Nisimazine Cannes 2008#5-Fr

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Nisimazine Cannes Samedi 24 Mai 2008

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Un magazine créé par Nisi Masa, réseau européen du Jeune Cinema

Involontaire Entre les murs Valeria Gaï Guermanika

En partneriat avec le:


Editorial Sebastiona Puccarelli

Afghana Jones et le temple du Cinéma

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epuis que je suis devenu un cinéphile taliban, m’interdisant tout blockbuster pour des films kazakhs, de préférence sous-titrés en arménien, j’ai fait l’inventaire de tous les grands festivals fréquentés, mais pour je ne sais quelle raison, il me manquait toujours Cannes sur ma liste.

Aujourd’hui, après 10 jours et 30 films vus, deux emprunts de nœuds pap’ pour la montée des marches, quelques litres de café et une innombrable quantité d’OVNI (Objets en Verre Non Identifiés) ingurgités aux pavillons internationaux, peut-être est-il temps de partager mes impressions sur ce festival.

En fait il s’agit surtout de répondre à cette question cruciale : Cannes est-il le temple du cinéma ou simplement le plus gros cirque du show bizz de tous les temps ? EXTERIEUR – CROISETTE – JOUR/NUIT Entre 9 heures et 2 heures du matin, c’est l’effet «grand cirque» : un étrange cocktail de robes flashy, de strass, de paillettes, de Lamborghinis éructant du gros son… Regarder des films semble vraiment être la dernière des options possibles. INTERIEUR – SALLE DE CINEMA – NUIT (AMERICAINE) Si vous avez suffisamment de chance pour assister à une projection, vous pouvez vous joindre à cette célébration unique de la vitalité du cinéma. Protégée par des sélectionneurs aguerris, défendue par une légion de gardes en uniformes beiges, vous pouvez ré-expérimenter dans ces salles cette émotion primale de la découverte d’excellents nouveaux films. Il vous faudra juste la patience du chercheur de perles pour séparer les mauvaises huîtres des bonnes. Je dois peut-être admettre que je ne suis plus le fondamentaliste que j’étais, mais je crois profondément que les deux faces du festival sont permises.

January 21st - 25th, 2009

www.docpoint.info

NISIMAZINE CANNES

Samedi 24 mai 2008

Un magazine publié par l’association NISI MASA avec le soutien du programme ‘Europe for Citizens’ de l’Union Européenne et du Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative. EQUIPE EDITORIALE Rédacteur en chef Matthieu Darras Secrétaires de rédaction Jude Lister, Emilie Padellec Traductions anglaises Jude Lister Traductions françaises Emilie Padellec, Joanna Gallardo, Julien Melebeck Ont contribué à ce numéro Stefan Bößner, Maria Bianco, Esra Demirkiran, Zsuzsanna Kiràly, Johanna Kinnari, Mario Kozina, Hanna Mironenko, Julien Melebeck, Kheira Bourahli, Tania Laniel, Sebastiano Pucciarelli, Cécile Strouk Photo de couverture: Entre les murs, de Laurent Cantet

NISI MASA (European Office)

10 rue de l’Echiquier, 75010, Paris, France. + 33 (0)6 32 61 70 26 europe@nisimasa.com www.nisimasa.com


Coup de coeur

Involontaire De Ruben Östlund (Suède)

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isons-le tout de go, De Ofrivilliga (Involontaire), premier film de Ruben Östlund, 31 ans, est un petit chef d’œuvre, intelligent, drôle et formellement inventif. Le film est construit en cinq histoires alternées. Aucune n’a de lien évident avec l’autre si ce n’est qu’elles se passent en Suède de nos jours. Un feu d’artifice tiré dans un jardin mondain provoque un accident pas si anodin que ça. Dans un car, il est question de savoir qui a cassé le rideau des toilettes. Tant que personne ne se dénoncera, le chauffeur ne démarrera pas. Deux très jeunes ados attifées comme des pétasses s’amusent à se prendre en photo dans des poses sexy, se saoulent et se retrouvent dans une soirée qui dégénère. Une institutrice à la pédagogie révolutionnaire dénonce publiquement le châtiment physique qu’un de ses collègues à infliger devant ses yeux à un jeune élève. Plus personne ne lui adresse la parole. Lors d’une virée à la campagne entre anciens amis d’enfance, un jeu de potaches va trop loin. Sans en avoir l’air et avec connivence, ce film pose des questions d’éthique humaine. Le thème des limites y est central. Quand le jeu devient drame. Quand un fait anodin (comme le bris d’un rideau de WC de bus) vient flirter avec l’ordre moral. Quand la transgression conduit au danger réel. Involontaire interroge au fond le rapport individu-société avec pudeur et intelligence laissant au spectateur un hors champ à reconstruire, un choix d’interprétations pluri-directionnelles. Ecrites avec un souci du détail, un sens du dialogue et des situations, les scènes sont souvent comiques et jamais gratuites.

