TPE Elisabeth DAO, Marie-Emilie ESCLANGON, Paul COURTOIS

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Depuis les débuts de l’humanité, l’alimentation est au cœur des préoccupations des sociétés humaines. La faim reste, aujourd’hui, un problème aux dimensions planétaires qui risque de s’aggraver dans certaines régions du monde si des mesures drastiques ne sont pas prises. Dans les décennies futures, nourrir la planète relèvera d’un triple défi comme nous le rappellent de façon dramatique, les récentes « émeutes de la faim », à savoir : la croissance démographique avec 9 milliards d’humains en 2050 ; la sécurité alimentaire en quantité et qualité ; la protection de l’environnement et des ressources naturelles, ainsi que la raréfaction des énergies fossiles. Le problème est complexe qui m et en jeu de nombreux facteurs, économiques, écologiques, agronomiques, géopolitiques.

L

es crises alimentaires sont provoquées par de

augmentation du pouvoir d’achat de centaines de millions de consommateurs qui font entrer dans leur nourriture davantage de produits laitiers et carnés.

multiples causes. La croissance démographique implique une augmentation de la consommation alimentaire (+2% l’an). Dans les quarante dernières années, la population mondiale est passée de 3,1 milliards d’individus à 6,3 milliards et devrait atteindre 9 milliards en 2050. Cette croissance démographique s’explique en partie, par la forte baisse de la mortalité dans un grand nombre de pays en développement. Ces grandes tendances démographiques ont influé sur les besoins nutritionnels de l’humanité et par là même occasion, sur les disponibilités alimentaires nécessaires pour satisfaire ses besoins… La croissance économique annuelle à deux chiffres de pays très peuplés comme la Chine, l’Inde et quelques autres (soit près de 3 milliards d’individus) se traduit par une

En Chine, la consommation de viande a augmenté de 150%. Or, il faut entre 4 et 10 protéines végétales pour produire 1 protéine animale. Si la disponibilité alimentaire est passée de 2 500 à 3 000 kcal/jour/habitant, elle reste très inégalement répartie (de 2 400 en Afrique subsaharienne à 4 000 kcal/jour/habitant) et 850 millions d’humains sont toujours sous-alimentés. Ainsi, le marché des céréales s’en trouve désorganisé, entrainant la flambée des prix alimentaires et provoquant les récentes « émeutes de la faim » dans certaines populations d’Afrique et d’Asie dont la part de l’alimentation avoisine 75% de leur budget total contre 15% dans les populations plus aisées.

La réflexion doit se poser au niveau planétaire, compte tenu notamme nt, des différences des systèmes de production et des régimes alimentaires

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L’AGRICULTURE : Nourrir les hommes Dans

l’histoire de l’humanité, l’agriculture a moins de dix mille ans d’existence. Elle serait apparue au néolithique, vers le 8e millénaire avant J.C. et vraisemblablement au ProcheOrient. Parallèlement, tant en Asie avec le riz, et en Amérique latine avec le maïs, les sociétés se sont construites à partir de l‘agriculture qui a joué un rôle essentiel. La révolution agricole commencée timidement en Europe à la fin du XVIIIe siècle, se développe au XIXe siècle. Avec cette amélioration sensible de la productivité, l’agriculture occidentale sort enfin de la fatalité récurrente des disettes. Les surplus disponibles suffisent désormais pour assurer en permanence, une alimentation variée à la grande majorité des pays occidentaux bénéficiant en outre, du développement des échanges nationaux et internationaux (rail, navigation à vapeur et à moteur…).

A la fin du XXe siècle pourtant, alors que le monde industrialisé connait l’abondance alimentaire, les populations de nombreux pays d’Afrique et d’Asie, naguère colonisés et aujourd’hui économiquement dépendants, souffrent de sous-alimentation et de famines chroniques, maux jadis communs en Europe, mais ici amplifiés par une très forte surcharge démographique…

Le réchauffement de la planète est également une cause importante de ces crises alimentaires, en rendant plus aléatoire l’activité agricole et en raison de la multiplication des catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, cyclones, tremblements de terre…).Ainsi, l’Australie, grand pays producteur de céréales, a connu cinq années de sécheresse. Le Bengladesh a connu deux inondations la même année (2007) affectant 40% de son territoire et la Birmanie, victime d’un cyclone, a perdu une grande partie de ses productions agricoles composées de 65% de riz, 80% d’aquaculture et 50% d’élevage. Selon certains experts, ces problèmes climatiques ne toucheront pas seulement les pays pauvres et tropicaux, et pourraient intervenir également en Europe, rendant nécessaire de gros investissements agro-environnementaux. D’autre part, la réduction des terres cultivables en raison de l’érosion et de l’urbanisation, est l’équivalent d’un département agricole en France tous les dix ans. En Chine, du fait de l’arrivée de ruraux en ville, un million d’hectares cultivés s’envole chaque année, réduisant dangereusement les surfaces agricoles adaptées à la production de riz. Or, le riz demeure l’aliment de base pour plus de la moitié de la population mondiale. Sur une production mondiale de 645 millions de tonnes (2008), le stock mondial n’est que de 100 millions de tonnes. Environ 40% de ce stock est détenu par la Chine et faute de stock conséquent, le prix du riz risque d’augmenter à nouveau sur les marchés internationaux

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Des Solutions Durables Pour L’Avenir ?

