"L'Encyclopédie du Cannabis" partie 1

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Version du 16 février 2011. Livre inachevé, pour corrections et avis seulement. Les versions suivantes peuvent contenir des rectifications. Pour toutes propositions de corrections, d’ajouts ou de rectifications, me mailler à : jeanlouis.bouvarel@live.fr . Cet ouvrage est coupé en deux de part une limitation de 500 pages max imposée par Issuu. Le sommaire est obsolète et ne correspond pas à la version en cours. Pardon pour les fautes que je ne corrigerai que dans la version finale. Il est inutile de me les signaler. Cette ouvrage ne peut être « complet » qu’accompagné des vidéos et de son dictionnaire. Vous trouverez la liste des liens dans un fichier Word en annexe dans mon compte Issuu : « Liste des vidéos et émissions de radio par DVD et liens web ». De même, vous y trouverez un dossier qui contient des textes qui commentent ces vidéos (« Textes commentant les vidéos »). Cette « encyclopédie du cannabis » ne transcrit aucune technique de culture, elle s’efforce uniquement de parler du chanvre sur les plans historiques, agricoles, politiques et technologiques. Beaucoup de livres s’appliquent déjà à vous expliquer comment faire « pousser de la beu » et ils sont « limite » censurables. Il n’était donc pas nécessaire d’avoir à reproduire un savoir qui est accessible par tous de par ailleurs. Ce que vous trouverez ici au sujet du cannabis, mais aussi de réflexions qui semblent parfois déborder du sujet, est un savoir qui n’est pas censurable dans une démocratie. Ce sont des éléments de réflexion pas assez connu du public. Ils sont tous exactes et vérifiés. Il s’agit donc d’un discours qui participe au rétablissement de la vérité et non pas l’étalage d’un quelconque prosélytisme. Au risque de paraître prétentieux, je vous propose aussi une nouvelle « Déclaration des Droits de la Femme et de l’Homme » pour des raisons que j’explique dans la seconde partie de l’Encyclopédie du Cannabis. J’aimerai bien avoir aussi votre avis sur cette question. J’ignore si vous serez convaincu par tout ce que vous aller découvrir ici, je vous remercie cependant pour l’intérêt que vous portez à mon travail. En hommage et en mémoire à Sabine Lord-Zysset, la personne la plus honnête, la plus simple, la plus gentille et la plus humaniste qu’il m’a été donné de rencontrer. Si aujourd’hui, vous parcourez ce livre, c’est grâce à elle qui a su me faire confiance et par là même, me protéger. Mais elle a payé très cher son engagement pour la cause écologique. Ce qui lui est arrivé, je ne le souhaite même pas à mon pire ennemie ! C’est hélas là le lot des gens qui s’engagent à se battre pour le Juste et la Vérité. Meilleures salutations et bonne lecture. JL Bouvarel


L’Encyclopédie du chanvre Table des matières : Sommaire : Introduction : Avertissement :

page 001 page 008 Page 010 Livre 1ère partie : L’HISTOIRE DU CANNABIS : les coulisses de l’histoire

Chanvre et Cannabis sont la même plante DES ORIGINES DU CANNABIS JUSQU’AUJOURD’HUI Introduction A) La plante : préambule B) Le problème qu’elle soulève 1) ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DE LA PLANTE 2) L’EXPANSION DU CANNABIS A TRAVERS LE MONDE A) Du Xe au XVe siècle B) Du XVIe au milieu du XIXe siècle C) Début de la décadence du Chanvre : D) Prémisses d’un renouveau du Chanvre : E) Renouveau du Chanvre : 3) LE RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LE CHANVRE INDIEN (Hemp Drug Commission, 1893-1894) 4) LA MARIJUANA TAX ACT (1937) 5) LE RAPPORT DE LA GUARDIA (1942) 6) LE PREMIER RAPPORT DE LA COMMISSION NATIONALE SUR LA MARIJUANA (U.S.A. 1972) “Cannabis in U.S.A. Today “ ou “l’Armageddon se déroulant sous vos yeux” La Guerre à la Marijuana : Conclusion de ce reportage : 7) LA RÉGLEMENTATION INTERNATIONALE DU CANNABIS 8) LA COMMISSION HENRION (FRANCE 1995) 9) LE RAPPORT ROQUES, SCIENTIFIQUEMENT EXACT, MAIS POLITIQUEMENT FAUX : 10) LA M.I.L.D.T. EN 1998 11) CONCLUSIONS DE CETTE ETUDE SUR L’ORIGINE ET LE MAINTIENT DE LA PROHIBITION DU CHANVRE 12) ÉCONOMIE DU CHANVRE A) L’économie du Chanvre dans un système dit légal Le Chanvre sert à tout, ou presque ... Tiges avec graines Feuilles et fleurs Fibres, bois Plante entière 1er point fort du Chanvre : impact direct dans l’écologie Papier Agriculture Exemples d’utilité écologique - Pour les cigarettes - Les sacs et emballages plastiques 2ème point fort du Chanvre : médecine 3ème point fort du Chanvre : ses tiges (fibres, chènevotte, bois) Le Chanvre : constitution, utilisation traditionnelle Textile Bâtiment Alternative au bois 4ème point fort du Chanvre : sa graine Alimentation Graine entière L’Huile de graine La farine Cosmétique Peintures et vernis Plastiques 5ème point fort du Chanvre : l’énergie Énergie calorifique : Chauffage par plaquettes Annexe à ce point, notions de pollutions gazeuses A) le cycle de l’Azote B) Les pluies acides C) Le cycle du Carbone 1 D) conclusion de ce point sur les éléments gazeux :

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Chauffage au Bio-Fuel : Énergie motrice Bio-diesel Le G.P.L. (Gaz de Pétrole Liquéfiés). et G.V.N. (Gaz Véhicule Naturel ) A) Présentation : B) Mais quelque chose ne va pas : C) Les vraies raisons “cachées” : Conclusion de tous ces points développés sur les possibilités économiques du Chanvre L’absurdité des contrôles et tests chimiques Que rapporte la culture du Chanvre légal ? A lire aussi et surtout Adresses utiles : B) L’économie du Chanvre dans un système prohibitif (modèle français d’aujourd’hui) Mécanismes actuels du trafic Évaluation financière du marché cannabique clandestin français Comment éviter tout cela C) Approfondissement de tout ce qui vient d’être discuté dans ce 12ème point 13) RÉFLEXION 14) JUSTIFICATION Notre monde en péril A) Scénario catastrophe B) Un des “scénarios” des plus plausibles est le suivant C) Espoirs 15) CONCLUSION 16) La prohibition et les prohibitionnistes : 100 ans de répression désastreuse A) Le progrès avance, toujours fruit de la quête d’une bonne cause, mais ayant souvent pour résultante le malheur des hommes B) Les U.S.A. , berceau de la prohibition mondiale C) La prohibition en général D) L’évolution Française E) Le cas du Chanvre F) Décortiquons les malhonnêtes procédés de la propagande prohibitionniste G) Une sélection des principales actuelles argumentations prohibitionnistes 17) L’addiction, un phénomène qui n’est pas propre qu’aux drogues 1) Addiction : nous ne sommes ni libres ni égaux 2) Toutes les drogues ne se valent pas 3) La montée des addictions sans drogue Rajouts à ce troisième point : 4) Sur la piste de nouveaux traitements Rajouts et conclusion

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Livre 2ème partie : Définitions DROGUES – TOXICOMANIES I) ASPECT OFFICIEL, DÉFINITIONS: TOXICOMANIE : Définition Motivation des toxicomanes HALLUCINATION HALLUCINOGÈNE STUPÉFIANT II) CLASSIFICATION DES DROGUES I) EUPHORICA : - L'OPIUM : - La MORPHINE - L’HÉROÏNE (Diacétylmorphine) 1) Historique 2) Étude médicale 3) Portée sociale de l’Héroïne (lorsque clandestine) - LA CODÉINE ET SES DÉRIVES - LES OPIACÉS DE SYNTHÈSE - LA DÉPENDANCE ET LE MANQUE “Scénario” du manque Pourquoi le manque d’Opiacés est t’il si dure à surmonter 1) Dépendance de type toxique classique 2) Les douleurs spécifiques au manque d’Héroïne - LE PROGRAMME MÉTHADONE - LES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE SEVRAGE D’HÉROÏNE La décroche psychédélique Le sevrage hospitalier “classique”

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L’acupuncture La dissuasion chimique Le sevrage “bloc” L’électrothérapie Sevrage progressif aux opiacés La décroche en prison Sevrages fantasmagoriques (à éviter) Contre indications médicales des sevrages “brutaux” - L'INTOXICATION AIGUË OU "L'OVERDOSE" - L’INTOX. EN MATIÈRE D’HÉROÏNE - Opioïdes (ou opiacés) en général - L’OPIUM ET SES DERIVES, UN SECTEUR IMPOSSIBLE A CONTROLER … II) PHANTASTICA - LE CANNABIS A THC OU LE “CHANVRE INDIEN” - Le cannabis peut vous rendre meilleur conducteur - LES SUBSTANCES HALLUCINOGÈNES AUTRES QUE LE CHANVRE INDIEN : - Le L.S.D. 25 1) Historique 2) Étude médicale LA PHENYLCYLCLIDINE LA KETAMINE LA MESCALINE L’AMANITA MUSCARIA ou amanite « tue mouche » LA PSILOCYBINE 1) Historique 2) Étude médicale HALLUCINOGÈNES D’ORIGINES BIOLOGIQUES AUTRES Drogues végétales Asie Afrique Europe Océanie Amérique Drogues animales Note pour ceux qui sont inexorablement pour la pénalisation des “drogués” III) INEBRIANTIA - L'ALCOOL - LE TABAC - LES SOLVANTS VOLATILS 1) Solvants classiques. 2) Les Poppers. IV) HYPNOTICA - LES BARBITURIQUES 1) Historique. 2) Étude médicale. - LES TRANQUILLISANTS 1) Historique. 2) Étude médicale. 3) Extension. V) EXCITANTIA - LE COCAYER 1) Historique. 2)Étude médicale . - LA PASTA - LE CRACK - LA COCAÏNE 1) Historique 2) Étude médicale Espoir 3) le free-basin 4) Cocaïne : état des lieux ! - LES AMPHÉTAMINES 1) Historique 2) Étude médicale 3) Aparté : L'ECSTASY LE KAT LES AUTRES MEDICAMENTS LES DROGUES PHYSIOLOGIQUES LE SPORT ET LES PRODUITS DOPANTS E.P.O. : Ou un nouveau secteur de la répression.

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L’ADDICTOLOGIE : UN NOUVEAU BIZNESS NOUVELLE DEFINITION DU TERME « DROGUES » : INFORMATIONS SUPPLEMENTAIRES

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Livre 3ème partie : PARTIE DÉVELOPPÉE POUR CETTE VERSION DE L’ŒUVRE : Extraits Drogue et droits de l’homme Introduction I) Drogues et droits de l’homme en France A) L’usager et les Droits de l’Homme B) Les droits du trafiquant II) Drogues et droits de l’homme dans le Monde A) La situation aux États-Unis B) L’exemple des Pays-Bas Appel à la révolte passive : FRANCE : EXEMPLES DE CENSURE 1er exemple 2ème exemple Injustice et Fascisme Structure du fascisme moderne Résister : un combat éternel nécessaire Dans l’air du temps ... “Le Cannabis bientôt en vente libre ?” (article de Max, pages 36 / 37, Août 98). Aparté : “Marijuana is Medecine” ou “Le Cannabis Médical , une réalité d’aujourd’hui Introduction Le club de revente Marijuana is medecine Intervenants Rajouts La France qui fume Résumé du premier article Ils fument ... L’appel à la peur En sus Autres choses Analyse économique L’Économie au secours de la légalisation Analysons l’analyse A) Première erreur B) Seconde erreur C) Troisième erreur “Pétard” : la cacophonie européenne Allemagne : à chacun des Länder sa dépénalisation Synthèse “Ça se discute” Émission du 7 (les “contre”), sélection d’argumentations Émission du 8 (les “pour”), sélection d’argumentations Qu’en est il aujourd’hui de l’impact de la masse d’information cannabique sur les français ? : La culture du Cannabis à domicile se développe en France. Jérôme, cultivateur amateur, dans un deux pièces sous les toits de Paris DROGUES : LE VRAI DÉBAT 1) Introduction : Certaines drogues n’agissent pas sur les serrures, mais sur les clefs. 2) Les naufragés de Liverpool (complément au point sur la prohibition) : 3) Vers une dépénalisation douce (par le professeur Roger Henrion) : 4) Pour un interdit non répressif (par le docteur psychiatre Francis Curtet) : 5) Stupéfiante planète : Et si les accros étaient les États et les banquiers ? Cannabis : Le Business de demain. Premier article “Le Cannabis bientôt en supermarché ? Deuxième article : La Suisse : ses vallées, ses banques, son chocolat, ses vaches et son Cannabis contrôlée. Troisième article : Le millionnaire de la fumette se lance dans la litière pour chevaux et dans la fibre à papier. Mise à jour du problème européen. La Suisse : L’Allemagne : La Grande-Bretagne : Le Luxembourg :

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La Belgique : Les Pays-Bas : L’Italie : L’Espagne : Quelle politique européenne commune ? Kouchner accusé de traîtrise envers la cause cannabique : L’affaire des 577 Joints distribués aux députés Introduction : 1) Lettres accompagnant le livre et le pétard envoyés aux députés : 2) Un procès stupéfiant : 3) 44 lettres en faveur de J. P. Galland et du Cannabis : Le procès du 6 Mai 1999 : L’O.M.S. et l’O.I.C.S. sur la brèche : LA NAISSANCE DU COLLECTIF POUR L’ABROGATION DE LA LOI DE 70 (C.A.L. 70) : Plate-forme du Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 : SUPERCHERIE PLANETAIRE : 1) Supercherie surtout budgétaire : 2) Une décade pour gagner la guerre contre les drogues : 3) Mensonges volontaires et par omissions, manipulations : LES CONFRERIES OCCULTES. La criminalité en “col blanc” : la Franc-maçonnerie. SOIREE THEMATIQUE D’ARTE SUR LE CANNABIS (06 JUIN 95) dossier : récapitulatif de la grille de programme: 21H45 : UNE PLANTE ENTRE LE BIEN EST LE MAL. 22H40 : LA LOI DU CHANVRE. 22H55 : SUPERGRASS. 23H05 : SONG FOR MARY JANE. 23H30 : L’HERBE QUI GUÉRIT. 23H50 : REEFER MADNESS. NEWS EN VRAC: Prohibition cannabique : les “toubibs” anglais en ont marre ! Procès Nahassiens : ou la censure déléguée aux particuliers ! Repression “made in U.S.A. “ “French Connection” “APPELS DU 18 JUIN” DROGUE : IL EST URGENT DE REAGIR ! 1) Introduction : 2) État actuel du problème, présentation : 3) Données officielle de la Guerre française contre la Drogue : 4) Allons nous vers une dépénalisation ? : 5) Drogue, les comprendre pour mieux les combattre: 6) Exemples de réaction non répressive : PRECISIONS :

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Livre 4ème partie : L’AVENTURE SUISSE § L’aventure Suisse : des nouvelles du front … I) France : démocratie « contrôlée » et désinformation médiatique totale : II) Mon arrivée en Suisse : III) L’exception Suisse avant 2003. IV) Les deux dernières affaires judiciaires de Bernard Rappaz : V) Honneur aux dames : VI) Bernard RAPPAZ : VII) Mon job à Oasis : A) « Je débarque » : B) La « fièvre de l’Or … Vert » ! VIII) La culture moderne du Cannabis … version école Bernard Rappaz : 1) Les plantes mères 2) La culture : 3) La production de boutures : Marcelline, la fourmi de Dieu IX) Les Suisses et le Chanvre : Le retour de Chavalon : La distillation de l’huile essentielle : 1) Distillation du matériel de Chavalon (chanvre sec). 2) Distillation du chanvre vert. 3) L’essence de chanvre (l’huile essentielle). Sécurité de la ferme et alarmes : Coordination du chanvre suisse : Etats généraux du Chanvre, Sion, janvier 2003 : Exposition de Bern, mars 2004 :

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Ce satané accident : Dossier technique : 1) Matériel annexe nécessaire à la culture moderne du chanvre Le placard des plantes mères : historique de fabrication : La pompe à eau : Le four à tabac : Le four à fruits : Le tracteur : Le chariot électrique à palettes : 2) Etudes techniques Prédateurs en placard : Les thrips : Les spiders mites : La moisissure : Le séchage : Dossier résine (Haschich) La « Suiss Cannabis CUP » de 2002 (Canna Trade) IX) L’avenir … : X) Delirium très épais : Pour le plaisir des yeux : 1) Produits Valchanvre : 2) Photos chocs et photos posters : Des temps bibliques à aujourd’hui. 1) Evénement annonciateurs de la fin du monde … industriel seulement ! Le prophète : Riches et pauvres : 2) Le cannabis et les trois principales religions : A) : les religions judéo-chrétiennes : Chrétiens et juifs : La religion rasta : (de rastafari), B) La religion musulmane : C) : Le bouddhisme : D) Conclusion : Fascisme d’aujourd’hui : les conséquences futures ! Introduction : 1) Anticipation géopolitique : « quand je parle d’Armageddon » : 2) Les conséquences d’un tel conflit : 3) Cette troisième « Guerre Mondiale » est elle inéluctable ? : 4) Indices médiatiques : 5) Point sur le pétrole : A) Définition et présentation : B) Histoire du pétrole : C) Théorie officielle (*) sur la formation du pétrole: D) Accumulations de pétrole : E) Les réserves de pétrole : F) Production et consommation : G) L’industrie du pétrole : H) Pollution : 6) Point sur les carburants : Les moteurs : Les carburants : Distillation : Raffinage : Autres procédés de raffinage : Les différents carburants : Les essences : Le gazole : Le kérosène : Le GPL : Le GVN : Le Diméthyléther (DME) : L’hydrogène: Les biocarburants: 7) Conclusion à tous ces points sur le pétrole et les carburants : 8) Comment et pourquoi le pétrole en arrive à tant augmenter ? : 9) Quelles issues pour échapper à tout cela : Nouvelle route de la Cocaïne. Tirer des leçons de nos erreurs : A) La question turque : B) Effets pervers de la guerre aux drogues :

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C) Trafic de drogue, délits et violence = crime organisé … … par l’Etat et la police ! Le mythe du Biocarburant polluant : 1) L’huile de palme : une ressource biologique désastreuse lors d’une culture intensive ! (Ou quand le « n’importe quoi » s’impose !) : A) La palme, présentation : B) Huile de palme : « On marche sur la tête ! » C) L’huile de palme dans l’alimentaire : 2) Pourquoi le chanvre peut réussir là ou l’alcool de canne et de céréales et l’huile de palme ont échoués ! 3) Alors l’espoir ? Désespoirs et manipulations. 1) Le scandale des huiles de palmes : 2) Le scandale des céréales : 3) Comment résoudre ce problème ? Modernité et écologie : y a-t-il forcément conflit ? Les OGMs : A) : Préambule : B) Comment empêcher la dispersion des pollens d’OGMs ? C) Qu’est-ce que c’est qu’un OGM ? D) Pourquoi les VGM ? E) : En résumé … F) : OGMs, VGMs, la face cachée et les dérives possibles. Propos sur l’esclavage : étude politique . I) Qu’est-ce que l’esclavage ? II) Existe-t-il une alternative à l’esclavage ? A) Introduction au problème. 1) Origines et évolutions de nos sociétés : 2) L’argent : 3) La Force armée : B) Les différents modèles politiques de part le monde. III) Vers une VIIe République plus humaine ! Base de la Nouvelle Constitution de l’Etat français : Déclaration des droits de la Femme, de l’Homme et de la Nature.. La souveraineté des peuples bafouée, une idée dans l’air du temps ! Esclavage moderne (poème). Une reconversion écologique vraiment impossible ? L’Ecologie, pouvoir du futur ! La propriété pourquoi faire ? Les polices, instruments du pouvoir ! Le salaire de la peur !

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Livre 4ème partie : Survol de la classification biologique de la plante. ÉTUDE BIOLOGIQUE DE LA PLANTE : CLASSIFICATION : I) D'abord rafraîchissons vos souvenirs scolaires. II) Classification Biologique: Morphologie commune à la Famille : 1) LA FAMILLE DES CANNABACEES : A) Genre CANNABIS : Théorie sur la plasticité du chanvre : B) Genre HUMULUS : (ou le HOUBLON). 2) LA FAMILLE DE MORACEES : 3) LA FAMILLE DES URTICACEES : 4) LA FAMILLE DES ULMACEES :

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HORS PARTIE : page de fin de livre. HORS PARTIE : Présentation de l’auteur. HORS PARTIE : Le code-barre, invention moderne préméditée depuis des millénaires !. HORS PARTIES : Petit dictionnaire pratique du tome 1. HORS PARTIE : Bibliographie du Tome 1 entier. HORS PARTIE : Index de l’encyclopédie (inachevé actuellement).

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Suspect

Le livre que vous parcourez ici est la version première d’une encyclopédie du Cannabis. Sa parution précipitée répond à l’urgence de la situation face au durcissement de la répression et de sa “fascisation”. C’est donc un ensemble de connaissances cannabiques qui se veulent instructives et contradictoires aux thèses prohibitionnistes dans le cadre d’un débat public plus que jamais réclamé sur le thème de la dépénalisation du Cannabis. Je vous remercie de l’attention particulière que vous porterez à cette encyclopédie. Même si vous n’êtes pas, actuellement, favorable à l’idée de la dépénalisation du Cannabis, vous y trouverez une manne de propos et de faits dont la pertinence vous aidera à développer un raisonnement plus juste et plus humain que celui généralement inspiré par le discours faussé et manipulatoire de la prohibition. Police

Il est évident que le Cannabis peut-être aussi une drogue et que par conséquent, son emploi dans ce sens n’est pas innocent. Il ne faut donc pas laisser des enfants au contact du produit. Si tout le monde est d’accord pour définir que ce n’est pas une substance à laisser en vente libre, il ne faut pas non plus dramatiser jusqu’à l’absurde. Une peine de prison pour consommation semble nettement disproportionnée par rapport à la réelle gravité de l’acte pour reprendre cette expression juridique. D’autant plus si on considère le coût qui en incombe à la société et que la prison fabrique des délinquants, ou plutôt, des révoltés. Au niveau du Code Civil, les comportements à risques qui n’engagent que soit - même ne sont pas, ou peu, punis. Normalement, la loi défini un niveau de dangerosité envers autrui, avant d’apporter une réponse sous forme de sanction. Le port du casque en moto ou de la ceinture au volant, sont des exemples significatifs d’exceptions à cette logique. Notons que dans ces cas, les sanctions restent faibles sous forme d’amendes légères et n’aboutissent jamais à des peines de prison. Hors, toutes les dernières études ont prouvé que le Cannabis ne mettait finalement personne en danger, ni la société, ni autrui, ni même la personne qui l’utilise, car sa toxicité est faible. Nous évoluons donc ici en matière de législation d’exception qui ne semble pas adaptée au monde Chanvre et contraire aux principes élémentaires de liberté des individus. Attention, je n’affirme pas que cette substance soit inoffensive, certaines personnes peuvent mal réagir au produit. On note des cas de tachycardies, de paranos, de peurs paniques. Cardiaques s’abstenir donc, et ceux qui ont déjà certains problèmes psychologiques dans leur tête aussi. Toutefois, la preuve en est que le cannabis ne tue, n’oblige, ne blesse, et ne rend malade personne. Donc, d’après son principe de proportionnalité, la loi devrait le libéraliser mais en dépit de cela, il demeure un stupéfiant fortement réprimé. Au nom de quoi, alors ? Voici une projection du livre en quelques mots : la prohibition est l’instrument d’un fascisme industriel, c’est le fruit d’un complot contre le monde libre et naturel. Cette « bête » ne veut pas qu’on la contrôle, elle veut pouvoir financer ses ambitions, exister au sein des gouvernements quelques soit leur tendance idéologique et les politiques mises en place. Ne pouvant pas être légitimée ou élue, elle place son influence au sein des hautes sphères de la fonction publique et de tous les postes clefs de la société, et la lutte contre les stupéfiant leur permet, entre autres avantages, cette intégration aux pouvoirs, quelque soit la majorité politique du moment. Son terrain d’expansion : le passionnel, l’émotif, la peur, les sujets tabous ou elle se pose en moraliste et salvatrice par voie de fait. Au point de vue local, elle s’infiltre dans le secteur des notables et des magistrats et mène des politiques indépendamment du pouvoir central. Elle peut même saboter des tentatives de politiques qu’on lui demande de mettre en place. Il est donc question d’un détournement habile des principes démocratiques qui remet en question les résultats électoraux. Elle se nourrit de la répression. Grâce à celle-ci, elle infiltre dans tous les pays les milieux politico-judiciopoliciers. Déjà, on assiste à certains scandales : l’argent de la lutte contre les drogues détournée, entente policière internationale échappant aux lois et à la transparence, lois anticonstitutionnelles, et comme si cela ne suffisait pas, pratiques policières non conformes à la loi, violences et menaces, hypocrisie générale, victimes à profusions … Quand on leur affirme ceci, mes concitoyens restent septiques, incrédules. En fait, ils n’arrivent pas à concevoir pourquoi et comment, le gouvernement de notre pays en qui, sommes toutes, ils accordent un degré de confiance très relatif, leur mentirait, les tromperait et les désinformerait sur la question cannabique. Il est vrai que dans l’absolu, un monde sans drogue serait idéal.

- -8 Petits malins qui « se la font en douce » !


Pourquoi alors croire d’office une contestation qui crie au scandale, à la manipulation et au complot industriel ? De plus, les magistrats, hauts fonctionnaires et policiers ne sont pas tous corrompus, une bonne majorité d’entre eux sont même intègres et fidèles à leur code de déontologie. En fait, tout cela cache quelque chose de fort complexe que cette œuvre se veut essayer de dégrossir. Les fameux « pourquoi et comment » sont expliqués ici, décortiqués plutôt, à travers un regroupement d’affirmations issu de plusieurs auteurs spécialistes de leur domaine. Une bibliographie précise des œuvres étudiées vous permettra d’en vérifier la véracité. Le mensonge de base, qui date du début de la décennie 1930, s’est élargie à une désinformation si vaste, si prosélyte, que même le monde des spécialistes (médicaux, judiciaires, onusiens, policiers et politiques intègres) s’y est laissé prendre. Sous la pression et/ou pour de la gloire et de l’argent, certains scientifiques, ont menti et exagéré sur les dangers du Chanvre à coup de rapports alarmistes et très bien ficelés en terme d’intoxication mentale. Le contrôle du Chanvre et des lois répressives furent imposées aux pays signataires des successives conventions internationales et plus spécialement à celle de 1961 qui sert encore aujourd’hui de référence ! Notons que si, de nos jours, le mensonge a été officiellement démantelé, la prohibition du chanvre n’a pas été levée pour autant et que cette dernière a adaptée son discours en terme de protection de la jeunesse et de protection de l’abus des adultes. De 1970 à l’an 2000, beaucoup de pays industrialisés investirent dans de grosses commissions d’études pour enfin prouver définitivement la nocivité physiologique et sociale de la Marijuana. Les résultats de ces commissions ont toujours été en faveur d’une libéralisation quasi absolue de cette plante, contredisant le discours scientifique officiel en tous points. Mais en 2008, nous ne voyons toujours pas de dépénalisation du Chanvre, loin de là ! Mais petit à petit, la prohibition a force d’accuser des coups, en est réduite à montrer son vrai visage, celui du mensonge et de la haine pure et gratuite, de la négation du droit des individus. En exemple, les Etats-Unis demandent l’impunité de crimes de guerres pour leurs soldats, la chose la plus absurde pour un soi-disant pays démocratique, mais condamnent les trafiquants de chanvre à des peines de prison supérieures à celles appliquées aux meurtriers. Ceux qui refuseront de croire au complot contre le chanvre, seront d’office dans le mauvais camp : celui de l’industrie reine et du saccage écologique, de la violence et du mensonge … c’est d’une guerre qu’il est question ici ! Et c’est le monde entier qui vaincra l’industrie américaine, et ses pays vassaux, en refusant la globalisation telle qu’elle souhaite l’imposer. Ceux qui vous mentent comptent sur votre crédulité et votre passivité pour avoir les mains libres afin d’imposer leurs magouilles tranquillement. Le système français actuel, vassal du système américain, tombera aussi. Toutefois, n’ayez pas peur de ce changement, il s’effectuera en douceur : l’industrie existera toujours, les choix énergétiques seront non polluants, et ces modifications ne réduiront en rien notre façon de vivre. Vous aurez toujours votre voiture, les machines …et ce, sans polluer aux niveaux carburants et lubrifiants ! Même les emballages de produits de grande consommation deviendront inoffensifs. Les carburants, les plastiques, les papiers, les encres deviendront tous biodégradables, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le syndrome de mal faire disparaîtra de vos têtes puisque les paquets de cigarettes, par exemple, que certains d’entre-vous jettent à terre lorsqu’ils sont vides, se dégraderons 100% biologiquement en respectant et nourrissant la terre et les biotopes qui y résident. Il en sera de même pour tous les produits que l’on jettera à l’égout ou aux poubelles. Comme il vous sera expliqué plus en avant, nous pouvons dépolluer les sols et l’atmosphère en N2, CO, CO2 et métaux lourds et réparer une grande partie des erreurs de l’époque pétrolifère. Et surtout redonner un grand boom mondial à l’économie tout en accordant cette fois-ci, la chance, aux pays du tiers monde, d’être compétitifs et d’assurer eux-mêmes leur propre production énergétique. C’est le miracle que permet le chanvre en concert avec d’autres végétaux. Et voici la vraie raison de son interdiction ! Ce n’est pas le retour en arrière qu’annoncent nos détracteurs, il s’agit d’un réel bon en avant ! A vous d’en juger à travers la lecture de cette œuvre !

(Papier en chanvre virtuel © garanti sans chlore)

JLB

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Avertissement : Que doivent penser de notre société les millions de français persécutés au nom du Cannabis ? ... En 1996, la « barre » des 51 000 interpellations annuelles pour infraction cannabique à la législation des stupéfiants fut largement dépassée, plus de 70 000 en 1997, plus de 90 000 en 1999. En 2002, si on ne franchisait pas les 100 000, c’est parce que les forces de polices avaient atteint leur « plafond » en terme de « rendement ». Pour faire « pire », il leur aurait fallu encore plus d’homme, plus de prisons … et c’est ce qu’ils réclament aujourd’hui …! Constat navrant : c’est la Guerre. Les Pouvoirs Publics harcèlent cette plante et certains, comme moi qui écrit ici ce livre, résistent et adaptent leur vie pour lutter contre cet état de fait. Pourquoi autant d’acharnement à vouloir défendre ce qui est présenté à la population comme une drogue et par conséquent, une pratique et un trafic peu recommandables. Qu’en est-il de la réalité sur le Chanvre, en contradiction avec la version officielle qui laisse entendre que cette plante représente un grave danger de Santé Publique, en plus d’être industriellement dépassée. Tout ce qui va suivre dénonce la plus grande tentative de détournement de la vérité de toute l’histoire de l’humanité, un complot contre elle tenté par les grands de notre monde pour d’uniques raisons mercantiles... vous en doutez ..., alors osez tourner les pages. Ce livre est destiné à la fois à ceux qui ont été abusés par une version officielle au service d’impérieuses raisons économiques, et à ceux qui, consommateurs de la plante, finissaient par se sentir fatigués de toute cette persécution inutile. Mais aussi, il tient lieu d’accusations contre les différents pouvoirs français qui se sont succédés au gouvernement en cette fin de millénaire, spécifiquement contre celui en cours, au moment de la parution de ces lignes (2007). On assiste à la restauration des valeurs vichystes mais cette fois-ci dans un contexte étatique plus fort que jamais et nucléarisé, et aucune armée de l’ombre encore organisée pour le contrecarrer. En temps qu’illustre inconnu, je ne pouvais me permettre d’avancer de façon crédible des idées nouvelles et des thèses tant surprenantes, aussi, j’ai opté pour un système de classement original d’ouvrages, d’articles, de reportages, d’émissions télévisuelles et de propos de personnes spécialistes du problème dont les affirmations sont vérifiées. Je n’ai pas eu besoin de chercher bien loin : la Presse française, stérile ou muette sur le thème des drogues avant la décennie 90, c’est mise progressivement à disserter fortement sur le sujet. Ces dix dernières années, il a été écrit sur le Chanvre de quoi remplir cette version encyclopédique, certes, mais aussi de quoi publier deux autres tomes complémentaires (en cours de préparation). Petit à petit, les articles et autres documentaires tenaient des propos qui s’éloignaient fortement du discours officiel. Des opposants autres que les consommateurs, se sont mis à alimenter la polémique. Même dans le discours prohibitionniste, des petites brides d’informations ou des désaveux apparaissaient sous la loupe de la comparaison méticuleuse d’articles et reportages. Un article de Loi (L 630 du Code de la Santé Publique) censure tout propos qui présente une (ou des) drogue(s) sous un jour favorable. À défaut d’autorisation, le débat public se mettait donc en place de fait dans la tête des gens. La prohibition des drogues, non seulement s’avère coûteuse, stupide, cruelle et inutile, mais dans le cas du Cannabis, semble surtout servir les intérêts d’une puissante entente industrielle qui est à l’origine de son interdiction. Jusqu’à présent, le monde du Cannabis a été persécuté sans réaction violente de sa part. Grâce à ce livre, et bien d’autres, la résistance à cette stupide oppression va pouvoir prendre de l’ampleur et se doter des moyens psychologiques, économiques, et stratégiques nécessaires pour gagner cette guerre. Ce combat se mènera en plusieurs étapes et risque de durer encore de nombreuses années; mais contrairement à toutes formes de révolte que l’humanité a connues, il peut encore garder sa connotation pacifique, tant que des groupes armés, aux chemises brunes ou non, ne tirera pas spontanément sur la gente cannabique. Toutefois, des violences existent actuellement, mais ne proviennent pas de nous « peuple de l’herbe », car nous ne faisons que la subir. Deux millions d’usagers réguliers, 8-10 millions de fumeurs plus ou moins occasionnels ... encore autant qui ne cautionnent pas le coté drogue du Chanvre mais qui espèrent beaucoup de la plante et aimeraient pouvoir librement la cultiver (plus de 25 000 brevets déposés dans le monde et 150 000 applications possibles du Chanvre reconnues). Dans cette masse, la répression fait ses « choux gras » et les politiques haineux, virtuoses de l’exploitation des peurs et de la désinformation, y voient de « nouveaux juifs à persécuter», prompts à focaliser l’attention de foules en mal de fédéralisme et d’idéal. La relation « origine financière de la prohibition » et ceux qui en composent les « acteurs de terrain » est basée sur la tromperie. Les premiers savent bien ce qu’ils font et pourquoi, les seconds sont abusés, permettent, favorisent et justifient, la mise en place d’un pouvoir policier si fort et omniprésent qu’il en a du mal à cacher sa nature totalitaire dans un décor démocratique en « carton plâtre ». Tous concernés par cette plante prometteuse d’un monde meilleur, allons nous laisser passer l’occasion de réaliser le plus beau de nos rêves : un changement possible de société ? Laisserons-nous le bestial nous diriger dans un futur ou même l’air qu’on respirera sera taxé alors qu’il aura été altéré non par les peuples, mais par ceux-là même qui inspireront la taxe. L’industrie est régnante, les gouvernements à leurs soldes, les lois et les sociétés en leurs pouvoirs jusqu’au fondement même de leur organisation profonde. La famille est éclaté et l’individualisme est triomphant imposé, médiatisé comme énergie de base d’un concept qui tout compte fait, est plus criminel qu’égoïste. Nous sommes les dindons de la farce. Lisez, analysez, digérez, et révoltez-vous pacifiquement, votez intelligemment, refusez l’absurde, devenez libres penseurs et maîtres de votre destiné ... les temps qui courent sont porteurs d’un vent de révolte, ne cédez pas à la colère, l’envie de guerre, à celle de tout détruire pour avoir à tout recommencer. Seul la “Civilisation par le Chanvre” peut empêcher tout cela. Partenaire écologique complet, répondant à tous nos besoins énergétiques et dépolluants, alicament fournissant une nutrition céréalière et protéinée complète de qualité supérieure (farine et huile), se substituant au bois pour la confection de meilleurs papiers moins polluants, nous offrant toute une palette de matériaux de bâtiment sains et écologiques, et cadeau de Dieu remplaçant l’amiante dans toutes ses utilisations possibles, permettant des cultures faciles et réparatrices des sols pour re-dynamiser un monde

paysan à l’agonie ... Par le seul biais de ces 7 capacités, notre plante peut immédiatement être cultivée à grande échelle et fournir suffisamment de masse de travail pour effectuer un redémarrage économique mondial ... dans une étique respectueuse de gestion durable, sans aucun changement de vie imposé, et avec le confort de la modernité mécanique. Mais tout ceci est déjà expliqué, prouvé dans ce qui va suivre, je me répète peut-être, mais osez seulement tourner quelques pages … 10


1ère PARTIE :

L’HISTOIRE DU CANNABIS : Les coulisses de l’Histoire.

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Chanvre et Cannabis sont la même plante. Pour le (la) Français(e) moyen(ne), Cannabis rime uniquement avec drogue, “galères”, folie ou “gros ennuis” judiciaires; et ne représente rien de bon qui pourrait revaloriser la plante à leurs yeux. D’autres, se rappellent vaguement que c’est aussi du Chanvre et que nos grands-parents en faisaient des vêtements ou de la corde. Herbe, Chanvre textile ou Indien, Canapa, Hemp, Hanf, Ganja, Haschich (orthographié de quatre façons différentes possibles), Shit, Teush, Beu-beu, Marie-Jeanne, Pot, Grass, Hemp, Riamba, Zamal, Marimba, Dagga, Marijuana, Huile (résine), Kif, , Anacha, Bangui, For-Ma-Yan, Pantagruelon, Canobiote, Canosmose...etc.", désignent soit la plante Cannabis, soit une préparation ou une technique issue de celle-ci (ou une marque déposée comme pour les deux dernières). Le nom donné à la plante varie donc en fonction de plusieurs facteurs qui sont : langue du pays, influence culturelle, genre (drogue ou fibres) et produits ou préparations qu’on en tire. A titre d’exemple, en pays francophones, le terme Chanvre sied actuellement très bien à tout dérivé textile ou technique du cannabis : laine de chanvre (isolation bâtiment), huile de graines de chanvre (cosmétique, nourriture, pastiques, peintures ...), résine (non psychotrope) de Chanvre (parfums, peintures, vernis,....). Car s’il existe un chanvre à drogue (dit indien) dont la principale molécule psychoactive est le T.H.C., certaines sous variétés du genre cannabis en sont pratiquement dépourvues et aptes à d’inoffensives récoltes n’intéressant que les mondes industriels et écologiques. Par opposition, les termes Cannabis et Marijuana sont souvent internationalement adoptés pour signifier “genre à drogue” : résine (psychotrope) de Cannabis (agglomérat de ...) pour désigner le Haschich (donc résine de Chanvre avec T.H.C.), Cannabine pour désigner une résine avec T.H.C. non extraite de la plante, huile (essentielle) de Cannabis pour désigner une résine avec T.H.C. extraite de la plante et purifiée. Marijuana désigne soit la plante de type à drogue, soit les sommités fleuries de cette dernière (séchées, triées sans branches et sans feuilles) destiné à une consommation dite “toxicomaniaque” . Notons que des termes plus anciens (d’avant la révolution française), preuve d’une connaissance passée de la plante, reviennent aussi meubler notre merveilleuse langue : “Chènevière (lieu de sa culture), Chènevis (graine), Chanvrier (qui le fait pousser)” ... Rajoutez à cela une dimension culturelle : de part sa vocation à être persécutée, cette plante est devenue le symbole d’un contre-courant culturel varié, mais qui se démarque par sa connotation politiquement contestataire. Si le chanvre a fait couler beaucoup d’encre dans les revues et périodiques, c’est le deuxième thème chanté après celui de l’Amour. Pour le Chanvre à T.H.C. : Dans la littérature, il est coutumier de dire que l’on dénombre plus de 600 appellations utilisées de part le monde pour dénommer ces différentes préparations. Quatre principales manières de préparer ces "mixtures" à partir de la plante sont observées. Très schématiquement : la plante séchée telle quelle (ou l'Herbe); en "raclant" la résine sur les plantes ou en la concentrant sous forme de poussières agglomérées (le Haschich); sous forme extraite, concentrée et purifiée (l'huile essentielle ou résine purifiée ou “Huile de Cannabis”); et enfin, mélangée dans de la nourriture ou des boissons alcoolisées ou lactées. Les variantes sont tellement nombreuses, qu'il est donc quasiment impossible de les répertorier dans leur totalité. Il n'en sera retracé, dans ce livre, qu'un bref aperçu; car l'essentiel du sujet ne se situe dans ces simples questions de modes de préparation et de vocabulaire du terme Cannabis. L'épaisseur de l'ouvrage, déjà considérable, m’a contraint à en limiter le contenu. Cependant, pour les perfectionnistes, une bibliographie des œuvres ayant servi à construire ce livre leur apportera la possibilité de retrouver tous les détails négligés. Pour le Chanvre Textile (- de 1% de T.H.C. dans le monde, 0,3% max. en Europe) : Plus de 25 000 brevets sur la plante, plus de 150 000 applications possibles (ref. Chris Conrad et Jack Herer); dresser une liste totale des appellations tiendrait de la gageure. A vous couper le souffle, preuves à l’appui, on découvre que le Chanvre sert à tout ou presque, on développera tous ces points par la suite. Une morale hypocrite nous a habitué à différencier les deux genres (drogue/textile). Il est vrai que l’industrie occidentale travaille depuis longtemps avec du chanvre pauvre en T.H.C. , plus propre à nos climats tempérés. Notons que bon nombre de gènes dits “à drogue” ont d’aussi bonnes caractéristiques (en fibres et le reste) que les variétés de plantes à faible teneur en THC. Donc, chanvre et cannabis sont identiquement la même plante, les différences constatées sont uniquement le fait de la sélection, du mode de culture et de l’environnement climatique que subit la plante. Réintroduit en contexte sub-tropical, notre inoffensif chanvre français redevient rapidement une efficace usine à résine et à THC (observation de Moreau de Tour). Pour ma part, je trouve ahurissant que le travail de recherche sur une simple plante puisse renvoyer à tant de domaines d'études à priori étrangers au sujet qui nous intéresse (sciences humaines, physiques, médicales, biologiques, chimiques,...etc.). La répression actuelle que connaît cette plante n’est pas pour nous faciliter la tâche; nous verrons que cette dernière aime bien manipuler la désinformation et les fausses vérités. La preuve en est que ses motivations ne sont pas que d’ordre sanitaires, mais aussi politiques et industrielles. Pour écrire ce livre, j’ai eu besoin d’approcher la plante dans ses deux genres. D’en faire la culture, d’en fréquenter tous les acteurs de ses industries licites et illicites. Cela m’a emmené à subir certaines persécutions et les privations qui en découlent. Cela m’a en outre, permis de fréquenter des gens formidable et d’exception, même au sein des forces de la répression. Car ils ne sont pas tous en parfait accord avec ce qui se passe au sujet du chanvre. Mais j’ai rencontré aussi beaucoup d’imbéciles, d’opportunistes et de lâches, et ce dans les deux camps ! Toutefois, têtu, j’ai réussi à amener à bien ma tâche et cela a donné l’œuvre que vous tenez ici dans les mains. Je ne pense pas avoir souffert en vain ! Beaucoup ont déjà disserté sur le chanvre. Cette encyclopédie se démarque de part le fait qu’elle réunie ici l’essentiel de ces ouvrages auxquels j’ai rajouté ma petite touche personnelle. Je voudrais finir cette introduction par cette remarque : le sujet est tellement complexe et vaste, et on a beau faire de son mieux, jamais aucun humain, seul, ne parviendra à tout écrire sur le Cannabis.

Bouvarel Jean-Louis

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Dans ce qui va suivre, on parlera beaucoup de l’Article L 630 du Code de santé publique. Ceci est du au fait que ces textes ont été rédigés avant le changement de loi du 22 juin 2000 modifiée le 07 mars 2007.

Cet article a depuis été abrogé pour être remplacé par l’Article L 3421-4 qui reprend en gros ce qui avait déjà été défini dans le précédant article (pour plus de précisions, consultez le dictionnaire de l’Encyclopédie). Ayez donc conscience que toute critiques de cette version du livre envers l’article L 630, vous renvoi automatiquement à celui le remplaçant. De part l’effet du sarkosysme, la loi change souvent en ces périodes sombres. Je ne vais pas réécrire mon livre à chaque fois que le cas ses présente !

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DES ORIGINES DU CANNABIS JUSQU’AUJOURD’HUI:

Champ de chanvre à THC (parfums) : défense d’entrer !

Un simple alambic à alcool suffit pour distiller l’huile essentielle (sans THC), base des parfums.

Huile essentielle sortant de la distillation. Ce procédé a été adapté et mis au point par Bernard Rappaz, agriculteur biologique valaisan (Suisse) et n’emploie aucun produit chimique. Sommités résineuses variété Jack Herer).

Sommité résineuse (ici hybride Red Valley – Walizer Queen).

Autre exemple de parfum, à la robe plus claire.

(ici

Le chanvre en serre pousse plus grand et produit plus de résine.

Exemple de parfum.

Bernard Rappaz, le chanvrier suisse, posant avec sa plante si controversée. Je suis fier, car il nous présente ici une variété à très grosses sommités que j’ai mise au point.

Ouvrières s’afférant à préparer la récolte du jour pour la distillation ou le séchage en four.

Outre le fait que le chanvre est polymorphe, il adopte parfois des teintes et des odeurs variées, ce qui plait à la parfumerie. Ici (photo du centre), une « Red Valais » tirant sur le « purple » (violet). Trois parties de la plante (fleurs, feuilles et poils sexuels) sont sensibles à de telles variations colorées. En règles générales, ce végétal est vert et si changement de couleur il y a, il s’effectue au moment de la floraison. Mais il arrive que certaines variétés développent, dès leur plus jeune âge, une teinte turquoise ou violette qu’elles gardent jusqu’à la fin de leur vie. Toutefois le chanvre sait aussi sortir de ce schéma coloré : j’ai eu l’occasion d’observer une plante italienne (verte) aux poils orange vif d’une beauté saisissante, et une autre, suisse, au mêmes poils d’un rouge vif remarquable.

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e tous temps, le chanvre a témoigné d’une grande importance économique, voire stratégique dans un cadre plus militaire. Aujourd’hui encore, il témoigne d’un fort potentiel industriel, et ce dans plusieurs secteurs de pointes ou énergétique. Notez bien que la culture de cette plante est respectueuse de l’environnement, ce qui n’est pas le cas de ses concurrentes végétales ou des produits chimiques qui ont su la remplacer. Je vous propose d’étudier le chanvre depuis ses origines, jusqu’aux usages et avantages qu’on peu en tirer aujourd’hui ! Nous allons nous attaquer à une étude souvent complexe, traitant aussi bien de médecine que de chimie et d’autres matières dont les terminologies peuvent vous échapper. C’est pourquoi, je vous conseille d’abuser sans réserve du petit dictionnaire (à la fin de l’œuvre) qui devrait normalement apporter quelques éclaircissements à tous ces mots qui vous échappent !

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Introduction :

A) La plante : préambule. Sous nos climats tempérés, la coutume de différencier les variétés à plus fort taux de THC nous à habitué à des définitions trompeuses mais néanmoins adoptées par tous : le chanvre autochtone s’appelle chanvre, celui plus riche en THC est nommé Chanvre Indien, même s’il n’a rien d’indien ! Le caractère le plus marquant chez cette plante, outre le fait qu’elle produit une famille de molécule unique dans le monde végétal, est la plasticité génétique dont elle est dotée. La même graine poussant dans des milieux forts différents, donnera une descendance d’aspect qui laissera penser, si on compare ces plants après récolte, qu’ils sont issus d’une nature génétique fortement différenciée. De cette instabilité génétique (on dit du chanvre qu’il est polymorphe), découle donc toute une ramification de sous-espèces, adaptées aux conditions géologiques et climatiques des pays où elles se sont développées. On remarque parmi ces sous-espèces, des variations physiques de types : quantité et surtout qualité et odeur de résine, teneur en Delta 9 T.H.C. (Tétrahydrocannabinol, isomère Delta 9, principal constituant physiologiquement actif du Cannabis) ou autres constituants chimiques, différence de taille ou de morphologie, variation du nombre de lobes par feuille, variation de la robustesse de la fibre interne au tronc, variation de la couleur et/ou de la forme du feuillage, du volume des sommités fleuries, variation de la capacité de résistance aux maladies, ... Cependant, quelques cultigènes de Chanvre ont acquis de telles particularités (exemples : Rudéralis, Sativa, et Indica) que certains parlent alors d’espèces à part entière; ce qui est en contradiction avec la Science officielle qui n’en reconnaît qu’une (voir 3ème partie : Survol de la classification biologique de la plante). A ce sujet, dans une région comprise entre la Chine, le nord de l’Inde et l'ancienne U.R.S.S, une nouvelle variété est apparue accidentellement. Pour des raisons inconnues, une plante a doublé son nombre de chromosomes par cellule, donnant naissance à une nouvelle lignée génétique dite polyploïde. Les différences génétiques sont telles qu’on peut alors peut-être parler, dans ce cas précis, d’une nouvelle espèce. Celle-ci se caractérise par une plus forte vitesse de pousse, une teneur en T.H.C. plus concentrée, un volume de feuillage plus important, des plantes plus grandes (surtout plus buissonneuses) et une couleur verte plus foncée. On obtient artificiellement ce type de plants en traitant des graines de chanvre dites "normales", à la Colchicine (produit mutagène très toxique donc fort peu commode à manipuler). D’un point de vue “toxicomaniaque”, alors que la meilleure herbe africaine (chromosomes simples) donne du haschich qui ne dépasse guère les 20% de teneur en T.H.C. (en moyenne), on tire de cette herbe asiatique à chromosomes doubles un shit doté d’un titrage variant de 25 à 30% de cette substance. Mais ces gène, donnant des plants riches en THC, ne savent s’exprimer en climat humide et n’y donnent pas plus de résine que le chanvre autochtone. Parallèlement, une sous variété de cette espèce se particularise par le fait qu’elle produit un peu d’une nouvelle molécule cannabinoïde psychoactive inconnue jusqu’alors : la Tétrahydrocannabivarine (ou T.H.C.ine en abrégé pour la différencier du T.H.C.). D’effet similaire avec le T.H.C., elle s’en singularise par son action bien plus rapide (le temps d’une bouffée de joint ou deux) et, inversement, une action psychoactive bien plus courte (de cinq à quinze minutes au lieu d’une à cinq heures). Il n’existe heureusement aucune herbe connue à ce jour qui ne produise que du T.H.C.ine (en remplacement du T.H.C.).

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L’individu qui en consommerait devrait alors fumer de 4 à 20 fois plus pour obtenir un effet aussi durable dans le temps qu’avec le T.H.C.. Bonjours les poumons ... et la tête, car j’ai oublié de préciser que le T.H.C.ine était plus fulgurant que le T.H.C. dans son effet. A ce stade on pourrait vraiment parler de toxicomanie et il était utile de prévenir les apprentis chercheurs clandestins de la “bricole génétique” du Chanvre, afin de les détourner du chemin de la perdition. En conclusion, le Chanvre, stabilisé et sélectionné, possède donc un fort potentiel à fabriquer du THC. Inversement, la sélection permet aussi d’aboutir à des variétés bien plus pauvres en cette substance dont certaines sont les seules autorisées en France (moins de 0.1 % de THC par gramme de végétal contre 0.3 % pour le reste de l’Europe). Mais attention, il s’agit de bien comprendre de quoi on parle. Lorsque j’annonce de l’herbe ou du haschich de 20 à 30 % de THC, il s’agit de formes purifiées de la plante, sans le bois, ni les feuilles : seulement des fleurs ou de la résine extraite (haschich). Les normes françaises, quand à elles, parlent du taux de T.H.C. présent dans l’ensemble de la plante, feuillage et bois compris. Les fleurs ne représentent que 2 à 25 % de la masse de la plante entière. Les détracteurs du chanvre aiment bien jouer avec ce genre de subtilité pour tromper ou impressionner leurs interlocuteurs ; en fait : - Le taux de THC d’une analyse tenant compte de la plante entière est bien plus bas, ne représentent que de 1 ou 20. Du coup, on est bien loin des 30 % ou plus qui soient disant déciment notre jeunesse. C’est une façon d’impressionner ses interlocuteurs en comparant deux chiffres qui n’ont rien à voir dans leurs représentations outre le fait qu’ils s’expriment tous deux en THC ! - Inversement, les normes françaises à 0.1 % signifient 1 ou 2 % de THC concentrés au niveau des sommités florales et peut-être de 2 à 4 % dans le haschich qu’on peut en tirer.

Pour vous aider à comprendre ce que je veux dire, voici un petit tableau récapitulatif : Origine Plante entière Fleurs Haschich Climat tempéré % en THC % en THC % en THC Chanvre français 0,1 1à2 1à3 Chanvre européen 0,3 2à6 3à5 Chanvre à THC extérieur 0,4 à 0,8 4à8 4 à 12 Chanvre à THC serre 0,8 à 1,2 8 à 12 12 à 18 Chanvre à THC lampes 1,5 à 2,0 15 à 20 20 ou plus Tableau comparatif de la teneur moyenne en THC des différentes parties de la plante. Cette représentation se veut approximative tout en s’inspirant des résultats obtenus en suisse à la ferme Oasis chez Bernard Rappaz. Le chanvre dit « indien » cité ici est un chanvre bio sélectionné et bouturé qui fourni des résultats « records » en production de THC. Le même, hybridé ou sauvage, en fournit bien moins ! On suppose ici que les plantes développent 10% de fleurs en poids ou en volume. Les résultats du chanvre indien cultivé sous lampe s’inspirent des résultats hollandais car nous ne faisions pas de culture sous lampes à la ferme, juste du maintient en survie de plantes mères. Personnellement, même si j’admets que cela puisse exister, je n’ai jamais rencontré de chanvre dont les fleurs possèdent un titrage supérieur ou égal à 25% de THC. Si on veut justement comparer les taux de THC entre le chanvre français et par exemple, le chanvre à THC cultivé sous lampe pour sa teneur record, il faut alors comparer les teneurs d’après les couleurs de ce tableau. Le chiffre en rouge du chanvre français se compare avec l’autre chiffre rouge du chanvre indien sous lampe, idem pour les oranges et pour les jaunes ! Il est honnête de préciser que différentes méthodes de cultures existent, et que ces dernières peuvent influer sur la taille de plantes et le volume des sommités. Des petites plantes non ensemencées (sans graines), engraissées

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dans un environnement idéal (sous lampes) peuvent développer une masse de fleurs plus importante et bien évidement des taux de THC records. Inversement, en extérieur et en serre, s’il pleut ou qu’il fait humide, le taux de résine et de THC s’abaisse de plus de la moitié. Ce genre de culture est aléatoire et délicate, nous autres, les chanvriers, sommes tributaires de tellement de paramètres …. Notez de plus que l’on peut « truquer » les résultats : le chanvre qui pousse avec des engrais à base d’acides aminés produit plus de résine (donc de THC) et certains rajoutent de l’huile de résine (teneur en THC supérieure à 40%) au Haschich pour le renforcer ! « Bricolé » de la sorte, ce shit prend alors une couleur plus foncée : il s’appelle « le Noir » et lui seul semble effectivement dépasser les 30% de THC. Ceci précisé, le Cannabis parait être la seule plante de la nature qui produit en masse du Delta 9 T.H.C. et d'autres cannabinoïdes plus ou moins psychoactifs (Cannabinol ou C.B.N., Tétrahydrocannabivarine ou T.H.C.ine, Cannabidiol ou C.B.D.,...etc.). A contrario, certains lointains dérivés du Cannabinol, furent découverts en “micro-traces” dans d’autres végétaux (ex : Cannabichromène). On notera l’existence de techniques de greffage (cannabis greffé avec des plantes de famille proche) qui donnent des hybrides produisant aussi une résine (non cannabique) qui se dotera discrètement de T.H.C.. L’apport de cette substance ne modifie en rien l’odeur d’origine. Le Houblon greffé, avec principe actif cannabique, ne sent rien d’autre que le Houblon … sauf qu’il se dote discrètement de l’effet psychoactif du cannabis. Au niveau médical, ces techniques de greffage semblent promues à un bel avenir car, outre le fait de donner l'aspect et l’odeur d'une plante inoffensive (répression oblige), elles peuvent, dans une certaine mesure, augmenter le volume de fleurs par pieds – donc de résine extraite (fait intéressant fortement les cultivateurs illicites pour usage médical). Dans la quatrième partie de ce livre (futur Tome 2), vous découvrirez un chapitre entier consacré à ce sujet. Il est à noter l'existence d'une technique de greffe cellulaire, permettant de greffer grand un nombre de plantes sur du Cannabis. Ces études (clandestines) semblent être encore expérimentales (dans leurs réalisations) et surtout d’un domaine illégal qui évolue par nature dans le “discret”. Étant une partie censurable, elles ne seront pas rapportées dans cette version du livre. En théorie, il est possible, par cette méthode, de greffer n'importe quelle plante sur n'importe quel autre végétal. Reste donc, à l’expérimentateur, de définir quelle espèce doit être rattachée au Cannabis pour pouvoir produire et stocker de la résine (non cannabique mais avec T.H.C.), et à déterminer , laquelle des deux plantes va devenir porte-greffe (partie racine) ou greffon (partie feuillage). Dans notre cas, il faut que ce soit le Chanvre qui l’emporte sur la partie souterraine puisque c’est sa racine qui produit justement le THC. Une fois au moins un “spécimen viable” obtenu, une technique de bouturage “in vitro” en permet la reproduction végétative et la duplication à l’infini. Les services de répression vont avoir du pain sur la planche si en plus du Chanvre et du Houblon, il va falloir qu’ils surveillent aussi Platanes, Pommiers, Poiriers, Orangers .... en bref, s’ils ne savent plus ou est l’ennemi. Il est un fait : le cannabis, même quand on ne le fume pas, rend parano !

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Extrait d’une page publicitaire : Psykotic collection L’Indien Boutique 36 rue Keller 75 011 Paris Un lapin qui se défonce à la carotte, pardon, … à la cannarotte ! B) Le problème qu’elle soulève : La photographie d’avant illustre tout à fait nos propos. C’est bien là le seul point d’humour que suscite la situation. Il est ici question d’un sujet bien plus sérieux qui traite de la Guerre aux Drogues, de sa non légitimité, des injustices et souffrances qu’elle génère et de sa prévisible défaite dans le cas précis du cannabis. En effet, cette défaite est inéluctable, a terme, mais elle n’est pas pour tout de suite. Et combien d’injustices, combien de dégâts d’ici là ? Attention, il existe toutefois un scénario ou la répression peut gagner ; mais cela l’obligerait à mettre en œuvre des pratiques et des lois non tolérés actuellement. Tortures, exécutions sommaires, peines de prison à vie en camp de concentration … la peur serait alors plus forte que l’envie de fumer ! Quoi qu’encore pour certains … Malgré une interdiction généralisée, fruit d’un complot industriel, qui visait à éradiquer la plante, nombre sont ceux qui bravèrent les foudres de la répression. Ceux qui osèrent se mettre en péril, ont préservé la graine du désastre qu’aurait occasionné sa perte. Aujourd’hui, on redécouvre le Chanvre comme panacée, et à contrario de la répression qui s’intensifie de jour en jour, on peut dire que la graine est sauvée (au moins sous sa forme génétique industrielle). Tout au long de ce livre je vous prouverai au sujet cette répression : - Qu’elle est non seulement injuste, mais aussi stupide et cruelle. - Qu’elle n’a pas lieu d’être, dans mon pays la France, car elle est anticonstitutionnelle. - Qu’elle résulte d’un mensonge et d’exagérations, en tout cas pour ce qui concerne spécialement le cannabis. - Que ce mensonge est subtile et complexe car il est entretenu par ceux à qui nous avons (nous les électeurs) délégué notre confiance ! - Qu’il s’agit donc d’un complot visant à éradiquer la plante et qu’il a failli nous coûter cher en terme de réparation écologique (et économique) planétaire. - Quelle est une justification mensongère pour financer et aider à préparer l’arrivée du fascisme au pouvoir total (de façon indirecte et discrète). A ceci, on peut rajouter qu’en se dotant de lois liberticides, d’un budget énorme et de moyens quasi-militaires, la répression déborde du cadre constitutionnel qui lui est pourtant imposé et ceci, en mettant la démocratie même, en danger. Les moyens mis en place contre nous, les cannabinophiles, pourraient un jour aussi se retourner contre des ouvriers, des manifestants, des acteurs politiques et économiques … J’ai écris ces mots en 1996 … aujourd’hui en 2007 nous sommes en plein dans le sujet et il semble que j’avais malheureusement raison ! Il est important de comprendre que nous avons tous été abusés sur la question des drogues . Parmi tous ces membres des forces de l’ordre, il y en a qui aiment abusivement juger, punir, sanctionner, humilier. Mais ceci est d’ordre pathologique : on devrait les placer en l’asile d’aliénés ou en traitement, pas au pouvoir ! Il serait peut être temps de trouver un nouveau mode de sélection, pour nos policiers et procureurs ! Et pour nos juges aussi, mais ça, on s’en est déjà rendu compte (Affaire d’Outreau). N’oublions pas que la France est le pays d’Europe qui possède déjà le plus d’agents de force de l’ordre par nombre d’habitant. Et que certains de ces derniers jouent bien leur jeu et exigent encore plus de moyens … Le peuple, abusé par le traumatisant discours de l’insécurité et du terrorisme semble vouloir voter dans leur sens. Et c’est ici même qu‘on retrouve de la subtilité dans le mensonge et dans l’art de la manipulation : nos politiques ont trouvé dans le concept d ‘insécurité un thème fédérateur qui s’apparente à celui des drogues et celui du terrorisme. A savoir qu’un peut nourrir l’autre et/ou s’en servir et vice-versa.

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Tripartite qu’il sera plus tard facile de réduire à un seul ennemi. La logique encourue semble simple : renforçons la répression, restreignons encore les libertés, construisons une police toujours plus forte, un contrôle sur les masses toujours plus total et pourquoi pas, rétablissons aussi la peine de mort …notre société se radicalise dans une voie sécuritaire dangereuse qui ne peut déboucher, à terme, que sur du fascisme. C'est-à-dire un pouvoir qui oblige ses désirs par la désinformation obligatoire, la force barbare et la culture de la peur ! Les vieux démons de la droite extrême reviennent aux goûts du jour. Comme celui d’asservir le salarié par exemple. Un peuple de laquais sous payés … D’un coup de baguette magique, le cannabis deviendra logiquement le bouc émiss. .. pardon un des principaux obstacles à la « démocratie » contre lequel, le chef que vous allez être obligé d’élire du coup, est censé diriger d’une main ferme la répression tout en protégeant la morale et les valeurs républicaines (sur fond sonore de trompettes militaires…). Dans une démocratie, ce genre de mensonge peut perdurer un long moment, mais finira toujours par être dévoilé et combattu. Pour continuer à interdire le Cannabis, il faudra alors que nos gouvernants passent de la ruse et du mensonge à la force et c’est le chemin de la dictature qu’autorisent tous ceux qui émettent un vote approbatif à la prohibition. Nous en arrivons à Nicolas Sarkozy, qui semble incarner ce cas de figure. Avant son élection, il s’est annoncé d’emblé hostile au cannabis et vouloir intensifier sa répression (texte rajouté ici en 2007). Si monsieur Sarkozy a prouvé qu’il n’était pas un fasciste, mais un républicain de droite très axé sur le thème sécuritaire, il ne s’en est pas moins appliqué à travailler pour « chiper » des voix au FN et au PC, deux partis adverses dont les membres sont sensibles aux sujet des drogues et de la délinquance. Il a gagné son pari, mais aujourd’hui est contraint au résultat sous peine de perdre cet électorat ! Notre président se retrouve donc en « Porte à faux » dans une situation paradoxale: d’une part il est devenu notre champion contre une extrême droite si surprenante aux élections présidentielles précédentes et d’autre part il est obligé de faire adopter certaines lois satisfaisant cette dernière ! Même s’il ne le désire pas, même s’il n’y croit pas, il travaille à la mise en place d’outils législatifs qui, s’ils tombent un jour dans les mains de personnes antidémocratiques, pourrait mettre en place et consolider un pouvoir totalitaire absolu ! Gageons que l’empreinte fasciste du pouvoir élitiste va s’intensifier au fil des mois qui vont suivre. « Diviser pour mieux régner », le vieil adage plurimillénaire, reprend du service et du galon. Car s’il est bien un comportement qui caractérise la réelle extrême droite, c’est qu’elle agit toujours « par derrière », dans l’ombre, planifiant dans un secret absolu ! S’il vous faut encore, à ce stade de cette encyclopédie, prouver des faits soulignant ce que vous venez de lire, nous comprendrons plus loin, à travers l’exemple de la Suisse (canton du Valais) comment un pouvoir utilise les mensonges et la désinformation à travers des actions de justice et des campagnes de presse diffamantes pour démolir Bernard Rappaz (Valchanvre), le Chanvrier de Saxon, pionnier et symbole du Chanvre suisse. Même si cet homme est loin d’être un modèle de perfection humaine, il n’en est pas moins un agriculteur biologique, un non violent (ce qui tranche avec l’accusation de gangster) et un activiste écologiste qui lutte et qui n’a pas peur de s’exposer personnellement à l’image de notre très français José Bové ! Un rare cas d’intelligence opportuniste et intuitive. Je l’ai fréquenté pendant près de trois années, et c’est pour cela que je sais de quoi je parle ! La question qui devrait maintenant vous venir à l’esprit maintenant à l’esprit est : « Pourquoi tous ces mensonges, ce complot contre le Chanvre et par qui ? Qu’est-ce que tout ceci signifie ? » (Ce point sera développé dans les partis qui suivent). Il est ainsi du monde depuis la nuit des temps, tout n’est que mensonge et tromperie au sein du pouvoir. C’est une guerre, et dans ce cadre, ce n’est pas la manière qui compte, mais le résultat : gagner, rester au pouvoir et imposer sa volonté ! Pour ce fait, tous les moyens sont bons : le mensonge en fait parti et l’emploi de tout ce que la loi interdit aussi ! Jusqu’à l’assassinat s’il le faut (réf. Bérégovoy). Plus l’ancien pouvoir s’accrochera à son rang, plus ce changement sera long et destructeur. Il sera obligé de montrer son vrai visage, violent, irrespectueux des individus, des êtres et de la nature, à la solde

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de l’industrie elle-même vassale de la Finance, seul réel pouvoir aux commandes qui sabote nos démocraties. Et s’est à ce moment là que tous devront faire le choix, le bon : soutenir un système social qui leur apporte de l’espoir, celui de laisser une nature réparée et respectée à nos descendants, celui d’un monde ou le travail est accessible à tous, quelque soit la couleur de peau et les origines sociales. Celui d’un monde ou il n’existera plus nul pays et nuls individu dont la richesse asservira ou nuira aux autres. Le chanvre y jouera un rôle primordial, car c’est un pivot économique indispensable comme nous le verrons un peu plus loin. A ce sujet, et pour preuve de cette affirmation, il a déjà été une valeur d’échange (remplaçant l’or), dans le nouveau monde, à l’époque des colonies anglaises. Je prophétise, certes, mais ce verbe n’a rien de divin ou de médiumnique, c’est de la logique pure. Aussi puissant fut-il, aucun pouvoir n’a réussit à se maintenir dans le temps. Rome est tombée un jour, c’est un berger venant d’Asie centrale qui l’a anéantie. De même, les Nazi ont perdu la guerre lorsqu’ils se sont mis à taper trop fort sur un peuple français qui les soutenait, du moins collaborait en masse, jusqu’alors. Nous sommes aujourd’hui dans une période charnière où s’offrent à nous deux choix : - Celui de continuer à vivre comme on le fait actuellement quitte à mettre en péril notre météorologie mondiale, nos ressources écologiques et énergétiques. Ce mode de vie est actuellement obligé par une direction politique mondiale totalement asservie aux industries et au capitalisme qui les gouvernent. Je pense que le mal répressif qui se prépare est, dans ce cas, malheureusement nécessaire pour que naisse des aspirations de résistance et de liberté à cette dictature banco-industrielle. - Celui de tenter une réparation écologique planétaire profonde en choisissant une autre approche politique de la gestion écologique et de celle énergétique. Il est question d’un autre choix de société ayant pour but le partage par la gestion, la fraternité entre peuples et laissant à notre descendance une planète préservée. Monsieur Sarkozy se dit soucieux de l’écologie et a invité des gens, de convictions politiques différentes de la sienne, à participer à son gouvernement. Ce stratagème qui parait de prime abord très habile, politiquement parlant, ne peut pas fonctionner si ce dernier ne remet pas en cause sa phobie cannabique. En effet, il ne peut pas avoir de réparation écologique sans le chanvre en emploi massif ! Sans cette plante, messieurs Kouchner et Hulot pour ne citer que les plus célèbres, sont pieds et poings liés ! En outre, ce sont des théoriciens, d’une approche différente de celle de monsieur Bové, agriculteur et écologiste pratiquant, plus conscient des réels problèmes et enjeux de ces secteurs. Ce dernier est absent du gouvernement alors qu’il devrait, de part sa popularité, son expérience et ses connaissances, être au moins un interlocuteur privilégié qu’on écoute en matière d’agriculture et d’écologie! A ce stade de notre étude, vous pouvez encore douter de mes propos ! C’est pourquoi, nous enchaînons immédiatement sur notre plante.

1) ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DE LA PLANTE : Dans cette étude, le « texte en vert » est extrait de la page http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_chanvre de Wikipédia.

web

Ce qui va suivre n’est pas forcement le reflet de la pensée officielle en matière de Cannabis puisqu’une sorte de “Tabou” pèse sur le sujet et que l’Éducation Nationale présente une version de l’historique « sommaire » et “aseptisée” où même la variété à corde est présentée comme étant tombée en désuétude de part l’apparition de nouveaux produits chimiques plus “performants” (exemple : Nylon). Les aspects écologique, agricole, économique, social et médical de cette plante subissent alors “une chape de plomb” qui consistait alors à tout simplement les ignorer. Mais cela est en train de changer comme vous allez le constater. Tout ce qui réhabiliterait la plante aux yeux du “vulgus” doit être effacé de la mémoire humaine. On se contente d’enseigner que, bien qu’il ait une origine ancienne, le Cannabis est une plante dont l’apparition dans

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nos pays occidentaux, et le problème qu’il pose, est assez récent. Et d’affirmer que plus aucune raison ne justifie sa culture en nos temps modernes d’autant plus qu’elle est un poison dangereux pour l’avenir humain (thèse du professeur Nahas). Mensonges odieux dont je n’aurai de cesse à démontrer la fausseté tout au long de cette œuvre. Pour confirmer mes dires, citons un passage de Michka (“Le Cannabis est-il une drogue ?”, éditions Georg), déjà cité dans “Fumée Clandestine tome 2 (page 243) : “Le Chanvre nous à vêtu pendant des siècles. On en a fait des drapeaux et des billets de banque. Tissé en toile, tordu en cordage, il a permis le développement de la marine à voile - avec toutes les conquêtes et les transformations de la société qui s’en sont suivies. Il a joué dans l’économie de tous les pays d’Europe un rôle capital”. Mais revenons à notre historique du Chanvre :

« Má, l'idéogramme chinois pour le chanvre, représente deux plantes dans un séchoir ».. 8 000 avant J. C. : le Chanvre pousse à l’état sauvage en Asie centrale (réf. Chris Conrad). En fait, son origine géographique, très discutée, semble surtout se situer dans une région comprise entre la Chine, le nord de l’Inde et l'ancienne U.R.S.S. La N.O.R.M.L., sérieuse référence cannabique des U.S.A. remonte jusqu’à 10 000 ans. « L'origine géographique du chanvre n'est pas certaine : plaines de l'Asie centrale dans le secteur du lac Baïkal pour certains, région moyenne du fleuve Jaune en Chine pour d'autres, ou encore contreforts indiens de l'Himalaya. Les plus anciennes traces archéologiques de son utilisation par l'homme ont été retrouvées en Chine, dans l'un des foyers de la révolution agricole néolithique. Les fouilles du site néolithique de Xianrendong (dans le Jiangxi), daté de 8000 av. J.-C. ont ainsi livré de la céramique, certains pots décorés de fibres spiralées de chanvre[1]. Il s'agirait donc d'une des premières plantes domestiquées par l'homme, probablement tout à la fois pour ses fibres solides, ses graines oléagineuses nourrissantes et les propriétés médicinales de sa résine [2 ». 5500 avant J. C. : Mais les européens ne furent pas longtemps à la traîne pour ce qui est de la connaissance et de l’usage de cette plante : « Depuis l’Antiquité, les peuples germaniques cultivaient également le chanvre, au moins pour ses fibres — utilisées pour la fabrication de vêtements et de cordes pour les bateaux. Ainsi, à Eisenberg dans le Thuringe, des fouilles archéologiques ont mis au jour des semis de chanvre à côté de poteries datant de 5500 av. J.-C. On sait en revanche que, avant la promulgation de la « loi de pureté » Reinheitsgebot, en 1516, influencée par les prescriptions de la moniale Hildegarde de Bingen - qui s'était entichée du houblon - nombreuses étaient les plantes aromatiques et psychotropes qui servaient à renforcer le goût et les effets des bières de l'Antiquité et du Moyen Âge, et à en améliorer la durée de conservation. Le cannabis a de fortes chances d'en avoir fait partie, aux côtés d'autres plantes « magiques » locales : achillée millefeuille, ivraie enivrante, myrte des marais, lédon des marais, marjolaine, trèfle d'eau, armoise, germandrée, genêt à balais, jusquiame, sauge des bois… [9 ». 3000 ans avant J.C. : Au sujet de l’époque de David et de Salomon, la Bible cite le cannabis sous de nom de Kaneh Bosm. Il s’agit essentiellement d’un rôle d’encens dans la liturgie religieuse et d’d’huile sainte pour oindre les roi. Mais on y trouve plus que des allusions au sujet de son aspect psychoactif. Le « buisson ardent » ou Dieu se manifeste à moïse pourrait être la métaphore d’une ivresse cannabique :

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« Une lecture de l’ancien testament révèle que Yahvé « vint à Moïse au milieu d’une nuée » et que cette nuée provenait de la fumée produite par la consumation d’encens ». Extrait de Kaneh Bosm de Chris Bennett. Yahvé est un Dieu écologiste : « Et, dit Eloim : voici, je te donne en nourriture toute herbe ensemençant semence sur la surface de la Terre, et tout arbre qui porte en lui le fruit d’arbre ». Genèse I : 29-30. Finalement, rien ne s’oppose dans la Bible, que le cannabis soit « l’herbe des chrétiens ». Nous verrons plus loin que c’est un Pape qui diabolise ce végétal en l’assimilant aux autres plantes sorcières. 2727 avant J. C : la plus vieille trace écrite d'utilisation du Chanvre par l'homme se retrouve dans d'anciens textes de la Pharmacopée chinoise. « La plus ancienne tradition d'un usage médical du cannabis semble également chinoise : la plante fait partie des trois cent soixante-cinq remèdes d'origine végétale décrits dans le plus vieux traité de pharmacopée de l'humanité retrouvé à ce jour. Le Shen nung pen Ts'ao king (Traité des plantes médicinales de l'empereur Shen Nung), 2737 av. J.-C. ne donne pas d'indication thérapeutique précise, du moins dans sa version originelle : antalgique, antiémétique, laxatif, etc. Il est amusant de noter que c'est à ce même empereur Shen Nung que la légende attribue la découverte d'une autre plante psychotrope dont l'usage est aujourd'hui répandu sur tous les continents, le thé.[3 ». 2000 avant J. C – Egypte : Comme pour faire écho à cet aparté, le magazine RAGGA (n° 28/mars 2002/page 34) nous apprend que 2000 ans avant Jésus Christ, la résine de Cannabis était déjà employée comme encens lors des cérémonies funéraires en Egypte. « “… des papyrus égyptiens vieux de 4 000 ans parlent du Chanvre comme une plante du plaisir propice au pardon des péchés” (A.S.U.D. Journal, N°11 Printemps 96, page 14 début de texte) ». 1500 avant J. C. en Europe : « La découverte de la plus ancienne pipe du monde dans des tombeaux datant de l'âge de bronze (1500 av. J.-C.), à Bad Abbach (Bavière) tend à prouver que l'absorption de psychotropes sous forme de fumée inhalée en Europe est bien antérieure à la découverte du Nouveau Monde[8] ». 1500 avant J. C – Egypte, la tendance de l’usage technique du chanvre se confirme dans le temps et ne fut jamais un effet d’une mode : « En Égypte antique, on trouve également une trace écrite de l'utilisation médicinale du chanvre. Ainsi le papyrus Ebers (rédigé 1500 ans av. J.-C.) mentionne l'utilisation d'huile de chènevis[4] pour soigner les inflammations vaginales (formule n°821, p.96, lignes 7-8) ». Le RHY-YA, traité de botanique, XVe siècle avant J.C. (certains affirme XXe siècle), mentionne et décrit le chanvre : « L’usage du cannabis est mentionné pour la première fois dans un traité de botanique chinois vieux de quarante siècles : « LE RHY-YA » (usage thérapeutique). Le plus ancien texte sacré des hindous (l’ATHARVAVEDA) la cite également sous le nom de « BHANG » (elle fait alors partie des cinq plantes magiques en usage dans les rituels destinés à préserver l’homme des catastrophes et de ses ennemis) » ( http://fraddondi.fr/le-cannabis-1/ ). Le Chanvre semble donc connu et utilisé depuis la « nuit des temps ». On peut même affirmer, comme d’autres auteurs, que cette plante est la plus vieille compagne de l’homme. Cependant, on ne sait pas dater son apparition dans le règne végétal. Le problème réside dans le fait qu’on n’a pas trouvé de fossiles de type “Chanvre” et on en déduit simplement que cette apparition est “assez” récente.

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“Cousin germain” du Houblon à bière, encore plus proche génétiquement parlant du Houblon asiatique, certains facteurs biologiques le rattachent aussi à la branche végétale des orties et des lamiers (voir 3ème PARTIE : Survol de la classification biologique de la plante). Nous avons remarqué que cette plante semble être apparue pour la première fois en Chine (en tout cas pour le monde “connu” de l’époque). Par extension, les pays asiatiques environnants (l'Inde, Népal, Tibet, Indochine...) furent les suivants à en bénéficier. Il semble que, dans un premier temps, on ne connaissait de la plante que ses valeurs thérapeutiques (sédatifs, produits de cures). Par la suite, on découvrit ses propriétés psychotropes, et elle devint vite une plante sacrée, lui conférant un important rôle religieux. Il y a 5000 ans, la fibre de Chanvre n'était peut être pas utilisé massivement pour la fabrication de textile, mais pour la corde, on est sur du contraire. Comprenez que comme le chanvre et ses sous produits sont entièrement biodégradables, il est difficile d’en retrouver dans les fouilles archéologiques et étudier les techniques que permettait ce végétal.. Le Chanvre se développa alors fortement en Inde entre 2000 et 1000 avant J.C., s’intégrant dans tous les secteurs de la société. Sa popularité monta à un tel point que tous les pays voisins en adoptèrent l’usage (entendez par-là, son utilisation sous toutes ses formes).” Il y a 3 000 ans, les Scythes s’adonnaient à de mémorables orgies autour d’un feu de joie où brûlaient des gerbes de Cannabis dont ils respiraient les vapeurs avant d’aller se battre” (A.S.U.D. Journal, N°11, Printemps 96, page 14 début de texte). Inde - en 1400 avant J. C. : on note l’usage culturel et religieux du Cannabis le long du fleuve Indus. Au XI et Xe avant J.C., à l’époque de David puis de Salomon : « Le cannabis serait mentionné dans la Bible, par exemple dans le livre de l'Exode, (30:22-31) l'Éternel ordonne à Moïse de fabriquer une huile sainte avec « cinq cents sicles de myrrhe, de celle qui coule d'elle-même; la moitié, soit deux cent cinquante sicles, de cinnamone aromatique, deux cent cinquante sicles de roseau aromatique ». Ce dernier ingrédient (kaneh bosm en hébreu) pourrait être le chanvre... La preuve de l'usage médicinal du cannabis au Proche-Orient a été faite en 1993 quand une équipe d'archéologues ont découvert à Beit Shemesh, entre Jérusalem et Tel-Aviv un tombeau contenant le squelette d'une jeune fille de 14 ans environ. Des pièces romaines ont permis de dater cette tombe au IVe siècle de notre ère. La région pelvienne contenait le squelette d'un fœtus à terme, de taille trop importante pour permettre une délivrance par les voies naturelles. Un résidu carbonisé trouvé sur l'abdomen de la jeune fille a révélé à l'analyse spectrographique contenir du delta-6-tétrahydrocannabinol, un composant stable du cannabis. Les auteurs de la découverte ont supposé que ces cendres provenaient de la combustion de cannabis dans un récipient, administré à la jeune fille comme inhalant pour faciliter l’accouchement [14] ». En 500 avant J. C., Bouddha survécu pendant un an en mangeant uniquement des graines de Chanvre. La légende affirme : une graine par jour ; mais en théorie, une poignée quotidienne suffit à se maintenir en vie. A la même époque, le trafic commercial de la variété psychotope semble aussi être très développé de l’Europe du nord au bassin méditerranéen : « Le cannabis était bien connu des Scythes, si l'on en croit l'historien grec Hérodote[5] (450 av. J.-C.), qui décrit une séance de fumigation collective entraînant l'hilarité des participants. Le professeur Serguei Ivanovich Rudenko, archéologue russe, a confirmé l'utilisation courante du cannabis par les Scythes avec la découverte en 1929 sur le site de Pazyryk d'un chaudron de bronze rempli de graines de chanvre carbonisées, ainsi que des vêtements de chanvre et des encensoirs métalliques [6]. Ces peuplades nomades, qui ne pratiquaient pas l'agriculture, ont probablement joué un rôle dans la diffusion du chanvre, à travers leurs migrations dans les steppes eurasiennes. Le chanvre est en effet une plante rudérale, qui colonise les habitats anthropisés (perturbés par l'homme). Elle est écologiquement adaptée aux milieux ouverts (donc ensoleillés), aux sols riches en azote (à cause des déjections des troupeaux), caractéristiques des abords de campements [7] ». Si on se représente mentalement la carte du monde en se positionnant sur l’Inde à cette époque, on s’aperçoit qu’elle y représente le centre économique, géographique, militaire, politique, intellectuel et technologique de ce

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dernier (Égypte en déclin mise à part). Sa position de “Carrefour du monde”, à son époque, permit au Cannabis de débuter ici son développement mondial par la route des épices : - A droite de l’Inde, se trouve le commencement de l’Asie. On sait que notre plante s’y introduisit aussi par la Chine (logique), ce qui explique son expansion, les siècles passants, sur toute la bordure du sud-est asiatique, ainsi que dans l’Océanie et par voie de conséquences, l’Australie. - Plus au nord, la chaîne de l’Himalaya formant une véritable barrière, et plus haut encore, le climat ne convenant guère au Chanvre (même à corde, c’est à dire adapté à un climat plus frais et plus humide), notre plante demeura quasi inconnue. De plus, la tradition alcoolique y régnait déjà (boissons, fermentées) et les “plantes à drogues” locales remplissaient entièrement leur rôle médical et religieux. On note quand même sa présence au moins au IVe siècle le long de la Volga ou les Scythes le commercialisaient intensément depuis plusieurs millénaires. On connaît le rôle important qu’ils jouèrent en Grèce et en Macédoine pendant l’Antiquité et le début de notre ère Chrétienne. Il est donc évident que le reste du bassin méditerranéen ou les échanges commerciaux étaient, à cette époque, les plus florissants du monde, eut connaissance de la plante et de ses différents sousproduits. D’ailleurs, il faut du chanvre pour les bateaux ! Pour tous ces sujets, “Fumée Clandestine” vous instruira plus en détail (comme dans beaucoup d’autres points soulevés tout au long de cette encyclopédie, d’ailleurs). A noter : en 450 avant J. C., Hérodote écrit que les Scythes font du linge fin en Chanvre. - A gauche, par contre, la lente progression de cette dernière à travers la Perse (l’actuel Iran), la Turquie, et la péninsule Arabique semble s’arrêter un moment à la frontière de l’ancienne puissante Égypte. L’Afrique du Nord, en tout cas, semblait momentanément “épargnée”. Ce ne sera que plus tard, au moment des conquêtes musulmanes, que le Chanvre s’étendra à ces pays. Nous reviendrons plus tard sur ce point. Il est à noter qu’à cette époque, les populations africaines en dessous de l’Égypte sont soupçonnées d’avoir connu le Chanvre au moins sous la forme textile. Mais voilà, comme il fait chaud dans ces pays et que le Chanvre y transpire beaucoup de résine... - Au sud, grâce a des échanges maritimes soutenus et en raison du fait que des Indiens se retrouvèrent à Madagascar, c’est le centre et le sud de l’Afrique qui sont à leur tour “touché”. Donc, de notre côté, le Chanvre s'étendit d’abord par la Perse, utilisé d'abord exclusivement pour les rites religieux. Son secret fut vite mis à jour par le peuple, qui l'utilisa à son tour pour son bon plaisir. De la Perse, le Cannabis passa en Assyrie et au Moyen-Orient, semblant « épargner » cependant les Égyptiens et les Hébreux dans un premier temps. (Aparté : première grande contradiction avec cette théorie historique; dans “Nos Drogues Quotidiennes”, à la page 13 du livre, on apprend que les Égyptiens avait un faible pour le Chanvre et ce, deux mille ans avant notre ère. Les textes anciens prouvent ce fait mais l’historique officiel en fait totale abstraction. Idem pour les hébreux. Nahas fait de même au sujet des Israélites d’aujourd’hui qu’il présente comme d’inconditionnels non consommateurs de Chanvre alors qu’ils en fument proportionnellement autant que le reste des humains de la planète. Juste une question pertinente : en quoi était fait l’essentiel des vêtements de ces peuples en ces temps reculés ? … en laine, en coton, en lin et surtout en Chanvre bien évidement.). Comme pour faire écho à cet aparté, le magazine RAGGA (n° 28/mars 2002/page 34) nous apprend que 2000 ans avant Jésus Christ, la résine de Cannabis état employée comme encens lors des cérémonies funéraires en Egypte. Vers 450 avant J.C. : « Le cannabis était bien connu des Scythes, si l'on en croit l'historien grec Hérodote[5] (450 av. J.-C.), qui décrit une séance de fumigation collective entraînant l'hilarité des participants. Le professeur Serguei Ivanovich Rudenko, archéologue russe, a confirmé l'utilisation courante du cannabis par les Scythes avec la découverte en 1929 sur le site de Pazyryk d'un chaudron de bronze rempli de graines de chanvre carbonisées, ainsi que des vêtements de chanvre et des

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encensoirs métalliques[6]. Ces peuplades nomades, qui ne pratiquaient pas l'agriculture, ont probablement joué un rôle dans la diffusion du chanvre, à travers leurs migrations dans les steppes eurasiennes. Le chanvre est en effet une plante rudérale, qui colonise les habitats anthropisés (perturbés par l'homme). Elle est écologiquement adaptée aux milieux ouverts (donc ensoleillés), aux sols riches en azote (à cause des déjections des troupeaux), caractéristiques des abords de campements[7] ». Les Grecs et les Romains connaissaient le Cannabis, l’utilisaient pour sa fibre, mais pas massivement pour ses propriétés psychotropes (peut-être que les Grecs l’utilisèrent un peu plus dans leur Pharmacopée, du fait de leurs relations étendues avec les Scythes). « Dans l'Empire romain, on retrouve la trace du chanvre dans plusieurs écrits, comme ceux de Pline l'Ancien. Celui-ci y consacre un paragraphe dans son Histoire naturelle (livre XIX traitant de la culture du lin et de l'horticulture)[10] où il donne de précieux conseils en matière de choix variétal, date de semis, de récolte, etc. Dioscoride évoque pour sa part le chanvre « qui fait venir au-devant des yeux des fantômes et illusions plaisantes et agréables. », tandis que Galien met en garde[11] contre cette plante : « Certains mangent les graines frites avec des sucreries. J’appelle sucrerie les nourritures servies au dessert pour inciter à boire. Les graines apportent une sensation de chaleur et si consommées en grandes quantités, affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques » ». Le mot Cannabis (Latin) vient du Persan Kanabas, d'où dérivèrent les mots assyrien Quanabu et grec Kanabis; ce dernier terme s’éloignant cependant de son sens d’origine en se voulant être le synonyme de bruit. Une forme plus ancienne de la racine du mot apparaît dans l’hébreux antique sous la forme de Kaneh, probablement emprunté à une autre langue encore plus ancienne : l’Egyptien. En 300 avant J. C., les Carthaginois et les Romains se battent pour avoir le monopole de la route des épices et du Chanvre. A la même époque : « En Chine, l'époque des Han occidentaux, au IIIe siècle le grand chirurgien Hua Tuo réalise des opérations sous anesthésie en utilisant le chanvre indien. Le terme chinois pour

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anesthésie ( : má zuì) est d'ailleurs composé de l'idéogramme qui désigne le chanvre, suivi de celui qui signifie l'ivresse ». En 100 avant J. C., les Chinois font le premier papier à base d’un mélange Chanvre Mûrier. Lors de sa conquête de la Gaule, Jules César observe que nos ancêtres faisaient pousser beaucoup de chanvre. Au IIe siècle après J. C. : les romains transforme une agriculture du chanvre gaulois basée sur une réponse des besoins locaux en une super production reliée au commerce et aux industries. L’enjeu est avant tout militaire. « Au IIe siècle, les Romains vont introduire la culture du chanvre en Gaule avec celle du seigle, de la gesse et de la vesce. La fouille archéologique de la villa de Saint-Romain de Jalionas (Isère) met ainsi à jour plusieurs aires de rouissage du chanvre. Le plant de chanvre doit en effet subir une décomposition partielle afin que le ciment pectique et les fibres ligneuses se désolidarisent des fibres de cellulose. L'immersion des pieds dans l'eau permet d'accélérer ce processus. D'autres découvertes archéologiques, aussi bien dans la région de Marseille[12] que dans le Sud-Ouest[13] (site de Al Poux dans le Lot) laissent cependant supposer que le chanvre était cultivé et utilisé en Gaule bien avant la romanisation ». 600 après J. C Contrairement à d’autres précisions historiques, vers l’an 600, les Germains, les francs et les vikings utilisaient tous la fibre de Chanvre (ref. : Chris Conrad). Autre contradiction historique : en 770, les Chinois réalisèrent le premier livre imprimé (le Dharani), 680 ans avant Gutenberg et comme lui, utilisèrent le chanvre pour ce faire. Au IXe siècle, l’introduction du coton entame le monopole du Chanvre dans l’habillement et la fabrication des filets.

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742-814 : « Au Moyen Âge, l'empereur Charlemagne va fortement encourager la culture du chanvre. Il s'agit alors d'une denrée stratégique, gage de prospérité, en raison des nombreuses utilisations permises par sa fibre : vêtements, cordages, voiles. À la même époque, les Arabes apprennent de prisonniers de guerre chinois le secret de la fabrication du papier, après la bataille d'Atlah. Celui-ci est obtenu à partir d'écorce de mûrier et de fibres de chanvre. Une seconde vague de diffusion de la culture du chanvre accompagnera donc les invasions arabes, en Afrique du Nord, puis en Espagne, en France, en Sicile. Les Arabes ont en effet perfectionné la technique de fabrication du papier à partir de chanvre, papier qui sert de moyen de diffusion des manuscrits arabes, dont le Coran, mais également de nombreux textes de portée scientifique (mathématique, astronomie, médecine, etc.), littéraire ou philosophique. Ils installent leurs moulins à papier en Andalousie au début du XIe siècle. Les traités médicaux arabes et perses décrivent de manière détaillée l’action du chanvre et son potentiel thérapeutique [15] ».

C’est précisément en l’an 800 que Mahomet interdit l’alcool et « autorise » le Chanvre (ref. : Chris Conrad). Xe et XIe siècle : « L'abbesse allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179) en cultive dans le jardin du couvent, aux côtés d'autres simples, sous le nom de "Cannabus". Elle préconise son usage [16] pour combattre les nausées (anti-émétique) et contre les douleurs à l'estomac. À la même époque (1090) Hassan Ibn Sabah établit ses quartiers dans la forteresse d'Alamut, au Nord-Ouest de l'Iran actuel et met en place un ordre guerrier. Cet ordre est doté d'un corps d'élite constitué d'hommes entièrement dévoués à sa cause et prêts à mourir pour elle. Marco Polo [17], mentionne « certain breuvaige à boire, par le moyen duquel ilz estoient incontinent troublez de leur esperit, & venoient à dormir profondement », pour le conditionnement des fedayins. Plusieurs auteurs [18] du XIXième et du XXième siècle se sont inspirés de ce récit dans leurs œuvres, reprenant ou contestant l'hypothèse linguistique qui ferait dériver le terme assassin de l'arabe « haschischiyoun » ou « haschaschin » (mangeurs d'herbe), et signerait l'usage du chanvre indien par cette secte ismaëlienne ». 1378 : début de la persécution. « C'est en terre d'Islam qu'est édictée la première interdiction concernant le cannabis : en 1378, l'émir Soudoun Sheikouni interdit la culture du cannabis en Égypte, à Joneima, et condamne ceux pris en train d'en consommer à avoir les dents arrachées[19] ». XVIe siècle en Europe : « À la Renaissance, l'Église s'attaque à la sorcellerie en s'appuyant sur les tribunaux de l'Inquisition. Le pape Innocent VIII assimile en effet la sorcellerie à une hérésie. La bulle papale Summis Desiderantis Affectibus, en 1484, donne le chanvre pour un sacrement du sabbat de Satan. Cette décision va contribuer à marginaliser un savoir populaire ancestral[20] en matière de plantes médicinales. Mais la même année est imprimée la première édition illustrée de l'Herbarius pseudo-Apulée, dans lequel apparaît le chanvre. Paracelse décrit également la plante dans plusieurs de ses travaux. Et plusieurs célèbres herbiers allemands, dus à Otto Brunfels, Hieronymus Bock et Leonhart Fuchs contiennent des planches dédiées au chanvre. François Rabelais, dans son Tiers Livre décrit sur le mode humoristique une plante merveilleuse qui ressemble à s'y méprendre au chanvre : le Pantagruélion[21]. En Inde, Bhavamishra décrit dans ses traités médicaux les propriétés et les préparations à base d'opium et de cannabis[22]" ». XVIe siècle en Europe :

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« On sait en revanche que, avant la promulgation de la « loi de pureté » Reinheitsgebot, en 1516, influencée par les prescriptions de la moniale Hildegarde de Bingen - qui s'était entichée du houblon - nombreuses étaient les plantes aromatiques et psychotropes qui servaient à renforcer le goût et les effets des bières de l'Antiquité et du Moyen Âge, et à en améliorer la durée de conservation. Le cannabis a de fortes chances d'en avoir fait partie, aux côtés d'autres plantes « magiques » locales : achillée millefeuille, ivraie enivrante, myrte des marais, lédon des marais, marjolaine, trèfle d'eau, armoise, germandrée, genêt à balais, jusquiame, sauge des bois… [9 ».

« Planche sur le chanvre, tirée du Kraüterbuch du botaniste allemand Leonhart Fuchs (1543) ».

XVIIe et XVIIIe siècles en Europe : « Au XVIIe et XVIIIe siècles, les puissances européennes se disputent la suprématie navale et le contrôle des points de passage stratégiques, alors que les échanges maritimes intercontinentaux sont en plein essor. Les navires sont alors propulsés par la seule force du vent. Le chanvre est utilisé pour fabriquer les cordages, les câbles, les échelles et les haubans, ainsi que les voiles. « Un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et 6 à 8 tonnes sous forme de voile, par an. », relève le professeur agrégé d'histoire Serge Allegret[23]. Le chanvre a donc pendant cette période la place d'un matériau stratégique, au même titre que le charbon quand apparaîtront les machines à vapeur ou le pétrole aujourd'hui En France, Colbert crée en 1666 la corderie royale associée à l'arsenal de Rochefort sur Mer, et réalise un important travail pour sécuriser l'approvisionnement en chanvre national. Les marines hollandaise et anglaise sont équipées de voiles tissées aux Pays-Bas à partir de chanvre d'excellente qualité produit en Livonie (actuels pays baltes). Grâce à la technique du tissage à un seul fil, les toiles obtenues sont plus performantes (solides, légères et souples) ».

2) L’EXPANSION DU CANNABIS A TRAVERS LE MONDE : détails. A) Du Xe au XVe siècle : Après l'Inde, c'est au Moyen-Orient que l'usage du Chanvre se répandit. Rapidement favorisé par l'Islam qui préconisait l'interdiction de boissons alcoolisées, on en tirait un extrait appelé "Haschich" en arabe ou "Shesha" en Hébreux qui signifiait "Herbe". Cette plante est vite rentrée dans les us et coutumes du monde arabe, devenant la "défonce officielle". Les invasions arabes du IXe au XIIe siècle, introduisirent le Cannabis dans toute l'Afrique du Nord. A cette époque, l'Espagne, pourtant partiellement envahie et “Islamisée”, n'adopta pas l’usage toxicomaniaque du Cannabis. D'ailleurs, en règle générale, l'Europe résista au coté euphorique du Chanvre, forte de sa "tradition alcoolique" (pour plus de détails par rapport à tout ce qui vient d’être dit, voir “Fumée clandestine” et “Nos

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Drogues Quotidiennes”, début du livre). C’est pourtant en Espagne, plus précisément à Alicante en 1150, que fut établi le premier “moulin à papier” européen, preuve de la présence du Cannabis dans ce pays. Cependant, je passe directement de l’époque du Christ au début du deuxième millénaire sans en commenter énormément le premier, pourquoi ? Explication : à la fin de la première moitié du premier millénaire, les nations d’après le bouleversement de l’effondrement de l’Empire Romain étaient en phase de “construction”. Les deux blocs Chrétiens et futurs Musulmans, déjà commercialement et culturellement éloignés (de même les valeurs et traditions de l’Empire romain d’Orient étaient différentes de nos valeurs chrétiennes d’Occident) organisèrent leur société indépendamment l’une de l’autre. L’Europe s’organisait à sa manière autour d’un Pape plus Catholique que Chrétien et une forme de “défonce” semble être un des vecteurs unificateurs de cette dernière : le Vin et les boissons fermentées. Le parallèle - expansion du Cannabis en terre musulmane et expansion de l’alcool en territoire “Chrétien” met en évidence une concurrence effrénée des deux civilisations : de tout temps, toutes les religions ont su prendre le dessus sur l’esprit des gens en imposant une drogue rituelle et en s’appropriant les secrets de fabrication de toutes substances menant “au bonheur ou au malheur”.

Et si le Cannabis avait remplacé le vin dans les écrits … ? (Houlà, je sens que je vais me faire des ennemis ici !)

Du sorcier au pape, les drogues ne sont que des instruments de pouvoir et de persuasion quand on fait en sorte que le peuple n’en ait pas un usage libre et la connaissance. Lorsque cependant, le cas arrive, les religieux perdent leur autorité et leur part de mysticisme, les politiciens (ou politiques) leur crédulité. Il ne reste alors plus que la force pour maintenir la cohésion sociale. Il est intéressant de reprendre le thème précédant et de le développer. Les Grecs et les Romains représentent la civilisation du vin aux valeurs opposées à celles du monde cannabique. L’Église Romaine s’est fait héritière de cette tradition pour rassembler ce qui à l’époque pouvait devenir un ou des peuples. Même les barbares du nord de la future Europe pouvaient finir par se faire convertir et civiliser puisqu’ils avaient des coutumes et rites proches des nôtres : ils buvaient “à s’en crever la panse”. A cette époque, fameux renfort, ces dizaines de millions d’âmes supplémentaires, face à tous les dangers qui menacent l’Europe (Ref. aux Grandes Invasions). Les barbares envahisseurs et ennemis, une fois convertis au catholicisme devenaient alliés et vassaux. Les Papes successifs gérèrent au mieux la politique internationale de leur temps et méritèrent l’appellation de” Rois des rois” par les rôles d’arbitres politiques qu’ils jouèrent.

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L’église s’est accaparée, dès l’effondrement du monde romain, de la fabrication d’alcool issu des jus de raisins, des distillations de fruits dans les pays d’Europe du sud et des alcools de fermentation de houblon et céréales dans les pays du nord de l’Europe. A la même époque, la médecine et sa Pharmacopée fort pauvre, se firent aussi ecclésiastique, isolant les peuples européens des connaissances médicales. Au niveau populaire, la connaissance des plantes ne concernait qu’une tranche minoritaire de gens en contact avec la nature comme les bergers. Bien sur, tout le monde avait « ses remèdes », mais le savoir des plantes toxiques ou « magiques » n’appartenait qu’à quelques initiés et fut diabolisé : on ne pouvait pas le dévoiler sans prendre le risque de passer pour un(e) sorcier (ière) ! D’où certainement l’expression « se faire griller » pur désigner le fait qu’on se fait attraper ! Le Concile de Latran, en 1215, va encore plus loin en assimilant le vin au sang du Christ. Dès lors, la boucle est bouclée et l’Église Vaticane prend une option de pouvoir sur l’Europe qui dure et perdure, avec parfois des hauts, parfois des bas, depuis près de 800 ans. C’est donc comme « défonce », par opposition à celle de l’Église Romaine, que le Kif fut toléré et importé par la civilisation arabe. Force est de reconnaître que la religion “fondée” par Mahomet semble plus portée sur des règles strictes de bonne hygiène de vie que celle des Chrétiens, en tout cas moins hypocrite. Je ne dis pas cela pour insulter les chrétiens, je tiens à préciser ici que j’en suis un, mais c’est une constatation réaliste ! Il faut donc bien comprendre que le Cannabis ne fut donc pas hissé au rang de panacée par les Arabes, voir même déconseillé ou combattu (il fut même, à la longue, interdit par les religieux musulmans sous prétexte de créer une “langueur” chez les individus en consommant). Seulement, stratégie politique oblige, on le laissait bien plus libre d’emploi dans les régions récemment islamisées où l’alcool pouvait revenir en position de force. Il fallut donc attendre les invasions arabes de la fin du premier millénaire et du début du second millénaire pour que le Cannabis soit exporté sur des territoires ne le connaissant pas ou peu. Ce qui conforte ma remarque du début de cette partie : le Chanvre en resta aux pays le connaissant et ne s’étendit pas aux autres à cette époque à cause du désordre complexe de l’effondrement de l’Empire Romain et de ce qui en suivit. Bref, mais je m’égare ..., pour revenir à nos moutons (le titre de cette partie : A) Du Xème au XVème siècle :) enchaînons par ce qui suit : Dans les pays arabes, le Haschich était consommé à la fois par les oppresseurs et les opprimés, par les dirigeants et les dirigés. Il était consommé pour accroître les plaisirs ou échapper à la misère quotidienne (certains doivent se reconnaître ici dans notre époque actuelle). Une telle attitude d'abus de consommation engendra des conséquences sociales révolutionnaires, et pour cause : -Un ralentissement de la production des exploités (phénomène net amplifié par l'important niveau de pauvreté et de non-respect de l'individu et des libertés). La prise de dérivés cannabiques ramollit un peu, certes, les individus, mais les rend surtout plus rebelle face à l'injustice et à l'inégalité. -Un ramollissement de la classe dirigeante (dû plutôt à l’embourgeoisement de cette dite classe à un moment où le monde arabe rayonnait dans le monde entier). -Une déstabilisation sociale (due plutôt au phénomène marquant d’instabilité politique de l’époque). La répression s'installa, cruelle (arracher les dents des usagers, les emprisonner...), mais l'habitude était trop profondément ancrée. Toutes les interdictions qui précédèrent ne suffirent pas à enrayer l'usage du Cannabis au Moyen-Orient, tout juste à le contenir et à en faire une pratique cachée. Cette persécution fut le fait de guerres incessantes du Maghreb au Moyen Orient, qui obligeaient que dans sa gestion, le genre humain populaire devait toujours être au « top » de sa productivité pour faire face à l’effort de guerre. Plein de petits « Sarkozy », bien que le notre n’en est pas à torturer quand même, se mirent alors à persécuter les « mauvais éléments » et de faire « leurs choux gras », du pouvoir que cela leur apportait !

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En résumé, pour cette partie : un clivage socioculturel semble avoir empêché d'adopter en Europe, cette habitude orientale jusqu'au XVe siècle : la culture alcoolique et le refus d'adopter des mœurs dites barbares et païennes, prévalaient. Alors indispensables, la corde et le papier de Chanvre firent pourtant leur percée sur le continent. En 1450 Gutenberg imprime la première bible (dite des 42 lignes) sur du papier de Chanvre et en 1492, Christophe Colomb atteint le nouveau monde grâce aux 80 tonnes de voiles et de cordages de Chanvre utilisés. Là aussi, pour plus de renseignement sur cette époque, je vous renvoie à “Fumée Clandestine” et “La Poudre et la Fumée”. En 1484, le Pape Innocent VIII, dès sa prise de fonction, condamne l’usage du Cannabis certainement pour concurrencer les Arabes qui, depuis quelques siècles, interdirent l’alcool et légalisèrent un temps cette plante.

B) Du XVIe au milieu du XIXe siècle : En Europe, si les premières traces de connaissances écrites de la plante datent du XIIe siècle (Rufinus), il faut attendre que Rabelais écrive en 1546 un livre sur le même sujet, pour connaître le premier cas officiel de persécution pour écrits et prises de position en faveur du Chanvre : il fut poursuivi et condamné. Peut-être parce que diabolisée (rattachée à des pratiques de sorcellerie d’après Jean Wier, contemporain et ami de Rabelais) de part sa provenance de coutumes païennes et interdite d’absorption par le Pape Innocent XIII, le tabou planait déjà sur cette plante. Ce qui expliquerait un peu la persécution actuelle de notre plante si toutefois on admet que la “bêtise” est socialement héréditaire et pour longtemps”. En 1545, l’agriculture du Chanvre commence au Chili (Amérique du Sud). En 1564, le roi Philippe d’Espagne ordonne de cultiver le Chanvre dans son empire américain qui s’étend alors de l’Argentine à l’Oregon. Du XVIème au XVIIème siècle, les Hollandais démarrent leur “âge d’or” grâce au commerce du Chanvre.

« Aux grandes heures de la marine à voile, l'approvisionnement en chanvre des nations européennes revêtait un intérêt stratégique ».

En 1631, le Chanvre est utilisé comme monnaie à travers les colonies d’Amérique du Nord pour les échanges commerciaux. En 1776, la Déclaration d’Indépendance des États-Unis est dressée sur du papier de Chanvre. (n.b. : elle est souvent exposée au musée de la ville de Washington : vieille de plus de 230 ans, elle n’a pas jaunie ni craquelée comme l’aurait fatalement fait un papier tiré du bois !). Même Georges Washington en faisait pousser quelques hectares dans ses propriétés (corde et textile). Pudiquement, on explique officiellement aujourd’hui qu’ils ignoraient alors tout des propriétés psychotropes, et que la mentalité expansionniste de la jeune et puritaine Amérique, semblait difficilement compatible avec une habitude de contemplation intérieure et de révolte face à l'autorité. J.P. Galland déclare le contraire en affirmant que le célèbre président américain cité juste avant, triait avec soin les pieds mâles des femelles; argument qui fait fortement penser à une technique de culture utilisée pour la production de plantes les plus résineuses possibles. De plus, sa théorie sur la “déjà connaissance” de la plante et de ses propriétés par le biais des esclaves d’origine africaine tient “fortement d’aplomb”.

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Peut-être que parmi l’élite, certains avaient percé le secret du coté psychoactif de la plante. Mais personne ne dit que ce sont peut-être les Amérindiens qui aurait initié quelqu’un comme Washington, par exemple, du fait de leurs participations aux multiples et longues guerres opposants l’Angleterre et la jeune Amérique naissante.

Sans Chanvre … pas de marine, pas de conquêtes, pas de colonies … Intéressante théorie, mais hélas, on n’a toujours pas trouvé de trace de la plante dans ce qui nous reste de la nation amérindienne des 5 derniers siècles et auparavant. Alors on devra, pour l’instant, se contenter de la version historique actuelle qui nous précise que ce sont les Anglais qui ont apporté le Chanvre, d’abord aux Antilles (XVIème siècle), puis au reste de l’Amérique (XVIIème siècle). Anglais que plus tard, Napoléon tenta d’isoler du reste du monde (blocus). Il déclencha la guerre à la Russie rien que pour l’empêcher de livrer du Chanvre à la Perfide Albion (brut ou manufacturé). 1788 - 1789 : Vizille, berceau de la Révolution Française et grosse productrice de Chanvre. Claude Périer, riche marchand exotique anoblit par l’achat du titre de marquis de Vizille. En fait, s’il était bien propriétaire du marquisat de Vizille, il n’en eut jamais le titre : « La famille Périer, qui a donné de nos jours un ministre célèbre, deux pairs de France et un président de la République Française, est originaire du hameau de Périer, en Dauphiné. Au siècle dernier elle a acquis dans le commerce une fortune considérable, et son chef, Claude Périer,acheta en 1778, pour entrer dans la noblesse, une charge de conseiller secrétaire du Roi en la chambre des comptes du Dauphiné ; il fut nommé à cette charge par lettres patentes du 31 décembre 1778 et reçu le 21 janvier 1779. La Révolution française l’en déposséda comme tant d’autres, en 1790, sans qu’il ait pu obtenir les lettres d’honneur qui devaient lui donner, pour lui et ses enfants, la noblesse héréditaire. Devenu alors très gros propriétaire terrien, cet étonnant personnage conforta sa fortune acquise par le commerce avec la culture du Chanvre, sa transformation en matière textile et la revente de cette dernière. Il a su profiter des faveurs de l’ancien régime et tirer parti de la Révolution française … … Claude Périer, conseiller du Roi, Garde scel de la juridiction des Gabelles de Grenoble, charge qu’il résigna en 1778 en faveur de son cousin François Périer, acheta une charge de conseiller secrétaire du Roi en la chambre des comptes de Dauphiné et fut nommé par lettres

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patentes du 31 décembre 1778 et reçu en charge le 21 janvier 1779. Il acquit, par acte devant Me Bronod, notaire à Paris, le 5 juin 1780, moyennant 1.024.000 livres, de Gabriel Louis de Neufville, duc de Villeroy, la terre et seigneurie de Vizille, où il offrit en 1789 asile aux réunions des assemblées provinciales du Dauphiné. Né à Grenoble le 28 mai 1742, + à Paris, le 6 février 1801, il fut député de l’Isère (26 décembre 1799) et avait épousé, le 28 avril 1767, MarieCharlotte Pascal, née aussi à Grenoble, le 6 décembre 1749, + à Grenoble le 31 juillet 1831, dont il eut neuf fils et trois filles : » (http://gillesdubois.blogspot.com/2008/04/notice-sur-la-familleprier.html ). Les tisserands de Voiron (ville au nord de Grenoble), fabriques appartenant aussi à Claude Périer, et confectionnaient ce Chanvre (celui du marquisat de Vizille) mais aussi celui de la vallée du Grésivaudan (au moins de Meylan jusqu’à Crolles soit 25 km) en tissus, draps, toiles, bâches, cordes, ..., dont la qualité exemplaire était connue dans toute la France de cette période, certes, mais aussi jusqu’à l’autre “bout du Monde”. A cette époque, le Chanvre était le seul moyen de revenus de plus de deux tiers de la population du marquisat de Vizille, puisque presque tous, du paysan au contremaître, œuvraient pour Claude Périer. Ce Cannabis servait déjà de base céréalière pour la nourriture des bêtes ou des gens en cas de disette. Le travail après récolte de cette plante (rouissage, teillage) s’avérait pénible et abîmait la santé des ouvriers spécialisés (souvent des enfants) dans cette tâche (humidité permanente). Notons qu’aujourd’hui, le procédé d’extraction de la fibre n’est plus le même (mécanisation) et n’apporte pas les mêmes contraintes physiques. Pour plus de précisions, lire le magnifique livre “Barthélemy de Vizille, ou la naissance d’une révolution” de Michel Etievent, éditeur : Mairie de Vizille. Les habitants de Vizille se plaignaient de l’odeur désagréable que dégageait le Chanvre transporté des champs à la Fabrique des Périer lorsqu’on le sortait des béals ou il avait macéré jusqu'à la fermentation des tiges afin que les fibres se dégagent de l’écorce et du bois.

Insérer ici photocopie du décret municipal vizillois sur le transport du chanvre roui Comme autres traces du Chanvre dans notre passé, on trouve à Meylan (38) la rue du Béal (nom des ruisseaux spécifiques à la culture du Chanvre), le quartier des Béalières (ouvrières des champs et de la récolte), .... et dans toute la vallée du Grésivaudan et ses hauteurs, mais aussi autour de Vizille, les appellations courantes de Chènevières et Chênevarie. Le Chanvre meylanais avait poussé en grande superficie jusqu’à peu près 1910. Par la suite, certains agriculteurs continuaient sa culture en surface plus réduite pour des besoins personnels (cordage essentiellement) jusqu’à son interdiction généralisée dans les années 60. Mais revenons en arrière dans le temps ! Juste après la période révolutionnaire, ce sont les soldats de Bonaparte qui ramenèrent dans leurs bagages, du Haschich et des graines de Chanvre au retour de la campagne d’Égypte. Bien que ce dernier en ait fortement interdit l’usage dans ce pays (ainsi qu’au sein de ses troupes), après un attentat dirigé contre sa personne par un musulman sous ivresse cannabique. Le 8 octobre 1800 Bonaparte édicte un décret interdisant dans toute l'Égypte l'usage du hachisch C’est à partir de cette époque seulement que la France s’intéresse au Haschich; et non pas au Chanvre qu’elle connaît depuis longtemps en tant que grande puissance militaire dotée d’une flotte importante (besoin en fibres solides pour le cordage, les tissus de voilure, ...). Au fait, les Grecs qui étaient sensés consommer peu de dérivés cannabiques aux alentours du début de notre ère chrétienne, se sont bien rattrapés depuis. Ce sont, à cette époque, de gros producteurs ainsi que de gros consommateurs de Chanvre à T.H.C., plus encore en fin du XIXème siècle et au début du XXème.

