NOORDOOSTPOLDER à la redécouverte de formes naturelles sur un site anthropisé
Emma Morillon DEP 3 - Classe Nature en Ville Diplôme 2019
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Résumé : Ce diplôme a pour but de vous plonger dans un paysage atypique Hollandais : le Noordoostpolder. Etant crée dans les années 1940, il offre aux Pays Bas une nouvelle terre idéale, où la qualité du sol est parfaite pour l’agriculture. La nouvelle terre conquise sur le lac de l’Ijsselmeer est dessinée par des ingénieurs hollandais qui la contrôle en proposant une répartition spatiale, cadrée par une grille artificielle faite d’un système de drains. Ce système permet de drainer l’eau hors du polder. Le sol est donc une grille géante faite par l’homme pour y déployer un système agricole idéal. Néanmoins, ce sol a été sédimenté depuis des milliers années et a accumulé de nombreuses couches historiques. Ainsi, des résurgences de ce paysage naturel reprennent place dans ce paysage anthropisé où la grille n’arrive plus à les contrôler; elle commence à se métamorphoser. L’intention de ce projet est donc d’accompagner ces phénomènes naturels, de les amplifier afin de répondre aux enjeux du site qui sont la subsidence, la sécheresse et les inondations. Le rapport entre agriculture et nouveaux espaces naturels se fera dans les franges et ses limites afin de trouver une symbiose entre ces deux paysages. L’agriculture prend donc une place importante sur ce territoire et le projet en propose un nouveau design en lien avec nos enjeux actuels. Enfin, de ce paysage monotone, nous allons proposer des espaces différents contribuant à la diversité de ce site hors normes et permettant de générer un territoire naturel et attractif.
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Abstract : This diploma is an invitation to visit an atypical Dutch landscape : the Noord Oost Polder (North East polder) Created in the 1940s, it offers the Netherlands an ideal land for agriculture with its excellent soil quality. A new land, established on the premises of the former lake Ijsselmeer was designed by ducth engineers. The land was controlled through a new spatial repartition : an artificial grid, composed of drainage systems. This innovative system allows water to be drained out of the polder. The manmade giant grid is used as a perfect agricultural land. The soil, however, has been sedimented throughout the years and historical layers of sediments superimposed over time. As a result, the natural shape of the historical landscape is taking back its rights over the anthropic landscape. Even the manmade grid can no longer control the landscape as it begins to change. This project’s intention is to accompany and amplify these natural events whilst meeting the specific challenges faced by the site : subsidence, droughts and flooding. The connection between agricultural fields and the new natural spaces will be created on the edges of this two landscapes, as we aim for a symbiosis between them. Finally, in this monotonous landscape, this project aims to design different spaces which all contribute to the site’s diversity and generate attractive and natural landscapes.
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«aucune de ces contradictions et de ces poussées que le mouvement de la terre oppose et impose à celui des eaux. Ici on est l’habitant ou l’hôte d’une nappe liquide et végétale, d’une plate-forme spacieuse où l’œil se transforme si facilement qu’il ne communique au pied aucun désir. Tout a été égalisé, toute cette étendue de terre facile, prête à se délayer en couleur et en laitage, a été livrée à l’homme pour en faire son pâturage et son jardin. C’est lui même avec ses villages et ses clochers, avec ces gros bouquets par-ci par-là que sont les arbres, qui s’est chargé d’aménager l’horizon. (...) C’est l’étendue qui épouse le vide, c’est l’eau sur la terre largement ouverte qui sert d’appât à la nue. Et l’on voit peu à peu, j’allais dire que l’on entend, la mélodie transversale, comme une flûte sous des doigts experts, comme une longue tenue de violon, se dégager la conspiration des éléments. C’est la ligne en silence qui se fait parallèle à une autre ligne, c’est le spectacle après une pause pensivement qui se laisse reprendre par le rêve et spiritualiser par la distance.»*
Paul Claudel, L’oeil écoute - introduction à la peinture hollandaise, Paris, Gallimard, 1946, p. 9 à 14, 240p.
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Avant propos
Les Pays Bas J’ai choisi les Pays Bas comme site de projet suite à mon échange EMiLA au sein de l’Academie van Bouwkunst d’Amsterdam et à ma césure au sein de l’organisme Natuurlijke Zaken. Là bas, j’ai pu découvrir et étudier des paysages artificiels créés de toute pièce par l’homme: les polders. Cette faculté à façonner un nouveau paysage m’a étonnée dans la possibilité, pour le paysagiste, de toujours transformer le territoire. En effet, avec la mer omniprésente, les Hollandais ont réussi à l’assécher pour exploiter ce nouveau territoire, le cultiver et surtout l’habiter.
Les polders Les polders ont progressivement conquis la Hollande puisqu’ils donnent de nouvelles terres agricoles ainsi ils protègent et contrôlent le pays des inondations. La poldérisation consiste donc à acquérir des terres sur la mer, et cette façon de procéder s’est répandue de plus en plus sur toute la Hollande. Face à l’immensité de ces terres artificielles, j’ai ressenti progressivement comme une fascination pour elles. Je voulais tout comprendre de cette organisation spatiale et son fonctionnement impressionnant. Ce sentiment je l’ai eu avec la connaissance du Flevoland, immense polder de 970 km2 sur la Markenmeer, où soudainement les anciens villages de pêcheurs ont du faire face à un nouvel horizon; non plus celui de la mer mais d’un nouveau pays. J’étais stupéfaite mais comment à partir de la mer peut on réussir à habiter une terre où se trouve également le jardin, l’école, la ferme bref toute ville ? Comment réussir à vivre en dessous du niveau de la mer ? Avec la montée des eaux est-ce que
ce système est durable ? Avec cette faculté de créer de nouveaux paysages, sommes nous libres aux Pays Bas de redessiner le paysage, de le transformer perpétuellement? Ces questions je me les ai suis posées longtemps durant mon année aux Pays Bas et j’ai découvert un polder si anthropisé, si artificiel, si fonctionnel que j’ai décidé d’en faire mon site de diplôme : Le Noordoostpolder. Ce paysage est ordonné, fondé sur des valeurs d’égalité dans le partage des terres ainsi que la distance des villes. L’horizon ici est habité par les enclosures d’arbres des fermes ainsi que l’alignement des arbres se répétant à l’infini. Tout y est dessiné à la règle et à l’équerre, tout y est contrôlé. Ainsi, ce paysage répétitif en fait un exemple parfait d’anthropisation d’un paysage. Néanmoins, aujourd’hui, avec la montée des eaux et la sécheresse due aux changements climatiques, l’ensemble du polder doit être repensé dans sa structure et son système de drainage. Il va falloir accueillir l’eau dans certains espaces souvent ruraux. Les polders débordent ou s’assèchent selon les saisons, la submersion arrive progressivement dans ces lieux. Ainsi commence le projet ...
