else
Photography by Elysée
Applied
Book
Collected
Contemporary
Focus
Found
Haunted
History
Object
Serial
#7
Still
07 07 99 7 43 30 00 08 8 7 77 22 22 33 55 00 4
Musée de l’Elysée Lausanne www.elsemag.ch
CHF 14.00 | EUR 12.00
Jacques Henri Lartigue Picasso, 1955 Collection PKB
We share your love for art because we understand its worth. By tradition. PKB Privatbank Lugano Bellinzona Genève Zürich Antigua Panamá
www.pkb.ch
Financial Advisory Asset Management Corporate Banking Mortgages
Partner of the Musée de l’Elysée, Lausanne
Nouveaux regards sur la photographie La photographie est partout. Elle s’expose aussi bien dans les musées d’art contemporain que d’ethnographie, les artistes eux-mêmes rejettent la catégorisation et utilisent les médiums pour ce qu’ils sont. En quelques décennies, elle a trouvé sa place dans le champ de l’art. Mais la question se pose encore: «Pourquoi la photographie?» Hier, elle révélait les doutes nourris à son égard par l’histoire de l’art; aujourd’hui, elle questionne l’autonomie de la photographie et encourage son décloisonnement. L’histoire de la photographie est désormais une discipline à part entière; elle explore de nouveaux territoires, tandis que de nouvelles approches nourrissent la recherche. La photographie n’est pas la peinture; elle revendique dorénavant sa transversalité. Elle ne s’expose plus comme une sélection de chefs-d’œuvre, mais pour ce qu’elle peut dire comme objet culturel. Son histoire est esthétique, mais aussi visuelle, culturelle, sociale, technique… N’étant plus seulement objet de contemplation, la photographie a été replacée dans son contexte de production ou de diffusion. Aujourd’hui, la photographie se réinvente, et ELSE s’en fait tout simplement l’écho. New ways to consider Photography Photography is everywhere. It is exhibited both in museums of Contemporary Art or of Ethnography, and artists themselves eschew categorization using a variety of media for what they are. Within a few decades, photography found its place in the field of Art. Yet, that same question arises again: “Why photography?” Yesterday, the interrogation highlighted the doubts raised about it by Art History; today, it questions the interest of its autonomy, and encourages it to bridge gaps. The History of Photography has become a field of its own; it explores new territories while new approaches support research. Photography is not painting; it now claims its transversality. Photography is no longer displayed as a selection of masterpieces, but for what it can convey as cultural object. Its history is one of aesthetics, but it is also visual, cultural, social, technical… No longer an object of contemplation, photography is being reconsidered within its production or distribution contexts. Photography today reinvents itself, and ELSE simply exposes it.
Edito Sam Stourdzé
Else #7
Applied
Book
Collected
Contemporary
Focus
Found
Haunted
History
Object
Serial
→ 3 6 8 11
→ 5 12
→ 1 8
→ 5 8 10 11
→ 12
Still
Index par catégories
→ 3
→ 1 2 7 10 12
→ 4 6 9
→ 8
→ 2 4 6 7 9 11
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Archéologie de notre regard : Les fils éléctriques, 1988 –1998 1 p. 6
→ Contemporary Focus
Tommaso Bonaventura, If I Were Mao
2 p. 14 → Contemporary Serial
Henryk Mierzecki, The Working Hand, Photographs by Janina Mierzecka 3 p. 20
→ Applied Book
Un Dimanche après-midi
4 p. 26 → Found Serial
Jean-Marie Donat, Série #12 — Rorschach
5 p. 32 → Collected Haunted
Thirty-six Polaroids
6 p. 40 → Applied Found Serial
Olivier Culmann, The Others
7 p. 46 → Contemporary Serial
Some Balloons by Jens Klein
8 p. 56 → Applied Focus Haunted History
Martina Kubelk, Une Vie rêvée de femme
9 p. 62 → Found Serial
Peter Miller, Photuris
10 p. 70 → Contemporary Haunted
Danièle Laurent, L’Unique apparition d’un lointain aussi proche soit-il 11 p. 74
→ Applied Haunted Serial
Simon Rimaz, Unusual View of Unknown Subjects
12 p. 82 → Collected Contemporary Object
Index par séries
Else #7
Jules Jacot Guillarmod, Les Sherpas aux prises avec les premières pentes raides du Kangchenjunga, entre les camps V et VI, Himalaya, 1905. © Musée de l’Elysée Lausanne.
A travers les collections du Musée de l’Elysée Photographies de Jules Jacot Guillarmod Pionnier de l’Himalaya (1902 – 1905) Exposition du lundi 26 mai au vendredi 4 juillet 2014 de 8h30 à 17h30 (fermé le samedi et dimanche). Entrée libre. UBS SA Place St-François 16 1002 Lausanne
ab © UBS 2014. Tous droits réservés.
Nuit des images 2013 © Yann Marchesi
Partenaire de vos loisirs comme de vos projets d’avenir Retraites Populaires est partenaire de la Nuit des images qui aura lieu le samedi 28 juin 2014 dans les jardins du Musée de l'Elysée à Lausanne. A l'occasion de la quatrième édition, Retraites Populaires s'associe en particulier à la Nuit des enfants qui propose un programme pédagogique et ludique à découvrir en famille. www.retraitespopulaires.ch
Votre avenir, notre mission. Else #7
5
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Archéologie de notre regard: Les fils électriques, 1988-1998 1
Présenté par Véronique Terrier Hermann
Basés à Beyrouth pendant les années d’après guerre, les artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige n’ont cessé de photographier les traces, blessures et cicatrices de leur pays, accumulant ainsi de nombreuses planches contact. Ce ne sera que plus tard, dans une volonté de « contrer ce rapport amnésique à l’Histoire, et d’engager, à partir des ruines, une réflexion sur notre présent et pas seulement sur notre passé, de réaliser une archéologie de notre regard », qu’ils reprennent ce corpus. Naît alors le projet Archéologie de notre regard, pour lequel ils rassemblent des séries de photographies, tels Les Bestiaires (réverbères déformés par la guerre), Les Equivalences (matérialité de la ruine) et, maintenant, Les fils électriques. Dans les années d’après guerre, Beyrouth évoque à la fois chaos, ruine, reconstruction, obsolescence des installations, défaillance des services publics… Le réseau électrique en témoigne à sa manière. Face au système anarchique des raccordements, chacun s’est débrouillé, avec pour seul mot d’ordre : ne retirer aucun fil sous aucun prétexte ! C’est ainsi que chacun rajoutait son propre câble, en amateur ou en pirate, participant ainsi d’un système devenu ingérable et saturé. Mais ce spectacle — fait d’entremêlements, lacis, stries et volutes, mais aussi de sinuosités, trames et nœuds —, biffant la ville et occultant le ciel, fonctionnait aussi malicieusement comme indice de la densité démographique !
Contemporary Focus
Based in Beirut during the post-war years, artists Joana Hadjithomas and Khalil Joreige have ceaselessly photographed their country’s traces, wounds, and scars, thus accumulating a great number of contact sheets. Only later—out of a desire to “counter the amnesic relationship to history, to initiate a reflection stemming from the ruins about our present and not only our past, to produce an archaeology of our gaze”— did they reconsider this material. This led to the project Archéologie de notre regard, for which they gathered various photographic series such as Les Bestiaires (lanterns distorted by war), Les Equivalences (materiality of ruins), and more recently, Les fils électriques. Beirut in the postwar years evokes at once chaos, ruins, reconstruction, obsolescence of infrastructure and failures of public services… In its own way, the power grid bears testimony to this. Confronted with the anarchic system of connections, they all managed as best they could, according to one single watchword: remove no cable, whatsoever! So they all added their own personal cables, like amateurs, or pirates, thus participating to a system that turned out to be unmanageable and saturated. But that vision—made of entanglements, mazes, ridges, and volutes, of twists and turns, wefts and knots—, crossing the city and obscuring the sky, also maliciously served as an index of demographic density!
