La ségrégation spatiale à Paris intramuros à travers le tracé de la ligne 4

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Sociologie urbaine

La ségrégation spatiale à Paris intramuros à travers le tracé de la ligne par Elisa Célié & Paul Van Celst

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INTRODUCTION

Présentation du thème Le terme « ségrégation » vient du latin segregare, qui signifie « mettre un animal à l’écart du troupeau ».

Transposé aux sciences urbaines, le terme est impulsé dans les années 20 par les sociologues de l’Ecole de Chicago puis se développe aux Etats Unis dans les années 1960, puis en France à partir des années 1980. 1 La ségrégation est assimilée à l’apartheid sud-africain et renvoie donc à l’idée de discrimination. A l’échelle de la ville, elle est alors associée à la notion d’injustice spatiale et au phénomène de ghettoïsation. La sociologie urbaine s'intéresse à la distribution spatiale des populations (et par conséquent à la ségrégation urbaine) sur un territoire composé de différents regroupements qui se différencient par des critères économiques, politiques, sociaux et culturelles. La ségrégation spatiale doit donc être appréhendée selon une multiplicité de facteurs. On peut dire que la ségrégation désigne tout phénomène évolutif ou tout état de séparation de groupes ethniques ou sociaux, à l'échelle infra-urbaine, urbaine, régionale ou

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nationale, confirmée ou favorisée éventuellement par la loi, légitimée socialement, et qui conduit à la formation d'aires ségréguées, de territoires hétérogènes et d’espacesfrontières.2

Présentation du sujet, motivations et a priori respectifs La ségrégation spatiale existe depuis longtemps mais n’en reste pas moins une problématique actuelle de la sociologie urbaine et particulièrement dans la zone urbaine de la métropole parisienne, où l’on entend de plus en plus parler de ‘ghettoïsation’, de ‘gentrification’. L’Île de France, qu’on qualifie dans le langage courant de région parisienne, est la région la plus peuplée avec 12 millions d’habitants, la plus dense avec environ 1000 habitants au km2, la plus riche et la plus productive du territoire avec un PIB de 612 milliards d’euros (soit près d’un quart de la richesse dégagée en France) et un PIB par habitant de 51462€3 en 2012 (contre 44538€ pour le français moyen).

La plus petite et la plus riche région du territoire, mais pourtant, il semble que les inégalités de richesses soit de plus en plus importantes. Paris est la capitale de la France, un département à part entière, qui comptabilise pas moins

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Lehman-Frisch Sonia, « La ségrégation : une injustice spatiale ? Questions de recherche. », Annales de géographie 1/2009 (n° 665-666) , p. 94-115

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Ségrégation_(sciences_humaines), le 25/10/2015

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http://www.insee.fr/fr/regions/idf/?page=faitsetchiffres/presentation/presentation.htm, le 19/11/2015

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de 2 millions d’habitants et c’est aussi l’une des villes les plus denses au monde avec plus de 20 000 habitants au km2. Dans de telles conditions, comment se répartissent les richesses? Comment la ségrégation spatiale s’opère-telle à Paris et avec quelles conséquences? Le paradoxe réside dans le fait que Paris s’embourgeoise de plus en plus mais que les inégalités sociales n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui. Il semble qu’il existe un clivage entre le Nord-Est de la capitale (où se concentrent les classes intermédiaires et populaires) et le Sud-Ouest (que les classes dominantes se seraient appropriées).

L’éviction des classes populaires aux portes de Paris ne serait-il pas l’illustration exacte de la ségrégation sociospatiale à travers le phénomène de gentrification ? Tels sont les questionnements auxquels nous allons tenter de répondre.

Présentation du terrain, des méthodes et du plan Nous avons décidé de baser notre étude sur le tracé d’une ligne du métro parisien. En effet, les transports-encommun sont empruntés par 42% des franciliens et 64% des parisiens pour se déplacer4. Ils sont l’incarnation de l’espace public qui n’est pas réservé à une fraction de la

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population mais bien destiné à la majorité ce qui en fait un terrain de coexistence des classes sociales et par conséquent un bon terrain d’analyse, complet et hétérogène. Nous avons choisi la ligne 4 pour plusieurs raisons stratégiques. Elle est intégralement située dans les limites de Paris et la traverse dans son axe Nord-Sud de la Porte de Clignancourt au nord à la Porte d’Orléans (et a même franchi le périphérique, barrière symbolique séparant Paris de sa banlieue, jusqu’à son terminus sud actuel à la Mairie de Montrouge depuis 2013) en passant par le centre historique de la capitale, reliant ainsi la rive droite à la rive gauche. Longue de 12 kilomètres, elle est en correspondance avec toutes les autres lignes du réseau métropolitain ainsi que toutes les lignes de RER. C’est également la deuxième ligne la plus fréquentée du réseau après la ligne 1 (axe Est-Ouest), avec 171 millions de voyageurs en 20105 . Dans la globalité de ses caractéristiques, dans quelles mesures le tracé de la ligne 4 nous éclaire-t-il sur la ségrégation spatiale qui s’opère à Paris ? Nous tenterons de répondre dans un premier temps en basant notre cadre théorique selon l’évolution des courants de la sociologie urbaine, puis dans un deuxième temps, d’une part sur des données qualitatives recueillies

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http://www.regionsjob.com/actualites/comment-les-parisiens-se-rendent-a-leur-travail.html, le 19/11/2015

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_4_du_métro_de_Paris, le 19/11/2015

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par le biais de questionnaire que nous avons élaborés et d’autre part sur des données quantitatives avec pour base une étude menée par l’INSEE sur la ségrégation spatiale.