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01 . Prélude
p.11
Observations - outils de description L’histoire musicale Composer le paysage de polder
02. Sous contrôle
p.23
Paysage anthropisé Formation des polders Hollandais Formation des polders de la Zuiderzee Noordoostpolder - het nieuwe land Rattachement des deux îles - Schokland et Urk Un polder agricole Structure du Noordoostpolder
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03. Retour au sol
p.43
Les échappées de la grille Enjeux du site et ses typologies Subsidence Retour géologique
04. Affranchir le paysage
p.57
Intentions Moyens Redessiner et réinterpréter l’Overijssel vecht Repenser le modèle agricole Diversifier les milieux avec un nouveau type de sol Un projet à la base
Conclusion
p.71
Remerciements
p.73
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01.
Prélude
Comment construire une nouvelle méthode d’analyse d’un paysage ? Quel est la particularité de ce paysage hors norme ? Comment interpréter un paysage à partir de la composition musicale ?
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Photo aĂŠrienne du Noordoostpolder
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Paul Klee, Polyphony, tempera, 66,5x106 cm, Basel, Kunstmuseum, 1932
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Observations sur site Le Noordoostpolder se situe à 80 km au Nord Est d’Amsterdam. Ce polder, d’une taille de 59 500 hectares, a été crée sur un ancien bras de mer, la Zuiderzee, dans les années 1940 pour des besoins agricoles. Les parcelles agricoles sont ainsi définies par le système de drainage des sols (tels des fossés). Elles sont quasiment toutes identiques d’une taille de vingt quatre ha (300 x 800m) chacune. La régularité de celles ci construit ce territoire tel un échiquier géant où les pions (les fermes) sont disposés à intervalle régulier sur toute la surface. La conséquence de l’œuvre humaine sur ce paysage en fait un pays pauvre en diversité où son énergie est concentrée à la production agricole et au renvoi des eaux intérieures (drains) ou extérieures (digues). Ce territoire calibré par et pour la machine, crée un paysage infini, répétitif et monotone. Lorsque l’on traverse l’espace de la mer par la digue de protection du polder, nous arrivons dans un paysage plat où l’horizon est habité par l’alignement d’arbres et les fermes presque identiques.
Lorsque je suis au milieu je suis perdue, plus rien ne m’indique que je suis là où je devrais être. Je cherche les dames de fers, protectrices d’un royaume grillagée et mes seuls repères. Elles ne sont plus là, elles sont lointaines maintenant. Où suis je ? Impossible de discerner quoique ce soit dans ce brouillard mêlé de pluie qui peint le ciel d’un gris sombre et pesant au dessus de ma tête.
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L’histoire musicale
Le philosophe Gilles Deleuze s’approprie cette notion avec son essai Le lisse et le strié2 pour expliquer différents types d’espaces (nomades ou sédentaire). Chez le compositeur, le strié :
Pour raconter la formation de ce site, je me suis inspirée du temps lisse et du temps strié; lisse pour l’espace de la mer avant le polder puis le temps stié mis en place par la grille anthropisé du polder. La musique est souvent citée comme l’art du temps, elle s’écoute selon un temps donné. «Le temps est la forme même du discours musical : il est donc naturel que la musique exhibe une théorie du temps au sein de laquelle les œuvres prennent leur style»1. La représentation du temps prend souvent la forme de tempo pour structurer l’œuvre. Le compositeur Pierre Boulez (1925-2016) a défini trois formes temporelles distinctes: le temps lisse, le temps strié et le temps pulsé. Le temps lisse et le strié sont définit selon un modèle d’espace directionnel ou dimensionnel. Le compositeur Philippe Manoury nous explique que le temps lisse est un temps non comptable, gestuel, libre et continu (exemple avec l’œuvre Eclats de Pierre Boulez) tandis que le temps strié est un temps comptable et discontinu
«le strié c’est ce qui entrecroise des fixes et des variables, ce qui ordonne et fait succéder des formes distinctes, ce qui organise les signes mélodiques horizontales et les plans harmoniques verticaux»3. Tandis que le lisse : «c’est la variation continue, c’est le développement continu de la forme, c’est la fusion de la mélodie au profit d’un dégagement de valeurs proprement rythmiques»4. Cette pensée, on la retrouve directement dans l’histoire du site. Elle est constituée en deux temps: un temps lisse sans tempo pour l’espace de la mer puis un temps strié de plus en plus lent pour l’espace du polder. Les différentes temporalités de mon morceau s’expriment en trois mouvements :
A capriccio - temps lisse
«La mer est l’espace lisse par excellence, et pourtant c’est celui qui s’est trouvé le plus tôt
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confronté aux exigences d’un striage de plus en plus strict»5. J’aime l’imaginaire d’une mer indomptable qui s’élève par les forces cosmiques ou reste d’huile si le vent l’ordonne, un espace lisse est non marqué de stries si l’on ne voit rien à l’horizon. La Zuiderzee était un paysage lisse avant sa «poldérisation» et la création du Noordoostpolder. Néanmoins, le striage de cette mer imposé par l’Homme a transformé cet espace insurmontable en polder. Si la strie représente pour moi la structure rythmique, il était, dès lors, important d’enlever le tempo pour garder, amplifier l’aspect mystérieux de cette mer. L’œuvre s’inscrit dans une durée mais n’est pas contrôlée par le tempo
A tempo - le temps strié
Le polder se présente de par les activités humaines et l’emprise qu’elles façonnent sur ce territoire. Ce contrôle est symbolisé par l’apparition d’une structure rythmique a tempo. Le temps strié devient pulsé (pour les répétitions) et s’illustre par la grille du polder, «canaux à perte de vue rectilignes, long fils brillants qui divisent les polders»6, instaurés par l’Homme.