Else #7
7
Archéologie de notre regard : Les fils éléctriques, 1988-1998
Contemporary Focus
Else #7
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Archéologie de notre regard : Les fils éléctriques, 1988-1998
Contemporary Focus
Else #7
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Archéologie de notre regard : Les fils éléctriques, 1988-1998
Contemporary Focus
Else #7
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Du Tianqing
2
Tommaso Bonaventura If I Were Mao Présenté par Sam Stourdzé
Parmi les personnalités politiques érigées en icônes commerciales, Mao Zedong fait figure de proue. Tasses, montres, flacons de parfum et autres produits dérivés fabriqués à la chaîne hantent le quotidien de millions de Chinois. Des billets de banque à son effigie aux portraits réalisés par Andy Warhol, le Grand Timonier n’a probablement jamais autant profité à l’économie chinoise que depuis cette exploitation effrénée de son image. Ce culte de la personnalité n’envahit pas seulement les galeries marchandes. Il s’invite aussi au théâtre, lors de célébrations politiques, ou dans de simples mariages de civils nostalgiques. Pour son dernier travail photographique, l’artiste Tommaso Bonaventura est parti sur les traces de ces acteurs chinois spécialisés dans l’imitation de Mao qui se produisent chaque jour aux quatre coins du pays. Pour sa série If I Were Mao, il les a convaincus, parfois non sans peine, de se laisser photographier. Du vêtement gris, symbole de la Révolution culturelle, au costume militaire de l’ex-dirigeant, de sa manière particulière de tenir sa cigarette à ses mimiques et ses tics, ces sosies étudient chaque détail, jusqu’à parfois recourir à la chirurgie esthétique pour s’approprier son implantation capillaire et son grain de beauté. La multiplication des Mao par la série photographique instaure néanmoins une distance critique, voire ironique ; mais l’intention de ces acteurs semble être moins la dérision que l’hommage au dernier empereur de l’histoire officielle. Dès lors, ce que notre regard occidental aurait tendance à qualifier de produit de consommation est surtout un fabuleux instrument de propagande au service du Parti communiste chinois. Héros d’une formidable industrie cinématographique, de séries télévisées, d’animations 3D et de films historiques — alors même que la satire politique est proscrite en République populaire de Chine —, Mao est utilisé comme « alibi révolutionnaire moderne » du Parti. Ce que ces sosies incarnent, avec fierté et déférence, est une culture de masse chinoise qui, sans fausse note, satisfait le processus de déification surréaliste d’un Mao superstar.
Among the key figures set up as commercial icons, Mao Zedong leads the way. Cups, watches, perfume bottles and other mass-produced consumer goods haunt the daily life of Chinese people. From bank notes to Andy Warhol’s portraits, the Chinese economy has never so much benefited from the Great Helmsman than with this unbridled exploitation of his image. And this cult of the personality has not only taken over window shops. It also sneaks into the theater, political celebrations, or even nostalgic citizens’ weddings. For his recent photographic series, the artist Tommaso Bonaventura followed Chinese actors specialized in the imitation of Mao, and who perform their act every day across the country. For the series If I Were Mao, he painstakingly convinced them to be photographed. From the grey suit, symbol of the Cultural Revolution, to the former leader’s military uniform, from the very peculiar way he held his cigarette to his mimics and twitches, these doubles study every single detail even to the point of undergoing plastic surgery in order to adopt his hairline and mole. This multiplication of Mao through the photographic series nevertheless establishes a critical, maybe even ironic distance; and yet, these actors’ intention seems less to be derision than a form of homage to the emperor of the official history. Thus, what our Western eye would qualify as a consumer good is first and foremost a fabulous propaganda instrument in the service of the Chinese Communist Party. As hero of an astounding cinema industry, with its TV series, 3D animations and historical films—and considering the ban on political satire in the People’s Republic of China—, Mao serves as the Party’s “modern revolutionary alibi.” What these doubles proudly embody with deference is a Chinese mass culture that smoothly satisfies this surrealistic deification process of a superstar Mao.
Elsa Frémont
Contemporary Serial
Else #7
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Zheng Jiang
Peng Tian
Zheng Jiang
Peng Tian
Tommaso Bonaventura, If I Were Mao
Jiang Yu Wang
Du Tianqing
Peng Tian
Yi Xiaojian
Contemporary Serial
Else #7
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Zheng Jiang
Li Sai
Tommaso Bonaventura, If I Were Mao
Jiang Yu Wang
Contemporary Serial
Else #7
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Pâtisser et ouvrier d'une fabrique de conserves de légumes
Henryk Mierzecki The Working Hand Photographs by Janina Mierzecka 3
Présenté par Karolina Ziębińska-Lewandowska
The Working Hand de Henryk Mierzecki est un ouvrage savant inhabituel : la moitié du volume (60 graphiques, 120 images) est constituée de tirages argentiques de photographies réalisées par Janina Mierzecka, remarquable photographe polonaise et par ailleurs épouse de l’auteur. Dès les années 1920, Mierzecki, éminent dermatologue basé à Lviv (ville polonaise à l’époque), débuta des recherches sur les blessures et les déformations subies par les mains suite au travail physique. Son épouse participa à ces recherches qui nécessitaient une documentation photographique pour illustrer les observations personnelles et les descriptions écrites. Mierzecka fit un travail remarquable — photographiant les mains sur fond noir, avec une mise au point soignée, un cadrage serré, et éclairées de façon à mettre en évidence les caractéristiques visuelles. Cette documentation fut réalisée dans les années 1930. Avant d’être réunies dans cet ouvrage, les photographies ont été largement montrées dans des expositions à caractère médical ou photographique. Peu connus du public, ces magnifiques tirages 30 � 40 cm d’époque, une part de l’héritage laissé par Henryk Mierzecki, sont conservés dans les archives de l’Académie polonaise des sciences à Varsovie. The Working Hand fut publié en juillet 1939, mais la Seconde Guerre mondiale empêcha sa distribution et l’édition fut perdue. Le couple Mierzecki republia donc l’ouvrage en 1947 dans une édition de soixante-quinze exemplaires. L’année suivante, ces photographies recevaient le prix de la Photographie documentaire à valeur artistique du Ministère de la culture. Trente ans plus tard, ces tirages d’après-guerre ont été acquis par le Musée national de Wroclaw, mais plus personne aujourd’hui ne les voit associés aux descriptions médicales d’origine.
Applied Book
Henryk Mierzecki’s The Working Hand is an unusual scholarly publication: half of the volume (60 charts, 120 images) is comprised of gelatin silver prints of photographs by Janina Mierzecka, an outstanding Polish photographer and the author’s wife. In the 1920s, Mierzecki, a renowned dermatologist based in Lviv (then part of Poland), initiated a research about hand injuries and deformations caused by physical labor. He eventually got his wife involved in the research that required photographic documentation to illustrate the personal observations and written descriptions. Mierzecka did a fine job – pairs of hands were photographed against a black background, in sharp focus, tightly framed, lit as to emphasize visual features. This documentation was created in the 1930s. Before being featured in the book, the images had been displayed in many exhibitions, both medical and photographic. Unbeknownst to many, the beautiful 30 � 40 cm vintage prints, part of Henryk Mierzecki’s legacy, are now in the archives of the Polish Academy of Sciences in Warsaw. The Working Hand was published in July 1939, but the outbreak of the Second World War prevented its distribution and the edition was lost. The Mierzeckis republished it in 1947 in an edition of 75 copies and the series was awarded a prize for Documentary photography of artistic value from the Ministry of Culture the following year. Thirty years later, these post-war prints were acquired by the National Museum in Wroclaw, but no one can no longer view them together with the original medical descriptions.