I - CADRE THEORIQUE ET PRATIQUE

Le double héritage de la sociologie urbaine Nous baserons notre cadre théorique sur le double héritage de l’Ecole de Chicago (années 20-30) et de l’anthropologie française qui apparait au début des années 80, incarnée par Michel Agier et Marc Augé. La première Ecole de Chicago est un courant de pensée américain, incarnés par Thomas et Park. Elle vise à comprendre les phénomènes inter-ethniques dans les grandes villes des Etats-Unis. La ville de Chicago a connu une urbanisation rapide qui s’opérait sur fond de déracinements multiples et d’extrême hétérogénéité sociale et culturelle. Elle représente donc un terrain d’observation privilégié ou, pour reprendre les mots de Park, un véritable « laboratoire social »6. Ils démontrent que plus l’habitation est à proximité du centre, moins l’habitant est élevé dans l’échelle sociale et qu’à l’inverse, plus l’habitation se trouve éloignée du centre plus l’individu est élevé sur l’échelle de

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la stratification sociale. En terme de générations, les primoarrivants avaient tendance à s’établir dans le premier espace de regroupement communautaire. Une fois installés et insérés professionnellement, les individus pouvaient progresser socialement et s’éloigner du centreville. Les vagues de migrants venaient principalement d’Europe. Toutes les communautés avaient le même processus d’assimilation sauf les populations du ‘ghetto juif’ et les afro-américains. Ce sont donc les premiers à s’intéresser à la ségrégation spatiale mise en place et générée par les vagues d’immigration successives. Déjà faut-il parler de ségrégation ? Le terme apparait dans les études anglo-saxonnes puis à tendance à être de plus en plus employé dans les études urbaines européennes et notamment françaises.7 Des auteurs comme Brun ou Tovar ont souligné le caractère polysémique de ce concept. Les travaux réalisés sur l’urbain, et notamment sur la ségrégation spatiale, doivent être (cf. Introduction), appréhendés selon une multiplicité de facteurs. Ils doivent et sont donc menés par des sociologues mais également des géographes et des économistes. Nous avons donné une définition de la ségrégation spatiale assez théorique.

De manière plus concrète, la ségrégation spatiale est le

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https://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_Chicago_(sociologie), le 21/11/2015

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G.Dabet -J-M. Floch, La ségrégation spatiale dans les grandes unités urbaines de France métropolitaine : une approche par les revenus, INSEE, Mars 2014

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fruit de la présence marquée dans un quartier d’habitants démunis, et l’arrivées de nouveaux arrivants aux caractéristiques économiques et culturelles proches renforce et amplifie le phénomène. D’autre part, la ségrégation spatiale est un processus de distanciation d’un groupe social par rapport à un autre, la répartition des populations peut ainsi être qualifier de « ségrégative » ou au contraire de « mixte » quand différentes classes sociales coexistent sur un même espace malgré leurs différentes appartenances sociales, religieuses et culturelles. L’Ecole de Chicago a tenté de cartographier le phénomène en montrant comment les différentes communautés se distribuaient l’espace urbain. Brun nous dit qu’il ne faut pas s’en tenir à une analyse de l’existant mais de souligner l’aspect processuel du phénomène. L’INSEE, dans une étude parue en mars 20148 , tentera de mettre en place un état des lieux de « l’occupation sociale de l’espace » afin par la suite d’appréhender les différentes dynamiques des « processus mis en oeuvre ». D’après cette étude, « cette division sociale de l’espace est le produit d’une dynamique liée à l’accès au logement, au marché du travail ».

Contrairement à l’Ecole de Chicago, qui basait ses études sur les relations inter-ethniques et y associait les processus

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de ségrégation spatiale à l’époque, l’étude vise à montrer ici que cette ségrégation était « dans la majorité des cas le résultat de processus sociaux non intentionnels, contrairement à l’apartheid ou aux ghettos ». Comprendre le « faire-ville », nous dit Marc Agié, implique de s’intéresser aux tensions entre mobilité et immobilité, déplacement et replacement, engagement et désengagement, construction et déconstruction ou encore attachement et détachement. En s’intéressant à ce phénomène du « non-lieu anthropologique », que l’on peut qualifier plus concrètement de quartiers défavorisés et plus ou moins intégrés à la ville, il nous fait comprendre que « la ville nait de la non-ville ». Dans son livre, Anthropologie de la ville, Michel Agier résume et développe ces arguments, et cherche particulièrement à comprendre le « faire ville », nous dit-il9. En nous appuyant sur son ouvrage, l’étude sur la ségrégation spatiale de l’INSEE, ainsi que sur nos questionnaires, nous allons tenter de faire coïncider tous ces éléments afin de faire ressortir de notre étude le phénomène de ségrégation spatiale qui s’opère à Paris, en insistant plus particulièrement sur les conséquences qui en découlent.

