else
by Elysée Lausanne
published by IDPURE
issue 4, 2012
applied
Book
Collected
Contemporary
HAUNTED
History
FOCUS found
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magazine
photography
04 > 9 7 7 2 2 3 5 043008
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Editorial La Photographie d’à côté Après l’avoir vu passer du statut de document à celui d’œuvre d’art, tandis que son format ne cessait de grandir pour gagner la taille des tableaux, qu’avons-nous à dire aujourd’hui de la photographie? De toute évidence, son renouvellement ne se joue plus sur le terrain de l’esthétisme. Ce n’est plus tant la photographie qui change que le regard qu’on lui porte. Et si la reconnaissance institutionnelle a bien eu lieu, le temps est venu de la déconstruction des modèles de référence. ELSE s’y emploie avec force, en clamant que la photographie ne se regarde pas seulement en face, mais aussi de côté. Car, à côté de LA photographie, il y a l’autre photographie, une gigantesque collection d’images qui attend qu’on la réveille. C’est la photographie grattée (Eric Baudelaire), la photographie collectée (Ludovic Burel ou Martin Parr), la photographie découpée (Roger Dambron), la photographie cible (Type A), la photographie imprimée (Danse macabre), la photographie repeinte (Luciano Rigolini), etc. Cette photographie ordinaire accède aux pages d’ELSE parce qu’elle exerce un pouvoir de fascination pour ce qu’elle a été et un pouvoir d’attraction pour ce qu’elle peut devenir. Car l’image utilitaire libère sa poésie dans le mouvement de détournement qu’opèrent tous ceux qui se l’approprient. Il y a quelques décennies déjà, la photographie suscitait la polémique en affirmant que regarder c’est créer, mais, aujourd’hui, identifier, s’approprier, voir, c’est aussi créer. Ainsi se définit la dialectique elsienne qui, numéro après numéro, consacre, à côté de ceux qui font, le regard de ceux qui voient.
The Other Photography Having shifted from the documentary status to that of a work of art, and as its format has increasingly been enlarged to reach that of paintings, what can be said about photography today? Clearly, the renewal is no longer in the realm of aesthetics. It is not photography in itself that is changing so much as the way we have come to look at it. Now that its Institutional recognition has been established, the time has come for a deconstruction of the reference models; a task clearly assumed by ELSE in claiming that not only should photography be looked at frontally, but it should also be considered sideways. Since along side Photography stands the other photography. A gigantic collection of images ready to be stimulated: scratched photography (Eric Baudelaire), collected photography (Ludovic Burrel or Martin Parr), cut-out photography (Dambron), target-photography (Type A), printed photography (Danse Macabre), painted photography (Luciano Rigolini)… This ordinary photography reaches the pages of ELSE because it carries a power of fascination for what it has been, and a power of attraction for what it can become; as utilitarian images liberate their poetry within the movement of disruption operated by all those who take hold of them. A few decades ago already, photography was highly controversial in stating that the act of looking was creating, but nowadays, identifying, appropriating, seeing, is also creating. Thus is defined the Elsean dialectic, one issue after the other, praising along side those who do, the gaze of those who see.
Sam Stourdzé
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Collected
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Contemporary 1
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History 2 4 7 8 10 13
Sommaire 1 p. 8
Christoph Sillem, Sempervirens Contemporary | Serial 2 p. 14
Martin Parr, Singapore Portraits Applied | Collected | History 3 p. 20
Ludovic Burel, Border Contemporary | Found 4 p. 26
Albert Hasselwander, Une Danse macabre anatomique Applied | Book | History 5 p. 34
Marc Renaud, Security in Blue Contemporary | Haunted | Serial 6 p. 40
Type A, Trigger
Applied | Contemporay | Haunted | Serial 7 p. 46
Luciano Rigolini, L’Effacement du réel Applied | Collected | History | Serial 8 p. 50
Anonyme, La Vie en bleu Collected | History | Object 9 p. 56
Mabe Bethônico, Invisibilidade Mineral Applied | Collected | Contemporary 10 p. 60
Roland Penrose, The Road is Wider than Long Book | History 11 p. 68
Alain Baczynsky, Naufrages Haunted | Serial 12 p. 74
Heike Bollig, Errors in Production Contemporary | Collected | Object 13 p. 78
Roger Dambron, Le Jeu des photos-robot Applied | History | Object 14 p. 84
Eric Baudelaire, Of Signs and Senses Applied | Contemporary | Focus
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Couvoisier
else magazine
by Elysée
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Contemporay Serial 1
Christoph Sillem Sempervirens Présenté par Pauline Martin
«Toujours vert, persistant. De semper: toujours; et virens: vert». Peu coûteux, gardant leurs feuilles de janvier à décembre, résistant à la pollution et au vent, ces conifères prolifèrent partout dans le monde. Généralement plantés pour cacher et préserver une intimité, les arbustes que Christoph Sillem a traqués depuis 2001 dévoilent également les obsessions de leurs propriétaires. Obsession de la tranquillité, d’un monde sécurisé et fixe, parfaitement maîtrisé. Manie d’une clôture taillée au millimètre près, sur laquelle la nature menace toujours de reprendre le dessus: ici, une branche plus longue ruine la rectitude de la haie; là, un trou ne parvient pas à être comblé. «Je m’intéresse au rapport du sculpteur avec son travail. Je recherche l’aspect humain; l’ambivalence entre la vitrine et la cachette que représentent ces plantes», explique le photographe évoquant cet homme ayant consacré 50 ans à sa clôture et inquiet de ne plus pouvoir s’en occuper. Par un cadrage souvent serré et un point de vue frontal ou en contre-plongée, la série révèle aussi l’obsession du photographe, qui joue le jeu d’une culture de l’enfermement, de l’isolement et de la protection. Et attise celle du spectateur, dont le regard est bloqué par ces plantes écologiquement inutiles, fuies par les oiseaux et dont l’acidité et la toxicité attaquent les végétaux environnants.
Christoph Sillem, Sempervirens, 2001–en cours
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Christoph Sillem, Sempervirens, 2001- en cours
“Evergreen. From semper: always; and virens: green.” Inexpensive, keeping their leaves from January to December, pollution- and wind-resistant, these conifers proliferate all over the world. Generally planted to hide and preserve privacy, the shrubs tracked down by Christoph Sillem since 2001 also reveal their owners’ obsessions. Obsession with tranquility, with a secured, fixed, and perfectly mastered world. Obsession with a fence pruned at millimeter accuracy that nature always threatens to take over: here, a longer branch spoils the hedge’s straightness; there, a hole can’t seem to be filled. “I am interested in the relationship between the sculptor and his work. I search for the human aspect; the ambivalence between the showcase and the hideaway embodied by these plants,” explains the photographer, as he recalls one man who dedicated 50 years of his life to his hedges, and was concerned that he would no longer be able to continue. Generally close-ups, frontal or low-angle views, the series also reveals the photographer’s obsession, playing with a culture of confinement, isolation and protection; and arouses that of the onlooker, whose gaze is blocked by these environmentally useless plants, fled by birds, and whose acidity and toxicity are harmful to surrounding plants.
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Haunted Serial
Christoph Sillem, Sempervirens
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Christoph Sillem, Sempervirens
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Martin Parr Singapore Portraits
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Martin Parr, Singapore Portraits
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Martin Parr, Singapore Portraits
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Ludovic Burel Border Présenté par Véronique Terrier Hermann
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1. Cet article a pour origine une recherche d’images sur Internet baptisées Border ● This article is the result of a search for images entitled Border on Internet.
2. Assez vite, l’idée a germé de tenter d’opérer une typologie des postes frontière ● The idea to operate a typology of border posts came up fairly quickly.
5. Kitsch qui n’a lui-même pas de frontière ● Kitsch knows no border.
6. Kitsch dont nous ne sommes nous-mêmes pas exempts ● We ourselves are not free from Kitsch.
Ludovic Burel, Border, 2012
Fort d’un systématisme assumé et impersonnel, Ludovic Burel—artiste mais aussi iconographe et certainement iconophile—a entrepris un travail de collecte sur le Net qu’il limite à sa plus simple expression: le mot clé. En 2002, il utilise le logiciel PageSucker (qui dit bien sa fonction) pour déterrer des crânes au travers des diverses strates archéologiques du Net, Page Sucker n° 1—Skull.jpg. Tout, de l’ouvrage aux éléments du titre (logiciel, mot clé, format), se donne à voir pour ce qu’il est: une recherche sur le Net telle qu’on en pratique tous les jours, ou presque. En 2007, l’artiste se collecte sur la toile un moi on ne peut plus composite, ramassant ainsi toutes sortes de physionomies, postures, déguisements ou portraits d’anonymes égarés, Another Picture of Me as Dracula (it: éditions). C’est dans ce même esprit que Ludovic Burel mène depuis plusieurs années un travail autour de la frontière. On trouve ainsi un numéro de la revue Multitudes, un programme vidéo intitulé Border.mov, une webradio, Radio Border, des émissions radiophoniques, Borderphonics, ainsi qu’un diagramme intitulé New York Times border, pour le journal du Festival international du documentaire de Marseille, réalisé à partir des titres du quotidien contenant le mot «border»—et ils sont nombreux… Enfin, cet essai photographique produit pour le magazine ELSE, qui, s’il chemine à travers des images d’anonymes, n’en joue pas moins de la forme personnelle du carnet de bord, pour un voyage aux frontières.