Else #7
21
Tanneur
Tanneur
Henryk Mierzecki, The Working Hand, Photographs by Janina Mierzecka
Laitière
Meunier
Applied Book
Else #7
23
Tanneur
Tanneur
Henryk Mierzecki, The Working Hand, Photographs by Janina Mierzecka
Agriculteur
Agriculteur
Applied Book
Else #7
25
4
PrĂŠsentĂŠ par Anne Lacoste et Caroline Aubert-Neulas
Entre 1950 et 1960, un photographe anonyme a convaincu 150 modèles amateurs de poser nues devant son objectif. L’ambiance est bon enfant, elles sont souvent maladroites, presque toujours souriantes. Ballon de plage ou âne en peluche, le photographe les met à l’aise avec de petits accessoires. Maigres ou dodues, rustiques ou angéliques, ces Eves nous regardent droit dans les yeux. On devine leur caractère à la manière dont elles posent, les plus touchantes étant celles qui évoluent en extérieur, en plein jour, le long des routes par exemple — acte assumé difficilement imaginable à présent. En 2014, poser seins nus dans la rue pour une femme anonyme devient un acte politique puissant et lourd de conséquences. En 1950, dans les revues françaises telles que Amis du soleil, c’est une amorce d’émancipation pré-68. Ces revues utilisaient des photographies allemandes mais effaçaient les sexes à la manière des poupées Barbie, la publication du nu photographique étant légalement interdite en France. Cette collection est donc le reflet de l’émancipation des pays nordiques autorisant la diffusion de la photographie de nu dans ces années-là. Les modèles de voitures allemandes ou les drapeaux du Danemark présents sur plusieurs séries confortent cette hypothèse. Le photographe originaire du Genevois est donc, à l’instar des revues françaises, parti chercher ses modèles hors frontières. Son obsessionnelle collection est restée secrète jusqu’à la découverte de ces 1215 diapositives il y a dix ans, dans un vide-grenier haut-savoyard.
Between 1950 and 1960, an anonymous photographer convinced 150 amateur models to pose naked. The atmosphere is pleasant; they are often clumsy, almost always smiling. Beach balloon or stuffed donkey, the photographer helps them feel at ease with small props. Skinny or plump, rustic or angelic, these Eves look at us straight in the eyes. The way they pose is an insight into their personality, and the ones photographed outdoors for example, in broad day light along a road, are the most touching—a fully assumed act, unimaginable today. In 2014, exposing oneself bare-breasted in the street becomes a potent political act with serious consequences for an anonymous woman. In 1950, in such French magazines as Amis du soleil, it is a pre-68 act of emancipation. These magazines used German photographs, erasing the sex like for Barbie dolls since law in France forbade any publication of photographic nudes. By contrast, this collection shows the emancipation of Northern countries, which did allow distribution of nude photography then. The German cars or Danish flags visible in several series seem to confirm this. The photographer thus went searching for his models abroad, like the French magazines did. His obsessive collection had remained secret until the 1,215 slides were discovered ten years ago in a garage sale in his native Haute-Savoie.
Un Dimanche après-midi Found Serial
Else #7
27
Un Dimanche après-midi
Found Serial
Else #7
29
Un Dimanche après-midi
Found Serial
Else #7
31
Dans la famille des collectionneurs (obsessionnels) — comme on aime en repérer chez ELSE —, on peut distinguer différentes catégories : ceux qui se définissent selon un objet, collectionneur de… ou de…, et qui, déterminés, arrivent plus ou moins à leurs fins. Ceux qui, toujours à l’affût, tombent, trop rarement, sur des fonds singuliers ou exceptionnels, et raflent la mise ! Enfin, ceux qui se donnent des axes de recherche, de découverte. Compilées pièce après pièce, leurs images constituent des corpus qui racontent des histoires à ceux qui savent les écouter... Il en va ainsi de notre collectionneur. Dans cet ensemble précisément, J.-M. Donat introduit un élément perturbateur qui vient bousculer la découverte du corpus : un geste, un simple geste de basculement de l’horizontale à la verticale. Mais à l’inverse de Kandinsky qui y aurait découvert la beauté de l’abstraction, ici, la perte de repères fait glisser la figuration du paysage vers une autre figure. De fait, la symétrie du reflet dans l’eau, les éléments végétaux, les signes, tout dans l’image semble se rassembler autour d’un visage, ou plutôt d’un masque. Force évocatrice de la Gestalt, tel un test de Rorschach, la ressemblance persiste et séduit le collectionneur. La conversion comme pratique appliquée à la collection, ou quand une image rencontre son fantôme.
There are several categories in the family of (obsessive) collectors, the kind that ELSE likes to spot: those who define themselves through one item, collecting this… or that… and who sometimes obstinately achieve their ends. There are those who are always on the lookout and who come across singular or exceptional sets, yet too rarely—and win it all! Then, there are collectors who focus on specific fields of research and discovery. Compiled piece after piece, their images end up forming corpora that tell stories, but only to careful listeners… This collector belongs to the latter category. With this set, J.-M. Donat introduced a disruptive element that jostles the discovery of the collection: a gesture, a simple gesture, shifting from horizontal to vertical. However, contrary to Kandinsky who then might have discovered the beauty of abstraction, here, the loss of bearings takes the representation of the landscape into another figure. Indeed, the symmetry of the reflection in the water, plant elements, signs, everything in the image reminds of a face, or a mask, rather. Evocative force of Gestalt, like a Rorschach test, it is this persisting likeness that appeals to the collector. Conversion as a practice applied to the collection, or when the image meets its ghost.
Jean-Marie Donat Série @ 12 — Rorschach 5
Présenté par Véronique Terrier Hermann
Collected Haunted
Else #7
33
Jean-Marie Donat, Série #12 – Rorschach
Collected Haunted
Else #7
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Jean-Marie Donat, Série #12 – Rorschach
Collected Haunted
Else #7
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Jean-Marie Donat, Série #12 – Rorschach
Collected Haunted
Else #7
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Il y a une cinquantaine d’années, les artistes conceptuels se mettaient à explorer les particularités et les conditions de la photographie en tant que médium. Les travaux issus de ces explorations comprenaient pour beaucoup des photographies de photographies, des photographies de photographes, et des photographies d’appareils. Les photographies instantanées (ou Polaroïds) comptaient parmi les techniques populaires. Lorsque nous étions gamins, le Polaroïd était l’une des choses les plus en vue, mais il n’y a plus de Polaroïd, et ces appareils sont aujourd’hui aussi modernes que les lampes à pétrole. Certains collectionneurs se penchent sur ces reliques d’une autre époque tandis que d’autres se séparent de leur collection ; enfin, s’ils trouvent preneur. J’ai récupéré ces photographies chez une personne qui vendait sa collection d’appareils photographiques. Ce sont des fichiers numériques, bien sûr, plus instantanés que n’importe quelle photo ne l’aura jamais été, moins chers et plus utiles à l’ère du commerce en ligne. Ils ont fait l’affaire. Il aurait été plus intéressant de montrer ces appareils avec des photos Polaroïd, juste pour la petite touche nostalgique, un tendre souvenir du bon vieux temps, lorsque le tirage avait encore l’odeur des émulsions chimiques. (Un artiste à la retraite aurait pu camoufler cela en accroche conceptuelle pour la série.) Bizarrement, j’ai récupéré 36 images — un nombre plus que tout autre étroitement lié au domaine de la photographie analogique.
About half a century ago, conceptual artists set out to explore the particularities and conditions of photography as a medium. Many of the resulting works included photographs of photographs, photographs of photographers, and photographs of cameras. Instant photographs (also known as Polaroids) were one of the popular choices in this realm. A Polaroid camera was one of the coolest things when we were kids but Polaroid is gone and the cameras are now about as modern as petrol lamps. A few collectors are interested in these relicts of a gone-by era while others let go of their collections as long as anyone might be interested in the items. I collected these photographs from someone who offered his camera collection for sale. They are digital files of course, more instant than any instant photo ever was, much cheaper and more useful in the age of online business. They did the trick. It would have been nice of course to advertise these cameras with Polaroid photos, just for the nostalgic kick of it, a sweet reminder of the good old times when photographs smelled of chemicals. (A retired artist might have camouflaged this as the conceptual hook of the series.) Oddly enough, I got exactly 36 images, a number that’s more closely linked to the realm of analogue photography than any other.