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Dans la même période, leurs ennemis héréditaires, les Turcs, étaient leurs meilleurs clients et fumaient leur haschich. Dans le passé (à l’époque de Rabelais, comme le décris Wier), les Turcs, employèrent massivement le Cannabis plutôt sous forme de boisson qui se révélait être une sorte de décoction de notre plante dans du vin mélangé à de la Myrrhe. J’en ai goutté, c’est excellent au goût … mais vraiment très puissant. La coutume de fumer le Chanvre y est donc assez récente. La Marie-Jeanne aurait-elle tendance à accorder ces deux peuples historiquement opposés... ? Dans la décennie 1830 : « Dans les Caraïbes anglophones, l'usage psychotrope du cannabis serait selon certains auteurs une conséquence de l'abolition de l'esclavage en 1833. Celui-ci aurait été importé avec la main-d’œuvre indienne destinée à remplacer les anciens esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre. Main d'œuvre qui emmena dans ses bagages des graines de chanvre indien. Le nom donné aux indiens fut collie et, aujourd’hui encore, les rastas utilisent, entre autres, le terme coolie weed pour évoquer le cannabis ». En 1840, la France cultivait 140 000 hectares de Chanvre (ref. : La Chanvrière de l’Aude). Mais les allemands n’étaient pas en reste : « Des gravures sur cuivre du XIXe siècle montrent que les berges du Rhin étaient, à l’époque, couvertes de grands champs de chanvre. Les propriétés de la résine du chanvre intéressent la médecine : « Le cannabis était utilisé en Occident pour ses vertus médicinales, sous forme de teinture (extrait alcoolique). C'est le médecin irlandais William Brooke O'Shaughnessy qui le présenta comme médicament après un séjour de neuf ans aux Indes, en 1841. Le cannabis fut ainsi prescrit à la reine Victoria pour soulager ses douleurs menstruelles. L'extrait alcoolique de cannabis était également commercialisé aux États-Unis. Dans la vieille Europe comme aux États-Unis, cette teinture était l'un des médicaments les plus vendus par les officines de pharmacie. Mais, à la fin du XIXe siècle, son succès commença à décliner, suite à l’apparition et au fort succès d’autres médicaments tels que l’aspirine ». « L'adolescent Ernst Jünger tombe par hasard en 1920 sur un vestige de cette époque, sous la forme d'un vase de porcelaine portant la mention « Extr. Cannabis ». Il raconte son expérience malheureuse[29] (que l'on qualifierait aujourd'hui de bad trip) dans son essai Approche, drogues et ivresse ».

« Extrait fluide de cannabis fabriqué par Eli Lilly. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, le cannabis sous forme de teinture était un produit pharmaceutique courant ».

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Le premier européen qui rapporta les effets psychoactifs du Chanvre est le français Moreau de Tours (parution de son œuvre en 1845), pionnier dans l'étude des maladies mentales et père de la psychopharmacologie. Il se "défonça" allègrement (principalement au Dawamesc) et reporta par écrit ses expériences. « En 1844, Théophile Gautier et le docteur Jacques-Joseph Moreau fondent le club des Hashischins. Voué à l’étude du cannabis, il sera fréquenté par de nombreux artistes français ». Quelques personnalités intellectuelles de l'époque furent initiées au produit telles que : Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Alexandre Dumas, ...etc. (Club des Haschischins vers 1850; consommation de Cannabis par ses membres dans un but d'expérimentations personnelles ou d’usage récréatif). La récolte du Chanvre dans les plaines d’Ukraine eu lieux jusqu’au XIX ème siècle. Une légende tenace insinue que lors de la période de récolte, l’air saturé en pollen enivrait les paysans au point d’y provoquer çà et là de joyeux ébats amoureux. À une échelle de dimension de culture comparable, notons que nous ne constatons rien de tel au Maroc aujourd’hui. Ce qui nous permet de douter fortement de la véracité de cette affirmation.

Quoi qu’une fois, une rumeur circula qu’un gros nuage de résine et de pollens cannabiques marocains atteignit le rivage sud-espagnol et rendit « légèrement fou-fou » la population d’une grande ville de ce pays. Rumeur repris par la télévision française … mais non prouvée ! Cependant, remarquons qu’à cette époque, les vertus aphrodisiaques du Cannabis étaient connues en Ukraine et dans les régions environnantes : le ”Guc-Kand”, fameuse recette de gâteau à base de Cannabis, avait la réputation de rendre les femmes particulièrement bien disposées. D’où peut être l’origine de la légende précédente. Plus qu’une culture luxuriante, un mode de vie :

« Hanfeinlegen (immersion du chanvre), huile de Théodore von Hörmann, peintre autrichien du XIXe siècle ».

Un marché sans restriction : « Autre anecdote surprenante, des cigarettiers lancent à la fin du XIXe siècle sur le marché européens plusieurs marques de cigarettes au cannabis, en jouant sur l'image "orientale" de la plante : Arabische Nächte (Nuits Arabes) (9% de cannabis), Harem (9%), etc. ». C) Début de la décadence du Chanvre : A la même période, le Cannabis fut introduit en Angleterre par un médecin irlandais : O'Shangnessy. Ayant passé plusieurs années en Inde, il apprit à utiliser la plante pour soigner presque toutes les affections.

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Le Cannabis Sativa Indica (importé d'Inde), devint un remède miraculeux, les médecins omettant d'en décrire les propriétés "défonçantes". Puis, peu à peu, par l'apparition de nouveaux produits médicamenteux, plus efficaces et plus précis dans les dosages que le Cannabis, ce dernier tomba en désuétude et fut rayé de la Pharmacopée par l’excuse de ses effets décrits comme variables et imprévisibles. Problèmes aujourd’hui résolus par la compréhension de la chimie moléculaire de la plante et par la technique de bouturage de plantons remarquées pour leurs caractéristiques. Toujours à la même époque, le Chanvre était largement cultivé aux États-Unis comme plante textile (jeans de l’époque, bâches de chariot, corde, ...). Mais l’apparition de la machine à égrener le coton rendait ce dernier plus compétitif que le Chanvre alors récolté manuellement. En 1850, l’introduction des fibres exotiques (coton, lin, etc.) concurrence fortement le Chanvre, et, autre coup bas, la vapeur remplace la voile. Apparition des procédés toxiques au sulfite (pour extraire le lignite) et au chlore (pour blanchir la pâte) qui permettent de faire du papier à partir des arbres. Le premier grand "défoncé officiel" au Cannabis d'Amérique fut sans doute Hugh Ludlow (lire ses mémoires de 1857), mais il ne fut pas suivi par ses concitoyens. Il utilisait principalement des préparations cannabiques vendues en Pharmacie (c’est à dire issues de plantes non poussées en Amérique). Il faut dire que les variétés de Chanvre à fibres, utilisées pour la fabrication de la corde, et adaptée au climat tempéré, produisaient bien moins de T.H.C. que les variétés indiennes (leur teneur était plus faible ou plus variable). Je n’affirme pas qu’il soit impossible de faire pousser du Chanvre à drogue dans ce genre d’environnement, mais que le taux de T.H.C. est plus faible et qu’il est difficile d’obtenir des plantes propres à une consommation “toxicomaniaque”, surtout quand leur mode de culture favorise l’apparition de graines (notre plante réduit alors considérablement sa production de résine). D'où la quasi-impossibilité de s'intoxiquer avec ce type de Chanvre en gouttant de petites quantités (accidentelles par exemple). De plus, leur culture en rangs serrés augmentait artificiellement la longueur et la qualité des fibres ainsi que le nombre de pieds mâles, tout en diminuant encore la teneur en résine. Les plantes obtenues étaient inoffensives, et personne n’était sensé s’apercevoir des propriétés psychoactives du Chanvre dans le nord de l’Amérique (ce modèle est aussi valable pour l’Europe du Nord de l'époque). L’Amérique naissante n’étant constituée que la côte est des “States” actuels, il n’y avait guère que dans le sud de la Floride, que le Chanvre cultivé pouvait s’avérer comme type à drogue. Mais dans ces régions, le coton régnait en maître et le Chanvre à corde, concurrent de fait, ne se développait pas vraiment à grande échelle (on rencontrait plutôt de petites plantations déjà clandestines d’esclaves noirs). Pendant longtemps, restera dans ces régions U.S. très racistes, l’idée que le Cannabis est une coutume “Nègre”, et peu de “Blancs” penseront ou oseront y goûter. Il semble d'ailleurs qu'en Europe, la consommation de Haschisch impliquait une conduite incompatible avec les mœurs et coutumes du moment. Les "initiés" à cette substance se sentaient bien seuls au milieu d'un peuple dont les valeurs tournaient autour du travail et de la morale Chrétienne. Seuls les intellectuels purent apprécier, dans un premier temps, les effets psychoactifs du Chanvre. Il est vrai, que l'usage du Cannabis implique un comportement qui ressemble à la définition qu'on se faisait, à l'époque, de la folie et les utilisateurs, emprunts de vibrations négatives (voir 6ème partie : Le Cannabis et votre santé, 2) Phénomènes psychosomatiques), eurent le sentiment d'être tombés dans l'engrenage infernal d'un produit qui rend fou. Pouvaient être considérés comme folie, à l'époque, le fait d'être souvent négligé, de développer de l'altruisme, de s'intéresser à la musique, de discuter sciences ou religions sans diplômes pour "crédibiliser" vos dires, de rire à s'en étouffer, de devenir improductif socialement parlant ... etc. Il est à noter que les mentalités n'ont d'ailleurs pas beaucoup évolué depuis cette époque; si on n'interne plus personne pour les troubles cités ci-dessus, on en déconsidère encore fortement les auteurs.

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Baudelaire se lassa, à la longue, du Haschich convaincu que : "... le Haschich ne révèle à l'individu, rien que l'individu lui-même...". Or, ce fait, incompatible avec les mœurs de l'époque, est la principale préoccupation de l'homme d'aujourd'hui : se découvrir soi-même. Ce qui expliquerait en partie, le boum qu'a connu le Cannabis dans notre société contemporaine. Baudelaire, toujours, nous donne un conseil judicieux : " Celui qui aura recours à un poison pour penser, ne pourra bientôt plus penser sans poison..." Il est vrai que les artistes fumeurs, par exemple, avouent être moins créatifs sans ivresse cannabique. Personnellement, je pense qu’il y a un peu de vérité dans cette remarque; bien que je ne lui accorde pas le même niveau de gravité. Car ce que n’a pas compris Baudelaire, c’est qu’il à réussi à arrêter la prise de Cannabis sans mal. En revanche, il n’a jamais pu résoudre son problème d’alcoolisme. Baudelaire n’aimait pas beaucoup l’effet euphorisant du Cannabis et lui préférait celui de l’alcool. N’étant pas fumeur (ou mangeur) habitué de Cannabis, il ne pouvait pas connaître les effets subtils, créatifs et anxiolytique de cette plante. En effet, les premières fois, l’ivresse Cannabique est particulièrement forte et l’individu peut ressentir comme un dérèglement mental : il ne contrôle plus l’intérieur de sa tête qui bouillonne. Plaisirs excessifs de l’esprit et des sens, “paranos”, angoisses et phobies, tout peut arriver à ce stade. Je tiens là un langage propre à soutenir le discours le plus dur des prohibitionnistes mais cette remarque n’est valable que pour le novice en début d’expérimentation. Un personnage consommant depuis longtemps du Cannabis développe une forte tolérance qui lui permet de passer outre les effets délirants causés par les premiers joints. De plus, s’il veut continuer sa ”petite fumette” sans ennuis, il a tout intérêt de vivre en compromis avec son produit (un “bon cannabinophile” ne fume pas la journée quand il travaille pour gagner son argent honnêtement, mais ce qu’il fait le soir ... fait partie de “sa vie privée” ...). Peu d’études tiennent compte du paramètre que je viens de décrire ici. Il est à noter que l’accoutumance au Cannabis engendre, en cas de sevrage forcé, un léger état de manque sous forme d'une légère angoisse révélatrice d'une déstabilisation de nos cellules nerveuses. Le fumeur chronique sera angoissé, énervé, aura du mal à s’endormir pendant deux ou trois jours. On note, chez certains cas de très forte consommation, des abcès de violence, du mal à pratiquer le self-contrôle pendant quelques jours. Le fait de reprendre du produit restitue un "certain ordre" dans notre cerveau et soulage immédiatement "ce manque" (d’où aussi la remarque de Baudelaire). Il faut bien comprendre que le produit se sert du sang comme transport, puis agit sur le cerveau avant de réagir avec le système nerveux. Ce cheminement témoigne alors d’un manque physique mineur jouant sur deux tableaux : le corps et l’esprit (alors que beaucoup croyaient à un manque uniquement psychologique). Cependant, la volonté peut facilement reprendre le dessus : généralement, les gens dotés d’un caractère fort échappent (en tout ou partie) à ces sensations désagréables. En ce qui concerne le corps proprement dit, ce manque se comparerait un peu aux symptômes (en bien fort quand même) que ressent un fumeur de tabac lorsqu'il se sèvre. La comparaison s'arrête là, car il est bien plus facile physiquement d’arrêter l’usage du Cannabis, lorsqu’il est fumé, que du Tabac. Pour conclure avec Baudelaire : fort de son expérience personnelle, il déclara que “ ... le Vin est utile, ... le Haschich est inutile et dangereux...”. Cet homme, dépressif chronique (le Spleen), ne trouvait pas dans le Cannabis sa “défonce de référence” et les effets de l’euphorie Cannabique remettaient en cause son intégration sociale.

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Le “beurre de Marrakech” amplifiait visiblement ses angoisses et devait quelque part ralentir son métabolisme et son psychisme. Il faut une personnalité particulière pour ne pas subir le phénomène “angoisse” par exemple, et apprécier les effets physiques du Cannabis. A contrario, il semble, pour son cas particulier, que l’alcool lui permettait d’être plus créatif et mieux inséré dans une société qu’il avait d’abord voulu réfuter. Ceci dit, continuons notre étude historique... En 1890, la reine Victoria utilise le Cannabis comme thérapie (ainsi que l’Opium) pour traiter des règles douloureuses. De 1893 à 1894 eurent lieu aux Indes, les travaux du RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LE CHANVRE INDIEN (Hemp Drug Commission) qui classèrent le problème comme négligeable. Et c’est en 1895 que date la première utilisation du mot Marijuana par les partisans de Pancho Villa. Les USA déclarent la guerre au Mexique en 1898 parce que des paysans mexicains traversaient souvent la frontière pour brûler des forêts ou nuire aux intérêts papetiers américains. Ceux-ci développaient à moindre coût le papier tiré du bois (procédé au sulfite) ruinant ainsi l’avenir du chanvre mexicain ! Pour finir, quelques faits et dates (nous reviendrons plus en détail sur certains de ces points plus tard) : 1910 : Ce sont les noirs américains qui introduisent le jazz et l’herbe en Nouvelle-Orléans, mais ce sont les mexicains qui la font pousser : « ». Les Mexicains le cultivent également et commencent l'exportation des sommités fleuries vers le Texas dès 1910. C'est d'ailleurs aux Mexicains que l'on doit l'usage du mot marijuana qui, à l'origine, désignait une cigarette de mauvaise qualité ». 1925 : Les mouvements de la prohibition du chanvre s’attaquent à son interdiction mondiale. « L’accroissement dans le reste du monde de la production et du trafic de cannabis sont alors préoccupants et plusieurs gouvernements autres que celui des États-Unis s’inquiètent. Ainsi dès 1925, la convention internationale de Genève est acceptée par la plupart des pays du monde s’engageant à se battre contre le trafic de drogue. Parmi eux, la Turquie et l’Égypte veulent déjà inclure le cannabis dans la convention, avançant que sa consommation est à la base de la débilité humaine. 1930 : apparition de la première mécanique qui décortique le Chanvre. Cet événement promet un renouveau de ce secteur agricole, alors la concurrence frappe fort et travail à “tuer” politiquement et économiquement notre plante ». Parallèlement, la répression s’installe financée par des lobbies industriels concurrents du chanvre : « Aux États-Unis, durant les années 1920 et 1930, le cannabis envahit le marché noir, devenant très populaire. Face à ce succès grandissant, mais surtout dans un contexte d'échec de la politique de prohibition de l'alcool, le lobby puritain s'intéresse au cannabis et les autorités mettent en place des campagnes dites de sensibilisation avec des slogans tel que Marijuana is Devil sur fond de diable enflammé. La police des stupéfiants de la Nouvelle-Orléans impute aux consommateurs 60 % des crimes commis dans la ville. Il s'agit d'une véritable entreprise de propagande, qui trouvera des alliés dans le lobby de l'industrie du coton, dans celle de la chimie (dont les lobbys du nylon et du pétrole) et dans une partie de la presse, dont les patrons ont des intérêts forestiers important (entre autres le magnat de la presse Randolph Hearst). Cette campagne appuiera son argumentaire sur le racisme ambiant, en combinant le dégoût des "nègres", de leur musique (le blues et le jazz) et les ravages fantasmés du cannabis (folie meurtrière, dégénérescence, etc.)[30]. Les journaux reprennent et répandent l'idée que violence et cannabis sont liés, à travers le pays et, en 1937, une loi instaure la taxation de la production, du commerce ainsi que l’usage industriel et médical, c'est le Marihuana Tax Act » . De 1930 à 1937 : la firme Du Pont de Nemours (principal leader de la concurrence du Chanvre) a inventé et exploite une nouvelle pâte à papier au bisulfite (concurrent du Chanvre), les textiles et

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plastiques tirés du pétrole (concurrent du Chanvre), le caoutchouc synthétique (pour les pneus, concurrent de l’arbre à caoutchouc). Je vous renvoie à consulter Du Pont de Nemours dans le dictionnaire de cette “Encyclopédie du Cannabis”. Parallèlement, la prohibition ne désarme pas et ne sont pas à quelques mensonges prêt pour atteindre leur but : l’interdiction du cannabis.

« Affiche diffusée par le Federal Bureau of Narcotics, à la fin des années 1930, et pendant les années 1940, époque de diabolisation du produit (la marihuana est un narcotique puissant qui pousse au meurtre, et conduit à la folie et à la mort) ». La désinformation propagandiste bat son plein et finance systématiquement films et médias afin de marteler un message hostile au chanvre dans l’inconscient collectif. 1937 : la “Marijuana Tax Act ”est édictée (à l’initiative de Du Pont de Nemours). Aux Etats-Unis, les cultures sont si fortement taxées qu’elles ne sont plus rentables et sont donc abandonnées. 1938 : Du Pont de Nemours brevette le Nylon. L’action de la prohibition porte à ses fruits : « Concurrencé dans son usage textile par les fibres exotiques (jute, sisal, kenaf), et par les fibres synthétiques (nylon), concurrencé dans l'industrie papetière par le bois, le chanvre décline rapidement au cours de la première moitié du XXe siècle. En France, par exemple, 176.000 hectares sont emblavés en 1840. En 1939, la superficie cultivée n'est plus que de 3.400 hectares ». Puis la situation se retourne un court temps : « Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain relance la production de fibres de chanvre et réalise même un film de propagande intitulé Hemp for Victory (Le chanvre pour la Victoire). Lors du débarquement de Normandie, les Rangers commandés par le lieutenant-colonel James E. Rudder étaient équipés de grappins et de cordes de chanvre pour escalader les falaises de la pointe du Hoc. « Les cordes de chanvre alourdies par l'humidité se révélèrent inutilisables »[31] ». 1942 : Rapport de LA GUARDIA (maire de New York, USA), ou il est conclu que : « la Marijuana est un toxique mineur qui devrait être mise à la disposition du Public comme le sont les Cigarettes (Tabac) et l'Alcool »

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1943 - 1945 : “Hemp for Victory” (traduction : “Du Chanvre pour la victoire »), est un programme pour inciter les agriculteurs américains à cultiver du Chanvre pour l’effort de guerre. Ce thème est ironiquement repris aujourd’hui par les militants pour la dépénalisation. Décennie 50 : « Bien qu’il ait probablement été utilisé comme drogue occasionnelle durant son histoire, c'est aux États-Unis, parmi la scène jazz des années 1950 qu’on le voit devenir populaire, avec la Beat generation. Suivra avec une forte augmentation de son utilisation pendant les années 1960. Harry Anslinger, instigateur du système fédéral de lutte contre la drogue fait surveiller et ficher de nombreux artistes susceptibles d'en consommer : Count Basie, Cab Calloway, Duke Ellington, les membres du NBC Orchestra, Dizzy Gillespie, Lionel Hampton, Thelonius Monk, Louis Armstrong, etc. En Europe de l'Ouest, l'explosion de la popularité du cannabis coïncide avec le mouvement hippie : la consommation de drogue devient alors synonyme de contestation de la société bourgeoise ». 1954 : Fermeture de la Régie de Kifs et des Tabacs au Maroc. 1955 : La culture du Chanvre est de nouveau bannie aux Etats-Unis, pour les mêmes raisons qu’en 1937 (“magouilles“ économiques). 1956 : Suite logique de l’abandon de sa régie marocaine, la France oblige sa Régie indochinoise de l’Opium à fermer ses portes. Cette mesure coûte à la France 20 % des ressources fiscales de la colonie. Décennie 60 : « Dans les années 1960, l'Inra et la FNPC (Fédération nationale des producteurs de chanvre) démarrent un programme de sélection variétale pour mettre au point des cultivars monoïques et à faible teneur en THC[32]. Ces travaux permettent de relancer la culture du chanvre agricole dans plusieurs pays européens, car ils lèvent l'obstacle technique de l'important dimorphisme sexuel de cette plante, ainsi que les objections en rapport avec l'usage psychotrope ». 1961 : Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants (n’y participèrent pas la Chine, l’Inde, l’U.R.S.S. et les Pays de l’Est). Les plupart des pays signataires stoppent la culture du Chanvre sur leur territoire. En 1964 : « …un laboratoire israélien dirigé par le professeur Raphael Mechoulam isole le THC, responsable de la majeure partie des effets psychotropes du cannabis ».

D) Prémisses d’un renouveau du Chanvre : Sixties : les hippies, les vétérans du Viêt-nam et la musique adoptent le Cannabis, plante qui se transforme en symbole de résistance faisant face non seulement au leadership américain, mais aussi au modèle politico-économique occidental sur un plan plus large. Il ne s’agit pas de lutte mais uniquement de résistance : le mouvement ainsi créé s’affirme par la non violence. Plusieurs voies sont essayées, toutes plus ou moins sur un fond libertaire. Ainsi naissent les première tentatives de vie collectives en marge du système, la plupart finiçant toutes par des échecs. Passée l’utopie de la première heure, ce mouvement s’organise cherchant ses repères. Du fait d’un consensus d’hostilité au cannabis, ils ne trouvent aucun allié dans le paysage politique d’alors. Ce mouvement est donc condamné à « tracer sa propre voie » ou mourir tout simplement. C’est vers l’écologie que tout naturellement le mode d’existence résistante s’engage. 24 juin 1967 : « The law against Marijuana is immoral in principe and unworkable in practice » Traduction : « La loi contre la Marijuana est (non seulement) d’un principe immorale et (mais) aussi innaplicable ». Voici le titre qui fait la une de « The Times » ce jour là. Ceci pour expliquer que le mouvement chanvre est indirectement rejoint dans leurs conclusions par des médecins, des scientifiques, des législateurs, etc … et même parfois des policiers ! On

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retrouvera ce principe, par exemple, dans la structure naissante du parti écolgique français. « Ceux qui savent » et sont moins extrêmes forment un parti unique avec « ceux qui savent peu » mais sont très remontés contre le système, l’interdiction du cannabis et le massacre écologique planétaire. Vous trouverez une copie de l’article de « The Times » “A cannabis reader global issues and local experiences En” dont vous trouverez une copie dans le DVD n°1 à l’adresse « L'Encyclopédie du Cannabis\Data du DVD\Documents PDF » ou en cliquant sur le bouton « autres PDF » du menu du DVD. 1971 : « … la CEE encourage financièrement la culture de chanvre par les agriculteurs pour la production de fibres, dans le cadre de l'organisation commune de marché (OCM) portant sur le lin et le chanvre[33] ». 1976 : la Hollande adopte une tolérance vis à vis des variétés de Chanvre psychotrope. « … après plusieurs années de tolérance d'entreprise de vente au détail de cannabis, les autorités des Pays-Bas décrètent officiellement la décriminalisation de la vente pour usage personnel, encadrée par un système de patentes. L'un des objectifs de la politique néerlandaise est d'éviter que les consommateurs de cannabis n'entrent en contact, via les revendeurs de rue, avec d'autres produits illicites (opiacés, cocaïne, etc) ». 1972 : Premier Rapport de la Commission Nationale sur la Marijuana (U.S.A.) : d'après toutes les études de la commission, il ressort que la Marijuana est un toxique Mineur et que son usage comprend peu de risques pour les individus. La convention propose alors de supprimer toutes les pénalités (y compris les amendes), pour possession et consommation à titre privé afin de supprimer le stigmate attaché à un acte illégal. Nixon s’est opposé vigoureusement à cette quasi légalisation du cannabis. Décennie 80 : « Le reggae, popularisé par Bob Marley, contribue fortement à la notoriété du cannabis récréatif dans les années 1980 et le fait que ce courant musical soit aujourd'hui mondialement connu contribue à faire rayonner le cannabis malgré une législation défavorable de la plupart des pays ». 1988 : la Communauté Européenne subventionne la culture des variétés de Chanvre non psychotrope (moins de 0,3% de T.H.C. en France, 1% max. ailleurs).

E) Renouveau du Chanvre : 1990 : le Mouvement Chanvre naît suite à la publication du livre de Jack Herer : “l’Empereur est nu”. 1993 : l’Angleterre récolte son premier Chanvre depuis 70 ans. 1994 : le gouvernement canadien permet une culture d’essai en Ontario. L’Australie essaye aussi des cultures. Aux Pays-Bas, 140 hectares sont récoltés par la société “Hemp-Flax b. v.”, 2 000 hectares sont semés l’année suivante. 1994 - 1996 : à part la France et le Luxembourg, la plupart des pays européens “dépénalisent” le Cannabis en ce qui concerne les consommateurs, soit en “levant le pied” sur la répression de ces derniers, soit en leur tolérant quelques grammes de consommation (levée des délits de possession (détention) et d’usage). Premier grand re-développement du chanvre sous sa forme dite légal :

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« L'essor des préoccupations environnementales, depuis la fin du XXe siècle, tend à stimuler le développement de filières chanvre, dans des domaines aussi variés que le textile, l'habitat, l'alimentation, les bio-carburants... Entre 1996 et 1999, les superficies cultivées en chanvre dans l'UE ont plus que doublé, passant de 13,7 à 32,3 milliers d'hectares, principalement du fait de l'Espagne[35] ». 1995- 1996 : LA COMMISSION HENRION (FRANCE) : Le 04 février 1996, la commission s’est prononcée à la majorité pour “une dépénalisation de l’usage du Cannabis et de sa possession en faible quantité” (décriminalisation) puis “une véritable réglementation du commerce” (légalisation) dans un délai de deux ans, “s’il n’existait aucune aggravation de la situation” 1998 : LE RAPPORT ROQUES (FRANCE) ou le Cannabis est classé comme faiblement toxique à contrario du Tabac et de l’Alcool qui sont rattachés plutôt aux drogues dures. 1998 : réélection des membres du Congrès américain (le 03 novembre): Georges Sorros, célèbre milliardaire pro-cannabique, investi 2 000 000 $ dans une campagne publicitaire en faveur de la Marijuana médicale. Le vote contient aussi la question : pour ou contre cette nouvelle forme de thérapie. Le Nevada et l’état de Washington répondent oui, les autres états disent non (ref. Canal +, mercredi 04 novembre vers 13H30). Première (mais toute petite) victoire politique mondiale des antiprohibitionnistes dans le pays leader de la répression. La Marijuana médicale va pouvoir faire ses preuves et ainsi aider à renverser la tendance électorale lors de futures élections. La Californie, pourtant pionnière en Marijuana médicale avait dit non contre toute attente. Par contre, l’état de Washington, fief de la N.O.R.M.L., avait confirmé sa tendance. Ce qui tend bien à prouver que quand l’information cannabique passe, les mentalités changent. La Suisse vote aussi, au sujet de la dépénalisation des drogues en général. Plus d’un quart de la population a dit oui mais ce n’est pas suffisant. On s’attendait à un meilleur résultat des “pour” car le débat cannabique a en partie eu lieu. Mais l’information antiprohibitionniste semble ne pas avoir été assez bien diffusée. Déçus, les pro-cannabis helvètes ont juré de ne pas désarmer et de persévérer dans leur combat. 2303 : Le chanvre renforce son emploi dans l’industrie automobile : « En 2003, environ 25 000 tonnes de fibres naturelles furent utilisés en Europe dans la fabrication d'automobiles dont 13 % de chanvre[2 » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Chanvre ). 2005 :

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« Récolte du chanvre textile en Haute-Saône à l'aide d'une faucheuse à barre de coupe double[34 ». « 2005 marque un tournant majeur dans l'histoire du cannabis thérapeutique puisque, avec l'assouplissement de la législation de certains pays - notamment le Canada et le RoyaumeUni -, la prescription médicale de THC étant autorisée, des laboratoires pharmaceutiques ont pour la première fois acheté officiellement du cannabis au Maroc - pays évalué par l'ONU comme le principal exportateur ».

(Garde Champêtre luttant contre le « Fléau » de la Drogue)

Métaphore du problème actuel (l’action tient à représenter un garde champêtre, symbole de la vieille France et de sa collaboration au pouvoir, et non pas un policier) L’interdiction mondiale généralisée qui suivit la “Marijuana Tax Act” et qui perdure encore aujourd'hui, occulta de la mémoire des pays l’usage économique du Chanvre. Ces derniers redécouvrent son potentiel correspondant aux besoins mondiaux immédiats en matière d’agriculture, d’écologie, d’industries et d’énergie (large développement de ces thèmes plus loin).

3) LE RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LE CHANVRE INDIEN (Hemp Drug Commission, 18931894) :

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A la fin du 19e siècle, des problèmes issus du Cannabis en Inde et au Moyen-Orient, et de l'enthousiasme de la médecine de l'époque envers la plante comme médicament, est né le besoin de faire une étude sérieuse et scientifique du Chanvre. Ce fut la première tentative d'évaluation systématique des effets physiques, mentaux, et moraux de l'intoxication par le chanvre, dans la péninsule indienne, où cette drogue avait “sévi” pendant des siècles. Une commission (quatre anglais dont un médecin, et trois indiens), consultèrent les dépositions de 1 193 témoins, dont 335 médecins. Ils devaient répondre à 70 questions. Les résultats constituèrent "des preuves" aux yeux de la commission. Ce mode de recherche peut aujourd'hui faire sourire, mais il faut modestement se replacer dans le contexte de l'époque. On déboucha bien entendu sur certains résultats aléatoires et contradictoires. La commission conclut cependant : "Pour ce qui est des effets physiques, l'usage modéré des drogues issues du Chanvre, n'est pratiquement suivi d'aucun effet toxique... un usage excessif, provoque des troubles en affaiblissant l'organisme et en rendant le sujet plus réceptif à la maladie". - Au point de vue pathologique, seuls des troubles des bronches ont pu être attribués à l'usage répété et abusif du Chanvre. Par contre, aucun témoignage de médecin ne décrivit les symptômes physiques les plus couramment observés aujourd’hui dans les cas d'intoxication au Cannabis : conjonctivites, accélération du pouls, tremblement des mains et ataxie. - En ce qui concerne les prétendus effets mentaux du produit, l'enquête menée également sur 2344 patients admis en 1842 dans les asiles psychiatriques indiens, ne démontra rien de probant. Certaines pathologies auraient pu être provoquées par le Chanvre, mais ils déclarèrent que, même dans ces cas, il n'y avait pas de preuves convaincantes. - Au point de vue moral, la commission conclut qu'un usage modéré de Chanvre ne produisait aucune lésion morale, bien qu'une consommation abusive puisse indiquer et intensifier une faiblesse morale et une tendance à la dépravation.

Le Cannabis fut jugé drogue mineure et fut déclaré "problème classé".

4) LA MARIJUANA TAX ACT (1937) : Si à l'époque de Hugh Ludlow, l'Amérique tourna le dos au Cannabis, il n'en fut pas de même 50 ans plus tard. Vers 1910, les fermiers mexicains commencèrent à exporter la Marijuana vers les États-Unis. Après la première guerre mondiale, la consommation de Marie-Jeanne s'étendit du Texas à la Nouvelle-Orléans. De là, elle se propagea rapidement au reste du pays : vers 1930, on pouvait se procurer de l'Herbe dans toutes les grandes villes américaines. Vers 1926, le “New Orléans Morning Tribune”, journal local, dénonçait la grande menace de la Marijuana. Beaucoup de crimes de la Nouvelle Orléans furent attribués aux utilisateurs de ce produit. Il est vrai qu'à cette époque, le "fléau" touchait essentiellement les noirs américains et ne faisait pas partie du "White American Way of Life" (entendez par-là : façon de vivre - ou mœurs - des blancs américains). La mauvaise réputation du Cannabis reposait sur des déclarations imprégnées d'ignorance, de racisme et d'une mentalité inquisitrice, proche de celle qui fit brûler des gens au Moyen-âge pour soupçons de sorcellerie. Aucun argument sérieux et scientifique ne vint rehausser le niveau du débat. Harry J. Anslinger, neveu du président Hoover, “grand patron” à l'époque du Federal Narcotic Bureau (F.N.B.), ne rencontra pas d'opposition sérieuse lorsqu'il proposa au Congrès de voter la Marijuana Tax Act (imposant au Chanvre une surtaxe si excessive que sa revente devenait impossible). Ce monsieur, écrivit en outre, un article qui n’a cessé depuis de relancer la polémique entre partisans et adversaires de la dépénalisation :

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" ... Le corps désarticulé d'une jeune fille s'est écrasé sur le trottoir l'autre jour, après un plongeon du cinquième étage d'un immeuble de Chicago. On déclara que c'était un suicide, mais en réalité, c'était un meurtre. L'assassin était un stupéfiant connu autrefois sous le nom de Haschich, et qu'on appelle en Amérique Marijuana. Ce stupéfiant, peu connu jusqu’à aujourd’hui aux États-Unis, se consomme comme une cigarette et, est aussi dangereux qu'un serpent à sonnette. On ne peut que se perdre en conjectures sur le nombre de meurtres, de suicides, de vols, d'escroqueries, d'actes de folies maniaques qu'il provoque chaque année, en particulier chez les jeunes. La progression rampante et sournoise de ses adeptes, passe inaperçue et ne rencontre pratiquement aucune résistance, tant est grande l'ignorance de ses effets. C'est cela l'inconnue en matière de stupéfiant, personne ne peut prédire leurs effets. Nul ne sait, au moment ou il introduit une cigarette de Marijuana entre ses lèvres, s'il va se transformer en philosophe, en joyeux fêtard, évoluant dans un paradis musical, en un dément, un sage ou un meurtrier. Chaque américain, homme ou femme, est concerné car les propagandistes de ce poison ont choisi la jeunesse comme terrain d'élection. ..."

... polémique alimenté car c’est sur ce genre de “preuves” et de dires que l’interdiction progressive du Chanvre s’est installée. D’autres écrits aux propos odieusement racistes illustre cet individu. Il semblerait que ce texte puisse toucher les gens peu instruits sur le sujet. C’est surtout destiné à les effrayer et à les faire réagir contre cette “drogue”. Maintenant, ceux qui fument ou les médecins qui se seraient sérieusement penchés sur la question, savent que le scénario décrit juste avant est ARCHI-FAUX. Le problème pour nous, pauvres gens de l’herbe, c’est que l’interdiction est basée sur ce genre de mensonges; ce qui fait de nous les plus grandes victimes d’erreur judiciaire de notre époque. En 1948, Monsieur Harry J. Anslinger, changeait de stratégie. Il déclarait devant le congrès que : "... (la Marijuana) rend ses usagers si tranquilles et si pacifiques, que dans le futur, les jeunes Américains ne voudront plus se battre dans nos guerres. " Cet homme ajustait son discours à la mentalité ambiante de son temps, persistant, quitte à se contredire, à vouloir prouver ce qui n’est pas. Pourquoi ? Ou alors il mentait volontairement (nous prouverons plus loin que c’était bien le cas). Ou alors il fut un “taré congénital à tendance obsessionnelle”. Combien d’agriculteurs et de consommateurs ont été mis en prison à cause de ses mensonges ? Évidement, le vote de la M.T.A., fit immédiatement réagir le monde de la science et de la médecine. Nombre d'entre eux se réunirent pour obtenir l'abrogation de cette stupide loi. Leur argument le plus fort précisait que les mensonges du porte-parole du F.N.B., étaient plus destinés à effrayer le public qu'à l'éduquer (exemple : "l'Herbe qui tue"). Ces pratiques sont antidémocratiques et rappellent la politique d'obscurantisme religieux du Moyen-âge. La controverse ne fit que s'amplifier et dure encore de nos jours. N'empêche que la première loi régissant l'usage et le trafic du Cannabis, fut l'œuvre d'un imbécile délirant, et que les états des U.S.A., suivant les directives du gouvernement fédéral de l'époque, votèrent une législation trop excessive. Nous verrons plus loin que l’interdiction du Chanvre est surtout le fruit d’un complot orchestré par certains industriels américains (exemples : William Randolph Hearst et Du Pont de Nemours). Cependant, on peut penser aussi, que les dirigeants de pays du Tiers-monde dont les populations étaient touchées par une consommation chronique du produit, influencèrent aussi le vote de la M.T.A.. Les dirigeants de ces pays proclamèrent que l'usage du Cannabis était la cause de leur retard économique; mais ils omirent de constater que parallèlement, l'ignorance et l’analphabétisation galopante, le non-respect des droits de l'homme, de la démocratie et le vol manifeste des richesses de leur

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pays par l'élite locale (corruption), les ingérences des pays colonisateurs (et les grandes sociétés multinationales), leur causaient bien plus de tort que toutes les drogues confondues. Pour tout renseignement sur la “Marijuana Tax Act” se référer aux textes suivants : “Taxation of Marijuana” : United States Congress, House of Representative, Comite on Way and Means, Hearing on H.R. 6385, Taxation of Marijuana, April 27, 28, 29, 30 and May 4, 1937, 75th Congress, 2nd session.

5) LE RAPPORT DE LA GUARDIA (1942) : Après le vote de la M.T.A., le maire de New York, qui voyait sa ville inondée de Marie-Jeanne, demanda en 1938 une enquête scientifique et sociologique sur : "Le problème de la Marijuana dans la ville de New York". Cette enquête fût réellement la première œuvre de recherche systématique sur l'intoxication aiguë au Cannabis. Elle fut exécutée sur des volontaires (pour la plupart des prisonniers de droit commun) auxquels on donna régulièrement des extraits de Cannabis saisis par le F.N.B. (Federal Narcotic Bureau, véritable ministère des stups). On put, en résumé, en déduire que les préparations utilisées étaient beaucoup moins fortes que le Haschich absorbé un siècle auparavant. Ou alors, les médecins comme Moreau de Tour ont menti dans leur description des effets du produit (improbable). Je pense ici plutôt que l'évolution des comportements sociaux y est pour quelque chose, cette drogue ayant une forte action sur le psychisme, celui-ci étant imprégné des mentalités de son époque. On peut penser aussi que le mode d’administration peut y être aussi pour quelque chose. En Amérique, le Chanvre était fumé et nos poumons ont des capacités d’absorption limitées. Moreau, lui, le mangeait et peut être s’envoyait ainsi des doses de T.H.C. à assommer un insomniaque. Ceci dit, pendant cette étude, on constata officiellement pour la première fois une tachycardie, une conjonctivite, des hallucinations, des épisodes psychotiques et des psychoses. Pour ces deux derniers cas cités, l'auteur les interprète personnellement par le fait que la plupart des volontaires atteints de psychoses étaient des prisonniers, dont certains ont accepté de consommer du Cannabis par unique souci d'atténuation de leur peine. Ces gens-là étaient, pour la plupart, novices en la matière et, n'auraient normalement jamais eu l'envie ou l'occasion de consommer ce produit. Ils n'étaient psychologiquement pas prêts à subir cette expérience, et ce qu'ils avaient entendu dire sur le Cannabis par le fameux Harry J. Anslinger, repris en cœur par les membres de l'État et de la Police, leur donnait l'impression de jouer leur vie ou leur santé à pile ou face. Tout ceci pour indiquer que les problèmes (être en prison et avoir un avenir bien sombre) et la peur sont ”sur amplifiés” sous ivresse cannabique. Ceci expliquant une bonne part des "psychoses et épisodes psychotiques" observés. Il est cependant honnête de remarquer que ces phénomènes de psychoses se produisent spontanément à chaque prise de Cannabis chez de rares sujets. Il en est de même pour certains troubles psychiques de type paranoïdes. Il semblerait que le Cannabis soit un très bon révélateur de maladies mentales latentes. Ces individus, une fois l'effet de la drogue achevé, retrouvent normalement peu à peu leur état psychologique initial. Il est cependant théoriquement possible que certains de ces sujets puissent "rester bloqués" dans leur état « délirogène » (déclenchement irréversible d'une maladie); bien que ce type de cas n'ait jamais pu, pour le Cannabis, être médicalement observé.

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Mais l'apparition de troubles et d'effets indésirables chez de rares sujets n'est pas propre qu'au Cannabis. Dans la Pharmacopée, beaucoup de médicaments sont dotés d'inconvénients plus ou moins sporadiques et dangereux. Voici le type d'informations qu'on peut lire sur les modes d'emploi glissés dans les boites de médicament : - "... comme tout produit très actif, il arrive que certaines personnes le tolèrent moins bien que d'autres. Si vous remarquez que ce médicament provoque chez vous certains troubles plus ou moins gênants, arrêtez le traitement et parlez-en à votre médecin sans plus attendre". En exemple de ces effets indésirables, voici un résumé descriptif de précaution d'emploi du VOLTARÈNE (tableau C / anti-inflammatoire) : - précautions d'emploi : Ne doit pas être donné aux enfants de moins de 15 ans. L'attention est attirée chez les conducteurs d'engin et utilisateurs de machine, le traitement pouvant entraîner, chez certaines personnes, de rares étourdissements. En raison de la nécessité d'adapter le traitement, il est très important de prévenir le médecin qui rédige l'ordonnance en cas : -De maladie du cœur, du foie et des reins. -De grossesse. -D’allaitement. -D'allergies anciennes ou de crises d'asthme lors de la prise d'aspirine ou d'un autre anti-inflammatoire. -De contraception par port du stérilet. - Autres effets possibles du médicament : -Douleurs de l'estomac. -Vomissements. -Éruptions cutanées, démangeaisons. -Fièvres, angines, ou autres signes d'infection. -Étourdissements. -Hémorragies digestives. -Contres indications : Voltarène suppositoire ne doit pas être utilisé dans les cas suivants : -Allergie connue au Diclofénac ou médicament apparenté. -Ulcère de l'estomac ou du Duodénum en évolution. -Maladie grave du foie et des reins. -Certaines maladies du rectum ou de l'anus avec hémorragie.

En cas de constatation d'un de ces troubles, arrêter le traitement et consulter immédiatement votre médecin traitant.

------------------------------------Voici donc la liste de tous les inconvénients que peut entraîner un médicament aussi banal que le Voltarène. On ne s'étonnera donc plus de trouver quelques rares sujets ne supportant pas le Cannabis. Outre des phénomènes psychiques passagers, il n'existe cependant pas de cas d'allergie reconnus au Cannabis (sauf peut-être pour les bronches où on constate une bronchite de type allergique appelée Cannabiose que nous décrirons plus en avant). Par rapport au VOLTARÈNE, le Cannabis est donc un toxique mineur. Attention, le but de cette étude n'est pas de prouver que le Cannabis est meilleur produit que le VOLTARÈNE, ce dernier est un médicament utile qui justifie son emploi médical. Mais il était utile de faire cette comparaison afin de "couper l'herbe sous les pieds" à ceux qui prétextent que le Cannabis est à interdire pour cause d'effets indésirables; comme s'il n'y avait que cette substance qui en produisait. Ce point développé, et pour en revenir à notre sujet, on peut noter que dans l'enquête de La Guardia, certaines constatations étaient aléatoires ou contradictoires (mauvaise connaissance des effets du produit et manque de support technologique moderne pour leurs études).

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Mais, dans l'ensemble, le rapport était fiable et il fut conclu que : "la Marijuana est un toxique mineur qui devrait être mise à la disposition du Public comme le sont les Cigarettes (Tabac) et l'Alcool”. La seconde Guerre Mondiale vint malheureusement mettre là un terme provisoire au débat.

6) LE PREMIER RAPPORT DE LA COMMISSION NATIONALE SUR LA MARIJUANA (U.S.A. 1972) : La loi sur le contrôle des stupéfiants, votée en 1970 par le Congrès des États-Unis, autorisa la nomination d'une Commission Nationale sur la Marijuana, ou Commission Schaeffer composée de deux membres du Sénat, de deux membres de la Chambre des Représentants, et de neuf membres nommés par le Président Nixon. La mission de la commission était : " ... d'étudier, de rechercher, de définir les causes et les raisons de l'usage abusif du Chanvre et d'en retirer des recommandations". Les recherches portèrent sur : - L'étendue de l'usage de la Marijuana aux États-Unis, y compris : ses provenances diverses, le nombre de consommateurs (estimation), le nombre de condamnations la quantité de Marijuana saisie, les différents types de consommateurs, la nature de leurs consommations. - Une évaluation de l'efficacité des lois actuelles sur la Marijuana. - Une étude de la Pharmacologie de la Marijuana et de ses effets physiologiques et psychologiques immédiats et à long terme. - La liaison entre l'usage de la Marijuana, le comportement agressif et le crime. - La relation entre la Marijuana et l'usage d'autres drogues. - La conformité d'éventuelles nouvelles recommandations aux dispositions prises par la Conférence du Contrôle International de la Marijuana et signée par les États-Unis.

La Commission, outre ses 13 membres, était dotée, pour réaliser sa mission, d'un budget d'un million de dollars, et d'une équipe de 55 membres qui comprenait une sélection utile de spécialistes des différentes sciences mises en interaction pour tenter de relever le défi de la Commission. Le rapport final est divisé en 5 sections, quatre d'entre elles sont consacrées aux aspects sociologiques de l'usage de la marijuana : - La Marijuana et le "Problème Marijuana". - La Consommation de Marijuana et ses effets. - Portée sociale de la Marijuana. - Portée et réactions sociales à la consommation de la Marijuana. - Politique sociale de la Marijuana.

On trouve les recommandations de la Commission dans la conclusion du document. Je vais m'efforcer d'en retracer un résumé : D'après toutes les études de la Commission, il ressort que la Marijuana est un toxique Mineur et que son usage comprend peu de risques pour les individus. La convention propose alors de supprimer toutes

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les pénalités (y compris les amendes), pour possession et consommation à titre privé afin de supprimer le stigmate attaché à un acte illégal. La Commission prétend que l'élimination des sanctions pour possession de cette drogue, est compatible avec les obligations contractées par les États-Unis, lors de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de 1961, et n'en contredit aucun des articles (voir point suivant 7) La réglementation internationale du Cannabis). En éliminant les sanctions contre la possession pour usage personnel, la Commission suggère en effet une nouvelle interprétation des lois formulées par le Contrôle International des Stupéfiants. Vous voyez que le politique peut faire des grandes choses quand ses représentants sont honnêtes et laborieux. J. P., Galland nous indique que, pendant cette période 1970-76, l’Amérique “bouge” en matière de Cannabis. Des journaux importants prennent position en faveur de la décriminalisation, dès 1973 l’Oregon décriminalise l’usage, l’Alaska, le Maine, la Californie, le Colorado, ... lui emboîtent le pas. Une enquête révèle, en 1974, que 33,5 millions d’américains ont déjà goûté au produit et que 13,3 millions d’adultes en usent régulièrement. A cette époque déjà, la consommation journalière américaine de Marijuana se montait à 20 tonnes d’herbe. En quatre ans (1970-74), 1 572 989 consommateurs se retrouvèrent devant les tribunaux. En 1976, la plupart des états adoptèrent les recommandations de la Commission : ils “autorisèrent” la possession privée et le transfère en public de quantités raisonnables (dépénalisation). L'ambiguïté n'était cependant pas encore levée sur la manière légale de se procurer du Cannabis. Tant que ce dernier sera présent dans les textes de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de 1961, il n'y aura que des arrangements bâtards de textes juridiques, ne débouchant pas sur une situation socialement et juridiquement saine et logique. Cette substance n'est décidément pas une "drogue dure" que "l'Hommoadministratus " s'obstine à classer et à contrôler comme telle. Notez bien que la palette de sanctions variait d’un État à l’autre, le fumeur y risquait de “la réprimande avec prise de tête” sans aucune sanction, à une amende, ou pour certains “States” fiefs du “politiquement correct”, la prison.” Toutefois (exception), en Alaska, il ne pouvait rien vous arriver si vous possédiez 500 g chez vous. En règle générale, dans les “States” tolérants, arrêté avec moins de trente grammes d’herbes vous deveniez usager, simplement passible d’une amende plus ou moins lourde selon la législation des états. Richard Nixon fit obstacle à cette tentative de dépénalisation et la propagande des prohibitionnistes repris de plus belle. La situation retourne actuellement en faveur de la pénalisation. En septembre 1989, Bush met fin à la période de tolérance envers le Cannabis en lançant la “Guerre contre les Drogues”. C’est surtout la Cocaïne qui est visée, mais toutes les drogues du moment sont mises dans le même panier. Du coup, en Alaska par exemple, il n’est depuis plus question d’avoir 500g de Cannabis chez soi, de nombreux états américains serrent la vis et la gent cannabique subit à nouveau les foudres de la “Rome moderne”. Attention, la situation se compliquait lorsque vous fumiez pratiquement impunément un joint dans un “State” resté tolérant et que vous passiez la frontière d’un autre qui ne l’est pas du tout : un contrôle médical des stups ... et c’était la prison. Autre anomalie, aucune réglementation n’avait été adoptée conjointement, par les états tolérants, pour ce qui était de se procurer légalement du Cannabis, donc le trafic continuait. En fait, il faut bien comprendre la subtilité du “truc” : la plante et ses dérivés sont toujours interdits, donc la culture, le don et la revente aussi. Et c’est sur ce détail que la commission s’appuie pour affirmer que leurs recommandations ne dérogeaient en rien les lois internationales de contrôle des stupéfiants. Seul la consommation pouvait être décriminalisée (on ne te met pas en prison mais tu n’as toujours pas le droit de fumer). Concept se plaçant entre celui de ne rien faire (laisser les lois répressives) et celui de légaliser qui, lui, équivaut au sens d’autoriser librement. Mais seulement voilà, cette tolérance de pouvoir fumer tout en n’en

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ayant pas le droit, ils l’accordent et ils l’enlèvent, au grès de l’opinion personnelle des élus successifs et de celle d’un électorat trop bien conditionné contre les drogues. Dans ce pays des extrêmes, est né un magazine consacré uniquement aux produits psychotropes : “High Time”. Le premier amendement de la Constitution américaine protège la “liberté d’information” faisant de ce pays un des plus libres d’expression au monde à contrario de la répression cannabique qui s’y exerce (la plus “lourde” du monde). Ce mensuel milite en faveur du Cannabis, défend les consommateurs, combat les drogues dures sans toutefois dramatiser le problème et ce depuis 1974. Il n’a pas rencontré de problème majeur du style censure ou procès comme nous le connaissons en France. Par contre, il est totalement interdit chez nous (sommes-nous bien le pays des Droits de l’Homme et de la liberté d’expression?). Comme suite à cette apparition, une multitude d’ouvrages virent le jour et poussent au fait que le Cannabis est en train de devenir un véritable phénomène culturel en Amérique (d’une manière encore plus marquée qu’en Europe).

“Cannabis in U.S.A. Today “ ou “l’Harmagedôn se déroulant sous vos yeux” (ou contre-enquête d’une enquête bâclée) : Comme témoignage de l’intensité de la folie répressive actuelle aux “States”, veuillez trouver ici le résumé d’un reportage vidéo : “Drogues, Guerre de l’Amérique contre les trafiquants de Marijuana” (Envoyé Spécial n° 349, Antenne 2). Le problème de ce genre de reportage, c’est que vous pouvez l’interpréter de deux façons suivant le point de vue qui prédomine dans votre esprit. Si vous êtes un prohibitionniste acharné, vous y trouverez un humanitaire avertissement en sus de justifier une législation française moins extrémiste dans sa répression; si au contraire vous êtes persuadé de l’ineptie de la prohibition, vous y trouverez l’expression du fascisme dévoilé au grand jour et toute l’étendu de sa stupidité, de sa cruauté. Notez que ce reportage semble un tantinet engagé contre la Marijuana. Cependant, ceux qui l’ont réalisé ont eu la sagesse de ne pas apparemment embrasser la position extrémiste qu’on trouve aux États-Unis et de laissez s’exprimer quelques point de vue interrogateurs. Ils ont su mettre en évidence une exagération flagrante : aujourd’hui, aux U.S.A., on peut être condamné à la prison à vie pour trafic ou culture de Marijuana. Les images sont impressionnantes; quelque soit leur point de vue, beaucoup de ceux qui l’on visionné ont été choqués par cet aspect de la vérité, par les dramatiques conséquences d’un usage cannabique chez “l’Oncle Sam”. Lorsqu’on a compris que la principale préoccupation du gouvernement américain et d’exporter et d’imposer son système, et que la France a toujours plus ou moins fini par le “copier”, on a de bonnes raisons de s’inquiéter pour l’avenir. On a tous un proche, un enfant, qui peut être amené à fumer du Cannabis et pourrait “tomber” ainsi sous le coup de ces excessives et liberticides lois. Rapporter le contenu de ce reportage ne suffit pas, il faut assister aux scènes filmées (je vous conseil donc de le visionner à tout prix), pour bien saisir l’ampleur de cette “guerre à la Marijuana”, de la disproportion des moyens mis en œuvre dans la lutte contre une substance dont on sait que l’usage ne provoque aucun mort et aucun trouble de société. Le compte-rendu qui va suivre sera long et rapportera le plus méticuleusement possible les faits qui y sont énoncés, tant il est complémentaire de tout ce qui a déjà été dit sur le point États-Unis.

Introduction : D’après le narrateur, on estime à 30 millions le nombre de consommateurs américains de Marijuana. De même, on estime que plus de la moitié de ces gens sont “alimentés” par de la production locale.

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Et au présentateur d’annoncer : “C’est là que cette guerre prend toute son ampleur; pour traquer ces agriculteurs pas tout à fait comme les autres, les agents de la D.E.A. (Drug Enfoncement Agency, police anti-drogue) ne lésinent pas sur les moyens. Caméras infrarouges, hélicoptères pour détecter les serres de Cannabis jusque dans un sous-sol. Mais ce n’est pas tout, aujourd’hui aux États-Unis, on peut être condamné à la prison à vie pour trafic de Marijuana; on peut purger des peines de prison beaucoup plus longues pour possession de Cannabis que pour un assassinat”.

La Guerre à la Marijuana :

(Un hélicoptère survole de nuit la ville d’Indianapolis). Le speaker précise “ ... la chasse aux plantations clandestines est ouverte.”. On aperçoit, sur un écran vidéo embarqué, des prises de vues par caméra infrarouge. Ces policiers “balayent” les toits des maisons, les jardins, les immeubles pour repérer des sources de chaleur “anormales” observables sur l’écran. Pour la D.E.A., l’usage de technologies avancées semble plus efficace que la dénonciation. D’après leur statistiques, ce sont plus de deux millions de fumeurs et cultivateur d’intérieur qui “arrosent” une bonne partie des 30 millions de consommateurs américains. (On assiste ensuite à une perquisition. Policiers en surnombre, armes au poing, destruction de la porte d’entrée, arrestation et perquisition pour un placard équipé de lampes sodium qui ne contient qu’un volume de plante à peine suffisant, pour la consommation personnel des deux résidents qui partagent l’appartement). Comme argumentation, un policier se contente d’attirer notre attention sur les techniques de cultures employées. A défaut de pouvoir justifier moralement leur intervention, il semble que les agents de la D.E.A. “meublent” ce silence par le spectacle de leur intervention. La D.E.A. ne lésine pas sur les moyens à employer. Plus de 10 millions de dollars sont soutirés aux contribuables rien que pour le programme d’éradication des cultures. Un pilote d’hélicoptère précise : “J’ai fait la chasse à la Marijuana pendant 19 ans. Je crois que c’est le boulot le plus important que l’on puisse faire car je connais les effets de la Marijuana”. Notez bien qu’il n’en cite aucun et que le journaliste évite de lui demander des précisions. Il avoue cependant par la suite “ ... c’est une très jolie plante ...”. Outre les hélicoptères, cette police spéciale utilise aussi des delta-planes et des vigiles entraînés pour repérer les endroits suspects. L’équipe du sol, elle, se limite à un boulot de destruction des plants et d’enquête. Un policier nous fait savoir que dans la vingtaine d’états américains engagés dans cette lutte (sur les 50 existants), l’Indiana reste, pour l’instant, le leader incontesté de la répression. (Se succèdent alors des prises de vues de Cannabis coupé et entassé en fagots préparé ainsi pour être détruit par le feu). Là aussi, aucune justification morale, juste du spectacle, de la propagande psychologique qui s’adresse tant au contribuable qu’il faut convaincre du bien fondé de la lutte qu’aux cannabinophiles et cannabiculteurs qu’on tente de décourager, d’écœurer. Le Policier Mike Gayer nous explique qu’à chaque vol, il trouve une plantation de Marijuana. Il déclare qu’il ne c’est pas passé un jour sans qu’il n’en trouve, et conclut par : “ ... il y en a tellement dans l’Indiana”. Depuis plusieurs décennies, le Middle West à la réputation d’être le grenier américain de la Marijuana (scène : un policier passe sur l’écran avec deux ou trois pieds de Chanvre de trois mètres de long sur l’épaule). À ce moment du reportage, le commentateur affiche alors un parti pris qui ressort aussi parfois dans le reste du commentaire. “Il faut dire que les racines du mal ne remontent pas d’hier dans les états touchés par ce fléau”. On apprend ensuite quelques précisions historiques : pendant la Deuxième Guerre Mondiale, c’est le gouvernement fédéral lui-même qui avait fournit les graines aux fermiers pour produire le Chanvre entrant dans la fabrication de cordages (images sur fond d’archives : champs, sacs de graines et filature industrielle). L’agent Mike Gayer revient à la charge : “c’était bien dans les années 40 et c’est mal aujourd’hui”. Un autre agent rajoute : “le gouvernement payait pour la cultiver, maintenant il nous paye pour la détruire” (images d’un gros tas de Chanvre arrosé d’essence auquel un agent met le feu).

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“De toutes les drogues, c’est probablement avec celle-ci que le gouvernement a le plus de problèmes”. Cette réflexion est cependant fausse prise au premier degré, car elle occulte l’aspect toxique bien plus préoccupant des drogues dures. Je pense plutôt que l’agent qui s’exprimait voulait plutôt signifier que c’est avec cette plante que le gouvernement américain a le plus de mal à justifier sa politique répressive et a le plus de mal à l’appliquer. Dans cette plante, certains y ont vu quelque chose de mystique, d’autre y ont vu l’incarnation du diable. Dans cette volonté de l’Indiana d’éradiquer le marché noir de la Marijuana, on assiste, d’un coté, à une volonté farouche, et de l’autre, une pub sur la façon d’aménager une serre et de mener à bien une récolte, disponible sur support vidéo. Le responsable : un magasine spécialisé crée en 1974 (gros plan sur le titre HIGH - TIMES Cultivation Tips, extrait de la cassette en question). L’argumentation du magasine s’inspire des expériences de dépénalisation réalisées à l’étranger. En ce qui concerne le public et des médiats, on aborde parfois le sujet avec humour, tranchant net en ceci avec le manque d’humour officiel et la réalité de la répression. Les Américains dépensent environ 7 milliards de dollars (environ autant en Euros) par ans pour s’approvisionner sur le marché noir de la Marijuana. Un jeune homme, Doug Kinan, sortant du cliché “babacool” avec ses cheveux courts et son ”costume cravate”, apparaît alors à l’écran. Il s’enfonce dans un petit tunnel sous sa maison, qui débouche dans une pièce en béton ou une lampe sodium de 600W permet la culture de quelques plantes, visiblement uniquement pour de la consommation personnelle. Groupe électrogène, installation assez technique, il avoue avoir investit dans un gros équipement : “parce que le Cannabis (le traducteur traduit par “came”) que vous allez consommer vaut plus cher que l’or et si vous en fumez beaucoup, vous n’aurez pas les moyens d’en acheter au marché noir”. Pour justifier ces entorses à la législation, Doug Kilian rappel qu’au début des années 80, l’once (31,104 g) de qualité moyenne valait environ 40 $ (environ autant en Euros). En 20 ans, les prix ont grimpé en flèche et atteignent aujourd’hui 400 $, soit dix fois plus. À titre de comparaison, l’once d’or ne coûte que 300 $ aux États-Unis. Doug Kilian : “Je continuerai à en faire pousser tant que je pourrai, tant que personne ne me mettra autour de ma cheville une chaîne et un boulet. Il faut savoir que notre liberté est en péril à chaque instant”. Le journaliste : “Pourquoi dévoiler l’existence de votre serre ?”. Doug Kilian : “C’est une question délicate, vous savez, tout le monde me demande pourquoi je suis engagé dans ce combat. Le problème, c’est que si je ne le suis pas, nous allons tout droit à un état policier d’ici 30 ans. C’est fondamentalement un droit à la consommation, j’ai le droit de faire pousser et de consommer tout ce que dieu m’a donné, c’est à dire les graines et la terre pour les plantes.” D’autres semblent avoir eu moins de chance que Doug, comme cet ancien architecte de l’Indiana aujourd’hui derrière les barreau. L’individu désire garder l’anonymat. Son discours tombe comme un couperet : “J’ai été condamné à 20 ans de prison et cela m’a complètement détruit. Je pense que nous étions tous bien naïfs quand à l’issus de cette histoire”. Son frère, avocat, lui présenta un agriculteur fortement endetté. Il le persuada rapidement de cultiver du Chanvre, seul remède rapide pour combler son déficit financier. C’était au début des années 80, la première année, ils récoltèrent 25 Kg correspondant à cette époque à 100 000$. Un policier intervient : “C’était tous des bons types, ils aimaient leurs enfants, ils aimaient leurs parents, en un mot, ils étaient intelligents, sympas, ... ils ont violé la loi ! Ils savaient ce qu’ils faisaient mieux que

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quiconque. Les gens de l’Indiana ne peuvent pas tolérer ce genre de comportement. Pourquoi voulez-vous que l’on accepte qu’un type gagne des millions de dollars en cultivant de la Marijuana. La Marijuana constitue le premier palier dans le monde de la drogue. C’est avec elle que les enfants commencent à se droguer”. (Aparté hors résumé : Dans l’Indiana, le Chanvre dit légal ne l’est pas. Les gens de cet état pourraient gagner des millions de dollars avec, non seulement sans “empoisonner” personne, mais au contraire pour le bien de tous. Mais ils n'en veulent pas non plus. Autre détail, leur théorie de l’escalade vers les autres drogues est aujourd’hui admise comme erronée, mais elle a toujours cours légal dans ces pays répressifs. Non monsieur ! Les enfants commencent à se droguer avec le Tabac et l’Alcool, ensuite, ils sont de plus en plus nombreux, aujourd’hui, à passer directement à la Cocaïne, à l’Héroïne ou à l’Ecstasy. Ce n’est que par la suite, notamment lors de traitements divers, que ces derniers en viennent au Cannabis, souvent pour ses vertus médicinales ou anxiolytiques plus que pour la qualité de l’euphorie qu’il provoque. La seule escalade à laquelle on assiste ici, est celle de l’ignoble bêtise qui génère des crimes rendus légaux : ceux de la prohibition). Nous avons là, enfin, un excellent exemple des thèses prohibitionnistes. Et comme par hasard, le reportage enchaîne sur les thèmes de l’enfance et des adolescents à protéger. Sur fond d’images de collégiennes s’entraînant en gym rythmique, on entend le commentaire suivant : La Marijuana qui se cultive dans les champs de maïs ne se retrouve pas que dans les joints et les pétards de ceux qui la cultivent. Elle arrose aussi les collèges de l’Indiana”. (Prise de vue en survol d’un collège à l’aspect plus carcéral qu’autre chose). Aux dires de six jeunes interrogés en groupe, il y a de la Marijuana partout, les usagers ne se cachent pas et ils vous forcent à en consommer (pressions morales surtout). (Aparté hors résumé : Ce groupe est constitué d’un garçon et de cinq filles qui me paraissent assez coincés et conditionnés. Il plane comme une odeur de délation organisée au sein de ce groupe “on en a attrapé il y a deux semaines ...” nous affirme une fille comme si elle avait participé personnellement à l’arrestation, ou en tout cas, comme si elle avait permit qu’elle se réalise). Paul Crousore, proviseur du collège de Warsaw, précise : “Un certain nombre d’indices nous laissait à penser que nous avions des problèmes de drogue dans l’établissement. Nous avons décidé de donner un bon coup de balais. La police est venue avec des chiens, ils ont tout fouillé et 17 étudiants ont été arrêtés”. Parallèlement, le dépistage urinaire dans les centres scolaires fait partie de la prévention. Les lycéens contrôlés positifs sont censés ne pas être dénoncés à la police sauf s’ils deviennent dealers. Pour dissuader les consommateurs, les proviseurs peuvent les suspendre de cours pendant un an, règle presque toujours appliquée. La prévention s’applique dès le collège, sous forme de cours. L’agent Ridcharson et sa femme Lyan sont éducateurs spécialisés de la police, ils animent de véritables cours anti-drogue car leur mission est d’informer les jeunes sur les dangers de la Marijuana. Ils animent des “cours” sous forme de jeux de rôles, de séries de réponses possibles à quelqu’un qui leur proposerait de la Marijuana; ce conditionnement semble porter ses fruits dans le sens où les enfants interrogés semblent fortement remontés contre cette drogue. Aparté hors résumé : Cependant, on ignore la teneur de l’instruction qu’ils ont reçu et on peut avoir des doutes sur la réalité scientifique de cette dernière comme en témoigne les brides d’informations recueillis dans les différents témoignages : - Les élèves affirment tous que c’est mal et dangereux mais sont incapables de citer des exemples précis de dangers encourus. - Une élève cite l’aberration suivante : “..., cela peut même vous tuer si vous en prenez trop !””.

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Il peut y avoir un risque certain, en voulant persuader des personnes (même des enfants) de quelque chose en leur mentant. Celui que les personnes trompées choisissent de faire l’inverse de ce que l’on voulait obtenir d’elles. Les spécialistes sont divisés sur les effets et l’état de dépendance à la Marijuana, selon eux infimes par rapport aux drogues dures. Mais chacun est unanime pour dire que la priorité est de protéger les enfants de ce problème (le narrateur parle de fléau). C’est dans les années 20, avec l’arrivée massive des immigrants mexicains, que la Marijuana a fait son apparition aux États-Unis. D’après la police de l’époque, en 10 ans, avec la montée du trafic, les crimes se sont multipliés. Aparté hors résumé : Les crimes dont ils parlent ne sont pas définis. Et on se demande de quel crimes il peut bien être question : la Marijuana n’est pas encore interdite, on sait qu’elle rend ses usagers pacifiques, ... il ne peut s’agir que de propagande raciste comme nous l’avons défini dans la première partie de cette encyclopédie, notamment sur le point traitant d’Harry J. Anslinger. Dans les années 30, la drogue, mis en accusation, sera combattue par Harry J. Anslinger, présenté par le narrateur comme un “incorruptible”, patron des ”Narcotics” (Fédéral Narcotics Bureau), qui se servira des médiats pour ”diaboliser” notre plante définie à l’époque comme un mal venu d’ailleurs qui polluait l’Amérique. Aparté hors résumé : Aucune allusion aux prises de positions racistes et aux mensonges aujourd’hui prouvés comme tels que cet individu proférait dans les médiats. Aucune allusion non plus au rôle servile que joua Anslinger auprès des politiques et industriels de son époque. Le terme “incorruptible” employé ici est une insulte à la vérité historique. Je suis persuadé que son auteur ne l’a pas utilisé sciemment dans le sens de cacher cette vérité, mais parce qu’il en ignorait l’existence, tout simplement. Dans les années 60, la Marijuana était devenue le symbole de la contre-culture (ou culture Underground) et de l’opposition à la guerre du Viêt-nam. C’est la naissance de différents mouvements contre culturels (qui aboutirent vers 70 au mouvement Hippies et au Power-flower). Les nombreux contestataires fument sans se cacher et forment donc un vaste mouvement qui semble, à son époque, ouvrir la porte à la dépénalisation. Au début des années 70, la Commission Schaeffer sera chargée par le Congrès (américain) de se pencher sur les problèmes de législation de la Marijuana. Le docteur David Musto apparaît à l’écran et commente alors : “ ... Ils en ont conclu que la Marijuana serait dépénalisée, ce qui veut dire que vous pouviez avoir une amende de l’ordre d’une contravention pour de petites quantités à usage personnel. Tout cela déplaisait au président Nixon. Je pense que de tous les présidents, Nixon fut le plus viscéralement opposé à la drogue”. Autre « erreur » : comme nous l’avons déjà lu, la dite commission proposait de légaliser tout simplement l’usage et la possession de marijuana, et notamment d’enlever toutes amendes. Dans les années 80, la propagation des dérivés de Cocaïne fera basculer l’opinion publique vers un retour à la répression. En 1986, la mort du basketteur Len Bias par overdose de Crack, met la pression sur le gouvernement américain. La même année, le président Reagan signe une loi anti-drogue qui stipule qu’une peine obligatoire, sans liberté conditionnelle, sera infligée pour toute consommation de drogue illégale. Les individus interpellés avant la promulgation de cette loi ont, en quelques sortes, de la chance. Ils ont été ou seront jugés d’après l’ancienne loi, moins répressive. En promulguant sa loi anti-drogue, le gouvernement américain enlève les pleins pouvoirs aux Juges en les empêchant de prononcer des peines moins lourdes. Cette loi ne fait aucune différence entre un consommateur cultivateur et un trafiquant. Depuis 1987, les peines fédérales obligatoires sont donc fixées selon la quantité saisie. Voici le genre de tableau qu’on peut apercevoir sur l’écran :

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Types de drogues

Peines

5 ans sans L.C.

10 ans sans L.C.

LSD

1g

10 g

Marijuana

100 plantes / 100 Kg

1000 plantes / 1000 Kg

Crack

5g

50 g

Cocaïne

500 g

5 Kg

Héroïne

100 g

1 Kg

Tableau des peines obligatoires contractées sans L.C. (Libération conditionnelle) en fonction de quantités ”prédéfinies”.

(On assiste de nouveau à une perquisition : une maison est cernée par la police). Dans l’Indiana, la chasse repart de plus belle. Pour les forces de l’ordre, il ne fait aucun doute que les fumeurs de Marijuana sont autant de consommateurs potentiels de Crack ou d’Héroïne. Aparté hors résumé : Alors là, je “pète les plombs” ... c’est faux, archi-faux ! Et c’est prouvé dans cette encyclopédie (voir théorie de l’escalade). La logique des policiers est simple : la culture de Cannabis étant facile à réaliser, tous les moyens sont bons, y compris la dénonciation, pour tenter d’enrayer sa propagation. Chaque interpellé est donc susceptible d’en faire “tomber” d’autres. (Nous assistons de nouveau aux images d’un hélicoptère équipé de caméra infrarouge en vol de nuit). Aujourd’hui, l’Amérique s’interroge sur le bien fondé de cette lutte et de cette répression, d’autant que de nombreux médecins, scientifiques et hommes politiques contestent le bien fondé des thèses prohibitionnistes sur le Cannabis et sur les notions de “drogue douce” et de dépendance. En fait, l’opinion publique reste attachée à la condamnation des trafiquants mais serait actuellement favorable à un allégement net des peines des consommateurs. (Nous assistons à des prises de vues de prisons américaines). Avec la loi anti-drogue de 1986, la population carcérale a triplé aux États-Unis. Ils représentent aujourd’hui 70% du nombre total des prisonniers et la plupart de ceux qui le sont pour raisons cannabiques, purgent aujourd’hui, des peines plus longues que les auteurs d’homicides. Le reportage nous cite alors des exemples : le cas d’un père de deux enfants qui purge une peine de 24 ans (pour trafic et possession de 300 Kg de Marijuana). Celui d’un autre condamné à 10 ans (pour la culture de 167 pieds) et celui de deux complices qui prennent aussi 10 ans (pour la culture de 1500 pieds). Pour ce dernier cas, le Juge Thelton Enderson, qui s’était occupé de l’affaire, précise : “J’ai dit à ces deux jeunes hommes que j’aurais aimé faire autre chose que ce que j’ai fait, que je me sentais mal à l’aise, que j’avais les mains liés par la Justice. Je pense qu’on aurait pu les réhabiliter en moins de 10 ans. Je suis opposé, en général, à la loi sur la peine obligatoire, car je pense qu’elle est bien trop sévère. Je pense qu’elle ne permet pas aux Juges d’évaluer chaque cas individuellement. Il y a une règle qui dit : vous avez trafiqué avec une certaine quantité de drogue; par conséquent, vous écopez de la peine obligatoire. Et on applique la règle”.

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Dans 15 des états américains, les trafiquants risquent la prison à vie. C’est le cas de Wild Foster, en Oklahoma condamné à 93 ans de prison pour avoir cultivé du Cannabis en présence d’un enfant. Dénoncé à l’origine pour des amphétamines qu’il n’a jamais possédées, La police a trouvé à son domicile une serre souterraine, un kilogramme de Marijuana, des sacs, des balances et accessoires pour la distribution. Pour eux, il ne faisait aucun doute que cet homme s’adonnait au commerce du Cannabis. Pour cause de prisons surpeuplées, Wild Foster est depuis transféré dans un pénitencier du Texas. La législation de ce pays étant moins sévère qu’en Oklahoma, il a fait appel de sa condamnation et espère obtenir une liberté conditionnelle. Pour l’obtenir, il doit reconnaître qu’il vendait une partie de sa production, ce qu’il a toujours nié. (Wild Foster) : “J’ai préféré passer en cours d’assise, c’était la garantie pour ma femme de ne pas aller en prison. Ils l’ont obligé de témoigner contre moi”. (Sa femme) : “Je ne voulais pas faire ça, je ne le voulais vraiment pas. Mais c’était ça ou j’allais en prison. Et je ne savais pas qui allait s’occuper des enfants. Et puis il m’a dit : tu dois le faire, tu n’as pas le choix”. Le statut de complice est systématiquement donné aux femmes des inculpés qui refusent de témoigner a charge. C’est parce qu’elle a refusé ce chantage que Judy Israël purge dans l’Indiana une peine de 12 ans de prison. (Judy Israël) : “Vous savez, quelque part, tout cela doit s’arrêter. Il suffirait que je témoigne contre quelqu’un pour envoyer 10 personnes en prison. Tout cela doit s’arrêter”. Son mari, Rasta (blanc) qui avait invoqué, lors de son procès, la raison religieuse, n’a pas vu sa requête aboutir et a été condamné. (Judy Israël) : “ Le problème, avec l’accusation de complicité, c’est que n’importe quel type de rumeurs et de ragots peuvent être portées à la connaissance du Tribunal. Alors s’ils n’ont rien d’autre, ils vous coincent pour complicité. Votre mari peut très bien partir en voyage d’affaire pour le Week-end, revenir à la maison, et peut-être en a t’il profité pour acheter de la drogue, et vous, vous pouvez être condamné pour cela. Quand j’ai été incarcéré, mes enfants avaient tout juste un, deux et quatre ans et ma fille aînée 9 ans. On les a tous placés dans des familles différentes. Mon plus jeune garçon ne sait même pas qui je suis. C’est dur, car en temps que parent, vous voulez protéger vos enfants et moi j’ai l’impression de leur faire du mal. ”. Outre le fait que Judy n’a bénéficié d’aucune réduction de peine, elle ne voit ses enfants qu’une fois par an. “J’ai fais une erreur, j’ai choisi le mauvais mari, mais onze ans de ma vie séparée de mes enfants, ce n’est pas juste”. Autre cas : John Angelo ancien dessinateur industriel chez Boeing, marié et père de famille à lui aussi été inculpé pour culture de Marijuana. Il détenait 760 plants qu’il faisait pousser sous lampes sodium. Avant que cela lui arrive, il n’aurait jamais imaginé qu’on puisse lui enlever ses enfants, lui confisquer sa maison, lui faire perdre son emploi et être emprisonné pendant cinq ans. Une Justice qualifiée par le narrateur comme “sans pitié”. Le Juge Thelton Enderson intervient de nouveau : “Au début, lorsque les directives concernant les peines sont sorties, je pensais qu’elles seraient progressivement retirées après quelques mois. Hors, elles sont toujours en vigueur et je ne vois aucun signe pour qu’elles disparaissent dans un futur proche. Je ne sais pas ce que pourraient faire les Juges. Nous ne pouvons pas faire pression. Nous sommes plutôt coincés`. On peut du moins exprimer notre mécontentement comme je le fais maintenant, en espérant qu’avec le temps, le Congrès (américain) révisera cette loi “.

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John et Rachel ont accepté de plaider coupable en échange d’une réduction de peine. Le principe de ce “marchandage” était le suivant : en acceptant de témoigner contre son mari, Rachel “ne fera” que trois mois de semi - liberté avec possibilité de garder son emploi. John, qui a déjà perdu le sien, ne sera condamné qu’à cinq ans de prison et les purgera lorsque sa femme aura fini sa peine. A la sortie du Tribunal, la caméra intercepte leur réaction : Rachel (sur un ton désabusé) : “C’est exactement à ce que nous nous attendions; ils ont accepté que nous plaidions coupable car c’est ce qu’il y avait de plus simple je crois ! “. John “J’ai l’intention d’en accepter les conséquences. J’ai évité à Rachel beaucoup de peine et de souffrance. Je dois vivre avec ça maintenant ... “ et, prenant sa femme par les épaules, lui dit “ ... allez, rentrons à la maison ! “. La violence des interventions policières contre la Marijuana n’est pas gratuite : agissant expressément sur ordre du gouvernement, les policiers déclarent espérer ainsi dissuader les jeunes et les classes moyennes qui n’ont pas, d’après eux, les moyens de se “shooter” (terme employé par le narrateur complètement décalé avec le sujet en cours) et qui automatiquement sont obligés de dealer. Ce qui constituerait, toujours d’après la thèse officielle, un premier palier avant les vols et les braquages pour financer dans le meilleur cas leurs joints, avant de passer au Crack ou à l’Héroïne. Énième aparté hors résumé : 1) En France, les policiers font bien attention à ne pas déclarer publiquement de telles inepties, mensonges qui auraient obligatoirement pour effet de déclencher une levée de tollé de la part des médiats, des médecins, des intervenants en toxicomanie, du C.I.R.C., d’A.S.U.D., etc. ... Tout est faux dans ce dernier paragraphe, bien entendu ! Observez bien de la façon dont ils construisent leur raisonnement, sans aucune preuve de ce qu’ils avancent, faisant fi des observations médicales et des expérimentations scientifique et hop! Sortant de la bouche de policiers, tout ce mensonge devient forcément vrai aux oreilles du public. 2) Autre remarque, à l’intention du narrateur cette fois: “shooter” est un terme qui n’est employé que dans le jargon des toxicomanes aux drogues dures. En effet, le mot shoot définie une injection par voie intraveineuse, se shooter signifie donc se piquer. Cette pratique ne peut donc être attribuée au Cannabis. De même, ce dernier ne se “sniff” pas non plus. Comment peut-on commettre une telle erreur à tel niveau de professionnalisme ? Certains pourraient parler ici d’erreur volontaire dans le but d’égarer le téléspectateur, l’histoire de la prohibition en étant remplie. Pour ma part, je pense plutôt que l’on donne à traiter à des journalistes, des sujets auxquels leurs connaissances personnelles sont assez limitées, ce qui peut engendrer des erreurs de raisonnement de ce genre. 3) Depuis 30 ans que je consomme des dérivés cannabiques, et pas des moindres, j’attends toujours l’envie d’escalader vers l’Héroïne, mais cette dernière me fait toujours défaut. Je suis prêt à passer le “test des cheveux” pour prouver mes dires. Il en est de même pour la Cocaïne, le Crack, le L.S.D., etc. Je n’ai jamais pris, même pas goutté une seule fois, ces produits car ce que je sais d’eux fait qu’ils ne m’attirent pas. Il serait, d’après moi, intéressant de demander aux autres usagers cannabiques, ce qu’ils en pensent, eux, de la théorie de l’escalade ... 4) Ce paragraphe recèle en lui une sorte d’aveux : c’est comme si la classe riche avait d’office le droit de se “défoncer” car elle en a les moyens. Inversement, ceux qui n’en n’ont pas les moyens deviennent suspects. Après le “délit de faciès”, survient le “délit de pauvreté”. Il est contradictoire, de la part de prohibitionnistes, de tenir de tels propos, car cautionner l’usage de drogue chez les riches revient à cautionner le trafic qui les fournit, et qui va effectuer ce trafic sinon les classes plus modestes et les jeunes? C’est comme si la police gérait le trafic au lieu de le combattre réellement, en se contentant de “piocher dedans” de temps en temps, histoire de faire parler les médiats; de rassurer les foules et d’assurer la promotion interne.

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Aux antipodes de cette répression, d’autres états américains plus libéraux, comme l’Arizona et la Californie, contournent le problème et surtout la loi anti-drogue de 1986 en autorisant la consommation de Marijuana médicale. Aparté : À ce moment précis du reportage, une musique de film d’angoisse accompagne les images illustrant la revente de Cannabis, procédé psychologique utilisé ici, semble-t-il, pour “effrayer” le téléspectateur, alors que nul élément prompt à dégager la peur ou la colère n’est réellement présent dans ces images. Le terme « contourne » utilisé est péjoratif et sous-entend que le cannabis médical puisse être une supercherie. Ce qui est loin d’être le cas ! Dans le club de San Francisco (club de revente de Cannabis médical), on assure la revente de Cannabis à toute personne possédant une ordonnance médicale. Le narrateur précise que cette ordonnance « semble » facile à obtenir. Deux politiques contradictoires qui ébranlent le très répressif consensus national sur les drogues douces et qui pourrait bien relancer le débat sur la dépénalisation aux États-Unis. En guise de conclusion, le narrateur nous prévient d’un fait remarquablement juste (citation) : “Les ”pour” et les “contre” n’abaissent pas la garde, chacun arguant des bienfaits sur le plan médical ou des méfaits sur la jeunesse du pays de l’usage de la Marijuana. La route est certainement longue pour les uns comme pour les autres. En attendant, de la plantation artisanale à l’exploitation de plus grande envergure au milieu de champs de Maïs, la Guerre de l’Amérique contre la Marijuana se poursuit”. (Reportage signé Elena Mannes, Duncan Forbes et Ted Winterburn, commentaires de François Cornet, coproduction : Frontline / Elena Mannes © WGBM Educational Fondation). À la fin du reportage, Bernard Benyamin demande son avis à Gilles Leclair et en profite pour présenter son livre “La Drogue par le patron des Stups” (édition Orban). Ce dernier explique que la répression qu’il incarne passe pour salutaire au regard de la sévérité de la loi américaine. Pour lui, “la dépénalisation ne veut rien dire car cela ne résout pas le problème de l’approvisionnement”, cela se résoudrait plutôt par la légalisation et il conclut par : “la légalisation mondiale n’est pas pour demain ! “. Peut-être pas pour demain, à cause de gens comme vous monsieur Leclerc, mais au sujet du cannabis elle le sera un jour inéluctablement et vous aurez à rendre des comptes !

Conclusion de ce reportage : On ne peut que constater que tout est malheureusement justifiable sur terre, même le pire des pires. Et c’est là que certains prohibitionnistes sont forts : ils ont l’art et la manière de pouvoir justifier ce qui ne peut pas l’être, de jongler avec les chiffres, les mots et les idées que tantôt ils simplifient et généralisent à leur convenance ou tantôt compliquent à l’extrême, et d’utiliser le faux et de manipuler les phobies. C’est au niveau d’art que ces individus ont haussé leur vice, et ils sont condamnés à entretenir leurs mensonges : leur guerre ne pouvant se réaliser que si le public la soutient. Il est donc question ici de leur « gagne-pain » ! On est dans ce cas en face d’un cas flagrant de fascisme : il n’y a plus de démocratie ; mais, abusé par une partie de ses propres élus et hauts - fonctionnaires, le peuple américain a légitimé cette répression, ce qui laisse l’illusion de la démocratie. Évidement, les réelles motivations qui générèrent le complot du Chanvre ont été occultées de la connaissance du public. Pire, le gouvernement américain et la D.E.A. l’ont manipulé, ils lui ont menti sur plusieurs points. Tout le monde c’est fait avoir, même les médiats américains. Il existe depuis des cas similaires avec les attentats du 11 septembre et la guerre en Iraq. Leurs pratiques désinformatrices et mensongères sont très au point et font donc quasiment office de « code de procédure » pour ce qui est de tromper l’électorat. Par des discours alarmistes et par la psychologie, les autorités ont su renverser une situation qui leur semblait défavorable au début des années 80. Elles, qui sont responsables de l’explosion du marché américain des dérivés de la Cocaïne, ont réussit à retourner l’Opinion Publique alors conquise à l’idée de la dépénalisation

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cannabique. Sans honte, ils ont même affirmé que la Marijuana menait irrémédiablement à la Cocaïne et qu’elle était la cause du “déferlement” actuel de cette dernière. Manipulant les médiats et les cerveaux, ils créèrent aussi des peurs en insistant sur le fait de préserver la jeunesse de ce “fléau.” Résultat, si aujourd’hui la majorité du public américain souhaite un allégement des peines pour les consommateurs simples, dans 20 des 50 états américains, ils cautionnent cependant la répression uniquement par réflexe de préservation de leurs enfants. Les prohibitionnistes en profitent pour y faire légiférer anticonstitutionnellement. Il y a un fait important que l’on peut déduire de cette histoire : Nixon, Reagan et Bush, trois présidents successifs étaient, et se sont fait connaître, comme viscéralement opposés aux drogues et comme croisés contre ces dernières, revendiquant alors d’incarner la bonne morale, la Justice et le bon Droit. Parallèlement, ils revendiquaient aussi de défendre et d’incarner les Droits de l’Homme de part le monde ... foutaises! En fait, le premier est tombé à la suite du scandale du Watergate, les deux suivants se sont mouillés dans le trafic d’arme et celui de la Drogue. Ce sont eux qui ont laissé, aux États-Unis, s’organiser la propagation des dérivés de la Cocaïne pour financer, entre autres, la Contra (voir le reportage : “À qui profite la Cocaïne” dans la deuxième partie de cette encyclopédie, notamment le point sur le Cocaïer ainsi que celui sur la Cocaïne). Aussi, je peux affirmer sans me tromper qu’il a continuité du complot contre le Chanvre, puisqu’ils sont arrivés à retourner l’Opinion Publique, alors favorable à la dépénalisation de cette plante et à lui faire accepter un principe extrémiste de répression des drogues. Les présidents successifs des États-Unis, s’ils ne veulent pas connaître le sort de J. F. Kennedy, acceptent donc de jouer un rôle de “serviles larbins” aux ordres d’une poignée de puissants industriels : ceux que je nomme : “le Gang des milliardaires” (voir plus en avant dans cette première partie). Ceci précisé, nous retiendrons essentiellement de ce reportage : - Les femmes des détenus pour possession et/ou trafic de Cannabis sont d’office considérés comme complices de leur mari ou concubin. Cela exerce une pression propre à déclencher la spontanéité de témoignages à décharge ou de faux témoignages. C’est une habile façon de justifier cette lutte auprès des contribuables en même temps que bâillonner toute éventuelle contestation : la plupart des concernés plaident coupable pour diminuer leur temps de peine et obtenir un arrangement pour l’éducation et l’avenir de leurs enfants. - Les enfants sont aussi punis, car on les place systématiquement dans des familles d’accueils (toujours différentes en cas de fratrie). La séparation ne touche donc pas que les parents. C’est un procédé cruel qui n’a rien de démocratique et qui vise plutôt à détruire les individus et leur vie, plutôt qu’à les punir en fonction de la gravité de leur acte puis, de les aider à se réinsérer. Les moyens quasi militaires mis en œuvre, leur coût pour la société, et les abusives peines de prisons prononcées contre les contrevenants cannabiques à la loi anti-drogues dans 20 des 50 états américains. - La perte systématique de l’emploi des concernés (imposée même si le patron souhaite conserver son employé) dérogeant aux principes les plus fondamentaux et élémentaires du Droit du travail et de la réinsertion. - La confiscation des biens tout autant systématique, la violence des arrestations, ... pour une plante dont l’usage ne provoque aucune mort, aucune perturbation sociale autre que son interdit, aucune nocivité pour le genre humain, bien au contraire (voir son aspect écologique et économique dans cette première partie). - La manifestation de la vérité est combattue car on demande aux inculpés d’avouer des mensonges en échange de réduction et d’aménagement de la peine. Mensonges qui arrangent bien entendu la procédure, sa durée, sa complexité, et permet ensuite de justifier la répression auprès des médias.

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C’est en tenant compte de l’ensemble de ces doléances que j’ai bâti le titre précédant cette conclusion : “l’Harmagedôn se déroulant sous vos yeux“. Car cette haine, cette volonté de vouloir détruire le monde du Cannabis rappelle fortement un passage de la Bible ou il est expressément indiqué que ceux qui refuseront de porter le chiffre de la bête (entendez par-là refuser les loi et l’obéissance aveugle envers les états qui gouverneront le monde au temps de l’Apocalypse) seront persécutés, détruits, interdits de travail, de commerce et de vie ... Cette « guerre des drogues » et donc un des fronts d’une guerre plus générale !

7) LA RÉGLEMENTATION INTERNATIONALE DU CANNABIS : Tout commence par le problème posé par le Pavot. La Chine, après deux “guerres de l’Opium” perdues, parvient quand même à organiser, en 1909, la Convention de Shanghai (13 pays signataires). Deux conférences internationales (ou conventions) sur le Cannabis eurent lieu : l'une en 1912 (La Haye) et l'autre en 1924 (Genève). La première se réunit surtout pour établir une réglementation du contrôle international de l’Opium et de la Cocaïne (ainsi que leurs dérivés). Alors que le Cannabis n'était pas mentionné dans les textes d'étude, une résolution sur le "Chanvre Indien" fut rajoutée à l'ordre du jour des travaux de la conférence, par le Docteur El Guindi, représentant officiel Égyptien. Ce dernier décrivit le Cannabis comme le fléau de son pays, responsable de 30 à 60 % des maladies mentales observées... Il décrivit des cas de haschischisme aigu ou chroniques, marqués par une détérioration physique et psychique. Il s'abstint cependant, de parler de l'état de pauvreté de son pays et de la misère qui frappait sa population. L'ignorance et la souffrance ne sont-elles pas les principales responsables de ces abus? Toujours est-il que, appuyé par une bonne partie des pays du Tiers-monde, et des pays industrialisés, le contrôle du Chanvre Indien fut inclut dans la Convention. Le Cannabis fut ainsi défini : "... limité exclusivement à des buts médicaux et scientifiques, la production, la fabrication, l'exportation, l'importation, la distribution, le commerce, l'usage et la possession des drogues couvertes par la convention..." (sont assujettis à cette définition) "...les sommités fleuries et fructifères de la plante Cannabis (Femelle) (à l'exclusion des graines et des feuilles non accompagnées des sommités), dont la résine n'a pas été extraite, quel que soit le nom par lequel on les désigne." Les feuilles de la plante furent exclues de la convention par un geste de compromis à l'égard des délégués de l'Inde et du Pakistan, pays où le Bhang, décoction de feuilles de Cannabis, était encore très largement utilisé (usage religieux et coutumes). Cependant, il fut habilement rajouté : "...Les partis adopteront toutes les mesures nécessaires à la prévention de l'abus et du trafic illicite de feuilles de Cannabis...". Donc, en France par exemple, l'excuse de consommer du Bhang ne prévaudra pas, n'étant pas une coutume locale profondément ancrée et politiquement difficile à interdire. La Loi Française interdit son usage et a même prévu le vice de procédure. Le texte de la conférence étant toujours d’actualité, nos experts juridiques ont trouvé la parade à ce qu’ils ressentaient comme une lacune. Pour ce faire, ils ne parlent pas en terme de “sommités fleuries et fructifères de la plante Cannabis (Femelle)“ car comment prouver qu’une résine ou que des feuilles (légèrement stupéfiantes) destinées à la consommation proviennent bien d’une plante femelle (défendue) et non pas d’un plant mâle (dédaigné d’interdiction par la conférence). En métropole, nous basons l’interdiction sur la présence de T.H.C. et autres cannabinoïdes dans n’importe quel produit que se soit. Si je découvrais demain une plante totalement différente du Chanvre et qui posséderait quand même un cannabinoïde psychoactif, elle serait donc d’office interdite. J’irais donc tout droit en prison à moins de persuader le juge de mon ignorance dans la nature chimique de la résine produite et de la sincérité de mon “mea-culpa”. Mais revenons à notre étude.

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Après la guerre de 14 – 18, la société des nations organisa d’autres conventions et accords qui engagèrent les états signataires. Morphine et cocaïne connu un boum après la grande guerre. Pourtant, bien que dangereux et détournés quasi systématiquement par les patients pour un usage toxicomaniaque, il fallait que ces substances soient réservées à des fins médicales et étroitement contrôlées. C’est alors que naissait un comité central permanent, qui centralisait toutes les donnés et statistiques de l’époque sur la culture, la production, la consommation et l’état des stocks des pays engagés. Les pays signataires de la Convention généraliseront l’interdiction du Chanvre. D’autres conventions ou conférences vinrent renforcer cette interdiction : - Celle de 1925 : Convention de La Haye (dix pays signataires, système de licence, transactions enregistrées, statistiques détaillées). - Celle de 1931 : Convention de Genève (fabrication et commerce des drogues planifiés, création de l’O.I.C.S.). - Celle de 1936 : Conférence de Genève (premier classement des produits en deux groupes, convention pour réprimer le trafic illicite des drogues nuisibles et qui rentra en vigueur en 1939). - En 1946 : l’ONU créait la Commission des Stupéfiants (aujourd’hui constituée de 30 membres) réunissant les pays producteurs et/ou fabricants d’Opium et de Coca. Le but était de former une commission qui assurait une fonction de surveillance et de préparation de projets de conventions internationales. Elle pouvait aussi étudier les éventuelles réformes et donner son avis. - Protocole de Lake-Success (1948): élargissement de la liste des produits interdits (rajout de 12 produits synthétiques). - Celle de 1961 : Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants (66 pays présents, classement des produits en 5 catégories, contrôle encore plus strict, naissance de la prohibition mondiale). Le nombre de pays signataires de cette convention, dont les prises de positions ont toujours cours, s’est élargi depuis à 108. Elle compose un Organe International de Contrôle des Stupéfiants composé de 11 experts. - Celle de 1971 : (Conférence de Vienne), qui ajouta le Delta 9 T.H.C. à la liste des drogues dangereuses à éliminer de l'usage courant. - Celle de 1972 : Convention des Nations Unies sur les stupéfiants et les substances psychotropes. - Convention complémentaire de Schengen (1990). - Les 8, 9 et 10 juin 1998 à New York, l’O.N.U. a réunit 135 pays dans un grand sommet intitulé “Pour un monde sans drogue”. Les pays cosignataires se sont entendus pour tenter de réduire l’offre et la demande de drogue dans les dix ans qui suivent. “.Et cela malgré l’appel d’ONG, policiers, juges, économistes et même politiciens qui dénoncent cette politique “irréaliste”. “ (ref. A.S.U.D. Journal n 14, été 1998, page 4). Notre président, Jacques Chirac s’y est fait remarquer se déclarant hostile à toute libéralisation (cannabique) et justifiant la “guerre contre la drogue” à coup “d’avis de professionnels” tous issus du camp des prohibitionniste (exemple : le professeur Nahas). Or depuis 1994 en France, la Commission Henrion, le Comité d’Éthique et l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie (A.N.I.T.) se sont prononcés pour la dépénalisation (au moins) de l’usage simple de Cannabis. En 1998, le Rapport Roques vint justifier, en quelque sorte, ce point de vue progressiste.

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Il est impossible ici de rentrer dans les détails de chaque convention. D’autant plus qu’elles ne font, en gros, que se répéter en thèmes déjà abordés ou se “complémentariser”. Cependant, pour les curieux, je leur conseille de, soit consulter les rapports des dites commissions, soit de lire Fumée Clandestine ou je vous renvoie aux pages suivantes : - Celle de 1925 : Tome 1, page 54 - Celle de 1931 : Tome 1, page 54. - Celle de 1961 : Tome 1, page 54, 57, 58, 59, 65, 67, 72, 78, 80, 81, 119, 152, 170, 205, 206, 214, 215, 216, 254. - Celle de 1971 : Tome 1, page 54, 60, 80. - Celle de 1972 : Tome 1, page 216. - Convention complémentaire de Schengen (1990) : Tome 1, page 216. Parallèlement, le premier rapport de l’américaine Commission Nationale sur la Marijuana conclu, comme celui de La Guardia, que le Cannabis est peu toxique et tenta de faire légaliser au moins la possession et l'utilisation à titre privatif. Rejeté par le président Nixon, mais suivies par la plupart des états américains, ces recommandations impliquèrent dès 1976, la reconnaissance légale d’un balbutiement de concept qui amènera un jour à l’autorisation de la possession et de l'utilisation privée de Marijuana. Fort de cet échec, l’O.N.U. prit des précautions, et nomma l’OICS (Organe International de Contrôle des Stupéfiants), véritable organisme prohibitionniste pondant régulièrement des rapports très engagés. On constate que plus on prouve la non nocivité du produit, plus on se heurte à l’injustice des lois qui traitent ce domaine, et plus la répression s’accroît, se fait lourde et cruelle. En 1994, on estime que le nombre d’américains fumeurs de Chanvre (réguliers ou non) dépasse les cinquante millions d’individus (35 à 40 millions officiellement). Dans cette “manne”, la répression fait “de l’argent” et détruit des existences, au mépris des droits fondamentaux de l’Homme et des Démocraties (voir Partie 2). Il existe cependant une brèche dans cette “chape de plomb” juridique : un certain Todd Mac Cormick, américain fumeur de Cannabis pour raisons médicales, à découvert que : le Préambule de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants contient une clause spéciale permettant de transporter et de consommer des stupéfiants à partir du moment où ils ont été prescrits légalement (ref. A.S.U.D. Journal n°11, printemps 96, page 9, colonne du milieu, bas de page). Ceci peut donc tout particulièrement s’appliquer au Cannabis de part ses différentes vertus médicales reconnues. D’autant plus pour la France qui a ratifié la dite Convention … En Europe, la prescription peut être légalement obtenue aux Pays-Bas et, cadre européen oblige, être tout aussi valable en France. Mais dans le Droit, il faut savoir distinguer la théorie de la pratique. Celui qui voudra régulièrement cultiver ou importer, transporter du Cannabis en France, même sous couvert médical, va se créer de sacrés ennuis et subir menaces et pressions. Nous constatons ici un bel exemple de Droit bafoué ... . Pour terminer cette partie, nous pourrons remarquer que malgré cette organisation méthodique de la lutte internationale contre les drogues, les pays ont adoptés différentes législations en fonction du contexte socioculturel. Devant la montée de la toxicomanie, toutes les législations européennes ont étés modernisées dans les années 1970 et renforcées dans un sens de sévérité accrue dans les années 1980. Mais d’importantes variations existent entre les pays en matière de répression du trafic et d’usage, et de façon encore plus accentuée quand au sujet de l’articulation soins – répression. Il ressort que la France a la législation la plus radicale, tandis que la Hollande à la position la plus libérale.

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8) LA COMMISSION HENRION (FRANCE 1995) : Épisode pénible du chapitre “Cannabis in France”. La nomination de la commission, comme ses résultats d’ailleurs, furent un “big” leurre politique. Bien que nommée par l’État, ces commissions ne produisent qu’un avis consultatif et en aucun cas une décision ayant force de loi. Cette commission avait pour mission de se pencher sur le problème de la drogue en particulier, et de la toxicomanie en général. La constitution de la commission a pris beaucoup de temps car toutes les parties devaient être représentées. (Police, Santé, Sciences, Médiats, ...). Nombre de membres de cette commission n’étaient pas spécialistes de la politique en matière de Drogue, fait qui assurait une certaine neutralité et était censé empêcher les préjugés. Comme l’indique la préface du rapport, elle s’est particulièrement orientée vers la question d’une prohibition de toutes formes de ventes et de distribution. Au cours des travaux, la commission a partagé son avis sur deux points, d’ailleurs, au moment du vote, elle s’est prononcée sur la question de la dépénalisation de l’usage Cannabis et de la dépénalisation des drogues autres que le Cannabis. En ce sens, elle admet une distinction entre drogue douce et drogues dures. Une petite majorité de la commission s’est prononcée en faveur de la dépénalisation du Cannabis (9 voix contre 8), le vote de la seconde question a donné un résultat strictement inverse (pour la pénalisation de l’usage des drogues autres que le Cannabis à 9 voix contre 8). Il est à noter que le professeur Henrion, s’annonçant opposant à la dépénalisation antérieurement à la commission, avait totalement changé de position au bout de neuf mois. Non seulement il était favorable à la dépénalisation des drogues, mais aussi à la légalisation du Cannabis. Le Public, conditionné par 30 ans de d’argumentations alarmistes officielles et actuellement réputé hostile à une dépénalisation, pourrait réagir pareillement s’il était mieux informé. Toujours est-il que loin d’être conscient de la volonté première de manipulation de leurs résultats, les intervenants scientifiques ont fourni un travail sérieux et laborieux. Le 04 février 1996, la commission s’est prononcée à la majorité pour “une dépénalisation de l’usage du Cannabis et de sa possession en faible quantité” (décriminalisation) puis “une véritable réglementation du commerce” (légalisation) dans un délai de deux ans, “s’il n’existait aucune aggravation de la situation” Déçu, Jacques Chirac refuse de suivre ces recommandations, ce qui ne m’étonne pas puisque ce dernier, à l’époque de son mandat de Maire de notre capitale, avait embauché le professeur Nahas comme conseillé technique (sur la question des drogues) à la Ville de Paris. D’après les prohibitionnistes, même si nos dirigeants auraient voulu que ces recommandations soient suivies d’effet, ce n’était pas techniquement possible car les lois internationales interdisent à la France, même membre important de l’O.N.U., et signataire des différentes conventions, de prendre une telle position, pas pour la dépénalisation, mais pour la légalisation. En effet, une décision pareille mettrait notre pays “Hors-la-loi” et des sanctions seraient prises par l’O.N.U.. (voir dans cette première partie le point juste avant : 8) LA RÉGLEMENTATION INTERNATIONALE DU CANNABIS : 4ème et 5ème paragraphe). Décriminaliser est, à la limite, possible en jouant sur les mots. Légaliser ne l’est pas. Alors, comment a fait la Hollande ? Il est bien évident que c’est très possible de légaliser, mais il est certain qu’il n’est pas possible de le faire si on n’en a pas la volonté ! En France, on ne dépénalise pas car : - D’une, le politique n’est pas sûr que les électeurs le suivront en majorité (à cause du bourrage de crâne qu’on leur a fait subir),

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- De deux, on n’en a pas le droit au niveau mondial, interdit difficile à faire lever sans provoquer de “remous”. - De trois, la plante pose un problème politique et économique au pouvoir (de Droite comme de Gauche) puisque ce dernier est asservi à l’économie et aux lobbies de trusts qui eux ne veulent pas entendre parler de cette plante; - Et de quatre, que pensent du système les persécutés de la question des drogues. Certains affirment que l’État tire actuellement assez d’argent aux toxicomanes (toutes drogues confondues), par voies d’amendes et de justice, et en justifiant sa politique de Tolérance Zéro, se dote d’outils répressifs supplémentaires et se contente donc de la situation actuelle. Non suivit, ce rapport finalement, ne fait qu’amplifier la polémique entre les “pour” et les “contre” sans toutefois apporter aucune solution. C’est cependant un discret désaveu de la politique répressive. Toutefois, si vous désirez en savoir davantage sur le rapport de la commission, vous pouvez soit le consulter, soit lire ”Fumée Clandestine ”tome 2 spécialement pages 208 et 209. Un grand merci quand même au professeur Henrion et à bon nombre des membres de la commission qui surent travailler laborieusement, consciencieusement, honnêtement et indépendamment des pressions politiques exercées sans interruption (une partie de la commission était constituée de hauts fonctionnaires d’État : en exemple le grand patron de l’O.C.T.R.I.S., “grand manitou” de la lutte contre les stupéfiants regroupant toutes les forces de police destinées à “combattre la drogue”). Grand merci d’autant plus que le professeur n’était pas spécialiste du domaine qu’on lui demandait de juger. Lui et ses collègues, ont dû tout apprendre sur la question, et ont su rendre leur rapport en 9 mois et quatre jours. Quand on sait, qu’au moment d’écrire ces lignes, cela fait une vingtaine d’années que je travaille à la confection de cette encyclopédie .... Ce rapport, comme beaucoup d’autre, a fini aux oubliettes comme nous a déclaré monsieur Chevènement, notre ministre de l’intérieur de l’époque le samedi 13 décembre 1997 sur T.F.1. Visiblement peu au courant des faits, il nous a cependant promis de le rouvrir et de le consulter. L’homme n’est plus en fonction, depuis longtemps, et on attend toujours ... De toute façon, je n’ai jamais eu confiance en cet individu qui s’est félicité de faire interdire (par son préfet de Paris) une manifestation des “Verts”, (partis de sa propre majorité) en faveur de l’ouverture d’un débat sur le Cannabis. Autre rapport, celui du Comité Consultatif National d’Éthique qui estime que : “ La répression ne constitue plus la réponse suffisante au problème posé par la consommation de drogue illicite, d’autant que la pertinence de la distinction entre drogues licites et illicites, sur laquelle se fonde cette répression, est remise en cause tant par les données scientifiques que par les pratiques”. Pour bien comprendre le problème posé, il est impératif de comparer les différents rapports et commissions de cette période. En un an, une association et deux commissions se sont prononcées pour la dépénalisation de l’usage du Cannabis : l’A.N.I.T. (Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie), le C.C.N.E. (Comité Consultatif National d’Éthique), et la Commission Henrion.

Pourquoi nommer des commissions si c’est pour en refuser les résultats s’ils déplaisent? Est-ce très démocratique ?

9) LE RAPPORT ROQUES, SCIENTIFIQUEMENT EXACT, MAIS POLITIQUEMENT FAUX : (Texte entièrement inspiré de “Du Cannabis et de quelques autres démons ....”, pages 162 à 165).

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En réponse au “Colloque sur l’Abus des Drogues et de la Toxicomanie” de décembre 1997, Bernard Kouchner, bloqué dans sa volonté de réforme par le gouvernement, commanda au professeur Bernard Roques “une étude sur la dangerosité des toxiques légaux et illégaux”. Ce dernier, directeur de l’unité de pharmacologie moléculaire de l’I.N.S.E.R.M., fit rédiger le rapport par un groupe d’experts français et étrangers. Bernard Kouchner le reçu dès le mois de mai et le garda “sous le coude”. Fin tacticien, il attendit les prises de position de messieurs Chirac et Jospin au Sommet de New York pour le remettre à la Presse. Ce rapport ne fit que confirmer ce que tous les spécialistes et les cannabinophiles savaient déjà, mais fit néanmoins l’effet d’une bombe dans la Grande Presse qui titra “l’Héroïne aussi dangereuse que le l’Alcool” et “le Cannabis, moins dangereux que le Tabac”. À la grande consternation des tenanciers de bars, ce rapport plaçait sur le même plan Alcool, Héroïne et Cocaïne à cause de la dépendance, de la toxicité et de l’accoutumance que génèrent ces produits. Une deuxième catégorie regroupait les psychostimulants, les Hallucinogènes, les Benzodiazépines et le Tabac. De part sa faible dangerosité sociale et de sa faible toxicité, le Cannabis fut placé à part de ce classement. C’est apparemment à cause de l’ivresse qu’il procure qu’il ne fut pas classé avec d’autres drogues légères comme le café ou le thé. La pierre fut jetée dans la mare. C’est un raz-de-marée qui en sorti. Jean -Pierre Fourcade, président de la commission des Affaires Sociales au Sénat, cria “au complot” et regrette que monsieur Kouchner se soit fait “intoxiquer” par des médecins. « Parano », il voit dans cette affaire une conspiration pour légaliser le Cannabis. Accusé de présenter sous un jour favorable le Cannabis, monsieur Kouchner rétorque “Je n’ai jamais été pour la dépénalisation, je suis pour la réglementation et, surtout, pour ne pas emprisonner les gens pour simple usage”. Se sentant concerné par la critique adressée a son confrère, le professeur Roques intervient et précise : “Le but n’était pas de d’engager vers la dépénalisation, mais de montrer, de manière comparative, la dangerosité des différentes drogues”. Réagissant en marge de cette histoire, l’Académie de médecine, adhérant encore aux thèses du professeur Nahas, s’entête à raconter que les dangers du Cannabis dépendent de la personnalité de l’individu, de l’importance, de la fréquence et de la régularité des prises. A ce soporifique discours est rajouté un petit passage sur la forte teneur en T.H.C. des nouvelles variétés, un autre sur les dangers du Cannabis au volant. Au-delà de ceci, ils se figèrent dans un mutisme complet. Les résultats des travaux du Rapport Roques les laissaient sans voix. Le monde politique en fit de même : comme le soulignait le sénateur Sérucla, un des seul politicien qui osa prendre parti pour le Cannabis “le Rapport Roques est scientifiquement exact, mais politiquement faux ...”. Cette dernière réflexion doit désormais résonner fortement dans la tête des centaines de milliers de cannabinophiles français condamnés depuis 1970. 10) LA M.I.L.D.T. EN 1998 : (Texte presque entièrement inspiré de “Du Cannabis et de quelques autres démons ....”, pages 162 à 165). Jacques Chirac et Lionel Jospin mirent un an à se mettre d’accord pour trouver le douzième président de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (M.I.L.D.T.). C’est à Nicole Maestracci, haut fonctionnaire, qu’est attribué le poste. On ne lui interdit pas vraiment d’emblée la possibilité d’une nouvelle approche du problème drogue, mais ces deux dirigeants lui limitèrent quand même fortement son champ d’action en lui interdisant de toucher à la loi de 70. Il semblait que grâce à cette dame, tout pouvait changer. L’approche du problème commence par une nouveauté : la M.I.L.D.T. s’intéressera désormais aussi aux drogues légales. Lors de la Semaine Européenne de Prévention des Toxicomanies, tenu par la Convention de Bruxelles, Nicole Maestracci sort des sentiers battus : fini la langue de bois, les mensonges et faux-fuyants, fini les discours prônant l’abstinence et les spots T.V. du genre “... Dites Non à la Drogue ...”

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Seuls les faits comptent désormais : évoquant le nombre estimé des fumeurs de Cannabis et leur bonne intégration, Nicole Maestracci en tirait la conclusion qu’il était plus réaliste de les inciter à “diminuer leur consommation et/ou la rendre sans risque” plutôt que de s’enfermer dans le principe répressif et nier la réalité de cette dernière. À la demande de ceux qui l’on nommé, elle présente un rapport, début janvier 1999 ou elle explique les directives principales de sa nouvelle politique. Pas question de toucher à la loi de 70, lui avait-on affirmé. Aussi parcourra-t-elle des chemins de traverse. Elle voudrait lancer un grand débat public sur les drogues, informer au plus justes des risques encourus et faire évoluer le point de vue d’une population française intoxiquée par des décennies de désinformation sur la question. Elle estime aussi que le consommateur n’a pas sa place en prison et que l’usage de drogue devrait être dépénalisé. Par le souhait qu’elle émet que l’on tienne des propos plus pragmatiques et moins idéologiques sur les drogues, on sent que Nicole Maestracci s’inspire du Rapport du Comité National d’Éthique et du Rapport Roques.

Observons ce qui est nouveau dans son approche du problème toxicomanie : - Le jour où le Monde publiait le rapport de la M.I.L.D.T., Nicole Maestracci recevait une délégation du Collectif pour l’Abrogation de la Loi de 70. Elle semble donc considérer les associations d’usagers comme des interlocuteurs à part entière. - Les orientations suggérées; entre autres par le Rapport Henrion, sont aujourd’hui reprises par la structure chargée de coordonner l’action de 17 ministères concernés. - Avec elle, la parole des intervenants en toxicomanie semble avoir plus de portée. L’O.C.T.R.I.S., par exemple, qui avait l’habitude d’imposer son seul point de vue ou de faire pression sur celui d’autrui, s’est donc fait voler la vedette et ne devient alors qu’un interlocuteur comme les autres. Ce n’est donc pas le fond du discours qui est nouveau, Monique Pelletier recommandait déjà, en 1978, que soit dépénalisé l’usage des drogues et que “soit fixé un seuil quantitatif en dessous duquel, tout porteur serait, sauf preuves du contraire, assimilé à un usager, non un trafiquant”. Ce qui est nouveau, c’est que les prohibitionnistes ne sont plus les seuls aux commandes de ce vieux bateau rouillé qui se nomme “guerre aux drogues version française. Toutes ces bonnes intentions doivent donc s’accommoder et cohabiter avec ce qui existe déjà : la loi de 70. Cela semble impossible ou plutôt possible mais pas dans le bon sens. Contrairement aux exigences de ses supérieurs car ne pouvant faire autrement, Nicole Maestracci remet en question la loi dans son principe : - En incluant les drogues licites dans son plan et en mettant plus l’accent sur les modes de consommation (raisonnables ou compulsifs) que sur les produits, elle remet en cause l’autorité du tableau des stupéfiants qui défini le cadre de la loi. - Promouvoir une dépénalisation de fait aux dépens de l’injonction thérapeutique est saper le fondement de la loi de 70. Cependant, c’est aussi supprimer le seul coté sanitaire et humaniste d’une loi essentiellement répressive. Les Juges qui ne joueraient pas le jeu de la dépénalisation auraient donc les mains libres pour réprimer plus fort au niveau des consommateurs - revendeurs. - Cette forme de dépénalisation aurait pour effet de supprimer les accusations de détention, d’acquisition, de transport, d’offrir ou de céder des stupéfiants. C’est de cette façon que les tribunaux condamnent actuellement les consommateurs; là aussi, la loi de 70 prend un sale coup.

