SINGAPOUR – La Cité dans un Jardin

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SINGAPour NOV 2014 JAN 2015

Le Magazine 100% Red Dot du lepetitjournal.com



© NParks

Edito

De la « cité-jardin » à la « cité dans un jardin »

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lissement subtil d’une formule vers une autre. agréables à vivre. D’où notre envie de revenir sur les La première est de Lee Kuan Yew, la seconde de grandes réussites de la cité-Etat, à travers ses réalisations Lee Hsien Loong en 2011. Dans les deux cas, les architecturales récentes et son concept d’urbanisme duformules font rêver. Il y a, dans la juxtaposition des mots rable. Envie également de comprendre les difficultés et Cité et Jardin, un je ne sais quoi d’Alphonse Allais qui les contradictions auxquelles la cité-Etat doit faire face, titille l’imagination. qu’il s’agisse de son patrimoine ou Qu’est-ce qu’une ville agréable des modes de vie qu’elle propose « Dessiner une route à Singapour, à vivre ? C’est, indique Lee Hsien à ses citoyens et aux différentes c’est dessiner un jardin » Loong « un endroit où les gens communautés. peuvent vivre, travailler, jouer et se Ce deuxième numéro de Didier Repellin nourrir l’esprit. Vivre bien, ce sont de SINGAPOUR, consacré à l’archibons logements, de bons voisinages, tecture et l’urbanisme, est conçu des rues et un environnement orgacomme une promenade. Il propose nisés et sûrs. Travailler, ce sont des emplois, des opporune juxtaposition de regards dont nous espérons qu’ils tunités, de la croissance économique. Jouer, c’est un ouvriront d’autres perspectives et offriront de nouvelles environnement vert, des opportunités de loisirs, culture raisons d’apprécier la ville. n et nourriture de l’esprit ». Comme souvent, Singapour se présente sur ce terrain comme l’équivalent d’un premier de la classe, seulement L’équipe de lepetitjournal.com/singapour dépassée par Copenhague dans le classement des villes www.lepetitjournal.com/singapour NOVEMBRE 2014 - JANVIER 2015

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Numéro 2

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Sommaire

« I am calculating in terms of the next generation; in terms of the next 100 years; in terms of eternity; and believe you me, for the next thousand years, we will be here. »

© NParks

Lee Kuan Yew - 1965

8 / Singapour, la cité dans un jardin

3 Edito 6 Fil Rouge © Marien Guillé

Les évènements marquants des derniers mois dans lepetitjournal.com de Singapour

© Jeremy San Tzer Ning

31 / Singapour Autrement

38 / Les Français à Singapour

MCI (P) 120/04/2014 Editeur Fil Rouge Pte. Ltd / Directeurs de la publication Bertrand Fouquoire, Elodie Imbert, Christine Leleux / Rédacteur en chef Bertrand Fouquoire / Rédaction Raphaëlle Choël, Bertrand Fouquoire, Marien Guillé, Marlène Maes, Agnès Noël, Nathalie Swyngedauw / Agenda Nathalie Swyngedauw / Conception Elodie Imbert / Publicité Elodie Imbert, Christine Leleux / Impression IPrint Express

Photos couverture de gauche à droite : Gualtiero Botti, Olivier Meerson, Carole Caliman, NParks Remerciements spéciaux à Carole Caliman et au National Parks Board pour leurs illustrations

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Dossier Architecture et Urbanisme

31 Singapour Autrement

31 • Singapour, dans la peau d’un backpacker 35 • Le charme discret des petits quartiers

38 Les Français à Singapour

38 • Yann Follain, le plus singapourien des architectes français 42 • Dragages Singapore De l’hôtel Fullerton au Sports Hub

44 Agenda, nos coups de coeur Evènements à ne pas manquer

46 Escapade Gourmande Cuisine d’ici et d’ailleurs

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Fil Rouge

© StraitsTimes

Les Singapouriens d’abord ! Naissance d’un parti nationaliste à Singapour. Au moment où, en France, les élections européennes sont marquées par une poussée du Front National, un parti au nom évocateur – Singaporean First – débarque dans le paysage politique. Le thème des « Singapouriens d’abord » n’est pas nouveau. Lors des élections de 2011, déjà, s’était exprimée l’exaspération d’une

partie de la population vis-à-vis des étrangers. Pourtant, c’est la première fois qu’un parti se construit autour de cette seule thématique. Le chef du nouveau parti, Tan Jee Say, est un ancien candidat à l’élection présidentielle et ancien chef de cabinet de Goh Chok Tong.

© Portek.com

Singapour mise sur l’Afrique L’intérêt de Singapour pour l’Afrique ne cesse de croître. La relation entre le petit Red Dot et le continent africain a son forum d’affaires : le Forum d’Affaires Afrique-Singapour s’est déroulé les 27 et 28 août. Les échanges commerciaux entre la cité-Etat et le continent africain augmentent depuis 5 ans à un rythme annuel de 11,7 % pour atteindre 11,1

milliards US$ en 2013. Singapour cherche à attirer les entreprises africaines intéressées par le marché asiatique. Elle investit fortement en Afrique et y exporte ses compétences, notamment dans la logistique et l’e-gouvernement.

© Carole Caliman

Urbanisme 3D à la française Le nouveau système de modélisation du HDB dans le domaine de l’urbanisme est 100 % français. Il est le fruit d’un partenariat engagé en 2012 avec trois entreprises françaises : EDF, VEOLIA Environnement et Dassault Systems (pour la visualisation 3D). Le système 3D doit permettre de concevoir les prochaines étapes de la plani-

fication urbaine de Singapour en prenant en compte le maximum de paramètres ; particulièrement ceux liés à l’environnement et au développement durable. Il devrait être opérationnel à la fin de l’année 2014.

© Bertrand Fouquoire

Agitation chez les artistes

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La Media Development Authority abandonne son projet d’auto-classification des spectacles. La consultation publique lancée en mai avait suscité une réaction véhémente de 48 Arts Companies. Au cœur de la polémique, un système aboutissant de facto à une autocensure. La décision de la MDA apaise les esprits, d’autant plus que l’affaire a permis d’engager un dialogue constructif

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avec les compagnies de théâtre. Mais elle ne donne pas satisfaction sur la suppression de la classification « Not Allowed for All Ratings », qui équivaut à une interdiction au grand public. Celle-ci vient d’être attribuée au film de Tan Pin Pin « To Singapore with Love », film historique dans lequel les témoignages ont été jugés faussés et de nature à mettre en danger la sécurité nationale.


© Carole Caliman

Singapour, ses pionniers, leur package A l’aube de sa 50ème année, Singapour rend hommage à ses pionniers avec un package spécial sous forme de primes et de rabais permettant aux Singapouriens âgés de prendre soin de leur santé. Le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, en profite pour rappeler les deux piliers d’un mieux-être partagé : croissance et solidarité. Il dessine de nouvelles

opportunités de mobilité sociale par la formation tout au long de la vie, engageant le dialogue avec les futurs retraités. Il s’inquiète encore de la meilleure manière pour chacun de financer sa retraite à travers le CPF et l’investissement dans son logement et donne des conseils avisés sur les meilleurs arbitrages à réaliser.

Objet Sportif Identifié Inauguration en juin du Sports Hub. Le nouvel ensemble est remarquable par ses dimensions, mais aussi par son esthétique et son intégration dans l’espace urbain. Conçu pour le sport de haut niveau autant que pour le sport en famille, il est ouvert à tous, 365 jours par an. La construction du Sports Hub a représenté un budget global de 1,33 milliards S$, financé dans le cadre d’un parte-

nariat public-privé original, dans lequel Dragages Singapour, filiale du groupe Bouygues, est partenaire à hauteur de 11 %. Le CEO de Singapore Sports Hub Pte Ltd est un Français, Philippe Collin Delavaud, qui dirigeait précédemment le Stade de France.

© NParks

Le sport en allant travailler Et si un peu d’exercice quotidien pouvait résoudre en même temps les problèmes de transport et ceux de la santé ? La Land Transport Authority (LTA) fait les yeux doux aux entreprises pour qu’elles mettent en place horaires flexibles et infrastructures, telles que douches et garages à vélo, favorisant la marche et le vélo. En point de mire, la possibilité pour

les salariés de faire un peu d’exercice et, si l’employeur organise bien les choses, de prendre un petit-déjeuner « en famille » avec leurs collègues sportifs, peu avant qu’arrivent les autres… Usagers de transports en commun forcément moins bondés, puisque les premiers sont venus à pied.

© Tnp.sg

Jeux Olympiques Jamais l’hymne national de Singapour – « Majullah Singapura » – n’avait été joué dans une enceinte olympique. Bernie Chin et Samantha Yom, 15 ans tous les deux, victorieux dans les épreuves de voile (catégorie BYTE) aux Jeux Olympiques de la jeunesse, l’ont fait résonner deux fois le même jour, à Nankin. Une pre-

mière historique qui a suscité un fort moment d’émotion au sein de la délégation. Une préfiguration des ambitions de Singapour aux JO dans ses domaines de spécialité : le tir, la natation, la voile et le tennis de table. Bernie Chin est actuellement étudiant à Raffles Institution et Samantha Yom à Raffles Girls’ school.

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Dossier

Architecture La Cité dans un Jardin

Pour une cité-Etat dont la population de 5,3 millions d’habitants se partage un territoire de 714 km2, l’ambition de bâtir une cité dans un jardin relève d’un incroyable défi. Et pourtant, dès l’arrivée à Changi, la première impression du visiteur est un sentiment d’espace et de verdure. 8|

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© NatParks

et Urbanisme L

e visiteur avait en tête une ville toute en hauteur, les gratteciels serrés les uns contre les autres, à la manière de Hong Kong. Il découvre des routes larges, bordées d’arbres et de fleurs, une variété architecturale où alternent immeubles élevés et zones où l’habitat reste, sinon traditionnel, à dimension humaine et dans des formes variées. Qu’il lève la tête, il découvre, sauf les jours de haze, un ciel d’azur. La circulation est fluide. Le paysage défile. Il contemple les HDB et, entre les barres d’immeubles, des trouées de verdure. S’il est passé par East Coast, il longe les parcs en bord de mer, traverse Geylang et ses shophouses,

laisse sur sa gauche le gigantesque Sports Hub et débouche finalement sur l’Esplanade, le Fullerton, Marina Bay Sands et la skyline du Financial District… Le visiteur a raison d’être étonné, Singapour a relevé avec succès un double défi étonnant : faire partie à la fois des villes les plus denses, et de celles qui offrent, globalement, la meilleure qualité de vie.

les premières heures, en 1965, de la jeune république devenue indépendante, l’urbanisme a été au cœur de sa « stratégie intégrée » d’une cité propre, intègre, attractive, branchée, attentive à sa croissance et à la qualité de vie de ses habitants. Singapour a fait de l’urbanisme un domaine d’excellence, dont elle exporte désormais le savoir-faire à l’étranger, notamment en Chine et en Afrique.

Mariage de l’agrément et de la densité ? La formule paraissait illusoire, tant les deux éléments sont contradictoires. Le paradoxe a finalement eu l’effet d’un puissant stimulant. Dès

On aime ou on n’aime pas Orchard road Bien sûr, le modèle a ses défauts. On aime ou on n’aime pas Orchard road et ses centres commerciaux pressés les uns contre les autres. Dans

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© Bertrand Fouquoire

le gigantesque jeu de domino des territoires remembrés, on peut aussi regretter que certaines communautés aient perdu des espaces où elles avaient l’habitude de se retrouver, à l’instar de la communauté philippine concentrée désormais autour de Lucky Plaza, et que d’autres se voient assigner des accès contrôlés, comme c’est le cas des travailleurs étrangers à Little India. On peut déplorer le tout voiture et la difficulté de circuler à vélo, le parti pris de détruire l’ancien, y compris les cimetières, pour reconstruire plus moderne avec davantage de densité, ou encore le poids des réglementations et le souci de rentabiliser au maximum chaque centimètre carré.

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Dossier

Le génie de la planification Une visite à l’URA (Urban Redevelopment Authority), et à sa gigantesque maquette de la ville, suffit à donner une idée du génie de Singapour dans le domaine de la planification. Sitôt l’indépendance acquise, la jeune république s’est attelée à une tâche immense : transformer une cité dont la rivière était un égout, les rues envahies par les marchands de toutes sortes, les habitations surpeuplées… en un pays de propriétaires, propre et net, respectueux de la nature et tirant le meilleur parti des rares ressources naturelles disponibles : la pluie, la mer et le soleil. D’emblée, la vision de la ville intègre les préoccupations liées à l’environnement, à la santé 10 |

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© Bertrand Fouquoire

Intelligente, Singapour l’est parfois trop Ce qui fait la force de Singapour est aussi l’une de ses fragilités. Intelligente, Singapour l’est parfois trop quand les lieux, l’architecture, les infrastructures qu’elle a planifiés et créés, elle veut encore les animer au quotidien, ajouter le « software » au « hardware », créer de l’activité, au lieu de laisser faire les choses avec un peu de spontanéité.

