LA FAMILLE FORQUERAY

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LA FAMILLE FORQUERAY PORTRAIT(S)

JUSTIN TAYLOR


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LA FAMILLE FORQUERAY

PORTRAIT(S)

ANTOINE FORQUERAY (1672-1745) 1 PRÉLUDE NON MESURÉ EN RÉ MINEUR

1’16

JEAN-BAPTISTE FORQUERAY (1699-1782) PREMIÈRE SUITE EN RÉ MINEUR

2 3 4 5 6 7

ALLEMANDE. LA LABORDE LA FORQUERAY LA COTTIN LA BELLMONT LA PORTUGAISE LA COUPERIN

5’01 3’16 3’53 3’17 3’15 4’39

FRANÇOIS COUPERIN (1668-1733) TROISIÈME LIVRE DE PIÈCES DE CLAVECIN ORDRE XVII

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LA SUPERBE OU LA FORQUERAY

5’12

ANTOINE FORQUERAY SUITE POUR TROIS VIOLES, TRANSCRIBED FOR SOLO HARPSICHORD BY JUSTIN TAYLOR

9 [ALLEMANDE]

4’31 4


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10 COURANTE 11 SARABANDE

2’32 3’55

JACQUES DUPHLY (1715-1789) TROISIÈME LIVRE DE PIÈCES DE CLAVECIN

12 LA FORQUERAY

4’48

JEAN-BAPTISTE FORQUERAY CINQUIÈME SUITE EN DO MINEUR

13 LA RAMEAU 14 LA GUIGNON 15 LA LÉON. SARABANDE 16 LA BOISSON 17 LA MONTIGNI 18 LA SYLVA 19 JUPITER

4’46 4’00 4’32 3’56 5’36 5’43 4’58

TOTAL TIME: 79’15

JUSTIN TAYLOR

HARPSICHORD

RUCKERS-HEMSCH HARPSICHORD 1636-1763 ANTHONY SIDEY & FRÉDÉRIC BAL CORRETTE TEMPERAMENT (MODIFIED) 5



LA FAMILLE FORQUERAY : PORTRAIT(S) PAR JUSTIN TAYLOR Une porte s’ouvre, une époque apparaît. On n’entend tout d’abord qu’une seule note, puis un arpège, une mélodie suivie d’un ornement… Un prélude a discrètement commencé. Sur le manuscrit, un nom de famille pour toute signature. Forcroy. Antoine ? Michel ? Jean-Baptiste ? Nicolas-Gilles ? Autant de prénoms de musiciens – compositeurs, violistes ou organistes français – portés par des membres de la famille Forqueray. Deux violistes virtuoses, issus de cette famille, se sont particulièrement distingués : Antoine, dit « Forqueray le Père », et Jean-Baptiste, son fils. Une rivalité Antoine, né en 1672 à Paris, joue dès l’âge de 10 ans de la basse de violon devant le Roi qui, impressionné par son talent, demande à ce qu’on lui enseigne la basse de viole. Antoine devient quelques années plus tard Ordinaire de la chambre du Roi. Doté d’une virtuosité exceptionnelle, il est considéré comme l’un des violistes les plus accomplis de son temps. Son fils Jean-Baptiste, né en 1699 d’un mariage avec la claveciniste Henriette-Angélique Houssu, n’est pas moins talentueux. Toute la cour s’étonne de ses dons prodigieux lorsqu’il joue devant Louis XIV à l’âge de 5 ans. La jalousie d’Antoine pour le talent de son fils est telle qu’il le fera incarcérer à la prison de Bicêtre, alors que Jean-Baptiste n’a que 15 ans. Dix ans plus tard, celui-ci sera tout simplement banni de France à la demande de son père ! Cet exil sera cependant de courte durée : Jean-Baptiste reviendra à Paris deux mois plus tard, grâce à l’intervention d’amis influents. Reconnu et admiré pour son talent, il joue avec les meilleurs musiciens de son temps, donne des cours à la famille royale et prend la succession de son père à la cour en 1742. 7