With claimed and impersonal systematism, Ludovic Burel—artist, but also iconographer, and certainly iconophile—initiated a collecting project on Internet, limiting his search to the most simple expression: the key word. In 2002, with a software called PageSucker (the purpose of which could not be clearer), he unearths skulls through various archeological strata of the Net, Page Sucker n° 1—Skull.jpg. Everything, from the book to the title elements (software, key word, format), appears as such: an Internet search, as it is commonly practiced, nearly every day. In 2007, the artist collects himself a self on the web that could not be more composite, picking up all kinds of facial features, postures, disguises or portraits of anonyms lead astray, Another Picture of Me as Dracula (it: éditions). In that same vein, Ludovic Burel has for several years undertaken a project around the notion of border, which comprises an issue of the magazine Multitudes; a video program entitled Border.mov; a web radio, Radio Border; radio shows, Borderphonics; and a diagram entitled New York Times border, for Marseille International Documentary Festival’s magazine, made with the newspaper’s titles containing the word “border”—and they abound… The project also includes the present photographic essay produced for ELSE magazine, creating a mockup personal logbook based on anonymous images, for a journey to the borders.
3. Une classification de ces marqueurs territoriaux que sont les checkpoints ● A classification of these checkpoints, as territorial markers.
4. Car s’il y a bien un kitsch pavillonnaire, il y a aussi un kitsch des frontières ● For if there is indeed a suburban kitsch, there is also such a thing as border kitsch.
7. Traditionnellement, ces postes frontière sont affublés de signes identitaires forts ● Traditionally, these border posts are covered with strong identity signs.
8. De panneaux et panonceaux ● Signs and panels.
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Contemporary
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Serial
9. De drapeaux flottant au vent… ● Flags waving in the wind…
10. Ou alors directement sculptés sur la porte frontière ● Or directly sculpted on the border gate.
13. Ces éléments de signalétique relèvent tous d’un attachement paradoxal à la limite ● These signs all pertain to a paradoxical attachment to the notion of limit.
14. Il existe en effet des fétichistes de la borne ● Indeed, there are out there such fetishists of the posts.
17. C’est le «point zéro» à partir duquel tout s’organise ● It is the “point zero” from which everything is organized.
18. C’est pourquoi elles sont le plus souvent bien gardées ● This is why they are usually well guarded.
21. Murs à côté desquels les traces d’anciens murs paraissent aujourd’hui bien anodines ● Walls, next to which traces of ancient walls seem quite trivial today.
22. Bien loin cependant de l’idyllique chanson de Frank Sinatra, South of the Border ● So remote however from an idyllic Frank Sinatra song, South of the Border.
Ludovic Burel, Border
11. De portraits aussi, à l’effigie de l’autocrate local ● And portraits, representing the local autocrat.
12. Souvent, lorsqu’il y a portraits de leaders, il y a alentour des gardes en armes ● Often, when there are portraits of leaders, there are also armed guards.
15. Manie dont je participe probablement, par personnes interposées ● Something to which I probably participate, indirectly.
16. La borne est une survivance totémique ● The post is a totem survival.
19. Il y a aussi, et de plus en plus, des murs dans le monde qui séparent et enclosent ● Also, there are more and more walls in the world, walls that separate and enclose.
20. Ou encore des barbelés, comme ici entre la Russie et la Chine, qui, décidément, les cultivent ● Or even barbed wire, as is the case here, between Russia and China, which they both apparently seem to cultivate.
23. Car cela n’est généralement pas sans danger de photographier une frontière ● As it is generally not so safe to photograph a border.
24. Le photographe amateur opère souvent à la sauvette, depuis son véhicule même ● The amateur photographer often operates hastily, from his vehicle, even. ELSE 4
Contemporary
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Serial
25. Le franchissement des frontières intérieures, entre états ou départements, est moins périlleux ● Crossing inner borders, between states or counties, is less perilous.
26. Plus euphorique ● More euphoric.
29. Les plus pauvres se franchissent sans gloire ● The poorest are are crossed without glory.
30. Les plus riches, non sans de méticuleuses fouilles ● The richest, with thorough search.
33. Certains ponts sont gigantesques ● Some bridges are monumental.
34. D’autres, richement ornés ● Others, richly adorned.
37. Il nous donne à voir plus de sites gouvernementaux de défense nationale… ● It lets us into more National Defense government sites…
38. que de sites contestataires ou de médias indépendants, du type d’Indymedia ● than into controversial or independent media ones, such as Indymedia.
Ludovic Burel, Border
27. Et, paradoxalement, moins il y a de risques, plus le coyote dilettante paraît fier ● And paradoxically, the less the risks, the more the dilettante coyote seems proud.
28. Les frontières véritablement mortelles ne donnent guère lieu à de superficielles bravades ● Truly fatal borders don’t usually stimulate superficial bravado.
31. On ne saurait y échapper, pas plus sur mer que sur terre ● No one can escape from them, whether at sea or on land.
32. Les fleuves et leurs ponts sont des frontières toutes trouvées ● Rivers and their bridges are natural borders.
35. Ce sont des ouvrages stratégiques hautement filtrants, très protégés ● They are highly filtering strategic constructions, very well protected.
36. Google, en tant que portail d’accès à Internet, a une fonction proche de celle d’un pont ou d’un poste frontière: il filtre également et expurge ● Google, as a portal to Internet, carries a function similar to that of a bridge or a border post : it too filters, and expurgates.
39. C’est pourquoi, en guise de modeste revanche du papier, j’aimerais laisser le mot de la fin au réseau européen No Border, dont l’audacieux slogan est: ● Which is why, as a form of modest revenge over paper, I would like to let the final word to the European network No Border, whose bold slogan is:
40. «Personne n’est clandestin» ● “No one is illegal”
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history
Albert Hasselwander Une Danse macabre anatomique Présenté par Christoph Schifferli
Une Danse macabre anatomique, tel est le titre du petit traité que Hasselwander, radiologue réputé, dédie en 1926 à Mollier, professeur d’anatomie non moins renommé. On ne peut s’empêcher, en examinant la structure de la publication, de penser à un livre classique de photographie de l’époque, Les formes originelles de l’art de Blossfeldt. Un même répertoire y est déployé, sauf qu’il ne s’agit pas de plantes mais de squelettes et de nus, en alternance. L’ouvrage se réfère explicitement à la danse macabre, genre apparu dans la peinture à la fin du Moyen Age. Morts et vivants, humbles et puissants s’y donnaient la main dans des rondes plus ou moins échevelées. C’était une manière de signifier la vanité des choses de ce monde, le fait qu’on finisse tous par vieillir et mourir. Fréquentes étaient aussi à l’époque les représentations de jeunes femmes nues étreintes par des squelettes. Qu’un scientifique se revendique de tels modèles a de quoi surprendre. En réalité, la science a de tout temps fait usage de la rhétorique de l’art pour les besoins de sa communication, mobilisant vanités, allégories, héros de la mythologie... On trouve d’ailleurs chez notre radiologue d’autres exemples que la danse macabre: une figure de pleureuse venue de l’art funéraire baroque et une de penseur. Et souvenons-nous, c’était hier, le très controversé anatomiste von Hagens exhibait des plastinations inspirées de gravures de la Renaissance, de sculptures futuristes et de tableaux surréalistes. Jean-Christophe Blaser 26
An Anatomical Macabre Dance is the title of a short treatise dedicated in 1926 by famous radiologist Hasselwander to Mollier, a renowned anatomy professor. This publication is reminiscent of a classic photography book from the same period, Blossfeldt’s The Original Forms of Art. Both books reveal a similar approach, except that this one is not about plants but alternates skeletons and nudes. The publication refers explicitly to the Macabre Dance, a pictorial genre first appeared in the waning years of the Middle Ages. The dead and the living, the humble and the mighty were depicted joining hands in wild dances. This was a way to express the vanity of things in our world, the notion that we relentlessly all end up aging and dying. Representations of skeletons embracing young naked ladies were also common at the time. It may seem surprising that a scientist would claim such models. In fact, the world of science has always used art rhetoric for the purpose of its communication, rallying in turn vanities, allegories, or mythological heroes… Our radiologist also used many examples other than macabre dances: the figures of a weeper, borrowed from Baroque funerary art, and of a thinker. We should also remember the highly controversial anatomist von Hagens, who not so long ago exhibited his plastinations inspired by Renaissance engravings, futuristic sculptures and Surrealist paintings. Jean-Christophe Blaser
Albert Hasselwander, Ein Anatomischer Totentanz, Verlag J.F. Bergmann, München, 1926
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Book
History
Albert Hasselwander, Une Danse macabre anatomique
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Albert Hasselwander, Une Danse macabre anatomique
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Albert Hasselwander, Une Danse macabre anatomique
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Contemporary Haunted 5
Marc Renaud Security in Blue
Présenté par Daniel Girardin
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Marc Renaud, Security in Blue, 2006–2010
Serial
Rien n’est plus obsessionnel que le discours sécuritaire, aujourd’hui un thème récurrent de la politique. Dans ce domaine, si les arguments ont leur couleur idéologique, les lieux concernés ont parfois aussi la leur, de manière surprenante. Dans le cadre de la lutte contre la toxicomanie, d’innombrables lieux publics sont équipés de lumières bleues, dans le but d’empêcher ou de réduire la possibilité de se piquer, l’éclairage bleu ne permettant pas de distinguer clairement les veines, par effet de dissolution de la même couleur. En général, ce sont les toilettes publiques qui sont ainsi équipées, mais peu à peu le territoire s’est élargi aux parkings, à certaines cours et même à l’entrée de bâtiments, élargissant toujours plus le cercle magique repoussant dealers et toxicomanes. La mesure a un autre effet, celui d’esthétiser des lieux parfaitement banals, voire repoussants. Dans nos codes modernes de comportement, cette lumière bleue délimite clairement des espaces glauques, indique un lieu de délit, une frontière qu’il faut franchir avec l’idée de pénétrer dans un territoire particulier. Particulier parce que la vision est altérée et inhabituelle, particulier parce que c’est un espace marqué qui force l’imaginaire. S’il n’est pas devenu plus sûr, le territoire bleu indique paradoxalement l’insécurité possible, le théâtre trouble de l’esthétique bleue. Cette obsession sécuritaire a été très bien saisie par Marc Renaud (1969), photographe suisse auteur de deux séries sécuritaires: Security, réalisée à New York entre 2003 et 2004 et Security in Blue, réalisée en Suisse entre 2006 et 2010.