A Singapour, même les HDB sont arborés et fleuris. Les jardins communautaires, d’agrément ou potagers, s’installent au coeur des résidences. A Punggol Breeze, même les vêtements qui sèchent ont des airs de fleurs.

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Singapour indépendante, la superficie de la cité-Etat a ainsi augmenté de 20 %. Mais même ce coûteux et titanesque ouvrage, dont les exemples les plus éclatants sont les abords de Marina Bay Sands, Gardens by the Bay ou l’Esplanade, a ses limites. Aujourd’hui, Singapour est obligée d’envisager d’autres voies. Elle regarde désormais vers le haut mais aussi vers le bas. La vision d’un Singapour dans 50 ans, envisage ainsi largement des options telles que l’espace souterrain, notamment pour y développer des infrastructures de transport qui libéreront du terrain en surface.

publique et au développement social. Dans un article du magazine Focus, consacré aux « Smart Cities », Ng Lang, CEO de l’URA, soulignait l’ampleur des enjeux : « En tant que cité-Etat, Singapour doit non seulement se préoccuper des besoins à long terme de la ville, elle doit aussi prendre en compte les besoins de la nation en réservant des territoires pour l’entraînement militaire, l’approvisionnement, les réserves d’eau et l’énergie ». 20 % de territoire repris sur la mer En plus de la rareté des ressources, Singapour doit composer avec une contrainte majeure : l’exiguïté de son territoire. Pour assurer les conditions de sa croissance, la cité-Etat doit trouver de nouveaux terrains en les reprenant sur la mer. Depuis la création de la République de

© NatParks

© NatParks

© unep.org

20 % du territoire actuel de Singapour a été gagné sur la mer. De quoi créer aussi des lieux de détente : ici, les plages de East Coast et de Pasir Ris.

Singapour, la très smart city Intégrée, la démarche prend en compte toutes les composantes de la vie dans la cité – l’environnement, le social, la démographie, la culture, l’art de vivre, l’économique, la mobilité… Optimisée, elle fait appel aux nouvelles technologies pour réguler les flux ou économiser les ressources. Décloisonnée, elle envisage le système dans son ensemble et s’attache par exemple à réduire les besoins de mobilité en développant des clusters qui rapprocheront les habitants du lieu de leurs activités professionnelles. Enfin, compte tenu des tendances, Singapour est tenue d’anticiper non seulement la forte augmentation mais aussi le vieillissement de sa population. n Bertrand Fouquoire

« Toutes les solutions ne peuvent venir de la planification. Encore faut-il que la communauté joue son rôle à travers la manière dont les gens vivent et conduisent leurs activités quotidiennes. » NG Lang, CEO de l’URA

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Dossier

D idier Repellin Les quartiers anciens sont la « touche humaine des villes »

© Elodie Imbert

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© Agence AEC

« Entre la chaleur, l’humidité et la chaux, Singapour a tous les ingrédients pour que cela pousse. »

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rand témoin de la transformation du regard que Singapour porte à son patrimoine, l’architecte français Didier Repellin a été lui-même l’artisan de la restauration de bâtiments majeurs tels que Empress building et surtout Chijmes, lieu emblématique de la présence française à Singapour.

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uel regard portez-vous sur Singapour ? Je suis d’une manière générale très positif sur Singapour. L’urbanisme est un point fort de la cité-Etat. Ils ont compris le traitement de la végétation comme aucun autre pays. D’ailleurs, dessiner une rue à Singapour, c’est dessiner un jardin. Il suffit de regarder ne serait-ce que la route qui part de l’aéroport. Le climat aide, mais c’est aussi une question de culture. Singapour a la culture de la plante. Quand on considère, par exemple, la qualité de l’entretien du Jardin Botanique, alors que c’est un parc qui accueille chaque année 4,5 millions de visiteurs, on ne peut être qu’impressionné. Dans quel contexte avezvous été amené à travailler à Singapour ? C’est à travers Mme Pamelia Lee que j’ai eu l’occasion de venir à Singapour. Madame Lee, belle-sœur de Lee Kuan Yew, était responsable du Singapore Tourism Promotion Board (STB). A ce titre, dans un pays où le développement de la culture est historiquement lié au tourisme, elle a été une grande figure de la préservation du patrimoine. En 1986, Pamelia Lee a entrepris d’emmener un groupe de directeurs des ministères dans une mission


Dans quel état avez-vous

« Les édifices se lisent comme un livre. Mais il faut aussi apprendre à lire entre les lignes »

Avant Empress Building et Chijmes, vous avez démarré avec la rénovation d’une shophouse… Nous avons en effet commencé par la rénovation d’une shophouse dans Armenian street. J’ai fait venir de France des maîtres maçons et des sculpteurs qui ont travaillé avec des ouvriers de Singapour, organisant sur le terrain, et malgré les difficultés linguistiques, une forme de « crash course » dans le domaine de la rénovation d’une construction ancienne. La shophouse avait subi l’assaut de l’humidité et de la pluie. Une fois le toit en fibrociment enlevé, il a fallu changer les poutres. L’amiante a été remplacée par des tuiles. Les décorations et les chapiteaux ont été repris, révélant la finesse de leurs détails.

© Carole Caliman

© Carole Caliman

de découverte de ce qui se faisait dans le monde, dont une journée en France, et j’ai eu l’occasion de lui montrer le quartier du Vieux Lyon. A la fin de la journée, la question était : comment commence-ton ? Je lui ai répondu que la ville était un livre-architecture. Qu’on lui enlève le 1er chapitre et l’ensemble se tient beaucoup moins bien. Et ce n’est pas un livre ordinaire… C’est un roman, on attend toujours le chapitre suivant. Les édifices se lisent comme un livre mais il faut aussi apprendre à lire entre les lignes. Quand je l’ai retrouvée à Singapour, Mme Pamelia Lee m’a résumé le débat en deux phrases : « impossible n’est pas singapourien » et « nous voulons que les touristes étendent la durée de leur séjour à Singapour ». Elle m’a proposé, avec l’énergie qui la caractérise, de faire, en trois jours, le tour de Chinatown, Little India, Kampong Glam et même de toute une série de sites classés au patrimoine, puis de revenir avec un plan pour la conservation du patrimoine de Singapour.

trouvé Singapour à l’époque ? Singapour en 1986 était en plein boom économique. Il y avait déjà la tour de Pei. Celle de Kenzo Tangé n’était pas encore construite. Beaucoup de shophouses avaient été détruites. La végétation envahissait les bâtiments. Il y avait même des arbres qui poussaient au deuxième étage de certains immeubles. Il faut dire que la chaux est un terrain assez fertile pour la végétation. Entre la chaleur, l’humidité et la chaux, Singapour a tous les ingrédients pour que cela pousse. Pour autant, les bâtiments, dans l’ensemble, étaient assez sains. J’étais impressionné par la beauté des façades, par la qualité des détails et l’ornement des moulures… Cela témoignait d’un formidable savoir-faire artisanal.

Et ensuite ? En quelques années, il y a eu un retournement. On a réussi à démontrer que le patrimoine avait de la valeur. Les Singapouriens n’en avaient pas conscience, ils avaient besoin de modernité. Mais il faut replacer les choses dans leur contexte. La France, à une autre époque, a été confrontée à la même problématique. Le 1er secteur de Lyon n’a été sauvegardé que grâce à l’intervention de Malraux qui a fait voter une loi en 1962. Le maire du

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secteur voulait tout démolir. Il y avait une pression très forte motivée par le désir de favoriser les activités économiques et commerciales. Les sociologues eux-mêmes disaient que le quartier était invivable. C’est aujourd’hui le quartier le plus vivant de Lyon. On ne visite pas le quartier d’Affaires de la PartDieu. Cela n’intéresse personne. Les quartiers anciens sont la « touche humaine des villes ». A Singapour, j’ai admiré que ce soit le service qui avait été le plus impliqué dans les démolitions, qui devienne le service le plus actif dans la préservation du patrimoine.

Europe. C’est la longueur des poutres qui donne la mesure et détermine la largeur des habitations. A Empress Building, on est impressionné de voir à quel point le bâtiment d’origine était composé de grands volumes qui respiraient et où l’air circulait. C’était jusqu’à la généralisation de l’air conditionné et qu’on se mette à tout fermer. On est passé d’une vie naturelle à une vie artificielle.

Existe-t-il à Singapour un savoir faire capable de reproduire les techniques traditionnelles ? Les dons ne sont jamais perdus. Donnez-moi une équipe de jeunes Singapouriens et ils seront capables de refaire les Qu’est-ce que la manière de mêmes chapiteaux. La tradiconstruire traditionnelle peut tion s’est toujours transmise enseigner aux constructions du maître à l’apprenti. La récentes ? On peut dire que le patrimoine nécessité absolue pour que cette transmission se fasse, est un peu comme Monsieur ce sont les chantiers. Nous Jourdain faisant de la prose. avons profité des chantiers de Les anciens faisaient du restauradéveloption pour pement former sur durable « Seule la qualité est attractive ; la place des sans le médiocrité n’intéresse pas » ouvriers savoir. Le dans les patrimoine Les Dames de Saint-Maur techn’est pas niques un produit congelé, c’est un produit frais. de restauration. Le contact entre les ouvriers et les artisans Il y a dans les bâtiments un occidentaux, malgré la barrière peu anciens une compréhende la langue. D’ailleurs, j’ai sion de la ventilation, de la constaté que le « savoir-faire » protection contre la chaleur. Les matériaux étaient naturels. constitue entre les artisans un Les matériaux actuels sont des formidable outil de communication. Le passé apprend matériaux artificiels. L’archiénormément de choses. La tecture contemporaine est sauvegarde du patrimoine a d’une manière générale beauun impact social. En France, coup plus difficile à réadapter énormément de jeunes ont été au développement durable. sauvés par les chantiers. On La trame coloniale corresmet en valeur le don des doigts. pond à la trame médiévale en 14 |

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© Agence AEC

Dossier

Restauration au 53 Armenian street, en 1987 “ Il y a dans les bâtiments un peu anciens une compréhension de la ventilation, de la protection contre la chaleur. Les matériaux étaient naturels. ”

Qu’est-ce qui fait la valeur patrimoniale d’un bâtiment ? Ce ne sont pas seulement les critères esthétiques ou historiques. J’ai visité à Singapour d’anciens fours de cuisson de poterie. Le lieu a une très grande valeur du point de vue du savoir-faire et des techniques. Le patrimoine est une leçon de développement durable, de compréhension de l’énergie. Par exemple, le débordement des toits permet de protéger de la pluie. Le patrimoine est le témoin d’une touche humaine pleine de délicatesse et de sensibilité. C’est la dimension humaine du patrimoine, une sorte de 4ème dimension qui est un don, un message, qui se transmet de génération en génération. Il est accessible à tous. Tout le monde est capable de le ressentir. Les Dames de SaintMaur le disaient bien : « seule la qualité est attractive ; la médiocrité n’intéresse pas ». D’où la formule trouvée dans le couvent et que j’ai aussitôt reprise pour l’équipe travaillant sur la restauration de Chijmes : « Marche en ma présence et sois parfait ». n Propos recueillis par Bertrand Fouquoire



Dossier

© Facetsof

© NatParks

Jean Wee Renforcer le lien entre les Singapouriens et leur patrimoine

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ean Wee est Directrice de la Préservation des Sites et Monuments au National Heritage Board.

Dès 1971, Singapour a mis en place un bureau chargé d’identifier et de préserver les bâtiments et les lieux qui font partie du patrimoine national. La cité-Etat compte actuellement 66 monuments nationaux qui témoignent, à un titre ou un autre, de la contri16 |

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bution des communautés au développement de Singapour. En janvier 2014, Singapour a aussi officiellement soumis la candidature du Jardin Botanique sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La décision devrait intervenir en juin 2015.

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La cité-Etat compte actuellement 66 monuments nationaux, parmi lesquels le Jardin Botanique.

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uels enjeux le classement du Jardin Botanique sur la liste de l’Unesco représentet-il pour Singapour ? – L’enjeu n’est pas touristique, il s’agit plus d’un motif de fierté nationale qui permettrait de rappeler aux Singapouriens l’importance du jardin, et de renforcer le lien qu’ils entretiennent avec leur patrimoine. Ce qui fait l’impact mondial du Jardin Botanique, c’est le caoutchouc, dont les premières pousses, venant du Brésil, ont été testées, adaptées au jardin, avant d’être ensuite largement déployées dans le sud-est asiatique. C’est la dimension historique du Jardin Botanique qui est importante, plus que son côté « vert » qui témoignerait du concept de « cité dans un jardin ». C’est là, par exemple, que les premiers évènements


A partir de quel moment les bâtiments les plus récents rentrent-ils, potentiellement, dans ce qui est considéré comme un patrimoine pour

L’architecture

d’avant-garde du Singapore Conference Hall, avec sa canopée, était un exemple remarquable de l’architecture singapourienne dans les années 60. Les arbres à caoutchouc au Jardin Botanique. Henry ‘Rubber’ Ridley, directeur du jardin de1888 à 1911.