Dans la composition, le tempo ralentit progressivement marquant l’essoufflement du polder, où la terre de plus en plus exploitée par l’agriculture intensive s’affaisse progressivement dans le sol sous les roues des machines. Pour montrer l’image d’une transformation lente, dans la durée, le tempo est intentionnellement ralenti. Voilà pour l’ambiance générale du polder, néanmoins le rythme est aussi déterminé par les composants du paysage. Qu’est ce qui rythme notre regard, notre ouïe ? C’est la manière d’habiter l’horizon représenté par l’alignement des arbres «coupe vent», d’une digue uniforme au loin, les pieds élancés des éoliennes , ces dames de fer gardiennes du polder, qui s’imposent à notre regard et forment des repères sur ce plat pays. Tandis que l’occupation humaine rythme notre ouïe de ses bruits mécanique. L’horizon est donc séquencé de différentes sonorités et de rythme structurel. Si l’horizon devient une portée, les éléments répétitifs sont ceux de la barre de mesure qui conduit à l’apparition d’un tempo.
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Une fois j’y suis allée il n’y avait rien, qu’une ligne droite à l’horizon sans fin. Calme et lisse soucieuse et invincible, dans son fond noir imprévisible. J’ai pleuré mes collines, mes pentes escarpées, de ses ressauts et déclivités I got the blues La grille quadrille ma terre plus de sortie je suis prisonnière I got the blues Tandis, que le ciel change tout au long de la journée, Éphémère sur un sol figé I got the blues maintenant il reste gris Et je ressens en moi une grande nostalgie
I got the blues
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Composer le paysage de polder Une nouvelle méthode d’analyse Faire vivre la musique là où elle n’existe pas. Tout d’abord, mon désir de traduire en musique ce polder m’a été inspiré par sa forme quadrillée semblable aux lignes d’une portée où chaque élément, à la manière de notes, vient ponctuer ce paysage. La monotonie de site m’a inspirée de façon à m’attacher à chacun des détails, à chercher la moindre variation dans cet univers. Ainsi lors de ma première visite sur ce gigantesque site artificiel, d’autres sens que celui de la vue ont été sollicités tel l’ouïe. Le vent vient révéler le sifflement des mâts, la reconnaissance d’une cloche ou encore le son d’un piston du bateau à moteur. La grille inspire le rythme, donné par la répétition des parcelles et par un alignement d’arbres soulignant chaque route et traversant la mélancolie de ce paysage infini. Oui, le rythme est omniprésent, il cadre, impose la structure des formes paysagères; il condamne ce paysage à rester dans une grille rythmique imposée par l’Homme. Telle l’écoute d’un orchestre dans une salle de concert, ce paysage m’a transporté dans un univers onirique. Le désir de créer la musique d’un lieu, ainsi faire le lien entre musique et paysage, paysage musical, musicalité d’un paysage. Si chaque lieu a une musique, le Noordoostpolder a la sienne.
Exprimer mes sentiments, mon expérience sur ce site à travers la musique et l’outil de la partition me permet de selectionner quelques éléments précis de ce paysage pour le traduire musicalement. Mon regard s’est posé sur ce que je voyais à l’horizon sur ce plat pays; où le ciel et la terre se touche. Ainsi, j’ai observé des lignes, des masses, des points que j’ai voulu traduire en dessin tout en pensant à une sonorité précise. Ainsi, i’ai pu analyser cinq composants principaux de ce paysage : la mer, la grille, le vent, le plat et la hauteur. Ils sont présents et se différencient dans le morceau par chaque particularité instrumentale ainsi qu’une couleur ou qu’une forme. L’histoire musicale m’a permis de structurer mon analyse en plusieurs temps, tandis que le dessin de la partition et les sonorités forment le corps de la mélodie. Enfin, par le biais de la musique les spectateurs sont transportés d’une façon plus personnelle dans le paysage de polder. Grâce à la composition musicale, l’analyse du site est construite de manière sensible et originale. Elle permet une nouvelle méthode d’interprétation d’un paysage.
Ainsi comment transmettre la musicalité d’un lieu ? De quels outils disposons nous? Comment transmettre cet imaginaire aux musiciens à travers l’outil de la partition ainsi qu’à l’auditeur ?
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02.
Sous contrôle
Un paysage dessiné par l’Homme Comment est il façonné ? Comment pouvons nous vivre en dessous du niveau de la mer ? Dans quel contexte le Noordoostpolder a-t-il été crée ? Dans quel but ?
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Superficie 595,42 km2
Population 46 658 habitants -
59,542 hectares
101 hab/km2
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Paysage anthropisé anthropisation : Processus par lequel les populations humaines modifient ou transforment l’environnement naturel.
Le Noordoostpolder a été construit dans les années 1940 dans un but agricole mais aussi pour protéger les anciennes terres des nouvelles inondations.
artificiel : Produit par le travail de l’homme et non par la nature
800 m
24 ha
Il a été construit par des ingénieurs hollandais qui ont, pour construire ce paysage nouveau, utilisé l’équerre et leur règle pour une plus juste répartition des habitants sur l’ensemble du territoire. La technique du polder consiste à gagner de la terre sur la mer en asséchant celle ci. Ainsi, sur ce nouveau sol vierge de toutes activités humaines, l’Homme va le dessiner, le façonner selon les idéaux de son époque.
