Lord Gallaway’s Delight - An Excellent Collection of Dances & Gaelic Laments

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Lord Gallaway’s Delight

An Excellent Collection of Dances & Gaelic Laments

Les chants de la terre Alpha 534


Les Witches & Alpha Productions remercient Chantal de Corbiac, Alice PiĂŠrot et Jean-Paul Combet

La Courroie


Lord Gallaway ’s Delight

An Excellent Collection of Dances and Gaelic Laments 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

She Rose And Leit Me In 5’21 The Ragg Set By A Gentlemen (Irish Rag) 3’55 Ld Gallaways Lamentation 6’06 Sr Ulick Burk 4’32 Mary O’ Neill 3’43 On The Cold Ground 3’08 Bellamira 3’57 Molly Halfpenny (Molly O’hailpin) 3’45 Limbrick’s Lamentation 5’57 I Loved Thee Once 5’23 Siege Of Limerick 3’17 Counsellor Mc Donoghs Lamentation 8’11 Jennys Whim, Role The Rumple Sawny 2’24 Lads Of Leight 2’59 Johney Cock Thy Beaver : A Scotch Tune to a Ground 3’54 Kings Hornpipe, Newcastle 2’58 Miss Hamilton 4’15 Da Mihi Manum (Tabair Dom Do Lámh) 4’06 3


Les Witches Pascale Boquet luth & guiterne Luth Renaissance : Joël Dugot, 1981 Guiterne : Didier Jarny, 2001 Odile Edouard violon Violon italien, école de Brescia, xvii e siècle Freddy Eichelberger clavecin, clavicytherium & cistre Clavecin italien : Jean Bascou, 2008 Clavicythérium d’après une gravure de Praetorius : David Boinnard, 2005 Cistre d’après un modèle italien xvie siècle : Ugo Casalonga, 1999 Claire Michon flûtes Soprano « Handfluyt » : Francesco Li Virghi, 2000  Soprano & ténor, d’après Rafi : Francesco Li Virghi, 1999 & 2012 Alto en sol, modèle Ganassi : Adrian Brown 1991 Whistles en bambou, flûte à trois trous : Jeff Barbe Tambour à cordes : Jean-Paul Boury, 2010 Traverso, d’après Praetorius : Giovanni Tardino, 2004

Sylvie Moquet violes de gambe Dessus de viole d’après Jaye : Blaise Lagrange Basse de viole anonyme xvii e siècle

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Guest : Siobhán Armstrong early Irish harp Harpe irlandaise ancienne, d’après l’instrument du Trinity College (fin de la période médiévale), David Kortier, 2000

Enregistrement réalisé du 20 au 23 mars 2012 à La Courroie (Entraigues sur la Sorgue) Enregistrement, direction artistique, montage & mastering : Hugues Deschaux Direction de production & photos du livret : Julien Dubois Photo couverture du digipack : Sabina Foeth Photo volet intérieur du digipack : Robin Davies Graphisme : Sarah Lazarevic Programme créé pour le festival d’Arques-la-Bataille, avec l’aide de la Bibliothèque musicale François Lang de la Fondation Royaumont. L’ensemble Les Witches est subventionné par la DRAC Poitou-Charentes. To Alison, Kelly-Ann, Ruth, Sabina, Orla, MF et GB

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Freddy Eichelberger & Pascale Boquet