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Ce sont quand même les trois piliers fondamentaux de la loi de 70 qui viennent d’être ébranlés. Mais voilà, il n’est pas certain que, aux vues de l’étroite marge de manœuvre de la présidente du M.I.L.D.T., la situation s’améliore pour les usagers cannabiques. Nicole Maestracci enverra sans doute une circulaire aux Parquets (recommandations), mais n’en tiendront comptes que certains Juges des plus éclairés. Les autres, afin de marquer leur refus d’une forme de dépénalisation, accentueront la répression. Car malheureusement, ces recommandations n’ont pas valeur de loi et n’obligent aucun magistrat. Nous avons déjà connu un cas similaire avec la Circulaire Pelletier. Il semble pourtant qu’il faille que nous passions par ce stade : cette politique, si elle est réellement mise en œuvre, ne pourra qu’accroître et mettre en évidence les contradictions et anomalies de la loi de 70. Définie pour trois ans, elle permettra peut-être de rallier l’opinion publique et les hommes politiques à une vision plus réaliste sur la question, débloquant ainsi la situation. Dans tous les cas, cette politique ne pourra être que transitoire. Nous assisterons alors, soit à un retour en arrière mais avec le risque d’épisodes répressifs plus draconiens, soit à une évolution de dépénalisation de consommation sans définition du mode d’acquisition des produits en fonction des dangers physiologiques et sociaux qu’ils représentent. C’est le modèle espagnole : il ne résout en rien les questions trafic (on tolère d’en fumer mais pas d’en vendre ou d’en acheter, ce qui est un non sens) et sanitaires (adultération des produits pour des raisons de profits). Il ne sépare pas non plus le marché du Cannabis de ceux des autres drogues. Il est vrai que la logique humaniste veut que tôt ou tard, un gouvernement mettra à l’ordre du jour du Parlement, le réexamen de la loi de 70. Mais, quitte à passer pour un rabat - joie, je n’ai vraiment pas l’impression que c’est pour tout de suite. Mais tout ce qui vient d’être exprimé est la fruit d’une analyse et d’un raisonnement qui ne tient pas compte de la volonté des réels maîtres du monde et des marchés financiers ... À drogue ou légal, ils ne veulent pas du Chanvre, sauf dans les secteurs ou ils ne peuvent pas le remplacer. Ne soyons pas forcément défaitistes, disons que ce n’est que le début du chemin qui mènera à une situation plus saine, il est dans l’intérêt de tous de l’emprunter et d’aller jusqu’à destination. Saluons l’intelligence, le courage et l’honnêteté intellectuelle de Nicole Maestracci, qualités rares au sein du niveau administratif ou elle évolue. L’expression de son point de vue en haut lieu a changé et changera encore bien des choses. Mais elle s’est fait évidement « remercier » lorsque la droite est arrivée au pouvoir avec monsieur Chirac.

11) CONCLUSIONS DE CETTE ETUDE SUR L’ORIGINE ET LE MAINTIENT DE LA PROHIBITION DU CHANVRE : La prohibition est donc le fruit d’une machination, d’un complot économique. Injuste dès le départ, cette répression se propage comme telle dans le temps. Cependant, on assiste à une prise de conscience fruit du fait que certains “pionniers” ont osé lever l’interdit et s’exprimer librement sur le problème des drogues en général, et du Cannabis en particulier. On assiste aujourd’hui à un début de renversement de l’Opinion Publique, le débat se réalisant de fait malgré son interdiction officielle. La parution de multiples ouvrages littéraires et articles ainsi qu’un mouvement musical contestataire (Rap, Groove, Reggae...) instruisent et animent ce débat. Internet y a aussi énormément contribué surtout en ce qui concerne les consommateurs cannabiques, les jeunes et les gens aisés. L’expression orale libre de cette contestation n’est cependant pas réellement à l’ordre du jour. Et c’est valable pour toutes les drogues. En dehors de quelques émissions télévisées, on assiste qu’à de rares élocutions radiodiffusée ou de conférences sur le sujet.

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Ces dernières ainsi que les prises de positions écrites et les manifestations sont souvent sanctionnées au nom de l’ancien article L 630 du Code de la Santé Publique rebaptisé. Les usagers cannabiques ne sont plus les seuls à entretenir la contestation. On note une vive réaction de la part des secteurs médical, social mais aussi de membres de la Justice, de la Police et de certains politiciens envers une répression jugée exagérée, voire disproportionnée. Leur préoccupation principale est de faire mettre en sommeil cet article de loi le temps d’un débat public. Dans un deuxième temps, ils parlent tous de dépénalisation et de vote de la question. Aussi, à terme, la dépénalisation sera obligatoirement mise à l’ordre du jour. Mais attention, cela risque d’être un habile piège destiné à renforcer la répression car n’oublions pas que notre réel gouvernement sont les intérêts industrialo financiers. En effet, il y a risque que ce gouvernement impose le modèle suivant : - Le Cannabis demeura interdit. Son trafic restera sanctionné. On ne touche que très peu à la loi de 70. - Les usagers simples ne seront plus jugés sur un plan criminel, ils seront passible d’une simple amende mais on laissera aux juges ou aux Procureurs le libre choix de traduire un consommateur en Justice (en cas de multi récidives par exemple). Cette façon de faire laisserait croire à une humanisation du système. Le gouvernement pourrait alors “frapper encore plus fort” sur les trafiquants, ce qui est hypocrite puisque qu’il sait bien que cette forme de dépénalisation n’aura pour effet que de “doper” la demande. En même temps, il prendra des sous aux consommateurs. Dans cette hypothèse, ou est le progrès souhaité ? C’est donc sur une base de 80 000 à 120 000 interpellations par an que l’État comptera alimenter ses caisses ou remplir ses 30 nouvelles prisons. Ces chiffres pourraient même être doublés dans les années à venir, on friserait le modèle américain. C’est un marché juteux qui possède actuellement un potentiel de 8 à 10 millions de personnes “contraventionnalisables”. La seul solution qui s’impose alors, pour une véritable humanisation du problème Cannabis, est la Légalisation contrôlée : culture personnelle autorisée mais soumise à règlement, prescriptions médicales libres, création de points de vente médicaux autorisés, publicité et trafic sanctionnés (mais bien moins fortement qu’aujourd’hui), abrogation du L 630 et expression écrite ainsi qu’orale libres conformément aux lois régissant la Liberté d’Expression en France. Un trafic plus réduit car les prix vont chuter, un produit devenu banal et non adultéré, des gens qui se soignent et non plus se droguent (changement des mentalités). Ne serait-ce pas la meilleure façon, et la plus douce, pour tenter de circonscrire une pratique qui de toute façon, de part le monde, se déroule à grande échelle quelque soit l’intensité de sa répression ? Mais pour en arriver à cela, il faudra braver les foudres de l’O.N.U. Et c’est possible : d’abord par ce que nous somme la France, pays détenteur du droit de veto au sein du Conseil de cet organisme. Ensuite parce que la Hollande, seul pays au monde qui a osé le faire, n’a pas vu débarquer de force militaire multinationale sur son territoire, n’a pas subit de frappes aérienne tactiques ni n’a connu d’embargo. Alors un peu de courage tout de même ...

12) ÉCONOMIE DU CHANVRE :

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L’homme, donc, connaît et utilise le Chanvre depuis fort longtemps. De tout temps le Cannabis à été projeté au devant de la scène politico-économique, soit comme base officielle de l’économie (on va y revenir ...), soit comme base de persécution et donc comme refuge pour les persécutés (ce qui a pour effet de les unifier). Il est donc intéressant d’étudier distinctement ces deux parties dans lesquelles le Chanvre exprime ses potentiels économiques : Le Chanvre dans un système dit légal; et Le Chanvre lorsqu’il est interdit (comme aujourd’hui en France par exemple). Pour commencer, il est utile d’expliquer que lors de la deuxième guerre mondiale, le Chanvre, aux États-Unis, a été dépénalisé et sa culture encouragée, et qu’inversement, la paix revenu, ce même pays faisait tout pour interdire la plante afin d’empêcher son peuple d’avoir accès aux aspects économiques, psychoactifs et médicaux de cette dernière. En effet, ce végétal, en raison de son potentiel, fait peur aux hommes de pouvoir et aux industriels qui les “dirigent” : - Celui qui la cultive devient riche, autonome et libre (on détaillera le phénomène dans ce qui va suivre). - Celui qui la fume (ou la boit ou la mange) modifie son psychisme au point de devenir libre penseur. - Celui qui soigne avec cette plante (comme avec d’autres d’ailleurs) abaisse la médecine à la portée de tous. - Celui qui se nourrit avec (nourriture sans rapport avec la dite toxicomanie) accède à la nourriture plus complète et plus parfaite pour son corps, le rendant plus résistant aux maladies et ce qui s’ensuit. - Celui qui se loge avec accède à un environnement de tous les jours bien plus sain. -Celui qui se chauffe ou roule avec participe activement à l’écologie en ne polluant plus (point fort sur lequel on reviendra plus en avant). Alors on est prêt à vous expliquer que cette plante vous empoisonne, rend fou, meurtrier, dépravé même si à coté de cela on tolère des substances et on pratique des politiques qui vous mènent plus certainement à ce résultat. On est prêt aussi, à vous enseigner aussi que cette plante c’est le “Diable”, quitte à le devenir réellement envers vous si malgré tous ces conseils vous décidez quand même de l’adopter (peines de prison lourdes, peine de mort, tortures, arrachage de la langue, par exemple, assimilation à la sorcellerie avec bûché, ... de tout temps le monde du Cannabis a été injustement persécuté). A noter que toutes ces pratiques ont encore lieu aujourd’hui, en exemple : - France : peines de prisons excessives pour trafic, perte des droits sociaux, confiscations des biens, amendes lourdes et/ou “mort sociale” des concernés. - U.S.A. : même chose qu’en France, mais de façon bien plus lourde et répressive encore jusque chez les consommateurs. Dans certains états, des vies sont brisées pour la possession de quelques dizaines de grammes. - Singapour : peine de mort pour possession (détention) de plus de 500g de Haschich ou de plus de 15 g d’héroïne. - Iran : peine de mort pour trois fois rien (pour ce qui vous coûterait seulement quelques semaines de prison en France). D’après Alain Labrousse président de l’Observatoire Géopolitique des Drogues, ce pays n’est pas le seul dans ce cas car il dénonce aussi l’Égypte, la Malaisie, le Bangladesh, l’Arabie Saoudite, la Birmanie, La Syrie, l’Indonésie, le Nigeria, ... autant de pays ou la démocratie est absente. - Algérie : tortures, peines de prison sans procès, prisons politiques souterraines, exécutions sommaires ...

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-Au niveau international : diabolisation de la plante, et interdiction générale justifiées par des mensonges ou des exagérations (voir Harry J. Anslinger, sa vie, dans Fumée Clandestine Tome 1, page 64 - et lire (plutôt “décortiquer”) Nahas et son livre “Haschich, Cannabis et Marijuana” pour comprendre toutes les idioties que ces 2 hommes ont débitées- ... la liste pourrait être longue). Lire mon étude sur Nahas : 6ème partie : le Cannabis et votre santé. Afin que vous puissiez vérifier la véracité de tout ce qui vient de vous être dit, J.P. Galland vous cite, entre autres : - “L’Empereur est nu”, de Jack Herer : ... une histoire du Cannabis et de sa prohibition. Cet auteur a bravé tous les interdits, et levé toutes les inhibitions pour écrire cette œuvre. Il a, depuis, toujours gagné ses procès et offre 10 000$ à celui qui arrivera à prouver le contraire d’un seul des points qu’il a développé dans son livre. Tentez votre chance si vous le pouvez ... - “La persécution rituelle des drogués”, de Thomas Szasz : ... boucs émissaires et esclaves de notre temps. Excellente référence. - “Cannabis, la médecine interdite”, de Lester Grinspoon et James Bakalar, deux grosses sommités de la psychiatrie anglaise. Vous y découvrirez un livre “stupéfiant” ou on apprend que le Cannabis à soigné bon nombre de maladies de part les siècles et s’avère irremplaçable pour ce qui est de soigner les inconvénients de traitements des graves maladies modernes ... Référence sérieuse reconnue de tous. Je voulais vous en indiquer d’autres, mais ils ne sont pas écrits en français. Ceux proposés par J.P.G. ont le mérite de l’être. Ils sont tous de la même maison d’édition : “Éditions du Lézard”, 9 passage Dagorno, 75 020 PARIS, tel : 01 40 09 69 75 (véritable piédestal intellectuel légal de l’antiprohibitionnisme).

A) L’économie du Chanvre dans un système dit légal : Cette hypothèse et ce qui va suivre sont à considérer au conditionnel, car le Chanvre textile vient de redécouvrir le droit de sa culture depuis peu. Tout reste à faire dans ce domaine (recherches, sélections de génotypes, ....) ce qui fait que ce Chanvre ne peut encore se développer à grande échelle et concurrencer pécuniairement d’autres secteurs. D’ailleurs les autorisations contiennent encore une part de tabou, l’État (français) semble mettre un frein pour ce qui est de la surface autorisée de culture. Ce qui permit aux U.S.A. de faire interdire le chanvre sur la planète est l’amalgame « Chanvre = différent de Marijuana » qu’elle avait orchestré. Aujourd’hui, la sélection a donné des Cannabis à moins de 1 % de T.H.C. (Monde) et moins de 0,3 % de T.H.C. (Europe). Ce qui permet de faire une distinction entre un genre à drogue (marijuana) et un genre à fibres pratiquement dépourvu de stupéfiant. De part son potentiel économique, des demandes incessantes de tous secteurs industriels et de la crise agricole, l’interdit s’ébrécha : des cultures expérimentales furent autorisées, dont les résultats confirmèrent son potentiel. Le Chanvre retrouve petit à petit la place qu’il avait perdue; mais le combat contre le tabou et les idées reçues est long et épuisant. D’autant que certains lobbies industriels (pétrole, papier, tabac, alcool, ...) tentent de freiner son expansion et financent les mouvements prohibitionnistes. Le genre à fibre représentait autrefois un important secteur économique. L’interdiction mondiale d’aujourd’hui a généré (indirectement) des découvertes récentes sur la plante et augmenté l’importance potentielle qu’elle aurait sous un régime légal. Économie, médecine, nutrition, énergie, agriculture et écologie seraient, grâce à cette plante, les nouveaux piliers de notre société. Alors adieu, industries polluantes, gaspillages et destructions, monopoles pharmaceutiques basés sur l’emploi de médications chimiques, puissance des pays industrialisés sur les autres ...

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Ce point de vue peut effectivement faire sourire “des anesthésiés du cervelet” alcooliques ou non, qui pensent : “regardez le, ce taré, il veut nous changer le monde, avec de la drogue en plus...”. Mais leur sourire prétentieux va se transformer en “rire jaune” lorsque nous aurons fini d’énumérer la liste qui va bientôt suivre. Vous qui lisez ces lignes : “Ouvre bien vos yeux ! Évidement, “L’Empereur est nu” de Jack Herer a participé au lancement de la polémique autour de l’interdiction généralisée du chanvre et des réelles motivations politiques qui ont abouti à la persécution dont vous prenez connaissance ici. Pour les raisons que nous avons évoqué le Chanvre a disparu de l’économie mondiale. Le synthétique envahit tout; pour ce que le synthétique ne peut assurer, d’autres végétaux remplaceront le Chanvre car il n’est pas question de laisser une seule «ouverture » à ce dernier. Aujourd’hui, notre monde est malade de la technologie pétrole, ce n’est pas pour rien que le Centre Terre Vivante de Mens accueillit en septembre 1996, avec un peu d’avance sur tout le monde, une exposition sur notre plante intitulée: “La revanche du Chanvre”. On y apprenait alors les éléments suivants : « Les voiles de Chanvre ? Tuées par celles de Nylon. Les cordages ? Remplacés par le polypropylène (plus souple et plus résistant que le Nylon). La filasse des “plantiers” ? Détrônée par le Téflon. Les chemises de nos grands-pères ? Jetées aux oubliettes au profit du coton ou/et de l’acrylique bien moins solides et sains. Les draps de nos grands-mères ... idem. Les ”Blue-jeans” de nos cow-boys ... ne sont plus que du mélange coton. d’une durée de vie de 4 à 10 fois plus courte ... etc. » ... (Michka)

Utilisation moderne du Chanvre : (Inspiré par : ”Les échos du Chanvre“/ Été 96 - N°3 / page 5).

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Ce tableau, résume les cinq parties exploitables de la plante, notez cependant que l’exploitation des sommités fleuries par la Pharmacopée se fera, la plupart du temps, avec un Cannabis de type fort en T.H.C.; celui retenu actuellement pour la fibres n’en fabriquant presque pas. Remarquez, cela dépend seulement de la molécule convoitée : il existe plus de 64 cannabinoïdes différentes, dont certaine, communs aux deux genres, et non psychoactives, peuvent être aussi utilisées comme médicaments. La recherche pourrait découvrir de nouvelles applications à ces molécules, car en matière de Chanvre, beaucoup est connu mais, répression oblige, il reste tant à découvrir … Chaque partie intéresse un ou plusieurs secteurs d’activités, d’où le nouveau tableau suivant :

Cannabis Sativa

Tableau des différents secteurs intéressés par les produits du Chanvre. (inspiré de : ”Les Échos du Chanvre“/ Été 96 - N°3 / page 5).

Il est instructif de rediscuter tous les points de ce nouveau tableau :

Le Chanvre sert à tout, ou presque ... :

Tiges avec graines :

Graines : Huile de graines : - Cosmétique : savons, shampooing, bains moussants, soins de la peau ... le tout hypoallergénique. - Alimentation : huile pour assaisonnement, complément alimentaires...

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- Produits techniques : peintures à l’huile, vernis, encres d’imprimerie, combustibles, solvant, lubrifiant pour scie à dents articulée, mastic, revêtements., résine plastique (remplace les résines chimiques à fibres de verre). Résidus de pression : - Nourriture pour bétail. - Farine riche en protéine. Alimentation : - Pain. - Pâtes. - Gâteaux. - Muesli. - Source de protéines (remplace le soja). - Margarine vitaminée. - Graines pour oiseaux. - Appâts ou nourriture pour poissons.

Feuilles et fleurs:

Type fort en T.H.C (résine) : - Chimie, Pharmacopée (utilisation reconnue utile en cas de glaucome, spasmes, nausées et vomissement, règles douloureuses, crises d’épilepsie, ulcères, asthme, emphysème, bronchite aiguë, névralgie, migraines, affections urinaires, certains troubles psychiques, ...). - Substances psychoactives (illégales en France mais commençant à intéresser la Pharmacopée). - Parfums, certains produits de cosmétique. Type faible en T.H.C : - Paillis. - Terreau, composts. - Fourrage. - Vin de Chanvre, bière au Chanvre, alcool.

Fibres, bois :

Chènevotte et Filasse : Papier : - Papier pour imprimerie. - Papier pour billets de banque. - Papier de cigarettes.

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- Papiers fins et spéciaux. - Papier filtre technique. - Papier journal. - Cartons et emballages. Matériaux de construction : - Panneaux d’agglomérés. - Isolation thermique: substitut de la laine de verre (laine de Chanvre traité “bio.” rendue ignifugée, antifongique et anti-insectes grâce à la chaux ou aux sels minéraux) isolation murale, du sol, des plafonds et des combles. -Isolation phonique (supérieure à tous ses concurrents). - Blocs de ciment armés. - Stuc et mortier (à la chaux). Chènevotte seule : - Isolation thermique (floconnage): isolation murale, du sol, des plafonds et des combles. -Isolation phonique : Chènevotte enrobée de bitume naturel, meilleure isolation phonique en couches minces du marché. - Litière pour animaux (chats, chevaux). - Terreaux, composts. Filasse seule : Textiles : - Sacs utilitaires. - Couches bébés. - Tissus. - Sacs à main. - Vêtements de travail. - Denim. - Jeans (pantalons, vestes, chemises). - Chaussettes. - Chaussures. - Tissus fins. Textiles techniques : - Ficelles. - Cordes. - Sacs en toile. - Bâches. - Tissus solides (exemple : bâches). - Tapis, moquettes, rideaux, tapisseries. - Géotextiles. Autres produits industriels : - Filasse de plomberie. - Fibres composites (exemple : staff). - Plastiques ou résines armés moulés sous pression (substitut de la fibre de verre). - Garnitures de freins. - Calfatages. Liquide cellulaire (sève riche en Silice):

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Liquides abrasifs : - Polissage de précision.

Plante entière :

Énergie: Parties vertes et/ou sèches, graines, résine : - Alcool (fermentation). - Méthane (putréfaction). - Carburant ou additifs de carburant (pressage graines).

Plante séchée, entière ou déchets, bois : - Matériau de combustion (bûches agglomérées ou plaquettes). - Pyrolyse. - Chauffage. Résidus après combustion : - Cendres : apport énergétique (nutritif) pour plantes (sous forme de sels minéraux et calciques). - Ingrédients de feux d’artifices ou d’explosifs. Autres caractéristiques non classées (par manque d’informations) : - Dynamite : avec la Chènevotte, je pense, pour stabiliser la nitroglycérine. - Linoléum : biodégradable bien sur mais ce n’est pas le seul végétal avec lequel on en fabrique.

De récents “salons du Chanvre” (exemple Allemagne) ont fait découvert de nouveaux produits non recensés dans cette liste. C’est le cas de la bio-Chuppa-Hanf, sucette aromatisée au Chanvre, du soda contenant des extraits d’orange et de l’huile essentielle de chanvre, de la bière au Chanvre, du cidre au Chanvre, etc. .... Tous ces produits sont, bien entendu, issus du Chanvre légal. Bon nombre de ceux cités sont connus et exploités depuis “des lustres”, je ne vais pas en dresser la liste complète mais en proposer quelques exemples : 4 000 ans pour le papier, les vernis au Chanvre et au Lin nous viennent de l’époque de la renaissance, les peintures, du siècle dernier, le carburant bio date du début de ce siècle, la technique de mélange chaux Chanvre à au moins 7 siècles, par contre les plaquettes de freins au Chanvre est une invention récente (décennie 80) ... Pour prouver ces dires sur une connaissance passée de notre plante, voici un extrait de la bibliographie du ” Industrial Hemp Rapport”: “Hemp Hurds as Paper-Making Material” : Dewey, Lyster H. and Merrill, Jason L. Bultin n° 404, U.S. Departement of Agriculture, Oct. 14, 1916. “Flax and Hemp : From the Seed to the Loom” : Mechanical Engineering, Feb. 26, 1937. “New Billion of Dollar Crop” : Popular Mecanic, February 1938.

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Ceci pour le début et la première moitié de notre siècle, mais aussi pour celui d’avant (extrait de la bibliographie du “Le livre de poche du cultivateur de Marijuana” de William D. Drake J.R., traduit par les éditions KABOUL). “On the Natural History, Action, and Use of Indian Hemp” : Monthly Journal of the medical society, London & Edinburgh, 1851 “Chemical Investigation of Indian Hemp” : Saint-Petersburg, 1881 “The Hemp Industry in France” : Fiber Investigation 1, USDA, 1892, pp. 27-31; 64-74. Si vous cherchez bien, vous vous apercevrez qu’il existe des milliers de rapports, thèses, études et articles concernant la nature, les effets, la culture et les techniques et inventions concernant le Chanvre. Certains documents sont âgés de plusieurs centaines d’années. Il est à préciser que, de tous les points développés, ce qui me semble le plus important répondant aux problèmes de notre ère moderne est que l’on puisse tirer du Chanvre d’excellents papiers, un substitut bio. des fuel et diesel, du plastique biodégradable et des produits sains (non toxiques) pour bâtiment. Commençons par le papier. C’est le matériau, avec le pétrole (temps modernes obligent), qui est le plus utilisé et le plus gaspillé de la planète. On estime que 80% des arbres coupés dans le monde servent à la fabrication de cette pâte. Les 20% restant couvrent les besoins en bois de bâtiment, bois techniques et bois de chauffage.

1er point fort du Chanvre : impact direct dans l’écologie. Papier : Du Chanvre, on tire du papier. Il peut donc remplacer l’abattage d’arbre, principale ressource actuelle en cellulose utilisée pour la pâte à papier. Quand on sait que 80% du bois coupé dans le monde ne sert qu’à la fabrication de cette pâte... Certaines sources disent 30% De plus, 1 hectare de Chanvre fournit en 120 - 140 jours quatre fois plus de cellulose que la même superficie d’arbres de 20 ans. D’autres détails des avantages du Chanvre non négligeables, en matière de papier, seront fournis plus en avant. Il est reconnu que les deux plus grandes forêts du monde sont actuellement décimées créant ainsi le plus grave préjudice écologique de l’histoire de l’humanité, et peut être le plus grave de tous les temps. Seul un conflit nucléaire mondial ou une collision avec un énorme météore pourrait provoquer plus de dégâts que nous en avons faits (autres formes de pollutions comprises). Actuellement, les forces de l’argents (industriels, banquiers, assurances ...) ne pensent à capitaliser qu’en termes de destruction : destruction écologique, destruction de l’individu et de la famille, destruction de la cohésion sociale (justice de classe, enseignement à deux vitesses, de plus en plus de pauvres comme de riches ...) ... On affirme, qu’outre les conséquences dramatiques sur l’équilibre subtil de notre planète (composantes de l’atmosphère, dérèglements du climat, ...), plusieurs espèces animales ou végétales disparaissent par semaine de la seule forêt amazonienne, sans que nous ayons pu les répertorier (le chiffre semble exagéré, mais ne l’est, hélas, pas ...). Que de richesses qui nous passent “sous le nez”... , que laisserons-nous comme héritage à nos enfants ? Le premier papier inventé le fut par les Chinois il y a 2000 ans, à base de chanvre (fibres et cellulose) on n’a toujours pas trouvé mieux depuis ! Celui fabriqué à partir de sa tige ne jaunit pas, dure plus longtemps, ne craque pas et ne se détériore pas (ref. Fumée Clandestine tome 1 page 269). Sa haute qualité lui a valu une importante utilisation dans le passé. Avant 1883, 75 à 90 % du papier produit à l’échelle mondiale était fabriquée en fibre de Chanvre.

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En 1989, l’inverse prévalait : 92 % du papier était tiré du bois. Appelé “Archivist’s perfect paper” (papier parfait des archivistes) pour toutes ces raisons, il fut cependant détrôné par le papier tiré du bois pour d’uniques raisons mercantiles. Le bois de chanvre (séparé de la fibre et de l’écorce) est composé de 80% de Chènevotte (pulpe) qui est ellemême composé de 50 à 77 % de cellulose. Cela en fait une ressource importante pour la fabrication de papier et de plastiques cellulosiques. Mieux encore, une acre (mesure anglaise = 0,4447 hectare) de branches de Chanvre fournit autant de cellulose que 4 acres d’arbres (ref Industrial Hemp Rapport, Colorado Hemp Initiative). Ses longues fibres sont utilisées pour la fabrication de papier supérieur (pour les livres ou papier à cigarette par exemple), tandis que les fibres les plus courtes sont excellentes pour la fabrication des journaux ou des emballages. Vu la résistance de celles-ci, le papier de Chanvre peut être recyclé plusieurs fois, plus souvent que le papier issu des arbres. Il résiste très bien à la décomposition 5quand il est gardé au sec) et n’est pas sujet au jaunissement relatif à l’âge comme le papier dérivé du bois. Pour preuve, on a récemment trouvé du papier de Chanvre vieux de 1500 ans. En effet, contrairement à la cellulose du bois, la cellulose du Chanvre ne contient qu’un faible pourcentage de lignite, la substance qui fait jaunir le papier (tiré du bois) et le rend cassant. Aujourd’hui, l’industrie papetière, comme pour justifier la thèse officielle, précise que le Cannabis ne peut couvrir tous les besoins en papier moderne. Mais ils omettent d’expliquer qu’ils pourraient quand même réduire la quantité mondiale de coupe de bois pour papier de plus de trois fois, voir de près de quatre fois. Rien qu’aux États-Unis, la coupe de bois pourrait être immédiatement réduite de 50% (ref. N.O.R.M.L.. citée dans Fumée Clandestine tome 1 page 269). Notons qu’en plus, les Américains coupent bien plus de bois à l’étranger que chez eux, sacrés « ricains » ! “The Industrial Hemp Rapport” (Rapport sur le Chanvre industriel) de “The Colorado Hemp Initiative” (U.S.A.) précise au contraire que le Chanvre peut être utilisé pour confectionner n’importe quel papier L’argument des industries papetières est “limite mensonge” car la cellulose tirée du Chanvre permet de faire avec les mêmes choses que la cellulose du bois; la différence est dans le fait que le procédé d’extraction de cette dernière du Chanvre emploie peu d’acide, pas de chlore et pas d'autres "saletés" chimiques. Ce qui n’est pas le cas de la cellulose tirée du bois qui elle nécessite plusieurs opérations chimiques pour être extraite et restitue ces polluants lors de sa destruction finale (putréfaction ou combustion). Le papier à cigarette de Chanvre et de lin, par exemple, n’a donc pas besoin de Chlore pour son blanchissement, et surtout ne provoque aucune pollution par Dioxine. En France, des milliers de tonnes de ces substances sont ainsi rejetées dans la nature, chaque année ou brûlées dans les incinérateurs. Rien que pour toutes ces raisons, nous pouvons considérer que cette plante représente l’espoir d’un réel progrès. Sont principalement concernés par le Chanvre, les secteurs papetiers suivants : - Papiers pour photocopieuse, d’imprimantes ou d’écriture manuscrite. - Billets de banques, documents administratifs. - Livres, journaux, prospectus et/ou mélangés à du papier de bois recyclé. - Papiers à cigarettes, filtres et emballages.

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- Cartons d’emballages divers, renforcé ou non de fibres, et moulé ou non avec de la résine naturelle ... bref, toutes les formes papetières de grande consommation (aujourd’hui on peut dire plutôt de grand gaspillage).

Agriculture : Pour l’agriculture, le Chanvre est aussi une panacée universelle. Il ne demande aucun pesticide, herbicide ou engrais chimique. Il ne connaît pas de prédateurs capables de décimer un champ entier. Pourtant, beaucoup de bestioles aiment bien “grignoter” un peu de feuilles de temps à autre. Mais ces attaques ne constituent jamais de véritables menaces pour l’ensemble de la récolte. En fait, les deux seuls “prédateurs” naturels vraiment nuisibles sont le Mildiou (en terrain humide) et le Parasite du Genet. Heureusement ce dernier n’est pas fréquent et ne se retrouve jamais en grande quantité. Le Chanvre pousse donc sous tous les climats, excepté ceux trop humides ou polaires évidement. Cette plante sait se contenter de ce qu’elle trouve dans le sol. Si ce dernier est pauvre, elle adoptera un style de croissance court, y puisera peu et le régulera (en pourcentage N.P.K.). Dans un sol très riche, comme elle se trouve être un organisme grand “absorbeur” d’azote et de potasse, elle poussera bien plus grande (de 5 à 6 mètres). L’excès de nourriture présente sera absorbé et le sol, là aussi, sera régulé. On peut donc affirmer que le Chanvre empêche l’excès d’Azote des sols atteints, de s’écouler par lessivage dans la nappe phréatique. Les sols saturés (engraissage chimique important) peuvent donc être “réparés” en grande partie par cette culture. De part sa propriété à restructurer les sols, et du fait qu’elle peut pousser dans une large palette de terrains différents, cette culture est parfaite pour pratiquer la jachère. Oh ! Soulagement pour les paysans présurés par les quotas européens : - la jachère par le Chanvre n’est pas interdite ou réglementée par les accords du G.A.T.T. (ref. “Fumée Clandestine”). En genre textile, le Chanvre pousse en rangs serrés; seul les feuilles du sommet survivent, les autres dépérissant car se retrouvant à l’ombre. Le dépôt de ces feuilles séchées sur le sol le nourrit en surface d’un apport minéral et nutritif parfait pour les cultures suivantes (exemple : céréales). Ses nombreuses racines fractionnent et revigorent la terre. Elles aident à contrôler l’érosion et préviennent des glissements de terrains. Notre Cannabis est une plante qui pulvérise des records en production de biomasse. Il peut aller jusqu’à 15 tonnes de production de matières sèches par hectare en 120 - 150 jours. Sa vitesse de croissance à de particulier qu’elle permet deux récoltes successives sous certains climats. Le monde agricole attend avec impatience la libéralisation de ce secteur et la progression de sa demande : avec son potentiel économique, le Chanvre pourrait anéantir le chômage en plus de donner un niveau de vie plus que décent aux gens qui le feront pousser. Exploité dans tous les secteurs qu’il sait couvrir, il “pèserait” entre 100 et 200 billions de dollars par an au niveau mondial (deux cent mille milliards de dollars). Une économie entière à lui tout seul. Nous reviendrons sur ce sujet dans un autre point développé ultérieurement (Conclusion de tous ces points développés sur les possibilités économiques du Chanvre)

Exemples d’utilité écologique :

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La pollution liée aux déchets de cigarettes consumés est la seconde plus grande cause de pollution domestique liée aux déchets du quotidien après celle des sacs plastiques (et emballages plastiques) en tous genres. Brûlés ou abandonnés dans la nature (c’est par ces deux uniques façons que sont traitées nos poubelles), ils font actuellement beaucoup de dégâts alors que nous trouvons dans le Chanvre un excellent remède à ces problèmes:

- Pour les cigarettes : Le filtre est composé d’un papier enroulé autour d’une compresse de matière synthétique difficilement dégradable et de nature toxique. Tous les lieux à forte concentration humaine sont atteints de ces formes de pollutions (en Europe, des dizaines de milliers de kilomètres de littoral, des dizaines de milliers de Km de routes pour ne citer que ces deux exemples). Ceux qui doutent de la toxicité du filtre de cigarette n’ont qu’à essayer d’en respirer ou avaler les fumées de combustion (vomis garanti). Quel est le fumeur qui n’a pas, au moins une fois dans sa" carrière" de fumeur, allumé une cigarette à l’envers. Ceux qui se reconnaîtront ici pourront témoigner de la réalité de ma remarque. Il y a environ 1 milliard de fumeur de cigarettes dans le monde, à 15 cigarettes (moyenne) par jour par fumeur cela nous fait 15 milliards de mégot toxiques jetés à même le sol quotidiennement. Ce calcul peut être revu autrement : une cigarette entière = 1g, son filtre doit en peser environ le tiers (je n’ai pas vérifié) soit 0,3g qui, multipliés par 15 milliards nous donne autour de 4500 tonnes (hé oui !) de "filtres toxiques" rejetés quotidiennement, soit 1 million 642 mille 500 tonnes par an. Un filtre composé uniquement de Chanvre serait la solution idéale : le papier en Chanvre est de plus en plus employé par l’industrie du tabac. Il pourrait servir à enrouler un filtre en “laine de Chanvre” tout autant biodégradable et, en sus, autant efficace à retenir les goudrons qu’un filtre synthétique.

Schéma cigarette en Chanvre (et non pas cigarette de Chanvre comme certains fumeurs vont le regretter). La laine de Chanvre est relativement môle, le filtre devra être en papier renforcé (ou carton fin) afin de rigidifier l’ensemble. Une variante consistera d’en imbiber la fibre d’un rigidifiant naturel quelconque si inoffensif et biodégradable aussi.

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Cette efficacité d’absorption et la rigidité du filtre seraient encore accrues si, au lieu d’utiliser la laine de chanvre, on utilise un agglomérat de Chènevotte. Sous forme de micro boulettes aérées, la constitution interne de ce filtre permettrait un meilleur passage de la fumée (le fumeur “tire” moins sur sa cigarette) et absorberait mieux l’humidité acide et les goudrons. En effet, la pulpe de Chanvre à un pouvoir d’absorption de 500 % pour ce qui est de l’eau, de très loin supérieur à celui de la sciure de bois par exemple. C’est aussi un excellent “absorbeur” de gras liquides (donc de goudrons chauds, pour les cigarettes) qui rendrait le sourire aux mécaniciens ou propriétaires de veilles voitures “incontinentes” quoi qu’ici, l’exemple soit mal choisi puisque cette absorption rendrait la Chènevotte toxique pour l’environnement. Pour preuve de ces affirmations, et à titre d’exemple, citons un extrait du catalogue (1999) de la société commerciale suisse “Valchanvre” ( E-mailinfo@valchanvre.ch Adresse : Valchanvre S.A.R.L., Châble Bet 22, CH-1920 Martigny / Switzerland, tel +41 27 723 23 28 / fax +41 723 23 38) : (nouvelle adresse gare de Saxon, 19 xx Saxon/ Switzerland) - Litière pour chat (Chanvre) : 8,00 SFr (5 Kg), article 17001 Litière végétale naturelle biodégradable, 500 % de pouvoir d’absorption d’humidité Le but de la manœuvre n’étant pas de faire de la publicité à cette société ou son produit, mais de citer une référence que vous puissiez vérifier et de nous donne une idée du coût du produit finit (22 à 25 F français ou de 3.35 à 3.81 Euros). Pour enchaîner avec la suite de mon raisonnement, sachez qu’une encre non toxique, pour la couleur des filtres, pourrait aussi être issue du Cannabis comme nous l’indique notre liste récapitulative de l’emploi industriel moderne du Chanvre. Cette même encre devrait logiquement être utilisée pour imprimer les paquets de cigarettes (qu’on devrait aussi faire en Chanvre) tout autant abandonnés dans la nature que les mégots. Cette plante peut même fournir la colle qui assemblera le papier au filtre ou les différentes parties cartonnées du paquet, mais la gomme arabique, en temps que très bon produit exempt de tout reproche, sera difficile à détrôner. Au fait, les paquets de cigarettes jetés dans la nature génèrent une autre forme grave de pollution : le plastique de l’emballage est souvent resté à même du paquet et se retrouve avec ce dernier, lors de son sort final. Ceci servira d’introduction au point suivant :

- Les sacs et emballages plastiques : Le premier plastique fut obtenu à partir du Maïs. La cellulose modifiée inspira le doux nom de Cellophane, nouvelle molécule inventée. Du blé, avec uniquement de l’eau, on fabrique le Gluten, plastique biodégradable de bonne qualité. Il est non seulement biodégradable, mais aussi digérable car au travers du pain et des pâtes, par exemple, vous en mangez tous les jours. On tire donc de la pulpe du Chanvre des plastiques biodégradables (bioplastiques). C’est à ce titre, ainsi qu’au fait qu’on peut tirer aussi de cette plante un carburant, que le Cannabis concurrence le pétrole et ses dérivés. Ce plastique bio, placé en milieu humide, commence à se dégrader en une douzaine de jours libérant des substances nutritives et saines pour les biotopes végétaux. Les enzymes nécessaires à sa dégradation (son compostage) sont naturellement présents dans le sol depuis des millions d’années et ne posent aucuns problèmes en terme de santé publique. Le « bioplastique » revient actuellement, en temps que produit fini, un peu plus cher que le plastique pétrolier. Mais entre deux maux, lequel choisir : perdre à court terme un petit bénéfice ou polluer à outrance sols et atmosphère.

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N’oublions pas que le Chanvre cultivé à grande échelle devrait faire fortement chuter les prix des différents produits qui en sont dérivés et faire en sorte que les sacs en plastiques de Chanvre, par exemple, ne reviendront pas plus chers (et logiquement même encore moins), que les très polluants sacs en plastique issus du pétrole d’aujourd’hui. Car s’il existe bien une pollution qui génère un gros problème, c’est bien celle du plastique domestique (d’emballage et de sacs de commission). Pour essayer de faire face à ce problème, les grandes surfaces (principaux fournisseurs de ce polluant) ont essayé, dans un premier temps, d’intéresser public et industriels au pouvoir calorifique des dérivés plastiques. Ce faisant, ils résolvaient certes une partie de la pollution visible (déchets) mais augmentaient énormément celle de l’air (combustion). Car si un industriel peut alimenter ses chaudières en limitant sa source de pollution atmosphérique par le filtrage de ses cheminées (ce qui est déjà loin d’être le cas de tous les industriels), ce procédé coûteux et contraignant n’est pas et ne peux pas être adopté par le public. Résultat, des tonnes de dérivés chimiques ont erré dans nos campagnes sous forme de macro déchets ou sous forme de particules toxiques (plastiques incinérés). Plus récemment, certains magasins se sont mis aux sacs polypropylène et mieux encore, biodégradables comme à l’amidon de maïs. D’autres vous font des sacs plastiques polluants plus solides mais qu’ils vous font payer au prix fort dans le but de vous motiver à les réutiliser. D’autres encore, ne fournissent plus de sacs du tout, la vraie raison étant d’échapper, de réduire ou de rembourser la taxe écologique qui leur incombe pour la question traitée. Le plastique cannabique pourrait nous être ici fortement utile, mais il y a plus simple : des sacs en papier de Chanvre, avec poignées, et renforcés de fibres résoudraient le problème “sacs de courses”. Pour les plastiques d’emballage de paquets de cigarettes, un papier imbibé de cire végétale, par exemple, suffirait à contenir l’humidité du tabac. Mais ici, le plastique Cannabique conviendrait encore mieux pour le conserver longuement. Car c’est bien là le but de cette étanche protection, empêcher le dessèchement du produit lors des différentes phases de stockages et de transports avant sa vente. Mais, à contrario, exposé à l’humidité extérieure, ce plastique là se dégraderait rapidement et de surcroît, sans pollution. Ceux qui abandonnent leur paquet vide dans la nature n’y causeraient plus de nuisance. Le Chanvre ne peut remplacer tous les plastiques ? Seules des recherches scientifiques pourraient nous informer efficacement à ce sujet. Mais à la vue des conséquences provoquées par la pollution plastique actuelle, il est criminel de continuer cette politique de “l’autruche” et de désinformation sur le Cannabis dont le monde est la victime. C’est à l’État d’imposer des normes pour que les industriels et les grandes surfaces “prennent le train en marche” et de renoncer à l’emploi du plastique lorsque cela est possible. Pour cela, il faudrait tout d’abord que l’État accepte de lever l’interdit. Plusieurs paramètres nous laissent penser que notre plante peut nous apporter encore beaucoup et qu’il faudrait investir à fond dans la recherche sur ses capacités. Citons un exemple de plastique tiré du Chanvre autre que celui déjà cité : la pulpe compressée et injectée de résine phénolique donne un matériau plastique résistant au feu et à l’eau. Ce procédé à été testé avec succès et un prototype sous forme de tableau de bord de voiture à été commandé par un milliardaire américain (ref. : Fumée Clandestine). Il s’est construit une “Hemp mobil”, une voiture entièrement en Chanvre pour ce qui n’est pas des pièces métalliques, et qui roule au “biodiesel”, carburant tiré des graines de notre précieuse plante.

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Comme exemple de plastique fabriqué avec de la cellulose et connu depuis longtemps, citons le Rhodia et les tissus rhodoïds qui sont fait avec. Bien que biodégradables, la reconversion des déchets d’emballage de Chanvre serait alors la solution idéale pour palier au problème de pollution atmosphérique d’origine plastique (chanvre recyclé moins cher, donc plastiques fabriqués avec encore moins chers) tout en fournissant encore un grand nombre d’emplois. Si le problème plastique ne serait pas entièrement résolu, il serait alors suffisamment “endigué” pour devenir plus supportable (d’un point de vue écologique bien sûr). Aujourd’hui, Dupont de Nemours, principal instigateur du complot contre le Chanvre, travaille à la mise au point de polyesters issus de végétaux. Il a investi des millions de dollars dans cette recherche. C’est le marché des vêtements et tissus qui est visé, le premier marché du monde actuellement dominé par les chinois. Il a fondé ses espoirs sur le Maïs et ce n’est pas par hasard. Cette entreprise a compris et anticipé le fait que le naturel va, petit à petit, détrôner le chimique : c’est impératif, notre survie en dépend. Mais le naturel, chez Dupont de Nemours, c’est aussi du chimique sous principe de Brevet. Maïs transgénique oblige (par exemple) : chassez l’artificiel, et il revient au galop ! Aussi, comme le Chanvre s’annonce prometteur dans ce domaine, comme dans bien d’autres, sensibles à Dupont de Nemours, ce dernier essaye de lui couper “l’herbe sous le pied” en lui collant soit d’office un redoutable concurrent, soit un succédané qui permet de maintenir l’interdiction du chanvre (on peut s’en passer … !).. Le Gang des milliardaires ne veut décidément pas qu’un seul secteur économique puisse pourvoir au développement de cette plante. Nous reviendrons sur les plastiques issus du Chanvre dans un point les détaillants un peu plus loin.

2ème point fort du Chanvre : médecine. Et si le T.H.C. devenait légal : On verrait l’apparition d’une foule de produits médicamenteux ou d’autres dits de soins de confort venir enrichir la Pharmacopée. Nombre de livres et de rapports médicaux indiquent que cette substance est actuellement la seule molécule qui soulage efficacement vertige et nausée du traitement des cancéreux et sidéens, en leur apportant, en plus, une augmentation considérable de leur appétit. L’attention est attirée sur le fait qu’un troisième effet intéressant joue en faveur du T.H.C. : les patients « ré accèdent » à la joie (euphorie), ce qui apporte un effet “déstressant” qui renforce considérablement les chances de guérison. La plante est donc anxiolytique, apéritive, mais aussi analgésique (dans certains cas), antibiotique, sédative, antalgique et antiseptique.... certain ont oublié trop vite que pendant 5 000 ans, le Chanvre fut aussi une panacée comme remède. De plus, on ne lui connaît pas d’interactions chimiques néfastes avec les autres médicaments, cas qui théoriquement pourrait quand même exister ce qui prouve qu’il faudrait quand même faire des études officielles sur la chimie de cette plante. Cela ferait aussi le bonheur de 12 millions de consommateurs persécutés et exposés à des produits adultérés bien plus nocifs que les dérivés purs de la plante. Car nombre d’entre eux trouvent dans les effets de cette plante une « auto médication » efficace si on en juge le fait qu’ils continuent leur pratique en dépit des risques judiciaires. La légalisation médicale permettrait de libérer bon nombre de places en prison pour ceux qui le mérite vraiment.

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Cela porterait un coup fatal à la pègre qui laisserait “tomber” ce trafic devenu non rentable. Une manière comme une autre “d’aseptiser” le monde du Cannabis, et le mouvement des invétérés adeptes de cette plante regroupés par son utilité, deviendra le seul vecteur de propagation de la civilisation Cannabique. Au fait, il faudra bien juger un jour, les responsables de ce gâchis (l’interdiction mondiale et ses dégâts) ... Cela devrait générer un procès d’une telle ampleur, d’une telle complexité, que celui de Nuremberg fera figure de “Conseil de Classe”. Et comme il a fallut dénazifier, à cette époque, il faudra “dé désinformer” populace, responsables politiques, fonctionnaires et militaires. Car la phobie et la haine du cannabis sont tenaces ! Cessons de rêver d’une “justice juste” et revenons sur terre : le Cannabis et ses dérivés sont toujours interdits et suscitent convoitises de part et d’autre des deux camps, à savoir, les participants de fait au trafic et l’autorité répressive. Lorsque l’on mange sa graine (préparations culinaires), on profite du fait que cette dernière se trouve être un excellent médicament curatif (ou plutôt alicament) si toutefois on considère que la nourriture est la première des médecines. Comme chez le Lin, le rapport oméga 3 et 6 est excellent dans la graine de chanvre. Complète en minéraux, vitamines, protéines, acides gras essentiels, ... (on repassera tout cela en détail ultérieurement), c’est un aliment de santé par excellence. On pourrait se mettre à croire aux miracles : l’huile contenue dans la graine (G.L.A.) traite la sclérose en plaque, rajeunit la peau, le T.H.C guérie le glaucome, les protéines de la graine remplacent la viande et surtout le soja, indispensable à l’industrie alimentaire d’aujourd’hui mais malheureusement allergène.... beaucoup semble rester à découvrir dans ce domaine : mais qu’attend l’État pour investir dans la recherche poussée sur cette plante et lever cette stupide répression ! Citons un extrait du magazine « RAGGA » (n°28/mars 2002), magazine rastafarien où il y est écrit page 34 : « … La Ganja occupe une place primordiale dans la pharmacopée rastafarienne. S’ils ne sont assurément pas les premiers à avoir découvert les propriétés médicales de cette herbe, les rastas s’en servent pour de multiples médications. Les bienfaits curatifs du Cannabis concernent aussi bien les mots de têtes, la nausée, le glaucome, les rhumatismes, l’asthme, l’insomnie, la perte de l’appétit … Sous forme de tisane, de décoction ou d’onguent antiseptique, la Ganja présente de nombreuses vertus thérapeutiques et sédatives. Cette sorte de médecine parallèle n’a rien d’une affabulation apologétique. Des équipes de chercheurs indépendants ont d’ores et déjà confirmés les actions analgésiques, antiémétiques, anticonvulsives, antimicrobiennes … des cannabinoïdes. D’autre part, les Rastas voient dans la Ganja un moyen d’échapper au « brainwashing » (lessivage mental) imposé par le système. On ne saurait se rapprocher de Jah sans se déconditionner au préalable … La recherche médicale, en matière de chanvre, subit aussi le tabou de « plein fouet ». Pendant des décennies, il fut coutumier d’affirmer qu’une drogue ne pouvait forcément pas contenir de possibilités thérapeutiques positives pour le genre humain. Comme quoi, même des gens « super instruits » peuvent débiter des énormités. Cette remarque faisait fit du rôle médicamenteux prépondérant que jouèrent la morphine, la coca, les amphétamines, les tranquillisants et les barbituriques ainsi que tous leurs dérivés. L’exemple vint de l’étranger et ce que des équipes de chercheurs américains, hollandais, suisses … découvrirent mit l’eau à la bouche de nos chercheurs français. Leurs travaux confirment tout ce qui a été dit ici, mais en découvrir bien plus encore. Dans le domaine du Chanvre médical, tout reste donc à faire. Dès 1996 – 98, l’INSERM et le C.N.R.S, pour la partie officielle, mais aussi des laboratoires pharmaceutiques privés, créèrent des budgets de recherche qui n’ont cessé d’augmenter tout au long de ces dernières années. A titre d ‘exemple, lisons l’article qui suit :

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Site du nouvel Observateur (http://www.nouvelobs.com/epoque/decouv.html). Semaine du 11 octobre 2001 -- N°1927 -- Les Choses de la vie Herbe contre coke Des rats de laboratoires, rendus cocaïnomanes, ont été privés de leur drogue favorite pendant quatorze jours, puis ont reçu des injections de la substance active du cannabis. Ensuite, on les a mis en situation de « replonger », en leur redonnant accès à la cocaïne. Résultat : près de 60% de ces animaux ont résisté à la tentation. Les résultats de l'expérience, due à une équipe américano hollandaise (National Institute on Drug Abuse et université De Vrije d'Amsterdam), viennent d'être publiés par la revue « Nature Medicine ». Selon les chercheurs, « cette découverte ouvre de nouvelles voies vers le développement de drogues destinées à lutter contre l'usage de la cocaïne ». Elle pourrait même permettre la désaccoutumance de l'héroïne ou du tabac, selon le Néerlandais Taco De Vries, cosignataire de l'article. F. G. Pour vous fournir un topo complet sur les propriétés médicales du chanvre, j’ai opté d’insérer ici le document de Wikipédia sur ce thème (http://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabis_m%C3%A9dical) :

Cannabis médical Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Extrait liquide de cannabis, distribué par une pharmacie américaine au début du XXe siècle.

Vaporisateur avec tube flexible

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Le cannabis médical[1] (appelé aussi cannabis thérapeutique, marijuana médicale ou marijuana thérapeutique[2]) désigne le Cannabis sativa (désignation botanique du Chanvre), et, par extension, l'ensemble des dizaines de phyto-cannabinoïdes destinés à un usage purement médical, généralement prescrits pour leurs vertus antiémétiques. À ce jour, compte tenu de l'évolution des connaissances scientifiques dans le domaine des cannabinoïdes, l'usage médical du cannabis devient de plus en plus toléré, voire légal dans un nombre grandissant de pays; le Canada, la Belgique, l'Australie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l'Espagne, et 14 États américains (Californie, Arizona, Alaska, Hawaii, Maine, Nevada, Oregon, Washington,Washington D.C., Michigan). Cet usage nécessite soit une ordonnance, soit une confirmation de diagnostic médical. La distribution se fait généralement dans un cadre défini par les lois locales; pharmacies aux Pays-bas, Clubs Compassion au Canada [1] , Buyers Club aux États-Unis, Cannabis Social Clubs en Espagne. Usage historique

Une publicité pour la cannabis americana distribuée par un pharmacien new-yorkais en 1917. L'histoire de l'usage thérapeutique du cannabis est difficile à retracer, notamment parce que les législations régulant sa production, sa distribution, sa possession et sa consommation sont relativement récentes, et la distinction entre usage médical et usage récréatif l'est encore plus. L'égyptologiste Lise Manniche note la mention de la « plante médicale de la marijuana » dans plusieurs textes égyptiens, dont l'un remonte au XVIIIe siècle av. J.-C.[3] On trouve aussi mention du cannabis dans plusieurs textes anciens chinois et indiens, notamment dans le Shen nung pen Ts'ao king, le plus vieux recueil traitant de plantes médicinales, attribué à l'empereur Shennong. Le cannabis y est prescrit pour traiter vomissements, maladies infectieuses parasitaires et hémorragies. La redécouverte par l'Occident des vertus thérapeutiques du cannabis est généralement attribuée à Sir William Brooke O'Shaughnessy, qui en 1831 publie dans la revue médicale britannique The Lancet sa méthode d'injection intraveineuse d'électrolytes en solution pour soigner le choléra. Sa découverte lui vaut un poste en Inde, où il étudie les différentes plantes médicinales traditionnelles, dont l'opium. À partir de la fin des années 1830, il expérimente avec différentes concoctions à base de chanvre et ses effets sur des patients souffrant notamment de rhumatismes, hydrophobie, choléra ou tétanos. Il publie ses expériences et conclusions lors de son retour en Angleterre en 1841, où il rapporte des spécimens de chanvre et de strychnos nux-vomica à l'intention des Jardins botaniques royaux de Kew. De nombreux articles sur différentes espèces de cannabis sont publiés en Europe et en Amérique du Nord pendant la seconde moitié du XIXe siècle. L'usage thérapeutique du cannabis et du hashish est courant aux ÉtatsUnis jusque dans les années 1930, et fait son apparition dans la pharmacopée américaine officielle en 1851[4]. Il est prescrit généralement comme un analgésique, un sédatif, un antispasmodique ou un antiémétique. Prohibition progressive La deuxième Convention internationale de l'opium de Genève, en 1925, ajoute le cannabis à la liste de substances dont l'importation doit être contrôlée par ses signataires, mais elle se révèle inefficace pour les pays achetant les dites drogues à des pays non signataires. La Convention pour limiter la fabrication et règlementer la distribution des stupéfiants, dite Convention de limitation de 1931, vise à remédier à ce vide juridique. Aux États-Unis, la mise en conformité avec cette convention mène Harry J. Anslinger, le premier Commissaire du nouveau Federal Bureau of Narcotics (en), à faire voter en 1937 le Marihuana Tax Act, la première loi fédérale américaine régulant la distribution et la possession de cannabis, imposant une taxe de 1 dollar aux dispenseurs de cannabis, y compris pour un usage médical[5]. La loi a pour effet d'éradiquer la distribution médicale de la plante, même si elle reste listée dans la pharmacopée fédérale jusqu'en 1940[6]. De nombreuses législations transnationales sont signées dans les décennies qui suivent, mais ce n'est qu'avec la Convention

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unique sur les stupéfiants de 1961 qu'une harmonisation a lieu dans le cadre de l'ONU, incluant le cannabis dans les substances contrôlées dans le tableau IV, celui des substances soumis aux contrôles les plus sévères, sur l'insistance des États-Unis[7]. Article détaillé : Législation sur le cannabis. Réapparition de l'usage médical De nos jours, le cannabis médical est employé avant tout pour soulager les effets secondaires de la maladie ou du traitement. Formes thérapeutiques Le cannabis existe sous plusieurs formes médicales, dont la disponibilité dépend de la législation du pays où il est autorisé : •

Bedrocan (18% dronabinol) Bediol (11%) et Bedrobinol (6% + 7,5% CBD) : formes naturelles disponibles en pharmacie depuis 2005 (Hollande et pays importateurs : Espagne, Italie, Finlande par exemple) et délivrés sur prescription médicale ;

Marinol (dronabinol) : prescrit par exemple pour le traitement des nausées et des vomissements liés à la chimiothérapie, ainsi que pour l'amélioration de l'appétit chez les malades atteints du sida. Il est autorisé dans la plupart des pays européens, comme par exemple l'Allemagne, l'Italie et le RoyaumeUni ;

Cesamet (nabilone) : voir Marinol ;

Sativex : prescrit par exemple pour le traitement des douleurs associées à la sclérose en plaques. Il est autorisé au Canada depuis 2005.

Propriétés thérapeutiques Aujourd'hui, les applications thérapeutiques du cannabis sont de plus en plus reconnues. Les applications thérapeutiques connues sont répertoriées par l'Association Internationale pour le Cannabis Médical : •

Nausées et vomissements

Anorexie et cachexie

Spasmes

Troubles du mouvement

Douleurs

Glaucome

Épilepsie

Asthme

Dépendance et état de manque

Symptômes psychiatriques

Maladies auto-immunes et inflammations

Divers, syndromes variés

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Les connaissances scientifiques dans ce domaine ne cessent de progresser, comme le montre l'évolution exponentielle du nombre d'études réalisées ces dernières années (Graphe ). Durant la dernière décennie, ce nombre a plus que doublé, élevant le nombre total de publications à plus de 8000 entre 1990 et 2000. Le nombre de maladies, pathologies ou troubles traitables s'élève à plus de 200[8],[9],[10] •

Il est question de propriétés scientifiquement reconnues : o

analgésiques : malades en phase terminale et pour les douleurs chroniques résistantes aux traitements traditionnels ;

o

relaxantes et somnifères : malades en phase terminale, troubles du sommeil ;

o

anti-spasmodiques : sclérose en plaque, épilepsie ;

o

anti-vomitives : traitement des effets secondaires de la chimiothérapie ou d'autres traitements lourds ;

o

stimulant l'appétit et redonnant l'envie de manger : lutte contre la cachexie (maigreur extrême) et favorise la prise de poids ;

o

broncho-dilatatrices : asthme ;

o

anti-inflammatoires : le cannabinol CBD (voir Cannabinoïde) non psychoactif est connu pour ses affinités avec les récepteurs CB2 situés sur les cellules immunitaires T.

o

anti-psychotiques [2] : traitement alternatif de la Schizophrénie[11] ;

o

anti-depresseur[12] ;

o

anxyolitiques ;

o

sédatives [13] ;

o

vaso-dilatatrices : glaucome, migraines.

Depuis les années 90, le cannabis et les cannabinoïdes qu'il contient suscitent un engouement croissant de la part des laboratoires de recherche. Entre 2000 et 2007, plus de 9000 articles scientifiques ont été publiés [14]. Ce nombre a plus que doublé en dix ans. Ainsi, ces études, répertoriées sur la base de données scientifique de IACM, suggèrent que le cannabis pourrait être utilisé à des fins thérapeutiques dans un grande diversité de maladies et de pathologies[15]: o une alternative efficace pour le traitement des symptômes chroniques (impulsivité, anxiété, distractibilité, ...) du Trouble Déficit de l'Attention / Hyperactivité (TDAH) (modulation de la Dopamine par le système endocannabinoique, ciblé par les phytocannabinoides du cannabis) ; o une alternative efficace pour le prurit cholostatique réfractaire ; o un agent thérapeutique contre des maladies neuro-dégénératives et la dystonie (perturbation du tonus musculaire), la paraplégie, l'hyperkinésie, o un agent thérapeutique pour le traitement de la maladie de Parkinson, o un agent thérapeutique pour la réduction des tics liés au syndrome de Tourette [16] , o un agent thérapeutique pour le traitement des maladies auto-immune comme la Sclérose en Plaques, o un agent anti-prolifératif : rémission de tumeurs cancéreuses au cerveau (ainsi que ralentissement de la progression de certains cancers du poumon, sein et de la leucémie) ;

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o un agent inhibant les sécrétions d'acide gastrique et pouvant jouer un rôle favorable sur la prévention des ulcères, des diarrhées ; o un agent améliorant les troubles comportementaux des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou d'Autisme ; o une alternative pour le traitement de la dépression passagère ou chronique (implication CB1 dans la modulation de la Sérotonine, des troubles de l'humeur, des angoisses et des Troubles Post-Traumatiques ; o une alternative pour le traitement des troubles du sommeil et de l'anxiété ; o un agent de substitution pour le traitement des dépendances à l'alcool, aux opiacés (Héroïne), aux stimulants (Cocaïne) et aux somnifères (Benzodiazépine). Aujourd'hui il existe un seul ouvrage (Ref: Docteur en Médecine Franjo Grotenhermen - Cannabis en Médecine : Un guide pratique des applications médicales du cannabis et du THC, 2009, Editions Indica) qui répertorie l'ensemble des conditions traitables par les cannabinoides, écrit par un médecin et recemment traduit en français (www.editionsindica.com) il parcourt l'ensemble des capacités médicinales de cette plante et certains de ces usages. Par ailleurs de nombreux ouvrages existent en langues étrangères (anglais, allemand, espagnol, ...). Législation

Législation du cannabis thérapeutique dans le monde en 2006 La mise en place législative du cannabis médical porte généralement sur trois volets, définissant respectivement les conditions d'accès au cannabis médical, la régulation portant sur la distribution, et celle touchant à la culture et la production de cannabis à des fins médicales. La plupart des législations mises en place définissent généralement l'éligibilité des patients selon une liste de conditions médicales ou symptômes incluant généralement cancer, sclérose en plaques et sida/VIH. Certaines définissent ou supposent la mise en place d'un programme géré par une émanation du gouvernement maintenant une liste de patients autorisés, tandis que d'autres entités gouvernementales ont simplement légalisé l'usage médical, s'en remettant à la simple délivrance d'un certificat par un médecin. Allemagne En février 2008, 7 patients allemands ont pu bénéficier d'un traitement au Cannabis Médical, distribué sur ordonnance en pharmacie [17]. Afin de réguler l'usage thérapeutique, l'Allemagne s'inspire du modèle de son voisin hollandais qui distribue de cette manière depuis 2003 (120 kg en 2008). Belgique La détention et la consommation de cannabis reste totalement interdite pour les mineurs de moins de 18 ans et cela où que ce soit et quelle qu'en soit la quantité. La culture d'une seule plante est tolérée., ainsi que la détention

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de trois grammes de cannabis maximum. À l'image de l'Espagne, des projets pilotes sont en cour pour créer des coopératives agricoles en forme d'association sans but lucratif utilisant ces lois de tolérance (plantation d'une seule plante par personne) en vue de grouper ces mêmes plantes dans une culture commune. [3] Canada

Centre compassion de Montréal, au Québec. Au Canada, le Règlement sur l'accès à la marijuana à des fins médicales, mis en place par Santé Canada en juillet 2001, définit deux catégories de patients éligibles pour l'accès au cannabis médical. La catégorie 1 liste les individus souffrant de « douleur aiguë », « nausées violentes » et/ou autres symptômes sérieux causés par les conditions suivantes : sclérose en plaques, lésion de la moelle épinière, maladie de la moelle épinière, cancer, sida/infection au VIH, formes graves d'arthrite et/ou épilepsie. La catégorie 2 « touche les demandeurs qui présentent des symptômes pathologiques graves autres que ceux décrits dans la catégorie 1 »[18]. La demande du patient éligible doit être appuyée par un médecin. Le cannabis distribué par Santé Canada est fourni sous la marque CanniMed par l'entreprise Prairie Plant Systems Inc., selon laquelle la demande de la part des autorités canadiennes aurait augmenté de 80% en 2006 (la production ayant atteint 420 kilogrammes l'année précédente)[19]. Il est cependant légal pour les patients approuvés par Santé Canada de cultiver leur propre cannabis pour leur consommation personnelle, et il est possible d'obtenir une licence de production à titre de personne désignée par un patient. Santé Canada précise cependant qu'« aucun Avis de conformité n'a été émis pour la marijuana à des fins médicales. » Depuis le début des années 2000, la loi s'est assouplie suite à un procès prouvant l'anti-constitutionnalité de la politique du Gouvernement Fédéral du Canada. Ainsi, les centres compassion ont été toléré et ceux-ci distribuent dorénavant du cannabis médical aux patients. En 2010, la province du Québec en compte cinq; quatre à Montréal, et un à Québec. Par exemple, le Club compassion de Montréal (CCM) est un organisme à but non lucratif qui a été fondé en 1999 [4] . En 2006, la Fondation marijuana continue sur cette lancé et ouvre un deuxième centre à Montréal et un autre à Québec en 2008 [5] . En juin 2010, le Procureur général du Québec arrête tous les organisateurs des centres au Québec. Cinq procès sont actuellement en cours (Décembre 2010). Espagne En Espagne, depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000, le cannabis médical a subi un processus de dépénalisation puis de légalisation progressive. Le parlement de la région de Catalogne est le premier en Espagne à avoir voté à l'unanimité en 2001 la légalisation du cannabis médical, il est rapidement suivit des parlements d'Aragon et des Baléares. Le Code pénal espagnol interdit la vente de cannabis mais il n'en interdit pas la consommation. Jusqu'au début des années 2000, le Code pénal ne faisait pas de distinction entre cannabis thérapeutique et cannabis récréatif, cependant plusieurs décisions de justice montrent que cette distinction est de plus en plus prise en compte par les juges. À partir de 2006, la vente de graine est légalisée, la possession ou la consommation est toujours interdite dans les lieux publics mais autorisée dans les lieux privés. De plus, la culture de plans de cannabis est désormais autorisé dans un lieu privé.

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Plusieurs recherches ont été réalisées afin d'étudier les effets du cannabis sur des patients atteints de maladie comme les cancers, le sida, la sclérose en plaque, l'épilepsie ou l'asthme. Ces recherches ont été effectuées par divers organismes espagnols comme à l´Université Complutense de Madrid dirigée par le docteur Manuel Guzman, l´hôpital de la Laguna à Tenerife dirigée le neurochirurgien Luis González Feria ou l´Université de Barcelone. Voyant la législation s'adoucir, plusieurs clubs de cannabis se sont créés notamment au Pays basque et en Catalogne. Ces clubs, les premiers du genre en Europe, sont des associations à but non lucratif qui cultivent du cannabis et le revendent à prix coûtant à ses membres. En 2006, des membres de ces clubs ont été acquittés dans des procès intenté pour possession et vente de cannabis.

Législation du cannabis thérapeutique en Europe en 2006

États-Unis

Une carte d'identité permettant à son porteur l'utilisation de Cannabis à but médical, Californie.

Le cannabis médical a fait l'objet de législations dans plusieurs États américains à partir des années 1990. En Californie, la Proposition 215, baptisée Compassionate Use Act, est approuvée par les électeurs de l'État aux élections de novembre 1996, entérinant la légalisation du cannabis médical le jour suivant. La nouvelle loi californienne, la première du genre aux États-Unis, dépénalise la possession, l'usage et la culture de cannabis pour les patients possédant une recommandation « écrite ou orale » de leur médecin. Parmi les conditions jugées

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éligibles par la loi sont listées arthrite, cachexie, cancer, douleurs chroniques, HIV ou sida, épilepsie, migraines et sclérose en plaques. La loi ne précise pas de limite sur les quantités que les patients éligibles peuvent posséder ou cultiver. La loi californienne est en contradiction directe avec la législation nationale en matière de stupéfiants, et en janvier 1998, le gouvernement fédéral poursuit en justice la Coopérative des acheteurs de cannabis d'Oakland (OCBC), demandant l'interdiction de la distribution de cannabis aux patients. La cour du district rend un jugement en faveur du gouvernement fédéral, et l'OCBC est fermée temporairement. Le jugement est interjeté devant la Cour d'appel des États-Unis pour le neuvième circuit, qui infirme la décision précédente, invoquant la « nécessité médicale » mise en avant par la défense [20]. En mai 2001 cependant, la Cour suprême des États-Unis infirme cette décision par un vote de 5 contre 3 (le juge Breyer s'étant abstenu)[21]. En octobre 2003, le corps législatif californien adopte un amendement émanant du Sénat californien, S.B. 240, entrant en vigueur le 1er janvier 2004, et imposant des limites sur les quantités autorisées. Les patients éligibles ne peuvent ainsi posséder plus de 8 onces de cannabis séché et/ou six plantes adultes de cannabis, mais des dérogations sont possibles sur certificat médical. Plusieurs producteurs et dispensaires californiens de cannabis à usage médical ont fait l'objet de descentes et d'arrestations par la Drug Enforcement Administration[22]. Le rythme de ce type d'opérations au cours des dernières années suggère toutefois que les autorités fédérales concentrent désormais leur efforts sur les organisations et individus soupçonnés d'être trop laxiste dans leur distribution, d'avoir des liens avec le crime organisé, ou d'effectuer des profits jugés excessifs ou potentiellement illégaux. Plusieurs opérations ont été effectuées par la DEA en collaboration avec l'Internal Revenue Service, le service fiscal fédéral. Les critiques de la Proposition 215, parmi lesquels l'Organisation nationale pour la réforme des lois sur la marijuana (National Organization for the Reform of Marijuana Laws, ou NORM), qui milite pour la légalisation du cannabis aux États-Unis, arguent que le texte de loi reste trop vague quant à la production du cannabis à usage médical, et aux bénéfices que peuvent réaliser les producteurs et dispensaires, laissant les juridictions des comtés définir leurs propres standards. La DEA estime notamment que des « narcotrafiquants à grande envergure se cachent derrière et invoquent la Proposition 215 » comme défense [23]. Les électeurs de l'Oregon approuvent une loi légalisant le cannabis médical en novembre 1998, l'Oregon Medical Marijuana Act. Le programme est géré par le Programme de marijuana médicale de l'Oregon au sein de la Division de santé publique de l'État, et distribue des cartes d'identité aux membres acceptés par le programme. Début 2007, près de 13 000 cartes avaient été distribuées. La quasi-totalité des patients bénéficiant du programme déclarent souffrir de « douleurs sévères » et près de 2500 de « nausées ». Les autres conditions invoquées sont épilepsie, sida/HIV, cancer, cachexie, glaucome chronique et tremblements dus à la maladie d'Alzheimer[24]. L'État voisin de Washington se dote d'une loi similaire aux mêmes élections de novembre 1998, légalisant l'usage, la possession et la culture de cannabis pour les patients munis d'un certificat médical. Les conditions éligibles sont les suivantes : cachexie, cancer, HIV ou sida, épilepsie, glaucome chronique, douleurs autrement intraitables et sclérose en plaques. Toujours à la même date, l'usage médical de cannabis est également entériné par 58% des électeurs de l'Alaska en novembre 1998, entré en vigueur le 4 mars 1999. La loi légalise la possession, la culture et l'usage de cannabis pour les patients ayant reçu un certificat d'un médecin confirmant qu’ils peuvent bénéficier de l'usage médical de cannabis. Les conditions et symptômes éligibles sont les suivants : cachexie, cancer, douleurs chroniques, épilepsie et autres conditions caractérisés par des spasmes, glaucome chronique, HIV ou sida, sclérose en plaques et nausées. L'État maintient une liste confidentielle des patients à qui sont attribués une carte d'identité. 200 cartes auraient été distribuées. L'État du Maine adopte une loi similaire en 1999 suite à un vote populaire, et en 2000 c'est le tour du Colorado, de Hawaii et du Nevada. En 2003, une loi au Maryland permet à un individu arrêté pour possession de cannabis de prouver une nécessité médicale, qui, si elle est reconnue par la cour, n'entraîne qu'une amende maximale de 100 dollars. Les électeurs du Montana et le Vermont approuvent la légalisation du cannabis médical en 2004, et en 2006 l'État de Rhode Island entérine The Edward O. Hawkins and Thomas C. Slater Medical Marijuana Act qui légalise l'usage médical du cannabis à travers un programme géré par les services rhode-islandais. En 2008, le Michigan [25] devient le 13ème Etat Américain à reconnaître l'usage médical du cannabis. L'usage médical du cannabis reste sujet à polémique aux États-Unis, où les instances fédérales continuent à maintenir leur opposition à tout usage thérapeutique de la substance malgré plusieurs amendements déposés

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notamment par Maurice Hinchey. La Food and Drug Administration a publié en avril 2006 un communiqué rappelant qu'elle n'a pas approuvé le cannabis comme médicament, et qu'une « évaluation » effectuée par plusieurs agences gouvernementales a conclu qu'« aucune étude scientifique solide n'a soutenu l'usage de cannabis comme traitement [thérapeutique] aux États-Unis »[26]. L'American Medical Association, tout en recommandant le maintien du cannabis parmi les substances contrôlées, en appelle à des études rigoureuses sur l'usage de la substance et d'autres cannabinoïdes pour le traitement de patients [27]. Finlande En Finlande le cannabis médical commence à être reconnu. En effet, la Finlande est l'un des premiers pays à avoir demandé à la Hollande l'importation des produits BEDROCAN . Un malade a obtenu une autorisation de l´Agence nationale des médicaments de la Finlande en décembre 2006 pour l'utilisation de cannabis dans un but thérapeutique [28]. France Situation Légale : Les lois concernant les drogues interdisent le cannabis depuis 1925 (Convention de Genève / Convention de l'ONU 1961). Celui-ci a été retiré de la pharmacopée française depuis 1953. Sa prohibition n'a pas évoluée depuis. Son usage, importation, vente, transport et production sont strictement interdits par la loi. Ainsi, le cannabis, ainsi que ses dérivés à base de cannabinoïdes (naturels ou de synthèse), ne sont pas autorisés pour usage médical en France. Néanmoins depuis 1999, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSPS) a autorité pour délivrer des autorisations nominatives ou de cohorte ATU (Autorisation temporaire d'utilisation) pour tous produits de santé. Les ATU concernent les produits de santé qui ne sont pas autorisés sur le marché français. En 2008, les ATU concernant les cannabinoïdes n'ont été délivrées que pour le Marinol® (dronabinol ou THC). Jugements de cours: En mai 1991, la cour administrative de Paris a rejeté la demande du MLC (Mouvement pour la Légalisation Contrôlée) concernant l'importation de 10 kg de cannabis pour le soulagement des douleurs de 10 patients souffrants de maladies incurables. Les arguments du refus étaient l'incompatibilité avec la convention de l'ONU de 1961 et l'impossibilité du MLC de contrôler scientifiquement et administrativement l'usage médical du cannabis. En septembre 2002, un patient de 50 ans, atteint du SIDA depuis 17 ans, a été condamné à 10 mois de prison avec sursis pour avoir fait pousser 34 plants de cannabis. En 2002, la cour de Papeete (Tahiti) a acquitté un patient paraplégique de 55 ans[29]. Il avait été inculpé auparavant pour avoir fait pousser 350 plants de cannabis. La cour a basé son jugement sur l'article 122-7 du code pénal qui spécifie : N'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.". Situation au regard des ATU[30] : Depuis 2001 74 ATU nominatives pour le Dronabinol ont été délivrées. Le nombre de ces ATU a doublé de 2001 à 2002. Depuis 2003, il diminue chaque année. Les ATU pour le Dronabinol ont été délivrées pour les conditions suivantes : •

Douleurs résistantes aux traitements standards (41)

Affections inflammatoires du système nerveux (12)

Maladie d'Unverricht-lundborg (8)

Appétit / nausées (7)

Syndrome de Tourette (3)

Dystorie résistante aux traitements standards (8)

Douleurs Paroxystiques (1)

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o

Total (74)

20 ATU ont été refusées pour les conditions suivantes : •

Douleurs résistantes aux traitements standards (12)

Spasticité secondaire due à sclérose multiple (3)

Para parésie spastique douloureuse (3)

Appetit / Nausées (1)

Douleurs chroniques (1)

Depuis 2001, toutes les ATU demandées pour le Sativex® (8) ont été refusées. Pays-Bas L'usage et la culture personnelle aux Pays-bas sont légaux, cependant, le commerce est réglementé. Depuis 2003, les pharmacies de ce pays distribuent du Cannabis Médical (produits pharmaceutiques sous forme végétale naturelle) sur ordonnance médicale [6], en plus des autres médicaments à base de cannabinoïdes (dronabinol, Sativex). Les 3 qualités thérapeutiques produites par la Société Bedrocan et distribuées dans le pharmacie sont: •

Bedrocan(18% dronabinol / THC)

Bediol (11% dronabinol / THC)

Bedrobinol (6% dronabinol + 7,5% CBD).

Le Bureau du Cannabis Médicinal (BMC), qui dépend directement du Ministère de la Santé et des Sports des Pays-Bas, est en charge d'assurer le contrôle de la distribution de ces nouveaux médicaments. En 2008, 120 000 grammes de cannabis médical ont ainsi été vendus au travers du réseau des pharmacies à un prix unitaire de l'ordre de 7€/g. Suisse Le Conseil National, la chambre basse du parlement helvétique débat d'une initiative parlementaire de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national du 4 mai 2006, le parlement suisse a pris accepté le 20 décembre le paragraphe de la proposition qui vise à introduire les cannabinoïdes dans la pharmacopée officielle. Le débat est interrompu et la loi n'est pas encore votée. Si elle l'est, elle devra être débattue par le Conseil des États. En cas d'accord, la loi sera soumise au référendum facultatif. Il est écrit dans cette initiative que « La loi sur les stupéfiants doit faire l'objet d'une révision partielle de sorte que les éléments du texte rejeté le 14 juin 2004, et qui sont susceptibles de rallier une majorité de voix favorables (notamment la politique des quatre piliers, la prévention et la thérapie, la protection de la jeunesse et les tâches de la Confédération) soient rapidement ancrés dans la loi. Partie 2: En outre, la problématique du cannabis doit être examinée compte tenu des initiatives parlementaires en suspens, et des propositions doivent être élaborées. ». Dans son projet, la commission propose, entre autres, « de rendre possible l’application médicale limitée de stupéfiants à effet de type cannabique sur autorisation exceptionnelle de l’Office fédéral de la santé publique. Parallèlement, la substance doit pouvoir être soumise au régime de l’Institut suisse des produits thérapeutiques (ISPT) applicable aux médicaments dès le moment où le stupéfiant correspondant est introduit en tant que principe actif dans un médicament autorisé par l’ISPT. Les médecins pourraient ensuite prescrire le médicament en question pour les indications autorisées.» [31].

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En 2008, les électeurs Suisses ont rejeté par référendum une initiative destinée à la légalisation de la culture et la possession de cannabis. 36,8 % des électeurs ont voté en faveur de cette initiative et 63,2 % contre. Un amendement de la loi sur les narcotiques a été accepté à une large majorité (68 %). Elle doit entre autres faciliter l’usage du dronabinol. Israël Dans l'Histoire moderne, La molécule de THC a été isolée en 1964 par Raphael Mechoulam et Yechiel Gaoni de l'institut Weizmann de Rehovot, en Israël[32]. La médecine reconnait depuis 1999 la prescription thérapeutique du chanvre pour couvrir le soin selon le champ le plus large des pathologies pour lesquels il puisse être reconnu : fibromyalgie, de cancer, du VIH / sida, de troubles neurologiques, de sclérose en plaques, d’asthme et de glaucome, ainsi que les troubles posttraumatiques. Une organisation, à l'origine avec des motivations compassionnelles et un concept hébreu de justice sociale, la Tikkun Olam, s'est présentée de manière officielle en mars 2007 au Ministère de la Santé comme principal fournisseur de cannabis médical. En 2010, cette notion fait effet pour 4000 à 5000 patients. Cette politique peut prédire un accroissement allant jusqu'à 40.000 personnes d'ici 2012[33]. Notes et références 1.

Docteur en Médecine Franjo Grotenhermen - Cannabis en Médecine : Un guide pratique des applications médicales du cannabis et du THC, 2009, Editions Indica.

2.

Au Canada, l'orthographe généralement usitée reste celle de « marihuana », tombée en désuétude aux États-Unis et ailleurs depuis le milieu du XXe siècle.

3.

Lise Manniche, An Ancient Egyptian Herbal, University of Texas Press, 1989, ISBN 978-0292704152

4.

(en) US Pharmacopoeia - 3d (1851) Edition

5.

(en) The Marihuana Tax Act of 1937

6.

(en) Drugstore Museum

7.

(fr) « Le Cannabis : Positions pour un régime de politique publique pour le Canada - Rapport du Comté spécial du Sénat sur les drogues illicites », Parlement du Canada, septembre 2002.

8.

Michka (2009), Cannabis Médical: du Chanvre Indien au THC de Synthèse, MamaEditions

9.

T. Mikuriya, Gieringer, Rosenthal : Du Cannabis pour se Soigner : Guide Pratique (1998) - Edition l'Esprit Frappeur

10. Dr med. Franjo Grotenhermen Cannabis en Médecine : Un guide pratique des applications médicales du cannabis et du THC, 2009, Editions Indica, traduction de l'ouvrage original Hanf als Medizin, ein praktischer Ratgeber zur Anwendung von Cannabis und Dronabinol, Baden und Munchen. 11. http://www.cannabis-med.org/english/journal/en_2008_04_1.pdf Cannabinoids and Schizophrenia : Where is the Link?, Cannabinoids 2008;3(4):11-15, Dr K Muller-Vahl (Ecole Médicale de Hanovre MHH), Déc 2008 12. http://www.furiousseasons.com/documents/potstudy.pdf, Treating Depression with Cannabinoids, Cannabinoids 2008;3(2):8-10, Dr Blaas (Autriche) 13. ADHD and Cannabinoïds http://mcforadhd.free.fr 14. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19152851 Tillement JP, The ignorance of cannabis toxic effects, why should we fight it?, Ann Pharm Fr. 2009 Jan;67(1):54-5 15. F. Grotenhermen, Les cannabinoides et le systeme des endocannabinoides, Cannabinoids 2006;1(1):10-15 http://www.cannabis-med.org/french/journal/fr_2006_01_2.pdf 16. http://ajp.psychiatryonline.org/cgi/content/full/156/3/495 Treatment of Tourette's Syndrome With Delta-9Tetrahydrocannabinol, Am J Psychiatry 156:495, March 1999, Dr K MÜLLER-VAHL, M.D,

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17. Germany: First patients to receive cannabis from the pharmacy, IACM-Bulletin of 15 February 2009 http://www.cannabis-med.org/english/nav/home-bulletin.htm 18. (fr) Foire aux questions au sujet de la marihuana à des fins médicales, sur le site de Santé Canada 19. (en) « More pot, please: Demand booming for Prairie Plant's marijuana », CBC, 23 octobre 2006. 20. (en) U.S. 9th Circuit Court of Appeals, USA v. CANNABIS, 9816950 21. (en) United States, Petitioner v. Oakland Canabis Buyer's Cooperative and Jeffrey Jones 22. (en) « Proliferation of Calif. marijuana clinics prompts DEA crackdown », Associated Press, 10 mars 2007. 23. (en) California Medical Marijuana Information, Drug Enforcement Administration 24. (en) Oregon Medical Marijuana Program (OMMP): Statistics 25. http://www.mlive.com/politics/index.ssf/2008/11/michigan_voters_approve_medica.html 26. (en) « Inter-Agency Advisory Regarding Claims That Smoked Marijuana Is a Medicine », U.S. Food and Drug Administration, avril 2006. 27. (en) H-95.952 Medical Marijuana 28. (fi) Un malade obtient une autorisation spéciale pour utiliser le cannabis médical : article tiré du quotidien finlandais Helsingin Sanomat, 12 décembre 2006 29. http://cannabis.free.fr/therapie/therapie_tahiti.html 30. Cannabis Médical: du Chanvre Indien au THC de Synthèse, Michka (2009), MamaEditions 31. voir le rapport de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national du 4 mai 2006 32. voir l'article THC 33. Israel Vallley - Site officiel de la Cambre de Commerce France-Israël, CCFI

Voir aussi Articles connexes •

Cannabinoïde

Chanvre

Wiki Cannabis Thérapeutique

Plante médicinale

Sciences indiennes

Situations Légales en Europe et aux États Unis / IACM

Liens externes •

(fr) IACM : Association Internationale pour le Cannabis Médical - Association scientifique de patients, de médecins et d'experts basée en Allemagne.

(fr) Foire aux questions au sujet de la marihuana à des fins médicales, sur le site de Santé Canada

(fr) UFCMED Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine

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(en) Medical Marijuana Information Center, un site d'information émanant de Cannasat Therapeutics Inc., une entreprise pharmaceutique canadienne spécialisée dans les médicaments à base de cannabinoïdes.

(en) National Organization for the Reform of Marijuana Laws, une organisation américaine à but non lucratif militant pour la légalisation du cannabis.

(en) BEDROCAN, fournisseur hollandais du cannabis médicinal sous l'autorité du Ministère de la Santé des Pays Bas.

(en) BMC, Bureau du Cannabis Medicinal | Ministère de la Santé des Pays Bas.

Vidéos et reportages •

2009 : Le Magazine de la Santé - France 5 - inclus témoignage d'un patient

Reportage "L'Europe et la Drogue", France 3, 14 Fev. 2009

Le Cannabis : Une Plante entre le Bien et le Mal (documentaire PLANETE / La Sept)

Cannabis : Un Défi pour la Science (Documentaire Arte)

Reportage Arte

Centre Compassion de Montreal

Reportage Cannabis Medical 1

Reportage Cannabis Medical 2

ECSN Vidéo (USA)

Lester Grinspoon - Harvard(USA)

Fin de l’article. Ce point sur les propriétés médicales du Chanvre dérange. En attendant, pour confirmer ce que vous venez de lire, je vous cite comme référence à étudier : “Cannabis, la médecine interdite”, de Lester Grinspoon et James Bakalar, deux sommités de la psychiatrie anglaise.

Cannabis, la médecine interdite

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Au sujet de ce livre : la base de documentation de l’OFDT (http://bdoc.ofdt.fr/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=61395 ), le résume ainsi : « Ce livre, plaidoyer en faveur de l'efficacité thérapeutique du cannabis, rassemble de nombreux témoignages de patients ayant eu recours à ce produit pour soulager ou traiter leur maladie. L'usage médical du cannabis est retracé sur plusieurs siècles, en Chine, en Inde, en Europe, jusqu'à son histoire plus récente aux Etats-Unis où depuis 20 ans des tentatives sont menées pour légaliser cet usage médical. Les effets bénéfiques du cannabis sont illustrés à travers de multiples études de cas de malades souffrant de troubles aussi divers et graves que le cancer, la sclérose en plaques, la paraplégie, l'épilepsie, le sida, les douleurs chroniques... Les risques liés à son usage sont également analysés : effets aigus ou chroniques (potentiel addictif, syndrome amotivationnel, théorie de l'escalade...). Les auteurs s'accordent à lui reconnaître un seul effet physique dangereux sur le système pulmonaire. Ils dénoncent l'attitude du gouvernement américain qui refuse de considérer le cannabis comme un médicament sûr et efficace et aboutissent à la conclusion que seule une légalisation générale avec des limites appropriées permettrait un usage médical judicieux ». Fin du résumé. Le cannabis n'est plus une "médecine interdite" Par Bertrand Lebeau. Source : http://www.pistes.fr/swaps/32_308.htm « La redécouverte des propriétés thérapeutiques du cannabis est récente dans les pays occidentaux mais, désormais, les recherches se multiplient et les cadres légaux se transforment. Pour comprendre la situation actuelle, un bref retour en arrière s'impose.

Une singulière histoire Tout d'abord, l'utilisation de "drogues" comme médicaments est habituelle et l'on peut affirmer que toute drogue a été, est, ou sera un médicament. La morphine et, dans certains pays, l'héroïne sont utilisées pour leur propriétés antalgiques, la cocaïne a bouleversé la chirurgie de l'oeil à la fin du XIXe siècle grâce à ses propriétés d'anesthésie locale, et les amphétamines ont été prescrites pour leurs effets stimulants. On pourrait multiplier les exemples. L'histoire des utilisations thérapeutiques du cannabis est cependant singulière car s'il fut largement utilisé durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, il faut noter que son abandon comme médicament a largement précédé sa prohibition comme drogue. La raison est la suivante: alors que les progrès de la chimie permettaient d'isoler les principes actifs de nombreuses plantes, on ne parvenait pas à isoler celui ou ceux du cannabis. De plus, ses effets étaient difficilement reproductibles. Bref, il ne présentait aucune des caractéristiques d'un médicament moderne pouvant être utilisé soit par voie injectable, soit par voie orale. Le THC (tetrahydrocannabinol) n'est isolé qu'en 1964 par Raphaël Méchoulam, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem et actuel président de l'International Association for Cannabis as Medicine (IACM)1. C'est le même Méchoulam qui isole son ligand endogène, l'anandamide, en 1992. Depuis une dizaine d'années, les études fondamentales et cliniques se sont multipliées, non sur le THC seul mais sur les cannabinoïdes en général et leurs récepteurs, leur mode d'action et leurs applications en médecine. C'est avec l'épidémie de sida que, dans les années 1980, le cannabis thérapeutique réapparaît. A l'époque, on ne dispose pas de traitements contre le VIH, les patients sont atteints d'un syndrome cachectique et perdent du poids de manière irréversible. Les propriétés orexigènes, c'est-à-dire stimulantes de l'appétit, du cannabis permettent de limiter ce processus. Mais le mouvement de redécouverte ne s'arrête pas là. Les partisans du cannabis thérapeutique font aussi valoir qu'il a des propriétés antiémétiques (contre les nausées et les vomissements), en

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particulier pour lutter contre les effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses, ou dans certains glaucomes (hypertension du globe oculaire), ainsi que dans différentes maladies neurologiques comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson. Mais plusieurs problèmes se posent alors. Mouvement militant Tout d'abord, les partisans du cannabis thérapeutique sont aussi en faveur d'une autre politique en matière de cannabis récréatif, faisant naître un soupçon d'instrumentalisation: le cannabis thérapeutique ne serait-il que le cheval de Troie de la légalisation du cannabis récréatif ? Pourtant, c'est bien ce mouvement de mobilisation militant qui va permettre non seulement de populariser le thème des applications thérapeutiques du cannabis mais aussi d'obtenir dans plusieurs pays un cadre compassionnel pour une liste précise de maladies graves. Deuxième difficulté: si la forme fumable est celle qui produit les effets les plus constants et les plus rapides, c'est aussi celle qui présente la toxicité la plus avérée sur les bronches et les poumons. Difficile donc de convaincre les médecins de l'acceptabilité d'une telle galénique. Il existe certes des alternatives comme les décoctions, la teinture-mère ou le cannabis consommé par vaporisation, mais la forme fumable reste prédominante. Autre problème: comment éviter aux personnes qui ne sont pas usagers récréatifs un effet secondaire, l'effet high ou psychoactif, précisément recherché par les consommateurs de cannabis comme drogue ? Dans Cannabis, la médecine interdite2, le biologiste Stephen Jay Gould raconte comment, atteint d'un cancer, il a pleinement bénéficié des effets antiémétiques du cannabis et supporté bravement l'ivresse qu'il provoque (et qu'il n'aimait pas), tant le bénéfice, qu'aucune autre médication n'avait pu lui apporter, était évident. Il faut d'ailleurs ajouter qu'il n'en serait pas de même aujourd'hui car le cannabis s'est révélé moins efficace que les antagonistes de la sérotonine contre les vomissements. L'accès au produit lui-même pose des problèmes insolubles à celles et ceux qui ne sont pas des usagers récréatifs et qui n'ont pas de moyens de s'en procurer sur le marché clandestin. Enfin, jusqu'à une période récente, on manquait d'études contrôlées sur les indications du cannabis, les doses et les galéniques. Multiplication des essais cliniques Tout cela est en train de changer devant les progrès de la recherche fondamentale dans de nombreux domaines : effets anti-inflammatoires liés à l'inhibition de l'action de certaines prostaglandines, propriétés neuroprotectrices des cannabinoïdes ou leur capacité à lutter contre la croissance de certaines tumeurs, multiplication des essais cliniques concernant des indications jusque-là empiriques, en particulier dans le champ des maladies neurologiques. Face à ce changement des cadres légaux, l'industrie pharmaceutique s'intéresse maintenant à la commercialisation de cannabis ou de produits issus du cannabis, comme la firme britannique GW Pharmaceuticals qui espère obtenir en 2004 des autorisations dans d'autres pays de l'Union européenne. Des galéniques autres que le THC en gélules existent désormais, en particulier un spray sublingual associant THC et CBD (cannabidiol) utilisé dans de nombreux essais cliniques. En France, la seule possibilité légale reste la prescription de gélules de THC dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) nominative qui est des plus restrictives. De plus, les médecins ignorent habituellement cette possibilité et les rares qui la connaissent n'ont pas accès aux critères d'inclusion (jamais communiqués) de l'ATU nominative. Une ATU de cohorte moins contraignante, l'accès aux nouvelles galéniques (spray THC/CBD), ainsi qu'une information des médecins travaillant en particulier dans les services de neurologie et de cancérologie, permettraient de sortir de la confidentialité. Les associations de patients peuvent jouer dans ce domaine un rôle décisif. Au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie, aux Pays-Bas, et bientôt en Belgique, la prescription et la délivrance de cannabis ou de dérivés est désormais possible. Aux Pays-Bas, une modification de la loi sur les stupéfiants a ainsi ouvert, en mars 2003, la voie à une distribution légale de cannabis en pharmacie qui a commencé en septembre, comme l'a annoncé Willem Scholten, le responsable du Bureau du cannabis médical, lors de la deuxième conférence de l'IACM sur les cannabinoïdes en médecine qui s'est tenue à la faculté de médecine de l'université de Cologne les 12 et 13 septembre derniers. Tous ces changements vont dans le même sens: le cannabis a cessé d'être une médecine interdite ». 1 - www.cannabis-med.org 2 - Lester Grinspoon et James Bakalar, Cannabis, la médecine interdite, éditions du Lézard, 1995 pour la traduction française. Fin de l’article.

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Entretien avec l’auteur de Marijuana - médecine interdite http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Entretien-avec-l-auteur-de.html "While marijuana is not addicting, learning about it is." "On devient dépendant aux connaissances sur le cannabis, pas au cannabis même." (Dr Lester Grinspoon) Entretien avec Dr Lester Grinspoon, l’auteur du livre "Marihuana - Médecine interdite" sur les effets thérapeutiques, la prohibition et les nouveaux médicaments à base de cannabis. Gary Greenberg, psychothérapeute et professeur américain, a mené un entretien avec le célèbre médecin Lester Grinspoon, pionnier de l’utilisation thérapeutique du cannabis, qui vient d’être publié dans le dernier numéro de Mother Jones. Le Dr Grinspoon pense que les médicaments du genre Sativex ne pourront jamais totalement supplanter l’application du cannabis par la fumée, car dans leur cas il est plutôt difficile d’établir la dose individuelle qui conviendrait à chaque patient. Le médecin américain prétend qu’il n’a jamais entendu un patient dire que, par exemple, le Marinol (médicament à la base du THC synthétique) l’aiderait aussi bien que le cannabis fumé. D’après le producteur du Sativex, il serait possible d’utiliser ce médicament pour qu’il réponde exactement aux besoins individuels des patients mais Grinspoon rejette ses affirmations. Il dit que le Sativex commence à agir seulement après quelques 15 minutes, ce qui est nettement meilleur que dans le cas des pilules de Marinol mais encore trop tard, en fumant du cannabis la sensibilité va de quelques secondes à quelques minutes Un autre problème vient du fait qu’après l’application du spray, une partie coule par l’œsophage dans le système digestif et commence à agir seulement avec une heure ou plus de retard. Ce signifie que le dosage précis, dont se vante le producteur du Sativex, n’est rien qu’une combine de marketing destinée à rendre ce médicament plus attirant que le chanvre naturel aux yeux du grand public. Le Dr Grinspoon réfute aussi d’autres affirmations du fabricant, comme quoi le Sativex ne pourrait causer le même "high" que le chanvre ou bien que le médicament assurerait un ratio stable du THC et du CBD, car il est fabriqué à partir des clones de la même plante. Néanmoins, Lester Grinspoon admet bien que les cannabinoïdes administrés oralement aient une place importante dans la thérapie. C’est surtout vrai pour les problèmes d’arthrose, où il faut un soulagement de longue durée, mais il y a beaucoup de patients qui préfèrent fumer le cannabis que l’ingérer car ils se sentent mieux ainsi. Après passage par le foie en cours de digestion, le delta 9 THC se transforme en delta 11 THC, dont l’effet est quintuple et persiste beaucoup plus longtemps. Il est assez difficile de fixer correctement la dose orale et elle est donc parfois trop élevée - en ce cas il peut y avoir jusqu’à des hallucinations, souvent d’un caractère désagréable. Le Dr Grinspoon craint que le Sativex rencontre le même sort que son prédécesseur synthétique, le Marinol qu’il devienne impopulaire parmi la population ciblée qui l’utiliserait plutôt comme un alibi pour un traitement illégal avec du cannabis fumé. Il voit plusieurs raisons pour que les patients rejettent ce médicament. D’abord, cette difficulté de dosage et puis il y aurait certainement un problème avec son prix trop élevé, dépassant maintes fois le prix du chanvre naturel. A l’heure actuelle aux USA, il est chose commune que des patients utilisant le cannabis dans un but thérapeutique demandent à leur docteur de leur prescrire du Marinol (qu’ils ne prennent pas) en tant que couverture pour les tests de drogues, dont le résultat positif pourrait menacer leur existence. Grinspoon mentionne le cas d’un chauffeur de camion que fumait le chanvre pour ses douleurs d’arthrose, mais qui se laissait prescrire le Marinol au moment de l’introduction des tests de THC, car autrement il perdrait son emploi. Il ne prenait pas ce médicament, il lui servit seulement comme un alibi auprès les autorités, car les tests utilisés sont incapables de faire la distinction entre le THC du Marinol et du chanvre. D’après Grinspoon, le plus grand problème est que le Sativex va créer une autre pression commerciale pour maintenir la prohibition du cannabis, comme c’était le cas après la découverte du Marinol. Au lieu de répondre aux espoirs qu’il représente pour les anti-prohibitionnistes, il pourrait se passer juste le contraire. Pour garantir le succès commercial de leurs nouveaux médicaments, les puissantes sociétés pharmaceutiques augmenteraient leur pression sur le maintien de prohibition du chanvre, qui pourrait devenir encore plus forte qu’à l’heure actuelle.

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Dans l’autre partie de l’entretien, Grinspoon parle de son fils Danny qui en 1967, un an et demi avant sa mort, fut atteint de leucémie. Le garçon avait des problèmes à supporter la chimiothérapie et souffrait des vomissements. Grinspoon avait entendu raconter par un oncologiste l’histoire d’un patient qui avait résolu ce problème en fumant un joint 20 minutes avant la séance. Grinspoon a essayé faire de même avec son fils pour un excellent résultat - le chanvre a aidé. Cette expérience tragique des effets thérapeutiques du chanvre a mené Grinspoon dans une longue et profonde recherche sur cette plante miraculeuse tellement maudite et calomniée. A l’époque du début de la maladie de son fils, Grinspoon était persuadé que le chanvre est une drogue dangereuse. Au fur et mesure de ses études sur cette plante, il découvrit à quel point l’information du public à son sujet étaient manipulées et fausses. Cette découverte l’a tellement bouleversée qu’il a plongé dans la recherche et finalement publié son livre mondialement célèbre : "Marijuana - la médecine interdite". "Ce n’est pas une drogue anodine, mais elle est beaucoup moins nocive que l’alcool ou le tabac. La vraie nocivité du cannabis consiste dans la manière dont la société y réagit. A l’époque de la publication de son livre, les USA arrêtaient 300.000 personnes par ans pour le cannabis, à présent cela fait déjà 750.000. Ce chiffre démontre très clairement les progrès minimes que nous avons réussi à faire dans ce domaine. Nous avons de larges connaissances sur les effets toxiques du chanvre, beaucoup plus que sur les autres drogues. Nous savons donc très bien que le chanvre n’est pratiquement pas toxique. La recherche scientifique démontrera certainement que le cannabis joue un rôle dans des fonctions cérébrales importantes. "C’est ce que Carl Sagan aimait à dire au sujet de chanvre", dit Grinspoon. C’est justement son ami, le grand astrophysicien Carl Sagan, qui avait essayé de le persuader de fumer du chanvre. Pendant de longues années, Grinspoon a résisté, il a finalement succombé à l’époque de la maladie de son fils et il a fumé avec lui son premier joint. Il raconte une autre histoire qui l’a également poussé à fumer le cannabis. Il témoignait devant un comité du Sénat de Massachusetts lors des séances sur la législation du cannabis. Un des sénateurs, un grand opposant du cannabis, lui a demandé s’il n’avait jamais pris de marijuana. Grinspoon lui a dit qu’il aimerait bien répondre à cette question, seulement il voudrait d’abord entendre de la part du sénateur, si une éventuelle réponse positive rendait son témoignage plus crédible. Le sénateur se sentit offusqué par la réponse de Grinspoon et a quitté la séance furieux. A son arrivé chez lui ce soir là, Grinspoon a décidé que le temps était venu et a finalement essayé de fumer pour la première fois cette plante qu’il étudiait depuis déjà si longtemps. A la question finale de Greenberg, qui voulait savoir comment a-t-il pu écrire un livre sur le chanvre sans même l’avoir essayé sur soi, Grinspoon répond avec humour : "Vous savez, j’ai aussi écrit un livre sur la schizophrénie sans en avoir pourtant souffert !". Fin de l’article. http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Entretien-avec-l-auteur-de.html 3ème point fort du Chanvre : ses tiges (fibres, chènevotte, bois).

Le Chanvre : constitution, utilisation traditionnelle. Comme introduction de ce point, citons le rapport suivant : Extrait de “Colorado Hemp Initiative / Industrial Hemp Rapport”, texte consultable sur Internet à l’adresse : « http://www.welcomehome.org/~samcorl/hemp/research/cashcrop.htlm » (Résumé et traduction du texte américain qu’on trouve dans ce site :) “Le bois de Chanvre est composé de 20% de fibres. Sa solidité et sa résistance à l’usure en font une matière première de choix pour la fabrication du papier et du textile. Tous les vêtements peuvent être faits en Chanvre, du tissu le plus fin au plus épais ou rigide comme le Canevas. (Aparté ; à ce sujet, d’ailleurs, pour les Américains, Canevas provient de l’origine arabe et perse du mot désignant le Cannabis. Pour les Français, le mot est originaire de notre langue - voir déf. Petit Larousse 1991. Les Perses n’utilisant qu’un “N” dans leur mot désignant le Chanvre, et puisque Canevas n’en à qu’un, je trancherai plutôt, pour une fois, en faveur des Américains).

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Les vêtements faits en Chanvre sont, évidement, plus résistants et plus longs à s’user. Avec les techniques modernes de machineries, et celle du « cotonnage » (ou « cotonnisation », voir plus loin) ils sont aussi fins et doux que le coton tout en étant encore plus absorbant. Le Chanvre a la fibre naturelle la plus résistante en traction, à l’usure du temps, mais aussi à l’action de l’eau (salée ou non) et des moisissures (exemples : filets de pèche, filasse de plomberie). L’indétrônable “corde en Chanvre” qui a aidé l’homme pendant des siècles, est donc loin d’être obsolète. Le Chanvre est la source naturelle la plus riche en cellulose (rappel). Cette dernière est un important vecteur industriel moderne dont l’emploi sera, dans l’avenir, de plus en plus sollicité. (à cause de la possibilité de fabriquer avec du plastique biodégradable, mais aussi du plastique non combustible pour la fabrication de tableaux de bord ou de pièces pour l’automobile par exemple). Autre avantage, la fabrication de papier WC ou de cartons, par exemple, n’abîmera plus les forêts. Le rapport insiste ensuite sur des points d’ordres agricoles et économiques faisant ressortir infailliblement ainsi les capacités de notre plante à être plus rentable que nombreux autres végétaux (tableaux de données techniques agricoles, comparaisons des résultats avec ceux d’autres plantes). Chaque thème abordé ou énoncé renvoie à une annotation plus précise dotée d’une bibliographie plus que complète. A ce sujet, le rapport (hors annotations) ne tient pas tout à fait sept pages et demi, la bibliographie en fait presque sept. Les annotations renvoient à des textes et des livres qui tiennent au minimum plusieurs centaines de pages. Pour conclure ce résumé, seul le Nylon, imputrescible, a pu voler un peu d’éclat au Chanvre, mais on en revient, car il est justement un peu trop imputrescible et polluant quand on cherche à le détruire. Aujourd’hui on sait traiter le Chanvre pour rendre son cordage plus résistant au pourrissement. Marine, bâtiment et agriculture peuvent donc réintégrer le Chanvre sous le slogan “biologique et biodégradable = vie plus agréable”. Outre l’alpinisme, le seul domaine ou le Nylon fût accueilli par les membres de la profession comme synonyme de réel progrès fût la pêche. Le filet vit alors sa résistance et sa durée de vie croître inversement proportionnelle au poids du cordage entier. N’empêche que vu l’ampleur des dégâts que cette matière à permis (filets de plusieurs km de long, pêche d’assassins videurs de mer), je ne pense pas qu’il faille encore ici parler de réel progrès. D’autant qu’un filet de ce genre perdu en mer perdurera des décennies, voir des siècles avant de disparaître.

Textile : Bien que sa fibre soit utilisée depuis l’aube de l’humanité, on rencontre encore rarement des tissus capables de rivaliser en finesse avec les tissus industriels. Il faut bien comprendre que comme l’avaient prévu ceux qui l’ont orchestrée, l’interdiction appliquée au Chanvre à drogue en ce début de siècle à fortement nuit au genre à fibre. De ce fait, l’évolution des machineries n’a pu suivre l’évolution technologique, le Chanvre n’étant plus un secteur économique porteur. Le Chanvre est tombé progressivement en désuétude puis carrément abandonné. Grâce à l’électronique et aux techniques d’aujourd’hui, la machinerie moderne pourrait pourtant lui venir en secours pour palier au problème “finesse”. Il s’agit juste d’une question de culture, de peignage et de triage des fibres et de cotonnisation. (Méthode récente qui rend la fibre de Chanvre douce et souple comme celle du coton) Les tissus en Chanvre ont une durée de vie de 4 à 10 fois supérieure aux tissus classiques (coton, lin, synthétique), ce qui est certes un inconvénient pour les fabricants textiles et les revendeurs de linge, mais c’est quand même un gros avantage pour nous, consommateurs en plus d’être un gros avantage pour la nature. Un autre gros avantage est l’aspect hygiène que procure ce genre de tissus. À titre d’exemples et pour instruire ce point, je vous cite “Le Dictionnaire des médecines naturelles, tome 2 (de Ho à Z), page 61” :

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“ ... Les fibres textiles issues du règne végétal, qui ont cette fonction de peau (naturelles, protectrices et complémentaires de la peau humaine) proviennent de plantes pour lesquelles elles (ces fibres) sont déjà une peau : - Fibres du Lin. - Fibres du Chanvre. - Fibres du Ramie. « Quant au Coton, bien que naturel, il se salit plus vite, retient les poussières et les excrétions (de la peau) ... ». Le textile est la troisième plus grande industrie dans le monde. On comprend l’intérêt que l’on porte alors à notre plante dans ce cas. Comparée aux fibres du coton, dont la culture est extrêmement polluante, les fibres de Chanvre sont plus longues, plus fortes, plus brillantes et absorbantes, et plus résistantes aux moisissures. Ces “super fibres” permettent une multitude d’usage : habillement, dessus de lit, sacs à dos, moquettes, draperies, baguages, matelas, voiles, chaussures, chemises, tentes, serviettes, Jeans, blousons, bleus de travail, serpillières, ..., pour n’en citer que quelques uns. Les étoffes en Chanvre ont plusieurs avantages par rapport aux autres textiles : - Les tests ont montré que les fibres de Cannabis restent inchangées jusqu’à une chaleur de 300°C. - D’après l’Académie chinoise des Sciences, les tissus avec au moins 50 % de Chanvre arrêtent les rayons U.V. du soleil plus efficacement que le font les autres tissus. - Les vêtements de Chanvre sont plus chauds l’hiver et plus frais l’été que le coton ou les matières synthétiques. C’est un tissu qui “respire” et permet de mieux réguler la transpiration, conséquences des propriétés hygiéniques citées quelques paragraphes antérieurs. - Les étoffes de Chanvre sont les plus faciles à teinter. Elles se tissent aussi en mélange avec la soie, le coton, le lin, mais aussi la laine, renforçant par la même la solidité des tissus obtenus.

Bâtiment : Des tiges, on tire un matériau brut (dite Chènevotte ou appelé aussi Anas) ou minéralisé (Isochanvre, marque déposée) qui servent aussi bien à la confection de litière animale, que de matériau de bâtiment. On peut construire presque entièrement sa maison en Chanvre. Les murs sont fabriqués en mortier Chanvre Chaux, excellent matériau hydrofuge et plus isolant que la pierre, les moellons et le béton. Sous planchers, cloisons et combles peuvent être réalisés en agglo chanvre. Dans les année 90, une entreprise mûroise (38 la Mure) s’est mise à vendre des moellons carrément en Chanvre (voir à Louis Wallaert et Bâtichanvre, un peu plus loin). Ils sont évidement bien plus légers que leurs équivalents bétonnés. Non toxique, non cancérigène, la Chènevotte peut être traitée naturellement contre les insectes et ignifugée. Minéralisée, elle reste tout autant hyper isolante en plus de devenir imputrescible. Il en est de même pour la fibre qui fournit un excellent isolant : “la Laine de Chanvre”. Elle isole plus que la laine de verre, ne consomme aucune énergie à la fabrication, ne gratte pas et n’est pas cancérigène. Elle aussi peut être traitée bio et ignifugée. Mais la fibre n’est pas le seul isolant tiré du Chanvre, la Chènevotte en vrac (floconnage) permet une isolation aussi efficace mais moins coûteuse que la laine de Chanvre. Enrobée d’une pellicule goudronneuse (ce goudron être d’origine végétale), elle fournit un isolant phonique de premier choix inégalé.

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Évidement, le Chanvre ne peut actuellement pas remplacer les poutres, solives, liteaux et planchers massifs, tuiles, car aucune entreprise ne s’est encore penchée sur le sujet. Cependant, il n’est pas exclut que ceci ce fasse un jour, car c’est techniquement possible. En attendant, on réalise déjà, avec les branches de notre plante, d’excellents panneaux d’agglomérés supérieurs en qualité (résistance, isolation, porosité) que ceux fait avec du bois et nettement inférieur en coût (en sus de l’impact écologique). Nous reviendrons en détail sur ce point juste après. L’Isochanvre s’emploie de deux façons : - Tel quel, comme matériaux d’isolation (exemples : entre deux cloisons, en sous comble, en sous plancher, en toiture). - Mélangé à un liant (chaux naturelle ou sable), il peut alors être coulé et travaillé à la truelle. Il constitue un excellent isolant acoustique et thermique, tout en évitant la condensation. Il est imputrescible, ininflammable, naturellement fongicide et n’est pas comestible pour les rongeurs et les insectes. Il s’améliore encore avec le temps en gardant toutes ses précieuses propriétés. Autrement dit, ce matériau à demi végétal et demi minéral combine les avantages du bois, des isolants synthétiques et du ciment sans en développer les inconvénients respectifs. Isochanvre est breveté et élaboré par “chènevotte habitat”, près du Man (France). Rappel : dans certains secteurs ou il a le vent en poupe, les matériaux en Chanvre son actuellement d’un coût plus élevé que la plupart des matières qu’ils remplacent (excepté pour l’aggloméré). Mais cultivé à grande échelle, le prix du Chanvre et de ses dérivés s’abaissera suffisamment pour permettre l’accès à l’acquisition de propriété construite en naturel pour toute une tranche sociale qui n’en a actuellement pas les moyens. Dans d’autres secteurs ou la demande est insuffisante, nous assistons au processus inverse : le Chanvre est acheté à très faible coût. C’est le cas de la poussière d’Anas (Chènevotte) qui valait environ 10 centimes le kilogramme dans les années 1985 et vaut tout de même 1,25 à 1,40 F / Kg aujourd’hui. C’est encore trop peu pour donner envie aux décideurs économique d’investir “à fond” dans cette plante. Autre frein économique réduisant l’élan de son essor : le fait que la surface totale de culture est très largement insuffisante pour répondre à la demande totale que pourrait couvrir cette plante. Le paysan refuse encore de travailler à perte, on le comprend sans peine. En fait, il manque une volonté politique pour stimuler un marché potentiellement énorme mais figé par manque d’investissement. En matière de Chanvre industriel, le marché n’explosera réellement que : - Lorsque que l’on substituera le Chanvre au bois pour la fabrication de papier, - Lorsque notre plante servira à faire du diesel bio, - Et lorsque l’alimentation offrira une large gamme de produits à base chanvrée. Dans ce cas là, les sommes d’argent mis en jeu feront “loucher” les investisseurs au point de les rendre fou d’amour pour notre plante. Mais, l’aspect économique n’est le plus important : une maison construite en Chanvre (mortier, isolants, revêtements de finition, peintures, vernis, parpaings et bois agglomérés, colles …), outre le fait d’économiser votre porte-monnaie, économise aussi votre santé. Les enfants ne tomberont plus malades à vivre dans un environnement “chimique” comme c’est le cas actuellement. Peintures modernes, colles vinylique ou autres, fongicides et insecticides pour bois ainsi que la laine de verre sont les facteurs principaux de maladies et troubles respiratoires, de l’affaiblissement de l’organisme et de la production des anticorps. On soupçonne fortement ces toxiques d’actions cancérigènes à la longue : tous les jours de chaque année qui passe vous habitez chez vous, "lapalissienne" mais réaliste remarque. Tous les jours vous vous exposez, vous empoisonnez votre personne, petit à petit. Une documentation de “ECOFA S.A.R.L.” / 10 rue du Bernstein, 67 650 Dambach-la-Ville, ( Tel : 03 88 92 49 92 / Fax : 03 88 92 48 94) vous renseignera plus à ce sujet. Exemple d’application de ce qui vient d’être discuté :

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Comment isoler sa maison (article d’Isère magasine, mars 1999, page 21) : Louis Wallaert aime le Cannabis Sativa. Non pour sa feuille palmée ou sa résine. Le Chanvre qu’il utilise n’en contient guère. Mais pour les propriétés isolantes de ce végétal, après minéralisation par extrusion. Louis Wallaert s’est associé à Olivier Dupont, charpentier spécialisé dans les constructions à ossatures bois, pour mettre sur pied une manufacture de briques de Chanvre. Cultivé depuis 10 000 ans pour ses fibres dont on fait des cordes, du papier, du tissu, le robuste Chanvre a le vent en poupe, matériau de construction respectueux de l’environnement. L’installation de Bâtichanvre, dans la zone industrielle de la Mure, a bénéficié de l’aide de l’agence pour le développement de la Matheysine. Audacieux autant qu’ingénieux, Louis Wallaert et Olivier Dupont ont réussi à mettre au point une technique de fabrication de briques inédites et à intéresser à leur affaire la Chanvrière de l’Aude, fournisseur en Chanvre industriel. Leurs briques isolantes mariant Chanvre et chaux naturelles, légères et douces au contact, permettent de monter les murs d’une maison aussi simplement que s’il s’agissait de parpaings de béton cellulaire, et tout aussi facilement, de réaliser un doublage isolant, en intérieur comme en extérieur. L’isolation au Chanvre présente l’avantage de laisser la maison respirer. Les quelques isérois bénéficiant de cette technique sont formels : “L’ambiance intérieure est particulièrement agréable et sereine. Pas d’allergie, pas de condensation”. En tous cas, l’isolant à base de Chanvre semble être le complément naturel des maisons à ossatures bois. Bâtichanvre se propose de fabriquer sur commande et de livrer les briques nécessaires pour isoler, construire, restaurer maison, hangar ou usine ... Bâtichanvre, 155 - 157 cours Berriat, 38000 Grenoble et zone industrielle de la Mure (38). Tel 04 76 70 94 66. Attention : Louis Wallaert a depuis lors, déménagé son entreprise en Franche Compté pour l’unique raison que le Chanvre n’a pas « la côte » dans l’Isère. En revanche, plus traditionnel dans les régions du Nord-Est de notre pays, le marché y est plus porteur. Je n’ai pas eu le temps de retrouver sa nouvelle adresse que vous pouvez cependant demander à l’Agence pour le Développement de la Matheysine, ZI du Marais, 38 350 la Mure (Tel :0476 812860 ; télécopie : 0476 815050). Alternative au bois : La demande de produits composites tels que les agglomérés ou les bois pressés est en pleine expansion. Le Chanvre peut être une excellente substitution au bois. La “Washington State University” a demandé au “Wood Composit Laboratory” de tester le Chanvre pour son utilisation dans les panneaux de moyenne densité. Les résultats ont montré que cet aggloméré est deux fois plus résistant que celui fait avec du bois. Des recherches sont actuellement en cour pour trouver des alternatives aux colles et liants toxiques et non biodégradables, comme les formaldéhydes, par des dérivés de l’huile de graines de Chanvre. La Pologne et d’autres ex Pays de l’Est sont les principaux fabricants de ces nouveaux matériaux. Il y a encore un domaine ou le Chanvre peut se substituer au bois: l’énergie calorifique. Nous développerons ce point plus en avant.