300 m Fermes habitats Enclosure Sluis
Grand canal
Archive du dessin du Noordoostpolder Onstaan van de De Noord Oost Polder -
Cette nouvelle terre qui a pourtant vécu des siècles de changements et de sédimentations se retrouve aux mains de l’Homme qui va la cadrer afin de la contrôler selon ses besoins. Ainsi le Noordoostpolder est un parfait exemple d’un paysage anthropisé puisque les Hommes ont transformé l’environnement naturel du fond de la mer en un territoire agricole. Nous pouvons même aller plus loin en proposant le terme de «paysage artificiel» puisque sans la création de l’homme, il n’existerait pas. Un paysage artificiel est toujours intéressant à analyser car ils possèdent de grandes lignes reflétant une société qui aujourd’hui a évolué. Ainsi puisqu’il est crée de toute pièce, le paysagiste peut y voir une terre d’expérimentation afin de réintroduire des formes naturelles. Un changement peut s’opérer par le bais du paysagiste puisqu’il va réinventer l’espace avec les dynamiques naturelles mises en place, les amplifier pour qu’elles définissent un nouveau paysage.
https://www.youtube.com/watch?v=lzUU6lW5dqw
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Progression dans la formation du Noordoostpolder
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Un pays de plus en plus habités vers le Randstad
Un pays façonné par les polders
Un pays en dessous du niveau de la mer
Formation des polders Hollandais
Qu’est ce qu’un polder ? Polder est un mot provenant du Néerlandais signifiant terre endiguée qui prend son sens pour décrire des terres situées en dessous du niveau de la mer. Les Pays Bas est un pays inversé où l’on rejette l’eau de la terre dans la mer. Les terres artificielles proviennent d’une technique consistant à conquérir des terres sur la mer afin de les cultiver pour y vivre. «God schiep de wereld en de Hollanders schiepen Holland» Dieu créa la monde les Hollandais la Hollande Voici une des phrases les plus populaire de ce pays lorsque l’on s’intéresse de proche ou de loin à leurs paysages. Dans le but de coloniser de plus en plus de terres sur l’eau, les hollandais appliquent ce système de polder sur leur territoire pour gagner en terres cultivables et pour se protéger du caractère impétueux de la mer. Dès lors un contrôle draconien est mis en place par les Hollandais; il faut endiguer, pomper, creuser puis drainer l’eau. Car ce pays dans le delta du Rhin poursuit sa course incessante contre l’eau en maîtrisant chaque fluctuation, chaque marée, chaque débordement ce qui nécessite une extrême maitrise du territoire. On pourrait même ici proposer le terme «métriser» car la composition des polders est très géométrique.
Le système de drainage crée une grille calquée sur la nouvelle terre. Elle permet de drainer le sol après les pluies mais auss à calibrer ce nouveau territoire, à lui donner ses limites et ses parcelles d’exploitation agricoles. Ces paysages sont donc tout ce qu’il y a de plus anthropisés car sans l’activité humaine, ils n’existeraient pas. Avec l’énergie des nouvelles machines, de plus en plus efficaces, les nouvelles terres de polders sont devenues plus étendues, plus impressionnantes. Pourtant, ce système a ses limites, puisque, non naturel, il nécessite un grand apport d’énergie pour protéger de l’eau les parcelles cultivées et habitées. Néanmoins, l’énergie apportée augmente, en lien avec le réchauffement climatique, les polders se retrouvent trop asséchés et nécessitent plus l’eau pour les récoltes. En conséquence, un contrôle permanent empêche l’apparition d’une nature spontanée et ses variations.
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Après validation du plan Lely, la Zuiderzee est fermée avec l’Afsuiltdijk en créant un lac de ceinture que les Hollandais appellent aussitôt Ijsselmeer. L’eau salée de ce lac est remplacée par de l’eau douce provenant des affluents du Rhin. En 1930, le premier polder Wieringermeer, polder test pour l’ensemble des polders de l’Ijsselmeer.
La Zuiderzee est un bras de mer venant du nord, faisant vivre plusieurs pêcheurs dans de petites villes côtières
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Formation des polders de la Zuiderzee Le Noordoostpolder a été crée sur le plan directeur Lely réalisé par l’ingénieur Cornelius Lely en 1891. En 1916, après d’importantes inondations qui ont paralysé la région du delta de ses parcelles agricoles, de nouveaux polders sur la Zuiderzee (ancien bras de mer) ont été dessinés afin d’apporter plus de parcelles agricoles pour nourrir le peuple Hollandais et de protéger le pays de nouvelles inondations.
Plusieurs étapes ont été mises en place afin d’apporter trois nouveaux polders : Wieringermeer (1930), le Noordoostpolder (1940) ainsi que le Flevoland (1950-68).
Enfin en 1950, les travaux du Flevoland-Est débutent avec l’aménagement d’une nouvelle digue séparant l’Ijsselmeer d’un nouveau lac, la Markermeer. Puis Flevoland Sud apparait en 1968.
7 ans après, les travaux du Noordoostpolder commencent. Ce polder rattache à la terre 2 îles de l’Ijsselmeer (Urk et Schokland).
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Dessin originel du plan Lely
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Dans les années 1930, la Zuiderzee devient l’Ijsselmeer car anciennement salé l’eau canalisée par l’Afsuiltdijk devient douce par l’apport d’eau de divers affluents du Rhin. La mer Zuiderzee se transforme en un immense lac au cœur de la Hollande.
1820
Le sol de la Zuiderzee possède de nombreux atouts puisqu’il est majoritairement sableux et argileux parfait pour l’exploitation agricoles de diverses ‘crops’ (patates, choux, betteraves...). Ainsi, cette terre riche est très demandée par les fermiers futurs pionniers du polder.