Galways Delight Le délice de Galway, ce fut pour moi en 1984, sur la côte ouest de l’Irlande, de danser dans des pubs avec mon père, mon père plus jeune alors que je ne le suis maintenant, et dont la barbe noire montrait à peine quelques mèches de blanc, mon père qui depuis ma naissance m’avait faite et voulue irlandaise, même si c’était la première fois que lui-même posait le pied sur le sol du pays de ses ancêtres... Jour après jour et soir après soir, à Galway et à Connemarra, nous pûmes vérifier avec nos oreilles, nos papilles, nos yeux bleus, et les élans rythmés de nos pieds et de nos cœurs, la vivacité des traditions : langue, musique et poésie gaélique (mélange des deux). « A terrible beauty is born », avait écrit Yeats dont nous visitâmes la fameuse Tor Ballylee. Mon père eût tant voulu à cette époque que j’abandonne le « harpsichord », engin sophistiqué, élitiste et exquis, aux associations aristocrates, en faveur de la harp, instrument des leprechauns et des fées, symbole de l’Indépendance du pays qu’arborait fièrement le drapeau du Sud, instrument unisexe, érotique et démocratique, aussi facilement transportable et universel que la guitare, précurseur en quelque sorte de celle-ci. Me voilà en Irlande à nouveau près de trente ans plus tard, installée à nouveau devant des pintes de Guinness, écoutant à nouveau cette musique, cette langue et cette poésie, éprise comme jamais de Yeats de Beckett et de Joyce. Entre temps mon père est mort, le bleu de ses yeux s’est éteint, sa barbe a blanchi tout à fait avant de s’évaporer, sa chair est cendres mais ô, ô, belle constance des traditions celtiques, boue et or, prés verts et bières brunes, tourbe et bourbe, gigues et blagues… Ce soir grâce à la magie d’un CD mes nombreux hiers jouent enfin ensemble, la « harp » et le « harpsichord » s’accordent, s’accouplent et s’écoutent, et je fais confiance aux Witches, je sais qu’ils sauront me raconter les vraies, belles et mélancoliques histoires de Miss Hamilton, de Mary et de Molly, me faire pleurer, chanter et danser à nouveau, serait-ce toute seule dans ma chambre d’hôtel,

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devant une glace où je vérifie la belle teinture rousse de mes cheveux blancs puisque mon père me voulait irlandaise, et je sais que cette musique saura à jamais prouver, oui même ici à Dublin sur la côte est du pays, loin du pays de Galway de l’époque où se composaient Lamentations de Seigneurs et Sièges de Limerick et Caprices de Jenny, que oui, d’un bout à l’autre du monde et après ma mort aussi, oh oui, I loved thee once.

Nancy Huston Dublin, 15-18 novembre 2012

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Galways Delight Galway’s Delight, for me, was dancing in pubs on the West Coast of Ireland in 1984 with my father, a man who was younger then than I am now, whose beard was barely beginning to be streaked white, and who’d wanted me Irish since I was born, though this was the first time he himself had set foot in the land of his ancestors… Day after day and night after night, in Galway and Connemara, our ears and our taste buds, our pale blue eyes and the rhythmic movements of our feet and hearts confirmed the vivacity of this country’s language, music and (mixture of the two) poetry. ‘A terrible beauty is born’ – my father quoted Yeats to me when we visited the poet’s Tor Ballylee together. In those days I think he secretly hoped I’d give up the harpsichord – a fussy, exquisite, elitist instrument with snotty connotations – for the harp, instrument of leprechauns and fairies, symbol of the country’s independence proudly displayed on the flag of the Irish Republic, a unisex, erotic, democratic instrument as portable and universal as the guitar, perhaps even the latter’s precursor. Now nearly thirty years later I find myself in Ireland again, crazier than ever about Yeats and Beckett and Joyce, again drinking pints of Guinness standing up and listening to that heart-rending music, language and poetry. My father has died in the meantime, the pale blue light in his eyes has gone out, his beard turned wholly white before it evaporated quite, his flesh is ash but oh, oh, lovely constancy of Celtic traditions, mud and gold, green meadow and brown beer, peat and squeat, jigs and jokes... This evening, thanks to the magic of a compact disc, my many yesterdays can finally converge to make music together, harp and harpsichord can tune up, vibrate and sing in harmony, and I know I can trust ‘Les Witches’ to tell me the true, poignant, melancholy stories of Miss Hamilton and Mary and Molly, make me weep and sing and dance again, albeit in the solitude of my hotel 9


room, occasionally checking in the mirror to make sure my white hair is still dyed a lovely auburn since my father wanted me Irish, and I know this music will forever prove – yes it is true, it will always be true, even here in Dublin on the country’s east coast, at a considerable remove from Galway and the days in which pieces like ‘Lord Gallaway’s Lamentation’ and ‘Siege of Limerick’ and ‘Jenny’s Whim’ were composed – all the world over and even after my own death, yes, oh, yes, I loved thee once.