Environ 70% de

la population mondiale vit de l’agriculture. La question du développement des agricultures dans le monde est au cœur de l’avenir de sociétés largement organisées et structurées à partir du monde agricole. La création ou le renforcement d’activités économiques industrielles et tertiaires sont incontournables pour le développement de l’agriculture. Pour supprimer la malnutrition et la faim, il faudrait selon les experts, augmenter la production agricole mondiale de 30% et la doubler pour faire face à l’augmentation de 50% de la population mondiale à l’horizon 2050 (sur la base d’une ration alimentaire de 2 425 k/cal.).

L’innovation et la recherche

seront certainement les clés permettant d’atteindre ce triple défi de l’alimentation, de l’énergie et du climat. Toutes les disciplines doivent être sollicitées : biologie moléculaire, écologie (du gène à la plante et de la plante aux territoires)... Entre productivité agricole et production biologique, existent de vastes possibilités (développement durable, signes de qualité et labels, agriculture raisonnée, sécurité alimentaire…). Dans le même temps, une traque au gâchis à tous les niveaux doit s’organiser. En Afrique, entre 15% à 35% des produits alimentaires sont perdus dès les champs de cultures. Dans les pays développés, 14% à 30% des produits sont éliminés au

niveau de la consommation et 10% à 15% seraient perdus en amont de la vente (transformation, transport, stockage…). De plus, une diminution des calories totales consommées dans les pays développés est aussi un facteur essentiel pour relever ce défi… Enfin, certains spécialistes prônent de réinvestir massivement dans l’agriculture vivrière à haute densité environnementale, de développer de nouvelles espèces et variétés mieux adaptées aux fluctuations climatiques, d’insister sur l’importance des échanges mondiaux pour assurer l’adéquation entre l’offre et la demande alimentaire à l’échelle de la planète… Sous réserve de tenir compte de cet ensemble de réflexions, la faim ne devrait plus apparaître comme une fatalité.

Limiter le gaspillage

Favoriser l’agriculture vivrière, locale

Le gaspillage intervient depuis la culture du produit, jusqu'à sa consommation : lors de la transformation du produit, de son transport, mais aussi chez le détaillant, les restaurants, les foyers. On estime ainsi que la moitié de la nourriture produite dans le monde finit à la poubelle.

Afin de permettre un accès égalitaire à la nourriture, les experts proposent de développer davantage l'agriculture vivrière dans les pays en voie de développement. C'est une agriculture « d'autoconsommation » qui permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports des récoltes de production vers le pays de consommation. Seul le surplus serait vendu sur les marchés locaux.

« Saving wate r : from field to fork », étude publiée en 2008 e t conduite par la FAO

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L'agriculture « à haute intensité environne mentale » Favoriser la polyculture, c'est-à-dire associer des cultures différentes sur une même surface agricole et cultiver des espèces différentes successivement sur un même champ. Cela favorise la fertilité des terres et la protection de la diversité génétique. L’intensification écologique, c’est concevoir une agriculture productive, plus économe en intrants et moins nocive pour l’environnement. Il s’agit d’intensifier des mécanismes naturels des écosystèmes. Cela veut dire selon les cas, optimiser le fonctionnement du sol en éliminant le labour, couvrir le sol et favoriser le travail des vers de terre, maximiser les périodes de photosynthèse pour la production de biomasse, ou encore pratiquer au maximum une lutte biologique

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L'agriculture biologique Pour limiter la pollution et les impacts sanitaires liés aux intrants chimiques, certains modes de production comme l'agriculture biologique se développent. Cette dernière interdit l'usage d'engrais chimiques de synthèse et des pesticides de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement modifiés (OGM). En 2005, l'agriculture biologique représentait environ 4 % de la superficie agricole utilisée dans l'Union Européenne.

L'agriculture raisonnée Moins exigeante que l'agriculture biologique, l'agriculture raisonnée (mise en place dans l'Union Européenne dans le cadre de la PAC (Politique Agricole Commune) impose entre autres de limiter l'usage de produits engrais et pesticides, d'économiser les ressources en eaux et de pratiquer le tri des déchets. Il n'existe pas de label pour identifier les produits provenant de cette agriculture. Seuls les produits provenant d'exploitations qualifiées pourront porter la mention "produit issu d'une exploitation qualifiée au titre de l'Agriculture Raisonnée". En 2006, l'agriculture raisonnée représente 0,3 % des exploitations françaises (source : ministère de l'agriculture).

Michel Griffon, Agronome – Economiste, Conseiller pour le Développement durable au CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)

« Les agricultures vivrière, biologique, raisonnée et à haute intensité environnementale devraient permettre l’approvisionnement des marchés agricoles (quantitatif et qualitatif), la séquestration du carbone, et la limitation des émissions de gaz à effets de serre, le maintien voire le développement de la biodiversité, la circulation de l’eau et le maintien de sa qualité, l’esthétique du paysage »

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La production Animale

La consommation moyenne de viande par personne et par an en France est de 96,5 kg. A titre de comparaison, cette consommation atteint 4kg par personne et par an en Inde. Dans les pays d’Europe du nord, sur les 3800 kilocalories consommés quotidienne ment, 1200 sont d’origine animale alors qu’en Afrique subsaharienne, la contribution des calories animales à la ration alime ntaire (2200 kilocalories) est de 135 kilocalories. Les produits d’origine animale sont riches en protéines et/ou lipides. Il en découle que la consommation de protéines et lipides est très variable d’un endroit à l’autre de la planète.