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L’étude a été réalisée par deux chercheurs en stage à l’INSEE, qui se dégage de toutes responsabilités au niveau des résultats obtenus et des conclusions de l’étude

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Michel Agier, Anthropologie de la ville, Paris, Puf, 2015

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Le terrain : analyse qualitative et quantitative Dans le cadre de ce projet nous avons réalisé un questionnaire s’adressant aux utilisateurs de la ligne 4, cijoint (annexe n°1). Rappelons que la ligne 4 traverse Paris du sud (Mairie de Montrouge) au nord (Porte de Clignancourt), toutes les banlieues sud et nord parisiennes ont donc également été intégrées à l’analyse de cet axe à travers le questionnaire. Nous avons fait le choix d’intégrer et de comparer les résultats obtenus aux résultats des études existantes, dans un soucis de cohérence, d’analyse et de synthétisation de notre propos. L’échantillon retenu est de 15 personnes, composé d’hommes et femmes de 21 à 80 ans issues de différentes catégories socioprofessionnelles.

II - ANALYSE DE TERRAIN

L’approche par les revenus : l’accès au logement Pour analyser la ségrégation spatiale en France, l’étude de l’INSEE nous dit que « les données fiscales sont extrêmement riches (car) au-delà des données sur les revenus, elles fournissent des informations démographiques sur le ménage, des informations sur le logement (surface, statut, date de construction, 10

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appartenance au parc social) ». De plus, le niveau de revenus est une variable déterminante de l’accès au logement, et comme énoncé précédemment, l’espace urbain est structuré par le parc de logements (quartiers d’habitat social, quartiers résidentiels), « avec des coûts d’acquisition (et) des loyers très différents selon les villes et les quartiers ». Ces informations seront confirmées, parallèlement au document d’étude, avec les réponses collectées auprès des voyageurs. Nous utiliserons également le site DataParis, qui est un projet scolaire réalisé en 2013 par 4 étudiants d’HETIC dont la majorité des données proviennent du dernier recensement de la population de l’INSEE (2009), ainsi que d’autres sources comme les bases de données de la RATP, de la base BIEN + Notaires INSEE, ainsi que du Ministère de l’Intérieur10 .

Nous avons collectés les données de la rubrique « Revenu moyen » et en avons déterminer le revenus moyen par secteur en divisant la ligne 4 en trois tronçons significatifs : - Tronçon Sud: Mairie de Montrouge > Raspail - Tronçon Centre: Vavin > Etienne-Marcel - Tronçon Nord: Réaumur-Sébastopol > Pte de Clignancourt Il ressort que les habitants du tronçon Sud de la ligne 4 gagnent en moyenne 32761€ (soit 18% de moins que la moyenne de l’ensemble de la ligne), que ceux du tronçon Nord sont même en deçà avec en moyenne 27846€ (soit

http://dataparis.io/#

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30% de moins par rapport à la moyenne de l’ensemble de la ligne) tandis que les habitants du centre historique de Paris ont un revenu net moyen de 54003€ (soit 35% de plus que l’ensemble de la ligne). Avec ces quelques données, il apparait déjà clairement qu’il existe un clivage entre les habitants du centre de Paris et ceux de la périphérie, avec un avantage toutefois pour les résidents qui habitent sur le tronçon Sud qui sont plus proche de la moyenne globale que ceux du tronçon Nord. L’analyse des revenus nets des résidents sur les différents tronçons de la ligne 4 nous donnent déjà bien une idée de la ségrégation spatiale existante dans la capitale avec les classes dominantes ancrées dans l’hypercentre parisien et les classes intermédiaires et plus populaires dans les arrondissements périphériques. Mais cette approche quantitative est incomplète.

Comme nous l’avons dit précédemment, les revenus sont la variable principale de l’accès au logement. Dans notre questionnaire, on considère ici les personnes vivant dans le domicile familiale comme des catégories modestes car n’ayant pas accès au logement autonome. Les personnes principalement concernées par ce phénomène sont les jeunes adultes et les chômeurs. L’âge médian d’accès au logement autonome est, d’après une étude de 11

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L’Observatoire des inégalités, de 22,5 ans11. Sur les 15 personnes interrogées 2 avaient en dessous de 22,5 ans et vivaient dans le domicile familiale. Nous ne considérons pas les personnes vivant chez leurs parents dans les catégories ‘Locataire’ ou ‘Propriétaire’. Pour ce qui est du nombre de locataires recensés sur la ligne 4, il concerne 10 des 15 personnes interrogées soit deux tiers de l’échantillon. L’importance du nombre de locataires est une conséquence de la crise immobilière en Ile de France : une augmentation de 16% du prix de vente entre 1998 et 2008 et de 40% du prix des loyers sur les mêmes années (en à peine 10 ans) expliquent la surreprésentation des locataires dans le sondage. Les jeunes adultes, en raison d’un salaire peu élevé et étant plus touché par le chômage, sont les plus atteints par l’accroissement des prix de l’immobilier et représentent une grande part des locataires et des personnes résidant chez leurs parents. Les jeunes adultes sont définis ici par la tranche d’âge 18-30 ans, ils représentent 7 personnes sur 15 dans le questionnaire et plus de trois-quart d’entre eux disposent d’un logement autonome. Cependant aucun des jeunes adultes interrogés n’est propriétaire. Pour ce qui est du nombre de propriétaire recensés sur la ligne 4, ils sont seulement 4 sur 15 à se déclarer comme tels. La sous-représentation du nombre de propriétaires est, elle aussi, à mettre en lien