Arrivera t’on à dé-diaboliser le Cannabis et lever le tabou dans la tête des gens ? (L’action se veut représenter ici un Garde Champêtre, non un policier)

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4ème point fort du Chanvre : sa graine. Alimentation : Un autre point très important est à préciser ici : l’utilisation du Chanvre dans l’alimentation. Si le feuillage fournit aux herbivores, un fourrage parfaitement équilibré et riche, la graine de Chanvre nous apporte un trésor en ressources alimentaires. L’Australie a échappée par deux fois à la famine, lors de sécheresses d’ampleur exceptionnelle, en ne se nourrissant que de graine de Chanvre (du moins de farine et d’huile tirées de la graine). D’où l’affection, par tradition, de ce pays pour notre plante, à l’instar du reste du monde entier qui la persécute idiotement.

Constitution des graines de Cannabis (pour 100g) : albumine ......................................................................................................................... 0,7 g extrait de gomme................................................................................................................ 1 g fibres ligneuses (32g insolubles + 3 g solubles) .............................................................. 35 g graisses (30g) dont : acide Gamma-linoléique (G.L.A.) ....................................................................... 2,8 g acide linoléique ..................................................................................................... 18 g acide linolénique .................................................................................................... 6 g hydrates de carbone......................................................................................................... 7,5 g pertes (eau)...................................................................................................................... 0,6 g protéines........................................................................................................................... 24 g résine (pas de T.H.C. ou traces négligeables) ................................................................. 0,6 g saccharine........................................................................................................................ 0,8 g

A noter, toujours pour la même masse de graines, l’apport de 500 calories. Au sujet de la graine de Chanvre, le fameux “Industrial Hemp Report” déjà cité et “Le renouveau du Chanvre” rapport consultable sur le site Internet de “la Bombe Verte” (Belgique) précisent (synthèse et résumé) :

Graine entière : Dans la graine entière, dite oléagineuse, la proportion de protéines est de 25 %, avec la même qualité et les même propriétés que dans la forme farineuse. Le genre humain peut en faire une céréale de petit déjeuner au goût naturel excellent (graines grillées). Miellé et caramélisé, c’est encore meilleur ... On en fait aussi des barres énergétiques, on peut la faire germer (salade) ainsi que tous ce que je décrirai dans les parties farine et huile tirées de la graine (voir juste après). Tout cela est fabriqué à partir de la graine de Chanvre, source incroyable d’énergie puisque 100g de graines contiennent 25g de protéines, soit l’équivalent de 80g de viande ou 130g de fromage. Une poignée de ces graines correspond à un apport journalier complet en protéine.

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Tous les acides aminés y sont présents, ainsi que divers oligo-éléments. Ce qui est présent dans l’huile (voir juste après) fait de cette graine la plus riche, la plus complète et la plus saine qui soit au monde : c’est un excellent alicament. Comme le Soja, les graines de Chanvre peuvent servir dans la composition de plats, mais ici d’une valeur nutritive inégalée. Outre les protéines, elle contient tous les minéraux (calcium, phosphore, magnésium, ...) et des vitamines (A, B1, B2, B3, B6, C, D, E et F) indispensables à notre organisme. Le rapport insiste ensuite sur les propriétés de la graine pour les oiseaux, faits connus depuis fort longtemps. Elle sert aussi de nourriture pour les bovins, les poissons, et par extension, sert à la pêche (sous le nom de graines de chènevis). Elle est composée de deux matériaux distincts, l’huile de graines récupérée par pression et une farine restant dans la presse après l’opération de pressage sous forme de tourteaux. L’huile constitue environ 30 % de la graine. J’ignore encore comment on sépare les coquilles de ce résidu; les graines de Chanvre étant assez petites, je ne pense pas qu’on les enlève manuellement avec des pinces à épiler. Une société suisse commercialise ces graines décortiquées. L’Huile de graine : - Cette huile extraite est composée d’environ 80% d’acides gras essentiels (aminoacides) combattant le cholestérol (25 % d’acide linoléique et 55 % d’acide linoléique, appelés aussi tous deux vitamine F). On compte huit aminoacides essentiels en tout. Ce qui veut dire que les six autres se partagent les 25 % restant. - C’est une huile de table supérieure au goût délicieux. Les Suisses se ventent d’en obtenir une au parfum de noisette (Huile de Chanvre des Alpes). - Elle contient aussi 2,8 % du précieux acide gamma linoléique (G.L.A.) qui contribue au développement du cerveau et du système nerveux. Il contribue, entre autres, à limiter les risques d’artériosclérose, d’ulcères à l’estomac, et de troubles cardiaques. Le Chanvre produit 4 à 8 fois plus de G.L.A. que l’huile d’Onagre (encore plus si on le compare avec la bourrache qui en contient aussi) avec laquelle on traite la sclérose en plaque. D’ailleurs, Nestlé l’a bien compris et expérimente en ce moment (date du rapport 09/97) des cultures de Cannabis Sativa afin d’en extraire la G.L.A..

En plus d’être excellente sur un plan nutritif, cette huile additionnée de 15 % de méthanol devient un excellent substitut “bio” des fuels et diesels, polluant environ 70% de moins (gaz asphyxiants naturels) que le diesel classique (moyenne sur les différents « polluants naturels » dégagés).

Pollution relative et temporaire car les gaz émis par la combustion ne sont que des “polluants” naturels (CO, CO2, N2, ...) qui sont entièrement réabsorbés par les plantes lors des précédentes récoltes.

Résultat final : 100 % non polluant donc biodégradable (pas d’hydrocarbures lourds, de métaux toxiques comme le plomb, de benzène ...).

L’huile de graine de Chanvre et la G.L.A ont aussi une action positive sur notre système immunitaire et sur la peau comme nous le verrons plus loin. Cette huile sert aussi de base pour d’excellents vernis et peintures, sèche rapidement et laisse un fin film plastique (élastique) très résistant et biodégradable.

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Elle fait aussi d’excellents lubrifiants, le terme américain utilisé “All Purpose Lubricant” est difficile à traduire exactement, cela tourne autour de : “produit faisant face à plusieurs besoins de lubrifications différents, produit “passe partout” ou d’utilisation multiple, d’ordre général...”. La farine : C’est la partie « solide » de la graine (entendez par-là « non liquide ») restant dans la presse après l’extraction de l’huile. Elle contient 20% de protéines parfaites et directement assimilables. Ceci satisfera les végétariens soucieux de remplacer la viande (protéines) et de diversifier une alimentation essentiellement basée aujourd’hui sur le Soja. Cette farine se cuisine comme pains, gâteaux et pâtes, elle peut se mélanger à toutes sauces, crèmes et desserts possibles ... Complément alimentaire du blé et du froment, on peut l’associer aux autres farines ou la consommer sous forme cuisinée séparée. Toujours pour le même problème de persécution, les techniques de conservation de l’alimentaire tiré du Chanvre ont peu évoluées et sont actuellement peu fiables en durée. Ce dernier ne peut s’utiliser efficacement que comme produit frais. L’huile de graine, par exemple, extraite par pression à froid, rancie très vite et doit, pour garder ses propriétés, être conservée au frais dans un récipient à l’abri de l’air et de la lumière. Toutefois, si l’huile de lin devient toxique en rancissant, ce n’est pas le cas de l’huile de chanvre. Cette dernière prend juste un goût « pas bon », mais garde cependant toutes ses propriétés pour l’industrie (vernis, peintures, carburants, …). Là aussi, la recherche et les techniques modernes peuvent venir à notre secours, encore faut-il que cela soit permis (actuellement c’est difficilement le cas en France) et que des investissements soit réalisés dans ce secteur. D’après “fumée clandestine, tous les aliments tirés du Chanvre seraient bientôt disponibles dans des “Hemp stores” (boutiques spécialisées en Chanvre) ou des coopératives “bio” privilégiant les produits frais. A moins que, là encore, l’État vienne “mettre son nez” dans cette affaire.

Cosmétique : Beaucoup de produits cosmétiques peuvent être fabriqués à base de l’huile extraite de la graine du Chanvre. Des recherches ont montré que l’huile en question lutte contre la dégénérescence du corps et empêche sa dégradation. Ceci grâce à ses acides gras essentiels facilement assimilables par les cellules de la peau et notamment grâce à la G.L.A.. Ce dernier acide gras est “LA” molécule de la peau; elle retarde son vieillissement et lutte efficacement contre les radicaux libres responsables de celui-ci. Elle peut être additionnée d’huiles essentielles d’autres plantes et donc se doter de propriétés médicales qu’elle n’a pas normalement ou de parfums pour satisfaire notre odorat. Les préparations cosmétiques au Chanvre sont hypoallergiques. Ici, point de résidus d’insecticides ou d’engrais, la plante, très résistante, se passe volontiers de ces traitements et tous ses sous produits sont donc bios. Pure, elle sert aux préparations de produits utilisés comme huile de massage et restructuration de la peau, pommade, baumes, savon et shampooings, base de maquillage, lotion du corps et soins des lèvres. Additionnée d’autres principes actifs (autres plantes), elle peut être ou médicament ou soins du corps ou savons et shampooings traitants et/ou parfumés. Peintures et vernis : On tire de l’huile de graines de Chanvre un fin film plastique non toxique très résistant et très brillant. Jusqu’aux années 1930, l’huile de lin et celle de Chanvre entraient dans la composition de la majorité des résines, peintures, laques et vernis. Avec l’arrivée des produits pétroliers, à l’époque, moins chers, les produits naturels ont disparus du marché. Du coup, depuis cette date, les peintres “n’arrivent” pas tous à la retraite (en fait, on peut aussi affirmer qu’ils cotisent pour rien car beaucoup d’entre eux meurent avant 60 - 65 ans), les gens s’empoisonnent chez eux, même

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après des années de “séchage” des peintures et vernis de leurs sols, murs et plafond. Si les peintures au plomb ont disparus, celles vinyliques sont aujourd’hui « dans le collimateur » ! Le faible coût des peintures artificielles explique donc le déclin de celles naturelles. On peut cependant encore en acheter dans les boutiques “HANF HAUS”, en Allemagne. J’ai testé cette peinture en Suisse : j’y ai rajouté de l’huile essentielle de chanvre ! Cela dégageait un sublime parfum dans la pièce qui a contribué longtemps à assainir l’ambiance de cette dernière. Toujours grâce au même principe déjà cité, le développement à grande échelle du Chanvre ferait baisser fortement le coût des sous produits de ce dernier et rendrait, par la même, la peinture de Chanvre plus compétitive face à celles dites « synthétiques ».

Plastiques : Nous avons déjà abordé le sujet des plastiques non toxiques et biodégradables tirés du Chanvre. Nous allons vérifier ici quelques précisions. De nos jours, la plupart des plastiques sont fabriqués à base de produits pétroliers (non biodégradables) Pourtant, les premiers plastiques furent conçus à base de végétaux notamment à base de cellulose de Maïs (bioplastique). Henry Ford a même utilisé du Chanvre en, 1941, pour la construction d’une voiture végétale dont la carrosserie et les pare-chocs étaient faits de Chanvre, de Sisal et de paille de Blé. A ce sujet, Mercedes-Benz effectue des recherches sur l’utilisation de la fibre de Chanvre pour remplacer la fibre de verre dans la fabrication de moules de pièces plastiques et de parties de carrosseries. Les scientifiques de la firme ont déjà expérimenté d’autres fibres naturelles comme le Lin. Mais l’Allemagne autorisant la culture du Chanvre à des fins Industrielles que depuis 1996, celui-ci s’est avéré plus résistant en sus de développer une culture sans engrais et insecticides. La compagnie recherche depuis 1991 des alternatives à la fibre de verre (en raison de sa difficulté à être recyclée et de son coût). Sa filiale brésilienne de Sao Paolo a fait figure de pionnière en utilisant de la fibre de cocotier (matériau de proximité à défaut du Chanvre encore défendu au Brésil) dans ses camions (d’après “News about Hemp”, d’Écolution). Scoop : dans les années 50, la firme turque “Anadol de Bursa” construisait une voiture dont les carrosseries faisait le délice des chèvres quand le véhicule était abandonné dans la nature après des années de service. Ces carrosseries était-elles faites de fibres et de résines naturelles comme le Chanvre ? Le Chanvre peut devenir une matière servant à la fabrication de plastiques biodégradables de trois façons : 1) La chènevotte peut être traitée pour obtenir des emballages de cellophane (ou hydrate de cellulose, commun jusque dans les années 1930). Sa biodégradabilité est assez lente. 2) L’huile des graines peut être transformée par polymérisation en une résine plastique de qualité. Sa biodégradabilité est rapide mais inexistante si le produit n’est pas placé en milieu constamment humide. 3) La Chènevotte peut être injectée de résine phénolique, devenant par la même résistant au feu et à l’eau. Sa biodégradabilité est lente mais de 100 %, cette matière doit aussi rester en permanence en milieu humide pour se décomposer (paradoxe : résistante à des pluies ou arrosages alternés par des périodes sèches, mais se dégrade en milieu constamment humide). A noter l’existence d’un quatrième produit plastique dérivé du Chanvre, mais qui n’est pas biodégradable :

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4) La chènevotte peut être incorporée dans un mélange à 50 % de Kenaf (fibres de chanvre) et de plastiques recyclés. Il sert à la fabrication de pièces plastiques moulées. La documentation de ce point sur les plastiques bio provient presque entièrement d’Écotopie / La Bombe Verte (Belgique). J’ai presque littéralement recopié mot pour mot leurs déclarations dans le but, non pas de les plagier, mais de prouver au lecteur que rien de ce qui est transcrit ici ne sort de mon imagination. Pour vérification de tout ce que j’affirme ici, consultez donc leur site Internet : (http://www.arkham.be/ecotopie/chanvre.html) … ou écrivez leur à l’adresse que j’ai indiqué un peu plus loin (consulter le point adresses utiles). 5ème point fort du Chanvre : l’énergie

Énergie calorifique : Chauffage par plaquettes. Le Chanvre dégage, lors de sa combustion, un peu plus d’énergie calorifique que le bois même. Il a en outre l’avantage d’être un matériau non polluant (pollution temporaire très courte, sans générer de molécules toxiques) alors que le bois produit, lors de sa combustion, une pollution temporaire de plusieurs dizaines d’années (voir la définition des termes pollution et pollution temporaire dans le dictionnaire de cette ”Encyclopédie du Cannabis”). Quand à l’énergie qu’on peut tirer de la plante, il est bon de préciser d’abord le point suivant. En décembre 1996, paraissait dans “Agri-terroir” (pages 26-27), un excellent article signé Maurice Pélisson : “Le bois dont on se chauffe”. Il s’agit ici de bois d’arbre, non de chanvre, mais … Ce bois à la particularité d’être utilisé en plaquettes (ou gros copeaux) dont l’aspect est quasi-similaire à celui de la Chènevotte brute en un peu plus gros. Dans l’extrait de l’article qui va suivre, remplacez dans votre tête le mot bois par le mot Chènevotte, vous comprendrez alors tout l’intérêt de l’article : “Jeudi 7 novembre (1996), à Saint-Étienne-de-Cuines, petite ville de 1200 habitants dans la vallée de la Maurienne. Près du stade, un bâtiment neuf abrite les vestiaires, le garage communal et la chaufferie. Autour de monsieur Blanc, maire de la commune, des hommes s’affairent à la mise en route de la nouvelle chaudière. Elle alimente un réseau de chaleur qui dessert la Mairie, la salle polyvalente, l’école primaire, l’école maternelle, le local des pompiers, le collège et cinq bâtiments OPAC. Signe particulier : la chaudière fonctionne au bois. Serait-ce un vestige d’archaïsme accroché à cette vallée alpestre ? Non, seulement l’exploitation judicieuse d’une source d’énergie peu coûteuse et de proximité. Surprenant, car dans la tête de beaucoup d’entre nous, le chauffage au bois reste synonyme de lourdes contraintes : coupe de bois, débardage, bûcheronnage, scie, cognée, poussières, fumée, mains calleuses et mal de dos. Alors qu’il suffirait, de son lit, d’appuyer sur un bouton pour jouir de la chaleur douce, propre, mais un peu chère, que nous propose une société nationale qui, dit-elle, “nous doit plus que la lumière". Que l’on se rassure. Ici tout est automatique. Pas de bûches pour la construction, mais des plaquettes issues de bois déchiqueté. Les broyeurs modernes sont capables d’absorber jusqu’à 25 cm de diamètres. Les plaquettes peuvent être poussées, soufflées, transportées vers le foyer presque aussi simplement que du gaz et du fuel. ...

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Le foyer est en béton réfractaire et tout ce fait avec un minimum d’opérations humaines : transport des plaquettes jusqu’à l’avant foyer par le convoyeur, nettoyage des grilles, ”décendrage”, gestion de l’alimentation en plaquettes à partir de cellules, arrivée d’air, évacuation des fumées ... “. L’article est assez long, et je me vois forcé ici de vous faire un résumé du restant : Le constructeur à l’obligation de fournir de l’eau à 90° stockée dans un réservoir tampon. Ensuite une entreprise privée prend le relais pour gérer les échanges et la distribution de cette eau.

Lorsque Panne ou entretient chaudière A

Gestion, Alim. en bois, entretient.

1 emploi (municipal).

Desserte clientèle.

Stockage

Régie privée. eau 90°

Chaudière B (secours)

Chauf. d'appoint : Lorsque T° ext < -12°

Chaudière A 800 Kw.

Coût chaudières + desserte : - 5 500 000 F répartis suivant région : -10% Etat, -15 à 40% Région, -15 à 30% Département -% restant : Mairie-Régie.

Maintenance Chaudière.

Système chauffage communal au bois.

Ce système de chauffage au bois apporte en outre les avantages suivants : - Rentable si le prix du Fuel > à 1,72 F, ce qui est largement le cas aujourd’hui. - Nettoyage / entretien des forêts et des déchets de bois sur sites non exploités. -Entretien / nettoyage des friches et coupes. -Utilisation des sciures et écorces dont les scieries ne savent plus que faire. - Encourage les agriculteurs à broyer les rémanents d’exploitations. - Nécessite 800 m3 de bois en plaquettes/an, soit 500 tonnes/an. Cela permet de créer un emploi municipal (en plus de ceux de la société d’exploitation) et permet le chauffage d’un équivalent de 150 logements. - Une telle installation rejette environ 2 à 3 fois moins de C.O.2 que le fuel, tout en ne rejetant pas d’hydrocarbures nocifs.

La tonne de plaquettes revient à 150,00F (environ), soit un coût de chauffe de 75 000 F/hiver normal, pour seulement 500 F en moyenne/logement/hiver. Supposons que la société d’exploitation impute 600 F/mois/logement (ce qui est très raisonnable), soit pour un hiver de six mois (moyenne de la Maurienne à 1000 mètres d’altitude, de novembre à avril pour un hiver long),

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cela nous fait (3600 F/hiver/logement) x (150 logements ou équivalent) = 540 000F de chiffre d’affaires auquel on ôte les 75 000 F de frais de “carburant” (les plaquettes) soit 465 000 F restant. En ayant calculé “grand large”, l’entreprise peut rembourser sa dette en une dizaine d’années (plus précisément cinq ans d’après M. Blanc, maire de Saint-Étienne-de-Cuines, 10 ans d’après mon calcul “grand-large”) sans que le patron et l’employé n’aient à se serrer la ceinture. Une occasion rare en cette période de disette économique. Surtout, qu’en plus, avoir comme client une mairie et l’OPAC certifie le paiement des factures. Ce qui, dans une large mesure, peut encourager les banques à investir dans cette affaire. Dans la région ou la subvention est la plus importante, une bonne expérience en plomberie ou chaufferie, et deux cent mille francs de capital personnel apporté suffiraient, garantie de l’Etat et de la commune à la clef, pour décider une banque à vous prêter le reste (pour une subvention totale de 80% du coût de la réalisation, soit 4,4 millions de francs lourds (MdFL), reste 1,1 (MdFL) dont 0,2 (MdFL) de prêt personnel régie et suivant participation de la mairie, nous avons entre 0,45 et 0,9 (MdFL) de prêt bancaire). Ouf! Ce sont des gros sous qui brassent, mais ce ne sont pas ceux des créateurs d’entreprises. D’après l’article, il faut mieux choisir la région d’implantation, le taux de subvention variant d’un département à l’autre. Cet article date donc de 1996 et exprime un calcul en Francs, non en Euros. Faites la conversion vous-même si vous le jugez utile (rappel : 1Euro = 6.55957…F). Ces articles et ces expériences sur le chauffage par plaquettes de bois m’intéressent au plus au point car on peut étendre ce concept de chauffage aux régions non boisées grâce au Chanvre. La Chènevotte dégage même un peu plus de chaleur que les plaquettes de bois. Fleurs, feuilles et graines se calcinent aussi très bien comme en témoigne le rapport de la centrale électrothermique de Floride qui brûle la marijuana illégale saisie annuellement aux U.S.A. Plus de mille tonnes sont ainsi traitées (chiffre de 1978) et permettent de réaliser une sérieuse économie : on a calculé qu’une tonne d’herbe équivalait à 2,7 barils de pétrole (soit une économie pour les “States” de 2 700 barils de pétrole/an). Référence “Fumée Clandestine”, tome 1, page 152. Dans le cadre d’une culture intensive du Cannabis, il faut s’attendre que certaines parties des récoltes restent “sur les bras” des agriculteurs. Ceux-ci pourraient se débarrasser de ce stock encombrant et autrement inutile par le biais de cette solution. Irréalisable pour l’instant (il n’y a actuellement pas assez de Chanvre produit), le chauffage collectif au Chanvre n’est pourtant pas une utopie et pourrait s’étendre aux régions ou pays en mal de bois. Car, s’il n’est pas question de concurrencer le bois d’arbre dans les régions boisées, le chanvre est la solution de chauffage incontournable pour les régions qui ne le sont pas. Au Chanvre ou au bois (ou les deux mélangés), ce système de chauffage est rentable. Comparé à ses voisins (Allemagne, Suisse, Autriche), la France développe un retard considérable en matière de chauffage collectif par plaquettes (exemple : l’Autriche compte 20 000 chaufferies de ce type contre à peine 300 chez nous). La crise économique et le net besoin d’écologie feront démarrer ce secteur porteur de plusieurs espoirs. A terme, cet encouragement du développement de ce type de chauffage, viendra contrarier la politique “tout nucléaire” de l’EDF, et dans un premier temps, en tout cas, venir fortement la concurrencer et l’obliger à baisser ses prix. En effet, pour la partie “publique”, le chauffage domestique vient à lui tout seul expliquer la plus grande partie de la note de consommation électrique des français. S’il se développe, c’est le secteur qui tiendra E.D.F. (donc l’Etat) par “les (censuré)” et les forcera à négocier avec les consommateurs et les écologistes. Pour finir, la conclusion de l’article de M. Pélisson vient à point et pourrait s’appliquer aussi au Chanvre : “C’est loin d’être négligeable pour la qualité de l’air et contre l’effet de serre dont commence à souffrir notre planète. A coté de la sacro-sainte rentabilité, il faut aussi mettre en balance la société que nous voulons. Un choix éminemment politique”. Cette expérience a été reconduite, à une échelle plus réduite, à Saint-Michel-de-Chabrilloux (07). De capacité bien plus modeste, cette chaudière de 55 kW permet de chauffer 900 m3 (l’école, la mairie et la salle

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polyvalente), d’utiliser les ressources boisées locales, d’avoir une autonomie de plus d’un mois par grand froid et d’économiser 5000F par an par rapport à l’ancien mode de chauffage. L’article consulté précise que ce nouveau mode de chauffage a empêché de brûler 10 000 litres de Fuel. Cette opération à été réalisée dans le cadre du Plan Bois Énergie et Développement Local. Pour en savoir plus l’article cite deux contacts pour l’Ardèche : Jean-Paul Goy, RhôneAlpEnergie Environnement tel 04 78 37 29 14 et Laurent Fabrègues : Fibois tel 04 78 64 36 04. Il est à préciser que le Chanvre ne sera jamais un concurrent actif au bois de chauffage dans les régions forestières. Ni dans le domaine des bois techniques ou sa part de marché se contentera d’une part du secteur des agglomérés. Il le concurrence essentiellement dans celui de la papeterie, vrai fléau de notre temps. La coupe de bois n’est pas un crime lorsque que les forêts sont gérées sérieusement. Cela semble bien être le cas en France, exception mondiale dans ce domaine. On peut même définir qu’une forêt sauvage “pollue” plus qu’une forêt gérée (décomposition du bois dégageant essentiellement du CO2, de l’Azote et du Méthane). Précision : à ce sujet, certains risquent de se perdre dans la compréhension des phénomènes dits de « pollutions gazeuses». Les gaz émis par la putréfaction de bois des forêts sont naturels; certes. Ils avaient leur place dans l’équilibre et le cycle naturel de la vie … à l’époque ou les activités humaines étaient insignifiantes. Cependant, comme ces «cycle et équilibre » sont aujourd’hui fortement perturbés, les émissions gazeuses des forêts viennent s’additionner aux pollutions gazeuses humaines, tout simplement. On parle alors de « pollutions naturelles » tout en considérant que ce terme est très relatif (on devrait plutôt dire excédent gazeux d’origine naturel accentuant le déséquilibre de la composition atmosphérique). Le monde du bois est un lobby puissant dans un secteur régulièrement en crise et je doute que le Chanvre soit “pistonné” par les professionnels du bois qui voient en lui un concurrent redoutable. A moins de les y intéresser comme source en matière première complémentaire. À lire, un article du Dauphiné libéré du samedi 28 novembre 1998 intitulé : “Un XXI ème siècle en bois massif”. On y apprend nombre de données techniques en faveur du bois (d’arbre), dont il est question, mais, données qu’ont peut aussi appliquer au Chanvre. En exemple, pour la fabrication d’un mètre cube de fer, on dégage 5 tonnes de CO2 dans l’air, la moitié de ce chiffre pour la fabrication d’un mètre cube de ciment. Un mètre cube de bois, lui, piège 700 Kg de CO2. L’article ne tient cependant pas compte du CO2 dégagé par la coupe de ce mètre cube de bois : destruction (incinération ou décomposition) des branches et feuillage, carburants brûlés par la tronçonneuse et les engins de manutention et de transport. Cependant, ce volume total de CO2 émis pour cette coupe, probablement de l’ordre de quelques dizaines de kilogrammes, est négligeable par rapport à celui émis par la fabrication du fer et du ciment.

Annexe à ce point, notions de pollutions gazeuses :

« Tu es né de la poussière, tu retourneras à la poussière ... »

Vous connaissez certainement ce proverbe plurimillénaire. Peut être n’avez vous pas songé jusqu’à quel point ce qu’il exprime est vrai. En fait, le terme poussière est une image, il est plutôt question ici d’atomes. Tout corps vivant, au moment de sa décomposition post-mortem, restitue à la nature ce qu’elle lui a prêté pour la construction et le maintient en vie de son organisme. Le même principe est conservé pour ce qui est de l’élimination des résidus nutritifs que les êtres vivants restituent tout au long de l’existence. Les corps vivants sont constitués des trois formes d’organisations possibles de la matière : gazeux, liquide, solide (dans le sens du plus fluide vers le plus “solide”). Au moment de sa putréfaction, chaque corps vivant restitue donc chacun de ces éléments, une partie à la terre (les solides), une partie à l’air (les gaz), une partie au deux (l’eau et les gaz dissous).

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La décomposition biologique transforme progressivement les complexes éléments vivants en de simples éléments nutritifs de bases pour plantes et bactéries) : éléments carbonés, méthane, eau, éléments calciques, métaux, hydrogène, oxygène, azote, ... En cas d’incinération (destructions moléculaires ne passant pas par le cycle biologique) on observe le même phénomène. On constate que pas un atome ne se perd, aucun élément n’est gaspillé. Même l’énergie dissipée est réabsorbée par le “Grand tout” qui nous entoure. C’est le seul modèle de perfection qui existe en ce bas monde. Cette remarque est scientifique dans le sens qu’on peut reproduire cette expérience des milliards de fois, elle donne toujours le même résultat. Partant de cette constatation, il nous est donc possible d’influencer et de réguler des échanges chimiques d’ordre planétaire puisque le résultat est quantifiable, modifiable, prévisible. Nos savants le savent, mais la seule chose qui bloque actuellement toute action de “réparation” de notre planète est le manque de volonté politique et économique. Pour simplifier la suite de cette réflexion écologique, et pour comprendre pourquoi et comment le Chanvre pourrait intervenir dans la réparation de notre écologie, je vous ai placé des petits croquis résumant en termes simples les principaux cycles naturels gazeux que l’homme à détraqué par ses pollutions :

A) le cycle de l’Azote: L’azote provient de l’air. Les plantes en fixent une petite partie directement par leur feuillage. Une partie du sol (de surface) en contient naturellement. Des bactéries permettent sa fixation chimique avec les autres éléments du sol. D’autres bactéries la recombinent sous forme de nitrates. Sous cette forme seule, elle est assimilable comme nourriture par les organismes végétaux qui la stockent essentiellement dans les feuilles. La neige apporte aussi de l’azote aux sols. L’azote naturel non aérien provient de la décomposition de l’humus, des défécations et urines animales ainsi que de la putréfaction des cadavres de ces derniers. Lorsque le taux du sol d’azote devient trop important ou que la vie bactérienne est insuffisante, l’azote n’est pas recombiné en éléments nutritifs solides et/ou liquides. Ce produit adopte alors d’office une forme gazeuse. Ce gaz s’échappe donc soit dans l’atmosphère, soit se retrouve entraîné par les eaux de ruissellement dans les couches profondes de la terre (cet azote est alors capturé par la nappe phréatique d’où la pollution de cette dernière). Une partie est aussi fixée dans des algues (d’ou la prolifération de ces dernières depuis une trentaine d’années en eau douce), car l’Azote excédentaire (sous différentes formes moléculaires) se retrouve dans les cours d’eau par phénomène de drainage phréatique ou de ruissellements (pollutions essentiellement agricoles). azote organique végétal

azote atmosphérique

azote organique animal cyanophycées air

cadavres

défécation animale

humus

bactéries fixatrices rhizobium des nodosités des légumineuses (voir dictionnaire)

passage dans le sol transformations diverses retour à l'atmosphère

sol

nutrition des végétaux

dénitrification

décomposition

sels ammoniacaux

a

nitrates

nitrites

ct

io ns

i bac tér

Cycle de l’Azote (Petit Larousse illustré 1991, page 109)

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n en

es


Les principaux responsables de l’augmentation du taux d’azote atmosphérique sont : la diminution de la biomasse mondiale, la combustion d’énergies fossiles, l’épandage agricole massif, la destruction des milieux, l’acidification des terres, les sécheresses, la désertification, la pêche industrielle et la pollution marine.

B) Les pluies acides : Mis à part que c’est en partie l’azote dans l’atmosphère qui est responsable de ces pluies, ce phénomène n’à rien à voir avec celui de l’effet de serre. C’est la résultante du phénomène azoté liée à une surconcentration atmosphérique en souffre (essentiellement d’origine industrielle et de la combustion d’énergies fossiles). La pluie capture ces deux éléments chimiques qui se transforment alors en acide véhiculé par cette dernière; d’où l’origine du nom “pluies acides”. La nocivité de l’acidité joue sur deux tableaux : elle attaque le feuillage des végétaux et s’imbibe (et se concentre) dans le sol “capturant chimiquement” les éléments nutritifs devenus alors indisponibles aux plantes. On observe, en outre, une activité toxique au-delà d’un certain seuil. Parallèlement, l’eau se fait plus rare ou se trouve en excès dans le sol, proportionnellement à la concentration en argile de ce dernier. On observe alors d’autres maladies (dessèchement, moisissures, champignons, ...) qui viennent amplifier l’état fébrile des végétaux déjà très à mal. Les symptômes consistent en un jaunissement du sommet et de toutes les sommités des branches, puis une perte du feuillage (ou aiguilles) dans ces zones concernées. L’arbre connaît aussi un décollage fréquent d’importantes parties de son écorce. L’aboutissement est la mort irrémédiable du végétal concerné si le sol n’est pas traité au début des symptômes (chaulages intensifs et répétés). Notez bien, on peut traiter un arbre, mais pas tous ceux d’une forêt.

Sécheresse ou chaleur

Concentration atmosphérique en oxyde de souffre et d'azote et en métaux lourds.

mort

chute des aiguilles Transpiration accrue

action directe sur les aiguilles.

pluies acides

mauvaise absorption de l'eau

nutrition insuffisante

action nocive directe sur les racines

sol acidifié

perte d'éléments nutritifs action atmosphérique passage dans l'arbre

Cycle des pluies acides (souffre) (Petit Larousse illustré 1991, page 755)

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Les régions boisées bordant de grands centres industriels sont les plus concernés par ce fléau; c’est par exemple, le cas de la Forêt Noire située en dessous de la Ruhr en Allemagne. Ailleurs, les symptômes sont moins marqués (dilution des gaz acidifiants dans l’atmosphère) et dépendent essentiellement du P.H. du sol. En effet, dans des sites où ce dernier est déjà naturellement très acide, on observe les mêmes symptômes de dépérissement. Inversement, sur des terrains très calcaires, cette maladie est inexistante (pour comprendre ce phénomène, je vous renvois à consulter dans la partie dictionnaire de cette encyclopédie (Chaulage, Base, Basique, Calcaire, P.H., Acide, etc. …). Les normes européennes imposent aujourd’hui aux industriels de mettre des filtres dans leurs cheminées. Du coup, le phénomène d’acidification a nettement diminué. Cependant on est loin d’affirmer qu’il va être totalement endigué, car d’une part, les filtres coûtent très chers aux industriels et une partie d’entre eux « trichent » (envoient des rejets sans filtres) lorsqu’il fait nuit, qu’il y a du brouillard ou qu’il pleut fortement. D’autres part, les usines situées dans des pays en dehors de la communauté européenne n’utilisent pas de filtres et génèrent une pollution qui ne s’arrête pas pour autant à nos frontières (cas des Pays de l’Est notamment).

C) Le cycle du Carbone : L’atmosphère primitive de notre planète contenait très peu d’oxygène. Les trois gaz qui y étaient majoritairement présent étaient le gaz carbonique, l’azote et le méthane. Ce sont d’abord les éléments végétaux du plancton primitif des océans qui augmentèrent, d’une part, la proportion d’oxygène de l’air (production de ce gaz grâce à la réaction de photosynthèse) et, d’autre part, fixèrent en leur sein du carbone et de l’Azote en quantités déjà considérables au fil de centaines de milliers d’années. Des centaines de millions d’années plus tard, ce taux d’oxygène augmenta encore grâce à la diminution du pourcentage de gaz carbonique : suffisamment évolués et répartis, les éléments végétaux terrestres le “capturaient” en le stockant dans leur organisme. Les animaux, dans une moindre part, consomment et fixent aussi beaucoup de carbone. Mais les océans “capturèrent” encore bien plus de ce gaz carbonique : planctons, animaux marins mais surtout coraux et crustacés ont le plus contribués à “vider” l’atmosphère de son surplus carboné. Ce carbone océanique s’est déposé sur le fond des mers et s’est progressivement fossilisé : d’énormes couches de calcaire, parfois de plusieurs Km d’épaisseur, se situent çà et là, partout autour de notre globe. On le retrouve aussi bien sous forme de montagnes (exemples : le Vercors, la Chartreuse, ...), que sous terre (exemple : le sous-sol parisien) ou qu’au fond des océans actuels. A titre d’exemple, si ces derniers restituaient tous le gaz carbonique qu’ils ont accumulés sous forme de coraux et de calcaire, l’atmosphère deviendrait irrespirable pour tous les animaux terrestres, seuls les éléments végétaux pourraient alors y survivre (et encore, pas tous …) et la pression de l’air deviendrait insupportable. Les énergies fossiles (gaz, charbon, méthane fossile et pétrole) sont essentiellement du concentré de carbone (hydrocarbures = molécules constituées d’hydrogène et de carbone). C’est la résultante de la décomposition progressive et souterraine d’énormes quantités de matières biologiques (en plus grande partie d’origine végétale). Alors que ces éléments énergétiques résidaient sous terre sans poser de problèmes à personne, nous nous appliquons à les extraire et à les brûler : c’est à dire à les recombiner sous forme de gaz essentiellement carboniques et azoté qui viennent perturber l’équilibre atmosphérique terrestre. La vie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est le fruit d’une lente évolution de plusieurs milliards d’années. Nous prétendons modifier ce subtil équilibre en un siècle sans conséquences réellement dramatiques. De soi-disant “experts” annoncent seulement trois à quatre degrés d’élévation moyenne de température sur la surface du globe.

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Erreur, monumentale erreur : les catastrophes naturelles que nous connaissons actuellement ne sont que les prémisses de celles qui vont suivre, une sorte d’entrée en matière sans commune mesure avec ce qui arrivera ensuite. Étudions le cycle du gaz carbonique :

Dioxyde de carbone ou gaz carbonique

(Photosynthèse)

Océans

Carbone organique

Algues

Carbone végétal

Déchets organiques

Respiration animale

Industries

Volcans

Houille pétrole

Récifs Corailliens Mollusques

Roches calcaires

passage dans le sol ou l'eau

transformations diverses

retour à l'atmosphère

Cycle du Carbone (Petit Larousse illustré 1991, page 178)

D) conclusion de ce point sur les éléments gazeux : Je ne tiens pas à trop rentrer ici dans des détails de décompositions chimiques des éléments, ce qui compliquerait trop le sujet débattu en sus d’être inutile : les faits relatés jusqu’ici sont universellement admis et ne peuvent pas être remis en question. Comme enchaînement logique de ces remarques, il est bon de connaître l’événement lapalissien suivant : le Chanvre dégage, pendant sa combustion, autant de C.O.2, de C.O, N.O et N.O.2 et Souffre (principaux polluants naturels dégagés par les fumées) qu’il en a stocké pendant toute sa vie. Cette importante remarque signifie que les pollutions carboniques, sulfurées et azotées d’un hiver de chauffage au Chanvre seraient intégralement réabsorbées par la culture de l’année suivante. Ce schéma est valable pour tous végétaux, même le bois d’arbre, à la différence près que le Chanvre met bien moins d’un an à repousser pour être exploité, et les arbres plusieurs décennies (minimum de 20 à 40 ans). N.B. : C.O.2 = gaz carbonique ou dioxyde de carbone, asphyxiant, C.O = monoxyde de carbone, asphyxiant et toxique, N.O. = monoxyde d’azote, asphyxiant et toxique, N.O.2 = Azote (gaz), asphyxiant.

Dans ce cas, les éléments polluants ne pourraient plus s’accumuler dans l’atmosphère dont le taux de constituants deviendrait stable (stoppe l’accentuation de l’effet de serre) Ajouter à ce fait qu’une politique de culture intensive mondiale du Cannabis (il n’y a qu’une petite partie du Chanvre produit qui ne servirait qu’au chauffage) et d’accroissement des forêts (naturelle ou de restauration)

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permettrait d’absorber, en trois dizaines d’années, une bonne partie de l’excès des gaz carbonés et azotés dégagés par la combustion d’énergies fossiles depuis plus de deux siècles (la gestion de la biomasse réparerait et annulerait le phénomène d’effet de serre). N’oubliez pas que 80 % du bois coupé dans le monde ne sert qu’à faire de la pâte à papier et que ce dernier fini souvent incinéré. Ce CO2 excédentaire normalement stocké dans le bois se retrouve donc dans notre atmosphère ! Les villes, fortes consommatrices d’énergie, auront alors à s’entourer d’espaces verts (parcs, champs, bois ou jardins) afin de réabsorber immédiatement une partie des “polluants naturels” dégagés. Cela deviendrait “la campagne à la ville”, super non ? C’est un peu ce que la Suisse a déjà mis en pratique, de façon encore plus marquée dans les campagnes (cultures entre les maisons) ! Cela nous obligerait aussi à une meilleure gestion des océans, donc à l’abandon de techniques polluantes qui les détruits actuellement. On arriverait vite à une situation de réparation d’un des plus graves et plus pressant problèmes de notre époque industrielle.

Chauffage au Bio Fuel : Dans le point suivant, on apprendra que l’on fabrique un substitut biologique du Diesel avec le Chanvre. Il est logique alors de vouloir l’utiliser comme fuel domestique puisqu’il est moins polluant que ce fuel pétrolier. Fuel est synonyme de diesel, se sont les mêmes produits mais ne sont pas destinés à la même utilisation et ne subissent pas la même taxation fiscale. Il n’y a pas grand chose d’autre à rajouter ici, sinon je devrais répéter ce qui va suivre juste après.

Énergie motrice : Biodiesel : Découlant logiquement de ce développement, nous parvenons à un sujet politiquement sensible : “le carburant cannabique” ou “le pétrole vert” de demain. N’importe quel moteur diesel fonctionne sans modification ou réglage avec le mélange : Huile de graines de Chanvre (85%)-Méthanol (15%). Les tracteurs américains fonctionnaient déjà, dans les années 1930, avec ce mélange qui pollue, au moment ou on le “brûle”, 70% de C.O.2 en moins que le diesel pétrolier (précisé dans le déjà cité “Industriel Hemp Rapport“). Notez de plus une absence totale de benzène et d’hydrocarbures complexes, de métaux lourds, et autres saletés d’origine pétrolière. Les Américains utilisent les termes “Hemp Bio-Diesel” pour désigner ce carburant. On est loin de la (politique) vision futuriste à la “Mad Max” ou la planète, sans pétrole, est forcement destinée à retourner au chaos et au Moyen-Âge. Avec le fait que les polluants (naturels, j’insiste) dégagés pendant la combustion sont réabsorbés lors de la récolte d’après (taux de pollution annuel zéro), il est promu carburant du futur. A par que c’est génial, il n’y aurait pratiquement rien de plus à dire d’autre si et seulement si cette particularité n’ébranlait pas les puissants lobbies pétroliers et les besoins en sous d’un État qui veut tout contrôler de ce que produit et consomme le pays. D’abord, une petite précision : gazole = diesel routier = gas-oil. C’est le même produit que le fuel mais ce dernier est moins cher car taxé différemment (pas la même utilisation). Dans ce classement, on observe que le diesel (ou gazole) représente à lui tout seul environ 37 % de la consommation énergétique Française (indice 1996). Mais le total de consommation des produits similaires comme le Fuel industriel et le Fuel domestique est d’environ 32 %. Les produits de la “famille diesel” représentent donc près de 70 % de notre consommation nationale. Il s’agit donc de la partie la plus ”juteuse” du marché pétrolier, mais c’est aussi la plus polluante.

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En 1997, la France a consommé 65 714 000 tonnes (près de 66 millions de tonnes) de dérivés pétroliers comme source d’énergie. Cette quantité est répartie par secteurs économiques de la façon suivante :

Consommation française de produits pétroliers (1996) GPL

25

S.S.P. 95

20

S.S.P. 98

En million de 15 tonnes 10

Super plombé Gazole

5

Fuel domestique Fuel industriel

0 Consommation par secteur

Kérosène

Tableau de la consommation énergétique française des dérivés pétroliers classée par produit ou secteur d’utilisation du produit (source UFIP).

Du coup, on découvre ici une des raisons qui ont amené certains industriels à réaliser le complot contre le Chanvre. Mais aujourd’hui, les données du problème ont changé : le “dérèglement du pourcentage des composantes gazeuses de l’atmosphère terrestre” induisant “l’effet de serre” est devenu le problème n°1 de la planète. Ceci implique qu’à terme, le marché du Diesel va se faire “bouffer” par une technologie orientée vers le bio, qui existe déjà et est même actuellement médiatisée. Les gouvernements et les pétroliers en sont réduits à déclarer la fin future du diesel et l’avènement de carburants moins polluant. Ils réfléchissent encore à la façon d’imposer leurs produits et d’éviter ainsi de donner la possibilité à n’importe quel pays de devenir indépendant en énergie Avec les carburants bio, “bonjour” la redistribution de la donne mondiale! Grâce aux brevets du pétrole et ses technologies, les U.S.A. tiennent actuellement le monde et imposent les industries qui consomment le pétrole. Ce diktat a fait long feu, et risque de cesser bientôt. Voici un passage dont l’annonce m’a bien fait rire au moment de sa sortie (1998 – 1999), j’ai écris le texte ci-dessous à cette période:

Réaction logique des “lobbies” : intoxication des médias et des politiques, le diesel est déclaré cancérigène et il faut en laisser tomber la techno. On le savait déjà depuis des décennies mais l’affaire a été occultée pendant tout ce temps car “on” voulait le vendre. Bien nous en coûte, tout le monde s’étonne et s’inquiète, et les engins agricoles, les autobus et camions ? “Tourner à l’essence, mais cela va revenir trop chère”. Le ”pavé” était lancé et il a fait des remous ... Dans la série “pétro étatique” de “je t’embobine, te prend tes sous et te roule dans la farine”, citons le carburant sans plomb (soit disant vert, ils n’ont pas honte) qui à défaut de plomb nous inonde de benzène encore plus toxique et surtout fortement cancérigène (mais on ne l’interdit pas à l’instar du diesel...), le pot catalytique qui ne fonctionne vraiment (et encore ...) que six mois d’après les tests. Nous en arrivons au moment des négociations de la fiscalité, preuve que le Français n’est pas à priori contre le bio du moment où la contrainte est aménagée et qu’il n’y laisse pas trop de “plumes”. Quelle chanson chante

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actuellement le gouvernement (texte écrit en 1998) ? “Baissons l’essence, laissons le diesel encore un moment (n’a t’on pas dit qu’il est cancérigène ...?) mais augmentons le, créons une surtaxe fiscale”. A terme, le carburant Diesel est d’avance condamné, sa technologie avec et nous verrons pourquoi. Les premiers effets de ces mesures ne sont pas dépolluantes, mais les véhicules diesels d’occasion vendus ordinairement entre 18 000 et 25 000 F il y a encore peu, se négocient déjà à 10 000 - 12 000 F. Mais attention, le but de la manœuvre est de faire disparaître petit à petit les moteurs diesels du marché, de sorte à bâillonner et ligoter là le Chanvre, et les autres végétaux doté des mêmes propriétés énergétiques, afin qu’ils ne puissent trouver un secteur économique rentable ou ils pourraient enfin s’imposer comme source d’énergie. En fait, l’idée même de la disparition du diesel semble excessive. On imagine d’emblée la rogne qu’elle puisse susciter chez les professionnels du transport et dans l’industrie. On peut donc penser que seul le marché de l’automobile soit visé, et ce, très progressivement. Sur une consommation totale de 24 millions 566 mille tonnes de gazole routier, on peut imaginer (j’ignore les chiffres exacts) que grosso modo 50 % de cette quantité alimente des automobiles diesels, le reste assurant le fonctionnement des professionnels du transport et d’engins de chantiers. Les 20 millions 719 mille tonnes de fuel consommées en 1997 furent tout autant cancérigènes (c’est le même produit que le diesel) mais ne furent donc pas remis en question. Ce n’est donc pas l’ensemble du secteur fuel gazole qui serait donc « sabordé », mais un peu plus du quart seulement de ce dernier. Et quand on dit sabordé, il faut tenir compte du fait que d’une, ce n’est pas pour tout de suite, et que, de deux, le diesel sera remplacé par de l’essence plus chère, et plus rentable en taxes. CQFD, voilà ou était "l’arnaque", vous êtes prévenus …. Mais en 2007, l’abandon du diesel n’est plus d’actualité, le pétrole dépasse 100 $ le baril, l’instabilité politique et militaire au moyen orient sont pires que jamais et l’Industrie (au sens large), n’a pas les moyens actuellement de se priver du diesel et n’investit toujours pas pour s’en donner les moyens. Je savais que ces effets de manches et d’annonces seraient sans lendemain, et c’est cela qui m’a bien fait rire (un peu jaune cependant) ! Toutefois, les lobbies pétroliers y pensent, car il leur faut « couper l’herbe sous les pieds » aux carburants végétaux ! L’industrie se contente actuellement de faire pression auprès des banques et des pouvoirs publiques pour que ces derniers ne se développent pas ! « Heureusement », l’actualité rattrape le phénomène de la pollution qui s’abat sur les grandes villes. Cela fait plus bien plus de 10 ans que cette calamité est devenue insupportable, mais avant on ne la mesurait pas, on n’en parlait pas. Aujourd’hui (texte écrit en 1998), on parle de pastille verte pour les moteurs diesels de technologie récente ... encore une taxe … sur fond de préoccupation soi-disant écologique et qui ne résout en rien nos problèmes de pollution. Cette histoire de pastille disparaît et réapparaît périodiquement ! De qui se moque t’on ? Qui sont les réels responsables ? Certainement pas les automobilistes à qui “on” impose tout de la technologie comme de son utilisation : - Carburants : actuellement, en France, comme ailleurs, sans doute, si vous roulez au Chanvre, il vous est impossible de trouver une assurance qui accepte de vous couvrir (ou alors à des tarifs de « fou »). De toute façon, vous aurez du mal à trouver ce genre de carburant. - Pollution : elle nous est imposée par l’obligation de “brûler des carburants nocifs. Mais c’est toujours nous qu’on culpabilise et qui mettons la main à la poche !

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Le texte que vous parcourez ici a été écris à une époque ou socialistes et écologistes se partageaient le gouvernement. Les lobbies pétroliers préféraient alors sacrifier le gazole routier plutôt que de voir l’avènement de biocarburants et leur développement. Depuis, la droite ayant repris le pouvoir, il n’est évidement plus question de saborder cette filière pétrolière. Vous faut-il encore d’autres preuves de la servilité des politiques de droite envers l’Industrie ?

Bien sur qu’il est impératif, en cas de seuil dépassé, de limiter la circulation pour réduire la concentration de “saletés” dans l’air. Mais ces proportions infernales ne seraient pas atteintes si les moteurs diesels roulaient au végétal et ceux à essence, tous au Méthane vraiment naturel (voir plus loin le point sur ce carburant). De plus, cela fait réfléchir sur la nécessité de développer de si grandes concentrations urbaines, n’y a t’il pas des campagnes et des villages qui se meurent et que la Civilisation du Bio. pourrait faire revivre ? Répétition volontaire :, le lobbie pétrolier qui a créé le besoin du diesel, souhaite maintenant l’occulter de notre esprit, c’est vital pour lui. Vous en doutez ? (Comme preuve de “capable du fait”, ce même lobbie a réellement bien tenté d’occulter le Chanvre de notre esprit). Se séparer du Diesel, c’est un peu comme s’il s’amputait d'un membre gangrené pour éviter l’infection : c’est douloureux mais nécessaire... Madame Voynet, vous qui vous dites écologiste, comment avez-vous pu vous faire berner de la sorte ? En cautionnant l’idée de la vignette vous vous êtes rangée du coté des pétroliers. On ne peut pas combattre le “diable” en pactisant avec lui, il faut refuser tout compromis... Les dirigeants des verts n’ont donc d’écologiste que le nom de leur mouvement. Qu’ils soient environnementalistes, cela ne se met pas en doutes, mais écologistes, je ne suis pas d’accord ! Répétition volontaire : texte écrit en 1998, mais en 2007, il n’est plus question pour l’Etat comme pour l’industrie de se séparer du diesel. Et il est pourtant tout autant cancérigène qu’autrefois. Cependant, on parle aujourd’hui de biodiesels non toxiques et non polluants qui peuvent faire tourner ces moteurs. La branche des moteurs diesel est donc vouée à un avenir non polluant certains ce qui explique pourquoi les pétroliers on souhaités, à cette époque, se séparer du diesel routier !

L’écologie, c’est une vision globale des choses qui se doit, dans un premier temps, réparer les erreurs commises, et dans un second, quand la planète aura retrouvée un certain équilibre naturel, veiller à la conservation de ce dernier. Cela nécessite la prise du pouvoir étatique pour en imposer à l’industrie, et non pas pactiser avec elle à coup de semi mesures toutes aussi efficace qu’un pansement sur une jambe de bois. Le coup du diesel pétrolier obligé alors qu’il existe au moins une technique non polluante de substitution, renforce l’idée, dans le peuple, qu’on nous “prend pour des imbéciles”. La situation absurde de pollution atmosphérique (pics de pollution) est la faute des industriels et de l’État qui les cautionne, mais c’est nous, le peuple, qui devons payer (au sens propre comme au sens figuré). Bientôt, à défaut de solution réellement efficace, on va nous demander de nous mouvoir en bus, à pied ou à bicyclette; je serai d’accord avec cette contraignante idée si nos ministres et riches voulaient bien en faire autant ! Soixante-six millions de tonnes de pétrole consommé annuellement par un petit pays comme la France, autant de masse de gaz rejetés dans l’atmosphère ! Combien de milliards de tonnes de polluants rejetés annuellement par l’ensemble des pays du monde ? Alors que les carburants issus des plantes ne polluent pas ? Que vous faut-il de plus pour vous révolter contre ce crime contre la nature et contre l’humanité ? Attendre que se soit trop tard ? Mesdames, messieurs nos dirigeants, cesser de pratiquer la démagogie, la “connerie” et le n’importe quoi; sinon vous risquez, par un mauvais jour, de voir débarquer un Le Pen ou similaire ... vous en serez alors entièrement responsables. J’ai écrit cette dernière remarque, comme cet article, en 1998. Aujourd’hui, en 2007, j’enrage d’avoir eu raison … qui avons nous comme président ? J’en veux à la gauche tout entière pour son incapacité à proposer un plan de vie économique cohérent. Car, bien plus encore qu’au sujet du thème de l’insécurité, les français ont voté pour celui qui semblait leur proposer du travail et de gagner de l’argent. Conclusion : la filière végétale non polluante est aujourd’hui présentée comme utopique et impossible à mettre en place. Ce qui est faux ! A contrario, ce sont les volontés politiques et industrielles qui bloquent

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toute évolution de cette filière. Il ne faut donc pas être dupe et trouver le moyen d’imposer cette reconversion. Il semble évident que la prise du pouvoir politique par une volonté écologique réformiste soit la seule solution qui permette d’en imposer à l’Industrie. Rappelez-vous en au moment de voter ! Seuls les partis écolo-paysans ont cette volonté de changement ! Le G.P.L. (Gaz de Pétrole Liquéfiés) et G.V.N. (Gaz Véhicule Naturel ) : Avec le Chanvre, mais aussi avec n’importe quelle plante, on fabrique du méthane par un procédé de putréfaction et de récupération des gaz produits (méthanisation). Le G.V.N. (Gaz Véhicules Naturel) est un G.P.L.. Celui vendu d’aujourd’hui est du méthane (d’origine fossile issue du sous-sol), mais dans les années 80, les premières installations fonctionnaient au gaz propane (d’origine pétrolier, en bouteilles format cuisine) accouplé au circuit d’essence sur lequel ont pouvait se commuter à n’importe quel moment par un simple fait de tourner un “bouton”. Cette technique était dite “pirate” car interdite en son temps, elle s’appelait alors la bicarburation. On trouve aussi du méthane dans des gisements souterrains, son exploitation n’est pas souhaitable par les écologistes car il pollue (du fait que dans ce cas, c’est alors une énergie fossile et qu’il échappe au cycle végétal.). C’est alors du G.P.L. (on l’assimile tout comme) car ce méthane est bien souvent la résultante d’une” fabrication” houillère ou pétrolière en cours, trop jeune pour être exploitée. Au sujet du charbon, le méthane est à l’origine du tristement célèbre phénomène nommé « coup de grisou » ! A) Présentation : La mise en place de la techno. Méthane (agricole uniquement) se substituant à l’essence (Super, Super sans plomb) est une chose utile et très importante pour l’écologie. C’est aussi la preuve par neuf que le bio peut entièrement remplacer le pétrole. Le Méthane est censé dégager, en “brûlant”, moins de particule que l’essence, trois fois moins d’asphyxiants naturels (gaz divers) et pas de molécules toxiques. Son intensité énergétique est proche de celle de l’essence (à peine inférieure). Cela semble la solution miracle pour nos dirigeants. On présente ce gaz comme issus des plantes, donc naturel. ... Mais, il y a un os. Même plusieurs .... d’abord, la technologie Méthane est peu développée. Et puis il y a des contraintes; décrivons-les : - Peu de points de vente sur le territoire français. On ne peut donc aller ou on veut sans prendre le risque de tomber en panne. En tout cas, on ne peut actuellement pas aller à l’étranger (à moins de se déplacer en semi-remorque chargé d’une citerne). - La technologie requise nécessite une modification lourde de votre véhicule (d’occasion) au coût supérieur à l’achat d’un diesel d’occasion. - La subvention qui aide à l’installation (voir article de presse suivant) est assez intéressante mais réalisons que la plupart des véhicules concernés sont les plus polluants et les plus usés (technologies anciennes) et qu’ils sont actuellement dans les mains de toute une frange de population qui n’a pas les moyens de s’en payer un neuf ou de financer l’amélioration du leur. Citons que des véhicules neufs actuels sont d’office dotés d’un système G.P.L. aux normes mais que leur coût d’achat est très au-dessus des modèles classiques. - Ce carburant ne pollue moins que si le moteur est bien réglé. Ce qui n’est pas forcement le cas dès que les véhicules neufs atteignent 6 mois de vie. Le système d’injection est très sensible aux dérèglements. Le seul contrôleur officiel de pollution des véhicules G.P.L. a déclaré en 1998 que l’appellation “carburant vert” n’est pas garantie : sur 60 véhicules contrôlés l’année précédente, seulement 3 étaient conformes aux normes d’émissions, les autres polluaient (polluants naturels) entre 2 et 3 fois plus qu’un moteur

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essence conventionnel. Les opposants à cette technique crient alors “à la vache folle du G.P.L.”. - Les plus aisés d’entre nous attendent que s’atténuent fortement les inconvénients cités juste avant, et que des modèles de voitures neuves, dotés d’office de la technologie Méthane, soient proposés au particulier au prix d’achat au moins similaire à la version essence. - En bref, l’option méthane n’est pas “racoleuse” et ne se trouve actuellement pas être un argument de vente. Au sujet du méthane, voici un article trouvé dans le bulletin municipal d’informations de Notre-Dame-deMésage près de Vizille / Isère 38 (février 1998) : “Une nouvelle station de remplissage au gaz a été récemment inaugurée à Meylan. Il s’agit du troisième point d’accès au gaz pour les Véhicules de l’agglomération, après Seyssinet et Grenoble. Rappelons que le G.V.N. (Gaz Véhicule Naturel) est composé à 90% de méthane, gaz à combustion plus propre que les hydrocarbures liquides. Les véhicules roulant au G.V.N. produisent ainsi 3 fois moins d’oxyde d’azote, 5 fois moins de particules et 10 fois moins de monoxyde de carbone que les carburants conventionnels. La région Rhône-Alpes, soucieuse de préserver un environnement et un air sain à ses usagers, promeut le G.V.N.. Elle subventionne à hauteur de 30 % pour les stations de remplissage, de 50 % des surcoûts pour l’équipement des véhicules lourds (plafond de 125 000,00 F par véhicule), à hauteur de 7 500,00 F pour le financement des surcoûts d’équipement des véhicules légers qui, pour les camionnettes, s’étagent de 15 à 20 000,00 F ...” Trois stations méthane pour une région grenobloise de 750 000 habitants, c’est vraiment très insuffisant. Ce retard de développement est en partie la faute d’anciens gouvernements français qui nous interdisaient de rouler au G.P.L.(bicarburation). N’étant autorisé que depuis 12 ans, son développement est resté longtemps « étouffé » par les pétroliers. Où en serait aujourd’hui cette techno. si on lui avait laissé le champ libre pour se développer? Aujourd’hui (rappel texte écrit en 1998), on assiste à une “inversion de la vapeur” : le gouvernement actuel semble vouloir investir dans le développement de cette “filière énergétique”. Madame Dominique Voynet en fait la promotion aux informations télévisées, nous parle de son utilité et déclare que le gouvernement va investir dans cette solution pressentie comme d’avenir. Statistiques à l’appui, pics de pollution à faire pâlir l’Everest, elle montre du doigt les anciens modèles automobiles, notamment les diesels d’avant 1996. D’où la nécessaire pastille verte supposée sanctionner, par les mauvais jours, ceux qui ne la possèdent pas. Le prix à la pompe est attractif (un peu plus de 3,00 F, nous sommes en 1998) pour une consommation identique à la version essence. De plus, on bénéficie d’une subvention d’installation et il y a des avantages fiscaux pour les sociétés. Actuellement l’énergie méthane semble, d’ailleurs, n’intéresser vraiment qu’elles.

B) Mais quelque chose ne va pas : Rappel : les végétaux ou produits issus de ces derniers, ne polluent pas lors de leur combustion car, d’une, les éléments dégagés ne sont pas toxiques, de deux, la descendance de ces végétaux réabsorbera intégralement, le long de leur croissance, les gaz émis par la combustion des générations précédentes. Inversement, l’emploi des carburants fossiles comme aujourd’hui posent le problème de pollution continue que nous connaissons. La biomasse mondiale disponible ne peut absorber cet excès de gaz asphyxiants (naturels), d’autant plus que nous la réduisons régulièrement.

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L’introduction du méthane sur le marché des carburants nous est présentée comme un miracle. Il existe un danger pour cette technique : celui de voir le méthane issu de la putréfaction d’éléments végétaux (d’où l’appellation ici de gaz naturel) être remplacé par un méthane fossile extrait du sol (aussi appelé gaz naturel) ou par du gaz propane ou butane (tout autant fossile et appelés aussi gaz naturel). Attention, j’insiste : pour ces deux derniers termes le tour de passe-passe est facile car ces gaz issus du sol terrestre sont tous appelés gaz naturels (car produits par la nature), ce sont en fait des énergies fossiles qui poseront, à la longue, les même problèmes en saturation d’asphyxiants (naturels) que les dérivés pétroliers liquides. On reconnaît toutefois que ces gaz, employés comme carburants, dégagent moins de toxiques que les dérivés pétroliers liquides. On peut donc facilement berner le public et nos dirigeants en jouant sur les mots. On est en droit de penser que les individus qui investiront dans un véhicule doté de ce type de carburant le feront pour les paramètres écologiques dont on fait la publicité. Que penseront les gens s’ils apprennent que : 1) … contrairement à ce qu’on dit sur lui, ce carburant actuellement d’origine fossile ne résoudra en rien les problèmes causés par l’urgence de la dégradation de notre atmosphère. Au mieux, les futurs pics de pollution seront moins élevés. 2) … leur véhicule, s’il s’avère déréglé, polluera deux à trois fois plus qu’un véhicule essence. 3) … qu’ils ont été trompés par la nature des mots qui les ont convaincus d’acheter leur véhicule G.P.L. et que l’État cautionne et encourage cette mystification.

Pour preuve de ce que j’avance ici : extrait de la définition de “Gaz Naturel” du petit Larousse illustré de 1991 : ... gaz naturel ou manufacturé, employé notamment comme combustible ou carburant : Gaz naturel : mélange d’hydrocarbures saturés gazeux que l’on trouve dans les gisements souterrains, constituant un excellent combustible (aparté : définition valable pour propane, méthane et butane, tous gaz souterrains donc énergies fossiles). Gaz de pétrole Liquéfié (G.P.L.) : mélange d’hydrocarbures gazeux légers (butane, propane, méthane...) amenés à l’état liquide par augmentation de la pression ou abaissement de la température, et utilisé comme combustible ou comme carburant. Je vous fais remarquer qu’il est ici, nul part mention d’un gaz naturel issu de plantes récentes. Il n’est donc question que de gaz fossile ! Le gouvernement devrait être plus clair sur ces définitions et n’autoriser que l’emploi d’un méthane naturel issu de la méthanisation des végétaux. Seul ce dernier pourra être réabsorbé par la biomasse sans poser de problèmes de ”surconcentration” d’asphyxiants gazeux (naturels) dans l’atmosphère. Connaissant de quoi sont capable les pétroliers, je préférai anticiper le problème ici et dénoncer ces possibilités de mystification d’autant plus que le méthane mis en vente en France semble d’origine fossile. D’après un employé d’Esso (interrogation téléphonique auprès d’une station d’essence de Meylan - 38), le méthane disponible à la pompe provient de Russie et, est issu de couches terrestres souterraines. C’est donc de l’énergie fossile dans le sens ou les plantes qui l’ont produit ne sont plus là pour en réabsorber les résidus de combustion. Pardonnez moi cette litanie de répétitions, mais j’insiste pour que tout

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cela soit bien clair ! Nous ne voulons pas de ce méthane là, il nous pollue. Nous avons besoin d’en utiliser du “naturel issu des plantes”. C) Les vraies raisons “cachées” : Théorie (car je n’ai pas la preuve de ce que j’affirme ici). On a tous compris que les pétroliers ne laissent pas se développer des produits ou technologies capable de les concurrencer. On sait aussi que les États sont plus ou moins astreints à leur pouvoir et bons vouloirs. Que nous cache donc cette volonté d’investir dans la technologie méthane ? Où est “le vice» ? 1) En ce qui concerne les pétroliers, je pense qu’ils ne voient pas d’un bon œil de laisser la production d’une énergie au monde agricole. C’est pour cette même raison qu’ils sabordent le diesel et font interdire le Chanvre, car n’importe quel pays du monde pourrait assurer alors ses propres besoins énergétiques et ainsi les ruiner. Les données mondiales seraient alors changées. Autant dans les secteurs économiques que géopolitiques et militaires. Le méthane “fossile” permet de fermer la porte de cette énergie à cette possibilité. Ce produit extrait du sol coûtera moins cher qu’à fabriquer actuellement avec des végétaux. Ils s’approprient d’entrée le monopole de cette énergie. Alors, ils donnent le feu vert aux gouvernements, car vendre du pétrole ou autre chose, peu leur importe du moment que ce qui est vendu soit primordial et le soit à grande échelle, passe par les principes industriels et de brevets leur donnant ainsi argent, puissance et pouvoir. Ils savent aussi et surtout que leur pétrole rend malade la planète et que leurs réserves de cette “saleté” ne sont pas éternelles. Ils ont besoin d’anticiper. 2) En ce qui concerne l’État, du moins de ceux qui le “manipulent” : ils se servent de l’étiquette “socialo-écologiste” du gouvernement actuel (texte écrit en 1998). Ils trouvent dans cette opportunité l’occasion de satisfaire, d’un coté les valeurs écologiques des électeurs, de l’autre les pétroliers qui se servent au passage et confortent leur pouvoir. Les politiques se rendent-ils compte du fait qu’ils furent manipulés ... moi je suis sur que oui, ce qui fait d’eux, à mes yeux, les complices de ces magouilles. En fait, on dirait qu’ils ont peur de “taper sur les doigts” des lobbies pétroliers, peur de retombées économiques à un moment notre pays et le reste du monde sont très mal en point. Attention : je ne n’affirme pas que madame Voynet, par exemple, s’est laissé acheter par les pétroliers ; mais qu’au pouvoir, elle s’est rendue compte des limites de son raisonnement écologique théorique face aux besoins économiques du pays et de la toute puissance de l’empire du pétrole. Toutefois, je pense qu’elle s’est fait un petit peu berner au sujet du GPL dit naturel, comme je viens de l’expliquer !

Conclusion de tous ces points développés sur les possibilités économiques du Chanvre : La mise en place de toutes ces techniques à l’échelle de la planète devrait représenter, quelques années plus tard (4 /5 ans après une mise en place théorique) un marché mondial de l’ordre de 100 à 200 billions de dollars par an (100 000 à 200 000 milliards de dollars) en sus d’aider à la réparation de notre écologie. Cela donne le vertige. Non seulement ce chiffre n’est pas exagéré, mais il est sous évalué et concerne seulement les résultats estimés lors des premières années d’implantation sur le marché. A titre d’exemple, citons que le marché américain actuel du papier Chanvre est estimé à lui tout seul entre 15 et 30 billions de dollars / an (ref. Colorado Hemp Initiative, du “Industrial Hemp Rapport”). Outre de pouvoir relancer l’agriculture et directement supporter l’économie, la culture du Chanvre à grande échelle serait porteuse de beaucoup d’emplois autant dans les branches traditionnelles déjà existantes que dans

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les nouveaux jobs qu’elle générerait. Personne ne se risque encore, aujourd’hui, à vouloir chiffrer une estimation d’emplois (nouveaux) potentiellement susceptible d’être créés. Rien qu’en France, je pense que deux à trois millions de personnes pourraient être concernés dans les 5 à 10 années qui suivraient une politique de culture du Chanvre “tout azimut”. C’est bien mieux que les 500 000 emplois max. promis par monsieur Jospin au sujet de la réforme des 35 heures ! Si le Chanvre répond donc à des besoins économiques impérieux et permettrait une reconversion de l’économie en douceur, il n’en est pas moins “LA” solution écologique permettant la réparation progressive de la partie la plus nuisible des activités industrielles humaines : le déséquilibre des composantes de la couche atmosphérique terrestre (voir plus loin dans cette partie : .13) JUSTIFICATION, Notre monde en péril) Cette plante est une panacée, remède miracle universelle au genre humain qui la persécute encore idiotement. Mais passons à un autre sujet tout a fait différent :

L’absurdité des contrôles et tests chimiques : Ce thème devrait normalement se retrouver dans la 6ème partie de ce livre : “Le Cannabis et votre Santé”. Il y est d’ailleurs, mais je vous en retrace ici le résumé pour dénoncer un fait anormal qui rejoint le sujet du “Chanvre légal” “Du Chanvre dans les urines”, tel est le titre donné à un document relatant une interview de Michka. On y apprend qu’elle est en procès avec Nahas, grand pourfendeur du Cannabis (expression favorite de J. P. Galland), que cela passera en tribunal le 04 avril 1998. Ce n’est pas la question que je veux débattre ici, bien que cette grande dame fait partie du club très restreint des personnes devant lesquels je mets un genou à terre devant elles par respect. On y apprend surtout que le simple fait de consommer de l’huile de graines de Chanvre légal ou de la farine (gâteau, pain, ...) vous rend positif aux tests de dépistage de la police. La raison en est simple : les tests sont tellement sensibles à la présence de T.H.C que même la quantité de quelques microgrammes sonne le glas de votre tranquillité (expérience réalisée par la Police suisse sur un de ses hommes qui a consommé trois repas de suite enrichi d’huile de graines de Chanvre légal. Le lendemain il était positif au test). Les graines de Chanvre possèdent quelques chose comme 0,004% de T.H.C max. (autrement dit plus rien) et la loi considère l’huile obtenue avec comme entièrement exempt de T.H.C et donc non réglementée pour l’alimentation. Cependant 0.004% de THC, semble suffisant pour rendre le test policier positif ! De plus, ceci est inquiétant car le T.H.C et les autres molécules cannabinoïdes plus ou moins psychoactives peuvent rester présents plusieurs semaines dans votre corps, voir plusieurs mois (vitesse d’élimination très lente et “stockage” de ces produits dans les graisses). Pour les fumeurs, le problème est autre : imaginez le scénario suivant. Curieux de goûter au Cannabis, vous adoptez une attitude légale : pour la réalisation de votre expérience et décidez de passer un Week-end à Amsterdam ou il est permis (toléré) de consommer du Cannabis dans un ”Coffee-shop”. Certains trouveront cette hypothèse “pas très morale”, mais c’est en tout cas permis et “de monnaie courante”. La police française n’a pas et ne peut pas l’interdire. Vous y fumez deux joints bien corsés, mettez deux jours à vous remettre puis rentrez en France exempt de tout effet euphorisant. Passe une semaine et au hasard d’un contrôle de police de routine, il s’avère que vous êtes positif au test. Bonjours les “gros ennuis” qui débutent, chaudes et longues seront les explications avec les inspecteurs. Pire, si le projet de loi du député maire U.D.F., J.P. Fourcher, visant à “réprimer la conduite automobile sous l’emprise de stupéfiant “ est adopté, vous serez d’office inculpé même sans être sous l’ivresse du T.H.C. J’ose le parallèle suivant : “on ne va pas condamner un automobiliste qui aurait des traces microscopiques d’alcool dans le sang d’une ’’cuite mémorable” vieille de deux jours”.

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Et, comble des combles, sur le même principe que précédemment, un mangeur légal de Chanvre légal, passé au test devient illégal sans possibilité aucune (actuellement) de s’en défendre, de prouver ses dires et d’éviter l’injustice (ce serait, là encore, rentrer dans des détails qui présenteraient la chose sous un jour favorable ...). Les tests sont donc incapables d’identifier la quantité effective de T.H.C présente dans le sang, et le temps depuis lequel elle y est. Ils sont juste aptes à moucharder toute personne qui aurait eu un contacte avec le Chanvre légal ou pas. Je pense que l’effet pervers de cette impasse à cependant un revers heureux pour les fumeurs de dérivés chanvrés : l’individu notoirement connu comme consommateur peut donc contester la réalité de l’interprétation des policiers lors d’un contrôle positif; prétextant avoir consommé du Chanvre légal, dans les jours et semaines qui ont précédé le test. Le suspect peut s’en sortir “Blanc comme neige”, s’il ne dément pas sa version et résiste aux pressions policières le temps de sa garde a vue. Un bon avocat se chargera du reste ... Les produits dérivés du Chanvre Légal sont vendus en France, mais aussi en Suisse, Allemagne, Angleterre, Italie ... A la question “Faut-il craindre la généralisation de ces tests”, Michka répond que ce qui arrive actuellement aux sportifs n’est que le prélude de ce qui va suivre. Elle a raison, il n’y a qu’à constater la “Chasse aux Sorcières” qui sévit dans le monde du travail des U.S.A. pour comprendre que cela finira par arriver ici. Pour ma part, j’affirme que si nous nous mobilisons tous, et que nous mettions un terme à cette prohibition stupide, cela n’arrivera pas. Un passage de “Fumée Clandestine tome 2” (page 174), précise que le marché français du Test Urinaire cannabique est estimé à 3 millions de francs lourds. Bio-Mérieux est actuellement la seule société qui le commercialise chez nous. Cela sent la magouille. Passant au timbre de dépistage judiciaire, le potentiel économique de ce marché serait multiplié par 100, par 1 000 ou plus. Prudence. Nous avons déjà assisté, dans le passé, à deux entreprises malhonnêtes destinées à détourner des fonds publics : par exemple, le “coup du 50 à l’heure“ dans les villes (refaire tous les panneaux d’entrées d’agglomérations de France). En projet au moment ou sont écrits ces lignes (2001), le test salivaire sera plus précis et pourra dépister plusieurs drogues. La répression pourra se faire lors de contrôle routier, pour confondre le conducteur contrevenant. Dès que ce test officiera, je ferais un petit topo dessus que je placerais dans cette encyclopédie. Que rapporte la culture du Chanvre légal ? : Pour conclure cette partie sur le Chanvre légal, quelques données techniques seraient bienvenues. Voici un petit “topo” cité dans le “Industrial Hemp Rapport” (résumé) : Une récolte de Chanvre peut rapporter au minimum 860 $ (indice 1998, 774 Euros / dollar à 0.9 Euro, soit environ 5 077.00 F) par acre (0,4447 hectare). Cette valeur est estimée de part l’étude qui suit. Trois matériaux de base distincts sont tirés du Chanvre chaque année faisant de cette plante la plus rentable de toutes dans les pays tempérés. On compare le Chanvre à d’autres plantes de la façon suivante : sa fibre par rapport au coton, son bois et sa cellulose par rapport à ceux des arbres, sa graine par rapport à d’autres céréales : Maïs, Blé, et Soja. Cet ordre d’idée est nécessaire car le Chanvre n’est pas cultivé à assez grande échelle pour savoir combien il pourrait rapporter réellement. Actuellement les prix pratiqués rendent les différents sous-produits tirés du Chanvre plus chers que ceux qu’ils veulent concurrencer. Une comparaison est donc établie entre la quantité de matières produite par acre avec comme référence le prix industriel moyen donné pour chaque plante comparée (attention mesures anglaises) :

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Résultats obtenus sur une parcelle d'1 acre de terre. Secteurs Textile Pâte à papier Graines intéressés Matériau qu'on Fibres : 11 lbs. / âcre. Pulpe : 2,5 tonne / âcre. Graines : 15 bu. / âcre. tire du Chanvre Equivalent Coton 57,8 lbs. / âcre. Bois: 1 tonne. / âcre. Céréales : 34 bu. / âcre. concurencé Ce que rapporte Coton : 60$ / lbs Bois : 50$ / tonne s Céréales : 5$ /bu l'équivalent

Tableau de comparaison des résultats obtenus avec le Chanvre par rapport aux principaux matériaux concurrents.

Ce tableau ne tient compte que des arguments de base en omettant cependant qu’avec la graine, on peut faire du carburant, produit qui rapportera plus que les céréales utilisées pour la comparaison (grâce aux taxes). On constate que la culture du coton est plus rentable, mais cette remarque ne tient pas compte des paramètres suivants : le coton ne pousse que sous climats tropicaux, sa culture est très polluante et oblige de fréquentes jachères, sa fibre est plus courte, moins saine et moins résistante. Il produit des graines alimentaires (on peu tirer de l’huile et des protéines de cette dernière qui ne correspondent qu’a une demande locale) et ne sert pas à faire du papier, du carburant ou du chauffage ni ne restructure les sols. Son cycle de développement est de 7 mois, celui de la récolte se poursuit sur 3 mois (soit 10 mois au total contre trois à quatre pour le chanvre). A long terme, le chanvre est donc plus rentable, parce que cultivable sur des territoires énormément plus grands (pays tempérés en sus des pays chauds), parce qu’il permet deux cultures minimums par an sous certaines conditions météorologiques, et parce qu’il n’a pas besoin de jachère (année de culture perdue pour le coton). De plus, le coton connaît actuellement une situation sans concurrence. Celle du Chanvre en plein renouveau ferait fortement baisser les prix du lbs de coton. Un autre sous produit, encore, peut encore être tiré de notre plante augmentant encore le bénéfice qu’on peut en avoir. La résine (autrement dit les fleurs femelles qui la contiennent) peut facilement être triée du reste de la plante. Il n’est pas question de T.H.C pour le genre “industriel”, mais a T.H.C. ou pas, cette résine permet, comme nous l’avons vu, de fabriquer des médicaments. Son application dans divers secteurs reste encore à étudier : parfums, colles, vernis, peintures, bières, bonbons (sans T.H.C.)... Les parties boisées (base du tronc en dessous de la coupe + racines) restant dans le champ après récolte peuvent aussi se “ratisser” facilement. Ce “résidu” pourrait encore rapporter comme base de “plaquettes de Chanvre” pour le chauffage collectif. Autrement, en les laissant se décomposer sur place, elles rétribuent à la terre une partie des nutriments que les plantes y avaient enlevé. Après lecture de cette étude, on s’aperçoit que le Chanvre légal est hyper rentable et on comprend mieux la grogne de paysans américains qui œuvrent tout azimut pour la libéralisation et l’expansion de cette plante. Trouvez en donc une autre qui rapporte autant au genre humain ... La recherche cannabique officielle en France : - INSERM, Centre Paul Brocka, M. Jean-Charles Schwartz, Hôpital Sainte-Anne, 75 Paris. - INSERM, Unité 109, collège de France, M. Jean Paul Tassin, place Paul Painlevé, 75 Paris

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FÉDÉRATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE CHANVRE : S.N.P.C., M. Thomas Daniel, 30 rue Paul Ligneul, BP 119, 72003 Le Mans Cedex. Tel 43 28 99 23, Fax : 43 77 09 16. A lire aussi et surtout : - “Fumée Clandestine” tomes un et deux, bien sur, incontournables volumes dont je ne rappelle plus les coordonnées. - “Hemp, minéral to the Futur” (Los Angeles : Creative Xpression Publication, 1993) de Chris Conrad, éditeur de Jack Herer, fondateur du Business Alliance Cannabis Hemp, et président élu du Hemp Industrial Association. Cet auteur présente une vision futuriste d’un monde en paix où l’économie est basée sur le Chanvre. Le pouvoir est décentralisé au niveau des villages (ou groupement d’individus communautaire) et a troqué son aspect répressif pour s’exprimer autour de la gestion utile et écologique des ressources, des déchets et de l’énergie produits ou consommés par le dit village. A travers cette fiction non utopiste, il propose 150 000 applications possibles tirées du Chanvre (et oui, autant que cela) et on doit reconnaître que, si trois ou quatre d’entre elles semblent un peu “burlesques”, elles sont, pour le reste, toutes réalisables dans leur ensemble. - “Hemp Today”, Ed. Rosenthal, Quick American Archives 1994. - “Industrial Hemp” Hemptech., U.S.A. 1995. - “Le Chanvre, renaissance du Cannabis” et “Le Cannabis est-il une drogue ?” (George éditeur, Genève), tous deux du même auteur : Michka, écrivain, journaliste, jardinière et spécialiste de l’alimentation, a publié aussi des livres sur la navigation, la naissance, la nutrition et la spiruline. A surveiller de très près d’éventuelles publications de cette Grande Dame. - “Les Échos du Chanvre”, revue trimestrielle, écrire à “La Maison du Chanvre”, 61 avenue J. Jaurès, 69 007 Lyon Tel. : 04 78 69 22 08 / cent Francs pour 4 n° par an. - “Phytothérapie, traitement des maladies par les plantes” pages 214 et 215, et “Le livre de Poche” (n°7889 de juin 1992), par le Docteur Jean Valnet. - “Réglementation de la Communauté Européenne”, N 1164/89 - N 3698/88. Adresses utiles : Pour en savoir plus sur tous ces ouvrages parfois difficiles d’accès, et sur d’autres, vous pourrez toujours écrire à : Jean-Pierre Galland / Éditions du Lézard 38 rue Servant / 75 544 Paris Cedex 11. Cet homme est aussi président du C.I.R.C. (Centre d’Information et de Recherches Cannabiques) dont voici plusieurs adresses (sujettes à changement, vérifier sur Internet): Fédération des C.I.R.C. 73 / 75 rue de la plaine, 75 020 Paris. Adresse Internet : http://fra.drugtext.nl/circ E-mail : cirpif@club-internet.fr ou

C.I.R.C Paris-Ile-de-France 73 / 75 rue de la Plaine 75 020 Paris. Tel ; 0143710506

C.I.R.C. Languedoc Ancienne Gendarmerie S/c B. Almin 48 110 Le Pompidou.

C.I.R.C. Provence Route du Grillon Colonzelle 26 230 Grignan

C.I.R.C. Lyon B.P. 3043 69605 Villeurbanne Cedex

C.I.R.C. Nord-Est B.P. 61 57 185 Clouange

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E-mail : cirlyon@mygale.org C.I.R.C. Bretagne C/° Le Loche 21 bd de Chezy 35 000 Rennes Adresse Internet : http://www.multimania.com/gazzou

C.I.R.C. Midi-Pyrénées S/c Canal Sud 40 rue Alfred Duméril 31 400 Toulouse.

(Attention, l’expérience a prouvé que certaines de ces adresses peuvent disparaître). Le C.I.R.C. possède la plus vaste collection d’informations cannabiques de France, toutes sources de renseignements confondues. Ils sont reconnus maintenant comme référence dans le domaine de la documentation sur la question et alimentent en “matières premières” de nombreux dossiers de presse qui reprennent leurs informations et analyse. (Autodéfinition Méthane C.I.R.C. adaptée ici; ref Cannabis, Lettre ouverte aux législateurs : éditions “l’Esprit Frappeur, p. 88).

Voici une sélection d’adresses supplémentaires pour de la doc. ou vérifier de visu tout ce qui à été traité dans ce point. Attention, dans le domaine particulier du Chanvre, de part la répression qui s ‘attaque aussi aux magasins et aux chanvriers, les adresses sont cautions à changement ou disparition. l ne faudra pas m’en vouloir si c’est le cas pour vous qui lisez ces lignes. ? A l’étranger : Vous devrez probablement vérifier ces adresses sur Internet, car entre le temps de l’écriture du livre, celui de son impression et celui du fait que vous parcourrez ces lignes, elles peuvent changer et d’autres apparaître !

- Allemagne : Hanf Hauss, chaîne de magasins de produits issus du Chanvre. Mathias Brocker, EisenacherStrasse 71, 20823 Berlin, Allemagne. Tel : 49 30 614 98 84, Fax : 49 30 781 20 47. - Belgique : “La Bombe Verte“ asbl, Frédéric Raes, B.P. 84, B-1030 Bruxelles. Tel : +32 (0) 2/734 88 71. - Bulgarie : Steba 1173 Budapest Kaszalo 139, Hungary / Tel. 36-1-257-2745 / Fax : 36-1-256-9802 / E-mail : steba@odin.net. / Sacs, cordes, mondialement réputés de faire des tissus de qualité “extra”.

- Canada : Canadian Hemp Association, organisation écologique non gouvernementale, 312 Adelaïdestreet, W≠ 608, TORONTO, ONTARIO, CANADA M5V 1R2, TEL : 416 977 41 59, FAX 416 977 51 16.

- Danemark : Tinta/Stubagervej 11 / DK-8220 Braband / Tel : +45 86 26 23 79 / Fax + 45 86 26 19 20 (Textile Chanvre/Lin/Coton ou en mélange). Font partis, dans le monde, de ceux qui tissent les plus beaux et plus fins tissus dérivés du chanvre. Problème, ils parlent mal le Français (et moi, très mal le danois).

- Hongrie : Hugarian Agricultural Research Institute (GATE), Kompolt, Hungary

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- Suisse : Artamis, 12 rue du Stand, 1204 Genève, Tel 00 41 22 320 39 30. Espace Nature, 26 bis, rue des Grottes / rue J.J. De Sellon, CH-1201 Genève, Tel. / Fax. 022/740 41 93. Tous produits dérivés du Chanvre (sauf “drogue” bien sur), documentation, livres. Hanf plus, François Reusser, CP 8215, Ch Zürich. Laboratoire du Fournil - “Au Fournil de la Ferme” / François Emery / chemin de la Verseuse, 9 / case postale 24 / 1219 Aïre / canton de Genève/ Pains et produits biologiques tirés du Chanvre (farine, huile de graines, graines, boulangerie, pâtisserie) tel : 00 41 22 797 50 00. Valchanvre S.A.R.L. / gare de Saxon / 19 XX Saxon, Valais, Suisse

- Pays-Bas : CIA, Cannabis In Amsterdam, livres, vêtements, mais aussi différents articles impossibles à ramener en France pour des raisons évidentes. Drooghal 2, 1013 BR Amsterdam, Holland. Green Lands, produits du chanvre, PO BOX 1651 / 1000 BR Amsterdam, Holland. International Hemp Association, Postbus 75007, 1070 AA, Amsterdam, the Netherlands. Sensi-Seed, P.O. Box 1771, Rotterdam BT-3000 Holland. Votre attention sur le fait que cette société commercialise des graines de Chanvre à T.H.C. et que leur documentation peut faire l’objet d’une interdiction douanière. Stichting Institut of Medical Marijuana, institut légal qui distribue différents produits sur prescription médicale. PO BOX 2688, 1000 CR Amsterdam, Holland.

- Ukraine : Ukrainian Institut of Bast Crops, Glukhov, Sumy Region, SSR Ukraine.

- U.S.A. : American Hemp Mercantile Inc. (Vêtements et papiers). 506 second Avenue, Suite 1323, Seatle, Washington 98104, U.S.A. DRCNet (Drug Reform Coordination Network), 4455 Connecticut Ave., NW, Suite B-500, Washington, DC 20008-2302, Tel (202) 362-0030, Fax (202) 362-0032. Littérature séminaires, congrès, publications, ... drogue en général, marijuana en particulier. Site Web : http://www.drcnet.org/calendar.htlm ou E-mail : drcnet@drcnet.org. Très sérieuse référence. Ecolution, vêtements, PO Box 2279, Merrifield, VA 22116, U.S.A. Hemp Industrie Association, Post Office Box 1080 Occidental, CA 95465 U.S.A. Hempworld, Hemperial Productions, PO Box 315, Sebastopol, California 95473 U.S.A. ICRS (International Cannabinoid Research Society). Toute la doc. scientifique du top de la recherche en matière de cannabinoïdes et de recherches médicales et toxicologiques sur le sujet. Association universitaire composée de plusieurs secteurs de recherche. La doc. que je possède sur eux date de 1997. Revérifiez l’adresse sur le Web. J’ai cependant l’adresse de la secrétaire qui s’occupe des inscriptions qui devrait normalement répondre à vos questions : Diane Mahadeen 98 Brookes Ave. Burlington, VT 05401. Tel : 802 865 0970. Une participation annuelle vous est demandée en échange des services offerts. Cela va de 20$ (retraités, étudiants) à 40$ (chercheurs) en passant par 30$ pour le simple public. Ceci vous octroi aussi le statut de membre à part entière de cette association scientifique. N.O.R.M.L., 1001 Connecticut Avenue NW, suite 1010 Washington D.C. 20036. La plus vieille association et la plus importante militant en faveur du Chanvre, vend des livres, des vêtements, des badges, des pins, tout sur le Chanvre légal. Distribue aussi beaucoup de doc. gratuite sur notre plante (documents Internet ou textes envoyés par courrier postal).

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Ohio Hempery Inc. Cosmétique, huiles de massage, alimentaire. 7002 ST, Rt329, Guysville, Ohio 45 735, U.S.A.. Tel 19 1 614 662 43 67, Fax : 19 1 614 662 64 46.

En France : - ARBOGA : chemin de Fillet, 33750 Carmasac / TEL.: 05 56 30 15 98 / Fax : 05 56 30 10 73 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - BOIS MULTI-SERVICE : Mr Jean Moreau, La Picasserie, 49250 St Georges du Bois. TEL.: 02 41 54 78 30 / Fax : 02 41 54 78 32 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - BRIQUETERIE D’ALONNE : 5 Ancienne route de Paris, 60000 Alonne. TEL.: 03 44 02 06 82 / Fax : 03 44 02 29 79 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - CANOSMOSE : Yves Khün et Dominique Sahdli, Ferme de la Tuilière, 26560 Montiroc. Tel : 04 92 62 00 74. - CHANVRINE : produits du Chanvre, 69 008 Lyon / Tel. : 04 78 69 22 08. - CHÈNEVOTTE HABITAT : France Périer et Francis Aujames, le Verger, 72160 René. Tel : 33 243 97 45 18, Fax : 65 44. - DOMUS : (constructions vivantes) / 41 Avenue Jacques Carrie / 09120 Varilhes / Tel : 05 61 67 73 45 / Fax : 05 61 60 86 66. Tous matériaux pour le bâtiment à base de Liège, Chanvre, Fibre de bois, Cellulose, Gypse, revêtement mur / sol de finition en matériaux écologiques, systèmes contre le rayonnement électrique et électromagnétique (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - ECOFA S.A.R.L. : 10 rue du Berstein, 67 650 Dambach-la-Ville / TEL.: 03 88 92 49 92 / Fax : 03 88 92 48 94 / Tous matériaux naturels d’isolation : Liège / Coco / Chanvre / Ouate de Cellulose, peintures et traitements naturelles, colles non toxiques, revêtement de sol et murs sains, filtres à eau, systèmes contre le rayonnement électromagnétique. - ECOMAISON: 10 rue Mahul, 11000 Carcassonne / TEL.: 04 68 47 34 34 / Fax : 04 68 47 49 44 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - ECO-SYSTEMES le Pavillon, 35131 Pont de Péan / TEL.: 02 99 52 82 87 / Fax : 02 99 05 79 67 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - FÉDÉRATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE CHANVRE : L’Institut du Chanvre, 30 rue Paul Ligneul, BP 119, 72003 Le Mans Cedex. Tel 43 28 99 23, Fax : 43 77 09 16. ISOCHANVRE : Chènevotte Habitat, France Périer et Francis Aujames, “Le verger”, 72260 René. Tel 43 97 09 62. - LA CHANVRIÈRE DE L’AUBE : rue du Général de-Gaulle, 10200 Bar sur Aude / Tel : 03 25 92 31 92 / Télécopie : 03 25 27 35 48, exploitation des dérivés des fibres et du bois de Chanvre, Canosmose et Canobiote. N’hésitez pas à les contacter pour leur demander de la doc. (Canobiote, Canosmose, Mehabit et laine de Chanvre). - LA MAISON DE L’ÉCOLOGIE : 14 quais de France, 38000 Grenoble. TEL.: 04 76 85 02 79 / Fax : 04 76 85 02 79 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - LA REVANCHE DU CHANVRE : Bruno DELOMEZ, route de Forcalquier, 04870 St Michel l’Observatoire TEL.: 04 92 76 61 19 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - LA MAISON DU CHANVRE : Pascal Lagouge et Franck Machy, 61 avenue Jean-Jaurès, 69007 LYON. - LES CHANVRIERS : Éric et Corinne Wastiaux, B.P. 2, 45801 St Jean de Braye Cedex. - MAISON D’HEOL : La Lande De Musson, 35660, Langon Bretagne / TEL. : 02 99 08 64 11 / Fax : 02 99 08 64 17 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - MVM INNOVATION : 19 rue du 1er Bataillon, 56000 Vannes. TEL.: 02 97 40 56 42 / Fax : 02 97 40 41 88 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - SOCOBOIS : 42 rue Pasteur, 10430 Rosières près de Troyes / TEL.: 03 25 71 35 77 / Fax : 03 25 71 35 88 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE). - Sté 3H: 1 Les Courtils, 76190 Autretot. TEL.: 02.35.95.32.00 / Fax : 02 35 95 24 47 (Distributeur de LA CHANVRIÈRE DE L’AUDE).

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Revue de presse francophone : InfoChanvre: www.infochanvre.ch (Internet).

Musées : Écomusée de Montjean-sur-Loire : “La Forge”, place du Vallon, 49570 Montjean-sur-Loire. Tel : 02 41 39 08 48. “Musée du Chanvre” : place de la République, 72600 Mamers. Tel : 02 43 97 60 63. Musée “La vie d’autrefois” : Yves Morvan, Belle rivière, 72170 Vivoin (Sarthe). Tel : 02 43 33 51 26. Musée Gaumais : 38, rue d’Arlon, Belgique-6760 Virton. Tel. : 32 (0) 63 / 57 03 15.

Festivals / expo. : Surveiller ce qui se passe à “Centre Terre Vivante”, lieu dit le “isolante”, 38710 Mens (tel : 04 76 34 80 80 et Fax : 04 76 34 84 02), et à l’A.F.L.A.M., rue de l’Aumônerie, 49570 Montjean-sur-Loire. Ces adresses vous renverront logiquement à d’autres adresses, documents et savoirs cannabiques supplémentaires. A l’intention des lecteurs fumeurs, j’aimerais toutefois attirer votre attention sur le fait suivant : tous les gens et entreprises cités ici sont en règle avec la loi et vendent des produits issus du chanvre légal. N’allez pas leur “casser les pieds” avec vos problèmes de T.H.C.; tous “légaux” qu’ils sont, ils ont déjà du mal à exister avec ce tabou et cette stupide convention internationale qui sont suspendus au-dessus de leurs têtes comme des épées de Damoclès. De telles questions ou propositions abordant ce sujet seraient les malvenues. Comme il est coutume de dire en pareil cas, merci de votre compréhension ...

B) L’économie du Chanvre dans un système prohibitif (modèle français d’aujourd’hui) : Le Chanvre illégal se résume aujourd’hui au T.H.C. et à l’interdiction de ce dernier. C’est la prohibition de cette substance qui a généré son phénomène endémique et son prix exorbitant. Les Américains ont connu un cas similaire en interdisant l’Alcool en 1929. En 1933, le gouvernement fédéral rétablit la légalité des liquides spiritueux en “catastrophe” : l’interdiction généralisée n’avait fait qu’empirer le problème auquel venaient se greffer, de plus, l’enrichissement et l’expansion des bandes mafieuses et l’empoisonnement des consommateurs par adultération des produits alcoolisés (en gras : parallèle évident avec la situation cannabique actuelle). Rajoutez à tout cela l’explosion de violence (en ces temps là, l’Alcool tuait deux fois plus qu’à la normale : corruption, règlements de comptes, racket, arrestations sanglantes ...) et vous obtenez un tableau fidèle à la situation telle que l’ont connus Eliot Ness et ses contemporains. Actuellement, en France, les gens du monde du Chanvre à drogue sont persécutés. On peut même pousser la parallèle avec ce qu’ont connus les Chrétiens au début de notre ère, car si on ne nous donne pas en pâture aux lions, si la peine de mort est aujourd’hui abolie, on ne nous fait pas de cadeaux pour autant et notre condition d’usagers cannabiques déchaîne la haine autour de nous. La situation américaine est encore pire. Cette parallèle ne s’arrête pas ici, car plus on nous persécute, plus l’État interdit la plante, plus on est nombreux à ne pas respecter la législation ... Plus les romains tuaient de chrétiens, plus il y en avait !

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Pour ceux qui sont croyants et érudits de la Bible, j’affirme ceci : “Dieu a créé cette plante pour notre utilité et notre unité, il a voulu qu’aujourd’hui, outre le fait qu’elle soit notre planche de salut, qu’elle sème aussi le trouble au sein du nouvel ordre mondial, royaume de Satan.”. Pour ceux qui ne sont pas croyants, vous pourrez interpréter ces dernières paroles comme: “La nature a créé cette plante pour notre utilité physique, son interdiction a généré en elle, un potentiel d’unification et de résistance à l’oppression, l’expression d’un mode de pensée et de vie différente, phénomène de masse qui peut déboucher sur un changement de type de société”. En tout cas, avant d'en arriver à cet état de fait, il faut s'attendre à une réaction violente de la part de ceux qui maintiennent l'interdiction du Chanvre : répression, massacres, et persécutions risque d'être le lot des "gens de l'herbe", ainsi que de tous ceux qui revendiquent et aspirent à une vie meilleure. Trafiquer, vendre du Haschich (ou de l’herbe) semble la seule issue pour celui qui, cannabinophile régulier, veut amortir sa consommation et accéder à de meilleurs produits. Il en est de même pour ceux qui, ne se résignant pas à vivre avec le S.M.I.C. ou un R.M.I., trouvent dans ces produits un moyen de gains supplémentaire facile et non immoral à leurs yeux, quoi qu’on en dise (pas de risque létal, n’accroche pas et ne pousse pas à la criminalité comme l’Héroïne, ne détruit pas comme l’Alcool, ne perturbe pas comme le L.S.D., n’est pas toxique comme le Tabac et n’a pas les inconvénients des médicaments anxiolytiques). Donc; dans leur concept, ils ne tuent pas, n’empoisonnent pas et ne forcent personne. Le produit se vend bien et les prix sont bien établis. La revente est dynamisée par l’existence d’une forte demande et d’un courant “polysocial” nommé “Underground” qui se “nourrit” spirituellement de cette “défonce”. “Brasser” ce produit, aujourd’hui, vous condamne à fréquenter toutes sortes de gens qui vont du bourgeois ou de l’artisan à “l’émigré clandestin” comme l’a dit Pasqua. De nouvelles lois répressives viennent d’être votées pour ceux qui fréquentent, assistent ou logent un clandestin. Chômeurs et “rmistes” sont aussi dans le collimateur car ayant le bon profil pour devenir délinquants ou trafiquants. L’histoire se répète, les “collabos” français sont toujours là et ils réinstallent petit à petit un monde de violence et de répression qui se trouve être leur idéal. Ils ont trouvé du coup, en parfait accord avec nos politiques et nos magistrats, la parade absolue contre la crise de l’emploi : la prison ou les fumeurs, puis logiquement plus tard les chômeurs, travailleront finalement presque tous, sans poser de problèmes, et pour pas cher. Attention : Hitler a commencé sa politique en éliminant les chômeurs et ses principaux adversaires. Analysons l'économie naturelle du Chanvre dans le système actuel où il est interdit.

Mécanismes actuels du trafic : Tout d’abord, il faut préciser qu’il ne faut pas confondre, trafiquants, dealers, et usagers-revendeurs, les deux premiers secteurs s’activant pour des raisons uniquement lucratives, le dernier secteur, manœuvrant le plus souvent uniquement pour assurer le remboursement de la consommation personnelle (ce sont donc, avant tout, des consommateurs). Le Cannabis est cultivé en masse dans certain pays (Maroc, Afghanistan, …). Il faut donc le ramener de làbas ! Pour le passage des frontières, la forme haschich est la plus usitée car la plus pratique (tient beaucoup moins de place que les sommités fleuries). Son commerce est bien établi, les prix connus en fonction des qualités. Ce bizness est une chaîne : son premier maillon est le producteur-dealer qui négocie son produit entre 76 à 305 Euros (de 500.00 à 2000.00F le Kg soit de 0.5 à 2 franc le gramme) au consommateur, dernier maillon, qui lui paye de 4.58 à 15.24 Euros le gramme (de 30 à 100 F le gramme). 1) Les passeurs : toujours est-il que, même interdit, le Cannabis rapporte de l’argent en masse. Avant les années soixante-dix, tout fumeur avait son “embrouille” pour fournir “la petite bande de copains” dont il faisait parti. Le trafic s’est organisé dès que la demande s’est fait sentir importante. D’abord “artisanal”, il a fini, ces dernières années, par être adopté par de véritables organisations déjà existantes.

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C’est à ce stade que pègre et politique “frayent” ensemble. En France, indépendantistes corses, basques, et irlandais ont les moyens et la capacité de trafiquer à “haute échelle”. Il faut dire que leurs ambitions et leurs besoins en armes, clandestinités, faux papiers et corruption de fonctionnaires, ... leur coûtent très cher. Ils voient dans le Cannabis interdit, mais aussi bien souvent dans d’autres produits bien moins honorables, une manne d’argent nécessaire et suffisante à leur survie et à leur effort de guerre. Les intégristes islamistes algériens, ces dernières années, s’y sont mis aussi pour exactement les mêmes raisons. Il n’y a donc pas que les fumeurs qui trafiquent ! La qualité du haschich “brassée” par ces gens n’est généralement pas la meilleure produite. Le haut de gamme est destiné plutôt au Pays-Bas (au marché légal). Trop bon, le shit est plus cher et sent trop fort pour passer clandestinement les frontières. En plus, habitué “à trop bon”, le client finit connaisseur et exigeant. L’ingéniosité et l’acharnement des passeurs sont tels que les douanes françaises reconnaissent ne saisir qu’au maximum 10% du trafic. Les moyens d’investigations de la douane sont en fait assez limités en temps et par le nombre important de transaction de marchandise. Malgré de spectaculaires saisies, il n’y a que de courtes pénuries sur le marché clandestin du cannabis. Souvent, les passeurs professionnels ne sont pas propriétaires de la marchandise, mais uniquement des convoyeurs. Au Maroc, par exemple, le prix du kilogramme de Haschich acheté au producteur-dealer du coin, peut varier de 76 à 305 Euros (de 500.00 à 2000.00F). Mais si vous voulez vous faire livrer 250 Kg à Grenoble, par exemple, ce sera plus cher évidemment. Le surplus peut aller de 76 à 610 Euros (de 500.00 à 4000.00 F) selon les risques encourus, le kilométrage parcourus, le nombre de frontières à traverser, le nombre de kilogrammes passés, etc. … Appâtés par les possibilités de gains, le nombre de passeurs amateur ne cesse de grossir d’année en année. Les quantités véhiculées à la fois sont plus modestes mais les voyages sont plus fréquents. Pour la France, la promiscuité d’états tolérants permet le développement de ce trafic. 2) Les acheteurs : ou les trafiquants. En général, ces gens trafiquent en grosses quantités tout ce qui peut rapporter de l’argent. C’est la le seul but de leurs coupables activités. Une fois passé en France, le haschich (dérivé cannabique clandestin le plus consommé dans l’hexagone) doit être encore vendu. Il l’est entre 4 et 8 francs le gramme pour plusieurs dizaines de kilogrammes et la transaction se passe entre relations de gens de tous milieux. D’après les dealers, il n’est pas rare de rencontrer des policiers ou fonctionnaires acheteurs, comme des notables, politiciens, commerçants ..., tous ceux qui ont de l’argent à investir et des relations. Car il en faut pour revendre discrètement et à bon prix de telles quantités. Ces acheteurs ne sont certes pas les derniers maillons de la chaîne. Ils servent uniquement d’intermédiaires entre les passeurs précédemment cités et les revendeurs professionnels qui vont suivre (ils le revendent à ces derniers entre 6 et 10 francs le gramme pour plusieurs kilogrammes achetés”). Souvent, les passeurs ne sont pas propriétaires de la marchandise, mais uniquement les convoyeurs. Pour illustrer ces propos, citons un article de presse déjà mentionné par “Fumée Clandestine” tome 2 (page 152) : “Ça commence par une saisie de 47 Kg de Cannabis dans une voiture, et ça se termine par l’inculpation à Grenoble du patron du Bar du Palais de Justice, apparemment chargé de recycler l’argent de la drogue. Fréquentant assidûment quelques notables, dont plusieurs banquiers, fournissant éventuellement des filles à ses clients, offrant à un inspecteur des renseignements généraux un

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séjour sur la côte d’azur contre des confidences, cette affaire devrait sonner le glas de quelques notables.” 3) Les revendeurs ”professionnels” : ou les “gros dealers”. Ils sont, en quelques sortes, les membres les plus malins et les plus commerçants de la bande de revendeurs d’un “coin” (une cité, un quartier, une ville, tous ceux qui sont membres actifs de la revente de “drogue” locale). Ils distribuent leur “beuz” en quantité moyenne aux revendeurs détaillants au prix de 8 à 12 francs le gramme). Ils “coupent” parfois le shit frais de qualité correcte avec des vieux blocs qui leurs étaient restés sur les bras (d’où les petits bouts de plastiques, issus des différents emballages cellophanés des “savonnettes” mélangées, trouvés dans du shit réputé pas trop mauvais). Le but alors visé, n’est pas l’adultération proprement dite, mais l’amélioration de l’état d’un vieux shit qui commençait à se détériorer. 4) Les revendeurs détaillants : ou la frontière entre les notions de “dealer” et “d’usagerrevendeur”. L’approvisionnement en shit et son commerce sont tellement particuliers que loin d’être concurrents, les revendeurs détaillants se plaisent à se fréquenter, s’échanger les “bons plans” et les services, avec toujours une prise de bénéfice en vue, bien entendu. Ils achètent en “demi-gros” des quantités qui vont des “savonnettes” de 250 grammes à deux ou trois kilogrammes. Ils revendent ce haschich au prix de 12 à 20 francs le gramme. A ce niveau le “chichon” commence souvent à être sérieusement adultéré pour en augmenter la prise de bénéfices. A noter, dans certaines cités, la présence de rabatteurs qui « bossent » directement pour des revendeurs détaillants. 5) Les petits revendeurs: C’est “l’armée de fourmis” qui “bosse” indirectement pour tous ceux cités avant. Ils peinent dur pour gagner un S.M.I.C. (Salaire Minimum Interdit du Cannabis). ou pour uniquement amortir leur consommation personnelle. A ce niveau le shit n’en est souvent presque plus car l’adultération fait des ravages. Ils vendent des barrettes (1 à 2 g) ou des petits bouts de quelques grammes à un prix souvent supérieur à 30F le gramme. 6) Les consommateurs eux : sont donc les derniers maillons de la chaîne, et payent toujours aussi cher le chichon qu’il y a dix ans (entre 25 et 100 francs le gramme). Souvent ils auront accéderont à un produit très fortement adultéré qui leur “esquintera” la santé bien plus que le haschich lui-même pourrait le faire. N.B. : les prix indiqués sont des moyennes. Certains malins trouveront moins cher, par contre, certains gogo se ruineront encore plus. Dans certaines zones de fort transit clandestin, le Cannabis est moins cher à l’achat de gros (exemples : zone portuaire de Marseille, zone portuaire de Dunkerque et plus vers la Frontière Belge, zone de frontière espagnole). Ce schéma n’est pas absolu car il y a de plus en plus de revendeurs indépendants qui vont directement chercher leur shit à l’étranger et usent d’ingéniosités pour le rapatrier en douce. Grillant les intermédiaires, ils peuvent se permettre de revendre régulièrement de belles petites quantités (quelques kilogrammes) d’un meilleur produit à des prix défiants toute concurrence. Ce même modèle est appliqué par les intégristes islamistes qui assurent souvent eux-mêmes l’importation et la revente de haschich aux revendeurs détaillants, et ce, à une échelle quasiment industrielle. Parallèlement à ces faits, l’augmentation de la demande a provoqué l’augmentation de la production illégale et la saturation du marché aidant, les prix baissent de plus en plus pour ce qui est de la revente en gros. La qualité devient un élément de sélection commerciale. Il est bon de noter aussi que devant le succès commercial de ce produit, certains “indépendants” se sont mis à organiser aussi des filières importantes concurrençant celles de la pègre établie et des indépendantistes. En général, outre les extrémistes islamistes, ce sont ceux-là qui sont le plus pourchassés par la douane et les forces de police. Les « politiciens » ont aussi leurs propres embrouilles pour arriver à faire rentrer haschich et cocaïne

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dans notre pays. Là aussi, il existe une armée d’intermédiaires qui se "sucrent au passage". Car nos partis politiques ont besoin de beaucoup d’argent, notamment en périodes électorales et eux qui s’annoncent d’emblée hostiles « au fléau de la drogue », n’hésitent pas à s’y intéresser pour alimenter leurs caisses noires. De plus, la diffusion massive en cocaïne, par exemple, leur permet de « pourrir » encore plus une situation qu’ils exploitent par ailleurs en termes politiques et policiers ! Je sais que ces propos vont les faire hurler de rage, qu’ils ne sont pas prouvables à mon niveau, mais qu’est-ce que vous voulez : on en parle directement dans le milieu du cannabis et je le fais savoir ! Mais un nouveau phénomène en nette expansion vient bouleverser les données du problème : l’usager, las de gaspiller son argent dans le “Tcherno.” de la rue, fait pousser du Chanvre du balcon de son immeuble, en passant par des coins paumés de montagne ou de campagne, jusqu’au fond du placard qu’il à hérité de sa grand-mère. Le temps de l’apprentissage passé, notre “cultivateur en herbe” va vite devenir un expert qui sera capable de faire pousser de la qualité “number one” en quantité impressionnante. En ces temps d’austérité, certains seront alors vite tentés d’augmenter un peu leur production afin de se convertir “commerçants” et d’arrondir allègrement leurs fins de mois. Que ce soit le shit du trafic ou l’herbe “underground”, cela assure un revenu confortable pour celui qui sait dépasser le stade du revendeurconsommateur. En extérieur, un bon cannabiculteur “pro” arrivera aisément à assurer un minimum de dix plantes femelles pour moins de quinze pieds poussés. L’expérience a prouvé que 10 pieds femelles de 3,50 m de haut (moyenne) suffisent pour que la vente des sommités fleuries vous rapporte actuellement (indice 1998) au moins autant qu’un an de salaire à l’usine. On peut facilement arriver à cette hauteur par le biais d’engraissage rigoureux et la maîtrise des techniques de neutralisation du sol. Ce petit nombre de plantes peut facilement rentrer dans la surface d’un jardin et prend moins de temps, à l’entretient, que les légumes qui auraient du pousser à leur place (environ 1H30 à 2H00 en moyenne de travail tous les trois à cinq jours, arrosage, engraissage, effeuillage, entretiens divers inclus). Cette petite plantation servira de base pour le calcul suivant destiné aux septiques : - Plants de 2,5 m de haut = jusqu’à 250-300 g de “têtes” par pieds. - Plants de 3,50 m = jusqu’à 600-800g de “têtes” par pieds (on peut aller jusqu’au kilogramme). - 10 pieds, au total, rapportent donc entre = 2,5 et 8 Kg; ce qui, à 10 F (le gramme- prix de gros), rapporte un revenu qui se situe entre 25 000 et 80 000,00 F nets d’impôt, suivant l’importance “de la main verte” et des soins apportés. Certains vendent leur récolte gramme par gramme au prix fort de 30-50 F le gramme, ce qui multiplie par 3 ou 5 le résultat précédent. Aujourd’hui, il n’est pas rare de rencontrer de l’herbe à très forte teneur en T.H.C (culture sous lampe) vendue entre 50 et 100.00 F le gramme. - Certains vendent aussi les feuilles au prix de 3 à 5 F le gramme et les plantes produisent environ trois fois plus de feuilles que de têtes en poids. Notons toutefois que le marché des feuilles n’est pas encore vraiment porteur mais qu’elles sont “bien vues” lors des “pénuries”. Si on ne les fume pas vraiment, on peut en faire des gâteaux. - Conclusion, en se “démerdant” bien, celui qui fait pousser ses 10-15 pieds se fait son “beurre au soleil”. Calculez le revenu de ceux qui font pousser 2 fois, 5 fois, ... plus de pieds ... Avec un tel raisonnement, et si peu de travail bien payé offert par l’A.N.P.E., comment résister à l’envie de cultiver et de trafiquer. Si les cités n’explosent pas, si les chômeurs ne se convertissent pas tous braqueurs, c’est en grande partie par le fait du trafic de dérivés cannabiques. En effet, si avant 1994, l’héroïne expliquait plus de 60% des cambriolages et une bonne partie de la prostitution et des petits braquages, le Cannabis agissait et agit toujours de manière inverse. Non seulement ses usagers ne développent aucune délinquance particulière (outre le fait que le Cannabis et sa distribution soient encore illégaux), mais c’est, de plus, le catalyseur qui empêche l’explosion sociale.