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L’attribution Jean-Baptiste publie en 1747 cinq suites de pièces, en deux versions : l’une pour viole de gambe et basse continue, l’autre pour clavecin seul. Dans la préface de ces deux ouvrages, Jean-Baptiste déclare qu’il publie des œuvres de « feu son père », mort deux ans auparavant. Mais l’attribution de ces pièces soulève nombre de questionnements. Pourquoi Antoine, riche et influent à la cour, n’aurait-il pas publié lui-même sa musique ? Stylistiquement, ces suites semblent plus proches de celles des contemporains de son fils, comme Jean-Marie Leclair. Il est également troublant de constater que ces pièces sont presque toutes dédiées à des membres de l’entourage de Forqueray fils. Jean-Baptiste avoue d’autre part qu’il a ajouté quelques pièces « de sa composition ». Or, il est difficile de repérer des différences de style et d’écriture entre ces pièces et celles présumées écrites par le père. Enfin, Jean-Baptiste a ajouté une basse aux pièces de viole. Antoine aurait-il conçu ces cinq suites pour viole seule, sans l’accompagnement d’un continuo ? La richesse harmonique de ces suites, où basse et chant sont indissociables, suggère le contraire. Une correspondance entre Jean-Baptiste Forqueray et le prince Frédéric-Guillaume de Prusse fait naître l’espoir d’une réponse quant à l’attribution des suites. Mais si ces lettres échangées entre 1767 et 1769 nous donnent de précieux renseignements sur la pratique de la viole à cette époque, elles ne lèvent pas le voile sur l’identité du compositeur. Quoi qu’il en soit, il nous semble que l’apport de Jean-Baptiste, loin d’être un simple travail de copiste et de transcripteur, fut réellement celui d’un compositeur dont les pièces révèlent des harmonies novatrices et éminemment personnelles. Au-delà de telles discussions musicologiques, la musique des Forqueray dévoile un (des) tempérament(s) bien trempé(s). Portrait(s) La comparaison par Hubert Le Blanc entre Marin Marais et Antoine Forqueray est restée célèbre : « L’un avait été déclaré jouer comme un Ange, et l’autre jouer comme 8


un Diable1. » Mais si cette beauté dionysiaque jaillit de certaines œuvres des Forqueray, d’autres relèvent de l’apollinien. Portrait d’un père, portrait d’un fils, portraits d’un entourage ou portraits croisés, telles La Superbe ou la Forqueray de François Couperin et La Couperin de Jean-Baptiste Forqueray. Autant d’approches pour évoquer les différentes personnalités de cette famille par leur musique. La Forqueray, de la Première Suite, ne serait-elle pas un portrait d’Antoine par son fils ? La ressemblance avec la Courante de la suite pour trois violes semble le confirmer, et son imprévisibilité dépeint le tempérament « quinteux, fantasque, bizarre » du père. Dans leurs hommages, François Couperin et Jacques Duphly saisissent les caractères saillants de cette famille exceptionnelle. Chaque pièce esquisse un visage, on aperçoit le fougueux Guignon, violoniste au jeu vigoureux et ardent, le grand Rameau, dans toute sa splendeur ténébreuse, le violiste Bellmont, partenaire privilégié de Jean-Baptiste, l’horloger Montigni et son rondeau envoûtant… On s’émerveille des atmosphères contrastées, comme autant de tableaux, de la tendre langueur de La Léon ou de La Sylva, à la fière Portugaise, de la majesté sensible de La Laborde, à la rêveuse Cottin, avant de terminer avec Jupiter, déchaîné. La transcription Ce portrait musical de la famille Forqueray est également le lieu d’une réflexion sur la transcription. Les suites interprétées au clavecin sont originellement écrites pour viole de gambe. Comment appréhender cette relation entre les deux versions ? Transcrire la suite pour trois violes dans une version pour clavecin seul m’a permis, en me confrontant à la même démarche que celle de Jean-Baptiste Forqueray, de mieux la comprendre. Je me suis inspiré de l’incroyable palette de timbres et d’expressions imaginée par Jean-Baptiste pour la viole de gambe, afin d’interpréter ces suites de clavecin avec la même inventivité Hubert Le Blanc, Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, Amsterdam, 1740. 1