Ces constats posent plusieurs questions:

Quel sont les impacts écologiques et sanitaires d’une alimentation carnée?

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Quel sont les impacts écologiques et sanitaires d’une alimentation carnée?

L'école de nutrition de Harvard, la plus grande unité de recherche au monde, qui publie les résultats d'une étude de vaste ampleur. Les chercheurs ont recueilli les informations de deux études importantes ayant portées sur 37 698 hommes et 83 644 femmes suivis pendant une durée de 22 à 28 ans respectivement. En compilant les données sur les habitudes augmentée même en tenant compte des alimentaires et l'état de différences d'âge, de poids, santé les chercheurs « Cette étude amène une preuve claire d'activité physique et d'état de constatent que consommer : que la consommation régulière de santé qui peuvent exister entre Une portion quotidienne de viande rouge et en particulier de les différentes personnes. viande rouge est associée à charcuterie, contribue Les chercheurs constatent un risque de mortalité également que changer ses significativement à une mortalité augmenté de 13%. Une sources de protéines serait portion quotidienne de prématurée. Faire de meilleurs choix protecteur : la mortalité diminue charcuterie est associée à un pour ses sources de protéines à la de 7% en choisissant du poisson, risque de mortalité place de la viande rouge peut amener 13% pour la volaille, 19% pour augmenté de 20% .La un bénéfice significatif pour la santé les oléagineux, 10% pour les mortalité cardiovasculaire en réduisant les maladies chroniques légumes, 10% pour les produits est augmentée de 18 et 21% et la mortalité. » Dr Hu, à l’origine laitiers à 0% et 14% pour les et la mortalité par cancer est céréales complètes. Selon eux, la de cette étude. augmentée de 10 et 16% diminution de la consommation pour la consommation de de viande rouge aurait pu sauver la vie à 9,3% des viande rouge et de charcuterie, respectivement. Le hommes et à 7,6% des femmes au terme de lien statistique mis en évidence par les chercheurs l'étude. est robuste et tient compte des facteurs confondants, c'est-à-dire que la mortalité est

D

ifférents facteurs semblent poser problème dans la viande rouge. Le fer notamment qui joue un rôle

oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement lorsqu'il est présent en trop grande quantité, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées (voir notre article). Les graisses présentes dans la viande rouge, en majorité saturées ou de type oméga-6, pourraient également jouer un rôle. Dans les viandes cuisinées ou préparées industriellement, c'est la présence de sodium, de nitrites ou la formation de composés cancérigènes qui posent problème (voir notre article sur la glycation et la "réaction de Maillard"). Néanmoins, même si les chercheurs reconnaissent le danger de tous ces éléments, ils constatent aussi qu'il existe probablement des éléments nocifs actuellement non identifiés. Une consommation élevée de viande rouge augmenterait également les risques de souffrir d’un cancer du sein, de la vessie, de l’estomac et du pancréas. Le cancer du colon est également favorisé par la forte consommation de viande et de charcuteries(1). Idem pour le cancer colorectal (2).

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On connait 2 facteurs qui peuvent expliquer le coté nuisible de trop de viande. 1- Premier coupable probable, une molécule : l’hème (3), qui donne sa couleur rouge à la viande et qui serait néfastes pour les cellules du système digestif, favorisant à force de consommation de viande, l’apparition d’un cancer. 2 – La cuisson de la viande à forte température, comme sur unbarbecue, pourrait aussi créer des substances cancérigènes (amines hétérocycliques) (4)

Viande & Diabète Type 2 Quand on augmente sa consommation de viande rouge, on accroit en conséquence son risque de diabète de type 2. Par rapport aux personnes qui à consommation constante de viande rouge, ceux qui augmentaient d’une 1/2-portion de viande par jour sur une période de 4 ans voient leur risque de diabète de type 2 s’accroître de 48 % sur les 4 années suivantes. En cause : l’augmentation du taux de fer et de nitrites (charcuteries) ainsi que la prise de poids. C’est la conclusion d’une étude américaine réalisée auprès de 26 000 hommes et 122 000 femmes auxquels on a fait remplir depuis 1986 tous les 4 ans un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires.

(1) La consommation de viande rouge et de charcuteries est incriminée dans la survenue de cancers du côlon, première cause de mort par cancer chez les non- fumeurs en France : chaque jour, 100 personnes sont atteintes, 45 en meurent. En 2007, le World cancer Research Fund (WCRF) a montré que la consommation de charcuteries est liée au cancer du côlon, avec un facteur de certitude très élevé. (source Inra) (2) Etude de juin 2005, des Dr Elio Riboli et Teresa Norat, in JNCI -Journal of the National Cancer Institute-, basée sur les données de l’Etude prospective européenne sur le cancer et la nutrition, EPIC-. Plus de 500 000 Européens ont été passés au crible pour étudier les associations possibles de la consommation de viande rouge, des préparations carnées, des volailles et des poissons sur le risque de cancer colorectal. Le risque de cancer colorectal croît de 49 % par 100 g. de viande « rouge » consommée quotidiennement. En revanche, plus de 100 G. de poissons par jour réduisent le risque de moitié. Le danger lié à une consommation de viande rouge est indépendant de la diminution de celle-ci pour le poisson. (3) L’hème est la molécule qui donne sa couleur à la viande, c’est à dire au muscle, et donc également à la charcuterie. Plus l’hème est abondante, plus le muscle est rouge. Cette molécule apporte le fer sous la forme la plus facilement assimilable par notre organisme. (4) Les amines hétérocycliques (AH) sont des composés chimiques formés au cours de la cuisson des viandes, du poisson ou de la volaille, principalement si la viande est grillée à haute température ou cuite pendant longtemps. On n’a pas prouvé qu’ils causent directement des cancers chez l’homme mais il vaut mieux utiliser une chaleur modérée lorsque vous faites griller, que vous rôtissez ou faites cuire à la poêle.