Critique Tulpan

De Sergey Dvortsevoy (Kazakhstan)

Quand dans leur soirée entre potes, l’un des gars, bien bourré, se fout à poil, se met en trépied, et qu’un autre arrive avec le drapeau suédois et fait mine de lui enfoncer la hampe dans le cul, cela reste de bon goût et non dénué d’un aspect politique évident. Ruben Östlund joue avec les stéréotypes sans tomber dedans. Les limites se reflètent dans les cadrages fixes et distants qui mettent toujours les personnages soit de dos au bord du cadre, soit en dehors. Mémorable scène en plan large que celle où un gars en poursuit un autre pour le sucer dans un champ (le terrain de jeu). Leurs amis marchent sur un chemin à droite du cadre (le monde de la raison) et finissent par faciliter le geste en entrant dans le champterrain de jeu. Ce jeu d’ailleurs se transforme en viol, crève un tabou, outrepasse la limite tout en restant visuellement remarquable. À l’image, les personnages sont tout petits, complètement bord cadre. On devine la scène plus qu’on ne la voit. Pour autant le film ne délivre pas de thèse ou de message identifiable mais questionne l’éthique au travers de scènes attachantes qui dialoguent entre elles, convoquant Kant et Nietzsche au bar d’une image. Julien Melebeck

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e Kazakhstan sous d’incessantes tempêtes de sable. De retour près des siens, un marin attend le consentement d’une jeune femme afin se marier avec elle. La vie dont il rêve est à portée de main… Que se passe t-il quand notre sort ne dépend pas de nous? Le réalisateur Sergey Dvortsevoy aborde cette question en dressant le portrait de bergers des steppes kazakhs. Quand Asa, notre jeune protagoniste, parle avec la famille de Tulpan pour obtenir son approbation, le destin semble lui sur le point de tourner en sa faveur. Mais cette impression est aussi euphorisante que brève. Tulpan ne veut pas l’épouser. À partir de là, Asa doit lutter seul pour changer son avenir: s’il n’arrive pas à se marier, il ne pourra

jamais avoir sa propre ferme. Tulpan est son unique espoir. N’apparaissant que quelques secondes à l’écran mais présente tout au long de l’histoire, elle est, en fait, la silhouette d’un rêve impossible. Visuellement, le film est fascinant. La prédominance de marrons et de bleus lui apporte une beauté simple, sans fioritures. Réalisée avec une maîtrise sensationnelle, l’alliance des mouvements des personnages et de ceux de la caméra créé une surprenante chorégraphie. Une danse bercée par les bruits du désert et les voix des personnages. Enchanteur, ce long métrage nous rappele l’importance d’agir en accord avec ses propres valeurs. María Blanco


Critique Versailles

De Pierre Schoeller (France)

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ersailles, premier long métrage de Pierre Schoeller est né de son désir de dévoiler la misère de SDF tapis au fond des bois. Cependant, son regard n’est pas réducteur. Entre exclusion et marginalité volontaire, le film donne à réfléchir sur la situation des sans abris. Concourant pour la « Caméra d’Or », ce film est ingénieusement mis en lumière. Tout semble fait pour que la pauvreté et la fatigue marquant les visages des protagonistes ressortent. Le grain de certaines images accentue la précarité de Nina et de son fils Enzo, puis celle de Damien, l’homme qui recueillera le petit garçon. Leur rage deof survivre les mène d’ailleurs vers une © «Land Plenty» by Win Wenders (2004) réinsertion sociale jalonnée de sacrifices.

La moitié du film se passe en extérieur nuit. Les personnages, éclairés par le feu prennent alors des allures fantomatiques. Ces flammes façonnent les corps à la manière de De La Tour. Certaines séquences rappellent aussi les photographies d’Yves Trémorin, comme celles révélant la nudité de personnes abîmées par le temps. C’est le cas lorsque le vieux Tony se lave. La blancheur cadavérique de sa peau contraste avec la noirceur de la forêt et celle des feuilles mortes qui se collent à lui. De jour, les personnages secondaires sont parfois noyés dans le flou de l’image. Toute notre attention se porte alors sur les SDF et leur combat perpétuel. Combat acharné pour trouver du travail, refaire leur vie et pouvoir enfin espérer un avenir moins rude. Brefs instants heureux : deux séquences surexposées tranchent avec le reste du film. Travaillant dans une maison de retraite, Nina danse avec l’un des pensionnaires dans une salle baignée de lumière. Enzo, tel un petit prince, se lave en pleine nature sous un soleil éblouissant. Rêves impossibles ?... Si Versailles fut le somptueux palais du Roi Soleil, ce film en est la face cachée. Tania Laniel

Interview avec:

Sam Taylor Wood

Réalisatrice de Love You More (UK)

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Sam Taylor Wood n’est pas une débutante en matière de montée des marches à Cannes. Après sa participation au sulfureux projet Destricted, cette captivante vidéaste-photographe londonienne, travaillant autour des corps suspendus (Self-Portrait Suspended, I-VIII) et des âmes vulnérables (Crying Men), nous offre aujourd’hui Love You More, un excellent court métrage très sexe, vynils et rock’n’roll...