Nothing is more obsessive than the rhetoric on security which has become a recurrent political issue today. In this field, if arguments bear their own ideological color, the premises involved sometimes also carry their own, and in a surprising way. As part of the fight against drug addiction, innumerable public places are now equipped with blue lights. The purpose is to impede or reduce the opportunity to shoot oneself up since blue lighting makes it more difficult to distinguish clearly the veins due to a dissolution effect of the same color. In general, the spaces usually equipped with these blue lights are public restrooms. But little by little, the territory was expanded to include parking lots, courtyards and even buildings’ hallways, thus broadening the magical circle repelling further dealers and drug users. This measure also has another effect: conveying an aesthetic quality to otherwise perfectly common, even repulsive, places. In our modern behavioral codes, blue lighting clearly defines shabby spaces; indicates a location where the offense occurred; a border that must be crossed bearing in mind that we are entering a particular territory; particular, because vision is altered and unusual, particular, because it is a labeled space which inspires imagination. Paradoxically, while the blue territory may not have become any safer, it makes insecurity possible, the blurred theater of the blue aesthetic. This obsession for security was perfectly seized by Marc Renaud (1969), a Swiss photographer who produced two series on the issue of security: Security, realized in New York in 2003 and 2004, and Security in Blue, realized in Switzerland between 2006 and 2010.
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Haunted
Serial
Marc Renaud, Security in Blue
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Serial
Marc Renaud, Security in Blue
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Type A Trigger
Présenté par Kevin Moore
Les Américains adorent les armes. Cela fait partie de notre identité, que cela nous plaise ou non. C’est par les armes que nous avons gagné notre liberté sur les Britanniques, et elles continuent de jouer un rôle dans notre perception de nous-mêmes en héros bravaches, dans le sillage de nos ancêtres qui ont mis l’Ouest ou Chicago à feu et créé des opportunités économiques —sur des fondements moraux, naturellement. Par ailleurs, malheureusement, nous avons un terrible historique de violence par armes à feu dans le pays— seules la Colombie et la Slovaquie nous dépassent: massacres de masse, comme les événements du Colorado, mais aussi homicides et accidents. Le plus étonnant est que chaque année, la majorité des décès par balle sont des suicides par arme à feu, mais c’est une bien sinistre pensée, très loin de ce que nous montre Hollywood. Les champs de tirs sont des lieux propices à l’imagination, des lieux de loisirs autant que d’apprentissage. Qui est votre ennemi imaginaire? Un tireur fou rencontré dans une rue de New York? Un employé de bureau devenu hystérique? Un zombie? Et si vous tombiez sur un garçon de 12 ans pointant une arme sur la tête de l’un de ses camarades de classe? Seriez-vous en mesure de tirer? Pourriez-vous tirer sur le «mauvais garçon» plutôt que sur le bon? Serait-ce le bon choix? La frontière entre amusement sans danger et hypothèses sociétales troublantes est au cœur de cette série intitulée Trigger (Gâchette) réalisée par Type A, un duo d’artistes composé d’Adam Ames et Andrew Bordwin. Les cibles de Type A, distribuées par Law Enforcement Targets, Inc., dont la devise est «Cibler pour une Amérique plus sûre», sont «exposées» (et d’ailleurs utilisées) dans les champs et les stands de tir de tout le pays. Elles proposent un éventail de décors familiers—épiceries, bureaux, toilettes publiques—menacés par un homme armé (ou une femme armée) ou des zombies. Il émane de ces «portraits de menace»—dans lesquels les artistes et leurs amis prétendent être les auteurs de violences et concoctent des scénarios riches en dommages collatéraux potentiels—une atmosphère de jeux d’enfant, d’adultes jouant «au gendarme et au voleur». Mais ils révèlent aussi, de manière alarmante, que nos plus grandes peurs et nos plus grands fantasmes d’agression sont intimement liés.
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Type A, Trigger, 2011–en cours
Americans love guns. It is part of our identity, like it or not. We won our freedom from Britain with guns, and guns continue to play a role in our selfimage as brash heroes, our ancestors having shot up the West or Chicago, making way for economic opportunity— on moral grounds, naturally. On the negative side, we have an atrocious record of domestic gun violence— only Colombia and Slovakia are worse: mass killings of the Colorado sort, but also single homicides and accidental shootings. Surprisingly, firearm suicides count for the largest number of gun deaths each year, but that’s a shabby thought, not what Hollywood shows us. Firing ranges are places of fantasy and recreation as much as of practical learning. Who is your imagined enemy? A deranged gunman encountered on a New York street? An office worker “gone postal?” A zombie? What if you encountered a twelve-year old boy pointing a gun to a classmate’s head? Could you shoot? Could you hit the “bad kid” and not the good one? Would it be the right thing to do? The line between harmless fun and disturbing social assumptions lies at the heart of the series Trigger, by Type A, an artist duo comprising Adam Ames and Andrew Bordwin. Type A’s targets, distributed by Law Enforcement Targets, Inc., whose motto is “Targeting For a Safer America,” and “exhibited” (actually used) in firing ranges across the country, show an array of familiar settings—convenience stores, offices, public toilets—menaced by a gunman (or gunwoman) or zombies. These “portraits of threat,” in which the artists and their friends pretend to be perpetrators, concocting scenarios with lots of potential collateral damage, radiate a spirit of child’s play, of adults playing “cops and robbers.” Distressingly however, they also reveal that our greatest fears and our greatest fantasies of aggression revolve around one another.