Nancy Huston Dublin, 15-18 novembre 2012 Translation Nancy Huston

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Sylvie Moquet


Siobhรกn Armstrong, Claire Michon


La harpe irlandaise ancienne La harpe irlandaise ancienne est restée au cœur de la culture musicale gaélique pendant près de mille ans, en Irlande, dans les Hautes -Terres et les îles d’Écosse. Elle est l’emblème national de l’Irlande : l’instrument qu’on y voit est la seule harpe du Moyen-Âge tardif qui subsiste en Irlande conservée au Trinity College de Dublin. C’est ce genre de harpe dont jouaient des musiciens extrêmement habiles, jouisssant d’un haut statut, dans les cours médiévales – dès avant l’an 1000 –, et ensuite dans les grandes maisons des xviie et xviiie siècles. Elle accompagnait la récitation de poésie bardique gaélique au Moyen-Âge et jouait certainement les trois types de musique évoqués dans les sources anciennes : l’instrument servait à la fois à accompagner le chant et à exécuter les compositions instrumentales des harpistes-compositeurs de l’aristocratie. Ce répertoire survit dans les sources manuscrites et imprimées des xviie et xviiie siècles. L’anéantissement ultime de la culture médiévale, qui avait donné naissance à l’instrument, commença avec la reconquête de l’Irlande par l’Angleterre élisabéthaine du xvie siècle. Privée de ses protecteurs et de son public, la harpe irlandaise ancienne dépérit et finit par mourir au début du xixe siècle. Elle fut remplacée par la harpe néo-irlandaise – dite également harpe celtique –, munie de cordes en boyau (et plus tard en nylon), inventée à Dublin par un facteur de harpes à pédales dans les années 1820. Cet instrument plus moderne a peu de chose en commun avec la harpe irlandaise médiévale et requiert une technique de jeu différente. Grâce à sa caisse de résonance généralement taillée dans un rondin unique – traditionnellement du saule – et à ses cordes métalliques en laiton, en argent, voire en or, dont la longue résonance était étouffée sélectivement, la harpe irlandaise ancienne produisait une sonorité d’une extraordinaire douceur, décrite en termes élogieux par les auteurs du Moyen-Âge et jusqu’à sa disparition au xixe siècle. Siobhán Armstrong Traduction Mary Pardoe 13


Siobhรกn Armstrong


The early Irish harp The early Irish harp was at the pinnacle of Gaelic musical culture for almost 1000 years, in Ireland and the Highlands and Islands of Scotland. It is the national emblem of Ireland itself: the instrument depicted is the only late medieval harp still surviving in Ireland, preserved in Trinity College in Dublin. This is the kind of harp played by immensely skilled, high status musicians in the medieval courts – from sometime before 1000 – and later in the great houses of the 17th and 18th century. It accompanied the performance of Gaelic bardic poetry in the Middle Ages and undoubtedly played the three kinds of music mentioned in early sources: the music instrument was used as a vehicle for the song and instrumental compositions of the aristocratic harper-composers of those centuries. This repertoire survives in 17th and 18th century MSS and printed sources. The ultimate destruction of the medieval culture, which had fostered the instrument, began with the reconquest of Ireland by the Elizabethan English in the 16th century and so, deprived of its patrons and audience, the early Irish harp withered and finally died out in the early 19th century. It was replaced by the neo-Irish harp – also known as the Celtic harp – strung with gut or nylon strings, which was invented in Dublin by a pedal harp builder in the 1820s. This more modern instrument has little in common with the medieval Irish harp and uses a different playing technique. Thanks to a resonating chamber usually carved from a single log–traditionally willow–and its metal strings of brass, silver or perhaps even gold, whose long resonance was selectively damped, the extraordinary sweetness of the early Irish harp was described in glowing terms by writers from the Middle Ages until its demise in the 19th century. Siobhán Armstrong