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Viande Et Environnement Deuxième source de gaz à effet de serre, la production de viande est également à l’origine de pollutions fluviales et terrestres, de déforestations à grande échelle, de désertification Selon le rapport de la FAO (Livestock’s Long Shadow – Environmental Issues and Options – 2006), l’industrie de l’élevage destiné à la production de viande, d’œufs et de produits laitiers est la deuxième source de gaz à effet de serre. Pour un seul kilo de viande, ce sont 34,2 kg d’équivalent CO2 qui sont émis . L’élevage est responsable de près du cinquième de l’ensemble des émissions contribuant au réchauffement climatique. Si l’on prend en compte les émissions de gaz provenant du fumier, de l’énergie consommée pour produire les engrais utilisés pour l’alimentation du bétail adulte, la digestion des bovins, les émissions provenant des défricha ges pour faire paître le bétail. L’élevage émet 37 % du méthane (gaz dont l’effet en termes de réchauffement est 23 fois plus importants que celui du CO2), 65 % des émissions de protoxyde d’azote, 64 % des émissions d’ammoniac, une des principales causes des pluies acides.

Une étude originale menée par des chercheurs japonais étudie l’impact de la consommation d’un kilogramme de viande de bœuf sur l’environnement. Ils ont ainsi jaugé les effets de la production de bœuf sur le réchauffement climatique, l’acidification de l’eau, la consommation d’énergie. Pour évaluer l’impact de la production de viande, ils ont quantifié par exemple l’énergie consommée pour assurer le transport de l’alimentation. Ces dernières composées de. Ils se sont aussi intéressés aux déjections, acides et organiques, afin d’avoir une vision globale de la charge environnementale de la production d’un Kilo de bœuf. Selon eux, la consommation d’une grosse pièce de bœuf représente le même impact écologique qu’un trajet de 250 km en voiture et brûle assez d’énergie pour allumer une ampoule de 100 watts pendant près de vingt jours. Et encore, ils n’ont pas tenu compte du transport de la viande de la ferme au consommateur. Ce qui devrait accroitre encore un peu plus la facture écologique.

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La nourriture de

Demain Alors

que la planète a officiellement atteint les 7 milliards d’habitants en octobre dernier, une question se fait de plus en plus pressante : comment peut-on répondre aux besoins alimentaires d’une population grandissante ? Comment nourrir 2,5 milliards de bouches supplémentaires à l’horizon 2050, sachant que déjà plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde ?

Les scientifiques se penchent sérieusement sur la question.

Les scientifiques sont partis d’un constat simple. Il y a 50 ans, la

De nouvelles sources de protéines ?  Manger des algues, l’avenir alimentaire de notre planète ?  Des insectes dans nos assiettes

A

lors

que

la

démographie

réponse à la nécessaire production alimentaire a été apportée par une production intensive utilisant des engrais chimiques. Le résultat a été positif mais alors qu’on récolte deux fois plus de nourriture, on utilise également trois fois plus d’eau provenant de rivières et de nappes phréatiques, sans compter la pollution.

ne

cesse

d'augmenter, cette question taraude tant les scientifiques que les économistes et hommes politiques. Selon l'ONU, nous devrons presque doubler notre production alimentaire, adopter de nouvelles technologies et éviter le gaspillage. Malgré tout, la tâche semble malaisée : un milliard de personnes souffrent déjà de faim chronique, il

reste peu de terres vierges à découvrir, les océans sont déjà surexploités, la planète fait face à une pénurie croissante d'eau et le changement climatique rendra l'agriculture plus difficile. Mais utiliser les terres et l'eau autrement reste possible. Voici un tour d'horizon de la nourriture que nous pourrions trouver dans nos assiettes dans quarante ans.

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Mangerons-nous un jour des

Algues ? Pour l’avenir, les algues pourraie nt-elles être la solution ? Ces de rnières se développent rapidement en mer, dans les eaux polluées ou dans des endroits dans lesquels ne surviv rait aucune c ulture classique.

C

es organismes unicellulaires simples peuvent en

effet se développer très rapidement et en grande quantité à la fois en mer mais aussi dans des eaux polluées ou dans des endroits dans lesquels ne survivrait aucune culture classique. Surtout, les algues peuvent être utilisées pour l'alimentation humaine pour l'alimentation animale, comme engrais ou surtout comme biocarburant. Selon les scientifiques, que citent le Guardian, les algues peuvent produire 15 à 30 fois plus d’huile que le maïs et le soja. Elles permettraient donc d'économiser des millions d'hectares de terres (et des milliards de litres d'eau d'irrigation) qui seraient destinés à l'alimentation humaine et non plus à faire rouler nos voitures. Les algues sont pleines de promesses. Elles produisent des omégas 3 nécessaires au développement et au bon fonctionnement du corps. Riches en antioxydants, en vitamines (A, E, B1, B3), elles pourraient être utilisées dans les produits cosmétiques pour lutter contre les sécheresses de la peau, contre les radicaux libres ou aider au renouvellement des cellules. En chine et au Japon, elles sont déjà couramment consommées.