Applied
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Contemporay
Haunted
Serial
Type A, Trigger
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Contemporary Applied
Serial Contemporay
Haunted
Serial
Type A, Trigger
Applied 7
Collected
History Serial
Luciano Rigolini L’Effacement du réel Présenté par Sam Stourdzé
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Luciano Rigolini, Documents industriels retouchés pour le catalogue de General Motors, ca 1977–1981
«Les savants ont utilisé la photographie pour fixer la réalité, pour reproduire l’objectivité, mais moi c’est sa dimension poétique qui m’enchante.» Luciano Rigolini
“Scientists used photography in order to fix reality, to reproduce objectivity; but what really thrills me is its poetic dimension.” Luciano Rigolini
Né en 1950 au Tessin, l’artiste Luciano Rigolini s’intéresse à la photographie vernaculaire et interroge ce mode de représentation du réel. Il collectionne avec une affection particulière les images d’objets industriels, tels ces clichés réalisés pour un catalogue de documentation commerciale. Les voitures sont photographiées en décor naturel: la cour d’une maison, un jardin, etc. La retouche permet ensuite de les isoler. Lorsqu’elles seront reproduites, ces automobiles flotteront sur un fond blanc. Mais jamais ces images n’ont été réalisées pour être montrées telles quelles. Elles sont de simples matrices. Rigolini n’est pas un collectionneur ordinaire; il s’approprie des clichés qu’il amasse, puis les transforme en images-objets, explorant de nouvelles formes de narration. Ce n’est plus la photographie pour ce qu’elle devait être —la matrice —, mais la photographie pour ce qu’elle est. Car ses réappropriations révèlent une dimension esthétique. Transportées dans ce nouveau contexte — celui même d’être visible—, les images de Rigolini perdent leur fonction documentaire au profit d’une esthétique plus conceptuelle. La fonction utilitaire devient ornement, la surimpression d’une couche de peinture provoque l’effacement, le détachement du réel. L’objet en suspension tente de s’extirper, comme s’il prenait la parole pour s’affranchir de sa condition et tendre vers l’universalité: «Je ne suis pas une voiture garée dans un jardin, je suis la voiture. »
Born in Ticino in 1950, Luciano Rigolini’s interest for vernacular photography questions this particular mode of representation of the real. He carefully collects images of industrial objects such as those produced for sales catalogues. Cars are photographed in natural setting: the courtyard of a house, a garden, etc. He retouches them to isolate the vehicules. When they will be reproduced, these automobiles will float on a white background. But these images were not meant to be displayed that way ; they are mere matrix. Rigolini is no ordinary collector; he appropriates images that he accumulates, and transforms them into objects-images, exploring new narrative forms. It is no longer photography for what it was meant to be —the matrix—, but photography for what it is, as his re-appropriations reveal an aesthetic dimension. Carried into this new context—becoming visible—Rigolini’s images loose their documentary function in favor of a more conceptual aesthetic. The utilitarian function becomes ornament; the superimposed layer of painting generates an obliteration of the real, or its detachment. The object in suspension tries to extirpate itself, as if attempting to speak up in order to free itself from its condition, tending toward universality : “I am not a car parked in a garden, I am the car.”
ELSE 4
Applied
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Collected
History
Serial
Luciano Rigolini, L’Effacement du réel
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Collected 8
History Object
Anonyme La Vie en bleu Présenté par Martin Crawl
L’histoire technique est assez ennuyeuse. 1: Le patchwork est une technique ancestrale et universelle particulièrement prisée aux Etats-Unis d’Amérique. 2: Le cyanotype, inventé en 1842, est la seule technique de tirage photographique à donner, sur tissu, des résultats agréables à l’œil. 3: Jusqu’à la fin du XIXe siècle, beaucoup de Pénélopes américaines ont considéré le patchwork cyanotypique comme un objet parfait justifiant— et au-delà — d’y passer autant d’heures. D’un point de vue psychanalytique, ça veut dire bien autre chose. Ça veut dire : je veux te coudre, je veux pouvoir te déchirer, je veux te repasser, te plier, te déplier, te ravauder, te faire flotter au vent. Je veux m’endormir sur toi, y cacher mon visage, y sécher mes larmes, y cracher ma morve, je veux m’essuyer la bouche sur toi. Je veux m’asseoir sur toi, manger sur toi, te mettre sous ma selle ou à la poupe de mon bateau. Je veux t’emporter partout, je ne peux pas te quitter.
50
Anonyme, Patchworks de cyanotypes, fin XIXe (circa)
The history of techniques is rather dull. 1: Patchwork is an ancestral and universal technique, particularly valued in the United States of America. 2: Cyanotype, invented in 1842, is the only printing technique pleasing to the eye when applied on material. 3: Until the end of the 19th century, many American Penelopes have considered cyanotypical patchwork as a perfect object, justifying —and beyond— spending so many hours at it. From a psychoanalytical perspective, it means something quite different. It means: I want to stitch you, I want to be able to tear you up, I want to iron you, fold you, unfold you, mend you, wave you in the wind. I want to sleep on you, hide my face in you, dry my tears, snivel, wipe my mouth on you. I want to sit on you, eat on you, put you under my saddle or at the stern of my boat. I want to take you everywhere, I can’t leave you.
ELSE 4
Collected
52
History
Anonyme, Patchworks de cyanotypes, fin XIXe (circa)
Object
Anonyme, La Vie en bleu
ELSE 4
Collected
54
History
Anonyme, Patchworks de cyanotypes, fin XIXe (circa)
Object
Anonyme, La vie en bleu
ELSE 4
Applied 9
Collected
Mabe Bethônico Invisibilidade Mineral
Présenté par Joerg Bader
56
Contemporary
Mabe Bethônico, Invisibilidade Mineral (Invisibilité Minérale), projet en cours pour ouvrir le dialogue sur l'activité minière dans le contexte brésilien, 2012
Depuis 1997, Mabe Bethônico mène un travail de recherche dans le domaine de l’extraction minière, s’intéressant à l’absence de visibilité du travail minier dans la conscience collective brésilienne, particulièrement dans l’Etat dans lequel elle vit et travaille, le Minas Gerais, l’une des régions minières les plus riches du monde. Les photographies présentées ici proviennent du Ministère du travail et de l’emploi brésilien, et ont été trouvées dans la section de l’Etat du Minas Gerais—le principal fournisseur de minerai de fer de la Chine. Le caractère brut de ces clichés est dû aux circonstances dans lesquelles ils sont réalisés. Les inspecteurs font irruption sur les sites d’activité, accompagnés de policiers, et interrompent le travail. Ils examinent les conditions de santé, d’hygiène et de sécurité auxquels les ouvriers sont soumis. Cette archive est une accumulation de ratages, de manquements et de négligences. Pour ce travail de Sisyphe, les moyens dont disposent les inspecteurs —matériel photographique, moyens logistiques et humains—sont très limités. C’est un combat entre David et Goliath, dans lequel Goliath est incarné par les grandes compagnies minières internationales, mais aussi par de plus petites, illégales et clandestines pour beaucoup, réparties sur un territoire considérable. Mabe Bethônico a récolté plus de 3000 photographies auprès du Ministère du travail—avec l’accord de l’administration—et les a classifiées selon les catégories, espaces, objets ou conditions représentés. Ce fonds d’archives photographiques est destiné à être intégré à un projet en cours de réalisation au Minas Gerais: le Musée des affaires publiques. Ce musée participera à la construction d’une autre histoire du Minas Gerais, différente de celle proposée actuellement par les musées publics—trop souvent financés par des fonds privés, y compris les compagnies minières.
Since 1997, Mabe Bethônico’s research focuses on the mining industry, with a concern for the invisibility of such activities in Brazilian public consciousness, more specifically in Minas Gerais where she lives and works, one of the world’s richest mining regions. The photographs presented here come from the Brazilian Ministry of Labor and Employment, and were found in its section of the state of Minas Gerais, one of China’s largest suppliers of iron ore. Their raw character is due to the circumstances in which they are taken. Inspectors joined by policemen show up without notice and interrupt the ongoing work. They assess health, hygiene and safety conditions to which workers are submitted in their labor. The archive is an accumulation of failures, lapses and negligence. For this Sisyphean enterprise, the inspectors’ resources — photographic material, human and logistical means — are very limited. This is a struggle between David and Goliath, in which the large international mining companies, but also the small enterprises, some illegal and clandestine, spread over a considerably large territory, incarnate Goliath. Mabe Bethônico gathered over 3,000 photographs from the Ministry of Labor—with the agreement of the administration— classifying them into specific categories according to the spaces, objects, and conditions observed. This photographic archive fund will join a long-run project being set up in Belo Horizonte, the Museum of Public Affairs. The future Museum of Public Affairs will contribute to another history of the state of Minas Gerais, different from the one presented today in public museums, too often financed by corporate money, including mining companies.