Singapour ? Le PSM s’intéresse aux bâtiments qui ont plus de 30 ans. Parmi ceux-là, un certain nombre ont été construits dans les années 70. Ces bâtiments sont intéressants parce que, venant après d’autres qui avaient été l’œuvre d’architectes étrangers, ils témoignent des efforts d’architectes singapouriens pour trouver leur propre style. Les Singapouriens n’aiment pas le style des bâtiments qui ont été construits à cette époque. Pourtant, il est important de leur faire comprendre qu’on ne peut faire disparaître de la ville une tranche entière d’Histoire dont il ne resterait rien. Le Singapore Conference Hall, qui abrite aujourd’hui le Singapore Chinese Orchestra, est un bon exemple des constructions de cette période. Sur le plan architectural, il est le résultat d’une compétition en 1961. Son architecture d’avant-

© HistorySG © Royal Botanic Gardens Kew

© 2.bp

Sur quels critères les monuments nationaux sontils identifiés et qu’est-ce que cela entraîne pour les lieux et bâtiments concernés ? Aujourd’hui, les critères ne sont pas seulement esthétiques mais surtout liés à la manière dont les sites rendent compte de l’histoire de la population de Singapour. Lorsqu’un bâtiment est classé monument national, nous transmettons au propriétaire un livret historique qui a été réalisé à partir des recherches effectuées par le PSM. Nous lui remettons également un dossier des dessins techniques qui précise les éléments à préserver et les contraintes particulières à prendre en compte dans le cadre d’une restauration. Des inspecteurs réalisent des tournées d’inspection tous les 6 mois. Mais la relation avec les propriétaires n’est pas une relation conflictuelle ou coercitive. Nous nous attachons au contraire à développer une véritable relation de coopération. Quand un propriétaire doit faire des travaux et qu’il n’a pas les moyens financiers de le faire, le PSM attribue des aides.

© 2004 Robert Steiner

interconfessionnels ont été organisés. C’est à tout cela que l’on essaye de sensibiliser le public avec l’exposition « More than a Garden » qui, après avoir été organisée dans le Jardin Botanique, tourne depuis le mois de mars dans les centres commerciaux de Singapour.

garde, avec sa canopée, était un exemple remarquable de l’architecture singapourienne dans les années 60. Sur le plan historique, il a été inauguré par Lee Kuan Yew et a accueilli pendant de longues années le siège du syndicat des travailleurs. Comme centre de conférence, il a été le théâtre d’un certain nombre d’évènements et conférences marquantes. C’est donc un lieu de mémoire important. n

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Propos recueillis par Bertrand Fouquoire

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Dossier

© Elodie Imbert

© Banana Republic Images

Du vert Dans le béton

© Carole Caliman

On retrouve des muraux aux thèmes divers sur les HDB et shophouses un peu partout à Singapour. Détails d’un HDB à Hougang Avenue 4 et d’une shophouse à Haji street.

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Singapour, construire « vert » résulte d’une double ambition : celle de concevoir des bâtiments sains, agréables à vivre, dont l’empreinte énergétique est aussi faible que possible ; celle aussi, plus esthétique ou plus « lifestyle », de maintenir, voire développer, de grandes poches de nature dans la ville. Fidèle à sa réputation d’excellence, la cité-Etat s’est fait une spécialité du « green building » et ambitionne de devenir un hub en matière de développement durable.


© URA © Carole Caliman

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Singapour, la verdure ne se niche pas seulement dans les forêts et les parcs. Elle est de plus en plus intimement liée aux constructions modernes dont les murs et les terrasses sont envahis par la végétation. Entre 1987 et 2007, période pendant laquelle la population a augmenté de 2 millions, le pourcentage de l’île couvert par les arbres, et la végétation loin de s’épuiser, a au contraire augmenté, passant de 36 % à 48 %. La clé de ce « petit miracle » : la végétalisation des bâtiments. Parmi les plus spectaculaires de ces AKA green buildings : le Pinnacle@ Duxton, l’hôtel Parkroyal on Pickering – non loin du Central Business District, aux magnifiques terrasses végétales –, l’Ecole d’art – du design et des médias à NTU (implantée au sein d’une université eco-friendly) à l’impressionnant couvre-chef végétal. Sans oublier le Newton Suites et ses jardins suspendus – œuvre du cabinet d’architectes WOHA –, l’immeuble Solaris (construit par Ken Yeang), voire un certain nombre de malls, qui, à l’instar de 313@Somerset et son jardin au 8ème étage, font la part belle à la végétation dans leur design extérieur et intérieur. Au 158

L’architecte malaisien Ken Yeang est mondialement connu pour ses projets ‘green’, dont le National Library of Singapore, cicontre. Dessin de l’URA présentant la distribution des espaces verts telle que prévue dans le Masterplan 2014

Cecil street s’élève un immense mur végétal sur 6 étages, des sols en verre assurant la continuité visuelle de l’espace végétal vertical. Au Khoo Teck Puat Hospital, la végétalisation a même une ambition curative : l’espace intérieur, entre les bâtiments, abrite un écosystème complet qui offre aux patients un cadre stimulant au contact de la nature, où l’on suit attentivement l’augmentation des espèces de papillons et d’oiseaux. Les concepts soutenant l’architecture verte sont nés dans les années 60-70, période marquant le début d’une prise de conscience écologiste avec la crise du pétrole – notamment à travers le livre de Rachel Carson, Le printemps silencieux, en 1962. Mais ce n’est que dans les années 90 que la notion d’architecture durable, à proprement parler, a véritablement émergé. L’architecture durable désigne des bâtiments dont l’empreinte énergétique est faible ou nulle, non seulement au moment de leur construction, mais aussi durant l’ensemble de leur cycle de vie. Les bâtiments dits « verts » doivent être peu consommateurs d’énergie, utiliser des matériaux écolos, ne pas polluer, et, selon les pays, comme c’est le cas à Singapour,

prendre en compte la santé de ses occupants. 80% d’immeubles verts d’ici 2030 Le concept d’architecture verte s’est implanté en Asie du Sud-Est dès les années 90, notamment grâce au travail de l’architecte malaisien Ken Yeang (dont les projets incluent les immeubles Menara Mesiniaga/IBM Tower / 1992 et le National Library of Singapore / 2005). Depuis le début des années 2000, Singapour s’est fait une spécialité de la construction de ces immeubles verts. En 2005, la citéEtat a instauré un label spécifique, la Green Mark. En 2008, elle s’est dotée d’une stratégie nationale de développement durable, « Singapore 2030 Sustainable Blueprint », avec l’objectif que 80 % des bâtiments de la ville soient certifiés d’ici 2030. Pour ambitieux qu’il soit, l’objectif n’est pas inatteignable : plus de 24 % des immeubles de la ville ont déjà obtenu la fameuse certification (soit plus de 2000 immeubles aujourd’hui) ; le nombre de certifications décernées cette année a atteint un niveau record. A Singapour, la Green Mark repose sur cinq paramètres : la performance énergétique, le bon usage de l’eau,

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© Carole Caliman

Parkroyal on Pickering La vision singapourienne des futurs espaces urbains : un millefeuille exploitant la verticalité pour multiplier les espaces de végétalisation. Les immeubles se hissent au niveau de la rue sur des pilotis libérant de l’espace pour la végétation. A mi-hauteur, des décrochements permettent l’aménagement de terrasses ouvertes. En façade, des balcons plantés couvrent tous les étages. Au sommet, le toit-terrasse est aménagé en jardin.

© Patrick Bingham-Hall

la protection de l’environnement, la qualité de l’environnement intérieur, et les caractéristiques écologiques et innovantes du bâtiment. Paradoxe local, alors que nombre de certifications écologiques en Asie du Sud-Est privilégient la climatisation des bâtiments par une ventilation naturelle, à Singapour, même les bâtiments verts comprennent des climatiseurs, mais de haute technologie. Une contradiction qui laisse perplexe certains experts internationaux. Les constructeurs ont plutôt intérêt à jouer le jeu : si les bâtiments concernés coûtent plus cher à la construction (le surplus est d’environ 5 % pour les bâtiments certifiés Platinum), ils sont éligibles à des aides financières pour verdir leurs structures, et l’investissement supplémentaire est généralement amorti en sept ans grâce aux 20 |

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économies d’énergie. Sans compter que les bâtiments, lorsqu’ils sont labellisés « verts », augmentent sensiblement leur potentiel d’attractivité. Pour accroître encore les efforts visant à faire de Singapour un hub en matière de développement durable, le Singapore Green Building Council (SGBC), issu d’un partenariat public privé, a été créé en octobre 2009. En 2011, le SGBC a lancé sa propre certification pour les matériaux eco-friendly dans tous les domaines (matériaux recyclés, panneaux solaires, électricité, mécanique, éléments de façade ou intérieurs). Chaque année, il organise la « Singapore International Green Building Conference » (IGBC), un événement qui promeut les produits et pratiques verts, notamment auprès des industriels. Signe de reconnaissance, Singapour a été, en 2010, le premier

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pays d’Asie à organiser le congrès international du World Green Building Council (World GBC). Mais l’intérêt pour les Green Buildings ne relève pas seulement de l’initiative de l’Etat. Des cabinets d’architecte locaux, comme WOHA, s’en sont fait une spécialité. L’intérêt pour le développement durable et les économies d’énergie se propage aussi auprès des particuliers ou de certains groupements, à l’instar des jeunes « hackers » du E3Hackathon (E3 pour Energy Efficiency for Everyone) qui ont consacré plusieurs jours, en septembre 2013, à développer des applications mobiles, des kits ou des plateformes communautaires pour réduire la consommation d’énergie des particuliers. n Agnès Noël


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© Shao-Chun Wang

Les icônes modernes de la cité - Etat

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’architecture urbaine est le lieu d’une intense compétition internationale entre les mégapoles, qui y voient le moyen de renforcer leur prestige tout en développant leur attractivité. Singapour n’y fait pas défaut, les bâtiments les plus récents témoignent de l’effort d’attirer les architectes les plus célèbres pour leur confier la réalisation de constructions prestigieuses, au design épuré et techniquement ambitieux.

Autour de la Bay Un coup d’œil à 360° autour de la Bay donne la mesure de la rapidité à laquelle évolue le paysage architectural moderne de Singapour. Construite en 2002, l’esplanade, œuvre de DP Architects et Michael Wilford &

Partners, a brièvement remplacé le Merlion comme icône de Singapour. A peine 8 ans, plus tard sa gloire est supplantée par celle de Marina Bay Sands – Look futuriste avec ses trois tours surmontées d’une piscine à débordement – œuvre de l’architecte Moshe Safdie. Au pied de la nou-

velle icône, le ArtScience Museum, du même architecte, achevé la même année, en 2010, et Helix Bridge, de Cox Architecture & Architects 61, une passerelle en forme de double hélice, inspirée de la structure de l’ADN dont elle porte la signature en lettres lumineuses.

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© Simon Gurney

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L’ensemble, avec Gardens by the Bay, ses Supertrees de 25 m de haut et ses 2 serres géantes, inauguré en 2012, est construit sur une gigantesque portion de terrain repris sur la mer, reconfigurant de manière spectaculaire le lien de la ville, à partir du Civic District ou du CBD (Central Business District), avec son front de mer.

Reflections at Keppel Bay, de Daniel Libeskind, 2011. Installé en front de mer, au nord-ouest de Sentosa, face à la marina, l’ensemble, formé de 6 tours de verre jaillissantes et ondulantes, au point de défier la gravité, tranche par l’énergie qu’il dégage et par sa créativité débridée. Les tours surplombent 11 blocs de villas de faible hauteur. Elles sont connectées les unes aux autres par des terrasses végétalisées.

Les tours jumelles du Gateway, de Leoh Ming Pei, forment, une gigantesque porte d’entrée sur le CBD en venant de la mer. Un design très épuré qui transforme radicalement la perspective et donne une impression de 2D selon l’angle sous lequel on les regarde. La Bibliothèque nationale, oeuvre de l’architecte Ken Yeang (2005) est composée de deux blocs de 16 étages, reliés par des plateformes à chaque niveau. La bibliothèque nationale, surmontée d’une soucoupe offrant une perspective à 180° sur la ville, abrite de très nombreux jardins dont deux sont ouverts au public.

© Adrian Gilfillan

Ailleurs dans la ville

Parmi les icônes de Singapour, le Merlion a été supplanté par l’Esplanade puis par Marina Bay Sands. Quelle sera la prochaine ?

