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DESIGN À L’ÉLYSÉE
from Sdafgt
by elloco2019
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1. L’escalier d’honneur, pierres de liais et rampes aux barreaux en forme de palmes, se pare de l’œuvre-tapis « Odyssée » de Nathalie Junod-Ponsard, invitant le visiteur à suivre la trajectoire des variations chromatiques, réalisé par le Mobilier national. 2. Sous la Vue du château de Benrath, 1807, d’Alexandre-Hyacinthe Dunouy et de Carle Vernet, « Psychose », console d’Hervé Van der Straeten, matériaux composites laqués, 2008.
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DEPUIS DES DÉCENNIES LE DESIGN SE FAISAIT DISCRET À L’ÉLYSÉE. ENTRÉ PAR LES APPARTEMENTS PRIVÉS DES POMPIDOU PUIS DANS LES SALONS, INVITÉ DANS LE BUREAU PRÉSIDENTIEL PAR FRANÇOIS MITTERRAND, AVEC LE MOBILIER DE PIERRE PAULIN, IL REVIENT EN FORMES NOUVELLES. AINSI DÉPLOYÉ, ART ET CRÉATION S’INVITENT À TOUS LES ÉTAGES. PAR Virginie Bertrand
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1. Le Salon des ambassadeurs, dédié au Conseil des ministres se prête aussi, depuis 2017, à des déjeuners ou à des dîners en cercle restreint avec le président de la République. Nouvel invité, le tapis de Frédéric Ruyant, 2021. 2. Voiles-Assemblages de Pierre Bonnefille, application de bandes peintes, appliquées par l’atelier de tapisserie du Mobilier national. 3. « Brass », bureau de Valentin Loellmann, en bois brûlé et laiton. 4. Future table du Conseil des ministres réalisée par l’Atelier de Recherche ARC du Mobilier national. 5. « Bleu Élysée », service de table de l’artiste Evariste Richer, Manufacture Nationale de Sèvres. 6. « Une fenêtre au sol », tapis d’André-Pierre Arnal.
s’ancrer dans le présent s’arrêter un instant se recentrer s’épanouir être unis
Le bureau du président de la République. « Compositions Claire et Foncée », les tapis de Victor Vasarely renouvellent le regard porté sur les peintures de Jean-Louis Godon. Le mobilier actuel se compose de « K », bureau de Thierry Lemaire, en chêne, cuir et cuivre poli, d’« Ombres portées », lampes de Caroline Ziegler et Pierre Brichet, en cuivre, tôle d’acier et Plexiglas, de « Passion », fauteuils de Philippe Starck, en cuir matelassé, et d’« Ico », fauteuils d’Ora-ïto, en frêne et cuir. À l’arrière, « Colonne double », consoles d’Éric Schmitt, en bronze, « Élancée », lampes d’Hervé Van der Straeten, en bronze patiné. Devant, « Kami » , salon de Patrick Jouin, en cuir, et « Basic » , table basse de Toni Grilo, en acier, laiton et marbre.
« Depuis 2017, le design est là et n’a jamais été aussi présent ». Le président Emmanuel Macron souligne dans son discours, le 20 janvier 2022, à l’occasion des prix French Design le rôle crucial de la création contemporaine. « Depuis ce mandat, nous nous sommes engagés à redéployer tout ce qui correspond à cet esprit français qui rayonne au monde. Le Mobilier national, la tête de pont, avec les manufactures et les écoles qui y sont associées, doit retrouver ce pourquoi il a été créé : la capacité à passer des commandes, à promouvoir des artistes, à inventer ». Chose dite et faite. L’œuvre-tapis de Nathalie Junod Pansard s’étend sur l’escalier d’honneur, après quatre ans de recherche entre l’artiste et les ateliers Pinton d’Aubusson. « L’escalier Murat devient le sujet d’un déplacement durant lequel la montée et la descente sont accompagnées d’une énergie particulière produite visuellement par des passages entre chromatiques choisies », précise l’artiste. Un clin d’œil au parti pris pompidolien de la modernité, rappelé dans le livre Résidences Présidentielles, « qui apporte une respiration attendue au palais du gaullisme. La métamorphose débute à l’étage de manière expérimentale. L’art cinétique triomphe, invitation à cligner des yeux, à rafraîchir son regard : chaque visiteur transforme l’espace qui change devant lui à chaque pas, à chaque instant. Message politique et philosophique », explique Adrien Goetz, l’auteur. Il ajoute « L’Élysée, pour la première fois peut-être depuis Madame de Pompadour et l’épisode Auriol, est le laboratoire d’un style qui se confond avec ce que l’époque à de plus audacieux ». La future table du Conseil des ministres semble sortie d’un monde virtuel. Allure de vaisseau spatial, elle est le fruit de l’imagination de quatre étudiants, lauréats d’un concours organisé par le Mobilier national. Étienne Bordes, Misia Moreau, Lucille Poous et Julien Roos l’ont pensé en fibre de verre, démontable. Car dans ce Salon des ambassadeurs, se déroulent aussi des déjeuners d’exception autour du service d’Evariste Richer. Derniers arrivés, sur le palier des Huissiers, les « voiles-assemblages » de Pierre Bonnefille, les paysages peints à la main, surdorés à la feuille d’or, répondent au laiton doré du bureau de Valentin Loellmann. Le Mobilier national, grand gardien du mobilier des lieux de pouvoir depuis Louis XIV – à l’époque, Garde-meuble de la Couronne – renoue avec la commande des pièces in situ et sa vocation de décoration. « Le palais de l’Élysée sert d’écrin pour la création contemporaine et de vitrine à l’excellence des savoir-faire français. Par sa volonté de cohérence esthétique et fonctionnelle, le Mobilier national renoue avec la tradition française d’ensemblier en matière d’aménagement des pièces à vivre », souligne Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national. Au-delà de son rôle de conservation et de restauration des chefs-d’œuvre des siècles passés, le Mobilier national initie, avec son Atelier de recherche et de création, ARC, ceux de demain. Chaque année, ses collections s’enrichissent par l’acquisition de nouvelles pièces, cinquante-trois en 2021. « Les plus grands trésors d’un goût français sont en perpétuelle réinvention, du XVIIIe à nos jours », le dernier mot à Adrien Goetz, membre de l’Institut, élu à l’Académie des BeauxArts. Résidences présidentielles d’Adrien Goetz, photos d’Ambroise Tézenas, 320 p., 65 €, éditions Flammarion.
PALAIS DE L’ÉLYSÉE
— Visite lors des Journées du Patrimoine en septembre ou sur le site visite.elysee.fr