ELSE 4
Applied
58
Collected
Contemporary
Mabe Beth么nico, Invisibilidade Mineral
ELSE 4
Book
History
10
1
Roland Penrose The Road is Wider than Long Présenté par Antony Penrose
La calligraphie du poème narratif de Roland Penrose, The Road is Wider than Long, illustré de ses propres photographies et collages, traduit l’humeur changeante du poème. La reliure faite d’un robuste cuir pour chaussure brun témoigne du fait qu’il ne s’agit pas simplement d’un livre. C’est un objet qui retrace un voyage à deux et la tendresse de son amour passionné pour la femme de ses rêves. Le voyage débuta à Athènes en juillet 1938 par une traversée de la Grèce, puis se poursuivit vers le nord, en Roumanie. L’objet de l’amour de Penrose était Lee Miller, rencontrée lors d’une folle soirée surréaliste à Paris l’année précédente. Penrose, lui-même peintre surréaliste notoire, avait instantanément reconnu en elle la femme de ses rêves. Célébrée pour son incroyable beauté en tant que mannequin vedette pour Vogue, elle était connue comme photographe surréaliste et avait été l’assistante et la compagne de Man Ray. Penrose décrivit sa rencontre avec Lee Miller comme un coup de foudre. Lee Miller allait inspirer les tableaux les plus importants de Penrose, mais aussi ce voyage, et ce livre. Certaines lignes de The Road is Wider than Long traduisent les doutes des amoureux avec tendresse et questionnent l’avenir. D’autres nous permettent de compatir au déchirement du décès d’un enfant ou à la frustration des Tziganes subissant la persécution des autorités. Penrose lève le voile sur leur couple amoureux dans un cadre d’une simplicité romantique, avec ses triomphes et ses tragédies. La seconde guerre mondiale allait détruire ce monde, et ces mêmes forces ont presque détruit l’amour entre Penrose et Miller. Mais il a survécu. Ils ont partagé quarante ans de bonheur jusqu’à la disparition de Lee Miller en 1977. La protection symbolique que constitue la solide et durable reliure en cuir pour chaussure du manuscrit est peut-être la véritable expression de la force de leur amour. 60
Roland Penrose, The Road is Wider Than Long, 1939
The calligraphy in the manuscript of Roland Penrose’s narrative poem, The Road is Wider than Long, reflects the changing mood of the poem illustrated with his own photographs and collages. Its binding between covers made of strong brown shoe leather confirms it is more than a book. It is an object that chronicles a shared journey and his gentle expression of obsessive love for the woman of his dreams. The journey began in Athens in July 1938, wandering in Greece before heading northwards to Romania. The object of Penrose’s love was Lee Miller, met at a wild Surrealist party in Paris the year before. Penrose, himself a Surrealist painter of distinction, instantly recognized the woman of his dreams. Celebrated for her incredible beauty as a super-model for Vogue, she was known as a Surrealist photographer and had formerly been Man Ray’s assistant and lover. Penrose described meeting Miller as like being struck by lightning. Miller was to be the inspiration for Penrose’s most important paintings, and on this occasion she was the inspiration of the journey and the book that followed. Some of the lines in The Road is Wider than Long tenderly reflect the doubt of lovers and question the future. Others allow us to share the heartbreak of the death of a child or the frustration of gypsies enduring the persecution of the authorities. Penrose recorded a glimpse of himself and Miller as lovers against a background of romantic simplicity, both with triumphs and tragedies. World War II destroyed this world and the same forces nearly destroyed the love between Penrose and Miller. But it endured. They had forty years as lovers before Miller died in 1977. Perhaps the symbolic protection of the tough, durable shoe leather manuscript cover truly represented the strength of their love.
ELSE 4
Book
62
History
Roland Penrose, The Road is Wider than Long
ELSE 4
Book
64
History
Roland Penrose, The Road is Wider than Long
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Book
66
History
Roland Penrose, The Road is Wider than Long
ELSE 4
haunted 11
Serial
Alain Baczynsky Naufrages Présenté par Clément Chéroux
68
Alain Baczynsky, Naufrages, 1977-1989
Alain Baczynsky, Naufrages, 1977–1989
ELSE 4
Haunted
70
Serial
Alain Baczynsky, Naufrages
ELSE 4
Haunted
72
Serial
Alain Baczynsky, Naufrages
Des corps amoncelés, des hommes, des femmes, des enfants, dans des poses incongrues, parfois à même le sol, les yeux fermés. On pense irrémédiablement aux pires choses: le suicide collectif d’une secte millénariste, une attaque au sarin, les chambres à gaz. Ces images ont en fait été prises sur ces bateaux qui, autrefois, menaient nuitamment des millions de passagers non pas au-delà du Léthé, mais de l’autre côté de la Manche. Elles offrent l’image paradoxale du sommeil. Les corps des dormeurs apparaissent détendus, abandonnés sans défense, recroquevillés dans leurs rêves. Mais en les regardant, nous ne pouvons manquer de les voir morts.
Piles of bodies, men, women, children, in incongruous postures, some on the ground, eyes closed. The worst automatically comes to mind: the collective suicide of a millenarian sect, a sarin gas attack, gas chambers. These images were actually taken on the boats that, in the past, transported millions of passengers at night, not beyond the Lethe, but across the Channel. They offer a paradoxical image of sleep. Sleepers’ bodies seem relaxed, abandoned, defenseless, tucked in their dreams. Yet, it is impossible not to see them as dead. ELSE 4
Contemporay Collected Object 12
Heike Bollig Errors in Production Présenté par Erik Kessels
Nous consommons à l’excès dans notre monde actuel. Et cette consommation s’est tellement banalisée que nous ne prêtons plus attention à l’aspect esthétique des produits. La fabrication de biens de consommation est presque toujours parfaite. En de très rares occasions, lorsque quelque chose ne fonctionne pas comme il le faudrait, Heike Bollig entre en scène. Elle collectionne toutes les erreurs de fabrication qu’elle peut trouver. Trois ballons collés les uns aux autres, un point décentré sur la face d’un dé, un sparadrap auquel il manque un trou d’aération: n’importe quel objet portant une trace d’imperfection. En ces rares occasions, une machine a commis une erreur ou un contrôleur qualité s’est endormi à son poste; nous ne saurons jamais ce qui a pu se passer. L’un de mes exemples favoris est celui d’un petit pot d’aliment pour bébé dont l’étiquette est complètement de travers: le papier, bien trop long, s’est totalement plissé autour du pot, ce qui interdit toute lecture de l’étiquette. L’emballage offre une nouvelle esthétique qui résulte de cette erreur de fabrication. Heike Bollig a un radar pour dénicher ces merveilleuses erreurs, mais est toujours reconnaissante lorsque d’autres personnes partagent son obsession. Dans un monde où tout est centré sur la perfection, il est bon de savoir que certains sont à la recherche d’imperfections.
74
Heike Bollig, Errors in Production, 2004– en cours
We consume excessively in today’s world. This consumption has become so normal that we hardly look at the aesthetics of products anymore. The production of consumer goods is nearly always perfect. On very rare occasions, when something goes wrong, Heike Bollig comes in. She collects as many errors in manufacturing as she can find. Three balloons stuck together, an off-center dot on a dice, or a band-aid with a missing ventilation hole: any object with a trace of imperfection. On these rare occasions, a machine made an error or a quality controller fell asleep on the job; we’ll never know what has happened. One of my favorite Bollig’s examples is a little pot of baby food on which the label all went wrong: the paper, way too long, is pleated around the pot, making it impossible to read the label anymore. The packaging carries on a new aesthetic because of this error. Heike Bollig seems to have a radar to find these beautiful mistakes herself, but is always grateful when someone else contributes to her obsession. In a world where everything is focused on perfection, it’s good to have people on the look out for imperfection.
ELSE 4
Contemporay
76
Collected
Object
Heike Bollig, Errors in Production
ELSE 4
applied 13
history
object
Roger Dambron Le Jeu des photos-robot Présenté par Clément Chéroux
Roger Dambron, Jeu des photos-robot, vers 1952
78
Roger Dambron est un inventeur de mondes, mais aussi, accessoirement, d’objets techniques destinés à améliorer notre quotidien. Né en 1921, il est d’abord métreur dans le bâtiment avant de diriger une compagnie d’ambulances puis de pompes funèbres. Mais sa passion, c’est l’invention. En 1952, il reçoit une médaille de bronze au concours Lépine pour son jeu des photos-robot. Il s’agit d’une boîte de format oblong constituée de fragments de visages qui permettent de reconstituer les portraits de Martine Carol, Line Renaud, Annie Cordy, Gilbert Bécaud, Luis Mariano, ou de créer de nouveaux visages. Il eut l’idée de ce jeu de société lors d’un séjour en sanatorium au début des années 1950 en découpant des visages dans les journaux illustrés et en les recomposant. Avec l’aide du photographe Gambier et la participation des habitants du village d’Etaples-sur-Mer, il développe alors un nouveau prototype destiné à l’anthropométrie et dont les éléments sont reproduits ici. Le procédé est rapidement repris par la police et permet de retrouver en quelques jours l’assassin de Janet Marshall qui était recherché depuis plusieurs mois. C’est loin d’être là l’unique invention de Roger Dambron. Il a aussi mis au point un jeu de l’oie du code de la route, une antenne de détection, un moulin électrique diététique, une presse à cintrer, un radeau à hélice et un projet de route électrique. Il a par ailleurs fait graver plusieurs 45 tours de chansons, composé des poèmes et écrit une douzaine de livres, dont cinq tomes d’autobiographie. C’est un homme heureux.
Roger Dambron is an inventor of worlds, and incidentally, of technical objects to improve our quotidian. Born in 1921, he started as a quantity surveyor in construction before managing an ambulance, and then a funeral company. But his passion is inventing. In 1952, he was awarded bronze medal at the Concours Lepine for his board game of Photos-Robot. It is an oblong box containing fragments of faces with which to reconstitute portraits of Martine Carol, Line Renaud, Annie Cordy, Gilbert Bécaud, Luis Mariano, but also to create new ones. The idea for this board game came up during a stay in a sanatorium in the early 50s, as he was reconstituting faces with cutouts from illustrated magazines. With the help of the photographer Gambier and the inhabitants of the small village of Etaples-sur-Mer, he then developed a new prototype for anthropometry, some elements of which are reproduced here. The police then borrowed the process, and within a few days was able to arrest the murderer of Janet Marshall, who had been sought for several months. This is far from being Roger Dambron’s unique invention. He has created a Highway Code game of snakes and ladders, a detection antenna, a dietary electric grinder, a bending press, a raft with propeller, and a project for an electrical road. He also recorded several single records of songs, composed poems, and wrote a dozen books, including five autobiographical tomes. He is a happy man.
