r l e b o u t d ' e n h a s s u r l e p a s du pont o ù j ' a rrestai ce b o u t , & avec l a c o r d e q u i tello i t I p b o u t d'ell h a ut j e l e l a i ss a i tomber doucement sur la masse qui Ainsi

cette é c h e l l e

sOlÙeno i t

parlant

des

le Pont-l e v i s quand il

d e ux

bouts

sur

les

éto i t a b attu.

deux m a s s e s du pont,

j e fis m ettre par d e s su s , afin qu'on y pust m a r c h er, l ' a i s que j ' a va i s d é c l o ü é o e l a porte ; & après nous être a i n s i t o u s s i x l'épée à l a m a i n , avec g r a n d bruit, qu'i 1 8

fi rent

l a rge

f a i t u n pont de c e t t e éch e l l e nou s s o r t î m e s

& a l l âmes d'ahord a u prem i er Corps de G arde" o ù

& l' r i a n t tu.ë, fUI], nous l eur d onnâmes une t e ll e &

nous

l a i sserent

p a :,;ser,

(' omme

si

IlOUS

épouv a nte

eussions

été

en

grand nombre. M a i s ce n'éta i t pas enc ore tout f a i t ; & i l fa l lu t f a i r e une mervei lleuse d i l i ­ gence pour pouv o i r , gagner l a r i v i ère avant q u e l e s Arrl! e rs q u i é t a i ent d e cette garde eussent repri s leurs espr i t s & fussent montez à. cheval pour venir fondre sur nous. Aussi ayant gagné Juv i s i où j e s <: av o i s que des chevaux nous a tten­ d o i ent à l'Hôtel leri e

j e n e voulus

pas

y

entrer,

de

peur

qu'en nous

arrêtant

pour a l ler prendre c e s c hevaux, nous n e fu s s i o n s tout d'un coup surpr i s . M a i s n o u s courùme s nous j etter dans un b âteau, où n o u s p a s s âm e s l a r i v i ère. N o u s apperçùmes à l ' i n stant au b o r d q u e n o u s v e n i o n s de qui tter l e s Archers q u i nous poursui voi ent & qui ne tenterent pas de p a sser, parce que la Forest de Senac


- 395 abouti t à la r I V l ere du côté où nous é t i o n s . Nous y entrâme s pour nous reposer

& y demeurâm e s toute l a journée, ayant eqvoyé quérir p a r un Païsan d e quoi manger comme aurai ent fait d e s C h a s.seurs. * * *

La nui t sui v a nte nous c o ntinuâmes

nôtre

c h em i n ,

& nous nous rendîmes

chez Monsi eur de Crequy à P a r i s . I l nous reçut c omme d e s personnes qu' i l é t o i t a u d é s e s p o i r d ' a vo i r a i n s i engagez , & q u' i l voyo i t sa uvez c o ntre toute sorte d ' e s ­ pérance. M a i s quo i que s a mai son nous serv i t d ' a s i l e p e n d a n t s i x sem a i n e s q u e nous demeurâmes ca chez à c a u s e qu'on avo i t déc rétté contre nous, ce ne nous étai t pa s , une grande s a t i sfa c t i o n de nous c e l u i pour l e s

\;o i r pri vez

i n t érêt s duquel nous l ' a v i ons

de

la

l i b erté,

perdüe pùt nous

sans

que

l a rendre.

Je me v i s donc ob l i gé de t rava i l ler par m o i -même ' à une a ffu i re qui me tou­ c h a i t. d e s i près, & de me t i rer d e s mains d e l a J u s t i c e a pr (� s m ' ê tre sauvé de c c l l e s d e s a s s i égea ll s . C'est

ce

que j e fi s h e urPllseme n t , en

d'une p e t i t e prévoïance q u e j ' a v o i s e u ë

me

serv a n t pour c e l a

d'abord qu e j ' entrai

dans

le

Château.

J'ava i s fai t un inven t a i re d e tout ce que j 'y t rouva i , ne v o u l ant p a s qu'on p li t m'accuser d'avo i r manqué en un s e u l p o i n t il mon d e v o i r ,

La p r i nc i pa l e p i èce é t a i t une c l! aml)J'e o ù i l y avoi t b e a u c o up de v a i sselle d'Argent. Je l 'avai s ferm ée après y , av o i r fa i t apporter tout ce qui é ta i t de plus c o n s i d é r a b l e dans

les

a u t re s c h ambres du

Château,

& j ' en a v o i s pri s l a c le f ;

e n sorte que p ersonne n'y entra d a n s tout l e temps q u e j 'y f u s , & qu'on n e p ù t

en détourner l a m o i ndre chose. Je. pri s o c c a s i on

de

c e t t e exact i tude

que

j ' a va i s apportée

à

conserver

ce

q u i appart.eno i t. il. M a d a m e de Monrav e L p o u r f a i re m a p a i x avec e l l e ; & j e crus devo i r

m'adresser

à

e l le-même

sans

employer

d'entremetteur,

espérant

de

sa

généro s i t é qu' e l l e voudro i l b i en se f a i re u n b onneur de pardonner à une per­ sonne dont

la

bonne

condu i t e

lui

fero i t conno î tre

que

l e s e u l engagement

de

l'ordre de son M e s tre de Camp l ' a v o i t forc·é de teni r contre e l l e dans son C hâteau. Je me hazarday done de l u i é c r i re avee tou t e p o s s i h l e , l u i t é m o i gna n t que j ' é t a i s au dé s e spo i r de ma

la civilité ce

& l a soum i ssion

que cet engagement de

charge m ' a vo i l (' OIllln i s ayec e l le m a lgré m o i , ma i s l ' a s surant en même tems

que s i j 'ava i s été fi d e l l e à M o n s i eur son frère, j e l ' a va i s a u s s i été pour ses inté­ rêt s , en c onservant a v e c un s o in lrè s-part i e u l i er tout ee que j ' ava i s trouvé dane s a m a i son dont j ' a va i s f a i t un m é m o i r e e x act que je preno i s l a l i berté d e lui e nvoyer. Je l a

o

pri ay de c nsi dérer que

le

seul

devo i r d e

l'ob é i s s ance

fait entreprendre eelte a c t i on, & non l a vûë d'aueun i ntérêt dont j e

me

m'ayant senta i s

i nfini ment é l o i gn é , i l l u i étai t honorab l e d e voul o i r b i en pardonner une faute qu' e l l e auro i t e l l e -même j u s t i fi é e il l 'égard d'un autre qui aura i t été il son ser­ v i e e ; que s i j 'ava i s eu l' honneur d'être il elle comme il Monsi eur de Crequy son frère, je l'auro i s s ervi e avec l e même z è l e & aura i s cru méri ter son e s t i m e· p a r u n semb l ab l e servi c e ; ee q u i m e donna i t t o u t l i eu d ' e spérer conno i ssant sa gé­ néro s i té

qu'e l l e ne

regarderait

moins

en

cette reneontre

que

l ' engagement

de

mon devo i r, & que sur eette e spéranee j ' o so i s b i en d e m a part i e qu' e l l e éta i t l a faire m o n j uge, & remettre m a cause entre s e s m a i n s pour attendre d ' e l l e l a graee qu' e l l e s e u l e pouvai t m' aeeorder. Cette l ettre j o i nte il la vérité du f a i t eut tant d e force sur l ' e sprit de M a ­ dame de M onravel, qu'au l i eu de

poursu i vre davantage eontre m o i , e l l e parl a


- 396 même en ma faveur, ayant commencé d'abord à adoucir Mon s i eur son m ary qui étoit extrêmement i rrité, & ayant ensuite obtenu f a c i l emen t l ' a b o lition que j e

demandoi s.

Ainsi c e l l e qui m'avoit ôtée la l i berté me la redonna ; ce qui l ' avo i t s i cruel ­ lement a i gri e contre m o i d'abord m e devi nt une occasi on favorab l e de recevo i r de sa part dans l a suite t o u s - l e s t é m o i gnages d e l a p l u s s i n e ère a m i t i é . » , 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 11 1 1 1 1 11 "

NOM I NATIO N D-'U N I NSTIT UTEU R A G R IG NY E N 1 81 2 Par

G

RACE

GEORGES

BARNIER

----* - ---

à M. le se crétaire de Mairie de GRIGNY, qui trè s obli g e a m ­ , ment nous l'a communiqu é, nous pouvons mettre sous les yeux de nos lec teurs un document fort intéressant . C'est une délib ération d u Conseil ill u nicipal '<?oncernant la Nominatibn d'un Insti tu,

­

L'an dix huit cent douze , le dix mai, le Conseil Municipal assemblé dans le lieu des séances de la Maison Commune : M. le Maire a dit que la Place d'Instituteur dans cette Commune étant vacante par la re­ traite du sr Chimbault qui a quitté la Com­ mune, il s'agissoit de pourvoi r à son rem­ placement et a annoncé que le S' Maréchal (Jean Baptiste Louis) . né à Gisors le 22 aoust 1774, Instituteur dans la Commune de Champlan - Canton de Longj umeau depuis deux ans . se proposo it de remplir les fonctions d' Instituteur qu'exerço it pré­ cédemment le s r Chimbault. Le sr Maréchal introduit dans la Salle du Con seil a présenté un Certifficat en bonne forme délivré par M. le Comte, Maire qe Champlan, qui constate que le s r Maréchal s'est comporté d'une manière ir­ réprochable et qu'il a mérité la confiance de tous ses Concitoyens. Led. Maréchal s'étant retiré, le Conseil délibérant sur sa rlpmande l'a accepté et l 'accepte pour exer­ cer les fonctions d'Instituteur dans cette Commune, sauf l'autorisation de M. le S ous-Préfet et de M. le Grand M aître de

teur à, Grigny ( 1 0 mai 1 8 1 2 )

Pre mier Em p ire

(t).

à la fin du

Ils po urront r ân s i c onna i trc les condi­

tùms q u i,

du

«

an l1'ef0Ï,s.

m r lÎ tre

présidaient

d'éc o l e »

au

c h o i:r

e t réglaient

ses

m ul tiples obligations.

l'Uniyersité Impér iale, aux clauses et con­ ditions suiyantes :

LE LOGEMEN T l O Que le S ' Maréchal entrera en pos­ session du logement destiné pour les Ecoles de la Commune de Grign i . lequel est com­ posé d'une pièce à gauche en entrant, des­ tinée pour la classe des élèyes , d'une pièce à droitte senant de chambre à coucher, d'un cabinet à côt� et d'une p ièce servant de cuisine et de fournil dont la j ou issance de cette cuis ine et fournil sera commune avec M. le Desservant la Succursale de Grigui ; toutes ces pi èces composant le rez de chaussée de la Maison Commune. Plus une cour derrière entre les murs de clôture des héritiers Blot et entourant les murs de la Maison Commune ; plus une pe( 1 ) A rchiv e s Communales de de Dé!. pour l a Mairie de la Grign y (25 mars 1 8 06 - 3 sept. ., ,, 7 6 du 1 0 mai 1812, pp. 4 9

G rigny, Reg. Commune de 1 8 37 ) , séance à 53 .


- 397

tite partie de j ardin s ituée devant lad. Mai­ son attenante au mur de cloture des héri­ tiers Blot et en retour à la grande rue de Grigni. Cette partie de j ardin séparée de celui de M. le Desservant qui est à gauche en entrant par la rue entre lesquelles par­ ties existe le passage qui conduit à lad. maison , laquelle petite partie a été dans tous les temps occuppée par les Maitres d'Ecole. Dans cette susditte partie il existe près d'un noyer une cave divisée en deux parties qui ferment à cle f dont la j ouissance de l'une s era pour M. le Desservant et l'au­ tre pour le s r Maréchal.

LES OBLIQA TIONS 2° Que le sr Maréchal tiendra sa classe ouverte exactement tous les j ours, excepté les dimanches, les fêtes conservées par le Concordat et le j eudy de chaque semaine, depuis huit heures du matin j usques j1 onze heures et depuis une heure de l'après midy j usques à quatre heures du soir. Le prix des élèves qui viendront à sa classe sera pour la première classe de soixante quinze centimes par mois ; ceux de la seconde classe, c'est à dire ceux qui commencent à lire j usques à ce qu'ils écri­ 'vent, sera d'un franc par mois ; ceux de la troisième classe, c'est à dire ceux qui sont adm is à écrire et calculer . sera d'un franc cinquante centimes, sauf les arrange­ mens que le sr Maréchal pourra faire pour d'autre leçons particulières. Que lorsqu'il sera dans sa classe il ne fera lire que de bons li vres , qu'il élèvera les enfants dans les principes de la relIi ­ gion Catholique e t q u ' i l leur fera réciter l e Cathéchisme impérial les mercredy e t sa­ medy de chaque semaine, qu'il enseignera le Calcul et l'Ecriture et n 'enseignera rien de contraire aux Lois de l'Etat et se con­ formera aux Règlemens de l'Université Impériale et de M. le Grand Maitr e de lad. Univers ité, qu'il aura soin d'établ ir une discipline raisonnable parmi ses élèves et

leur fera connoitre la soumISS IOn et le res­ pect qu' ils doivent à leurs parents, à leurs Supérieurs, aux Lois du G'ouvernement et à Sa Maj esté l'Empereur.

3° Qu'il sonnera l'entrée de l'Ecole à hu\[ heures du matin et la sortie à onze heures en sonnant l'Angelus ; à une heure de l'après midy il sonnera l'entrée de la deuxième classe. 4 ° Que le sr Maréchal n'aura de vacan­ ces que pendant trois semaines qui com­ menceront le j our de l'ouverture des ven­ danges. 5 ° Qu'il assistera su ivant l 'usag e des Communes rurales à tous les O ffices di­ vins . se chargera de former les Enfants de Chœur, leur apprendra le Plein Chant et tiendra l'O rdre et la Police parmi eux, pr incipalement dans le chœur pendant le service divin.

6° Qu'il assistera M. le Desservant dans toutes ses fonctions et cérémonies religieu­ ses et lorsqu'il portera le viatique aux ma­ lades. 7° Et enfin qu'il remontera l'horklg e qUI est dans le clocher. à la charge de lui payer par an la somme qui sera destinée pour cet obj et dans le budget envoyé par , M. le Sous-Préfet. * * *

Le tout ainsi délibéré et arrêté . on a fait entrer dans la Salle du Conseil le sr Ma­ réchal auquel M. le Maire a donné lect\lre de lad. Délibération. Le sr Maréchal ayant souscrit aux clauses et conditions y expri­ mées a promis les exécuter et remplir avec autant de zèle que d'exactitude et a s igné. Une copie de la présente Délibération sera adressée par M . le Maire pour être approuvée par M. le Sous-Pré fet. S igné : Tercier ( Maire) , Lemprier, Ro­ bert, M. C. Robert, Gurat, Maréchal, Th" Robert, Quihou.

NOS PUBLICATIONS peuvent être consultées à la Bibliothèque Nationale Département des Périodiques : 8° LC2 1 320


,

UN REGLEMENT D E POLICE A

ATHIS-SUR-O R GE

S OUS L'ÀNCIEN R E G IME Par LOUIS BRUNEL � o �-----

u

couri' de nos rerherr h e s dans le s i nnombrab l e s doc ument s de la Séri e B des Archives Départemenla l e s (Rcflistres du. Grcffe du nailliagc d'A t his­ sur- (h'g e ) , nous avons e u l e bonheur de trouver u n e pi èce d'un grand · 'l térêt. Il s'agi t d'une Ordo lllHllwe, enregi strôe au P arlement le 1 4 a vri l 1 7 6 1 , rendue e n l a Jus ti c e d'A t it i s - sur-Orge par l e Bailly d e M e s s i re He lll' i G u i l l auïne \IAZADE, marqui s de S a i llt-Brj s�OlJ, d on t l e s multiples articles, vi sant l e s i nfrac­ f : ons des h a b i tants de ce l i eu en m a tière de po l i ce, donnent de préci eux rensei­ f. nements sur l a phy , ü o llom i e d'Ath i s-Mons avant la Révolution.

A

Il est évident que elW f'llll de::; paragra p h e s de re long doc ument méri tera i t u n e él ude ex tn�llIemell t a pprofond ie ; llI a i s i l nous semh l e prMérable de l e s (' om­ m e n ter u!tôri euremen l a vee foree dMai l s , a u fur e t il Il lèsure quI' l e " c i rl'·(Hls­ h n e e s l e r ô d a ill eron t, l'tl/ t l I J W 1 I 0 \ 1 S l ' a vons d'a i ll eurs déj :\ fa i t pour l e s arti c l es 2 6, 2 7 et 3 6 d a n s 1I 0 S trav aux s u r La cu lture de l a 1'i à nc e l ses coutumes à. A this­ ,1! ons e t Juvisy (I ) et les a r l i d e s 22, 23, 29, 3 0 el 3 7 dans c eux sur Les chasses r() l/llles et seigne u.riales dllns le Sud de Paris (2) .

Néanmoins, d'ores et déj il ulle l e cture attenti ve peut j e t e r une lumi ère sur que pouv a i t ê t re l a Justice et la P o l i c e , au XVIII' s i l�e1e, d a n s notre bonne \ i l l e d 'A th i ,, - M o n s .

" p

Sur l a Repre senta tion qui nous a été faittr par le Procureur flscal dr ce Bailliage et. Chalellenie que la manutpn tion de la Police et ant. confi é e a u x Jugps et. rf'eom mandée aux Officiers qui doivent. y coneourir, il est de son devoir de nous proposer de mettre sous les yeux du publie les principales disposi1 ions des ordonnances, edits, deelarations c t reglemcns genera ux el particuliers q u i con­ ,> erne la Police dans l' etendue du village et ,lans les champs de ce Bailliage et Chatel­ J enie e t. de les fain' publier, imprimer e t. a f­ fi che r dans tous les lieux ordinaires et exlra-

ordinaires de ce dit. Bailliage, Chatellenie, t é rres fiefs, et. Seigneurie ct Justice afin que personne n'en ignore, et que chacun a it a s'y conformer, pour quoy i l nous a n'quis d'y pourvoir suivant les conclusions qu ' i l a sur ce prises, en conséquence Nous, ayant e gard aux remontrances e t requisitoire duc!. Pro­ cureur fi scal, avons \.iré des ordonnances, e d its et. declarations dù Roy e t arreb dc la Cour l e s art.icles qui suivent afin quI' Irur rounion puisse former un reglement général pour la Police, lequel sera e xecut.é sous If bon plaisir et de l'autorité d e la Cour.

( 1 ) Bulletin de la S.E.S.A .M., j anvier 1948, n ° 2 , p p . 1 7 à 3 7 . ( 2 ) Id.. ,. oct. 1947, n ° 1, p p . 11 à 16 et avril 1948, n ° 3, pp . 7 6 à 8 0.


399 et

Article premier.

-

Le procès sera fait

p arfa it suivant la rigueur d e s ordonnan­ ces a to utt e s p erson n e s qu i même dans le vin auront blasphêmé ou j uré l e Sai n t nom de Dieu ou fait des imprecations scandaleuses.

2.

-

Enjoignons a touttes p ersonnes de quelques qualités et conditions qu ' e l l e s soient d e s e c o mpo r t e r dans l'Eglise avec la reVe­ rence convenable e t l e respect du a la d ivin e Maj e st é

et a la sainteté des t e m p l e s ; leur fai s o n s deffenses d ' y cau'ser aucun scandal e , ' d ' y a m e n e r aucuns chiens n i autres animaux capables d'occasionner du trouble et d'y faire du bruit, l e tout sous les peines port ée s par

les

o r do n n an c e s .

- Comme aussy faisons d e ffenses a t ou t t e s personnes de s'assembler en quelqu e l e m s que ce soit au devant de l ' Eglise pour y j ou er ou d a n s er .

3.

4.

-

F a i sons

p a r e i l l e m e nt

d e ff e n s e s

a

t o ultes p e r sonnes de s'assemblllr en quelque Service d i vi n dans l e s l i e u x publics pour J'

j o u e r ou danser ni dans l e s ca barets ou ta­ vernes p our y b o ' r e ; ordonnons · que tous j e u x p u b l i c s cesseront e t que t o u s 'cabar e t s e t t a v e r n e s s e r o n t fermés p e n d a n t l e S ervi<;.e divin pour les j ours de Dimanches et fest e s .

S. - N o s audiances ordinaires se tien­ dront t ouj ou rs à l 'avenir c o m m e par l e passé l e j ou r d e M a r d y il dix heures du m a t i n po u r y entendre les a p e l s et playdoyers d e s causes d e s p a r ti e s . Enj oignon s aux procureurs p o s ­ t u l �.ns de s' y trouver re gu l i e re m e n t pour y plaIder l e s cau s e s de leurs parti e s et s e r o n t t e n u s d ' y plaider et s ' y c o m p ort er avec la d e c e n c e convenab l e . 6. - T o ult e s personn e s pourront e n trer dans l'Auditoire comme lieu public pendant le t e m s d e s audiances ordinaires, se u l em ent. a la charge par e l l e s de s ' y c o m p orter avrc r e s p e c t et decence e t la tête decouvert E' . D e f­ fendons aux parties d'injurier leurs parti e s adve r s e s , d e se s e r v i r de t e r m e s i m p r o p r e s , j urer n i s ' e m p o r t e r aux dittes a U d i a n c e s , le tout a peine d e cent sols d 'amande p o u r la p r e m : e r e fois, du double en ca s d e r e c i dive , m ê m e en c a s d ' e m p orte m e n s , j uremens, me­ n a c e s e l. voyrs dr fait d e prison, et d e leur être leur proc!)s fait. et p a r fait suiva n t la ri­ gueur d e s ordonnances, l e s q u e l l e s amandes d e Cf'lIt. sols, dl! double (] ' i c s l I e s ou a u t r e s l e s part i e s seront con d a m n é e s d e payer sur le champ et sans deport.

7. ---,. .\fin que ' p e rsonne n e puisse pre . t e ndre ca. ll s e d ' i gnorance du j our et heure que se t i è n d ront n o s audiances ordinaire s , la c l o c h f' p o u r a v e rtir l e s procureur s p o stulans d e ce Bailliage, leurs c l : e n t s et parties inte­ ressées sera s o n n é e en la maniere ordinaire et ains y q u ' i l e s t usité cn ce l i e u de t e m s i m m e m orial.

8.

-

L'audiance d e s assises

l 'av e ni r comme par

sc ti endr a a

le passé le jour tite feste d i e u après le Service au

de la p e­ lieu ordi-

naire et accoutumé. Enj oignons a tous les

v a ssau x e t j u sticiab l e s de ce Ba i l l iage de s'y trouver et de s'y c o m p orter avec respect et d ecenc e a peine de trois livres d'amande con­

tre chacun des deffaillans contrevenans.

9. - D e ffe n d o n s a t ou s laboureurs, fer­ miers, voituriers, gens de j ournée, artisans, ouvriers et a t o u s autres d e travailler, faire trava i l l e r m ê m e aux ouvr ag e s de la campa­ gne l e s D i m a n c h e s et fest e s d e l 'année, si c e

n ' e s t dans le cas de n e c e s s i t é p o u r raison d e s q u e l s il" se r e tireront par devers N ous o u un des a u t r e s Officiers de P o l i c e de ce Bail­ l i age qui en donnera san s frais l a p e r mission par ecrit sur l e certificat du sieur Prieur de ce l i e u qui e n constat era la necessité et c e s o u s p e i n e de confiscation d e s c h e v a u x , v o i ­ t u r e s , o u t i l s e t a u t r e s choses servans au x d , ouvrages d o n t l e s contrevenans se t rouveront saisis et d e d i x livres d ' a m a n d e .

1 0.

- Dans la d i s p o sition de i " arli c l e pré­

cédent n e sont compris l e s boulangers, p a­ 'li ssiers, bouchers et aut.res dont l e s me tiers c o n c e rnent l e s choses n e c e ssaires il la vÏl' , lesqu e l s pourront vendI'l" d pb i t e l' , m ê m e tra­ vai l l e r e t. faç o n n e r leurs marchan dises t o u s l e s j o u r s d e l ' a n n é e s a n s e x c e p t i o n si ce n ' e s t

au j o u r d e s fêt e s annuelles e t d e gr an d su­ l e n n e l , scavoir paqu e s , l'Ascension, la Pent e ­ c o s t e , la f e s l e du S a i n t Sacre m e n t , l'Assomp­ tion, l a Tou s s a i n t , N o (l J , l ' E p i phanie e t Saint D p n i s fesle patronalle d e cette paroisse, aux­ qu e l s j o u r s i l s pourronl seule m e n t debiter

,leI' march andises a p p r e t é p s d e la v e i l l e . A l'e­ gard des D i m a n c h e s et rest e s ordinaires se­ ront ' te n u s l e s d . b o u l a n g e r s , p a l i ss i c r s , bou­ cih e r s e t autres d e tenir les a i s de leur bou -

1 iqul' fermés et ne pouront l a isser que les p u r i e s o u v e r t e s , le t ou t a peine de six livres . d'amande.

I l. - F a ' so n s d e ff l' n s e s a t ou s hoteIliers, cabaretiers, tave rniers et autres venda n s vin, d e re cevoir dans leurs maisons e t cab a ret" ( autres que des vo�yage urs ) , e t a touttes p er­ son n e s d o m i c i l i é e s dl' cette paroisse d ' y en­ trer les Dimanches et fêt e s p e n dant. le Ser­ v i c e divin, pour y boire , m a n g e r o u j ou e r , c o m m e a u s s y faisons d df' e n s e s a u x IJo telliers, cabare t p r s , i avprniers e t g e n s vr n d a n s VIIl d e t enir quelques j ours que c e soit leurs caba­ rrts o u v e r t s e l il t o u s p a rticuliers ( a utres que les v o y a g e ur s ) d ' y e n l r e r après Imit heure� du "oir d e p u i s l a Toussaint jusques a Pà­ ques et ap l't's dix h e u r e s d e p u i s P a sques j u squ'a l a Toussaint, l e t ou t a peine contre l e s !1o t e l l i e r s , caba.retiers et gens v e n dans vin de d i x livres d ' a m an d e pour la premiere f o i s , d e p l u s g r a n d e s o m llle en c a s d e reci­ dive, même d e faire fermer leurs maisons et cabarets, et, d e t r o i " livres eontre chaque par­ ticullier d o m i cilié qu i y sera t rouvé en con­

· t ra.venti o n . Seront reputés domiciliés tous vriers qui travailleront aux travau x d e lieu

ques

ou ­ ce

d 'Athi s et dependances e t l e s domesti­ residans en cette p a ro i s s e , encore bien


qu'ils n ' a:'ent p o i n t certai n e s ,

1 2.

de maison ni habit ations

( I rdonnons

que

tous

marguilliers

d e l 'œuvre et fabrique de l ' Eglise d e c e lieu seront tenus t ro i s mois a p r l' s qu ' i l s seront sortis de charge d e rendre eomptB e n .la ma­ niere ordinaire de la r e c e tt e e t l a depense qu' i l s auront fa' t p e n dant l ' J n n r e d e leur ad­ ministrati o n . L e tout en p r e sence du Procu� reur fi scal auqu f' l s e r a c O lll m u n ' qu é l e c a m p i !' huitaine avant q u ' i l sail p r f' s en t é p a r l e s mar­ guilliers afin d'y faire les observat ions ne­ cessaires si l e cas y p c h e ! p o u r l e b i en e t avantage de l ad . œuvre e t fabrique, sans quoy lesd. marguilliers n e s e r o n t v a l l a b l e m ent de­ chargés de l a r e g i e et a d m i n i s t r a t ' on qu'ils auront fails des r e v e n u s de lad. œuvre cl fabrique d o n t l e P r o c u r e u r fi scal nou s en informera afin d'y être par Nous pourvu.