1900
argile sable argileu sable Types de sols de l’Ijsselmeer
1940
0/-3,5m -3,5/-5m >-5m Profondeurs du sol de l’Ijsselmeer
2018
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+2 0
ijsselmeer
-2
+2 0
construction des digues de
-2
protection en argile
+2 0
remplissement avec du sable de
-2
l’Ijsselmeer - drainage du nouveau pays - envoi de semis de Phragmites par avion +2
Terre asséchée et cultivable protégée
0 -2
par la digue 10m
0 2,5
construction de la digue de protection
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Noordoostpolder - het nieuwe land La construction du Noordoostpolder Le début des travaux du polder ont commencé sous l’occupation Allemande (1938). La réalisation s’est effectuée en 4 ans. La rapidité de la réalisation a été possible grâce aux machines plus performantes pour créer la digue de protection et pomper l’eau hors du site ainsi qu’un bon nombre de travailleurs hollandais, exemptés du travail forcé en Allemagne si ils travaillaient sur le chantier du Noordoostpolder. Au total, 30 casernes ont été construites pour héberger les travailleurs pour creuser les fossés, labourer, semer, désherber, récolter.
La sélection des pionniers Ainsi, les populations de la région du delta marquées par les inondations de 1916, ont pu s’installer sur ces nouveaux polders de l’Ijsselmeer. Néanmoins, la sélection des habitants a été très contrôlée par les autorités Hollandaises. Les familles autorisées à s’installer sur le Noordoostpolder devaient avoir un modèle de vie exemplaire avec des compétences agricoles, une famille nombreuse de préférence et de plus avec un casier judiciaire vierge. Les autorités hollandaise venaient visiter les familles coandidates pour vérifier leur condition de vie. Ce mode de sélection a été décidé suite à la forte demande de la population Hollandaise de s’installer sur cette nouvelle terre.
Extrait vidéo des années 1940 sur l’afflux des migrants sur ce nouveaux territoire
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L’île de Schokland avant le polder
extrait d’un travelling entre la mer et le polder
L’île d’Urk avant le polder
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Rattachement des deux îles Schokland et Urk Sur l’Ijsselmeer avant la construction du polder, les marins pouvaient repérer deux îles au large : l’île de Schokland ainsi que celle d’Urk. Ces îles sont des exemples de culture locale néerlandaise avec des danses traditionelles mais aussi une grande tradition marine puisqu’il s’agisssait d’ îles relais pour les marins. Néanmoins, l’île de Schokland, située plus au sud du Noordoostpolder subit de nombreuses attaques venant de la mer toujours imprévisible, et voit ses digues en bois se fractionner. L’île perd peu à peu du terrain. De sa nature tourbeuse et argileuse, cette île est un patrimoine fragile et pourtant si riche pour la Hollande ! En effet, de nombreux vestiges préhistoriques et des traces d’une ancienne civilisation ont été retrouvées, ce qui est un trésor rare pour les Hollandais qui ont façonné leur pays de toute pièce. Schokland est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
réussi à conserver cette petite île de 150 ha. Elle est encore plus protégée lors de la construction du Noordoostpolder puisque l’île de Schokland fait partie dans le projet. Cette île bouleverse la trame rectangulaire du polder par sa forme naturelle et ses siècles de transformation. Elle est une des grandes particularités du Noordoostpolder. L’île d’Urk, quant à elle, possède toujours son emprise sur la mer. Le port y est toujours existant et accueille quelques bateaux de pêcheurs qui vont jusque dans la WaddenZee (mer du nord). A la différence de Schokland, Urk a pu développer son urbanisation grâce au polder et en fait une des villes les plus emblématique du polder.
La protection de cette île est donc nécessaire, c’est ainsi qu’avec la construction de l’Afsuiltdijk et la transformation de la mer Zuiderzee en lac de ceinture Ijsselmeer, les hollandais ont
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voiture : 15 min Vélo : 48min voiture : 10 min Vélo : 26 min
Emmeloord
voiture : 16 min Vélo : 43 min
voiture : 21 min Vélo : 1h18
AMSTERDAM voiture : 59 min Vélo : 4h39
Distance parcourue depuis Emmeloord Schéma de la disposition des villes sur le polder
Répartition de la végétation sur l’ensemble du polder
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Structure du Noordoostpolder Modèle de planification territoriale Le Noordoostpolder a été crée sous un modèle très hiérarchique et égalitaire des villes : le modèle Christaller. Ce modèle en nid d’abeille permet une juste répartition des habitants sur l’ensemble du territoire avec une grande ville au centre (Emmeloord) puis des villes relais aux distances égales. Ce modèle en fait sa forme hexagonale. La distance entre chaque villages relais est quasiment la même. Néanmoins les villages se ressemblent et la population les déserte. Emmeloord, ville au centre du polder, supervise l’ensemble du polder. C’est ici que l’on trouve la plupart des activités économiques autres qu’agricoles. La population est de 25.744 habitants et représente plus de la moitié de toute la polutation du Noordoostpolder estimée à 46.658.
grands parcs espacés des villes au nord est et au sud est. Avec la lisière d’Urk et de Schokland, ces espaces constituent les seuls grands espaces pour acceuillir une végétation diverse. Même si certains fossés sont de plus en plus fauchés tardivements, ils ne constituent pas la biodiversité du site. Les villes et villages sont donc comme des îles elles mêmes dans un océan de culture agricole intensive. La digue de protection à l’Est du polder marque une frontière entre un parc national Weerribben Wieden et les cultures du Noordoostpolder. Ce parc national constitue l’un des plus grands bas marais d’Europe du Nord et acceuille oiseaux migrateurs ainsi qu’une grande biodiversité.