Roger Dambron, ElÊments d’un prototype de photos-robot, vers 1953
ELSE 4
Applied
80
History
Object
Roger Dambron, Le Jeu des photos-robot
ELSE 4
Applied History Roger Dambron, Le jeu des photos-robots
82
Object
Roger Focus Dambron, Le Jeu des photos-robot History
ELSE 4
Applied 14
Contemporary Focus
Eric Baudelaire Of Signs and Senses
Présenté par Véronique Terrier Hermann
84
1907 L’article 175 du Code pénal japonais interdit de vendre ou de montrer en public «un document, dessin ou tout autre objet obscène».
Article 175 of the Japanese Penal Code bans the sale or public display of “any obscene document, drawing, or any such object.”
1947 Le second paragraphe de l’article 21 de la Constitution japonaise d’après guerre garantit la liberté de parole et de presse, et stipule: «Il n’existe pas de censure».
Article 21, paragraph 2 of the post-war Japanese Constitution guarantees freedom of speech and of the press, and specifies: “No censorship shall be maintained.”
1957 La Cour suprême du Japon confirme l’interdiction du roman de D.H. Lawrence, L’Amant de Lady Chatterley. Dans la jurisprudence sur l’apparente contradiction entre l’article 21 de la Constitution et l’article 175 du Code pénal, la Haute Cour maintient l’interdiction de l’obscénité, définie comme «ce qui excite ou stimule inutilement le désir sexuel».
The Japanese Supreme Court confirms the ban of D.H. Lawrence’s novel, Lady Chatterley’s Lover. In the case law regarding a clarification of the apparent contradiction between Article 21 of the Constitution and Article 175 of the Penal Code, the High Court upholds the ban on obscenity, defining it as “that which unnecessarily excites or stimulates sexual desire.”
1976 Ai No Corrida (L’Empire des sens) de Nagisa Oshima est projeté au Festival de Cannes. Bien que tourné à Kyoto, le film est produit (et les négatifs développés puis montés) à Paris. En guise de ballon d’essai pour une sortie du film au Japon, un livre contenant le scénario et des photographies du tournage est publié à Tokyo. En juillet, l’éditeur est inculpé pour obscénité. Pendant le procès, Oshima demande à la Cour suprême des précisions sur les critères philosophiques, politiques, légaux, conceptuels et visuels s’appliquant à «ce qui excite ou stimule inutilement le désir sexuel».
Nagisa Oshima’s Ai No Corrida (In the Realm of the Senses) is shown at the Cannes Film Festival. While the film was shot in Kyoto, it was produced (and negatives developed and edited) in Paris. As a test run for the release of the film in Japan, a book containing the script and film stills is published in Tokyo. The publisher is charged with obscenity in July. During the trial, Oshima requests clarification from the High Court regarding the philosophical, political, legal, conceptual and visual criteria used to define “that which unnecessarily excites or stimulates sexual desire.”
1982 La Cour suprême du Japon s’abstient de clarifier le concept d’obscénité, mais acquitte néanmoins Oshima. Dans le flou sémantique et juridique qui persiste à ce jour, les images graphiques importées au Japon sont l’objet d’une autocensure subjective: la représentation anatomique explicite est remplacée par le bokashi, la pixellisation, le floutage ou le grattage des partie génitales masculines et féminines dans les films ou dans la presse.
The Japanese Supreme Court refrains from any clarification of the concept of obscenity, but nonetheless acquits Oshima. In a legal and semantic grey area that remains to this day, graphic materials imported to Japan are submitted to a subjective self-censorship: explicit anatomical representations are replaced with “bokashi,” a fogging, blurring or scratching of male and female genitalia in films and publications.
2008 Dans un entrepôt de Yokohama, des employés de Yohan, diffuseur de presse internationale, feuillettent page à page chaque magazine d’art et de mode importé, décidant où appliquer la lame qui grattera délicatement l’encre de la surface de certaines pages.
In a warehouse in Yokohama, employees of the company Yohan, a foreign press distributor, individually leaf through every imported art and fashion publication, one page after another, deciding where to apply the blade that will delicately scratch the ink off the surface of certain pages.
Eric Baudelaire, Of Sign and Senses, 2009
Artforum XLVI #10 p. 74
ELSE 4
Applied
86
Contemporary
WAD Magazine #35 p. 297 [sic], Yokohama, 2008
Focus
Eric Baudelaire, Of Signs and Senses
Artforum XLVI #10 p. 74 [sic], Yokohama, 2008
ELSE 4
Applied
88
Contemporary
Paradis Magazine #3 p. 71 [sic], Yokohama, 2008
Focus
Eric Baudelaire, Of Signs and Senses
Artforum XLVI #7 p. 241 [sic], Yokohama, 2008
ELSE 4
Biographies Alain Baczynsky Né en Belgique en 1953. Immigre en Israël en 1971 pour réaliser un idéal de vie collective au kibboutz. Retour à la réalité et arrivée en France en 1974 pour des études aux beaux-arts d’Aix-en-Provence et de Bourges. Retour en Israël en 1982. Vit entre Israël et l’Europe.
Born in Belgium in 1953. Emigrates to Israel in 1971 to experience the ideal of the Kibbutz. Back to reality, and France in 1974 for his Fine Arts studies in Aix-en-Provence and Bourges. Back to Israel in 1982. Currently lives between Israel and Europe.
Joerg Bader Né à Zurich en 1955, vit et travaille à Genève. Directeur du Centre de la photographie Genève, commissaire d’exposition, critique d’art, enseignant à la HEART (Haute école d’art) à Perpignan et artiste, il a notamment exposé son travail à Paris, Anvers et São Paulo et écrit sur des artistes aussi divers que Georg Aerni, Luc Andrié, Balthasar Burkhard, Orlan et Tom Wood.
Born in Zurich in 1955, lives and works in Geneva. Director of the Centre de la photographie Genève, curator, art critic, professor at HEART in Perpignan and artist, his work has been exhibited in Paris, Antwerp and São Paulo. He has written about very different artists such as Georg Aerni, Luc Andrié, Balthasar Burkhard, Orlan and Tom Wood.
Eric Baudelaire Artiste et cinéaste français né à Salt Lake City en 1973. Récentes expositions au centre d’art Gasworks à Londres et au Hammer Museum de Los Angeles. En 2012, il participe à plusieurs triennales et biennales à Paris, Vilnius, Berlin et Taipei. Ses œuvres figurent dans plusieurs grandes collections publiques et ses films ont été sélectionnés dans de nombreux festivals, dont le FID Marseille et le Festival du film de San Francisco.
French Artist and filmmaker born in Salt Lake City in 1973. Recent solo shows at the Gasworks Art Center in London and the Hammer Museum in Los Angeles. In 2012, he participated in several triennials and biennials in Paris, Vilnius, Berlin and Taipei. His works are featured in several important public collections. His films have been selected in a number of festivals including Marseille FID and the San Francisco Film Festival.
Mabe Bethônico Née à Belo Horizonte (Brésil) en 1966, où elle vit et travaille. Professeur à l’Université Fédérale du Minas Gerais. PhD du Royal College of Art, Londres. Nombreuses expositions personnelles (São Paulo) et expositions de groupe (Buenos Aires, Genève, Munich).
Born in Belo Horizonte (Brazil) in 1966, where she lives and works. Professor at the Federal University of Minas Gerais. PhD from the Royal College of Art, London. Many solo shows (São Paulo) and group-shows (Buenos Aires, Geneva, Munich).
Jean-Christophe Blaser Conservateur au Musée de l’Elysée, Lausanne. Il a notamment été co-commissaire de l’exposition reGeneration: 50 photographes de demain, présentée en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. Commissaire indépendant d’expositions de photographie et d’art contemporains, il est président de Kunstart, association qui gère le CAN, Centre d’art de Neuchâtel.
Curator at the Musée de l’Elysée in Lausanne, co-curator for the exhibition reGeneration: 50 photographes de demain, shown in Europe, the United States and China. Independent curator for photography and contemporary art exhibitions, he manages Kunstart, the association that manages Neuchâtel Art Center (CAN).