1 3. - Les p r o p r i e t a i r e s e t possess �urs de maisons, b a t i m e n s , j a r d i n s e t autres heri­ tages dan s l'etendue d e l' e t t e Seigneuri e n e pourront faire a u c u n e c o n s t ruct' on ou re­ con struction de bat' m e n s . o u v e r t u r e s de por­ t e s et fenestr e s , p e n d r e enseigne, placer bor­ nes, sieges, montoires, gargou i l l e s , l e v i e r s , n i aucuns autre s ouvrages s a i l lans sur r ü e sans avoir au prealable pris d e Nous l e s aligne­ mens e t obtenu p e r m i ssion sur c e necessaire sur l e r a p o rt qui nous e n sera f a ; \. par notre voyer et c e sous p e i n e de s:� l i v r e s d ' a man­ d e , et seront e n outre l e s ouvrages, t ravaux e t. batj m e n s d e m o l i s aux frais e t d e p en s de c e u x · qui l e s auront fait f a i r e .

14. - F a i s o n s d e ff e n s e s a t ou s habitans de mettre n i s o u ff r i r dans l e s rües devant l e s p ortes de leurs maisons n i devan t le s murs d ' i c e l l e s , aucune c h a r e tt e s, harnois,

bois, chau m e , moilons, gra v a s , fumier, ni i m mondices nuisib l e s il la v o ye publiqu e , si c e n ' est p e n d an t l e tems n e � e s sa i r e pour les enlever ou employer, comme aussy il tous charti e r s , voituri e r s ou a u t r e s c o n d u i sèlns d e s voitures de l a i s s e r il I l e r leurs cll cv a u x s r u l s et. sans l e s cond u ir e , le t o u t a Iw i n e d l: t ro i s livres d'amande p o u r c!taque c o n t ravent i o n , outre l e s d o m m a g e s int e rp t s d e s p a r ti e s p t m ê m e d e p u n iti o n e x e m p l a i r e , s i l e eas J p chet en eas de rrcidiv r .

1 5. - D e ffe n d ons

a

t ou s

p r o p r i e t a i r f' s

el

locataires de mettre s o u s l e s f e n e s t r e s d o n ­ n a n t. s u r l e s r ü e s e t p ! a c c s p u b l i q u e s au ­ c u n s p o t s a fl e u r s , c a i s s o n s 0\1 a u t r e s cll o s e s qu elconques, il m O ' Il s qu ' c l i c s Il e s o i e n t � r­ retées et rete n u p s rJp rna n i e r e q u ' e l l e s n e p u i s s e n t tomb e r f'I b l e s s e r I r s p a s sa n s a p e i n e

de trois livres d ' a lll a Il rJ f� , rn è rn e sous p l u s grande peine en cas d e quelque d o m m a g e .

16. -

Faisons rJ e ff r Il s P s

il tonttes p e rson­

n e s , enfans e t. autres (It' tirer a r lll e s il f e u , fu sils, petards, d" tirer il l ' o y e , il la c a nn e , m ê m e a l a qu i l l e , a u b a t o n , fi la fronde et il tous autres j eu x ou il p e u t y avoir du danger p o u r ceux qui passe n t , il m o ' n s que ce n I' soit dans d e s e n d r o i t s eearlés et ave c p e r­ mission de Noùs ou de l'un des Officiers

de

400 la Justice a p eine

de confiscation d e s armes

a feu et autres ustanciles s e rvans auxd. j eux e t en outre d e t.rois livres d'amande p o u r

l a p r e m i è r e f o i s contre chacun des j o u e u r s e t de plus g r a n d e peine s ' i l y ecllet , o u t r e l e s d o m m a g e s interct.s envers ceux q u i se tTOU­ v e r o n t b l e ssés.

1 7. - Faisons très e x p r e sses inhibitions r:t. deffenses a toutte s personnes de loge r et retenir

dans

leurs maisons

et bati m e n s

des

m e n d i ans, vagabonds et gens sans a v e u p l u s

d'une nuit, a peine d e six livres d ' a m a n d e p o u r c h a q u e nuit suivante c o n t r e l e s contre­ ven ans q u i n e nous auront pas averti ou l'un dcs O ffi c i e r s d e Police étant sur l e s lieux . et de p ri s on contre l e s d . mandian s , vaga­ bonds et gens

sans av eu .

1 8. --

Tous p a rt i cu li e r s qui v o udro n t s ' e ­ t ab l i r d a n s c e tt e p a ro i s s e et e t e n du e de cette Se i gn eurie seront tenus de nous rapporter nr e a l abl e m e nt une a tt e s t ation en b on n e forme d e s curés et juges d e s l i e u x qu 'ils qu i tt e ro n t ou de gens connus et d i gnes de foy portant (m' i l s sont de bonnes v i e s e t m œu r s , faute d e nuoy les p articuliers ne seront p oint recus

dans l ' ete n du e de ce Bailliage e t s e ront m ê ­ me t r aitt é s comme vagabonds et gens san R o veu et arretés en cette qu a l i t é p o u r e n être

c!i s p o s é s ui va n t et aux t er m e s de l a de cla­ ration du Roy du 1 0 mars 020 et autres or­ donnances qui l e s co n ce r n e n t .

1 9. (' e r

l 'art

e n s e i gne

p e rsonne n e pourra exer­ chirurgi e et m a t r on a g e , p en dre

Aucune

de

e t ba s s i n s a

cet

e ff e t sans a u p ara , fait. e n r e gi stre r

" ant nous a vo i r r e pr e s c nt é et

pn n otr é gr e ffe s e s leUres de r e c e pti o n aud .

il.rt a p e in e de saisi e ct c on fi s c ation desdits pnseignes et ba ssins, ou t.i ls ct us t an ci l s ser­ van s aud . art, et en oHtre d e s ' x l ivres d'a­ mande.

-- F' a i , o n s rl e ff e n s e s a t o u s m archands b o u l a n ll' e r s . I · ab a r e t i e r s . hotrlli ers et autres ge n e r al 1 e m cllt q u e l co n que s de v e n d r e a faux p o i d s et. fa u s s e m e sure a ppi n e d ' ê t r e pour­

20.

suivis e x t r a o r d i n a i r e m e n t sui v a n t la rigueur des ordon n a n c e s . e t pour y obvier n o u s or­ rl n n Il O 1] ", mIr d a n s I I' mo i s d u j o u r d e l a pu ­ blicati on d e s p resent e s t o u s l e s p o i d s , m esu­ r l' s et au tres d n n t l es d . marcb a n d s et a u t r e s S f' servl' n t

l' p r a n t c t a l o n n é s pn l a maniere ac­ coutu m é e éI n e ' ll e de tro i s l i vres d'amande n o u r ('jl anup eo n trave n t i o n . o utre l a confi sca­ t i o n d e s p o i d s . me su r e s e t a n t r e s n on m a r ­

qu " s n i étalonn é s .

2 1 . - Seront t en u s l e s b ou l a n gers d e m arquer l e u r s n a i n s a l eu r m arqu e p a rticll ­ liere et leurs p o i d s , et ce a p e i n e de trois li­ vr e s d'amande p o u r chaque co n tr a v en t i o n et de saisies des p a i n s l e squ e l s s e r o n t coupés et distribups au x p au vres ,

22. - D e ff e n d o n s sous l e s p e in e s p or t é e s par l e s ordonnan ces a touttes p e rso n n e s d e cll a s s er on fai r e chasser a ve c chiens ou s a n s chi e n s , avec arm e s ou s a n s a rmes, de quel­ que sorte et maniere qu e ce soit dans l ' e t e n -


- 401 -

due de cette, Seigneurie, sans la p ermission du Seigneur. En consequence leur faisons deffenses de porter aucunes armes a feu et autr e s instruments propres a la chasse dans l e s remises, vignes, terres et autres heritages dependans de ce Bailliage et d'y mener ou laisser aller aucuns chiens de chasse ou au­ tres qui n'ayent baton ou billot p endant au col de grosseur et longueur suffi sante pour les empecher de courir sur l e gibier, et ce sous les peines et amandes portées par les ordonnances. 23. L e procès sera fait et parfait aux braconniers et a tous autres . qui auront ten­ dus des collets, pieges et autres instruments pour prendre furtivement le gibi e r ou qui seroient trouvés dans les champs . avec ces sortes d'instruments. Deffendons pareillement a touttes 2 4. personnes de p echer ou faire p e cher sans la permission du Seigneur avec q u c l qu e s instru­ Tllens que ce soit dans l 'eten due de la rivierre d'Orge qui de pend de ce Bailliage, m è m e d ' y prendre d e s ecrevisscs a p e i n l' d e s amande� et punitions suivant l a rigueur d e s ordon­ nances, suivant lesquels le proc(\ s sera fait '1 tous particuliers qui pour la pêelle se servi­ ront des instruments prohibés par l 'article dix du titre trente un de l 'ordonnance de 1 6 6 9 . 25. Comme aussy faisons deffenses d ' y faire tre mper et rouir des cllanvres et filas­ ses a peine de saisie et eonfiscation du chan ­ vre et de la filasse et de six livres d'amande . 26. Aucun particulier, habitant ou étranger ne pourra sous quelque prete xte que ce soit vendanger dans l ' etendue de c e Bail­ liage avant l ' ouverture du ban de vPllllange pour l e s habitan s et autres pro prietaire s et possesseurs des vignes, l e quel spra indiqué èn la maniere accoutumée pal' Nous ou au­ tre s Officiers de Police etant sur les lieux. 27. Il est pareillement fait deffenses a tous particuliers de faire du vin de lieus et sous ce pretexte d'aller cœuillir même dans leur propre vigne les raisins necessaires pour faire led. vin comme aussy d'arracher herbes et bourgeons, prendre et lever des sautelles ou serment dans les vignes qui n e leur ap­ partiennent pas sans le consentement des propriétaires, le tout a p e i n e d e six livres d'aménde et des dommages et interets en­ vers l e s proprietaires, de saisie des chevaux et b êtes asines et de contîscation des clla­ rettes, harnois, tonneaux, seaux, serpetes, et autres outils, ensemble des raisins vendangés sans que lesd. particuliers et autres puissent s'y o p p oser ni l ' e rn pecher a peine en cas de resistance d'être poursuivis extraordinaire­ ment comme pour rebellion a Justice. Deffendons pareillement a touttes 28. personnes de quelqu e qualité que ce puisse être et sous quelque pretexte que ce soit de faire et frayer des chemins tant à pied qu'a cheval et avec des voitures dans des terres ensemencées, prés, S i �;oins, luzernes et au-

-

-

-

'--

-

tres heritages en valleur et culture a peine de trois livres d'amande outre les dommages interets des parties interessées. DefTenses sont aussy faittes a tout­ 29. tes personnes sous les mêmes peines d'aller ou envo yer dans les terres ensemencées sous pretexte d'l'chardonner, elaguer, faire de l 'herbe, cœui llir des barbeaux, coquelicots et autres fleurs, scavoir dans celles ensemen­ cées en seigle passé le quinze avril, dans celles en froment passé le premier may et dans celles en orge ou en avoine autrement appellées mars passé le quinze' du dit mois de may. 30. Comme aussy nous deffendons '1 touttes p ersonnes de mener ou envoyer pa­ tUl'er leurs troupeaux et bestiaux dan s les prés, sainfoins et luzernes avanl le terme des deux premieres années de leur se mence et a près l ' e x piration d'icelles depuis le vingt cinq mars j u sques au premier o c t obre, a pei­ ne de telle amande, dommages et interets qu 'il appartiendra. Pareilles ll e n e ll S e S sont failt e s a 31 . louttes p ersonnes d'aller ou envo y er paturer l eurs bestiaux dans les remises, fossés d'i­ celles ou autres qui se t rom'erorit enclavés dans les terres ensemcncées depuis la Notre Dame de mars j usqu es a leur ent' e re e t par­ faitte recolte, et d a n s aucun t e m s de l'année clans lesd. remises ni dans les terres ense­ menpées enclavées dans les r ô l e s des vignes, n i dans Tes vignes, cl ' )' laisser aller les che­ vaux, ânes et autres v ê l e s de somme , le tout . so u s p e i n e de c o n fi s c a t i o n des bestiaux , trou­ p eaux et autres hètes 1 t'ouvés cn delit, de dix sols d'amande pour chaque cont ravention par chaque teste de b ê t e a lairH' et de trente sol s par cllaque teste de' hètes a cornes et autres, outre l e s dommages et interets envers les parties interessées. Nul ne pourra mener ni envoyer 32. les troupeaux et b estiaux paître dans les champs qui auront été moissonnés que troIs jours après que les grains en auront été en­ levés afin de laisser aux pauvre s i1abitans le tems de glaner, ni dans les prés, sainfoins et luzernes que les foins ne soient au moins en meule, de même ne pourront chaumer ni fai­ re chaumer avant Il' premier octobre, le tout a peine de dix livres d'amande. Faisons deffenses a tous labou­ 33. reurs, bouchers, bergers et autres personnes ayans b êtes a laine, a corne et autres de les mener ou envoyer paturer avant le soleil levé et de les y laisser après le soleil co.u ché et ce en touttes saisons sous peines de l'amande portée l'y dessus en l'article trente un. 34. Nul ne pourra glaner dans les ter­ res ni gra per dans les vignes avant le soleil levé et a près l e soleil couché, ni commencer par raport aux terres que le landemain de l'enlev'e men\. de touttes les gerbes et par rapo rl aux vignes aussy l e landemain qu e la vendange entiere de chaque canton aura été -

-

-

-

-

-


- 402 faiLte, le tout sous peine de trois livres d'a­ mande outre les dommages interets des par­ ties. Enj oignons a tous fermiers, labou­ 35. reurs et autres personnes d'enchainer avec cadenas les coutres de leurs charües et au­ tres instrumens dont les malfaiteurs pour­ l'Oient se servir pour fdire effractions a l'ef­ fet de voler, comme aussy faisons deffenses a toutes personnes de quelques qualités et conditions qu 'elles soient de laisser dans les rües, dans les champs ou aillieurs les echel­ les dont lesd. malfaiteurs puissent se servir a moins qu'ellps nf' soient enchainées, a pei­ n� dl' confiscation desd. echelles, coutre s e t autres instrumens e t d e trois livres d'amande. L e proc(�s sera fait et parfait sui­ 36. vant les ordonnances a tous ceux qui derobe­ ront aucuns fruits dans les vignes et j ardins clos et non clos, echalats, septs de vignes, grainf\ coupés etans SUI' les cha m p s ou qui les couperont, qui dl'truiront les hayes vives ou mortps servantes a clore les herîtages, qu i feront du feu dans les remises, fossés d 'icel­ les 1,1 au pied des arbres, qui escaladeront des murs encore qu'ils n'ayen t pas eu le te ms de voler les fruits, grains ou raisins e t qui a rracheront ou degraderont les arbre s Ù fruits ou autres enfermés dans les clos, parcs et j fU'dins. 37. - Faisons très ex presses inhibitions et del'fense s à touttes personnes d'entrer dans les remises dépendans de cette Seigneurie tant de jour que de nuit sous prete x te d'y pren­ dre du hois mort, batons, ba guettes ou au ­ trement il ppine de e.onfiscation de bêtes dl' sommes, serpes pt autres usV'ncils, et d es amandes p ortées par les ordonnances outre les dommages interets des parties. Faisons pareillement deffenses a toutt e s p ersonnes de couper dps branches vertes ou mortes au, saulles qui sont sur l e s pâtits de l a Com­ mUne de ce lieu sous les mêmes peines et de trois livres d'amende. Seront touttes les femmes et filles 38. qui se trouveront enceintes hors l e mariage legitime tenues de faire déclarations de leurs grossesses en notre greffe (et !les faits de qui elles proce!leront) suivant l'edit (!lu Roy Henry !leux ) du mois de fevrier 1 5 5 6 et I:t déclaration (!lu Roy Louis quato rze ) du vingt cinq fevrier 1 7 08 enregistrée au Parlemenl (le !leux mars suivant . ) a peine contre cel­ les qui auront recelé et caché leur grossesse d'être responsables de l'evenement de leur enfantem ent et en cas de mort de leur en­ tant d'être pOUrSUlVIeS extraordinairemenl comme homicides de leurs enfants. Seront aussy tenus tous proprie­ 39. taires, locataires et autres de balayer ou faire balayer les veilles des Dimanches et festes -

-

-

..

-

solemnelles l e devant de leurs portes, bati­ mens et dependances et de faire enlever les boües et autres immondices, le tout a peine de trois livres d'amande et du double en cas de recidive. Les ordonnances et reglemens 40. faits au suj et de la procession du très Saint Sacrement, les j ours et o ctave de la Feste Dieu seront executés selon leur forme et te · neur. En consequence ordonnons que tous les habitans et bourgeois seront tenus de tendre des tapisseries décentes de draps ou linges les devans de leurs maisons, batimen s et murs de j ardins ou clos devan.t lesquel s pas­ sera la procession, de nettoyer et faire ba­ laye!' lps rüps a peine de dix livres d'amande . D c ffendons a touttes personnes 41. de faire aucun es ordures le long des murs de l ' �,glise paroissiale de ce lieu a peine de trois livres d'amande et même de prison S! l e cas J' echet, de j ouer ni faire aucun bruit près de lad. Eglise pendant le Service divin sous les mêmes peines. 42. - O rdonnons conformement aux re­ glemens d é Police generalle a tous proprie­ taires et loeatail'es d 'ecl1eniller et faire eche­ niller tous les ans tous les arbres, hayes tant dans leur enclos que dans leurs vignes, ter­ l'e s et bois, le tout a p PÏIle de cinquante livres d 'amande . }<;Iljoignons a tous les Officiers de 43. ce Bailliage, Chatellenie et G ruerie chacun cn cc qui le concerne et le garde des bois et chasse de tenir la main a l'execution du present reglement et de nous donner avis lins contraventions, comme aussy a tous l1a­ hitans et particulliers de preter main forte à Justice quand besoin sera et qu'ils en seront requis. 44" et dernier. - Ordonnons que les père et mere, maîtres et maitresses seront et demeureront. civilement garants et respon­ sables de leurs enfans et domestiques et comme tels contraints au payement des amandes, dommages interets et depens qui pourront être prononcés conformement au present reglement. Et sera le present reglement lu, publié et affiché partout ou besoin sera et executé no­ n obstant opposition ou appellation quelcon­ que et sans préjudice d'icelles s'agissant de faits de Police. -

-

.

-

* * *

Fait et arreté par Nous Michel Vincent :\IANUBY, Bailly Juge et Garde ordinaire ci­ vil criminel de police Gruerie et voirie dud. B a i lliage et Chatellenie d'Athis-sur-Orge, et Louis CASSAN, Lieutenant en la Chambre du Conseil, le Mardy trois mars mil sept cent soixante un.


EP1 N A Y

�"ur �

ORGE

------ �

La Commanderie de Balisy Par VICTOR

E

N

qui ttant L ongj u m e au pour s e rendre à Epinay par la route G. C. 1 1 7, après l e hameau de Ba ­

l i sy, à droi te de l a côte de l'Engelthal, i l exi stait au Moye n Age uue Commanderi e de Templi ers sise sur la Terre du Petit Bali sy. Cette Terre a ppar ten a i t au X I I I" siècle à Gui llaume Bataille, ch e va l i e r , qu i s'en défit en juin 1 288 au profit du frère Jean dft Tour, trésorier de l'Ordre du Temple à P a ri s , pour 4 .4 0 0 l i vres p a ri ­ s i s , vente confirmée au ti tre de seigneur suz erain par P h j l ippè le Bel en ju i n 1289 (1 ) . L a maison s eigneu r i a l e s e s i tu a i t dans la grand e rue de Ba l i s y e t p o ssé d ai t 1 1 0 a r pe n t s (38 ha.) de terres au même ter­ ro i r, avec haute, 'm oy e n n e et basse j u s ­ tice et di vers dro i t s seigneuri aux (2) . Cette mai son d e Ba l i sy ét a i t u n e pe t i te

C HAUDUN

qui suivirent le fameux procès des Tem­ pliers de 13 1 4, se réduire peti t à petit, par le s empi ètements des seigneurs voi ­ sins, ses dépendance s et même son fief p ri n cip a l : l a Ferme du Petit Balisy. Et lo r squ e , dans un ti tre de renouvellement de rente fonci ère passé le 2 4 août 1 788 en l ' étu de de Ivre Suzanne, notaire à Long­ j umeau, entre un certai n P i erre Mas�e­ ron et l e bailly de Crùssol, agi s san t en l'espèce comme admi nistrateur .d u G r a n d Pri euré de France, pour le compte du due d'Angoulême ( 3 ) , n ou s constatons que si l e b aill y y e st qua l i fi é de Commandeur des Commanderi e s de Chantra ine (Bra­ bant) et de Bal i sy, nous sommes ob l i gé s de c onven i r qu'à l' aube de la Révoluti on II ne restai t que peu de c h o s e s d e ce t t e dern i è re , d é j à presque enti èrement rui ­

née.

Commanderi e avec chapelle desservi e en 1 4 5 6 p a r un rel i g i e u x d e l ' H ô p i ta l , fr è r e

Re gn au l t Gouré, à qui le Grand Pri eur

avait

donné, en r�compense

rendus,

la

joui ssance

de

fru i t i ère

servi c e s du

do­

m a i n e d e B a l i s y à c h a rg e d e l u i payer l a rente a nn ue l l e d'une mai l l e d'or (25 s o l s to u r n o i s) é q u i v a l ant ft l a va l e ur d ' a c ha t .

* * *

Nous avons b i e n connu dans notre en­ fanee la m a i son d'habitati o n d f;l l a Ferme du Pe t i t Bali sy, dont les belles c heminées datant de l ' époque de Louis XIV évo­ quai ent une eertaine ai sance b our geo i s e .

de 4 . 000 de n o s francs de 1 9 5 0.

Mal heureusement cette mai son, qui ser­ vait de de me u re au g a r de du p ar e d e l a C h âta i gne r a i e , a d i sp ar u entre 1 920 et

4 . 000 en 1 7 5 7 . Une petite m a i son à N o ­

1 9 30.

Le revenu de B a l i s y éta i t de 1 00 l i vres en 1 5 7 1 , 800 en 1 6 3 9 , 1 . 4 0 0 en 1 64 3 et

z ay e t l e s terre e t s e i gneuri e de C h i l l�' dép e nd a i e n t ausRi de e e tte C o m m an de r i e . Comme b e au e o up de Commander i e s , c e l l e d e B a l i sy v i t , au cours des s i èc l e s ( 1 ) Archives nationalrs, S 5 09 4 .

(2) Four bana l , droit de pêche dans l'y­ vette depuis la prairie de B ali s y jusqu'au moulin de Gravigny, droit de pâture sur la Montagne d'Epinay et au Rouillon.

Le seul vestige d e l 'anei enne Comman­

deri e

est le v i e u x p o n t d e B a U sy sur le

Roui l l o n ( l e Rû-L i o n ) que mon père dé­

couvrit avant 1 9 1 4 d a n s un i n extrieab l e

foui l l i s d e viornes cro issant avec exubé­

ranee d an s

un bouquet d'arbres pl u s i e u r s

( 3 ) Petit-tlIs de F ra n ce et Grand Prieur de France, alors mineur.


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LA .COMMANDE RIE DE BALISY PLAN PROVISOIRE DES SO UTERRAIN S P R O S PECTÉ S AU PEND ULE

fo i s centenaires, abattus en 1920. Ce pont enj ambait de ses tro i s arches le Roui l lon et supportait l ' ancien chemin j oignant la Ferme de l a Commanderie au hameau de Balisy. Les tro i s arches, d'une quarantaine de mètres au total, sont d e sLyl e roman. Il apparaît que, primitivemenL, l e rui � ­ s e a u p a s s a i t seulement s o u s deux arches ; m a i s à l a suite d'une dérivati on posté­ ri eure de son l i t, une nouvelle arche, d'une portée de 20 mètres et d'une hau­ teur de 4 mètres, fut construite, e t sur une de ses pierres de b a se se voit en-

core, gravée horizontalement, l a croix de Jérusalem, symbole de l'Ordre du Tem­ ple. M OIl père, frappé de l a rareté de cette construction dans notre région de l'Ile­ de-France, sachant qu'elle était menacée de destructi on rap i de par sa vétusté e t le voisi nage des l o ti sseurs, en obtint, l e 11 octobre 1930, la mise à l'Inventaire des Monuments Historiques par les services des Beaux-Arts. Quelque temps après, pressentant la possi b i l i t é d'exi stence' de souterrains­ refuges si commun s à l'entour de nos


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- 405 -

demeures féodales, mon père eut l'i­ dée de les rechercher dans l e voisinage de l 'anci enne Commanderi e. La prospec­ t i on en fut faite au pendule, en septem­ bre H J3 4 , par �l'ne l a Comtesse de P . . . ; nous eIl donnons un schéma très limité et provi soire, pouvant servir de base à des rechenhes plus poussées. Notons que ces souterrains se situent à l a cote 60-65 m . dans le calcaire de Champigny (Ludi en) , alors que ceux cj"E.­ pinay (Esplanade de l'Hôtel de V i l l e ) sont dans le l i mon des plat ea ux , ceux de V i l ­ l emoi sson (point de départ) dans le c a l ­ caire de Brie et les marnes argi leuse� (cote 7 0 ) , e t ceux de V i l l i ers dans le li­ mon des p l ateaux, près de la mairie. Il est b i en d i ffi c i l e d e savoir s i c e s

« LE

M A R EC H A L

A

souterrains convergent vers un pOInt centr al , des éboulements empêchant toute exploration au delà de quelques centa i ­ n e s de mètres ; c e s éboulements sont d ûs le p lus souvent à la présence des argiles vertes (Sannoi s i en - cote 5 0-62 m . à Vi l ­ lemoisson) e t a u x rui ssell emen ts q u ' e l l e ;;: provoquent à l eur voi si nage. D'autre part, je n'ai pas eu connai ssance que les nombreuses carri ères exploi tant l a meu­ l i ère a i en t révélé la présence de souter­ rains al lant de V i l l emoi sson au donj on de Montlhéry ; ce qui permettrait d'ad­ mettre avec grande chance de certi tud e qu'i l s devaient se l o c a l i ser a u x envi ro n s i mmédiats des b u t t e s féodales p o u r se perdre au m i l i e u d e s i mposants massifs forestiers qui les entourai ent au t r ef o i s .