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Claire Michon


Jouer la musique irlandaise ? Comment des musiciens « du continent » peuvent-ils s’aventurer dans les musiques de tradition orale des îles britanniques ?... Depuis longtemps touchés par la force expressive des mélodies celtiques, nous y avons accès par de nombreuses collections d’airs et de danses. Des premières publications d’œuvres de Carolan (vers1750), jusqu’aux collectages de Francis O’Neill (1905) et au-delà, ces éditions ont contribué à renforcer l’identité irlandaise, à en conserver le patrimoine musical et à le rendre accessible à des musiciens d’autres traditions, avec toutefois les limites liées à la transmission par l’écrit. Il aurait été vain de chercher à s’approprier les techniques des musiciens traditionnels dont nous partageons le goût pour la variation, l’ornementation et l’improvisation. Notre approche s’appuie également sur la connaissance et la pratique des répertoires « savants » et « populaires » de la Renaissance et de l’époque baroque : leur coexistence dans les sources imprimées des xviie et xviiie siècles, reflète un style d’exécution commun à ces deux types de répertoires. La rencontre avec Siobhán Armstrong, nous a amenés à suivre le fil des airs, comme on remonte le cours d’une rivière, découvrant avec délices ce que chacun recèle de trésors plus ou moins cachés : mélodies envoûtantes et titres imagés qui, en évoquant des gens et des lieux, racontent des pages d’Histoire…

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Des « collections extraordinaires » Depuis la première édition de The english dancing master I par John Playford en 1651, les éditeurs londoniens rivalisent de publications aux titres toujours plus prometteurs : les plus belles mélodies... les danses les plus variées… les airs les plus nouveaux, adaptés aux instruments les plus à la mode... augmentés d’une basse ou agrémentés de Variations ou Divisions par quelques « Eminent Masters », voire par des virtuoses italiens, pour le plus grand plaisir des amateurs ! Pour preuve, le titre d’un recueil publié par Daniel Wright Sr & Jr en 1713 : An Extraordinary Collection of Pleasant and Merry Humour’s, never before published, Containing Hornpipes, Jiggs, North Cuntry Frisk’s, Morris’s, Bagpipe Hornpipe & Round’s, with Severall Additional fancis added, fit for all those that play Publick. Le succès de ces recueils est attesté par les nombreuses rééditions, les transcriptions comme Division Flute adapté de Division Violin II, ou par les innombrables emprunts de l’une à l’autre, avec ou sans accord commercial entre éditeurs. Ainsi, en 1730, pour compiler Aria di camera III, les Wright font appel à trois « correspondants locaux » en Écosse, en Irlande et au Pays de Galles. On peut penser que l’un d’eux, Mr Dermot O’Connar de Limrick, connaissait la récente publication de John & William Neale, éditeurs de musique à Dublin, A collection of the most celebrated irish tunes, dont de nombreuses mélodies sont intégrées à Aria di camera : collaboration, pillage, ou simple preuve de la célébrité de ces airs ? Parmi les publications des Neale père et fils, The most celebrated irish tunes IV(1724) revêt une importance particulière, puisque c’est la toute première collection dédiée exclusivement à des airs irlandais. Comme argument de vente, ou pour suivre la mode italienne, sa page de titre met en avant des « Divisions » sur un air gaélique par Senior Loranzo Bocchi, violoncelliste alors actif en Écosse et en Irlande. Ces variations destinées aux amateurs et d’autres composées par l’un d’eux (The ragg 18


set by a gentleman), témoignent du goût pour l’improvisation sur des Grounds ; mais la richesse de ce recueil tient surtout à ses 49 magnifiques mélodies, presque toutes dues à des joueurs de harpe (Harpers) renommés, composées récemment ou transmises oralement, parfois depuis des siècles.