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mêlée de grave profondeur. Le passage de l’archet de la viole au bec du clavecin, d’un monde sonore à un autre, éclaire la partition sous un angle nouveau et permet d’en saisir pleinement toute l’originalité. « Le bonheur que j’ai eu de vous voir applaudir à mes faibles talents va renouveler l’ardeur de mon zèle : heureux si par mon travail je puis contribuer à vos amusements 2. » Jean-Baptiste Forqueray

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Jean-Baptiste Forqueray, Préface des Pièces de viole mises en pièces de clavecin, Paris, 1747. 10

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THE FORQUERAY FAMILY: PORTRAIT(S) BY JUSTIN TAYLOR A door opens, an epoch appears. At first we hear only a single note, then an arpeggio, a melody, followed by an ornament . . . A prelude has begun discreetly. On the manuscript, the only signature is a surname. Forcroy. Antoine? Michel? Jean-Baptiste? Nicolas-Gilles? All of these are first names borne by French musicians – composers, viol players or organists – belonging to the Forqueray family. Two virtuoso performers on the viol who were members of the family had a particularly distinguished career: Antoine, known as ‘Forqueray le Père’, and Jean-Baptiste, his son. Rivalry Antoine, born in Paris in 1672, played the bass violin before Louis XIV from the age of ten; impressed by his talent, the king asked for him to be taught the bass viol. Antoine became Ordinaire de la Chambre du Roi a few years later. He had outstanding gifts of virtuosity and was regarded as one of the most accomplished viol players of his time. His son Jean-Baptiste, born in 1699 of his marriage to the harpsichordist Henriette-Angélique Houssu, was no less talented. The whole court marvelled at his prodigious gifts when he played before Louis XIV at the age of five. Antoine was so envious of his son’s talent that he had him locked up in Bicêtre prison when Jean-Baptiste was only fifteen. Ten years later, he was purely and simply banished from France at his father’s request! The period of exile did not last long, however: Jean-Baptiste returned to Paris two months later, thanks to the intervention of influential friends. Famed and admired for his talent, he played with the finest musicians of the day, gave lessons to the royal family and succeeded to his father’s post at court in 1742.

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Attribution In 1747 Jean-Baptiste published five suites of pieces, which were issued in two versions: one for viola da gamba and basso continuo, the other for solo harpsichord. In the preface to these two volumes, Jean-Baptiste declared that he was publishing works by his ‘late father’, who had died two years previously. But the attribution of these pieces raises a number of questions. Why did Antoine, who was wealthy and had influence at court, not publish his music himself? Stylistically, these suites seem closer to those of his son’s contemporaries such as Jean-Marie Leclair. It is also somewhat disconcerting that the pieces are almost all dedicated to members of the circle of Forqueray fils. Moreover, Jean-Baptiste admits that he has added a few pieces ‘of his composition’. But it is difficult to pinpoint any differences of style and compositional technique between the pieces in question and those supposedly written by his father. Finally, Jean-Baptiste added a bass part to the viol pieces. Did Antoine really conceive these five suites for solo viol, without continuo accompaniment? The rich harmonies of the suites, in which bass and melody are indissociable, suggest the opposite. An exchange of correspondence between Jean-Baptiste Forqueray and Prince Frederick William of Prussia raises the hope that it may contain an answer to the question of the suites’ attribution. But although these letters, dated between 1767 and 1769, provide us with valuable information about viol playing at the time, they do not leave us any the wiser as to the composer’s identity. Whatever the truth may be, it seems to us that JeanBaptiste’s contribution, far from being that of a mere copyist and transcriber, was genuinely that of a composer, whose pieces display innovative and eminently personal harmonies. And, over and above such musicological discussions, the music of the Forquerays reveals a highly individual temperament (or indeed two).