RETROSPECTIVE

DAVO U T

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L E MARÉCHAL DAVOUT Par le sculpteur S. CARRE

1951, un vif succès. On remarqua à son inauguration, outre les autorités locales et départementales. le général Kœnig, vice­ président du Conseil Supérieur de la Guerre, l'ambassadeur Léon Noël, les commandants Lachouque et Mauguin, le prince Achille Murat, le duc d'Auerstaedt, le vicomte d'A­ vout et de nombreuses autres personnalités. Dès l'ouverture, le public put longue­ ment admirer les 198 pièces prêtées par le Musée d'Auxerre, le Musée de Sens, les Archives de l'Yonne, du M inistère de la Guerre, de Seine-et-Oise, la Mairie de Sa­ vigny ou extraites de plusieurs collections particulières . Ce fut. au total. une très belle manifes­ tation ; mais il est regrettable que le Châ ­ teau de Savigny ne l u i a i t p a s servi d e cadre. Nous nous permettons de rappeler que la S.E.S.A.M. a publié dans son volume VI1 949 une étude sur Le Maréchal Davout et sa famille à Savigny-sur-Orge. �,�


LE CH EVALI ER DE LUSSA N Histoire française du XVIIe siècle

Bien que les romans hi storiques, à raison des privautés que se per­ mettent les auteurs, ne puissent ê tre considérés comme véri t A s h i stori­ ques e t par suite ne point prendre place dans notre Bulletin, rW1ls ne pouvons résister au plaisir de vous faire connaître malgré tout un conte charmant : Le C heva l i er de Lussan ( * ) , écri t à A this-Mons en 1 87,11 par un auteur anonyme qui, eJn cette occasion, n'avait seulement songé qu'à me ttre en pratique l'aimable conseil du eélèbre philosophe D idero t : « M e s amis, faisons de s conte s ; pendant que l'on fait des contes , on o ub l i e, et le conte moins amusant de l a v i e s'achève sans tourment . . . »

L

E 24 juin 1 6 7 7 , i l y avait réception au château de Chaiges, à quatre lieues de Paris, près Juvisy . Don Juan de Watte­ ville, abbé de Beaume et grand bailli d'Hamon, en Franche-Comté, devenu depuis peu proprié­ taire de ce manoir par héritage, y célébrait son j our de fête ( 1 ) . Tous ses voisins avaient

( * ) Extrait des Contes du Soir par l'auteur Trois Passions (Paris, E . Dentu, 1879 ) , dédiés A Monsieur e t Madame Hons-O livier

de

en remerciement de leur aimable ho spitalité dans leur propriété de Mons-A this. ( 1 ) En 1677, l e Seigneur du Fief de Chai­

ges était en réalité M' Nicolas Hamelin, Con­ seiller du Roi eu sa Cour de l a Monnaie. D'ailleurs, il nous est. impossible d'admettre, à la suite de Théodule Pinard dans son His­ toire du Canton de Longjumeau (p. 7 9 ) , que M. de \Vatteville ait possédé ce domaine, car l'abbé Jean L ebeuf - qui ignore ce per­ sonnage .- . mentionne dans son Histoire du Diocèse de Paris (Ed. Féchoz, 1 883, t . IV, p. 4 2 6 ) , ;'t l'aide ù'une référence précise, qu' e n l'au 1 6 /1 8 " le Seigneur de Chaiges étoit �icolas Amclin, Conseil l e r en l a Cour des Monnaies » ; nous savons d'autre part qùe cette propriété l'esta entre les mains de la famille Hamelin j u squ' e n 1 7 1 3 , puisqu'un acte ext rait des R e gistres du G reffe de la PrévtJté de Juvisy indique qu'à cette date la Darne de Chaiges était " Damoiselle Ml­ schèlle Charlottes Amelin, seule et unique érilière de feü Messire Nicolas Amelin Ti­ naut, Seigneur dudit lieus » ,

été invités . On voyait à sa tab l e l e seig'neur d'Athis, conseiller du Roi et p etit-fil s de Pierre Viole ( 2 ) , le fameux président du tcmps de la Fronde, le duc de Roquelaure (:1 Î

Or, ce n 'est qu 'en 1 G 6 8 que M. de \Vat­ teville se réfugie en France, après la signa­ ture du Traité d'Aix-la-Chapelle qui rend lu Franche-Comté à l'Espagne ; et il meurt en 1 702 , à l'&ge de 90 ans ! 11 convient de lin' la notice consacrée par M . LEHOY à Un lll'ell ­

t urier d e rob e e t d' épée : l'abbé J e a n de Wat­ te riUe, dans l e Bulletin N° 1 de la S.E .S.A.M.

(pp. 5 à 8 ) . , ( 2 ) A c-ette époque, le Seigneur et Baron d'Athis-sur-Orge n 'était point Me Pierre Viole, mais " noble homme Thibault de la Brousse, Che Llalier, Capitaine Lieutenant des Cent Suis ­

s e s de la G arde Ordinaire de Sa Majesté » .

La Seigneurie et Ch&tellenie d'Athis avait été acquise, en effet, sur les héritiers de M" Viole, l e 29 février 1 62 8 , par M' Thibault de la Brousse, père du précédent, Chevalier dl' l' Urdre du Roi, Gouverneur de Saumur, e l Conseiller du Roi en tOIl� ses Conseils d ' E t a t et Privé. ( 3 ) Ce personnage, 11ôt C du Seigneur d'Athis dans le conte, serait ( ' a ston de Ro­ quelaure ( 1 6 1 4- 1 6 83 ) , Lieutenant Général de� Armées du Roi . Son fils, Antoine Gaston, qualifié dans les vieu� actes paroissiaux d'Athi s de " Monseigneur le Maréchal Duc dl' Roquelaur:e » , acquit vers 1 7 1 8 l e domaine d' Oysonville, autrement dit l e fief des Car­ neaux.


- 407 -

et son petit-neveu, le chevalier de Lus­ san ( 4 ) , hôtes et amis du seigneur d'Athis, puis l e baron de Juvisy, les seigneurs de Viry, de Vigneux et d'Ablon, et quelqu�s au­ tres p ersonnages di stingués venus de Paris . Le bailli avait fait magnifiquement les choses et le festin abondant èn gibier et poisson était , arrosé des meilleurs vins de la Bour­ gogne et de la Champagn e . Le maître de la maison paraissait fort heureux du plaisir de ses convives . Ses pe­ tits yeux gris de fer étincelaient sous d'épais ]ourcil s noirs. Haut de taille et vif encore d'allure, quoiqu'il eût dépassé de beaucoup la cinquantaine, avec sa moustache et sa royale grisonnantes, il ressemblait plus à un homme d'épée qu'il un homme de religio a Le fait e s t qu'il avait été l 'un et l'autr e . C o m t o i s de b o n n r naissance, m a i s cadet d " famille, M . de \Vatteville avait commencé par servir dans les armées du roi d'Espagne, en Italie, puis i l s'était fait chartreux, s'était enfui du cloîtr e , et, passant en Turqu ie, y avait pris le turban et rempli les fonction3 de gouverneur de place en Morée. Reven u en Europ e et absous de son apostasie par I I' Saint-Siège, grâce à l'intervention du baron de \Vattevil l e , son frère, ambassadeur d'Es­ pagne à la cour de Rome, il avait aidé di­ plomatiquement Louis XIV dans la conquê�3 de la Franche-Comté. Le gouvernement royal l'avait récompensé de ses services par le don de l'abbaye de Beaume, l'un des plu� rHlhes bénéfices de la contrée. Le traité d'Aix -Ia-Chapelle ayant rendu la Franche­ Comté il l'Espagn e , M. de \Vatteville quitta �on pays natal et vint en France habiler, pr'i' R P a ris, l e domaine de Chaiges . On lui att ribuait , il l'époque do sa jeuness e , bien ùes awntures étranges, force duels e t enlô­ vements dr femmes. Auj ourd'hu i , malgré son âge avancé, i l menait encore largement la vic et employait au jeu, à la chasse et à la t ahle, une activité ùe corps et d'esprit des plus étonnante s . On mangea beaucoup et l ' o n but davan­ t age. Le souper, n'ayant pour assistance que . des conVIves masculins, fut très gai. Il y eut de la � al't de M. de Roquelaure, qui n'était pas chIche de mots salés, plus d'un récit grave l eux dont s'amusa la noble compagn i e . C o m m p t oujours aussi, en toute réunion u n p e u ex citée par la b o n n e chère e t le v i n , i l [a ut qu'i l y a i t une victime, un plastron, la perHr�nne qui servit de but il l ' e sprit de c e s meSSIeurs f u t le plus j eune de l'assemblée d certainement l e plus aimable, l e chevalier de Lussan . C'était un j eune homme de vingt �ns au plus, de figure charmante, bien fait, dancé, et ayant des yeux bleus et une per-

(4) Certainement

naire .

un

personnage

imagi­

l'uque blonde . Le duc ne fut pas des derniers

h tirer sur son neveu.

- Epargnons, de grâce, disait-il, les oreil­ les du chevalier. Il n 'est pas de notre temps. C' est un beau mélancolique qui n'aime qu'à naviguer sur le fleuve du Tendre avec M"e de Scudéry, ou il porter la houlette aux bords du Lignon en compagnie des bergers de M. d'Urfé. L'assistance riait et applaudissait aux sail­ lies de M . de Roquelaure. Le chevalier, qui ne manquait pas d'esprit, ripostait d e son mieux ; mais quelqu'un fort attentif ' à tout c c qui se disait, loin de partager l 'hilarité générale, regardait le j eune homme avec une sorte de compassion . Ce personnage n'était autre que le page du bailli, posté derrière la chaisfl de son maître. Ce serviteur, joli garçon de dix-sept. ans, avait un visage par­ faitement ovale et régulier, au teint mat comme celui des gens du Midi, des yeux noirs surmontés de deu x sourcils bien ar­ qués, et une belle chevelure noire retomban t en boucles flnes sur ses épaules. Il portait un pourpoint de velours violet, orné d'ai­ guillettes de soie rouge, vêtement qui lui ser­ rait la taill e et en faisait valoir l'élégance. On lui voyait en outre autour du col une chaîne d'or dont les anneaux brillants se j ouaient sur sa poitrine . Il se nommait Théo­ dore et obéissait avec une promptitude ex­ trême à tous les ordres de M. de Watte­ ville. Les regards du page n'échappèrent pas ' au chevalier. M. de Lussan v avait lu lè sentiment d'un touchant int é rêt et, plus d'une fois pendant le repas, il chercha à les fpncontrer comme pour se reposer du babil d'une société qui ne lui plaisait guère. Mais, soit limiditA, soit. di straction, le gentil servi­ t pur baissait l a tête ou détournait les yeux. N' importe, lorsqu'on sortit de table et qu'on n I l a faire quelques pas dans le parc, afin de S 8 remettre un peu et respirer l'air, le che­ valie!' y emporta l'i mage sympathique du p age ct le feu de s r s doux regards. La nuit. commençant à tomber, les convives dl' ' L d e Watteville songèrent à regagner l e u r s de meures. Quelques-uns, ceux qui ét aient de P a ris ou qui habitaient loin du manoir, y restèrent et. y j ouèrent jusqu'au coucher. Quan t aux p lus rapprochés, ils montèrent il cheval e.t l 'un d'eux, le gros ha ron de Juvisy, avait tant bu qu'on eut hea ucoup dr peinr il l e hisser sur son des­ trier p t qu 'il fallut, tout l e long de la route, drux valets de chaque côté pour le mainte­ nir en selle. Le brave homme n 'était plus de ce monde . M. le Conseiller et ses deux amis prirent égale m ent le chemin d'Athis. Le château de ce village appartenait de­ puis longtemps il la famille Viol e . Edifice ancien , mais reconstruit dans l e goût du XVII' siècle, il o ccupait avec son p arc à peu près le milieu de la hauteur qui domine la


408 vallée où la petite rivière de l ' Orge se j ette dans

la Sein e . Il n'était donc pas très éloi­

dormit le

en

sache

1

disant :

»

gné du manoir de Chaiges. Des champs, des prés,

quelques b ouquets de

cours

d'eau

passa

la

fi e f

des

de

l'Orge

rivière

au

seigneurs

bois

l'en

du

Roi,

Montlhéry,

ancien

et

par

la

montée qui se trouve au-dessus on fut bien­ tôt

à

l 'habitation

route,

le

conseiller

du seigneur de - Par vrai

de

ma

et

Viole.

le

Pendant

duc

la

s'entretinrent

Chaige s .

foi,

disait

gentilhomme

vill e :

M.

Viole,

que don

Juan

c'est

de

un

Watte­

c o m m e il nous a bien re çus.

- Oui,

répondait M .

de

fro­

doit s'entendre

à bien vivre . monsi eur

le

duc,

pourquoi

il

e s t venu se retirer à Chaige s ?

à Be­

- Parce qu'on ne veut plus de lui

san e o n , et qu'on n e s ' e n s o u r. i e guère à. Ver­ sailles. -,-- C'est fort p o s sible : bruits fâcheux sur son de

G ray

et sa livraison

à l'Autri che . . .

il a couru tant de compte . . . de

son

affaire

trou p e s turques

- Oui, j e connais tous ees bruits-là , mais a p r è s tout, l e seigneur don Juan traite c o m m e il faut J e m o n d e , sa chère

est. e x e e llente

s e s vins sont e xquis. Gaston,

qui avait entendu son cheval près d e ' Roquelaure et lui dit : poussa

et

la

conversati on, celui de M . de

à M.

- Savez-vous, mon oncle, d ' o il vient

le hailli le j eune page q u i se tena.!t. derrière son fauteuil pendant le souper ? - Ma

foi,

m on

garçon,

repartit

le

duc,

je l'i gnore autant que toI . - Ne l 'avez-vous .- Nullement.

Est-ce

je

que

m ' occupe

de

- Mais Il a une j o lie figure et un air si étrange ! même,

va le demander au bailli lui­

reprit l e

duc impatienté .

Que

diable

C ette parole termina l ' entreti e n ,

et comme

o n était arrivé au château, l e s cavali e r s d e s­ le

bonsoir

de

leur En

le chevalier s e fois de quelle

s'étendant

p araii?sait ni

espagnole, elle ?

Sans

ni

M.

souhaitèrent

chacun sous

dans ses

s on

drap s ,

d e Wattevil l e . Elle n e

fran çaise,

même

trop

se

d e m a n d a e n c o r e plus d'une provenance p ouvait être le

j eune serviteur de lui

monture,

et se retirèrent

appart.e ment.

je

après

le

souper

de

M.

de

de Roqu elaure fit appeler son

lui

à

Chaiges

faire

une

visite

de

politesse

au seigneur du lieu . L e j eune homme vite

et,

montant

à

cheval,

s'ha­

suivit

son

oncle à l a résidence du bailli. Le château de Chai ges ou Chage était aussi que celui d ' Ath i s , mais il avait gardé son aspect féodal . La p o rte d ' e n t r é e p rinci­ p a l e , fort. étroite, était. pratiqu é e dans un

m a s s i f de maç onneri e , p ercé d e meurtrières et fl anqué d e deux tours s ' a p p uyant au mur d 'une chapelle dont le toit p ointu et sur­ m onté d'un clocheton d o m inait l'ensembl e .

D e u x longs c o r p s de logis en rez-de-chaus­ sée seulement s ' étendaient. de chaque côté e t avajent pour défense u n large fossé à demi rempli d'eau faisant l e t.our des bâtiments et du parc. Le p ont-levis étant dressé, les

cavaliers longèrent l e p arapet du côté gau­ che et arrivèrent à la porte des c o m muns qui , elle, n 'était pas fermée . Descendus de

cheval , et l e s bêtes remises e n main au valet qui les suivait, l e duc et son n eveu péné­ t rèrent. par un p e tit p ont dans la cour inté­ Mais là, quel s p ectacle rieure du manoir.

il leurs yeu x 1 . Au fond de la cour, il la muraille, assis dans un grand'

s ' o ffrit adossé

fauteuil e t entouré de ses gens, le seigneur d e Ghaiges se mblait t. e n i r un l i t d e j u sti c e . A quelques pas de lui, un p aysan, son bonnet

à, la main, pa rlait et ge sticulait, c t plus loin, l e corps lié il un arbre, un j eune homm p , chemise

la

épaules

ses

reins

et

s' écria

le

rab attue, montrait s e s en p arfaite nu dité.

1

monsieur le

bailli ,

duc en se dé couvrant, dans queUe o p ération vous

trouvé-j e ?

- Monsieur viteur,

l e du c , j e suis bien votre ser­

répondit M .

et

s'inclinant ;

de

Watteville

. j ' e xerce

en

mon

se

le­

droit

de

h au t e et b a s s e j u stice (5) . C e j eun e drô l p qUf � v o u s v o y e z là-bas est convaincu d'avo i r dérobé des fruits à ce p aysan . C'est un d p s

cela p eut-il te faire ?

cendirent

que

neveu et lui dit de se préparer à venir avec

vant

- Eh bien !

semaine

- Tudieu

pas r emarqué ?

ces gens-là ! ,

bien

vieux

Roquelaure,

cart et soudard à la f o i s , il - Sait-on,

Une

Watteville, M.

billa M.

faudra

. ' . .'

petit

séparaient. · On

moulin

de

et le

Il

«

ni

itali enn e .

savoir

alle mande" Quelle

p ourquoi

le

garçons d e m e s écuries, et j e l ' a i conda m n é

il

recevoir

verge,

sur

les

sentence

qui

reins sera

devant vous, monsieur l e lez bien le A

ces

c o u p s de il e xécu t i o n

vin gt, mise

duc, si v o u s vou­

p ermettr e .

mots,

l e p a g e d u bailli

s'approcha

vite de M . de Roquelaure, avec un air sup­ p liant,

et lui

rut :

ni

était­ démon

de la curiosité le piquait à ce suj et, il s' en-

de

(5) Seul le Seigneur d'Athis avait le droit haute,

moyenne

et basse

justice.


409 -

- Ah ! monseigneur, obtenez, la grâce de ce pa llvre garçon.

je

vous p r i e ,

- Théo ! b 'écria M. de \Vattevil l e , di te non e bisogno, lad e 'dietro ! Et il continua d'adresser au j eune servi­ teur, d'un ton fort dur, plusieurs autres p a­ roles qui n 'étaient ni françaises, ni itali enn e s . Le p age quitta l e due et v i n t se r a n g e r a u ­ près du fauteuil de s o n maître . Gaston était fort ému de cette scène. II tira son oncle par la manche et lui dit : - Intervenez, je vous en con.iure, pn fa­ vpur de ce malheu reux .

Lr duc, qui I< t ai t hon ho m m e , c o m p r i t. e t s ' écria rn faisant quelques p a s : - Monsieur I l' Il a illi, qua n d ]p [{oi p a s " e p n� s de l'écha faud d 'un c o n d a m n é , l 'action dl' la ju stke p s t suspendlH' et la sentence mise il n é a n t . ,j f' n e suis point le Roi, mais je s n ' s l e duc de Roquelaure, lieutenant gP_ néml dl; " ar mées de Sa Majesté, gouverneur de la (;llienne et pair du royau m e . ,j'espère donc que ma présence inattendue en crs lieux portera bonheur il cr pauvre diable , et que vous ne me refuserez pas sa grâce à titre de voisin ct d'ami. - Soit, Ilwnsieur le duc, répondit. le bailti en inclinant la tête, qu'on délivrE' ce drôle ! Ma is qui pa �'pra le domm age ? -- E:h bien ! m o i , fit l e duc. A combien l e dPgiî l ?

- --. Douze san.

livres

t ournoi s !

s'écria

le

pay­

',-, Allons, bonhomme , les voilà ! reprit 1 8 d u e en tirant de sa p o ch e d e u x é c u s d e six livres qu'il tendit au rustiqu e . �jt toi, jeune hommE', n e recommen ce pa.s, car une autre fois je n e serai point I II pour couper la eorde . Le délinquant baisa les mains de l\f, de Ro­ quelaure et s'enfuit au milieu de ses cama­ rades. Quant au duc, il remercia fort M. de \Vatteville de son ai mable condescendance . lui assurant qu'il lui était deux fois rede � v a b l e , d'abord d'un souper e x cellent, et en­ suit e (j 'un acte d e cha rité .

Ail ! m onsieur II' duc, aj outa un p eu . i v grnlll e n t I r; baiVi, (ô'cst. ainsi que l 'on p e rd l'autori t é . -- Peut-être , repartit M . de Roquelaure en secouant la tNe . Et sur ces m ots on sortit de la cour et on entra dans la salle à manger du ehâteau . Là, le seigneu r de Chaiges fit asseoir ses deux visiteurs et ordonna il son page qu 'on leur servît des rafraîchissements. L e jeune homme disparut et revint bientôt en compa­ gnie d'un valet p ortant sur un plateau d'ar­ gent fia,cons de vin et gâteaux auxquels CBS

'

Ill c ss:eurs firent modestement fête . Durant ce léger repas Gaston n e p erdait p oint de vue le serviteur du bailli , et il crut. voir que ses yeux pleins d e joie s'arrêtaient souvent sur lui \'1. semblaient le remercier des bonnes parp l e s de M. de Roqu e l a u r e . La collation terminée, l'oncle et l e neveu furent recon­ duits avec force civilités par M. de \Vatte­ v i l l e j usqu 'à la porte du manoir. Arrivés à quelque distance, le duc ne put s'empêcher de dire : - Il y va bien, le voisin, la bast onnade pOUl' quelques abricots chipés ! C'est une jus­ t ' c P t onl il fait h. la turqu e . D a m e , m o n oncle, si ce qu'on d i t est -� vrai, l'l' prit Gaston, i l n'a urait pas pe rdu ses habit udes. Chut ! monsieur mon neveu, motus là­ -� d e ssus : le bailli pst une bonne lame, et il [l'aime pas il cr qu'on t ouchp il certains points de sa vie . . . C ' e s t rI'ailleurs un homme d ' e sprit et du m e i lleur monde . Tout abbé qu 'il est, il entend fort la gaudriol e .

- - Quant il m o i , il n e me p laît guère . I l e st poli, c 'est vrai : mais s o u s cette politesse , il sr cache de la dureté. Avez-vous entendu les paroles adressées il son page ? Je n e les ai pàs toutes comprises, mais quel œil et quel ton ! II Y avait de l ' italien et puis des mots qui ressemblaient fort h. de l 'arab e . Est-ce qu e ce ne serait pas u n garçon venu . avec lui de l'Orient ? - Mais non, ce page a l'air d'avoir tout au plus seize ans et i l y a bien plus long­ temp s que oela que le seigneur don Juan a quit t é l a Turquie . - -- Tout ce que j e sais, mon oncle, c'pst que l e maître et l e serviteur parlent turc ou arabe et que cela n ' e st pas ordinaire. - C'est p ossible, mais, Gaston, j e t e re­ commande encore une fois de la prudence au sujet de M. de \Vattevi l l e . * * *

Le lende main de la visite au château de Chaiges, l e dîner achevé, tandis que M. Viole p ro m enait le duc de Roquelaure dans ses nouvelles acquisitions de terres et de bois, madame la douairière et Gaston étaient assis sur u n banc de l a terrasse et causaient en­ semble à l ' o mbre des premiers tilleuls du parc. Madame Viole, depuis la mort de son mari, n 'avait jamais abandonné Athi s : elle y vivait avec son fils, le conseiller du Roi, et tenait sa maison . C c n'était pas une de ces femmes hautaines, revêches et chez lesquelles l 'âge accroît la mauvaise humeur ; c' était, au contraire, une excellente personne d'un ca­ ractère doux, d'un esprit bienveillant et qui


- 410 � se plaisait avec .. l a j eunesse . Elle était de celles en qui la bonté remplaçant la beauté empêche qu'on s'aperçoive des rides au vi­ sage et des cheveux blancs, e l qui , t oujours agréables, sc font a i mer j usqu 'à leur dernier souffi e . Elle s'entretenait avec .G aston de son avenir et, tout en terminant u n bout de ta­ pisserie, elle bâtissait pour lui plus d'un c11âteau en Espagn e . Elle lui disait : - Eh bien ! chevalier, quand vous nous aurez quittés, qu'allez-vous faire ? - Ce qu'il p l aira à Dieu, madame. - Comptez-vous entrer au service de Sa Majesté ? - Mais de grand cœur, si mon oncle y consent et si le Roi veut bien m'admettr e . - Oh ! certainem ent ! i l s e r a faci l e de vous trouver u n e place dans un des régiments du corps d'armée que commande votre parent , M. le marquis de Roquelaure. '- C'est mon espoir. - Et puis après, vous vou s marierez . . . - - Oh ! p our cela j e n ' y p ense guère. - Vous avez tort. - Pourquoi ? - C' est que j e vous crois du cœur, et que, lorsqu e l'on est gentilhom m e de bonne race et d'agréable tournure comme vous l 'êtes, il y a gros il parier que l 'on rendra une femme heureuse. - En vérit é , mada me, vous m e jugez trop favorablement. - Mais non, clwval i c r , il mon li g e on a d e l'exp érienee, e l , s i j e n e m e trompe, vous êtes cap a b l e d e sentim ent. - C e que je sais, mada m e , c ' e s t qu e j e suis bien j eune, assez étourdi, mais point méchant ... Pour l e reste, j ' attends l ' é p reuve . Comme i l s pn étaient Ill, un d O ll1e stique vinl annoncer � madame l a douairière que qu el­ qu'un du château de Cl1aiges désira:t lui­ parler. - Qu'il vienne ici, d i l je le r ecevrai.

ll1ada nw Viol P , ct

Et comme Gaston faisail mine de se retirer, elle aj outa :

- Re st.ez, chevalier, il n ' y il rien de secrel entre M . de \Val teville cl � o i .