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“Le Cannabis est la soupape de sécurité actuelle de la société, mais gare à ceux qui se font chopper” ... Cette affirmation est prouvée par le fait suivant : en octobre 1997, dans un rapport confidentiel, la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale estimait que le principal frein à la légalisation est qu’elle risquerait de déstabiliser l’économie parallèle des quartiers dits "difficiles" (ref : VSD N°1102 du 8 au 14 octobre 1998, page 27, fin d’article). Combien de méfaits seraient commis, en plus de ceux d’aujourd’hui, si le haschich n’assurait pas le rôle d’économie parallèle dans les cités, bas quartiers et autres secteurs défavorisés. C’est là que le “bas blesse”, certaines cités sont “gérées” sous influence des extrémistes islamistes et que le trafic des drogues semble y être assuré par ces derniers. Cette idée a du faire peur à nos gouvernants et leurs polices, et explique certainement ici une part de l’actuelle amplification de la répression envers notre plante. Toutefois, monsieur Sarkozy, en voulant saboter et persécuter l’économie parallèle des quartiers chauds, risque d’aboutir à une situation catastrophique d’augmentation de la violence dans la délinquance. N’oubliez pas que l’essentiel du “hasch” vendu en France provient du Maroc, pays voisin de l’Algérie. D’un autre coté, ce phénomène a la réputation d’être encouragé (laxisme envers les grands trafiquants) par des policiers corrompus à la solde de marchands d’armes (et de leurs alliés politiques) qui voient dans cette pratique l’assurance de la solvabilité de leurs clients. Fort de toutes ces informations, il est absurde de continuer de traiter comme actuellement, les cannabinophile de marginaux et les présenter comme des êtres malades et asociaux. D’abord, n’est plus marginal un phénomène qui prend le caractère d’une expansion endémique, même s’il reste minoritaire au sein de notre pays. Le consommateur régulier de Cannabis représente une tranche nouvelle toujours grandissante de notre société. Après études sur le cas des Pays-Bas, j’estime qu’à terme, après légalisation (ou dépénalisation) le chiffre maximum de fumeurs qu’il y aura alors en France plafonnera autour de 10 millions de consommateurs, dont 10 à 25 % dits réguliers. Tous les secteurs sociaux sont déjà actuellement plus ou moins touchés. Plus d’un tiers des personnes qui fument aujourd’hui sont des inactifs (jeunes scolarisés, chômeurs, rmistes et handicapés ...). Mais le reste est constitué d’étudiants, de paysans, d’ouvriers, d’artisans, d’artistes ... ou de commerçants, qui semblent mener une existence qu’on peut considérer de normale (travail, famille, respect des lois et des mœurs autres que ceux du Cannabis tant qu’elles paraissent justes).

Évaluation financière du marché cannabique clandestin français: Partons sur la base qu’il y a actuellement 12 millions de consommateurs, dont trois millions dit réguliers qui consomment en moyenne 20 g par mois. Estimons que les 9 millions de consommateurs épisodiques consomment en moyenne 6 g par mois. Trois millions d’usagers réguliers fument donc : - 60 tonnes d’herbe et de shit fumés par mois, dont la valeur totale du marché (30F le gramme) est estimée à 1 milliard 800 millions de francs mensuels (274 408 231 Euros) ; soit 21,6 milliards de francs” par an (3 292 898 772 Euros). Neuf millions d’usagers non réguliers fument donc : - 54 tonnes de dérivés cannabiques fumés par mois, dont la valeur du marché (toujours 30F le gramme) est estimée à 1 milliard 620 millions de franc mensuel (246 967 407 Euros) soit 19.44 milliards de francs par an (2 963 608 895 Euros). Ce qui nous fait un total en francs, toutes classes de fumeurs cannabiques confondus, un marché de l’ordre de 3millards 420 millions mensuels (521375638 Euros) ou 41,04 milliards par an (6 256 507 667 Euros). Ces résultats sont plus de 3 fois supérieurs à ceux des estimations policières où il est cité le calcul suivant :

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42 T (de dérivés cannabiques saisis par les forces de police en 1996) x 30 F le gramme = 1 260 000 000 F (1milliard 260 millions de francs lourds ou 192 085 761 Euros). L’État estimant saisir 10 % du marché, ce dernier serait donc de l’ordre de 12,60 milliards de Francs par an (soit 1 920 857 610 Euros). La vérité se situe certainement entre les deux calculs. L’herbe n’est pas encore un produit courant mais lorsque “de la bonne” pointe son nez elle est revendue et fumée en “moins de deux”. Sa réputation de “plus naturelle”, et son effet supérieur au meilleur des “chichons” vendus en France, en fait son succès. Bien souvent, les cannabinophiles préfèrent l’effet “plus speed”, plus créatif de l’Herbe, à celui “somnifère” du Shit. Mais elle est encore difficile à injecter en gros dans le circuit illégal du Shit (celui des cités) pour des raisons de volume (environ 8 fois plus gros que le chichon pour le même poids) et d’habitudes du client. De part sa rareté, peu de monde connaît réellement la bonne “Ganja” et un dealer expérimenté vous en prendra volontiers 500g pour sa consommation personnelle et celle de ses proches, mais pas pour “refourg”. Cependant, je n’ai pas dit qu’il n’existe pas déjà un petit marché dans les milieux branchés et bourgeois, gente cannabique qui est prêt à mettre le prix fort pour de la qualité. Lors d’une interpellation, les policiers sont plus tatillons lorsqu’il s’agit d’herbe : ils vous soupçonnent de suite de vous adonner à sa culture ou d’être un trafiquant indépendant. Ce qui les met en “rogne” : - Ceux qui sont honnêtes (la majorité) : parce qu’à leurs yeux, vous vous adonnez à une activité criminelle et qu’il n’est pas moral que la plupart des gens honnêtes se forcent à le rester en se “crevant la santé” au travail et pas vous. Le jour ou le Chanvre sera légal, ils considéreront que vous ferez un travail honnête (culture, transformation, revente) et vous “foutront” la paix. - Les agents malhonnêtes (ripoux) : vous persécuteront peut être parce qu’une partie du shit mis en circulation à la réputation de l’être grâce à une partie de la police ... et qu’ils n’aiment pas les concurrents incontrôlables et imprévisibles. Quoi qu’il en soit, dans l’avenir, il faudra compter avec l’herbe produite en France, d’une qualité largement supérieure au haschich français moyen actuel. Cette solution est d’emblée adoptée par le consommateur écœuré par la répression et la mentalité des dealers de quartier. Cultivée sous lampe, elle limite le risque de circulation du produit : il pousse chez lui et n’a pas à en sortir. Ce qui réduit aussi presque à zéro le risque de se faire chopper comme fumeur (si le concerné sait rester discret). Pour ceux qui s’abstiennent totalement de revendre, et ne produise que leur “conso.”, les chances de se faire chopper sont quasi nulles et les peines encourues légères (en comparaison aux autres peines pour trafic, production en masse et contrebande). Toutefois, en cas d’arrestation, ils ne perdront pas leur maison et n’iront pas en prison. ... (la première fois). Mais en cas de multiples récidives, ils peuvent légalement être “ennuyer” : obligations de soins, enfants confiés à la D.D.A.S.S., mise sous tutelle (avec accord de la famille), amendes ; jours de prison-amende et T.I.G, ... toute la panoplie habituelle réservée aux « drogués ». Au su de toutes les injustices répertoriées ici en matière de Cannabis, on risque alors d’assister à des séries de suicide ou de personnes qui “pètent les plombs” et tirent au fusil sur flics, magistrats, intervenants sociaux, ...

Comment éviter tout cela : Depuis 1961, le cannabis à THC est prohibé. Depuis 46 ans, toutes formes de prohibitions ont échoués. La seule réussite est d’avoir fait le malheur de ceux qui se sont fait « pincer ». Ce qui n’est pas moral au su du peu de risque qu’induit le produit. Il faut donc reconsidérer cette approche : si on ne peut anéantir la pratique cannabique, peut-être qu’on peut la rendre « supportable » d’un point de vue sanitaire et social. En fait, s’il peut actuellement exister la possibilité d’un compromis possible entre fumeurs et prohibitionnistes, il tournera autour de ceci : “Fumer deviendrait toléré sous conditions (en milieu privé, sans publicité, ivresse cannabique défendue au travail et au volant), la vente, l’importation, et le trafic resterait défendue sauf dans un cadre médical. Par contre lampes et graines de qualités seront en vente libre et les notions de vie et de

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propriété privée prendront toute leur profonde signification si cette culture et son usage dit “toxicomaniaque” ne sort pas de chez vous. Mais cette forme de dépénalisation ne résoudrait pas le problème de la distribution, donc du trafic. Il faut donc, dans une certaine mesure, « autoriser » cette dernière, d’autant plus au niveau médical. Pour le monde du Cannabis, il est impensable que l’Etat puisse en contrôler la revente comme il le fait pour l’alcool et le tabac. Les persécutions vécues pour rien font qu’on souhaite qu’il se fasse tout petit dans cette histoire. A contrario, rien ne s’oppose à ce qu’il interdise la publicité et la vente aux mineurs par exemple, et fasse en sorte que l’usage cannabique ne se généralise pas au reste de la société. Il peut donc s’agir d’une légalisation contrôlée qui ne se définirait qu’en termes d’avantages par rapport à la situation actuelle. Elle tiendrait compte du fait que cette pratique existe déjà à grande échelle, permettrait une décriminalisation de ce secteur, l’abandon, par la pègre, de son trafic, assainirait la qualité des produits et en cela permettrait une réduction des risque. Cela ferait aussi beaucoup de place en tribunal et en prison pour ceux qui le méritent vraiment, réduisant et simplifiant la charge de travail de nos fonctionnaires ! Cela donnerait aussi une meilleure image de marque à l’Etat et à ses polices très critiqués actuellement sur cette question. L’espoir fait vivre, mais ici, ce n’est pas qu’un espoir : il faut que la raison l’emporte sur la bêtise ! Restera à définir les quantités maximales d’autoproduction et la quantité maximale autorisée en circulation par individu (dose admise à être “véhiculée” avec son “porteur consommateur” qui se rend d’un point A privé à un point B tout autant privé). Les lois actuelles seront “figées”, les peines de prison et les amendes définies plus clairement et moins rigoureuses (pour ce qui sera de la répression des contrevenants) qu’actuellement. S’ils veulent continuer à punir ceux qui en trafiquent en grandes quantités, ma foi … rien ne s’y oppose !

Ce que je fume ne pollue pas ! Et votez Bovet !

Ecolos et paysans « main dans la main » ! (Dessin trouvé sur Internet, nom de son auteur hélas illisible).

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Je ne pense pas que la légalisation du cannabis soit un thème préoccupant pour José Bové, mais que l’usage du chanvre (et d’autres végétaux) comme sources de substitutions énergétiques est un sujet qui doit le toucher profondément. Mais là (supputation), je m’engage un peu en son nom, … aussi il faudrait que ce soit lui-même qui se prononce sur cette question ! De même pour la « petite guéguerre » qui oppose les écolos plus théoriques et les paysans plus concrets, celle-ci ayant pour effet de diviser deux mondes aux intérêts très proches ! Les gens des villes ont aujourd’hui besoins des paysans, et ceux-ci devraient en profiter pour retrouver la place qu’ils occupaient naguère dans l’économie du pays ! Mesdames - messieurs, je vous en supplie, unissez-vous en un seul parti !

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“Tu veux en fumer ... tu te débrouilles. Tu la fais pousser. Si t’en achètes ou t’en vends, tu “morfle”...”

Cette solution, bien que ne me satisfaisant pas entièrement, sera bien plus juste que celles adoptées dans le contexte actuel. Fumer ne vous mènera plus en prison, et notre pays restera conforme au texte de la convention internationale régissant les stupéfiants. Car en fait, dans la dite convention, tout ce qu’on nous demande, c’est de contrôler le cannabis (et autres substances définies) afin d’éviter leur expansion. Il n’y est nullement marqué qu’on doit en faire l’éradication. Notre pays, ainsi que quelques autres, ont donc fait du zèle pour ce qui est de l’interprétation des textes et de la répression mis en place. Car si le trafic et la vente sont réprimés et si la convention a pu faire une exception au niveau production pour certains pays coutumiers du Cannabis, elle pourrait en faire aussi d’autres pour les pays touchés chroniquement par ce phénomène et désireux d’adopter ce système. L’accent mis sur la répression du trafic, devrait satisfaire les prohibitionnistes. Cette hypothétique “pause” dans la répression des consommateurs devrait permettre à ces derniers, au moment ou ils sont plus de dix millions de personnes, de faire leur preuve en matière d’adaptation sociale. Personnellement, je ne suis pas emballé par cette manière un peu hypocrite de tenter de pactiser avec les prohibitionnistes pour obtenir d’eux des petites largesses. Rien n’empêchera un soudain retour en arrière et la reprise d’un épisode répressif. Rien ne pourra les effacer du pouvoir ou ils oeuvrent pour leur compte et non pas pour celui de tous. Je me suis formellement engagé dans un combat (jusqu’à aujourd’hui philosophique seulement) contre ces abrutis et ne déposerais les armes qu’après leur total capitulation. Il faut dire qu’ils font des dégâts dans bon nombre de domaines autres que le Cannabis et que leur règne de bêtise, destruction et terreur a fait long feu. Je pourrai peut être leur “pardonner” un jour, mais je ne pourrai jamais oublier toutes les humiliations vécues, les persécutions morales, les menottes devant tous mes voisins … Au sujet de scandale et de drogue : la Cour des comptes vient de régler les siens et affirme qu’une partie importante de l’argent de la lutte contre la drogue aurait été détournée dans des conditions multiples et assez bien définies. (T.F.1 journal Télévisé de 20H00, 22 février 1998). Depuis plus de nouvelle ... (affaire d’État ?). Comment se fait-il que personne ne « gueule » contre cela... ? D’une façon plus large, la Lutte contre les Drogues dans le monde (depuis 1962), plus précisément la “Guerre” comme la définisse les politiques et les médiats, avait déjà coûté en 1990, rien qu’aux États-Unis, 146,5 billions de dollars (146 500 milliards de dollars, couverture du n° de septembre 1990 de “High Time”, exposée et citée dans “Fumée clandestine, tome 1, page 271) Rappel pour ceux d’entre-vous qui n’ont pas l’habitude d’avoir de tels sommes sur leur compte en banque : 1 Billion = 1000 Milliards, 1 Billard = 1000 Billions. Donc, 146,5 billions de dollars représentent environ 131.4 billions d’Euros (dollar à 0.9 Euro texte écrit en 1998). Soit 861 billions 927milliards de Francs français. Pour nous, gens du peuple, ces chiffres n’ont plus de rapport avec la réalité qu’on connaît tellement les sommes mises en jeu sont importantes. Enfin, pour quelque chose d’inutile qui s’avère être une supercherie, ça fait quand même cher ! Ne pourrait on pas éradiquer la misère sur terre avec une telle somme ? Cette impressionnante somme d’argent semble être injectée en grande partie dans l’économie mondiale et locale, plus ou moins indirectement pour qu’elle ne s’effondre pas. Une petite partie, elle, étant directement appropriée par ceux qui sont censés la gérer ou l’utiliser. C’est ainsi que Reagan a aidé le financement discret d’une certaine guérilla. Quel est son montant aujourd’hui, 8 ans après, alors que la répression n’a cessé de s’amplifier années après années. Veut-on nous faire croire que tout cet argent sert à une bonne cause et est employé justement ?

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Sachez cependant que “High Time” à obtenus ce calcul de 146,5 Billions de dollars en cumulant tous les frais relatifs à la “guerre contre les drogues” (26,5 billions de dollars : coût des moyens techniques et militaires, salaires des Juges et policiers, frais de fonctionnement des différents ministères, coût de la détention, coût du soin du S.I.D.A. contracté par intraveineuse, etc. ...), certes, mais aussi du manque à gagner (argent “donné” aux trafiquants et aux mafias) par rapport à une situation ou les drogues seraient dépénalisées, estimée à elle seul à 120 Billions de dollars. En fait, c’est n’est pas le contribuable qui a payé entièrement cette somme (26,5 billions de dollars) cela représenterai la coquète somme de 110878,66 $ par américain. (U.S.A. = 239 millions d’âmes en 1990) ou une moyenne annuelle de 3959,95 $ par habitant de ce pays (4399,94 Euros ou 28 861.71 F). Ce qui parait ici absurde, non pas que les chiffres cités par High Time sont faux, mais assurément que le contribuable américain, dans son grand ensemble, ne peut financer seul un tel combat. Cet argent provient d’ailleurs, des taxes commerciales et industriel, de l’argent saisi aux dits trafiquant, d’un surplus fiscal des riches, des taxes internationale du commerce car il est vrai que les US gendarment le monde sur tout les plans … Il peut même provenir, comble des combles, de l’argent de la drogue même, car il est prouvé que les Etats-Unis et la D.E.A. ne daignent pas vendre un peut de drogue pour financer leurs sales coups (voir « A qui profite la Cocaïne », vidéo citée en bibliographie). Et après, il se régalent à vous affirmer que « le problème de la Drogue s’est encore amplifié et qu’il leur faut encore plus de moyens ». Et ce n’est pas d’aujourd’hui que date cette façon de faire … la C.I.A. a bien inondé les ghettos noirs d’héroïne pour casser la rébellion black qui menaçait de s’étendre (Black Panthers). Ce conflit n’est qu’une “chasse aux sorcières”, une chimère, un contre feu destiné à voiler la réalité. Détournée ou gaspillée en moyens policiers inutiles pour une lutte utopique, cette somme aurait pu et pourrait toujours, si les futurs fonds étaient utilisés à bon escient, permettre d’anéantir la misère sur terre, autre guerre bien plus nécessaire. Hélas, un billard de fois hélas, la famine dans le monde ne fait pas recette auprès des puissants de ce monde !

C) Approfondissement de tout ce qui vient d’être discuté dans ce 12ème point : Après une première approche, déjà laborieuse, vous êtes enfin à même de raisonner sur ce qui va suivre et de comprendre l’aberration de l’interdiction du Cannabis. Cela complétera aussi le début de cette 1ère partie, à savoir l’historique du Chanvre. Pour ce faire, je suis obligé ici de citer une partie de “Fumée Clandestine” tome deux (Le Chanvre serait-il le meilleur ami de l’homme : p 239 à 249). Désolé de devoir “vous piller”, monsieur J.P. Galland, mais c’est pour la bonne cause. “ C’est écrit dans tous les livres, le Chanvre existe depuis une éternité. Pour certains auteurs, il s’inscrit dans l’histoire. Si Napoléon envahis la Russie en 1812, c’est pour empêcher les Russes de fournir la Grande-Bretagne en Chanvre, matière première de sa marine et symbole de sa puissance, affirme Jack Herer, “l’inventeur” du mouvement Hemp aux États-Unis et auteur de “l’Empereur est nu”. Le Chanvre a t’il été la première plante cultivée, comme l’affirme Carl Sagan ? Les Scythes, migrant vers l’ouest, ont-ils introduit le Chanvre en Europe aux alentours de 1500 avant notre ère ? Les Romains, qui appréciaient l’ivresse procurée par l’Alcool, avaient du Chanvre, une approche pragmatique. Ils l’utilisaient pour fabriquer les voiles de leurs bateaux, mais aussi pour décorer les rues, les palais et les temples (tissus, tapisseries, tapis, rideaux ...) Les premiers documents sur papier fabriqués à partir d’étoffes en Chanvre (En dehors de la Chine) seraient des textes bouddhistes datant du premier siècle avant notre ère.

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Durant le Moyen-Âge, le Chanvre était considéré comme une plante de première nécessité. Pour ne prendre qu’un exemple, les caravelles de Christophe Colomb embarquaient chacune 80 tonnes de Chanvre sous forme de cordage et de voiles. En Europe comme en Orient ou en Afrique du Nord, le Chanvre a contribué à la survie (et à l’épanouissement) de l’homme. Les Australiens ont survécus au 19ème siècle à deux famines en se nourrissant presque exclusivement de graines et de feuilles de Chanvre. La Hollande et sa flotte de vaisseaux sont parties à la conquête du monde solidement appuyés par l’industrie chanvrière. Les cow-boys vêtus de (vêtements découpés dans de la) toile de Chanvre utilisaient l’huile de Chanvre pour s’éclairer. Sauvage ou en vente en Pharmacie, le Cannabis, sous forme d’extrait gras, soulageait nombre de maux. Le début de l’ère industriel marqua le déclin du Chanvre. Le travailler nécessitait une abondante main d’œuvre et l’industrie chanvrière était confrontée à des problèmes techniques, tels que séparer la pulpe des fibres. Ces difficultés ont favorisé l’essor de l’industrie pétrochimique. .. et aujourd’hui, nous avons tout oublié - ou presque des multiples ressources de cette plante. » (Aparté : L’apparition de nouvelles machines (vers sa période d’interdiction) et l’adaptation de ces dernières aux technologies d’aujourd’hui devraient favoriser un renouveau du Chanvre plus utile, moins coûteux et polluant que toutes les substances chimiques et pétrolières qui nous empoisonnent la vie).

L’ERE DE LA CONSPIRATION. Si le Chanvre est un aliment, un engrais, un médicament, un euphorisant, un carburant (dans les années 30, les tracteurs américains fonctionnaient avec un mélange de pétrole et de Chanvre), pourquoi n’a t’il pas été élevé au rang de roi des matières premières agricoles ? Parce que le Chanvre, justement à été victime d’un complot orchestré par “Big Brother” (les U.S.A.). “On était tout simplement en train d’évacuer le Chanvre du langage.” (Jack Herer, “L’empereur est nu” des éditions du Lézard, 1993). Cet auteur, après une minutieuse enquête, est formel : le Chanvre à été victime d’un complot mené par le magnat de l’industrie Du Pont de Nemours et le roi de la presse, William Randolphe Hearst ... Il est tellement sûr de lui, Jack, qu’il a promis 10 000 dollars à qui lui prouverait le contraire ! Le patron de Du Pont de Nemours entretenait des relations privilégiées avec Andrew Mellon, banquier de la firme et secrétaire d’État au trésor (américain) sous la présidence d’Herbert Hoover. Ce dernier propulse en 1931 à la tête du “Fédéral Bureau of Narcotics and Dangerous Drugs” son neveu, qui n’est autre que Harry Anslinger, l’artisan du “Marijuana Tax Act et le grand pourfendeur, avec Gabriel Nahas, du Cannabis lors des diverses conventions internationales. Et alors ? Juste avant l’adoption de la loi taxant le Chanvre, Du Pont de Nemours venait de mettre au point de nouveaux procédés pour fabriquer des matières plastiques à partir du pétrole, une nouvelle pâte à papier au bisulfite, et ses ingénieurs travaillaient à l’avènement du Nylon, fibre synthétique. Jack Herer, qui a fouillé dans les archives de Du Pont de Nemours et interrogé certains responsables affirme que, si le Chanvre était légal, 80% des activités polluantes de la firme cesserait. Un autre empire, celui de la presse de Hearst, a contribué largement à obscurcir le débat autour du Cannabis. Jack Herer soutient que l’invention de nouvelles machines facilitant la fabrication du papier à base de Chanvre vouait les exploiteurs forestiers, dont la Hearst Paper Manufactoring Division à la faillite (ou à la reconversion). Inventeur au début du siècle du “journalisme jaune” (expression qualifiant la presse à sensation au service de la politique), les journaux fabriqués et conçus par le groupe Hearst ont relaté des années durant toujours le même accident de voiture provoqué prétendument par un fumeur de Marijuana.

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Vexé que les aficionados de Pancho Villa aient brûlé plus de quatre cent milles hectares de forêt lui appartenant lors de la guerre hispano-américaine de 1898, Hearst ne cessa de dénigrer les Mexicains, présentés comme des fainéants et des fumeurs de Marijuana. Puis vint le tour des Nègres qui, avec le Jazz, une musique forcément satanique, ensorcelait les femmes blanches. Que se soit dans les journaux de l’empire Hearst ou dans les rapports de Harry Anslinger, fumer de la marijuana transformerait un noir docile en un nègre insolent et violent, car il ne fait pas qu’attirer la femme blanche, il abuse d’elle dans l’élan. Au bout de quelques années, à force de présenter la Marijuana sous un jour très défavorable, on en oublia que, derrière ce mot fortement péjoratif, se cachait aussi le Chanvre. Et le 14 avril 1937, Hetman Oliphant présente directement à la Commission des finances de la Chambre des Représentants son projet de loi sur la Marijuana. Cette manœuvre permettant de réduire le débat à son strict minimum, on envoya paître les rares producteurs de Chanvre qui, flairant le piège, osèrent se plaindre. Quant au représentant de l’A.M.A. (American Medical Association) découvrant sur le tas que Cannabis et Chanvre étaient synonymes de Marijuana, il accusa Anslinger et sa bande de conspirer dans l’ombre. Et en septembre 1937, la M.T.A., signant la mort du Chanvre et de plusieurs milliers de petits paysans, entra en vigueur. “On fonda du coup une police fédérale chargée de gâcher la vie de milliers d’individus en les laissant croupir pendant des années en prison, et parfois de la leur enlever, en les amenant jusqu’à la chaise électrique, dans le seul but de sauvegarder des industries empoisonneuses et polluantes, et de consolider la politique de haine raciale entretenue par une poignée d’hommes blancs”. (Nota : les annotations ou parties de texte non en italique sont de moi et sont destinées à éclairer la compréhension du lecteur). Ce texte se passe de commentaire. On peut cependant compléter le sujet en précisant que le “règne du mensonge” d’Anslinger a duré plus de trente ans, il fallut attendre que J.F. Kennedy arrive au pouvoir pour qu’il soit “remercié” et expulsé de son rôle politique. On peut s’interroger alors sur les réelles raisons qui ont poussé Kennedy à virer Anslinger. J.F.K. aurait-il goûté aux joints pendant ses années d’université et/ou aurait-il eu une pensée plus tolérante envers le Chanvre. Aurait-il compris que le Chanvre représentait l’avenir et qu’il pourrait se substituer aux industries polluantes qui font la force du principe capitaliste d’aujourd’hui. “Jeter” Anslinger, c’était s’opposer à ceux qui avaient mis des années à placer leurs “hommes-pions” à des postes clefs, c’était vouloir détruire ceux qui avaient fait évoluer la politique et l’économie mondiale dans le sens de leur unique profit et du pouvoir. Peut être que cette décision a été “la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, car notons que J.F.K. s’est fait “butter” juste après l’évincement d’Anslinger. Respectons, dans notre raisonnement, le vieil adage policier : “ Regardons à qui le crime profite...” et nous devrions logiquement découvrir les assassins de Kennedy : C.I.A. et F.N.B. (aujourd’hui D.E.A.), mafia et groupes occultes sont les principaux “montrés du doigt”. Aujourd’hui, on sait que c’est Johnson qui est derrière l’assassinat de JFK. Il voulait « être le Kalif à la place du Kalif », mais derrière Johnson, il y avait qui ? : le système Hoover ! Herbert Hoover, l’ancien président, est mort en 1964, son frère John Edgar à régné sur le FBI de 1924 jusqu’en 1972… et oui, c’est cela la démocratie à l’américaine : des hommes de pouvoir indéboulonnables ! Preuve que ce qui se passe aujourd’hui n’a pas changé et que les maîtres du monde sont toujours les mêmes ou leurs descendants, la firme Dupont de Nemours existe toujours et William Randolphe Hearst est toujours vivant ce mercredi 25/02/98, moment ou j’écris ces lignes.

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À l’intention de ceux qui ne croient pas au principe de complot industriel et/ou qui pensent que les arguments développés jusqu’alors sont le fruit du raisonnement de cerveaux malades (parano. ou mythomanes), je cite un autre exemple de la réalité de tels faits (article du Dauphiné Libéré du 24 / 09 / 99, dernière page) :

“Toronto : Cinq compagnies Pharmaceutiques internationales reconnues coupables, mercredi (22 / 09), de complot, devront payer des amendes totalisant 88,4 millions de $ canadien. Les amendes ont étés imposées pour dissuader les responsables d’un complot international sur la répartition des parts de marché et la fixation des prix des vitamines. Une enquête est en cours pour démanteler le “Cartel des Vitamines”. Les compagnies BASF, Rhône Poulenc, Eisaï et Daiichi Pharmaceutical, ont toutes plaidé coupable à au moins un des chefs d’accusation”.

Qu’on arrête alors de nous traiter de parano lorsqu’on parle de complot. Comment nommer le genre d’individus qui continuent à nier l’évidence lorsque toutes les preuves sont indéniablement exhibées sous leur nez ? Je vous laisse méditer sur cette question.

13) RÉFLEXION : Il a été bon de résumer le problème Cannabis vu à travers au moins 40 siècles de connaissances sur le sujet. Même l’abus de consommation semble être peu dangereux pour l'Homme. Pour preuve le fait que ce dernier utilise cette plante depuis plusieurs milliers d’années. Cette constatation démonte le principal argument de Nahas (base de l’interdit officiel français) qui voit dans le Chanvre un potentiel de dégénérescence génétique du genre humain. Si tel est le cas, nous sommes déjà tous débiles, lui avec. “Le Cannabis : un produit très dangereux pour les individus, car dans la plupart des pays il mène tout droit en prison”. Une variante de cette « plaisanterie » consiste à affirmer que le Cannabis est néfaste pour la Santé (prison de la ...) car elle est actuellement surpeuplée de gens s’y adonnant. La répression aveugle active a été bien plus dangereuse que la plante elle-même, et n'a pas donné à notre époque contemporaine, les résultats escomptés. Au contraire, elle favorise l’expansion et l’enrichissement de la pègre, la corruption des élus et fonctionnaires et la misère des gens de l’herbe. Cette remarque peut tout aussi bien correspondre au monde des drogues dures. L’importance des sommes d’argent en mouvement fait tourner la “tête” aux représentants de l’État (corruption) : une partie de cet argent finance le trafic d’armes (clandestin comme légal), une autre, les partis politiques (caisses noires), une troisième finance la vie privée des membres de la dite pègre. Cela favorise surtout la misère et la persécution du monde des “drogués”, et le remplissage des prisons (où on les fait déjà travailler pour vraiment pas chère) autant que celui des caisses de l’Etat. Parallèlement, cette interdiction nous impose un monde moderne où les bénéfices ne sont réalisés qu’en termes de destruction, pollutions et généralisation de misères en tout genre. On trouve cependant du Cannabis dans toutes les grandes et moyennes villes du monde, et, en dépit de son interdiction généralisée, cette substance vit son âge d'or au point de vue répartition commerciale. Une législation

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plus souple est à envisager pour atteindre une certaine banalisation du produit qui, à la longue, accompagnée d'une bonne prévention, contiendra le problème du Cannabisme à un niveau moindre que celui posé par l'Alcoolisme. Actuellement, les deux points de vue (répression intensifiée ou assouplissement de la législation) sont en conflit. Au moment ou ces lignes sont écrites, la volonté d’Europe unifiée se profile à l'horizon et le problème se pose au niveau politique ; la France s’isole avec sa politique du “tout répressif”. Les autres pays européens adoptent des lois plus ou moins tolérantes. Lequel de ces deux points de vue va l'emporter en cas d'unification? Pour jadis Chirac, comme pour son héritier politique, l'Europe, c'est d'abord la France ... et le point de vue (intérêts) français; ce qui n'est, avouons le, pas très démocratique. Cette question pourrait même déboucher, à terme, sur la division de la dite Europe unifiée. L'ouverture des frontières, entre pays de la Communauté Européenne pose un sacré problème (un de plus). Car l'avenir, pour les trafiquants, semble être promis aux drogues illégales produites sur place (culture) ou de synthèse (Delta 9 .T.H.C.). Comment lutter efficacement dans ce cas? Va t’on faire passer des lois qui permettront de fouiller toutes les personnes, toutes les maisons... Le peuple cautionnera t’il une législation qui rappelle sur certains points l’époque du régime de Vichy. Autant de questions qui me font penser qu'une certaine dépénalisation (mais avec autoproduction et vente de dérivés Cannabiques médicaux) serait utile : elle permettrait, en achetant librement du Cannabis, de lutter efficacement contre le trafic et la pègre. Voir même pire pour ces derniers, le trafic ne serait plus rentable, donc abandonné. Une forme, peut être plus habile à convaincre les hostiles, consisterait à interdire la vente mais à favoriser ”l’autoproduction” d’un certain nombre de pieds, et autoriser le transfère de doses “raisonnables” pour un usage privé. Par contre, les pays producteurs actuels (Maroc, Mexique, Liban, Afghanistan, ...etc.), qui semblent avoir du mal à remplacer la monoculture du Cannabis par d'autres cultures bien moins rentables (comme le maïs, l'orge ou le blé), pourraient alors continuer à produire (support économique) pour approvisionner un marché devenu légal. La levée du tabou et du “voile d’occultisme” pourrait susciter en eux le besoin d’en faire autre chose que de la “drogue”. Les pays dits tempérés pourraient alors se lancer dans la culture du “Chanvre à fibres” pour relancer toute une industrie non polluante couvrant des besoins modernes et remplaçant les moyens destructeurs actuels en matière d’écologie. Rappels : fabrication de papiers (en réponse à la destruction des forêts), d’isolants thermiques (à la place de la laine de verre cancérigène et coûteuse en énergie), de cordages et textiles (à la place du Nylon non biodégradable, et du coton dont la culture est très polluante, par exemple), carburants plus écologiques (bio-fuel et bio-diesel remplacent fuel et gas-oil), remplacement de la plupart des plastiques (bio-plastiques biodégradables), remplacement de l’amiante (très cancérigène) ... Pour finir, si un pays se mettait à dépénaliser les dérivés cannabiques avec vente autorisée ou légalisée, il aurait intérêt de se faire immédiatement suivre par plusieurs autres qui feraient de même, tout en étant unis sur la fermeté de s’en tenir à leur décision. Cette façon de procéder provoquerait un tel “merdier” au sein de l’O.N.U. que cela l’obligerait, au nom du maintient de son unité et pour éviter une crise grave, de remettre en question l’interdiction généralisée du Cannabis. Sinon, comme nous l’avons vu dans les points 7 et 8 précédents, dans le maintient du cadre des lois internationales actuelles en matière de stupéfiants, on ne pourra jamais légaliser ou dépénaliser intelligemment notre plante persécutée. Cette réflexion laisse entrevoir un avenir bien agité et bien sombre ... alors que nous autres, fumeurs de joints, aspirons par principe au calme et à la paix. Autre possibilité d’agir moins polémique: demander et obtenir une clause française d’autorisation d’autoproduction dans le cadre d’une consommation privée à l’instar d’exceptions déjà existantes envers des pays

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traditionnellement consommateurs depuis longtemps. Considérons que la France est “traditionnellement” consommatrice depuis une quarantaine d’année et que ce sera suffisant. La vie est parfois ironique : nous les “non-violents”, les persécutés, les “assassins”, les “pourrisseurs de jeunesse”, nous les “moins-que-rien”, “marginaux”, “fainéants”, “crasseux”, “mal peignés”, nous les fumeurs de joints victimes d’une erreur judiciaire ou plutôt d’un complot, nous les nouveaux martyres du troisième millénaire : c’est à nous qu’il revient de se relever des coups qui nous ont été assénés, de se regrouper et de s’unir dans le combat de cette “bizarre de guerre” où on n’envoie plus de soldats se faire tuer, mais où on vous détruit socialement, économiquement et moralement.` C’est à nous de refuser toute la « connerie ambiante obligatoire » sur laquelle la plante nous a ouvert les yeux, c’est à nous d’orchestrer la RÉVOLUTION BIO qui verra l’avènement d’un monde plus juste, plus humain et plus écologique ... notre Cannabis nous en donne l’occasion, nous sommes les seuls qui en avons les moyens (idéologiques, moraux et matériels). Comprenons bien que seul le Cannabis offre la possibilité de changer nos modes de vie et notre économie radicalement, de réparer une grande partie de la pollution de ces deux derniers siècles, de s’habiller, de se nourrir (nourriture - alimentation complémentaire), de se chauffer, d’avoir un toit, d’avoir une monnaie d’échange, de se soigner, de donner beaucoup de travail, de faire revivre les campagnes, cerise sur le gâteau, de nous apporter de l’énergie non polluante Aucun parti politique, aucune idéologie autre que cette pensée écologique ne peut se vanter d’en proposer autant. Dieu, aide-nous pour que cette révolution se passe sans violence; mais je préférerais mourir pour ma cause et le salut du monde (ainsi que de mon âme) plutôt que de crever d’être complice de la destruction actuelle de ma planète uniquement pour le profit de certains. Si cela continue ainsi, nous sommes tous morts d’avance de toutes façons ... Qui a dit que le monde n’avait plus de but, plus d’idéal ... ; en voilà un qui vous est servi tout chaud sur un plateau.

14) JUSTIFICATION : Notre monde en péril : Comme Jack Herer et Chris Conrad, j’affirme que le Chanvre “peut sauver le Monde”. Ce n’est pas tout de le dire, quand on avance une telle affirmation, il faut en démontrer la véracité mais aussi le besoin. Tous les spécialistes mondiaux s’accordent aujourd’hui à reconnaître que notre mode de vie et de consommation, mais aussi nos pollutions, dérèglent fortement l’équilibre naturel et la météorologie mondiale. Ces phénomènes ont induit ce que l’on résume sous l’appellation de ”réchauffement de la planète” ou “effet de serre”, directement liés à l’augmentation du taux de CO2 dans l’air (principal acteur) mais aussi de C0, N2, N0, et dérivés. Et ceci pour parler des asphyxiants naturels sans compter les toxiques chimiques, radioactifs et autres métaux lourds que nous rejetons conjointement. Nous savons que les forêts sont à la fois un “poumon” et un “filtre” de notre planète et qu’avant les débuts de l’activité industrielle humaine, cette biomasse était garante de l’équilibre de l’état de l’atmosphère terrestre. Aujourd'hui, 5000 m2 de la forêt mondiale disparaît par seconde (moyenne calculée pour l'année 2001). Plus de 150 multinationales se partagent le marché planétaire du bois. A cause d'elles, des prospections minières et pétrolières sauvages et de l'expansion des villes qui y résident, on estime que plus de 40% des forêts tropicales auront disparues de la surface du globe d'ici 10 à 20 ans. Le saccage est immense et amplifié encore par les coupes illicites. Dans la forêt indonésienne, plus de 70% du bois coupé l'est illégalement.

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Comprenons alors, que la survenue de feux de forêts (d'origines criminelles la plupart du temps) vient mettre en péril ce qui reste. La météo, rendue capricieuse par le phénomène d'Effet de Serre, nous joue des "drôles de tours" : sous l'effet d'une sécheresse sans précédent connu, la forêt indonésienne, pourtant sensée être tropicale (donc humide), à brûlée sur une surface énorme. L'incendie, ses fumées et son étendu étaient visibles de l'espace. Dans une autre mesure, les océans jouent un rôle important dans la fixation du carbone gazeux d’origine atmosphérique. C’est la vie qui y réside qui absorbe ce carbone (plancton, végétaux, crustacés, …, coquillages et surtout coraux), mais comme elle est en train d’y disparaître ... C’est dans le domaine marin que nous perdons le plus, car c’est le milieu planétaire le plus riche en molécules médicamenteuses complexes. “Une fois n’est pas coutume” mais en matière d’écologie, la France est leader en recherches bio-moléculaire océanique. Depuis plus de 10 ans, l’O.R.S.T.O.M. effectue des recherches moléculaires en milieu marin. D’après eux, l’océan est vecteur de substances plus actives et probablement moins chères à transformer ou à extraire. Seulement voilà, peines perdues : comme l’équilibre gazeux de l’atmosphère se modifie trop vite, cela perturbe par la même climat, météo, et courants marins. Nombres d’espèces aquatiques ne pouvant se déplacer et n’ayant pas le temps de s’adapter vont dépérir, voir même s’éteindre carrément. Je veux signifier par-là que les phénomènes marins de nécrose des milieux et des espèces s’accéléreront et se propageront de par le fait que le déséquilibre naturel s’accentuera de lui-même. Considérons qu’en plus, dans un équilibre naturel donné, la perte d’un élément de la chaîne biologique peut entraîner aussi la perte d’un ou plusieurs autre(s) élément(s) dépendant de façon vitale du premier. C’est le cas des algues toxiques qui, se développant à outrance, étouffent la végétation autochtone faisant fuir ou crever les poissons et crustacés ”alguivores”. Cela perturbe la chaîne des carnassiers qui ont, de plus à souffrir que l’algue en question « dévore » l’oxygène de l’eau. Et petit à petit, les seuls éléments vivant restants se résument à la présence du végétal toxique seul. N’y a t’il pas en Méditerranée un tel “végétal” qui est en train de nous faire progressivement ce “coup là” ? Si ? De plus l’océan est le régulateur thermique des surfaces émergées et de leur atmosphère proche. Certains des courants réchauffent les côtes (exemple : le “Gulf Stream” qui explique que la France est un pays tempéré au regard du Québec dont la longitude correspond pourtant à celle de la ligne Bordeaux - Grenoble). Dans un premier temps, l’effet de serre ne réchauffera pas d’avantage les côtes marines française, de même, n’amplifiera pas ces courants, bien au contraire. Il fera fondre la glace des pôles et cet ajout d’eau douce “flottera” en surface des océans. Des scientifiques ont prouvé (ref. Brice Lalonde) que des courants importants comme le “Gulf Stream” s’interrompaient sous l’effet d’une grande quantité d’eau douce lorsque celle-ci recouvre l’eau océane (exemple : embouchure du fleuve St Laurent).

Interprétation de ces données : Il est difficile aujourd’hui de prévoir précisément ce qui résultera d’un tel bouleversement de notre écologie. La tendance ira, certes, vers un réchauffement général mais qui pourrait engendrer aussi, forme de paradoxe inattendu, des refroidissements locaux sous forme soit de descente de masse d’air polaire, soit d’élévation de l’hygrométrie dans des zones géographiques aujourd’hui sèches ou désertiques. Puisqu’il s’agit d’un déséquilibre, puisque certaines zones s’avéreront plus humides, on peut s’attendre que d’autres deviendront plus sèches !

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A) Scénario catastrophe : Ce phénomène pourrait aussi se passer : des régions sèches ou tempérées seraient noyées sous les précipitations, les sols s'érodant (la couche de sols fertiles se retrouvant dans la mer, évacuée par les torrents, les rivières et les fleuves), la végétation, inadaptée au phénomène, dépérissant (moisissures et dépérissement par malnutrition). C'est déjà le cas au Chili ou "El Niño" a provoqué des pluies tropicales torrentielles qui ont causes de tels ravages. Le cycle écologique est quelque chose de très fragile et subtile. C'est une chaîne ou chaque maillon, en interaction avec les autres, impose un équilibre. Qu'un de ces maillons vienne à disparaître, et c'est la chaîne dans son entier qui en est perturbée. Les eaux boueuses et déchaînées tuent les poissons d'eau douce ou les rejettent à la mer. Les pluies excessives empêchent les récoltes, El Niño, en remontant le long des côtes Sud-Américaines (en direction du Pôle Sud) apporte de l'eau trop chaude qui perturbe, de plus, la faune et la flore côtière locale. Les poissons côtiers et du large migrent vers des latitudes ou l'eau est plus froide. Les oiseaux les suivent ou ceux qui restent meurent de faim. Les hommes ne peuvent plus pratiquer la pêche. Sur terre, le bétail souffre tout particulièrement de la situation. Les animaux sauvages ne sont pas en reste. Quand ce n'est pas la faim, ce sont les inondations, les conditions de terrains trop boueux qui tuent. Avec un tel seuil de cadavres, les maladies apparaissent. Toute la zone considérée devient alors un "désert écologique" et l'humain qui y réside connaît la faim, le dénuement et la souffrance.

B) Un des “scénarios” des plus plausibles est le suivant : Drôle de réchauffement ! La Bretagne et le nord de la France devraient plutôt connaître le climat du Québec, donc un refroidissement spectaculaire. Toute la biomasse en sera perturbée et les Bretons devront apprendre à couper du bois pour pallier à des hivers rigoureux. Dans le sud de notre pays, par contre, l’été sera plus chaud qu’actuellement, mais le gel devrait y être plus fréquent qu’aujourd’hui en hivers (climat continental accentué). Brice Lalonde précise que le mot tempéré devra être rayé de nos livres scolaires de géographie. En règle générale, le climat sera plus sec, le hêtre et certaines essences végétales devraient remonter de 400 Km plus au nord et, plus au sud, seront remplacés progressivement par une flore plus méditerranéenne. Entre ces deux moments, le sol se désertifiera et nu qu’il sera, perdra ses éléments nutritifs sous l’action de pluies rares mais diluviennes. L’herbe pâtira de la sécheresse menaçant l’élevage intensif des régions alpines, régions qui ne verront plus guère de neiges et fermeront progressivement leurs stations de ski. Les incendies menaceront tout le sud de la France devenu desséché, les lacs et cours d’eau verront la chaleur estivale réagir avec les nitrates en excès pour provoquer une explosion démographique des algues. Dans un cadre plus mondial, modifier la température de tout ceci (atmosphère/océans) de quelques degrés seulement reviendra inexorablement à bouleverser tout un équilibre climatique à l’échelle planétaire. Les répercutions d’un tel désastre sont dès aujourd’hui constatables, par exemple (rappel), dans les pays d’Amérique (nord et sud) victimes du courant “El Nino” et en Indonésie ou le feu et la sécheresse anormale et persistante ont détruit une grande partie d’une forêt tropicale sensée être en permanence humide. Dans un avenir proche, des mini-ouragans pourraient naître en Méditerranée et s’abattre régulièrement sur les côtes de cette dernière. Des ouragans et cyclones plus violents et plus fréquents ravageront les zones tropicales. En 2006, pour la première fois, le nombre d’ouragans fut tel qu’on cessa d’appeler ces derniers par des prénoms, mais par des codes chiffrés. Les masses d’air chaudes remonteront plus vers les pôles sous forme de “vagues chaudes” aidant par la même des descentes d’air froid dans des régions non habituées à ces températures. L’amplitude et l’alternance de ces masses décideront d’une nouvelle météorologie mondiale.

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Ce n’est pas tellement la différence de température qui perturbera la météorologie localement, mais les dépressions qui émergeront là où les deux masses d’air se rencontreront.

Zone froide Zone de dépression

A

Zone chaude

Situation schématique classique de notre météo européenne.

Zone froide

Zone de dépression

A

Zone chaude

Situation schématique avec une plus large amplitude (exemple).

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Le pic d’amplitude des courbes descend plus au sud, l’Anticyclone des Açores se décale plus à l’ouest, la zone de pluie fluctue de la France aux Balkans. Inversement, si cet anticyclone se bloque sur l’Europe, c’est la sécheresse dans toute cette zone (schémas et raisonnement simplifié ici à l’extrême). Ainsi, certaines régions recevront régulièrement de fortes pluies (ravinement des sols, inondations répétées, destruction de récoltes) et d’autres, des sécheresses assez longues. Lorsqu’un anticyclone puissant bloque le défilement des masses d’air, il en résulte soit une longue période de pluies pour la surface de sol correspondante celle contournant l’anticyclone, soit une grande chaleur et une sécheresse exceptionnelle pour celle situées au coeur de l’anticyclone. C’est la situation que la France a connue en 2003. Évidement, sécheresse, famines; autres catastrophes naturelles et maladies seront le lot quotidien d’un tel brutal changement auquel il faudra rajouter les guerres logiquement envisageables (à cause des économies ruinées) qui accentueront encore notre déséquilibre terrestre. Il n'est pas question ici de faire du prosélytisme religieux, mais reconnaissons cependant que la Bible nous prévenait de tout ceci : les quatre Cavaliers de l'Apocalypse ne sont ni plus, ni moins, qu'une métaphore représentant chacun un des dérèglements naturels dont nous venons de prendre conscience. C'est à dire, une sorte de message du genre : si vous déréglez l'œuvre de Dieu (entendez par-là, la nature, si vous êtes athée), voilà ce qui vous attend ! A noter que nous ignorons tout du niveau d’amplitude que peut atteindre ces courbes schématisant les masses d’airs : rien ne s’oppose au fait qu’elles pourraient descendre jusqu’à l’équateur. C) Espoirs : Tout au long de la première partie de ce livre, nous avons pu comprendre le rôle important que pourrait jouer le Chanvre développé à grande échelle pour lutter contre ces phénomènes, mais aussi celui tout autant indispensable d’un mode de vie écologique basé sur la culture de toutes les plantes utiles se substituant aux énergies fossiles et au chimique. Les forêts pourraient se redévelopper en paix, d’autant plus rapidement que l’on leur donnerait un “coup de pouce” en replantant judicieusement des arbres. Les océans ne seraient plus les poubelles d’aujourd’hui, la vie s’y reconstituerait. Ils reprendraient alors leur rôle d’absorbeur carbonique et de régulateur thermique progressivement comme antan. La surface agricole redéveloppée à grande échelle aiderait les forêts convalescentes à absorber les gaz asphyxiants (naturels) en excès. En théorie, les gaz polluants émis seront présents dans l’atmosphère pour au moins un siècle si on considère le volume de biomasse mondial restant et de la continuité de cette pollution. Dans l’hypothèse d’un renouveau écologique concerté à grande échelle, on peut espérer réduire ce délai à 25 - 30 ans.

Photographie du Glacier d’Argentière en 1896 :

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A cette époque, le glacier descendait bien en dessous de l'église que l'on distingue en bas, à droite, sur la photo.

Même prise de vue à notre époque. Notez comme le glacier a reculé tout en haut de la montagne (tâche blanche en haut à gauche) Légende : Photographies “tirées” d’un reportage (S.O.S., Terre en danger) sur le thème du réchauffement de la planète, de ses dangers et de ses effets immédiats et à venir de Jean-Pierre BIOT (écrits) et d’Hubert FANTHOMME (photos). Ce reportage à été publié dans “Paris-Match”, suivit d’une analyse intéressante de Brice Lalonde sur le même sujet. (Notez : Pour la réalisation de ce point, je me suis fortement inspiré du même article). Observez bien la date de la prise de vue du glacier avant son recul : 1896. En 1930, ce glacier avait déjà bien amorcé ce dernier mais il s’est amplifié ces 50 dernières années. De ces photos, comme de bien d’autres, on en déduit que le phénomène de fonte des glaces est antérieur au grand “boom” de l’automobile et qu’il faut donc chercher ailleurs les causes du début de ce réchauffement (responsable : le charbon comme chauffage et principale source d’énergie industrielle du XVIIème au début du XXème siècle). Ce qui conforte la théorie (qui n’en est plus une) de l’impact direct de l’activité humaine dans ce phénomène planétaire ! Autre preuve de ce réchauffement mondial, s’il en faut, le positionnement actuel des blockhaus allemands de la dernière guerre mondiale. Situés loin du bord de mer sur les photographies de cette époque, ils ont pratiquement « les pieds dans l’eau » aujourd’hui. Seul la fonte des glaces alpines, autres ou polaires explique cette montée des eaux. Là aussi, cela prouve que ce phénomène c’est amplifié ces 50 dernières années. Ce sont les industriels mondiaux que je montre du doigt pour les sources d’énergies imposées et leurs usines qui polluent pire que l’automobile. Le chauffage au bois (arbres non replantés) et au charbon tout au long des 3 derniers siècles ont aussi largement contribué à la saturation de l’atmosphère en carbone et souffre. Le pétrole a, depuis, pris la relève avec une cadence de pollution encore plus élevée. C.Q.F.D., l’usage intensif des énergies fossiles est en train de causer notre perte; il faut modifier impérativement notre économie, quoi qu’il nous en coûte, c’est une histoire de survie. C’est une blague de fou, nous avons joué avec des forces qu’il ne fallait pas toucher. La grande question que l’on peut vous poser est la suivante : “laisserez vous aggraver cette catastrophe uniquement pour arranger les profits de certains états et de certains industriels, alors que l’on connaît maintenant les moyens de l’éviter ....”.

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15) CONCLUSION : Dieu, la nature et leur respect n’ont cessé d’être le plus possible présents lorsque j’écrivais ces lignes, mais d’une, je n’ai pas la prétention de vouloir faire croire que je suis un Saint et de deux, je n’ai pas envie de prendre ici la tête à ceux d’entre vous qui sont athées. Ce qui va suivre en terme religieux, vous pouvez tout aussi bien l’interpréter en terme scientifique : c’est la même chose, pas les mêmes mots certes, mais la même substance. Je suis croyant, mais pas sectaire ! Têtu, plus certainement car cela fait dix-sept années que je “sème” dans le sens du Chanvre et de ce qu’il peut nous rapporter. Auparavant, je faisait plutôt parti des inconditionnels de la prohibition. Il faut dire que je fus aussi une victime des théories de Nahas enseignées à l’école où il était question de désintégration cérébrales … Ma théorie : "Si j'ai pu changer ma perception du problème chanvre, alors les autres le peuvent aussi". Pour moi, ce végétal m’a déjà tout donné : il m’a appris la patience, l’obstination dans le bon sens, l’humilité, la foi en Dieu et le respect de sa création, l’instruction aussi car il y a fallu que je lise et médite beaucoup pour écrire cet ouvrage, ...et “j’en passe encore” par manque de place ici. Je m’appuis sur la bible car, comme d’autres livres du même genre, c’est un recueil de bon sens et ceux qui l’ont écrit ont aussi beaucoup médité ! Aussi, par ce que ceux qui sont au pouvoir, dans les pays industrialisé, se déclarent pour la plupart être croyants et qu’il est temps de leur faire un peu la leçon de morale religieuse ! Mais le Chanvre n’est pas la seule plante utile à un monde écologique, c’est d’un tout dont je parle : Dieu nous dit dans la Bible qu’il existe sur terre tout ce qui est nécessaire à l’homme pour répondre à ses besoins. En outre, il nous donne l'ordre de dompter la terre, le ciel et les eaux, pas de les détruire. Dompter la nature, cela ne se fera que si l'on compose avec elle, dans ce cas, elle se laissera faire; sinon elle se retournera contre nous. Les effets bénéfiques ne se feront pas sentir tout de suite car nous assistons à une sorte de “bras de fer” entre les deux modes de pensée. C’est d’abord dans l’esprit des gens que ce changement doit opérer. Ils doivent prendre conscience de ce qui est préférable pour eux-mêmes et leur descendance. Pour cela, l’Homo “Sapiens-Sapiens” doit comprendre qu’il peut faire autrement qu’avec ce qui lui est imposé actuellement. Brisant ses chaînes morales, il accédera alors à l’état d’Homo “Naturus” et réclamera l’emploi de nourritures, produits, énergies et techniques sains. L’effet “Boule de neige” suivra et le plus surprenant, c’est que changement ne coûtera pas trop en termes pécuniaires, de modification d’habitudes, de vie et de technologies. En exemple de ce que j’affirme : - Aujourd’hui, les gens jettent et gaspillent sans se soucier de leurs gestes : “polluer” deviendra utile et moral car tout sera fabriqué en matière biodégradables (pour les solides/liquides) ou réassimilables (pour les gaz émis). Le simple geste de jeter un papier ou un plastique par terre apportera sa contribution à l’entretien nutritif du sol. Après, ce ne seront plus que des questions de point de vue d’ordres esthétiques ou pratiques qui pourront être pris en compte pour l’interdiction ou la réglementation d’un tel acte. Le syndrome de “mal faire,” qu’on impose économiquement actuellement aux consommateurs, disparaîtra de la tête des concernés.

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- Aujourd’hui, les industriels fabriquent de la mort : nos vrais pollueurs deviendront alors nos bienfaiteurs; en effet, je ne demande pas aux industries lourdes du pétrole de disparaître, mais d’arrêter de nous empoisonner et de fabriquer du “propre”, du bio. De plus, ce sera pour eux bien moins compliqué et coûteux que de transformer le pétrole en énergie domestique comme actuellement. “La cerise sur le gâteau” : ces compagnies pétrolières n’auront même pas à changer leurs matériels et leur organisation en matière de stockage, transport et de distribution de ces nouveaux carburants. Ce serait bien là, la Révolution la plus pacifique, la moins coûteuse et la moins dérangeante de l’histoire de l’humanité en sus d’être la seule à pouvoir être réaliste et efficace en terme d’écologie, d’économie et de politique. Aujourd’hui ce changement semble possible : les industries techniques (exemples : fabricants de voitures, d’engins agricoles, appareillage de chauffage, ... aux carburants liquides) n’auront donc pas, ou peu, à modifier leurs technologies. Les moteurs diesels tourneront sans modifications avec l’huile de chanvre, les moteurs essence brûleront du méthane après une petite adaptation technique. Débroussailleuses, tronçonneuses, voitures, ..., tous les moteurs atmosphériques sont concernés. L’huile de lubrification des moteurs pourra aussi être d’origine végétale et biodégradable grâce au tournesol, par exemple.

Pour le commun des mortels, rien ne changera dans ses habitudes de vie : il aura toujours sa voiture dotée des mêmes performances, toujours des emballages plastiques et des lessives à vider aux égouts, on devra toujours faire les vidanges de nos moteurs, mais tout ceci se fera en bonne conscience puisque biodégradable. Par contre, sur d’autres plans, beaucoup d’autres choses vont changer pour lui : - conditions de vie meilleures, - moins de pollution, - temps libre augmenté de même que l’espérance de vie, - alimentation meilleure donc santé meilleure, - du travail pour tous donc payement assuré des caisses de retraites et des cotisations maladies, - le chimique qui ne sera plus à la mode laissera place au naturel (dans la mesure du possible), - habitats plus sains, - médecine douce et préventive quand cela est possible, - baisse générale des coûts de soins, - et surtout on notera l’apparition de nouveaux droits plus égalitaires.

Un autre grand changement, c’est que tous les pays du Tiers-Monde actuel auront autant de chance que nous pour couvrir l’essentiel de leurs propres besoins énergétiques, et ainsi d’augmenter de beaucoup leur niveau de vie. Cela aura pour effet de stabiliser la politique mondiale et de faire naître une aire nouvelle de paix et de prospérité, image dénoncée utopique jusqu’à aujourd’hui. A notre époque, le “must” en matière d’utopie est justement la persécution absurde de cette plante. Cela me fait penser à une “petite phrase” de Robert Hue destiné à “taquiner” les responsables des verts, qui signifiait en substance: “l’abandon du nucléaire reviendrait à régresser à l’ère de la lampe à pétrole”. Désolé, monsieur Hue, la lampe ne brûlera pas du pétrole, mais de l’huile de graines de Chanvre, ce qui est bien plus naturel que toutes les sources d’énergie que vous défendez en sus d’être un réel progrès.

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Nous risquons tous avoir à combattre l’idée reçue qu’il faut absolument dominer et affamer les pays du TiersMonde pour que nous puissions survivre ici. C’est le point de vue qui prédomine chez nos dirigeants exécutifs et nos industriels, protecteurs du capitalisme à outrance imposé. Refusons d’être complice de ce raisonnement perfide et luttons tous, à notre niveau, pour transformer la “guerre contre les drogues” en “guerre à tout ce qui nuit au genre humain, à sa liberté, à son épanouissement personnel au sein d’une nature préservée et généreuse”.

Je vous remercie d’avoir eu la patience de lire ce texte jusqu’ici et vous souhaite à tous d’être inspirés par mes propos ! JLB

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Extrémité apicale d'une plante mâle fleurie de Cannabis Sativa, la figure représente, en haut à droite une fleur mâle, et en dessous, une fleur femelle, les deux agrandies. (Dessin U. TOSCO)

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16) La prohibition et les prohibitionnistes : 100 ans de répressions désastreuses.

Je place ici cette partie car il était nécessaire, pour votre compréhension, d’aborder au préalable toutes les informations que vous avez parcourus jusqu’ici. Je vais maintenant tailler en pièce le raisonnement prohibitif car leurs “chant aux sirènes” n’auront plus envers vous l’effet ensorceleur qu’ils auraient produit sur votre personne novice en connaissances cannabiques. “Fumée clandestine” (tome 1) développe un long exposé sur la prohibition et ses origines. A.S.U.D. Journal en dresse un intéressant bilan page 6 et 7 de son n° 14 souvent cité dans ce tome 1. Nous n’en tracerons ici qu’un maigre résumé adapté à notre interprétation. Pour tous besoins d’approfondissement sur la question, prière de consulter cet ouvrage.

A) Le progrès avance, toujours fruit de la quête d’une bonne cause, mais ayant souvent pour résultante le malheur des hommes : Les guerres de plus en plus terribles, les maladies, la souffrance, telle était la “demande” qui motiva les recherches scientifiques. Chimistes, biochimistes, docteurs et autres autodidactes de génie travaillèrent d’arrache pied à la compréhension des processus chimico-physiologiques complexes et à la mise au point de médicaments antalgiques “efficaces” ainsi que de nouveaux modes d’administration. D’abord la Morphine fut mis au point. Peu efficace auparavant (voie orale ou rectale), en 1850, l’invention de la seringue lui ouvrit une “voie royale” dans la pharmacopée. Puis arriva l’Héroïne dont on pensait a tord qu’elle était sans effet de dépendance. Panacée universelle du moment, la Morphine et l’Opium connurent aussi un large succès auprès du peuple qui y avait alors un libre accès (exemple : le Laudanum). Parallèlement, le fameux vin de Mariani bénéficiait d’une promotion comparable. Avec ces produits, un ouvrier possédait d’excellents coupes faim et atteignait des rendements inconnus jusqu’alors. La Cocaïne qui contribuait à la recette de ce “pinard dopé” commençait à envahir la haute société (mais plutôt sous la forme de poudre), comme en témoigne le cas de Sigmund Freud, célèbre psychanalyste complètement accro. Les médicaments à base de Cocaïne étaient légion (exemple : gommes pour la gorge au Cocaïne - borate). Petit à petit, des publications médicales alarment les médiats et les autorités. Les effets bénéfiques des premières heures toxicomaniaques laissent rapidement place à une assuétude tyrannique, problème compliqué au niveau physiologique par l’aspect toxique des produits. Plusieurs conditions sont donc réunies pour amorcer le départ de la Prohibition. B) Les U.S.A., berceau de la prohibition mondiale. 1900 : tous les pays du monde sont alors plus ou moins touchés par une consommation endémique et sauvage de toxiques. L’Europe connait une situation à part. Elle produit et vend ces psychotropes (Kif, Alcools, Opium et Tabac en sus) et, fort de l’expérience de son passé colonialiste, contrôle à peu près son réseau sanitaire. La situation est autrement plus préoccupante aux États-Unis, immense pays neuf ou escrocs et autres “Docs” autoproclamés sont innombrables. On comprend finalement que l’Amérique tenta de résoudre ce problème de Toxicomanie. À cette époque, la société américaine est traversée par des courants d’idées et mouvements sociaux souvent contradictoires. Un courant xénophobe dur émerge. Son champ d’action : les noirs, bien sur, à qui on reproche l’utilisation de la Marijuana et de l’Héroïne, mais aussi chinois, mexicains et sud-américain tous soupçonnés de consommer et de trafiquer. Racisme ordinaire qui s’unit rapidement aux ligues féministes de tempérance qui virent alors le jour. La Prohibition de l’alcool qui sévit de 1920 à 1933 en fut le premier succès avant d’en devenir le premier échec.

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Autre paramètre qui ne fut pas sans conséquences : très vite, les antiprohibitionnistes furent assimilés comme hyperliberalistes économiques tandis que les prohibitionnistes grâce au contrôle exercé sur la presse, se revêtaient de “l’habit” des défenseurs des Droits de l’Homme. Des racistes, des eugénistes défenseurs des Droits de l’Homme ? Faut t’il que les peuples soient si naïfs, fainéants d’esprit et manipulables à ce point qu’on subit encore cette stupide prohibition ? Cette remarque n’explique pas tout sans l’hypothèse “orchestration occulte” du phénomène Prohibition par d’impérieuses nécessités industrielles et militaires. C) La prohibition en général : La grande guerre (14-18) vint tout compliquer : les “drogues dures” sont majoritairement produite par la chimie allemande, elles furent accusées d’être une sorte “d’ennemie de l’intérieur”. Au préalable discourt moraliste s’ajouta un patriotisme simpliste qui fit se jeter dans la bataille les grands empires de Presse naissant. Le débat ne sortait pas d’un certain contexte : l’irrationnel s’associant à l’hystérie collective, l’opinion publique fut conditionnée comme jamais. Le fruit était donc mur, il est alors tombé : la conjugaison de ces mouvement ne pouvait qu’aboutir à des tentatives de contrôles des produits en question. La Chine, très concernée par un grave problème d’opiomanie, organisa la Convention de Shanghai (1909). La Convention de La Haye (1912) pris le relais, mais il fallut attendre 1918 et le Traité de Versailles pour que l’Allemagne, par exemple, s’y soumette. C’est au moment de cette convention que le “leadership” américain imposa sa vision des choses. Mais autour de la table de négociation, chaque pays y défendait ses propres intérêts. L’Angleterre entendait obtenir des conditions particulières pour son commerce de l’Opium, l’Allemagne voulait protéger son quasi monopole en terme de chimie des drogues, la France essaya de dissimuler les taxes qu’elle soutire à sa Régie Indochinoise des Opiums, .... Quand aux pays producteurs, il est logique qu’ils tentèrent de protéger une des principales ressources en devises. Aussi, les premières commissions à se pencher sur la question drogue donnèrent lieu à d’âpres maquignonnages (comme le défini A. Chateau d’A.S.U.D. Journal). Chaque pays se garda alors bien de suggérer la création d’un organisme indépendant chargé de contrôler l’application des textes adoptés. Organisme qui ne vit le jour qu’en 1931 (O.I.C.S.). Parallèlement au travaux des commissions, les industriels concernés par les stupéfiants forment un cartel qui fit suffisamment pression pour faire entendre son point de vue unifié. La proposition d’instituer un quota de production propre à chaque pays, fit lever un tollé de protestations parmi les pays non signataires. Ces derniers y virent un argument léonin. Pourtant, le monde entier fut soumis aux textes définis par ces conventions, et plus précisément ceux de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de 1961. Conventions, conférences protocoles et sommets se succèdent régulièrement depuis, phénomène épique de la prohibition qui tente de s’adapter. La raison en est que presque chaque année, on assiste à de nouveaux délits, de nouveaux moyens de blanchiment d’argent, les découvertes de nouvelles molécules à prohiber (issues du “designers drugs concept” ou émanant de la recherche scientifiques). A noter, la présence dans cette encyclopédie du Cannabis d’un complément de ce qui a été traité ici dans : Partie développée pour cette version de l’œuvre: Drogues : le vrai débat; 2) Les naufragés de Liverpool - complément au point sur la prohibition).

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D) L’évolution Française : Notre pays se trouva, dès la Convention de Shanghai, impliqué dans le dispositif des textes en vigueurs. La loi Française évolua donc au grès des mesures adoptées par les diverses conventions. En 1961, le droit français en matière de stupéfiant est pratiquement la copie conforme des textes de la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants. Cependant, on note quelques dispositions d’instances européenne qui viennent s’y greffer. A.S.U.D. Journal n° 14 nous cite l’exemple suivant : “... une des plus surprenantes est l’article 5 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme signée en 1950 à Rome, et qui autorise la détention contre son grès “d’une personne susceptible de propager une maladie contagieuse, d’un aliéné, d’un alcoolique, d’un toxicomane ou d’un vagabond”. Ce même journal enchaîne par la remarque suivante : “Pourtant, la Régie indochinoises des Opiums a survécue jusqu’en 1956 et l’usage privé de certaines substances, solution au problème des anciens coloniaux de l’exIndochine française, a été toléré jusqu’au régime de prohibition totale instaurée par la Loi de décembre 1970“ Ce qu’on peut déduire de cette affaire, outre l’échec manifeste de la voie prohibitive à résoudre le problème des drogues, ce sont les dérives mafieuses et politiques occultes qui sont nourris par cette dernière. Pire, manipulations et dérives ont inspirées des lois liberticides qui mettent en danger la démocratie dans son ensemble. Tout pays conscient de ces anomalies démocratiques et désireux de rompre avec ce complexe système de prohibition devra, au-delà la refonte de son propre droit, rejeter la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de 1961. Peu semblent prêt à le faire en dépit des effets catastrophiques de la prohibition : - Situation de monopole du marché des drogues par la maffia et la pègre. - Contamination des économies par l’argent sale et la corruption. - Mépris des libertés individuelles et d’expression des citoyens. - Les risques sanitaires encourus par les usagers et leurs proches. - La criminalisation croissante. A cette liste de doléances citée par l’A.S.U.D. Journal en question, on peut rajouter la souffrance vécue par les dits toxicomanes de se voir contraint à évoluer dans une vie de “cavale” et d’expédients et de tout ce que cela implique d’autre. Les notions de “mépris des libertés individuelles” et de “risques sanitaires” abordent quelque peu la question sans toutefois en souligner la pertinence et la triste réalité. Le Sommet de New-York (1998), à juré de gagner la Guerre des drogues en réduisant de façon radicale l’offre et la demande des produits d’ici 2008 (en dix ans). Cela sous-entend l’intensification de la répression, un renforcement des lois déjà très liberticides, un renforcement des effectifs chargés de la lutte contre les stupéfiants, en bref, un armada de mesures qui force une situation plus anticonstitutionnelle qu’autre chose. Cet objectif semble non seulement irréalisable (on pourrait affirmer ici utopique) mais aussi criminel. : à aucun moments ne sont pris en compte les usagers de ces produits et l’économie des pays producteurs (généralement pauvres) qui ont du mal à remplacer la culture de stupéfiant par celle d’un ou d’autre(s) végétal (taux). A.S.U.D. Journal précise que les pays producteurs de matières premières stupéfiantes voient leurs propres marchés envahis de psychotropes occidentaux et conclue “comme quoi. la morale en matière de drogue est ... à géométrie variable”. En bref, ce qu’il y a à retenir dans cette histoire de prohibition, c’est le contraste marqué entre le fait du bien fondé des principes qui animent l’intention de réglementer l’accès de certaines substances dangereuses et l’aspect négatif des effets sociaux et individuels qu’elle a généré dans le temps. Il y a aussi contraste en même temps que duperie entre la réaction bienveillante de la majorité des gens qui pensent qu’un esprit sain dans un corps sain est une condition préférable à la dépendance d’une substance. Ceux qui financent l’expression politique de cette pensée et l’entretiennent au sein du public sont loin de l’appliquer dans leur propres vies; ce sont des industriels, des politiciens à leur solde, des mafieux, des opportunistes, ...

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En fait, la leçon à retenir pour les générations à venir, c’est que les thèses prohibitionnistes ne sont bonnes que lorsqu’on se les impose volontairement et librement. Dès qu’on cherche à les imposer à d’autres, c’est de la dictature, porte ouverte à toutes les dérives possibles.

E) Le cas du Chanvre : L’armée mobilisée qui provoqua la Prohibition de l’alcool aux U.S.A. se retrouva fort dépourvu au lendemain de la re-légalisation du produit en question. D’origine “cul béni” et moraliste, ce mouvement de pensée parti d’un bon sentiment, mais ses applications idéologiques ont mené au désastre que l’on connaît en sus de criminaliser toute une frange de la population américaine s’adonnant traditionnellement au “biberon”. Des volontés politiques et économiques ont donc trouvés là une manne de volontaires organisés et politiquement actifs dont ils abusèrent à des fins interventionnistes contre le Chanvre. Ils en financèrent les principales mouvances. L’opinion publique américaine fut aussi “travaillée” au niveau des ressentiments racistes comme nous l’avons déjà lu. Parallèlement, l’État américain lui même “versait sans arrêt de l’huile sur le feu” en devenant le porte parole du mensonge et des exagérations. C’est la propagande officielle instaurée qui redonna “du poil de la bête” à ce mouvement. Le “gang des milliardaires pouvaient désormais impunément “achever” le Chanvre aux “States”, l’opinion publique conquise, plus personne ne pouvait contrecarrer leurs plans. Par la suite, sous la pression et les magouilles des américains, le mouvement se mondialisa. La propagande alarmiste et sensationnaliste battait son plein. De nouvelles générations virent le jour et le débat ne cessa de s’amplifier sur un plan idéaliste. Cependant, las d’une répression devenue inhumaine et d’un discours à sens unique, la résistance s’amplifia et dès le début des années 90, certaines parutions scientifiques et certains ouvrage lançaient “d’énormes blocs de rocher dans la mare”. En particulier pour le Chanvre, l’étude de cette masse d’information permit de mettre à jour, outre le fait de la disproportion des lois et des peines envers la réelle toxicologie du produit et des mensonges qui permirent l’interdiction mondiale de la plante en question, l’existence d’un complot économique destinée à assurer l’avènement du monde chimique sur le naturel. Un gang de milliardaires à mis à mal le Chanvre et l’arbre à Caoutchouc. En imposant les dérivés pétroliers et les énergies fossiles au monde entier, ils sont responsables de la dégradation écologique mondiale tel qu’on la connaît aujourd’hui. Plusieurs chapitres en avant, on vous cite Dupont de Nemours, Hearst, Hoover et Anslinger..., comme principaux instigateurs du complot. Mais on peut aussi élargir ce dernier et l’entente qui en découle, au niveau des grandes compagnies industrielles, pétrolières, automobiles, chimiques ... américaines, certes, mais aussi du monde entier. A la veille de l’an 2000, 400 personnes se partagent 41 % de la richesse mondiale. C’est dans leur intérêt de s’associer afin d’imposer “leur système économique” au reste du monde ... Pour en revenir au mouvement prohibitif anti-cannabique, il est puissant dans chaque grand pays industriels. Sur un plan politique, il y est traditionnellement ancré dans les couches droite et extrême-droite (partie idéologiquement active) ainsi que dans la frange ouvrière (vote contre la drogue) et celle des personnes âgées. La majorité des membres et dirigeants de la gauche socialiste et des partis centristes, anciens “soixante-huitards”, ont généralement une approche assez hypocrite du problème en calquant leur discours sur le point de vue majoritaire. Seuls les écologistes ont réellement le courage de défendre des points de vus cannabiques impopulaires mais néanmoins justes. Le teneur des thèses prohibitionnistes s’est relativement aseptisé. On est loin des affirmations ridiculement fausses et alarmistes des années 30. Cependant, elle évolue toujours dans le mensonge, le délire, l’effroi et l’exagération mais sous une forme plus subtile, se dotant du masque scientifique. La France se distingue mondialement dans ce

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domaine avec le Professeur Gabriel Nahas placardé de tout ce qui se fait en médaille et titres de lutte contre la toxicomanie. Toujours chez nous, la prohibition se dote aussi d’un formidable outil législatif : le fameux article L630 du Code Pénal qui, agissant comme une véritable censure, empêchant les incriminés ou concernés de pouvoir se justifier et contredire tous les mensonges débités, en bref, de se défendre (interdiction de présenter le Cannabis sous un jour favorable). Dans ces conditions, le peuple se fit vite “monter la tête” par une propagande quasi continue qui manipule des termes complexes et scientifiques auxquels le commun des mortels échappe aux définitions. A titre d’exemple de thèses prohibitionnistes modernes développées, citons deux intéressants dossiers-drogues du journal “Nouvelle Solidarité”, celui du 10 octobre 1997 (Christine Bierre / Ives Zilly et non pas Yves) et celui du 20 mars 1998 (Christine Bierre / Ives Zilly), exprimant la pensée politique de leur partis du même nom sur le sujet. Avant tout, précisons que ce partis, qui se cache sous un déguisement humaniste et polémique, est de réelle tendance extrême-droite et se trouve être inspiré et financé par le mouvement américain Larouche (du nom de son fondateur). On comprend tout de suite mieux leur hargne contre notre Cannabis. F) Décortiquons les malhonnêtes procédés d e la propagande prohibitionniste : Par manque de place, je ne peux pas vous glisser ici l’intégralité des textes de ces deux longs dossiers et les commentaires que j’aurai à formuler à leur égard. Citons quand même, comme exemples de tentative de manipulation de pensées : Dossier du 20 Mars 1998 : Dans le premier article titré ”La jet-set soixante-huitarde veut légaliser sa dope”: (parlant d’une pétition signée par 350 personnes dont 111 personnalités en faveur de Philippe Mangeot, président d’Act’Up poursuivit en Justice pour l’écriture et la diffusion d’un tract intitulé “j’aime l’Ecstasy”) ...

“Les signataires des personnalités du show-biz pour la plupart, avouent, dans la pétition, avoir “à un moment ou à un autre de (leur) vie, (...) consommé des produits stupéfiants”. Je sais, dit la pétition, qu’en admettant publiquement être un usager de drogues, je peux être inculpé. Le risque je le prends. Ces très courageux martyrs, cependant, savent parfaitement bien que personne en France, depuis la loi de 1970, n’est allé en prison pour incitation à l’usage de drogues, ni même n’a été condamné à une sanction financière dissuasive ! Le seul risque qu’ils courent est de faire la une des médiats ... “ Commentaire du passage : L’auteur produit ici une affirmation fausse (phrase précédente, caractères en gras) qu’il admet d’emblée comme vrais. Il y a tromperie envers le lecteur qui n’est pas spécialiste du sujet et qui n’a pas en lui les éléments de réflexion qui lui permettrait de mettre le mensonge en évidence. Citons, à titre d’exemples, entre des dizaines de cas similaires connus, celui de l’Éléphant rose et du C.I.R.C. (voir dans la partie suivante intitulée “Partie développée pour cette version du livre”, les passages France : exemples de censure / 1er exemple (cas de l’Éléphant rose) / 2ème exemple (cas du C.I.R.C.). Je ne peux que vous conseiller de lire ces passages qui relatent des faits à 10 000 lieux de ce qu’affirme Ives Zilly, comme les 100 000 F d’amende prononcés à l’égard de J. P. Galland en Octobre 1999. Dans le deuxième article titré ”l’O.I.C.S. dénonce les chantres de la drogue “chic””: Il y aussi un cas flagrant de manipulation lorsqu’en citant l’O.I.C.S., il est écrit :

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2ème PARTIE :

Définitions DROGUES - TOXICOMANIES Classification des substances.

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...Les définitions et explications qui vont suivre, ont été, pour la plupart, "tirées" de l'Encyclopedia Universalis, de "la Poudre et la Fumée" des docteurs Sylvie et Pierre ANGEL, et de Marc MORWITZ, de "La Drogue expliquée aux Parents" de Gilles CAHOREAU et de Christophe TISON, du “Petit Dico. des Drogues” du collectif F.T.P. et, pour une moindre part, de ”l’Introduction à l’étude des toxicomanies” de Marie-Adeline SCHMELCK. Diverses revues comme Sciences et Vie viennent, ça et là, apporter leur lot de précisions, définitions, et rapports d’expériences cliniques ou animales. La partie traitant des plantes chamaniques et rituelles d’Amérique du Sud s’inspire du livre « Les plantes des dieux », de Richard Evans Schultes et d’Albert Hofmann (éditions du Lézard). Notons la présence de quelques infos tirées de quotidiens. Toute cette littérature est la preuve que la science a réuni depuis longtemps de quoi se faire une idée objective sur la question des drogues. Si aucune avancée n’a eu lieu depuis, c’est que nos décideurs ne le veulent pas. Nos politiques parlent de la drogue « point-bar » et brandissent l’épée de la répression, nos scientifiques parlent des drogues et de dangers variables selon les produits, s’enfermant souvent dans la même logique que les précédents. Nos médecins (dans leur majorité), quand à eux, parlent de réduction des risques et astiquent le bouclier de la prévention, ayant quand même du mal à se faire entendre et comprendre. Les « drogués », tous parlent à leur place et personne ne leur demande leur avis. Pourtant, dans le monde du chanvre, on en a beaucoup à dire, à vous expliquer, à vous apprendre … et à vous dénoncer ! Il y a d’autres façons de traiter le problème des drogues, d’autres approches que la simple répression ! Loin de moi la prétention d’avoir réunit ici toutes les drogues et leurs descriptions. Il en existe certainement plusieurs milliers de différentes. Vous en découvrirez ici une sélection des plus connues ou des plus usitées dans un classement qui vous permettra une meilleure vue d’ensemble des différentes grandes lignes de « toxicomanies » possibles. Je pense être arrivé ici à transcrire un ensemble de faits qui correspondent le plus à la réalité. Ces textes sont certes un peu longs et un peu trop techniques, mais le problème n'est pas mince. Je ne saurais que trop vous conseiller de lire jusqu'au bout cette partie, pour que vous puissiez avoir une idée assez exacte du problème causé par la toxicomanie : j’entend trop souvent tant de “conneries débitées“ sur le sujet que cela ne m’était plus, comme à bien d’autres, supportable. Pour utiliser une image du passé, un superlatif, la prohibition d’aujourd’hui est comparable à l’inquisition de naguère : les usagers de drogues sont donc autant de « sorciers » et sorcières persécutés par cette dernière. Non pas qu’il soit encore question de sorcellerie, mais de savoirs et d’utilisations empiriques des plantes et des substances qu’elles produisent, d’automédication avec des effets plus ou moins positifs, de pratiques récréatives et de recherche spirituelle dans une société ou les valeurs imposées sont l’argent, le pouvoir et la réussite affichée, sur fond d’hypocrisie généralisée : une chimère par rapport aux réalités de la vie. En cela, l’image est bien fidèle à la situation du moyen âge ou le coté « sorcier » et/ou magique de la question, n’était qu’une interprétation imaginaire et fantasmagorique des hallucinations induites par des plantes hallucinogènes. Aujourd’hui, les procureurs et les policiers succèdent à l’inquisition. Les soins obligatoires (même pour le cannabis) et la prison (peines lourdes) ont remplacé le bûché, les lois contiennent nombres d’aberrations judiciaires qui ont remplacé la Question, bien que dans certains pays, tortures et peine de mort sont encore appliqués aux trafiquants et à certains consommateurs, sous l’égide d’une interdiction mondiale régie par une ONU pas très « regardante » des dérives qui sont faites sur la base des travaux ses conventions. Aujourd’hui, les peuples de l’occident, dont nous faisons partis, se définissent comme « évolués ». Permettez moi d’en douter assurément ! Le fascisme n’est pas mort en 1945. Il se venge aujourd’hui des coups qu’on lui a porté naguère et a vaincu la démocratie sur son « propre terrain » : les élections et le monde économique du travail. Dans la question des drogues, il a su trouver un terrain propice à son développement, à son expansion, à sa main mise sur les pouvoirs et forces armées, et surtout, il a su trouver un sujet idéal pour nous diviser ! Nous sommes stupides : nous n’avons rien vu venir et beaucoup ne voient toujours rien.

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I) ASPECT OFFICIEL, DÉFINITIONS: TOXICOMANIE :

O

n entend traditionnellement par toxicomanie, un mode de conduite qui, par le recours a des moyens artificiels, les "toxiques" ou les "drogues", a pour but soit le rejet de souffrance, soit la recherche du plaisir. Il s'agit donc d'une situation psychoaffective s'organisant pour trouver dans un état, voulu comme euphorisant, des satisfactions que le sujet ne trouve pas dans la vie de tous les jours. Historiquement, la toxicomanie se caractérisait comme une maladie relevant de la psychopathologie (maladies psychiques). Elle supposait une prédisposition structurelle et Logre, en 1927, parlait à ce propos pour les adolescents, du "coup de foudre toxicomanogène". Suivant la formation des spécialistes, on estimait que les toxicomanes avaient une structure perverse ou bien on définissait une véritable névrose toxicomaniaque dont on pouvait décrire deux types bien particuliers : le type compulsif et le type impulsif. En fait, d'une part, l’ethnopsychiatrie a montré que dans certaines populations où il régnait une sorte de consensus socioculturel, il pouvait exister un usage modéré et adapté de certains produits toxiques et que c’était les adultes qui initiaient les adolescents aux produits. D'autre part, dans nos sociétés, l'utilisation massive des substance dites toxiques par de très nombreux jeunes, et l'apparition d'autres, non classées comme stupéfiants (substances contenues, par exemple dans certaines épices, ou le thé), qui n'entraînent pas forcément de dépendance ou d'accoutumance intolérables (mais qui possèdent quand même un potentiel d'abus) posent des problèmes théoriques et pratiques, dont ne rendent pas compte les définitions classiques. Ensuite, les motivations propres aux dits toxicomanes, ne sont que peu ou pas pris en considération dans ces définitions scientifiques : elles ne font que chercher à démontrer un contexte malsain régies par une pseudo morale qui prétend que l’humain sans l’influence de substances psychoactives est un modèle parfait. Pourtant, une des valeurs communes aux toxicomanes est la recherche d’un autre état, celui d’un monde de paix, de communication et d’extase sans commune mesure avec celui qu’on connaît avec son lot de dominations, d’impositions, d’égoïsmes, de douleurs, de frustrations et de règne de l’argent roi ! La « Toxicomanie » est une fuite, un refus du monde tel quel que l’adulte impose à sa descendance, d’autant que dans nos sociétés modernes, les repères naturels ont disparus engloutis par le béton et le goudron. C’est dans cette voie qu’il faut chercher le pourquoi d’un tel engouement massif de la jeunesse envers les euphories. Toutefois, certaines substances sont tellement toxiques et accrocheuses, que leur emploi donne raison à nos scientifiques : ce qui n’est pas vrai pour le cannabis, l’est plus sûrement pour l’héroïne et la cocaïne et dans une moindre mesure, pour l’ecstasy et les nouvelles substances stupéfiantes. Définition : Pour A. Porot (1945) : on appelle toxicomanie, l'appétence anormale et prolongée, manifestée par certains sujets, pour des drogues toxiques ou des drogues dont ils ont connus accidentellement ou recherché volontairement les effets analgésique, euphorique ou dynamique. Appétence qui devient rapidement une habitude tyrannique et qui entraîne presque inévitablement l'augmentation progressive des doses. Pour les experts de l'Organisation Mondial de la Santé (O.M.S.), la toxicomanie comprend : - L'apparition d'un syndrome d'abstinence avec une symptomatologie psychique en cas d'interruption soudaine de la consommation. - Un désir insurmontable de prendre de la drogue et de l'obtenir par tous les moyens. - Des effets nocifs pour l'individu ou la société. - Une dépendance physique et / ou psychique. - Une tendance à augmenter les doses. Ces mêmes experts ont proposé de remplacer le terme de toxicomanie par le terme de pharmacodépendance. Ils ont, en outre, précisé les notions suivantes :

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Pharmacodépendance : il s'agit d'un état de dépendance psychique ou physique ou les deux à la fois, vis à vis d'un produit, et s'établissant chez un sujet à la suite de l'utilisation périodique ou continue de ce produit. Accoutumance : il s'agit d'un état résultant de la consommation répétée d'une drogue qui, sans produire toutes les caractéristiques dangereuses de la définition de la pharmacodépendance, oblige l'individu à augmenter ses doses. Tolérance : adaptation de l'organisme aux effets d'une drogue ou à son effet toxique (coté physiologique) impliquant la nécessité d'augmenter les doses pour obtenir des résultats psychoactifs d'ampleur constante. Assuétude : asservissement à la drogue engendrant un état de besoin impérieux en cas de sevrage, avec dépendance psychique et le plus souvent physique. Dépendance Psychique : besoin irrésistible et obligation morale, sans liens physiologiques évidents, de continuer à utiliser de la drogue pour toujours retrouver le même type d'effet. (C’est le cas du fumeur chronique de Cannabis, qui peut parfaitement se sevrer tout seul de son produit, mais continue son usage principalement pour sa caractéristique anxiolytique spécifique et pour en ressentir l’euphorie). Devant l'ambiguïté de la situation de l’époque, ils ont proposé une définition d'attente et purement phénoménologique (citation des experts) : "...nous considérons comme toxicomane quiconque qui, à partir d'un produit de base, fait l'escalade vers un autre produit ou d'autres produits et / ou l'utilise quotidiennement ou quasi quotidiennement.". Cette définition décrit un comportement, n'en désigne pas les conséquences supposées, et en exclut les usagers occasionnels ainsi que les toxicomanes n’ayant pas vécu d’escalade (exemples : quelqu’un qui a commencé par boire un peu d’Alcool et qui à fini alcoolique sans se préoccuper de l’existence d’autres produits; phénomène souvent similaire pour les utilisateurs de Cannabis). Cette définition “provisoire” (depuis trop longtemps) voulait définir les drogues en termes généraux; et par la même « aller dans le sens » des théories de la prohibition (théorie de l’escalade) : elle est reconnue, depuis, comme incomplète et inadaptée aux drogues en particulier. Mais si elle est obsolète depuis fort longtemps, nos politiciens s’appuient encore dessus pour maintenir l’interdit. Depuis 1990, la recherche médicale, voire scientifique en général, a débouché progressivement sur une compréhension des mécanismes subtils du cerveau et l’interaction des substances psychotropes avec ce dernier. Au niveau médical, en 2007, on ne parle plus de la drogue, mais des drogues, de risques et d’interactions différents, au grand dam des lois et de des prohibitionnistes qui affectionnent du généralisme. Du coup, le principal avocat, et particulièrement pour le cannabis, se trouve être la science qui bien souvent pond des rapports qui corrigent, bouleversent ou détruisent bien des idées reçus. L’affrontement contre les drogues est plutôt d’ordre idéologique ou le passionnel prime sur la raison et le rationalisme. Du coup, le Rapport Roques et la Commission Henrion ont fait lever un véritable tollé de la part de la frange prohibitionniste. Des personnalités honorables comme monsieur Kouchner se sont vus insultés par des élus ! Mais le message est passé, comme « l’orage » que cela avait déclanché et depuis les chercheurs travaillent sur le sujet un peu plus sereinement. A ceci je rajoute ici d’autres définitions : Dépendance physique : besoin irrésistible de continuer à utiliser la drogue pour éviter des sensations physiques de douleurs, de fatigues, d’angoisses, de surexcitation ou de mal-être, bien que ces trois derniers états peuvent–être rattachés à la dépendance psychique s’ils sont légers. Une partie de la dépendance psychique serait-elle liée une dépendance physique faible à très faible ? Nous verrons plus loin, qu’il y a peut-être une « troisième voie » qui se situe entre ces deux définitions (voir le point sur le crack : dépendance « neuronale »).

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Addiction : Anglicisme (voir la définition de ce terme dans la partie dictionnaire). On préfère l’utiliser aujourd’hui en remplacement du mot dépendance Pour l’Association américaine de psychiatrie, l’addiction se définie par : « l’utilisation inadaptée d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance, cliniquement significative … ». C’est donc une dépendance qui se caractérise par une souffrance : elle définie la forme extrême d’une toxicomanie et ne peut pas s’utiliser pour définir des prises occasionnelles ! Vous pouvez aussi regarder ma définition de l’Addictomanie page 155. Et voici la dernière définition du terme drogue. Pour l’Académie de Médecine :

« Une drogue est une substance qui provoque des sensations apparentées au plaisir et incite à un usage répétitif. La consommation devient compulsive pour instaurer la permanence de ses effets et prévenir les troubles psychiques, voire physiques, de l’arrêt. L’addiction correspond à un degrés de l’usage compulsif, mué en besoin ; le drogué concentre sur la drogue ses préoccupations, négligeant les conséquences sanitaires et sociales».

Vous noterez que toute allusion à l’escalade a été gommée dans cette version. Toutefois, cette définition, si elle a l’avantage d’être courte, ne me satisfait pas encore. Vous trouverez page 270, ma définition du mot drogue, mais auparavant, vous devrez lire tout ce qu’il y a entre ces deux points (102 pages), c’est important ! Revenons à notre récente définition. Il y a problème : si cette définition peut correspondre à l’usage de drogues dures, surtout dans son premier paragraphe, l’ethnopsychiatrie à prouvé que pour d’autres substances, un consensus social pouvait permettre l’emploi d’euphorisants sans risques pour la structure sociale, avec des risques sanitaires minimisés. Par exemple, l’expérience hollandaise démontre une très bonne socialisation des usagers de cannabis avec une bonne intégration au niveau du monde du travail. C’est l’interdit qui oblige à la désiociabilisation, avec son cortège de persécutions, de fuites et de marginalisations.

Motivation des toxicomanes : Parmi les motivations citées il faut noter : La mode : cela concerne essentiellement les jeunes. Elle concrétise la nouveauté, la curiosité, la participation au groupe, qui sont les caractéristiques représentatives de tout adolescent de nos sociétés modernes. Elle définit aussi une recherche de vie totalement différente, un comportement dit marginal ou “Underground” suivant le point de vue que l’on porte sur la question. C’est la recherche d’un nouveau monde, d’un nouveau concept de vie diamétralement opposé aux valeurs des parents. Futile pour les “anciens”, la mode caractérise essentiellement donc une préoccupation des souches jeunes de la société et peut être le fait qu’inconsciemment, ils rejettent une bonne partie des valeurs présentes ou du passé et ne les admettent pas lorsqu’ils les subissent. On reconnaît aujourd’hui que le problème drogue est avant tout un problème socioculturel. L'évasion : le toxicomane est insatisfait, inassouvi, ce qui le renvoie à une somme d'incomplétudes qu'il exprime par son désir d'aventure, de voyage, ...etc.; le désir d'évasion peut renvoyer à l'angoisse profonde et personnelle du sujet autant que certaines caractéristiques psychopathologiques comme la dépression, le masochisme, le stade oral et le narcissisme. C'est le désordre fantasmatique qui caractérise peut-être le plus l'inconscient du toxicomane. Hors, l’étude de la chimie intime du cerveau, l’expérimentation animale, et des études sociologiques et psychiatrique humaine, ont mis en évidences des phénomènes de réactions cérébrales naturelles et compulsives proche, voire identique, à ceux qu’induisent la prises de psychotropes. Le stress, la frustration, le besoin d’évasion au travers d’un plaisir, que ce soit le sexe, le jeu, le travail ou l’achat d’objets sous une forme irraisonnée en sont des exemples type. Ici, les mêmes

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zones du cerveau semblent en interaction qu’avec le sujet qui nous préoccupe ! C’est donc bien aussi une voie à exploiter pour tenter d’expliquer la toxicomanie. La logique veut que ce soit notre moderne mode de vie qui pousse à une situation sociale d’expansion de la toxicomanie sous diverses formes. Nous sommes coupés du coté naturel de notre existence comme nous avons vécus depuis des millénaires et notons que durant cette période, même si les drogues naturelles existaient déjà, à part l’alcool (le vin) et le cannabis, aucun problème d’intoxication massive ou de santé publique qui en découlent, n’est apparu chez nos anciens. Des peuples côtoient la coca et le pavot depuis des millénaires sans toxicomanie apparente. Le problème est donc « récent » et semble être apparu en même temps que l’ère industriel. La transgression : il s'agit bien entendu de la transgression au niveau de l'interdit, mais là encore, les toxicomanes vont proposer un certain nombre de réponses à ce qui leur apparaît comme des limites : l'espace et le temps vont être manipulés, déformés, transgressés aussi bien dans le "voyage" que dans la "planète" (en voir l’explication dans le point sur l’Héroïne). Le corps en tant que lieu cellulaire, va être pénétré par un produit extérieur; en tant que lieu psychique, par la recherche d'hallucinations, de stimulation (accélération) ou d’euphorie; en tant que lieu érogène, par le plaisir ne renvoyant pas aux signifiants habituels. Il faut compléter ces motivations par deux notions fondamentales : l'escalade et l'ambiguïté. Nous avons déjà parlé de l'escalade des sujets dans leur évolution avec le produit, mais il faut encore souligner l'escalade de la tendance au passage à l'acte, et l'escalade du plus rationnel au plus individuel: en ce qui concerne sa drogue, peu à peu le sujet sélectionne son produit comme s'il fusionnait progressivement avec lui, comme pour "ne former plus qu'un avec". Exception faite de ceux qui affectionnent d’une polytoxicomanie, quoi que là encore, le principe est le même. Notons quand même qu’il existe trois formes de polytoxicomanie dont deux qui ne nous concernent pas ici (voir Polytoxicomanie dans la partie dictionnaire). (Je me permets ici une aparté : “Mais le terme “escalade” est mal interprété aujourd’hui, on confond toujours escalade au sein d’une toxicomanie (tyrannie qu’impose le produit à réclamer des doses de plus en plus fortes ou de plus en plus fréquentes) et escalade d’une toxicomanie à une autre, d’un produit à un autre. Si l’on s’en tient à cette version des choses, les toxicomanes sont toujours en train de changer de drogues, les utilisent donc toutes variablement, et le Haschich, par exemple, mène inévitablement au pire : les poudres injectées. Ce qui est heureusement, reconnu aujourd’hui comme faux et archi-faux. Les presses écrites et orales régionales ont une grosse part de responsabilité dans cet état de fait, de part le “sensationnalisme” dont elles font preuve pour vendre leur concentré de “vomis de langue de bois” ( on ne peut pas appeler autrement des tels détournements de la vérité”). Soumis au dictat de leur propriétaires, proches des cercles du pouvoir, on en attend cependant pas moins d’elles. Pour ce qui est des relations avec autrui : - Les fumeurs de Haschich se réunissent volontiers pour échanger des idées, discuter ou philosopher, faire la fête ou être créatifs (musiciens, artistes...) ... L’escalade, version Informations Journalières ou Télévisées, est pour eux une fable inexacte digne des pires “bobards de politiciens”. Et ils se le prouvent tous les jours, n’ayant malheureusement pas les moyens ou le droit de vous le démontrer. - Les héroïnomanes, par exemple, ne se côtoient qu'entre eux ou se "fixent" volontiers tout seul. Le Cannabis n’est pour eux qu’un soin palliatif lors des crises de manque, et encore, certains ne le supportent pas dans ce cadre! Ou un moyen supplémentaire de se faire de l’argent (puisqu’il est, heureusement pour eux, encore illégal). Si quelques anciens “soixante-huitards” sont “tombés dans la poudre” après avoir fumé des joints, cet état de fait n’est plus vraiment d’actualité : la classe bourgeoise jeune, par exemple, est de plus en plus directement initiée aux poudres (Cocaïne, Héroïne), ou l’est par le biais de membres du groupe très portés sur l’Alcool ou l’ecstasy. L’argent est une barrière qui explique et implique certaines toxicomanies : les plus pauvres des jeunes en recherche d’euphorisant se rabattront vers des produits peux onéreux, tous très toxiques comme les solvants et le crack.

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La théorie du “Chanvre Trompeur” menant obligatoirement aux drogues dures par phénomène d’escalade à surtout fait les beaux jours de son auteur (Nahas : voir “Fumée Clandestine tome 1), des politiques et des médiats. Par contre, moi, j’ai une théorie du “Nahas Trompeur” ... - En ce qui concerne la transgression en elle-même, il s'effectue par un passage progressif de la contestation (haschich), en passant par l'imaginaire (L.S.D.). L'escalade doit cependant être démystifiée : comment expliquer, en effet, que certains individus vivent ces escalades, d'autres s'arrêtent, d'autres rétrogradent, d’autres ne les vivent jamais (+ de 90 % des fumeurs de Haschisch d’aujourd’hui) ...? Chaque réponse renvoyant à de nouvelles questions … bien que certaines d’entre-elles sont connues mais que nos politiques refusent de prendre en considération. L'ambiguïté se situe à plusieurs niveaux : au niveau de la société (car le seul réel rapport apparent entre les différentes drogues réside dans leur illégalité); au niveau de la relation avec l'autre (l'expérience contenant toujours une part d'incommunicabilité et donc un manque de compréhension réciproque); au niveau de la demande de la société (la famille va demander d'agir sur quelqu'un, le toxicomane éventuellement demandera qu'on agisse avec lui-même, au niveau du désir, désir d'un non désir, ...etc.). On comprendra donc aisément que le toxicomane n'est pas la toxicomanie. Il ne peut pas être confondu avec le produit qu'il utilise. Beaucoup de ceux qui essayent une drogue ne deviennent pas toxicomanes. Si le pharmacodépendant se sent différent des autres, il leur fait continuellement signe par son avidité, son prosélytisme, sa provocation et l'originalité de son expérience. Il apparaît donc à la recherche de son identité, à sa reconnaissance sociale en temps qu’utilisateur de substance toxique, question difficilement appréhendée par le commun des mortels qui l'écoute.

HALLUCINATION : "Un homme qui a la conviction intime d'une sensation actuellement perçue, alors que nul objet extérieur propre à exciter cette sensation n'est porté à ses sens, est dans un état d'hallucination". (Esquirol, 1817). Schématiquement, l'hallucination, perception sans objet, se distingue donc de l'illusion et de l'interprétation morbide, où la perception est réelle, mais dénaturée dans le premier cas, et chargée dans le second cas d'une manifestation fausse. L'hallucination consiste, pour un malade isolé dans une chambre vide, à voir celle-ci remplie d'ennemis menaçants et d'entendre leurs invectives. Si un infirmier y pénètre et que le malade croit être en face d'un de ses ennemis, il s'agira alors plutôt d'une illusion. Enfin, l'interprétation morbide (forme de parano.), phénomène intellectuel, qui serait constituée par la conviction que cet infirmier serait affilié à une bande d'espions qui ourdiraient un complot contre notre malade. Mais dans la réalité clinique, hallucinations, illusions et interprétation morbide s'associent de façons variables et complexes et sont bien difficiles à isoler les unes des autres. D'ailleurs, il importe moins de définir les symptômes que d'en apprécier la signification, par rapport à la personnalité du sujet et son niveau de conscience. La ressemblance des hallucinations avec des phénomènes de rêve a été notée dès l'antiquité : ici et là, il s'agit d'une perception sans objet entraînant la conviction, et de ce fait, on en a déduit que certains hallucinés (délires alcooliques), rêvaient debout et vivaient en quelque sorte, leur rêve. (Lasègne 1881). A la frontière du sommeil, on décrit des hallucinations hypnagogiques (à l'endormissement), et hypnopompiques (au réveil). Il faut encore citer l'altération de la conscience que constitue la confusion mentale, ou peut s'observer une activité hallucinatoire particulière, l'onirisme. Ainsi une vigilance abolie ou altérée favorise l'éclosion de phénomènes apparentés à l'hallucination. (En dehors de toutes prise de substance psychotrope, les formes extrêmes de fatigue, de faim, de froid ou de chaleur, d’intoxication à la limite de la dose létale ou comateuse, peuvent toutes provoquer des hallucinations que la science nomme pseudohallucinations et que le commun des mortel interprète comme du délire). Ce rapprochement avec le rêve s'applique surtout aux hallucinations visuelles, qui sont rarement un trouble isolé. Le plus souvent, elles stimulent les perceptions des autres appareils de la sensorialité. 169


Si bien qu'on distingue encore, parmi ces phénomènes psychosensoriels, les hallucinations auditives élémentaires (bruits indifférenciés), ou complexes : ce sont des voix, que le malade localise dans l'espace où, elles l'insultent, le menacent, lui donnent des ordres, répètent ses pensées ou commentent ses actes. Plus rarement, elles sont bienveillantes et de bon conseil. Ce sont les hallucinations les plus fréquentes : celles dont la signification psychopathologique a suscité le plus de recherches. Les autres types d’hallucinations sont plus rudimentaires et plus l'interprétation morbide (on peut dire aussi délirante). Citons les hallucinations tactiles qui peuvent être cutanées (le malade se hypodermiques (le malade sent des insectes grouiller sous sa peau, crise).

difficiles à distinguer de l'illusion ou de hallucinations olfactives, gustatives, les croit couvert de toiles d'araignées), ou hallucination typique du cocaïnomane en

Mais aussi les hallucinations cénesthésiques, qui affectent la sensibilité interne (le malade sent son corps se déformer ou se transformer, il éprouve des douleurs viscérales qu'il localise avec précision; il peut éprouver aussi, dans ce genre de cas, des sensations génitales ou plus de sensations de tout ou partie de son corps). Ces manifestations de genre psychosensoriel, lorsqu'elles sont typiques, stimulent la perception normale; et le comportement qu'elles inspirent au malade, apparaît compréhensible et logique. Mais l'expérience hallucinatoire est le plus souvent ineffable : elle ne peut être décrite que par des images et métaphores plus ou moins descriptibles et reste inaccessible à l'observateur. On parle alors d'hallucinations psychiques, lorsqu'elles affectent la pensée même du sujet : il s'agit de transmission ou "écho" de la pensée, de sentiment durable d'étrangeté ou de déjà vu. (Autre aparté : “je ne suis plus d'accord avec certains points ou définitions établis dans ce mémorandum de l'hallucination; notamment sur ces derniers développements. Il y a des cas où le phénomène de déjà vue, par exemple, anticipe la fin de l'action (prémonition imagée dans notre esprit) sans prise de drogue. Tout le monde à vécu au moins une fois dans sa vie, au point d’être suffisamment marqué par l’événement pour s’en rappeler encore aujourd’hui. Sommes nous tous fous ou hallucinés ? Il semble heureusement que non et que ce cas semble plus apparenté aux phénomènes médiumniques et parapsychologiques (naturels) qu'à la folie. De même, l'interprétation "des voix qu'on entend", si elles sont pour la plupart les résultantes de troubles psychiques, ne doit pas faire abstraction des travaux réalisés sur la télépathie par les russes, les américains, les australiens et les français. Sinon, c’est une certaine manière de réfuter le coté mystique des choses, sans en avoir prouvé l’inexistence ou la fausseté. Pauvre Jeanne d'Arc...à quelques siècles prés, au lieu d'une armure, elle aurait porté une camisole de force … et la France serait anglaise ! De toute façon il faut mieux se méfier de toutes ces définitions officielles encore incomplètes qui ont tendance à mettre tous les comportements et toutes les drogues dans le même panier. Surtout, quand plusieurs éminences médicales se contredisent au sujet de la même définition (voir en exemple : "Partie 6, le Cannabis et votre Santé, 2) phénomènes psychosomatiques : lésion des affections”). Le cannabis est classé dans les hallucinogènes, plus pour des raisons pratiques que pour autre chose (on ne savait pas vraiment où le classer). Il a effectivement une capacité hallucinogène lors de prises très fortes d'extraits de Chanvre d'une qualité de loin très supérieure à la moyenne des haschichs que l'on trouve dans le marché illégal Français (et lorsque qu’il est mangé en grande quantité et non fumé). Ces hallucinations seraient très nombreuses et on pourrait faire apparaître tout ce qu'on imagine devant ses yeux. Mais il semble que ce phénomène ne se généralise pas à tous les individus. N'est pas un halluciné cannabique qui le veut et pas à n'importe quel moment. De plus, il semble que le pouvoir hallucinogène du Cannabis soit sans commune mesure par rapport aux les effets des autres hallucinogènes naturels ou synthétiques (pour essayer d’expliquer la différence : avec le Cannabis, l’hallucination serait provoquée par la partie consciente et découlerait d’un plan logique, comme l’adaptation imagée d’un effet “bande dessinée”, alors que pour les autres hallucinogènes, l’hallucination serait plutôt imposée à l’esprit, même si l’inconscient en est peut être l’origine). Citons l’exemple de Nostradamus (Michel de Nostredame), qui expliquait que pour provoquer ses visons, il buvait une potion à base de chanvre. On croit, ou on ne croit pas à ses prévisions, mais ce n’est pas le sujet 170


traité ici. C’est l’exemple même de la propriété hallucinatoire du cannabis que je veux mettre en évidence. Car le plus grand nombre des fumeurs de cannabis « tombent des nues » quand on leur dit que ce produit peut induire des hallucinations : et pour cause, ils n’en ont jamais connues.

HALLUCINOGÈNE : On définit ainsi d'une façon assez arbitraire, des substances qui entraînent habituellement chez tous les sujets auxquels elles ont été administrées, des modifications affectant le domaine des perceptions, et tout particulièrement, des perceptions visuelles. Pour Albert Hofmann, parmi les nombreuses définitions proposées, celle de Hoffer et Osmond parait assez générale pour être acceptée par une majorité :

« Les hallucinogènes sont (…) des substances chimiques qui, à des doses non toxiques, provoquent des changements dans la perception, la pensée et l’humeur, mais donne rarement lieu à la confusion mentale ou à des pertes de mémoire, de l’identité ou du sens de l’orientation dans le temps et l’espace ».

Certains produits semblent donc ne pas correspondre en tout points à cette définition. En outre, elle possède en elle une source d’imprécision. Mais si une substance hallucinogène provoque des psychoses artificielles, par exemple, il suffirait de dire alors de cette dernière qu’elle est un hallucinogène psychomimétique. Donc cette définition fonctionne donc quand même. D'innombrables substances d'origine végétale ou synthétique entraînent des hallucinations. D'une manière générale, on retient les critères suivants pour classer les produits dans la catégorie des substances hallucinogènes : leurs effets sont toujours réversibles. Les hallucinations produites le sont à des doses compatibles avec la vie ou la survie des sujets auxquels les substances ont été administrées. Parmi les modifications psychiques qu'elles apportent, ce sont les hallucinations qui dominent le tableau psychologique induit (ce dernier critère permet d'éliminer les stupéfiants proprement dits, et les psychotoniques, bien que ces deux catégories de substances entraînent parfois des hallucinations ou pseudohallucinations). Arbitrairement, on classe dans les substances hallucinogènes, les produits qui n'entraînent pas de pharmacodépendance somatique. Le problème de la pharmacodépendance psychologique est cependant actuellement très discuté. Pour l'école J. Delay, l'appellation de “substance hallucinogène” est critiquable et préfère lui substituer celle de neurodysleptique. A ce sujet, « Les plantes des dieux » nous apprend que les recherches récentes ont révélé une telle diversité des effets psychophysiologiques que le terme hallucinogène ne peut recouvrir qu’une partie des effets possibles. De nombreuses propositions de nomenclature ont été faites sans qu’aucun des termes ne désigne à lui tout seul l’ensemble des phénomènes provoqué par ces substances : délirogène, psychostimulant, psychotique, psychodysleptique, psychogène, psychomimétique, psychédélique, enthéogène. Hallucinogène n’est pas entièrement satisfaisant, puisque les plantes qui y sont classés ne provoquent pas toutes des hallucinations. Idem pour psychomimétique, car les végétaux concernés ne causent pas tous des états psychotiques. Toutefois, comme hallucinogène est un terme universellement adopté, et à défaut d’autre mot plus exact dans sa définition, nous allons donc l’employer ici. Il faut tenir compte, de plus, de nouvelles découvertes chimiques (nouvelles pour nos sociétés) de molécules inconnues aux effets surprenants, substances utilisées depuis longtemps par les shamans pour leurs propriétés qui paraissent divinatoires et/ou magiques. Il semblerait donc que notre système de classification ait abouti à une impasse, révélatrice d’une ou d’erreurs de jugement de notre part. En effet, notre concept scientifique part des postulats suivants : le cerveau humain à jeun de toute substances psychoactive est défini dans un état dit « normal ». Par conséquent, tout utilisation de substances modifiant l’état de conscience « perturbe » (ou fausse) le fonctionnement de notre cerveau.

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L’emploi de termes péjoratifs s’ensuive généralement pour expliquer ces modifications et leur impact sur notre biologie. Mais ce concept un peu prétentieux ne tient pas compte de l’âge de la nature (des centaines de millions d’années) et que nous sommes le fruit, l’aboutissement de cette dernière. Entendez par cela que notre constitution est peut-être adaptée à ce que la nature a mis au point dans notre environnement ! Je suis persuadé que ceci explique une partie du pourquoi nous sommes dans une telle impasse ! Le fait que l’humain, à jeun de toute substances psychoactive, est capable de mentir, tricher, dominer, détruire, polluer, voler, se pervertir, … et faire la guerre et ses horreurs, ce qui tend à prouver que le fonctionnement de son cerveau n’est peut-être pas si « normal » que cela !