La consommation mondiale d’algues ne cesse de croître. En effet, elle s’élevait à plus de 3 millions de tonnes en 1992 pour arriver en 2007 à près de 9 millions de tonnes. Ceci représente près de 1,5 kg d’algues consommées par an et par habitant de la planète

Une société française, une des meilleures start-up française, « Fermentalg » s’est spécialisée dans l’étude et la production de molécules d’intérêt à partir des micro-algues. Ses résultats sont déjà surprenants. Chez Fermentalg, les micro-algues passent par un processus de traitement destiné à donner des souches qui serviront à produire : des lipides, des pigments, des hydrocarbures etc. Fermentalg s’y emploie depuis quatre ans et a déjà obtenu des succès significatifs. Les scientifiques, en collaboration avec les producteurs de la marque d’huile Lesieur qui y travaillent devraient en principe produire industriellement à partir de 2014 des huiles

alimentaires à base de micro-algues.

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Laitue de mer : riche en iode, en vitamine C et en fer Le haricot de mer : riche en fibres, il se cuisine comme des haricots ou des pâtes Le dulce : riche en vitamine A, le dulce se cuisine en salade ou avec des fruits de mer Le nori : l’algue rouge la plus consommée au monde, fréquemment utilisée en cuisine et dont les Japonais se servent notamment pour enrouler les sushis riche en vitamine A et B

L’utilisation des algues pour l’alimentation humaine fut officialisée en 1990 par le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF). Elle fut ensuite autorisée par la Communauté Européenne l’année suivante. L’algue alimentaire se présente sous différentes formes, 12 sont autorisées comme matières premières alimentaires en France. Elles peuvent être soit extraites des fonds marins, soit ramassées à marée basse, soit cultivées au large par des algoculteurs.

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Valeur nutritionnelle Une étude récente a analysé la teneur en nutriments de différentes algues comestibles et comparé une portion type (8 g d’algues séchées) aux apports quotidiens recommandés. Minéraux Comme les algues absorbent les minéraux dans la mer, elles sont riches en minéraux et en oligoéléments. Les algues tendent à stocker davantage le calcium et le fer que les plantes terrestres. Par exemple, une portion de 8 g d’haricot de mer séché apporte plus de calcium qu’une tasse de lait, et une portion de dulce contient plus de fer qu’un steak de 100 g , bien qu’ il est possible qu’il soit moins bien absorbé par l’organisme. Les algues sont également très riches en iode, essentiel au fonctionnement hormonal. Toutefois, l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques a mis en garde contre certaines espèces d’algues particulièrement riches en iode et recommande de fixer une limite à la quantité d’iode que peuvent contenir les produits à base d’algues dans l’Union européenne. De plus, les algues vertes peuvent accumuler des métaux lourds comme l’arsenic. Une étude menée en 2004 a en effet découvert que les algues hijiki contenaient des quantités significatives d’arsenic. La Food Standards Agency du Royaume-Uni a donc invité les consommateurs à éviter de manger ce type d’algues. Enfin, la teneur souvent très élevée en sodium des algues doit être prise en compte, notamment en cas de régime hyposodé (sans sel). Autres nutriments Les algues contiennent de petites quantités de graisses, et certaines variétés sont riches en protéines. La plupart contiennent des taux d’acides aminés essentiels comparables aux légumineuses et aux œufs. On trouve également de la vitamine A, C et E dans les algues, et c’est également l’une des rares sources végétales de vitamine B12 , d’où leur intérêt dans le cadre d’un régime végétarien ou végétalien. Les algues sont une excellente source de fibres, de minéraux et de nutriments. Elles sont sans danger pour la santé, encore qu’il faille faire attention à certaines variétés en raison de leur teneur élevée en sodium, en iode et en métaux lourds. D’une manière générale, les algues ont tout à fait leur place dans un régime équilibré.

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Insectes dans nos assiettes

Les insectes sont d’excellentes sources de protéines et de calcium, avec une faible teneur en graisse et en cholestérol. Les insectes ont d’ailleurs un rendement plus important que le bétail à viande, avec moins de besoins, ce qui pourrait limiter les gaz à effet de serre. La demande en protéines animales devrait augmenter de plus de 70% d’ici à 2050. Pour la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), le régime occidental à base de viande de bovin, de porc ou de volaille, ne permettra pas de répondre à cette nouvelle demande.