Le domestique disparut et l'amena bientôl la p ersonne en question : c' était l e page du baill i . Celui-ci tenait il l a main une cage d'osier dans laquelle sautillaient quatre p etits oiseaux. Il parut un m o ment. surpris de voir M. de Lussan, mais i l se remit vite et dit après un profond salut à la douairière : a

- Madame, M. de \Vattevil l e , m o n maître, l'honneur de vous p r é senter ses hommages

r e s p e ctueux et. de vous offrir quatre petits paons nouvellemenl éclos et en état de se passer de m è r e . Il a su qu e vous désiriez avoir quelques-uns de ces beaux oiseaux dans votre parc cl i l sc fail un plaisir de satisfaire votre cnvi p . - M. de \Vatteville e s t vraiment t r o p ai­ mable d'avoir pris au sérieux une parole peut-être indiscrète d e mon fil s . J'accepte son j oli cadeau et vais tout de suite , par un bout de l e ttre, ]e remercier de sa galanterie. E x cusez-moi, monsieur Gaston , de vous lais­ ser u n instant seul. L e j eune homme s'inclina. Elle se leva, prit. l a cage des main s > du j eune servit eur, examina un instant les pe­ tit s oiseaux qu'elle cont enai t , puis l ' a y a n t d é p o s é e s u r l e b a n c o ù elle était a s s i s e , l' I h� ga gna. rapidement le elul1 f' au. Le p age vou­ lui la. suivre el, Gomme i l faisait quelqu e s p a s , le ellevalier l u i dit : - Ah ! monsieur Théodore , est-ce que vous auriez p eu r de rester avee moi ? Le page rougit. un p e u sans que Gaston parût l e re marquer, et s'arrêtant aussit.ôt. il rép ondit en se retournant : - Nullement, monsi eur le chevalier. Je croyais qu'il était plus séant de suivre ma­ dame. -- Eh bien ! demeurez avee moi, j e veux profi t e r de not.re rencontre seul à seul pour vou s demander quelque chose, - A vos ordres, monsieur Il' chevalier, fi t le page avec une inclinaison de tête .

- y a-t-il longtemps que service de M. de \Vatteville ?

vous

êtes

au

Très l ongt e m p s . - V o u s p l a i s e z-vous aupri' s de lu i ?

- n u i , monsieur.

- J ' a i c\ !' u v o i r cependanl h i e !' q u e votre maît r e vous avait pas mal rudoî' é . - - C'est vrai, monsieur' le b a i l l i n'aime ]J as qu'on se mt'lc de ses affai r e s .

- ,J l' c o n ç o i s , mais i l s'est e x p r i l ll é e n t er­ durs, il ce qu 'il m'a semblé.

mes

- M . l e bailli est vif, cependant i l est bon pour m o i e l j e ne saurai s m'en plaindre. - -- En ce cas v o u s n e voudriez p a s chan­ gcr vo i r e t'onrl i l i o n con t re unI' a u l l' ( ' p l u s d o u c e c t p l u s avant ageusp ? - NOIl , monsieur, pour t o u l j ' o !' du monde, j e n e voudrais quitter la ma; son de M. l e bailli.

- Cela fait son éloge et surt.out I r vôtre . - Ah ! monsieur m e sup pose plus d e qua-

lit.és que je n'en ai.. - Non, mais vous m'intéressez et cela de­ puis que j e vous ai vu.


- 411 - C 'est b i e n de l 'honneur p o u r moi : monsieur le chevalier est trop b on . . . il m e connait si peu ! - C ' est vrai ; c'est la troisième fois que je vous vois et p ourta nt il me semble que nous s o m m e s déjà de vieilles connaissanc e s . Le page n e rép ondit rien ; il b a i s s a l e s y e u x e t se mit à tourmenter les plumes de son feutre. Il semblait fort, gêné des regards et des interrogation s d e M . de Lussan . Quand madame la douairière reparut une letlre il l a main, il se remit un p e u . - T e n e z , mon a m i , dit-elle a u pag e , VOICI un mot p ou r M . de \Yatteville et aussi un écu pour votre peine. L e page prit la lettre et aprl's s ' être res­ pectu eusement incliné répondit � la châ.te­ laine d'Athis : -- Je remercie beaucoup madame la douai­ rÎly.e, mais je ne saurais a c c e p t e r ce qu 'elle veut bien m ' o ff r i r . - Eh !

pourquoi donc, j eune homme ?

- Parce que je suis page de M. de \Yatteville, et non pas . . . - Je comprends, interrompit madame Viole un p eu étonnée. En vé rité, j e n e sais pas trop ce qu e j e fais . Allez, mon ami, ne p e rdez pas ma lettre en chemin et aj outéz-y mes compliments les plus affectueux pour votre maîtr e . El le resserra son é c u dans l e sa c pendu � son bras, puis se baissa vers la cage pour examiner de nouveau les b c s l i o le s . Quant ù Gaston, il suivait des yeux le page , t o u t pens:f e t fort, intrigué d e l ' a c t e de dign i t f' qU'i! vpnait d e lui voir faire et auqu P ! i! n e s'attl'ndait p a s. - Ils sont gentils les oi s e a ux de :\1 . de \Valteville, dit-il en s'adre ssant il m ada m e Viole ; mais que pensez-vous du j e u n e gar­ çon qui vient de les a p porter ? - Qu'i! est f ort gentil aussi, avec sa voix de d c moiselle e t ses grands yeux noirs. Que croyez-vous qu'il soit, madam e "

-- Que lque en fant de condition qu e M. le b a i l l i aura é l e v é c h e z l u i . - C ' t' s t a s s c 7, probabl e ; il vien t de n o u s lIl on t r e r qu ' i l n ' ô t ait p a s de basse origine.

- Oni, il comprend Cl' qu'il e st , i l t ie n t s o n r a n g, pourra i t-on d i r e , e t i l fai t bien. Ma foi, le seigneur de Chaiges est fort heu­ reux d ' avoir de pareilles personnes auprès de lui . . . Mais voilà M . d e R o qu elaure et mon fils qui rentrent d e la promenade, je vais leur m o ntrer mon cadeau . Mons:e u r G a sto n , voulez-vous bion vous cllarger de l a cage ? Le chevalier s ' e n e mpara gala m ment et, offrant son bras à la douairière, il se di ri-

gra avec elle vers les deux seigneurs qui s'avançaient égalrment il leur rencontre . * * *

L e s diverses scènes qui s ' étaient passées au manoir de Cllaiges et au châ.teau d'Athis et ' qui avaient montré l e page de M . de \Vat­ teville mus un j ou r favorable aux yeux du dlcvalier, n ' étaient gui'TP faites pour ô:oigner d e sa pensée ce j eune serviteu r . L'élan de ce dernier il l 'l'gard dn malheureux valet d'écu­ rie, son sentiment de dignité vis-à-vis de ma­ clame V i o l e , é taient les marqu e s d'une na­ ture peu commune et e H e s avaient vivement fra p p é M. de Lussan . Aj o u t e z il e e l a d e j o l i s t ra.it s , une t ournure élégan t " , une parole et d e s fa<;ons au-dessus de la rondition servile, e t ron cOlll prendra 5 i Ul � I",;ne qu'un cervea u de vingt. ans, inl)('cu p é co 1Il 1ll fl l'é t ai t le sien, ait en ] " f' x t rêll l f' d ésir de savoir qu e l était réel l e m ent < w pp rsonnage . Son oncle l u i avait bien dit q n ' i l TH' fallait pas tr o p s'aventurer dans l'eUe recherch e , qu'il y avai t p eu t - ê t r e ' danger il vouloir deviner l'énigme, mais cet avertissemènt était une raison de plus pour s'en occuper, et. il l ' â ge du chevalier un péril il braver est souvent même un plaisir. ' C e pendant le temps �'écoulait. rapidement et l'on avait atteint l e s jours le s plus chau ds de la saison . Un matin, Gaston descendit au bord de l'Orge pour y respirer l a fralchenr · de l'eau. L e li e u vC'rs l e q n e l il avait dirigé 81'S pas se t rouvait juste dans l ' a x e et au­ dessous des j ardins de 1\1 . l'a cadémieien Con­ ra rt (fi ) . ,\ cet endroi t la prairie plus res­ t r e i n t e s e p e r dai t sous un massif d ' a ul n e s c: d l' peupliers longeant la p e t i t e rivii' r c . · L" j e u n e 110111 1llC s'a ssit a u bord sous un vieux s a ule p l p ur e u r e t , ti rant de sa poelJe un li­ vre, se mi t il en parconrir vagueme n t l e s p a g e s . Il était. seul, p l o n g (\ dans le sill'nc,' le plus complet. P p u il peu, le liv r e sr dé­ tachait de ses doigts et une d o u c e rêverie so m nol ente all a i t s ' e m p a r er de lui, lorsqu'un bruit. semblable il la elm t e d'un corps dans l ' e au f r a p p a son oreilll' il une vingtaine de pas au-dessus d e l'endroit o ù il se trouvait.

Il sc réveille cJ voit il t r ave r s les bran ­ ches du saule une têtA brune s'agi t e r sur l'onde. Un rayon d n soleil t o mbant tout il coup lui fit reconn aitre sous d e s cheveux l'p l ev« , an somme! la pille liguJ'e du page. Son cœur hattit vivement ; il m i t. la main contre. sa bouche pour n'en pas laisser échap­ per le moindre cri et rest a immobile, les re­ gards fi xés sur l e baigneur et suivant tous s e s mouvem e n t s . Il tr e mb l a i t de l e voir se laisser a l ler H ll c ou rant, e a r, étant plaeé au-

( 6 ) C ' e s t le d o m aine a p part e n ant mainte­ nant aux Frères des Ecoles Chrétiennes.


- 412 dessous de l u i , i l e û t é t é obligé de quitter sa retraite ; mais l e nageur, qui se croyait absolument seul, s'exerçait et restait dans u n cercle a s s e z étroit. On eût d i t u n o n d i n q u i prenait il l'aise ses éba t s j o yeux au sein d e s eaux 'natales. Au bout d'un quart d'heure, probab l e m e n t l a s de ses j eu x ou assez rafraichi, le bai­ gneur se dirige vers la rive où ses habi t s sont déposés pt sort préci p i t a mment üe l " cau . En même t e m p s un cri de surprise s'échapp e des lèvres de (�aslon . Le baigneur est une femme, une femme au corps blanc c t svelte dont l ' i mage passe devant lui c o m m e un tra i t de lum ière. L ' é m o t ion de G aston fut si fort e que s'il eût é t é Ü(,lJo ut, il serait t ombé il terr!' : mais a8s' s c o n t r e le saule et caché par son voile de verdure, il put facilement se remettre . Il tàelw d e voir encore, mais plus rien : le fant ônH ' était l'vB noui, tout était re­ devenu cal m e . T e l l e qu'un pur miroir, la petite rivii>re 1'!)lI é t ait, t f'anqll i l l e m ent l e vert du feuillage e t l e b l e u d u ciel fi ltrant il travers l e s hraneh e s . Nul a u t r(' bruit que l a chute d 'une f e u i l l e , l e saut d'un p o i ii son fai­ sant luire ses écailles an '"t,lei! , ou le léger zéphyr qui murmurait p a r m O lIlP n t sur les ondes. - C'pst Ul l(' femJl1 P , c ' e s t u n " femme ! s'écria il' ehevalim' en sc levant rapidenH ' n t et comme s'i! voulait t'ou rir a p rf' s l a naïade, C'est. une femmp ! Mon cœur l 'avait. bien de­ viné lorsqu'il m 'ent raînait vers e l l e ! C'est en vain qu 'il r o rn o n f ,' j usqu ':) l'en­ droit où 1,1 blancl l P vision s ' (> s t perdue, c ' e s t en va i n qu'il rega r d e d e t " Ui ' ('·ôt é s : r i e n n I ' reparaît p t i l r p r e n d le c h e min dn (',hiUe Jll , le p i p d t o ut. chan l w l a n t l'I l ' à m è pleine d ' u ll trouble i n e x p ri mable .

l"

Quelle divine chose que l e s premiers effl eu­ reI)1ents de "aile de l 'amour ! Comme le su­ blime poison qui en découle s'insinue promp­ t e ment dans les âmes et y cause d e profonds ravage s ! Pour l e chevalier, le p age Théo­ dore n 'était plus qu'une j eune femme appe­ l é e Théodora, et la s ympathie qu'il éprouvait pour l e page se changeait l' Il une véritabl e passion il l ' égard de l a f e m m e . I l n ' avait plus qu'un désir : celui d e la revoir, de lui par l ,'r et de savoir si la douce bienveillance qu 'elle ava.it semblé lui t p moignpr dans leurs rencontres n e pourrait pas s'élever il un sen­ timent plus tendre. Il y songeait continuelle­ ment avec une sortE> d'ivresse, e t pourt a n t une o m b r e venait p a r f o i s a t t rbter sa p e n ­ sée. J I é t a i t difficile, l'n p IT e l , après la d é ­ couvorte du sexe de 'rhéodora, que l e che­ valier no se d e mandât pas p ourquoi (' I l " é t a i t a u service de M. d e \Vatteville sous d e s ha­ hits d'homme, ,1 quel t i t re , e n un mot, e l l e lui appartcnait. C'était un nouvea u mystère qui s ' o ffrait il son espri t , et c e lIlysli> r c , i l ,>raignail d e l e s o n d e r t o u t en � ;>'il nt gra n d e e n v i e d ' e n soulevcr l e voile : malheureuse­ ment lf's oecas:ons d e se voir n'étaient pas faciles. L e ehàteau de Chaiges, quoique situé il peu d e dislanr,e de celui d ' Athis, n'en était point tout proche ; leurs propriétaires n e se eOllnaissaient que de nouvelle dat e e t , s'i! y avait, entre e u x échange de polit esses, leurs visi l l' s n'étaient pa, très fréquentes. Que faire pou r pnlrer cn communication avec, la j eune énigme du manoir d e Chai­ ges ? Se c·onfi e r au hasard c t pn essayer ; " A urlenl e s {ortww juvat' " , d i sait, Ga ston qu i se souvpnait de son Virgi l e , ct il s'ar­ l'l'ta il Cf' d e rnier part i .

( A suivre . )

IIJlIIJlllIIlIIllIlJIIltllllIlllIllIl lI llIllIl lHf

LE NOUVEAU L YCÉE DE SA VIGNY·SUR-ORGE (A nnexe

L

A

d u Lycée L A K A N A L) --- <!> ----

B a n l i eue S u d de P a r i s, q u i p e n d a n t t a n t d ' an n é e s a m anlJ u é d ' é t a b l i s s e ­ ,

m e n t. s d ' e n "i e i gnement s e c o nd. a i re répond a n t it J ' i mportance dl' sa p o p u l a ­

t i on , a vu s'ouv r i r presque coup sur coup deux Lycées, l ' U l l en 1 9 4 6 à

M o n tge r o n ( a nll e x e du Lyc é e H en r i - T V ) , l ' n u ir e q u a t re Hns p l u s tard il S-a v i gny­ mr-Orge, - il

une v i ngt.a i n e d e k i l oIll !� tI'e s d e

C ' e s t l e m a r d i :2 octobre

la

C a p i ta l e .

1 9 5 0 q u ' a eu l i e u, d a n s l e c adre d u h e a u mano i r ie S a v i gl l ;i , l a l'entrée d e s é lèves d n nouv- e l é t a b l i s se m e n t , a n n e x e p r o v i s o i r e rh 1 Ly c é e Lakan a l d l' Seeaux, s pé c i a l e m e n t c r é é p o u r é v i ter a u x enfants de l 'Ag­ ?lomération Juv i s i enne l e s voyages quo t i di e n s jmqu'à P a r i s et m ê m e pour dé­ congestionner certains Lycées du Quartier Latin,


-'-- 4 1 3 Touchés p a r l e s obus d e s troup e s frança i s e s , l e s v i eux b ât i m e n t s du châ­ f eau ava i e n t été tel lement endomm a gé s en q u e temps de

le

n c qu i s l e 3 j u i l l e t de

1 9 4 0 qu' i l fut question pendant que l ­

purement e t s i m p l e m e n t . F o r t heureu sement, i l fut p a r l e :\i i n i str re d e l 'Educ n t i o n N a t i o md e p o u r l a somme

démo l i r

1 (") 4 8 16 m i l l i ons d e franc s, a i Î l s i que toute l a p a r ti e du parc s i tu è e sur l a rive

[' ,l uc he d e l ' Orge, soit près d e 2 3 hectares.

LE P llEl\I JEH PAV1L L()i\ SCOLA I Il E A u �e{'(m d p l n H , l e cloch e !' de l ' g g n s e SaÎ nl-J/ u rl i n Désïgné

dès

ce m o m e n t p o u r

Grange, archite cte

�n

tra c e r

les

plans

chef d e s b â t i m en t s e i v i I s ,

de

1/1'

ee

Sa r i g n y

Lyc é e ,

s'emp l o y a t o u t

M.

Germain

d'ahord il

con­

soli der l e c hâteau, q u i a b r i tera plus t ard les h u r e au x d e l 'A dm i n i s t ra t i on , appartemen t s du per s o n n e l e t probab l e m e l l t u n e m a gn i fi que S a l l e d e s Fêt e s .

d é e embre

Les travaux proprem ent. d i ts I l e commenc èren t q u ' e n l ' heure a ct u e l l e l e gro s œuvre de

l ' a i l e dro i te

du châ t e a u e t

p a v i llon d ' e ntrée - mal h eur e u s em en t reprodui 1. dam;

pl e sque t er m i n é s .

Depu i s l a rentrée d'octobre H 1 50,

llI1

SOli

(3

1 949, et à

réfeetion d'un

ln

st.y l e pri m i Uf

pr em i e r p , n i l l o ll

un conti ngent d e j eu n e s fi l l e s e l. d e j e un e s garçon"

les

s c o ] ; ü re

-

sont

a accue i l li

S i xi ème s c l a s s i ques et

2 Seconde s m o d e r n e s ) v e n u s de toul.es l e s C ommune" en v i ro nn a n t e s p a r l e ·:-,he ­ m i n de f e r , l ' au tobus 285 u u i l b i cy d e t t e : au to t a l 1 1 4 {' I r v e � , c h i ffr e encore l o i n c ependant d u m i l l i er d ' e n f a n t.s q lle pourra r ee n vo i r

le 1.Y(' I; e l u r s q u e sera

r é a l i � é e l a ron slrneLi on des sept autres p a v i l l on s . Un deux i èm e p av i l l o n , d o n t. l ' a dj ud i ea t i on a el1 l i e 1 1 l e I Ul l d i

1 � f é v r i e r 1 \) 5 1 ,

e <; t déj à il m o i ti é r.o n stru i t e t perme ttra d e douhler l a rg e m e ll t l e p r é se n t e ffe c t i f

à l a proc h a i n e rentrée ; c o m m e l e prem i e r i mm e uh l e , n u q u e l pour

tra i t ,

il

est

de

formes

géomét.ri llll e s

s i mp l e s

et

il

r �l s � e m h l e t r a i l

( ' ompreml

hui l

grandes

sa l l e s (56 m 2 e haeune) l'l'part i e s en d e u x è t a ges, m un i e s de t ri' s l a rges h a i è s e t [' hauffées H u Lomati quement. a u mazout.

Le proj et d e ns emb l e , '

que nous n e p o u v u n s préseuter ,' e l t e fl l i " il

t. e u r s du fai t. que l e s p l an s n e sont p a s e n c o r e dé fi n i ti vem e n t 'a

tr a n s fo r m ati o n d e s e om m un s e n !'. u i s i n e s e t r éf e el o i r e s ,

ri ère

le

château d'un

i mmense

terra i n

de

spor�s

(doté

de

nos lec­

au p o i n t. prévo i t

l ' a r nt"l n a ge m e n t der­

p i " t e :,; ,

t erra i n s

de

footba l l , b a sket, volley, e t d'un gymnase) e t enfi n l a er é at i lll l , clans la p a rti e du

pare s i tu ée vers Vi ry- Chât.i l l o n , d'une grande Eeo l e P rofes s i o ll n e l l e q u i a b r i t era

e l l e - m êm e u n m i l l i er de m anu e l s .

C i nq a n s et d'énorm e s crl'd i t s seront n éc e s sa i re s il l ' a c hôvement de

cc

v a ste

progr a m m e qui transformera l 'a n e i e n Do m a i n e s e i gn e u r i a l de S a v i gny- sur-Orge e n un établ i s sement m o d è l e où les enfants de notre Ban l i eue pourront trava i l le r dans

l e s m e i l leures condi t i on s p o s s i b l e s .


��-=====-

- ========�==�

LA VIE RENAIT DA NS LE DOMAINE DE SA VIGNY

LE P E R S O N N EL

UU

C l . Raliv e l

LYCÉE

D e gauche à droit e ,' M. fiINCE, Directeur de l'Anne x e (Physique - Chimi e ) , M. FLANDRIN (Français - Lati n ) , Mm, SINCE (Allemand ) , M . RIGAL (Anglais - Espagnol ) , MM. LAFOSSE e t BRUNEL ( Géographie - Histoire ) , M n,. P E G URE1' (Français - Latin ) ri Mme GUERAUD (Mathéllla tiques - Sciences Na t urelles ) .

C l . Rativ e t L E S P nEMIE R S

ELÈVES

D U NO U VEAU LYCÉE

Ci-dessus ,' les élèves de 2 Ml (garçons ) et 2 M2 (ti U e s ) Ci-contre ,' les élèves de 6 A l , 6 A 2 e t 6 A3



- 416 -

LE C HATEAU DE SAVIGNY

EN

Cl.

MARS 1 95 1

Rativet

OUVERTURE DE NOUVELLES CLASSES AU LYCEE DE SAVIGNY M . le D i recteur dr l'An n e x e nous prie de bien vouloir communiquer que de oUVL'l't es e n 1 )rlolJre 1 9 5 1 : S i x i è m e s C; Cinquièmes C et M . Quatri ë m e s C et M, S e c o n d e s C l'l. M, Premières C et M. L e s conditions d 'entrée sont l e s suivantes : JIn Sia:ième - E x a m en d ' en tré e. n o u v e l l e s c l a s s e s s e r o nt

En S e co n d e

tion

du Directeur

-·- a )

Klève,

venant

des

C . C . : B .E . P . C . + un mot de présenta­

ou de ln Dil'edl'iee du C. C. attestant qu ' i l s'agit d ' u n trè s bon

élève capable dl' p r é p a r e l' l e baccalauréat : _ .- b ) E I t\ v e s v e n a n t IlPs Lyctle� et Collèges de [ ' E t a l : a d m i s , s ' i l s sont admis par l ' Etablissement d'Ol'if(nl' , ou e x a m e n cl r p a s s J l\' e .c.o m p l e t ou p a r ti e l , si l'Eta­ b l i s s e m e n t d ' o r i g i n e e n i m p o s e un ;

-- c )

E l èv e s venant

de

[ ' E n seign e m e n t

P o u r Iou l e s l e s a u t r e s cla s s e s - - Se

lihre :

examen

de

r e p o rt e r aux a l in é a s

Examen d'entrée en Sixième en Juin en Octobre.

-

passage

complet.

( h ) et ( c ) .

Examens de- passage

NOMENCLATURE DES PIECES A FOURNIR 1 - Acte de n a i s s a n c e sur papi e r timbré ; 2 - Certificats de vaccination anti-diphtérique et anti-variolique ; 3 - Certificat scolaire et de bonne conduite délivré par le chef de l 'établis­

sement d'origine , accompagné du d e r n i e r bulletin s ' i l s'agit d'une classe à examen.

laire

trime striel

et

du

livret

sco­


---

1 LI BRAI RI E S . A . R . L . PIRIOU et

LI BRAIRIE

du

LYCEE

Ci' au Capital de 2.000.000 de Francs

GENERALE

Ro m a n s - Littérature - ThMt re - H:stoire - n t'ogra pll i f' Voyages . -- L i vr e s p o ur

la

.i runesse -- Livrps d ' é t r e n n e s .

Papeterie

TRA VA UX

1


ESSO -SERVltE

������� JACQUES -

nOUAZE

E S S ENCE E T H U I LE �

(S.-&-O.)

ATHIS -MONS

V U L C A N I S A T I O N �

R . C . Corbeil 37 .439 - C . C . P . 738.942 Paris

A C C E S S O I R E S E T P N E U M A' T 1 Q U E S � .

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T é l é p h o n e :

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S TATION D E GRAI S SAGE - C O M PLETE OUVERTE D I M A N CH E S ET FETE S �

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48, Route de Fontainebleau

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-- J U V I S Y -62, Gr.-ande-Rue - Bel. 43-73

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ATHIS-MONS

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M A RCH ÉS

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26, Avenue M arce1- Sembat

A T H 1 S,

M O N S

Du choix . . . D e la qualité . . . Des prix modérés . . .

1


Il y a plus d'un demi-s iècle, les Parisiens : faisaient leur apparition à A this-Mons . . .

La

VI LLA des GRAVI LLI E R S Par LOUIS B RUNEL

rr====::===�="iI E quartier cles G'ravilliers, que les habitants d'Ath is-:Mons ont cou­ tume cie s ituer près de la Pyramide cie Juvisy. de part et d'autre cie la RO'lte de Fontainebleau (R. N. 7) , est certainement le centre le plus act i f et le plus connu de cette Commune, ne serait-ce que par l'important marché couvert du même nom. Comme on pourrait le supposer, cette dénomination ne provient point ù'une particularité géologique ou culturale de son sol ; son origine est autrement curieuse et ùue à l 'implantation d'une petite « colon ie » q ù i lui a donné le nom de la rue cie Paris olt travail­ bient ses membres : premier « lotissement » cI'Athis-,Mons, ébauche annonciatrice cie cette forme d'habitat nouveau qui clevait modifier si profondément la vieille structure t' m ale du petit village allongé le long du coteau et l' inclure finalement dans le cercle de la banlieue imméd iate de Paris. Ne croyez pas surtout que l'impossibilité de trouver un logis dans la grand'ville tourmentât obstinément l'esprit des quelques ouvriers d'une petite fabrique d' instru­ ments de chirurgie. installée au 29 cie la rue des Gravilliers dans le Ille arrondisse­ ment, et fût la cause primordiale de leur établissement dans notre région. Leur seul souci d'alors, i l y a de cela plus cie cinquante ans, était. comme tout bon citad in qui se respecte et qui veut changer d'air, de consacrer leur dimanche à pérégriner le long des coteaux verdoyants, dans les vallées ombragées ou sous les bois reposants cie notre belle Ile-de-France. d'olt l'idée de venir passer les fins de se­ maine à la campagne et d'y cultiver un petit bout de j ardin qui serait leur propriété. C 'est ains i qu'au hasard d'une promenade dans notre région certains d'entre eux apprirent que l'ancien Domaine de Juvisy, appartenant à Madame Pauline MadeIein� X iménès de Helfenstein. comtesse de Monttes suy. veuve du . comte Rodolphe Auguste Gustave de ::\10nttessuy, était mis en vente par lots par les soins d'une Société Im­ mo bilière. dont l'administrateur, ::\1 . Romuald Jaworowski . se fit un plaisir d� leur clonner tous les renseignements désirés. Leur choix s 'étant fixé sur un lot de terrains propres à bâtir s itué sur le plateau d'Athis-Mons, au l ieu-d it « Les P0l!rpointiers » ou « Les Epinettes » (Section E N ° 3 5 ) . il ne restait plus qu'à foncier une Société en participation d'épargne ayant pour but : la constitution d'un capital social destiné à l 'acquisition et au paiement de cette parcelle. Ainsi naquit, le 18 septembre 1 897. la Villa des Graz'illiers qui comprit 13 mem­ bres à l'origine ( 1 ) et dont le s i ège social fut fixé à Pari s . 52 rue de B retagne. Le terrain choisi, fidèlement reproduit sur la Carte d'Etat-Maj or à 1/80.000 de M elun N . -E . dressée en 1 889, avait une forme typiquement triangulaire (2) . D 'une .