STUPÉFIANT : Bien que d'usage courant, le terme de stupéfiant est de nature ambiguë et ne recoupe qu'une diversité scientifique sans cesse remise en question. Son emploi est essentiellement d'usage social et juridique, plutôt que médical. Actuellement, les stupéfiants sont essentiellement définis par la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants de New York (30 Mars 1961). Dans cette convention, le terme de stupéfiant désigne toutes substances des tableaux I et II établis par leurs travaux, qu'elles soient naturelles ou synthétiques. Ces stupéfiants sont sous la surveillance de l'Organe International du Contrôle des Stupéfiants (O.I.C.S.) dépendant de l'O.N.U.. Tout particulièrement, sont soumis au contrôle dans un premier temps : Le Cannabis et ses dérivés, le Pavot à Opium et ses dérivés, le Cocaïer et ses dérivés, et ceci pour les plantes que la nature nous offre. L'Organe International de Contrôle des Stupéfiants, est composé de 3 membres ayant l'expérience de la médecine, pharmacologie, ou de la pharmacie, désignés par l'O.M.S. et de 8 personnes choisis sur la liste des personnes désignées par les membres de l'O.N.U. Il a sous son contrôle, outre un travail de statistiques internationales et d'évaluation des besoins mondiaux légaux (médicaux) en stupéfiants, tout ce qui concerne la culture, la limitation de la fabrication, l'importation et les restrictions de la production des trois plantes ci-dessus citées. Un rôle particulier lui a été attribué pour la lutte contre le trafic illicite. En fait, l'extension des toxicomanies et l'apparition de nouveaux produits, ont rendu nécessaire la signature d'une nouvelle Convention sur les Substances Psychotropes (11 Janvier 1971). Sont alors inscrits comme stupéfiants notamment, l'Acide Lysergique (L.S.D.25), la Mescaline (principe actif du cactus Peyotl, ou du champignon toxique Amanite Tue-mouches), la Psilocybine (principe actif du champignon hallucinogène le Psilocybe), et le Delta 9 T.H.C., principe le plus physiologiquement actif du Cannabis, pouvant être fabriqué synthétiquement. Il est important dans ce passage de bien mettre en évidence l'ambiguïté de la notion de stupéfiant. Elle fournit une définition correct au cadre juridique, mais contient trop de limites et d'extensions parfois abusives pour permettre une approche scientifique et humaine valable. A l'heure où la consommation de masse de dérivés Cannabiques pose un sérieux problème politique, on note que d'autres produits non inscrits sur les tableaux comme certains somnifères, et qui ont des indications de dangers autrement importantes, représentent la porte ouverte à de nouvelles formes de toxicomanies. Parallèlement, ce mot ne définit pas assez précisément le sens de “produit à danger” qu’il est sensé signifier : ne sont stupéfiants que les produits marqués au tableau, il suffit de les y enlever pour que ces produits ne le soient plus. Si un jour le Cannabis devient légal, ce ne sera plus un stupéfiant. Ce terme, souvent repris par les médiats crée l’ambiguïté, chez le citoyen moyen, dans la compréhension du phénomène drogue : c’est ainsi que, de part le fait que l’Alcool n’est pas un stupéfiant, il croit encore que ce n’est pas une drogue. Inversement, le fait que le Cannabis soit cité comme stupéfiant, lui laisse penser que c’est une drogue bien plus dangereuse que l’Alcool, ce que les spécialistes dénoncent comme faux et archi-faux. L’Alcool étant officiellement reconnu comme toxique bien plus dangereux que le Cannabis. Mais changeons de sujet, on peut se poser le problème du danger que représente le Haschich, et de son rapport avec la folie. Mais ce problème doit être considéré différemment suivant les pays et les coutumes socioculturelles. La littérature médicale fourmille de thèses et de rapports insistants sur les dangers du produit (B.Defer / 1968, recherche sur 500 cas de psychoses aiguës dues au Chanvre Indien, selon l'auteur, en pays 172


Musulmans). Mais des centaines de millions de personnes utilisent le Chanvre sans être atteints de troubles mentaux patents. En particulier, il faut noter que si l'utilisation chronique du haschich a une possibilité d'incidence sociale évidente quant à la transformation de producteurs en non producteurs (dans le monde du travail), le problème de la dépendance physique n'a pas pu être démontré, et celui de la dépendance psychologique, est actuellement l'enjeu de débats obscurs qui sont loin d'être uniquement scientifiques. Devenu l'objet d'un nouveau fait de civilisation, de par son utilisation de masse dans le cadre d'une nouvelle conduite adolescente, le Cannabis est une arme de combat dans le conflit des générations, ou plutôt, nous l’avons déjà dit, une arme contre culturelle. Sa classification comme stupéfiant n’a pas lieu d’être et, est le fruit d’une erreur politique grave doublé d’un complot économique (voir partie précédente). A contrario, il ne s’agit pas d’une substance inoffensive non plus : elle contient un potentiel d’abus, comme toutes les drogues. Nous allons maintenant interrompre momentanément cette étude et continuer par la description de la classification officielle :

II) CLASSIFICATION DES DROGUES: Pour comprendre l'itinéraire des Toxicomanes, il est indispensable de bien connaître les drogues, les plaisirs qu'elles engendrent et les dangers qu'elles font courir. Tous les parents ont peur que leur progéniture "tombe dans le panneau des drogues". Ajoutez à cela l'ignorance des dangers réels des produits, et la peur devient phobie, persécution... L'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), anticipant de longue date ce problème de Santé Publique, a tenté de définir les caractéristiques des drogues et des Toxicomanies. Un terme unique, celui de dépendance, a été retenu. A noter toutefois qu’aujourd’hui, dans sa forme grave, on lui préfère souvent le terme d’addiction. C'est un état psychique et également physique, qui résulte de l'interaction d'un organisme vivant et d'une substance. Le sujet dépendant éprouve un besoin impérieux de reprendre de la drogue pour éviter le malaise de manque et retrouver les mêmes effets physiologiques (euphorie, speed, détente,...). L'état de dépendance s'accompagne ou non de tolérance : si c’est le cas, les effets recherchés de la drogue diminuent et le sujet a tendance à augmenter les doses. Il devient prisonnier de sa drogue et a toutes les difficultés du monde à s'en sortir (sur tous les plans : "décroche" du produit, finance, santé, travail, vie relationnelle et amoureuse... etc.). Certaines drogues ne sont pas classées comme stupéfiants, c’est pourquoi Caféine, Nicotine, Alcool, ... côtoient ici Héroïne, Cocaïne, ... et font parti de la classification qui va suivre. Plusieurs classifications de produits ont été établies selon leurs effets. La première, celle de Lewin, date de 1924 et a le mérite de désigner les différents groupes de drogues par des noms évocateurs : 1) EUPHORICA : le groupe comprend des "calmants" de l'activité psychique, dont les principaux sont l'Opium et ses dérivés. Lewin y associe la Coca et la Cocaïne, je préfère plutôt, pour des raisons autres de définitions (nous les étudierons), les inclure dans le groupe EXCITANTIA. 2) PHANTASTICA : regroupe les drogues hallucinogènes, en particulier les dérivés du Cannabis et du Peyotl. Des produits de synthèse comme le L.S.D., de découverte plus tardive, doivent y être rattachés. On y trouve aussi bon nombre de plantes, de champignons, et quelques molécules organiques issues du monde animal. 3) INEBRIANTIA : réunit des substances enivrantes tels l'Alcool, l'éther et les différents solvants volatils. Certains y placent volontiers le Kawa Kawa (non stupéfiant) de part la forme d’enivrement qu’il procure (la boisson fermentée qu’on en tire contient des principes actifs euphorisants, médicamenteux et toniques, mais aussi de l’Alcool). Mais je préfère personnellement le placer dans les hallucinogènes puisqu’il en a aussi la propriété. 4) HYPNOTICA : font partie de ce groupe de nombreux somnifères, essentiellement de type "Barbituriques". 173


5) EXCITANTIA : le groupe comprend différents stimulants psychiques : la Caféine, la Nicotine, les Amphétamines, le Kat, le Bétel... et la Coca et ses dérivés. Comprenons bien que ces groupes peuvent contenir : - Des substances libres de consommation (comme la caféine), - Des substances libres de consommation (cependant définies pénalement) mais contrôlées dans leur culture et leur vente ainsi que pour leur publicité (Nicotine, Alcool). - Des substances plus ou moins libres de culture dans certains pays traditionnellement producteurs mais d’usage internationalement interdit (Coca, Cannabis). - À culture, revente, et usage strictement contrôlées au plan international dans des but d’application médicales (Pavot pour en tirer la Morphine). - Des exceptions d’interdictions de culture et de ventes pour des usages commerciaux bien définis (exemple la Coca pour la fabrication de Coca-Cola). Comme moi (mais je l’ai découvert plus tard), Albert Hofmann se fonde sur la classification de Lewin. Il divise les drogues psychotropes en analgésique et euphorisants (opium, cocaïne), sédatif et tranquillisants (réserpine), hypnotiques (kawa-kawa) et hallucinogènes ou psychédéliques (peyotl, marijuana, etc. …). Nous allons maintenant passer au détail de ces groupes classifiés en ne mentionnant en détail que les substances dites stupéfiantes, exceptions faites de l’Alcool et du Tabac (présents ici de par leur toxicité et de la dépendance que leur abus impose).

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I) EUPHORICA :

- L'OPIUM :

Somnifère Décoratif Exemples de Pavots, dessin Larousse 91

1) Historique : C'est une substance liquide et blanche lorsqu'elle s'écoule d'une plaie (blessure accidentelle ou volontaire) d'une partie de la plante (tige, feuille, et capsule). En séchant, le suc coagulé devient brunâtre, presque noir, pâteux, et s'appelle "Opium Base". Il peut être raffiné (transformé en “chandoo”) soit pour donner de l'Opium de qualité (plus riche en Morphine ? (généralement titrée à 10%°), ou pour carrément extraire la Morphine avec laquelle une multitude de produits pharmaceutiques sont fabriqués, ainsi que l’héroïne dans un contexte plus illicite. L'Opium, qu'il soit pharmaceutique ou illégal, est tiré du Pavot Blanc à Opium (ou PAPAVERS SOMNIFERIS), cousin du Pavot Rouge (vivace) et du coquelicot (tout deux inoffensifs). Chez ces deux derniers, la teneur en toxine est tellement faible, que les médecins prescrivent des tisanes de coquelicots aux enfants insomniaques pour les aider à s'endormir. En effet, le principe actif majoritaire du coquelicot s’appelle la Rhoeadine, qui calme, adoucit, mais ne tue pas et n’entraîne pas de dépendance ni aucune accoutumance. Pour plus de renseignements sur les effets bénéfiques du coquelicot, je vous renvoie consulter “Mon herbier de santé”, de Maurice Mességué (page 124 à 126). A noter, ce que l’on appelle Pavot blanc est en fait un Pavot blanc violet (Maghreb) ou blanc rouge (voir blanc rose, Turquie, Asie). Certaines de ces plantes ont des fleurs entièrement blanches. Parallèlement, dans la lignée de Pavots de jardin, existe plus de 400 genres différents dont mes préférés sont le Pavot tibétain (bleu azur), le Pavot rose (dont le coeur de la fleur est en “dentelle”) dont vous trouverez une photo juste après. Nombre de ces "cousins" (ou plutôt hybrides) contiennent eux aussi de l'Opium, mais en dose tellement infime qu'il est impossible de l'extraire ou d’en ressentir les effets. Certains d’entre eux ont parfois une teneur plus élevée : c’est le lot de l’hybridation et de son expression génétique ! 175


Une variété hybride horticole que j’ai mise au point par la sélection. Je l’ai nommée Soraya. Elle est issue d’un pavot somniferis croisé avec d’autres variétés, mais, dans le climat nos Alpes, elle y produit moins de 1 % d’opium. Je ne suis pas spécialiste en pavot, mais je suis tombé fol amoureux de cette plante pour sa beauté.

L’Opium s’obtient par incision de la capsule du Pavot blanc. Elles doivent être, dans ce cas, incisées avant maturité. Resté dans la capsule, il peut cependant être encore extrait par une méthode dite “ de la paille de Pavot”. L’Opium semble originaire de Mésopotamie. En 1873 fut découvert un papyrus égyptien datant de 1550 avant J.C., mentionnant les vertus de ce produit. Il parvint en Chine vers le VIIème siècle. Pendant longtemps, il n’y était utilisé qu’à des fins médicales et ne semblait pas poser de problèmes particulier. La pratique de le fumer est récente (XVIIIème siècle), l’opiomanie se développa alors très rapidement, faisant des ravages dans la population. Par deux fois la Chine fit la guerre à l’Angleterre (XIXe siècle) pour tenter d’interdire la culture du Pavot sur son territoire et d’éradiquer cette toxicomanie. Par deux fois elle la perdit et vu plusieurs de ses ports confisqués en guise de punition (Hongkong, Singapour, ...). Ce qui était particulièrement odieux, dans ces deux guerres, se sont les raisons qui poussèrent l’Angleterre à les provoquer : l’Opium chinois était destinée à être revendu quasi sur place, ce qui offrait aux anglais une source de revenue gigantesque (par l’intermédiaire de leur Comptoir des Indes). Si ce n’était pas de l’esclavagisme, cela y ressemblait fortement. L’Opium continua sa migration vers l’Indes, ou il pénétra au XVIème siècle. Dès le XVIIIème, il se répandit à tous les milieux, même les plus déshérités. Peut être à cause du fait que ce pays était exploité par les anglais, ceux-ci essayèrent d’enrayer le développement de la toxicomanie afin qu’elle ne prenne l’ampleur du problème connu en Chine. Traversant les océans dans les valises des marins et des coloniaux, elle arriva en Europe ou elle s’implanta dans toutes les grandes villes, plus spécialement, les grands ports. Loin de poser un problème similaire à celui de la Chine, l’Opiomanie s’étendit à toutes les couches de la société anglaise, sous forme d’Opium pour les riches, et de Laudanum (médicament) pour le peuple. 176


En France, le problème se contint à la couche dite des privilégiés (intellectuel, coloniaux). La littérature de la fin du XVIIIème siècle jusqu’à celle du milieu du XIXème, fourmille d’oeuvres narrant “l’Opium et ses vertus”. Bon nombre d’auteurs aujourd’hui reconnus et très estimés étaient de grands toxicomanes “mort-défoncés”. A son interdiction, l’Opium ne s’est pas répandu clandestinement à cause de l’apparition de deux concurrents redoutables apparaissant alors sur le marché: la Morphine et l’Héroïne. La Régie Indochinoise des Opiums a cependant été maintenu jusqu’en 1954. Aujourd’hui, l'Opium est essentiellement récolté en Orient et au Moyen-Orient; le Pavot blanc est cultivé pour sa teneur en produit actif, ou pour ses graines qui fournissent de l'huile (industrie), ou sont utilisées en pâtisseries (traces de Morphine infime dans les graines). Ce Pavot est une plante annuelle, probablement originaire de la région méditerranéenne ou du Moyen-Orient. L'Opium est une drogue très utile à la médecine. On en tire la Morphine (qui endort la douleur), et la Codéine (antitussif puissant). Depuis peu, on sait fabriquer ces produits synthétiquement et la production légale de Pavot pour les besoins Pharmaceutiques mondiaux a nettement chuté. On sait, de même, fabriquer des opiacés de synthèse comme la Péthidine et la Méthadone. Pendant des millénaires, lorsque l'Opium était utilisé pour le plaisir, il était mangé ou bu en infusion. L'habitude de le fumer est plus récente et ne remonte qu'à quelques centaines d'années (Chine); c'est aujourd'hui le mode d'administration le plus répandu. Préparé en petite boulette, il est habituellement fumé dans le fourneau d'une longue pipe. 2) Étude médicale :

Euphorica Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Opioïdes (opiacés) : morphine, opium, médicaments et stupéfiants. Phénanthrènes naturels du pavot (C14H10) morphine codéine. Opioïdes de synthèse : héroïne, naloxone, méthadone, buprénorphine, … Faible Forte Très fort Très forte Très forte Très forte Très difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 81

Les premières prises entraînent souvent un malaise général, des sueurs, une sensation de vertige, des nausées, voir des vomissements. Très vite pourtant, tous ces maux s'atténuent et font place à un état de grand calme et d'euphorie. Une douce somnolence entraîne le fumeur vers le pays des rêves et le plonge dans une complète indifférence vis à vis de ce qui l'entoure. L'Opiomanie, exceptionnelle dans nos pays occidentaux, provoque une baisse considérable de l'appétit, une constipation, une altération de l'état général et un amaigrissement extrême (cachexie). A préciser ici, pour éviter toutes confusions d’ordres linguistiques : - Intoxication due à l'Opium : Thébaïsme - Substance à base d'Opium : substance thébaïque. Les deux précédentes expressions découlent du nom de la ville de Thèbes, en Égypte, ou on récoltait l'Opium. Ne pas confondre avec : Théobromine, Théophylline, substances molécules proches de la Caféine et présentes dans le Thé, le Café, la graine de Cola, le Chocolat,... - La MORPHINE : Produit semi naturel, c'est le plus actif des alcaloïdes naturels de l'Opium. Ce dernier en contient en moyenne 10 % qu'on extrait chimiquement. On peut aussi l'extraire directement de la paille de pavot (branches et fruit 177


séchés). Cette dernière technique est censée supprimer la fabrication de l'Opium et réduire considérablement tous risques d'abus et de trafic de ce dernier. Elle est, de plus, moins coûteuse puisqu'elle évite de passer par un stade supplémentaire de fabrication (celui de la fabrication de l'Opium). Ce qui, inversement au but recherché, intéresse fortement les gros trafiquants qui se fournissent en Morphine comme matière première de fabrication de l'Héroïne. Toujours est-il que cette dernière technique s'est très répandue dans le monde, et un bon tiers de la Morphine produite pour les besoins médicaux a été tiré de la paille de Pavot. La Morphine est un des premiers médicaments de la douleur. Elle a été utilisée la première fois, par les chirurgiens qui opéraient les blessés de la guerre de 1870, blessés qui furent les premiers à en détourner l'usage thérapeutique, pour assouvir leur toxicomanie involontaire. Elle a cependant été pendant longtemps, et est toujours, la drogue par excellence du corps médical. En 1806, Seguin parvint à isoler l’élément le plus actif de l’Opium auquel il donna le nom de Morphine (de Morphée, déesse grecque du sommeil). N’ayant pas publié ses recherches, la découverte fut revendiquée par un allemand : Friedrich Serdturner. Depuis la date de sa découverte, la Morphine fut le principal dérivé de l'Opium utilisé en thérapeutique et représenta la principale source de toxicomanie opiacée en occident. Elle se présente à l'état pure comme une poudre blanche, et sa consommation peut se faire par voie nasale (sniffée ou fumée) ou intraveineuse. La découverte de la seringue vers 1850 a d'abord favorisé l'injection en intramusculaire médicale, on connaît la suite. Elle se développa ensuite sous le nom de “morphinisme”, principalement dans les milieux mondains et exerça ce que les spécialistes de l’époque appelèrent déjà des ravages (Pour plus de précisions à ce sujet, voir : Partie développée pour cette version de l’œuvre: Drogues : le vrai débat; 2) Les naufragés de Liverpool complément au point sur la prohibition).

Les morphinomanes ressentent, pour une courte durée, un bien-être général et vivent avec leur drogue, une véritable "lune de miel". Dès les premiers instants, commence une période de joie cérébrale : le jeu des forces intellectuelles semble plus aisé et plus vif, on se croit plus intelligent. Cette excitation intellectuelle contraste avec le calme physique qui l'accompagne; la griserie morphinique est purement intérieur, le sujet souhaite le silence et se complaît, pour mieux savourer son bien-être, dans le calme et l'immobilité. Cette drogue semble exacerber l'égocentrisme. La Morphine a des effets d'une plus grande intensité que l'Opium si elle est administrée par voie intraveineuse. Ses effets durent environ de 5 à 8 heures pendant lesquelles le toxicomane "plane" et vit dans un état de béatitude et de rêverie. Sa respiration, comme celle d'un homme endormi, est ralentie par inhibition du système nerveux central. Certaines toxicomanies sont consécutives à un usage médical prolongé de la Morphine. Il faut bien comprendre que l’individu habitué à la Morphine (comme à l’Héroïne) est dépendant sur deux niveaux distincts : le manque (douleurs) qui rappelle impitoyablement le toxicomane à “l’ordre” de sa réalité, et l’effet décrit comme incomparable, qui procure un plaisir dont le souvenir à lui tout seul suscite le renouvellement de l’expérience. Nous reviendrons plus tard sur la question du manque.

- L’HÉROÏNE (Diacétylmorphine) : Avertissement : Avant toute étude, je dois avouer, qu’au départ, je ne connaissais absolument rien du sujet que je traite ici. Seul des soucis de comparaison et de classification du Cannabis avec d’autres drogues me forcent à relater un petit topo sur l’Héroïne. J’ai dû, tout en évitant de goûter leur produit, fréquenter tout un monde toxicomane dont les valeurs, les motivations et les réactions étaient fortes différentes, voir opposées, à celles des gens du milieu Cannabis (donc des miennes). Remerciements spéciaux à A.S.U.D. qui diffuse dans son journal, un savoir autant utile aux toxicomanes qu’aux profanes qui veulent comprendre et s’instruire sur le sujet.

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Ce cercle “très fermé” qu’est le milieu de “la Blanche” m’a donc ouvert ses portes et m’a beaucoup appris sur cette toxicomanie. “Assistant à la scène par l’envers du décor”, j’ai compris que ces gens sont des victimes qu’il faut aider, pas dans le sens qu’on leur “tende la main pour qu’on les sorte de leur toxicomanie”, mais qu’on adapte tout d’abord les lois à leur condition afin que cesse cette répression stupide et le profit immense qui en découle engendrant marginalisation, contaminations (Sida, Hépatites, ...), pègre, délinquance et corruption. Quelques individus de ma connaissance, anciens héroïnomanes fortement dépendant d'opiacés (substituts médicaux de l’Héroïne), ne sont pas devenus les “Junkys” dont on dresse habituellement le portrait. Ils arrivent, tant bien que mal, à s’imposer un compromis entre drogue, corvées sociales et travail (petits boulots, jardinage, peinture...), arrivent à garder un appartement, vivent souvent pauvrement mais sans dettes (du moins pas plus que tout le monde), et surtout ne nuisent (physiquement ou pécuniairement) à personne. Il est bon de noter que ces individus s’intéressent tous à un domaine artistique ou philosophique, et ont tous pour point commun d’avoir presque totalement coupés les ponts avec leurs anciennes relations toxicomanes et leur monde caractéristique. Tout ceci pour attirer votre attention sur le fait que le texte qui suit n’est pas forcement le schéma absolu de tout ce qui concerne l’Héroïne et son monde occulte; il en est cependant une bonne approche et un bon résumé; il est l’expression d’un point de vue et d’une contestation qui est “dans l’air” en ce moment. 1) Historique : Dérivée de "Heroish", qui, en allemand signifie "efficace", elle a été synthétisée à partir de la Morphine à la fin du 19 ème siècle par Dreser. Il pensait trouver là le remède contre la morphinomanie, et son manque, mais on s'aperçut très vite que l'Héroïne développait une pharmacodépendance et une toxicité pire. Elle fut cependant utilisée pour soigner les troubles asthmatiques et la tuberculose jusqu'à son interdiction thérapeutique (exception faite de l’Angleterre qui l’a gardé dans sa pharmacopée). L’Héroïne est souvent associée à d'autres produits comme la caféine (excitant), la strychnine (toxique excitant), le lactose, le mannitol, voir du plâtre (certains inconscients coupent l’héro avec n’importe quoi), etc. Chaque produit de coupe a son rôle précis; les deux premiers cités ci-dessus (speed), contrarient l'action somnifère du produit (avec de l'Héroïne pure, on peut s'endormir et "oublier" de respirer); les autres sont là pour "faire du poids" et faire empocher de plus larges bénéfice. Attention, une petite goutte en trop de strychnine, et c’est la mort assurée (principe actif de l’Amanite Phalloïde)/ La "poudre" la plus recherchée dans le milieu toxicomane est la blanche. Elle est sensée être la plus pure. Adultérée fortement à la strychnine et au lactose, elle reste cependant toute aussi blanche. Vendus dans la rue, ces produits contiennent en général entre 4 et 20 % d'Héroïne pure, le reste n’étant bien sur, que du produit de “coupe”. Vendue en gros, son taux de pureté peux varier entre 30 et 60 %, voire plus rarement, 70 à 80%. En France, dans les année 80, le gramme acheté en gros coûtait généralement entre 400 et 600,00 F, passant à plus de 1000,00 F dans sa vente au détail. Plus récemment, des fournisseurs revendent en Hollande, Belgique et sur Internet, de l’héroïne de « bonne qualité » à moins de 200 F le gramme (30 Euros). Ceci est certainement du au fait que la demande est moindre qu’ils y a quelques années. Un gramme à 60 % peut donner 4 grammes à 15 % ou 6 grammes à 10 % ... . Ce qui explique pourquoi ce trafic existera toujours tant que l’Héroïne sera clandestine : il est bien plus que lucratif, il est Hyper Lucratif. 2) Étude médicale : L'Héroïne se fume, se renifle (sniff), ou s'injecte en intraveineuse (shoot). Les effets physiques et psychiques provoqués par l'injection du produit sont : -Rétrécissement des pupilles (myosis). -Phénomènes physiques quasi-identiques à ceux provoqués par la Morphine (en un peu plus fort). -Le "FLASH", souvent comparé à un orgasme sexuel, c'est une jouissance de quelques secondes qui envahit tout le corps, une explosion dans la tête, une onde de chaleur, un

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ressentiment profond, un bruit. Les mots manquent pour définir ce que l’héroïnomane ressent lors de ce phénomène. -La "Planète", où le sujet éprouve un sentiment de bien-être total. Il se sent libéré de tout désir et de tout besoin, il se sent flotter. Cette impression souvent représentée comme indicible, incommunicable, est probablement propre à chaque individu. -La "Descente", se traduit par un retour progressif à la perception habituelle des événements et du temps. Le toxicomane retrouve la conscience du réel et son insatisfaction. Les termes “Flash, Planète, Descente” étaient ceux utilisés dans le jargon toxicomanes à la fin des années 80, époque où fut réalisée cette étude. Ceci est indiqué ici au lecteur au cas ou ces expression lui semblaient vieillottes, “ringardes” ou obsolète. Poursuivons : ... Au niveau physiologique, l’Héroïne à une action sur : - Le système nerveux central : dépression respiratoire, excitation psychomotrice, myosis. - Le système cardiovasculaire : chute de la pression artérielle. - Les fibres lisses du tractus intestinal : le tonus des fibres circulaires est augmenté avec pour conséquences spasmes, nausées et vomissements. Sur le plan psychologique, on observe A) sous effet de la drogue : - Une sensation de bien être (coton). Après injection, le sujet à souvent tendance « à piquer du nez » (s’endormir). A cause de ce phénomène, nombre de ceux qui fument se sont brûlés les doigts, ont brûlé canapés, matelas, moquettes … ou mis le feu à leur maison. - Au flash succède succède la “planète” ou le sujet à l’impression de baigner dans un monde sans problème. - Un processus mental modifié : le sujet se sent plus intelligent, l’ordre des valeurs morales est perturbé. Il est plus serein et plus sur de lui. B) après l’effet de la drogue : Après ces effets agréables, les sensations s’estompent dans un délai rapide. Le sujet est donc amené à reconduire la prise d’Héroïne pour éviter les phénomènes psychiques et somatiques qu’entraîne le sevrage. Si l’individu est ”accro.”, il se retrouvera en état de manque. Mais quand il n’en a pas les moyens, mensonges, vols et tromperies prennent souvent le dessus ; l’individu se hisse au rang de comédien digne d’un Oscar, pour obtenir l’argent nécessaire à l’achat de sa dose journalière. Pathologiquement parlant, l’usage prolongé d'Héroïne induit chez les individus : - Un déficit du fonctionnement intellectuel (idéation lente, trouble de la mémoire immédiate). - Un déficit de l’activité physique (asthénie). - Une activité réduite des glandes génitales et une aménorrhée (l’individu reste cependant fertile). - Un amaigrissement (perte d’appétit) pouvant aller jusqu’à la mort. - Des troubles d’humeur et de l’affectivité aboutissant à la désinsertion (familiale et sociale). - Une constipation chronique. - Des troubles oculaires graves. - Perte des dents et/ou des cheveux. - Maladies infectieuses (tétanos, septicémie, endocardites, staphylocoques et assimilés). - Abcès aux points d'injection. - Sans compter les effets négatifs des produits de coupe : plâtre, strychnine, caféine, lessives, ...etc. 180


- On note, de plus, comme une prédisposition de cette forme de toxicomanie à propager les virus et bactéries (Hépatites, Herpès, S.I.D.A., ... due à l’échange de seringues ayant déjà servi) -Et à la longue, diverses maladies dues à un état de santé général précaire et sousalimenté. Ajoutez à cela, la perte de travail, d’appartement, une “clochardisation” particulière qui mène à l’état de “Junky”, le manque d’hygiène et une mauvaise alimentation dus au manque de sédentarisation, la fuite, sans cesse traqué par la Police, la quasi-impossibilité “de retour en arrière” sans le passage obligé à la “case prison” ou part des soins. À ce sujet, une Police (dont une partie fascisante se régale à traquer et utiliser les toxicos en refusant de leur offrir une vie normale) qui ne fait rien de bien probant (ou ne peut rien faire parfois) pour arrêter les “gros bonnets”.

Dans un model répressif, c'est la drogue du "Galérien" par excellence.

Après une période euphorique comparée à une "lune de miel" (quelques jours à quelques semaines), l'intoxiqué perçoit qu'il a de plus en plus de mal à retrouver le plaisir procuré par les premières injections. Il risque alors de devenir "acro.". En effet, les prises dont l'efficacité ne durent que quelques heures, doivent être de plus en plus répétées afin d'obtenir non seulement un effet euphorisant devenu médiocre, mais surtout la suppression du besoin et des douleurs de manque. Des troubles divers apparaissent progressivement : pâleur, perte de l'appétit, amaigrissement, comportement asocial (voir violent), ... etc. Le rythme du sommeil est inversé : endormi tôt dans la matinée, le toxicomane se réveille souvent en début de l'après-midi. Dans une société qui le persécute, sa “réinsertion” n’est pas possible et le délit est la seule voie qui lui reste pour trouver l’argent nécessaire à lui procurer sa dose. On dirait que tout est fait pour le maintenir dans cet état. En résumé, ce parcours est ultra classique : dans notre modèle de société, on note une forte baisse du rendement scolaire ou professionnel qui conduit l'héroïnomane à réduire toute activité autre que la recherche quotidienne de son toxique; c'est la "Galère". C’est à cause du constat de ce phénomène répétitif que des médecins et intervenants en toxicomanie se sont battus pour modifier le cours des choses et tenter d’imposer une nouvelle voie. Le programme "Méthadone" (voir plus loin), testé dans certains pays nordiques, résout le problème de délinquance lié à la consommation d'Héroïne : on distribue journalièrement et gratuitement ce "substituant" de l'Héroïne, pourvu que le toxicomane veuille bien se faire recenser et se plier à une réglementation intransigeante (test urinaire pour vérifier si le toxicomane ne reprend pas de l'Héroïne en cachette). Dans ce cas, le toxicomane peut vivre une vie sociale presque normale, tout en vivant sa toxicomanie (aucun toxicomane volontaire "traité" ne sera "dénoncé" à la Police ou à la Justice, même en cas d'arrêt de la cure; les médecins ne sont pas des "balances" et sont tenus au secret professionnel). Ce modèle médical philosophiquement très avancé, rencontre cependant deux problèmes de taille dans notre société : - Le peuple et les politiques sont actuellement plus enclin à la répression qu'à la reconnaissance d'un statut du toxicomane. Seul les parents dont un ou plusieurs enfants sont toxicomanes cherchent à comprendre ces derniers et pratiquent la tolérance. Les autres "s'en foutent", jusqu'au jour où le problème les touchera... - La Méthadone est un toxique plus puissant que l'Héroïne, non pas spécialement dans ses effets, mais dans la dépendance et le sevrage. - Certains juges ne jouent pas le jeu et font perquisitionner ces cabinets médicaux dans le but d’obtenir la liste des soignés. Pourquoi alors, dans cet ordre d'idée, ne pas distribuer directement de l'Héroïne gratuite? C'est en tout cas la première pensée qu'aura un Héroïnomane en lisant ce texte. Nous développerons ce point plus en avant (voir plus loin : Le Programme Méthadone).

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3) Portée sociale de l’Héroïne (lorsque clandestine) : L'Héroïne est une substance pernicieuse qui perturbe la société actuelle; elle en est aussi, dans une certaine mesure, le reflet. En effet, si on considère que la répression massive à échoué, on est en droit de se poser la question suivante : est-ce que, au contraire du but recherché, la répression n'aurait pas nourrie l'expansion du phénomène ? Pour illustrer ces dires, dressons le "portrait robot social" d'un héroïnomane : Exclusion sociale : l'héroïnomane se cache pour assouvir sa toxicomanie, se cache des parents, des professeurs, des flics et des lois en général. De toute façon, il n'a aucun droit à l'expression, et s'il a déjà connu la prison, il n'a plus aucun droit du tout. Il devient alors la cible des truands puisque ne pouvant fréquenter plus qu'eux. Le mensonge : il apprend vite à dominer le mensonge et l'hypocrisie environnante pour tirer son épingle du jeu et continuer à survivre en tant qu'individu et toxicomane. La maladie : déjà fortement affaibli par la toxicité de son produit, l'héroïnomane est la cible directe des M.S.T. (S.I.D.A., Hépatites, etc. ...). On préfère encore interdire la vente de seringues libres (certains pharmaciens refusent encore d’en vendre) et favoriser l'expansion de l’Hépatite et du S.I.D.A. plutôt que de déranger l'étique de lutte contre la toxicomanie fortement implantée dans les esprits par le bourrage de crâne officiel de ces vingt dernières années. La déchéance fruit de la galère : pour se droguer, il faut beaucoup d'argent; pour survivre sans travail ni ressources aussi. Le toxicomane n'a pas d'autres choix que de trafiquer son produit ou de voler, dans un premier temps, puis, lorsque les forces et la santé font défaut, de se vendre comme prostitué(e) ou de traîner de docteurs en docteurs. L’héroïnomane, même s’il ne “vend pas son cul”, est une sorte de prostitué ou plutôt un esclave : c’est lui qui fait tout le sale boulot et vit la galère, c’est le dealer qui encaisse les billets et à une vie dorée. On peut parler ici de forme moderne d’esclavage. Si l’individu héroïnomane avait accès librement à la méthadone, il ne serait “plus” qu’esclave de celle-ci et de lui même et ne poserait plus de problème à autrui. Ce serait une façon de faire un premier pas pour tenter de le responsabiliser et de le mettre en de bonnes conditions, et donc, d’aller dans le sens de lui faire comprendre et admettre qu’il doit se désintoxiquer. Fin de parcours : l'hôpital ou la prison. Cette idée terrorise le toxicomane, bien qu'il soit plutôt habitué à penser au présent et non pas au lendemain. La prison c’est le manque, et elle vous tue psychiquement et socialement. En sortir ne signifie souvent qu'une situation provisoire en attendant d'y retourner. En effet, qui sort de prison ne retrouve pas de travail (en tout cas pas de travail normalement rémunéré) et est fortement tenter d'accéder à des pratiques illégales mais courantes. Elle n’a, de plus, jamais soignée des causes de la toxicomanie (comme elle n’a jamais “guéri” les voleurs et les assassins). Pire, un récent rapport (1997) précise que les prisons engendrent de nouveaux toxicomanes, fait “stupéfiant” qui tenterait à prouver qu’elle sont remplies de poudre. Quand ce n’est pas de l’Héroïne, se sont des cachets qu’on leur donne ou qu’on essaye sur eux. Comment ce fait-ils qu’il pénètre des psychotropes dans des endroits si gardés que plaquettes de chocolats et objets de valeurs n’arrivent pratiquement jamais à destination ? La réponse est simple : une partie de ceux à qui il est confié d’empêcher ce phénomène l’exploitent à leur compte. La corruption est vraiment de partout. Mais ils ne sont pas les seuls : notons quand même qu’il y a des produits qui passent au niveau des parloirs, lors de visites aux prisonniers. Avant l’apparition du programme Méthadone, l'hôpital, en comparaison de la mort sociale qu'offre la prison, représentait la mort de votre individualité, vous deveniez l'assisté à qui on impose horaires, cachetons et autres saloperies en guise de bonne hygiène de vie; vous perdiez aussi votre liberté, car vous dépendiez, une bonne partie de votre vie, du corps médical, soupçonneux à votre égard, de replonger dans "le truc".

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En bref, on faisait endosser aux médecins un rôle de flic et de Juge qu’ils n’aimaient pas forcément et qu’ils commençaient à dénoncer avec force. . Grâce à des gens comme Bernard Kouchner, cette situation est progressivement en train de changer en bien mieux, mais d’une, en France, tout n’est pas gagné de partout, et de deux, nous ne sommes pas à l’abris d’un retour en arrière en cas de changement de gouvernement (lignes écrites en 1998). Lutter, contre la drogue par la répression, favoriserait la pègre? Il semblerait que oui si on interprète correctement cette étude. En tout cas, dans la France des années 90, plus de 60% des cas de cambriolages auraient été dus à la toxicomanie et encore aujourd’hui, dans certaines grandes villes, une grande partie des prostitué(e)s (40-50-60 % ? chiffres non révélés) sont toxicomanes dépendants de l'Héroïne. Aucune autre statistiques officielles ne vient décrire la proportion de braquages (banques, magasins, pharmacie), attaques de personnes et vols simples attribuables à la Toxicomanie. Pourtant, il suffit de lire attentivement les journaux ... C’est un peu comme si ceux qui orchestrent la répression et la pratique font tout pour qu’elle existe, la justifiant ainsi autant qu’ils justifient leur salaire et le pouvoir qu’ils tirent de leur fonction. C’est le désordre organisé et cruellement exploité, par définition c’est une forme de fascisme. En résumé, dans un contexte répressif, l’héroïnomane est donc l’esclave à qui on peut tout faire : - Il “nourrit” la pègre, l’État (amendes, Police, Justice et prison ..., et à ce sujet il faudrait aussi approfondir le scandale du travail sous payé qu’on y impose), le chômage, la médecine et la pharmacopée (passage obligé si il veut éviter la prison), le discours du Front National et sarkozystes qui voient en chaque jeune étranger un trafiquant ou un futur drogué et en chaque jeune, en général, un délinquant potentiel et la Police qui se sert souvent des toxicomanes comme “Balances” ou “promontoires à promotions”. - Il n’a aucun droit et surtout pas celui de s’exprimer ou de vivre tranquillement son vice. Cette situation n’a que trop durée et doit changer. Ce qu’il faut savoir c’est que l’Héroïne ou la méthadone ne coûte presque rien à la fabrication. Leur octroi “libre” et gratuit (mais contrôlé), coûterait bien moins chère à la société que d’avoir à se “coltiner” 300 000 héroïnomanes clandestins incontrôlables. Le cycle du vol-prisonmaladies-répression à un coût bien plus élevé, en sus d’être dégradant sur le plan humanitaire et irrespectueux des Droits de l’Homme. Je doit préciser à ceux qui, un peu “conditionnés”, n’ont pas encore compris la subtilité du “truc” : il n’est pas ici question de distribuer gratuitement Héroïne ou autre opiacé dans les rue, mais de les délivrer, via la voie médicale, à des gens reconnus dépendants et non prêt à se désintoxiquer.

4) Les naufragés de Liverpool : Paradoxalement au problème de toxicomanie dénoncé et combattu aujourd’hui, le Nouvel Observateur du 6 Novembre 1997, relate une expérience originale de dépénalisation des drogues dures. Avant de commencer le compte rendu de cette expérience, je vous préviens que j’ai coupé l’article en deux. La première partie correspond au titre dont l’étude est en cours, la deuxième moitié qui présente un historique des drogues et de la prohibition, a été placé dans : Partie développée pour cette version de l’œuvre: Drogues : le vrais débat; 2) Les naufragés de Liverpool - complément au point sur la prohibition.

Revenons à notre expérience de Liverpool. Le titre : “Les naufragés ...” ne transcrit que le fait que cette expérience à été abandonnée (uniquement parce qu’elle “dérangeait”) tout autant que les toxicomanes qui étaient traités alors. En effet, pendant des années, les autorités du grand port anglais ont fourni leurs toxicomanes en drogue. Expérience de décriminalisation plutôt qu’autre chose, qui tourna court, condamnant les “Junkies” à la clandestinité et à l’abandon à partir de 1995. C’était dans les toilettes d’un riche et vieux Pub Victorien de Liverpool, le “Philharmonic”, témoignage de la richesse de l’époque coloniale britannique, que les grands dépendants aux drogues dures de cette ville venaient consommer leur “défonce” achetée en toute légalité en pharmacie. 183


Cocaïnomanes, Héroïnomanes, adeptes du ”Jiuling” (ou chasseurs de dragon, qui fument leur poudre dans du papier aluminium comme du Crack), méthadoniens et whizzers (accro. au Méthylamphétamine), se faisaient signer leur ordonnance dans une clinique du Maryland Center, à deux pas du Pub en question. Ce havre de paix pour toxicomanes était perçu comme un scandale par les Églises, comme un cauchemar pour les autorités américaines et comme une verrue pour le commissariat de police du quartier. Le district de Mersey (Liverpool et sa banlieue), avait établi un programme de délivrance contrôlée des drogues. Il était resté alors fidèle au British System, peu a peu abandonné par Londres sous la pression des États-Unis, qui permettait à tous médecins britannique de prescrire n’importe quelle drogue pour soulager un toxicomane. Sur le fond de principe du British System, les autorités du district ont osés une expérience originale en ouvrant à Widnes, Warrington et dans Hope Street, trois cliniques accessibles aux toxicomanes “grands dépendants” sans contraintes physiques ou morales. Ces trois établissements avaient été confiés au docteur John Marks dont on sait qu’il n’est pas n’importe quel “toubib” : il a la vocation de tendre la main aux toxicomanes les plus démunis, ceux que d’autres classent comme irrécupérables. Assisté par des bénévoles (Junkies assagis ou d’anciens grands dépendants), son action avait pour but de fournir de la drogue aux intéressés pour les protéger contre les risques d’infection du Sida et les soustraire à l’emprise des dealers afin de les écarter de la criminalisation. Le concept était donc de pratiquer une politique médicale de maintenance sans substitut, avec les produits même auxquels les toxicomanes sont dépendants. Une telle expérience ne pouvait être tentée que dans le district de Mersey, la nébuleuse révoltée de Liverpool comme la définie François Caviglioli. Zone fortement populaire décimée par le chômage et la misère, délaissée par le pouvoir de Londres, c’est une région au ban de l’Angleterre, peuplée de Scousers comme on appelle ces riverains de la Mersey qui sont des gaillards pas commode dotés de leur propre langage et de leur propre culture. Ce qui se passe autour de Liverpool n’affolent et n’intéresse pas les autorités anglaises. Le docteur Marks a donc pu mettre en place son programme sans opposition marquée, à la condition que cela ne se sache pas trop. Mais cette expérience fit du bruit : de nombreux pays ont étés intéressés par elle, le docteur Marks à été invité un peu partout en Europe, les médiats se sont emparés du sujet. Sous l’emprise de pressions multiples, Londres s’est empressé de faire stopper le programme. Le docteur Marks a été remercié. Les protestants ont repris en main le service des soins aux grands dépendants, sous l’impulsion du docteur Maudsley de Londres, et imposent leur politique tout méthadone conjointement à une cure de désintoxication forcée. On a assisté ici au choc de deux doctrines : celle qui pense que les drogues sont dangereuses parce qu’elles sont interdites contre celle qui pense qu’il faut les interdire car elle sont dangereuses. Les toxicomanes traités sont alors retournés à la rue et cumulent la prise de méthadone (délivrée le matin par les autorités locales) avec celle d’Héroïne (achetée le soir au dealers). Tout est rentré dans l’ordre ..., en quelques sortes ! Pitoyable situation ...

L’article dont vous venez de lire le compte rendu est signé par François Caviglioli

-LA CODÉINE ET SES DÉRIVES : La Codéine est un médicament très utilisé. Elle a en particulier pour effet de calmer la toux. Elle se trouve en très faible concentration naturelle dans l'Opium. L'industrie pharmaceutique l'emploi “Larga Manu.” Plus de 90 % de la Morphine préparée en laboratoire est transformée en Codéine : bien que ses effets et son efficacité analgésique soient moindres, ses propriétés sont proches de la Morphine.

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Les toxicomanies à la codéine sont rares et il faudrait, en fait, en consommer des quantités extrêmement importantes pour qu'il y ait vraiment dépendance. Les sirops, suppositoires et cachets antitussifs qui contiennent de la codéine sont ... en vente libre, et servent souvent de produits de substitution aux toxicomanes. Ces derniers vous avoueront que la codéine est une "sale défonce" (entendez par là mauvais produit, mauvais effets), tout juste bon à être pris pour calmer le manque. En effet, les produits codéinés sont très toxiques et peuvent engendrer des symptômes hépatiques sévères.

- LES OPIACÉS DE SYNTHÈSE : (La description qui suit est à prendre avec des pincettes car les docteurs, aujourd’hui, peuvent plus facilement aider le toxicomane à éviter sa crise de manque et lui prescrire des opiacés mieux adaptés pour cela). Les chimistes ont mis au point un grand nombre de produits qui permettent de soulager les douleurs les plus vives. Ils sont souvent aussi efficaces que la Morphine et classés comme stupéfiants. Leur usage prolongé peut engendrer une toxicomanie. Pendant longtemps, avant que les médecins soient autorisés à prescrire des opiacés, ils furent recherchés comme produits de substitution par les drogués qui n’avaient pas d'autres moyens pour se les procurer, que de faire des "casses de pharmacie" ou de piéger les docteurs ou pharmaciens peu méfiants. Au besoin, les ordonnances étaient falsifiées, et les praticiens qui délivraient des "drogues licites" pour un usage illicite, engageaient leur responsabilité (amende, peine de prison, interdiction d'exercer,... même s'ils s’étaient, en toute bonne fois, faits piéger). Le dépendant qui utilise ces produits éprouve, dans un premier temps, une certaine euphorie. Puis son état général s'altère : il maigrit, souffre de troubles digestifs et souvent de troubles de la vigilance. Il vit dans la torpeur et une angoisse permanente. Cette toxicomanie est très répandue dans les milieux médicaux et paramédicaux. Dans les années 80, les drogues "vendues sur ordonnance" qui furent les plus couramment utilisées étaient : Le Dolossal : présenté en ampoules injectables ou en suppositoires, il provoque, lorsqu'on en abuse, un état confusionnel et une grande anxiété. L'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) a recommandé, il y a plus de 30 ans déjà, de l'employer avec les mêmes précautions que la Morphine. Le Palfium : est un analgésique puissant qui procure un "Flash". Il est toxique et la dépendance s'installe rapidement. Le Fortal : entraîne, lui aussi, une dépendance physique. Durant ces mêmes années, certaines cliniques privées (traitant les problèmes psychosomatiques ou les troubles mentaux, par exemple), utilisaient à outrance certains de ces produits; et les patients, victimes de ces manières de faire, vivaient l'enfer de la dépendance décrit juste avant, doté en plus de l’abrutissement de l’esprit. A défaut d’avoir des médicaments réellement efficaces, on cherchait apparemment plus à rendre les malades calmes et inoffensifs, qu'à les guérir. Aucun travail, sur le plan psychologique, n’était réellement concevable avec des individus réduits à l’état de légumes. Il faut avoir vu une fois me phénomène pour comprendre ce que je veux exprimer : des patients avachis, marchant maladroitement et doucement, langue sortie et bave aux lèvres, le regard absent, aucun dialogue cohérent possible ; une camisole chimique, c’est tout ce que c’était, sans apporter aucune qualité aux soins. Depuis 1990, de nouvelles générations de médicaments, plus adaptés aux maladies et moins abrutissants pour les patients ont vus le jour. Le problème de dépendance, bien que moins marqué, n’est pas encore résolu. Résultats enregistrés : mieux armés, les médecins s’impliquent plus à suivre l’individu malade dans son coté psychologique et le rapport toubib - patient est devenu plus humain. Ce qui renforce l’efficacité du traitement et donne enfin aux médecins l’impression d’être véritablement efficaces et utiles dans le secteur de la psychiatrie. Cela leur donne aussi les moyens de faire barrière aux forces de l’ordre et de la Justices qui prétendaient, faute de résultats sur le plan médical, résoudre certaines pathologies par la répression.

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Du coup, révolution au niveau social : le corps médical essaye de drainer vers lui tout un tas d’individus jugés sur un plan criminel il y a encore peu, mais dont la caractéristique est d’être sous le coup de dérèglements mentaux, pulsions ou dépendant de produits psychotropes. Ceci les mets en concurrence directe avec les secteurs de la Police et de le Justice, et c’est le déclenchement d’une autre guerre, invisible au yeux du peuple, ou chacun “tire la couverture à soit”. En exemple de ce qui vient d’être exprimé : lorsque les distributions de seringues furent autorisées, les premiers intervenants sociaux qui les distribuaient gratuitement furent souvent arrêtés, fichés, placés en garde à vue, ...”emmerdés” quoi. Évidement, comprenez le malaise, c’est une majorité de toxicomanes qui remplissent les prisons, que vont devenir l’excès de Juges et de policiers si ce secteur (la toxicomanie) est entièrement placé sous contrôle médical ... C’est le coup de l’arbre qui cache la forêt car cette armada pourrait en fait servir dans la répression de la fraude de haute finance, la pollution industrielle, la corruption généralisée, secteurs actuellement relativement épargnés. Comprenez bien, à un certain niveau de hiérarchie judiciaire, ces gens ne voient que leurs intérêts, servent le pouvoir et apprécient les avantages et le respect qu’ils tirent de leur position. Il se foute complètement de savoir si ceux qu’ils envoient en prison la méritent ou pas. Ils se “vautrent” dans le même état d’esprit que nos nobles d’avant 1789 : l’autorité de droit divin, des privilèges et de l’élite. Les médecins humanistes vont avoir affaire à forte partie. Car la société est plus complexe qu’on ne puisse l’imaginer. Les “Judiciaires” ont deux “Chevaux de trois” au sein du monde médical : -“l’Ordre des Médecins”, organisme souvent ultra - conservateur qui possède le terrible pouvoir de sanctionner ou d’interdire un praticien; hostile ou méfiant par principe, envers toutes nouvelles idées. - Et la toute puissante Industrie Pharmaceutique dont les intérêts sont proches de ceux des hommes du pouvoir : l’Argent et ce qui en découle.

- LA DÉPENDANCE ET LE MANQUE :

A plus ou moins brève échéance, les opiacés induisent une dépendance physique et psychique. Les effets tyranniques du produit bouleversent le rythme de vie, les liens affectifs, les relations professionnelles et sociales. Les centres d’intérêts se réduisent peu à peu. La recherche de la drogue et de l’argent pour se la payer, deviennent une activité à plein temps”. On est bien obligé de constater que pour les opiacés, il existe une réelle dépendance physique bien plus forte que la volonté moyenne des Humains. Le manque se traduit par : - Des troubles digestifs (vomissements, diarrhées). - Des troubles circulatoires (pâleurs, sueurs froides). - Douleurs (viscéralgies, crampes musculaires). - Insomnies. - Larmoiements et rhinorrées. Toute l'existence du toxicomane est basée sur le fait d'essayer d'échapper au syndrome d’abstinence, appelé à juste titre : le manque. Son intensité dépend du degré d'intoxication, de dépendance, mais aussi de la personnalité, de l'instruction et de la volonté du sujet. En général, les premiers effets de manque se manifestent 5 à 8 heures après la dernière prise de drogue opiacée; que ce soit par voie intraveineuse, ou par voie nasale. “Scénario” du manque : L'angoisse du toxicomane augmente progressivement. Il ne "tient plus en place". Il est extrêmement irritable, et passe de la colère à l'abattement le plus complet. Il pleure, bâille, frissonne, sue, est pris de

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tremblements, et son nez coule. Il peut avoir chaud, et aussitôt très froid, être sujet à des vomissements et des nausées. Il ne peut plus dormir et a mal partout; au ventre, au dos, aux épaules ...etc. Il est, de plus, sujet à des crampes douloureuses et les diarrhées sont fréquentes. Il est aussi sujet à des soubresauts ou douleurs nerveuses, signe d’un semblant de réveil des nerfs (fin de l’action analgésique de la drogue) Cet état de manque fait aussi revenir les angoisses au galop. En l'absence de traitement, les symptômes s'accentuent et le manque atteint son paroxysme aux 2ème et 3ème jour. Puis progressivement, en l'espace de trois à quatre jours, les troubles disparaissent. Le sevrage ne dure pas plus d'une semaine; c'est une expérience très traumatisante mais qui n'est jamais mortelle si elle est médicalement assistée. Notons, à ce sujet, que le sevrage bloc (arrêt immédiat sans l’aide de médicaments) de grands toxicomanes à conduit et conduit toujours quelques sujets au décès. Les dépendant aux “cachetons” (médicaments opiacés dont l’usage est détourné dans un but toxicomaniaque) sont eux, par contre, exposés à un risque létal plus grave lors d’un sevrage bloc. Le traitement en milieu hospitalier, grâce à des médicaments spécifiques, (tranquillisants, antalgiques...), évite, le plus souvent, au toxicomane de vivre à fond cette douloureuse période. Si le corps met environ deux ans à se remettre de l’Héroïne, la dépendance psychologique est telle que dans une très forte proportion des cas, l'individu rechute. En moyenne, une dépendance psychologique à l'Héroïne se sèvre définitivement au bout de 10 à 15 ans. Une "rééducation sociale", une psychothérapie et une vie bien réglée (sommeil, alimentation, sport,...), sont réputés apporter de bons résultats si l'individu se prête au jeu; ce qui est loin d'être toujours le cas. Le problème de cette substance réside dans le fait qu'une simple et unique consommation suscitera pour toujours, à votre esprit, l'envie d'en consommer à nouveau. L’expérience sera stockée dans la partie inconsciente du cerveau. Cependant, tout ceux qui font l’expérience de l’Héroïne ne finiront pas tous héroïnomanes. Il faut aussi, pour que “l’amorçage” fonctionne, avoir une personnalité et un vécu particulier. Si 73 % des héroïnomanes réguliers tombent dans le piège de l’addiction, « seulement » 15% des expérimentateurs et consommateurs occasionnels de drogue dure finissent toxicomanes ! (En souligné : ref ... Sciences et Vies n° 1076 de mai 2007, page 68). Il est à noter que sous emprise de ce produit, et même quelques heures après la fin de l'effet, un net changement de comportement se fait sentir chez l'usager amateur : il se croit plus intelligent et son nouveau mode de raisonnement lui permet de laisser quelques sentiments de coté, donc d'être plus bonimenteur ou plus commerçant (flatterie de l'Ego...). ”Accro.”, l'individu devient très fortement égocentriste et ne démontre plus aucun intérêt pour tout ce qui ne lui rapporterait pas de nouveau de la drogue, ou de l'argent. Lorsqu’il est sous l’effet de l’Héroïne, le toxicomane ressent son état comme plus speed; après sevrage, il se sent plutôt comme apathique, dysphorique, fatigué, malade ou comme vivant au ralenti. Pour expliquer les nombreux cas de rechutes, en dehors de la crise de manque, il faut bien arriver à concevoir que ce n’est pas le produit qui est réclamé par le corps, mais plutôt l’état fébrile qui n’est pas supporté, l’individu souhaite replonger dans l’état “speed” qu’il n’arrive pas à retrouver naturellement, même un an ou deux après le sevrage. D’où la rechute... Dans ce cas, le “Keuf” moyen est tenté de dire : “bienvenue au Club des ”junk-toxiconnards”, L'Héroïne c'est comme SEGA, c'est plus fort que toi”. L’humour policier (si - si, ils en ont parfois) est souvent assez morbide ou déplacé ! Pour eux, de toutes façon, leur carrière et leur paye sont assurées tant qu’il y aura des toxicomanes, des trafiquants et des voleurs. Hors, les héroïnomanes ne font pas que dealer ou voler, ils fréquentent aussi des receleurs, des clandestins, d’autres voleurs, d’autres toxicomanes ...plein de gens intéressant la Police. Cette dernière trouve dans cette toxicomanie une manne d’avantages qui fait qu’elle n’a pas intérêt de la voir disparaître du plan illégal ! Les services de répression connaissent le “talon d’Achille” des toxicomanes : placé au “frais” moins de dix heures, les héroïnomanes commencent à ressentir les effets du manque, et quand “le fruit est mûr, il tombe”... et la plupart du temps avouera tout ce que vous voulez savoir, du moment qu’il accède à une dose ou des soins.

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Les enquêteurs se vantent d’obtenir pratiquement 100% des informations qu’ils désirent; c’est aussi le bruit qui coure dans le “Milieu” et une des raisons pour lesquelles les « toxicos » n’y sont pas appréciés non plus. Officiellement, il n’est jamais question de donner de la drogue à un héroïnomane en manque, comme il n’est jamais question d’arranger ou d’enfoncer un dossier. Officieusement, la réalité est souvent tout autre. Pourquoi le manque d’Opiacés est t’il si dure à surmonter ? : Pour tenter de résoudre cette question, on est ici obligé de préciser l’hypothèse suivante. La Morphine et l’Héroïne (et bon nombre de leurs dérivés chimiques) créent une pharmacodépendance vicieuse qui se situe sur deux plans : 1) Dépendance de type toxique classique : en temps que substance toxique absorbée (avalée, sniffée, injectée, fumée), il y a réaction d’adaptation du corps avec phénomène d'accoutumance progressive dans le temps. Cette réaction, classique aux toxiques psychoactifs, crée, en cas de privation, un phénomène de manque du genre Tabac ou café, mais en plus marqué. Il est responsable ici d’une agitation intellectuelle intense (peur, angoisses, nervosité) et de divers troubles physiologiques (sueurs, tremblements, douleurs nerveuses, vomissements, contractures, problèmes de régulation thermique : chaud et froid alternés) ... 2) Les douleurs spécifiques au manque d’Héroïne : quant à elles, seraient plutôt dues au mécanisme suivant : pour protéger le corps de la douleur, notre cerveau fabrique une molécule de type endomorphine, cousine de la Morphine végétale (donc de l’Héroïne “fabriquée” avec). Un toxicomane vient donc dérégler, par la prise de tels psychotropes, un processus physiologique important qui permet à l’organisme de refréner la douleur. Schématiquement parlant, avec ce surplus énorme d’opiacé présent dans le sang, notre cerveau compenserait en arrêtant totalement la production d’endomorphine (on dit aussi endorphine). Le sevrage brutal ne re-déclencherait pas instantanément la production de cette substance naturelle et tous les muscles et nerfs du corps deviendraient un centre actif de la douleur (de type courbatures, contractures, crampes, rhumatisme, douleurs nerveuses...). De cette théorie, admise aujourd’hui comme la plus crédible, naît l’idée suivante : La thérapeutique idéale théorique serait de sevrer les héroïnomanes par substitution d’endorphine (peu d’accoutumance, dosages forts puis dégressifs). Mais ce n’est qu’une théorie non vérifiée, car il semble actuellement difficile et coûteux de fabriquer en masse de l’endorphine de synthèse (en fait il existe une foule de molécules différentes de type endorphine) et actuellement impossible de l’extraire du corps humain. A ce sujet, des recherches sont en cours depuis quelques années, dans plusieurs secteurs de la médecine : en exemple, la fiche de publication d’un avis de recherche de l’hôpital Vinatier (voir page d’après) : - LE PROGRAMME MÉTHADONE : (Ou plus précisément Chlorhydrate de Méthadone) Cet opiacé de synthèse à la réputation d’avoir été mis au point par les chimistes allemands en prévision de la Seconde Guerre Mondiale et de la rupture de l’approvisionnement en Morphine. Elle aurait été surnommée Adolphine en hommage à leur Führer. Mais aujourd’hui, certain journaux comme celui d’A.S.U.D. dénoncent que cette déclaration est fausse (propagande des prohibitionnistes et des anti-méthadoniens). En fait, la méthadone aurait bien été découverte en 1937 par deux chercheurs allemands qui lui donnèrent alors le nom de Polamidon. Ils étaient à la recherche d’un analgésique qui n’accroche pas. Les deux chercheurs avaient trouvés un an plus tôt la Péthidine (Dolossal) seul analgésique réellement employé pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Ce n’est qu’en 1945 et avec les américains que le Polamidon reprendra du service. Les laboratoires EliLilly le baptiseront alors Dolophine (dolo pour douleur) et non pas Adolphine. Elle fut classée dangereuse car elle à été expérimenté à 200mg trois fois par jour au lieu des 10 à 50 mg journaliers observés dans les cures de maintenances actuelles. On ignore combien de morts (overdoses) il y a eu pendant ces expériences. Longtemps combattue en France, ou les intervenants en toxicomanie étaient majoritairement adeptes de l’abstinence, elle a fini par s’imposer comme outils de la réduction des risques.

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Elle joue donc un rôle de médicament de la cure de sevrage. C'est un produit de substitution de l'Héroïne, largement diffusé sous surveillance médicale à l'étranger. Les programmes "méthadone" consistent à donner quotidiennement sa dose au toxicomane, après avoir vérifié, par une analyse d'urine, qu'il ne triche pas (reprend, par exemple, de l'Héroïne en cachette). Ce produit induit une dépendance très forte, et le sevrage brutal est même plus difficile et plus douloureux que celui de l'Héroïne. Il lui faut donc un sevrage progressif. On continue cependant de distribuer la méthadone et à développer son programme en raison de certains avantages : - Distribuée sous forme de cachet ou de solution buvable, elle évite les injections et leurs risques (S.I.D.A., Hépatites,...). - Le titrage de la solution est préétabli, éliminant tout risque d'overdose ou d'accident.

- Elle permet au toxicomane de ne plus "galérer" à la recherche d'une poudre de qualité douteuse et lui permet de couper les ponts avec le "milieu". Cet aspect est, à lui tout seul, le plus intéressant. Il harmonise sécurité du toxicomane et sécurité publique; la délinquance liée à la recherche d'argent pour se payer de l'Héroïne chute presque à 189


0...quand on sait qu'elle expliquait 60 % des vols, agressions et cambriolages enregistrés en France par an... ! Dans la France des années 1990-95, on a longtemps noté une réticence de la part des responsables et des praticiens envers la méthadone. Seuls deux centres seulement étaient autorisés et acceptaient de prendre en charge des toxicomanes en les soumettant au programme méthadone (Hôpital Fernand Widal et l'Hôpital Sainte Anne, tous deux à Paris). Un nombre trop restreint de toxicomanes suivait cette cure de maintenance (observez bien le terme). De nombreuses recherches sont en cours pour comprendre tous les mécanismes biologiques de la dépendance et proposer de nouvelles thérapeutiques (en exemple, voir la fiche de l’hôpital du Vinatier page précédente). Depuis environ cinq ans (ref. 98) est commercialisé en France, un médicament qui supprime les effets de l'Héroïne et peut encourager l'abstinence chez les patients motivés. Il est aussi ici exigé le respect d'un protocole médical strict (contrôles - analyses de vérification). Au moment ou j’écris ces phrases, je remarque que je n’avais rien rentré de plus sur le sujet, depuis 1994. Sur ma demande, mes amis “dépendants” me renseignèrent alors sur d’importants changements : la Méthadone semble faire progressivement son bout de chemin. On propose des programmes qui vont jusqu’à trois ans, et les échecs répétés peuvent donner lieu à des traitements à vies. Cependant la “cure de maintenance” pose un problème d’ordre éthique : l’idée de donner de la “came” à des drogués semble encore provoquer de l’urticaire à certains. Les bénéficiaires, eux, ont peur d’un retour en arrière de la part des politiques à tout moment (en cas de changement de majorité, par exemple). La réaction des toxicomanes est assez variée. Ils voient en positifs le fait que leur prise en charge médicale les met à l’abris des sanctions juridiques. Il ré accèdent à une vie sociale, à un logement, au soins du corps, à l’hygiène, à une nourriture plus saine et à une meilleure image d’eux. Ils peuvent reprendre des petits boulots, échapper au manque et avoir une vie plus (presque) normale. Ils n’ont plus à se piquer et se débarrassent ainsi d’un geste quasiment autant important, pour le toxicomane, que le produit lui même. Les transmissions virales et d’autres saloperies disparaissent, ainsi que les contacts avec le Milieu. L’accent est particulièrement mis sur le fait que le point le plus important à leurs yeux est qu’enfin, du statut de toxicomanes illégaux, ils passent à celui de curiste dans un contexte légal. En négatif, revient souvent les thèmes suivants : contraintes médicales lourdes, Méthadone plus dure à “décrocher”, peu d’effets euphorique et pas de flash, ces deux derniers points pouvant expliquer pourquoi certains curistes trichent et reprenne de l’Héroïne en cachette. La plupart des curistes interrogés, peut-être grâce au contexte libre de l’interview et au respect de l’anonymat, “vidèrent leur sac” sincèrement et avouèrent que la Méthadone, même si elle développe une plus forte dépendance, reste certainement une meilleure solution que la distribution d’Héroïne. La cause tient dans le fait que le “délire” de défonce n’est pas le même, qu’on s’enfonce plus graduellement, plus rituellement dans la poudre que dans son substitut, qu’on peut être tenté d’en revendre ou d’en reprendre le commerce puisqu’on aura plus à subir le test de l’héro. et que de la possession personnelle sera justifiée (petits “passeurs” idéaux), et que cela ne résout rien au contexte toxicomaniaque et à la propagation de virus et de germes par voie intraveineuses. Pour tous ces gens concernés par de longues années de toxicologie, leur condition de dépendance leur pose un sacré problème dont ils souhaitent tous se débarrasser. Mais voila, si cela était facilement possible, il n’y aurait pas autant de gens intoxiqués ... En annexe au point Méthadone, parlons d’autres opiacés utilisés comme outils de la cure de maintenance (ref en majorité du “Petit Dico. des Drogues”) : Le Moscontin et le Skénan : deux anciens substituts de l’héroïne issus de l’époque ou les toubibs “bricolaient” les ordonnances. Toxiques, accrocheurs et contraignants, ces produits sont désormais écartés de la listes des substituts et sont condamnés à disparaître. Le Sulfate de Morphine : utilisé très essentiellement pour se substituer au Moscontin et au Skénan et permettre le sevrage de ces deux derniers, il devrait disparaître, lui aussi, progressivement de la pharmacopée. S’injecte uniquement et produit une euphorie morphinique très appréciée des utilisateurs. 190


Le Temgésic : C’est à l’origine un médicament antidouleur à base de Morphine sous forme de cachets. C’est le premier antalgique non « codéinique » détourné par les héroïnomanes pour combattre le manque. Il fut ensuite prescrit par des médecins pionniers (souvent, à l’époque, à leur risque pénal) comme alternative au trafic, à la répression et au manque. Cette pratique à conduit à la mise à disposition du Subutex, même produit dosé plus fortement, et cette fois ci officiellement destiné à la substitution. Gros inconvénient par rapport à la méthadone : certains héroïnomanes l’écrasent pour se l’injecter sous une forme liquide Le Subutex : Ou le Temgésic en plus fort. C’est une des drogues de substitution de l’Héroïne distribuée sur ordonnance et bons de carnet à souche. Sous forme de cachets dispersants (dissolution progressive) il est utilisé dans le cadre d’un traitement de substitution prévue sur plusieurs mois (voire années). Pris sous forme orale, ses effets sont “médicamentisés”: il calme le manque sans toutefois offrir de véritable “effets de défonce”. Il rend donc inutile la prise de l’Héroïne avec l’avantage d’une seule prise quotidienne Seulement, là aussi, certains toxicomanes en détournent l’usage en se l’injectant, sous forme liquide car de cette façon, ils accèdent à un état de défonce (chaleur, flash et euphorie morphinique). Ce qui va contre l’éthique des médecins qui lui préfèrent donc aujourd’hui, le développement des “programmes Méthadone.”

10 mg suffisent à tuer un enfant

Dessin “piqué” à A.S.U.D. Journal (n°11, printemps 1996). Information obligatoirement imprimée sur les emballages de méthadone.

Les personnes déjà substituées au Temgésic adoptent sans problème le Subutex alors que les mordus au Moscontin et au Skénan semblent avoir du mal à s’y adapter. Le but final de la cure de maintenance est de sortir l’individu du contexte marginal et de le préparer une éventuelle cure de désintoxication. C’est pourquoi nous allons enchaîner logiquement avec :

LES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE SEVRAGE D’HÉROÏNE : (Inspiré du Journal d’A.S.U.D., n° 11, printemps 1996).

La décroche psychédélique : Ce qui explique la plupart du temps, le phénomène de rechute après une cure de désintoxication, est que l’individu concerné n’est pas préparé a accepter mentalement la décroche de son produit. Généralement il y est plus forcé que volontaire et quand bien même c’est le cas, il doit faire face à un énorme vide existentiel de post-cure.

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Contrairement aux autres formes de décroche, celle psychédélique ne prend en compte que le coté manque psychologique. Néanmoins elle parvient à une action physiologique remarquable en impliquant dès le lendemain, et sans manque apparent, soit l’arrêt total de toutes prises de drogue, soit une réduction considérable du nombre de ces prises et du dosage consommé. Cette forme de cure donne de bons résultats en matière de sevrage d’héroïnomanie et de cocaïnomanie mais n’est pas reconnue et appliquée en France. Il est donc question d’utiliser certaines drogues psychédéliques (ici comme médicament), et par la même de provoquer, par un voyage dans l’inconscience, une prise de conscience de l’origine de la dépendance et donc d’y mettre fin. Le L.S.D. et l’Ecstasy ont été expérimentés dans ce sens, mais sans grand succès. Plus récemment, le Yagé a parfois été employé pour des sevrages. Mais le psychédélique qui a donné les meilleurs résultats est incontestablement l’Ibogaïne, extrait d’un arbuste africain : le Tabernanthe Iboga (voir tous ces produits dans la partie sur les substances hallucinogènes). L’Ibogaïne (alcaloïde extrait de l’Iboga) a un effet qui s’effectue en trois phases : 1) Vous plongez d’abord dans des rêves éveillés qui disparaissent dès que vous ouvrez les yeux. 2) Quelque quatre heures plus tard, la deuxième phase démarre : elle dure environ 24 heures pendant lesquels vous vous faites une psychanalyse qui vous aurez pris au moins 20 ans sans la prise de cette substance. Cela à pour effet d’aider le dit toxicomane “ibogaïnisé” à comprendre pourquoi et comment il en est arrivé là. Le journal d’A.S.U.D. en question nous cite Howard Lotsof, ex-junkie new-yorkais, qui compare cette phase à celle de ceux qui ont frôlés la mort en voyant toute leur vie se redérouler dans l’espace de quelques secondes. Et de préciser qu’avec l’Ibogaïne, ce phénomène dure plusieurs heures. 3) La troisième phase, nommée la plus longue, est celle du retour à un état “normal” (dit “atterrissage”) qui est accompagné d’une fatigue énorme. Deux seuls “hics” à cette forme de thérapie 1) Elle permet une “rémission” de 6 mois à deux ans, après, la plupart des concernés “replongent”. 2) La cure coûte actuellement 20 000 $ et n’est autorisée qu’aux Pays-Bas et au Panama. Des essais cliniques étaient en cours au U.S.A. à l’époque de la parution de l’article d’A.S.U.D. (1996). A.S.U.D. s’interroge alors sur la remarque suivante : comment ce produit peut-il bloquer le manque physique et aussi vite ? Et de conclure arnaque ou produit miracle ? ... affaire qu’ils suivront ont-ils promis en nous précisant, pour l’obtention d’informations supplémentaires sur l’Ibogaïne, l’adresse suivante : Eric Taub, 116 NW 13th ST#152 Gainesville, FL 32601 U.S.A.. En France, début 2007, ce produit vient d’être définitivement interdit suite à un décès enregistré. Il s’agirait d’une erreur de surdosage massif qui aurait abouti à cette mort ! Mais cette prise de position est critiquable de part le fait que seul l’interdit génère des situations d’overdoses. Risque qui devient nul sous contrôle médical et pharmaceutique. Il semble en outre que cette plante semblait prometteuse en soins et que des études médicales étaient en cours. L’alcool est responsable de 44 000 décès par an (indice 2006) et on ne l’interdit pas pour autant. Cet empressement à classer l’Iboga comme stupéfiant semble un peu suspect … les laboratoires pharmaceutiques y seraient-ils pour quelque chose ?

Le sevrage hospitalier “classique”: Jadis passage obligatoire du parcours de l’héroïnomane, l’hôpital est aujourd’hui moins sollicité, d’une de la part des intervenants et toubibs s’occupant du problème, de deux, de la part des dits toxicomanes qui le voient en horreur, et de trois, de la part des fonctionnaires s’occupant des budgets médicaux actuellement en mal d’économies.

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Aparté : l’hôpital étant devenu aujourd’hui ce qu’il est, a la réputation “d’étouffer” le patient qui ne s’y sent alors qu’un numéro de sécu., une marchandise. C’est cette idée qu’expriment généralement ceux d’entre nous qui y sommes passés. Mais quand on y est traité pour toxicomanie, l’ambiance y est telle qu’on se conduit généralement avec vous comme avec du bétail, sans aucunes considérations humaines et qu’on vous y impose une réglementation plus liberticide qu’astreignante. En matière d’héroïnomanie, la France affiche fièrement le taux d’échec le plus élevé d’Europe et un des plus élevé au monde : 99%, mais ne change pas sa désastreuse politique de tentative de règlement du problème (fin de l’aparté). L’hôpital offre une cure de désintoxication accompagné généralement d’un traitement médicamenteux léger. Aucun opiacé n’est utilisé. Cependant, certains services (rares et au nombre de places limités) pratiquent une politique médicale plus humaine ou d’autres formes de thérapies plus modernes se combinent au traitement classique. C’est, par exemple, le cas du service du Professeur Boissonnas à l’Hôpital Cochin (Paris) qui utilise l’électrothérapie, précieux auxiliaire de la désintoxication pour le calme qu’elle procure aux patients. Jadis, le Fortal était utilisé, mais il a été remplacé par des hypertenseurs à base de Clonidine comme le Catapressan, accompagné de calmants et de somnifères. Le Catapressan présente l’avantage de diminuer les symptômes du manque sans vous transformer en zombie mais ne peut être utilisé qu’en milieu hospitalier du fait de la surveillance de tension que sa toxicité impose. A.S.U.D. précise qu’un toxicomane désireux (ou forcé) de décrocher de son produit doit absolument éviter les services hospitaliers psychiatrique sous risque d’être transformé en zombie. Armés de cachets et autres produits puissants et destructeurs, soupçonnés parfois d’essayer des nouveaux traitements à l’insu de leurs patients, en terme de toxicomanie, il semble que c’est l’équivalent de la saignée qu’on pratiquait naguère sur des patients anémiques.

L’acupuncture : L’acupuncture est une vieille thérapie chinoise qui utilise les flux énergétiques du corps afin de stimuler certaines parties de ce dernier. Ce n’est qu’en 1972, qu’un médecin de Hong-Kong découvrit, par hasard, son efficacité sur le sevrage d’opiacés en soignant un patient opiomane pour tout autre chose. L’acupuncture stimule la (re)production d’endorphine et à été adopté comme outil efficace dans les sevrages d’alcooliques et de toxicomanes. Cette technique est pratiquée deux fois par jour pendant une semaine. La séance dure trois-quarts d’heure. Des symptômes de manque d’opiacés se voient atténués (énervement, anxiété, nez qui coule, yeux qui pleurent). Cette thérapie a, en outre, la réputation d’accélérer l’élimination des toxines. Mais ce traitement semble surtout efficace chez les cocaïnomanes et ne concerne le monde des opiacés qu’en fin de sevrage, se révélant utile pour lutter contre les insomnies et l’anxiété. A.S.U.D. cite l’exemple du Lincoln Hospital dans le Bronx (New York). où 3 000 “crackers” y ont été déjà traités avec un certain succès. Après deux mois de traitement, 50% de leurs patients sont toujours abstinent, ce qui en matière de toxicomanie, insiste A.S.U.D., est un bon résultat. Les dépendants désireux de connaître les adresses ou se pratique cette forme de thérapie peuvent se renseigner auprès de l’Association Française d’Acupuncture, 1 bis rue des fleurs, 75017 Paris.

La dissuasion chimique : Il existe deux médicaments utilisés à cet effet : - L’Apomorphine : alcaloïde semi synthétique de l’opium, utilisé habituellement comme vomitif ou contre la maladie de Parkinson. Très controversé dans son emploi d’auxiliaire de sevrage (traitement déclaré très utile par certains patients, désastreux par d’autres), il n’est plus guère prescrit et utilisé.

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L’Apomorphine réduirait les symptômes les plus marqués du manque d’opiacé et dégoûterait celui qui “repiquerait au truc”, ASUD précisant : “de la même manière que l’Antabuse pour les alcooliques. Une sorte de cure de dégoût”. - La Nalextrone : (ne pas confondre avec naloxone) commercialisée en France sous le nom de Nalorex, ce médicament est un antagoniste des opiacés. En association avec le Narcan, il est utilisé comme antidote en cas d’overdose. Il ne peut être utilisé avant le septième jour de sevrage sous peine d’aggraver dangereusement le manque. Sous ce traitement, toute prise d’héroïne s’avère inutile quelque soit le taux de pureté de cette dernière. Mais contrairement à l’Apomorphine, ce produit ne punit pas en rendant malade, il se contente simplement d’annuler les effets des opiacés. En France, ce médicament peut être prescrit pour la coquette somme de 473,40 F la boite de 14 comprimés mais n’est pas remboursé.

Le sevrage “bloc” : C’est la méthode la moins chère mais la plus éprouvante. Il est ici question d’un sevrage immédiat sans aucun soutien médicamenteux. Contrairement au baratin des prohibitionnistes, Patriarche, Vita Nova et autres Narconone, c‘est une méthode dangereuse en sus d’être sadique qui n’obtient pas les résultats espérés par ces “institutions” : ce n’est que très rarement que le sujet est dégoutté de son produit à tout jamais, le pourcentage de rechute est énorme. Les moines bouddhistes thaïlandais font ainsi décrocher quelques centaines de toxicomanes par an mais connaissent aussi parfois quelques décès. Efforts physiques, bains chauds et massages sont les principes triangulaires du sevrage bloc. À coté de ça, le Patriarche propose un large éventail de plantes (plus d’une centaine) destiné à “nettoyer” ou à stimuler certaines parties du corps; chez Narconone, on vous “dope” aux vitamines à coup de pilules maisons. N’oublions pas les pseudo - psychothérapies plus destinées à vous “bourrer” la tête qu’autre chose et le “travail forcé” qui ne rapporte qu’aux associations en question. A.S.U.D. fait remarquer que d’une, il est aujourd’hui possible d’atténuer les malaises du manque (alors pourquoi s’en priver), et que de deux, ce qui est acceptable par un sujet “accro” à un gramme journalier d’héroïne “hyper - coupée” ne l’est plus pour un gros consommateur de produit bien plus concentré, encore moins pour les dépendants au Benzodiazépines ou aux barbituriques. Le sevrage-bloc devient alors carrément dangereux.

L’électrothérapie : Basé sur le principe de l’acupuncture, on applique des électrodes sur certaines parties du corps, ce qui stimule la production d’endorphines et permet d’atténuer le manque dans sa durée comme dans son intensité. Le principe de base de cette thérapie a été mis au point par le docteur Paterson (U.S.A.). De nombreuses rockstars ont pu décrocher grâce à cette méthode. En France, certains hôpitaux utilisent l’Anesthelec dans leur service de sevrage. Il s’agit d’un appareil qui envoi un courant dit “de Limoges” au moyen d’électrodes placées entre les yeux et sur les tempes. La cure dure entre 5 et 7 jours souvent accompagné d’un traitement médicamenteux léger. L’intensité électrique est réglable, donc adaptable au seuil de tolérance de la douleur de chaque sujet : il n’est absolument pas question de chocs électriques, mais de picotements supportables comme le connaissent les sportifs traités de la sorte pour des entorses ou rupture des ligaments.

Sevrage progressif aux opiacés :

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Utilisée depuis longtemps par les opiomanes chinois, cette méthode fut autrefois tentée par les deux hôpitaux parisiens autorisés alors à utiliser la méthadone. Malheureusement, elle ne donna pas de résultats probants. Les héroïnomanes se débrouille bien souvent tout seuls, se réalisent un stock d’opiacés de leurs choix et attaque leur cure. En dehors du contexte médical, le taux d’échec frise les 100 %. L’individu peut être tenté de consommer tout son stock en deux jours. La volonté manque et le sevrage progressif ne signifie pas pour autant la facilité. Le corps souffre un peu moins mais l’esprit, quant à lui, est “chauffé à rouge”. Ce point résume à lui tout seul le problème toxicomanie : il n’y a pas de recette miracle. Une décroche définitive est avant tout synonyme de volonté certes, mais aussi de restructuration de la vie du concerné. La découverte d’une passion, une coupure de son milieux (déménagement souhaitable), ...., cela nécessite pleins d’éléments nouveaux qui engagent d’énormes frais financiers, des risques énormes et un équilibre souvent impossible à atteindre tout seul. La décroche en prison : Le sujet sensible par excellence. La prison est une zone de non-droit et à votre arrivée, on vous le fait bien comprendre. Donc, si vous êtes toxicomane, pas question de vous “ouvrir” l’accès à des “soins” dans les premières 24 à 48 heures. Voici ce qu’écrit A.S.U.D. à ce sujet dans son n°11 du printemps 96 : “... Ensuite, il te faut voir un médecin pour avoir ce que ton corps et ta tête te réclame. Les cachets que l’on vous donne en prison sont assez coriaces. Pour les douleurs, c’est le fameux Antalvic. Pour dormir, c’est le Tercian, le Rohypnol ou le Noctran. Pour les nausées, c’est la Visséralgine. Et pour les angoisses, c’est le trop fameux Lexomil. Le cachet qui fout en l’air tous les mecs, c’est ce cachet là. Quand on est accroché à ces cachets, il faut mieux continuer à prendre de la dope “... “mais en prison, c’est pas évident. Quand un mec prend ce traitement pendant deux ans, imagine les dégâts !!! Et voilà comment de toxico. à l’héro (illégal), tu le deviens aux cachetons (légal) ! On s’étonne qu’ensuite il y ait des types qui crèvent dès leur sortie de prison d’une O.D. et qu’il y ait des récidivistes. Ce ne sont pas des hommes qu’on a relâchés, mais des zombies. D’autant plus qu’on ne donne aucune adresse de structures spécialisées en toxicomanie, de postcure ou d’associations compétentes. Ce qui fait que le mec est complètement perdu à sa sortie, et il rechute. Comment peut on réinsérer quelqu’un qui est accroché à ces cachets ? Et à qui on doit poser la question ? On se le demande !!! On peut quand même saluer la création, dans quelques taules, d’antennes toxicomanes. Celle de Fresnes a joué un rôle déterminant pour faire rentrer la méthadone en “zonzon”. Attention, pour bénéficier d’un traitement méthadone, il faut déjà suivre un programme avant de tomber. C’est de toute façon très compliqué et la situation varie suivant les taules. À la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, deux méthadoniens ont étés placés en isolement pour cette seule raison. Un chantage efficace pour que les mecs renoncent à leur traitement de substitution”.

Sevrages fantasmagoriques (à éviter) : “Vrai fantasme de toxico” affirme A.S.U.D. dans son article, il est question de plus ou moins imaginaires méthodes de sevrage permettant d’éviter tous les inconvénients classiques du manque. Voici les exemples cités : - La cure de sommeil : Dans la théorie, le sujet s’endort accro. et, 10 jours plus tard, se réveille sevré après un bon gros dodo. Mais la réalité est tout autre et bien plus brutale. En fait, l’individu est plongé dans un demisommeil à coup de barbituriques et de neuroleptiques, ce qui a pour effet de le maintenir dans une semi conscience cauchemardesque dont il ressort complètement “lessivé” et, de surcroît, accro. aux cachetons. - Changer son sang : d’après A.S.U.D.,” les Rolling Stones se sont fait un plaisir d’entretenir ce mythe du Junkie vampire qui change son sang” .Effectivement, dans les années 70, les Stones et certains membres de leur entourage sont partis en Suisse pour des “nettoyages sanguins”. 195


Dans une clinique spécialisée dans cette technique, ils subissaient des cures de 4 jours au cours desquelles le sang passait dans une pompe et se purifiait des substances toxiques au contact d’un liquide de dialyse. D’après Keith Richard, la technique n’était absolument pas douloureuse mais très fatigante. Très coûteuse aussi. - Le sevrage “Turbo” : ou U.R.O.D. (Ultra Rapid Opiate Detoxification) soit disant nouvelle méthode de sevrage mis au point par un professeur israélien. Elle est présentée comme une cure “miracle” sensée sevrer en 24 heures n’importe quel pharmacodépendant aux opiacés. Il est question d’une mini cure de sommeil de 24 heure à l’hôpital, à la suite de laquelle, d’après la pub, le patient se réveille frais et dispo, sans aucun manque, prêt à redémarrer une nouvelle vie. En fait de nouveauté, il s’agit d’un traitement déjà connu aux Benzodiazépines, à la Naltrexone et au Catapressan. Il est cependant expressément conseillé aux intéressés de suivre une psychothérapie et un traitement à base de Naltrexone pendant plusieurs mois (alors “sevré en 24 heures” est une publicité mensongère). Taux de réussite affiché : 80%. A.S.U.D. exprime son scepticisme sur la réalité de tels résultats, précisant que par la même il est bon de se méfier de tous taux affichés supérieurs à 50%. Peut être aussi, par ce que ces pourcentages ne concernent que ceux qui suivent le traitement jusqu’au bout sans tenir compte de ceux qui rechutent dans les jours, semaines et mois qui suivent. Voici, en rappel, un chiffre plus vrai car officiel : en France, le taux d’échec (à long terme) et de récidive avoisine les 100 %. Ou est donc l’arnaque dans ce soit disant miracle : le prix. La cure “miracle” coûte 30 000, 00 FF (voyage non compris) et n’est disponible qu’en Allemagne, en Italie, en Espagne et à Israël. Pour la France, se renseigner, car les données d’A.S.U.D. qui m’ont permis de taper ce texte datent de 1996.

Contre indications médicales des sevrages “brutaux” : - La femme enceinte à qui il est plutôt conseillé un sevrage progressif (car risque de perdre l’enfant). - Le “gros” pharmacodépendant où là aussi, un sevrage progressif est conseillé (risque létal).

- L'INTOXICATION AIGUË OU "L'OVERDOSE" : ... ou encore "surdose" ou O.D., peut être plus ou moins massive, avoir plus ou moins de conséquences. Sous sa forme sévère, elle comporte un risque vital : elle provoque en effet une dépression respiratoire avec des risques d'oedèmes aigus du poumon et de collapsus cardio-vasculaire. Il faut impérativement avertir le S.A.M.U. pour éviter le décès de l'overdosé. Souvent, pour les accidents de ce genre, il existe deux cas de figure : Si l'individu « overdosé » n'est pas connu des autres toxicomanes qui l'entourent; après "l'accident", tout le monde s'en va, de peur, non pas que les policiers les arrêtent, mais qu'ils les repèrent et les empêchent de poursuivre leur toxicomanie adorée (syndrome de l’illégalité). Le seul à s'inquiéter est souvent le propriétaire de l'appartement où se défonçait tout ce petit monde; en général, il descend le corps du malheureux dans la rue et ne prend même pas la peine de prévenir les Pompiers, ou le S.A.M.U.. Après ce cinéma, il est bien souvent d'ailleurs trop tard. Je m’adresse ici aux héroïnomanes sensés rencontrer un jour un cas d’overdoses :

Je me répète peut-être, mais un docteur n'est pas un flic, il est tenu au secret médical. Appelez d'abord le service d’urgence ou vous êtes un criminel... Et puis, quand bien même les flics viendraient, vous pouvez toujours déclarer que vous avez très bien pu le trouver sur le palier de l'étage d'en dessous... ou que a personne en question a sonné à votre porte avant de s’écrouler chez vous. Un peu de courage et d’humanité, merde !

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Si l'individu est au milieu de connaissances ou d'amis, c'est la meilleure des choses qui puisse lui arriver. Quoi qu’on puisse se poser la question suivante : y a t’il encore des amis lorsqu'on est à fond dans la poudre (dans le modèle de la répression) ? L'overdose est souvent liée à l'injection de produits trop purs, du moins, bien plus purs que la saloperie qu'on s'injecte habituellement. En exemple : si un individu est habitué à consommer de l’Héroïne “coupée” à 10 % et qu’il à accès, sans le savoir, à de la poudre à 70 %, une injection d’un tel produit correspondra à 7 injections d’Héroïne habituelles : d’où l’accident. La concentration de l’Héroïne clandestine est toujours inconnue et extrêmement variable et le toxicomane n'est jamais à l'abri d'un accident d'une livraison à l'autre. Chaque injection est un défi à la mort. Les risques de surdosage sont particulièrement élevés chez les utilisateurs occasionnels ou, après une période d'abstinence. Cet inconvénient de l’overdose par accident serait totalement supprimée si l’Héroïne était rigoureusement dosée, emballé, étiqueté. L’individu aurait alors accès à un produit dont il connaîtrait la posologie efficace et précise. C’est en tout cas, un des avantages des opiacés de substitution, quant ils sont utilisé dans un cadre médical : l’accident, s’il survient, ne peut être que la cause d’un acte volontaire (suicide ou tentative de meurtre par empoisonnement) Il est à noter que l'overdose est théoriquement possible pour toutes drogues. Reste à savoir si la quantité mortelle de chaque substance psychoactive est assimilable par l’organisme : on n’a jamais constaté d’overdose avec le Cannabis car le fumeur n’aurait pas assez de ces deux poumons et des 24 heures d’une journée pour arriver à s’inhaler la quantité de résine nécessaire à déclencher la mort. Par soucis de comparaison, le Cannabis est, de beaucoup, bien moins toxique que l’Alcool et le Tabac dont l’abus peut déboucher à la dose létale. L’Alcool car on peut en absorber de grosses quantités à la fois (un estomac à plusieurs litres de contenance) et le Tabac car s’est un toxique puissant.

- L’INTOX. EN MATIÈRE D’HÉROÏNE : L’usage de Cannabis entraîne-t-il une escalade vers l’Héroïne? Pour tenter d’expliquer ce point, il faut préciser ce qui suit. Tout d’abord, il faut souligner le fait que n’importe qui ne devient pas toxicomane. A part l’intoxication médicale (grands brûlés, blessés de guerre et cancéreux), celle forcée (prostitution, esclavage), et celle accidentelle (méconnaissance du produit), ensemble de cas qui représentent une minorité des dépendants opiacés français, le statut d’héroïnomane est l’aboutissement d’une plus ou moins longue recherche toxicomaniaque. Entendez par la que l’individu a souvent testé une multitude de produits qui lui ont déplus ou insatisfait, et que c’est dans l’Héroïne qu’il à trouvé “sa compagne de vie”. C’est sa défonce de référence, celle qu’il attendait, les effets qu’il voulait ressentir. Il faut donc une personnalité particulière et une recherche de fuite inconsciente pour arriver à faire “corps” avec cette substance. Évidement, avant d’en arriver à la dope, l’individu a fait le tour de la question. Alcool, association d’Alcool avec des médicaments, Tabac, solvants, Cannabis, tout y passe. Et c’est ainsi que parmi les héroïnomanes, 40 % d’entre eux ont commencé par faire usage de Cannabis. Cette statistique sert souvent de “preuve” aux détracteurs du cannabis, ils la présentent comme un fait concret prouvant l’escalade des dérivés cannabique vers le “Cheval”. Ces gens au raisonnement peu scientifique, oublient de rajouter que près de 80 % des héroïnomanes fumaient du Tabac et buvaient de l’Alcool avant de le devenir. Est-ce que j’accuse ces deux défonces légales d’être responsable de l’escalade vers la blanche ? En prenant le problème à l’envers, seulement 3 % du nombre total de consommateurs cannabiques ont virés dans l’héroïne, ce rapport est bien plus élevé pour ce qui est des consommateurs d’Alcool et de Tabac.

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La théorie de l’escalade a fait long feu. Cela fait parti du patrimoine de “conneries” qui ont été racontés officiellement dans les décennies 60 à 80 par unique souci de sensationnalisme (dans le but d’effrayer plus que d’instruire). Le professeur Nahas, grand pourfendeur du Cannabis, a été “placardé” de médailles et d’honneurs pour avoir repris en coeur de telles (fausses) déclarations et en avoir inventé d’autres. Il serait peut être temps, lui et ses acolytes, de les dégrader sur l’autel de la vérité et de faire revenir un peu d’humanité dans ce pays qui en a bien besoin.

- Opioïdes (ou opiacés) en général : Nous avons déjà bien discutés des particularités de ces substances. Ce qui suit, pour parfaire cette étude, s’inspire d’un dossier de Sciences et Vie (n°1076 de mai 2007) qui a le mérite de traiter du sujet au niveau du fonctionnement cérébral à proprement parler, et de présenter des statistiques plus récentes (indice 2006). Voyons la suite ! Injectée ou sniffée, l’héroïne devient morphine dans le cerveau. Cette dernière se fixe alors sur les récepteurs opioïdes des neurones, perturbant le système de régulation de la douleur et de production de dopamine. Elle agit également sur le système de transmission de la noradrénaline. L’effet est de type orgasmique suivit d’un apaisement extatique d’une durée moyenne de 6 heures. Mais l’organisme s’adapte vite aux opiacés en réduisant le nombre de récepteur de noradrénaline dont la production augmente en contrepartie. La tolérance devient alors très forte. Ce déséquilibre peut affecter, à la longue, le mécanisme de mémorisation. Le point le plus significatif est le dérèglement du système de régulation de la douleur (et de l’augmentation du taux de noradrénaline) qui se caractérise par le « célèbre manque » des opiacés. L’abstinence entraîne donc douleur, anxiété et hyperactivité. La prise en charge du manque conduit dans les CSST et combine psychologie et traitement de substitution (méthadone, buprénorphine). A noter un risque connu de rechute de 60 à 75 % dans le mois qui suit. Il semble que 40% des demandes de soins en CSST concernent les héroïnomanes.

- L’OPIUM ET SES DERIVES, UN SECTEUR IMPOSSIBLE A CONTROLER … … tant que les guerres, le non-partage et la corruption régneront sur terre. Il y a tant a dire sur le pavot, l’Opium et leur trafic qu’on pourrait écrire tout un livre sur ce thème. Mais nous en avons déjà bien assez à lire ici. Pour illustrer et résumer ces propos, citons, si vous le voulez bien, le cas de l’Afghanistan. Ce pays connait une situation chronique de guerre depuis plus de XX années. En fait, on devrait plutôt dire depuis la nuit des temps. Carrefour entre l’Inde, la péninsule arabique, l’Asie, la plaque serbo-russe et l’Europe centrale, ce pays n’a jamais cessé de voir des armées le traverser. Outre cette spécificité géographique, le pays développe un relief très montagneux dans un contexte climatique qui va du semi-aride à désertique. Dans ces conditions, ce peuple, pour survivre, a du s’adapter à une activité de commerce liée au passage des montagnes, activité complémentaire aux maigres ressources d’élevage et d’agriculture. Les afghans sont donc un peuple de commerçants. Les caravanes et convois de passages servirent d’abord à passer les articles de valeurs, mais aussi, au retour, ramener ce qui leur était essentiel. Puis vint le moment ou des puissances tracèrent des frontières et inventèrent des taxes ainsi que la notion d’interdiction de telle ou telle substance. De commerçants itinérants, certains convoyeurs accédèrent donc au statut de trafiquant, mais eux ne le ressente pas ainsi : dans leur « tête », il sont toujours des commerçants. Une règle d’or prime dans le commerce : on privilégie surtout la vente de ce qui est fortement demandé et s’arrache à bon prix. Hors, ces dernières années, depuis l’invasion russe plus exactement, ce qui se vend le plus sont les armes et la drogue qui sert aussi de monnaie d’échange. Hors, ce qui pose problème, c’est que le pays est sous « tutelle » américaine, ceux-là même qui s’annoncent comme les champions de la guerre aux drogues.

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Expliquez-moi, dans ce cas les faits suivants : vous en tirerez certainement les mêmes conclusions que moi et des millions d’autres personnes ! « Partant de rien, ce pays a quand même connu, entre 203 et 2004 une croissance de 15 %, ce qui est énorme. Cet exploit est du principalement à l’agriculture qui emploi 80% de la population active. Si la production de blé à crû de 62% en 2003, elle n’explique pas à elle toute seule ces bons résultats d’autant que depuis, la sécheresse revenue impose une tendance inverse. C’est la production d’opium qui est la principale ressource du pays. En 2004, on note un accroissement de 64% des terres consacrées à cette culture qui a produit plus de 4200 tonnes d’opium, soit 17% de plus qu’en 2003 (sources ONU, comme quoi cet organisme sert parfois à quelque chose). Les revenus afghan de l’opium sont estimés à 2.2 milliards d’euros, soit l’équivalent de 60% du PIB légal ou plus d’un tiers de l’économie. Cet opium, illégal, est essentiellement vendu sur place aux américains, mais passe aussi les frontières dans les réseaux clandestins classiques. L’Europe, dont la France qui a connu une nette diminution de la toxicomanie à l’héroïne depuis les années 2000, s’inquiète à juste titre de cet excédent produit. Ceux la même qui nous ont embarqués dans une galère de guerre inutile aux drogues (comprenez ici que le problème n’est pas abordé comme il le faudrait) favorise le développement de ce qui deviendra à coup sur le l’héroïne. C’est que ce pays est aussi le plus grand vendeur d’armes au monde et il faut que leurs clients puissent être en mesure de les acheter. C’est un grand classique chez les américains : un précédent existe avec la Contra et le trafic de cocaïne sous Reagan. Notons que l’Amérique a distribuée au pouvoir taliban de l’époque, une montagne de dollars pour qu’ils éradiquent le cannabis (qui ne tue personne) : c’est bien d’un monde à l’envers qu’il est question ! Evidement, le peuple américain n’y est pour rien dans cette histoire, mais l’entente militaro-industrielle qui gouverne ce pays depuis Hoover est un ramassis de criminels qu’il faudra juger un jour pour tout le mal et tous les crimes qu’ils ont commis!

II) PHANTASTICA :

- LE CANNABIS A THC OU LE “CHANVRE INDIEN” : Que dire de plus que vous ne trouverez dans ce livre ? Peut être qu'actuellement c'est la substance euphorisante la plus répandue avec l'Alcool et le Tabac. On estime entre 500 et 800 millions d'individus qui en consomment d'une manière ou d'une autre sur la planète. Plus de 600 appellations ont été répertoriées pour désigner, selon les langues ou les modes de préparation, les dérivés du Cannabis.

Charas Pollen (poudre de résine)

Pollen Pressé

Les substances psychoactives du Chanvre sont demeurées inconnues jusque en 1965, date à laquelle Résine de cannabis sous différentes formes le chercheur israélien, Raphaël Mechoulam, isola le Delta 9 Tétrahydrocannabinol ou T.H.C., qui en est la substance la plus psychoactive. Il y a bien quelques autres substances psychoactives, mais ce sont principalement des isomères du THC et se retrouvent en bien moindre quantité que lui. Quatre-vingt autres cannabinoïdes ont depuis été identifiés, bien que certains d'entre eux semblent être des molécules transitoires ou en transformation chimique, précédant la transformation finale en une molécule plus stable. Plaquette de résine pressée (haschich) 199


Le même Raphaël Mechoulam découvrit en 1992, dans le cerveau, une molécule proche du T.H.C. : l’Anandamide (du sanskrit ananda signifiant “félicité”). Deux ans plus tard, une équipe de chercheurs découvre que cette nouvelle molécule est un neurotransmetteur. On en espère la mise au point prochaine de nouveaux médicaments (ref : (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3). Le T.H.C. de synthèse n’est disponible que dans les pharmacies centrales des hôpitaux. Son nom est Marinol qu’il ne faut pas confondre avec un homonyme référencé dans le Vidal comme anti-asthénique. L’origine de la polémique est d’ordres multiples. D’abord, il y a cette interdiction généralisée qui semble être le fruit d’un complot industriel, ensuite, il y a le fait de nombreux mensonges, parfois officiel, et de nombreuses exagérations et erreurs institutionnalisées qui firent monter au créneau les partisans du chanvre ! Pour finir, le corps humain est très tolérant au cannabis pris en faible dose. Hors, notre mode de défonce européen ne concerne principalement que du chanvre fumé, ce qui limite fortement la quantité absorbée et l’impact du produit sur notre santé. Même avec du chanvre fort en THC, l’hallucination est impossible et le taux de psychoses induites est très minime. On peut certes toujours polémiquer sur la nature toxique du tabac que l’on retrouve dans les joints … Les inconvénients remarqués ne concernent guère que les consommateurs novices. L’habitué, lui, devient tolérant au point de ne plus sentir angoisses et crises de parano qu’il parvient parfaitement à dominer. Si le contraire peut parfois arriver, l’individu cesse de lui-même sa consommation cannabique puisqu’elle lui procure des effets désagréables.

Fleurs de cannabis nettoyés de leurs feuilles

C’est bien là seule drogue dont la plupart des usagers arrêtent la pratique par eux-mêmes, sans assistance aucune ! Attention, cette remarque n’a rien d’absolue : certaines personnes ne peuvent se passer de consommer du cannabis. Il est honnête de reconnaitre qu’un faible pourcentage d’individus se retrouve fortement accro à l’effet anxiolytique du cannabis au point de demander une aide médicale lorsqu’ils désirent arrêter leur consommation. Pour confirmer ces paroles, 29% des demandes en centres spécialisés de soins aux toxicomanes (CSST) concernent des usagers du cannabis (indice 2006). Mais ici, il y a une grosse supercherie qui gonfle ces statistiques et que dénoncent tous les antiprohibitionnistes du chanvre : l’injonction thérapeutique ! Cela signifie que lorsque vous passez devant le procureur, l’accusation renonce à vous poursuivre (sur tout ou parti de ce qui vous est reproché) si vous accepter des soins en contrepartie. CH3

CH3

OH

OH

H3C

H3C C5H11

C5H11

CH3

CH3

∆9-Trans-Tétrahydrocannabinol

∆1-Trans-Tétrahydrocannabinol

Molécule de THC (Delta 9) et molécule d’un de ses isomères (Delta 1) Cet odieux chantage est accepté, vous-vous en doutez, par la plus grande part des concernés ! Moi, j’ai refusé l’injonction thérapeutique en envoyant « bouler » le procureur qui me le demandait ! On ne m’a pas mis en prison pour autant ! Cet habile procédé permet par la suite de tenir le discours suivant : « vous voyez, ce sont bien des malades parce qu’il demandent (ou acceptent) de se faire soigner en CSST ». D’où ce chiffre de 29% cité dans les statistiques. Ne soyez pas dupes ! Dans la réalité, on estime que 10 % des 200


consommateurs de cannabis sont accro (de gros fumeurs) et qu’un à trois % des fumeurs totaux peuvent nécessiter d’une prise en charge médicale lourde, demande faite alors volontairement par le concerné ! Donc, quelques individus font d’eux même la demande de soins : l’accroche psychologique semble très forte chez certaines personnes, tout autant que la pression de l’entourage sur ces derniers ! En fait, il n’est pas question ici de manque insurmontable ou de douleurs physiques comme le provoque le sevrage aux opiacés. Il est plutôt question d’un désir insurmontable accompagné de trouble comme de la forte irritabilité, des sueurs, et des angoisses. Il est donc question de comportement addictomaniaque. Un point sur l’addiction et l’addictomanie sont développés plus en avant dans cette encyclopédie et son dictionnairequi vous renseigneront plus en détail sur la question. Fantastica Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Cannabis ∆ 9 THC principalement Mal connue, forte (pour certains chercheurs, faible pour d'autres) Très faible Faible Faible Faible Moyenne Peu difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 78

On dit que la tolérance envers le cannabis est « moyenne » : cela signifie que si l’individu s’accommode de certains effets avec le temps, la substance lui procure toujours l’effet d’euphorie recherché, même si le ressenti est moindre qu’en début d’expérimentation. A titre de comparaison, l’Héroïne développe une tolérance forte à très forte : le flash, systématique en début de prise, disparaît peu à peu et l’euphorie ressentie devient vite légère et médiocre. Un petit bémol au sujet du tableau de Sciences et Vie : la neurotoxicité est supposée forte par son auteur (Science et Vie), d’autres chercheurs pensent au contraire qu’elle est nulle ou faible ! Je ne souhaite pas mettre ici de « l’huile sur le feu », mais en tant qu’usager cannabique de longue date, je penche plutôt pour la deuxième solution : non, mon cerveau n’est pas devenu un légume ! Le seul point positif qu’on peut attribuer au professeur Nahas, c’est d’avoir prouvé qu’en cas de très fortes doses (ingérées ou injectées), le chanvre s’avérait beaucoup plus toxique et plus nuisible ! Dans ce cas, le THC passant la barrière placentaire, il est donc néfaste au fétus chez la femme enceinte dont l’atteinte peu déboucher autant sur des fausses couches que sur des anormalités diverses. A de tels niveaux de concentrations, il peut vraiment, en outre, conduire à des psychoses, hallucinations, malaises ou épisodes de désorientation. Mais il faut quand même relativiser, ce que ne semblent souvent pas savoir faire les prohibitionnistes : cela ne concerne que des prises énormes reconduites régulièrement, fait improbable chez le plus grand nombre ! Mais même à des doses plus usuelles, l’abstinence doit cependant être requise chez la femme enceinte comme il est aussi souhaitable envers le tabac, certains médicaments, et l’alcool ! La prudence doit toujours être de règle … D’un point de vue clinique : le THC, lorsqu’il atteint le cerveau, dérègle la fluidité des membranes neuronales ( ?) Il se fixe sur les récepteurs CB1, situés sur de nombreux neurones, et provoque une réaction beaucoup plus intense que les cannabinoïdes naturels présents dans le cerveau. L’euphorie semble crée alors par la libération de dopamine bien que les neurones qui fabriquent cette dernière n’aient pas de récepteurs CB1. Ceux-ci seraient ( ?) alors inhibés par des neurones à GABA qui eux, en sont pourvus. Mais cette explication n’est pas satisfaisante : en effet, si on explique que les principales euphories sont générés par une fabrication massive de dopamine, pourquoi alors chaque substance euphorisante procure une euphorie ressentie différemment . Celle du cannabis, n’est pas la même que celle de l’alcool, qui n’est pas la même que celle du LSD ou des psilocybes … même si toutes ces drogues agissent sur la dopamine. Le THC modifie les perceptions sensorielles. A doses fortes, il peut provoquer des troubles de l’équilibre et parfois des hallucinations et des épisodes de désorientation. Notez aussi qu’il peut provoquer des troubles de la mémoire immédiate mais sans vraiment perturber celle à long terme. Certain connaissent des difficultés de concentration et de vigilance, d’autres, le contraire ce qui les aides dans la création artistique par exemple. Le 201


THC augmente en outre l’activité intellectuelle, parfois l’individu devient un bavard incontrôlable. S’il peut favoriser la relation avec autrui, dans une certaine mesure, il peut tout autant augmenter la méfiance et la parano ! Le cannabis peut cependant témoigner de deux effets opposés : un dynamique mais anxiolytique et un autre plus sédative et déprimante. Dans ce dernier cas, le sujet peut ressentir alors fatigue, anxiété, nausées, vertiges et maux de tête avec de forts épisodes de paranoïa. Il semblerait que l’état psychologique du moment du consommateur rentre pour une part dans ces variations d’effets. Mais aussi, des composantes chimiques du cannabis fumé : à savoir que shit jeune ou herbe fraîche ont la réputation d’être dynamique, et a contrario, le vieux cannabis ou l’herbe trop mure sont plutôt sédatives. Le THC a la propriété chimique d’être instable et de se transformer plus ou moins rapidement en cannabidiol ou autres constituants absolument inactifs. Autant que pour le taux de THC, il semblerait que le pourcentage et la répartition de telle ou telle autre molécule non psychoactive du cannabis entre en ligne de compte dans l’odeur, le goût et l’effet ressenti. Rappel : la résine est principalement constituée de THC (entre 1 et 30% en moyenne), de cannabidiol et cannabinol dont le taux varie fortement d’une plante à l’autre, d’une préparation à l’autre. Dans un cadre moindre, environs 80 molécules cannabinoïdes différente se partagent entre 05 et 2 % du taux de résine. Le mode de consommation agit aussi sur l’effet : fumé, une partie du cannabidiol se transforme en THC ou isomère du THC. On soupçonne aussi les autres molécules de se transformer chimiquement sous l’effet de la pyrolyse. D’un point de vue plus physiologique, le THC, mais aussi les autres cannabinoïdes présents dans certains cas, provoque un gonflement des vaisseaux sanguins des yeux, augmente leur pression interne, et assèche les muqueuses de la bouche. On soupçonne, sans pouvoir encore se l’expliquer, une interaction du THC avec les récepteurs CB2. En fait, on commence à entrevoir comment fonctionne notre cerveau, mais on est loin d’avoir tout compris. C’est pourquoi il faut se méfier des interprétations des chercheurs et publiants qui utilisent chroniquement les termes : « altère, perturbe, empêche, corrompt, … », en tout cas pour ce qui concerne l’usage du cannabis ! Par cette méthode, ils démontrent surtout leur hostilité envers la plante, plus que toute autre démonstration scientifique. Car si, par exemple, le THC fait gonfler les vaisseaux sanguins des yeux et augmente leur pression interne, il s’avère que ce phénomène est un auxiliaire précieux qui permet de lutter contre le glaucome, maladie presque incurable de l’œuil sans traitement cannabique. Faiblement toxique, le cannabis traîne une mauvaise réputation dans le milieu médical car c’est un peu le cheval de Troy du tabac, auquel il est presque toujours associé. Toutefois, il existe maintenant une machine qui chauffe herbe et haschich sans pyrolyse, donc sans fumées indésirables, goudrons et autres saloperies et sans tabac (on avale les vapeurs, comme de la fumée). Il existe aussi un spray contenant une solution liquide de cannabis qui a été mis au point. Le cannabis médical peut donc aujourd’hui devenir une réalité ! Peut-être le fait qu’il déclanche une euphorie peut rendre encore quelques praticiens hostiles. Pris sur de logues périodes en usage régulier, le cannabis a la réputation d’engendrer une atrophie cérébrale et la mort de neurones. Cela me semble un tantinet exagéré, vu que j’en consomme depuis longtemps. Il est vrai que depuis mon retour en France, j’ai fortement réduit cette consommation (répression oblige), mais pendant les 28 années précédentes, je ne me suis pas privé : c’est pourquoi j’annonce ici que je me porte volontaire pour tenter d’éclaircir ce point tangentiel et m’engage à publier les résultats quels qu’ils soient. Chercheurs et médecins intéressés : veuillez bien vouloir me contacter, je suis à votre entière disposition ! A ce sujet, je publie intégralement ici un texte, trouvé sur Internet, qui dénonce certains dangers du cannabis. Ce dernier est suffisamment neutre dans sa façon d’annoncer les choses pour qu’on puisse l’appréhender avec respect et intérêt ! J’y ai caractérisé en gras les parties qui me semblaient intéressantes et en souligné celles avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Je rappelle ici que je ne suis pas un spécialiste médical mais un usager expérimenté, documenté et par voie de conséquence, un petit peu compétent ! Site : Cannabis Info (http://infocanabis.free.fr/) Le 18 Janvier 2002 Dans cet article, je commente par soulignement et par code de couleur: 202


Je suis d’accord ! Je suis perplexe, je n’y crois pas ou ce n’est pas tout à fait cela ! Je ne suis vraiment pas d’accord !

Cet article est le prolongement d'une conférence faite le 5 mai 1999, sur le thème "drogues et dépendances psychophysiologiques" par M Gabriel Gandolfo, pour la Régionale de Nice.

Effets psychophysiologiques: On retiendra surtout la différence marquée de gravité entre les effets d'une intoxication aiguë et ceux d'une intoxication chronique. * Utilisation ponctuelle et irrégulière Dans le premier cas, les conséquences neurovégétatives (concernant les structures nerveuses contrôlant les fonctions corporelles involontaires : circulation, sécrétions, etc.) pouvant être induites par une prise unique de cannabis ne sont pas du tout dramatiques : larmoiement, conjonctivite, sécheresse de la bouche, hypoglycémie, troubles digestifs, céphalée (mal de tête) , hypoventilation, hypoventilation artérielle, tachycardie (accélération du rythme cardiaque), vasoconstriction (diminution du diamètre des vaisseaux par contraction musculaire) périphérique ... D'autant qu'elles sont très largement compensées par les effets psychologiques qui se déroulent en quatre phases successives. En premier lieu, survient un épisode ébrieux d'euphorie avec anxiolyse (diminution de l'angoisse), analgésie (atténuation de la douleur), détente, pendant lequel l'intoxiqué (pas péjoratif ici : consommateur d'une substance toxique) ressent une impression de bien-être qu'il désire faire partager tout en conservant sa capacité de jugement. Ensuite, se développe une phase confusionnelle qui se caractérise par une hypersensibilité des sens (les couleurs deviennent éclatantes, les bruits ont une résonance extraordinaire), des illusions et des hallucinations (plus rare), une perturbation de la notion espace-temps et de l'affectivité (dans le sens soit d'une tonalité érotico-sensuelle soit d'une hilarité incontrôlable). Après une phase extatique qui est un état hallucinatoire plus ou moins persistant, apparaît enfin une phase de sédation (calmant) de laquelle le sujet sort en se souvenant des impressions agréables ressenties. Certes, parfois tout ne se passe pas aussi bien car tout dépend de la personnalité de l'intoxiqué. A l'euphorie peut se substituer une dysphorie (état de malaise) entraînant une dépression transitoire ou bien des réactions inverses d'anxiété et de panique. La confusion peut donner des crises de bouffées délirantes (toutefois à partir de 30 mg de delta-9-THC, ce qui représente une dose double ou triple de celle qui est "habituellement" absorbée). La phase d'extase peut être accompagnée d'un état d'aboulie, cette absence morbide de volonté pouvant être d'ailleurs recherchée par certaines sectes pour rendre leurs sujets passifs et inactifs (cf. la secte des Assassins ou Haschischins dans l'historique). Notons enfin, bien que ce ne soit pas exclusif de cette drogue, l'effet de baisse de la vigilance et des performances qui, chez les automobilistes par exemple peut conduire à des accidents de la route. Si on s'en tient donc seulement aux plus communs des effets d'une intoxication aiguë, on comprendrait la position de ceux qui jugent le cannabis comme une drogue "douce" et en réclament soit la légalisation soit la dépénalisation, d'autant que le foie qui le métabolise et les reins qui en assurent l'élimination sont épargnés du fait de la très faible toxicité de la drogue sur ces organes. Mais avec le recul qui a été nécessaire pour l'étude du développement d'une chronicité (utilisation régulière) au cannabis, les effets observés deviennent alors d'une toute autre gravité. On peut encore peut-être passer sur certains d'entre eux qui demeurent relativement bénins comme l'insomnie, la migraine et la conjonctivite chronique, les caries et la chute des dents, la cassure des ongles, l'hypotension orthostatique (tension artérielle anormalement basse lors de la station debout), la tachycardie persistante, les troubles digestifs accentués conduisant aux ulcères gastriques. Mais on se situe dans un tout 203


autre registre dès lors que la dépression immunitaire qui était transitoire peut s'aggraver (sous fortes concentrations de delta-9-THC il est vrai).