Cette ville a été construite au croisement des axes principaux : l’A6 reliant Grogingen à Amsterdam ainsi que la N50 reliant Emmeloord à la ville de Kampen. Ces axes fragmentent le territoire en 3 parties principales : - A l’ouest, la ville d’Urk est la ville phare et se démarque par son héritage (île) - Au sud, la trame des champs est boulversée par l’île de Schokland - A l’est, les vergers et les serres se font plus présents Néanmoins les ingénieurs néerlandais ont pensé à la qualité de vie des futurs habitants de ce territoire. Ainsi ils pensent à faire deux
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Un polder agricole
Expérience au sein de la ferme bio de Krispijn van den Dries Présentation de la ferme J’ai eu la chance d’aller dans une ferme Bio pour mieux comprendre les pratiques agricoles au sein du Noordoostpolder. La ferme est tenue par Krispijn et son père Dimgi qui ont 10 salariés à temps plein et quelques saisonniers, étrangers pour la plupart. Ils sont spécialisés dans la production de légumes Bio et exportent leur production dans toute la Hollande ainsi qu’en Belgique et en France. Prise de contact J’ai découvert cette ferme grâce à l’organisme BioRoméo après des recherches sur de l’agriculture bio sur le polder. Cet organisme regroupe plusieurs fermes sur le Noordootpolder. J’ai pu échanger directement avec Krispijn au téléphone qui m’a invité par la suite à visiter sa ferme où j’ai pu présenter mon projet. Mode de production Leurs fermes font 70 hectares, une pour la production l’autre pour la transformation. Ils y plantent des «cutting crops» (choux, salade), des légumineuses dont on peut couper les racines sans faire de labour ainsi que des «digging crops» (patates, carottes, betteraves), des légumineuses nécessitant cette fois un labour. Un système de rotation des cultures est mis e place. Ce système permet de ne pas labourer le sol ainsi d’éviter de produire en masse des «digging crops». Exemple de rotation des culture: Chou -> carotte -> céréale -> épinard Le sol du Noordoostpolder est plus utilisé pour les cultures et non pas pour l’élevage
car le sol est trop fertile pour cela. Lorsque l’eau vient à manquer, Krispijn puise dans les ‘sluis’ les canaux les plus proches. Plus si il en faut plus, il puise dans un autre grand canal relié au petit. Pendant l’été 2018, ils ont du utilisé une pompe decendant de 40 à 60 m en dessous du niveau du sol. La gestion des canaux est géré par chaque fermier. Ici dans cette ferme bio, le fauchage est fait 2 fois : le 15 juin et le 1er octobre. Expérience Nous avons pris le tracteur à 10h du matin avec Dimgi et les saisonniers bulgares. Nous avons planté les semis de choux préparés sur des palettes. La plantation s’est faite directement sur le tracteur à la chaîne. Malgré le fait que ce mode de production est biologique, il est intensif avec toujours un objectif de rendement. Cette expérience a été décisive pour l’élaboration du projet car j’ai pu comprendre comment les acteurs du polders, majoritairement des fermiers voient leurs paysages évoluer et pensent au futur avec une nouvelle pratique du territoire plus en accord avec l’environnement.
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Champs non bio de culture de pomme de terre au sud du Noordoostpolder
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03.
RETOUR AU SOL
Quels sont les éléments paysagers qui échappent à la grille ? Comment ces enjeux sont un véritable sujet de projet ? Quels sont leurs caractéristiques et pourquoi existent-ils ? Comment ces enjeux sont expliqués à partir du sol géologique ? Le sol, la base du projet ?
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inondations limons polluĂŠs affaisement du sol
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Les échappés de la grille Après avoir analysé Ies grandes structures du polder, son histoire, sa formation, ses formes spatiales, j’ai voulu identifier ce qui se libère de la trame et qui pose problème au territoire. Après l’élaboration de la carte, j’ai remarqué que ces échappés de la grille correspondent aux problèmes du site c’est à dire l’affaissement du sol, les inondations ainsi que les boues polluées dans le Ketelmeer. Ce lac exerce une pression (poussée d’Archimède) au delà de la digue de protection du polder et inonde les parcelles au sud du polder. Nous pouvons remarquer que les zones d’affaissement les plus importantes sont présentes là où l’ancien lit de rivière coulait sur le site 4200 av. JC. Est il donc possible de retrouver des formes naturelles dans ce paysage anthropisé afin de répondre aux enjeux du site ?
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Zones plus sensibles aux inondations
600 million de litres d’eau apporté par jour sur le Noordoostpolder l’été 2018
Carte des zones les plus affaissées en 2100 au sud du polder
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Enjeux du site Surplus d’ eau Sur le Noordoostpolder de nombreuses zones sont inondées de plus en plus fréquemment sur le territoire. Ces zones correspondent aux niveaux les plus bas du polder. Lorsqu’elles surviennent, elles paralysent l’activité agricole de certains fermiers. De plus avec dans le contexte du réchauffement climatique, les Pays Bas sont extrêmement vulnérables à la montée des eaux. Ce pays va devoir accueillir de plus en plus l’eau sur son territoire
Absence de diversité naturelle au sein du polder Le polder a une fonction agricole et ne laisse pas ou peu la place à la biodiversité. Les canaux, pourraient être utilisés dans une démarche de renaturation des milieux, néanmoins peu de fermier laissent les fossés avec de la végétation, seuls les fermiers bio pratiquent la fauche tardive. Les bois sont à l’opposé des villes et villages relais et l’île de Shockland est la seule à perturber la trame agricole en un nouveau milieu tourbeux. Pourtant, il est important d’avoir ses échanges entre agriculture et nature pour un mode de production plus durable dans le temps.
Manque d’eau Avec le réchauffement climatique, les fermiers sont soumis à des périodes de grande sécheresse et doivent alimenter en eau leur production. Cette eau pendant ces périodes estivales vient à manquer dans les canaux; dès lors, ils la puisent dans les nappes phréatiques à -30 m du niveau de la mer grâce à des pompes directement sur leur exploitation. Pendant l’été 2018, 600 millions de litres d’eau par jour ont été apportés.
Subsidence Le sol du polder s’affaisse petit à petit principalement au sud du polder près de l’île de Schokland. Il est le résultat d’un drainage excessif de cette terre arrachée des eaux et assèche les sols argileux et tourbeux. La conséquence est l’apparition de l’eau dans ces zones affaissées empêchant les agriculteurs de cultiver leurs terres.