( 1 ) MM. LAVO ST, bij outi e r en faux - GACTRON, employé - THIÉBAULT, e m p l o y é VAHlN; employé - RO CH ERIEU X, bij outier � JACQUIN, employé - GLÉNAT, émaill e u r DARNET, b i j outi e r - CENDRIER, contremaître - QUANONJŒ, gainier - C HEMIN, m éca­ nicien - VALLÉE père, g a i n i e r - VALLÉE fil s , m é cani cien, composèrent le premier Con­ s eil d'A dministration de �a Villa: d e s Gravilli ers . ( 2 ) Voir la leltre otnée au début de cet article.


- U8 -

LES ' SO CIÉTAIRES

ET

LEUR

FAMILLE

SUR L'EsCALIER DU PAVILLON LOUIS

XIV

A JUVISY

(BANQUET

DE 1 8 97 )

superficie d e 3 ha. 1 7 a. e t 1 4 ca. , il était délimité par le Chemin de Montlhéry à, Villeneuve-le-Roi (Avenue Jules-Vallès) , par le Chemin des Plantes et enfin par une ligne qui serait maintenant placée à égale distance de la Rue des Gravilliers et de la Rue Gabriel Vinot. On voit ains i que, contrairement à ce que l'on pense, le véritable Quartier des GraviUiers est beaucoup moins étendu qu'il ne l'est actuellement. Un mois plus tard, les 24 et 25 octobre 1 897, l'affaire fut conclue par devant Me Lecourbe, notaire à S avigny-sur-Orge, sur les bases suivantes : le terrain était donné à bail et loué pour 3 ans et 6 mois (du 1er novembre 1897 au l�r mai 19(1) moyennant un loyer annuel de 540 francs (3) . Monsieur Jaworowski s'engageait en outre à le vendre à la Société preneuse pour la somme de 54.99!9 francs , payable en sept annuités de 7.857 francs, à partir du 1er novembre 1 897. Il fallait fêter cet événement qui revêtait une si grande importance : un grand banquet réunit à Juvisy tous les Sociétaires et leur famille, venus de Paris en char à bancs , dans les Iqcaux aujourd'hui disparus du curieux Pavillon Louis XIV. * * *

Pour pouvoir accéder aux terrains loués avec promesse de vente, le géomètre de la Villa, M. Voisin, traça tout d'abord deux avenues en « T », l'Avenue des Gravilliers et l'A venue du Parc (4) , larges toutes deux de sept mètres, celle-ci se prolongeant au delà de la Route de Montlhéry à Villeneuve-le-Roi par une voie qui (3) Ce bail fu� prorogé le 28 avril 1901 pour 3 ans et 6 mois. (4) L'Avenue du Parc était l'actuelle Rue Marcelle-Henry (en partie) .


- 419 -

menait à la grille que M. Jaworowski avait fait établir en 1 898 dans le mur d'en · ceinte du Parc de Juvisy (5) . Puis il procéda au partage de la superficie restante en 64 lots d'égale conte­ nance - environ 430 mr - qui furent immédiatement réparJis par voie de tirage au sort. S eul le président, M. Lavost, put choisir son lot (6) ! Il fallut songer auss i à l'approvisionnement en eau. Pour cela, le Conseil d'Ad­ ministration fit creuser deux puits tubulaires avec pompe -à balancier ; et un peu plus tard, il confia à la Compagnie Générale des Eaux la pose des conduites devant \ali­ menter trois bornes fontaines, d�nt deux existent toujours. Les sommes nécessaires au règlement des annuités furent versées mensuellement par chacun des Sociétaires à qui avait été délivré, dès le tirage au sort, un livret établissant ses droits et constatant ses versements ; un petit supplément permit de faire face à l'entretien des routes et à la pose de clôtures grillagées. * * *

Il est vraiment difficile pour ceux qui n'ont pas connu le pays à cette époque de rendre au paysage actuel son aspect typiquement campagnard, avec ses immenses champs de blé, de betteraves et de pommes de terre. Peu de maisons sur le plateau, hormis, au loin, les vieux bâtiments de la ferme de Ghampagne ; plus près, on dis­ tinguait sur la Route de Fontainebleau la ferme du Petit Athis ou ferme Leroux - maintenant l'Ecole . des G'ravilliers -, où nos citadins trouvaient du lait, des œufs et de la volaille. On pouvait quelquefois louer une chambre à l'auberge de M . Victor, 'où s'arrêtaient tous les rouliers, la seule maison existant à ce moment avec le Pavillon du Garde au carrefour de la Pyramide. Pour les courses plus importantes, il fallait descendre dans la Grande Rue de Juvisy, obligation bien agréable quand on se prend à songer à l'atmosphère à la fois plaisante et sauvage qui régnait dans le parc de Juvisy avec ses petits sentiers tracés parmi les herbes folles, son bassin deux fois plus long qu'auj ourd'hui, encombré de .plantes aquatiques, son fer à cheval dont ,les alvéoles contenaient encore d'immenses statues, son pavillon de chasse surmontant la grotte en rocailles et mille autres détails qui rappellent de si beaux souvenirs à l'octogénaire qui nous a si agréable­ ment conté l'origine déj à lointaine de notre quartier - plus d'un demi s iècle ! - : j e veux citer M. Auguste Vallée, l'un des treize fondateurs de la Villa des Grm'illiers. * * *

L'entourage du parc de Juvisy d isparut vers 1910. lors de la construction des deux grands chemins carrossables en lacets et' des deux escaliers - les « Grands » de 180 marches et les « Petits » de 80 qui permirent d'accéder plus aisément sur le plateau. Et avec les premières maisons élevées vers 1 908, cet îlot, isolé au milieu des champs entre Juvisy et Athis, èommença à perdre le caractère intime qu'il eut lors de sa création . Finis les j ardinets et les petites cabanes où l'on venait passer le « week-end » ! Le temps était proche désormais où la Villa des Gravilliers allait se noyer dans la masse des lotissements qui après 1 9 1 8 se cr istallisèrent autour de là gare de Juvisy, sur un rythme que l'on peut assimiler à une véritable prol i fération, pour former l'actuelle Agglomération Juvisienne. -

( 5 ) Deux clefs avaient été remises au Président de la Villa . ( 6 ) C'est le lot situé à l'angle de l'Avenue Jules-VaUès et de la Rue l'tfarcelle­ Henry, au n° 2 6 de cette dernière . .....


,

L'O PI N I O N D' U N · G R A N D M E DEC I N LE BARON CO RVISART SUR LA MED E CIN E ,

N

sc m o n [ r�l Ï t part i c u l i èrement sceptique sur l e c ha p i tre de la Méde c i ne. en j our, i l demanda à son prem i e r médecin s'i l ser a i t vra i ": ment m a l heureux p o u r l a r a c e hum a i ne quïl n'eùt j ama i s exi s t é de mé­ ,leeins. E t Corvi sart de rt\pondre : « .Je pense, S i re, que nous a c ons tué plus d'hom­ mes

A POLEO� 1er

que n o us n'cn a c o ns sauvés ! »

* * *

Cet i l lustre personnage, a i n s i que deux de ses desc endants, reposent dans l e c aveau q u e c ette fa m i l l e possède dans l e c i m e t i ère d'Athi s-Mon s : 1 0 Jean N i c o l a s , baron Corvi sart, premi e r médeci n d e Napol éon 1er, q u i con.,. t ribua par sa sci en c e au progrès de l a cardi ologi e ; 2 ° Luc ien, baron Corvi sart, médecin de Napoléon III ;

3 0 Sei pion, général , baron Corvisart, qui repri t , à la tête du 1 6" corps d'ar­

méé, l a redoutab l e e t c é l èbre p o s i t i o n du Mort-Homme, en 1 9 1 7, à l a batai l l e de Verdun .

* * *

Les r:orvi sart, i s sus de P h i l i ppe Corvi sart, c enturion préposé à l a garde du Conci l e d'Attigny en l'an 8 7 0 , ont été, une premi ère foi s, dotés d'armoi r i e s par Joui s XIV en 1 668 en la personne d'H enry de Corvi sart, écuyer, cap i taine de c h evaux-lt\gers, et une sec onde foi s par �apoléon Jer qui conféra le t i tre de Baron à son prem ier mt\derin en 1 808. C e s doub l e s armoi r i e s s't\noncent a i n s i : Eeartelé: a u premier, d'or au cœur rie gueules en a b 1: m e ; a u deu;rième, des barons tirés des eorps savants, qui est de gueu le s il la palme il'argent; a u trois ième, de gueules au lion rampant d'ar­

!fen t ; au q ua t rième, à l a verge d e sable tortillée d'un serpent d e s inop le, q u i est ri e s b arons Corvi sar t ; SUI' le tout, d'or à ch evron d'azur, II.I'(' olll ]}agné en che f de dl'lt;y, eroissants de même, e t, en pointe de deux épées de gueu les passées en sau­ t o i r, les pointes en haut, et s urmontées d'un corbeau d'arg ent, qui e s t de Corv i ­ s a r t aneien . Le corheau des premi ères arm o i r i e s rapp e l l e l a rac in e latine du nom : « l' US » -- le c orbeau - ; l e s épées, l e s exp l o i t s m i l i taires du prem i e r t i tu laire.

eo r­

L. B.

LA RAMURE DE M. D'ETIOLES .

B i en que blasé sur la coquetterie féminine, le roi Louis XV, dès qu'il aperçut Madame d'Etioles, tomba dans ses filets : habillée de bleu et de rose, nonchalamment étendue dans son phaéton , elle sut attirer les regards du monarque qui chassait dans la forêt de S énart, proche du château de la belle. Quelque temps avant que le Roi se fût dé.fi nitivement arrangé avec elle, la future Marquise de Pompadour courait toujours après lui aux chasses. C'est alors que le prince eut la complaisance d'envoyer à M . d'Etioles une ramure de cer f . Celui-ci la fit mettre aussitôt dans sa salle à manger, avec c e s mots : Présent fait par le Roi à :'1. d'Etioles.


LES ARTS ET

L ES A RT I ST ES

[9. .

LE CERCLE A R T ISTIQU E D E LA S. E. S. A .

M.

'EST à l 'occas ion de l'Exposition annuelle de la Société R ,;gionale d'HOI·tic ul t u re e t d'A mateurs de Jardin, le 2 septembre 1 950, que furent j etées les bases du CERCLE ARTI S TIQUE de la S . E . S . k M . : notre Asso­ ciation, pour la première fois, avait aménagé une Salle d'histoire locale ; alors que tout à côté, M. Delaloy, président de la Société des A rtiste., et A rtisans d'A this-Mons, présentait les œuvres des membres de son groupement, quelque peu désorienté depuis plusieurs années par l'indélicatesse d'un des mdnbres de son Comité Directeur. Ce contact passager et tout à fait fortuit permit aux dirigeants des deux Sociétés de comprendre qu'une plus étroite coopération entre elles pouvait d'une part donner une nouvelle impulsion aux activités artistiques de l'Agglomération J uvisienne et. de l'autre, contribuer puissamment à l'expansion culturelle de la S . E . S .A.M. en la faisant rayonner sur une étendue plus grande de la Banlieue Parisienne Sud. Les actes suivirent de près les paroles, puisque la fus ion fut officiellement décidée le 4 novembre 1950, pendant que la S . E . S .A . M . créait simultanément en son sein Une S ection artistique destinée à accueillir ses nouveaux et sympathiques Adhérents . Quel est le programme du CERCLE ART I STIQUE ? Tout cI'aborcl préparer de multiples Expositions . tant à Athis-Mons que clans les Communes voisines , pour que nos Sociétaires puissent faire connaître leurs œuvres au public. Ensuite aider les artistes dans la mesure du possible et, avec l'appui cie la Commune d'Athis-Mons qui suit nos efforts et étudie nos proj ets avec beaucoup de bienveillance. organiser réunions , con férences . voire cours (peinture. sculpture, pho­ tographie, etc . . . ) . sous l'égide d'une petite Académie cles B eaux-Arts . car ce n'est pas clans la période, hélas trop brève, cl'un accrochage ou d'un vernissage que nos Sociétaires pourront avoir cle suffisantes occasions de s 'apprécier mutuellement et cl' échanger des . iclées culturelles.

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d'�-tuOM Mil", Francoise BO U D E T a obtenu en 1950 le Premier Grand Prix de Rome de Peinture

U

Ï\I lIe

B O U D ET PAR

PO RTÉE

EN TRIOMPHE

SES CAMA R AD E S

UN BEAU GESTE de la Commune d'Athis-Mons Au cours de la fête enfantine qui pré­ céda, à Athis-Mons, la dernière distri­ . bution des prix, M. Rosier, maire, pré­ senta à l'assistance M lle Françoise Bou­ det qui avait obtenu la veille le Premier Grand Prix de Rome de Peinture . Cette charmante brunette de 25 ans, aux yeux vifs et p énétrants, a fait ses premières études à l'école P . et M. Curie d'Athis, avant de suivre p endant quatre ans les cours des B eaux-Arts. Très émue, la lauréate, ancienne So­ ciétaire des A rtist e s e t A rtisans d'A this­ il/ons, reçut des mains du premier ma­ gistrat un magnifique b ouquet de roses offert par la Municipalité, qui lui a accordé en outre une somme de 25.000 francs à titre de récompense. .

NE

.,

m a i son délabrée, tout près de la gare d'Ath i s... R i e n ne lai s se présager que là demeure, au 8, rue de la Montagne-de-Mons, une j eune fille qui , cette année, a obtenu le Grand Prix de Rome de Peinture. Pas pour l ongtemps d'ai l leurs, pui s­ que, dans quelque s j ours, l e 1 5 j anvi er ex�ctement, M I te Franç o i s e Boudet, ac­ rlompagnée de sa viei lle m aman, quilt�ra no/re cHé pour la Villa Médic i s et l e ci el bleu de l'Ital i e . Dès q u e connu l ' obje t de m a vi s i t e et précédant toute explication, M l l e Boudel, qui doi t avoir conservé de certains entre­ tiens récents des souvenirs peu agréa­ bles, manifeste une réserve que quelques m i nutes de conversation di ssipent très h eureusement. Maintenant l a j eune arti ste parle avec volub i l i t é de ce qu'elle a i me l e plus au monde, sa peinture, et tout d'abord du concours qui vi ent de la hi sser subite­ m'ent sur l e pavoi de l a renommée arti s­ ti que.

- Après deux premières épreuves éli ­ minatoires, me confie-t-elle, nous ne res­ tions plus en co urse que 10 candidats sur 300 environ. Pendant 36 heures, je suis montée en log e pour dessiner une, petite esquisse au fusain sur le thème : Le r�­ tour du printemps . Et pendant 66 jours, cc croquis a servi de modèle au tableau que vous connaissez ... C'est précisément c e tableau, dans le­ quel Mll e Boudet a évoqué le souvenir des coteaux fleuri s d e Mons, qui a remporté les suffrages du Jury, compo s é de Mem­ bres de l'Institut et de peintre s du de­ hors, par 31 voix sur 37, alors que le


- 423 -

Françoise BOUDET

" Le retour du Printemps " Premier Grand Prix de Rome de Peinture

deuxi ème prix éta it décerné à un pari­ si en, M . Robert Savary.

De situati on très modeste, M"e Boudet, née à Pari s l e 2 0 septembre 1 92 5 , a dû souvent accepter des besognes très dures, et, au moment où e l l e obtint l e Premier Grand Prix, elle enseigna i t l e dessin aux petites fill e s des écoles corpmunales de Paris. Son avenir est maintenant b i en assuré, et il nous faut souhaiter que l a nouvelle pensionnaire de la Vi lla Médici s, au seui l d'une bri l lante carri ère arti sti que saura profiter au mi eux de son long séjour en Ita l i e . ,

Ma u rice DELALOY Directeur

du "Cercle ArtistIque de la s. E. s. A. M."

La postérité consi dérera-t-elle M. Maurice Delaloy comme un second doua­ n i er Rousseau ? Toujours est-il que celui­ ci, qui jusqu'alors n'avai t jamais tenu un p i peeau, s'est m i s soudainement à pein­ dre à 4 0 ans .

- C'était en août 1 944, nous dit-il. .4. ma sm'tie .de l'h ôpital de Corbeil o ù m'a­ vait conduit une affec tion contractée pen­ dan t la dernière guerre, l'envie me prit


- 4 2 4 --

de « t ô l e r J) à la peinture . Les débuts fu­ j'ent sa tisfaisants c t, grâce aux conseils (J ll e me donnèrent certains artistes ré­ giona1.l:r, principalement M . Ménager, d e Sainte-Geneviève-des-Bois, je parvins rapidement à e,réeu t l'r des lab lcau,T q u e [ 'on jugea assez réussis ... Enc ouragé, M . D e l a l oy persévéra. S e s œuvre s furent b i entôt présentées dans d i f. Ié rents S alons de rnec:.de-France, a v e c :' Uec.ès, pui squ' e l l e s remportèrent p l u ­ s i eurs p r i x . C'est alors que saIl S renOIlcer pour au­ t ant à son étal d'emp loyé aux Ponts e l C haussées de l 'A éroport d'Orly, i l déc i d a d e serv i r l'art q u i l u i v a la i t t ant de sat i s ­ facti on : i l fonda , s u r l e s consei l s de M . Luc i en M i do l , l a Société des Artis tes c t Artisans d'A this-Mons q u i , depu i s sa fu­ siOn avec l a S.E.S.A.M . , est devenue un grand CEHCLE AHTISTf Q UE rég i o na l , dont i l e s t l e di recteur c ompétent e t dévoué. En sepL ans, M . D e l a l oy, qui l't' s i de encore dans une baraque de s i n i strés, 7 2 C i té l<�onta i n e b l e a u il Athi s-Mons, a U rt' de sa p a l e t t e une b e l l e e o i l ec l i on de m a ­ rines ' e t de paysages de t outes sortes. Mais c'est avant tout un art i s te de l 'lIe­ de-France, dont il [t i m e à p e i ndre l e s s i ­ l e s hauts en c ouleur et l e s \'Ï eux monu­ ments.

l r'e n E' néglige rieu d e c e q u i s'affi rme e:<sent i e 1 . C a r M m e Arramon d a su s'a rrèLer l il o ù i l l e fal l a i t : e l l e se t i en t éga lernellt ,5 1 0 i ­ guée, d'une part de (' c dépoui I lcment s�' ;; ­ l t'Irw t i que, l eque l a r r i v e à u n e s é c h e ­ ' resse p r e s q u e a b s trai Le, d ' o ù l a n a t ure hUIIH l i ne dev i e nt a b sente, d'autre parL d e c e tt e surc lwrge de déta i l s qui fini t p a r étouffer, s o u s l e désordre d'une c o p i e sen' i 1 e , l ' é l ém ent vra i menL v ivant. I l y, a a u s s i dans ses r é a l i sati ons c e rythme, c e t le musi que des l ignes sans quoi i l n'existe p a s de vér i t a b l e scul pture.

Une Artiste aux talents variés

Mme OdeHe A RRAMO N D Scul pteur p e i ntre e t céram i ste à l a fo i s, M m e Odette Arramond, originaire d e s Pyrénées, fait éga l ement parti e d e c e t t e p h a l ange d'arti stes d o n t s'honore l a Commune d'Athi s-Mons. En m a ti ère de seulpture, M m e A rra mon d, qui pra ti que surtout la tai l l e d i ­ recte, témo i gne d'une grande maîtri se d e son a r t . I l y a dans presque t o u t e s s e s (Puvres - e n p a r t i eu l i e r s o n Bust e d'homme e n marbre que l'OP a pu admi ­ rer aux S.a lons de Savigny et d'Athi s un model é la rge et s o l i de , qui re j e tte tout c e qui paraît i nu t i l e , m a i s par eon­

0, ARRAMOND

-

" Tète décomtit' e »

Dans le domaine de l a céramique, M n, . Arr'am ond aborde l a décora t i o n arti s t i q u e avec un rare bonheur, e t ses création s, a ussi nombreuses que variées, sont l a preuve d'un goùt très sûr et de parfai t e s C' Ol1nai ssanees te()hnique s. l�ne omhre p ourtant au tableau : 1\l 'n. Arrarnond espère pouv o i r trouver b i en­ tôt un l ogement eonvenable, car i l faut avouer que l a baraque qu' e l l e oecupe à Athis-Mons, 65 C i té Fontainebleau, n'est pas le cadre rêvé pour l'i nspiration e t l a c r é a t i o n d'œuvre s d'art.


SEBASTIEN CARRE Sculpteur d'Athis-Mons Il est b e a uc o u p de g c n s qui igno r e n t j e u n e ar­ t i ste, M . S lSb asti en Carré, dont le talent de s cu l p t e u r s ' a ffi rm e d e j o u r e n j ou r qu' à A t h i s - M o n s demeure un

Le portra i t - m o d e l a ge ou taille di­ recte - est une des branc h e s dans les­ que l l e s il exee lle. M a i s ce sont surtout les groupes de nus qui reti ennent s a fa­ v e ur , car i l peut a l ors associer la beauté m aje s t u e us e à l a sobri été et à l ' harmo ­ c i e de m o u vements conjugués.

(la v a n t a g e .

Originaire d e Lori ent, où i l e s t ! l IS l e :3 aoùL 1(J 2 7 , ce j eune homme, reconna i :-; ­

,.,able à s e s l o n g s c h e veux et Sil b a r b e L l o n d e , a v a i t d i x - hu i t a n s 1 0Ï' s q ue que l ­ qu e s e s s a i s i m pr o v i s é s le tlrent entrer ü l ' a t e l i e r d'un s cu l p te ur d e l a v i l l e IVI .

,

G ouz i e n , où i l pri t un premier contact a v e e l a t ec hn i q u e du ci seau av ant d'être adm i s à l'Ecole des Beaux-Arts de Hen­ l' e s .

s

.

M u nicipa l de Lori ent, sou­ l ' a i der dans un moment où i l étai t e n pro i e a v e c l e s d i ftlculté s d e l ' e xi s tence, lui accorda, en e fTet, une bourse atln qu' i l pui sse suivre l e s cours de cette Ee o l e , où il tlt vraiment hon­ neur il sa v i l l e natale. M ettant les bou­ c hées triples, il s'assim i l a en un an le programme des tro i s années, parcourant avec une excepti onnel l e a i sance les d i f 1'('renLe8 étapes de son i n i ti ation de sculp­ teur statua i re : de ssin, mod e l a ge , m é d a i l ­ J e n s e t b ustes. Le C on e i l

c i e ux d e

-

d'année, il v i t son travai l �éc o mpensé dans les d i vcrses secti ons : mod e l a ge, fusai n et p i erre, par tro i s se­ conds prix et deux tro i s i èmes prix. En

fi n

Nous avons pu constater de visu, d a n s très m o d e s t e « atelier » de la rue Langl a i s ( N ° 3 ) , l a qua l i t é de c e qui s ort de s e s m a i n s et nous avons été frappés par l' i ntensité de v i e qui se dégage de toutes se s Œuvres. Car Sébastien Carré c e s e contente pas d'un art de représen­ tation pure : il rémsi t admirablement il a l l i e r l a préc i sion du tra i t au modelé particuli èrement expre s s i f. Et que ce s o i t e n p o r t r a i t ou en p i ed, i l y a c h e z l u i un é l ément spi r i tuel, presque mysti que, qu i émeut par-de là l a réussite purement son

p l a s t i que.

S.

CARR E

-

" T_ e sourire »

M alheureusem ent, M . C arré est de c eux a uxquel s la c h ance n'a point encore sour i . S i n i s t ré à Lori ent, i l v i t d i ffi c i lement à A th i s- Mons, a ve c. sa v i e i l l e maman et un frère i nfi.rme. Il a cependant une con­ fiance aveugl e en l'aveni r et il sait que l a S.E.S.A . M . fera désormai s l'impossible pour lui permettre de poursuivre ses ef­ fnrts sans c e tt e hanti se du lendemai n.

,-- --- --!P I -- -----ES - --E

NTR

! ...

p a ssant v o s c O l l l In a nd e s H U S i ège de l a S.E.S.A . M . ( en jan\" Ï cr. avri l , j u i l l e t et () e t ohre ) , Y O U S En

BEN EFICIEREZ

d'une

RE. M I S E de.

.