Thirty-six Polaroids 6
Présenté par Joachim Schmid
Applied Found Serial
Else #7
41
Thirty – six Polaroids
Applied Found Serial
Else #7
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Thirty – six Polaroids
Applied Found Serial
Else #7
45
Olivier Culmann The Others 7
Présenté par Clément Chéroux
Contemporary Serial
Else #7
47
Olivier Culmann photographie les autres. Mais c’est toujours lui-même qu’il portraiture. Ou peut-être est-ce l’inverse ? Depuis quelques années, il séjourne régulièrement en Inde où il arpente avec la méticulosité d’un anthropologue les studios des photographes de quartier. Il observe les habitudes de pose, les habits revêtus pour l’occasion, les effets d’apparat. Il est fasciné par leurs accessoires, leurs ambiances, leurs décors, et la manière dont la vie quotidienne de ces officines, ou le goût de leurs propriétaires, est progressivement venue contaminer l’espace de représentation. C’est dans ces lieux culturellement très marqués qu’il se met ensuite lui-même en scène en mimant les apparences — de l’accoutrement à la posture en passant par le petit accessoire qui fait toute la différence — de ceux qu’il a identifiés comme des figures archétypales des multiples couches de la société indienne. La pilosité du personnage joue un rôle extrêmement important dans ces mises en scène. Si elle est pastiche, elle n’est cependant jamais postiche et met en évidence le caractère éminemment performatif de la série. Il y a là, finalement, autant de Martin Parr que de Cindy Sherman ; c’est un subtil mélange d’interrogation sur la culture vernaculaire en photographie et de questionnement sur la tension dialectique entre identité et altérité.
Olivier Culmann photographs others—and yet he is always picturing himself. Or could it be the inverse? He has repeatedly journeyed through India these last few years, thoroughly surveying with anthropological meticulousness local photographers’ studios. He observes customary poses, the clothes chosen for the occasion, the protocol involved, with a fascination for the props, the atmosphere, the setup, and the way in which the quotidian of these small shops, or the taste of their owners, have gradually contaminated these representational spaces. He then stages himself in these culturally strongly marked venues, miming the looks of those whom he has identified as archetypal figures of Indian society’s multiple layers, from apparels to postures, and even through that one small prop that makes all the difference. Hairiness of the character plays an extremely important role in this staging. While it is pastiche, it is however never postiche, and reveals the highly performative character of the series; it takes up from Martin Parr as much as from Cindy Sherman, a subtle mix of interrogations about vernacular culture in photography and the dialectical tensions between identity and alterity.
Clément Chéroux
Olivier Culmann, The Others
Contemporary Serial
Else #7
49
Olivier Culmann, The Others
Contemporary Serial
Else #7
51
Olivier Culmann, The Others
Contemporary Serial
Else #7
53
Olivier Culmann, The Others
Contemporary Serial
Else #7
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Some Balloons by Jens Klein 8
Présenté par Sebastian Hau
Eckartsberga, 25.3.1965, Wind wsw 12kmh
Applied Focus Haunted History
Else #7
57
Dans le doute, affirmons l’évidence — car je ne peux m’empêcher de m’interroger sur l’essence chamanique qui se serait doucement échappée des ballons dans ces photographies. Il serait bien plus simple de commencer par expliquer le contexte : l’ouverture au public des dossiers secrets des services de la sécurité nationale de l’ancienne RDA (la fameuse Stasi) a causé de nombreuses controverses, et ce n’est que récemment que les artistes ont commencé à s’approprier ces vastes archives (des informations collectées pendant 40 ans sur 6 millions d’individus, dont des échantillons corporels et d’odeur). Le travail de Simon Menner sur les directives imposées en matière de camouflage vestimentaire aux agents secrets lui a conféré une certaine notoriété au-delà du petit monde des amateurs de la photographie, et le premier opus de Jens Klein, un travail issu des mêmes archives qui s’est traduit par un petit livre modeste mais néanmoins élégant, a lui aussi suscité un certain intérêt international. Ces ballons ont été photographiés par des employés des services de sécurité ; ils avaient dérivé par-delà la frontière de l’Allemagne de l’Ouest. Ils sont clairement identifiables comme dispositifs météorologiques (et rien d’autre), et la vitesse du vent ainsi que la date et l’heure ont scrupuleusement été notées. La série de Jens Klein comprend 19 images associées à des informations topographiques, et fait partie d’un travail qui « documente » ingénieusement l’ancienne frontière entre les deux Etats allemands. A regarder ces photographies, je me retrouve dans un état d’esprit particulier dans lequel je vois le nom de Thomas Pynchon clignoter frénétiquement — les histoires parallèles de la photographie et des premiers vols en ballon, emblématiques de la fin de la première période de l’ère industrielle, me reviennent à l’esprit, ainsi que les croyances et les théories sur l’hypnose et l’hystérie. En arrière plan subsistent encore les inquiétants fantômes de ces bureaucrates qui avaient ordonné ou réalisé ces clichés, mais cet ensemble de photographies est transformatif et libérateur.
When in doubt, state the obvious—for I keep wondering about the shamanic essence that has been slowly escaping from the balloons in these photographs. It would be far easier to begin with explaining something about the context: since the files of the former GDR’s State Security Service (the so-called Stasi) have been made public, there have often been cases of controversy and it is only in recent years that artists have begun appropriating material from these vast archives (information collected over 40 years encompassing 6 million cases, including body and odor samples). Simon Menner’s work based on the guidelines to disguises for secret service officers has gained some notoriety beyond the small world of photography lovers, and Jens Klein’s first publication, based on material from the same archives and published in a modest yet elegant small book, has slowly been attracting international attention. These balloons were photographed by employees of the security agency; they had drifted across the border from West Germany. They can easily be identified as serving meteorological purposes (and none other), and the wind speed was duly noted, as was time and place. Jens Klein’s series consists of 19 images together with the topographical information, and is part of a larger body of work that ingeniously “documents” the former border between the two German States. Looking at these photographs puts me into a distinct state of mind in which the name Thomas Pynchon blinks hectically—the parallel stories of photography and balloon flight, emblematic of the end of the early stages of the industrial era reemerge together with the beliefs and theories about hypnosis and hysteria. While the ghosts of these bureaucrats who had ordered or taken these photographs linger somewhat alarmingly in the background, the actual collection of photographs in this portfolio is transformative and liberating.
Sebastien Hau
Some Balloons by Jens Klein
EKO Erzlager EisenhÅttenstadt, 12.03.1967, Wind WSW 40 kmh
Zella–Mehlis, 27.9.1963 Wind WNW 35 kmh
Berlin–GrÅnau, Regattastra·e, 27.7.1966, Wind SW 18 kmh
Glindenberg bei Wolmirstedt, 28.7.1966, Wind WSW 18 kmh
Applied Focus Haunted History
Else #7
59
Leipzig, technische Messe, 13.9.1966, Wind W 20 kmh
Leipzig, technische Messe, 13.9.1966, Wind W 20 kmh
Some Balloons by Jens Klein
N.A.