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eau argile sableuse tourbe Évolution de la construction d’un polder avec l’action d’affaissement des sols
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sable
Subsidence Subsidence : Mouvement d’affaissement du fond d’une dépression La subsidence intervient en Hollande de manière variée. Ce pays majoritairement tourbeux connait l’action de la subsidence à cause du drainage du sol en mettant la tourbe en contact avec l’oxygène. Dès lors celle ci s’évapore en forme de gaz CO2 et la tourbe petit à petit descend de quelques centimètres dans le sol. Du fait de son affaissement, l’eau y remonte et inonde l’espace. Cette dynamique est présente dans le Noordoostpolder et constitue une menace pour l’agriculture et ses occupants. Le sol de l’Ijsselmeer étant majoritairement sableux-argileux, je ne pensais pas que la subsidence pouvait arriver sur site. Et pourtant, drainer un sol sédimenté de plusieurs siècles a des conséquence puisqu’il continue de plonger. Grâce à la rencontre de Wouter Gotje, qui a fait sa thèse sur l’étude géologique du Noordoostpolder, j’ai pu comprendre ce phénomène d’affaissement plus en détail et de faire un lien avec un ancien lit de rivière qui coulait sur le polder.
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Retour géologique Grâce l’étude de carte du géologue Wouter Gotjé, j’ai pu reconstituer le paysage du Noordoostpolder avant la période de réchauffement et l’apparition de la Zuiderzee. Si nous prenons les Pays Bas dans son contexte Européen, ce pays se trouve au delta du Rhin, il est donc constituer majoritairement en milieux humides qui évoluent sans arrêt et sont très sensibles aux différentes périodes de glaciations et de réchauffements. Ainsi à l’air du Pleistocène (aire précédent celle d’aujourd’hui), les pays du Nord de l’Europe étaient constitués d’un grand bloc de glace. Celui au fur et à mesure du temps, s’est creusé en laissant apparaître un plusieurs lit de rivières qui vont sédimenter de sol au fur et à mesure des années. Ces anciens lits deviennent de plus en plus importants et prennent plus de place tandis que le réchauffement de la planète s’accélère jusqu’à la formation de la mer Zuiderzee et aux frontières terrestres actuelles des Pays Bas. Sur le Noordoostpolder, l’Overijssel Vecht coulait d’Est en Ouest en traversant le polder pour rejoindre la mer du Nord. Il s’aggrandit au fur et à mesure du temps pour laisser place à la Zuiderzee. A partir de cette recherche, j’ai pu faire le lien entre les phénomènes de subsidence les plus importants et le tracé de l’ancien lit de rivière. En effet les zones les plus sensibles actuelles se superposent au passage de l’ancien lit de rivière l’Overijssel Vecht, comme si les années de sédimentation auraient toujours fragilisé le sol du polder jusqu’à aujourd’hui. Le passé du sol nous retrouve toujours et l’émergence des intentions de projet se dessinent ...
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L’Overijssel Vecht 5000 avant J.C
L’Overijssel Vecht 3000 avant J.C
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L’Overijssel Vecht 800 avant J.C
Carte des profondeurs pendant l’air du Pléistocène faite par Wouter Gotjé
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Carte des hauteurs actuelles
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04.
Affranchir le paysage
Est il possible de retrouver des formes naturelles dans ce paysage si anthropisé? Comment retrouver un ancien lit de rivière et le réinterpréter avec les enjeux d’aujourd’hui ? Par quels moyens pouvons nous diversifier les milieux à partir d’un travail topographique ? Quels en sont les nouveaux modes d’occupation du sol ? Est il possible de réintroduire du lisse dans un espace strié ?
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Maquette d’intention Résurgence d’une forme naturelle dans ce paysage anthropisé
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Intentions de projet Affranchir le paysage de sa trame Afin de développper plus la diversité de ce territoire en crise et repenser son modèle agricole avec les enjeux d’aujourd’hui. Réintroduire plus de biodiversité sur le site afin de diversifier les espaces du Noordoostpolder En faire un espace dynamique pour changer à la monotonie du site.
Stocker l’eau Pour une meilleur gestion des ressources en eau necessaires au agriculteur et à la biodiversité.
Créer des échanges entre l’eau et les parcelles agricoles Comprendre les mécanismes entre agriculture et biodiversité afin de les développer au sein du polder.
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-4 -3,5
-2,5
-3,5
-2 -1,5 -1
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1km 0
Carte topographique simplifiée pour comprendre les mouvements du sol dessinée à partir de la carte des niveaux du sol sur ahn.Arcgisonline.nl
Superposition des phénomènes d’affaissements avec l’ancien passage de l’Overijssel Vecht et ses évolutions
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Moyens Redessiner et réinterpréter l’Overijssel Vecht en réintroduisant des bassins de stockage évolutifs suivant les zones de subsidences les plus élevées.
Travail topographique pour introduire un nouveau type d’agriculture en lien avec l’eau et le nouveau sol déblayé Développer une stratégie de déblais remblais de certaines zones afin de retrouver des milieux de sols différents et ainsi diversifier les milieux naturelles du polder
Relocaliser les fermes dans les zones les plus affaissées grâce aux remblais de certaines parties du polder
Penser aux limites entre la trame anthropisé du polder avec celle naturelle. Se servir de l’île de Schokland comme exemple d’introduction de formes naturelles dans le polder.
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Redessiner et réinterpréter l’Overijssel Vecht
Première esquisse de projet avec différents lits de rivières évolutifs dans le temps
Cette esquisse m’a permise de me questionner sur le rapport entre la géométrie du polder en grille avec la forme naturelle du projet. Comment faire le lien entre ces deux entités ?