15

0/0

SUR TOUTES VOS FOURNITURES


- 426 =

LE PREM IER SALON

Arc h i v e s Départ ementales de Seine-et­ O i se ) ; l a magni fIque eoIlecLion de l a Fé­ dh'a t i o n Na t i o nal e des Sociétés Photo­ g rap h i q u es de France; l e s œuvres en­ voy é e s par les photographes amateurs et profe ssi onneb de la Région, parm i les­ que l l e s M M . Bouri geaud e t Gauthi er, pré­ si dent et secrétaire-général de la Fédé­ ration susnommée eurent quelque mal à c h o i s i r l e s m e i l l eures r(\ a I i sations ; et pri lH' i p a l ement devant l e s douz e pan­ Ileaux contenant l a presque t o t a l i té des m é d a i l l e s hi storiques de Loui s XII à nos jou r s, les 300 méda i lles arti stiques et les splendides obj ets (miroirs, bracelets, coupe-papi er, etc ... ) présentés p our la premi ère foi s dans notre Banli eue par l a ;l'16nnaie de Paris. Un bureau de vente de c e s médailles, tenu par :vI . André No­ z i ères, eut à f a i re face aux demandes d'une nombreuse c l i entè l e dési reuse d e garder un souveni r durabl e de l' e s deux j o urs' de fête. P l u s i eurs page s de ce Bul l e t i n ne suf­ fira i ent pas pour donner ensuite un compte rendu des centa i n e s de t o i l e s et d'obj ets d'art de qua l i t é s i gnés d'une cin ­ ' quanta ine de noms et groupés avec goùt par M . Delaloy, di recteur de notre CER­ CLE ARTISTIQUE, dans quatre grande s sal l e s de l'écol e ; mai s l e s arti sles e t ar­ t i sa n s m e pardonneront c erta i nement l' eUe omi ssion v o lonta ire pui sque leur princ i p a l efIort doit porter sur l 'Expo s i -· t i on que l a S.RS.A.M . prépare a c tuelle­ m e n t il leur i ntention pour l e mois de septembre.

=

PHOTOCRAPHIOUE ET ARTISTIOUE D'ATHIS-MONS (31 M a rs - 1 E R Avri l 1 951) Pour sa pre m i ère manifesta L i on , p l a ­ cée s o u s l e p a tronage de l a Muni c i palité, notre CERCLE ARTISTIQUE a remporté à Athi s":Mons un grand succès auprès des h ab i tants de l'AgglornEirati on Juv i si enne qui , en grand nombre, malgré un temps défavorab le, ont rendu homm age aux ef­ forts de notre Société, suivant en c e l a l 'exemple donné dès l e samedi 3 1 mars par M. Cay s s i a l , sous-préfet de Corb e i l , M. Cartier, député-maire de V i Ileneuve­ le-Ro i , M . Rosier, m a i re d'Athi s-Mons et de nombreuses autres personna l i tés. Cette Exposition, qui ne dura m a lheu­ J;'eusement qu'un j our et demi , fut, en e ffet, d'un grand intérêt, car non seule­ ment l es div e rses branches de l 'art (pein­ ture, seulpture, photograph i e , arti san at) trouvèrent asi l e dans sept salles de dasse de l'Ecole des Grav i l l i ers m i s e s graei eusement à notre di sposit.ion, m a i s elle perm i t aussi aux modes d'expression l e s plus opposés de v o i siner sur les ci­ maises. Dans la princ i p a l e salle, l'attention fut tout de sui te forc ée pal' d'adm i rables vue s aéri ennes, a i m ab l ement prêtées par le grand spéc i a l i ste en l a mat i ère, M. Roger H enrard, directeur d e s Etab l i sse­ ments Jule s R i c hard, en p a rti c u l i er par des photo s des principaux monuments de Pari s .e t des plus j o l i s sites de Franc e (Mont Saint-M i chel, Pont du Gard, C hâ­ teaux de la Loi re, etc ... ) , que tout le monde connaît pour l e s avoir vus de terre et que la perspeet i v e aéri enn e donne avec, ti ne autre a l lure, et surtout par une i mmense vue panoram i qu e de 3 mètres sur 4 mètre s représentant le M a s � s i f du M o n t B l a nc. Le pub l i r: s'altarda l onguement devant les r�urieux c l i c h é s ani m é s en relief de l a « Reli ephograph i e » ( 1 50, C h amps-Ely­ sées) ; l e s 1 6 0 photos des monuments de la Ban l i eue Pari s i enne Sud ( extrai t e s des

o

Bref, tout fut parfai teill ent réussi e t , en c ette ci rconstance, i l est de notre devoir de remercier c haleureusement l e s S o c i é t a i r e ;; dévoués qui , pendant une s e ­ m a i n e , ont p arti cipé au montage de cet ensemble artistique ; M. P erehet et M . le SlJpéri eur de la Mai son de Retraite d'Ath i s, pour l a décorati on florale ; la Mun i ci p a l i té et l e personnel communal, pour l 'a i de généreusement a c c ordée. Remercions également l a Commune de Savi gny, pour ses panneaux élec toraux ; M. P i nçon, secrétai re-général de l'Ami.· cale Phila t élique de Juvisg, pour son i m ­ peccable présentation de t i mbres-poste !': ;


- 42 7 -

les Bleuets d'A this-Mons et l'Harmonie M u ni c ipa l e pour le fort j o l i concert donné en p l e i n air dans l 'après-m i d i du di manche ; M . Baquet, pour son buffet r,opi eusement garni ; e t enfin M . Roland Charnoreau , di recteur des Etab l i ssements Rol ondes-Radio, pour son stand de maté­ riel radi o - é l ectrique si agréablement aménagé, ses merv e i l leuses démonstra­ tions de télévi sion e t sa parfaite son o­ ri sation. L. B. ,

PRIX DECERNES EN P H OTOGRAPHIE

Premiers Pr ix A� mateurs ( M édai l l e gra-

vée en bronze) : MM. Ralite, Deeang et Rigaux.

D e uxièmes Pti,c A ma t e u rs (Diplôme i mpri m é ) : MM. Cary, Bouderie et B a i l ly. Félicitations : MM. C ary et Bai lly. * * *

Premiers Prix Professionnels ( �Iédai l l e gravée en bronze) : M�f. Bussers et Nor­ mand. Deuxièmes Prix Professionnels (Di­ plôme i mprim é ) : MM. Bussers e t Nor­ mand.

CALENDRIER DES MANI FESTATIONS DE LA S.E.S.A.M. 9

au

13

au

16 Septembre 1951 : Premier Salon d'Automne d'Ath i s - M ons e t Grande Èxposit i o n sur « La Locomotion à trav e r s l e s siècles » .

20 Avril 1 952 : Deuxi è m e Salon Artistique et Photographique d'A t h i s - M o n s

La Dire'c tion se réserve le. d'(oit de modifier ees dates

A l'occasion du B imillénaire de Paris, la S.E. S.A.M. prépare un volume ven­ tablement S E N SATIONNEL, abondamment illustré et magnifiquement présenté. Voici . un bref aperçu du Sommaire de cette ' publication :

• En

marge du B im illénaire de Paris : la bataille entre Labienus e t C amulogène.

Clément,

• • • • •

t t Saint-

Un e merveille d'art et de patience : la Salle des Coquillages de l' Ins ti u

à

Viry- Châtillon .

Chatea ubriand à Savigny-sur-Orge. Schéma de la structure et du relief de la Banlieue Parisienne Sud. L'église et le cimetière

r

usses .de

Carte p o liti que du Œanton de

Sainte-Gen!!.viève-des-Bois.

Longjumeau.

La première gare de triage de JU'/;isy .

Le B accarat des V ign e ro ns de Draveil.

et de nombreux articles sur les suj ets les plus divers.


L ES

F O UILLES A RCH�OL O G I Q UE S B A NL IEUE

EN

A ORLY Par l e D' GOl'Y

A plusi eurs repri ses, j 'ava i s été frappé par l'aspe c t d'un relevé de terrain, très régul i er, très net, presque à p i c , au­ de.s sus des c hamps qui l'entourent, sauf aux rares endro i t s o ù un sentier ava i t fa i t ébouler u n p e u d e terre. Cette levée, manife stement faite par l'homme, for­ mait une sorte de p e ti t p lateau. Dans cette soli l.ude, qu'animent seule­ m en t deux m a i sons passablement déla­ brées e t parfo i s un laboureur, on ne trouve aucun vesti ge d',lrt i v i t é hum a i n e ancienne. Sur l e c roqui s j o i nt h r e lte note, on eonstate la proxi m i té rela�ive de l a S e i n e - qu elques centa i n e s de m è t r e s - , deux chemins se dirigeant l'tm dirertemenL vers l e fl euve, l"autre vers Villeneuve.., le-Roi (perpendiculaire a u premi er) et enflll une source très ancienne, aux d i r e s des v i e i l l e s g e n s du pays.

.!'\.ai !oOrt

.source X

CJ

1'\.� �o�_·__V_o_ie�d_"_lt_b_IO_-=---+ / Vi llel1euve- �-"Rol. �OrlY La locataire d'une des ma i sons f'igna­ l é e s plus haut, i nterrogé e , m e dit en substance ceci : « J'ai en tendu dire à M. X . . . , gros cultivateur à Orly, qu e ce lieu

avait été très anciennement habité; que lors des travaux de réfection de la Voie d'A b lon, il avait constaté la présence de

S UD

grrmdcs c t larl/ I' s dalles posées li plf/.t , pl'o û u /I l c (II (' n l une voie ro­ u/ (( ill!'; q u ' i l a /'(f i ! { r o ll l'é deux pièces d e 1fwmw i c ; l/u ï l ('.Eis t a i t enfin des sarco­ phag es. )) indiquant

Voi c i ce que mes recherches person­ lH� l l e s m'ont f a i t découvr i r à c e suj et. L e s deux p i èces éta i ent romaines, c t sur l'une d'el les on pouva i t lire le mot A u ­ relius; i l serai t très intéressant de r e ­ trouver cette dernière, car n o u s aurions a i n s i l'acte de n a i ssance de notre vi l lage : Aurelius locus, qui a donné la forme ac­ tuelle Orly après déformation e t contrac­ tion. En outre, sondant avec un pic autour d'un puits s i tué à c e t endro it, j 'a i eons­ t a té 1 <1. présenc e, il 1 m . 2 5 de profon­ deur, de roches, p i erres ou d a l l e s posées horizont a l ement, assez étendues en sur­ face e t donnant, sous l ' a c i e r qui les per­ cute, une résonnance c omme s' i l y ava i t du v i d e en dessous. Sont - c e des sarro­ phage s ? I l a é t é trouvé non loin de c e puits un fragment de sarcophage en c a l c a i re gro ssier ( l e locata i re, j e (' rois, avai t brisé le reste pour en faire de l a m açonneri e) ; une p i èce de bronze a s sez b i e n c onser­ vée ; et quelques fragments - une d i ­ z a i n e - de poteri e s romaines. Au moment des labours, surtout quand r eux-ri étaient profonds, j'ai longé pa­ t i emment les s i l lons et j'ai découvert : des ossements humains (un crâne entier et une v i ngtaine d'os divers) ; une hache e t l a moitié d'une, toutes deux en s i l ex, de l 'époque néolithique ; une sorte de proj ect i l e ovale, réguli èrement a rrondi , en grani t , qui deva i t être, me semble-t­ il, un proj ectile lançable à l a main ou avec une fronde. Au début de la guerre de 1 9 39, l e s lo­ catai r e s creusèrent le sol en vue d'am(\':' nager un abri . Je trouv ai l à ce qui sui t : u n crâne enti er, une r a lotte erani enne complète, des ossements humains très nombreux et v a riés , presque tous brisés


- 42 9 -

A VillEN EUVE-lE-ROI

e t en IlH l uv a i s é t a t d e c on s e r v a ti on. I l s sembl a i e n t rangés sur une l i gn e c o urbe ;

au centre a ppro x i m a t i f de e e l l e c ourb e é t a i ent d e s os de l o u p s et de renards à demi

c o n su m é s p a r

le

feu.

E t a i t- c e

un

sacri fi c e ? J'y r a m a s s a i e n c ore de n o m ­ hreuse s

arm e s

p a l é o l i t h i qu e s

en

s i lex :

d e ux h a r he s , un c oup de p n i ng, un p o i n ­ ç o n , d e s p o i n t e s de

fl è c h e " e t d e .s gra t ­

t o i r;;.

b i t a t s ' é t e n da n t d u p f1 l é o l i t h i q u e j u squ' au

ga l l o -roma i n . Y a - t - i l u n e c au s e il c e lt e e x i s t en c e ,

d'une

l onge a n t

que

ne

pui s le

coups

de

pers i s t a n c e

fl e u v e ,

peuv e n t

i no n d a ti o n s . En t o u t r a s ,

quelques

ell

allei ndre il

pioche

une les

suffi r a i t d e

pour savo i r

s' i l s'agi t b i e n d e sarcophages e t de v o i e romaine.

LES

en

J( 1 0 7 ,

pe t i t

un

c i m e t i ère

à J'angle d e l ' avenue V i dor H ugo e t d e la rue S er g e V o y e r . dan s

l e s(/u e l s

g r a n d e ta i l l e e t s er v a t i on . si eurs

r e p o sa i e n t ,

SARCOPHAGES

DÉCOUVE RTS

les

pieds

squele t tes

d'une

en p a rfa i t é t a t de C O Il ­

E n t re

corps

d e ;;

ces

avaient

s a r c o p h ag e s , été

plu­

di sposés pêle­

n) ê l e .

p u i s é m e t t r e que c e t t e

hypo t h r s e : reglOn

sander i e ,

franc fut d é c o u v e r t

t o u rn é s v e r s l ' E s t ,

JI m ' a sClllb h) d i gue d ' i tl t é r � t de s i g n a ­

pi ste

Lors du traç age e t du n i v e l l e m e n t d e s r o u t e s du l o t i s se m e n t du P a r c d e l a F a i ­

ge s

l e r l ' e x i s t e n c e e n un llI êm e l i eu d ' u n h a ­

Ile

P Al'L CSERY

I l é ta i t c () m p o s (� d e p l u s i eurs sarc oph a ­

* * *

r é un i o n ? Je

Par

t r o u v a d i v e r s obj e t s d a n s c e s " " ­

On

pul tures,

not amment :

une

entourée

d'un

un

une

Vile

p l a qu e

de

cerele,

c e i nturon

c ro i x

pattée

l a r ry m a t o i r e ,

en b r o n z e

du

s i è c l e , un lronçon d'épée e t une l e n ­

t i l l e d e v e r r e s e r v a n t il p o l i r l e s p e a u x .

A l'époque,

c ette

déc ouverte

fut

im­

m é d i a t e m ent. s i gn a l é e aux autor i t é s com-

EN

1 907

A

VILLENEUVE-LE-Ro T


- 430 -

pétentes ; mais, aucune m�ure n'ayant été prise pour l eur conserv:ation, l e Di­ recteur de l a Société du Parc fit réunir tous l e s ossements dans un sarcophage et le transporta à son domic i l e où, il y a peu de temps, on pouvait encore l e voir.

m e n t a v e c les agrés d u bateau, o n l e c ouronne de mousse, e t, dans cet état, on lui verse sur la tête de l'eau du fleuv e . Par cette joyeuse initiation, i l acquiert les droits du métier et celui de la faire subir aux autres novices . ))

COUTUMES DE MARIAGE

M. Louis Raffard, de Juvi sy, nous a communi qué ces i ntéressantes coutume s de mariage, extrai tes d e l'ouvrage de N. GALLOIS sur Les Chemins de fer illus­

LE BAPTEME DES MARIN IERS

trés - Chemins de Corbeil e t de Sceaux (page 8 ) :

A ABLON-SUR-SEINE Dans la Commune d'Ab l on, e n bordure du fleuve, s e trouve une v i e i lle mai son qui a conservé une tourelle - reste de l 'ancien château du l i e u - sur l aquel l e s'élevai t j a d i s u n e statue de saint Nico­ las, patron de l a marine.

c

A EVRY-PETIT-BOURG

VAR ltTÉS F O LKL O RI Q U ES

A c ette figure religieuse, que les ma­ ri niers de l a H aute-Seine avai ent sur­ nommée le Petit Bonh omme d'A b l un, s'est rattaché pendant longtemps un cu­ rieux usage auj ourd'hui di sparu rappelant l a cérémonie burle sque du « p a s ­ sage de la ligne » , encore e n honneur sur l e s navires de haute mer. «

En

nous ( 1 ) , les

passant devant la s tatu e,

apprend Leblanc

de

Ferrières

martnters ne manquaient pas de la sa­ luer par de non� breuses acclamations. Elle n'existe plus; mais la cérémonie burl è sque, dont la coutume lui réservait l'h ommage, et à laquelle elle s e m b lait présider? a continué d'avoir lieu devant la tourelle. « Lorsqu'un apprenti marinier descend ou remome la Seine pour la première fois, on s'arrê te, on l'affu ble grotesque-

(1) LEBLANC DE FERRIERES, Annuaire de Paris et de ses environs (Paris, Dondey-Du­ p ré, 1837, p. 478).

« Comme tant de villages, Evry, qui n'a point fait parler de lui dans l'His­ toire, a dec bien singuliers usages, dont il serait très difficile d'assigner l'ori­ gine, sinon la signification allégorique. « Naguère encore, lors d'un mariage, on .présentait à la mariée, à la sortie de l'église, une caro tte e t un navet au bout d'une fourchette dont les branches avaient été reç ourbées, et un b ouill on, où le sel ni le poivre n'avaient été épar­ gnés, et auquel on devait g oû ter . « Aujourd'hui, l'on se b orne à dresser, sur la petite place de l'église, une table où l'on place des bouteilles de vin que les mariés doivent b oire. « S'il 11 a plusieurs filles dans une fa­ mille, lorsque la dernière d'entre elles dit, après ses sœurs, un adieu légal au célibat, les jeunes filles du villag e s'ha­ billent en b lanc; l'on apporte de la mai­ son de la nouvelle mariée un fauteuil sous lequel on met le feu; les jeunes filles en b lanc viennent s'y asseoir à tour de 1'ôle : la dernière qui peut s'y asseoir avant que les flammes ne l'aient gagné sera, dit-on, mariée dans l'année. Ce la s'appelle « brûler l e fauteui l )) (2) . »

(2)

ce sujet : Le fauteuil brtllé, p ar LECOTTÉ (in Bulletin .de la S.E.S.A cH décembre 1 9 4 8, n° 5, pp . 1 1 5 à 121 ) .

Roger

Lire à

.•


- 431 -

CHRONIQUE Il HERA LDIQUE Il LE BLASON DE SEINE-ET-OISE

Mémoire particulier

des détails de la Paroisse d'Athis-sur-Orge Paroisse La Articles 1 et 2. d'At h i s e st du d i o c eze de Paris. -

Jusqu'à ces derni ers temps, le département de Seine-et- O i se éta i t sans marque symb o l i ­ que. Pour combler cette l acune, l e s préfets, sur proposition de la Com­

mission d ' h é r a l d i q u e départementa l e ou d'après l e s travaux de spéciali stes, fixèrent par arrêté l a défi­ n i t i on des symboles départementaux ac­ tue l l ement en service. C'est ainsi que fut créé eelui de Seine-eL-Oi se . D'une p l a quette pub l i é e par M. Meur­ gay de Tupi gny, conservateur aux Ar­ chives Nati onales, et M . Robert Loui s, dessinateur symb o l i ste des services of­ ficie s' nous extrayons la description hé­ raldi que e t la défini tion des éléménts du bl ason de Sei ne-et-O i se. Il se lit ainsi : D'azur semé dc fleurs de lis d'or à deux bandes ondées d'ar­ gent brochant sur I,e tout. Le semé de fleurs de l i s est e elui du

blason de l Tle-de-France, les de u x ban­

des ondé e s ' symb o l i sant les rivières dont

* noms a s soc i é s ont formé c e lui du départemen t.

Il

""!2.,:,!j,!,§,.!,2,�,B,§" , , en

1717

Il

De même que pour Sai nte-Geneviève­ d es-Boi s, il nous est p o s s i b l e de donner pour l a Paro i s se d'Athi s- sur-Orge, grâce à un document des Archives Nationales (ms. Q3 206) , une description très dé­ tai ll ée de cette localité sous l 'Anci en Régime. -

-

s�re Thibault de la Brousse) .

6. - Une parti e de son Territoire est en p l a i ne, l e surplus en coteaux . 7 . - Son étendüe est de 1 4 48 arpens 81 perches. 8. - I l Y cro î t des vins, des frui ts et des grains de toutes espèces. Le V i l l age est composé 9 et 1 0. oe 4 9 mai sons, sçavo i r 1 1 appartenants aux Exempts et 3 8 aux Taillables, dans lesquelles il y a 5 4 feux. I I. - La simple culture de la terr è {a i t le commerce du pain. 12. - La Ta i ll e qui e s t de 2683 l i ­ vres n ' a e u d'autres var i a t i ons que c e l les causées par l e s augmentations ou d i ­ m i nutions généralles. 13 et 14. - I l n'y a d'autre s béné­ --

fi ces gue la C ure g u i

a

de revenus 21 00

l i vres, surquoy e l l e loge, nourrit, entre­ t i ent un v i c a i re et luv . donne annue llement 150 l i vres. 1 5. - Le Curé et le Vicaire sont l e s séuls éccl ési asti ques.

D O C U M E NTS

A TIfIS-sur= OR Qh

3. - C'est une justice ressorti ssante au Châtelet. S imple Seigneurie dont M r 4 et 5. I f' Marqu i s d'Athi s , Enseigne des Gardes françoi ses, est Seigneur. (Il s'agit dc iJlcs­

Douze Privi légiés, sça­ .16 et 1 7. VOIr, mond. s r le M arqui s d'Athi s, M ' le Prési dent Du T i ll e t, M ' Foucault Con­ s e i l ler d'Etat, 1 Conse i l l er au Châtelet 1 Adm au Parl ement, l e Curé, l e Vicaire 1 Procureur au Châtelet, 1. Bura l i ste des dro i t s d e rivi erre e t 2 Bourge o i s e s de Paris. -

:

18.

C inquante - quatre

Tai llables,

sçavo i r : 5 laboureurs 1 meunier 2 0 vignerons 1 hôtelier 7 manouvriers 1 cordonier

1 menuisier 1 boucher

2 épiciers

� massons 1 ch arr o n 1 vitrier


- 4 32 ;; maréchaux 1 serrurier 3 vcuves 1 charretier

1

1

berger boulanger garde-chasse

L'Eg l i se y possède 1 4 8 ar]ll . 6 3 1 9. perc hes de f o n d s , sçavo i r des terre s af­ ferm é e s et t a i l l ab l e s 1 4 5 arp. 63 pe., dont l e revenu a llil u e l est évalüé il ! 060 l i vres, et 3 arp. d e terre s exp l o i tées pa r va let� e s t i m é e s 4 7 l i vres 1 6 s o l s 3 deniers. -

La .'\'oblesse et l e s Pri­ 2 1l et 21 . Y i l lSg i é s 9 3 3 arp . 11 5 p e . , s�' a voi r de ter­ res a fferrJl() e s et t a i l l ab l e s 8 U i arp. 2 pc., dont l e revenu annuel e s t é v a l iié il 6 6 1 9 l . 1 3 s. 4 d., el 1 1 8 arp. D3 pe. de terre, expl o i t é l� s pnr v a l e t s eslimées l 07 9 l. 1 s. 1 d. -

Le s Ta i l l a b l e s 3 5 1 arp. 2 3 pe., 22 . dont le revenu e s t évalüé ;\ 2D60 1 . 1 6 s . 8 d. -

2 3. 2 4.

-

Terres v a i n e s et v a gue s : néant.

-

Commun e s : 1 5 arp. de patura-

ges.

2 5. 26. 27.

-

Fonds abandonné s : n éant.

-

Bo i s : néant.

Quarante-neuf arpen s 2 4 pe. de vignes. évalüées il 52 1 1 . 1 s . 4 d . -

Trente- t r o i s arpens 50 pe. de 28. pŒZ, é va l ii é s il 7 0 1 1 . 5 s. -

Un moulin il e a u affermé 700 2 9. livre s et u n pre s s o i r bannaI 1 1 0 livres. -

30.

31 .

-

Etangs : n é a n t .

La Communauté n'a ny reve­ nus ny dettes. L. B.

l' ejourùïmi au son de l a c l o che, il l'effet d e p l'o(' (\ d e r ;\ l n rédaction du Cahier d e s p la i n te,;, dol éances e t remontrances que l e s d i t s habitants entendent faire il Sa l\I aj esll) e t pror' l)der il la nomination de deux Députés d e s plus notab les hab i ­ t a n t " il ra i son de cenl v i ngt-tro i s feux, d : lll t l a dite paroisse est composl\e. Le,.;dils habitants re­ Article 1er• présentent que la (juant i t l) prodigieuse et ['(\voltante de g i b i e r dans l'IStendue de J eur terri t o i r e e s t u n e des c auses de l a modi c i t é d e s récoltes, v u que l e d i t g i ­ b i c !' de t o u t e s espÀr e s m ange e t ronge le gr' a i n jusqu'au cœur e t l ' a rrache à m c­ sure qu' i l pousse e t profite, ce qui e s t c ause q u e l e cultiva teur e s t obligé d e me ttre u n tiers d e semence d e plus, e t n e peut prendre d e l a for[' e que p a r l e s grandes ehal eurs. -

L'herbe qui croît en même temps l'empêche dé profiter ; l'on pourr a i t l u i donner d u seeours, s i toutefo i s l e s s e i ­ gneurs n e fa i sa i ent pas défense de c u e i l ­ l i r e t arracher l ' herbe q u i étouffe l e s gra i n s e t l e s empêche de veni r il m a tu­ ri té, par des défenses affi e hées il 1 :, porte de l 'égli se et aux plaees pub l i ques, c e qui reti ent l e s parti culiers de net­ toyer leurs grai n s et de profiter de c e ttc herbe pour nourr i r l e s best i aux. Que l a de strud i on du gibi er e t d e s p i geons soi t faite.

CAHIER

DE

DOLÉANCES

de la Paroisse de Origny L'an 1 78 9 , l e mardi 1 4 avril, i ssue des vêpres, l ' a ssemb l é e d e s habi tants de la­ d i te paroi sse annoncée au prône dès le di manche préc édent, où l e c ture e t pub l i ­ cation ont étlS faites, ainsi qu'à. la porte de l ' égli se, avec affi c h e s de s l e ttres et règl ements faits par le !loi pour la con­ vocation des Etats Généraux, e t ordon­ nance de M. l e Prévôt de l a V i lle, Pré­ vôté et Vicomté de Paris, e t convoquée

2. - Qu' i l s n e peuvent point. t'au ­ l' her l e s sainfo i n s e t l uzernes a v a n t l e 1 5 j u i n pour que la p erdrix éclose s e s p e t i t s ; p a r d e s années b âtiv es et de SL'­ (' IIETAsse, l e sainfoin brùle e t l a l uzerne se durc i t, perd sa saveur, sa bonté e t ne porte a u c u n profi t a u x a n i maux. C e l a fa i t b i e n du t o r t p o u r l a deuxi ème coupe. Que l e Seign eur exige de ses 3. vassaux le sixi ème pour les droits de lods e t vente s ; il e s t vrai qu' i l fait remise du quart : c'est touj ours un hui­ t i Àme de l'acqu i s i tion. -

4. Que ledit Seigneur fa i t payer aux v i gnerons qui vendront l eur vin en déta i l , ainsi que les cabaretiers, six pin ... -


e t d a n s l e c a s de m o r t d u Ro i ou cie 1' 6 -

t e s par m u i d , so i t en n a ture ou en ' ar­ gent, e t pour r a i soI! de sa d e m a n d e i l

gene e , l e s d i t s E t a t s s o i ent c o n v o q u é s e t

d i t lju e c ' e s t u n dro i t d e fo i rage , e t c e ­

a s s e m b l é s a u m o i n s d e u x m o i s apr(\ s .

n'y

il

pendant

m a rc h é s

ni

foires

ni

a

* * *

(jans l a p a r o i s s e .