Heike Bollig www.errors-in-production.info Née à Karlsruhe (1973), vit et travaille à Berlin. Depuis 2004, elle s’intéresse à la question des erreurs de fabrication, comment elles émergent et comment nous les percevons. Elle a exposé dans de nombreuses institutions en Allemagne et présente actuellement une exposition au Museo de Arte Contemporáneo (MAC) de Santiago. Ludovic Burel www.readit.fr Artiste, curateur, éditeur, enseignant en art, Ludovic Burel vit et travaille à Lyon. De 2000 à 2005, il est directeur artistique de la revue de cultures politiques Multitudes. En 2003, il fonde Page Sucker, revue d’images et de textes collectés sur Internet via un mot clé unique. En 2006, il crée les éditions it. Il réalise aussi une série de films documentaires intitulés Rien n’a été fait (vidéo, 39', 2007), Pas tout (vidéo, 25', 2008) et Non rien (vidéo, 52', 2009). Clément Chéroux Conservateur pour la photographie au Centre Pompidou—Musée national d’art moderne. Historien de la photographie, docteur en histoire de l’art, il dirige la revue Etudes photographiques. Il a été commissaire de nombreuses expositions, dont Mémoire des camps: photographies des camps de concentration et d’extermination nazis, 1933–1939 (2001), La Subversion des images: surréalisme, photographie, film (2009), Edvard Munch: l’œil moderne (2011), Derrière le rideau, l’esthétique Photomaton (2012). Martin Crawl Artiste né en 1967 aux Etats-Unis, il vit et travaille à Paris. La série Where to be When the Past is Over a été présentée à Arles dans le cadre de l’exposition From Here On (2011). La série Portrait of the Artist as a Daring Young American a été exposée à Paris Photo (2011). Il a notamment publié un texte dans le catalogue de l’exposition Derrière le rideau, l’esthétique Photomaton (2012).
90
Born in Karlsruhe (1973), she lives and works in Berlin. Since 2004, her work focuses on manufacturing errors, how they emerge and how we perceive them. She has exhibited in numerous institutions in Germany and is currently showing at the Museo de Arte Contemporáneo (MAC) in Santiago.
Artist, curator, editor, art professor, Ludovic Burel lives and works in Lyon. From 2000 to 2005, he is artistic director for Multitudes, the political cultures magazine. In 2003, he founds Page Sucker, a magazine comprising collected images and texts from the Web via a single key word. In 2006, he founds it Publishing. He also directed a series of documentary films, Rien n’a été fait (video, 39' , 2007), Pas tout (video, 25' , 2008) and Non rien (video, 52' , 2009). Photography Curator at the Centre Pompidou—Musée national d’art moderne. A photography historian and Doctor in Art History, he runs the magazine Etudes Photographiques. He curated many exhibitions, including Mémoire des camps: photographies des camps de concentration et d’extermination nazis, 1933–1939 (2001), La Subversion des images: surréalisme, photographie, film (2009), Edvard Munch: l’œil moderne (2011), Derrière le rideau, l’esthétique Photomaton (2012). Artist (1967) born in the United States, he lives and works in Paris. The series Where to Be When the Past is Over was shown in Arles, as part of the exhibition From Here On (2011). The series Portrait of the Artist as a Daring Young American was exhibited at Paris Photo (2011). He has also published a text in the catalogue released for the exhibition Derrière le rideau, l’esthétique Photomaton (2012).
Roger Dambron Roger Dambron est né en 1921. Il a exercé différents métiers, métreur dans le bâtiment, directeur d’une compagnie d’ambulances puis de pompes funèbres. Il est l’inventeur de multiples autres jeux et objets techniques.
Born in 1921. While working in different positions, including quantity surveyor in construction, managing an ambulance, and then a funeral company, he invented a number of games and technical objects.
Daniel Girardin Historien de l’art, conservateur en chef du Musée de l’Elysée, commissaire de nombreuses expositions et auteur de plusieurs livres sur la photographie, dont Alexandre Rodtchenko, La femme enjeu (1997), Controverses, Une Histoire juridique et éthique de la photographie, avec Christian Pirker (2008), Hans Steiner, Chronique de la vie moderne, avec Christophe Blaser (2011).
An art historian and Head Curator at the Musée de l’Elysée, he has curated a number of exhibitions and authored several books on photography, including Alexandre Rodtchenko, La femme enjeu (1997), Controverses, Une Histoire juridique et éthique de la photographie, with Christian Pirker (2008), Hans Steiner, Chronique de la vie moderne, with Christophe Blaser (2011).
Erik Kessels www.kesselskramer.com, www.kesselskramerpublishing.com Directeur de création chez KesselsKramer, une agence internationale de communication indépendante (Amsterdam et Londres), Kessels (1966) a publié plusieurs ouvrages de photographie vernaculaire chez KesselsKramer Publishing, dont la série In Almost Every Picture. Il est l’un des éditeurs du magazine alternatif Useful Photography. Il a été commissaire de nombreuses expositions et a coorganisé From Here On (2011). Il remercie Francesca Seravalle de lui avoir fait connaître le travail de Heike Bollig. Pauline Martin Responsable des projets spéciaux au Musée de l’Elysée, où elle est aussi commissaire général de la Nuit des images. Elle a écrit plusieurs articles sur la photographie et récemment publié L’Œil photographique de Daniel Arasse —Théories et pratiques d’un regard (Fage éditions, 2012). Kevin Moore Commissaire indépendant et chercheur basé à New York. Ses récentes expositions: Real to Real: Photographs from the Traina Collection (de Young Museum, San Fransciso, 2012) et Starburst: Color Photography in America 1970–1980 (Cincinnati Art Museum, 2010). Auteur de: Jacques Henri Lartigue: The Invention of an Artist (2004; 2012 pour l’édition française), et co-auteur de L’Art de la photographie: 1839 à nos jours (2007) et Robert Heinecken (2012). Martin Parr Photographe, commissaire d’exposition et éditeur. Il a plublié plus de 50 livres. Antony Penrose Fils de Lee Miller et Roland Penrose, Antony Penrose dirige le fonds Lee Miller et la collection Penrose. Il est l’auteur de nombreux livres (dont The Lives of Lee Miller, 1985), d’articles, et de deux pièces de théâtre sur la vie de ses parents et de leurs acolytes. Il donne de nombreuses conférences dans des musées et sociétés photographiques, et est accrédité par la NADFAS (National Association of Decorative and Fine Arts Societies). Marc Renaud www.marc-renaud.ch Photographe indépendant, Marc Renaud (1969) développe divers projets documentaires conceptuels sur des thématiques sociétales. Ses images sont régulièrement exposées dans des galeries et festivals en Suisse et à l’étranger. Il a ouvert un atelier de photographie à Saint‑Blaise (Neuchâtel) en 2010. Luciano Rigolini Photographe, cinéaste et producteur né en 1950 en Suisse italienne. Il a reçu une consécration internationale avec Urban Landscape, un travail dans lequel il explore la spécificité du médium et les rapports esthétiques entre photographie et peinture. A partir de 1995, il est producteur pour la chaîne de télévision Arte, et a notamment produit des œuvres de Chris Marker, Alexandre Sokourov, Naomi Kawase et Alain Cavalier.
Creative Director at KesselsKramer, an independent international communication agency (Amsterdam and London). Kessels (1966) published several books of vernacular photography through KesselsKramer Publishing, including the series In Almost Every Picture. He is co-editor for the alternative magazine Useful Photography. Kessels curated many exhibitions and co-curated From Here On (2011). He is grateful to Francesca Seravalle for pointing out Heike Bollig’s work.
In charge of Special Projects at Musée de l’Elysée, where she is also Chief Curator for the Night of the Images. She has authored several articles on photography and recently published L’œil photographique de Daniel Arasse— Théories et pratiques d’un regard (Fage Editions, 2012). Independent curator and scholar, living in New York. His recent exhibitions include Real to Real: Photographs from the Traina Collection (de Young Museum, San Fransciso, 2012) and Starburst: Color Photography in America 1970–1980 (Cincinnati Art Museum, 2010). He is also the author of Jacques Henri Lartigue: The Invention of an Artist (2004; 2012 for the French edition), as well as contributing author to L’Art de la photographie: 1839 à nos jours (2007) and Robert Heinecken (2012). Photographer, curator and editor. He has published over 50 books. Son of Lee Miller and Roland Penrose, Antony Penrose is the director of the Lee Miller Archives and The Penrose Collection. He has written numerous books (including The Lives of Lee Miller, 1985), articles, and two plays about his parents and their associates. He lectures widely worldwide to museums and photographic societies and is accredited by NADFAS.
An independent photographer, Marc Renaud (1969) develops various conceptual documentary projects on societal issues. His images are regularly exhibited in galleries and festivals in Switzerland and abroad. In 2011, he founded a photographic studio in Saint-Blaise (Neuchâtel). Photographer, filmmaker, and producer, born in 1950 in Italian Switzerland. His series Urban Landscape, a project in which he explores the medium’s specificities and its aesthetic links with painting, was internationally acclaimed. He is a producer for Arte TV, and notably produced the works of Chris Marker, Alexandre Sokourov, Naomi Kawase and Alain Cavalier.