Les « Harpers » irlandais La musique irlandaise est indissociable de la harpe (emblème national), et des « Harpers », poètes et bardes liés à l’aristocratie gaélique depuis l’époque médiévale. En 1654, le chroniqueur anglais John Evelyn jugeait l’instrument (quoique délaissé à cause de son extraordinaire difficulté) bien supérieur à « tout ce qui parle avec des cordes, et au luth lui-même  »V, pourtant « prince des instruments et instrument des princes ». L’histoire a magnifié Turlough Carolan (1670-1738) et lui a attribué, parfois à tort, nombre de compositions, oubliant ses prédécesseurs moins célèbres mais aussi talentueux : Ruaidhri Ó Catháin, Myles O’Reilly, les frères Thomas et William Connellan et bien d’autres restés dans l’ombre. Il est vrai que les différents titres sous lesquels se cache une mélodie ne facilitent pas le travail des musicologues… S’il ne fait en effet aucun doute, que Mary O’neill (ou Carolan’s Favourite Jig) et Sir Ulick Burke ont été composés par Carolan pour des mécènes, il est en revanche plus délicat de déterminer l’auteur de Molly Halfpenny (ou Molly ÓhAilpín) connue également sous le titre de Carolan’s Dreame. On prétend que Carolan aurait vendu tous ses airs pour cette seule mélodie, mais est-ce un « Lament » composé par un « Harper » anonyme, ou, plus probablement, une chanson d’amour de William Connellan quelques décennies plus tard ? Seule certitude, le temps n’a rien ôté au pouvoir évocateur de cet air et de son texte : « And a mist of honey is on every side of wherever she goes ». 19


L’un des airs les plus anciens du programme, encore joué aujourd’hui, Da mihi manum (« Give me your hand »), est attribué à Ruaidhri Ó Catháin (ca 1570-1650), qui passa la plus grande partie de sa vie en Écosse. La présence de cet air dans des manuscrits écossais pour luth montre que ces deux instruments ont pu partager leurs répertoires (Lads of leight).

La guerre des deux rois Grâce aux « Harpers », les mélodies circulent des Highlands à l’Irlande, et leurs titres racontent « The War of the two Kings », à l’instar de Limbrick’s lamentation. Connue en Écosse sous le titre de Lochaber, cette chanson de Myles O’Reilly arriva en Irlande avec les partisans écossais de James II (les Jacobites), lorsque celui-ci, détrôné par son gendre William d’Orange, débarqua à Kinsale en 1689 pour chercher des alliés irlandais et rejoindre l’Écosse. Un « Harper » en fit une pièce instrumentale Kings James March to Dublin, qui devint Limbrick’s lamentation, en hommage aux Jacobites tombés au siège de Limerick (1691). La capitulation de la ville signa la défaite de James et le Traité de Limerick initia les répressions contre les catholiques, provoquant la fuite de 20 000 d’entre eux, les ‘Wild Geese’, vers la France où certains intégrèrent les armées de Louis XIV. Dix ans plus tard, dans la 11e édition du Dancing Master, une version de cette mélodie, en forme de contredanse, ‘Reeves Magott’, côtoie l’air Siege of limerick, dont l’allure légère révèle peut-être des sympathies Williamites… D’autres titres convoquent des héros de ces pages noires de l’histoire irlandaise : Sir Ulick Burke, 3rd Baronet of Glinsk et le Counsellor Mc Donogh, tous deux membres du Irish Parliament établi par James, survécurent aux guerres ; et c’est un autre Ulick Burke, Vicomte de Galway mort à la bataille d’Aughrim, que déplore Lord gallaway’s lamentation. 20