One Raffles Place, de Kenzo Tange est composé de 2 tours. La première a été érigée en 1986. A l’époque, sa hauteur de 280 m en faisait l’immeuble le plus élevé au monde en dehors de l’Amérique du Nord. La deuxième tour a été construite en 2011. 22 |

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The Colonnade, par Paul Rudolph, également l’auteur du Concourse en 1994, se voulait initialement un ensemble de structures préfabriquées. L’intention était de fusionner flexibilité des espaces avec un système structurel standardisé. L’immeuble, finalement construit selon des procédés plus traditionnels, a conservé sa forme qui semble un assemblage de containers perchés sur un ensemble de colonnes. L’espace des appartements, tous en duplex, est inspiré des conceptions de Le Corbusier : un grand espace central ouvert sur toute la hauteur pour le séjour et la salle à manger. Une cuisine spacieuse, une guestroom et une salle de bain au premier niveau. Deux chambres plus larges à l’étage. Interlace, dessiné par Ole Scheeren, du cabinet OMA (Rem Koolhaas…). L’ensemble, réalisé en 2009, est un agencement de 30 corps de bâtiments imbriqués les uns dans les autres comme dans un jeu de mikado. Au to-


Ion, le centre commercial œuvre du cabinet Benoy est situé au carrefour d’Orchard road et de Scotts road. Il impressionne par sa dimension, son porche gigantesque soutenu par deux arbres stylisés et sa parure de LEDs qui s’éclairent de multiples couleurs en fonction de l’humeur. Majestueux à l’extérieur, le bâtiment est un peu décevant par ses espaces intérieurs. Il est par contre redoutablement efficace sur le plan commercial. Il s’enfonce en profondeur, multipliant les connexions souterraines avec Wheelock Place, Wisma Atria et Shaw Centre et accueillant une station de métro. Les magasins de luxe ne s’y

© Lester69

© Bertrand Fouquoire

sont pas trompés. Les plus grandes marques y ont ouvert une boutique de prestige.

© Carole Caliman

tal, la structure abrite plus de 1000 appartements, représentant une surface de 170000 m2. Situé dans un écrin de verdure à proximité de Mount Faber, Interlace joue sur l’interconnexion des espaces. L’entrelacement des bâtiments dessine 8 grands espaces intérieurs. La végétation s’étend sur plus de 8 ha, au niveau du sol, sur les balcons, les plateformes et les toitsterrasses. Les plans d’eau ont été placés avec soin à l’intérieur des corridors empruntés par les courants d’air. L’évaporation de l’eau forme ainsi un système naturel de rafraîchissement.

Interlace, Ion, Reflections at Keppel Bay, 3 témoignages récents d’une architecture qui ne fixe aucune limite à sa créativité.

Solaris, achevé en 2011, est l’œuvre des architectes T.R Halzah et Yeans, en collaboration avec CPG Consultants. Le bâtiment est composé de 2 tours réunies par une place centrale couverte par un toit en verre rétractable. Il est reconnaissable à la rampe végétalisée qui tourne autour, accrochée à la façade, du niveau du sol jusqu’au toit. Le toit même est végétalisé. L’immeuble abrite de nombreuses entreprises du secteur des hautes technologies, parmi lesquels l’éditeur français de jeux Ubisoft. n Bertrand Fouquoire

« L’architecture est le jeu, savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière. » LE CORBUSIER, Vers une architecture, 1923

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Arts District

© AOTO

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e nouveau « cultural district » sort de sa chrysalide Tout doit être prêt en 2015, pour le jubilé de Singapour sur le Padang ! Dans l’univers exigeant de Singapour, il ne saurait rester quelque engin que ce soit, qui gâcherait les images d’un quartier reconfiguré, cœur battant de la Singapour historique, alliage réussi d’architecture coloniale, de rénovation hardie et de paysagisme urbain.

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© Joyful

© Jeremy Wee

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L’hôtel de ville de Singapour, tel que prévu dans le premier schéma directeur de Singapour – ‘Masterplan’ –, projet urbain de Stamford Raffles créé en 1822. Ce bâtiment, associé à celui de l’ancienne cour suprême, formera la National Gallery, dont l’achèvement est prévu en 2015.

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œur du Singapour moderne, le Civic District, dont les contours étaient déjà dessinés dans le Masterplan, conçu en 1822 à l’initiative de Sir Stamford Raffles, est en pleine transformation. Au cours des années récentes, les bâtiments publics ont été reconvertis, l’un après l’autre, en lieux culturels, à l’occasion de leur rénovation. A terme, c’est l’ensemble du quartier qui achève sa mue d’un quartier dédié aux symboles du pouvoir à un espace ouvert consacré à la culture, s’étendant sans discontinuité de Marina Bay à Fort Canning. Dans le Masterplan 2014, le nouvel espace est renommé « Civic & Cultural District ». On devrait y circuler confortablement à pied, en empruntant un espace piétonnier à Empress Place et dans l’Esplanade Park. Le plan prévoit plus de bancs pour s’asseoir, plus d’arbres pour déambuler à l’ombre apaisante de leur feuillage. On devrait y accueillir encore plus d’évènements de toutes natures, dont l’organisation sera facilitée par l’installation de dispositifs flexibles. On profitera aussi davantage de la rivière : une succession de mini-terrasses permettront de descendre jusqu’à son rivage, depuis le parc de l’Esplanade, et de se retrouver… à la plage, au bord de l’eau. A proximité de la statue de Raffles, érigée en 1972, à l’endroit où l’illustre fondateur de la colonie anglaise est censé avoir foulé pour la première fois le sol de Singapour, l’Asian Civilisations Museum est le premier lieu culturel à s’être installé dans l’ancien périmètre du


Bertrand Fouquoire

Postcart c.1905 © Asia City Online

Civic District. En 2008, quittant les locaux qu’il occupait depuis 1996 à Armenian Street, transformés en musée Peranakan, il s’installe dans les bâtiments de l’ancien Empress Building. Le bâtiment est à nouveau en travaux depuis le mois de juin, pour un lifting qui devrait lui voir arborer un front rajeuni à l’occasion du Jubilé. A quelque distance, l’ancien parlement, construit en 1827, abrite désormais The Arts House. Tout proche, les bâtiments – très victoriens – du Victoria Theatre et du Victoria Concert Hall, qui viennent de rouvrir après une impressionnante opération de rénovation-reconstruction, supervisée par l’architecte singapourien Mok Wei Wei (W Architect), accueillent à nouveau spectacles de théâtre et danse, et les concerts du Singapore Symphony Orchestra. L’ensemble sera complet lorsque, en 2015, s’achèveront les travaux de la National Gallery consacrée à l’art de Singapour et d’Asie depuis le XIXème siècle jusqu’à nos jours. Conçu à partir de la réunion du City Hall et de l’ancienne Cour Suprême – fronton soutenu par d’imposantes colonnes corinthiennes et large dôme –, le projet, conduit par Studio Milou, est grandiose. Les bâtiments historiques ont été conservés intacts dans leur aspect extérieur, de même que des lieux historiques comme la Surrender Chamber. L’espace entre la Cour Suprême et le City Hall devient le cœur du nouvel ensemble. Couvert d’une canopée soutenue par deux grands arbres stylisés, il est maintenu ouvert sur toute sa hauteur, seulement traversé par des passerelles, apportant à l’ensemble lumière et fluidité. n

Rénovation du Victoria Theatre Le bâtiment d’origine avait été transformé en 1950. Le résultat, pas vraiment réussi, a justifié sa démolition. L’architecte s’est demandé comment conserver l’âme de l’ancien bâtiment. Il l’a fait en récupérant les chaises années 50 de l’ancien théâtre. Celles-ci, désossées, ont été utilisées comme base du nouveau décor : le mur intérieur du théâtre est réalisé à partir des cadres des fauteuils. Dans l’atrium, un mur entier est habillé avec les dossiers.

© URA

Mais qu’est devenue la Surrender Chamber ? La salle est un lieu historique. C’est là qu’a été signé l’acte de reddition de l’armée japonaise à la fin de la 2ème guerre mondiale ; en présence, notamment, d’un certain général Leclerc. Elle est toujours là, préservée. Elle a obligé les restaurateurs à réaliser des prouesses techniques ; le nouveau sous-sol glissant littéralement sous les deux bâtiments historiques, comme le suggère le concepteur du nouvel ensemble, l’architecte français JeanFrançois Milou.

Le Art & Civic District dans le Masterplan 2014

© Carole Caliman

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La nouvelle vie des Black & White et des Shophouses Shophouse : le traditionnel tendance

A Geyland et à Little India, deux exemples de Shophouses. Celle de Little India avec sa façade ouvragée et joyeusement colorée, attire naturellement le regard, et l’attention des photographes.

© Carole Caliman

Shop house

© Carole Caliman

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es shophouses sont, avec les bâtiments publics coloniaux et les Black & White, les témoins du Singapour du XIXème et de la première moitié du XXème siècle. Petits bijoux aux façades ouvragées et colorées, elles sont, avec leurs terrasses couvertes, le décor des rues dans lesquelles on aime se promener, prendre un verre, dîner ou se faire une galerie. Rénovées, parfois de fond en comble, elles ont un succès croissant auprès d’une clientèle aisée qui apprécie d’y voire associés confort et tradition. Beaucoup ont été détruites dans le mouvement de transformation de la ville. Rapidement cependant, le gouvernement a pris la mesure de cet héritage et organisé la rénovation des shophouses sur la base d’un cahier des charges exigeant. A ce jour, près de 5000 shophouses ont fait l’objet d’une rénovation dans le cadre du plan de sauvegarde du patrimoine. Les shophouses typiques sont des bâtiments de un ou deux étages, étroits et profonds, alignés le long d’une rue et reliés l’un à l’autre par une petite terrasse couverte de 5 pouces afin, comme l’avait voulu Sir Stamford Raffles, de permettre aux passants d’y marcher à l’abri du soleil et de la pluie. Bien adaptées au climat de Singapour, elles ont des plafonds hauts et sont organisées autour d’un patio qui favorise la circulation de l’air. Pas moins de 6 styles architecturaux Les premières shophouses, telles que celles de Kampung Glam, ne dépassaient pas 2 étages. Elles avaient une


Si les Black & White sont fameuses, c’est d’abord parce qu’elles sont d’une rare élégance, alliage des influences de l’architecture anglaise et des contraintes locales : chaleur et humidité.

© Carole Caliman

Black &White

façade simple et une fenêtre unique à l’étage. Plus ornementées, les shophouses de Ann Siang Hill et de Emerald hill ont naturellement accueilli restaurants, agences de communication et cafés terrasse. Au tournant du siècle, les façades, comme à Joo Chiat road, se font plus chargées et les fenêtres, à l’étage, se multiplient. Enfin, s’immiscent dans les années 20 les influences de l’Art Déco, visibles sur les shophouses de Keong Saik et Craig Road. Plus Hype tu meurs Les shophouses ont un succès fou. Rénovées, elles attirent les investisseurs et sont appréciées des expatriés. A Geylang, la Lorong 24A Shophouse series, est un collectif de 8 Shophouses, propriété de cinq amis. La transformation des lieux a été menée tambour battant par de jeunes architectes. Le résultat a été récompensé par l’Architectural Heritage Award de l’URA. Les 8 shophouses sont proposées en location. Lorsqu’elles ne le sont pas, elles hébergent des évènements culturels ou des expositions. L’une d’elle organisée sur 3 niveaux et un sous-sol comprend désormais un garage et une piscine. Côté

Lorong 24A, la façade est d’origine. De l’autre côté, la façade, tout en verre et huisseries métalliques est ultra-moderne : ne reste plus de la shophouse d’origine que le concept du patio et la configuration, tout en longueur et en verticalité. Black & White, majestueuses demeures des années 30

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eaucoup ont disparu : celles, construites, à partir du début du XXème siècle jusqu’à la fin des années 30, par de riches particuliers anglais, planteurs, industriels, financiers et commerçants enrichis dans l’import-export. D’autres ont heureusement survécu : celles bâties pour l’administration britannique et qui, confiées au tout nouveau gouvernement autonome de Singapour, lors du retrait de la Grande-Bretagne en 1963, ont fait l’objet d’un soin jaloux. Il resterait au total environ 500 Black & White à Singapour, qu’on peut apercevoir ça et là, trônant souvent, majestueuses, au centre d’un large écrin de verdure. Les Black & White sont l’autre type d’habitation historique de Singapour. Plus aristocrates et situées en retrait

de l’effervescence de la ville, elles continuent de faire le bonheur de ceux, parmi lesquels beaucoup d’expatriés, qui ont le privilège d’y habiter. Si les Black & White sont fameuses, c’est parce qu’elles sont d’une rare élégance. Ce sont de vastes constructions bâties sur 2 étages, alliage des influences de l’architecture anglaise et des contraintes d’un climat chaud et humide, elles ont été construites pour être confortables, dans une période où l’air conditionné n’existait pas. Les amoureux des Black & White ne manquent jamais de souligner comment ces grandes demeures à larges pièces et plafonds hauts, font circuler l’air avec une générosité étonnante. Isolées du sol, les Black & White sont construites sur des piliers de briques qui les préservent des inondations, des termites et des serpents. Cette surélévation permet aussi à l’air de circuler sous le sol, tandis que les vérandas, sur le flanc des pièces à vivre, les protègent de la lumière, de la chaleur et de la pluie, tout en laissant passer une brise rafraîchissante. n

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La longue marche de la promotion du vélo à Singapour

© NatParks

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ne étude récente du Centre for Liveable Cities à Singapour – Active Mobility for Creating Healthy Places – montre que la mobilité active constitue un enjeu important face aux problématiques de circulation, de pollution, voire de santé publique.