5.

l ad i t e c o r v é e

s o i t suppri m (\ e e t q u e l e s

s om rn e s n é c e s sa i re s p o u r l a r e c o n stru(' ­

G r i gn y

de

r o i s�e

habi tants

des

r e m on t r a n c e s

tou t

.� i d (� r a t i o ll

e t de

faire

prud e n c e ,

l e urs

l um i ères,

des

e n t reti en

le

c h em i n s ,

r a l e d e s i mpôt� .

6. -- L e s h a b il a n t s d e m a n d en t e n c o r e l a .� uPJl r e s s i on d e s gab e l l e ,;; c o m m e a b s o ­ I m ne n t oIl (�r e u s e s

7.

à l ' E t a t e t au peup l e .

Plus, que éta nt

sup p r i m é e ,

la

à

a u s .- i

� () i t

]Jl i l i c (�

ù

c h a rge

les

t ou s

h o m m e s du royaum e .

8.

Quï l n e

qu'un

soit ét abli

seul

r6u n i .s s o u s u n e seu l e c o t e .

9.

Que

tous

les

qui

d ro i t s

.S O i' (

ce que leur j u s ti c e

leur

l e u r d i c t e r a , e t o n t t o u s l e s d é l i b éran t s s i gn é , exc e p t é J e a n P i erre Yvon ; N i c o l a s P e l h e stre ; Jean L a i n é ; S i m o n Lemperi e r .

S i g n é : .J e a n - B a pt i ste C oudray ; Dura n d ; Jean-Bapt i s t e

Buc h eron ;

R o i nv i l le ;

Re­

h u t ; P i nc em a i I l e ; Derou i n ; S a un i e r ; ])\1h o c q ; Soubi rou ; T h om a s H ob e r t . N i c o l a s P E P I N , greffi e r de l a MUlI i c i ­ pa l i l (\ .

et JlH� m e i m pM ; que tous l e s dro i t s s o i en t

et pa­

E t a t s - G énéraux,

aux

tout

et

la

de

l e sque l s i l s supp l i en t de prendre en C O ll­

�o i t payé et p r é l e v é sur la m a s s e gén é ­

tian

d o l éanc e s

p l a i nt e s ,

les

sont

Telles

Que l a d i t e p a r o i s s e é t a n t i m p o ­

sée au rôle de corvée, e l l e demande que

C e r t i fi é

ne

rnrietur a u d é s i r du r è g l e­

m e n t e t de rordonna n c e d e :vr. l e Prévàt de Pari s, le l ' t' g l i "e

de

1 4 a vri l 1 7R 0 , il l a por t e d e

Grigny,

i s sue d e vôpres.

éga I e ­

Si{fn é : Tm'R\'AuT.

m e n t p a y é s p a r l e s n ob l e s , e c c l èd a st i qu e s

Communi qw) fl a r M. G . BAll:'\ IEl\ .

d u .s

]w r

les

propri é t. a i r e s

so i e n t

e t t ou t e s a u t r e s p e r so n n e s a c tue l l em e n t et

pri v i l ég i é e s , c o m m e l e f o n t

le

feron t

t o u s l e s roturi e r s .

1 0.

cune que

Quï 1

propri é t é les

n e p u i s�e ê t r e p r i s pour

propri M a i r e s

servi r en

au

soi e n t

au­

p ub l i c . rem­

boursés au p l u s h a u t p r i x e t sans d é l a i .

HlUllIUlIJJtllllll!!U !ltl!lll!t!!ü IHINflllHltmlltllltl l lll6lltllltl lnl1

ÇA et LA

IIJWiHIftI"'"IN""HNIftItIHlîiiîiliiîifiîîil'Hlîiiilll1iID

I l. � Qu'i l s o i t fa i t d t'f e n s e il t o u s l e s h ab i t a n t s du R o y a u m e e t é trangers

L'ELECTRI FICATION DE LA GRANDE-CEI NTURE (Juvisy-Versailles)

d'e xporter des gra i n s h o r s du R o y a um e . sous peine de mort.

12.

-

Que l a l i b e r t é i n d i v i d u e l l e s o i t

accordée à tous les hommes e t qu'i l s ne soi ent p a s troub l é s d a n s l eurs b i e n s .

1 3.

-

Que l a de t t e de l a Na t i on s o i t

a IT ô t é e pal' l e s Eta t s G é n éraux ; q u e l e s m i n i s t r e s s o i e n t tenus

à l ' a v e n i r d e l'e n ­

cire c o m p t e d e s d e n i e r s d e l eur a dm i n h­ t ra t i o n .

1 4.

La m i se en serv i c e de l a l i gn e IS l e c tri ­ tl .\ e Ju v i sy- V er ,.;a i l l e s \

t. enus p " r i o d i qu e m e n t t o u s l e s t ro i s a n s ,

ell

Général

présentant

M.

rentes

li

présence

I II�peeteur

.Ju l e s

des

e u l i eu l e ·1 fé­ de

Moch,

p e r s on n a l i t é s . La

:vI.

Favière,

Tra nsports, et

de

tournée

re­

d i ffé ­ de

l'l' ­

c o n n a i s s a n c e s ' e ffectua SUI' u n e d e s a u ­ t o m o t r i c e s Budd d e l a H é g i o n O ue s t . L ' é l e c t r i fi c a t i o n d e s l i gn e s d e C e i nture Sud :

Que l e s E t a t s G é n é r a u x soi e n t

j 947

r i e l'

.Juv i sy - Versa i l l e .'i

et

( c e t t e d e r n i f> r e ouverte l e

M a ssy - O r l y

4 a vr i l 1 9 4 7 )

Tll'I' s e n t e n t l e s a v a n t a ge s s u i y a n t s : 10


- 434

- relier é lectri quement l e s v o i e s dej ù él ectr i fiée s des Régions Ouest et Sud­ Ouest, et les v o i e s alors en cours d'électri fication de l a Région Sud-Est, complétant l ' é lectr i fication Juv i sy-Valen­ ton, précédemment réal i sée ; - permettre la l i b érati o n de 36 ma­ chines à vapeur consommant annue lle­ ment 1 8.000 tonnes de charbon ; - a m é l i orer la traction des trains l ourds sur des l i gnes au profil acô denté (rampe de 1 5 mm. entre Jouy-en-Jo saf' et V è rsai lles) . De plus, cette é lectri fieation a pu se réaliser sans construction de sous- s t a­ tions nouve l l e s . En eITet, l ' énerg i e élec­ tri que nécessaire à l a traction est fourni e p a r les sous-stations déj à exi stantes de f'orchefontaine (Région Ouest) , de V i l ­ laines ( M étro) et p a r les postes de sec­ ti onnement de Sai nt-Marti n et de l n Cuve ( R égion Sud-Ouest) . L. B.

LA FÊTE NATIONALE DE l'AIR Le di manehe 1 1 j u i n s'est déroulée à Orly une Fête Nationale de l 'Air qui a obtenu un suceès é clatant auprès de c en­ t a i n e s de m i l l i ers de speetateurs. On peut affirmer que c e fut véri tablement la plus grande manifestati on qui a i t ja­ mais été organi sée non seulement e u Europe, mai s aux Etat s -Unis, c a r nulle part au monde un programme aussi v arié, aussi magnifique, aussi sensation­ nel n'ava i t été o ITert au pub l i e . C haeune de s présentati ons fai tes il c ette occasion méri tera i t un long corn·· mentaire. Nous nous bornerons à c i ter les vols de chasseurs à réaction « S.O. GOOO J ) e t « 6020 J) , l e passage du « S. O . M. 2 » et -c elui du « Leduc 0 1 0 J) perc hé sur son quadri moteur, l e s montées d e t ro i s « M.D. 4 5 0 Ouragan » , les exerc i c e s de 2 4 « Vampires J ) de notre Armée de l 'Air, l a démonstra tion du « S.E. 2 0 1 0

11 3 2 . M . l e Comte d e LAMBERT élèv:e de WilbulJ W'I'lght pi lota n t u n A é "oplane systèm e W#lght Cet Aéro p l a ne est c o mposé (l'u ne çeUul" de 2 pla ns superpos é s ; à \'av.nt.

gouvernail de p rofondeur, à rarrlère gouvernail de direction verli".I, 2 hél lce$ marchant en sens I n verse. Longueur tota\& 1 2 m 50, moteur 4 cyUnd,.., s �? H P Wright. 1.

�.

M . le Ccmte d . lAMBERT

Collection Louis Raffa rrt C'est sur cet avion que, lors de la G rande Quinzaine de Paris de 1 9 09 (la pre mière nl anifestation aérienne d e l a Région Parisienne. - qui se déroula sur l'aérodrome de PClrt-Aviation à Vir y-Châti l lon ) , l e Comte de Lambert survola Paris et l a Tour E i ffel pour l a première fois .


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BO I S

M AT É R I A U X

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DE CONSTR U CTION

(flAN TltR A GENT

DIS

DÉPOSITAIRE

RÉGIONAL

E V É RITE - S ITU B É P l o q u e s, Tuya ux, etc.

H a LO

I SOVE R

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- 435 -

Arm agnac J) e l du c argo « Bréguet 7 6 1 Deux-l'onls J ) (d'où sor t i t u n e v o i ture « Ford-Vedette J) m i s e en loter i e ) , l e s figures acrobat i ques de l a patroui l l e d'Etampes, l e b a l l e t d'hé l i coptère>! ( d i ­ r i gé par Serge L i fa r ! ) , l'éjection à 8 5 0 à l' heure du « s i i'ge-c H llon J) sur l e quel se trouva i t l'ang l a i s Lyneh, l e làe her de 1 5 0 para c l l Ul i s l e � � a u t anl it fa i b l e h a u ­ t eu!' de 15 « J . c . :J2 J) . le� évolu t i on ..; d e :, rlaneurs, d e s a v i o n , dl' lour i sme . . .

�nfin, il l a hauteur du Petit M assy, l'Autoroute se d i v i sera en deux parti e s . La b ranche Ouest gagnera l a nationale f'; 0 2 0 de Pari s il Urléans ; l a branc h e Est, a p r è s a v o i r décri t un arc de c ere l e t r ,' " l a rgr p o u r é v i t e r l e � zones c onstrui ­ t e � de l 'Agg l o lll éra t i on .Juv i si enne, Hrr i ­ \ era par l a nd l é e cie l'YYe t t e a u Sud de !l b- O r a ngi s, o lt e l l e n lJOu( irn il l a na t i o ­ l ' ld e N ° 1 , l a route d u M i d i .

M a i s i l f a u t r e c o lJlw Î l re q u e l e pub l i c fuL surtout i mpre s s i o IlIHJ par l a dérnon� ­ tra t i o n des « Shool i ng S t ars J) de I " armée a meI'l e a i ne qui exécut èrent cl an" un brui t d'enfer des l' 'i:f'r d c>(' s d'uIle auda c e e t d'une préci s i o n i nouïes, a l t erna n t l é' ...; montées r a p i d e s d l e s p i qlH�S vert i g i ­ neux a v e c un redre ssement il 1 :J0 m è t r e s du sol. Bref, UIle b e l l e page de l'a v i a t i o n fran­ ç a i se fut é c r i t e c e j our à Orly, car l e ,: orga n i s a t eurs a v a i e n t réussi à hrosser d a n s le ciel de Ilo tre Ban l i eue l a p l u s grande fresque ci e l'avi a ti on moderne que l'on p u i s s e n c tu e l l em e n t réal i ser.

L'AUTOROUTE DU SUD Les t ravaux de l 'Autoroute cie dégage­ hl eIlt clu Sud de Pari s ( 5 0 km . ) seront .prohah l e ment cormnencés dans l e courant d e l'année 1 95 1 . I l c omportera t o u t (l'abord un t ron\' on pri ncipa l , sorte d'aort e à l a sort i e de P a ­ r i s, d o n t le p o i n t de d é p a r t sera p l a c é n o n p a s il u n e Porte de l a C n p i ta l e , m a i " il l ' i mport ant c arrefour de l a P l a i� e Den­ fert - Roc hereau, permett a n t a i n s i un édatement e t une d i spers i o n rapide d e s véh i cules d a n s P a r i s ; i l t nr vrrsera ell ­ suitè en tranchée l e Pnrr 'Vl ont souri s r t la C i té Universi t a i r e . T�ne pre m i ère dév i a t i on i ll t prv i e n clra sur le p l a teau de V i l lejui f, lm'> " ci e l a redoute d e s H a u t e s Bru�'i'rrs, p t rej o i n ­ dra l a n a t i o n a l e N ° :J , route di recte cie M e l un . Un peu p lus loin, il Chevi l ly-Larue, une d eux i è m e artère c o nclu i r a il l ' entrée de l'A l5rogare intern a t i on a l e d'Orly.

L 'ALTO I\ O lTTE

nu

SUD

Le" expro r r i a t i ons, rédu i t e s a u stri � t m i n i nlUrn il ra i son d e l a c r i s e clu loge­ m ent, fra pperont c e pendant plus de d e ux c e ll t � i mm eub l e s cl a n " l e s Dépa r t ement s de l a S e i n e et cie la S e i ne - c t - O i s e . L ' e n " e lllh le d e (' e s t ravaux sera a c hevé

e n l D 5 5 e t entraînera u n e dépense a p­

}lrox i rmil i Ye de !J m i l l i a rds 5 0 0 Ipi l l i ons. L. B.

LES NOUVELLES CONSTRUCTIONS DU COLLEGE SAI NT-CHARLES L e s t ravaux de reconst ruct i on clu Co l ­ l!\ge S a i n t -C h a r l e s s o n t en c o u r s d a n s le cadre de l'ancien Domaine S e igneur i a l cI'Ath i s . I l s prévo i ent u n ensemb l e pour qua tre D i v i s i ons d i s t i nctes ave c tous leurs serv i ces, soit 600 élèves au tota i , dont 2 5 0 pensi onna ires.


- 436 -

Depu i s la bénédi ction de la premi.ère pierre par Monseigneur Ro land-Go s s e l i n, Evêque de VeI' � H i l l es, la maçonneri e des bâti ments de l' uisines, avec leurs dépen­ d a nc e s, les logements du personnel et Iï nfi rmeri e, e � t H e hevée ; l e p l ancher haut des réfectoil' � s qui srrl de sol à la c h apel l e est entiôremenl c o ul é ; et le pre­ Ill i er pavi llon scolaire a atteint l e pre­ mier é tage . II e s t probable que deux pavi l l o n s scolaires pourront accuei l l i r en octobre prochain les deux prem i ôres Divi sions.

Quest. I l. - L e légume d'hiv�r a p, p e l é « crosne du Japon » a - t - i l quelque l'apport avee l a Commune de Crosnes en Seine-et-Oise "? Quest. 12. - A quel l e époque a été construi t le « Pavi l l o n go thi qu e » à Y i ry-C hàtil l o n ? A quel l e fam i l l e attri ­ Imer l e s armoir ies sculptées sur la fa­ �' a de de ee monument (M'" DELAHAYE, Viry-Châti l l on ) ? armes

Quest. 1 3. - Quel l e s sont l e s

d e l a Marqui se de Blacquevi l l e , fi l l e du

:\l aréchal D,wout (M. GO UJON, Savi gny ) ?

LE BUSTE D'ADOLPHE ADAM Un nouveau buste du composi teur Adolphe Adam a été inauguré au moi s de mai 1 9 5 1 devant l'anci enne M a i r i e d e la Ville d e Longjumeau.

Quest. 14. - L'Ec ole Pierre

e t Ma-

1'Ïe' Curic de Savigny ne devai t-elle p a s

porter à perpétui té l e nom d'Ecole José­ l,h ine ? A l a suite de quel l e s c i rconstance s la Commune de Savigny-sur-Orge a-t­ elle accepté c e c hangement de désigna­ t i on ?

Quest. 15. - Q ue s i gn i fi e l ' inscr i p ­ t J On gravée sur l e puits à m arge l l e s i s dans le « C l o s de Bréti gny » à Ath i s­ Mons (JI. DELALOY, Athi s-Mons) ? Quest. 1 6. - .J'ai lu dans u n gest »

ous

nous pc nnettons de l'appeler la rubrique « Curi eux et C hereheurs » a pour unique am­ bition d'éta blir un lien entre le lecteur qui a unf) ques tion à poser sur l'histoire, la géogràphie ou l'économie de la Ban­ l'l eue Sud et celui qui en sai t la réponse. Elle est ouverte à tous : sociétaires, lec­ teurs au numéro ou lecteurs de' hasard.

N

que

q ue

«

«

Di­

Lénine s'intéressait b eau­ coup à l 'ari ation qui vonait de naître . Il était rlevcnll un familier des mee tings de Vincennes ct des essais de vol à Issy-les-Moulineau.1:. Il y allait à b icy­ clette. Un jour, revenant dei Juvisy, il faillit ê tre écrasé par une auto . Il eut juste le temps de sauter à terre, mais la bicycle tte était en miettes. Dans une lettre à sa sœur, il écri t : « J'ai pu iden­ Ufier le propriétaire de l'auto - c'est un vicomte, que le diable l'emporte et maintenant je suis en procès avec lui. » �

P o urrait-on avoi r de plus amples dé­ tails sur l a présence d e Lénine aux mee­

Question n°

Napoléon Etampe s

1er,

ou

9. - Le mameluck de

Roustan,

est- i l

enterré

à

à Dourdan (MW" ROLE, à

Sav i gny ) ?

Quest. 10.

-

D'o ù vi ent l 'expr e s s i o p

Crosnes-les-Anes, pour

désigner

la

employée l oca l i t é

quelquefoi s de

Crosnes,

près de V i l leneuve-Saint-Georges ?

ti ngs de Port-Av i ation à Juv i s y ?

Quest. 1 7. - O ù se trouve a ctuelle ­ m e n t l e magni fique tab leau, m a lheureu­ sement peu connu, r epr é s en t an t « Le Boi L ouis XI V à Juvisy * * *

»

?


- 437 -

Réponse 1. - La « Sauc e Orly » n' e st qu'une sauee tomate ordi n a i re , m a i s ser­ vie avec des œufs fri t s ou des poi sso n s passés d'abord dan s l a p ft le il f r i re, p u i s fri ts ('> g a l e m en t Vous présentez v o t r e p l 11 t a c c o m p agnl' de pel'si l h a ehé, de ronde l l e ,s d ' o i gn o n ,; p a s s b ; p r é a l a b l e m e n t nu l a i t et il l a fa­ r i n e , p u i s fri l s , e t enfin de l' I'oùtOIl S éga ­ I e ment fri t s . C ' e s t dans c e tt e p r é s enta t i o! l que c on s i s t e l a seule ùi trérence entre l a " Sa u c e O r l y » e t l a sauc e toma t e ha1 li tue l l e . .Je n 'a i p a s pu retrouver d'où prove­ n a i t l a dénomination de « Orly » ; c ' e s ! yrai semb l a b l ement un nom donné par un restaur a teur (lll Un cui sinier et qui n'a guère de rapport, avec l a C ommun e du mème nom. (Réponse pub licitairc de Mme Fran ­ r; o i se BERNARD, de la part de la SO­ CIETE ASTRA.)

Rép. 2 . - Etienne Le b ea u était un

o uvr i er agri c o l e simple, c oura ge ux e t b o n , m a i s a u x i dé e s avancées. I l f u t à Ath i s - M on s l e premier propagandi ste de l'idéal soci ali ste. C'est la rai son pour la­ quel l e i l fut, à l'époque, chassé de p ar ­ tout et obligé p our vivre de traîne r sur sa brouette les l égumes de son j ardin afin de l e s v endre à qui vou l a i t bi en l e s prendre . Il fut aussi le prem i er élu soci a l i ste et se fi t aussitôt remarquer par la lutte qu'il engagea contre le m ai re, « M onsi eu r Chodron » qu' i l se refusa i t à appe le r « Monsieur le B aron de Courcel » . (Réponse communiquée par M . Loui s proch e parent d'Etienne Le­ b,eau, gardien aux Etablissements Malt Kneipp, par l'intermédiaire de M . \VIN­

D�;PRÉS,

TER.)

* * *

Eti enne Lebeau, qui avai t alors 50 ans, fut élu Conseiller Mun i ci pal une première fois, l e 17 mai 1 896, par 1 88 voix contre 1 8 7 à M. Valentin Chodron de Courcel (majori té des voix à Ernest Sourdeau : 345 - M aire : M. de Courcel ) ; une de ux iè m e fois, l e 6 mai 1 900, par

279 voix contre 352 à M . de Courcel ( M a i re : M . de Couree ! ) , e t une f r 'JÏsièm r' f o i s , l e 1er Itla i H J 0 4 ( M a i r e : :\1 . clr C o u r ­ cel ) . A p r l" S la Grande Guerre, l e 2 1 févri er 1 920, le Conse i l Municipal d'Ath i s-Mons ( il m aj o r i t é soci a l i ste - Maire : :\1. Ma­ ri el le ) , « considérant q u e le n m n de c c /'­

l' U I' S . . . n ' o n t d'au ires sig n i fica ­ tions quq celles données par l c u r s i tua ­ ti on topoyraph i q u e , ru la dem ande for­ m ulél' par la popula tion la borieuse, ouï li' 1'IlppOl't de la c o m m is s i o n des che­ m ins ... tendant à h onorer' dans la Com­ IIw nc les n o m s des défense urs de la ( ' la sse O1wrièrc » , d é c i d a de donner le t f /i n e s

no m « E t i en n e LEDEAU » à l ' mH' i enne R u e de l a .Jui veri e » ( E xt r a i t des Reg. d e s Dél i b , clu Conseil M un i c i p a l ) . {(

L. B.

Rép. 3. - C inq ans ont suffi pour nouv e l l e route et l e Pont B e l l e s -Fontaines. Une Déclaration

r o n s truire l a

des

faite par Me M artial PO UYA T, prêtre , l'imire perpétuel de l a paroisse de Ju­ visy-sur-Orge, des biens et revenus de ladite vieairie perpétuelle (Doyenné de 1ll o ntlhéry) , en date du 1 5 a oût 1 728 (Arch . nat., Q l - 1 5 1 2 ) nous l e prouve de façon i rréfutable :

. « Portion Congrue (Art 2 ) . - Ledi t S I eur Curé jouissoit ey devant de deux arpens de terr e s ou environ, en 3 pièees, sei tuées an terroi r dudi t .Juvi sy, parti e sc avo i r 5 quartiers plantés en v i gnes, part i e scavo i r 3 earti ers, e n terres la­ bourabl e s . . . II faut remarquer que des 5 c arti ers de v i gnes ey-dessus, i l n'en reste auj ourd'hu i que 2 cartiers et derny, ou environ, le surplus ayant été pri s pour la construction du nouveau grand Che­ min Royal, dont on n'a fait jusqu'à pré­ sent aucun remboursement, ny du fond auxdi t s Mrs du Séminaire d'Orléans ( 1 ) , ny d e s non-joui ssances audi t Si eur Curé

pour 4 ou 5 ans qu'on travaille audit grand Chemin... ( 1 ) La Cure de Juvisy était, en effet, une dépendance du Séminaire d'Orléans.


- 438 -

« C as u e l (Art. 5 ) .

-

Le casuel monte

à peu de cho se, n'y ayant qu' environ 1 8 0

c ommuni ans, dont une grande parti e sont pauvres, e t même l a p lusparl des prin­ c i p aux et autre s vont qui tter le l i eu a t ­ te-ndu qu' à présent presque tout le

monde passe au nouveau grand Che­ m�n Royal qu'on vient de faire, ce qui rendra cette paro i s se déserte ou il n'y v i endra ,, ' é tab l i r que des p a uvres gens. )) L'achèvem ellt de la route et du punL pHI' l ' i n scri p ­ ti on l a t i ne gravée S U l' l a fonta i n e d'av a l ; e l l e est reprodu i t e avec, �a tradueli o ll dan� le Volume VI de la S.KS,A . M .

en 1 72 8, nous e s t confirmé

L. B. La réponse, inspirée d'un Rép. 6 . a rtiel e du Mercure de l'm.ncc SUl' Bré t i ­ gny (j a n v i e r l i 3 i , p . 5 0 ) , n o u s e s t don­ née p a r l'abbé Jean Lebeuf dans son H i s ­ tcire ... de f o u i le d i o c è s e de P a ri s ( P a r i s , F é c h o z e t Le t o uz ey, 1 88 3 - t. IV, p . 3 4 8 ) : «

Quo i que le terr i toire de Bré t i gny slJ i t reconnu pour ê t re peu propre à l a vigne, i l e s t certa i n . . . qu' i l �' a vo i t de s v i gnes en ce l i eu dès le XIIe e t le XIIIe si ècle. 1I a i s i l n'est pas éga lement c er­ tain que e e s o i t le v i n de ce l i eu qui ait donné l'occasion de parler d'un Bré­ t i gny comme d'un pays de mauvai s vin. C e l a est c ependant passé en proverbe ...

« I l peut se f a i r e que l e m é p r i s du yi n de Bré t i gny a i t passé de Bourgogne ft Paris. I l y a en e ffet un V i l l age de c e nom proche D i j o n , e t comme i l est dans h l plaine, son v i n est naturellement moins bon que celui des côtes voi s i nes de Dijon. M a i s comme l e proverbe ajoute

que « le

v in

n,

de Br é t i g n y

fa i t danser les

et qu'on assure qu' i l y a eu r é e l lement il Brétigny près Montlhéry un habi tant nommé Chèvre, dont l a f o l i e quand i l a vo i t bu . éto i t de f a i r e danser � a feIll m e e L ses fi l les, il semble qu'on ciü i L �'a(' eonllnoder avec c e tte h i stori e tte, eL donncr à c e Brét igny c c tra i t de p l a i ­ santeri e . »

ch è vres

«

vin ( sous-entendez : les ch � vres » ou « . cl fa i r e danser les chèvres » se dit d'un mauvai s vin, très a c i de ( D i e t . g p n . rie la Lllngu e l' ra n ç ai s e de H atzfeld) , qui n'a « que l'épée et la cappe, et qui est tr{' s f o i b l e » (Did. de la La n g u e Fran­ r:oise de P i erre R i che l e t - t. 3, p. 8 3 8 ) . L. B .