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1035, le 03/12/2015 : Observatoire des inégalités, 13 mars 2009

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avec la crise immobilière. Ici l’âge est moins déterminant dans l’acquisition d’un logement, en effet sur les 8 personnes interrogées ayant plus de 30 ans, la moitié d’entre eux est locataire et l’autre moitié propriétaire. On constate au travers des catégories socio-professionnelles recueillies par le questionnaire que les 4 propriétaires se situent moyennement sur l’échelle sociale (deux retraités, un fonctionnaire et un informaticien); il reste cependant difficile de déterminer précisément leur appartenance sociale et d’établir un revenu moyen à partir de ces informations. La crise du logement en Ile de France et particulièrement à Paris touche donc tout autant les jeunes que les moins jeunes. On peut déduire des observations ci-dessus et des conséquences de la flambée des prix de l’immobilier que le principal déterminant de l’acquisition d’un logement est bel et bien le revenu.

En mettant en relation les données avec celles de DataParis, nous constatons que seulement 34% des résidants qui habitent sur le tracé de la ligne 4 sont propriétaires de leur logement (contre 39% dans l’hypercentre), 60% de locataires et 6% de résidences secondaires (toutes situées également dans l’hypercentre de la capitale). Si l’on met ces données en corrélation avec les prix au m2 de l’immobilier dans les arrondissements traversés par la ligne 4, les chiffres précédents prennent alors tout leur sens. En prenant le cas particulier de la

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station Mairie de Montrouge, qui est la seule à être en dehors de Paris, avec un prix au m2 30% en deçà de la moyenne de la ligne, et jusqu’à deux fois plus bas que dans l’hypercentre, on peut en déduire que l’accès au logement est plus facile en banlieue lorsque le niveau de revenu est moindre. De par ces analyses, on comprend bien les dynamiques et processus de ségrégations qui s’opèrent dans Paris : plus l’on a de capital financier, plus on a accès facilement au logement dans Paris et plus particulièrement au centre de Paris, que ce soit l’accès à la propriété ou en location. Les classes dominées n’ont donc pas le choix et sont évincées aux portes de Paris voire au delà de ses murs. Bien que l’approche par les revenus soit selon l’INSEE et la majorité des chercheurs la meilleure méthode pour tenter de répondre à la problématique de la ségrégation spatiale, n’est-il pas un peu réducteur d’assimiler quartiers populaires à pauvreté et quartiers bourgeois à richesses? N’y aurait-il pas d’autres facteurs?

L’approche culturelle : l’assimilation et l’intégration Tovar nous rappelle que les travaux effectués sur la ségrégation spatiale à partir des catégories socioprofessionnelles « renvoient à une partition de la population dont les sciences sociales ont tracé les frontières. La catégorie ‘ouvriers’ est sans doute mieux définie que la catégorie ‘population ayant des revenus se

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situant dans le premier décile’. » Les quartiers ‘ouvriers’ rassemblent, certes, des populations ayant un niveau de revenus faibles, mais surtout des formes de sociabilité spécifiques et communes. Les habitants d’un même quartier n’ont pas que des revenus similaires mais surtout une culture plutôt proche. Si on prend l’exemple du quartier de la Goutte d’Or, desservie par la ligne 4 (notamment entre les stations Barbes-Rochechouart et Marcadet-Poissoniers), on observe une population mixte, particulièrement étrangère (25% des habitants n’ayant pas la nationalité française contre 17% sur l’ensemble de la capitale) avec des coutumes et des pratiques qui diffèrent du mode occidental. C'est d’ailleurs l’un des derniers bastions populaires de la capitale. Dans son oeuvre L'Assommoir, Émile Zola situe l'action au cœur du quartier, et en fait un espace clos dont il semble impossible de s'échapper en insistant sur la détresse et la misère des habitants de ce quartier au XIXe siècle12. C'est toujours aujourd’hui l'un des plus cosmopolites et multi-ethniques de la capitale, avec une forte proportion d’habitants issus de l’immigration africaine. Naturellement, c’est également un des quartiers les plus pauvres de la capital, avec son bagage de nuisances et de problèmes importants

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d’insécurité. C’est en effet également le fief de l’économie souterraine parisienne, connu pour son important réseau de trafic de drogues et de cigarettes de contrebande.