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2019
2030
2040
2050
principes de dĂŠblais- remblais sur les parcelles agricoles et apparition de nouveaux espaces selon le type de sol
Argile Sable Tourbe Eau
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Diversifier les milieux avec un nouveau type de sol
type de sol à -0,5m du sol actuel
type de sol à -2m du sol actuel
Différents types de sols pour diversifiés les milieux L’étude géologique des sols a permis de révéler différents horizons de sols (argileux, tourbeux, sableux) rapprochés. Creuser quelques centimètres permettrait d’avoir un nouveau type de sol et ainsi diversifier les milieux naturels sur un même site. D’un sol argileux en surface, creuser 1 m permettrait d’avoir un sol tourbeux (Cf image). Ainsi nous pourrions accompagner le phénomène naturel d’affaissement en l’amplifiant. Un nouveau modèle agricole Par le déblais des zones de stockage de l’eau, la terre pourrait être remblayée sur les parcelle agricoles plus basses et ainsi sécuriser l’exploitation agricole de ce sol plus longtemps. Les parties submergées par l’eau permettrait un nouveau type d’agriculture ‘les pieds dans l’eau’.
type de sol à -5m du sol actuel tourbe argile argile sableuse sable
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aval
amont
1ere esquisse en farine - dĂŠtermination des 3 niveaux de bassin
Essai 1 : Remblais sur les terres inondĂŠes afin de protĂŠger les fermes
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Un projet à la base La travail topographique me permet d’inventer et de réaliser des formes en lien avec l’ancien passage de l’Overijssel. Je réinterprète le dessin afin de mieux répondre les enjeux d’aujourd’hui. La maquette en farine me permet différentes expérimentations afin de mieux régler la question des déblais - remblais du projet. 3 bassins de stockage de l’eau sont dessinés sur le sud du Noordoostpolder et suit la pente naturel du sol. Les élément ancrés dans le paysage tel que les îles et les grands axes routiers sont des contraintes à la formes mais conditionnent le dessin du projet.
Carte des niveaux d’eau du Noordoostpolder avec la superposition de l’Overijssel Vecht
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Milieux tourbeux
ForĂŞt ripisilve
Milieux humides roseaux
Extension urbaine
Eau
Pâturage
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Champs de tulipes
Cheminement le long de l’Overijssel
Ancienne digue retrouvĂŠe
Digue
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Relocalisation des fermes
bassin de stockage milieux tourbeux
écoulement général de la rivière
Principes de l’écoulement de l’Overijssel Vecht sur le site avec les bassin de stockage et les milieux humides tourbeux
Circulation et nouvelles connexions entre le parc National Weeribben Wieden et l’Ijsselmeer
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Milieux humides Roselière Extension urbaine Milieux tourbeux Bassin permanent Bassin inondable Parcelles agricoles Strate arbustive Srate arborée
Première étape : Remblais sur les parcelles agricoles pour empêcher leurs inondations mise en place de zones de paturages avec rotation et roselières autour des bassins
Deuxième étape : Formation ripisylve plus importante autour du fleuve Agrandissement des zones de stockage d’eau sur les parcelles agricoles non remblayées
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Première étape : Mettre en eau les parcelles excavées pour refaire germer les graines dans la tourbe
Deuxième étape : Colonisation végétale par le système de drains existants et projet les milieux humides se remplissent de carex
Troisième étape : Formation progressive d’une ripisylve le long de l’Overijssel Vecht Incorporation d’une extension urbaine dans les milieux naturels
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Production de massette
Bassin de loisirs
AA’ : Jeux de niveaux et d’ambiances différentes entre les bassins de stockage d’eau et les milieux tourbeux
Milieu tourbeux
Pâturages
BB’ : Extension urbaine des villages du polder en lien avec les milieux tourbeux retrouvés
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Extension urbaine de To
ollebeek
Digue
Route
Nouveaux habitats villégiatures
Zones naturelles tourbeuses retrouvées
Ancienne digue reconvertie en cheminement
Tollebeek existant
Pâturages
Argile Tourbe Sable
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Maquette de principe sur l’Êvolution des paysages du Noordoostpolder
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Conclusion
Le projet du diplôme m’a permis de m’intéresser aux enjeux contemporains que subissent les paysages. Ainsi la montée des eaux, l’affaissement des sols, la désertification des milieux ruraux et la reconversion agricole sont des sujets qui m’ont passionnés et ont affirmé ma position de paysagiste conceptrice. Les Pays Bas reste pour moi, l’endroit où tout est possible. Par sa faculté à changer ses paysages, il offre une grande liberté aux paysagistes concepteurs. De plus faire un projet essentiellement topographique sur un plat pays relève du défis et s’intéresse à toute les micro variations du sol et de ses richesses. La quantité de documentation des Pays Bas m’a permis de m’intéresser à l’essentiel et à faire le tri dans ce qu’il me paraissait le plus pertinent. Ainsi, pour mieux faire la sélection, je me suis intéressée à la base de tout paysage, à partir d’où il se forme: le sol. Le paysage nous le façonnons pas tout seul et ce projet n’existerait pas sans l’intervention de paysagiste, géologue, fermier et autre habitant experts du Noordoostpolder. Ils m’ont donné leur savoir sans lequel il aurait été impossible de construire ce projet. Enfin ce projet a été l’opportunité de m’intéresser sur des sujets agricoles là où les paysagistes se font rares mais sont de plus en plus présents tant l’enjeu est important pour notre société actuelle. Ainsi c’est un sujet qui m’a passionée et que j’aimerais approfondir sur des paysages Européens.
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Remerciements
Premièrement, je remercie mes professeurs Sylvie Salles, Aurélien Ramos et Oliver Marty qui ont pris par au projet et m’ont conseillé justement dans l’analyse, mon questionnement et la réalisation. Je remercie grandement le géologue Wouter Gotjé pour son savoir sur le Noordoostpolder et son accueil à Amsterdam. Je remercie les fermiers Krispijn et Dimgi van den Dries pour leur connaissance du site du Noordoostpolder ainsi que leur hospitalité. Je remercie mes amies Clémence Mathieu, Fanny Jaouen, Chloé Savalle ainsi qu’Alice Labouré qui ont toujours l’œil pour trouver les détails qui font mouche et merci pour leur soutient. Je remercie Philippe Allignet et Roel van Gerwen pour leurs savoirs sur les paysages hollandais. Et enfin je remercie mes parents qui sont toujours présents.
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