Glindenberg bei Wolmirstedt, 28.7.1966, Wind WSW 18 kmh
Applied Focus Haunted History
Else #7
61
Martina Kubelk Une Vie rêvée de femme 9
Présenté par Sam Stourdzé
Found Serial
Else #7 Else #7
63
Martina Kubelk, Une Vie rêvée de femme
Found Serial
Else #7
65
« Martina Kubelk, Kleider — Unterwaesche » [Martina Kubelk, habits — lingerie] sont les mots inscrits sur l’album, entourant une image de femme nue tirée d’un magazine pornographique, collée sur la couverture en simili-cuir avec du papier adhésif transparent. A l’intérieur, 378 photographies en couleurs – principalement des Polaroïds — prises entre janvier 1988 et juillet 1995, qui dévoilent un homme habillé en femme prenant la pose avec un mélange très particulier d’airs revêches et de sourires maladroits, d’attitudes raides et de gestes aguicheurs. Lorsque, sur quelques photographies, il n’a pas le déclencheur à la main, cet homme au visage ingrat semble s’adoucir, en réponse, peut-être, à un complice caché à nos yeux. La plupart du temps, cependant, il s’agit d’autoportraits où Martina Kubelk se tient debout ou assis(e), changeant de tenue, ici en nuisette, là en robe d’intérieur, plus loin en sousvêtements qui laissent voir parfois la fausse poitrine arborée avec fierté, mais toujours avec les mêmes lourdes lunettes aux verres épais. On découvre plusieurs variantes d’une même tenue, une jupe coordonnée à des chemisiers ou des chaussures différents, des perruques brunes, cendrées ou blanches, des tas de bijoux clinquants et des ongles parfois vernis de rouge, une garde-robe fournie qui tient autant des transparences affriolantes de la pin-up que de la banalité bon teint de la ménagère de plus de 50 ans. Dans ces mises en scène de sa vie rêvée de femme, Martina Kubelk laisse entrevoir un intérieur aux papiers peints chargés et aux posters de chats ou de femmes lascives. Au mur, des cartes postales, des photos de famille, le portrait d’un petit garçon — lui-même enfant ? Au fil des pages et des tenues féminines, au-delà du comique étrange créé par le décalage du temps et du regard, il se dégage une tristesse tenace de ces poses un rien grimaçantes, un sentiment de solitude. On se prend à imaginer quelle pouvait être la vie de cet homme qui joue ainsi à être une femme, ou, plutôt, des femmes.
“Martina Kubelk, Kleider—Unterwaesche” [Martina Kubelk, Clothes—Lingerie] are the words inscribed in circle over the album, around an image from a porn magazine of a naked woman, glued on the leather imitation cover with transparent tape. Inside, 378 color photographs —mostly Polaroids—taken between January 1988 and July 1995, that reveal a man dressed as a woman, posing with a very peculiar mix of surly manners and clumsy smiles, stiff attitudes and teasing gestures. In some of the images, when he does not hold the shutter in hand, the man’s coarse features are softer, maybe as a form of reply to an accomplice that would be hidden from us. Most often though, they are self-portraits in which Martina Kubelk is either standing or seated, in various different attires, here in a nightie, there in a housecoat, then in underwear that show his/her proudly displayed falsies, but always wearing the same, heavy, thick eyeglasses. We discover several matches, a skirt with different blouses or shoes, brown, grey, or white wigs, loads of flashy jewelry and nails sometimes painted in red—a rich wardrobe compounding both the pin-up’s sexy transparencies and the average banality of a housewife over 50. Through the staging of his dreamed life as a woman, Martina Kubelk gives us a glimpse of his home, its busy wallpaper, with posters of cats or lascivious women, postcards, family photographs, the portrait of a young boy—himself as a child maybe? One image after the other, one feminine outfit after the other, and beyond the awkward comical sense created by the discrepancy between time and vision, what emerges from these slightly contorted poses is an obstinate sadness, and a feeling of loneliness. We can’t help but think about what might have been the life of this man who plays at being a woman, or rather, women.
Caroline Recher
Martina Kubelk, Une Vie rêvée de femme
Found Serial
Else #7
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Martina Kubelk, Une Vie rêvée de femme
Found Serial
Else #7
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Aujourd’hui, on ne peut plus employer le terme « luciole » sans faire mine de mobiliser un appareil politico-philosophique qui va de Dante à Didi-Huberman, en passant par Pier Paolo Pasolini, Denis Roche ou Isao Takahata. Disparition…, Tombeau…, ou Survivance des lucioles…, ces petits insectes luminescents qui, métaphoriquement, incarnent tour à tour les esprits perfides qui errent dans l’obscurité, ou, au contraire, les petites lueurs d’espoir qui brillent dans le noir, ne cessent, au gré des engouements théoriques, d’apparaître, de disparaître et de réapparaître. On oublie souvent que les lucioles sont, avant tout, le motif d’un émerveillement enfantin. A la fin du XIXe siècle, on proposait aux enfants de guider des vers luisants sur le papier sensible afin de leur faire tracer les lettres de l’alphabet. László Moholy-Nagy, qui était prompt à réagir dès qu’il s’agissait de lumière, s’enthousiasma pour les travaux de l’un des grands spécialistes américains de la bioluminescence, le professeur Edmund Newton Harvey, de l’université de Princeton, qui étudia toute sa vie Lampyris noctiluca en enregistrant son intensité lumineuse sur des films couleurs. C’est dans cet esprit qu’œuvre aujourd’hui Peter Miller. Cet artiste américain né en 1978 aime les expérimentations conceptuelles. Il a beaucoup utilisé la camera oscura, le photogramme, le kaléidoscope, le Polaroïd, la chronophotographie, etc. Depuis quelques années, il attrape des lightning bugs qu’il dispose au petit bonheur la chance sur des films Polaroïd. Il cherche à en prolonger l’éclat.
It is impossible today to use the term “lightning bug” without seeming to mobilize a political and philosophical apparatus that goes from Dante to Didi-Huberman, via Pier Paolo Pasolini, Denis Roche or Isao Takahata. Demise…, Grave…, or Survival of the Fireflies…, these tiny luminescent bugs that metaphorically embody in turn treacherous spirits that wander in the dark, or on the contrary, little gleams of hope shining in the dark, ceaselessly show up, disappear and reappear again, according to theoretical infatuation. We tend to forget that fireflies are primarily a motif of childhood awe. At the end of the 19th century, children were invited to trace letters by guiding them over light-sensitive paper. László Moholy-Nagy, who was so prompt to react to matters of light, was enthused by the works of one of the great American specialists of bioluminescence, Professor Edmund Newton Harvey, from Princeton University, who spent his life studying Lampyris noctiluca, recording its luminous intensity on color films. Peter Miller works in a similar way. The American artist born in 1978 likes conceptual experimentations and often uses camera oscura, photogram, kaleidoscope, Polaroid, chronophotography, etc. For some years now, he has been catching lightning bugs and randomly placing them over Polaroid films, seeking to extend their radiance.
Peter Miller Photuris 10
Présenté par Clément Chéroux
Contemporary Haunted
Else #7
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Peter Miller, Photuris
Contemporary Haunted
Else #7
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Danièle Laurent L’Unique apparition d’un 11
Présenté par Clément Chéroux
Danièle Laurent, Autoportraits, photographies d’aura, 1991-2014
lointain aussi proche soit-il Applied Haunted Serial
Else #7
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Danièle Laurent est une aventurière dans l’âme. Ses parents avaient des dons. Ses frères et sœurs étaient intuitifs. Depuis son adolescence, elle voit les auras, est sensible aux vibrations énergétiques et parle avec les esprits. Elle a habité à Londres, Cologne, Lausanne, Vienne, Tokyo, Paris et exercé différents métiers. A la fin des années 1980, à Portland dans l’Oregon, elle se forme à la photographie d’aura. En 1991, elle ouvre rue du Faubourg-Montmartre à Paris — à quelques pas de l’atelier où à la fin du XIXe siècle Edouard Isidore Buguet, le premier photographe spirite français, faisait revenir les morts sur la plaque sensible — un studio dans lequel elle propose à des clients venus du monde entier de fixer sur Polaroïd les contours colorés de leur énergie vibratoire. Elle a photographié ainsi des milliers d’auras, déposé des brevets pour les filmer ou équiper les cabines Photomaton de senseurs capables de les enregistrer. Depuis près de 25 ans, et même si son studio a maintenant fermé, elle photographie régulièrement sa propre aura. Personne d’autre qu’elle ne peut mieux dire qu’elle en a vu de toutes les couleurs.
Danièle Laurent is a genuine adventuress. Her parents were gifted. Her brothers and sisters were intuitive. She sees auras, is sensitive to vibratory energies and converses with spirits since her adolescence. She lived in London, Cologne, Lausanne, Vienna, Tokyo, Paris, and worked in various trades. At the end of the 1980s, she trained as an aura photographer in Portland, Oregon. In 1991, on rue du Faubourg-Montmartre in Paris— steps away from the studio of Edouard Isidore Buguet, the first French spiritualist photographer who at the end of 19 th century brought back the dead to the sensitive plate—she opened a studio where she fixed on Polaroid color films the outlines of the colorful vibratory energies of clients from all over the world. She has thus photographed thousands of auras, filed patents to film them and to equip photobooths with aura-sensitive sensors. For some 25 years now, and even after closing down her studio, she has photographed her own aura. No one can pretend to have seen every color better than she.