Nous pouvons prendre comme contre-exemple la population étudiante parisienne. Les étudiants sont dans leur globalité soumis aux ressources de leurs parents et de l’Etat, notamment par le biais des bourses et des aides au logement. On peut donc considérer le segment étudiant comme peu fortuné dans sa globalité. Pourtant, selon DataParis, ils sont 27% (contre 12,6% sur l’ensemble du tracé de la ligne 4) à habiter dans les 5ème et 6ème arrondissements de la capitale, autrement dit dans le quartier latin, entre Saint-Michel et Saint Placide, connu pour être l’un des quartier les plus chers de Paris (le m2 locatif oscillant entre 35 et 37€ contre en moyenne 31€ sur l’ensemble de la capitale13 ). Dans la réalité, les loyers sont plus élevés pour les petites surfaces que pour les surfaces moyennes et grandes, surtout dans les quartiers de l’hypercentre (sans vouloir faire de mon cas particulier une généralité mais plutôt une illustration de ce qui semble être une réalité, le loyer mensuel de mon studio, situé à Saint-Placide, s’élève à 680€ pour une surface de 14m2 ce qui ramène le m2 à 48€, tandis que lorsque j’habitais aux

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Quartier_de_la_Goutte-d%27Or, le 13/12/2015

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http://www.linternaute.com/argent/immobilier/prix-au-m-l-immobilier-dans-600-villes-de-france/paris.shtml, le 13/12/2015

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abords de la Porte de Clichy, à la périphérie de Paris, je payais 720€ pour 22 m2, ce qui donne le m2 à 32€, dans la moyenne cette fois, des prix locatifs de la capitale). Le quartier latin est prisé des étudiants non pas pour les prix mirobolants que pratiquent les propriétaires mais par son attractivité et notamment sa situation géographique stratégique avec la proximité immédiates des plus grandes universités parisiennes (La Sorbonne, Assas, l’ICP pour ne citer que celles-ci) et de la vie étudiante très présente dans le quartier. L’approche culturelle a donc bien un impact sur la ségrégation spatiale et joue le role de contre-acteur de l’approche économique, d’une part dans les quartiers populaires qui entretiennent le phénomène de communautarisme culturel, d’autre part par l’attractivité de certains quartiers du centre qui défie les statistiques. Il semble qu’il existe bien une mixité sociale importante dans la capitale, que l’on retrouve à travers les résultats que nous avons collectés.

La mixité sociale se caractérise par une hétérogénéité de personnes dont le niveau de vie, la culture, l’origine, la catégorie socio-professionnelle, l’âge varient. Cette hétérogénéité sociale a pu être observée au travers du questionnaire que nous avons élaboré. Sur la ligne 4, à la question « Si vous deviez proposer un adjectif pour décrire les personnes lors de votre trajet ? » un grand nombre des interrogés ont fait référence à cette mixité de façon plus ou

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moins positives. 9 personnes sur 15 ont souligné ce phénomène sur la ligne au travers de mots tels que : « Mixte » (Pascale Touagliari), « C’est la foire. » (Pierre Dujardin), « Tout Paris » (Mr. Sulukhia). Ce constat est ainsi majoritairement remarqué chez les individus interrogés, et cette hétérogénéité se retrouve dans le questionnaire notamment au travers de : - L’âge : de 21 à 80 ans, la ligne 4 est utilisée par toutes les générations.

- L’origine des personnes interrogées n’est pas précisée dans le questionnaire mais les noms de familles sont cependant révélateurs d’une grande variété d’origines généralement européennes ou africaines.

Pour ce qui est de la culture, le questionnaire n’y fait aucune allusion et cet aspect nous a paru difficile à déterminer de façon objective au travers du peu d’information recueillis à ce sujet. La catégorie socioprofessionnelle ne s’est pas révélée particulièrement déterminante de la mixité sociale; en effet la plupart des personnes interrogées appartiennent aux classes populaires et moyennes. Il y’a une sous-représentation des classes aisées au travers de cette question. L’hétérogénéité est donc confirmée au travers d’une vision globale des personnes présentes sur la ligne 4 et des nombreux témoignages soulignant cette mixité.

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Cependant il semble important de s’intéresser aux sections les plus et moins fréquentées de la ligne 4. En effet au travers des questions : « Quelle section de la ligne 4 fréquentez-vous le plus souvent ? » et « Quelle section de la ligne 4 fréquentez vous le moins souvent ? », nous pouvons interpréter (ou non) une certaine ‘tendance à la mixité’, c’est à dire constater si les individus interrogés ont tendance ou non à sortir de leur zone de confort et à se mélanger à des classes sociales différentes de la leur. Il faut cependant rappeler que la ligne 4 dessert quatre grandes stations parisiennes que sont Montparnasse-Bienvenü, Gare du Nord, Gare de l’Est et Châtelet-les-Halles. Ces stations ont comme spécificité d’être majoritairement empruntées pour leur nombre important de correspondances : la station Châtelet-les-Halles permet de faire correspondre 3 lignes de RER sur 5 et 5 lignes de métro sur 16. Ainsi les personnes circulant sur la ligne 4 sont en quelques sortes ‘forcées’ de traverser l’axe NordSud de Paris pour ce rendre dans l’une de ces gares. Ce phénomène explique la forte mobilité des utilisateurs de la ligne 4.