1/ 1'

L'exIJre ssÎlm :

Un

H r N i g rt y ) (l ui fa i t d a n s c r ,.

Rép. 8.

verrn i l io n

La prem i i're fabri que d e

-

fut

Ab l on- sur-Seine,

ouvert p e n France à p a r P h i l ippe Joseph

i nventeur d e ce produit, né

D I<:S l! CW U :,{ ,

il P a r i s en l i8 J et mort il Ab l o n le 4 dé:..

c embre J 8 2 i Son labora toire, dont i l écartait r i goureusement tout profane, .

d a i t s i tué dans l a m a ison attenant il la t( lur du v i eux château. F n document sur l ' « Etal rIe l'Indus trie

Corb e i l en 1 838 n , extr a i t ri e s Arc h i ves de l a S.:'{ .C.F., préci se : « L a

nI tre Paris ct

{t' b r i q u c Dcsmoulin, appartenant actuel­

lement ri ii'l. LEMAIIŒ, produi t ann u e l ­ l e m e n t 1:1 t o n n e s dC I.' (' l' lIl i llon - t ran s ­ }J o r t ]Jal' /'h e,min dc fer i m poss i b l e va (l i re supprimée cl t ra n s p o r t é e cl B o i s ­ sy-Saint-Léger peu ünportante et n' o c c u pa n t que 1 3 o U '/'l'icl's . » -

-

L. B .

Le Comité Directeur ' de la S.E.S.A.M. sera toujours heureux d'accueillir les observations des Lecteurs de ses Publications et de tenir compte, dans toute la mesure du possible, des suggestions ql1l'i1s voudront bien lui faire.


- 439 -

1 i l i i I I I IIIIIIIIIII I I I I IIIlUIIII I IUIIIIIIII

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 11 1 1 1 1 1 1 1 1

._.

Les monographies cie Communes foison­ nent en S eine-et-O ise. Leurs auteurs s 'at­ tachent le plus souvent à décrire les prin­ cipaux monuments cI'une certaine localité et à raconter la vie cles personnages célèbre.'; qui l 'ont habitée. en particulier celle cie .., seigneurs. Mais rares sont ceux qui étudient le com ­ portement cles « humbles » à travers les siècles . leurs misères. léurs souffrances , leur traintrain quotidien. et aussi leurs j o ies et leurs amusements . C'est là certaine­ ment la partie la plus intéressante de la re­ cll erche h istor iquè. mais aussi la plus dure. car la documentation la concernant est plus di fficile à trouver et semble d'ailleurs n'a­ voir pour la plupart des historiens locaux qu'un intérêt des plus restreints. Depuis plusieurs années . nous avons pu dépouiller des centaines de documents ayant trait à l'histoire des hab itants de Juvisy­ sur-Orge. et nous serons bientôt en mesure de publier des articles fort détaillés où la vie des paysans. des commerçants et des bourgeois clu petit bourg d'antan sera lon­ guement évoquée. Voici. à titre d'exemple, la tra�scription in extenso de cieux documents particulière­ ment suggestifs.

UN BAL CLANDESTIN A JUVISY SOUS L'ANCIEN REGIME Alors que le Procureur fiscal de la Pa­ roisse de Juvisy « faisait s a p olice ordi­ naire sur les dix h eu res et demie du soir, il aurait entendu grand bruit à la porte du nommé Lucas, cordonnier, causé par les assemblées de Dances que ledit Lucas tien t chez lui; et étant entré, il aurait remontré ) ! au dit Lucas qu'il n était pas permis non seuUement de don ner à Dancer chez lui, mais encore à h eure� indües et que de telles assemblées causaient tumultes et bruits

dans ce lieu par la jeun esse qui s':',' retirait, même qu 'il sm'oit qu'il tenait ses assem ·­ blées jusqu'à deux h eures après minuit, ce G u i h a i t contraire a u x ordon nan ces de p o ­ li c e , p a r lesquelles i l est deffendu à toutes p l' rSOmles, m êm e aux Maistres à Danser da u s les 7 'l'[[es où il '\' en a d'établis, de tel/ il' pa reilles asse11lbl tes. A li lieu p ar ledit L l I cas de rece7 'oir la remon tran ce dudit P r o c u reur Fiscal, m 'ec docilité, l 'a urait in ­ sult é . p o u rq u o i i l requ iert qu e def/ences so iel1 t fa ites audit L u cas de tenir. à l'avenir de pa reilles assemblées à peine de confisca­ l iml de son violon . . . (5 j u illet 1 737) . »

LA PUNITION DU BOULANGER DE JUVISY -SUR-ORGE en Règlement de Police de la Prévôté de Juvis}', en date du 22 décembre 1 730.

enj oignait aux boulangers de cette localité (Article VIII) « de tenir p our la fourni­ ture du pu blic leurs boutiques bien garn}'è de pain blan c, mollet et b is, lequel sera du p o ids prescrit par l'ordonnance, marqués à la marque pa rticulière de chacun d'eux, do n t l'empreinte sera déposée au greffe de c e t te préz'osté pour }' m 'a ir reco urs en cas de b esoins, le tout à pein e de 5 0 sols d'a e JJ1 ende, et de confiscation dudit pain apli­ cables au profit des pallz 'res de cette pa­ ro isse contre chacun con trez'enans. et de plus grande p eine en cas de récidiz'e. »

Ce.·.i t la raison pour laquelle Jean-Bap­ tist� D uval, marchand bouUanger à f u z!isy fut condamné à une amende « pour dz'oir ,

c h e::: lll}' trouTé du pain de p o ids » , ainsi que « du l iz'res lIo.n marqué au poids ser ». Tous les pains furent

fa ux

deux livres à pain de deux qu'il doit pe­

confisqués au profit des pauvres du village et il fut fait clé fense à ce commerçant peu scrupuleux

« de z 'endre à l'aven ir son pain à faux poid:; à p e ill e de p unition corporel, même de ' fer­ m eture de sa b o u tique. . . (30 septembre

1 74 1 ) . »

L . ' B.

NOTRE CO UVERT URE : La . four dite . « d'Agnès Sorel » au Châ­ teau cIe Savigny-s ur-Orge. Cliché Rativet.


440 -

L' ÉTAT

En

e fr e t , par suite de l 'engorgement d ' é v acua t i o n des e aux plu­ y i ales, l ' h u m i d i té p é n è t r e pro f o n dément

DE NOS M O N U M E NTS A V I L LENEUVE-LE-ROI

d é lahrement

séri eux

depui s

le

A l 'he u re ac t uelle, c e domaine, q u i e s t to uj our s en v e n l e , ne r e ç o i t p l u s aucun entreti en :

le

gros

œuvre

du

les

mur�,

dont

l'un

s'est

effondré

dern i rrement ;

d ' autr e p a rt, l a to i ­ ture trouée en pl u s i e urs endro i t s laisse i l découvert u n e gr and e par t i e de l a c h a rp e nte qui c omm e n c e i l ,.;on t OUI' à Bien

décès, �urv e n u en 1 9 4 7 , d e s o n propri é ­ ta i r e, M . Lebl anc-Barbedi enne.

n é c e s s i te r a i t

tout

c i enne

Le Chât eau d e l ' Ab b ay e est dan ::: un de

dans

}HJUrr i r .

Le Château de l'Abbaye

état

tuyaux

des

bâtiment

d ' i m portan t e s r é para t i on s .

P armi l e s anc i ens p r opr i é t a i r e s , c i ton s la fam i l l e de N i c o l a ï , p u i s le marqu i " d e Fum e l , d'u n e i l lustre mai son du Quercy, enfin M. Saget e t M. Noël, qui fut maire de V i l l eneuve-l e-Roi de 1 860 à 1 89 0 ; dep u i s l e 28 j a n v i er 1892, c e château étai t oc cupé p a r M . , Leblanc­ Barb ed i e n n e, l e grand fondeur de bronze dont l a m a i son a uile renommée mon­ diale. I l semb l e que l e morcel l ement soit l e sort d e cette splendide propri été, ce qui finira ' t d'enlever au Vi eux-Pays son ca­ ractère d'antan.

La Chapelle de l'Abbaye Dans le Château de l'Abb a ye exi ste une curi euse chapel le, derni er vestige de l ' abbaye des Chartreux qui fut fondée en ce lieu à une époque fort lointaine. Cet édifice, compo sé d'un porta i l très 01 i ginal, est surtout caractér i s é par une charpente massive soutenant Ül toi ture. Le monument, qui sert de grange (vrai semblablement depui s le départ des reli gi eux) , n'a pas reçu d'entreti en de­ pui s trè s longtemp s ; on peut même af­ firmer qu' i l est dans un complet état d'abandon.

que

c 1 a s s é f�

depui s

H142,

l'an­

c h ap e l l e

de" C h ar t r e u x p a r a î t vouée à u ne destruction certaine, les i n ­ t emp é r i e s a ccomp l i ss a n t l en t e m e n t m a i s sû r eme n t leur œuvre de détériorat i on. I l serai t

s o uh a i tab l e que l'on songeât à a ss u re r l a c onser va ti on de c e v e s t i g e du p a ssé . P aul CSËRY.

r a p i dement

!

. . . . .�

. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .

Constituti o n d e s A rchives d e l a S.E.S.A.M. Nous serions très reconnaissant aux personnes qui posséderaient d e s vieux documents, d'anciennes publications, des estampes, car t e s postales ou pho­ tos concernant notre région, de bien vou loir l e s communiquer au Se créta­ riat de l a S . E .S.A.M . : après avoir été transcrites ou photographiées, ces p iè­ ces seront rendues à leur propriétaire en parfait état.

EXTRA ITS DES STATUTS A rticle XI La Société public un Bulletin dans lequel �ont insérés, en tout ou e n par­ tie, les manuscrits présentés par ses Sociétaires et agréés par le Comité de Rédaction . Ces manuscrits doivent cor­ respondre aux buts de l'Association. Ce bulletin a également pour rôle de tenir les Membres au courant de� acti­ vités de la S.E.S .A.M. La Société n'ac­ cepte, en aucune manière, la solidarité des opinions émises par ses Membres, même si elles sont imprimées dans son Bulletin. En raison d � l'avance de fonds fait'J par la Société, l e s articles insérés dans ce Bulletin sont e xclusive m ent réser­ vés à la S.E .S.A.M., et leurs auteurs s' engagent par conséquent à ne les pu­ blier nulle part ailleurs. Aucun tirage à part ne pourra être fait sans une autorisation écrite signée du Président et du Directeur Général. �  � � � �

l

•• • • • •• • • • • • • • • • • • •••••


NOT,RE EXCURS I ON A VERSAI LLES (Dimanche 2 Juillet 1950)

V

JILA

bientôt deux ans que nous n 'avons pu organiser une grande Excursion et nos S ociétaires savent bien que la faute en incombe uniquement à un mauvais état de santé dont il est encore difficile �e prévoir la fin. C'est un fait connu fine la préparation et la direction d'une Excursion sont choses délicates, et la sortie que nous avons faite l'an dernier à Versailles a démontré qu'il nous était im­ possible, j usqu'à nouvel ordre, de fournir un tel effort. * * *

Favorisée par un temps splendide, qui ne se gâta qu'au moment du retour. notre sortie du D imanche 2 Juillet 1 950 fut réussie en tous points . B ien que le programme fût peu chargé, il était pourtant de choix, puisque les 95 participants purent admirer tout à loisir le j eu des Grandes Eaux du Parc de Versailles . puis assister à la Grande Fête de Nuit qui constitue une féérie que l'on dit unique au monde et qui l'est réellement. Les Grandes Eaux attirent tous les ans une foule de curieux désireux de se rendre compte du fonctionnement de l'hydraulique du parc (607 j ets consommant 6.000 m3) , œuvre des ingénieurs florentins François et Pierre Francini. Grâce au plan détaUlé remis à . chacun d'eux, les Sésamois purent voir « j ouer » successive­ ment toutes les fontaines, suivant un itinéraire j udicieusement tracé. Le soir, la musique, la danse, l'eau et le feu captèrent tour à tour l'attention des spectateurs, dans le cadre du Bassin de Neptune. Cette splendide pièce d'eau, la plus considérable du parc, a été commencée sous Louis XIV et terminée en 1 740 sous Louis XV. Elle forme un vaste hémicycle en amphithéâtre. dont les pentes font face à un mur de soutènement de 1 60 m. de long où se posent 22 vases de plomb richement ornés. Au mur, en dessous de ces vases, s 'adosse le groupe principal de Neptune et Amphitrite, par S igisbert Adam, ainsi que les deux autres groupes : l'Océan accompagné d'une licorne, par Lemoyne (à dr.) ; et Protée avec un gros pois�on, par B ouchardon Cà gauche) . Au deux extrémités, deux Dragons marins fan­ tastiques, conduits par deux Amours, sont aussi l'œuvre de Bouchardon.

Il

Malgré la restauration récente du Bassin de Neptune, le spectacle de la fête de nuit ne s era plus nautique. y a quelques années, en effet, la scène était installée sur une sorte de ponton provisoire construit sur des bateaux j ointi fs prêtés par la eompagnie des pontonniers militaires.


- 442 -

LE P H f; S E :" T :

( lU

FÊTE S li u s s i n

!lE

NUIT A V E H SA1LLES

tie Seplune

LÉGION D'HONNEU R

-

L e PASSÉ :

SH I' l e

G rand

Canul

Nous sommes heureux d'apprendre la promotion dans , l'Ordre de la Légion d'Honneur, au grade de Chevalier, d'un grand ami de la S . E. S . A . M . , M. Marcel G'f RA Rf), Maire de Villemoisson-sur-O rge, D élégué cantonal. Correspondant des Pu­ p illes de la Nation et Prés ident de l'Ami­ cale des Mutilés . Nous exprimons nos vives félicitations à M. GIRA RD qui a touj ours soutenu notre Société depuis sa fondation. La S . E . S .A.M. se réjouit de la nomina­ tion au grade de Chevalier, par Décret du 5 Mars 1 950, de M. A ndré LERO Y, au titre de l ' Enseignement Technique.

N OMIN ATION

MARCEL G IRARD Maire

de

Villemoisson

D é l é g u é Cantonal C o r r e spondant d e s Pupi l l e s de

la Nation

A la suite d e la publication d e sa magni­ fique monographie sur Villemoisson-sur­ Orge. M. Victor CHA UD UN, dont nos lec­ teurs ont pu apprécier · Ia grande érudition, a été nommé, par Arrêté Préfectoral en date du 9 Février 1 95 1 , Membre de la Comm ission Départementale des Antiquités et des Arts de Seine-et-O ise. Nous lui ex­ primons nos compliments les plus s incères .


- 443 -

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Tél. : Ath is 63 S O N 0 R I S A T I O N

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Oui, il est urgent de J/soutenir" la S. E. S.A. M. ! Dans les tem ps di fficiles que nous vivons, le budget de notre B ulletin subit une charge toujours plus écrasante du fait des augmentations -- notamment celles du papier --, dont la fréquence ne laisse pas de nous inquiéter. Le temps n 'est plus hélas ! où l'on pouvait réaliser de grandes et belles choses avec de faibles ressources ; et pour que la S . E . S . A . :Vr. puisse VIVRE, il faut absolument que S ociétaires et Lecteurs participent sans tarder à l'effort de recrutement et de diffusion qu i s ' im­ pose. sous peine de voir notre Association frappée de mort, comme l'ont été petit à petit toutes les Sociétés S avantes de l'I1e-de-France.

Songez un instant que si le D irecteur cie cette Revue a pu faire face à ces terribles difficultés , c 'est grâce à des mois cie travail purement désintéressé, à de nombreuses démarches et surtout à des prodiges de trésorerie, et tout cela malgré une santé bien précaire . .Mais il est désorma is imposs ible de poursuivre la réalisation de cette entreprise sans l'A I D E E FFECTIV E de tous nos amis, et, persuadé qu'ils n'hés iteront pas une seconde à apporter leur concours dans une telle conj oncture, nous nous permet­ ' tons de leur proposer une solution extrêmement s imple, qui ne leur coùtera qu'un minimum d 'efforts et dont le résultat sera d 'épuiser le t irage du présent ouvrage, cond ition obligatoire pour réunir les subsides nécessaires à la préparation du prochain numéro : qu e chacun d'entre eux s'attache à conTaincre un parent O lt un ami u n..

seul -- d'acheter ce Volume VII et qu 'il 11 0 1lS ren'l 'oie cette SO USCRIP TION DE SO U TIEN. en u t il isan t le b ulletin joint à la fiche de renseign ements.

Si nos am is désirent manifester leur sympath ie et leur entière confiance, ils savent maintenant à quoi s 'en tenir. Nous leur laissons l e soin de décider du sort de la S . E . S . A . :\t


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Je soussigné, a) sollicite mon adml:ssion à la S . E .S.A .M. Cercle A rtis­ b) serais h eureuX" de rece'voir toutes les fu tures publica tions de la S . E . S. A . M. (*) et m'engag e à vous faire p arl'enir dans le plus bref le montant a) de m a c o tisation b) de l'ouvrage reçu. (*) . tiq u e

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SOUSCRI PTION

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Je suis heureux de vous annoncer que M "". "",,""""""""" " . "" " """ " " demeurant , "" . . "",,,,,.,,,,,,,,,,.,, """"""".'""", . """",,",,"" désire recevoir le Volume V I I de la S . E . S .A . M . Il vous e n adresse le montant ,( l ) p a r virement au C. P. d e l a Société (*) . Il vous règlera dès réception de l'ouvrage (*) . .

( 1 ) Aj outer 30 francs pour frai s d'envoi pour les localités autres que Juvisy, S� vigny, Viry-Châtill on, Villeneuve-le-Roi et Athis-Mons. ( * ) Rayer les mpntions inutiles.


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1 9 . Bulletin de la Commission des Anti­ qui tés c t des Arts du D è par t l' ment

de Seine-et-Oise (Largenti ère, Hum­ bert e t F i l s, 52" volume, 1 9 50, grand i n_S o , 1 7 5 page s ) . Ce tome LII d'une remarquable collection qu'il est abso l ument nécessaire de consulter pour tout travail historique sur le D épartr­ ment de Seine-et-Oise renferme l e s comptes rendus de t outes l e s séances de la Commis­ s!on (du 23 avril 1 9 4 5 au 1 3 octobre 1 9 4 8 ) et quelques mémoires d'un grand intérêt do. cumentaire. Notre distingué a rchiviste départemental, président d e la C o mmission, présente une Notice sur quelques a rp e nte u rs du X VIll' siècle et constitue une première liste de ces « art.' sans modestrs mais soigneux qui nous ont laissé ces beaux plans terriers dont p l u­ sieurs peuvent être considérés presque comme drs chefs-d'œuvre » . L e comte de Poilloup dl' Saint Perler, ré­ cem ment décédé, raconte d e façon plaisante com ment L e te mple de .leu r r e s , p rimitivc­ ment construit il l\Iéréville pal' la Marqube de Laborde entre 1 7 8 5 et 1 7 8 8 , fut enti<'r'('­ ment démonté e t transporté par route j u s­ qu'au parc du château de JeurI'p s où il fut réédiflé vers 1 8 9 5 . L e château d e D rar eil e t l o r d C o u rtenay font l'obj et d'une étude de M. Robert. de Gourcel, également pub l i é e dans c e volume d e la S.E .S.A.M. M. Poncrlet donne des Y o t e s s/lr les so/J­ terrains (ie Seine-et-Oise (' t. espère que des enquêtes très serrées per mettront d'en dresser u n e l'iirl e gén!5ralc susce ptibl e d'ap­ porter d e pr{�cieuses contributions il la science historique Il attire aussi notre at­ tention sur Q u e lques m arq u e s p o s t a l e s em­ ployées en 8ei n e - e t - O i s è par certaine s loca·· lités, dans un but purement publicitaire ; Versai l l e s possède, par exemple, deux G:.<­ chets larges (47 et 4 3 m m . ) p ortant le3 ins­ cription,s VERSAILLE S - VILLE D ' AIt'f' ET D'HISTOIRE - RESIDENCE IDEALE et VERSAILLES - FETES DE NUIT I.;NI­ QUES AU MONDE - JUIN - JUILLE!' «

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AOI.;T " , que nous pouvons voir sur tUGles les lettres en provenance de cette vi\!e . Le ensuite étudie Guyonnet Georges Raincy à la fin d u X VIII" siècle, d'apr è s le journal de Thomas Blaikie, jardinie r du !Ju c d'Orléans. Enfin, M. Armand Caillet signale l'intérêt du Château féodal de P uiselet-le-Marai s . Si­ gnalons au passage que M. Gaillet a termIné l e manuscrit de l'hi stoire de ce village et qu 'il va très prochaine m e n t le mettre en souscription .

20. Le BulleUn Folklorique d'Ile - de France (Rodez, P . Carr{\re) paraît toujours tri m e st ri e l lement et con­ t i ent de nombreux a r t i c l e s t res i n ­ téres'mnts. Le numéro d'octobre-décemhre 1 95 0 \ N o u ­ v e l l e s é r i o - 1 2' Année ) nous a p p o r t e iJl1 f' étude de M. Louis Brunei sur Le Baccfwra! des t'ignerons de D ra l' e i l e t de Champrosl1?1 ( p p . 1 7 3 - 1 7 5 ) ; l a relation de cette curieus<> coutume, qui p e r mettait aux vignerons de c e s localités, d a n s l e courant du xVJU' siècl.� , d e remettre en vigueur d e s p ratiqu e s remontan, il une é poque fort lointain e , de bien se d i · vertir, de boire outre mesure et de se li vrer enfin il des facéties plus ou moins grossiè. es, sera publié ultéripurement dans un proch.lin Volume de l a S.E .S.A.:\I.

2 1 . COMBES-MAnNES (Léon) : Corbeil à travers les siècles (Corbe i L T;.-p o l i no, 1 9 5 1 , i n_S O ) . Quatre ans aprl's sa nomination, e n dé­ c e mbre 1 9 4 G , en qualité d'archiviste-biblio­ thécaire de la Ville de Corbeil, M. ComlJ<�s­ Marnès a , ma lgré ses 7 5 ans, écrit cc volu­ mineux volume de GOO pages, dont i l nous est maHleureusement impossible de don ne;r un compte rpndu pour la simple raison que cet ouvrage n e nous est pas parvenu .

22. ESPEZEL ( P i erre d ' ) : Ile-de-Franc!' (Editions A l p i n a , 1 9 5 1 , i n_S o , 1 5 5 pages, 1 50 h é l i ogravure s ) .


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D i mane he 2 4 J u i n , il 1 4 h. 3 0 prl c i ses dans l a S a l l e d e ,� Fêtes de l a M a i r i e An ­ nexe d'Athi s-Mon�, R u e Et i enne-LelJ .::' a u . Cette

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versement

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VO L U M E

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Membre Titulaire . . Membre Bienfaiteur

Touj nur" e n r a i s o n d e l' é t a t

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400 fr.

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1.000 k

r a îtra a v e c un c e r ta i n r e l a r d . Nous n o u s

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en e xcusons auprps de n o s Soc i é t a i rll s .

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M . Br u n e i , l e V o l u m e VIII

de

hres d u C o m i t é D i r e c teur, so i t e m p loyer

la

formu l e

de

ci e santé 1 \) 5 1 pa­

. . . .

I l s pourron t , soi t s'adresser aux

Postal de

V I I I - 1 95 1

versement

au

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S. E. S. A. M. » Société Savante et Artistique de la Banlieue Parisienne Sud 36. Rue Marcelle Henry ATH I S - MONS ( S.-et-O.) C. C. P. PARIS 6946-92 vos cotisations selon vos ou en faisant de nouveaux c'est lui permettre de

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La re p ro duc t i o n d e s a r t. i c l e s pub l i é s d a n s l e s B u l l e t i n s d e l a S.E.S.A. M . n ' e s t a u t o r i s é e qu'apr?>s ent ente a v e c l e D i r e c ­ t eur et cI a c c o r d a v e c l e s auteurs . '

Nous p r i o n " l e s personnes qui v i e n ­ d r a i ent

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i dé e s ' d é v e l o pp é e s d a n s n o s V o l u m e s de h i e n v o u l o i r re specter les règles e n u s a g e e t , e n part i c u l i er, d e donner les référen­ l' e s

h i b l i ographi ques exa c t e s . Nous les en

r f'merc i on s v i vement par avance.

CERCLE

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SAV I G N Y

l'\ o u � i nforlll o n s n o s Soc i ét a i r e s S av i ­ n i e n � q u e l\I'n"

BHl'NEL d i r i gera d ô sor­ ma i s le C e rc l e d'Etudes d e Savigny. Pour t o u s ren s e i gn e m e n t s e t v ent e

des l a S.E.S.A.M., s'adre sser il la . LIB R AIRIE De LYCEE 2 , rue

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Ont donné 50() francs : M m e . AUG I ER (Deni se) , 1 5 , rue Mon U e ssuy il Juv i sy-sur-Orge. CHABRUT, M a i son de la D n m e à Grigny. M M . COURCEL (Hobert de) , 4 7 , rue de B e l l e clw sse à Pari s (7e) . C SERY (Paul ) , 1 3 , rue du M a r éehal Fo c h il V i l leneuve-le-H o i . GOUY ( D' ) , r u e du Commerce à Orly. LEIWY (André) , 37, rue M a t hur i n-Régn i er à P n r i s ( H i') . LERO Y ( M . ) , 25, avenue Volt a i re à Athi s-Mons. 2\l'ne MOLLET- M oREL, P harmac i e du Marché à Athi s-Mons. M :'.! . M OURG EO N , route de Corb e i l à Sainte-Geneviève-de s-Bo i s . PERCHET, 7 , rue P e t i t à Juv i sy - sur-Orge. RAFFARD (Loui s ) , 36, rue des C a i l l e s à .Juvi sy-sur-Orge.

Secréln ire de l a M a i r i e de Juv i sy-"s ur-Orge. ( A l exandre) , M a ire d'Athi s-Mons. M "" 'l'EHHOINE (Anne) , 97, boulevard Sainl-M i c h e l 11 Paris (5e) . Y V O N , l' n e Rdmond-Yvon il Ath i s-Mons. ROCHER, H O S l ER

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La rédaction l a i sse aux auteurs la responsabi l i t é de l eurs opinions et entend ne p a s s'en rendre soli daire.

PRIX : 400 Francs


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