Mais lequel des deux rois est évoqué par King’s hornpipe ? La chanson I loved thee once est-elle d’origine irlandaise ? Nous faut-il toujours choisir entre la fraîche Irlande et l’humide Angleterre ?... Au xive siècle, le poète Godfraidh Fionn Ó Dalaigh cultive un certain opportunisme : « Il y a deux clans pour lesquels on compose la poésie dans l’Irlande aux frais printemps : les Gaels, connus pour leur gloire, et les Anglais de l’humide île de Bretagne. Dans la poésie pour les Anglais, nous promettons de bannir les Gaels d’Irlande, tandis que dans la poésie pour les Gaels, nous promettons de pourchasser les Anglais au-delà des mers »VI. Suivant son exemple et la tradition des éditeurs londoniens, le présent enregistrement propose An Excellent Choice of the most celebrated Irish Tunes, the finest English Country Dances & the best Scotch Humours, with severall additional Fancies and Divisions never before recorded. Puisse ce programme, composé par d’humbles musiciens français et « an eminent Irish Harper », combler les amoureux des musiques des îles, britanniques ou non…

Claire Michon

Bibliographie • Nicholas Carolan : A Collection of the Most Celebrated Irish Tunes, Proper for the Violin, German Flute or Hautboy, published by John and William Neal, Dublin 1724; introduction to the facsimile edition by Nicholas Carolan. - Irish Traditional Music Archive, Dublin : 2010. • Donal O’ Sullivan : Carolan, The Life Times and Music of an Irish Harper, 1958. New edition, Ossian Publications, Cork : 2001. 21


Références I. The English dancing master. London, John Playford (1651 à 1728) II. Division violin containing a Choice Collection of Divisions to a Ground for the Treble-Violin. John Playford, 1684. III. Aria di camera being a Choice Collection of Scotch, Irish & Welsh Air’s for the Violin, and German flute. London, Dan. Wright & Dan. Wright Junr. IV. A collection of the most celebrated Irish Tunes, proper for the Violin German Flute or Hauboy. Dublin, Printed & Sold by John & William Neal. V. ‘Such music before or since did I never hear, the Irish harp being neglected for its extraordinary difficulty; but, in my judgment, far superior to the lute itself, or whatever speaks with strings.’ VI. ‘There are two kindreds for whom poetry is composed in Ireland of the cool springs – the Gaels, known to fame, and the English of Britain’s dewy isle. In poetry for the English, we promise that the Gaels shall be banished from Ireland, while in poetry for the Gaels we promise that the English shell be hunted across the sea.’

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Odile Edouard


Claire Michon


Freddy Eichelberger


Odile Edouard, Sylvie Moquet, Pacsale Boquet


Playing irish music How can ‘Continentals’ venture presume to perform music of oral tradition from the British Isles? We have long been moved by the expressiveness of the Celtic melodies that are to be found in the many collections of tunes for singing and dancing to which we have access. From pieces by Turlough O’Carolan, published from around 1750 onwards, to those collected by Francis O’Neill in 1903, and others since, these publications have helped to strengthen Irish identity and preserve the country’s musical heritage, while making it available to musicians from other traditions as well – though with the obvious limitations imposed by written, rather than oral, transmission. With traditional musicians we share the pleasures of variation, ornamentation and improvisation, but it would be vain to try to appropriate their specific techniques. Our approach is based also on our knowledge and practice of the Renaissance and Baroque repertoires. Indeed, the coexistence of art music and popular music in seventeenth- and eighteenth- century printed sources reflects a style of performance that is common to both repertoires. With the help of Siobhán Armstrong, we traced each of these tunes back – following the river upstream, so to speak – and were delighted to discover thereby their more secret treasures: not only haunting melodies, but also references to people and places revealing a whole slice of history.