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Portrait(s) Hubert Le Blanc’s comparison of Marin Marais and Antoine Forqueray has gone down in history: ‘the former was said to have played like an angel, and the latter like a devil’.1 But if the Dionysian beauty suggested by this is perceptible in certain works by the Forquerays, others are clearly in the Apollonian mould. The portrait: of a father, of a son, of an entourage, or intersecting portraits, like François Couperin’s La Superbe ou la Forqueray and Jean-Baptiste Forqueray’s La Couperin. All of them constitute approaches that attempt to evoke the diverse personalities of this family through their music. Surely La Forqueray, from the First Suite, must be a portrait of Antoine by his son? Its resemblance to the Courante from the Suite for three viols seems to confirm the fact, and its unpredictability must depict the father’s temperament, ‘crotchety, capricious, bizarre’. In their respective hommages, François Couperin and Jacques Duphly catch the salient characteristics of this exceptional family. Each piece sketches a face: we see the impetuous Guignon, a violinist with a vigorous, ardent playing style; the great Rameau, in all his brooding splendour; the viol player Bellmont, Jean-Baptiste’s favourite partner; the watchmaker Montigni and his bewitching rondeau. We marvel at the contrasting atmospheres, like so many paintings: from the tender languor of La Léon and La Sylva to the proud Portugaise, from the palpable majesty of La Laborde to the dreamy Cottin, before ending with a raging Jupiter. Transcription This musical portrait of the Forqueray family also furnishes the opportunity to reflect on the question of transcription. The suites performed here on the harpsichord were originally written for viola da gamba. How can we apprehend the relationship between the two versions? The act of making a solo harpsichord transcription of the Suite for three Hubert Le Blanc, Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle (Amsterdam: 1740). 1

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viols, by obliging me to follow the same process as Jean-Baptiste Forqueray, enabled me to understand it better. I drew my inspiration from the incredible palette of timbres and expression thought up by Jean-Baptiste for viol, with the aim of performing these harpsichord suites with the same combination of inventiveness and grave profundity. The move from the bow of the viol to the quill of the harpsichord, from one sound-world to another, throws light on the score from a new angle and helps one fully to grasp its great originality. ‘The delight I have taken in seeing you applaud my feeble talents will renew the ardour of my zeal: I am glad if, by my work, I may contribute to your entertainment.’2 Jean-Baptiste Forqueray

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Jean-Baptiste Forqueray, Preface to the Pièces de viole mises en pièces de clavecin (Paris: 1747). 14

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DIE FAMILIE FORQUERAY : PORTRÄT(S) VON JUSTIN TAYLOR Eine Tür öffnet sich, eine Epoche wird erkennbar. Zunächst hört man nur eine einzelne Note, dann ein Arpeggio, eine Melodie, auf die eine Verzierung folgt ... Ein Präludium hat diskret begonnen. Auf der Handschrift steht als Signatur nichts als ein Familienname: Forcroy. Antoine? Michel? Jean-Baptiste? Nicolas-Gilles? Alle diese Vornamen trugen Musiker der Familie Forqueray – französische Komponisten, Gambisten oder Organisten. Zwei Gambenvirtuosen der Familie waren besonders brillant: Antoine, „Forqueray Vater“ genannt, und sein Sohn Jean-Baptiste. Rivalität Der 1672 in Paris geborene Antoine spielt dem König bereits mit zehn Jahren auf dem Basse de Violon vor. Von seinem Talent beeindruckt, veranlasst der König, dass man ihm Gambenunterricht erteilt. Einige Jahre später wird Antoine Ordinaire de la chambre du roi. Er ist ein außergewöhnlicher Virtuose und gilt als einer der vorzüglichsten Gambisten seiner Zeit. Aus seiner Ehe mit der Cembalistin Henriette-Angélique Houssu geht 1699 sein Sohn Jean-Baptiste hervor, der nicht weniger begabt ist. Als er mit fünf Jahren Ludwig XIV. vorspielt, wundert sich der ganze Hof über sein ungeheures Talent. Antoine ist auf seinen Sohn so eifersüchtig, dass er den Fünfzehnjährigen ins Gefängnis werfen lässt. Zehn Jahre später wird Jean-Baptiste auf den Wunsch seines Vaters hin einfach aus Frankreich verbannt! Das Exil ist jedoch von kurzer Dauer: Jean-Baptiste kehrt dank einflussreicher Freunde zwei Monate später nach Paris zurück. Anerkannt und für sein Talent bewundert, spielt er mit den besten Musikern seiner Zeit, gibt Mitgliedern der Königsfamilie Unterricht und übernimmt 1742 als Nachfolger seines Vaters dessen Amt bei Hof.

