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RENDEZ-VOUS CHEZ

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ÉVÉNEMENT

ÉVÉNEMENT

Lonesome singer

Dans l’appartement de Jérôme Darblay, l’art tient une grande place. Derrière lui, une œuvre de l’Autrichien Alfred Haberpointner qui signe aussi la tête de bois sur la sellette. Console en frêne naturel et calciné dessinée par Jérôme Darblay pour la première boutique du Prince Jardinier à Paris dans les années 90.

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JÉRÔME DARBLAY

Composer en paix

C’EST DANS UNE ARCHITECTURE D’ACIER ET DE BOIS AUSSI ESTHÈTIQUE QUE SPECTACULAIRE QUE LE MUSICIEN JÉRÔME DARBLAY, UNE VIE ANTÉRIEURE PASSÉE DANS LA DÉCORATION, ÉCRIT ET JOUE. RENCONTRE.

« Je cherchais un endroit atypique », raconte Jérôme Darblay, qui a travaillé un temps dans l’univers de la décoration. Aussi est-il immédiatement séduit par cet appartement aux murs d’acier et aux panneaux de bois ajourés, perché au dernier étage d’un ancien hôtel particulier XIXe à deux pas du canal Saint-Martin. Depuis quelques mois, dans ce duplex spectaculaire, il compose, écrit, joue, inspiré par ce lieu dont l’architecture puise dans la Maison de Verre réalisée par l’architecte décorateur Pierre Chareau entre 1928 et 1931, célébrant le mariage de l’acier, du bois et du verre. u

Arty choc

Murs d’acier et panneaux de bois ajourés habillent le salon, une architecture intérieure inspirée de la Maison de Verre de Pierre Chareau, construite dans les années 30. Les œuvres – de gauche à droite, un panoramique organique du Pakistanais Imran Qureshi, une main du Camerounais Barthélémy Toguo et deux tableaux de Gérard Garouste – semblent avoir été réalisées in situ. En écho aux courbes du décor, Jérôme Darblay a habillé le plafond d’un grand disque taupe. Canapé (Am.Pm). Tables gigognes “Tarifa” en métal (Atmooz). Paire de lampes années 20 chinées.

« C’est l’ancien propriétaire, un ex-publicitaire esthète, qui a tout imaginé, raconte Jérôme Darblay. J’ai été sensible à l’audace de ces parois en acier canon de fusil, à la présence des lattes de bois espacées qui ouvrent l’espace, aux miroirs instigateurs de jeux de lumière, à cette chambre telle une alcôve d’acier offrant, du lit, une vue céleste et, l’été, les derniers rayons du soleil rasant l’oreiller. » Ainsi touche-t-il peu à l’aménagement de l’espace, déplaçant juste quelques panneaux de bois et ôtant les grilles d’acier aux plafonds. Le foisonnement des courbes le conquiert également : « En architecture, elles sont rares, les angles sont privilégiés car moins onéreux. Pourtant, elles apportent une véritable douceur. » u

Bulle d’acier

Alors que la paroi en acier séparant la salle à manger de la cuisine est décorée d’une œuvre du photographe carcassonnais Louis Jammes, “El niños de Vallecas” (jeune gitane de Madrid, 1991), et de portraits en noir et blanc de Paolo Roversi, le mythique escalier hélicoïdal en aluminium imaginé par Roger Tallon dans les années 60 s’envole vers la chambre. Posé au sol, un tableau de Bruno Dufourmantelle.

Classique vs contemporain

La salle à manger accueille une table et des chaises de famille, chahutées par le buste sculpté en marbre de Carrare de l’Irlandais Kevin Francis Gray et une étude de corps à l’encre du sculpteur britannique Antony Gormley. Le mur du fond couvert de miroirs reflète la lumière ambiante

Perspectives et illusions

Le passage en demi-lune vers le salon fait écho à l’anamorphose (un procédé artistique consistant à créer une œuvre qui ne se révèle qu’à partir d’un certain axe de vue) de l’artiste Georges Rousse placée au-dessus du canapé style Napoléon III. A gauche, œuvre de Gérard Garouste.

Heavy metal

Une hauteur qui compte double dans le bureau-bibliothèque XXL pensé comme un cocon de bois ajouré. Dans la partie supérieure, visible à travers les grilles façon résille de fer,l’espace dressing prolonge la chambre. Au fond, une porte pivotante habillée de miroirs de pied en cap dissimule un grand placard et reflète le bureau en verre placé sur des tréteaux années 90 (Habitat) et la chaise d’esprit colonial en bois de cocotier. Partout, l’espace est démultiplié.

L’homme parle en connaisseur, lui qui, après des années à officier comme photographe de décoration pour les plus grands magazines et des best-sellers comme “L’Art de vivre à Venise”(1) ou “Maisons de famille en bord de mer”(2), s’oriente à la fin des années 90 vers la construction de maisons en bois façon Martha’s Vineyard (île de l’Etat du Massachusetts aux Etats-Unis, villégiature d’été de nombreux people).

Dans son repaire, les arrondis se retrouvent dans la découpe de nombreux panneaux, se prolongent jusqu’au plafond du salon où le musicien a fait peindre un grand disque couleur taupe, et résonnent avec les œuvres collectionnées au fil du temps : le tableau d’Alfred Haberpointner évoquant une force centrifuge, ou encore une anamorphose de Georges Rousse, un cercle noir se formant en son centre. u

« Ces éléments conjugués rendent ce lieu parfaitement adapté à la pratique de la musique », se félicite Jérôme Darblay, guitariste amateur depuis toujours mais qui s’y plonge plus sérieusement en 2018. Cette année-là, il démarre sa nouvelle vie, écrit une trentaine de chansons et rassemble musiciens et choristes pour produire un premier album. Entre pop-rock et chanson française, “Why not” sort fin 2019, suivi de “Etats d’âme” quelques mois plus tard. Quand musique, art et architecture se mêlent, la création culmine ! QRens. p. 184.

(1) Par Frédéric Vitoux, éd Flammarion, 1998. (2) Par Alexandra Arnoux, éd. du Chêne, 1997.

Odyssée de l’espace

La chambre, une capsule-cocon recouverte d’acier du sol au plafond, accueille un lit avec vue sur les toits de Paris et le ciel. Au fond, un dressing sur mesure accueille la collection de vestes du propriétaire. Draps en lin (Compagnie française de l’Orient et de la Chine). Sol en acier.

Bain métallisé

Surprise du chef ! Derrière la paroi en acier faisant office de tête de lit se niche une salle de bains aux accents futuristes. Meuble vasque sur mesure en aluminium laqué noir. Le sol en Inox est légèrement incliné pour que l’eau puisse s’écouler derrière le banc en acacia. Robinetterie et douche (Volevatch).

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