Clément Chéroux
Danièle Laurent, L’Unique apparition d’un lointain aussi proche soit-il
Applied Haunted Serial
Else #7
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Danièle Laurent, L’Unique apparition d’un lointain aussi proche soit-il
Applied Haunted Serial
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Danièle Laurent, L’Unique apparition d’un lointain aussi proche soit-il
Applied Haunted Serial
Else #7
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Images extraites de la série Unusual View of Unknown Subjects, 2013, découpe sur argentique, dimensions variables.
40.6%
12
Présenté par Pauline Martin
Pendant un an, entre 2012 et 2013, Simon Rimaz achète sur eBay des photographies de presse provenant des archives des plus grands quotidiens américains comme le Baltimore Sun ou le Chicago Tribune. Il se constitue ainsi une collection de tirages argentiques uniques, sur lesquels lui vient l’envie de faire des « bêtises », selon son propre terme. Attiré par la matière du papier, stimulé par l’aura du tirage argentique qu’il faut a priori manipuler avec soin, séduit par les marques au stylo indiquant le recadrage par les éditeurs, l’artiste prend ses ciseaux et entaille les tirages pour en extraire la portion historiquement publiée. Son travail en creux donne suite à la série Amnesic Figures, qui intervenait déjà par effacement sur des archives de police, et s’inscrit dans le contexte plus général d’une production contemporaine qui affiche son intérêt pour les images trouvées, la réappropriation de documents oubliés et leur transformation par extraction (notamment Le Vieux père de Laurent Kropf ou Gulu Real Art Studio de Martina Bacigalupo). Dans Unusual View of Unknown Subjects, la frustration du spectateur, qui ne verra pas la partie centrale de la photographie, est proportionnelle à celle de l’artiste, qui, marqué par le souvenir de l’image pleine, n’aura jamais complètement accès à son propre travail. Simon Rimaz joue de cette insatisfaction, avec l’espoir que l’on renonce à lire l’image, devenue trop énigmatique, pour commencer à la regarder. L’intervention radicale du photographe témoigne ainsi, paradoxalement, de son attachement pour le document — qui porte à la fois l’empreinte du réel capturé, par ce qui reste à voir, et la trace de son utilisation, par les marques et les diverses notes.
For one year, over 2012–2013, Simon Rimaz purchased on eBay press photographs from the archives of some of the major American newspapers, including the Baltimore Sun or the Chicago Tribune. He thus gathered a collection of unique silver prints, with which he decided to “fiddle,” as he puts it. Attracted by the paper as matter, stimulated by the aura of the silver print that should a priori be handled with care, attracted by the editors’ cropping marks, the artist took up his scissors and cut into the image to extract the historically published part of the print. This work is a follow-up to the series Amnesic Figures, which already dealt with deletion of police archives, and inscribes itself in the larger context of contemporary practices engaged in found photography, re-appropriation of forgotten documents, and their transformation by extraction (notably in Le Vieux père by Laurent Kropf or Gulu Real Art Studio by Martina Bacigalupo). With Unusual View of Unknown Subjects, the beholder who will never see the central part of the photograph feels a frustration that is proportional to that of the artist who, marked by the memory of the full image, will never really have full access to his own work. Simon Rimaz toys with this dissatisfaction in the hope that the viewer will give up reading the overly enigmatic image, and actually starts looking at it. The radical intervention of the photographer paradoxically shows his attachment to a document that bears both the imprint of the captured real through what is left to see, and the trace of its use, through the various marks and notes.
Simon Rimaz Unusual View of Unknown Subjects Collected Contemporary Object
Else #7
83
10%
20.5%
36.3%
53.7%
1.5%
31.2 %
Simon Rimaz, Unusual View of Unknown Subjects
5.2%
0.7%
30.5%
51.7%
Collected Contemporary Object
8%
Else #7
85
18.7%
Simon Rimaz, Unusual View of Unknown Subjects
7.8%
Collected Contemporary Object
Else #7
87
Caroline Aubert-Neulas Caroline Neulas-Aubert est architecte et pratique la photographie depuis 1990. Elle s’intéresse, entre autre, à la question de la représentation des femmes dans différents domaines et genres. Ses séries photographiques consacrées au même sujet se distinguent par leur approche ironique ou poétique.
Caroline Neulas-Aubert is an architect and has been involved in photography since 1990. Among other issues, she focuses on the representation of women in various fields and genres. Her series on similar issues are distinctively ironic or poetic.
Tommaso Bonaventura Photographe depuis 1992, ses travaux sont publiés dans les principaux magazines internationaux. Il a, entre autre, reçu le Premier prix du World Press Photo 2005 (Arts et loisirs) et le Sony World Photography Award 2010 (Portraits). Depuis 2011, il travaille sur le projet Corpi di reato. Une archéologie visuelle du phénomène mafieux dans l’Italie contemporaine.
Photographer since 1992, his works appeared in major international magazines. He received First Prize at the World Press Photo 2005 (Arts and Entertainment) and the 2010 Sony World Photography Award (Portraits). Since 2011, he is working on the project Corpi di reato. A visual archaeology of the mafia phenomenon in present-day Italy.
Clément Chéroux Conservateur pour la photographie au Centre Pompidou. Historien de la photographie, Docteur en histoire de l’art, il dirige la revue Etudes photographiques. Il a été commissaire de nombreuses expositions, dont La subversion des images : surréalisme, photographie, film (2009), Edvard Munch : l’œil moderne (2011), Derrière le rideau, L’Esthétique Photomaton (2012).
Photography curator at the Centre Pompidou. A photography Historian and Doctor in Art History, he runs the magazine Etudes photographiques. He curated numerous exhibitions, including La subversion des images : surréalisme, photographie, film (2009), Edvard Munch : l’œil moderne (2011), Derrière le rideau, L’Esthétique Photomaton (2012).
Olivier Culmann Olivier Culmann (1970) est photographe depuis 1992 et membre du collectif Tendance Floue. Son travail est traversé par les questions récurrentes de liberté et de conditionnement. Auteur de plusieurs livres, dont Les mondes de l’école (Marval, 2001), réalisé en collaboration avec le photographe Mat Jacob, et Watching TV (Textuel, 2011), il expose régulièrement à travers le monde et a reçu plusieurs distinctions, dont la Villa Médicis hors les murs, le Prix Scam Roger Pic, ainsi qu’un World Press Photo en 2008. The Others sera exposé du 13 septembre au 5 octobre 2014 à Vevey lors du Festival Images, et au Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône en 2016.
Olivier Culmann (1970) is a photographer since 1992, and a member of the group Tendance Floue. His work deals with the recurring issues of freedom and conditionning. He authored several books, including Les mondes de l’école (Marval, 2001), a collaboration with photographer Mat Jacob, and Watching TV (Textuel, 2011), is regularly exhibited worldwide, and was awarded several prizes, including Villa Médicis hors les murs, the prize Scam Roger Pic, as well as a World Press Photo in 2008. The Others will be exhibited from 13 September through 5 October 2014 in Vevey during the Festival Images, and at Musée Nicéphore Niépce in Chalon-sur-Saône in 2016.
Jean-Marie Donat Depuis plus de 25 ans, Jean-Marie Donat collectionne des photos d’amateurs, les glanant au fil de ses voyages en Europe et aux Etats-Unis, en des lieux traditionnellement dévolus au partage de ce type de support (brocantes, bourses d’échanges, ventes aux enchères, etc.). Constituée de plus de 150 séries, sa collection s’est construite autour d’une idée forte : créer et donner une lecture personnelle, voire singulière, du siècle. Les images élaborent ainsi une histoire, réunissent des êtres qui, sans se connaître et se trouvant parfois géographiquement ou historiquement très éloignés, n’en partagent pas moins un moment réel ou fictif.