* Utilisation chronique L'incidence de la cannabinomanie sur le système respiratoire a fait l'objet d'une polémique : le chanvre étant associé (plus en alternance d'ailleurs que par prise simultanée) la plupart du temps à du tabac, celui-ci participe naturellement aux troubles observés. Mais quand, chez le cannabinomane invétéré, l'âge moyen d'apparition d'un cancer des poumons est de 30 ans et celle des cancers bucco-pharyngés (langue, mâchoire, pharynx) n'est que de 26 ans, quand des animaux d'expérience traités pendant six mois directement au delta-9-THC, sans tabac (encore qu'il soit difficile d'établir un corrélation homme-animal selon les doses utilisées) présentent des alvéoles pulmonaires emplis de dépôts anormaux qui ne peuvent que diminuer la capacité respiratoire, il est difficile de ne pas conclure pour le moins à une accélération des processus pathologiques sous cannabis. On admet ainsi qu'une cigarette de haschisch équivaudrait selon sa teneur en delta-9-THC de 5 à 15 cigarettes de tabac dans l'établissement de lésions précancéreuses. Il semblerait même que fumé sous forme de haschisch, le chanvre soit encore plus toxique : le rapport pourrait alors atteindre de 1 à 30 cigarettes. Cependant l'effet expérimental le plus préoccupant est celui qu'exerce la drogue sur le système reproducteur. Outre les troubles de la libido, on observe une altération de la spermatogenèse (maturation des spermatozoïdes), une baisse de la motilité des spermatozoïdes, une désorganisation de l'architecture des cellules spermatiques, une détérioration du matériel protéique contenu dans la tête des spermatozoïdes. Chez la guenon traitée au delta-9-THC, il y aurait altération de l'ovulation, une inhibition de la sécrétion des gonadotrophines LH (hormones lutéotrope) et FSH (hormone folliculo-stimuline) (substances chimiques libérées par l'hypothalamus, dans le cerveau), une perturbation du cycle ovarien et des risques accrus de fausses couches. Des rattes gestantes traitées au delta-9-THC exclusivement, ont bien montré des fausses couches pour 40% d'entre elles contre 8% dans le groupe témoin. Ces observations diffusées principalement par Gabriel Nahas ont été critiquées car issues souvent de l'expérimentation animale : les doses de delta-9-THC pur employé dans ce cas correspondent difficilement à celles qui seraient absorbées par un usager. Comme la plupart des drogues, le chanvre passe la barrière placentaire et peut induire des effets tératogéniques (malformations), surtout des malformations des organes sexuels et des déficiences cérébrales, d'où un risque accru d'avoir des enfants tarés (anormaux) : aux Etats-Unis, on a ainsi rapporté quelques cas de déficit intellectuel chez des enfants dès l'âge de 3 ans dont la mère avait fumé de la marijuana au cours des deux premiers trimestres de gestation. Enfin, le cannabis semble avoir une incidence dommageable sur le cerveau. Des singes (macaques rhésus), qui ont été exposés à l'équivalent d'une cigarette par jour pendant trois mois, présentaient dans le cortex cérébral un élargissement pathologique (d'environ 25% par rapport aux témoins) des fentes synaptiques (espace entre les neurones) dans lesquelles on a observé un dépôt sombre (non identifié). Un autre groupe d'animaux qui a ensuite subi une "désintoxication" montrait des altérations similaires neuf mois après ! Il a été fait aussi mention d'une réduction (de 44%) du nombre de synapses et du volume des noyaux de l'hippocampe (région du cerveau jouant un rôle primordial dans le processus de mémorisation), avec des altérations résiduelles six mois après sevrage. Cette action altéragène à l'évidence pérenne (durable) (on n'ose pas écrire irréversible) pourrait ainsi expliquer d'autres effets liés à la cannabinomanie : la récurrence des symptômes d'intoxication (parfois près de trois mois après la dernière prise) connue sous l'anglicisme de flash-back et qui peut par exemple être à la (1) source de certains accidents de la route "inexpliqués" ; la progressivité de la symptomatologie («?») psychologique de l'intoxiqué chronique (négligences dans le travail et le comportement, arrêt du développement de la personnalité chez l'adolescent, perte progressive de la vitalité, apathie profonde entrecoupée de brusques tendances agressives, régression intellectuelle avec des troubles mnésiques (troubles de la mémoire) et perte de jugement pouvant aller jusqu'à la dépersonnalisation avec syndrome amotivationnel); la survenue facilitée de crises chez des malades mentaux de type paranoïaque ou schizophrénique. Concernant ce dernier point, on a en effet montré que le delta-9-THC perturbe les régulations entre le cortex frontal, le cervelet, l'hippocampe et l'amygdale, ce qui provoque un comportement altéré, un "état de 204


rêve" qui échappe à la cohérence de l'état de veille et persiste bien au-delà de l'épisode aigu, d'où, s'il se prolonge, une aliénation mentale. C'est surtout à cause des épisodes psychotiques plus ou moins graves et durables qu'il engendre sur les personnalités faibles et mal structurées que le chanvre est classé drogue illicite dans la majeure partie du monde. L'ultime danger du cannabis, même s'il n'est pas directement lié à ses effets propres mais plutôt au prosélytisme intéressé de certains membres du groupe (puisqu'il s'agit surtout d'une drogue de convivialité), est celui de l'escalade et qui consiste à rechercher des produits plus toxiques comme la cocaïne et l'héroïne. L'estimation du risque d'escalade a toujours été délicate : on peut néanmoins admettre que 5 à 10% de consommateurs de chanvre prendraient de l'héroïne 5 à 10 ans après. Mais il faut savoir que l'état de chronicité se développe d'autant plus facilement que le delta-9-THC, qui est liposoluble (il se fixe dans les graisses, le foie, les poumons), est de ce fait très long à être éliminé de l'organisme : sa demi-vie étant de 2,5 jours, il est nécessaire d'attendre 10 à 30 jours pour évacuer définitivement une dose unique de 10 à 15 mg (ce que contient en moyenne une cigarette de cannabis) alors qu'une dose similaire d'alcool est éliminée en 6 heures, d'héroïne en 8 heures et de cocaïne en 2 heures seulement ! Bien que le syndrome d'abstinence se manifeste seulement par une irritabilité, une sudation (transpiration) excessive et quelques gastralgies (douleurs vives et localisées à l'estomac), on observe pourtant, tout comme lors du sevrage aux opiacés et à l'alcool, une libération accrue de corticolibérine (CRF) dans l'amygdale qui est responsable des crises d'anxiété. Toutefois, la demi-vie particulièrement longue du delta-9-THC fait que l'organisme a tout le temps de s'adapter à l'absence de prise de drogue : la dépendance au cannabis existe donc bien, mais elle est d'autant plus insidieuse que l'état de manque passe pratiquement inaperçu. Dans ce contexte, on ne manquera pas d'apprécier les résultats d'une enquête menée en 1997-98 par l'OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) sur plus de 10000 lycéens (un échantillon suffisamment large pour obtenir des conclusions crédibles) âgés de 15 à 19 ans, démontrant la banalisation de l'usage du cannabis : un tiers l'a expérimenté ( ce taux grime à 40% pour Paris) et un sixième le consomme régulièrement (10 fois ou plus au cours des 12 derniers mois). Fin de l’article Il y a des choses très graves énoncées dans cet article qu’ils faudrait donc prouver réelles ou fausses une fois pour toute pour clore la polémique ! Je ne suis pas d’accord avec tous les points énoncés par son auteur, par ailleurs anonyme, malheureusement. Mais le ton plus neutre de l’article et son raisonnement plus clair, font que ce texte est parfaitement recevable dans le cadre d’un débat ! Quoi qu’il en soit, certaines de ses conclusions sont discutables, je ne vais pas le faire ici – vous avez vu tout ce qui est déjà écrit – mais, en citant l’exemple de l’incidence du cannabis sur la conduite automobile, bien que son point de vue « accidentogène » reste théoriquement possible pour quelques cas, différentes études suggèrent le contraire. En voici une relaté par un journal (source www.chanvreinfo.ch / La revue de Presse / Août 2000) : Sunday Times - 13 août 2000

Le cannabis peut vous rendre meilleur conducteur, par Jonathon Carr-Brown Les fumeurs réguliers ont été préférés parce qu'en Amérique, les essais précédents utilisant des novices eurent pour conséquence que les volontaires s'évanouissait ou se sentaient malades. Le laboratoire a recruté ses cobayes par ce qu'il décrit comme la "technique boule de neige" — un utilisateur connu est invité à en trouver d'autres après la promesse de l'anonymat et l'exemption de poursuites, après accord avec le Home Office.

Prendre la route peut ne pas être si dangereux après tout. Les ministères pourraient être embarrassés par la recherche gouvernementale démontrant que la conduite d'automobilistes sous l'influence de drogues les rend plus prudents et a un impact limité sur leur risque d'accident. Dans l'étude, entreprise par le Transport Research Laboratory (TRL), le cannabis de catégorie A spécialement importé d'Amérique a été donné à 15 utilisateurs réguliers. Les conducteurs drogués ont été alors soumis à quatre semaines d'essais de pilotage sur des simulateurs mesurant leurs temps de réaction et de perception.

Au lieu de prouver que cette prise de drogues augmentait le risque d'accidents, les chercheurs ont constaté que les effets d'apaisement du cannabis rendaient des conducteurs plus prudents et beaucoup moins enclins à piloter dangereusement

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convaincre les ministres de mettre plus d'argent dans la prévention de la fatigue au volant. La fatigue est maintenant rendue responsable de 10% des accidents mortels, comparé à 6% pour l'alcool et 3% pour les drogues. Une campagne radio discrète sera bientôt lancée pour inciter les conducteurs à faire des poses. Les conclusions étonnantes ne feront pas changer des organismes tels que le RAC, qui croit à l'évidence d'une menace croissante de la conduite "sous drogues". Les statistiques publiées par le DETR en janvier ont montré une multiplication par six du nombre de personnes conduisant en présence de drogues dans leur organisme après des accidents de la route mortels, passant de 3% en 1989 à 18%.

Bien que le cannabis affecte le temps de réaction des utilisateurs réguliers, ses effets semblent être substantiellement moins dangereux que la fatigue ou la boisson. Les recherches menées par l'Australian Drugs Foundation (ADF), ont permis de constater que le cannabis était la seule drogue testée diminuant le risque d'accident. Les résultats embarrasseront les ministères du Department of the Environment, du Transport and the Regions (DETR) qui ont commandé l'étude après avoir subi la pression d'organisations automobilistes et de militants d'anti-drogues. Lord Whitty, ministre des transports, recevra le rapport plus tard ce mois. La semaine dernière, la police a révélé les détails des nouveaux tests anti-drogues à mener en bord de route, reçus avec un certain amusement. Elle exige des conducteurs suspectés d'être sous l'emprise de drogues, de se tenir sur une jambe, de se pencher en arrière et de toucher leur nez avec leurs yeux fermés, et enfin de compter silencieusement jusqu'à 30 avec leurs yeux fermés. Ce serait apparemment difficile pour eux.

Le DR Rob Tunbridge, auteur du rapport, a refusé de révéler ses résultats avant qu'ils ne soient publiés, mais déclare : "si vous deviez me demander de les ranger dans un ordre de priorité, la fatigue est le plus important tueur, suivi de l'alcool, les drogues suivant en troisième position." Tunbridge a admis que l'effet des drogues diffère selon l'individu, la quantité prise, l'environnement des prises et l'endroit où ont été testé les réactions. Les utilisateurs de cocaïne sont connus pour être des conducteurs alertes quand ils prennent la drogue avant, mais ayant une tendance à tomber en sommeil en route. Le problème particulier au cannabis est qu'il reste dans l'organisme d'une personne jusqu'à 30 heures, bien que ses effets s'interrompent en quelques heures.

L'agence publicitaire Mc Cann-Erickson a déjà préparé une campagne de télévisuelle utilisant la chanson des Pulp Sorted for Es and Whizz, avec le slogan "Never drive on drugs" (ne jamais conduire drogué) et le mot d'ordre "then you come down" (alors vous en reviendrez). Cependant, si les résultats sur les effets de la marijuana sont moins effrayants, ils peuvent

Voyez comme des conclusions hâtives ou prévenantes (anticipantes mais non prouvées) peuvent être trompeuses. Notez bien, comme il en ressort dans cet article, que même quand on démonte leurs arguments, les prohibitionnistes ne changent pas de position. En France, sans aucune étude sur laquelle s’appuyer, les autorités annoncent fièrement que le cannabis double le risque d’accident sur les routes (juillet 2008). C’est ainsi qu’ils « justifient » la répression qu’ils mettent en place. Dans le même ordre d’idée, l’auteur du résumé de la conférence faite le 5 mai 1999, par M Gabriel Gandolfo (étudiée juste avant l’article sur la conduite automobile), se trompe, certainement sans le savoir, quand il nous dit : « C'est surtout à cause des épisodes psychotiques plus ou moins graves et durables qu'il engendre sur les personnalités faibles et mal structurées que le chanvre est classé drogue illicite dans la majeure partie du monde ». Ce qui est faux car, à l’origine, l’interdiction du chanvre fut basée, aux USA, sur des mensonges et exagérations, dont certains étaient fortement imprégnés de connotations racistes (voir 1ère partie de cette encyclopédie, notamment celle qui traite de monsieur Anslinger). Pour maintenir cet interdit, la prohibition a toujours adapté son discours : -

Dans un premier temps à coup de théories, dont celles qui ont générés l’interdit se sont avérées fausses et/ou exagérées, par l’entremise de sommités médicales fortement rémunérées pour ce fait.

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Puis aux résultats publiés d’une recherche scientifique plus crédible dans sa façon de travailler, mais tout autant mise sous pression de part cet interdit. Mais a défaut d’argument démontrant une réelle nocivité du produit, elle se retrancha vers un tout autre alibi (voir juste après en {1})!

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Elle profite d’une situation politique exceptionnelle ou l’interdit lui génère une situation qui lui est bénéfique en de nombreux points. Peuple et parlement sont fortement hostiles à la dépénalisation, et peu de détracteurs grâce à un article de loi sur le prosélytisme ! Elle est intégrée dans l’appareil de l’Etat et certains ses membres actifs sont même rémunérés pour ce 206


fait. Elle croule sous les subventions, et s’est infiltrée tant dans les milieux de la répression que dans ceux de la prévention. Son pouvoir découle de ces faits. {1}Subissant toutefois des attaques répétées, la prohibition s’est retranchée et spécialisé dans le contexte de la protection des mineurs pour mieux maintenir et justifier cet interdit. Il serait question d’effets dépresseurs du chanvre, ayant pour symptôme principal une « démotivation » cause de dépravation. Oui mais les mineurs n’étant pas les majeurs, on ne comprend pas pourquoi le cannabis demeure interdit aux adultes! L’alcool et le tabac sont bien interdits aux mineurs et autorisés aux adultes. On ne comprend pas la pertinence de cet argument. La prohibition s’adapte donc aux problèmes qu’elle rencontre, mais ne se remet jamais en question ! Et pour cause : c’est qu’il s’agit là de son « gagne pain » ! La prohibition est donc un système clos, fortement structuré ou les fortes sommes d’argent maniées paraissent comme un outil fédérateur et l’énergie qui alimentent son moteur. Il est manié par des professionnels de la gestion et de la communication et agit dans le politiquement correcte et la connivence ; mais ses membres pourraient être vous et moi, votre voisin ou beau-frère, tout un tas de gens pas très organisés, manipulable aisément sur le plan du passionnel, surtout quand cela concerne nos enfants. La prohibition pourrait devenir plus honnête et bien plus utile d’un point de vue sanitaire, si ses membres en devenaient les dirigeants et que les subventions distribuées ne fussent pas sujettes à chantage. Voici pour clore la partie critique de cette prohibition, qui s’adressait surtout à son niveau « gestionnaire ». Car une partie de leur message est toutefois légitime : quand il se cantonne à des bornes de prévention, de lutte contre la diffusion massive et d’abus de drogues au sein de notre société. Les associations de lutte contre la Toxicomanie doivent devenir partenaires des associations de toxicomanes, ne serait-ce que pour l’échange de dialogue, la compréhension de l’autre, et le contrôle à vue d’une situation qui n’aurait alors plus rien de clandestine. Si lutte il y doit avoir, c’est contre la déviance et l’abus, pas contre les individus. Tout ceci précisé, notons que parallèlement à un usage dit « toxicomaniaque », la plante témoigne de moult applications utiles, notamment sur le plan médical. Nous rentrerons dans ce détail dans une autre partie car celle-ci est ici déjà lourdement surchargée. Si le Chanvre a la réputation de pouvoir soigner ou traiter bon nombre de troubles et de maladies humaines, il pourrait aussi soigner notre écosystème malade. Le Chanvre aurait bon nombre de débouchés économiques; on en tirerait de la corde, des médicaments, mais aussi du tissu quasi-inusable, du papier, de l’huile alimentaire d’une qualité nutritive sans précédent, de la nourriture, du carburant, de l’énergie, du bioplastique, des cosmétiques, des matériaux pour le bâtiment... Tout ceci doit être pris en considération avant de se faire un jugement sur le chanvre. Pour des raisons évidentes, nous n'allons pas retracer ici tout ce qui est contenu dans le reste de ce livre sur le sujet, et nous allons directement passer à la suite de la classification. En résumé, au sujet des « bricolages de la prohibition » pour maintenir l’interdit généralisé et pour contrer l’argumentation de leurs adversaires, citons le vieil adage suivant : : « il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut rien entendre ».

- LES SUBSTANCES HALLUCINOGÈNES AUTRES QUE LE CHANVRE INDIEN : Ces toxiques consommés depuis des siècles en Amérique centrale et en Amérique du Sud, sont utilisés depuis quelques années par les toxicomanes sous forme synthétique ou chimique (principe actif mieux titrées que dans leurs plantes respectives). Dans les années 60, le nombre d'hallucinogènes a connu une croissance importante à la suite de recherches pharmaceutiques. Ces substances provoquent, à faibles doses, non seulement des troubles sensoriels, mais aussi une perturbation globale du fonctionnement psychique. Jean Delay, en 1966, a proposé pour caractériser ces drogues la définition suivante : "substances qui perturbent l'activité mentale et engendrent une déviation délirante du jugement, avec distorsion dans l'appréciation des valeurs de la réalité”. 208


En outre, ces drogues sont génératrices d'illusions, d'hallucinations, d'états oniriques et oniroïdes, d'états de confusion, d'états de dépersonnalisation" (autrement dit, d'effets psychodysleptiques). Il est utile de noter que, de part son classement arbitraire dans cette liste, cette définition est appliquée au Cannabis par bon nombre de ceux qui sont contre l'usage de cette plante. La réalité diffère pourtant de cette définition. Le chanvre fumé n’induit ni hallucinations ni états oniroïdes mais seulement une ivresse plus ou moins gérable selon la richesse en THC du dérivé cannabique et du niveau d’accoutumance de son usager. "Malheur à celui qui juge sans savoir ! "... La plupart de ces substances sont d’origines végétales, certaines nous proviennent du monde animal. La panoplie de molécules hallucinogènes est si vaste, si complexe, qu’il nous est impossible ici d’en présenter la totalité. Même Hofmann, dans ces différents livres pourtant très approfondis, préfère parler des familles de molécules plutôt que de les énumérer (en exemple, les tryptamines, famille qui contient en outre, la bufotéine et la DMT). Certains hallucinogènes proviennent de familles moléculaires qui nous surprennent ! Il est question de dérivés du curare ou du cyanure par exemples. Hallucinogène, toxique et poison sont donc trois concepts intimement mêlés. D’ailleurs, tout est toxique, ce n’est juste qu’une question de dosage et de temps. Certains toxiques foudroient, d’autre empoisonnes petit à petit …Ainsi on apprendra, dans un passage traitant de l’ecstasy, que l’on peut mourir d’une overdose … d’eau ! D’après Hofmann, l’usage des hallucinogènes remonte si loin dans la préhistoire, que selon certains auteurs, le concept du divin en est peut-être issus. Les changements psychiques et les modifications de la conscience provoqués par les hallucinations sont si éloignés de la vie ordinaire qu’il est impossible de les décrire dans un langage quotidien ! Toujours d’après Hofmann, notons enfin que des états pseudo-hallucinatoires peuvent être provoqués par un disfonctionnement du corps (trop chaud, trop froid, trop soif, trop faim, trop fatigué). A l’image de ces fanatiques religieux du Moyen-Âge qui jeûnaient au point de perturber leur métabolisme de telle manière qu’ils étaient véritablement sujets à des visions et entendaient des voix, subissant sans le savoir, des effets pseudo-hallucinogènes !

- Le L.S.D. 25 : (Je vous renvois à lire LSD dans le dictionnaire, ou vous trouverez en complément un excellent article de Wikipédia sur la question). On ne peut pas parler de LSD sans aborder au préalable le chapitre sur l’Ergot de seigle. Toutefois, pour des raisons pratiques qui me sont propres, vous trouverez ce passage un peu plus loin dans : HALLUCINOGENES BIOLOGIQUES AUTRES, Europe, Ergot de seigle Comme le docteur Hofmann est intervenant dans cette histoire de LSD, cette fois-ci, par principe de neutralité, nous laisserons de coté ses écrits sur le sujet. Voyons comment d’autres spécialistes du secteur entrevoient le problème apporté par cette substance. LSD : Lyserg Säure Diäthylamid. Substance hallucinogène de synthèse, active à des doses très faibles, obtenu à partir de l’acide lysergique, substance synthétique similaire à celle présente dans l’ergot de seigle.

1) Historique : C'est un des hallucinogènes les plus puissants : parfois, avec une dose de 15 à 25 micro - grammes, des modifications du fonctionnement psychique sont observés (un seul gramme de cette substance est donc suffisant pour obtenir plusieurs milliers de doses moyennes). Le L.S.D. 25 (ou Diéthylamine de l’acide Lysergique), dérivé de l'Ergot de Seigle, fut isolé en 1938. Ses propriétés hallucinogènes furent découvertes, par le Dr Albert Hofmann en 1943, à la suite d'une intoxication accidentelle. Précisons, pour une petite note d’humours, que si Albert Hofmann avait écouté sa maman, à savoir de toujours se laver les mains avant de manger son sandwich, il serait passé à coté de sa découverte et les différent mouvements sociaux de contestations et de Flower Power qui en découlent, n’auraient jamais eu lieu. Ironie du destin, n’est-ce pas ? 209


Les Editions du Lézard nous précisent que cinq années après sa découverte, le 19 Avril 1943, Hofmann reproduit volontairement cette intoxication en gobant 250 microgrammes de Lyser Saür Diaethylamid. Il devient alors le premier Expérimentateur Volontaire. Quelques millions d’autres vont suivrent …. Les effets de cette substance sont depuis longtemps bien connus. L’armée américaine l’expérimenta à l’insu de leurs soldats jusqu’en 1975. La Psychiatrie, elle, l’essaya sur des malades mentaux et des volontaires (tests aboutissants souvent à des échecs). Certaines célébrités du monde de la “dope” l’expérimentèrent puis écrivirent des comptes rendus de leurs “ressentis”. C’est le cas de Timoty Leary ou d’Aldous Huxley dont des éditions traduites en français sont aujourd’hui encore accessibles (non censurés). Cette drogue est le plus souvent ingérée par voie buccale, sous forme de capsules, de comprimés, ou encore de cristaux, de morceaux de sucres, de bouts de tissus, ou de buvards aux effigies diverses imbibés d'une solution de L.S.D.. Les effets se manifestent de 30 à 60 minutes après la prise. Leurs durées dépendent de la dose absorbée, mais aussi, du psychisme et du vécu de l'individu, des circonstances et de l'ambiance environnante et des événements du moment. Autrement dit, le psychisme semble subir les « distorsions » provoquées par la substance, en aucun cas ne les provoque ou ne les influence. Seuls des événements extérieurs, peut-être non décelables ou appréhendables par le conscient du sujet, mais, à contrario, catalyseurs agissants sur un plan inconscient ou réflexe du cerveau. Précision apportée ici, car d’autres substances hallucinogènes peuvent provoquer des épisodes hallucinatoires où le cerveau, sous sa forme inconsciente et/ou consciente, agit plus directement sur le déroulement des hallucinations et de leur contenu. Aujourd’hui, un « buvard » ne contient guère plus de 50 µg (microgrammes) alors que dans les années 60, il en contenait autour de 250 µg. Une dose 100-200 µg correspond à une intense stimulation et à des déformations visuelles durant plus de 8 heures. Dans le cas d'une dose moyenne, les effets durent de 8 à 12 heures et le retour à la normale s'effectue, par la suite, de façon graduelle. Il faut toutefois indiquer que l'augmentation de la dose affecte plus la durée du ”trip” que son intensité ou sa qualité. D’un point de vue clinique, on parle alors d’altération du fonctionnement du cerveau et non pas de liaisons qui, par définition, impliqueraient un préjudice neurologique physique permanent. A contrario, d’un point de vue expérimentateur, on parle alors de modification du champ de conscience, d’ouverture des volets de la perception. Cette défonce semble être à chaque fois une expérience unique. Les modifications (de l'état de conscience) provoqués par le L.S.D., varient considérablement d'une expérience à l'autre. Ces modifications proviennent du fait que, comme pour la durée de l'effet de défonce, la personnalité de l'usager et le contexte environnant, interfèrent plus que la pathologie provoquée par la prise du produit. 2) Étude médicale : Il est difficile, donc, de définir un schéma moyen des effets provoqués par le L.S.D. 25; toutefois, on peut dire qu'ils ont pour point commun l'apparition d'hallucinations et d'illusions. On observe, en outre, que cette substance provoque une euphorie et un état d'excitation intellectuelle qui alternent avec des moments d'angoisses, de joie, ou de sérénité. On en déduit que chaque sujet réagit en fonction de son propre “environnement psychique”, mais aussi de différents facteurs du moment. Sur un plan physiologique, il a une action sur le système nerveux central, une accélération du rythme cardiaque ainsi qu’une élévation de la pression artérielle. Quelquefois, on note des vertiges et des tremblements en début d’expérience. On note aussi une perte du sommeil et de l’appétit parallèlement à une augmentation de la vigilance. Sur un plan psychologique, il est fréquemment décrit :

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Le cours de la pensée est accéléré et le sujet associe les mots et les idées de manière inhabituelle; il pense atteindre un niveau de conscience supérieur. Chaque sensation est amplifiée et procure une émotion. Le sujet a le sentiment d'accéder soit à un monde de beauté qui le plonge dans la contemplation, soit à un monde de cauchemar qui peut le pousser à des réactions psychotiques aiguës et/ou à une conduite suicidaire. Les phénomènes d'illusion modifient l'espace environnant. Les perceptions sont complètement modifiées autant sur le plan spatial que temporel ou visuelle. Dans certains cas, il s'agit de véritables hallucinations : le sujet à la conviction que les bouleversements qu'il vit sont réels. Une résurgence de ces symptômes peut resurgir des semaines plus tard. Cela consiste en de courts épisodes de distorsions temporelles et spatiales avec sauts d’humeurs, phénomène appelé “retour d’acide”. La dose mortelle pour l'homme n'est pas connue avec exactitude, mais on l'estime approximativement à 15 mg (soit de 300 à 1000 doses de L.S.D.) pour un individu de 70 Kg. L'attention est attirée sur des comas provoqués par des intoxications à dose forte. Quelques cas d'épilepsie ont également été signalés. La toxicologie du L.S.D. 25 est essentiellement d'ordre psychiatrique et non physique. En dehors des modifications perceptives, le L.S.D. 25 provoque des perturbations du fonctionnement intellectuel. Le raisonnement abstrait, la mémoire, les facultés d'attention sont altérés. L'activité intellectuelle est alors submergée par un vécu d'étrangeté qui est presque toujours ressenti, et qu’il est difficile à interpréter quand on ne l’a pas connu. Certains ésotéristes parlent "d'une certaine libération artificielle de l'esprit" qui, replongé dans un univers de perception différent du nôtre (celui d'après la vie), ressentirait, sans pouvoir le contrôler, tout ou partie de ce que perçoit notre esprit libéré après la mort. A ceci près, que l'esprit ne serait que "légèrement décalé du corps", et ne l'aurait pas quitté en totalité, possédant un contrôle sur les mouvements physiques instinctifs de ce dernier. Encore faut il croire à "quelque chose" après la mort, pour se faire une vision précise de ce que veut exprimer cette image. Cependant, si les hallucinations liées à ce vécu d'étrangeté, concernent le vécu corporel d'un individu, ceci peut provoquer chez lui, une certaine dépersonnalisation assimilée médicalement, dans notre société, à de la folie. Dommage pour lui, car, à 150 ans près, chez les indiens d'Amérique, un tel individu aurait pu devenir Chaman, ayant eu son rôle à jouer et sa place à tenir dans une société indienne, sans que quiconque ait pu pensé, une seule fois, à le traiter de fou. La prise "sauvage" de ces produits, sans encadrement, a conduit à des actes délirants : défenestration, automutilation ... etc. Le sujet peut se voir double, tentaculaire, troué, ... croire qu'il peut voler... L'usage du L.S.D. n'entraîne pas d'accoutumance (les mêmes doses produisent toujours les mêmes effets), ni de pharmacodépendances : l’usager qui interrompt sa consommation, ne présente habituellement pas de troubles physiques. On note une dépendance psychique rare. Quand un sujet en consomme fréquemment, il doit généralement attendre plusieurs jours avant de renouveler un voyage, et ceci pour pouvoir en retrouver les mêmes effets. On peut donc dire que la tolérance du L.S.D. développe un certain paradoxe : elle est rapide et forte, mais de courte durée. Au bout de quatre à cinq jours, l’individu réagit à un nouvel acide comme s’il en avait jamais pris. Le risque psychiatrique ne doit cependant pas être mésestimé. Il peut s'agir d'une complication mentale aiguë survenant dès les premières expériences, voir d'une aggravation prolongée de sentiments de dépersonnalisation évocateurs d'un mode d'entrée dans la schizophrénie, maladie mentale qui caractérise la perte du contacte avec la réalité avec hallucinations. 211


Votre attention sera toutefois attirée sur le fait qu'aujourd'hui, on classe "Schizophrénique" un peu n'importe qui. Le terme est trop vague dans sa définition, que les gens s’en font, ce qui fait que quiconque aurait un comportement différent ou légèrement marginal par rapport à la moyenne des personnes, pourrait être accusé par son voisin de développer cette maladie. Ce genre de réaction est certainement plus à considérer au plan social qu'au plan médical, car elles ont leur place dans un contexte philosophique qui tente à prouver que, le comportement moyen des gens, celui-ci décrit comme normal, n'est pas un modèle idéal, loin de là. Selon Sydney Cohen, qui a regroupé plusieurs milliers d'observations, on remarque souvent des réactions de panique en début ou en fin d'expérience, qui peuvent conduire à des comportements suicidaires ou fortement antisociaux. Ces manifestations aiguës sont habituellement sans lendemain. En revanche, des états déclenchés devenant permanents s'observent généralement chez les sujets prédisposés ou présentant des troubles psychiatriques : le L.S.D. 25 risque d'être le révélateur d'une maladie mentale ignorée jusqu'à là. Ainsi, certains ne redescendent pas de leur "trip". Depuis les années 70, on a noté une importante diminution de l’usage de cette substance. Elle n’a cependant pas été éradiquée et on constate ça et là, de petits groupes qui en usent durant des périodes limitées. Mais le “goût” pour les hallucinogènes s’est retourné vers de nouvelles substances : le L.S.D. “Light”, qui en fait un simple stimulant et l'ecstasy dont vous trouverez la description à la fin de cette partie. Il existe aussi d'autres hallucinogènes synthétiques. Citons en exemple : Le S.T.P. : (Sérénité, Tranquillité, Paix) ou le 2,5 diméthy-4-métylamphétamine. C'est un composé préparé dans les laboratoires clandestins, vendu sous forme de pilules. Sa molécule est apparentée à la Mescaline et aux Amphétamines et en combine les effets. Ceux-ci sont censés être 50 fois supérieur à la Mescaline et plus durables que ceux du L.S.D. 25. Le trip peut durer 24 heures et provoquer une intense stimulation ainsi que de fortes et nombreuses hallucinations. La D.O.B. : (prenez votre respiration à fond) cette molécule se nomme la 4-bromo, 2,5dimethoxyphénylisopropylamine. C’est une version plus puissante du S.T.P. à la mode dans les années 70. Il en combinait les effets avec en plus, des troubles de la vision persistants. On le trouvait sous la forme de buvards car il était actif dosé à moins d’1 mg.

LA PHENYLCYLCLIDINE : Point de vue officiel : ... ou P.C.P., ou bien encore tristement surnommée : "Poudre d'Ange”; car une légende soutient que cette substance fut souvent utilisée par les fameux “Hells Angels” lors de braquage ou de règlement de compte. Détourné d'un usage vétérinaire, ce produit provoque des troubles psychiques massifs : perturbation sensorielle, troubles affectifs marqués par l'alternance d'euphorie et de dépression, réactions psychiatriques très aiguës caractérisées par des comportements agressifs très violents et souvent suivis de tentatives de suicide. L'individu ne sent plus la douleur, sa force est quintuplée (au moins), dix policiers n'arrivent pas à le maîtriser; il donne de plus l'impression d'être insensible aux coups et aux blessures (légères à graves quelle qu’elles soient), l'individu peut s'automutiler ou se battre et courir avec une jambe cassée. Un documentaire vidéo relatant ces faits est souvent passé à la télévision comme preuve de ces affirmations. L'usage de cette drogue extrêmement dangereuse n'a heureusement pas dépassé les frontières de certains états des U.S.A. selon les livres et périodiques qui ont étudié le phénomène. 212


Au « states », la population a réagit au problème comme l’a fait le public français face à la menace » des Pit-Bulls. Dans certains états américains, les policiers ont reçu l’autorisation de tirer sur tout individu soupçonné d’avoir absorbé du P.C.P. C’est le plus souvent un liquide qui peut être mélangé à une boisson, de la nourriture ou vaporisé sur des cigarettes de tabac ou de dérivés cannabiques. L’attention est attirée sur le fait que le produit, sans saveur particulière, peut vous être administré à votre insu.

Point de vue officieux : “C’est une poudre. On la sniffe ou la fume répandue sur des cigarettes de Marijuana. Parfois, on se l’injecte. Disponible également sous forme de pilules, ce puissant stimulant (utilisé comme anesthésique vétérinaire) plonge son consommateur dans une grande agitation et une grande confusion. En surdose, il peut entraîner des convulsions, voire un coma. Ses effets apparaissent en quelques minutes et durent généralement entre 4 et 6 heures. Il est très semblable à la kétamine. En dépit de son affreuse réputation de “drogue qui rend fou”, le P.C.P. ne possède a priori aucune propriété pharmacologique qui pousserait ses consommateurs à commettre des crimes. La majorité des gens qui ont pris du P.C.P. l’on fait en croyant prendre autre chose, de la mescaline, de la psilocybine ou de la “super Marijuana” (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). La poudre d’Ange (Angel Dust) est un autre nom du P.C.P.. Drogue des “minorité, des insurgés et des pervers”, le P.C.P. a une abominable réputation. Il est pourtant très proche de la kétamine, produit légal aux États-Unis consommé essentiellement dans les milieux médicaux ... (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Points de vue officiel et officieux, qui dit la vérité ?

LA KETAMINE : c’est à l’origine un anesthésique vétérinaire. Le “Petit Dico. des Drogues” nous précise que cette molécule est proche du P.C.P.. Pourtant, les effets généralement décrits de la kétamine en semblent très différents. A moins que la version “officielle” exagère un tantinet histoire de faire dans le “sensationnalisme” pour décourager d’éventuels candidats à l’expérimentation. du P.C.P.. Voyons ce que ce “Petit Dico. des Drogues” raconte sur cette fameuse Kétamine : “- À faible dose, ce psychédélique procure une sensation de bien être et de relaxation. - En revanche, à haute dose, il entraîne une dissociation du corps et de l’esprit, des expériences proches de la mort (N.D.E.) des hallucinations “réelles” et de profondes introspections (durée du trip : entre 2 et 10 heures). - À très forte dose, (la Kétamine) peut provoquer des troubles mentaux (amnésie), et éventuellement entraîner une dépendance psychologique ...” Le 2, 5, Diméty-4-méthylAmphétamine : une sorte de molécule “hybride” entre la Mescaline et les Amphétamines. Provoque un comportement excité et fortement halluciné, ainsi que des phases délirantes. Le Diméthyltryptamine : a une action comparable au L.S.D., mais dégage une forte toxicité qui peut provoquer la mort.

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Notez bien que ces composés synthétiques sont souvent porteurs d’un danger plus ou moins grave pour celui qui veut les utiliser. D'autres hallucinogènes, sous forme végétale, sont connus depuis beaucoup plus longtemps que le L.S.D. 25. Citons :

LA MESCALINE : Principe actif extrait du Peyotl, cactus mexicain sana épines considéré comme une plante sacrée, dont on tire aussi une boisson Alcoolisée : le Mescal. Le Peyotl était connu depuis fort longtemps des amérindiens Huicholes qui le consommaient pour provoquer des visions permettant des prédictions prophétiques. On estime aujourd’hui que cela fait au moins 8 000 ans que différentes tribus utilisent massivement ce cactus. Aucune dégénérescence génétique ou psychiatrique particulière n’a été remarquée. Absorbé en collectivité, il servait à obtenir l'état de transe voulu pour les activités rituelles (voir chamanisme). Le surréalisme l’a baptisé “Lucidogène”, néologisme qui en dit long sur la vertu de ses étranges propriétés. En fait, ce cactus est encore employé par les amérindiens du Mexique, mais aussi des États-Unis. Il procure d’intenses hallucinations qui ont de tout temps laissé croire aux amérindiens, qu’un esprit (Mescalito), guide de bon ou de mauvais voyage, habite ce cactus. En fait, le cactus est surtout habité par un ver (ou plutôt chenille) qui ornera le fond des bouteilles de Mescal. La conquête espagnole persécuta tous les rites indiens liés à l’usage de plantes provoquant des visions. Etant donné qu’un effort particulier fut fourni pour évangéliser (convertir) des indiens définis comme païens, les représentants de l’Eglise interprétèrent comme satanique tant l’emploi de ses substances que les rites qui y étaient liés. Comme en Europe, tortures, bûchers et peine de mort ou de prison servirent de modèles aux récalcitrants. Et dire que le message de Jésus Christ est, entre autres, « Aimez-vous les uns des autres, …pardonnez à vos ennemis… ». Tous ces efforts, liés aux atrocités qu’on connaît, n’eurent pour effet que de rendre plus discret shamanisme et rites indiens, mais n’aboutirent pas en terme d’éradication. Seul les jeunes boutons de la plante sont utilisés. On les fait sécher, puis ils sont consommés tels quels. Signe caractéristiques : ils provoquent de violente nausées accompagnées de vomissement(s). Ce rite a été longtemps caché aux “blancs envahisseurs,” il n’a été vraiment connus et étudié qu’à partir de 1950. Le “Petit Dico. des Drogues” nous précise que c’est l’anthropologue Carlos Castaneda qui à contribué largement à faire connaître cette plante psychédélique et les rituels Yaki qui y sont associés (lire son livre : “L’Herbe du Diable et la Petite Fumée” et voir Native American Chuch dans le dictionnaire de cette “Encyclopédie du Cannabis”). La mescaline a des effets comparables au L.S.D. 25. L’AMANITA MUSCARIA ou amanite « tue mouche » Attention, champignon vénéneux : l’amanita muscaria contrairement à l’amanite phalloïde, n’est pas mortelle. Toutefois, on y trouve des toxiques propres qui, en cas d'ingestion, déclencheront souvent une bonne diarrhée, des sueurs et des nausées, ainsi que divers troubles significatifs d'empoisonnement (on est parfois malade comme un chien). « Chez nous », comme dans le nord ouest de l’Amérique, il est rouge à points blancs (on dit verrues blanches). Cependant deux autres variétés existent : (1) au chapeau jaune ou orangé avec des verrues jaunâtres (ouest et centre de l’Amérique du nord) et (2) entièrement blanc (Idaho – USA). 214


Curieusement, ce champignon qui est si consommé dans le nord de l’Europe, ne l’est pas autant en France ou pourtant on le trouve en grand nombre dans beaucoup de forêts. Cela provient certainement du fait de la « citadination » de masse, qui coupe l’être humain de ses racines naturelles (et de sa connaissance des plantes) et du fait du choix possible d’autres substances psychoactives légales ou illicites mais néanmoins facilement accessibles. Ce sont les têtes entières de ces champignons, séchés ou non, qui son macérées dans un liquide (eau, jus de fruits, lait) ou mangé tel quel. On pense que l’amanite « tue mouche » est le plus ancien hallucinogène utilisé dans le monde, ce qui est certainement une affirmation un peut prétentieuse. C’est peut être vrai, du moins, pour l’Europe. Les Chamans d’aujourd’hui perpétuent son usage dans des cadres médicaux ou initiatiques. Il a été assimilé au Soma de l’Inde ancienne, une drogue mystérieuse consommé il y a 3500 ans par les Ariens. Ce champignon est cependant traditionnellement utilisé dans les pays nordiques qui lui vouent un culte particulier. Nombre d’illustrations et de décorations représentant ce champignon, viennent décorer leur maison en période de fin d’année : pour eux le symbole qu’il représente porte bonheur. Les riches le consomment ; une légende raconte que les pauvres récupèrent l’urine des riches ce qui permet de s’intoxiquer à leur tour. Il est vrai que le principe actif ne se métabolise pas dans notre organisme : il en ressort sous la même forme chimique qu’il y est rentré, ou sous une forme chimique différente mais encore active. Fait rare pour un composé hallucinogène naturel. On a longtemps pensé que c’était la muscarine contenue dans le champignon qui était responsable des effets psychotropes : il s’agit en fait de l’acide iboténique et de l’alcaloïde muscimole isolés récemment.

LA PSILOCYBINE : 1) Historique : De très étroite parenté moléculaire avec le L.S.D., c'est le principe actif du champignon hallucinogène : le Psilocybe Mexicana. Ce champignon, le plus important des champignons sacrés, est toujours adoré par les Indiens du Mexique, qui ont longtemps utilisé cette "Chaire des Dieux" (traduction de Teonancalt) ou “divin champignon du fumier” (Di-Shi-Tjo-le-Rra-Ja), comme instrument de culte dans les rites religieux aztèques. C’est souvent le plus connu des psilocybes, mais pas le plus puissant. Psilocybe Azurescens (Oregon, USA) est à la fois le plus grand et le plus actif de toute la famille. A noter la présence, en France, d'un champignon apparenté (le Psilocybe Semilanceata aussi surnommé "Fer de Lance") qui produit lui aussi de la psilocybine, et se trouve être fort recherché par les amateurs de ce genre de défonce. Le tableau ci-après contient une demi erreur (*) : il s’agit de psilocybine, principal principe actif des Psilocybes (en moyenne 0.97 à1.34 % par champignon frais chez le Semilanceata par exemple) et non pas de psilocine, psychotrope secondaire. Néanmoins, il contient aussi de cette psilocine, moins active et bien moins concentrée et aussi un peu de béocystine (0.33%).

Phantastica Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Hallucinogènes : LSD, champignons et cactus Indolamines (LSD, Psilocine *), Phényléthannolamines (mescaline) Forte Faible Très fort Nulle Nulle Nulle Moyennement difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 81

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Un peu moins puissant que son cousin mexicain, ce champignon produit cependant des effets similaires lorsqu'on en consomme une grande quantité. La "posologie" varie entre 5 et 100 champignons consommés à la fois, suivant la teneur en toxique contenue en moyenne par champignon, la résistance physique du consommateur, l'effet recherché, ...etc. Sa mauvaise réputation provient certainement du fait qu’il fut probablement utilisé jadis comme auxiliaire de sorcellerie ou pour faire de mauvaises farces. On dit que les nomades des alpes l’appelaient « champignon du rêve » : c’est qu’ils n’avaient pas la TV, à l’époque, et cela, sur un plan purement récréatif, leur permettait de se faire « leur propre film ». C’est qu’ils s’ennuyaient un peu, à garder des moutons, pendant des mois dans les alpages, loin de tous et de tout … Sa répartition sur le territoire rend impossible son contrôle : il y en a de partout. Ce champignon pousse abondamment dans l'herbe humide des prairies non cultivées, dans des styles de végétations variées, sur des sols acides et riches, ainsi que sur la mousse et les bouses de vaches. Mais par dessus tout, le psilo. aime les pâturages de montagne (jusqu'à 1800 m d'altitude environ). On le différencie facilement d'autres compères inoffensifs grâce au mamelon qui pointe au dessus du chapeau (voir prochain dessin). Tout petit, mais haut sur pattes (1 cm de diamètre et de 8 à 12 cm de haut), il est de couleur jaune pâle, avec une tendance à bleuir sur sa partie inférieure en prenant de l'âge. Comme avec tous les champignons, il existe un risque d’empoisonnement qui sanctionne l’erreur. Dans la famille psilocybe, de part le monde, citons le semperviva, le leyungendis, le caerulescens variété mazatecorum, le caerulescens variété nigripes, le cubensis, le wassonnii et le joogshagenii. On est, ici, obliger de citer deux autres champignons utilisés dans le même but que le précédent, le Paneolus Subbalteanus et son ''cousin germain" le Paneolus Sphinctrinus. Ces champignons ressemblent un peu au psilo, le mamelon en moins et quelques particularités en plus. Le Paneolus Sphinctrinus est un peu plus gros (2 à 3 cm de diamètre), pas spécialement plus long, est de couleur gris pâle tirant sur le vert ou roussâtre au milieu, avec un pied noirâtre. Moins célèbre que le psilo, il est aussi connu sous les appellations très explicites "de champignon des fous" ou de "Panéole du fumier". De taille identique, le Paneolus Subbalteanus à un chapeau plus pointu et moins ouvert. Il est grisâtre, livide, humide et lisse. Les effets de ces champignons sont similaires à ceux du psilo. Probablement “cousin” de nos panéoles autochtones, le Copelandia Cyanescens est le plus hallucinogène des champignons. Originaire de Bali ou il est utilisé dans un cadre religieux, sa ressemblance avec nos panéoles européens fait que certains scientifiques pensent qu’ils fait partis de la même famille. Citons aussi le Conocybe Siligineoides, lui aussi hallucinogène. 2) Étude médicale : De structure similaire à la sérotonine (rappel : neurotransmetteur), les hallucinogènes interfèrent sur les récepteurs des neurones, qu’ils activent ou désactivent selon le genre, affectant par ce fait les transmissions motrices et de l’information sensorielle. Ce faisant, ils stimulent indirectement la libération de dopamine, ce qui provoque une euphorie, des hallucination et des mouvements incontrôlés pendant plusieurs heures. Le retour « à la normal » est précédé par une phase de dépression, de faiblesse musculaire et quelquefois d’anxiété et de panique. Description de l'intoxication par les champis : " À doses faibles " : Légère ébriété, rigolade. Au niveau hallucinatoire, quelques constructions d’images répétitives (sous forme de tapisseries à motifs répétés) apparaissent mais qu’avec les yeux fermés. En fin d’effet, les jambes deviennent lourdes et la fatigue s’installe. 216


" À doses raisonnables " : Quelques fois : démarche ébrieuse, sensation de froid et de chaleur, sueurs et tremblements. Les objets paraissent avancer ou reculer, et parfois, se dédoublent. Les notions d'espace et de temps sont altérées, ainsi que la perception du son. La musique vous submerge, vous pénètre …quelques illusions apparaissent, quelque chose semble traverser votre champ de vision un cour instant. " À doses fortes " : apparition des hallucinations, qui consistent en des constructions délirantes, des spectacles des milles et une nuit, des palais, des architraves, des patios... Les ”psilos” peuvent également rendre les objets vivants, transformant un fauteuil en un monstre agressif ou une montre en un serpent. Généralement, les visions colorées dominent : les couleurs deviennent fulgurantes, avec une pureté et une profondeur incroyables...Parallèlement, l'humeur se modifie : euphorie, contentement de soi, impression de devenir plus intelligent et de découvrir des vérités absolues (ou qui ouvre des volets de la perception ?)... Mais les symptômes peuvent s'inverser et devenir "dysphoriques" : malaise diffus, bouffées d'angoisse ou peur panique, pleurs, rires nerveux, irritabilité. Les Psilocybes procurent, en outres, trois types d'effets qui rappellent beaucoup ceux du L.S.D. 25. Premièrement les hallucinations : effets kaléidoscope, flash, effets de zoom en arrière... Ensuite, les objets apparaissent plus lumineux, surtout la nuit, chargés de couleurs éclatantes. On est parfois pris d'accès de fou rire incontrôlables, comme sous gaz hilarant. Enfin les champis peuvent s'avérer très roboratifs : on "speed" pendant des heures, et on se retrouve à six heures du matin en train de faire un footing jusqu'à épuisement pour essayer de se fatiguer et de pouvoir dormir un peu (insomnies). " À très fortes doses " : cela semble leur procurer des sensations proches de l'Héroïne ou d'un méga-trip d'acide (L.S.D.25) : ils tombent dans une sorte de coma éveillé, sont conscients mais hallucinés et incapable de bouger, complètement coupés du monde extérieur. Bonjour le coeur ou le cerveau (TILT!) si le "trip" est effrayant...! A ce niveau de défonce, si on lui casse une jambe, l’usager ne sentira rien. La « descente » (retour à la perception normale en fin d’effet) est éprouvante : on est écrasé par une chape de plomb, tout le ressenti général est pénible en fait. A ce stade, souvent, les usagers fument un joint (haschich ou marijuana) pour atténuer ces effets indésirable. Les « champis ». ne créent pas de dépendance, mais leur utilisation fréquente cause des troubles cardiaques et rénaux. Il est principalement question de tachycardie et d’hypertension pouvant aller jusqu’à la mort. Le plan respiratoire est perturbé (hyperventilation). En cas de doses trop importantes, des désordres psychiatriques graves sont souvent constatés. Cela complique la situation de ceux qui ont déjà des troubles mentaux (schizophrénie par exemple). Des flash-back hallucinatoires peuvent survenir à l’improviste plusieurs jours après la prise. Pour les femmes enceintes : sachez que les effets sur le fétus sont désastreux ! Je désire attirer l'attention des personnes adeptes des champipis ou résolument désireux d'en faire l'expérience. Les risques encourus par les "experiencers" sont : - Méconnaissance : risque de confusion entre telle et telle espèce de champignons, et donc risque d'empoisonnement grave. Heureusement, il n’y a pas beaucoup de champignons mortels en France, mais beaucoup sont fortement laxatifs, vomitifs, … - Prise isolée : si vous avez l'intention de vous défoncer de la sorte, ne le faites jamais seul, mais toujours accompagné. Si vous vous prenez pour un oiseau, par exemple, on pourra ainsi éviter une défenestration...

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On ne connaît jamais la teneur en psilocybine des champignons qu’on nous propose : la logique veut qu’on prenne très peu de champignons, et que si l’effet s’avère insuffisant, une bonne heure après la prise, qu’on en consomme de nouveau quelques uns. - Amendes et emprisonnement: la Loi est très explicite sur le sujet : vous n'avez pas le droit de ramasser tous les champignons que vous trouverez le long de vos balades champêtres. Les psilocybes et panéoles sont classés au tableau B des stupéfiants et lorsque l'automne arrive, beaucoup de képis armés de jumelles sont à l'affût dans les buissons pour vous sanctionner au retour de votre cueillette.

Psilocybe Semilanceata

Paneolus Sphinctrinus

Paneolus Subbalteatus

Noter cependant une bizarrerie de la loi. Rien n'interdit la cueillette de champignons mortels comme l'Amanite Phalloïde. La substance toxique présente dans cette espèce est pourtant la Strychnine, classée au tableau A pharmaceutique, qui est censée ne pas être autorisée à la possession (détention) sans autorisation médicale ou préfectorale. Ces champignons mortels sont, de plus, d’un usage bien plus dangereux que les psilos. Cependant, aucun gendarme ne verbalisera une possession d'amanites. On pourra cependant vous sanctionner si vous empoisonnez quelqu'un avec. Si toutefois, malgré cet avertissement, vous désirez encore fortement consommer les champignons hallucinogènes, et afin d'éviter des empoisonnements, vous pourrez toujours consulter le livre suivant : " Les champignons toxiques et hallucinogènes” de Roger Heim - Éditions Boubée ", la bible, en la matière, qui traite des champignons du monde entier.

HALLUCINOGÈNES D’ORIGINES BIOLOGIQUES AUTRES : Drogues végétales : Ce qui va suivre s’inclus bien au sujet des hallucinogènes : il me faut signaler que d’autres plantes sont utilisées par les autochtones des régions où elles poussent. Beaucoup de ces plantes ne peuvent pas développer de toxicomanie dans le sens qu’on lui attribue. 218


Leur toxicité, la crainte de leurs effets et le fait que celles-ci ne sont souvent que locales ou tropicales, font qu’elles ne puissent être employés que dans un cadre rituel, magique ou shamanique (voire médical). Exception faite de l’absinthe et des plantes sorcières qui poussent chez nous mais qui restent d’un emploi difficilement toxicomaniaque. Parmi les plus connues ou les plus insolites, on peut citer :

Asie : L’Agara : “Le Galbulimima Belgraveana est un arbre poussant en Papouasie, et dont les indigènes font bouillir l’écorce et les feuilles. Cette décoction provoque une ivresse accompagnée d’hallucinations. Les chasseurs y ont recours lors des rites magiques pour visualiser leurs proies” (“Petit Dico. des Drogues,” collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Afrique : L’Iboga : (Tabernanthe Iboga). Plante africaine (hallucinogène) dont les racines contiennent un puissant alcaloïde, l’Ibogaïne, aux effets en partie similaires au L.S.D. 25. Très stimulant, il est utilisé dans un cadre initiatique par différentes tribus du Gabon et du Congo. L’Iboga provoque d’intenses hallucinations lors de danses rituelles et plonge ses consommateurs dans la transe. Les Bitwis l’utilisent pour rentrer en contact avec les esprits de leurs ancêtres et ceux du monde animal ou végétal. De récentes expériences montrent que l’Iboga pourrait aussi supprimer un temps la dépendance envers d’autres drogues, notamment l’Héroïne (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Le 28 janvier, suite au décès d’un jeune Alsacien en juillet 2006, le tribunal de Grande Instance de Privas (Ardèche) interdit dans toute la France les séminaires (stages de développement personnel) et les stages de désintoxication basés sur l’emploi de l’Iboga. Le dimanche 25 mars 2007, un arrêté du Ministère de la Santé publié dans le journal officiel met à l’index la plante et sa substance l’ibogaïne. La décision a été prise par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Le développement des stages était aussi dans le collimateur de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires. Plus particulièrement, étaient visé le collectif Meyaya et un chamane gabonais placé en détention à la maison d’arrêt de Valence pour l’occasion. Il est vrai que les stages de 4 jours étaient facturés 640 Euros par personne. Après les USA et la Suisse, la France est la troisième grande puissance pharmaceutique qui interdit ce végétal. Le Dauphiné Libéré du 30 Mars sort un article sur la question signé Pierre Fayolle. Ce journaliste nous présente l’iboga comme un substitut possible de la méthadone, ce qui n’est pas le cas. Cette plante traiterait plutôt la rechute en une ou deux prises, mais en aucun cas n’est un substitut de l’héroïne ou de la méthadone. Ce témoignage d’ignorance, de la part de quelqu’un qui écrit un article voulant se positionner en donneur de leçon, cache aussi une méconnaissance générale de cette plante : ceci est suspect tout autant que l’empressement de notre pays à interdire cette plante sans études préalables. Il semble bien que le jeune homme soit mort d’une overdose d’ibogaïne. Cela ne se met pas en doute. Je plains sa famille car je sais ce que c’est de perdre un enfant. Mais comme l’article le mentionne, cela faisait plusieurs années que l’Etat souhaitait faire interdire cette plante. Pourquoi, alors que sa toxicité était connue, la laisser libre d’usage ? Sous contrôle médical, avec titrage précis, une overdose n’aurait jamais eu lieu ! Sous expérimentation médicale, ce jeune homme serait encore vivant ! Et on aurait fini par savoir si cette plante s’avère être un auxiliaire utile en toxicomanie ou non ! Donc, l’Etat est directement responsable de ce décès et d’une éventuelle dérive sectaire car il est 219


probable qu’il ait volontairement laissé empirer les choses pour mieux pouvoir interdire la plante dès que l’occasion se présenterait. Je n’ai aucune preuve de ce que j’avance ici, mais c’est d’une logique implacable à la vue et au su de tout le reste de cette encyclopédie. Maintenant, pourquoi l’Etat souhaitait-il interdire cette plante ? Imaginez ... une substance végétale qui, en une ou deux prises, résout toute la toxicomanie et sa problématique : la prohibition perd son emprise dans ce secteur, la corruption aussi, les entreprises pharmaceutiques ne vendent plus de médicaments, et la criminalité recule. Cela signifierait deux choses, une que la politique prohibitive pure fut un échec, deux que cet échec a été voulu et planifié pour les raisons que nous avons déjà cités ! Nous allons approfondir un peu le sujet grâce à R.E. Schultes et A. Hofmann et leur livre « Les plantes des dieux ». En cadre vert, les résumés ou extraits de ce livre et en italique, les passages copiés « mot pour mot » : Iboga : répartition Gabon et tout l’ouest de l’Afrique centrale « … Cet arbuste de 1.50 à 2 mètres est le seul membre de la famille des apocynacées à être utilisé comme hallucinogène. Ses racines jaunâtres contiennent les alcaloïdes psychotropes responsables des effets de la plante. Leur écorce est râpée ou réduite en poudre et ingérée ou encore bue en infusion … ». D’après Schultes, l’iboga est associé à la fois à la magie divinatoire, au culte des dieux créateurs et à celui des ancêtres. Son emploi rituel toucha jadis de nombreuses tribus et ethnies, mais se cantonne essentiellement aujourd’hui au culte bwiti et à d’autres sociétés secrètes. L’iboga n’est pas l’hallucinogène tel qu’on le conçoit. Certes, il développe cette propriété mais qu’à des doses massives (un à trois paniers de racines dans une période de 8 à 24 heures). Dans me cadre rituel, les indigènes, instruits de la propriété toxique de la plante, l’absorbent progressivement pour éviter les overdoses ; toutefois, cette précaution semble insuffisante car on observe quelquefois des décès … involontaires évidement ! En fait, l’état hallucinogène recherché dans ce cadre ne se produit réellement que quand le sujet tombe dans une sorte de catalepsie (Schultes emploie le terme de syncope), un état proche de la mort. D’où le risque d’y sombrer réellement. Ce n’est donc pas une drogue qui puisse développer une toxicomanie, car il n’y a pas de réel plaisir à la prendre. Elle ne peut être utilisée que dans un cadre initiatique, rituel ou médical. Toutefois, certains curieux peuvent être intéressés à l’utiliser « pour voir ce que cela fait » ! « … (dans le culte bwiti) La plante est étroitement liée à la mort et elle est souvent personnifiée en être surnaturel, sorte « d’ancêtres générique » à tel point capable d’apprécier ou de mépriser un individu qu’il peut l’emporter dans le royaume des morts. ». A doses faibles, l’iboga est inoffensif en terme de toxicité. C’est un puissant stimulant permettant de maintenir un extraordinaire effort physique sur une longue durée sans ressentir de fatigue. En dehors de son emploi rituel, c’est le dopant des gardes, des chasseurs et des travailleurs de force. On peut alors comprendre, que l’Etat français, dans son effort de lutte contre les produits dopants sportifs, veuille limiter la diffusion de cette substance dans notre pays. Mais, hélas, l’ibogaïne, la principale substance psychoactive de l’iboga, isolée pour la première fois en France en 1901, est synthétisée depuis les années 60. On n’a donc plus besoin de la plante pour en fabriquer et évidement, toutes les dérives sont donc possibles. Dois-je vous rappeler que sous une forme chimique, un médicament (ou une substance) est pur et concentré. Sans contrôle médical strict, c’est la porte ouverte aux overdoses ! D’un point de vue clinique, l’iboga, pris en doses massives (cadre rituel ou médical) induit des hallucinations. Il y est question de jeux de couleurs ou de spectres perçus sur les objets environnants. Cela indique d’ailleurs au banzie qu’il s’approche du royaume des ancêtres et des 220


dieux. La perception du temps semble altérée : il parait se dérouler plus lentement, et l’initié pense que son « voyage » a pris plusieurs heures ou même plusieurs jours. Le corps semble être en apesanteur. « … Le plus souvent, l’intoxication affecte à un tel point l’activité motrice que l’initié est contraint à rester assis, le regard fixe, scrutant le néant, avant de tomber en syncope et d’être alors transporté dans une maison spéciale ou dans une cachette dans la foret. …». La syncope déclanchée, vient ensuite le voyage ou tout est possible. « … Je marchais ou volais sur une longue route multicolore et au dessus de quelques rivières qui me conduisirent chez mes ancêtres, ces derniers me menèrent ensuite devant les grands dieux … ». Le sujet à l’impression d’être détaché de son corps. De hautes doses provoquent une synesthésie auditive, olfactive et gustative. L’humeur varie entre la peur et l’euphorie. Les cultes de l’iboga utilisent aussi d’autres plantes aux propriétés narcotiques. Le cannabis en est une. Dans cette région de l’Afrique, il se nomme yama ou beyama. Il est fumé pour accompagner de faibles doses d’iboga, ou sa résine est mangée en accompagnement d’infusions d’iboga plus concentrées. On y rajoute aussi parfois de l’Alan (Alchornea Florbunda) en grande quantité, sensé déclancher la syncope chez les initiés. Dans le sud du Gabon, une autre euphorbiacée est utilisée si l’effet de l’Alan se fait attendre. Il s’agit de l’Ayan Beyem (Laeophorbia Drupifera) dont le latex est directement appliqué dans les yeux pour affecter le nerf optique et provoquer des visions. Les principes actifs du Tabernanthe Iboga appartiennent à la classe des alcaloïdes indoliques produits aussi par les psilocybes et l’ololiuqui. La cure de désintoxication à l’ibogaïne : « Dans les année 60, le psychiatre chilien Claudio Naranjo l’introduit dans la psychothérapie car il « intensifie la fantaisie ». Aujourd’hui, l’ibogaïne se retrouve au cœur de la recherche neuropharmacologique». En effet, diverses expériences ont démontré que cette substance contribuait à freiner ou à guérir la dépendance à des drogues telles que l’héroïne et la cocaïne. Elle atténue entre autres, l’activité motrice qui se développe lors du sevrage des opiacés. Selon Karl Naeher, un chiropracteur qui connaît bien l’iboga, « la prise unique d’une forte dose d’ibogaïne réduit considérablement l’état de manque du toxicomane tout en lui offrant une vision si profonde des causes personnelles de sa dépendance, qu’un grand nombre de patients traités de la sorte peut vivre plusieurs mois sans rechute. Cela dit, plusieurs séances supplémentaires peuvent être nécessaires avant qu’il y ait une stabilisation durable ». A Miami en Floride, Deborah Mash et son équipe étudient actuellement la possibilité d’utiliser de l’ibogaïne dans la thérapie médicamenteuse des toxicomanes ». L’iboga : un bouclier contre la culture occidentale ! Ces dernières décennies, l’influence sociale du culte bwiti, comme le nombre de ses adeptes, se sont régulièrement accrus. Les indigènes s’en servent de bouclier contre les cultures étrangères qui submergent leur société en pleine mutation. Il s’agit d’un rejet net des concepts chrétiens et musulmans, mais aussi du mode de vie moderne. L’iboga et son culte semblent donc être indéracinables dans toute la culture indigène de l’ouest de l’Afrique centrale. A noter que l’interdiction récente de l’Iboga freine, complique ou interdit toutes recherches médicales à son sujet !

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Europe : L’Ergot de seigle (Secale Cereale) : C’est en fait une plante, un champignon microscopique plus précisément. Le Claviceps Purpurea, parasite le seigle. Il n’y a pas que cette céréale qui est donc touchée. En fait, il y a plusieurs espèces de claviceps qui infectent des graminées sauvages à celles cultivées, en passant par le blé et le seigle. Certains, au contraire, pensent qu’il s’agit là d’un seul et unique parasite qui s’exprime différemment selon la céréale qu’il affecte. Ce champignon se regroupe en ergot, de longues excroissances généralement noires chez le seigle, mais dont la couleur peut varier du marron ou violet foncé. Sous cette forme, il est appelé sclérotes : c’est le stade d’hibernation du champignon parasite. Pour les autres céréales, le sclérote adopte d’autres formes et d’autres couleurs. Alors qu’il est facile à repérer dans un épis de seigle, sa distinction est moins aisée dans le cas de la paspale : l’ergot est bien plus petit et de couleur claire, parfois orné de fins anneaux colorés. Il peut donc être accidentellement broyé avec le grain donnant des farines contaminées. Sous cette coque (l’ergot), se cachait un mystère qui a perduré plusieurs milliers d’années. Ce toxique, tantôt fléau, tantôt remède, tantôt porte ouverte sur la « dimension magique », s’est joué des humains pendants des siècles car ceux qui avaient percé une partie de ses secrets se gardaient bien de la partager. Les mystères d’Eleusis : dans l’Antiquité, l’ergot était connu des grecs, comme des égyptiens, traditionnels cultivateurs de céréales dont le blé. Apparemment, ils ont su en percer certains secrets et s’en protéger. On ignore cependant s’il en faisait un usage médical. En revanche, ce que l’on sait depuis, c’est que cet « ingrédient » rentrait dans le recette de différentes potions rituelles ou divinatoires. Une analyse pluridisciplinaire (ethnomycologie, étude de l’Antiquité et la chimie) s’est penchée sur la question et en a conclu que le Claviceps Paspali, et peut être d’autres espèces du même genre attaquant Lomium et d’autres graminées de Grèce, sont à l’origine de l’ivresse sur laquelle reposait l’extase vécues lors des Mystères. Il semblerait que les peuples de l’Antiquité avaient une bonne connaissance de ce problème. R. E. Schultes, nous apprend qu’en 600 avant J.-C., les assyriens disaient de l’ergot que c’était « une pustule nocive dans l’épis des grains ». Ces peuplades écartèrent prudemment le seigle, développant la forme la plus toxique de claviceps. Ils ne l’utilisèrent donc pas, et il faut attendre plusieurs siècles après JC pour que l’Europe adopte cette graminée. On n’en trouve donc aucune trace dans la littérature médicale romaine. - Le Feu de Saint Antoine : Les premiers récits mentionnant d’une manière incontestable l’empoisonnement collectif par l’ergot de seigle, n’apparaissent qu’au Moyen-âge. Ce contexte est important car il explique une bonne partie des croyances sur la sorcellerie et du fait de sa répression brutale Il faut bien comprendre, que d’une, de telles épidémies ravageaient des pans entiers de populations, causant des milliers de morts et d’intenses souffrances et de deux, ces populations ne comprenant pas ce qu’il arrivait, trouvaient dans leur mal une origine surnaturelle et démoniaque. Rajoutaient à cela des hallucinations collectives causées par les principes actifs de l’ergot, et ils crurent réellement à la présence satanique en toute bonne foi ! La maladie pouvait développer deux aspects différents : une à convulsions nerveuses et symptômes épileptiques et l’autre, plus spectaculaire, à gangrène et momification, atrophie et perte des extrémités (nez, oreilles, doigts, orteils et pieds). Mais les hallucinations étaient communes aux deux formes de la maladie.

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Notez bien que de tels symptômes n’arrivent que si vous répétez l’intoxication sur une longue période et ne concerne pas l’intoxication accidentelle (une seule fois). Mais comme les gens ignoraient tout de l’origine de leur mal et remangeaient à chaque repas du pain contaminé … En outre, caractère qui « prouvait » une action de Satan (le destructeur), les fausses couches et les naissances avant termes étaient légions. Ces gens ont du avoir une peur intense : celle d’être arrivé au temps de la Fin du Monde, prédit par les prophéties bibliques. Notez que la plupart du temps, les riches étaient épargnés par ces symptômes. Leurs farines et leurs pains étaient de qualité. Ce sont les pauvres qui héritaient du problème avec leurs farines de second choix. On en déduit alors une punition divine qui ne frappait que les pêcheurs, car pour l’élite de l’époque, rien que le fait d’être pauvre était déjà une punition divine ! Quoi qu’il en soit, ce fléau fut une quelque part une bénédiction pour la papauté : il renforça l’emprise et le pouvoir de l’Eglise sur le commun des mortels dépassé par les événements. Un rapport officiel décrit l’ergotisme comme « une grande peste d’ampoules gonflées qui consumait les gens dans une répugnante pourriture ». Le « Feu Sacré » était caractérisé par une sensation de brûlure dans les pieds et dans les mains, confortant ainsi la croyance d’une origine démoniaque à ce mal. Car ce feu ne pouvait provenir que de l’enfer, et les endroits atteints étaient ceux par lesquels le Christ a été crucifié (cloué à la croix). Ce « feux » pris le nom de St Antoine. Ce saint fut Hermite en Egypte et mourut en 356 à l’age de 105 ans. La légende en fit le saint patron qui protège du purgatoire, de l’épilepsie et des infections. Il devint donc tout naturellement le seul saint pouvant nous protéger des effets de l’ergotisme. Pendant les croisades, les chevaliers rapportèrent ses reliques en France et elles furent inhumées dans l’église de Saint Didier-la-Mothe, dans le Dauphiné ! Or, en 1039, une épidémie d’ergotisme s’y déclancha. Parmi les victime, une personne riche nommée Gaston, ainsi que son fils, promirent au saint de lui consacrer toute leur fortune s’il les guérissait ! La prière fut exaucée et Gaston finança la création d’un hôpital à Saint Didier, sous l’égide de l’Ordre de St Antoine, destiné à soigner ceux qui étaient atteints d’ergotisme. Un pèlerinage sur le lieu consacré au Saint, permettait, paraît-il, de guérir de la maladie. Et c’est vrai … mais ce fait n’à rien de miraculeux ou de surnaturel : l’amélioration est due au changement de nourriture ; c'est-à-dire l’accès à du pain sans ergot ! Pour finir, on comprend donc mieux la brutalité dont usèrent nos ancêtres du Moyen-âge envers les pseudo sorciers et sorcières. A l’époque des épidémies d’ergot, ils étaient persuadé d’avoir affaire aux puissances infernales déchaînées sur terre. Cela n’excuse pas la bêtise, ni les tortures et exécutions, qui en suivirent : on peut toutefois leur accorder des circonstances atténuantes … et faire en sortes que tous cela ne se reproduise plus jamais ! - Les sorcières de Salem : L’affaire des sorcières de Salem (1688-1692), fit une vingtaine de victimes et la chasse aux sorcières s’étendit ensuite à tout l’état. La colonie de Nouvelle Angleterre, aujourd’hui état du Massachusetts, venait tout juste d’être fondé par des puritains anglais qui fuyaient la persécution religieuse que leur imposait Charles 1er (Stuart) Elle était donc constituée de calvinistes sectaires, qui jugeaient que la religion d’Etat anglaise n’était pas assez séparée du pouvoir papal et trop contraignante et soumise à l’Etat. Dans cet exil, ils aspiraient à fonder une nouvelle Sion ou pourraient s’exprimer librement leurs aspirations religieuses. Ce mouvement est à l’origine du puritanisme américain. Par rapport au protestantisme et à l’église anglicane, ils rejetaient toute forme de clergé et entendaient se débarrasser de toute superstition, comme de toute intervention humaine, en voulant vivre leur religion dans la pureté et dans la liberté. Même s’ils n’étaient pas très tolérants, ils fonctionnaient politiquement et socialement sur une base démocratique.

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Leur pensée ne les prédisposait donc pas à se livrer à une chasse aux sorcières. On pense aujourd’hui qu’ils furent victime d’une épidémie d’ergotisme, avec phases hallucinatoires, qui les fit basculer dans la folie du massacre et des persécutions. - La science et ses progrès : C’est seulement en 1676, cinq cents ans après les grandes épidémies, que l’on découvrit la cause de cette maladie et que l’on pris des mesures de prévention et de contrôle. La cause déterminée, les moulins surveillèrent la qualité de leur farines ce qui conduisit à une réduction drastique des épidémies. La dernière épidémie importante eu lieu en 1929 dans le sud de la Russie. Les principes actifs de l’ergot sont des alcaloïdes indoliques tous dérivés de l’acide lysergique. On y trouve des ergotamines et des ergotoxines (responsables de l’effet gangreneux). A contrario, l’ergot parasitant les graminées sauvages contient des lysergamides simples (responsables de l’effet convulsifs) qui ne sont présents qu’à l’état de trace dans l’ergo de seigle. On a parlé jusqu’ici de l’aspect toxique et spectaculaire de ce parasite des céréales. Nous allons aborder maintenant son aspect pharmaceutique. Pendant longtemps, les seuls usages médicaux connus de l’ergo furent sa propriété à lutter contre les contractions de la femme prête à accoucher et celle de provoquer les accouchements. Adal Lonitzer, médecin de Francfort, le signale en 1582 dans un livre de botanique qui est, par ailleurs, la première publication sur l’ergot. Mais ce dernier ne fit réellement son entrée en médecine qu’en 1808 ou le médecin américain John Stearns publia le premier traité scientifique sur son utilisation pour accélérer l’accouchement. En 1823, parurent deux publications sur ses effets curatifs, et en 1824, Hosak, un autre médecin américain, mettait en garde contre l’emploi de l’ergot pour accélérer l’accouchement mais le conseillait en obstétrique au seul traitement des saignées après les couches. Remède qui est toujours d’actualité. D’autres anciennes études mirent en évidences ses propriétés médicales, notamment en 1658 par Gaspar Bauhin (Bâle) et Dodart (France), mais ils ignoraient que l’ergot était du à un champignon. C’est ce que découvrit le botaniste allemand Münchhausen en 1764, mais sa théorie ne fut confirmée qu’en 1815 par A . P. de Candolle. L’analyse chimique des principes actifs de l’ergot ne débuta qu’au début du XXe siècle. On isola les alcaloïdes responsables de sa toxicité comme de ses vertus curatives. Le premier fut l’ergotamine, isolé en 1918, puis l’ergonovine et l’ergotine en 1935. Depuis, de puissants remèdes ont été élaborés à partir de plusieurs autres alcaloïdes qui sont utilisé notamment par la médecine interne, la psychiatrie et contre la sénilité. Pour conclure, reprenons l’expression de Schultes : « … l’ergot de seigle est passé, au cours de son histoire, d’une utilisation probablement sacrée lors des Mystères d’Eleusis, à un poison craint au Moyen-âge, pour devenir une mine de médicaments nouveaux ». J’ai réalisé cet article sur l’argot en m’inspirant profondément des écrits de Schultes et de Hofmann dans leur livre : « Les plantes des dieux ». L’Absinthe : (Artemisia apsinthion ou encore Artemisia absinthum ) du genre Artemisia qui regroupe aussi l’armoise (Artemisia vulgaris) plus rudérale et l’alpin génépi (Artemisia cinq) qui pousse sur les moraines glacières. Plante méditerranéenne herbacée de la famille des composées, généralement haute de 50 cm (pouvant atteindre 1m de hauteur lorsque cultivée) contenant une essence amère et toxique servant à fabriquer la liqueur du même nom surnommée “la Fée verte”. La plante entière contient cette essence, mais elle se trouve plus concentrée encore, au niveau des fleurs (jaunes). Au frottement, l’odeur est puissante et caractéristique. Des artistes comme Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Verlaine, Crowley (écrivain lié à la sorcellerie satanique), ... en abusèrent quelque peu au XIXe siècle. 224


Très répandu en Europe, cet alcool fut, suite aux crises de folie qu’il provoquait chez ses consommateurs, interdit en France en 1916 et remplacé par les anisettes. Rare expérience de prohibition réussie (il n’y a pas eu de trafic clandestin à grande échelle pendant sa prohibition), on trouve cependant encore de l’Absinthe en Espagne et en Suisse (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). L’absinthe est originaire des régions rocailleuses du sud de l’Europe et du nord de l’Afrique. Cependant elle pousse tout aussi bien dans des sols riches et variés. Tiges et feuilles sont duveteuses, généralement de couleur vert argenté. Certaines plantes deviennent entièrement argentées. Ses feuilles sont dentelées et portées par de longs pétioles. Rares sont les plantes qui se développent en une seule branche, son expression est plutôt en « boule » composées de multiples branches, sortant du sol de façon regroupées. Si sa floraison a lieu généralement entre juillet et septembre, certaines variétés cultivés et sélectionnées sont cependant plus précoces. Ses fleurs, petites et jaunes, sont réunies en inflorescences (capitules). Son principe actif l’absinthine, a de nombreuses indications. Il traite notamment l’asthénie et l’anémie. Les propriétés médicales sont connues depuis l’Antiquité et, jusqu’au XVIIIe siècle, cette plante a été considérée comme une panacée. Elle fut surnommée la « fée verte » en raison de la couleur de l’alcool qu’on en tire, mélangé également au fenouil et à l’anis. Elle fut inventée en Suisse à la toute fin du XVIIIe siècle et la première distillerie ouvra ses portes en 1798.

Le succès ne tarda pas à suivre, puis à gagner les pays limitrophes. Au XIXe siècle, l’absinthe, surnommée « la fée verte », « la verte » ou encore « la bleue », est un apéritif à la mode, qui gagne toutes les couches de la société. L’heure de l’apéritif reçu même le nom d’heure verte. Des bars à absinthe ouvrèrent un peu partout. La boisson inspire de nombreux peintres (Edgar Degas, l’Absinthe, 1876 ; Édouard Manet, le Buveur d’absinthe, 1859 ; Pablo Picasso, Verre d’absinthe, 1914, la Buveuse d’absinthe, 1901 ; Honoré Daumier, Fumeur et buveur d’absinthe, 1856-1860 ; Jean-François Raffaëlli, le buveur d’absinthe, 1880). Reflet d’une époque, elle est également présente dans l’œuvre des écrivains et poètes (Hugo, Verlaine, Rimbaud, Jarry, Hemingway ou Orwell). (Contenu de ce cadre vert : citations de Microsoft® Encarta® 2006 [DVD]. Microsoft Corporation, 2005). L’huile essentielle d’absinthe, à base de terpène tujonique (composé amère), contient deux toxiques : le thuyol et son dérivé la thuyone. Ils sont néfastes pour le système nerveux. A fortes doses répétées, ils provoquent des crises d’épilepsie, des délires et des phénomènes hallucinatoires colorés. La « drôle de façon » de peindre de Van Gogh en est l’illustration. Le Succès de cette liqueur fut tel qu’on nota une forte désaffection générale pour le vin. En France comme en Suisse, deux pays à la forte tradition vinicole, l’absinthe fit alors l’objet de campagnes de dénigrement virulentes, de la part des producteurs viticoles et des ligues antialcooliques (curieuse entente). L’Encyclopédie Encarta nous précise qu’une affiche de la Croix-Bleue (une association antialcoolique fondée à la fin du XIXe siècle), intitulée « Cri d’alarme », proclamait ainsi « chaque verre d’absinthe est un pas vers la folie ». L’interdiction de fabriquer de l’absinthe finit par être votée en Suisse en 1910 et en France en 1914. Dans un premier temps, la commercialisation de l’absinthe est interdite dans les débits de boisson, puis, en 1915, production et vente sont totalement prohibées. 225


Malgré quelques activités de distillation clandestine concernant principalement la Suisse pour une consommation locale, l’absinthe cesse d’exister. Cette disparition provoque la création de nombreux apéritifs anisés destinés à occuper ce marché, dont les pastis, qui seront les seuls à vraiment prendre sa place. Toutefois, l’Europe détermine et autorise des doses maximales de thuyone acceptables pour la santé. En 1988, un décret européen autorise la fabrication d’alcools contenant de l’absinthe, avec un taux très bas de thuyol. Aussi, de nouvelles boissons à base d’absinthes apparaissent, toutefois commercialisées sous des noms différents. En 2001, la France autorise officiellement vente et fabrication ; la Suisse lui emboîte le pas en 2004, en même temps qu’elle renonce à autoriser le cannabis à THC, ce qui fut perçu comme « mauvais genre ». La production reprend mais sa consommation reste marginale. Sa mauvaise réputation, son coût (production artisanale), le succès des anisettes et la lutte actuelle contre l’alcoolisme en empêchent son expansion.

La Belladone : (Atropa Belladona, famille des Solanacées) Ou une des plantes sorcières européenne. Provient de l’italien belladona qui signifie belle dame. Dans la haute société italienne, les dames dilataient leurs pupilles grâce à sa sève, ce qui donnait un regard sombre, grisé et rêveur, couronnement de leur beauté (« Les plantes des dieux »). Atropa provient de la déesse grecque Atropos, la Parque qui coupe le fil de la vie. Plante herbacée des taillis et décombres, à baies noires (d’une taille qui varie de la cerise à celle d’un petits pois), très vénéneuses, dont un alcaloïde, l’atropine, est employé comme médicalement à très faible dose. Petit Larousse Illustré 1991. Ingrédient puissant des boissons et filtres magiques durant le Moyen-Âge, il entrait dans la composition du “Baume des Sorcières” En 1035, les Écossais détruisirent l’armée Norvégienne en envoyant aux soldats un repas copieusement assaisonné en Belladone. De nos jours, elle entre dans la composition de nombreux médicaments modernes ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26. Trois des plantes sorcières du folklore européen produisent des substances similaires. Jusquiame, mandragore et belladone présentent des concentrations très élevées en alcaloïdes de type propanol dont les principaux sont l’atropine, la hyoscyamine et la scopolamine. On y trouve aussi des traces d’autres substances. Toutefois, l’activité hallucinogène semble due à la seule scopolamine, bien que l’atropine fournit toute une classe de molécules ayant ces propriétés. L’ivresse est de type narcotique hallucinatoire à la limite de la conscience et du sommeil. Scopolamine et atropine sont différents des autres hallucinogènes naturels : ils sont extrêmement toxiques. Leur ivresse induit une amnésie de l’expérience vécue et provoque un sommeil profond. La belladone contient surtout de l’atropine et de la hyoscyamine, mais peu de scopolamine. Ces alcaloïdes sont présents dans toute la plante mais en concentration plus élevée dans les graines et les racines. Les fleurs en clochette de la belladone sont caractéristiques des solanacées. Elles sont violettes, mais une variété rare de belladone a des fleurs jaunes (Atropa belladona Lutea). Ses fruits sont toujours de petites baies noires. Sur un plan toxicomaniaque, elle est soit fumée (de 30 à 200 mg de feuilles), soit bue en infusion. Elle est assez toxique et son usage comporte un risque létal en cas de surdosage. Elle est parfois associée à de la Datura et/ou de la Jusquiame. Fumée, elle est mélangée avec du tabac et parfois du Cannabis. Les cannabinophiles considèrent généralement les usagers de cette plante comme des “fous furieux”.

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Son usage provoque des effets physiques désagréables et très forts. Sur le plan psychique, seul les hallucinations sont vraiment recherchées. Elles sont cependant souvent accompagnées de délires, d’agitations, de convulsions et de mouvements saccadés. Heureusement, elle ne développe aucune dépendance et son usage reste uniquement sur un plan expérimental ou initiatique. Le Datura : “Famille des Solanacées (Hindi Dhatûra). Plante à fleur en cornet, toxique, commune en France, et dont certaines espèces sont ornementales ou narcotiques (stramoine) ” Petit Larousse Illustré 1991“. Il y a différentes espèces de Datura de part le monde. En Europe, nous avons les nôtres. Fleurs bleues, fleurs violettes, fleurs blanches, vertes, jaune ou rouges sanguines, certaines se développent en étoile spiralée et sont magnifiques. Elles donnent un fruit entouré de piquants, un peu comme la bogue du marronnier, qui contient les graines. Mais toutes ces variétés produisent, à très peu près, les mêmes molécules. En Inde, cette plante jouie d’un culte particulier lié a shiva. Au Népal, c’est une plante respectée pour ses propriétés médicinales mais il n’y a quand dans le Nouveau Monde qu’elle sert de drogue cérémoniale. Hallucinogène sacré utilisé sur tout le continent américain. En Chine, mélangé à du vin et du Cannabis, elle servait d’anesthésique pour les petites interventions chirurgicales. En Inde, on l’appelait “touffe de Shiva” (ou Siva). Très toxique”. ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26. Plante appartenant à la famille des Solanacées et dont l’usage, comme celui de la Belladone, est connu en sorcellerie et dans le cadre d’ivresses rituelles. Il s’agit en fait des mêmes substances que celles produites par les autres plantes sorcières solanacées (atropine, scopolamine, hyoscyamine), mais le datura s’est spécialisé dans la production de scopolamine. Certains datura, comme Datura metel, produisent en outre un alcaloïde secondaire : la mételoïdine. Les hallucinations touchent les cinq sens, il est également fréquent que la personne ne se souvienne pas de son expérience. Bien qu’elle n’ait en générale aucune conséquence d’ordre somatique, elle peut entraîner la mort ou des blessures graves. Il est arrivé que des personnes en proie à une soif inextinguible du fait de la scopolamine, se noient dans des eaux profondes ou fassent des chutes mortelles en se croyant poursuivies par des monstres. Pas de dépendance remarquée. Les cigarettes Louis Legras destinées aux asthmatiques contenaient du Datura et de la Belladone. Quelques adolescents qui en ont fait des infusions en sont morts ou ont subi de graves séquelles psychiques, c’est pourquoi cette marque fut retirée de la vente début 1990 (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). La Jusquiame : (Hyoscamus famille des Solanacées). La Jusquiame noire est l’une des plantes “sorcières” de la famille des Solanacées. Il semble que la Pythie de Delphes l’utilisait pour ses prophéties. Mais, l’Hyoscamus Niger (parce que noire au centre de ses fleurs) entrait surtout dans la composition de breuvages destinés à plonger leur consommateur dans un monde peuplé d’étranges hallucinations visuelles, auditives, gustatives, ... Son action est à la fois relaxante et hallucinogène et les rêves qui suivent la prise de Jusquiame sont fortement colorés ... (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). La jusquiame était connue et crainte depuis l’antiquité. On su rapidement qu’il en existait trois variétés dont la noire était la plus puissante et pouvait engendrer la folie. Au Moyen-Âge, on l’utilisait pour soulager les souffrances de suppliciés ou des condamnés à mort. Elle développe une forte action calmante et une amnésie. Hyoscyanus Multicus est la variété répandue dans tout le Moyen-Orient jusqu’à l’Afghanistan et l’Inde. Ses feuilles séchées sont fumées en Indes, mais les bédouins du désert s’en servent aussi pour provoquer l’ivresse. D’Afrique à l’Asie, elles sont parfois mélangées au cannabis.

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Si ce mélange peut être fumés dans un cadre récréatif, magique ou divinatoire, il peut aussi devenir alors la drogue des voleurs et des violeurs. La victime erre souvent plusieurs jours, est atteinte de délires, et peut mettre plusieurs mois pour guérir de son état. L’amnésie caractéristique induit par la jusquiame fait que la victime ne se souvient ni de ce qu’elle a subit ni du ou des agresseurs. Ceci explique certainement nombre de psychoses aigus (au Maroc), que l’on aurait imputé à tord au seul cannabis car de tels cas ne sont pas relevés en Europe. La Mandragore : (famille des Solanacées) Ou la fleur au pendu. On a tellement fabulé sur cette plante qu’il est bon de préciser ce qui suit : Plante des régions chaudes de l’Europe dont la racine tubérisée et bifurquée, rappelle la forme des jambes et du bassin d’un corps humain. Autrefois, on attribuait une valeur magique à la Mandragore et on l’utilisait en sorcellerie. Petit Larousse Illustré 1991. Plante hallucinogène des sorcières du folklore européen. Crainte et respectée pendant tout le Moyen-Âge. Elle se “cachait le jour mais brillait la nuit comme une étoile”. Lorsqu’on la déracinait, elle poussait des cris si effrayants qu’on en mourrait. Ses racines ressemblent à un corps de femme. ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26. Très fort somnifère et narcotique, plus fort que la Belladone sa cousine (elles sont de la même famille). Elle n’est plus employée par la pharmacopée. Elle exerce une action psychoactive due à sa teneur en atropine, hyoscyamine et scopolamine. Mais l’intérêt de la Mandragore (Mandragora Officinarum) réside dans les légendes, les fables et la sorcellerie qui l’ont accompagnée depuis plusieurs siècles. C’était la plante à tout faire. Magie blanche, magie noire, médecine, cette plante possède une forte racine charnue, le plus souvent divisée en deux, rappelant les jambes d’une femme (ou, du moins, d’un corps humain). Poussant dans les lieux sauvages, parmi les rochers et les cavernes de la Méditerranée, elle prit vite une réputation mystérieuse. Elle était sensée entre autre : - avoir des propriétés aphrodisiaques (faire naître l’amour, rendre la fertilité), - être maléfique à celui qui l’arrachait de terre (on la faisait arracher par des chiens), - pousser des cris et des gémissements lorsqu’on l’arrachait de terre, - pousser sous les pendus (d’où la “variété” à sorcellerie), - capable d'apporter la puissance, la fortune, la santé... Evidement, tout ceci est faux, mais il n’en demeure pas moins que l’action psychotrope de la mandragore, elle, est bien une réalité.

Les plantes sorcières et leur usage magique : En Europe, ces plantes dites sorcières sont au nombre de cinq, nous venons de l’étudier. En rappel, il s’agit du datura, de la belladone, de la jusquiame, de la mandragore et dans une moindre mesure du cannabis. Trois types d’utilisations peuvent en être fait : 1) Initiatique ou par curiosité. L’effet récréatif est plutôt le fait du cannabis qui ne développe pas d’effets indésirables comme les autres plantes sorcières qui sont toute des solanacées. A ce sujet, on pourrait y rajouter les psilocybes pour le même emploi, mais ils ne sont pas classés dans les plantes sorcières. 2) Par vengeance ou pour vous réduire à un état faible ou on a du pouvoir sur vous ! 3) Dans un cadre de pratiques magiques ou divinatoire. Je définirai comme sorcier et sorcières ceux qui font un usage malsain de ces plantes, qui cherchent à nuire à autrui, ou en développer un usage magique dans un cadre satanique. Qu’on 228


croie ou non à la réalité de la magie noire, il n’en demeure pas moins que ces rites existent et qu’un emploi pernicieux et dangereux de ces plantes est possible. Il faut noter cependant que le terme de sorcier(ère) fut stupidement attribué à toute personne ayant des connaissances plus ou moins empiriques sur les plantes en général. Si le cannabis pouvait être employé par la sorcellerie, ce n’en fut pas l’ingrédient principal du baume des sorcières et en était souvent absent. Ce dernier était plutôt un mélange de belladone, jusquiame et mandragore avec de la graisse. Le « must », en sorcellerie, est d’utiliser de la graisse d’enfants mort-né. Quand je vous dis qu’il y a des gens qui ne sont pas bien dans leur tête, … ! Le balai que les sorcières chevauchaient n’est qu’une pudique métaphore pour cacher un fait tabou : en fait de balais, il s’agissait d’un bâton en forme de sexe masculin qu’elles enduisait de leur fameux baume. On peut imaginer sans peine la suite du mode d’administration de ce dernier ! Appliqué sur la peau ou sur les muqueuses, cela réduisait les inconvénients liés à l’emploie des plantes sorcières ingérées ou en fumigations. Diffusé plus lentement dans l’organisme par ce principe, cela favorisait plus le coté hallucinatoire tout en réduisant l’impact somnifère et amnésique. On peut comprendre sans peine que les hallucination vécues on pu faire croire aux démons et autres monstres surnaturels inspirés des enfers. Les individus victimes de cette « arnaque » pouvaient alors croire que le(la) socier(ère) avait le pouvoir de faire surgir ces monstres d’une autre dimension, pouvoir qui ne pouvait être accordé que par le diable. L’imagerie populaire, fortement impressionnée, est riche en symboles représentant la sorcellerie. C’est le cas des crapauds, lézards et insectes répugnants qui illustrent dans nos livres tout les actes de préparations de potions et filtres de sorcellerie. Mais, cette imagerie représente parfois une certaine réalité. L’étude des plantes shamaniques nous prouve que nombre d’adjuvants sont parfois nécessaire pour rendre active une substance, ou en potentialiser ou au contraire atténuer, certains effets. Certains crapauds contiennent de la bufotéine (hallucinogène tryptamique), certains lézards, du moins la salamandre qui y ressemble, contiennent des toxiques puissants. Cendres et coquillages sont parfois utilisés pour leurs propriétés basiques qui peuvent provoquer des modifications chimiques ou l’association de molécules. Les insectes aussi peuvent contenir des toxiques, idem pour des poissons, des grenouilles … Les sorciers et sorcières, mais aussi les alchimistes, ne pouvaient pas commander sur catalogue des produits chimiques qui n’existaient pas alors ; il fallait bien qu’ils se débrouillent avec ce que la nature leur offrait … Le chanvre a été rattaché tardivement au groupe des plantes sorcières. C’est le fait d’un pape : Innocent XIII, qui, en 1484 interdit l’emploi de cet plante. La raison n’a rien à voir avec la magie : alors en plein conflit avec le monde musulman en pleine expansion, cet interdit venait s’opposer au fait que les arabes interdisait l’alcool tout en tolérant plus ou moins le cannabis. Mais les propriétés psychotropes du chanvre, surtout fortement dosé, pouvaient intéresser la sorcellerie pour les raisons que l’on vient d’étudier. Je ne nie pas que cela puisse avoir été le cas. D’autant qu’il est soluble dans les graisses et qu’en mélange, sa faible toxicité peut en réduire celle des solanacées et potentialiser l’effet hallucinogène.

Océanie : Le Kawa-kawa : On trouve cet arbuste de la famille du Poivrier dans les îles du Pacifique Sud et notamment à Hawaï. Le Kawa-kawa produit des effets psychédéliques qui n’entraînent absolument aucunes séquelles ou accoutumance. On consomme le rhizome frais ou séché (effets moins puissants). 229


Il est mâché ou bu. Les indigènes des îles prennent du Kawa-kawa deux à trois fois par semaine de manière ludique ou rituelle. Vingt minutes après l’ingestion, l’usager se sent serein et aérien, ses perceptions sont amplifiés, produisant des hallucinations visuelles et sonores qui peuvent se prolonger pendant six heures (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). La France, qui possède des territoires dans cette région du globe, ne cherche pas à interdire la plante et sa pratique. Il semble qu’un consensus socioculturel en limite fortement l’abus individuel. D’autre part, c’est une « drogue » locale qui ne pourrait parvenir et se développer en métropole. Enfin, notre gendarmerie est déjà très occupé (je n’ose pas dire débordée) dans la persécution du cannabis très présent dans ces contrées.

Amérique : L’Anadenanthera : Ou la poudre du Soleil (Antilles, Amérique du sud et Argentine). Il en existe deux espèces, la colubrina et la peregrina. La confusion entre les deux est fréquente, d’autant que ces deux plantes sont hallucinogènes, et que se sont leurs graines, la plupart du temps réduites en poudre qui servent au shamanisme. De plus, les deux arbres se ressemblent beaucoup, mais leurs graines, à part des tryptamines qui leurs ont en commun, ne contiennent pas les mêmes substances. L’Anadenanthera colubrina, au nord ouest de l’Argentine, est un arbre atteignant entre 3 et 18 mètres de haut. Son écorce est presque noire, dotée d’épines conique ou de nœuds. Les feuilles finement loculées peuvent mesurer 30 cm de long. Les fleurs sphériques sont d’un blanc jaunâtre. Les cosses marron foncé sont coriaces et peuvent atteindre 35 cm de long ressemblant à un énorme haricot à rame marron. Ses graines, très plates, rondes ou carrées et marron roux, ont 1 à 2 cm de large. C’est essentiellement en cela que colubrina se distingue de peregrina qui à des graines et des fleurs plus petites car les deux arbres se ressemblent vraiment fortement. Ses graines sont utilisées rituellement comme hallucinogène depuis 4500 ans par les Indiens des Andes méridionales. Elle sont transformés en poudre, prisées, fumée ou ajouté à de la bière. Ses graines sont nommées Cebil ou Vilca, elles contiennent des tryptamines et de la bufotéine. (« Les plantes des dieux », voir la bibliographie). “Au commencement, le soleil créa la poudre pour que les hommes puissent entrer en contact avec les êtres surnaturels. Il cachait cette poudre dans son nombril mais sa fille le découvrit...”(ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26). L’Anadenanthera peregrina, (régions tropicales de l’Amérique du sud, Antilles et Guyane), est un arbre ressemblant au mimosa, bien que plus grand. Il atteint 20 mètres de haut. Et pousse principalement dans les steppes. Son tronc peut mesurer 60 cm de diamètre. Comme son cousin d’Argentine, son écorce est noirâtre, couverte d’épine coniques peut être une peu plus acérées. Les feuilles composées ont entre 15 à 20 paires de petites folioles velues. Les fleurs, minuscules, sont regroupées en sphère en petits bouquets axillaires et terminaux. Les cosses ligneuses, contiennent entre 3 et 10 graines rondes et plates d’un noir brillant. Ce sont elles qui, rajoutées à d’autres substances et de la cendre végétale, servent de base à la fabrication du Yopo d’usage rituel et shamanique. Connu sous le nom de cohoba aux Antilles entre 1400 et 1500 après JC, cette coutume a disparu avec les autochtones exterminés par les colonisateurs. Cet arbre est encore utilisé par diverses tribus dont les Yanomami et les Waika pour la fabrication d’épénà en mélange avec de la Virola. Les graines contiennent surtout de la N,N-diméthyltryptamine (DMT) de la MeO-5 DMT et d’autres tryptamines (Inspiré du livre « Les plantes des dieux »). 230


Le Banisteriopsis Caapi : Ou la liane de l’âme (voir le film : “la Forêt d’Émeraudes”). Pousse dans la forêt vierge de la Colombie à l’Équateur. Consommée par les tribus amazoniennes. Elle est censée libérer l’âme du corps, provoquer des hallucinations auditives et annonce les événements à venir. Attention, mal employée elle tue ... comme toutes les” plantes des dieux.” ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26. “Aussi appelée Ayahuasca ou Yagé, cette liane d’Amérique du sud dont l’alcaloïde fut à l’origine nommé Télépathine en raison de ses étranges propriétés. Le Banisteriopsis apporte en effet des visions et des rêves colorés et réalistes (fortement teinté de bleu). Les Chamans jivaros s’en servent pour rentrer en transe et guérir les malades, car ils pensent que grâce à la “liane de l’âme”, celle-ci pourra quitter momentanément le corps pour voyager dans le monde des esprits. L’écorce est trempée dans de l’eau et, est mélangée ou non à une autre variété : le Banisteriopsis Rusbyana. Ce mélange est parfois additionné de Psychotria Viridis ou d’autres plantes pour modifier ou combiner ses effets. Comme les cactus, le Yagé, lors de son ingestion, entraîne des vomissements à cause de son amertume et de son goût nauséabond. C’est pourquoi, l’écorce est parfois réduite en poudre pour être prisée, insufflée (dans les narines), ou bien chiquée” (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997) (C’est pas tout a fait vrai ce que recompte ici le petit dico, nous le constaterons plus loin). Toutefois d’autres précisions s’imposent pour ce végétal particulier. D’abord, il existe tout un tas de sous variétés de Banisteriopsis qui gardent a peu près les mêmes propriétés. Plus qu’hallucinogène, ce dont elle est, elle contient surtout des inhibiteurs de MAO. Qu’est-ce donc ? Tout d’abord, expliquons que la DMT seule ne peut nous faire d’effet. Car une enzyme, produite par notre corps : la monoaminoxidase (MAO) décompose la substance DMT avant qu’elle n’atteigne le système nerveux central. C’est en parti pour cela que ces drogues nous sont restées mystérieuses pendant longtemps. Notez bien que le savoir empirique des indiens égale ou dépasse notre moderne savoir médico-chimique doublé de notre technologie. Honte à nous ! Ceci précisé, nous conclurons que c’est grâce à l’association Psychotria Viridis dont les feuilles contiennent de la DMT, et Banisteriopsis Caapi de préférence ou Banisteriopsis Inebrians (inhibiteur de MAO) que la boisson peut exacerber les sens et provoquer des visions. Sans le mélange, ces dernières existent mais très atténués, dans les tons bleu ou gris. Avec le mélange (apport de tryptamines), elles sont intenses et dans les tons rouge ou jaune vif. Cette recette de mélange porte un nom : Ayahuasca. Son ivresse peut être très violente, vertiges, sueurs, nervosité et parfois nausées précédent l’apparition de visions lumineuses. Puis s’ensuit un profond sommeil parfois accompagné de fièvres. L’effet le plus indésirable est une diarrhée qui se prolonge plusieurs heures après la fin de l’effet psychotrope. Certains additifs végétaux sont rajoutés pour atténuer ou amplifier les inconvénients ou effets subtils de la drogue. On peut même profiter de l’occasion pour y rajouter des composants destinés à vous soigner de maladie(s) ou vous protéger de la magie maléfique. Les effets sont très intensifiés par les additifs contenant de la tryptamine qui provoquent par ailleurs mydriase, tremblements convulsifs, et accélération du pouls. Une grande insouciance ou une grande agressivité sont des signes avancés de l’ivresse (Inspiré du livre « Les plantes des dieux »). Le Coleus blumei (scutellaire) : Plante labiacée haute de 1 m dont les Mazatèques chiquent les larges feuilles colorées (une trentaine minimum) pour obtenir des visions lors de rituels magiques ou divinatoires. Ses effets se rapprochent de ceux des Psilocybes, en plus léger (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Amère et pas bien bon en bouche. Les feuilles doivent être séchées pour être actives. Certains les fument roulés en cigare. Deux espèces de cinq apparentés sont importantes au Mexique : la Salvia Divinorum appelée la « Hembra » (la femelle) et Coleus pumilus appelé « El macho » (le mâle). A coté de cela, il existe deux formes de Coleus blumei tous deux appelés « El nene » (l’enfant), moins psychotrope. Ce sont celles que nous étudions ici. Dans ce genre, les fleurs, en petites clochette bleu ou pourpre (plus rarement) forment des grappes souples de 30 cm de long en bout des branches. La feuille, qui ressemble un peut à celle 231


de l’ortie dont elle est cousine, en plus arrondie, sont légèrement dentelées. Elles font généralement de 7 à 10 cm de long, mais peuvent atteindre 15 cm. Elles ont une surface inférieure velue et une surface supérieure couverte de grosses tâches rouges avec des dégradés jaunes. On y a découvert des diterpènes de structure chimique indéterminée ressemblant à de la salvinorine. Il est possible qu’en séchant ou brûlant ces diterpènes, on obtienne (par oxydation ou effet de pyrolyse) des substances psychoactives (Inspiré du livre « Les plantes des dieux »). Autrement, on n’a pas trouvé d’autres substances psychoactives connues pouvant expliquer une activité hallucinatoire. Présent dans beaucoup de ronds-points et massifs municipaux pour leur aspect coloré, cette plante m’a toujours fait rire. Non pas parce que je l’ai utilisé, mais parce que l’état s’acharne à interdire un cannabis peut-être pas si dangereux qu’il le croit, et met à notre disposition tout un tas de plantes toxiques et hallucinogènes qu’il ne pense n’être qu’ornemental ! C’est aussi le cas du Ricin, magnifique plante aux larges feuilles rougeâtres en étoile, non psychotrope, mais assurément vraiment très toxique {une plante peut empoisonner (tuer) un quartier entier ; ce qui est bien moins drôle} ! La Salvia Divinorum : (ou « Sauge des Devins », ou encore « Herbe de la bergère » ou « Herbe de la vierge »). Utilisée au Mexique par les Mazatèques au cours de rituels de divination, ils en mâchent les feuilles fraîches ou les avalent après les avoir écrasés et délayé dans un peu d’eau. C’est une plante dont la culture est cachée dans les forêts (elle n’aime pas l’exposition directe au soleil et lui préfère une légère pénombre), qui ressemble à sa parente Coleus Blumei, surtout au niveau de la fleur. Les feuilles sont cependant entièrement vertes, un peu plus ovales et plus finement dentelées. Son action narcotique est plus forte. Cette plante est quand même connue en Europe comme hallucinogène divinatoire et ce, grâce à Internet qui en a assuré la publicité et la diffusion. Il faut comprendre la police quand elle s’énerve : en matière de stupéfiant, elle se sent parfois débordée ! On soupçonne le narcotique aztèque pipiltzinzintli d’avoir été fait à base de cette plante. Elle contient le puissant principe actif salvinorine A. L’Ipomée : Plante grimpante aux fleurs violettes du genre liseron dont les amérindiens Mazatèques se servent, tout comme leurs ancêtres Aztèques, pour la divination et la guérison. Les graines de l’Ipomea Violacea sont broyées et ajoutées à de l’eau, donnant un jus nauséabond produisant des effets similaires au L.S.D., mais dont la durée et la puissance sont moindres (Ref. “Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). L’Olioliuqui : Liane d’Amérique du Sud dont les amérindiens se servent pour entrer en transe. Hallucinogène puissant, proche du L.S.D., il n’entraîne aucune dépendance, mais peut provoquer certains troubles psychiques à très fortes doses. Les graines de Turbina Corymbosa (comme celles de l’Ipomée) servent à faire une boisson destinée au malade lors d’un rituel de guérison. Aujourd’hui encore, les amérindiens perpétuent ces cérémonies héritées de leurs ancêtres aztèques (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Le Quetzalaxochiacalt : Variété de nénuphar de couleur bleue, le Nymphaea Ampla est employé au Mexique depuis l’époque Maya. Il contient de l’Apomorphine et d’autres alcaloïdes provocant des hallucinations. Les Amérindiens l’utilisaient dans un cadre rituel, mais aussi récréatif. Dans l’Antiquité, les égyptiens, mais aussi les indiens et les chinois, l’utilisaient aussi. Et ce, certainement” parce que cette fleur d’eau est associé à diverses croyances liées à l’au-delà” (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Le San-Pedro : Ou cactus des quatre vents. La plante principale des chamans des Andes. Une fois par an, ils se rendent en pèlerinage avec les malades vers les lacs de montagne où ils poussent. Gigantesque cérémonie de purifications. (ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26).

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La Virola : Ou la semence du sommeil. Les Indiens d’Amérique centrale en font une poudre qu’ils prisent en se la soufflant dans les narines avec un long tube. Chaque année, les Waika (Indiens du nord du Brésil) en consomment lors d’une cérémonie géante dédiée aux morts de l’année (ACTUEL, Janvier Février 1993 n° 25/26). Le Wichowaka : Ce grand cactus à branches du Mexique, utilisé rituellement par les amérindiens Tarahumaras, est un hallucinogène dont le nom signifie “folie”. On boit le jus des jeunes tiges uniquement lors de rituels de guérison. Le Pachycereus Pecten-Arboriginum cause des vertiges, des perturbations de l’équilibre, et des hallucinations visuelles (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Yohimbehe : “C’est une arbre africain dont l’écorce contient un puissant alcaloïde : la Yohimbine. Trente minutes après l’avoir absorbé, on ressent une sensation de chaleur et de bien être. Surtout recherché pour son effet aphrodisiaque, la Yohimbine rentre aussi dans la composition de médicaments destinés à traiter l’impuissance. Elle procure chez l’homme des érections spontanées et pour les deux partenaires, faire l’amour est source d’un plaisir extrême. L’expérience dure entre deux et quatre heures” (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). C’est là, certainement, un futur redoutable concurrent du Viagra puisque naturel et ne présentant pas de contre indications cardiaques aussi grave que ce dernier. Quoi qu’encore, je ne possède pas assez d’informations sur cette plante, j’émets des réserves au sujet de cette affirmation et ne peux que regretter que la recherche pharmaceutique privilégie encore la voie du “tout chimique” au dépend de molécules d’origine biologiques déjà existantes.

Aparté au sujet de la Virola : A noter que dans le film déjà cité : “la Forêt d’Émeraudes”, le héro de l’histoire essaie une drogue qui lui permet de “sortir son âme de son corps” (sorte de “sortie astrale” provoquée) et d’habiter celui d’un aigle. En survolant ainsi la jungle et ses collines, il localise la mine d’émeraudes qu’il était venu chercher. L’effet transcrit ici de la drogue s’apparente à celui du Banisteriopsis (voir 6 points avant), le mode d’administration, violent et douloureux dans le film (scène impressionnante), se réfère plutôt à celui de la Virola. ”L’arnaque” de ce montage s’explique certainement par le fait que si on avait présenté les choses comme elles le sont réellement; à savoir que l’administration du Banisteriopsis se fait par voie orale sans aucune douleur, elle aurait pu susciter au spectateur l’envie d’en consommer, tellement le reste de la scène est grandiose et magnifique Ce passage n’aurait pas pu passer la censure ainsi. Ceux qui décident pour nous ont dû penser : “On a déjà assez de problèmes avec les autres drogues pour qu’on en face la pub d’une nouvelle à l’écran”. Seulement cette manière de faire est critiquable (ce que je fait, tient !) et entame encore plus la crédibilité de nos dirigeants. Quels sont les vraies raisons qui poussent nos gouvernants politiques à nous empêcher à tout pris d’user de substances psychotropes (du moins de certaines) quitte à sortir d’énormes “bobards”, ou de mentir par omission, exagération ou déformation des faits réels afin de nous en persuader... !? Pensent-ils que nous sommes “tous des gosses” incapable d’être responsables ou y aurait-il des “savoirs” qu’on nous cache ? Pour conclure cette partie sur les plantes hallucinogènes, notons deux faits remarquables. Tout d’abord, la prolifération des espèces végétales toxiques et/ou hallucinogènes rattachés à la famille des 233


Solanacées. Deuxièmement, la présence régulière de D.M.T. dans la plupart des plantes hallucinogènes d’Amérique du Sud. A ce sujet, instruisons nous : D.M.T. : Le N-Diméthyltryptamide est une substance naturelle responsable des propriétés hallucinogènes de différentes plantes amazoniennes. Il est similaire à certaines hormones fabriquées par le cerveau (et non pas des neurotransmetteurs). Ne peut être pris directement oralement parce qu’il est détruit par une enzyme de l’estomac, il est donc fumé ou inhalé. Toutefois, en association avec des substances inhibitrices de cette enzyme, il peut être administré par voie orale. Sur le marché noir, il se présente sous forme d’un solide de couleur marron sentant la naphtaline et se prend en en plaçant une petite quantité à l’extrémité d’un joint. Inhalé, le D.M.T. fait effet en 2 à 3 minutes et le “trip” dure de cinq à dix minutes. (Le D.M.T. fut surnommé le “trip du businessman” étant donné sa rapidité et la brièveté de son action) (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Drogues animales : Enfin, si l’on veut réaliser une étude complète, et aussi pouvoir s’émerveiller de l’étonnante complexité de la nature, on est obligé ici de faire un petit passage dans le règne animal. Nous savons tous que les animaux peuvent générer des toxiques (ou ici plutôt toxines) plus ou moins puissants suivant les espèces (serpents, araignées, scorpions, poissons, frelons, guêpes ...), mais bien peu d’entre nous connaissent l’existence de “bestioles à défonces”, entendez par la, des bêtes qui produisent une substance psychotrope. Je pratique ici la seule autocensure que je me suis fixée, en effet, je ne désire pas être responsable de la naissance d’un trafic d’animaux dans le but de développer de nouvelles drogues, et par la même, de nouvelles toxicomanies (ces substances sont toujours fulgurantes et possèdent un réel danger, psychiatrique ou physiologique pour le mieux, létale pour le pire). Je passerai donc sous silence le nom de ces animaux et le lieu de leur répartition géographique. Sachez, cependant, qu’on tire de la peau d’une grenouille une substance paralysante et stupéfiante, mortelle en surdose, qu’un crapaud (vivant) dont on lèche la peau une fois, vous fait tomber en arrière, que la peau (encore) d’un poisson est à l’origine de la légende des zombies (pratique vaudou) puisque son absorption vous lave le cerveau et vous réduit à “l’état de légume”, et ce, pour plusieurs années, voir définitivement suivant le dosage. A des doses judicieuses, ces substances pourraient être de merveilleux médicaments; en revanche, en cas de surdoses ... Pour preuve et exemple de ces affirmations, citons le ““Petit Dico. des Drogues”” (collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997) : Bufotéine : Substance hallucinogène comparable au D.M.T. que l’on trouve dans la peau de certains crapauds. En Europe, elle fut utilisée dans la préparation de philtres et onguents par les sorcières et en Amazonie comme hallucinogène lors des rites chamaniques. Le venin dorsal est un liquide granuleux de couleur jaunâtre. Son action est de courte durée mais relativement puissant à doses élevées. Que dire du fait que la Forêt amazonienne et la Forêt équatoriale d’Afrique sont décimées : coupes de bois sauvage, création de routes, de raffineries de pétroles et d’usines très polluantes se “foutant” des normes écologiques, d’extraction d’or à grande échelle (désertification du site et pollution par mercure), d’enfouissement de déchets très toxiques dont les producteurs occidentaux veulent se débarrasser à bon prix ... et qu’on estime qu’un certain nombre d’animaux et de végétaux non répertoriés (ainsi que les substances qu’ils possèdent en eux), disparaissent chaque jours de la surface de la planète. Il s’agit là d’un acte criminel bien plus important et dommageable pour la vie que le massacre de 600 millions d’humains puisqu’à terme, nous risquons tous de mourir de notre conduite destructrice.

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Rien que le fait de voter, de payer vos amendes, vos impôts, et de vous plaindre de vos petits malheurs, vous rend complice de ce qui se passe, puisque la destruction et l’exploitation actuelle du Tiers-monde sont orchestré par les grandes puissances industrielles occidentales (dont la France).

Note pour ceux qui sont inexorablement pour la pénalisation des “drogués”: Tout ceci aussi pour prouver la mauvaise fois de nos dirigeants et ainsi vous persuader de bien vouloir reconsidérer votre absolue conviction en matière de drogue en générale (du moins au sujet de la nécessité de la répression envers les consommateurs), mais surtout en ce qui nous concerne ici, à savoir, le Cannabis. Attention, je ne vous demande pas d’accepter l’idée que la “drogue c’est bien”, loin de là. Ce n’est pas le but de ce livre bien que certains passages pourraient vous le faire penser. Je profite aussi de ce développement logique pour m’exprimer à ce sujet. Cette oeuvre n’à pas pour but une action purement prosélyte dans le sens vulgairement judiciaire du terme. Je retrace ici le savoir dispersé de plus de 6 millions de français victimes d’une injustice (une interdiction du Cannabis fondée sur ce que je pense sincèrement être des mensonges et pour des buts bassement lucratifs en rapport avec le pouvoir). Je développe donc une action politique et le coté illégal qui peut s’exprimer aux yeux de certains d’entre vous s’explique par le fait qu’à une situation exceptionnellement répressive, s’oppose une conduite exceptionnellement résistante. N’oubliez pas qu’au début de la Seconde Guerre Mondiale, les premiers maquisards Français “passaient” tous pour des voyous ... alors que leur action était plus que louable. Si vous avez du mal à me croire, ou pensez que je suis fou (c’est à la mode ...), je vous implore de bien vouloir vous faire une idée sur mon cas seulement après avoir lu et vérifié en totalité l’oeuvre que vous parcourez ici (malgré l’ampleur de la tâche). La quantité d’information présente, la facilité de contrôle de leur véracité (bibliographie ...) devrait plutôt vous faire mettre de notre coté pour peu que vous soyez honnête et non corruptibles. Non pas comme “fumeurs de joint” potentiels, car je tiens quand même compte du fait que fumer n’est pas très naturel et qu’en théorie, quelqu’un de sain n’a besoin d’aucune “défonce” pour “s’éclater” dans la vie. Je ne veux pas que “tout le monde fume”, mais j’aimerais que ceux qui le fassent ne finissent plus en prison. Que ceux qui épousent la version officielle, avant d’exprimer un Jugement, prennent en considération les faits suivants : - Répression exagérée : à la vue du peu de risque que le produit pose à l’individu et à la société (voir 1ère, 5ème et 7ème partie de ce livre). - Inefficacité de la répression dans l’endémie de consommation ; seule efficacité : augmentation sensible de la masse d’argent confisqué par amende aux consommateurs et trafiquants venant joyeusement remplir les caisses archi-vides de l’Etat. (à défaut de pouvoir actuellement légaliser notre plante) - Âge d’or du trafic clandestin : en France, toutes les villes et villages sont touchés, les prix sont établis fixes suivant les qualités, et l’approvisionnement est quasiment constant. - Dans ce trafic un seul mot d’ordre : BÉNÉFICES. Aussi trouve t’on dans la rue du Haschisch adultéré (pour gagner en poids sans interférer trop sur l’aspect, l’odeur, et la couleur) avec des saloperies bien plus toxiques que les dérivés cannabiques eux-mêmes (exemple : Benzène, voir dico. fin du livre). Vous pouvez toujours dire que “c’est bien fait pour ces connards, z’avez qu’à pas vous droguer...”, pensez, au moment où vous direz ceci, que votre progéniture est peut être en train de fumer de telles saloperies (ou vos neveux, ou nièces...). Que quand bien même vous auriez une descendance saine de ce côté là, elle aurait, à la longue (vous avec), à payer l’augmentation de cotisation correspondant aux soins pour cancer (et d’indemnité de salaires) de plusieurs millions de personnes dans les dix ou vingt ans à venir.