© Photo by Johanna Kinnari

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n quoi votre démarche pluridiscplinaire vous donne une approche spécifique de chaque média? Lorsque j’ai une idée, celle-ci est toujours directement destinée à la photographie ou au cinéma. Le paysage mental que chacun représente en moi est similaire, mais à ils opèrent à des vitesses différentes. Le cinéma dans sa nature prend plus de temps, même si le processus d’un projet photographique peut être aussi long; particulièrement pour les séries. L’une de mes dernières séries m’a d’ailleurs pris près d’un an. Votre précédent court métrage Death Valley, traitait explicitement de masturbation masculine. Dans Love You More, deux adolescents

expérimentent leurs première fois, et peut-être, leur premier amour avec un grand A. Je suis apparememnt destinée à traiter de sexualité. Le projet Destricted était dur pour moi; la pornographie n’était pas forcément une arène dans laquelle je souhaiais me plonger; le concept global était cependant assez intéressant pour qu’y ressente le besoin d’y injecter une perspective féminine. Love You More était très différent, construit autour d’un récit qui n’est pas uniquement centré sur une scène de branlette. Dans Love You More, l’interaction entre les images et la B.O semble cruciale. Avez-vous un intérêt particulier pour les rapports cinéma-musique? Je joue constamment de la musique; ça fait partie intégrante de ma vie, et donc de mon travail. La chanson des Buzzcocks «Love You More» était parfaite pour insuffler au film cette énergie follement furieuse créée par le romantisme des paroles et leur fin brutale. Cette chanson me permettait à merveille de jouer explicitement avec le côté répétitif de la bande sonore pour donner un film une= touche d’humour contrebalaçant la fougue sexuelle.

Emilie Padellec


Autres films... Rumba De Dominique Abel, Fiona Gordon & Bruno Romy (Belgique-France)

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nstituteurs dans un petit village de campagne, Fiona et Dom ont une passion commune pour les danses latino. Une nuit, de retour de l’un des nombreux tournois auxquels ils participent chaque week-end, la tentative de suicide d’un inconnu leur cause un accident de voiture. Leur vie telle qu’ils la connaissaient jusqu’à présent s’en retrouve complètement chamboulée.

de Wes Anderson. Malheureusement, le film n’atteint pas la qualité de ses nobles aspirations.

Clairement influencé par les comédies classiques du cinéma muet, Rumba rend hommage à ces génies du rire que furent come Charlie Chaplin, Buster Keaton, ou même ce pitre plus moderne, Jerry Lewis.

La plupart du temps, les épisodes burlesques ont un goût de déjà-vu, rappelant bien d’autres films pour en faire un film vraiment spécial. Ce qui demeure est une accumulation d’éléments plus ou moins drôles entrecoupés d’éclats de lucidité. On en vient bien sûr se marrer devant plusieurs scènes et savourer le comportement gauche des personnages à l’écran, mais bien souvent les éléments comiques sont un peu ‘too much’ et ressemble plutôt à du Warner Bros. Le dessin animé prend alors le pas sur la comédie attachante. Sympathique sans être sensationnel – Rumba nous invite plutôt à retourner voir du côté des originaux.

Trop rares sont les instants réellement uniques et débordants de créativité comme par exemple lors de la belle danse du couple au moment où ils évoquent le passé glorieux de l’avant accident.

Sur son ensemble, le film malaxe de manière éclectique des moments cultes de l’histoire du cinéma, se donnant du mal pour suivre les pas de ces grands archétypes comiques. Cependant, Rumba ne limite pas son inspiration au cinéma du passé. Une multitude de petits détails, comme les couleurs du ‘bouquet Premier Prix’ assorties à la robe de Fiona ou la transformation de la maison du couple en coulisse transparente, nous fait penser à l’univers excentrique

Wendy & Lucy

De Kelly Reichardt (USA)

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ilm en compétition pour Un Certain Regard, Wendy & Lucy est le quatrième long métrage de Kelly Reichardt, réalisatrice qui s’était déjà distinguée en 2006 grâce au film Old Joy. Wendy & Lucy traite de l’errance d’une jeune femme solitaire qui compte trouver un travail en Alaska. Accompagnée de sa chienne Lucy, elle atterrit au volant de sa voiture dans une ville de l’Oregon, paumée, abîmée par un traumatisme suggéré et une tristesse profonde. L’histoire, c’est celle d’une panne de voiture, d’un vol. Celle d’une femme passive anéantie par un désespoir retenu qui éclate dans de furtifs accès de sanglots. Ce personnage ne s’anime que lorsqu’il part à la recherche de sa chienne disparue. C’est d’ailleurs cette action qui rythme le film, globalement lent. Kelly Reichardt a choisi d’investir le spectateur dans la