L’échantillon passe ici de 15 personnes à 14, l’une des personnes interrogées n’ayant pas eu le temps de répondre à cette question. Il est ici difficile de déterminer exactement le taux de mobilité d’une personne et sa tendance à la mixité étant donné le nombre de stations

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présentes sur la ligne et par l’infinité de réponses possibles. Cependant deux grandes tendances sont dégagées aux travers de ces questions : la première est que la mobilité de certains voyageurs est importante, ces derniers traversent la région parisienne du Nord au Sud. Ces voyageurs sont des personnes actives, salariés ou étudiantes, qui pour des raisons professionnelles ou personnelles, dans le cadre de sorties et de loisirs, sont amenées à circuler dans les quartiers les plus aisés comme les plus populaires de la métropole. On peut supposer que ces personnes, dans le cadre de leurs déplacements, sont amenées à interagir avec des individus de milieux différents des leurs et ont ainsi une ‘tendance à la mixité’ plus importante que les autres voyageurs. La deuxième est inverse à la première, c’est à dire que les populations empruntant la ligne sur l’axe sud ont tendances à s’arrêter dans le centre de Paris, tout comme les individus empruntant l’axe nord. On constate donc que le centre de Paris est un point de convergence pour les utilisateurs de la ligne 4. Cependant les extrémités de la ligne Mairie de Montrouge et Porte de Clignancourt ont tendances à être délaissées des voyageurs; à la question « Pour quelles raison utilisez-vous moins souvent cette section de la ligne ? », la réponse la plus fréquente demeure « rien à y faire ».

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L’analyse de l’axe Nord/Sud de la population au travers de la ligne 4, traversant la rive gauche et droite, permet de comprendre les problématiques d’intégration spatiales des populations. Rappelons que suite à la flambée des prix de l’immobilier à Paris et en région parisienne, l’intégration est de plus en plus difficile et la ségrégation spatiale de plus en plus forte. La ligne 4 du métro traverse 11 des 20 arrondissements de Paris. Sur les 15 personnes interrogés 7 résident en plein Paris: 4 habitent dans le 14ème arrondissement, 2 résident dans le 18ème et 1 personne dans le 15ème arrondissement. Ainsi sur les personnes habitants la capitale, les trois quarts habitent rive gauche, on peut ainsi les considérer comme des personnes aux revenus plus élevés que celle habitant sur l’axe nord, indépendamment de la catégorie locataire/propriétaire.

On constate également que si 7 personnes sur 15 habitent intramuros, cela signifie que les 8 autres individus habitent en banlieue Parisienne : 1 dans le 91 (Athis-Mont), 4 dans le 92 (Montrouge et Chatillon), 1 dans le 93 (Bagnolet), 1 dans le 94 (Vitry-sur-Seine) et 1 dans le 95 (Sarcelles), où les prix au mètre carré oscillent entre 5347€ dans le sud des Hauts de Seines pour atteindre 2105€ dans le Val d’Oise, soit des loyers deux à quatre fois moins onéreux que ceux pratiqués dans la capitale. Tout comme les arrondissements du sud de Paris, les banlieues sud ont des prix au mètre carré plus élevés que les banlieues nord. Il

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est nécessaire de prendre en compte que plus la banlieue est proche de Paris, plus les prix de l’immobilier y sont élevés. L’intégration de la population peut ainsi également être analysée au travers du prix au mètre carré (voire annexe n°2), les classes populaires habitant les banlieues excentrées ainsi que les arrondissements du nord de la capitale, les classes moyennes et aisées habitant donc plutôt dans les banlieues sud et dans les quartiers du sud et du centre de Paris. La mixité sociale constatée est-elle réellement durable à long terme ou est-elle le signe avantcoureur des phénomènes de gentrification que l’Ile-deFrance connait depuis la fin du XXème siècle ?

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CONCLUSION

Bilan Au travers de la ligne 4 du métro parisien et en nous référant aux analyses et études en sociologiques urbaines, le constat d’une réduction globale de la diversité sociospatiale depuis les années 1960 s’est imposé. L’espace urbain parisien dessine aujourd’hui la hiérarchie sociale des individus en fonction de leurs quartiers d’implantation. Les quartiers du Nord-Est de la capitale regroupent des classes aux revenus plus modestes que ceux du Sud-Ouest, dont le peuplement recense majoritairement des individus appartenant aux classes aisées. Cependant, comme le montre les études de Michel Pinçon et Monique PinçonCharlot, les classes dominantes ont tendance à l’« autoexclusion » en s’appropriant l’ouest parisien (Paris et banlieue proche - Neuilly-sur-Seine, Boulogne-Billancourt, Suresnes…).

On relève que la multiplicité des facteurs, tels que le revenu par habitant, le prix du mètre carré ou encore l’attractivité de certains quartiers, est déterminant à la compréhension du phénomène d’éviction des classes les 14

http://www.metropolitiques.eu/Les-inegalites-socio-spatiales.html, le 15/12/2015

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HR = Indice de ségrégation selon le document d’étude de l’INSEE

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plus défavorisées aux portes de la capitale. Ainsi l’avancée d’un front de gentrification, toujours plus globalisant, confirme l’hypothèse d’une ségrégation spatiale de plus en plus forte à Paris et d’une progression de l’homogénéisation sociale en raison d’une ‘élitisation’ de l’accès au logement (annexe n°3). La déréglementation des loyers dans les années 199014 n’a fait qu’accentuer le processus de gentrification et l’embourgeoisement des quartiers les plus pauvres par les classes moyennes. En effet, cette dérégulation immobilière a rendu inaccessible certains quartiers de la capitale aux classes moyennes qui ont fini par s’implanter dans les secteurs plus populaires de la région parisienne, notamment au Nord-Est de Paris.