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© Elodie Imbert

© Bertrand Fouquoire

Sur les sentiers naturels, sur la pelouse du jardin botanique, et sur les murs, le vélo est partout… Sauf dans la rue, où il peine à trouver sa place entre voitures et piétons.

uand on parle de vélo ou de marche à pied à Singapour On cite le réseau des Park Connectors, 230 km de voies protégées ouvertes aux piétons et aux cyclistes. Au-delà, l’inspiration s’épuise. Du fait de la chaleur et de l’humidité, Singapour n’est pas une ville où l’on va aisément d’un point à un autre, à vélo ou en marchant. Pourtant, jusque dans les années 60, les cyclistes étaient nombreux. C’était, avant que le rythme de la ville et la pression du « tout voiture » finissent par les en dissuader. Au point qu’ils n’appartiennent plus, aujourd’hui, qu’à deux catégories : celle des expatriés, utilisateurs, le week-end, d’engins sophistiqués, et celle des travailleurs étrangers à faible revenu. Tout le monde est gagnant : les habitants, l’Etat, les entreprises Entre ses objectifs de croissance et son ambition de proposer à ses habitants les conditions de vie les plus attractives au monde, Singapour doit se réinventer. Elle le fait à sa manière : intelligente, planifiée, participative. Que sera Singapour en 2030 ? Sans doute une ville où la circulation, à pied ou à vélo, sera plus fluide et plus agréable. L’étude du Centre for Liveable Cities, une création, en 2008, de la commission interministérielle sur le développement durable à Singapour, souligne les impacts négatifs de la croissance des véhicules privés en termes de congestion et de pollution. La vitesse moyenne à Jakarta, ville surencombrée, est de 13km/heure. Le rapport estime à 3 milliards S$ le surcoût généré à Manille par les embouteillages (perte de productivité, mala-


La Petite Ecole accueille les enfants de 3 à 6 ans de tous horizons, et leur offre un programme bilingue en français et en anglais, issu du programme du Ministère de l’´Education Nationale. Située dans le cadre idyllique de Turf City, nos élèves s’épanouissent dans un environnement unique, avec une équipe multi-culturelle d’enseignants français et anglosaxons.

16 films français inédits (sous-titrés en anglais) Près de 30 projections dans les lieux partenaires Présence d’une délégation artistique et professionnelle, dont Juliette Binoche « Fête du cinéma » à l’Alliance Française


Dossier

Comment faire ? La densité de Singapour en fait un candidat naturel aux expérimentations en matière de mobilité. Seule contrainte : prendre en compte la chaleur et l’humidité, par exemple avec l’installation de douches et de dispositifs pour laver ou faire sécher ses vêtements. Ang Mo Kio et ses 220.000 habitants ont servi de terrain d’expérimentation. Un groupe de parties prenantes, entraîné par l’architecte Jan Gehl, a enfourché la petite reine et testé, carte au guidon, l’ensemble des parcours possibles dans la ville, notant ce qui existe autant que les difficultés et les besoins.

© URA

dies, surconsommation de carburant et fatigue des véhicules). La mobilité active a un impact positif sur le taux d’obésité et par extension sur la santé. La marche et le vélo permettent de se réapproprier la ville : de regarder et de sentir. Elle favorise aussi les commerces de proximité. Tout le monde est donc gagnant : les habitants, l’Etat et les entreprises.

L’exploitation du sous-sol pour favoriser la mobilité et développer des espaces de vie (et d’activités commerciales) climatisés, est déjà bien engagé. Ici l’aménagement du carrefour d’Orchard road et de Scotts road.

A l’abri du soleil et de la pluie Le draft Masterplan 2013 prévoyait d’augmenter significativement le réseau des Park Connectors. De 213 km aujourd’hui, il passerait à 700 km en 2030. Dans le centre-ville, l’aménagement passe par le développement de passages piétons et de rues piétonnières, à l’instar des « waterfront promenades », le long de la Singapour River et autour de Marina Bay. Il s’agit aussi de multiplier les zones de mobilité protégées. Actuellement, les principales stations de métro et de bus offrent dans un rayon de 200 m des passages à l’abri du soleil et de la pluie jusqu’aux écoles et aux établissements de santé. L’objectif est d’étendre ces infrastructures sur un rayon de 400 m. La moitié des tués sur la route L’enjeu est encore d’améliorer la sécu30 |

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rité. La cohabitation des piétons avec les cyclistes est la cause de fréquents accidents. Celle des cyclistes et des automobilistes est encore plus problématique et dangereuse. D’une manière générale, piétons, cyclistes, motards représentent la moitié des tués sur la route. Pour améliorer la sécurité, les pistes envisagées vont vers davantage de répression des chauffards, la mise en place d’un code de conduite pour les cyclistes, la sécurisation des croisements, le marquage au sol et l’éclairage. n Bertrand Fouquoire


Singapour Autrement

Singapour, dans la peau d’un backpacker

Singapour une véritable aventure ; précaire mais exaltante. Une manière de ne pas avoir d’autre choix que de se confronter à la vie locale et d’y trouver ses repères. Récit d’une année de résidence à Singapour, de guesthouses en chambre de maid…

© MaBelle

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orsqu’on arrive à Singapour avec seulement un sac à dos et un bagage en soute, sans package expat ni contrat de travail, avec beaucoup d’espoir et peu de certitude, chaque centime compte, et se loger se révèle à

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sur des ordinateurs en libre service ou discutent, installés dans les canapés multicolores de l’entrée. Il y a aussi une bibliothèque remplie des livres laissés par les voyageurs. Une armoire vitrée déborde de boissons à petit prix. J’aperçois même le staff qui s’active à la confection de kaya toast pour le breakfast du lendemain (compris dans le prix de la nuit)… Les guesthouses sont une autre facette de Singapour : des endroits conviviaux, accueillants, peuplés de gens aux parcours atypiques ou dont la tête est pleine de voyages. L’esprit communautaire ressemble à celui des auberges de jeunesse. Ce que je ne sais pas encore, c’est que j’y resterai pratiquement toute l’année, changeant seulement de lieu, chaque mois, pour briser la routine, manière de repartir à la découverte d’un quartier et de garder, toujours, un regard neuf sur la ville. Kampong Glam : café, Kaya toasts avec vue sur les tapis persans Je longe Victoria Street et me retrouve dans une rue piétonne, en plein cœur de Kampong Glam. Les guesthouses y sont nombreuses. J’ai le choix… On me donne une couverture, on me montre un lit. J’apprivoise mon nouvel espace de vie : comment installer mes fringues, où suspendre mon sac à dos… C’est

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un espace « sans mur », dont les limites sont celles de mon matelas. Le seul espace « privé » est un petit locker fermé par un cadenas, dans lequel je peux laisser quelques affaires précieuses. Au début, la vie en guesthouse me paraît formidable : je prends mon petit-déjeuner (café, kaya toast et fruits en morceaux), dans ce quartier touristique où mon « chez moi » fait face aux boutiques de tapis persans. Chaque guesthouse est un lieu de vie et de passage. La journée est rythmée par les arrivées et les départs. La cuisine ne désemplit pas. Elle est à elle-seule un voyage culinaire : chacun cuisine ses recettes traditionnelles et, comme le partage est à l’honneur, il n’est pas rare de goûter des plats maison de six pays différents en une seule soirée. Les contacts sont faciles. Des touristes trouvent toujours d’autres touristes pour faire un tour de la ville. Lors de mon séjour à Little India, l’hôtel organisait même des night tours de Singapour….en trottinette ! Chez Ali, 2 Indiens partagent un lit Le nid d’Ali est une shophouse traditionnelle dans une rue très animée du quartier indien. C’est une guesthouse chez l’habitant. La porte d’entrée donne sur une grande pièce où la mère d’Ali, 97 ans, se repose sur

© Marien Guillé

500 S$/mois, le dortoir « tout confort » de Fabien Lavender Street, 19h. Il fait encore très chaud. Fabien est un stagiaire français qui vit à Singapour depuis 6 mois. Il travaille le jour dans une grande société d’électronique et dort, la nuit, dans un Backpacker Hostel, ou guesthouse, un hôtel bon marché pour voyageurs, à 50 minutes en bus de son travail, pour un loyer de 500 S$. Avec une indemnité mensuelle de stage de 1500 S$, Fabien ne peut s’offrir une chambre en condo. Il a opté pour ces lieux de vie où l’on peut louer un simple lit dans un dortoir, pour une nuit ou pour un an. Le bâtiment compte trois étages. Au rez-dechaussée : l’accueil, la salle commune, la cuisine que chacun peut utiliser, la machine à laver en libre service, des salles de bains (partagées, évidemment). Au second, se trouvent les dortoirs, mixtes ou non. Ils comptent, chacun, entre 8 et 16 lits. Le dortoir de Fabien est tout confort : climatisation, petits placards privatifs, draps propres… rien ne manque de ce qui n’est pas superflu. Le dernier étage révèle un immense rooftop avec tables basses, plantes, canapés, jeux… qui offre une superbe vue sur la ville. En partant, nous traversons la salle commune où les résidents se retrouvent. Certains consultent des guides de voyage. D’autres surfent

© Marien Guillé

Singapour Autrement

Lits superposés et douches communes, le confort est spartiate mais souvent bien pensé. On apprécie davantage le séjour en guesthouse pour sa convivialité plutôt que pour l’intimité.


© Marien Guillé © Marien Guillé

Charmes des couleurs et de la vie en communauté. La vie en guesthouse est une expérience totale.

le canapé. La télévision est allumée. Le reste de la famille vit dans une pièce à côté. L’escalier mène à deux étages remplis de dortoirs et de chambres, rudimentaires mais impeccables. Ali est très présent. Il discute, s’intéresse aux parcours de ses clients. On partage sa cuisine et on dépose ses chaussures à côté du matelas où il dort pour surveiller les allées et venues… Je rencontre deux Indiens qui partagent un lit double au troisième étage. Ils vivent là depuis deux ans, c’est chez eux. Leurs familles sont restées en Inde. Ils sont venus travailler à Singapour, l’un comme ingénieur, l’autre dans la finance. En divisant par deux le loyer de la chambre qu’ils partagent, ils arrivent à envoyer de l’argent à leurs familles. Des bed bugs sous le matelas La plupart des guesthouses que j’ai fréquentées étaient souvent installées dans des shophouses, elles occupent plusieurs étages (jusqu’à 5 avec un rooftop spécial breakfast et vue sur les toits, un must). La vie quotidienne n’est pas de tout repos. Au début, on ignore les petites contrariétés matérielles (« Tiens, j’avais pas vu que le gars d’en dessous pose sa serviette irrespirable sur mon lit… pas grave, c’est ça la vie de routard ! » ou encore : « Tiens, on m’a volé mon

savon dans la douche. Pas grave, c’est l’aventure ! »). Avec le temps, on devient plus regardant : agacement lorsqu’on découvre des bed bugs sous le matelas ou quand une armée de jeunes filles, dès six heures du matin, vit sa vie, à côté de vous, musique à fond comme si elle était seule au monde. A Chinatown J’ai vécu à Chinatown quelques semaines dans un dortoir sans fenêtre avec de jeunes travailleurs chinois qui accrochaient leur costume de travail aux barres du lit. Ma rencontre la plus marquante fut celle de Ben. Un Malaisien. Originaire de Malacca, il habite à Johor Bahru. Il y travaille le jour, mais il traverse la frontière le soir et le matin. Il prend son service à 18h et quitte à 6h. Il vient travailler ici la nuit, en plus d’un autre boulot, pour 1500 S$ par mois. « Facile », dit-il, « je ne viens que pour dormir ici. Lorsqu’on sonne pour rentrer, je me réveille, j’ouvre, et je me rendors »… Toujours agréable et souriant, père de deux enfants, Ben semble imperturbable dans cette vie qui ne connaît pas d’arrêt. A Tiong Bahru Le plus safe A Tiong Bahru, j’expérimente deux guesthouses. La première est haut de gamme. Le lobby est digne d’un