Stefan Bößner

torpeur de Wendy à travers un traitement de l’image délicat et dilaté qui évite l’apitoiement. Se sentant proche de ce personnage quelque part courageux parce que digne, le public s’identifie naturellement à ce brave policier qui redonne à Wendy le courage de continuer sa route. Dans ce rôle difficile, Michelle Williams, découverte dans Dawson et applaudie dans Le secret de Brokeback Mountain, livre un jeu habité et sensible. L’actrice fait preuve d’un travail très juste sur son corps, usant d’un regard désabusé qui manifeste une mélancolie bouleversante. Kelly Reichardt, dans ce roadmovie maîtrisé, offre un film sobre qui, malgré ses longueurs et son absence volontaire de rythme, réussit intelligemment à traduire ce qu’est l’errance existentielle. Cécile Strouk


Reportage Je me souviens bien de toi au Chelsea Hotel

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n jour, Janis Joplin erre dans les couloirs de l’hôtel Chelsea à la recherche du chanteur Kris Kristofferson. Dans l’ascenseur, elle s’adresse à un homme de petite taille pour l’aider à retrouver Kris. L’homme lui répond qu’il s’agit là de son jour de chance, car ce Kris se trouve juste devant ses yeux. Janis bien sûr ne le croit pas, Kris étant un grand et bel homme – tout le contraire de Léonard Cohen donc, l’homme de l’ascenseur. Ainsi eut lieu leur première rencontre, entre les murs de l’ascenseur du Chelsea Hotel, avant bien des nuits passées ensemble dans la chambre #2 ; chambre dont s’inspirera plus tard Cohen pour écrire la fameuse chanson Chelsea Hotel #2. Joplin et Cohen ne sont que deux exemples parmi les nombreuses célébrités qui séjournèrent dans le mythique hôtel construit en 1883 à Manhattan, NY. Parmi ces figures légendaires, citons les écrivains Burroughs, Bukowski, Kerouac ou Sartre, les monstres sacrés de la musique comme Bob Dylan, Jimi Hendrix, Patti Smith et Edith Piaf, et bien sûr les stars de cinémas : Miloš Forman, Dennis Hopper, Jane Fonda, etc. L’Hôtel Chelsea a vu naître de nombreuses créations artistiques. Arthur C. Clarke y a rédigé 2001 : L’Odyssée de l’espace, qu’un autre résident de l’hôtel porta plus tard à l’écran, Stanley Kubrick. Le bâtiment abritant l’hôtel a lui-même était le sujet de plusieurs films, le plus célèbre étant Chelsea Girls d’Andy Warhol (1966), avec les Warhol Superstars (Nico ; the Velvet Underground ; Edie Sedgwick). Ce documentaire à écran splité («split screen») – dont la partie la plus sombre symbolise le noir et l’autre plus claire, le blanc) explore deux facettes de l’hôtel : son côté perturbant mais aussi plus innocent. Projeté en séance spéciale à Cannes cette année, le documentaire d’Abel Ferrara, Chelsea on the Rocks, est

Interview avec:

Juan Pittaluga

une œuvre mélancolique mettant en perspective la ‘belle’ époque de ce haut lieu artistique et son activité actuelle. Dans ses années de gloire des années 60 et 70, c’était un endroit chéri des artistes bohèmes, parfait point de chute où créer, discuter librement, et échanger tout aussi librement drogues et vues intellectuelles. Aujourd’hui le Chelsea est une sorte d’hôtel-boutique géré par une compagnie hôtelière bien implantée dans la ville. Mêlant des images d’archives d’anciens résidents – « qu’ils soient en enfer ou au paradis » comme le remarque Nico dans Chelsea Girls – et des extraits d’interviews de

pensionnaires toujours en vie, Chelsea on the Rocks défile comme une ballade blues en honneur aux temps heureux et aux temps mauvais de cet épicentre de la 23ème rue. Certains d’entre eux aiment les matins ensoleillées filtrant à travers ses rideaux jaunes, d’autres font le compte des jours passés là-bas, d’autres encore auraient souhaité quitté l’endroit plus tôt. En fin de compte, l’hôtel Chelsea n’en finit pas d’inspirer les artistes actuels, même s’ils n’y ont jamais vécu et si ses couloirs refaits à neuf ont beaucoup perdu de son esprit d’antan. Esra Demirkiran

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fut sélectionné en Compétition officielle à Cannes en 2004. J’ai réalisé un deuxième documentaire en 2006 Mensonages / Lies. Il aborde les problèmes d’éthique et de temps lorsque l’on se ment à soi-même.

Juan est un participant de l’atelier Cinéfondation. Il y présente un projet de film intitulé Punta del Este.