Ainsi cette dynamique d’embourgeoisement de la population parisienne s’étend de plus en plus et restreint les possibilités d’accès au logement des catégories dominées. Ces classes populaires subissent donc un déplacement non volontaire, forcé et parfois violent vers le nord-est, d’abord dans Paris puis dans les banlieues proches ainsi que dans les espaces périurbains, s’éloignant progressivement du cœur de la capitale. L’étude de l’INSEE révèle que l’unité urbaine parisienne est la 9ème plus ségréguée de France avec un HR de 0,13715.

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Ouverture On constate ainsi un rapport de domination entre les « classes gentrifieuses » (qu’on qualifie dans le langage courant de ‘bobos’) et les classes populaires. Les bobos sont en principe des ménages aux revenus assez élevés, qui, faute d’avoir accès au logement dans les quartiers aisées de la capitale s’implantent dans des quartiers aux loyers plus modérés. Ce phénomène transforme le paysage urbain du quartier par un revenu moyen plus élevé et des habitudes de consommations différentes des classes populaires, qui renforcent par exemple les charges locatives (construction d’ascenseur dans les immeubles haussmanniens…), amènent de nouveaux commerces (épiceries bio, pâtisseries sans-gluten…). Ces nouveaux peuplements, même s’ils renforcent dans un premier temps la mixité sociale, finissent par revaloriser le quartier et entraîne une hausse rapide des prix de l’alimentation et de l’immobilier, ce qui a pour conséquence la perte de la substance populaire de ces quartiers et enfin l’exclusion progressive des classes dominées y résidant. Ainsi ces phénomènes de boboisation engendrent un processus de gentrification rapide qui crée des aires de plus en plus ségréguées dans la capitale.16 L’éviction des classes populaires, au-delà du périphérique, a elle aussi une 16

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conséquence socio-spatiale qu’il semble nécessaire d’énoncer : la ghettoïsation. Nous avons pu constater que la région parisienne se fragmente et connaît une remodalisation de ses frontières, ainsi les fractions territoriales croissantes engendrent un processus d’appauvrissement et d’exclusion de plus en plus important. Les classes les plus défavorisées se retrouvent concentrées dans des territoires urbains renfermés et ségrégués aux portes de la capitale et dans les banlieues du nord-est parisien (notamment dans le 93 et le 95), qui affectent majoritairement les populations d’origine étrangère. Du fait de la gentrification, certaines cités d’habitats sociaux en périphérie prennent la forme de ghettos, du fait de la concentration d’une même communauté vivant en marge du reste de l’agglomération, que Marc Augié qualifie de « non-lieux ». Le sentiment d’isolement de ces populations se fait de plus en plus grandissant au travers de l’accentuation de la ségrégation urbaine et de la radicalisation des inégalités sociales, particulièrement en période de crise économique, financière et sociale. On peut cependant nuancer ce propos, il existe en effet une polarisation de la population à Paris et au nord est de sa petite couronne notamment avec l’apparition de zones que l’on peu qualifier de ghettos, mais globalement, on constate une moyennisation

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de la population en Ile de France entre 1990 et 2009 (annexe n°4). L’évolution du nombre de zones urbaines sensibles résulte donc d’une construction politique, sociale et culturelle.17 Cependant le projet du « Grand Paris Express » tend à résorber une partie du problème en tentant de réintégrer les banlieues parisiennes au réseau francilien en repensant l’idée d’origine du RER, afin de faciliter l’accès de ces populations à la capitale mais surtout de raccorder les banlieues entre-elles sans passer par Paris, afin de désengorger les transports dans la capitale et faciliter la mobilité des franciliens. Dans un proche avenir, la ligne 4 sera prolongée jusqu’à Bagneux afin de correspondre avec la future ligne 15-sud. Ainsi le phénomène de ségrégation sociale à Paris ne tend pas à se résoudre dans l’immédiat, la problématique de réintégrations des classes défavorisées demeure un des enjeux majeurs des politiques d’aménagement de l’espace urbain francilien. On peut craindre une progression du phénomène de gentrification jusque dans les banlieues proches de Paris, comme il en est déjà le cas dans des villes comme Montrouge ou Malakoff, et une éviction spatiale toujours plus grandissante des classes populaires de Paris. Il faut ainsi s’interroger sur la mise en place de