serre que le bétail, comme le relève le rapport de la FAO présenté à Rome par Eduardo Rojas Briales, directeur-général adjoint pour les forêts. et l'agriculture (FAO) a rappelé que les insectes Un tiers de la population se nourrit d'insectes, la présentent l'avantage de se reproduire rapidement, production en est rentable. A ce jour, un tiers de la d'avoir un faible impact environnemental et d'être population se nourriraient d'insectes. Des insectes sont nutritifs. De quoi encourager leur élevage et leur en vente sur les marchés de Kinshasa, sur ceux de consommation régulière dans les pays pauvres où Thaïlande ou encore du Chiapas au règne la famine. « Les insectes se reproduisent Mexique, et ils commencent à Alors que près de deux milliards rapidement et présentent des taux de apparaître dans les menus de d'humains consomment restaurants en Europe. Or, en étant croissance et de conversion alimentaire régulièrement des insectes dans certaines régions d'Afrique, élevés. Ils ont ont un faible impact sur soutenus par le programme de la FAO destiné à encourager cet d'Asie et d'Amérique latine (on l'environnement pendant tout leur cycle élevage, les choses devraient parle d'entomophagie), cette de vie. Ils sont nutritifs, avec une teneur même s'accélérer. alimentation vient de faire des élevée en protéines, matières grasses et Pour le moment, les insectes sont émules chez les experts de minéraux et peuvent être consommés utilisés à grande échelle comme l'ONU. Ce n'est pas l'aspect sous différentes formes » - FAO ingrédient alimentaire pour les gastronomique de la chose qui animaux d'élevage (poissons et intéressent les membres de la volailles) mais, comme le souligne la FAO, "d'ici à Food and Agriculture Organization mais plutôt ses 2050, plus de 9 milliards de personnes devront être nombreux avantages. nourries, tout comme les milliards d'animaux élevés Alors que huit kilos d'aliments sont nécessaires pour en chaque année". Des chiffres qui devraient selon la produire un seul de viande de bovin, seuls deux kilos FAO inciter à sérieusement envisager les insectes suffisent pour en produire un d'insectes. Les deux kilos comme une nourriture, notamment pour les en question peuvent d'ailleurs provenir de déchets populations les plus démunies. organiques (déchets alimentaires ou compost, par exemple). De plus, les insectes ont besoin de beaucoup moins d'eau et ils produisent moins de gaz à effet de

L'organisation des Nations unies pour l'alimentation

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Près des deux tiers des surfaces agricoles sont déjà consacrés à la production animale et il n’est pas envisageable de les étendre à l’infini à moins d’affamer les pays pauvres. Il faut donc se tourner vers d’autres solutions, plus équitables et plus durables. C’est ce que font depuis plusieurs années des chercheurs de l’université de Wageningen aux PaysBas. Ils étudient deux pistes en particulier: soit cultiver de la viande en laboratoire dans des fermenteurs ou, plus simplement, manger des insectes, une pratique courante en Afrique et en Asie du Sud-Est.Pour Dennis Oonincx et Imke de Boer, les vers de farine pourraient constituer une source de protéines animales particulièrement intéressante. Leur élevage a un impact écologique très limité. La production d’un kilogramme de protéines d’insectes mobilise en effet dix fois moins de surfaces agricoles qu’un kilogramme de protéines fournies par la viande bovine. Il suffit de 2,2 kg de nourriture pour produire 1 kg de vers de farine, ce qui est mieux là aussi que pour les bovins et pour les porcs.

L’Elevage des vers de farine a d’autres atouts. Son bilan carbone est très inférieur à celui des élevages bovins ou porcins. L’essentiel des émissions de gaz à effet de serre est limité aux transports des aliments dont on nourrit les insectes (un mélange de graines de céréales et de carottes). Contrairement aux ruminants, les deux insectes rattachés à la famille des coccinelles et des scarabées n’émettent pas de méthane au cours de leur digestion. L’élevage est facile. Les insectes n’ont pas besoin de beaucoup de place et peuvent être manipulés sans difficulté. Leur reproduction ne pose aucun problème. Le femelle ténébrion est mature au bout de dix semaines et elle pond 160 œufs. La femelle de l’autre espèce est encore plus prolifique avec 1500 œufs. Plusieurs générations peuvent être produites dans la ferme au cours d’une même année. Les chercheurs de l’université de Wageningen sont conscients du fait que les populations européennes sont plutôt réticentes à l’idée de devenir entomophages. Les seuls arguments pour modifier les comportements alimentaires étant actuellement basés sur la santé, on peut penser que les choses ne sont pas près de changer même si les vers de farine sont très riches en protéines et moins gras que les viandes classiques. Envisager une alimentation à base d’insectes s’avèrera sans doute nécessaire au fil des années. S’ils ne sont guère appréciés des Occidentaux, de nombreuses populations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine se nourrissent toutefois – et ce depuis toujours – d’au moins 1 400 espèces d’insectes différentes. En plus d’être bons pour la santé, car riches en protéines, en calcium, en fer et faibles en matières grasses et en cholestérol, les insectes ont l’atout pratique de ne requérir que peu d’espace.

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Un impact écologique incomparable Les travaux récents sur la faible contribution d'un élevage d'insectes alimentaires sur l'émission de NH 3 et de gaz à effet de serre accentuent encore davantage l'intérêt porté au marché de l'alimentation à base d'insectes. Enfin, élevées sur des substrats secs, les insectes sont peu consommateurs en eau. La production d'insectes alimentaires constitue donc une piste intéressante pour les éleveurs et les filières de productions animales, à la recherche d'alternatives durables et respectueuses de l'environnement. Comparons l'impact écologique des vers de farine (ou ténébrions meuniers) avec nos sources habituelles de protéines telles que le porc, le poulet ou le bœuf. Les trois tableaux

suivants décortiquent l'impact sur le réchauffement climatique, l'énergie consommée et l'espace utilisé pour produire un kilo de protéines

Une alternative aux productions animales intensives Beaucoup d’élevages porcins, bovins et de volailles pratiquent l’élevage intensif pour augmenter le rendement et répondre à la demande. 80 % des poules soit 36 millions d’individus sont élevées de cette manière. Cette pratique se traduit notamment par une forte densité d’animaux et un environnement très différent du milieu naturel des animaux. Les élevages en batteries confinent les animaux dans des cages et l’espace disponible est réduit au minimum vital. Avec l’élevage, le transport et l’abattage des animaux peuvent aussi être sources de problèmes dans certains cas. Le transport peut engendrer des blessures comme des fractures.