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otre carrière de cinéma ? Je suis un Uruguayen vivant à Paris. J’ai arrêté mes études de sociologie et de philosophie pour travailler dans un cinéma. Durant mes années d’université, ma passion était d’écrire des scénarios. Après mon premier court métrage Rêver, j’ai réalisé mon premier long métrage, Orlando Vargas, qui fut diffusé à la Semaine de la Critique. J’ai co-dirigé avec Jonathan Lassiter le documentaire sur le vin, Mondovino, qui

Votre projet ? Puata del Este est un petit village en Uruguay. C’est sauvage et sophistiqué en même temps. Le film est une histoire d’amour concernant la morale. Au 19ème siècle, il y avait plus de valeurs universelles, d’intégrité et de partage. Au 21ème siècle, on doit se battre pour les conserver. Mon personnage Francisco perpétue ces valeurs du 19ème siècle et n’est donc pas perdu. L’atelier? Ces derniers jours, nous avons eu une quarantaine de réunions avec des producteurs, des coproducteurs, des distributeurs internationaux… et, à l’heure actuelle, nous sommes très satisfaits de l’avancement du projet. Cela nous aide de rencontrer des collaborateurs potentiels et de développeurs de projets. Je pense filmer mon film en février/mars 2009 en Uruguay. Esra Demirkiran


Portrait Valeria Gaï Guermanika

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ans la Russie d’aujourd’hui, Valeria Gaïa Guermanika, jeune femme de 24 ans, est peut-être la seule réalisatrice russe à avoir la chance de réaliser si jeune un film de fiction en 35 mm. Habituellement dans l’industrie cinématographique russe, quelqu’un qui n’a ni d’éducation particulière ni une grande expérience de la vie a peu de chance de percer.

© Photo: Johanna Kinnari

Valeria est connue comme réalisatrice de documentaires, en particulier son film Devochki (The Girls), produit par le label Kinoteatr.doc. Ce docu dresse le portrait intime de trois jeunes filles qui entre dans l’âge adulte. A cette époque, Mihail Sinev fut le seul à miser sur le potentiel cinématographique de cette jeune fille. Ils mourront tous sauf moi, son premier long métrage (sélectionné à la Semaine de la Critique) est produit par Igor Tolstunov qui a prit le risque d’engager sa société de production PROFIT sur ce film. Elle a eu beaucoup de chance de collaborer avec ces deux producteurs, d’autant plus que la plupart des réalisateurs et critiques russes n’aiment pas particulièrement les films de Guermanika. Ils l’accusent de négliger le langage cinématographique et de dédaigner les règles classiques du montage.

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owadays, 24-year old Valeria Gaï Guermanika is probably the only female Russian director who has the chance to direct a 35mm fiction movie at such a young age. Usually in the Russian film industry, someone with neither a certain special background nor a large amount of life experience has no such possibility. Valeria is already known as a documentary filmmaker, in particular for her film Devochki (Girls), produced under the Kinoteatr.doc label. Devochki intimately followed a few days in the lives of three ordinary young girls on the brink of adulthood. Back then Mihail Sinev was the only one who believed that this young girl and her camera experiment had potential. This time around, for her debut fiction feature Everybody Dies but Me (selected for the Critic’s Week), it was Igor Tolstunov and his film production company PROFIT who took the risk. She has had a great deal of luck to be able to cooperate with both of these producers, especially since most Russian filmmakers and critics are not fond of Guermanika’s films, accusing her of neglecting the cinematic language and remarking her disdain for classical editing styles. Audiences on the other hand appreciate her honesty in choosing the subject matter for her works and the way she treats these themes. Although she makes provocative documentaries, she never pushes her subjects to do things they wouldn’t do normally. And it works: her Devochki totally forgot about the camera and said and did things they would never have if someone had told them to. It seems that Valeria reads what the journalists write about her films in the mass media, because she is well acquainted with the general opinion amongst Russian film critics. In one of her interviews Guermanika even said that she doesn’t want to screen her

future films in Russian film festivals because there are angry critics who will be judging. She makes her films not for them, but for the public. But where to screen her shorts? They are not quite appropriate for either TV or cinema formats. Hopefully another fate awaits Everybody Dies but Me. This new fiction film, covering similar ground as her previous documentary work, is about three teenage girls preparing for a school disco. When most people hear this it provokes a smile, seeming not quite serious enough as a subject matter. But Valeria is convinced that this topic is crucial. She remembers well those days in her recent past when she was the same as her subjects - as a teenager, choosing the right dress or lipstick for a party was much more important to her than any school lesson. She didn’t want to study, and even left one secondary school. In those days, the cancellation of a party seemed to be a largest disaster ever. Valeria thinks that it is important to speak about and show how teenagers live – what they dream about, what they want, what they do and think. In her own way she tries to build a bridge between generations: between teens who have daily confrontations with inflexible adults, and older generations who are frustrated by frivolous and lazy youngsters. She tries to show that these young, hormonally-charged women are real personalities - simply of a different generation from their parents. Indeed Valeria herself, when growing up in Moscow, was seen as somewhat unusual by the adults around her - a delinquent protesting against the pretence of ‘decent society’. Now however she has changed. She has already given birth to her own child, and has inevitably grown up in the process. And so has her work. Yet for some reason they are still not really well-known amongst Russian filmgoers, remaining a dish more likely to be found on a festival menu.