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Le plus « green » La seconde guesthouse est hyper locale et écolo : un hostel en plein cœur d’un HDB ! Block 57, rez-dechaussée, entre le food court et le temple sikh. Les murs sont couverts de tips pour économiser l’eau ou recycler les déchets. Le propriétaire, un jeune Singapourien, accueille les clients avec chaleur et fait tout ce qu’il peut pour rendre leur séjour agréable. Il raconte la vie locale, explique quoi voir, quoi faire… Des draps sont suspendus au plafond. Des vélos sont accrochés au mur. L’endroit est particulièrement accueillant pour les cyclistes, du genre de 34 |

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ceux qui font le tour du monde à vélo. Pour eux, le prix du séjour est réduit de moitié. Les murs du couloir sont couverts des photos de cyclistes de toutes nationalités qui ont réalisé un tour d’Asie ou un tour du monde et se sont arrêtés là pendant leur périple. Arrivent le même jour que moi 3 Australiens – deux filles et un garçon – sur des immenses vélos équipés d’immenses sacoches. Partis du Japon il y a 3 mois, ils sillonnent toute l’Asie, sans date de retour. Ils font un break à Singapour avant de repartir, la semaine suivante, en Malaisie. Le lendemain matin, je prends mon petit-déjeuner avec une jeune Singapourienne qui revient d’un séjour d’un an aux Etats-Unis. Elle ne vit pas chez ses parents, mais ici, en auberge de jeunesse. Elle ne m’en dira pas davantage sur sa vie, mais elle m’initie aux beignets Da Bao… Florence, chambre de maid Dernière expérience : la chambre de maid. C’est Florence qui m’en donne l’opportunité. Lorsqu’elle est arrivée à Singapour, sans boulot précis, elle a d’abord alterné séjours en guesthouses et courts passages chez des amis. Comme elle voulait trouver un lieu à elle, Florence a fini par trouver cette chambre de maid. Le loyer – 650 SGD par mois, sans les charges – reste

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conséquent au regard de la surface disponible. A part la minuscule salle de bains privée, le lit occupe toute la largeur et toute la longueur de la pièce ! Pour s’y allonger, il faut enjamber le ventilateur et la table de nuit. Hors le lit, il ne reste pas de place pour poser une chaise, ni même un coussin par terre. L’art de vivre en chambre de maid exige l’apprentissage de gestes précis, une véritable

chorégraphie, pour se mouvoir, ouvrir la porte, attraper ses affaires. Dans cette chambre dont les murs ne sont éclairés par aucune fenêtre, le rangement est un must absolu et l’impression d’espace naît seulement quand la porte est ouverte. Florence, d’ailleurs, ne fermait jamais pour dormir. n Marien Guillé

© Marien Guillé

grand hôtel, les tables sont disposées sur un carrelage nickel, un immense canapé trône au milieu avec une TV gigantesque qui reste – malheureusement – allumée 24h/24. Chaque matin, Uncle et Auntie en personne vous préparent un petit-déjeuner ! A chaque étage, des petites terrasses offrent des vues sur la rue. Les salles de bains sont pratiques : de belles vitres remplacent les habituels rideaux ; des distributeurs de shampoing-savon sont installés dans chaque douche ! Dans les chambres, les lits sont équipés de rideaux et, merveille des merveilles, chaque matelas est surmonté d’un locker, à code, assez grand pour y déposer sa valise !

KIT DE SURVIE

Essentiel – Le wifi, pour pouvoir rester connecté avec Facebook via tous ceux qui vous likent. Pratique – la présence d’une prise pas loin du lit pour y brancher ses appareils électroniques ! Indispensable – Le locker. Sinon comment mettre en sécurité ce qu’on a de précieux lorsqu’on part boire un milk tea ? Confortable – La reading light. Impossible sans elle de lire le soir tranquille lorsqu’une comparse de chambrée souhaite dormir. Une fois la lumière de la pièce éteinte, « c’est mort… ». Pour l’intimité – Lorsque les lits ont des rideaux accrochés aux barreaux, il suffit de les pousser un peu pour se sentir seul au monde. On allume alors sa lumière de lecture personnelle et c’est parti pour un bonheur sans fin…


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Le Charme discret des petits quartiers

parfum qui lui est propre et jusqu’à des charmes discrets qui ne se révèlent qu’au flâneur. De Joo Chiat à Tiong Bahru en passant par Tanglin et Tanjong pagar, 4 manières différentes d’apprécier la cité-Etat.

© Carole Caliman

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a richesse de Singapour est dans sa diversité. Plaisir de passer sans transition du centre des Affaires ou d’Orchard road à des quartiers plus traditionnels. Chacun a sa personnalité, un

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témoins d’une époque. Construites entre 1900 et 1940, ce sont les petites soeurs des shophouses historiques de Chinatown ou Little India. Beaucoup de ces shophouses ont appartenu aux Peranakans. Certaines d’entre elles ont été rénovées et présentent des façades décorées de superbes céramiques. Bohème version Art Déco à Tiong Bahru C’est pour beaucoup Le quartier branché de Singapour. Les Singapouriens l’adorent pour ses bonnes tables et son ambiance décontractée. Le quartier plaît aux gourmands. On les voit qui se pressent dans les hawkers, au wet market ou dans les coffee shops et se prélassent dans les petites boutiques chics et variées. Du matin au

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Témoignage de Catherine, résidente à Tiong Bahru

Ce que j’aime à Tiong Bahru, ce sont ses contrastes. Tiong Bahru est un village convivial constitué d’immeubles ras, les walk-ups, et entouré de hautes tours colorées. La diversité du quartier est liée à la mixité de ses habitants, mais aussi à la pluralité de ses boutiques. On trouve rarement des coffee shops comme ceux d’ici. Le marché est l’un des

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occidentales. Nos maisons sont issues de l’architecture britannique, les fenêtres sont de modèle français, nos casseroles viennent d’Allemagne ou d’Autriche, les céramiques peuvent être japonaises, chinoises ou malaisiennes... Cela fait 40 ans que j’étudie l’histoire et l’art peranakans, je cherche à comprendre le passé pour envisager le futur. Sans ce savoir, nous serions emprisonnés dans un présent intemporel.

derniers wet markets. Les librairies proposent de vieux bouquins ou des livres français et le coca est vendu dans ses vieilles bouteilles en verre. C’est un quartier accueillant où une boulangerie chic à la clientèle jeune peut être directement accolée à un restaurant plus ancien, apprécié d’une clientèle plus âgée.

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Témoignage de Baba Peter Wee – Président de l’association des Peranakans et propriétaire de la shophouse « Katong Antique House »

Katong est l’un des derniers bastions de l’histoire des Peranakans à Singapour. La culture peranakane est centenaire et empreinte de multiples influences. Elle résulte d’une assimilation de toutes les formes de cultures rencontrées par notre communauté. Nos maisons respectent les principes de base du Feng Shui. Les éléments de la vie, à savoir le vent, la lumière et l’eau y pénètrent et y circulent sans entrave. Elles portent même la marque des influences

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Ambiance Baba Bling à Joo Chiat & Katong Enclaves soustraites au tourisme et aux constructions massives, Joo Chiat et Katong sont des quartiers éclectiques, vibrants et authentiques. Joo Chiat road, est surnommée Little Vietnam pour sa vie nocturne effervescente. En journée, on y trouve des artisans travaillant sur les pavés. Les magasins bios côtoient les centres d’acupuncture, les boutiques indiennes et persanes ou des food courts vivants et intimes. La rue est bordée de shophouses colorées. Les vélos s’entassent sur les trottoirs et la circulation est à peu près inexistante. Le site est protégé depuis 1993 et 518 maisons ont été recensées pour la conservation architecturale en 1991. Ces shophouses sont les

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Le charme très « British » des environs de Tanglin A deux pas d’Orchard road, du côté de Tanglin, comme protégé par les centres commerciaux, se dévoile un quartier tout de luxe et de verdure, du côté de Seton Close et Nassim road. La végétation est dense. Les arbres tropicaux dévoilent de somptueuses Black & White victoriennes sur deux étages. Retour sur Tanglin road. Les centres commerciaux y ont un charme colonial. Le Tanglin Mall recèle

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ils portent la trace des influences du Bauhaus de Gropius et l’utilisation de matériaux comme le béton, l’acier et le verre. Séparés par des jardins ou des aires de jeux, ces blocs empruntent également à l’architecture singapourienne et notamment aux shophouses avec leurs escaliers extérieurs en spirale et leurs ‘five-foot ways’.

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soir, le quartier bourdonne. La singularité de Tiong Bahru est intimement liée à son histoire et à son architecture. Dans le quartier coexistent paisiblement deux générations de logements sociaux. Les premiers datent de l’avantguerre (1936-1941). On les trouve principalement sur la Tiong Poh road. Magnifiques bâtiments qui semblent prêts à lever l’ancre, ils s’inspirent du style « paquebot », une branche du mouvement Art Déco. Leurs architectes étaient soucieux de dessiner des modèles aux lignes modernes et pures rappelant l’esthétique nautique et la vitesse des nouvelles formes de transport. Particularité singapourienne : les briques, qui accentuent le caractère industriel, égayent les façades de couleurs variées. Le long de Lim Liak street s’alignent d’autres bâtiments qui datent de l’après-guerre. Inspirés du Style international,

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chaleureux. Au fil du temps, le quartier est devenu très prisé des chefs qui ont peu à peu ouvert leurs restaurants sur Duxton, Tras et Tanjong Pagar. De grands noms ont été attirés par ce secteur branché qui propose toutes sortes d’activités et de divertissements. Depuis que nous avons cédé le GastroBar, nous sommes restés très nostalgiques de l’ambiance du quartier.

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Celina, chef à domicile singapourienne, tient un blog axé sur la cuisine et les modes de vie. Elle est aussi l’ancienne propriétaire du Celina’s GastroBar situé au 51 Duxton Hill. L’atmosphère de Duxton road et Duxton Hill est celle d’un village. Elle correspondait à ce que nous souhaitions créer au sein de notre bar gastro : des plats faits maison et un accueil

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Témoignage de Celina, ancienne propriétaire du Celina’s GastroBar situé au 51 Duxton Hill

de boutiques en objets anciens tels que bijoux, antiquités ou oeuvres d’art. Le Tanglin Shopping Centre propose des textiles d’orient, des meubles et reliques d’Asie et tous autres objets authentiques issus de la période coloniale. Alliance de la couleur et des épices à Chinatown & Tanjong Pagar C’est l’un des quartiers les plus anciens de Singapour. Tombé en désuétude puis restauré dès 1987, il offre aujourd’hui un joyeux mélange de boutiques de mariés et de bonnes tables proposant toute sorte de cuisine. La nuit tombée, la jeunesse branchée de Singapour s’y retrouve pour faire la fête. Tanjong Pagar est aussi le premier quartier dont le patrimoine est protégé

par l’URA. Les 200 shophouses colorées ont été restaurées selon des règles strictes et les architectes ont préservé certains éléments architecturaux tels que les persiennes, le détail des arches et des corniches ou encore les toits à deux versants et les ‘five-foot ways’. Insolite et majestueux : derrière les shophouses se dresse, imposant et immense, le plus grand logement social au monde. Pinnacle@Duxton est l’illustration d’une cité-Etat qui envisage son développement sur un mode vertical. Accueillant 1848 appartements répartis sur 7 blocs reliés entre eux par les « sky gardens », le Pinnacle offre l’une des plus belles vues sur Singapour. n Marlène Maes

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Les Français à Singapour

Yann Follain, Le plus singapourien des jeunes architectes français

Les bureaux de WY-TO à Pearl’s Hill Terrace. Yann Follain avec Pauline Gaudry.

© Svend Andersen

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ANN FOLLAIN Architecte-muséographe passionné d’architecture tropicale En l’espace de 6 ans, Yann Follain a marqué Singapour de son empreinte dans un spectre large qui va de l’architecture à la scénographie, en

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© Franck Pickers

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passant par l’implication dans Archifest et des installations artistiques. Rencontre avec le plus singapourien des jeunes architectes français, qui revient sur son parcours et sur les impressionnantes réalisations qu’il a eu le bonheur de mettre en œuvre à Singapour.