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Zuschreibung Jean-Baptiste veröffentlicht 1747 fünf Pièces genannte Suiten in zwei Fassungen: die eine für Gambe und Basso continuo, die andere für Cembalo. Im Vorwort zu den beiden Ausgaben erklärt Jean-Baptiste, Werke seines zwei Jahre zuvor verstorbenen Vaters zu veröffentlichen. Doch die Zuschreibung dieser Stücke wirft zahlreiche Fragen auf. Warum sollte der wohlhabende, bei Hof einflussreiche Antoine seine Musik nicht selbst veröffentlicht haben? Vom Stil her scheinen diese Suiten denen der Zeitgenossen seines Sohnes näher zu sein, wie etwa den Werken von Jean-Marie Leclair. Auch ist es seltsam, dass fast alle Stücke Personen aus dem Umkreis von Forqueray Sohn gewidmet sind. Jean-Baptiste gesteht zudem, einige selbst komponierte Stücke hinzugefügt zu haben. Dabei ist es schwierig, Stil- und Kompositionsunterschiede zwischen diesen Stücken und den mutmaßlich von seinem Vater geschriebenen zu entdecken. Schließlich fügte Jean-Baptiste zu den Gambenstücken einen Bass hinzu. Hätte Antoine diese fünf Suiten für Sologambe ohne Continuo-Begleitung konzipiert? Der harmonische Reichtum dieser Suiten, in denen der Bass und die Melodie untrennbar miteinander verbunden sind, legt das Gegenteil nahe. Ein Briefwechsel zwischen Jean-Baptiste Forqueray und Prinz Friedrich Wilhelm von Preußen lässt die Hoffnung aufkommen, eine Antwort auf die Frage der Zuordnung zu finden. Doch die zwischen 1767 und 1769 verfassten Briefe verschaffen uns wertvolle Informationen über das Gambenspiel dieser Zeit, ohne die Identität des Komponisten zu verraten. Wie dem auch sei, es scheint uns, dass der Beitrag Jean-Baptistes durchaus nicht der einfachen Arbeit eines Kopisten oder Bearbeiters entspricht, sondern der eines Komponisten, dessen Stücke innovative und äußerst persönliche Harmonien aufweisen. Jenseits solcher musikologischer Diskussionen zeugt die Musik der Forquerays von (einem) starken Temperament(en).