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‘Extraordinary collections’ From the first edition of John Playford’s The English Dancing Master1 in 1651, London publishers vied with one another to produce ever more promising titles, vaunting the ‘best and most favourite songs’, ‘the newest and most fashionable tunes’, dances adapted for a variety of instruments, with ‘variations upon Grounds by ye most Eminent Masters’ – and even including pieces by Italian virtuosos – ‘for the greatest pleasure of Amateurs’. The title of a book published by Daniel Wright in 1713 provides a fine example of such a title: An Extraordinary Collection of Pleasant and Merry Humour’s, never before published, Containing Hornpipes, Jiggs, North Cuntry Frisk’s, Morris’s, Bagpipe Hornpipe’s & Round’s, with Severall Additional fancis added, fit for all those that play Publick. Such collections were very successful, as is evidenced by the numerous reprints and transcriptions (e.g. The Division Flute2, adapted from Playford’s Division Violin) and the countless borrowings (with or without acknowledgement) one from another. Thus, for Aria di Camera, a themed collection of Scottish, Irish and Welsh tunes, published in 1730, Wright used three local informants, one in each country, and presumably Mr Dermot O’Connar of Limerick, who was one of them, knew A Collection of the most celebrated Irish Tunes3, recently published in Dublin by John and William Neale, for many of the pieces are to be found in both collections. Collaboration? Copying? Or simply pieces that were widely known? Of the publications by John and William Neale, father and son, Aria di Camera is of particular importance: it is the first known collection of Irish music. Perhaps to please the public by keeping up with the vogue for Italian music (thereby boosting sales), it includes Plea Rarkeh na Rourkough 28


[Pléaráca na Ruarcach] or ye Irish weding improved with diferent divitions after ye Italian maner with A bass and Chorus by sigr. LORENZO BOCCHI – Lorenzo Bocchi, a cellist, was a figure of some importance in Scottish and Irish musical life in the 1720s. These variations, intended for amateur musicians – like others found in Ye Ragg set by A gentleman – reflect the taste for improvisation on Grounds. However, the real value of Aria di Camera lies in its forty-nine magnificent tunes, nearly all of them by famous harpers, including recent pieces and in some cases ones that had been passed on orally over the centuries.

Irish harpers Irish music is inseparable from the harp – which is of course Ireland’s national emblem – and its players, the harpers: poets and bards who had been associated with the Gaelic aristocracy since medieval times. In 1654 the English writer and diarist John Evelyn wrote: ‘Such music before or since did I never hear, the Irish harp being neglected for its extraordinary difficulty; but, in my judgment, it is far superior to the lute itself, or whatever speaks with strings.’ History has magnified Turlough O’Carolan (Irish: Toirdhealbhach Ó Cearbhalláin) (1670-1738) by attributing – sometimes wrongly – so many compositions to him, while forgetting his less famous but equally talented predecessors: Ruaidhri Dall Ó Catháin (Ó Catháin), Myles O’Reilly, (Ó Reilly), the brothers Thomas and William Connellan, and others who remained anonymous. The musicologist’s task is made no easier by the fact that, as a result of oral transmission, the same melody often bears different titles. 29


While there is no doubt that Mary O’Neill (also known as Carolan’s Favourite Jig) and Sir Ulick Burke were composed by Turlough O’Carolan for two of his patrons, it is more difficult to determine who composed Molly Halfpenny (Molly MacAlpin), also known as Carolan’s Dreame – O’Carolan is reported to have said that he would rather have been the author of this piece than of any melody he himself had ever composed! It may be a lament written by an anonymous harper; but most probably it is a love-song composed a few decades later by William Connellan. All we know for certain is that over the years the melody and the words have lost none of their evocative power : « And a mist of honey is on every side of wherever she goes ». One of the oldest pieces on our programme – a piece that is still played today – is Da Mihi Manum (Tabair dom do Lámh), meaning ‘Give me your hand’, which is attributed to Ruaidhri Dall O’Caithin (c.1570-1650), an Irishman who spent most of his life in Scotland. The presence of this tune in Scottish lute manuscripts shows that the two instruments were able to share their repertoires. Lads of Leight is a further example.