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politiques urbaines concrètes, visant à réduire cette ségrégation et à redonner à Paris sa mixité sociale et sa substance populaire. Nous conclurons sur une citation de Dominique Raynié qui tire un portrait exagéré et grossi de Paris mais qui n’en est pas moins exhaustif : « Une ville saturée de multimillionnaires, à 8000€ le prix moyen du m2, où 190.000 logements ne sont jamais occupés, car résidences secondaires de grandes fortunes planétaires presque toujours absentes ; une ville d'où les classes moyennes sont exclues, après l'expulsion des ouvriers, il y a 20 ou 30 ans ; une ville où les modestes n'ont plus leur place, sinon comme employés, charriés quotidiennement par RER, des heures durant, depuis leurs lointaines banlieues, menacés d'un octroi, car « le bruit et les odeurs » de leurs voitures irritent l'oreille subtile et le nez fin des bobos (…). Une ville où les étudiants ne peuvent plus vivre, étudier, oui, mais vivre, non, le prix d'un studio (lisez « placard à balais ») oscillant désormais entre 600 et 800 € par mois, avec 3 ou 6 mois de caution et la garantie des parents, grands-parents (…) ; ville hypocrite qui ne veut pas dire qu'elle est rétive au retour de la multitude, autrement dit de la populace. Non, vraiment, Paris n'est plus une ville populaire. Paris n'est plus une ville. »18

http://www.cdafal77.fr/stebe.html, le 16/12/2015 http://laurentfaes-geo.blogspot.fr/2013/09/la-segregation-socio-spatiale-paris-et.html, le 16/12/2015

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BIBLIOGRAPHIE

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Références littéraires

http://www.regionsjob.com/actualites/comment-les-parisiens-serendent-a-leur-travail.html

Agier Michel, Anthropologie de la ville, Paris, Puf, 2015

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_4_du_métro_de_Paris

Clerval Anne, Paris sans le peuple, 2014

https://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_Chicago_(sociologie)

Sophie Corbillé, « La ville vécue », La Vie des idées, 9 décembre 2015. ISSN : 2105-3030.

http://dataparis.io/#

Dabet -Floch, La ségrégation spatiale dans les grandes unités urbaines de France métropolitaine : une approche par les revenus, INSEE, Mars 2014 Lehman-Frisch Sonia, « La ségrégation : une injustice spatiale ?

Questions de recherche. », Annales de géographie 1/2009 (n° 665-666) , p. 94-115 Pinçon Michel et Pinçon-Charlot Monique, Dans les beaux

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1035 https://fr.wikipedia.org/wiki/Quartier_de_la_Goutte-d%27Or http://www.linternaute.com/argent/immobilier/prix-au-m-limmobilier-dans-600-villes-de-france/paris.shtml http://www.metropolitiques.eu/Les-inegalites-sociospatiales.html

quartiers, 1989

http://www.cdafal77.fr/stebe.html

Zola Emile, L’Assommoir, 1877

http://laurentfaes-geo.blogspot.fr/2013/09/la-segregation-sociospatiale-paris-et.html

Références numériques https://fr.wikipedia.org/wiki/Ségrégation_(sciences_humaines) http://www.insee.fr/fr/regions/idf/?page=faitsetchiffres/ presentation/presentation.htm

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ANNEXES

Annexe n°1 : Questionnaire Nom :_____________________ Prénom :________________ Etes vous un Homme ou une Femme ? ____________________________________________________ Quel est votre age ? ____________________________________________________ Quelle est votre activité ? (Cadres/artisan/étudiant/sans emploi) Merci d’en préciser le domaine. ____________________________________________________ Quel est votre lieu d’habitation ?

- Ville : _____________________________________________ - Département : __ __ Etes vous locataire ou propriétaire ? ____________________________________________________ A quelle fréquence utilisez vous la ligne 4 ?

- Tout les jours ou presque : o - 2 à 3 fois par semaine : o - 2 à 3 fois par mois : o - Moins souvent : o Pourquoi utilisez vous la ligne 4 le plus souvent ?

En semaine : _______________________________________ Le week-end : ______________________________________ Aujourd’hui en particulier, pour quelle raison l’avez vous empruntée ? __________________________________________________

Quelle est votre station de départ sur la ligne 4 ?

En semaine :_______________________________________ Le week-end :______________________________________ Quelle est votre station d’arrivée sur la ligne 4 ?

En semaine :_______________________________________ Le week-end :______________________________________ Quelle est votre destination finale ? ___________________________________________________ Si vous deviez proposer un adjectif pour décrire la population lors de votre trajet sur la ligne 4 ? ___________________________________________________ Quelle est selon-vous la spécificité de la ligne 4 par rapport aux autres lignes ? ___________________________________________________ Quelle section de la ligne 4 fréquentez-vous le plus souvent ? ___________________________________________________ Quelle est la section de la ligne 4 que vous fréquentez le moins ? ___________________________________________________ Pour quelles raisons utilisez-vous moins souvent cette section de la ligne ? ___________________________________________________

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Un grand merci pour avoir pris part à cette étude

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Annexe n°2 : Les prix de l’immobilier à Paris en 2014

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Annexe n°3 : Cartographie de la gentrification

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Annexe n°4 : Evolution du revenu par habitant

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Annexe n°4-bis : Schema répartition richesses

Légende Haut niveau de revenus Niveau de revenus moyen Niveau de revenus faible Zone de ghettoïsation

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