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ous retrouvons Yann Follain dans les bureaux de WY-TO, l’agence qu’il a créée en 2010 à Singapour, petite sœur de l’agence parisienne fondée deux ans plus tôt avec son associée, Pauline Gaudry. Les bureaux de WY-TO sont situés dans l’ancien poste de police de Chinatown, un bâtiment colonial situé au 195 Pearl’s Hill Terrace. Le bâtiment, resté vide pendant 3 ans, est aujourd’hui ouvert aux startups de toute nature : cabinets d’architecte, école de danse, agence de graphisme… une vraie ruche. Devant la porte : les chaussures des collaborateurs de WY-TO. Ici c’est comme à la maison, on travaille pieds nus. La surface au sol est restreinte et la densité de cerveaux créatifs au m2 est impressionnante. L’espace est tout en verticalité : clin d’œil aux standards de l’architecture coloniale, dont les plafonds élevés font bénéficier les bureaux d’un courant d’air naturel. Qu’est-ce qui, jeune architecte, vous a amené en Asie ? Yann Follain – Dans le cadre de mes études en architecture à l’Ecole de Belleville, j’ai suivi une option sur les Métropoles en Asie-Pacifique. J’ai eu l’opportunité, grâce à cette


Comment d’Indonésie êtesvous arrivé à Singapour ? Peu de temps après la fin de nos études en 2007, nous avions décidé, avec Pauline Gaudry, qui sortait comme moi de l’Ecole de Belleville, de créer notre propre agence d’architecture. Mais à peine l’avions-nous créée, que j’ai eu une opportunité pour travailler sur le grand projet

© Jeremy San Tzer Ning

© Jeremy San Tzer Ning

Quatre scénographies de Yann Follain : A Magnum Photos Showcase, Andy Warhol, Essential Eames, Art Stage 2013.

de la National Art Gallery, que Studio Milou venait de remporter à Singapour. Le projet de la National (Art) Gallery à Singapour, commandité par le ministère de la Culture, était un projet exceptionnel. Il s’agissait de réhabiliter deux bâtiments historiques (l’ancien hôtel de ville et l’ancienne Cour Suprême) et de mailler ceux-ci avec les bâtiments adjacents, pour transformer, à terme, l’ensemble du Civic district en un gigantesque Arts District qui incorpore les anciens bâtiments administratifs : de Old Parliament House jusqu’à l’Esplanade, en passant par le Victoria Theatre, le Victoria Hall et l’Asian Civilisations Museum. C’était une opportunité que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc laissé la direction de

© Franck Pickers

© Franck Pickers

formation, de partir réaliser mon travail de fin d’études à Yogyakarta en Indonésie, sur le phénomène de métropolisation des villes d’Asie du SudEst et plus précisément sur la réhabilitation de bâtiments coloniaux. L’Indonésie abonde de ces bâtiments hérités de son passé colonial. Les Hollandais sont à l’origine d’une longue période d’hybridation des modèles architecturaux. Ce qui est intéressant, c’est que les bâtiments coloniaux de cette époque ont suivi une approche très tropicale, créant des lieux qui, tenant compte des contraintes particulières du climat – chaleur et humidité –, sont conçus pour qu’on s’y sente bien. Je suis resté deux ans en Indonésie, d’abord à Yogyakarta puis à Bandung où j’ai travaillé au sein du Centre de recherche urbaine. Je suis ensuite revenu en France, mais j’ai maintenu le lien avec l’Indonésie à travers mon projet de fin d’étude consacré à la gare centrale de Jakarta. Un projet à l’image du pays et de ses ambitions de planification urbaine : il s’agissait de transformer un gigantesque bidonville en une gare ultramoderne ; le projet n’a jamais été réalisé.

WY-TO à Pauline Gaudry, à Paris, pour faire mes débuts au sein de studio Milou à Singapour en 2009. Pendant 2 ans jusqu’en 2010, j’ai assuré la gestion de tous les aspects techniques du projet, jusqu’au moment du démarrage de la phase de chantier. Vous avez ensuite créé WY-TO Singapour, où vous avez semble-t-il multiplié les projets sur des terrains très variés : architecture, scénographie muséale… En effet, j’ai créé WY-TO Singapour. L’agence, qui compte aujourd’hui une douzaine de collaborateurs, s’est bien développée. Nous avons été impliqués sur de nombreux projets à Singapour et collaborons actuellement sur le fabuleux projet 2050, préfigurant ce que Singapour pourrait être

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Les Français à Singapour

© WY-TO / Surbana

“ Projet 2050 est un fabuleux projet de prospective préfigurant ce que Singapour pourrait être dans 35 ans ”.

à l’horizon 2050, et identifiant les moyens de se préparer à cette évolution, notamment en exploitant la verticalité. En parallèle, j’ai travaillé pendant deux années pour Archifest, le festival d’architecture à Singapour, comme directeur artistique. J’ai aussi eu la chance de réaliser la scénographie de plusieurs expositions du ArtScience Museum : Photographies de l’agence Magnum, Charles & Ray Eames, The Mummy, Andy Warhol… En quoi consiste cette notion de scénographie muséale ? La scénographie muséale est un domaine que j’apprécie énormément. Travailler sur 40 |

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un musée, cela permet de comprendre de l’intérieur comment fonctionne ce qui est devenu une énorme machine. L’aspect accueil et la pédagogie sont fondamentaux. Il y a par exemple beaucoup de personnes que le concept de musée peut impressionner. Il faut que dès l’accueil, la configuration des lieux permette de les rassurer. S’agissant des bâtiments, il faut en faire des lieux plus forts, plus symboliques, sur lesquels les gens pourront se projeter. Pensez-vous que vous auriez pu faire en France tout ce que vous avez réalisé ici ? Je suis vraiment conscient de

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ma chance. A Singapour, j’ai sans doute eu des opportunités que je n’aurais jamais été en mesure de saisir en France, où la spécialité est verrouillée par une poignée de professionnels. Cette expérience m’a permis aussi de mieux comprendre la place de l’art dans la société singapourienne. C’est un art qui ne se cache pas, mais qui s’affiche. Le Art Science Museum, par exemple, même s’il est au pied de l’immense Marina Bay Sands, est un bâtiment au design très original. Il est au premier plan, imposant l’idée d’un art au cœur de la cité. Qu’est-ce qui a permis à WY-TO de connaître le succès à Singapour ? Ce qui nous démarque est l’attention que nous portons à la générosité spatiale et au respect des usagers. En effet, en étant à l’écoute des gens et de leurs envies, s’instaure une relation simple et sincère. Je leur parle de leurs émotions et de leur ressenti spatial afin de créer ensemble des lieux confortables aux qualités multiples : lumière et ventilation naturelles, seuils et hiérarchie des espaces. Cette notion d’espaces nobles et secondaires, le travail de la lumière naturelle comme matière première ainsi que la composition spatiale sont des principes fondamentaux que j’ai eu la chance de recevoir dès le début de mes études au sein de l’Ecole d’Architecture de Paris-Belleville. Nous continuons à les mettre en œuvre au quotidien. n Propos recueillis par Bertrand Fouquoire



Les Français à Singapour

Dragages De l’hôtel Fullerton au Sports Hub, 30 ans de participation à la formation du paysage architectural de Singapour

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Plus grand, plus intégré, plus flexible. La possibilité de réaménager les gradins pour s’adapter à chaque sport est l’une des fonctionnalités emblématiques du Sports Hub.

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u cours des 30 dernières années, Dragages Singapore, filiale de Bouygues Construction, a multiplié les grandes réalisations au sein de la cité-Etat, parmi lesquelles la station de Newton, l’hôtel Fullerton, The Sail, Ardmore

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Park et le Sports Hub. Ludwig Reichhold, Managing Director de la société à Singapour, est à cet égard un acteur-observateur privilégié du développement urbain et architectural de Singapour, dont le Sports Hub est, à ce jour, l’icône la plus récente.

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omment la société Dragages a-t-elle historiquement démarré ses activités à Singapour ? Dragages & Travaux Publics est une entreprise ancienne dans la région. Elle a été fondée au Vietnam en 1902 pour draguer le fond de la rivière de Saïgon. L’entreprise s’est ensuite étendue à l’international et a été intégrée dans le groupe Bouygues en 1985. Dans les années 80 et 90, la société s’est développée à partir de Hong Kong. Elle est intervenue pour la première fois à Singapour en 1984 pour la construction de la Newton MRT Station. Son développement a été tributaire des cycles économiques de l’Asie. La crise financière en 1998 a entraîné la fermeture de plusieurs filiales régionales. Dragages Singapore a résisté et continué à prospérer grâce à son expertise haut de gamme et à son offre complète, qui inclut à la fois la construction et la conception. Quelles ont été au cours des dernières années les réalisations les plus marquantes à Singapour? Dragages s’est vu confier de grands chantiers tels que la Millenia Tower, le Ritz Carlton, ou le Fullerton. A l’issue de la crise financière de 97-98, l’entreprise a élargi ses activités à la construction de


logements, à la fois dans les condominiums Executives et le haut de gamme. Dragages Singapore a ainsi construit des tours et des condominiums de prestige comme Lady Hill, The Sail à Marina Bay, the Arte ou Ardmore Park. Parmi les plus belles réalisations figure évidemment le Sports Hub. La construction du Sports Hub a été réalisée dans le cadre d’un Partenariat Public Privé (PPP) original. Quel a été l’intérêt de ce dispositif à Singapour ? Le choix du PPP à Singapour n’a pas été motivé par les aspects financiers, mais par le souci de regrouper les compétences. Le caractère exceptionnel du Sports Hub est lié à sa dimension de « Hub », avec un stade intégré dans un ensemble comprenant des centres commerciaux et d’autres infrastructures sportives et de loisir (un centre aquatique, un musée, une bibliothèque…). Le PPP permet de mettre ensemble le concepteur, le constructeur et l’exploitant, qui peuvent intervenir et interagir à toutes les phases du projet au lieu de le faire de manière séquentielle. L’expérience de Dragages dans le domaine des PPP, acquise notamment au Royaume-Uni, et sa présence à Singapour, lui ont permis d’assembler l’équipe nécessaire, avec ARUP Sport, spécialisé dans l’architecture sportive et DP Architects. Les exigences environnementales à Singapour sont-elles contraignantes ? Le gouvernement de

The Sail, à l’entrée du CBD en venant de la mer, est l’une des signatures de Dragages à Singapour. Une invitation au voyage attestant qu’il y a de la poésie dans le verre et le béton.

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Singapour pousse très fort sur le développement du label écologique « Green Mark ». Cela entraîne certaines difficultés quand il faut adapter des normes établies pour des bâtiments standards à des constructions, telles que le Sports Hub, qui n’ont rien de standard. L’une des innovations remarquables du Sports Hub, par exemple, tient à son système de refroidissement des gradins. Ici le refroidissement est localisé, sur une épaisseur seulement de 2 m. C’est un avantage considérable. Mais, la climatisation fonctionnant dans un stade dont le toit s’ouvre, elle était assimilée à une climatisation de l’extérieur, ce qui est interdit à Singapour. Il a donc fallu négocier. La solution a été d’équiper l’ensemble du stade de 4000 m2 de panneaux solaires dont la production d’électricité compense

l’énergie consommée par la climatisation. Cette innovation a d’ailleurs permis au Sports Hub d’obtenir la qualification Green Mark Gold Plus. Comment Dragages perçoitelle son développement dans le schéma prospectif de Singapour à l’horizon 2050 ? Il faut être très flexible. Singapour a fait beaucoup d’efforts dans le domaine du logement et des infrastructures. On peut s’attendre à ce que ces investissements diminuent. Nous avons donc prévu de nous développer dans un périmètre plus large dans la région. Dragages compte bien continuer à jouer un rôle prédominant dans le développement de Singapour et du Sud-Est asiatique dans les années à venir. n

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Propos recueillis par Bertrand Fouquoire

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Agenda ~ Sélection de la rédaction 15 au 31 octobre 28

A night of Magic at Raffles

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Le Patient Anglais

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Onegin

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Writers Festival

Le monde magique de Joe Laberos • Jubilee Hall, Raffles Hotel

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Des films en français tous les mardis à l’Alliance Française, 20h00

Stuttgart Ballet • Esplanade Theatre

Ateliers, conférences, symposium, rencontres autour de plusieurs écrivains • Quartier Bras Basah / Centre-ville

MusicFest@SGH

Sing’theatre apporte, pour la deuxième année consécutive, la musique live aux patients du Singapore General Hospital. Une cinquantaine de mini-concerts gratuits pour les patients, le personnel et les visiteurs. Et en soirée, un concert avec des stars singapouriennes, dont Robin Goh, Sebastian Tan et la chanteuse Cat Ong. Jazz, opérette, folk ou classique, il y en aura pour tous les goûts ! • Singapore General Hospital

Scannez pour parcourir l’Agenda en temps réel

1er au 15 novembre 04

La Grande Illusion

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Ma vie avec Mozart

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Evergreen Hits !

Des films en français tous les mardis à l’Alliance Française, 20h00

Une production Sing’Pouring et YSTCM ; adaptation du roman d’Eric-Emmanuel Schmitt • Conservatory Concert Hall 3

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Mamma Mia !

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Chorale in the Park

Joyeux Noël !