Jean-Marie Donat has been collecting amateur photography for over 25 years, gleaning images as he travels across Europe and the United States, in venues traditionally dedicated to sharing this type of material (second hand or exchange markets, auctions, etc.). Comprising over 150 series, his collection evolves around one major idea: to create and offer a personal, even singular reading of the century. Images thus elaborate a story, bringing together people who may not know each other or are geographically or historically quite distant, but who nonetheless share a moment, whether real or fictitious.
Elsa Frémont Historienne spécialiste du Moyen-Orient, Elsa Frémont est coordinatrice éditoriale au Musée de l’Elysée. Actuellement, elle poursuit ses études en histoire de l’art et ses recherches portent sur les pratiques artistiques engagées dans le commissariat d’exposition. Sebastian Hau Sebastian Hau (1976) est directeur artistique de la librairie du BAL à Paris. Avec Yellow Magic Books, il a coédité plusieurs ouvrages avec Daido Moriyama, Susan Meiselas et Sylvain Couzinet-Jacques. Il organise avec Olivier Cablat un événement durant la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles, sous le titre Cosmos pour l’édition 2014. Il a écrit pour divers magazines, dont Foam, IMA et Photo-Eye.
Biographies
A Historian specialized in the Middle-East, Elsa Frémont is editorial coordinator at the Musée de l’Elysée. She is currently pursuing her studies in Art History, focusing her research on the artistic practices engaged in exhibition curating.
Sebastian Hau (1976) works as the artistic director of LE BAL Books in Paris. Together with Yellow Magic Books, he has worked on book objects with Daido Moriyama, Susan Meiselas and Sylvain Couzinet-Jacques. With Olivier Cablat, he organizes a production-driven event during the professional week of the Rencontres d’Arles, under the title Cosmos for the 2014 edition. He has published reviews in Foam, IMA, Photo-Eye, and other magazines.
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige Nés à Beyrouth, Khalil Joreige et Joana Hadjithomas sont plasticiens et cinéastes. Ensemble, ils ont réalisé plusieurs documentaires, dont Le Film perdu ou Khiam 2000 – 2007, et des longs métrages de fiction, notamment A Perfect Day ou Je veux voir (avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué, sélectionné à Cannes en 2008). Ils exposent régulièrement leurs installations photographiques et vidéo dans de nombreux musées, biennales ou centres d’art à travers le monde. Leur installation photographique Circle of Conclusion —une co-production entre le festival Images et le théâtre de Vidy — sera présentée dans le foyer du théâtre du 10 sept. au 12 oct. 2014. Leurs œuvres ont intégré d’importantes collections publiques et privées. Leur dernier projet, The Lebanese Rocket Society, comprend un documentaire de cinéma ainsi que plusieurs installations. Ils sont représentés en France par la galerie In Situ Fabienne Leclerc. www.hadjithomasjoreige.com Jens Klein Jens Klein (1970) est un artiste allemand qui a étudié les arts visuels à Leipzig, en Jordanie et en Chine. En 2012, son travail a été exposé au Photomuseum de Braunschweig, au Kunstverein de Glückstadt et à la Fotogalerie de Vienne. En 2013, il a participé à Plat(t)form au Fotomuseum de Winterthour, et son travail a été exposé au Pavillon Kreuzberg à Berlin et à la Kunsthalle d’Erfurt. En 2012, son travail a été publié par Bücher & Hefte Verlag, Ort II, dans le bulletin n° 24 du Photomuseum de Braunschweig, dans le livre de photographie n° 49 de la Fotogalerie de Vienne. En 2013, il a publié l’ouvrage Hundewege. Index eines konspirativen Alltags à l’Institut für Buchkunst de Leipzig. Ses travaux se trouvent dans les collections du Fotomuseum de Winterthur et les Collections nationales de Dresde. www.jensklein.com Anne Lacoste Anne Lacoste est conservatrice au Musée de l’Elysée. Diplômée d’un doctorat en histoire de l’art consacré aux pratiques photographiques associées à l’archéologie en Orient au XIXe siècle, elle a débuté sa carrière de conservatrice en 2005 au J. Paul Getty Museum à Los Angeles. Elle a travaillé sur des expositions et des publications couvrant l’histoire de la photographie : Paul Strand; La Photographie contemporaine américaine; Luc Delahaye; Le Portrait; Irving Penn; Felice Beato; Le Ciel; Le Photomaton; Les Collections privées et Philippe Halsman. Danièle Laurent Danièle Laurent (1946) photographie des auras depuis 1991. Pauline Martin Historienne de l’art, Pauline Martin est commissaire de la Nuit des images au Musée de l’Elysée. Elle a notamment publié L’œil photographique de Daniel Arasse — Théories et pratiques d’un regard (Fage éditions, 2012) et a été commissaire de l’exposition Do you speak touriste ? Quand les photographes décodent le cliché (2014). Janina Mierzecka Janina Mierzecka (1896 –1987) fut parmi les photographes polonais les plus reconnus au XXe siècle. Personnalité éminente et représentative de l’école de photographie pictorialiste de Lvov, elle est aujourd’hui surtout reconnue pour sa série de photographies de mains de travailleurs.
Born in Beirut, Khalil Joreige and Joana Hadjithomas are plastic artists and film makers. Together, they have produced several documentaries, including Le Film perdu or Khiam 2000–2007, and feature films, notably A Perfect Day or Je veux voir (with Catherine Deneuve and Rabih Mroué, selected in Cannes in 2008). They regularly exhibit their photographic installations and videos in museums, biennals or art centers worldwide. Their photographic installation, Circle of Conclusion, co-produced by Festival Images and the Théâtre de Vidy, will be presented in the theatre lobby from 10 September to 12 October, 2014. Their works are now included in major public and private collections. Their recent project, The Lebanese Rocket Society, comprises a film documentary and several installations. Their gallery in France is In Situ Fabienne Leclerc. www.hadjithomasjoreige.com
Jens Klein (1970) is a German artist who studied Visual Arts in Leipzig, Jordan and China. His work was exhibited at the Museum für Photographie Braunschweig, at the Kunstverein in Glückstadt and at the Vienna Fotogalerie in 2012. In 2013, he participated in Plat(t)form at the Fotomuseum of Winterthur and his work was shown at the Kreuzberg Pavilion in Berlin, and at the Erfurt Kunsthalle. In 2012, his work was published by Bücher & Hefte Verlag, Ort II, in the Fotomuseum Braunschweig’s Bulletin n° 24, in the Vienna Fotogalerie’s Fotobuch n° 49. In 2013, he published the book Hundewege. Index eines konspirativen Alltags at Institut für Buchkunst Leipzig. His works are in the public collections of Fotomuseum Winterthur and the Dresden State Art Collections. www.jensklein.com Anne Lacoste is curator at Musée de l’Elysée. Holding a PhD in Art History, with a focus on 19th century photographic practices in archeology in the East, she initiated her curating career in 2005 at the J. Paul Getty Museum in Los Angeles. She has worked on a number of exhibitions and publications covering the history of photography: Paul Strand; American Contemporary Photography; Luc Delahaye; The Portrait; Irving Penn; Felice Beato; Sky; Photomaton; Private collections; and Philippe Halsman.
Danièle Laurent (1946) photographs auras since 1991. Art Historian, Pauline Martin is curator for La Nuit des images at Musée de l’Elysée. She has authored L’œil photographique de Daniel Arasse—Théories et pratiques d’un regard (Fage éditions, 2012) and curated the exhibition Do you speak touriste ? Quand les photographes décodent le cliché (2014).
Janina Mierzecka (1896–1987) is one of the most recognized Polish 20th century photographers. Considered as a typical representative of the Lvov photography-school influenced by principles of pictorialism, she is nowadays especially known for her series of workers’ hands.