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Porträt(s) Hubert Le Blancs Vergleich zwischen Marin Marais und Antoine Forqueray ist berühmt: „Von dem einen hatte man gesagt, er spiele wie ein Engel, vom anderen, wie ein Teufel“1. Zwar ist diese dionysische Schönheit manchen Werken der Forquerays eigen, doch gehören andere in den apollinischen Bereich. Porträt eines Vaters, Porträt eines Sohns, Porträts ihrer Umwelt oder gegenseitige Porträts wie La Superbe ou la Forqueray von F. Couperin und La Couperin von Jean-Baptiste Forqueray – all das sind Ansätze zur Schilderung der verschiedenen Persönlichkeiten dieser Familie durch ihre Musik. Sollte La Forqueray aus der 1. Suite nicht ein von seinem Sohn komponiertes Porträt Antoines sein? Die Ähnlichkeit mit der Courante der Suite für drei Gamben scheint das zu bestätigen, wobei ihre Unberechenbarkeit den „launenhaften, exzentrischen, sonderbaren“ Charakter des Vaters schildert. In ihren Hommagen erfassen François Couperin und Jacques Duphly die hervorstechenden Charakterzüge dieser außergewöhnlichen Familie. Jedes Stück skizziert ein Gesicht, so dass man den leidenschaftlichen Guignon, einen Geiger mit kraftvollem, ungestümen Spiel, den großen Rameau in seiner dunklen Pracht, den Gambisten Bellmont, Jean-Baptistes bevorzugten Partner, den Uhrmacher Montigni und sein betörendes Rondeau usw. erkennen kann. All diese Porträts weisen bewundernswert kontrastreiche Stimmungen auf: zärtliche Wehmut bei La Léon oder La Sylva, Stolz bei La Portugaise, empfindsame Majestät bei La Laborde, Verträumtheit bei La Cottin bis hin zum ungestümen Ende mit Jupiter. Transkription Dieses musikalische Porträt der Familie Forqueray gibt auch Anlass, über die Transkription nachzudenken. Die auf dem Cembalo gespielten Suiten sind ursprünglich für Bassgambe geschrieben. Wie ist die Beziehung zwischen den beiden Fassungen zu verstehen? Hubert Le Blanc, Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, Amsterdam, 1740. 1

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Um sie besser zu erfassen, setzte ich mich mit Jean-Baptiste Forquerays Vorgehensweise auseinander und übertrug selbst die Suite für drei Gamben in eine Fassung für Cembalo solo. Ich ließ mich von der unglaublichen Vielfalt an Timbres und Ausdrucksweisen inspirieren, die Jean-Baptiste für die Gambe erfindet, um bei der Interpretation den gleichen Einfallsreichtum mit ernster Tiefe zu verknüpfen. Der Übergang vom Bogen der Gambe zu den Kielen des Cembalos, von einer Klangwelt zur anderen, stellt das Werk in ein neues Licht und ermöglicht es, seine Originalität voll zu erfassen. „Das Glück, das ich empfand, als ich sah, wie Sie meinen schwachen Begabungen Beifall spendeten, wird meinen Schaffenseifer erneuern: Ich bin glücklich, wenn ich durch meine Arbeit zu Ihren Vergnügungen beitragen kann.“2 Jean-Baptiste Forqueray

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Jean-Baptiste Forqueray, Vorwort zu den Pièces de viole mises en pièces de clavecin, Paris, 1747. 18

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MANY THANKS TO FRANÇOISE MARMIN, OLIVIER BAUMONT, BLANDINE RANNOU, KEN YOSHIDA, ANTHONY SIDEY, FRÉDÉRIC BAL, SOPHIE DE BARDONNÈCHE, JOHN & FRANÇOISE TAYLOR, FRÉDÉRIC HAAS, SKIP SEMPÉ, BÉATRICE MARTIN, FRANÇOISE LENGELLÉ, SALOMÉ GASSELIN, JULIEN LÉONARD, CAMILLE RAVOT, TOMAS BISSCHOP & MA FESTIVAL BRUGGE, DIDIER MARTIN & ALPHA CLASSICS. RECORDED FROM 13 TO 16 MARCH 2016 AT NOTRE DAME DE BON SECOURS (PARIS) KEN YOSHIDA recording producer, editing & mastering ANTHONY SIDEY tuning CHARLES JOHNSTON english translation SILVIA BERUTTI-RONELT german translation VALÉRIE LAGARDE & GAËLLE LÖCHNER graphic SANDRINE EXPILLY cover & inside photos ALPHA CLASSICS DIDIER MARTIN director PAULINE PUJOL production AMÉLIE BOCCON-GIBOD editorial coordinator ALPHA 247 ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC FRANCE 2016 © ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC FRANCE 2016

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