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La production de gaz à effet de serre est considérée comme une cause prédominante du changement climatique. Les gaz à effet de serre les plus importants sont le dioxyde de carbone (C02), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N2O). Les élevages traditionnels pour la production de viande contribuent fortement aux émissions anthropogéniques de ces gaz. Ces élevages produisent aussi une grande quantité d’ammoniac (NH3) responsable de l’acidification et de la nitrification des sols. Les chercheurs de l’Université de Wageningen (Pays-Bas) ont récemment montré que l’élevage d’insectes comestibles comme les criquets, les grillons et les vers de farine produisait beaucoup moins de gaz polluants comme le méthane et l’oxyde de nitrate que les élevages porcins et bovins. Produire un kilo de vers de farine

entraine l’émission de 10 à 100 fois moins de gaz à effet de serre que produire un kilo de viande de porc. A poids égal, le cochon produit 8 à 12 fois plus d’ammoniac que les criquets et jusqu’à 50 fois plus que les sauterelles. L’élevage d’insectes est ainsi une alternative pour la production de protéine animale à faible impact environnemental.

Les animaux ne transforment pas toute la nourriture qu’ils ingèrent pour se développer. Une partie est notamment utilisée par les animaux pour se chauffer. Les insectes ne produisant pas de chaleur, la majorité de ce qu’ils ingèrent est dédiée à la croissance. En effet, avec 10 kg d’aliments, vous produisez 1 kg de viande bovine, 3 kg de viande porcine, 5 kg de volaille et 9 kg d’insecte. Ainsi, produire de grosses quantités de protéines issues d’insectes nécessite moins de produits agricoles.

Maintien de la biodiversité Plusieurs études scientifiques ont permis de mettre en évidence des liens entre l’entomophagie et le maintien de la biodiversité. Au Malawi, la consommation et la récolte contrôlée d’une espèce de chenille ont permis la sauvegarde de leur arbre hôte et ainsi la préservation de la chenille. Même si les élevages d’insectes à des fins alimentaires ont tendance à se développer, une

grande majorité des espèces d’insectes consommées en Asie ou en Afrique provient de prélèvements en milieux naturels. Non contrôlés, ces prélèvements peuvent mettre en danger les espèces. L’élevage permet de réduire les prélèvements en milieu naturel par un approvisionnement fiable en insectes comestibles. L’élevage peut aussi réduire la pollution organique en recyclant les déchets agricoles et forestiers dans de l’alimentation de haute qualité.

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La Viande In Vitro, une utopie alimentaire ?

Manger de la

Viande Artificielle,

D'ici à 2050, la consommation mondiale de viande devrait doubler. Or, jusqu'à quel point peut-on développer un élevage intensif, gourmand en eau et en énergie, producteur de gaz à effet de serre et sans égard pour la souffrance des animaux ?

industrielle Menée auprès de scientifiques, d'ingénieurs, d'éleveurs, d'un responsable e 17 avril 2013, une équipe du d'association de défense chercheur animaux et de "La demande en viande va doubler dans les des néerlandais Mark quarante ans qui viennent. Aujourd’hui, consommateurs, cet Post créait le premier nous utilisons 70% de nos capacités article offre un tour hamburger à base de agricoles pour la production de viande. On d'horizon des recherches viande in vitro à comprend bien pourquoi il nous faut trouver autour de la viande et de partir de cellules des alternatives", avait souligné Mark Post, ses alternatives souches de vache et scientifique néerlandais de l'université de Maastricht à l'origine de cette expérience. présenté à Londres. Il a fallu six semaines et 250.000 euros à son créateur pour le mettre au point à partir de 20.000 minuscules tranches de viande cultivées en laboratoire. Ce coût pourrait évidemment baisser en développant cette fabrication à l'échelle

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Cellules Souches à la viande consommable

Le pavé de 140 grammes est élaboré en accumulant des milliers de fines lamelles de tissu musculaire produites in vitro, explique l'Independent. L'homme derrière cet événement médiatique est le biologiste néerlandais Mark Post, de l'université de Maastricht. Ce physicien de formation s'inspire de techniques connues et utilisées depuis des années pour reconstruire en laboratoire des organes ou des tissus humains en vue de greffes. Mark Post et son équipe ne sont pas les seuls dans le monde à explorer la voie de la viande synthétique. Les chercheurs hollandais et américains mettent en avant l'intérêt d'une méthode qui se substituerait à l'élevage traditionnel, dont on sait qu'il requiert énormément d'eau, d'espace, de végétaux et dégage beaucoup de CO2, pour un faible rendement en protéines. Pour le professeur Post, l'enjeu premier est d'apporter une réponse à une crise alimentaire jugée inévitable. La FAO, organe des Nations Unies dédié aux problématiques de sécurité alimentaire, estime que la consommation de viande augmentera de 70% au cours des 40 prochaines années, suivant le mouvement de la courbe démographique mondiale. Les méthodes de production actuelles ne permettront pas de répondre à cette demande exponentielle,

70% des surfaces agricoles mondiales étant déjà utilisées pour élever du bétail. Autre avantage invoqué par l'équipe de scientifiques: la culture de viande in vitro nécessite très peu d'animaux (une seule vache permettrait de produire 175 millions de steaks). En limitant la déforestation à visée agricole et les émissions de gaz à effet de serre causées par les bovins, elle réduirait les impacts environnementaux désastreux de la culture intensive de bétail.

