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Visite privée des Colombières
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VISITE PRIVÉE
LES COLOMBIÈRES UNE ODE À LA MÉDITERRANÉE
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Se dressant sur les hauteurs de Menton, face à la baie, le domaine des Colombières offre des vues à couper le souffl e sur la Grande Bleue, et célèbre les civilisations qui ont scandé son histoire depuis l’Antiquité.
REPORTAGE SOPHIE GIAGNONI. PHOTOS SOPHIE LLOYD.
Ses badigeons rutilants d’ocre et de safran se détachent avec force sur le vert des arbres et le bleu du ciel : chef-d’œuvre de l’artiste Ferdinand Bac, la villa des Colombières ne peut se concevoir sans son cadre méditerranéen.
VISITE PRIVÉE LES COLOMBIÈRES
D’avril à octobre, tous les mercredis, un groupe de privilégiés pousse la porte du domaine des Colombières, à la découverte de ses jardins. Peu de fl eurs ici, mais des cyprès, des pins d’Alep, un caroubier millénaire et des oliviers, essences emblématiques de la Méditerranée qui s’étend à perte de vue en contrebas. Le paysagiste Ferdinand Bac (1859-1952), petit-neveu illégitime de Napoléon Ier, vouait un culte à ce berceau de nos civilisations et ne comprenait pas que l’on fasse fl eurir ici des jardins anglais. Renommé à la Belle Époque pour ses talents de dessinateur, écrivain et peintre, cet esprit éclectique devint ensuite architecte décorateur et paysagiste pour le plaisir de ses amis.
Ainsi, au début des années 1910, il aménagea les jardins de la villa Croisset à Grasse pour Marie-Laure de
Noailles, puis de 1920 à 1927, Les Colombières à Menton pour Émile et Caroline-Octavie Ladan-Bockairy.
Une œuvre d’art totale
Avant son intervention, Les Colombières étaient le nom d’une oliveraie centenaire et d’une grosse maison de maître, au plan carré sommaire, construite sur cave mais sans étage. Convoquant ses souvenirs d’Italie, de Grèce, d’Espagne, de Perse ou du Maroc, des pays où il a beaucoup voyagé, Ferdinand Bac imagine ici une synthèse des architectures caractéristiques du bassin méditerranéen. Ainsi le patio mauresque rencontre-t-il la villa romaine, le temple grec, le mas provençal, un casino de Palladio, un obélisque égyptien, pour composer une majestueuse bâtisse aux badigeons ocre et safran, hommage à l’art de vivre méditerranéen, dont l’ambition n’est autre que de renouer avec « l’âme même de la beauté ». Cinq années durant, Bac métamorphose la maison, la surélève d’un étage, l’agrandit de deux ailes, la ponctue à l’ouest d’un patio, au nord d’une rotonde et au sud de grandes baies qui transforment ses pièces en terrasses ouvertes sur la mer. Il renouvelle les décors, peignant de grandes fresques murales dont les thèmes s’inspirent là encore de la culture méditerranéenne et ...
1. Depuis la salle à manger, une loggia vitrée offre la plus belle vue qui soit sur le port et la vieille ville de Menton. 2. Dans la lingerie, dite aussi « La Volière », les placards toute hauteur qui doublent les murs sont ornés de peintures à l’huile fi gurant tantôt des perroquets, tantôt des arbustes fl euris. Ce cabinet a été décoré par Ferdinand Bac en 1927. 3. La chambre violette est ornée d’un soubassement gris en faux appareil et de fresques fi gurant des paysages de Sicile et d’Ombrie.
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Majestueuse, conçue comme un hymne à l’art de vivre méditerranéen depuis la période classique, la villa se pare de peintures et de fresques murales exécutées par Ferdinand Bac, inspirées de ses souvenirs d’Italie, d’Espagne, de Perse ou du Maroc. Son mobilier moderniste a également été conçu par cet artiste total. 1 2
VISITE PRIVÉE LES COLOMBIÈRES
La visite de la maison débute par ce patio ou atrium d’inspiration mauresque, en forme d’hémicycle et doté d’un bassin. Baptisé « le jardin d’Homère », il présente sur ses murs une série de peintures fi gurant des scènes de L’Odyssée. Une grille en fer forgé permet de pénétrer dans la maison.
2 Avec une vue exceptionnelle sur le port de Menton, le belvédère « Bella Vista » est l’une des « fabriques » du parc. Il est entouré de cyprès et s’agrémente de deux statues de déesses grecques en bronze. 1
Pavillons et colonnades sont implantés de telle sorte qu’ils offrent des échappées et des points de vue sur la Méditerranée et la ville de Menton, qui apparaissent ainsi intégrées aux ornements du jardin.
LES COLOMBIÈRES VISITE PRIVÉE
Entre oliviers et cyprès centenaires, un hymne à la mythologie grecque.
qui abolissent la perception même des murs. Ici, L’Odyssée est représentée, là le carnaval de Venise ou les jardins de Grenade. Dans les jardins, qui couvraient à l’origine sept hectares et n’en font plus que la moitié, les intentions de Bac sont identiques. Il les conçoit comme une succession de tableaux qui, par le biais d’une fontaine, d’un autel, d’un obélisque ou de colonnades, célèbrent Nausicaa, Pan, Dionysos ou Ulysse. Mettant à l’honneur les essences autochtones, ces tableaux ont été pensés pour offrir des vues et des perspectives qui se répondent, avec en point d’orgue, la mer. Étroits près de la maison, ils s’étendent à mesure que l’on gagne les sommets de la propriété. D’un jardin clos de murs, on passe à une petite prairie centrée sur un miroir d’eau, pour grimper jusqu’à un belvédère, que surmonte une terrasse avec pergola. Les vues sur Menton et la baie s’élargissent, offrant un paysage toujours plus grandiose… Longtemps Les Colombières restèrent la propriété de la famille Ladan-Bockairy. Pendant vingt ans, Ferdinand Bac vécut avec eux. Cette permanence n’épargna pourtant pas au domaine les outrages du temps. Amputée d’une partie de son parc dans la deuxième moitié du XXe siècle et transformée en chambres d’hôtes, la propriété menaçait ruine lorsque Michael et Margaret Likierman l’acquirent, en 1995. Cinq années furent nécessaires à sa restauration, en concertation avec l’architecte des Monuments historiques pour la villa, et les paysagistes Arnaud Maurières et Éric Ossart pour les jardins. Tout a été refait à l’identique d’après les dessins de Bac, en répondant aux exigences du confort moderne. Aujourd’hui, les sculptures contemporaines du Tchèque Ivan Theimer remplacent dans le jardin sept copies en plâtre originelles, trop dégradées pour être restaurées. Malgré son attachement au passé et sa défi ance pour la modernité, Bac aurait sans doute approuvé. ■
1. Séquencé en plusieurs tableaux ou chambres de verdure reliées par des chemins, des ponts ou des degrés, le jardin se joue du relief escarpé qu’il structure en terrasses et allées. Méditerranéen par ses essences et son plan, il a été réhabilité avec l’aide des paysagistes Éric Ossart et Arnaud Maurières. 2. Détail des fresques du « jardin d’Homère ».
LES COLOMBIÈRES 312, route de Super Garavan, 06500 Menton. Visites guidées des jardins sur réservation. lescolombieres.com