Cependant, le public apprécie son honnêteté dans le choix de ses sujets de films et, dans la façon dont elle les traite. Bien qu’elle réalise des documentaires provocants, elle ne présente pas les choses de façon irréaliste. Et cela marche : les jeunes filles du documentaire Devochki, oublient totalement la caméra, parlent et agissent sans que personne n’ait eu à leur demander de faire quoi que ce soit en plus. Il semble que Valeria lise dans les médias ce que les journalistes écrivent à son propos. Elle connaît l’opinion générale des critiques russes. Dans une des ses interviews, elle va jusqu’à dire qu’elle ne veut pas projeter ses prochains films dans les festivals russes car elle n’y récolte que des critiques sévères. En même temps, elle ne fait pas de films pour les critiques mais pour le public. Mais où alors diffuser ses courts métrages ? Ils ne sont formatés ni pour la télévision ni pour la diffusion en salle de cinéma. Heureusement, un autre sort attend Ils mourront tous sauf moi Thématiquement similaire à son précédent documentaire, son nouveau film raconte l’histoire de trois filles qui se préparent pour une soirée organisée par l’école. Quand on entend ce pitch, cela prête à sourire. Cela ne semble pas très révolutionnaire. Mais Valeria Gaï Guermanika est convaincue de l’importance de ce sujet. La réalisatrice se souvient bien de cette période qu’elle a vécue elle-même il n’y a pas si longtemps. Quand elle était adolescente, choisir la bonne robe ou la bonne couleur de rouge à lèvres pour une soirée était bien plus intéressant pour elle qu’aucune leçon scolaire. Elle ne voulait pas étudier et a même voulu quitter le lycée. A cette époque, l’annulation d’une soirée était le pire désastre qui pouvait arriver. Valeria pense qu’il est important de parler et de montrer la vie des adolescents – leurs rêves, leurs désirs, ce qu’ils font et ce qu’ils pensent. A sa façon, elle essaie de construire des ponts entre les générations: entre les adolescents et leurs préoccupations quotidiennes, et ces adultes inflexibles appartenant à la vielle garde, frustrés par ces jeunes frivoles et paresseux. Elle essaie de montrer que ces jeunes femmes en plein bouleversement hormonal ont aussi de vraies personnalités. Elles appartiennent seulement à une génération différente. Valeria elle-même, qui a grandit à Moscou, était vue par les adultes de son entourage comme une fille à part – une rebelle en crise contre la prétendue « société décente ». Aujourd’hui, elle n’est plus la même. Elle a déjà donné naissance à un enfant. Cette expérience la fait inévitablement mûrir. Ses films aussi. Actuellement et pour plusieurs raisons, ses films ne sont pas très connus du grand public, demeurant plutôt réservés au menu des festivals.

Hanna Mironenko


Work in progress Cyber-adoration[point]Cinéma

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nternet a créé sa propre réalité – un espace virtuel dépourvu de corps humains, formé des chiffres « zéro » et « un », vecteurs de l’information. L’anonymat ouvre la porte à la manipulation : vous n’avez pas toujours à justifier les choses que vous mettez en ligne à la disposition de tous. Le protagoniste d’Adoration du canadien Atom Egoyan décide de se réinventer une vie dans le cyber espace. Ayant perdu ses parents très jeune, son passé est une source d’inspiration pour inventer une histoire sensationnelle, dans laquelle la figure du père se transforme en terroriste libanais. Celui-ci utilise sa mère enceinte afin de mettre en place un plan diabolique. Quand le protagoniste met en ligne cette histoire sur un blog vidéo d’un forum, les internautes réagissent et leur participation à la discussion rend l’histoire inventée encore plus crédible. On invente des souvenirs d’événement, qui influencent ensuite la vie quotidienne. Les faux souvenirs provoquent beaucoup de confusion dans le monde cinématographique d’Egoyan. Les spectateurs de ses films sont troublés par le mélange de la vérité et du mensonge. Le réalisateur explore la façon dont notre sens de la réalité est construit à travers différents médias. Si les personnages d’Egoyan utilisent Internet pour réinventer leur passé, les jeunes gens d’Afterschool d’Antonio Campos l’utilisent pour fabriquer le présent. Pour eux, il n’y a pas d’autre réalité que celle qu’ils observent sur l’écran informatique. Les émotions liées à l’excitation sexuelle et à la violence sont uniquement vécues à travers des clips Internet de mauvaise qualité. Lorsque la même chose se passe dans la réalité, le réalisateur choisit de nous la montrer à travers l’optique d’une webcam. De même, la manière de composer avec la mort dans la vie réelle et virtuelle souligne l’incapacité des personnages à ne produire aucune sorte de connexion émotionnelle. Même les scènes d’actes sexuels du blog Internet (nastycumholes.com) semblent plus réelles que celles que les personnages vivent eux-mêmes. Ils réussissent tout de même à éviter la douleur et l’humiliation suggérées par le nom obscène du site. Les cadrages expérimentaux et décentrés du film de Campos renforcent l’impression que ses personnages ont perdu leur centre/espace de vie. Leur regard directement adressé vers le spectateur à la toute fin du film semble poser la question suivante : sommes-nous toujours disposés à faire la différence entre l’expérience vécue et médiatisée? Tandis que Afterschool évoque principalement l’excitation émotionnelle bloquée derrière un impénétrable écran d’ordinateur, Juraj Lehotsky dans Blind Loves pose une autre question intime:

©Photo Johanna Kinnari

comment l’amour peut-il exister dans le cyber espace ? Blind Loves est un film qui compile plusieurs histoires, montrant les difficultés auxquelles sont confrontés les aveugles dans leur vie maritale et amoureuse. Aux regards des autres, ils ne sont pas seulement identifiés à travers leur handicap physique mais aussi, à travers leur condition sociale. Dans l’une des histoires, une adolescente aveugle flirt en ligne avec quelqu’un qu’elle n’a jamais rencontré. Mais lorsque son amoureux lui propose un rendez-vous en face à face, la peur d’être rejeté et blessé surgit. Internet reste une sorte de refuge où la communication n’est pas interférée par les préjugés. Cependant, ce genre d’amour ne peut seulement qu’exister dans le cyber espace. Celui du monde

matériel est « pollué » par le contact, les corps, les odeurs et les sons. En d’autres termes, l’amour est y aveugle. Ou seraitce le contraire ? Tous ces films explorent la façon dont le virtuel influence l’expérience réelle des personnages au point de s’immiscer totalement. Les questions qu’ils soulèvent s’appliquent aussi à nos vies : sommes-nous vraiment honnêtes lorsque nous nous présentons aux autres, cachés derrière le masque de l’anonymat ? Et sommes-nous toujours capables de sentir quelque chose qui n’est pas troublé par un écran d’ordinateur ou de cinéma ? Les questions sont posées mais les réponses sont encore à trouver, pour nous, spectateurs. Mario Kozina


Coin du court Smáfuglar

De Rúnar Runarsson (Islande)

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ncore cette année à Cannes énormément de films traitent de la thématique adolescente. Est-ce un signe d’une époque qu’aussi bien un film russe (Ils mourront tous sauf moi) qu’argentin (La Sangre Brota) ou suédois (Involontary) accentuent le portrait d’une jeunesse auto-centrée, sans autres motivations que l’alcool, la drogue et le sexe (souvent dans cet ordre strict) ? Le no-future contemporain, castré de sa révolte, semble bien se faire une autopipe. Bien que ce soit le cas du court métrage Two Birds de l’islandais Rùnar Runarsson (30 ans) en compétition officielle, il va au delà de ce constat. Quatre amis : deux garçons, deux filles autour de 15 ans se font entraîner dans une soirée glauque par l’un d’entre eux. Si l’un des couples est officiellement ensemble, l’autre pas. La fille voudrait mais le gars plus jeune, hésite, timide. Evidemment dans la soirée les quatre s’envoient une pill de kétamine avec une petite gorgée de bière. La drogue anesthésiante plonge le jeune ado et sa prétendante dans une sorte de coma planant. Le garçon émerge, une larme coule sur sa joue. Il entrevoit son amie complètement dans les vapes se faire baiser à la scandinave par deux trentenaires.

Au petit matin, il n’y a plus personne et le garçon voit sa copine nue sur le lit endormie. Il se déshabille et se couche à ses côtés. Elle ouvre les yeux, et lui dit qu’elle est heureuse que sa première fois fut avec lui. Il acquiesce, la prend doucement dans ses bras, lui évitant ainsi un réveil en enfer; il lui sauve la vie. Son visage semble avoir mûri. Se donner à l’autre pour grandir. L’espoir au bout du chaos. Two Birds est filmé avec sensibilité et sensualité. Les mains en gros plan, les yeux extraordinairement purs, la crudité de la scène de sexe, la beauté des corps adolescents inachevés créent une esthétique remarquable. Un petit film tout simple et très puissant qui promet de grandes choses. Julien Melebeck

© Photo Johanna Kinnari

Photo du jour

Prochainement: le Festival de films “cannins”...