Dans un document publié pour l’occasion (Background information, cultured meat), quelques chiffres étaient proposés, impressionnants. Par rapport à l’élevage animal, la production de viande artificielle réduirait : les besoins en énergie de 45 % ; les émissions de gaz à effet de serre de 96 % ; les superficies nécessaires de 99 %

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Certains tissus vivants comme le sang ou les os contiennent des « cellules souches », des cellules capables de se régénérer. Les muscles contiennent également de telles cellules, baptisées « myoblastes ». Dans les années 1990, ces dernières étaient au cœur des recherches pour traiter les patients atteints de maladies musculaires. En leur transférant les myoblastes d’un donneur compatible, un muscle sain se reconstituait. Mais la technique était lourde, comparable à une greffe. Et face à son manque d’efficacité, elle a fini par être abandonnée.

Cependant, à l’université de Maastricht, aux Pays-Bas, des chercheurs ont eu l’idée d’utiliser ces mêmes myoblastes afin d’obtenir directement du muscle, autrement dit de la « viande in vitro » ou encore de la « viande artificielle » Prélevés sur un animal mort ou vivant (par biopsie*), des extraits de tissu musculaire sont fractionnés, puis placés dans des boîtes de Pétri et recouverts de collagène. Leur milieu nutritif – en l’occurrence du sérum de cheval – est enrichi en facteurs de croissance, en nutriments énergétiques, en acides aminés, en hormones ainsi qu’en antibiotiques et en antifongiques afin d’éviter toute contamination "Les cellules souches ont l'avantage de se reproduire très facilement, en très grande quantité, et d'évoluer de manière autonome en tissu musculaire" , explique Mark Post .*Biopsie : Une biopsie est le prélèvement d'une très petite partie d'un organe ou d'un tissu pour effectuer des examens

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Hormones et produits de croissance Après une semaine d’incubation, les cellules souches se multiplient puis finissent par fusionner. Des dispositifs d’élongation leur permettent de se contracter et de se relâcher afin d’acquérir des caractéristiques similaires à celles des fibres naturelles A l'issue du processus, les cellules deviennent de minuscules tranches de viande qui, une fois assemblées, forment un steak d'aspect tout à fait ordinaire. « Dans 20 ans, on pourra avoir dans nos supermarchés deux produits ayant exactement le même goût et la même apparence. L’un provenant de la vache qui comportera une écotaxe et impliquera que des animaux aient été tués. L’autre venant du labo sans que personne n’ait eu à souffrir et potentiellement moins cher. D’un point de vue écologique et éthique, la technologie in vitro ne présente que des avantages », Mark Post.

Source d’un

Débat Alimentaire

La viande artificielle est à l’origine de nombreuses critiques La production de viande in vitro ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique. Jean-François Hocquette, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique (Inra), explique pourquoi ce procédé maîtrisé de longue date ne connaît qu'un engouement limité . En revanche, certains s’opposent fermement à ces steaks in vitro, qui voient dans ces solutions une nouvelle menace pour les petits éleveurs familiaux. Certains avancent aussi que cette viande « désincarnée» mettrait une distance plus grande encore entre le consommateur et le produit qu’il consomme.

Par ailleurs, à supposer que le défi technologique soit un jour relevé - Mark Post a annoncé une commercialisation d'ici 5 à 10 ans - le succès de ces produits auprès des consommateurs n'est pas acquis, notamment parce que la viande synthétique cumule deux handicaps. D'abord, elle est artificielle. «Or les consommateurs européens ont déjà du mal avec les OGM. Alors que dire si on leur propose de la viande artificielle élevée aux hormones et au sérum fœtal de veau, un produit que l'on connaît mal», explique-t-il.

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Mais la culture de viande in vitro se situe presque aux antipodes du procédé employé pour produire des organismes génétiquement modifiés (OGM). En effet, la production d'OGM consiste à modifier volontairement le patrimoine génétique d'un organisme vivant, en insérant un ou plusieurs nouveaux gènes dans son génome. A l'inverse, la production de viande à partir de cellules souches n'implique aucune modification génétique. Les cellules se développent simplement hors de l'organisme dont elles sont issues.

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Par ailleurs, nul ne connaît pour l'instant la valeur gustative de ce steak à 290.000 euros. En effet, la matière produite en laboratoire et qui sera servie à Londres est «du muscle, pas de la viande», rappelle Jean-Français Hocquette, directeur des recherhs de l’INRA. «La viande résulte d'un processus particulier: quand on abat un animal, la chair prend une rigidité cadavérique puis le pH évolue naturellement, déclenchant l'action d'enzymes qui attendrissent la viande». En outre, le muscle qui finira dans notre assiette ne contient en réalité pas uniquement des cellules musculaires. On y trouve également des nerfs, du collagène et du gras, à l'intérieur et à l'extérieur. Autant d'éléments qui ont un impact certain sur le goût et expliquent la différence des saveurs entre la bavette, l'entrecôte et le rôti de bœuf.

Enfin, l'argument principal de Mark Post, à savoir le gain écologique d'une production de viande en laboratoire, bien que documenté dans des études scientifiques, laisse l'expert de l'Inra dubitatif. «Les laboratoires géants nécessaires à la production industrielle vont nécessiter de l'eau, et des énergies fossiles pour les faire fonctionner», rappelle-t-il. Selon lui, une meilleure solution pour réduire l'impact environnemental de l'élevage consisterait à diminuer la consommation de viande dans les pays développés, où elle est élevée, en la remplaçant par des protéines végétales.

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