‘The war of the two kings’ Thanks to harpers, melodies circulated from the Highlands of Scotland to Ireland, and some of their titles tell of ‘The War of the two Kings’. Limbrick’s Lamentation, for instance, a song by Myles O’Reilly, known in Scotland as Lochaber No More, came to Ireland with the Jacobites, when James, king of England and Ireland as James II, king of Scotland as James VII, having been deposed by his son-in-law William of Orange, landed at Kinsale in 1689 seeking Irish allies. A harper made the song into an instrumental piece, King 30


James’ March to Dublin, which became Limbrick’s Lamentation in tribute to the Jacobites who fell at the Siege of Limerick (1691). The capitulation of that city sealed James’s defeat and led to the Treaty of Limerick (3 October), following which came what is known as the Flight of the Wild Geese, when twenty thousand Jacobites fled to France, where some of them joined the armies of Louis XIV. Ten years later, in the eleventh edition of Playford’s The Dancing Master, a countrydance version of this melody, Reeves Magott, is found alongside the melody Siege of Limerick, the lightness of which possibly signifies Williamite sympathies. Other titles recall heroes of those dark episodes in Irish history. Sir Ulick Burke and Counsellor McDonagh refer to two members of the Irish Parliament set up by James II, both of whom survived the wars; the Sir Ulick Burke (or Ulliac Búrca) in question was 3rd Baronet of Glinsk. Another Ulick Burke, Viscount of Galway, died at the Battle of Aughrim in 1691 and is grieved in Lord Gallaway’s Lamentation. But to which king does King’s Hornpipe refer? Did the song I Loved Thee Once originate in Ireland? Do we have to choose between ‘Ireland of the cool springs’ and ‘Britain’s dewy isle’? The fourteenth-century poet Godfrey Fionn O’Daly (Godfraidh Fionn Ó Dalaigh) chose not to choose, praising Gaels and English indiscriminately: ‘There are two kindreds for whom poetry is composed in Ireland of the cool springs: the Gaels, known to fame, and the English [Goill] of Britain’s dewy isle. In poetry for the English, we promise that the Gael shall be banished from Ireland, while in poetry for the Gaels, we promise that the English [nGall] will be hunted across the sea.’ Following his example and also the tradition of the London publishers, this recording thus presents ‘An Excellent Choice of the most celebrated Irish Tunes, the finest English Country Dances & the best Scotch Humours, with several additional Fancies and Divisions never before recorded’! 31


This programme was put together by five humble French musicians, in collaboration with ‘an eminent Irish harper’. We hope this offering of music from the British Isles will please everyone, ‘islanders’ and ‘Continentals’ alike! Claire Michon Traduction Mary Pardoe

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Bibliography • A Collection of the Most Celebrated Irish Tunes, Proper for the Violin, German Flute or Hautboy, published by John and William Neal, Dublin 1724; introduction to the facsimile edition by Nicholas Carolan. Irish Traditional Music Archive, Dublin, 2010. • Donal O’Sullivan: Carolan, The Life, Times and Music of an Irish Harper, 1958. New edition, Ossian Publications, Cork, 2001.

References 1. John Playford, The English Dancing Master: Or, Plaine and Easie Rules for the Dancing of Country Dances, With the Tune to Each Dance. Thomas Harper, London, 1651. Subsequent editions of Playford’s work bore the title The Dancing Master. 2. The Division Flute, containing the Newest Divisions upon the Choicest Grounds for the Flute, published by John Walsh in 1706 and 1708; based on The Division Violin, containing a Choice Collection of Divisions to a Ground for the Treble-Violin. John Playford, 1684. 3. The Most Celebrated Irish Tunes, Proper for the Violin, German Flute or Hautboy, John & William Neale, Dublin, 1724.

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La Courroie


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