1 livre/1 film Entre les murs

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ntre les murs de François Bégaudeau est un livre qui parle d’un collège difficile à Paris. Ce témoignage fort, composé surtout de dialogues, décrit la réalité cruelle de l’Education Nationale en immense souffrance. Une plongée dans deux mondes différents : celui d’adolescents en pleine rébellion et celui de professeurs complètement démunis. L’auteur du livre, professeur de français, raconte la lutte pour enseigner une langue complètement dérisoire aux yeux de la plupart des jeunes. A travers leur comportement et leur langage, les collégiens apportent chaque matin avec eux la « cité ». Il n’y a plus de différence entre l’école et le quartier. Le titre du livre évoque alors plus une prison qu’une école. La réalité devient effrayante face au découragement de chacun. Seuls de vrais moyens humains et matériels pourraient inverser le cours des choses. On observe la détermination des plus jeunes à défier l’adulte, qui cherche à son tour à les provoquer. Seule la salle de pause permet de s’évader un instant avant le retour au « champ de bataille ». Le livre démontre le niveau très faible de ces écoles qui sont laissées à l’abandon, les murs ternis par la tristesse. L’appellation du collège « Zone d’Education Prioritaire » discrimine tout le monde. Heureusement, il reste l’affection entre les élèves et parfois avec certains professeurs. Les jeunes sont plus gênés par le regard de leurs copains, que celui partagé avec l’adulte. L’essentiel à retenir est le combat de ce professeur pour le retour de l’amour de l’enseignement. La dureté de cette jeunesse inconsciente et le manque de moyen ne doivent pas devenir une fatalité… L’adaptation au cinéma de ce type de livre au réalisme déconcertant est très délicate car il aborde un sujet brûlant. On pouvait craindre qu’Entre les murs soit mal interprété, vu la complexité de la situation. Laurent Cantet s’y frotte aujourd’hui. Kheira Bourahli

Into the festival


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(Critique de cinéma)

hilippe Rouyer se révèle à la critique cinématographique très jeune, alors qu’il assiste au film 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Une dizaine d’années plus tard, il obtient un Doctorat en cinéma, effectuant sa thèse sur des genres cinématographiques peu analysés jusque là : le gore et le porno. Dans la foulée, il intègre la revue Positif en laquelle il trouve une famille de pensée idéalement adaptée à sa conception du 7ème art. Venu aujourd’hui rencontrer les ‘60 à Cannes’, il leur a fait part, avec détermination et générosité, d’une riche expérience cinématographique. Féru de son métier qu’il pratique depuis 22 ans, il définit le bon critique comme un « éclaireur à la recherche de la pépite », comme un visionnaire qui saisit la quintessence d’un film à travers une écriture sensible et précise. Un métier somme toute complexe qui requiert une rigueur de travail constante et une volonté tenace. Qualités dont a joliment fait preuve Philippe Rouyer. Cécile Strouk

Trois questions à:

Amanda Kernell

Par Zsuzsanna Kiràly

Conteuse passionnée, Amanda, jeune suédoise de 21 ans, a toujours aimé inventer des histoires pendant ses moments de rêveries. Enfant, elle voulait être actrice, avant de réaliser qu’elle préfèrerait créer des films.

T

oi qui es scénariste, as-tu été inspirée par tes rencontres faites à Cannes ? Les gens ici ont beaucoup de choses à raconter ; ils peuvent parler pendant des heures de leur amour du cinéma. C’est vraiment stimulant ; surtout s’ils parviennent à concrétiser leurs propres projets audiovisuels. Les bonnes idées ne devraient jamais être gâchées. Quelle est selon toi la force majeure du cinéma en tant que forme artistique ? Faire un film est un projet humain : j’adore sentir que je travaille dans une grande famille, surtout qu’écrire des scénarios est une activité plutôt solitaire. D’un autre côté, je ne vois des films qu’en festivals. Ce que l’on peut créer avec l’image et le son est assez impressionnant. Un bon film doit pouvoir nous faire nous échapper de notre vie quotidienne tout en provoquant de profondes réactions émotionnelles. As-tu un rêve que tu tiens absolument à réaliser ? J’ai toujours voulu écrire à propos de ma famille, surtout de ma grand-mère, Sami d’origine, qui s’est mise à détester les Sami en prenant de l’âge. C’est un problème sociopolitique important en Suède.

Le reste de la nuit Francesco Munzi

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rancesco Munzi, d’ordinaire habile à pointer du doigt les contradictions de l’Italie à travers les yeux d’immigrants, n’a cette fois pas réussi à mettre au point une machine narrative qui tienne la route. En fait, le voyage promis par Le reste de la nuit ne démarre pour ainsi dire jamais. Cette histoire à caractère social est vite corrompue par des tics capitalistes : des personnages plats et stéréotypés, l’application simpliste et mécanique d’une structure narrative en trois parties, sans oublier des acteurs pas très à l’aise surjouant leur rôle (l’adepte des rôles de tarés Stephano Cassetti, et la ‘je-me-senspas-très-àl’aise-dansce-tailleur-là’ Sandra Ceccarelli). Petit conseil amical pour le prochain voyage : un arrêt-stand à Liège à l’atelier des frères Dardennes. ©Photo by Johanna Kinnari

petites & grandes arnaques

© Photo Johanna Kinnari

Rencontres professionnelles: Philippe Rouyer

Sebastiano Pucciarelli


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