Else #7
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Peter Hopkins Miller Peter Miller est un artiste américain actuellement basé à Paris. Ses œuvres filmiques et photographiques traitent souvent de magie et investiguent leurs propres constituants, des éléments irréductibles comme les phénomènes optiques, la sensibilité à la lumière, la transparence, etc. Caroline Recher Caroline Recher est conservatrice des collections au Musée de l’Elysée. Historienne de l’art, elle a enseigné à l’Université de Lausanne. Ses recherches portent sur la représentation de la souffrance dans la photographie contemporaine. Elle a notamment publié des articles sur le travail d’Arnold Odermatt et d’Alfredo Jaar. Simon Rimaz Simon Rimaz (1987) a été diplômé de l’Ecole supérieure de photographie de Vevey en 2013. Ses œuvres ont été récemment présentées dans une exposition collective, Imago, à la galerie Forma à Lausanne ainsi qu’au Musée d’art de Pully. Son travail a également fait l’objet d’expositions collectives au Photoforum PasquArt de Bienne, mais aussi à l’étranger, notamment durant le Mois de la Photo à Paris. Il poursuit ses recherches personnelles en convoquant d’autres médiums comme la sculpture, la peinture et l’installation. Joachim Schmid Artiste basé à Berlin qui travaille avec la photographie anonyme depuis le début des années 1980. Il a été exposé de par le monde et a intégré de nombreuses collections. En 2007, Photoworks et Steidl ont publié une monographie intitulée Joachim Schmid: Photoworks 1982–2007. En 2012, les éditions Johan & Levi ont publié le livre Joachim Schmid e le fotografie degli altri. Sam Stourdzé Directeur du Musée de l’Elysée et rédacteur en chef d’ELSE, il étudie les mécanismes à l’œuvre dans la circulation des images, avec pour champ de prédilection les rapports entre photographie, art et cinéma. Véronique Terrier Hermann Docteure en histoire de l’art, professeure à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Nantes, elle travaille plus particulièrement sur les liens qu’entretient l’art contemporain avec le cinéma et le documentaire. Elle participe au programme de recherche Start Making Sense !, Cinéma et art contemporains transforment l’essai, à la Head-Genève. Karolina Ziębińska-Lewandowska Karolina Ziębińska-Lewandowska, PhD (1975), est commissaire d’exposition et historienne de l’art spécialisée dans l’histoire de la photographie. Elle a cofondé et dirige la Fondation pour l’archéologie de la photographie, la première ONG polonaise dédiée à la conservation des archives photographiques. Conservatrice à la Galerie nationale d’art Zachęta de 1999 à 2010, elle y a développé un programme remarquable d’expositions photographiques. Depuis mars 2014, elle est conservatrice au Cabinet de la photographie du Centre Pompidou à Paris.
Biographies
Peter Miller is an American artist currently based in Paris. His film and photographic works often engage with magic, and generally investigate their own constituent, irreducible elements, such as optical phenomena, light-sensitivity, transparency, etc.
Caroline Recher is curator of the collections at the Musée de l’Elysée. An Art Historian, she taught at the University of Lausanne. She concentrates her research on the representation of suffering in contemporary photography, and has notably published essays about Arnold Odermatt and Alfredo Jaar. Simon Rimaz (1987) graduated from the Ecole supérieure de photographie in Vevey in 2013. His works have recently been presented in a group show, Imago, at the gallery Forma in Lausanne as well as at Pully Art Museum. His work was also presented at Photoforum PasquArt in Biel, and also internationally, notably during the Mois de la Photo in Paris. His personal research leads him to investigate other media such as sculpture, painting and installation.
Berlin-based artist who has been working with found photographs since the early 1980s. His work has been exhibited internationally and is included in numerous collections. In 2007, Photoworks and Steidl published a comprehensive monograph, Joachim Schmid: Photoworks 1982–2007. In 2012, Johan & Levi Editore published the book Joachim Schmid e le fotografie degli altri. Director of the Musée de l’Elysée and Chief Editor for ELSE magazine, he studies the mechanisms at work in the dissemination of images, with a focus on the links between photography, art and cinema.
Holding a Doctorate in Art History and Professor at the Ecole supérieure des beaux-arts in Nantes, her research focuses more specifically on the links between contemporary art and cinema and documentary. She is involved in the research program Start Making Sense!, Cinema and Contemporary Art Convert the Try, at Head-Geneva. Karolina Ziębińska-Lewandowska, PhD (1975), is curator and art historian specialized in the history of photography. She is co-founder and head of the Foundation for the Archeology of Photography —the first NGO in Poland dedicated to the conservation of photographic archives. From 1999 to 2010, she worked as curator at the Zachęta National Gallery of Art, developing a remarkable program of photo-exhibitions. Since March 2014, she is curator at the Photography department at the Centre Pompidou in Paris.
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CHF 14.00 | EUR 12.00 Prices in Euros for information. Payment will be registered in Swiss Francs
Switzerland Europe U.S. / other countries
Crédits
1 Joana Hadjithoma et Khalil Joreige, Archéologie de notre regard : Les fils électriques, 1988-1998 © Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
2 Tommaso Bonaventura, If I Were Mao, 2009 © Tommaso Bonaventura, courtesy of Galeria Asymetria
3 Janina Mierzecka, Working Hand, c. 1930-1936 © Marta Przybyło-Ibadullajev
4 Un Dimanche après-midi © Caroline Aubert-Neulas
5 Série #12 – Rorschach Collection Jean Marie Donat
6 Thirty-six Polaroids Anonymous
7 Olivier Culmann, The Others, 2013 © Olivier Culmann/Tendance Floue
8 Jens Klein, Balloons, 2013 Archives, tirages au charbon, composées à la main, encadrées © Jens Klein Sources des images : Archiv der BStU
9 Martina Kubelk, Kleider — Unterwaesche (Martina Kubelk. Dresses — Lingerie), 1988-1995 Collection Musée de l’Elysée, Courtesy Delmes & Zander, Cologne
10 Peter Miller, Photuris, 2013 Courtesy Galerie Crone, Berlin 11 Danièle Laurent, Autoportraits, photographies d’aura, 1991-2014 © Danièle Laurent 12 Simon Rimaz, Unusual View of Unknown Subjects, 2013 © Simon Rimaz Couverture : Olivier Culmann, The Others, 2013
Impressum ELSE est une publication du Musée de l’Elysée. ELSE est publié grâce au soutien généreux du Cercle du Musée de l’Elysée. Le Musée de l’Elysée est une institution du Canton de Vaud.
Editeur Musée de l’Elysée 18 avenue de l’Elysée 1006 Lausanne, Suisse Directeur de publication | Rédacteur en chef Sam Stourdzé Comité éditorial Jean-Christophe Blaser Yannick Bouillis Florent Brayard Clément Chéroux Joan Fontcuberta Erik Kessels Christoph Schifferli Joachim Schmid Véronique Terrier Hermann Secrétariat de rédaction Elsa Frémont Traduction | Relecture Frédérique Destribats Publicité | Relation Presse Julie Maillard julie.maillard@vd.ch Abonnements Manuel Sigrist manuel.sigrist@vd.ch Conception | Réalisation This is Not www.thisisnot.ch Caractères Plain, Optimo Cavallo, Eracom / Donovan Bernini Impression | Conseils techniques Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA www.courvoisier.ch Distribution Elsa Frémont elsa.fremont@vd.ch Swiss : www.olf.ch World : www.ideabooks.nl Remerciements Merci à tous les artistes, à tous les auteurs, aux équipes du Musée de l’Elysée et de IDPURE, ainsi qu’à tous ceux qui, par leur aide et leur soutien, ont permis à ce numéro de voir le jour, et plus particulièrement à Nathalie van Doxell, Susanne Zander, Rafal Lewandowski et Sébastien Neulas.
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Imprimé en Suisse © 2014, droits réservés / Musée de l’Elysée
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Else #7
Matthieu Gafsou, Papaver somniferum, 2013 © Matthieu Gafsou / Courtesy Galerie C
Expositions du 4 juin au 24 août 2014 Luc Chessex, CCCC (Castro, Coca, Che, Cherchez la femme) Matthieu Gafsou, Only God Can Judge Me Anonymes ? Des avantages de l’auteur méconnu Musée de l’Elysée 18, avenue de l’Elysée CH - 1006 Lausanne Ouvert Ma-Di 11h-18h
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