Christoph Schifferli Né en 1950 à Zürich, il a étudié la sinologie et l’histoire économique à Paris; en 1980, il effectue des recherches en Asie, ainsi que diverses activités dans les secteurs technologiques et de l’édition. Depuis 1983, il est principalement engagé dans les domaines du multimédia et de l’Internet. Christoph Schifferli collectionne la photographie et les livres d’artistes depuis les années 80.
Born 1950 in Zurich, he studied Sinology and Economic History in Paris; in 1980, he undertakes research in Asia, and works in various positions in publishing and technology sectors. Since 1983, he’s mostly focused on multimedia and Internet. Christoph Schifferli collects photography and artists’ books since the 1980s.
Christoph Sillem Diplômé de la Bayerische Staatslehranstalt für Photographie de Munich, vit et travaille à Paris. Collabore régulièrement à divers magazines, dont The Face, i‑D, Vogue Japon, Allemagne et Russie, Vogue Hommes International et Süddeutsche Zeitung Magazin.
Graduated from Bayerische Staatslehranstalt für Photographie in Munich, lives and works in Paris. Regular contributor to several international magazines, including The Face, i‑D, Vogue Japan, Germany and Russia, Vogue Hommes International, and Süddeutsche Zeitung Magazin.
Sam Stourdzé Directeur du Musée de l’Elysée et rédacteur en chef de ELSE. Il étudie les mécanismes à l’œuvre dans la circulation des images, avec pour champ de prédilection les rapports entre photographie, art et cinéma. Il a publié plusieurs livres et organisé de nombreuses expositions.
Director of the Musée de l’Elysée and Chief Editor for ELSE Magazine. He studies the mechanisms at work in the dissemination of images, with a focus on the links between photography, art and cinema. He has published several books and curated many exhibitions.
Type A Basé à New York, Type A est une collaboration entre Adam Ames (né en 1969) et Andrew Bordwin (né en 1964). Leurs vidéos, installations vidéo, photoraphies, sculptures et dessins traitent des thèmes de la masculinité, de la concurrence et de la collaboration dans notre société contemporaine. Type A a exposé un peu partout dans le monde: deCordova Sculpture Park and Museum (Lincoln), Walker Art Center (Minneapolis), Centrum Beeldende Kunst (Rotterdam) et Centro de la Imagen (Mexico).
New York based Type A is the collaboration between Adam Ames (born 1969) and Andrew Bordwin (born 1964). Their videos, video installations, photographs, sculptures and drawings deal with issues of masculinity, competition and collaboration in contemporary society. Type A has exhibited extensively around the world, including at The deCordova Sculpture Park and Museum (Lincoln), The Walker Art Center (Minneapolis), Centrum Beeldende Kunst (Rotterdam), and Centro de la Imagen (Mexico City).
Véronique Terrier Hermann Docteur en histoire de l’art, professeur à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Nantes, elle travaille plus particulièrement sur les liens qu’entretient l’art contemporain avec le cinéma et le documentaire, et participe au programme de recherche sur l’essai et le cinéma à la HEAD de Genève.
A Doctor in Art History and Professor at the School of Fine Arts in Nantes, France, she focuses more specifically on how contemporary art interplays with cinema and documentary, and takes part in the research program on essay and cinema at Head Geneva. ELSE 4
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IDPURE ©2012, All rights reserved Printed in Switzerland ISSN 1661-030x
Published by IDPURE éditions Musée de l'Elysée Saul Leiter Colors Photographs by Saul Leiter November 2011 116 pages, 19 × 26 cm Hardcover English/French ISBN: 978-2-9700702-3-8
Charlie Chaplin, image d’un mythe Carole Sandrin et Sam Stourdzé 192 pages, 240 × 260 cm Softcover French ISBN: 978-2-9700702-4-5
Fellini 8 ½ Exclusive and rare color photographs by Paul Ronald September 2011 168 pages, 20 x 24 cm Hardcover English/French ISBN: 978-2-9700702-2-1
Freaks Sam Stourdzé 80 pages, 20.3 x 25.4 cm Softcover English / French ISBN: 978-2-9700702-5-2
Else 96 pages, 22.0 × 29.0 cm Softcover English / French ISSN: 2235-0438
Art|Basel|Miami Beach 6–9|Dec|12
Vernissage | December 5, 2012 | By invitation only Catalog order | Tel. +1 212 627 1999, www.artbook.com Follow us on Facebook and Twitter | www.facebook.com/artbaselmiamibeach | www.twitter.com/abmb The International Art Show – La Exposición Internacional de Arte Art Basel Miami Beach, MCH Swiss Exhibition (Basel) Ltd., CH-4005 Basel Fax +41 58 206 31 32, miamibeach@artbasel.com, www.artbasel.com
ab
Crédits
Impressum
1 Christoph Sillem Sempervirens, 2001–en cours © Christoph Sillem
ELSE est une publication du Musée de l’Elysée. ELSE est publié grâce au soutien généreux du Cercle du Musée de l’Elysée. Le Musée de l’Elysée est une institution du Canton de Vaud.
2 Martin Parr Singapore Portraits, 1960–1980 «Singapore portraits» from the Martin Parr collection 3 Ludovic Burel Border, 2012 Courtesy Ludovic Burel
Editeur Musée de l’Elysée 18 avenue de l’Elysée 1006 Lausanne, Suisse Directeur de publication | Rédacteur en chef Sam Stourdzé
4 Albert Hasselwander Ein Anatomischer Totentanz Verlag J.F. Bergmann, München, 1926 Collection Christoph Schifferli, Zürich 5 Marc Renaud Security in Blue, 2006–2010 Courtesy Marc Renaud 6 Type A Trigger, 2011–en cours Courtesy Type A and Law Enforcement Targets, Inc. 7 Luciano Rigolini Documents industriels retouché pour le catalogue de General Motors, ca 1977–1981 Courtesy Luciano Rigolini Collection Musée de l’Elysée, Lausanne 8 Anonyme La Vie en bleu, fin XIXe (circa) Collection privée
Comité éditorial Jean-Christophe Blaser Yannick Bouillis Florent Brayard Clément Chéroux Joan Fontcuberta Erik Kessels Christoph Schifferli Joachim Schmid Véronique Terrier Hermann Direction artistique Thierry Häusermann Raphaël Verona Design Raphaël Verona Secrétariat de rédaction Pauline Martin
9 Mabe Bethônico Invisibilidade Mineral, projet en cours pour nourrir le débat autour des activités minières dans le contexte brésilien, 2012 Images provenant du ministère brésilien de la Sécurité et de la Santé 10 Roland Penrose The Road is Wider Than Long, 1939 © Roland Penrose Estate, England 2012. All rights reserved 11 Alain Baczynsky Naufrages, 1977–1989 © A. Baczynsky
Traduction | Relecture Frédérique Destribats Publicité | Relation presse Julie Maillard julie.maillard@vd.ch / +41 (0)21 316 99 27 Abonnements Manuel Sigrist manuel.sigrist@vd.ch / +41 (0)21 316 99 06 Conception | Réalisation This is Not www.thisisnot.ch
12 Heike Bollig Errors in production, 2004– en cours © VG Bildkunst Bonn for the works of Heike Bollig 13 Roger Dambron Jeu des Photos-robot, vers 1952 Eléments d’un prototype de Photos-robot, vers 1953 © Roger Dambron (photographie Guy Carrard) 14 Eric Baudelaire Of Sign and Senses, 2009 Héliogravure sur papier chiffon 81 × 63 cm © Eric Baudelaire
Caractères Suisse Int’l, swiss typefaces www.swisstypefaces.com Impression | Conseiller technique Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Dominique Freymond www.courvoisier.ch Publié par IDPURE www.idpure.ch
Remerciements Merci à tous les artistes, à tous les auteurs, aux équipes du Musée de l’Elysée et de IDPURE, ainsi qu’à tous ceux qui, par leur aide et leur soutien, ont permis à ce numéro de voir le jour, et plus particulièrement à Guy Carrard, Arlette Dambron, Yannick Lüthi et Kerry Negahban.
www.elsemag.ch www.elysee.ch © 2012, droits réservés / Musée de l’Elysée
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Les auteurs sont seuls responsables de leurs contributions. En aucun cas, ELSE ne peut être tenu responsable pour les textes, documents et photographies publiés dans le présent volume. La reproduction de tout ou partie de la présente publication, sous toute forme que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite et préalable de l’éditeur.
Imprimé en Suisse
ISSN : 2235-0438
Howard Greenberg, Collection Luciano Rigolini, Concept Car Freaks, La monstrueuse parade Trois expositions au Musée de l’Elysée Du 21 septembre 2012 au 6 janvier 2013 Photographie du tournage, Freaks, 1932 Collection Praloran, Zürich
État de Vaud Musée de l’Elysée 18, avenue de l’Elysée CH - 1006 Lausanne