Séance de cinéma gratuite : 1er arrivé, 1er assis et présentation historique avant le film • Alliance Française, 20h00

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Comédie musicale rythmée par les plus grand succès d’ABBA • Marina Bay Sands Theatre

Sengkang Secondary School’s chorale • Botanic Gardens, 18h00 Le Botanic Gardens propose des concerts gratuits très régulièrement, en plein air, à la Shaw Foundation Symphony Stage

Raffles Alumni Chinese Orchestra • Esplanade Concert Hall, 15h00 Un dimanche après-midi par mois, un concert gratuit à l’Esplanade Concert Hall

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Renaud Capuçon

et le Singapore Symphony Orchestra interprètent Mozart et Debussy • Esplanade Concert Hall, 19h30


16 au 30 novembre 19 22

Les Femmes Savantes

19 20

Valery Gergiev

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Une production The Theatre Factory • Alliance Française

et l’Orchestre Symphonique de Londres interprètent Shostakovich, Rachmaninov, Prokofiev • Esplanade Concert Hall, 19h30

21 30

Kalaa Utsavam

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Singapore Art Fair

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4ème Festival du film français

Affordable Art Fair

Sculptures, peintures, photographies… L’art contemporain international accessible à tous • F1 Pit Building

Festival d’art indien, musique, danse, théâtre, spectacles pour enfants, ateliers • Esplanade

ME.NA.SA.Art (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Asie du Sud et Sud-Est) • Suntec Singapore Convention & Exhibition Center

16 films français inédits et la présence d’une délégation artistique, dont Juliette Binoche • The Cathay Cineplex/SHAW Theatres Lido/Alliance Française

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SSO Babies Proms

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The Artist

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Joyeux Noël !

Le charme d’un marché de Noël et ses chalets en bois à Gardens by the Bay (Christmas Wonderland du 1er au 31 décembre) ; les superbes sapins d’Orchard road, rue piétonne le temps d’un soir (Pedestrian Night le 6 décembre)

Concert interactif du Singapore Symphony Orchestra pour les jeunes mélomanes • Esplanade Concert Hall

Des films en français tous les mardis à l’Alliance Française, 20h00

Dim Sum Dollies

« The history of Singapore », Comédie décapante haute en couleur de la Dream Academy • Esplanade Theatre

Zouk Out

Immense beach party avec les meilleurs DJ internationaux • Siloso beach, Sentosa

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Et en janvier 2015 ! CATS Spectacle musical • Marina Bay Theatre

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Evelyn Lim with Judy Tay

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Laneway Festival

Concert gratuit orgue et violon • Victoria Concert Hall

Live urban music... Depuis 2004 • The Meadow, Gardens by the Bay

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Escapade Gourmande

Restaurant ANDRE

Cuisine d’ici et d’ailleurs A l’image de son architecture éclectique, ce que la ville de Singapour offre de particulièrement merveilleux, c’est sa cuisine du monde entier. Spécialités péranakanes, japonaises, italiennes ou délices du terroir français, voici notre sélection, pour le plaisir des gourmets de la ville. A vos fourchettes, c’est parti pour un nouveau voyage gourmand… True Blue Cuisine, la cuisine singapourienne en héritage A deux pas du musée Péranakan, voici une adresse qui est à elle seule une destination. Dans cette maison d’origine dont on retient l’histoire et l’héritage culturel, on admire le mobilier, les photos et les lustres et on 46 |

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déguste une salade de bourgeons de fleurs de bananier et concombres, soit Jantong Pisang salad dans le texte (18 S$), un poulet aux noix Buah Keluak couleur ébène (la spécialité de la maison) (24 S$) et des crevettes sautées aux feuilles de curry (15 S$ la pièce). On accompagne le repas d’un déli-

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cieux breuvage : un thé sucré parfumé aux longans et aux dattes rouges (4 S$) et on termine par un riz gluant noir au coco, servi tiède (Pulot Hitam, 5 S$) pour prolonger le voyage. Dépaysement total assuré ! Cocotte, design glamour industriel pour terroir français Une adresse à explorer sans hésiter dans le quartier de Little India. Ici, la cuisine est savoureuse et la déco unique. Mobilier qui semble déniché de brocantes françaises (panneaux de rue d’origine, tabourets, lustres pop, porte-sucettes Pierrot Gourmand). D’inspiration française, cette cuisine familiale traditionnelle associe également des accords britanniques : beignets de brandade de cabillaud


aux olives servis avec un coulis de tomates, tarte Tatin de tomates caramélisées, un superbe poulet rôti signature au romarin et thym (60 S$), servi avec des légumes croquants, un gratin dauphinois et une succulente sauce. En dessert, on craque pour la glace au caramel (7 S$) ou pour les délicieuses pâtisseries (mousse au chocolat Valrhona 72 % (7 S$), Paris-Brest (5 S$), Carrot cake (9 S$), gâteau au chocolat (9 S$), tarte au citron (8 S$), cheesecake aux baies (9 S$). Le menu déjeuner (entrée, plat, dessert) est à 32 S$ et un brunch est également proposé le week-end. ANDRE, quand la cuisine française rime avec excellence Saviez-vous que la poésie pouvait être gourmande ? Chez André Chiang, l’univers gastronomique mêle poésie, excellence, saveurs, magie… et plus encore. On entre dans une adorable maison située en plein cœur de Chinatown, et on prend place sur la banquette. Quelques instants à peine et le rituel commence : on grimpe quelques marches, on dépose son sac sur une brebis ébouriffée et on se laisse faire. Ici, la formule est à la japonaise, c’est-à-dire omakase, soit à la discrétion du chef. Chaque jour, autour de son Octaphilosophie, le chef explore et revisite les 8 éléments phares de sa cuisine : l’unicité, la pureté, la texture, la mémoire, le sel, le Sud, l’artisanat et le terroir. Pour chaque élément, il propose un plat présenté tel un tableau. Gelée de granny Smith sur son carpaccio d’huître, mousse de foie gras à la truffe, mini maïs de la ferme taïwanaise du chef présenté dans son épis, homard à l’émulsion d’orange sanguine, cylindre de lapin, ode au topinambour pour n’en citer que quelques-uns. Côté desserts, l’Octaphilosophie opère également : sucette de sangria, snickers déstructurés, soupe d’amande et carpaccio de raisin au melon, macaron au kaya… Avis aux gourmets qui

True Blue Cuisine

souhaitent poursuivre le reste de ce voyage unique pour une occasion très spéciale. Menu déjeuner à 128 S$ et dîner à 298 S$. Bincho : Yakitori japonais clandestin Entre un bar et un coffee shop local du quartier de Tiong Bahru se cache une table coup de cœur qui rappelle les Yakitori japonais. A midi, on choisit un donburi (bol de riz garni), set lunch à partir de 20 S$. Le soir, l’ambiance est plus festive et le lieu s’agrandit (il s’étend sur le coffee shop attenant). Ici, le poulet est mis à l’honneur mais on peut aussi y déguster du sashimi, de l’anguille ou des crevettes, selon la saison. Compter 25 S$ pour un donburi set au sashimi NOVEMBRE 2014 - JANVIER 2015

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Escapade Gourmande sur place dans différents établissements ou choisir l’option à emporter. Mais la formule canapé-piscine-pizza n’est pas mal non plus !

qui comprend une entrée, une salade, une friture (karage), une soupe, un bol de riz recouvert de poisson cru et un dessert (divin sorbet yuzu). Le thé vert est servi à volonté. Les plus aventuriers se laisseront tenter par le Yakitori Platter (cœur, ailes, cou et gésier de poulet) à 20 S$. On peut aussi se laisser tenter par un cocktail ou un mocktail (sans-alcool), à partir de 16 S$. Le mariage ananas-citronnelle est superbe. Voici une adresse bien cachée qui ne saura rester très longtemps secrète. Itadakimasu ! The Market grill : burger à l’américaine Ambiance tonique et décontractée pour ce bar-resto style rétro américain situé à deux pas de Raffles place. Le lieu est populaire, et pour cause, les burgers sont juteux et généreux. On commence par une salade au bœuf Wagyu relevée de balsamique et d’échalotes (19 S$), puis on enchaîne sur le CW Cod Fish burger (26 S$) : un tendre filet de cabillaud mariné au Pommery, servi dans un pain léger au parmesan et mayonnaise citronnée, quelques frites et un peu de verdure. On prolonge la fête avec un brownie tiède aux noix, servi avec une boule de vanille (15 S$) et on profite de la musique avant de reprendre la route. Spizza : saveurs italiennes à la maison Envie d’une bonne pizza ou de pâtes livrées à domicile ? On passe commande et on déguste sans quitter son canapé. Parmi les coups de cœur : Ymilia, une pizza tomates mozzarella, chèvre, jambon de parme et origan (24 S$), ou Elisa (22 S$) au pesto, olives et pignons de pin. Côté pâtes, les lasagnes au bœuf (17 S$), les raviolis à la ricotta (17 S$) et les cannellonis crabe-épinards (17,5 S$) sont tous parfaits. Formule pour deux à 35 S$ pour une large pizza, une salade/antipasti, pain à l’ail et 2 boissons. On peut aussi déguster 48 |

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Chilli Crab

Restaurant Bincho

Restaurant Kinki

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The Nook : self-service aux couleurs du monde Située dans le Big Hotel, cette cantine de style industriel propose un concept ingénieux qui permet de limiter le personnel employé : on s’approche d’une borne digitale et on choisit ses plats. La commande part directement en cuisine et nous est servie rapidement : saumon grillé (12,50 S$), brochettes de Satay (6 S$), chicken wings (6,50 S$) et autres plats internationaux. On peut également compléter sa commande dans l’espace self-service de quelques sushis (0,90 S$ pièce), un sandwich, une salade, et un dessert (mousse au chocolat – 3,50 S$, cheesecake ou fondant au chocolat – 3,50 S$, yaourt – 2,50 S$). Un menu du jour à 9,90 S$ est également disponible et inclut un mango frizz et un poulet ou poisson cuisiné. Ici, pas de service charge et la GST est incluse. Kinki : excellence et décadence japonaise Les amateurs de cuisine japonaise, de déco branchée avec vue imprenable sur MBS ne seront pas en reste. Graffitis sur les murs et menu présenté façon manga, chefs arborant crinière blonde ou piercing… Ici le poisson est archi-frais (directement importé du Japon) et les saveurs nippones tout simplement sublimées. On craque pour un plateau de sashimis (40 S$), pour des nigiris, makis et sushis aussi divins qu’originaux : Spider au crabe mou (24 S$), anguille & St. Jacques (28 S$), sushi foie gras-St. Jacques (22 S$). Le carpaccio de Tai à la truffe (32 S$) est superbe, tout comme le miso cod (32 S$). En dessert, on se rafraîchit d’une boule de glace au sésame noir, au thé vert ou d’un sorbet au yuzu (8 S$ pour deux boules) en



Escapade Gourmande

Spizza

The Nook / Big Hotel

provenance directe de l’archipel. Une excellente table dans une ambiance stylée et décontractée. Menu fixe à partir de 20 S$ et le soir on grimpe quelques marches et on profite du bar avec une vue imprenable sur la ville. Quayside Seafood, Pepper Crab sur les quais Envie de jouer les touristes et de profiter d’un dîner au bord de l’eau ? Devant les bateaux amarrés ou en croisière, on s’offre un plat typique local, j’ai nommé le Pepper Crab ! Celui-ci vient du Sri Lanka (6 S$ les 100 gr) et on le déguste à la pince avec un tablier. On agrémente cela d’une soupe de fruits de mer (15 S$), de quelques Scottish bamboo clams (genre de gros couteaux délicieux, 13,50 S$ pièce). On complète par le fried rice de la maison à la viande de crabe fraîche et aux crevettes (25 S$), une excellente bière brassée maison (le restaurant a d’ailleurs gagné un prix pour ses bières), et on termine par une glace originale à la citronnelle, aussi délicate que rafraîchissante (5 S$ la boule). Le Petit Paradis, bistrot français de quartier Voici un très bon rapport qualité-prix pour cette adresse de quartier sur East Coast. Tenu par un très jeune chef et aidé par son adorable maman 50 |

SINGAPour

en salle, ce bistrot propose des classiques de la cuisine française, réalisés en toute simplicité mais avec grand soin. Salade de roquette et canard (7 S$), dés de fét a à la tomate et basilic (8 S$), filet de bar dodu sur un lit de légumes à la provençale (17 S$), bouillabaisse de fruits de mer (23 S$), crème brûlée (8 S$), crumble (8 S$)

ou fondant au chocolat (9 S$). Autre spécialité de la maison qui semble ravir la jeunesse locale : le confit de canard d’Enoch et son fameux « pork belly ». Une bonne petite adresse qui est en passe de devenir la cantine des locaux et des étrangers du quartier. n Raphaëlle Choël

Les Adresses True Blue Cuisine

49 Armenian St

HP 6440 0449

Cocotte

2 Dickson Rd

HP 6298 1188

Restaurant ANDRE

41 Bukit Pasoh Rd

HP 6534 8880

Bincho at Hua Bee

78 Moh Guan Terrace

HP 6438 4567

The Market Grill

208 Telok Ayer St

HP 6221 3323

Spizza

www.spizza.sg

HP 6377 7773

The Nook / Big Hotel

200 Middle Rd

HP 6809 7988

Kinki

70 Collyer Quay

HP 6533 3471

Quayside Seafood Restaurant

3C River Valley Rd, The Cannery

HP 6338 0138

Le Petit Paradis

95 East Coast Rd

HP 6447 0710

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