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Mais si vous êtes honnête, je ne vous parlerai que de la misère que l’opportuniste cupidité humaine peut générer sans aucune gène... - les prisons sont pleines de gens du monde du Cannabis : certains fonctionnaires d’État commencent à dire qu’en dépénalisant ou légalisant le Cannabis, on y ferait beaucoup de place pour des crapules qui la mérite vraiment, notamment pour les hommes politiques et d’affaires corrompus, les pollueurs importants, les exploiteurs de misère en tout genre... La Justice gagnerait aussi en vitesse de règlement d’affaires, la Police et les Douanes pourraient mieux se consacrer à lutter contre la drogue dure, le “joint” ne serait plus soupçonné de provoquer l’escalade (puisque ce sont deux mondes différents, qui n’ont en commun que l’actuelle illégalité et de s’être dotés d’un système clandestin de revente; ils ne se côtoieront plus dans le cas d’une dépénalisation du Cannabis). - La dépénalisation lèverait un tabou : redéveloppée à grande échelle, la plante servirait à bien d’autres chose que de produire de la drogue : (rappel) elle habille, nourrit, soigne, lave, loge (bâtiment), chauffe, préserve et entretient l’écosystème, sauverait en grande partie les arbres de la coupe (pour la fabrication du papier) et réduirait à zéro la pollution crée par la combustion et le rejet sauvage des sacs plastiques de grandes surfaces, ainsi que de tout matériau confectionné en hydrocarbures de synthèse ... - Pour ceux qui ont peur : - qu’une situation de légalisation ou de dépénalisation dégénère au point de rendre dépendant, malade et fainéant une part toujours grandissante de la population française, - par la même de détruire traditions, économie et société (pourrir la jeunesse), ... on peut leur prouver que : Contrairement aux affirmations du Docteur El Guindi (voir : 1ère PARTIE, 7) LA REGLEMENTATION DU CANNABIS) qui racontait à qui voulait bien l’entendre que la décadence connue de son pays était la cause directe de la consommation abusive de Cannabis, les Pays-Bas vivent une expérience positive qui dure depuis plus de 25 ans ... au point qu’ils ne veulent pas revenir en arrière sur leur politique de tolérance (d’où le “bras de fer” actuel avec la France). Environ 1 200 000 hollandais furent enregistrés consommateurs la première année; un peu moins d’un million en consomment aujourd’hui (“narco-touristes” décomptés). On est donc loin de la “déferlante” annoncée ... Les services médicaux-sociaux du pays, d’un point de vue santé (physique et mentale), de répercutions sur le travail, de comportement social, n’ont rien trouvés de probant qui pourrait justifier un retour de l’interdiction générale de la plante en question. Au contraire, les problèmes apportés par un usage chronique de Cannabis semblent inférieurs, et de loin, à ceux posés par le tabagisme et l’alcoolisme. Reste toutefois le problème du cancer (qui n’est toujours pas prouvé mais qui serait logique), car le fait de fumer, je le répète encore ici, n’est pas naturel, et que bon nombre de “fumeurs de joints” additionnent encore du Tabac à leur “Herbe”. Nous arrêtons ici une liste qui pourrait s’avérer longue, je ne vais quand même pas résumer ici toute l’oeuvre que nous parcourons. Je ne rajouterai qu’une seule chose : “lisez cette oeuvre en entier, et, en votre âme et conscience, ne vous faites votre opinion qu’après”.

III) INEBRIANTIA : - L'ALCOOL : En France, on distingue artificiellement l'alcoolisme des autres conduites toxicomaniaques : il est vrai que la consommation d'Alcool s'inscrit dans un contexte culturel favorable. Le monde médical s'acharne pour essayer 236


de prévenir l'alcoolisme et de combattre ce fléau légal. Mais l'état est impliqué économiquement dans la fabrication et la distribution des Alcools quels qu’ils soient. Avec les Jeux, le Tabac, et les Impôt (tous confondus), l'Alcool est un des secteurs qui rapporte le plus d'argent aux caisses de l'État et, en plus, assure une quantité d'emplois considérable. D'un coté, l'État gagne de l'argent sur le produit, d'un autre, il en dépense pour la Sécurité sociale et pour les soins des alcooliques. Gageons que pour l'Alcool, la balance penche en faveur des bénéfices (surtout grâce au commerce extérieur), car sinon, en plus de l'interdiction de consommer du Tabac en public, on devra aussi bientôt faire abstinence totale de pinard. Cette différence étant moindre, dans une certaine proportion, pour le Tabac, on à vu ce dernier pratiquement interdit (sauf sa vente, bien sûr). Et la valeur d'une vie humaine dans tout ça ? Ce système de “magouilles politiciennes" à fait long feu et, si on veut la survie de notre civilisation (voir de la planète elle-même), on devra passer à quelque chose de plus sérieux. "Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas" (André MALRAUX). Ce point précisé, revenons à nos moutons.

Inebriantia Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Alcool : éthanol Ethanol C2H6O Forte Forte Moyen Forte Très forte Forte Très difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 77

L'Alcool est, en France donc, une institution, pire : une religion ! Si le français semble avoir quelque peu diminué ces dernières années sa quantité annuelle d'Alcool fort absorbé, il continue à consommer pas mal de vin, cidre et bière ce qui l'a toujours placé comme le premier producteur et consommateur de boissons fermentées. Si l'Italie nous a détrônée en 1992, devenant, provisoirement le premier producteur mondiale de vin (mauvaise année pour la production française due à une météorologie exceptionnellement mauvaise); depuis, de meilleures récoltes ont permis aux français de regagner leur titre de "Premiers Pochards du Monde". Les problèmes posés par l'alcoolisme sont polyvalents et complexes. Boire un verre de vin à table à chaque repas devient, au bout de dix ans, de l'alcoolisme. L'individu sevré de ses deux verres journaliers ressentira des troubles, certes légers et ressaisissables par la volonté, mais troubles de manque quand même. En cas de déprime, ou de coup dure de la vie, cet individu sera plus tenté à augmenter sa consommation et deviendra rapidement par la suite alcoolique chronique. Il en est de même pour l'alcoolisme dit "Mondain", ou par convivialité, les gens de la "haute" consomment des boissons alcoolisées de luxe à chaque visite, réceptions ou repas d'affaires, ...etc. L'alcoolisme est un piège qui guette tout individu ne possédant pas d'autres "défonces" de référence. Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus que l'Alcool est une drogue, citons que la quasi totalité des anciens héroïnomanes qui n'ont pas substitué ce produit par une autre drogue illicite, se sont mis à boire de manière souvent chronique. L'Alcool leur sert à combler le manque existentiel de défonce qui lui, ne passera jamais. Les gens les plus victimes de l'alcoolisme sont donc souvent les gens terrassés par la dureté de l'existence, mais aussi les gens faibles de volonté et ceux qui sont peu instruits. De plus, il est le seul vrai euphorisant légal (antidépresseurs exclus). Dans un cadre de répression active contre la toxicomanie, combien de toxicomanies à d'autres substances existeraient si l'Alcool n'était pas connu et toléré ? Est-ce qu’il y aurait une attraction naturelle de l'Homme en général pour l'euphorie et la "défonce" ? Il semble bien que oui !

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Les conduites d'Alcoolisation chez les Jeunes, revêtent dans certains cas, un caractère inquiétant. Il s'agit d'adolescents qui consomment fréquemment des boissons alcoolisées et qui ont souvent recours à des Alcools forts pour obtenir des ivresses répétées. Cette consommation est quelque fois associée à la prise de médicaments psychotropes ou de drogues pour en amplifier les effets. Certains individus semblent, en effet, être comme prédisposés à rechercher ce genre d'effet euphorique. C’est parmi ceux-ci que l’on trouverait des gens aptes à vivre une escalade menant à l’Héroïne (entendez par la, le fait, pour un “expérimentateur” d’essayer plusieurs substances jusqu’à trouver celle qui convient le mieux à sa personnalité, à ses sens). A ce stade, il vaut mieux que nos chers "ados" fument des joints plutôt que de consommer de telles mixtures que celle précédemment décrite. De plus, il faut considérer que l'association alcool-cannabis, en forte quantité, est quasi impossible (ça rend malade à crever en dehors de l'association de doses raisonnables potentialisant légèrement l’euphorie du cannabis). Toutefois, il est vrai que ceux qui sont devenus fortement résistant (tolérant) à l’alcool supportent bien mieux cette association. Mais, souvent l'individu cannabinophile, entre le shit et l'Alcool, a fait son choix. Il a sa drogue de référence qui le désintéresse de l'Alcool comme toxicomanie. Ce qui ne l'empêchera pas de déguster un bon vin lors d'un banquet ou d'un mariage (dans ce cas, il évitera de trop fumer avant), ne confondons pas usage et excès. Dans tous les cas, l'Alcool induit une inadaptation progressive du jeune à son milieu scolaire ou professionnel, liée à de plus grandes difficultés relationnelles : il a du mal à se concentrer, à utiliser sa mémoire et réviser ses devoirs, il devient irritable, agressif, voir violent. Certes l'Alcool à petites doses et dans certaines occasions (fêtes, premières rencontres amoureuse, etc.) peut sembler apporter stimulation ou apaisement. Il inhibe les tabous, donne la sensation d'être plus fort et plus sûr de soi (effet de désinhibition). L'Alcool donne aussi le sentiment qu'il est nécessaire d'en consommer pour créer une ambiance de fête; il est donc censé, pour l'adolescent, faciliter l'intégration au groupe et donner l'illusion, s'il en consomme, de "jouer" à l'adulte. A la longue, chez certains "ados" fragiles (du moins les plus sensibles), l'alcoolisme revêt une forme toxicomaniaque. Le besoin d'Alcool devient quotidien. Les doses augmentent et le jeune s'isole de plus en plus, se marginalise. Pour beaucoup, l'Alcool est sensé donner du courage, combattre la timidité ... (ou toutes autres "conneries" toujours racontées par nos parents), cette vision vieillotte est un leurre : c'est une drogue puissante et sournoise qui change suffisamment l'état de conscience de l'individu alcoolique pour que ce dernier, dans la plupart des cas, ne s'aperçoive pas de (ou se justifie en lui-même) l'état de pharmacodépendance qu'il subit. Les jeunes buveurs sont souvent déprimés, et lorsque la déprime implique un traitement médical avec des antidépresseurs, l'association alcool-thérapie, provoque une nouvelle toxicomanie (effets et euphorie plus proches de ceux provoqués par l'Héroïne, par exemple), qui tente l'individu à consommer de nouveaux produits (autres drogues) pour rechercher un complément ou une suite des effets ressentis par le mélange précédemment cité. Les jeunes buveurs sont en outre, plus sensibles au suicide ou à une conduite suicidaire. C'est la "mélancolie" ou tristesse de vivre du buveur chronique : la vie devient un enfer moral. Je ne vais pas décrire toutes les maladies engendrées par l'alcoolisme à plus ou moins long terme, elles sont bien connues et leur description tiendrait ici trop de place. Citons quand même comme exemple : la cirrhose du foie, le cancer du foie, une forme de diabète, une forme d'obésité, le cholestérol, délire mental, apathie, problèmes cardio-vasculaires, artères bouchées...etc. Sur le plan physiologique, l’Alcool génère une action anxiolytique qui ressemble à celui des benzodiazépines (Valium, Lexomil, Xanax, etc.). Comme ces derniers, l’Alcool potentialise l’action du GABA (Gamma - Amino - Butyric - Acid), un neuromédiateur qui a un effet général d’inhibition. Avant 1995, le médicament antagoniste de l’alcool le plus utilisé était l’Antabuse. En fait, ce produit n’annulait pas l’effet de l’alcool mais le transformait : il “punissait” en rendant fortement malade. Depuis cette 238


date, On lui préfère l’Aotal 333, véritable antagoniste. Ce dernier ne punit pas : il se contente de supprimer l’envie de boire en sus d’en réduire fortement les effets d’ivresse. Ce médicament est actuellement l’objet d’une polémique de la part d’un petit groupe de professionnels de la santé et de pas mal de croyants : - (333 x 2) = 666, chiffre du mal. Il fait dresser les cheveux sur la tête de tous bon chrétien. Cela peut paraître ridicule aux yeux de certains, mais beaucoup de gens prennent très au sérieux ce détail chiffré issu de la bible. - C’est une volonté artificielle qui remplace celle humaine, les risques de rechute sont énormes après la fin du traitement si le patient n’enchaîne pas sur une psychothérapie et s’il ne repart pas dans la vie d’un bon pied (sport, travail, relations sociales, ...). Un alcoolique de longue date est souvent ruiné sur les plans financiers (dettes), affectifs (divorce), personnalité (volonté réduite), physique (capacité réduite, maladies) et social (assisté ou S.D.F. voire clochard). En règle générale, plutôt que d’affronter tous ces problèmes à la fois, le patient préfère “replonger”. - Le traitement à l’Aotal 333 comporte un risque létal pour l’inconscient (exception confirmant la règle) qui continuerait à boire. Plus résistant aux effets de l’ivresse, il pourrait être enclin à absorber (à l’occasion d’un pari, par exemple) de telles quantités d’alcools que cela pourrait déclencher un coma éthylique ou la mort. Ce médicament ne peut donc se délivrer qu’à des gens psychologiquement “ciblés” par leur médecin traitant ou sous surveillance médicale. On peut conclure que l’alcool, comme l’héroïne, pose plusieurs problèmes graves : - Au niveau désintoxication : il n’y a pas de “remède miracle” qui se substitut à la volonté des individus. Il est très difficile de vouloir réinsérer des individus dont l’existence est souvent “ruinée”. - Au niveau social : ce problème coûte cher à traiter : coûts médicaux, absence au travail, prise en charge sociale, mais cela coûte bien moins cher que si l’on faisait la guerre à l’alcool comme on le fait actuellement pour les “drogues”. L’expérience nous a montré que cela était impossible. - Au niveau personnel des concernés : misère, souffrance, maladie et perte d’autonomie mais là encore moins marquées que dans un système répressif (clandestinité, prison, et tout ce que cela implique en plus) - Au niveau familiale : répercussions indirectes (conflits, violence sur femme et enfant, divorce, ...).

Pourtant, la majorité des gens consommant de l’alcool ne finissent pas alcooliques. Il sera très difficile de faire interdire cette pratique et d’éradiquer ce produit au niveau mondial : - D’abord par ce que ce dernier est très facile à fabriquer (distillation de n’importe quel fruit ou végétal). Ce fait favorise la possibilité de trafic clandestin. - Ensuite par ce que d’un point de vue historique, la prohibition de l’Alcool a déjà prouvé qu’elle débouchait sur une situation bien pire que l’actuelle. Cela profite au crime organisé (mafia) et augmente considérablement le nombre de morts (guerre des gangs et adultération des produits). - Ensuite, parce qu’il n’y aura plus d’euphorisant légal et que les futures générations seront alors enclin à prendre d’autres psychotropes illégaux plus accessibles mais pas forcément moins dangereux (à moins, dans ce cas, de légaliser le Cannabis). 239


Nous assistons alors à une sorte de paradoxe : ce qui est admis pour l’alcool (ne pas réinstaller la prohibition pour des raisons évidentes) ne l’est pas encore pour les dits stupéfiants. Il est pourtant question du même problème identiquement de même nature. Bernard Kouchner à donc raison lorsqu’il prêche que la solution acceptable, en terme de toxicomanie (quelle qu’elle soit), est celle de la mise en place d’une politique basée sur la prévention, les soins et la réduction des risques, et de l’abandon des modèles répressifs plus aptes à favoriser l’expansion du phénomène toxicomanie qu’à le rendre acceptable pour tous. Ce personnage est donc une sorte de “Bouddha moderne” puisque prêchant lui aussi “la voie du milieux” (sens intermédiaire) luttant ainsi contre des pouvoirs occultes prêchant eux la “loi du milieux” (sens crime organisé). Il est regrettable que sa position en matière de toxicomanie, varie en fonction du fait qu’il ait ou n’ait pas de poste à responsabilité au seins de gouvernements. Mais peut-être qu’il n’a pas envie de finir comme Bérégovoy !

- LE TABAC : Le Tabac a une action psychoactive mineure. Elle n’est ressentie qu’en tout début de prises et s’estompe rapidement. Il ne produit qu'une stimulation ou une dépression relativement faible du système nerveux centrale, et altère assez peu la perception, l'humeur, la pensée, le comportement ou la fonction motrice. Inebriantia Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Tabac Nicotine (C10H14N2), harmanes (C12H10N2) et norharmanes (C11H8N2) carbolines issus de la combustion, alcaloïdes secondaires. Nulle Très forte Faible fumé, fort ingéré Forte Très forte Moyenne Très difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 77

Le danger du Tabac ne réside pas dans sa qualité de psychotrope "léger", mais dans sa toxicité d'usage à long terme : cancers, bronchites, artères bouchées, réduction des performances du corps...etc. Il développe, par contre, une réelle pharmacodépendance qui rend l'individu esclave de son produit. Le sevrage du Tabac est l'abstinence la plus difficile à surmonter avec la décroche de l'Héroïne (douleurs physiques en moins). Citons quelques unes des substances toxiques dégagées au cours de la combustion d’une cigarette : acétone, naphtylamine, méthanol, pyrène, diméthynitrosamine, naphtalène, cadmium, chlorure de vinyle, acide cyanhydrique, ammoniaque, uréthane, toluène, arsenic, phénol, D.D.T.... mais avouons quand même qu’une partie de ces toxiques ont été rajoutés (adjuvant en goût, goudrons supplémentaires et conservateurs). Cette liste a été dressée sur un dépliant publicitaire anti-tabac qui fut curieusement financé par une secte fortement décriée. Ce qui n’enlève malheureusement rien à la réalité de ces faits. Plus de 100 années de recherches ont été nécessaires sur le Tabac, pour que je puisse vous en faire un topo ici. Définir globalement, en quelques lignes, les réalités du “problème Tabac” semble relever de la gageure; c’est pourquoi je vous “sert tout chaud sur un plateau” la description entière qu’en fait RONALD VERBEKE dans son livre “Un dictionnaire critique des drogues” (texte ici en italique); il n’y à rien à enlever ni à rajouter :

TABAC : Anglais : tobacco.

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Terme désignant soit les plantes herbacées du genre Nicotania qui contiennent comme principal alcaloïde la Nicotine, soit les feuilles séchées de cette plante. Botanique : voir Nicotania (dans le livre cité). Historique : pendant de nombreux siècles, le Tabac fut inhalé par les indiens de tout le continent américain à des fins surtout médicinales et chamaniques, c’est à dire comme véhicule permettant de rencontrer les esprits de l’autre monde. C’est en 1492 que l’expédition de Christophe Colomb découvrit l’usage du Tabac en Amérique Centrale. Quelques années plus tard, les premières graines de Tabac expédiées en Europe y étaient cultivées, et dès le 17ème siècle sa consommation s’était largement répandue dans le monde. A l’heure actuelle, des centaines de millions de personnes prisent, chiquent et surtout fument du Tabac, manifestant le plus souvent une forte dépendance vis à vis de cette drogue. Chimie : des centaines de composés différents ont étés isolés au cours des différentes phases de transformations du Tabac pendant qu’on le fume : parmi ceux ci, la Nicotine est le principal agent responsable de l’action pharmacologique et psychotrope du Tabac. La teneur en Nicotine du Tabac varie de 0,5 à 8 %. Sur le plan toxique, un rôle non négligeable est joué par d’autres composés : il faut noter tout particulièrement l’action irritante et cancérigène exercée au niveau des muqueuses par divers hydrocarbures libérés au cours de la combustion du Tabac, notamment le dibenzo-a, h-pyrène, le méthylchrysène et le benzo-a-pyrène. Effets : les effets du Tabac fumé dépendront de nombreux facteurs et surtout de sa teneur en Nicotine, de la profondeur de l’inhalation, de la durée d’exposition des membranes physiologiques à la fumée, du mode de préparation du Tabac, de son degrés d’humidité, du degrés d’alcalinité ou d’acidité de la fumée, et du degré de tolérance du fumeur. - Sur le plan psychique, la Nicotine exerce à la fois des effets stimulants et relaxants qu’il est fort difficile de préciser mais qui sont fort appréciés par le consommateur. - Sur le plan physiologique, l’action du Tabac est fort complexe, d’une part il agit à la fois sur le système nerveux central, sur le système nerveux périphérique et sur les terminaisons des nerfs moteurs, d’autre part, il exerce sur les cellules nerveuses une action successivement excitante et déprimante; enfin, à des variations de doses correspondent des effets différents et souvent même opposés. Intoxication aiguë : la Nicotine est une des substances les plus toxiques, la dose létale étant de l’ordre de 50 à 60 mg. Les symptômes de l’intoxication à la Nicotine varieront selon la dose et le degré de tolérance du sujet. De faibles doses absorbées par un individu peu tolérant à son action provoqueront des sueurs froides, des nausées, des vomissements, une chute de la pression sanguine et un ralentissement du rythme cardiaque pouvant aller jusqu’à la syncope. Une dose plus élevée causera une accélération respiratoire, de l’hypertension artérielle, de la tachycardie, des maux de tête et de la confusion mentale (Test pour les fumeurs chroniques très tolérants, ne ressentant plus ces troubles et doutant de ces propos : abstenez vous, si possible, de fumer pendant 24-48 heures, puis “grillez” vous une cigarette; prévoir un lit ou un fauteuil pour la chute). Des doses encore plus élevées entraîneront un état d’inconscience, des convulsions et une paralysie des muscles striés, notamment ceux des muscles respiratoires, ce qui est mortel. Intoxication Chronique : on a pu démontrer une étroite relation entre l’utilisation habituelle du Tabac et le développement de nombreuses affections : bronchites chroniques, pharyngites, sensibilité accrue aux infections respiratoires, affections cardio-vasculaires : hypertension artérielle et ses conséquences, insuffisance coronarienne chroniques (angine de poitrine, infarctus du myocarde), artérite des membres inférieurs, névrite optique rétrobulbaire, cancer du poumon, mais aussi du larynx, de l’oesophage et de la vessie. Dépendance : l’absorption fréquente de Tabac crée le plus souvent une forte dépendance psychique qui s’installe rapidement et se manifeste par une recherche compulsive, obsessionnelle de Tabac lorsque le consommateur en manque (les fabricants et leurs vendeurs le savent, pour moi ces gens sont tous de la “même race” que les dealers de poudre). L’utilisation de Tabac entraîne aussi progressivement une dépendance physique qui, en cas d’arrêt brutal de consommation, se traduira par un syndrome de sevrage incluant des changements dans le tracé 241


électroencéphalographique, une baisse de la pression sanguine et du rythme cardiaque, des tremblements, des sueurs, des crampes, des maux de tête, des étourdissements, de la nervosité, de l’angoisse et de la fatigue. Tolérance : le consommateur de Tabac acquiert très rapidement une tolérance relative qui lui permet d’inhaler profondément de petites quantités de Nicotine sans qu’il ne manifeste de symptômes d’une intoxication aiguë; il faudra attendre plusieurs années pour que la tolérance se soit développer au point de permettre au fumeur d’absorber de grandes quantités de Nicotine. Bibliographie : - E.L. Wynder et D. Hoffman, “Tobacco and tobacco smoke” New-York, Academic Press : 1967. - F.J. Chicou, “Le Tabac.” VERVIERS, Marabout : 1973

Nota : les parties de texte non en italique émanent de ma pensée personnelle et n’engagent que ma responsabilité. J.L. Bouvarel Réaction des Pouvoirs Publiques face à la gravité des problèmes sanitaires et sociaux posés par le Tabagisme :

Face à la surconsommation de Tabac, l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) prend une attitude résolue : "La cigarette est un instrument de mort à l'égard duquel la neutralité n'est plus possible". La pression de l'O.M.S. fut suffisamment grande pour qu'on interdise la consommation en publique de Tabac, d'abord dans certains états des U.S.A., puis, plus récemment, en France. Ici, pour une fois, je prends un peu parti pour l’Etat. S’il ne fait rien, on l’accusera de rien faire. S’il fait quelque chose, on le critiquera, de toutes façons! A l’encontre de ses intérêts et de la facilité, le gouvernement a eu le courage de s’attaquer au problème. Les pays européens devraient théoriquement s'aligner progressivement sur ce modèle restrictif qui tend à s’imposer; cependant il n'est pas prouvé qu'un retour en arrière ne soit pas effectué. En France, cette loi risque d’être pas ou peu appliquée dans les lieux fermés aux caméras et aux patrouilles de police et risque de susciter une vive opposition, même après son application. Faisons un état des lieux : - Une grande partie de la population fume et on est dans un pays démocratique; en théorie, on doit tenir compte des revendications des grandes forces de masses ou des majorités. Exception à cette règle : le Cannabis; plus de 6 millions de fumeurs (certains disent 10) et toujours pas l’ombre d’un droit ... bien au contraire! - L'État français gagne encore beaucoup d'argent sur le dos des fumeurs, et bon nombre d'emplois sont concernés par la culture du Tabac, la fabrication de cigares ou cigarettes ainsi que leur vente. Tout gouvernement, quel qu’il soit, a besoin impérativement de l’argent du Tabac. Son interdiction ne peut donc être « brutale » mais progressive, ce qui colle bien avec le fait que douze millions de fumeurs ne peuvent pas arrêter aussi leur consommation d’un coup. - Seule la Police est habilitée à dresser, dans ce cas, des procès-verbaux; et on comprend bien que ceux-ci n'ont pas envie de le faire (soit parce qu'ils fument aussi, soit qu'ils prétextent qu'ils n'ont pas que cela à faire). Ils n’ont, de plus, encore reçu aucune consigne relative à la persécution des fumeurs ... outre la verbalisation possible, depuis début 2007, en lieux publics. - Les bars, restaurants et clubs dansants, ainsi que les débitant de tabac, s’oppose à l’intransigeance actuelle de la loi et réclament un aménagement qui permettrait des zones fumeurs moins restrictives que celles exigés actuellement par les textes. Cela est d’autant plus justifié au niveau des bars qui vendent le tabac : il n’y a essentiellement que des fumeurs. Il semble évident que le Ministre de la Santé de l’époque fut plus honnête intellectuellement parlant que ses collègues du Budget et des Finances. Cette loi anti-Tabac a pour but de protéger le public des méfaits du 242


tabagisme à outrance, et, malgré le levé de tollé général qu'a généré son application, on doit reconnaître le bien-fondé des intentions apportées dans le texte. Toujours est-il que pour enterrer le “problème Tabac”, le gouvernement a “coupé la poire en deux” : dans un premier temps, il l’a interdit, un peu, dans la pratique (pour satisfaire les électeurs “contre”), mais pas trop dans la réalité (pour satisfaire ses besoins en sous et ne pas se mettre à dos ni les buralistes, ni les électeurs nicotinés). Fait rare dans l’histoire de la politique Française, on a ménagé la chèvre et le chou. Nos décideurs parient sur les contraintes imposées pour diminuer progressivement le nombre de fumeurs. Il a décidé d’avancer doucement, mais sûrement, vers l’interdiction publique totale. Toutefois, la mise en place début 2007 (texte écrit en 2005) de l’interdiction de fumer en entreprise et dans les lieux publics donnera un peu plus d’autorité à l’action anti-tabac. En 2008, l’interdiction de fumer dans les bars et restaurants viendra renforcer l’interdiction. La sanction sera financière et pour bien faire appliquer la loi, ce sont les propriétaires de ces lieux qui seront le plus amendés. On les transforme alors en « surveillants » et « en balances », méthode critiquable mais fortement efficace. Cette manière de faire permet au pouvoir politique, dans un premier stade, de respecter le vieille adage : ”Diviser pour mieux régner”. Cela lui permet aussi de se “laver les mains” de l’application qui sera faite de la loi : l’amendé focalisera sa rancoeur sur le plaignant, pas sur le gouvernement qui a fait passer la loi. Mais ne soyons pas dupes. Au niveau étatiques, l’interdiction progressive du tabac n’a pas que des raisons sanitaires : celles d’un tel revirement proviennent essentiellement du fait que le tabac n’est plus vraiment rentable : il coûte trop cher en soins ! Mais par-dessus tout, cela lave l’État de la sale image d’empoisonneur (en plus de dealer-racketteur) qu’il traîne au sein de la “couche populaire”. La S.E.I.T.A. privatisée, la loi exagérément appelée Anti-Tabac votée : on ne peut plus concrètement l’accuser d’empoisonner une partie de la population française uniquement pour des raisons budgétaire bassement lucratives. Mais ce tour de “passe-passe” est déjoué si l’on tient compte que : 1) L’État reste actionnaire à la S.E.I.T.A.. Il est vrai qu’il n’a plus que 5 % des actions du groupe. Mais qui sont les autres actionnaires ? L’ensemble des particuliers ne pèse pas lourd face aux grands groupes financiers, largement majoritaires en action, dont l’État est, dans ce sens, le serviteur. 2) Mais la S.E.I.T.A. travaille toujours pour l’État : car n’oubliez pas que la marge de cette société par unité de produits (cigarettes, cigares, scarfelatis ...) est ridicule par rapport au prix de vente pratiqué dans les Bureaux de Tabac. Tous le surplus est le produits de taxes directement engrangées par “l’aspirateur” des Finances. Le buraliste, quand à lui, ne perçoit que 1,55 F par paquets de cigarettes à 19,40 F, (exemple sur la base fiscale de début 1999).

Fiscalité sur le Tabac, début 1999 (ref. Dauphiné Libéré du Samedi 28 Novembre 1998): - Pour un paquet de cigarette de 19,40 F (en exemple), la part du fabriquant est de 3,11 F, celle de l’État (toutes taxes confondues, est de 14,70 F (4,17 F pour la T.V.A.), celle du buraliste (remise débitant), nous l’avons vu, est de 1,55 F. - Le total de la fiscalité des cigarettes est de 76% du prix du paquet, celui des tabacs à pipe est de 64,4%, 46,5% sur les cigares et de 68,7% sur les tabacs à rouler.

Pour la conversion en euro, sortez vos calculettes SVP ! Ici, ce n’est pas le prix du produit qui est important, car il augmente périodiquement ! Mais le pourcentage de taxes qui doit être mis en évidence car il est stable !

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3) L’État nous présente comme légitime ses incessantes augmentations des taxes envers le Tabac en s’appuyant sur la puissance relative du lobby des “contre, sur la facture sociale des soins que sa pratique implique, et de la soit disant dissuasion d’abus qu’impliquerait le coût élevé. Il cherche en fait à compenser le manque à gagner qui commence à se faire sentir : grâce aux contraintes, il y a moins de fumeurs et ceux qui le restent fument moins ! Enfin, les gros fumeurs se rattrapent sur les tabacs à rouler moins chers. Vers l’interdiction totale ? : (Texte écrit en 1999) Il ne faudrait pas que la loi Evin devienne la loi « En vain », car elle part sur une bonne base. Mais moi qui suis fumeur, c'est-à-dire « tombé dans le panneau de l’addiction au tabac », si je peux réduire un peu ma consommation, je ne souhaite pas être contraint à la stopper drastiquement et à en souffrir, en tout cas tant que je n’ai pas décidé moi-même d’arrêter ! Les patchs, c’est bien gentil, mais cela n’est pas gratuit et ne m’intéresse pas ! Et le manque de tabac est une chose vraiment pénible à supporter ! D’autre part, l’augmentation du coût du tabac ne m’empêche pas de fumer, il m’empêche de bien vivre (cela réduit trop mon budget et me crée de la précarité). Cela ne contraint pas autant les fumeurs aisés. L’interdiction de fumer au travail, m’oblige soit à choisir un job où je peux fumer en cachette de temps en temps, soit de ne pas travailler du tout. Les entreprises qui se ventent d’interdire le tabac n’exploiteront pas mes talents ! Outre ma liberté de fumer, c’est mon intégration sociale qui est en danger ! Mais parler de liberté de fumer avec un produit qui contraint tyranniquement est délicat et mal perçu ! Soyons sérieux pour une fois, on ne peut pas justifier l’acharnement actuel à persécuter le Cannabis si l’on autorise la consommation de substances bien plus toxiques et dommageables. Les prohibitionnistes avancent le même argument inversé toutefois : « on ne va pas autoriser le cannabis alors qu’on essaye de faire interdire l’alcool et le tabac » ! Ils aimeraient que le Tabac devienne à son tour un stupéfiant. Non franchement, même fumeur, je suis d’accord avec le gouvernement pour qu’il fasse tout ce qu’il faut pour épargner aux nouvelles et futures générations de ce « problème ». Mais nous imposer à terme une interdiction, prévision à peine voilée actuellement, et faire du tabac un stupéfiant, il y a de l’abus. Pour ceux qui le souhaitent, on pourrait les laisser fumer jusqu’à que leur génération s’éteigne, comme je pense qu’il faut le faire pour toutes les autres drogues avec le gens qui y sont trop accrochés.

Le Tabac et la jeunesse : Les statistiques sont claires (ref. 1990) : au cours de l'adolescence, un jeune et demi sur trois se déclare fumeur; et cette proportion est significativement plus élevée chez les garçons. Il apparaît nettement que les enfants de parents fumeurs sont plus incités à le devenir à leur tour. Lorsque c'est le cas, un jeune sur deux en moyenne fume; et lorsque aucun parent proche ne fume, cette proportion est réduite à un jeune sur trois. Une des raisons théoriques pour laquelle un jeune aurait un penchant ou une attirance comme "naturelle" pour l'usage et la recherche de stupéfiant serait la suivante : l'association, dans la préadolescence ou adolescence, de Tabac et d'Alcool "déclencherait" une instabilité et une irritabilité liées à un mal de vivre social. L'utilisation conjointe d'antidépresseurs ou de certains "calmants" aboutirait à une réaction psychotoxicomanogène (recherche inconsciente de l'état euphorique) chez certains sujets. D'autres, au caractère et au psychisme différent, passeront à coté de ce genre de réaction. La chimie du cerveau et celle des neurotransmetteurs expliquent tout cela ! En bref, la clef du "pourquoi un individu cherche à se droguer" semble ici évidente : ce serait, très schématiquement parlant : La combinaison d'une crise d'adolescence + utilisation conjuguée de Tabac et d'euphorisants légaux durant cette période + l’attirance pour l’euphorie + le mal de vivre + l'injustice vécue (expérience personnelle de la vie) + une sensibilité exacerbée + l'ignorance des effets néfastes des stupéfiants ou l'inconscience face au danger + le "pas d'avenir en vue" + les pressions extérieures (la bande de copain et jouer à faire l'adulte) + le(s) facteur(s) supplémentaire(s) variant suivant les individus. "L'occasion", est ici citée à part car un individu qui veut quelque chose l'obtient généralement toujours; et ce n'est pas l'occasion de se défoncer qui manque dans un lycée ou dans la rue. 244


La complexité du problème est en quelque sorte, un facteur de circonstance atténuante pour nos toubibs et psychologues qui n'auraient rien compris au phénomène. Je ne veux pas me montrer plus savant que le corps médical, mais je narre ici une partie de ses expériences personnelles qui, une fois vécues, m’ont plus enrichi sur le sujet que ne l'aurait fait l'étude d'une encyclopédie médicale en 35 volumes. Pour confirmer les dires de ces deux derniers paragraphes, une enquête récente sur 167 cas de toxicomanies "dures" a démontrée que près de 86 % de ces individus ont commencé à fumer du Tabac et consommer de l'Alcool vers 14 ans, bien avant un éventuel cannabisme. Il semble légitime de considérer l'usage régulier de Tabac et d'Alcool chez les jeunes, sans trop dramatiser le problème, comme des signes de souffrance psychologique possible. Pour toutes les formes de toxicomanies (le tabagisme et l’alcoolisme en sont donc), il est indispensable de déceler et d'agir vite... : plutôt que de chercher à leur interdire la prise d'un produit qu'ils consommeront de toutes façon, dès que les parents tourneront le dos, il faut leur apprendre la modération de consommation, les dangers respectifs de chaque produit en cas d'abus et la liste des produits à éviter en insistant bien sur leurs dangers ... vite avant qu'il ne soit trop tard.

Article du Dauphiné Libéré du Mercredi 06 juin 1996 : Titre : Trois Millions de victimes. “Quelques trois millions de personnes meurent dans le monde chaque année liées à la consommation de Tabac, confirme la Banque Mondiale, qui affirme que ce chiffre atteindra 10 millions en 2025. Soixante-dix pourcents des décès dus au Tabac en 2025 toucherons les pays du tiers monde. Aujourd’hui, sur les 1,1 milliards de fumeurs dans le monde, les trois quarts, 800 millions, vivent dans les pays en développement.”.

Pour conclure, citons quelques chiffres dévoilés par la S.E.I.T.A. (document bancaire d’information pour la privatisation de l’organisme) :

S.E.I.T.A. - 1993 - Plus de 15 Milliards de Francs de chiffre d’affaire consolidé. - 58 Milliards de cigarettes et scaferlatis (Tabac à rouler ou à pipe). - 24 % des volumes vendus à l’internationale. - 9 usines en France. - 2 centres de recherche. - Personnel : 6240 personnes en 1993 (on ne compte pas les débitants de Tabac). - 28 filiales dans 25 pays. - 110 pays clients. - 650 millions de Francs de résultat net consolidé. - Métier : le Tabac (français : culture et séchage). - Fabrication et vente de produits de Tabac (français et étranger). A ce sujet notons que la S.E.I.T.A. vend, en France, pour le compte d’autres fabricants étranger comme Camel, Winston, Marlboro, ... etc. - Approvisionnement logistique des débitants de Tabac français (plus de 50% du marché français des cartes téléphoniques, cartes de stationnement, allumettes, briquets, bibelots, 245


stockage, transport et approvisionnement du Tabac, formation logistique et stratégique des débitants, conseils, ...). - En France, des positions commerciales très fortes : n°1 des cigarettes avec 44,8% de parts de marché et 40,8 milliards d’unités vendues, n°1 des cigarettes légères avec 44% de parts de marché, n°2 des cigarettes blondes avec 29,2% de parts de marché, n°1 des cigares avec 42,6 de parts de marché, n°1 des scaferlatis avec 55,7% de part de marché, n°1 des allumettes avec 70% de parts de marché. - Activité à l’étranger : 51% de parts de marché en Europe, 25% de parts de marché en Afrique, 24% de parts de marché dans le reste du monde. - Investissements importants en particulier dans le domaine industrielle (228 millions de Francs en 1993) et dans la recherche (3,5% du chiffre d’affaire cigarettes de la S.E.I.T.A.). Mais recherche en quoi ? Pas en cultigènes moins nicotiniques, malheureusement !

- LES SOLVANTS VOLATILS : 1) Solvants classiques : ... ou la drogue des pauvres. L'inhalation de certains solvants volatils touche essentiellement les préadolescents et adolescents. Les jeunes ont recours à de multiples produits industriels et ménagers habituellement peu onéreux, qui sont détournés de leur usage à des fins toxicomaniaque. En dresser ici la liste exhaustive tiendrait aussi de la gageure. Citons seulement les plus utilisés : les colles à rustines ou néoprènées, les détachants (exemple le Trichloréthylène), les vernis, certains solvants (acétone, trichloréthylène, tétrachlorure de carbone, chloroforme, éther), les carburants (essence), ...etc. Cela se produit surtout dans des groupes mal encadrés, délaissés, et démunis d’argent qui recherchent une expérience psychoactive mais n’ont pas les moyens de se la payer au travers de drogues plus courantes comme l’alcool et le cannabis. Les modes d'utilisation sont variés : les solvants sont respirés, soit directement à partir du flacon les contenant, soit à l'aide d'un tampon imbibé du produit et placé sous le nez, ou d'un sac plastique au fond duquel est répandue la colle (dans ce cas, le « solvanomane » souffle dans le sac et ré-aspire le contenu de ce dernier, répétant plusieurs fois de suite cette pratique). Certains boivent l’éther (beurk !). La toxicité de certains de ces produits est telle que les pouvoirs publics ont réagi (mise au tableau C de l’éther, vente de colles néoprènées défendues aux mineurs). Il est difficile de comparer les effets de ces produits tant la nature de ces derniers est différente les uns par rapport aux autres. Cependant, on a défini que les solvants possèdent quelques effets communs. Ces substances produisent très rapidement (au bout de quelques secondes) des manifestations caractérisées par une excitation, une sorte de flash (pour la colle à rustines par exemple) et la sensation de planer. Lors de la première prise, certains, sans pouvoir l'expliquer, ressentent une impression de "déjà vécu", déclaration qui peut intéresser psychiatres et ésotéristes, d’autant qu’il s’agit là de jeune et très jeunes novices en toxicomanie. Solvants Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Colles industrielles (néoprène, …), solvants (acétone, éther, …), carburants, ... Forte à très forte selon le produit Très forte Moyennement forte à forte selon le produit Faible Très forte, mais le passage à d’autres euphorisants aident au sevrage rapide et définitif chez les individus fortement enclins à l’addiction. Moyenne à faible selon les produits Peu difficile mais passage fréquent, sans transition, à d'autres substances psychoactives dures.

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La construction de ce tableau ne m’a nécessité aucune connaissance scientifique. Il est le fruit de mon interprétation. L’effet euphorisant est assez médiocre est très fugace. Seul le flash est vraiment recherché dans cette forme de défonce. Ce qui pousse le “solvanomane” à répéter son intoxication toutes les 3 à 5 minutes. Certains s’arrêtent au bout de 2 à 3 flashs, d’autres continuent cette expérience 20 à 30 fois dans la journée (bonjours les poumons et le foie). De même, certains “”accro.” ” la pratique tous les jours à une cadence élevée. Bon nombre de spécialistes comparent strictement ces sensations à celles provoquées par la prise d'Alcool; ceci prouve qu'ils n'ont pas vécu l'expérience en question : aucune comparaison n'est possible à ce niveau. (sauf peut-être pour l’éther bu, mais je ne l’ai pas essayé donc ne peut pas l’affirmer). Il est vrai toutefois, qu’on à parfois une sensation de “flotter dans l’air” mêlée à une légère ébriété. Dans certains cas surviennent aussi des troubles perceptifs, des nausées et des vomissements. Par contre, ils en connaissent mieux les effets secondaires. Les solvants provoquent, chez un grand nombre d'adolescents, des hallucinations, voir des périodes délirantes. L'euphorie initiale se poursuit souvent sous forme d'un état de confusion avec un sentiment de bien-être ou d'angoisses profondes, une désorientation et une modification des sensations. Au cours de ces expériences, on observe parfois des comportements violents dirigés contre les autres ou contre l'adolescent lui-même (mutilations, tentatives de suicide...). Des troubles neurologiques spontanés très graves peuvent apparaître : difficultés d'élocution, pertes d'équilibre, convulsions, maux de tête, troubles de la mémoire... En cas d’usage à long terme, il existe, en outre, d'autres complications graves qui sont liées à la nature toxique des produits inhalés et à la durée de l'intoxication : des atteintes rénales, hépatiques, gastriques, intestinales, pulmonaires et surtout cérébrales ont été observées. L'usage prolongé de solvant (plusieurs usages de suite) peut même conduire à l’inconscience, voir au décès brutal de jeunes par asphyxie et troubles cardiaques. En toxicomanie générale, un décès sur dix étaient déjà imputable aux solvants en 1982 (passage que j’ai traité en 1993, ces chiffres ont pu varier depuis). Et quand ils survivent à ces produits, en général ils sont réputés évoluer vers l'Héroïne. Des dégâts irréversibles sont observés chez les consommateurs chroniques : dégâts pulmonaires et des bronches, destructions massives des cellules du cerveau (dont les neurones), cancers des parties du corps régulièrement exposées et agressées par ces substances...etc. La consommation toxicomaniaque de ce genre de produits, mène tout droit à la mort, ou à la maladie grave et à la débilité profonde. Le sevrage est pénible lorsque la dépendance est très forte. En fait, peu de solvanomanes (néologisme) prolongent leur toxicomanie au point d’être dépendants. Mais quand c’est le cas, on constate de l’irritabilité, des douleurs abdominales et des crampes musculaires. Les études n’ont pas étés encore suffisantes pour mieux décrire ce manque, mais ceci ressemble quelque peu, certainement en un peu moins fort, a celui de l’Héroïne. Ce phénomène assez récent se développe essentiellement en milieu urbain dans des groupes sociaux jeunes défavorisés (en moyenne de 12 à 18 ans). Le type même du genre d'individu prédisposé à se droguer de la sorte (s’ils avaient accès à d’autres substances psychoactives) n'existe sans doute pas. J’explique : presque tous les humains recherchent une forme d'ivresse, mais l'utilisation de ces produits est, la plupart du temps, accidentelle puisque générée par des raisons économiques (faible coût) et d'accessibilité (produits en vente libre). Ils auraient pu ne jamais toucher aux solvants s'il existait une autre drogue de référence légale, bien moins toxique et socialement acceptée, au coût modeste, donc accessible aux gens peu fortunés. Les éléments masculins semblent être plus attirés par ce genre de défonce, mais on a constaté dernièrement que, de plus en plus de filles sont attirées par les solvants (toujours ref.1982). Heureusement, la plupart des jeunes n'en consomment que de manière occasionnelle et expérimentale, mais une minorité prend de grands risques en inhalant fréquemment des quantités massives de colles, de Trichloréthylène, ou de tout autre saloperie de solvant physiologiquement actif.

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En Europe, la restriction de vente des solvants semble avoir un peu porté ses fruits : il ne semble pas y avoir de marché clandestin de ces substances, leurs pratiques semblent donc avoir baissé. Toutefois, cela ne semble pas forcément être le cas dans les pays émergeants ! 2) Les Poppers : Ces solvants tiennent ici une place particulière car, contrairement aux autres décrits juste avant, ceux-ci sont utilisés uniquement par des adultes. Les "Poppers" ou Nitrites d'Amyle (substances très volatile), étaient à l’origine, des médicaments utilisés pour le traitement des maladies d’artères coronaires. Leur surnom de Poppers provient du “pop” sonore que déclanchait l’ouverture des premiers flacons vendus dans les années 70 - 80. Il se présentent sous forme d’ampoules qu’on casse et dont on répand le contenu dans un sac plastique ou dans une compresse (chiffon, coton, ...). Ils existent aussi sous forme de flacons. Ils sont interdits de vente en France depuis 1990 mais on en trouve de partout, notamment dans certains sex-shops ou ils sont encore vendus sous le manteau. Une version “Designer Drug” (nitrate d’isobutil) a aussitôt remplacé celle interdite. La famille nitrate ou nitrite de quelque chose est tellement vaste et leur fabrication est si facile que l’interdiction de ces substances relève de l’impossible. N’étant pas une toxicomanie préoccupante et très lucrative, la répression de ces produits n’est pas très active. Leurs propriétés vasodilatatrices améliorent les performances sexuelles et de l’excitation, augmentent la tension mais aussi la fréquence cardiaque. Il provoque aussi une euphorie. L’inhalation de ce vasodilatateur entraîne une soudaine chute de la pression sanguine, des bouffées de chaleur et une remarquable altération de la conscience. Inhalé pendant l’acte sexuel, il permet en outre de prolonger et améliorer l’orgasme. Pour son utilisateur, le must est donc d’avoir un flash au moment précis de l’orgasme sexuel. C’est un produit très courant dans le milieu homosexuel. La durée de son action est brève ce qui implique que le sujet doit en renouveler plusieurs fois la prise pendant le coït. Pris en excès, ces produits provoquent des mots de têtes. Les vapeurs irritent fortement les muqueuses des yeux même si le sujet les ferme pendant la prise. On peut imaginer l’agitation qui se passe pendant un acte sexuel : du produit peut alors être éjecté du flacon et entrer en contact avec la peau et les muqueuses du visage. Souvent employé par les homosexuels ou des individus témoignant de légers problèmes d’érections, c’est un dopage dangereux qui détruit à la longue les tissus des bronches et poumons. Ils sont soupçonnés de causer des cancers. On sait aussi qu’ils impliquent des problèmes et incidents de la tension sanguine (pouvant provoquer une crise cardiaque), qu’ils entraînent une altération des globules rouges, des irritations cutanées et finissent par mettre des délires bizarres en tête. La dépendance est forte, surtout psychologiquement, d’autant plus si le mode de vie du sujet est basé sur une sexualité débridée à laquelle il devient indissociable. L’Industrie Pharmaceutique a travaillé sur cette famille de molécules pour la mise au point du célèbre Viagra.

IV) HYPNOTICA : - LES BARBITURIQUES : 1) Historique : Le jour de la sainte Barbe, en 1864, fut découvert un nouveau composé chimique. Ce n'est qu'au début du vingtième siècle que les propriétés hypnotiques des barbituriques seront précisées et de nouveaux produits synthétisés. En 1903, on réalise les synthèses de l’urée et de l’acide malonique qui permettront celle de l’acide barbiturique (ou malonylurée).

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Plusieurs centaines de barbituriques ont été depuis mis au point. Ils se différencient essentiellement par leur durée d'action plus ou moins longue. Ces substances sont commercialisées seules ou en association avec d'autres. En fait, se dit barbiturique toute molécule comportant un radical (la malonylurée), qui est à la base de nombreux hypnotiques et sédatifs du système nerveux. Cette famille de médicaments était utilisée naguère, dans le traitement de l’épilepsie et de l’insomnie. On distingue généralement les barbituriques lents, premiers traitements de l’épilepsie, des barbituriques rapides, utilisés comme hypnotiques (ayant tous l’avantage d’un réveille plus “clair”) avant l’apparition de produits non barbituriques mieux adaptés. Avant 1990, contrairement aux Amphétamines, les barbituriques justifiaient donc un emploi médical tel le traitement de l'épilepsie ou l'usage anesthésique. Dans de nombreux pays, la consommation de ces produits n'était soumise à aucun contrôle. La tolérance développée par ce genre de substance et la dépendance sont nettes et apparaissent assez rapidement en cas d'usage continu. Ces phénomènes furent donc remarqués et de nombreux organismes tirèrent la sonnette d’alarme. Bien qu’ils aient été parmi les premiers hypnotiques connus, les barbituriques sont de plus en plus délaissés dans les traitements de l’insomnie, d’une part parce qu’ils diminuent le temps de sommeil paradoxal, et d’autre part, parce qu’ils entraînent une accoutumance. L’intoxication chronique par les barbituriques engendre apathie et indifférence, et son arrêt brutal déclenche un véritable syndrome de sevrage, caractérisé par des crises convulsives. Les barbituriques se présentent sous différentes formes (comprimés, capsules, poudres, suppositoires, solution injectables). Certains nomment cette toxicomanie la “Came du bof” puisque facile à obtenir sous une couverture légale, et parce que les effets ressentis rappellent ceux de l’Alcool (bof signifiant Beurre, Oeuf, Farine, sigle désignant le français moyen; certains l’écrient aussi beauf). 2) Étude médicale : L’organisme humain développe très vite une forte tolérance qui implique une augmentation rapide des doses. L'intoxication chronique entraîne des troubles de la mémoire, de l'attention et des modifications de l'humeur qui devient, par la même, imprévisible. On observe des troubles de l'équilibre et de la parole. Les décompensations psychiques graves ne sont pas rares : accès à la confusion mentale, voire psychose barbiturique. De nombreuses personnes utilisent les barbituriques dans le cadre d'une polytoxicomanie. Les associations avec de l'Héroïne, de l'Alcool ou des stimulants sont fréquentes. Les effets recherchés avec les barbituriques sont de deux ordres : La sédation et le sommeil : ils sont alors pris à fortes doses pour éviter la souffrance d'une descente de speed, ou d'un manque d'opiacés. L'ivresse barbiturique : celle-ci survient quand la prise n'a pas rapidement entraîné le sommeil. Elle ressemble un peu à l'ivresse alcoolique, mais dépasse plus rapidement le stade de l'euphorie pour produire des épisodes d'excitation parfois agressive ou, des syndromes confusionnels. Elle est généralement suivie d'amnésie et diffère en cela des autres formes de défonce ("planètes"). Symptômes communs à l’ensemble des sujets : Sur le plan physiologique : A faibles doses : - Une diminution de l’activité neurologique au niveau du système nerveux central ce qui entraîne somnolence et sommeil. - Une diminution de l’activité musculaire. - Un ralentissement du système respiratoire et du système cardiovasculaire. 249


Une intoxication forte ou un usage à long terme provoque : - Des troubles de l’équilibre. - Des troubles du langage : dysarthrie. - Des tremblements. - Des troubles visuels. - Une atteinte hépatorénale. - Des réactions cutanées. La complication majeure est le coma et son risque de mort par dépression respiratoire (un peu comme pour l’overdose d’Opiacés). Il survient par accident quand la tolérance implique la prise de doses de plus en plus proches de la dose létale, ou lors d'une tentative de suicide. La proximité de la mort est une caractéristique toujours présente dans l'emploi toxicomaniaque des barbituriques. Insistons sur le fait que ces médicaments sont trop largement prescrits, et qu'ils font l'objet d'un trafic important.

Sur le plan psychologique : A faibles doses : - Un ralentissement des plans réflexion, imagination et logique (idéation ralentie temporairement). - Les effets peuvent parfois s’inverser et procurer une stimulation et une euphorie proche de l’ivresse alcoolique (dite aussi éthylique), effet souvent recherchés par les barbitomanes. Un usage à long terme implique : - Un déficit de la mémoire à court terme et de l’attention. - Une idéation lente (état chronique), une faiblesse du jugement. - Des troubles du caractère (perte de la maîtrise des émotions, état d’excitation, agitation, diminution de l’affectivité), voir parfois, un état confusionnel.

L'arrêt brutal des barbituriques est extrêmement dangereux. La dépendance physique est très forte. Il est ici question d’un réel état de manque. Les convulsions en sont le signe le plus révélateur, Il faut agir vite, car la vie de l'individu est toujours en jeu dans ce cas. Le problème du médecin est de savoir déceler la cause des symptômes : le diagnostic n'est pas toujours évident et les toxicomanes (quand ils sont en état de répondre) ou leurs proches, cachent souvent la cause des malaises. Il faut donc mieux être franc avec le médecin. De plus, certains autres symptômes peuvent apparaître parfois : des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des tremblements. Le barbitomane en manque est également anxieux, irritable, insomniaque et sujet à des crises d'épilepsie. On observe parfois un état confusionnel proche du delirium tremens (délire alcoolique). Ce qui explique que le traitement est aléatoire et s'adapte au cas par cas. L'hospitalisation s'impose un sevrage de barbiturique; il faut que la surveillance soit continue et stricte. Le toxicomane est alors soumis à un contrôle électrœncéphalographique quasi permanent. Citons, à titre d’exemples, des substances barbituriques comme : le Barbital (le plus ancien), le Penthotal (célèbre grâce au cinéma : soit disant sérum de vérité), le Nembutal, le Séconal, le Phénobarbital, le Gardénal ... (ref : “Fumée Clandestine”), mais aussi le Véronal, l’Amobarbital, le Seccobarbital (ref : “Intro. à l’étude des toxicomanies”). Science et vie nous cite aussi le méprobamate. 250


On peut conclure sur le fait que les barbituriques, avec les opiacés, ne sont pas les seuls médicaments détournés de leur usage thérapeutique, certains hypnotiques non barbituriques, peuvent, en association avec de l'Alcool, être aussi consommés sur un mode toxicomaniaque (exemple : le Mandrax). Il en est de même pour bon nombre de tranquillisants ou d’antidépresseurs ...

- LES TRANQUILLISANTS : 1) Historique : Avant tout, il faut préciser que le terme “Tranquillisant” n’a pas ici de définitions bien précises. C’est surtout un terme général qui veut regrouper toute une palette de médicaments “légaux” vendus sous ordonnance. Plusieurs familles chimiques composent donc le grand groupe des tranquillisants. On le retrouve sous trois appellations : Tranquillisant : se dit d’un médicament psychotrope, qui apaise l’angoisse sans développer une véritable action hypnotique (il est vrai que les nouvelles générations de médicaments semblent bien moins abrutissantes.). Antidépresseur : se dit d’un médicament qui combat la déprime mentale et ses symptômes. On dit aussi Thymoanaleptique. Les nouvelles générations d‘antidépresseurs sont aussi réputés bien moins abrutissants.

Anxiolytique : (le terme est peu être plus officiel) médicament psychotrope destiné à apaiser l’anxiété et l’hyperémotivité (Microsoft® Encarta® 2006. © 1993-2005 Microsoft Corporation.) Tranquillisant et anxiolytique sont synonymes. Antidépresseur peut être classé un peu à part. Les benzodiazépines (à base de diazépam) sont les plus nombreux et les plus fréquemment utilisés. Il y a peu de toxicomanies illégales aux tranquillisants, d’une part parce qu’il suffit de les demander par la voie officielle pour les obtenir en toute légalité, ensuite, parce que l’effet euphorisant est perçu médiocre, voir abrutissant et n’est pas vraiment recherché autrement que pour le calme qu’il apporte. Dans un plan “défonce”, ils sont plutôt utilisés en association avec l’Alcool pour compenser un sevrage forcé ou dans un cadre expérimental de jeune en pleine phase de recherche toxicomaniaque. Toutefois, certains patients, qui ont du mal à sortir de leurs angoisses ou problèmes psychologiques (dont le traitement se prolonge au-delà d’un an), finissent par devenir accro à ce genre de médicament. Nous verrons plus loin que certain de ces produits possèdent un potentiel d’abus et de grave dangers, surtout en association avec l’héroïne par exemple. Ces produits ont été considérés comme les pilules du bonheur, et comme le remède miracle à tous les stress de l'existence. Ils ont des effets à la fois sédatifs, relaxants et anxiolytiques qui sont fort appréciés dans notre civilisation moderne (notez que le Cannabis possède les mêmes propriétés, euphorie spécifique en plus et abrutissement en moins). On peut donc y regrouper au moins deux grandes familles de produits médicamenteux : ceux qui calment le corps et l’esprit (contre l’agitation, les crises de nerfs, la violence, certaines angoisses...), et ceux qui “tranquillisent” l’esprit face à la déprime (les antidépresseurs). Les tranquillisants sont prescrits essentiellement pour réduire anxiétés et angoisses. Certains sont très sédatifs, voir hypnotiques. Leurs indications sont très nombreuses en médecine et leur découverte a représenté, en son temps, un réel progrès contre la lutte des troubles et maladies nerveuses. Malheureusement, les tranquillisants sont victimes de leur succès, et sont trop souvent et trop longtemps prescrits. Les français sont parmi les plus grands consommateurs de tranquillisants du monde. D’où un paradoxe : d’une part on empêche l’accès à des substances psychotropes, d’autre part, on en distribue d’autres « à la pelle » ! Dans les décennies 70-80, on notait une tendance des cliniques et hôpitaux à les utiliser à outrance. De la sorte, on ne cherchait pas à guérir, mais à contenir la violence ou les symptômes des "patients" victimes de troubles requièrant l'usage de tranquillisants. 251


Dans le cas de dépressions ou de stress graves, les traitements peuvent s’étaler sur des mois, voir des années. En dehors de ceux qui en ont vraiment besoin, on peut donc déclarer que beaucoup de gens sont touchés par cette toxicomanie licite, car le “mal de vivre” est la maladie du siècle car lié aux conditions de vie moderne. Cependant, reconnaissons que docteurs et médicaments ont énormément évolués dans cette décennie 90. J’insiste sur ce fait car les résultats obtenus (net moindre abrutissement des patients, réduction énorme des périodes de traitement, augmentation du taux de réussite des soins) sont spectaculaires par rapport à ceux des décennies 70-80. C’est cependant toujours le seul genre d’euphorisant légal avec l’Alcool. Le risque de développement de recherche toxicomaniaque est réel de part l’assuétude, la dépendance et la tolérance que la prise à long terme de ces produits engendre. Certains patients porté sur l’alcool l’associent à leur thérapie : ils atteignent alors une véritable dimension polytoxicomaniaque (cumule des effets) qui peut s’avérer fort dangereux (risque létale) avec certains médicaments précis. Je n’ai pas trouvé de statistiques récentes sur l’évolution de ce problème, mais le nombre de patients traités ne parait pas avoir actuellement diminué, bien au contraire. Le fait que la vie (ou plutôt pour certains, la survie) étant de plus en plus difficile, astreignante et stressante, semble amplifier le besoin de prise de ces médicaments. Ce que l’on sait c’est qu’il y a trois familles d’antidépresseurs. Rien que pour le Prosac, 40 millions de boites sont vendues chaque années et représente un marché de 600 millions d’euro par an. La reconnaissance officielle récente (réf. 2008) de la déprime (dépression) comme maladie risque d’augmenter la diffusion médicale de ces substances. 2) Étude médicale : Les usagers de cette forme de thérapie subissent alors une modification profonde de leur métabolisme : - À doses légères : les tranquillisants calment bien la suractivité, les angoisses, et l’insomnie, mais ils sont tout aussi efficacement utilisés pour combattre les crises de violence sporadiques ou les “nerfs qui lâchent (différentes familles de molécules adaptées à différentes formes de dépression). - À doses fortes : Le problème de ces médicaments, comme beaucoup de drogues, est de développer une assuétude où accoutumance et augmentation des doses sont les seuls mots d’ordres. Dans le cas des tranquillisants, cet état de fait génère un abrutissement complet des patients Ils vivent alors comme des "zombies", pensent et se déplacent au ralenti et n'ont plus d'ambition et de volonté. Leur condition les empêche de pratiquer toutes formes de travaux ou d'activités intellectuelles, et le traitement, adjoint à des arrêts de travail de longue durée, se prolonge souvent plusieurs années. Pour les médecins et responsables de services sociaux, la situation est préoccupante, car ces médicaments peuvent entraîner une véritable dépendance psychologique en sus d’une dépendance physique marquée. En effet, l'arrêt brutal de l'utilisation à fortes doses de tranquillisants entraîne souvent une exacerbation de l'angoisse, une irritabilité, des troubles du sommeil, une sensation d’inconfort physique et intellectuel, de l’agitation psychomotrice et quelquefois un état confusionnel. Ces symptômes ne sont toutefois pas aussi extrêmes que ceux produits par l'abstinence de d’Héroïne (douleurs physiques et larmoiements en moins). Il y a donc un problème de formation médicale au niveau de la prise en charge de la dépression par les médecins : au niveau soins (10 % seulement des déprimés ont un accès au soins médicamenteux) et au niveau thérapie (il existe une multitude de médicaments aux effets très différents). Les médecins se plaignent aussi d’un manque de formation et d’indépendance par rapport aux industries pharmaceutiques. N’ayant pas assez de connaissances générales sur le sujet, ils se retournent alors vers le Vidal dont l’impression est financée par ces dernières. Enfin, aux nouveau tranquillisants sortants sur le marchés, certains médecins préfèrent d’autres plus anciens dont on connaît mieux les effets et les contres indications.

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La France est réputée être le pays au monde le plus consommateur de ce genre de défonce. En 1996, A.S.U.D. Journal (N°11) écrivait que : “Au hit-parade des 10 médicaments les plus prescrits en France, on trouve 4 benzodiazépines et 42 millions de boites d’antidépresseurs y sont vendues chaque année, soit de 3 à 4 fois plus que dans les autres pays européens. D’après le professeur Zarifian, auteur d’un rapport terrifiant sur la consommation de psychotropes, les laboratoires pharmaceutiques surtout, mais les médecins aussi, seraient responsables de cette toxicomanie massive mais légale. Bizness is bizness ... A Genève, de plus en plus de jeunes entrent en toxicomanie avec les benzodiazépines. Héroïne et Cocaïne ne les intéressent guère, il préfèrent fumer le Rohypnol suivant la technique de la chasse au dragon”. Autre passages relatifs à l’étude en cours : “En Angleterre, c’est le Témazépam (surnom : “jellies”), qui fait des ravages dans les rangs des toxicos. Cette redoutable benzodiazépine, souvent mélangée à l’héroïne, est impliquée dans une centaine de décès et à provoqué plus de 150 amputations pour la seule année 1995. Les autorités ont recensés près de 3 000 “jelly-heads” dans la seule région de Glasgow. L’un d’entre eux était tellement stone, qu’il s’est crevé un œuil en tombant dans les vapes sa shouteuse à la main ! En France, on a pas de Témazépam, mais on a du Rohypnol, et ça cartonne sévère! Les comprimés de cette merde, dosé à 2 mg devrait bientôt être retirés du marché”. A titre d’exemple de tranquillisants et d’antidépresseurs, citons les médicaments suivants : l’Halcion, le Témesta, deux n° 1 du “Hit Parade Français de la Défonce Légale” dans les années 80 - 90, mais aussi le Tranxène, le Librium, le Valium, l’Equanil, le Miltown, le Rohypnol, le Lexomil, .le Prosac, le Témazépam et bien d’autres benzodiazépines.... 3) Extension : Un petit peu hors sujet en marge du point tranquillisants, développons celui des drogues “light”, encore plus douces que les dites drogues douces. Si la famille des antidépresseurs répond à un mal être chronique fréquent au sein de notre société moderne, c’est la réponse de la médecine pour tenter de soulager ce problème. Notons, chez ces usagers, une prise de conscience des problèmes induits par ces familles de médicaments. Une fois traité, le mal-être revient sous différentes formes poussant alors l’individu à compenser plutôt par des substances naturelles stimulantes (automédication curative) que par des tranquillisants de toute façon à la durée d’emploi limitée. Certains arrivent directement à cette constatation sans passer par les tranquillisants. On remarque alors deux groupes bien distincts d’individus : ceux qui cherchent à améliorer leurs performances (intellectuelles et/ou physique), et ceux qui recherchent un état psychotrope (euphorie et/ou speed et/ou halluciné). La connaissance populaire sur les drogues en générale a augmentée, ce qui a donné naissance à une nouvelle forme de “toxicomanie” bien plus “soft” : l’usage de nootropes (nom médical) ou” Smart Drugs” (nom donné par les usagers qui les utilisent en dehors du cadre médical). Notons que ne sont utilisés que des produits légaux, ce qui témoigne d’une ferme volonté de non marginalisation et d’une forte responsabilité. Nootrope : (provient du grec et signifie “agissant sur les esprits”) désigne les “Smart Drugs”. Ces médicaments sont utilisés comme stimulants de l’intelligence, de la mémoire et agissent sur le métabolisme (ref : le “Petit Dico. des Drogues”). Smart Drugs (inclus Smart Drinks) : (surnommées “drogues intelligentes”) médicaments (sous forme préparée, dosée, extraite, concentrée ou synthétique) ou végétaux (contenant de tels 253


principes actifs) non classés comme stupéfiants, censés améliorer la mémoire et les capacités intellectuelles sans pour autant affecter le cerveau ou être toxique. Les Smart Drugs ont attirés l’attention des médiats dans les années 90 lors de la création de “Smart Bars”. Elles se diffusent aujourd’hui, essentiellement dans les milieux “Ravers”. Sous forme médicamenteuse, on trouve le Piracétam, La D.M.A.E., la D.H.A., ... (ref : le “Petit Dico. des Drogues”). Sous forme naturelle, on trouve essentiellement l’Éphédra, le Kawa-kawa ... ainsi que beaucoup de plantes et fruits contenant de la caféine (+ molécules apparentées) et des vitamines. Ces produits sont utilisés pour la fabrication de Smart Drinks et sont employés seuls ou en mélange. Nous reprendrons plus en détails tous ces produits et leurs utilisations dans ce qui va suivre juste après. Leurs effets sont plutôt “speeds” (améliorateurs du physique et du psychique) mais, paradoxe intéressant, redonnent la forme et la confiance en soit, ce qui induit des effets calmant, relaxant (surtout après du sport) et anxiolytique. Exception faite du Kawa-kawa qui est plutôt un euphorisant anxiolytique. En exemple de nootropes prescrits sur ordonnance pour certaines maladies ou certains troubles et parfois détournés pour leurs propriétés « smarts » (ref le “Petit Dico. des Drogues”) : Choline : augmente la capacité de mémoire, également utilisé dans le cadre de régimes amincissants. D.H.A. : c’est la déhydroépiandrostérone, stéroïde le plus abondant dans le sang humain. Son effet est de contrebalancer le principe naturel du vieillissement. Elle est aussi (dans un cadre de consommation détournée) utilisée contre l’obésité et comme stimulant cognitif. Piracétam : réputé stimulant du système nerveux central sans risque de toxicité et de dépendance. Efficace contre l’alcoolisme, la sénilité, les vertiges et l’anémie. Sulbutiamine : Pilules vendus en pharmacie sous le nom d’Arcalion, stimulant de la mémoire et de la concentration. Son usage plus ou moins détourné intéresse spécialement les étudiants en périodes d’examens car elle permet un réveil clair et frais. Vasopressine : c’est en fait une hormone du cerveau dont le rôle au sein de ce dernier est de fixer les nouvelles informations dans les centres de la mémoire.

Certains, avides de naturel, trouvant les nootropes encore “trop drogue” à leurs goûts, développèrent les “Smart drinks”, boissons énergisantes essentiellement à base ultra vitaminée. On les trouve dans certains bars de jeunes, dans les soirées “Raves”, ou dans les boutiques diététiques ou sportives. Ce phénomène à donné lieu à une véritable expansion culturelle touchant énormément les milieux étudiants, sportifs, culturels (Ravers), intellectuels et professionnels. Très usité par la couche jeune de ces populations, ces produits sont une réponse intéressante à l’usage de drogues plus dures bien qu’ils contiennent aussi des risques plus mineurs il est vrai. En effet, un usage immodéré de ces produits peuvent conduire à de légères accoutumances et dépendance dont le risque est l’excès de vitamine (survitaminose) provoquant un effet de fatigue, de fébrilité, de nervosité et/ou d’apathie pouvant donner lieu à de fortes déprimes. En cas de sevrage brutal, on observe alors des avitaminoses (manque de vitamines) provoquant aussi un effet de fatigue, de “manque de pêche” et parfois de déprime. L’absorption de boissons énergisantes à des heures inappropriées favorise l’insomnie et le décalage du cycle du sommeil. Les principes actifs sont censés être des mélanges de plantes et fruits réputés aux vertus énergisantes merveilleuses. Cependant, dans beaucoup de cas, les techniques industrielles détruisent en grande partie la plupart de ces composants actifs dont le seul effet vraiment “dopant” est provoqué alors par la classique vitamine C et par la caféine intensifiée par l’effet placebo. 254


Notons enfin, un usage plus toxicomaniaque (recherche d’effets euphoriques, aphrodisiaques, speeds ou hallucinogènes) de telles boissons associées à des drogues naturelles non interdites. On constate des mélanges à base de noix de cola, de Guarana, de Kawa-kawa, d’Éphédra, ... plus ou moins variés. Attention, il n’est question ici que de produits psychotropes naturels sans risques graves et sans dépendance. Il n’y a aucun stupéfiant. Les appellations de “Cocktails écolos” ou de “Organics Designer Drug” (O.D.D.) en font comprendre la connotation “bon enfant” qu’affichent leurs usagers. C’est une façon d’accéder à l’euphorie sans passer par les drogues plus dures, tel est leur discours. En exemple d’O.D.D. (toujours grâce au “Petit Dico. des Drogues” : Le Nexus : à base de racines de Kawa -kawa, de Guarana et de poivre de Wichmanni. C’est un sédatif euphorisant tout a fait légal qui, développé en France, pourrait détrôner le cannabis si souvent fumé et mélangé au tabac.

V) EXCITANTIA :

Le Café, mais aussi le Thé, sont des "excitants" puisqu'ils contiennent de la caféine. Dans cette "famille", on retrouve aussi : le Maté, la Noix de Cola, le Camphre et toutes les plantes en contenant (la liste est longue), le Bétel et surtout le Cat (ou Kat) La Cocaïne qui, pour Lewin, appartient plutôt à la famille EUPHORICA, induit pourtant des effets cliniques qui l'apparentent plutôt très nettement à la famille des EXCITANTIA. Nous rattacherons donc cette substance ici et débuterons notre étude par celle-ci : - LE COCAÏER : 1) Historique : Cet arbuste pousse dans les montagnes de l'ouest du continent sud-américain (Cordillère des Andes), en Colombie et au Pérou. Dans toute cette zone, culture et usage de la coca proviennent d’une tradition plurimillénaire et intègre l’économie de la région andine. Reconnue traditionnelle et d’utilité publique, cette plante ne peux donc pas être éradiquée. Les interventions musclées américaines comme celles que nous assistons depuis quelques années sont injustifiées, immorales et illégales : se serait comme si la D.E.A. américaine intervenait en France persécutant nos vignerons et arrachant les vignes, sous prétexte qu’à l’étranger certains feraient de l’Alcool fort avec notre vin. Dans les années 80, le Cocaïer était cultivé (expérimentalement) sur les sommets des monts et hauts plateaux du Liban. L'argent ainsi gagné a financé l'achat d'armes et de nourriture de différentes fractions armées du Liban, à l’époque annexé par la Syrie. Cette méthode cherchait à éviter le transit risqué de l’Amérique du Sud, supprimant les intermédiaires, permettant de réaliser de plus larges bénéfices. Mais cette nouvelle production ne représentait que quelques pour-cent dans le "Marché Mondial", face à celles provenant d'Amérique du Sud. A noter que cette culture pourrait chercher à s’étendre ailleurs (Asie par exemple). Dans beaucoup de "Pays Chauds" en guerre, guérilla ou soutenant le Terrorisme International, on pratique aussi de la sorte pour le Cannabis (fabrication d’Haschisch au Liban et en Afghanistan pendant "leur guerre" par exemple) et pour le Pavot (dans l'unique but de le transformer en Héroïne comme monnaie d'échange d'armements). Il existe une interaction internationale, aujourd'hui évidente, entre les Guerres, le Trafic de Drogue, le Terrorisme, les intérêts privés des Grandes Puissances, la Mafia, le Trafic d'Armes et l'Argent. Je pense qu'à ce sujet, on nous prend un peu pour des "cons", car les masses médias de nos pays, soi-disant démocratiques, ne nous transcrivent pas du tout la réalité politico-économique mondiale sous cet angle. En exemple : Reagan et Bush, autoriseront officieusement le transfert et la vente d’arme à la “Contra” avec, en retour, l’argent d’origine mafieuse (Cocaïne); car le Congrès Américain leur refusa le crédit nécessaire pour 255


financer cette guérilla. En gros, ils ont laissé vendre la cocaïne sur leur territoire pour obtenir les masses d’argent requises à cette transaction. Pour preuve de cette affirmation, regardez donc le film reportage vidéo “À qui profite la Cocaïne”, film de Mylène Sauloy et Gilles de Maistre (1994) ou le livre du même titre publié aux éditions Calmann-Lévy. Il y a de quoi être écoeuré de voter. Moi qui “pourris” dans cette oeuvre presque systématiquement l’État, les politiques et les médiats, je dois avouer ici la participation à cette vidéo du C.N.C., du Ministère de la Culture et de la Francophonie (Département aux Affaires Internationales) et le soutien de la Commission Télévision de la P.R.O.C.I.R.E.P.. Merci à ces organismes d’avoir sponsorisé la vérité.

2) Étude médicale : Pour revenir à notre sujet, les feuilles du Cocaïer sont mastiquées depuis des siècles par les Indiens d’Amérique du Sud, habitants sur les hauts plateaux. Leur effet stimulant et anorexigène (coupe-faim) permettent de supporter les conditions de vie difficiles et l'altitude. Des bruits courent (non vérifiés) que le Pape Jean-Paul II en aurait usé pendant sa dernière visite sud-américaine (usage médical) car il supportait justement mal l’altitude. Le "Coquero", ou mastiqueur de feuilles de Coca, ne mâche pas vraiment la chique préparée pour en extraire le "suc"; il la suce, la déplace dans sa bouche, la presse entre les dents et la joue. On reconnaît aisément les vieux mastiqueurs aux déformations des joues produites par leur longue habitude. Pour extraire, par la mastication, le principe actif, il faut ajouter à la chique une substance fortement alcaline, notamment de la chaux vive, des cendres de Quinoua (céréale andine), ou encore une poudre calcaire constituée de coquillages broyés. Cet usage convivial est ritualisé, initiatique, voir religieux. Au point de vue clinique, la mastication de la feuille de coca n'induit pas de troubles physiques et psychiques tels que le font la Pasta, la Cocaïne ou le Crack. A ce niveau, on pourrait presque considérer le Cocaïer et ses feuilles comme une "drogue mineure", s'il n'avait pas la propriété de produire une substance qui, après association chimique avec certains produits, se transforme en substance de mort, de folie, et de dépravation. La feuille de coca est d’emploi peu toxique mais reconnaissons que sa consommation à long terme, provoque quand même des troubles nerveux et digestifs. On tire des feuilles du Cocaïer plusieurs formes de drogues :

- LA PASTA : On la fabrique sur place (chez l'exploitant agricole), par macération des feuilles dans du Kérosène. On la lave bien soigneusement, ensuite, à l'acide Sulfurique. La Pasta pure se fume, mélangée à du Tabac ou à de l'herbe (Cannabis). Raffinée avec du bicarbonate de soude, elle donne des cristaux blanc très facilement transportables, sujet du point suivant :

- LE CRACK : ou l’hydrochlorure de cocaïne. Qui fait fureur aux États-Unis. Cette sorte de coke est terriblement "accrocheuse", quelques prises suffiront pour créer la dépendance. Son manque est sans commune mesure avec celui des opiacés. Ce n’est pas le corps, ici, qui devient centre de la douleur, mais plutôt l’esprit. En fait, la dépendance physique semble faible mais une certaine ambiguïté vient compliquer notre compréhension du phénomène. C’est par le biais du système nerveux que le crack influe sur le cerveau et le psychisme, c’est par la même voie que son manque s’exprime. C’est donc à une dépendance physique spécifique, en fait forte, compliquée par une dépendance psychologique de même nature, que le sujet doit faire face. On classe généralement la dépendance en deux camps possibles : physique ou psychique. Ce qui ne semble pas correspondre à ici. 256


Le cerveau peut donc réagir physiquement et fortement aux perturbations neurotransmetrices et au manque de la (des) substance(s) qui provoque cet état. Ce qui induit un ressenti psychiatrique perturbé, et non des douleurs physiques. On peut donc parler d’un troisième type de dépendance, intermédiaire entre les deux précédents. La dépendance psychologique, elle ne concernerait alors qu’une irrésistible envie, alors que le produit utilisé n’est plus actif dans l’organisme, ce qui tranche sèchement avec le fait de souffrir physiquement ou psychologiquement du manque d’une substance et de devoir en reprendre pour retrouver un état plus calme. On pourrait appeler ce troisième cas : dépendance « neuronale » ou « neurotransmettrice » définie par : « … des perturbations psychiatriques qui induisent des souffrances psychologiques et une perte de la maîtrise émotionnelle ». Le crack se fume dans une pipe à eau ou dans une feuille d’aluminium roulée. Son effet est immédiat, violent, fugace. Les toxicomanes doivent, par conséquent, en renouveler continuellement les prises. Le fait qu'elle soit très bon marché explique, en partie, l'expansion du phénomène. ”Accro.”, l'individu devient alors ultra violent et ultra-parano. Et quand il est en manque, il n’est pas bien aimable non plus … Dans un cas extrême, il peut devenir dépressif profond avec des idées suicidaires. C'est la porte ouverte à la démence et à la folie. La société américaine se dit décimée par ce problème. Le crack est extrêmement toxique, il produit de graves troubles pulmonaires (emphysème), des convulsions et possède un risque grave de crise cardiaque. Il traverse la barrière hémato-méningée en quelques secondes et provoque une euphorie spécifique qui dure quelques 10 minutes. Le sujet doit donc répéter sa consommation régulièrement et, très vite la tolérance oblige l’individu à en augmenter les doses. Ce qui a des effets dramatiques sur le comportement des drogués : ”Accro.” . + violence + paranoïa + manque + interdit = crimes. Le Crack ne coûte pas cher à fabriquer : un gramme de Cocaïne (pure), 10 de bicarbonate, une petite réaction chimique toute simple et pas cher et hop, voila 11 grammes de Crack. C’est de là que vient son principal danger de propagation : son faible coût qui le rend accessible aux moins fortunés, à ceux qui souffrent le plus de l’existence. Cette drogue ne peut s’étendre essentiellement que dans une classe bien précise de la population. Celle des laissés pour comptes, celles de ceux qui n’attendent plus rien dans la vie. Or, comme la prohibition et le libéralisme engendrent de plus en plus de SDF, …. L'Europe semble être, pour l'instant, à peu près à l’abri du problème. Prions Dieu que les trafiquants sudaméricains, le marché nord-américain étant saturé, ne décident pas de nous exporter en masse leur Crack.

- LA COCAÏNE : ... 1) Historique : (ou la "neige", "Big C", "Carie", "Nose Candy", "Star Dust", "Coke"... etc.) Cet alcaloïde fut isolé en 1857 par Rizzi. C’est une poudre blanche et inodore qui est préparée à partir de la pâte de coca (Pasta), extraite des feuilles du Cocaïer. Cette dernière est relavée à l'acide chlorhydrique, et se transforme en cristaux appelés Chlorhydrate de Cocaïne ou "Coke". Moins elle est pure et moins elle brille. La Coke peut parfois avoir l'aspect de petits cristaux translucides semblables à de la neige fondue. Elle est le plus souvent consommée en "sniff" (reniflée avec une paille), se fume aussi de plusieurs façons, ou s'injecte, le plus souvent, associée à de l'Héroïne (le "Speed-Ball" : l'Héroïne tempère les effets désagréables de la Cocaïne injectée, lors de la "descente").

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Exitantia Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Coca (plante) : principe actif : cocaïne (C12H21NO4) Cocaïne (C12H21NO4) Forte à très forte Forte Fort Faible Forte Très forte Très difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 80

Le Sniff : à l'aide d'une lame (couteau, rasoir), on étale la Cocaïne en ligne que l'on aspire, ensuite, avec une paille, un billet enroulé, ... etc. La Cocaïne passe alors dans le sang par l'intermédiaire des muqueuses. Il en est de même pour l'Héroïne lorsqu'elle est sniffée. Le Blow : on peut fumer la Cocaïne des deux manières suivantes : A) en "Pétard" : ou presque tout comme, à ceci près : on vide à moitié une cigarette sans déchirer le papier, puis on ôte l'intérieur du filtre. Avec cette cigarette préparée de la sorte, on aspire la Coke qui vient s'emprisonner dans le Tabac. On rajoute un filtre en carton, comme pour un joint. L'effet est le même qu'en sniff, plus intense mais de moins longue durée. B) le Blow : proprement dit. La aussi, comme pour l'Héroïne, la Cocaïne est posée sur du papier aluminium qu'on roule grossièrement en cône. On rajoute un gros filtre en carton pour capter et aspirer la fumée. On chauffe avec un briquet le dessous de l'aluminium, jusqu'à que le produit se volatilise en fumée blanche. A chaque bouffée on éteint la flamme. Dans les deux cas, la Cocaïne passe dans le sang par l'intermédiaire des poumons. L'effet est violent, mais les nord-américains ont trouvé encore plus radical : le "Free-basin" (voir plus loin). Le Shoot : injection par voie intraveineuse, souvent en mélange avec de l'Héroïne pour en combiner leurs effets. Pour l'héroïnomane, c'est un luxe convoité. Lorsqu'elle n'est pas mélangée, la Cocaïne nécessite des injections répétées (toutes les dix minutes), car le seul effet vraiment recherché est celui du flash ultra violent qu'elle procure alors. Le principe actif du Coca, la Cocaïne, fut isolé vers 1860 et introduit en Europe, où elle fut, à cette époque, largement utilisé à des fins thérapeutiques (anesthésique). Sa facilité d’utilisation (prise nasale) la rendait plus accessible (pas besoin de pipe ou de seringue). La loi de 1916 sur les stupéfiants ne ralentit pas sa consommation : il fallut l’arrivée de l’Héroïne sur le marché clandestin pour la reléguer à l’arrière plan. Mais ce classement à une nette tendance à s’inverser en ce moment. Dans les années 1930, la Cocaïne a connu une vogue qui a repris dans les catégories sociales favorisées vers 1950. Très utilisée lors de la Deuxième Guerre Mondiale, on connaît bien le syndrome du "nez mangé aux mites", ou perforation de la cloison nasale. Certains nababs se faisaient alors poser une cloison nasale en or. Sans aller forcement jusqu'à cette extrémité, il faut reconnaître que la Cocaïne engendre, au bout de quelques prises, une rapide irritation et ulcération des muqueuses. Hier comme aujourd’hui, la Cocaïne est synonyme d’hypocrisie : c’est la drogue des riches, interdite au peuple car ce dernier doit juste exister pour être exploité. Sur un plan, nos dirigeants en orchestrent l’importation, s’en servent pour s’auto monnayer des besoins secrets ou hors budget et l’utilisent comme arme politique; sur un autre plan, ces mêmes gens la combattent avec des budgets effarants et font croire à l’avènement d’un monde parfait et idyllique (ref. : “À qui profite la Cocaïne ?”).

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2) Étude médicale : Avant tout, la Cocaïne provoque un état euphorique : le sujet a l'impression d'être intellectuellement et sexuellement stimulé, il résiste mieux à la fatigue. Il se sent capable de tout faire, de tout entreprendre sans avoir besoin de sommeil. Ce produit facilite le contact, l'élocution, les performances et on comprend que cette drogue soit à la mode. C'est une drogue en forte hausse au "Hit Parade des Défonces", "efficace" (pendant un certain temps), qui intègre le sujet au monde des affaires, à la société de production, plutôt qu'elle ne le marginalise comme d’autres produits. Des symptômes connus de longue date : Mais à la longue, de nombreux troubles apparaissent. Le sujet est agité, irritable, il tremble. Il vomit, a des nausées, des maux de têtes soudains. Les effets bénéfiques des premières doses sur l'activité intellectuelle s'effacent pour laisser place à des troubles graves : difficulté de concentration, perte de mémoire...etc. On constate une tachycardie, une hypertension artérielle, une dilatation des pupilles (mydriase). Sa forte neurotoxicité est démontrée par la destruction des terminaisons nerveuses. Sur le plan psychique, de fortes doses de Cocaïne provoquent des hallucinations visuelles, auditives ou tactiles (cutanée), en exemple : le sujet à l’impression que des vers grouillant sous la peau. En cas d'aggravation, le toxicomane présente des convulsions (avec possibilité d’hémorragie méningée) et des troubles cardiorespiratoires. L'intoxication chronique se manifeste par une hypersensibilité et une quasi-paranoïa : le consommateur régulier a l'impression qu'on lui veut du mal, qu'on le suit partout. Il est grandement irritable et peut devenir violent. Apparaissent alors des troubles du langage (aphasie, bégaiement). Pour ce qui est des descriptions plus précises des effets du produit, je vous renvoie au livre : "La drogue expliquée aux parents" de Gilles Cahoreau et de Christophe Tison. Ces derniers ont décrit le problème d'une manière plus qu'admirable (puisque l’ayant vécu). Le "Paradis" créé par la consommation de Cocaïne a une limite : à hautes doses, la coke rend, nous l'avons vu, malade, idiot, asocial et "parano". C'est une "drogue dure" ou "drogue majeure", alors qu’en France, possédant généralement un titrage plus faible, elle passe à tord pour drogue douce. A force d'être de mieux en mieux, d'accumuler les plus, on finit par craquer. Être projeté au sommet de ses capacités, signifie que l'on ne peut pas aller plus haut, que continuer, c'est forcement redescendre la pente opposée : celle des inconvénients. Pour ces toxicomanes, ce n'est pas "être défoncé" qui prime, mais "se défoncer". Ils auront donc tendance à reprendre de la coke non pas dès qu'elle ne fait plus effet, mais dès que "le plus" ne se fait plus sentir. Le mot d'ordre de la Cocaïne est "toujours plus, toujours plus haut" : elle est l'abus par excellence.

Dessin « piqué » à GroMattieu (1983) : "La Coke rend-t-elle plus intelligent ?"

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Le chemin classique que connaissent les Cocaïnomanes est le suivant : - Dégradation physique : la coke accélère le processus de vieillissement. Les grands Cocaïnomanes ont les nerfs détruits. Les traits du visage sont tendus, ils grincent des dents sans s'en rendre compte. Ils finissent tous par avoir des lésions dans les muqueuses du nez. La Cocaïne augmente aussi sérieusement les risques d'accidents cardio-vasculaires. - Dégradation intellectuelle : un gros consommateur de Cocaïne devient incapable de penser et de prendre une décision : en augmentant ses capacités de réflexion, la coke accroît aussi le nombre de paramètres dont il doit tenir compte. Aussi, il devient incapable de choisir, sombre dans la confusion et le désarroi. Il finit dans l'immobilité et le radotage. - La coke une vraie "drogue majeure" : pour toutes les drogues, sans exceptions, user signifie abuser. Mais ce qui, par définition, la classe le plus dans cette catégorie, c'est qu'avec elle, le mieux mène toujours au pire, et cela sans transition. Autrement dit, l'enfer qu'on finit par vivre est, dès le début, l'envers inéluctable du plaisir qu'on y prend. Une intoxication à long terme entraîne aussi : - Troubles respiratoires (de type dyspnée). - Troubles respiratoires autres et risque de syncope. - Troubles nerveux (excitation et crises convulsives). - Troubles visuels. -Troubles digestifs (nausées, sueurs, vomissements, perte de l’appétit et amaigrissement). L'arrêt de la Cocaïne n'entraîne pas de syndrome de manque lourd, mais impose deux semaines de dépression et d’insomnie. Après terme, la dépendance psychologique restera toutefois très marquée. Le sevrage nécessite bien souvent, le recours à une cure de sommeil ou à un repos forcé. On utilise pour cela, des tranquillisants à fortes doses. Généralement, la dépression post-sevrage est profonde. Certains médecins préconisent donc la prescription d’antidépresseurs. La possibilité de rechute est alors très forte comme celle de compensation par une nouvelle toxicomanie (alcool et/ou antidépresseurs). Risque de rechute : 45% à six mois. Action sur le cerveau : La cocaïne augmente la concentration de la dopamine, de la sérotonine et de la noradrénaline en bloquant leur dégradation. Une excitation de 30 minutes précède une phase d’euphorie et d’hyper-vigilance, puis laisse place à une dépression avec de forts épisodes d’anxiété. A la longue, on note une altération de la mémoire et du jugement. Certaines personnes sont sujettes à de la désorientation, et des hallucinations cutanées et auditives. Conclusion : Ce qu'on peut rapporter ici, c'est qu'en interdisant cette drogue, les autorités ont fait d'une pierre deux coups : elles éloignèrent le danger, les nuisances dues "au mauvais usage de la Cocaïne", et la "confisquèrent" à leur profit pour "un bon usage", en en faisant une des plus chères substances du monde. Elle était devenue le "Star Dust", la poussière d'étoile, faite pour les étoiles de l'inaccessible rêve Hollywoodien. Aujourd'hui toujours, et même plus encore, la coke est l'apanage de la richesse et de la réussite. Elle développe et témoigne d'une mentalité (aller vite, réussite, réflexion sur le concret, être le meilleur, le premier) à l'opposé de celle développée par l'usage du Cannabis (rythme cool, réflexion sur l’abstrait, harmonie, écologie, sens artistique). Elle développe aussi la pègre et la violence comme en témoigne l’article suivant d’A.S.U.D. Journal n° 11 : “Partout où tu va, elle est là ! Au Royaume Unis, 40% de billets de 10 £ portent des traces de Cocaïne. La même constatation a été faite sur des dollars l’an dernier à Los Angeles. Cette technique de détection a permis aux stups anglais de serrer un supposé dealer au moment ou il passait la frontière en possession d’un gros paquet de biftons d’origine douteuse. À New York, 31% des macchabées victimes de mort violente, présentent des traces de coke...” Espoir : Science et Vie (N° 984, Septembre 1999) nous apprend qu’un service de l’I.N.S.E.R.M., dirigé par Pierre Sokoloff, vient de découvrir une molécule, la BP 897, qui semble se fixer dans le cerveau. Elle agirait 260


sur un des récepteurs de la Dopamine (substance naturelle impliquée dans tous les comportements de dépendance). Elle est censée réduire fortement le besoin de drogue sans provoquer aucune nouvelle assuétude. En laboratoire, des rats cocaïnomanes cessent presque aussitôt de recherche et la consommation de leur drogue, restée pourtant librement à leur disposition. Des tests cliniques sur l’homme révéleront si ce produit peut devenir un nouveau traitement de la dépendance à la Cocaïne et à d’autres produits.

3) Le free-basin : Alors que les trafiquants sud-américains s'acharnaient à purifier la coke pour qu'elle puisse faire le plus d'effets et le plus de doses possibles après le coupage, les nord-américains s'ingénièrent à la dé-purifier pour retrouver la cocaïne base. Chauffée dans une casserole en présence de solvants, la Cocaïne laisse place à de gros cristaux de Cocaïne Base, absolument inactifs lorsqu'ils sont prisés. On les fait chauffer ensuite, dans de l'eau, et les vapeurs sont inhalées. Certains rajoutent de l’éther ou d'autres solvants à l'eau d'inhalation pour en amplifier les effets. Attention danger : dans ce cas, une étincelle et c'est Tchernobyl. Ne pas fumer en même temps ! 4) Cocaïne : état des lieux ! Il est difficile d’établir des statistiques précises sur la consommation pays par pays de cette substance. Mais des indices nous laissent entrevoir une idée de ce qu’elle puisse être et de l’impact économique sur nos sociétés. D’abord, selon les viles et les pays, entre 40 et 90 % de la masse de billets en circulation possèdent des traces de cocaïne. On sait que là ou la cocaïne se « brasse » (entendez par ce terme d’argot de trafiquant : « se réceptionne et se redistribue »), le taux de meurtres et celui de corruption politico_policière sont généralement plus élevés qu’ailleurs. La grande criminalité s’est réellement investie dans ce trafic : grossistes et revendeurs travaillent de paire avec des équipes de tueurs et de récupérateurs de créances (dettes) pour assurer la stabilité de leur entreprise. Cela ne fonctionne malheureusement que grâce à la participation de certains policiers ripoux qui touche au passage de confortables enveloppes. L’émission TV Soir 3 du 19 juillet 2008 nous apprend que 16.2% des américains ont déjà consommé de la cocaïne. D’après eux, 250 000 français seraient dans le même cas, mais je doute sérieusement du chiffre énoncé : d’après moi, il serait actuellement (ref 2008) à multiplier par 3 ou 4. Au point de vue indices plus vérifiables, l’importation européenne serait passée de 50 tonnes à 300 tonnes en cinq ans (2003 à 2008). Une grande partie passe par notre pays qui ne sert que de transit pour être ensuite répartie dans le reste des états européens proches. Un autre point d’entrée européenne est l’Irlande, très mal surveillée au niveau de ses côtes (deux bateaux militaires seulement pour la surveillance de plus de 2000 km de côtes). C’est pourquoi le Royaume Uni est très touché par la cocaïnomanie. En Irlande, trois adolescents sur cinq est positif à la cocaïne. Contrairement aux idées reçues, les Pays-Bas ne sont pas de grands consommateurs de coke : 1.9% de sa population en consommerait. En Europe continentale, ce serait l’Italie qui aurait le plus grand nombre de consommateur de cette substance, suivit par … la France et l’Espagne. Pour un petit pays, la Suisse consomme beaucoup, surtout vers Genève et en suisse allemande. Les services français liés à la lutte contre la toxicomanie commencent eux-mêmes à douter de l’efficacité de leurs dispositifs et carrément de la voie du tout répressif dans laquelle ils se sont engagés. Ils en sont à sauver les apparences pour … « sauver leurs fesses ». Les cartels colombiens l’avaient annoncés dans les années 90 : « la légalisation des drogues ne proviendra pas du cannabis, mais de l’assaut de la cocaïne sur les continents : nous allons les inonder de coke » ! J’ignore si un jour on en viendra à tolérer cette substance du fait du nombre important de ses utilisateurs, je ne le souhaite pas moi-même, car elle est dangereuse. Ce que j’ai peur, c’est que nos Etats en profitent pour fasciser encore plus nos sociétés et encore accuser le cannabis d’une extension de cocaïnomanie (Reagan nous a déjà fait le coup) que je soupçonne laissée volontairement prolifique ! 261


Nous poursuivons notre étude par une autre classe de "speed" : - LES AMPHÉTAMINES : 1) Historique : Toujours parmi les excitants, ce qu'on appelle communément les "speed", évoquent plutôt une section bien particulière de médicaments "les Amphétamines". Exitantia Principe actif Neurotoxicité Toxicité générale Risque d'intoxication mortelle Dépendance physique Dépendance psychique Tolérance Sevrage

Amphétamines (ecstasy, métamphétamine et dextroamphétamine) Amphétamines : Alphaméthylphényléthanamine et dérivés, MDMA et MDA pour l'ecstasy Très forte Très forte Très fort Très faible Forte Très forte Très difficile Source : Science et Vie n° 1076 mai 2007 page 80

Elles trouvent leurs origines dans une plante : l’Éphédra, qui était utilisée bien avant l’ère chrétienne, surtout en Chine. L’Éphédrine, son principal alcaloïde, fut isolé en 1887 par deux japonais. Éphédra : Buissons dépourvus de feuilles que l’on trouve dans tous les déserts du monde. Certaines espèces contiennent de l’Éphédrine, stimulant proche de l’adrénaline. Connu aux États-Unis sous le nom de “thé mormon” et utilisé également en Chine comme stimulant. On ressent des poussées d’euphorie et d’énergie, une intense sensation de bien être et de joie avec une dose moyenne ingérée à jeun. Ses effets diminuent au bout de 4 heures mais se font sentir pendant plusieurs jours. Cette substance ne semble pas induire de dépendance mais peut présenter des dangers physiques (cardiaques) en cas d’utilisation prolongée (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Éphédrine : Amphétamine naturelle utilisée comme ersatz naturel (écolo) de l’ecstasy. Se présente sous forme de gélules en vente légale, sous différents noms de marques. Son action se traduit par une sensation de chaleur et de bien-être, des poussées d’énergie et d’euphorie, une activité totale des cinq sens ... Il ne semble pas y avoir de contre indications sauf en cas de surdose (avec deux gélules, le trip dure près de 10 heures et le coeur est donc soumis à un effort intense). Ne provoque pas de dépendance. L’Éphédrine est un concurrent redoutable des amphétamines de synthèse produites par l’industrie pharmaceutique qui verrait d’un bon œuil son interdiction (“Petit Dico. des Drogues”, collectif FTP, collection l’Esprit Frappeur N°3, 1997). Les Amphétamines synthétiques furent découvertes en 1910 et expérimentées dans les années 1930 (benzédrine) en Allemagne et au U.S.A., les Amphétamines connurent surtout des applications militaires pendant la Seconde Guerre Mondiale. La première vague importante de toxicomanie, avec utilisation en intraveineuse, survient au Japon durant cette période. En France, le développement de cette toxicomanie fut plus récente; il fallu attendre les années 50-60 pour remarquer les premières publications alarmantes dans les journaux scientifiques et médicaux. C’est le premier “dopant” des sportifs. Les Amphétamines modernes sont des dérivés de synthèse qui se singularisent par une parenté de leur structure clinique, et des effets pharmacologiques comparables. Il existe donc plusieurs variétés dont les plus connues sont l’Amphétamine, la Dextra-Amphétamine et la Métamphétamine Ce sont en fait des stimulants, (amines de type psychotonique) qui provoquent en général, une stimulation et une activation du système nerveux. Leurs effets sont similaires à ceux de la Cocaïne et qui donne donc lieu à un usage toxicomaniaque très dur. Toujours comme cette dernière, les Amphétamines ne créent pas de dépendance physique (assuétude). Mais l'accoutumance psychologique peut être très forte, d'autant que la 262


particularité des amphétaminomanes (Speed-Freeks), est qu'ils finissent presque toujours par s'injecter la substance en intraveineuse. Ils utilisent alors une poudre blanche dénommée "crystal". L'effet est très violent, comparable à celui de la Coke lorsqu'elle est prise de la même façon : une puissante montée, une promotion physique instantanée, mais surtout un flash beaucoup plus puissant. De manière plus imagée, le toxicomane dira que : "d'un seul coup on se prend pour Superman, mais un Superman très clair, très net dans sa tête. Pas celui qui va se jeter par une fenêtre". Il ne supporte alors plus aucun bruit et difficilement la lumière vive. Une dizaine de minute plus tard, c'est une immense fatigue, en proportion avec l'ampleur de la stimulation obtenue, qui le terrasse. Il lui faut recommencer 20 à 30 fois par jour s'il ne veut pas "redescendre", et continuer à ressentir les effets excitants du produit. Les Amphétamines peuvent se présenter aussi sous de nombreuses autres formes (comprimés, capsules, ampoules injectables). Comme le cocaïnomane, l’amphétaminomane vise toujours plus haut; en effet, en cas d'injection avec du speed, seul le flash est vraiment recherché. C'est une impression de chaleur qui débute au niveau du creux épigastrique, et se propage à tout le corps. Un état d'excitation s'installe ensuite : les toxicomanes sont euphoriques, ne cessent de parler, passent d'un sujet à l'autre de façon peu cohérente, débordent d'activité et ne dorment que très peu. Ce n'est pas la vitesse en soi qui intéresse ces toxicomanes, mais l'accélération. Ce n'est pas être défoncé qui constitue le coeur de leur pratique, mais se défoncer. Aussi cette toxicomanie est, en quelque sorte, un prototype de toutes les autres "drogues majeures", dans la mesure ou elle aussi, est l'abus par excellence. Donc, comme pour le cocaïnomane chronique, l'amphétaminomane ne trouve pas son plaisir dans un état dont la nature serait différente celle ressentie à l'état dit "normal", mais dans un état dont le degré est supérieur à celui-ci. Ce n'est donc pas une euphorie qui est recherchée, mais plutôt une "accélération". 2) Étude médicale : Ces produits sont des excitants synthétiques, ont un effet “coupe faim”, dissimulent la sensation de fatigue et permettent des efforts et une concentration prolongée. Les effets durent de 8 à 12 heures. Mais ce plus apporté à des revers fortement négatifs comme nous allons le découvrir. Sur le plan corporel, ces toxiques induisent une dilatation des pupilles, une élévation de la tension artérielle, une accélération du pouls et une baisse de l'appétit déjà précisée. On est obligé de préciser ici les effets des Amphétamines sur deux plans : - A faibles doses : - Réaction sur le système nerveux central : action stimulante, augmentation de la vigilance et de la mémoire, absence de la fatigue et du besoin de sommeil, amélioration des performances physiques. - Le système nerveux autonome : mydriase, broncho-dilatation, augmentation de la pression artérielle. - A fortes doses : Les Amphétamines peuvent entraîner des poussées hypertensives avec risque d’hémorragie centrale et/ou de collapsus. Des hallucinations sont fréquentes à ce stade. La phase d'exaltation est suivie par une période dépressive aiguë ("descente"), mal tolérée par le sujet qui est conduit à associer de l'Héroïne ou des barbituriques pour en tempérer les désagréments, créant ainsi une polytoxicomanie. C’est donc une des toxicomanies qui peuvent conduire à l’Héroïne. Après quelques jours de consommation, apparaissent les symptômes, assez spécifiques: la perte du contrôle émotionnel, de l’hyperactivité compulsive et improductive, ainsi qu'un délire paranoïde ("l'effet parano"); le 263


toxicomane se sent persécuté, et de fortes bouffées d'angoisse peuvent le conduire à commettre des actes agressifs à l'égard de lui-même ou des autres. Le comportement et le raisonnement deviennent incohérent et confus : l’individu réagit sur un plan plutôt “primaire”. L’agressivité est quasi constante et les réactions antisociales dominent. La prise répétée de ces produits entraîne une forte dépendance psychologique liée à une forte tolérance. L'intoxication chronique se traduit par un état d'épuisement physique avec amaigrissement massif et insomnie. Le sevrage doit s'accompagner d'une prise en charge thérapeutique pour avoir des chances de réussites. Les premiers temps, le sevrage d’amphétamines entraîne des envies irrésistibles de dormir ou de manger, une irritabilité pénible. La dépression est profonde... et les risques de rechute sont très grands. Le classement des Amphétamines au tableau B des stupéfiants, a réduit considérablement leur usage. Ils ont étés remplacés par les anorexigènes ou "coupe faim", dont l'utilité, même dans le domaine nutritionnel, est très contestable (ils sont, pour la plupart, classés au tableau A). Tous ces médicaments détournés de leur usage, sont donc actuellement beaucoup moins utilisés que dans les années 70 parce que moins fréquentes dans le marché médical légal. Les Amphétamines n’ont cependant pas été éradiquée tout à fait, car on continue à en avoir besoin dans les milieux hospitaliers et scientifiques. Au U.S.A., certaines amphétamines sont encore prescrites comme le Ritalin donné à plus de deux millions d’enfants classés difficiles. A rien n’y comprendre, la pharmacopée américaine cherche à calmer ses “sales mioches” avec des speeds. En attendant, digne d’un scénario des meilleurs sketches de South Park (écoutez Sky-Rock), toujours à l’affût pour « prendre la tête » les adultes, certains de ces “sales mômes” pilent leurs cachets pour sniffer des rails avec des copains. Nous sommes bien dans un “monde à l’envers”. Pourtant les dealers s’approvisionnent encore d’Amphétamines puisqu’ils “coupent” la coke avec. On en déduit donc un marché de gros parallèle qui assure sa propre fabrication d’Amphétamines. Plus récemment, on note une demande de fabrication (illégale) constamment en augmentation du fait qu’on utilise certaines Amphétamines pour synthétiser le M.D.A. Ce dernier s’étendant de façon pandémique, on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir et le retour à la mode des Amphétamines (surtout dans un monde déjà ultra violent ou règne la guerre). Les effets indésirables, connus et redoutés des Amphétamines ne peuvent être recherchés par n'importe quelle personnalité. La Cocaïne à, depuis lors, pris le relais et les a supplanté.

3) Aparté : Le terme toxicomane, à force de l’entendre, fini par “me donner des boutons”. Il s’agit d’une expression trop généraliste sur un point, et trop péjorative sur un autre, employée à outrance dans les médias et les rapports médicaux. Le français moyen y rattache souvent le consommateur de cannabis (alors que cette pratique n’a rien avoir du tout avec l’héroïnomanie par exemple et que le cannabis n’est pas toxique), mais omet pratiquement tout le temps d’y adjoindre le Tabac et l’Alcool, deux autres toxicomanies dures (par définition, nous l’avons vu cette première partie). Ou alors on le garde et on l’applique, sans distinction aucune, à tous produits générant une assuétude et une dépendance comme l’alcool ou le tabac, ou alors on ne l’applique qu’aux produits réellement toxiques (ce qui serait plus logique) entraînant une pharmacodépendance. Comme le terme “stupéfiant”, “toxicomane” est mal adapté à la situation réelle. Il faudrait inventer de nouveaux termes désignant les utilisateurs de: 1) produits faiblement toxiques dotés d’une faible dépendance et de faibles risques. 2) toxiques socialement acceptés. 264


3) toxiques durs représentant un danger réel pour les individus et la société. Ceci aura au moins le mérite de rendre la situation plus claire, moins hypocrite et plus accessible au commun des mortels. De telles précisions ne sont pas superflues, vue la pagaille actuelle et le débat “en l’air” d’une éventuelle décriminalisation du monde des pharmacodépendants”. Commençons donc par appeler “un chat” “un chat”, et ce débat s’aiguillera naturellement tout seul vers le juste et le vrai. Il faut donc une approche de la dite toxicomanie autre que celle des intervenants sociaux, policiers et médicaux. Loin de se rassembler dans la lutte, ces services se concurrencent, voir même “se tirent dans les pattes”, et les progrès réalisés dans un sens sont sans arrêt remis en question ou en danger d’annulation par “d’autres volontés”. Il me semble, vu l’ampleur du problème, que le peuple et les concernés ont aussi beaucoup de choses à exprimer. - Le peuple: parce que presque chaque famille française (au sens élargie) à aujourd’hui au moins un chômeur et un toxicomane au sein de ses membres. Il sont peut être prêts à aborder le sujet sur un autre plan que la simple répression à l’état pure ou la simple “mise sur la touche médicale”. Les usagers de drogues douces: par ce que les “gens de l’herbe” (qui y sont rattachés) commencent à vaincre leurs complexes et le tabou et commencent par la même à revendiquer et à se regrouper. Les Héroïnomanes : car, reprenant un semblant de dignité grâce à la Méthadone et la politique de réduction des risques, cherchent à exprimer leurs ressentiments et en ont plus aujourd’hui l’occasion et les circonstances. Aussi a t’on vu naître des groupes d’autosupport. Leur condition “d’ex-persécutés” et la maladie (souvent le S.I.D.A.) les regroupent et leur donnent souvent une force de volonté dont on aurait plutôt tendance à croire qu’ils ne puissent en être dotés (idées reçues sur la drogue en générale, vrai fléau à combattre). Fort de cet “hors sujet”, nous allons poursuivre par un autre genre d'Amphétamine :

- L'ECSTASY : M.D.A. : à l’origine, son nom clinique est 3,4 - méthylènedioxyamphétamine (ou M.D.A. en abrégé). La structure C - H - N (Carbone, hydrogène et azote) indique que la molécule est de type alcaloïde. Cette drogue à une constitution moléculaire qui la place entre les Amphétamines et la Mescaline; et peut engendrer un état de dépendance.

CH2

O CH3

O

CH2

OH

NH2

M.D.A. : C10 H13 N03 Son classement moléculaire a donné lieu à une nouvelle famille : les Métamphétamines. On a trouvé depuis d’autres Métamphétamines (près de 200) dont le M.D.E.A. et le M.D.M.A. Le M.D.A. a un coup de fabrication moindre que le M.D.M.A., de même, ses effets sont moins intenses que ceux de ce dernier. M.D.E.A. : variété d’Amphétamine en de nombreux points similaires au M.D.M.A., mais dont les effets sont plus brefs (entre 3 et 5 heures) et moins intenses. M.D.M.A. : (Méthyldioxyméthamphétamine) découvert en 1912, dans les laboratoires allemands. D’abord utilisé par l’armée allemande durant la première guerre mondiale comme coupe faim, ses effets 265


s’avérèrent finalement incompatibles avec le combat dans les tranchées. Cette molécule toxique a récemment trouvé la faveur des californiens et des européens (Rave parties). C’est cette molécule qui fut surnommée “pilule de l’amour” ou “Ecstasy”. Les effets d’un comprimé durent plus de 6 heures. Le M.D.M.A. pur n’entraîne aucune accoutumance mais en abuser provoque, à long terme, des troubles physiques et psychiques. M.D.A. et M.D.M.A. sont les variétés de Métamphétamines les plus employés sous le nom d’Ecstasy. À la vente, le produit le plus fréquent est le M.D.A.. C’est pourquoi je la nommerai de cette façon dans le texte qui suit. Bien qu’apparenté aux amphétamines (speed), le M.D.A. se classe dans les psychédéliques de part son effet. Il a les réputations d'aphrodisiaque d’euphorisant et d’hallucinogène qui lui valurent son succès dans la classe riche de la société. Ses effets de consommation abusive ou à long terme semblent mal connus. Seul des recherches pour prouver sa parenté avec les Amphétamines (pour l'interdire) semblent avoir été vraiment menées. Dans un premier temps, les Américains semblent avoir mieux chercher à comprendre les effets de cette substance, que les européens. Grâce à Ronald VERBEKE et son livre : “Un Dictionnaire Critique des Drogues”, j’ai pu réunir dès 1996, les renseignements suivants; je cite l’auteur (texte en italique) : “ La dose active, par voie orale, se situe autour de 1 mg par Kg, (soit un total de 70 mg pour un individu de 70 Kg) Le M.D.A. est un psychédélique très apprécié; il est produit clandestinement sous forme liquide ou en poudre, il est souvent coupée à l’aide d’autres psychotropes : Amphétamines, L.S.D.25, Atropine, ... Effets : - Sur le plan somatique, les symptômes les plus fréquents consistent en mydriase (dilatation des pupilles), frissons et états de torpeur. - Sur le plan psychique, les effets principaux constituent en un sentiment de bienêtre physique et de sérénité, une réduction des défenses et du moi, une empathie accrue et un besoin de communiquer avec les autres, d’où l’appellation de “love Drug”. - Sur un plan perceptif, il y a accroissement de la sensibilité tactile et, souvent, une perception “tridimensionnelle” des sons. Ces effets se manifestent 40 à 60 minutes après l’ingestion, atteignent leur intensité maximale après 90 minutes et persistent pendant une dizaine d’heures. L’action du M.D.A. n’a cependant pas encore été jusqu’à présent étudiée de façon bien approfondie. Bibliographie : STASH Press, “M.D.A., a différent psychedelic,” Madison (Wisc), STASH Press 1974. A. Weill, “The love Drug, jornal of psychedelic Drugs”, 1976,8,4 : p. 335-337. A cette description, on peut rajouter qu’au niveau physique, il entraîne une hypertension et une stimulation cardiaque, allant jusqu’au malaise, voir l’arrêt cardiaque en cas de prise excessive. De même, des accidents graves de thermorégulation peuvent intervenir. La prise de ce produit cause aussi une grande déshydratation qui peut avoir de graves conséquences en cas d’abstinence de prise de boisson. Parallèlement à tous cela, une étude de l’I.N.S.E.R.M. vient de prouver (en 1998) qu’il développe en fait une forte toxicité. À l’origine, le produit utilisé était du M.D.A. ou du M.D.M.A. pure. Aujourd’hui, une bonne partie des cachets vendus sous cette appellation contiennent peu ou pas du tout de M.D.A. ou M.D.M.A. : Héroïne, Amphétamines et L.S.D. et caféine sont plus ou moins employés en cocktails avec ou sans addition d’autres toxiques. 266


Les préparations ainsi obtenues sont beaucoup plus toxiques et dangereuses que la substance de base. De plus l’héro et l’amphé sont deux toxiques terriblement accrocheurs, les prises répétées peuvent déboucher rapidement à l’assuétude et le nouveau toxicomane dupé ne mettra pas longtemps à découvrir quelles sont les substances nécessaires pour calmer son manque. À ce sujet, en 1995 en Angleterre, pays dont le phénomène Ecstasy était en avance sur le notre, les centres de soins spécialisés ont recensés, parmi leurs nouveaux clients, de plus en plus de jeunes gobeurs passés à l’héroïne.(A.S.U.D. Journal, n°11, Printemps 96, début de page 27). Toujours en Angleterre, le décès d’une jeune consommatrice d’Ecstasy a provoqué indignation et polémique : l’Ecstasy peut il tuer ? Des affiches énormes représentant Leah Betts en réanimation ont étés placardées dans tous le pays. Les prohibitionnistes anglais se sont donc donnés à cœur - joie de sauter sur l’occasion et agir contre une pratique qui concerne plus d’un million d’individus par jour de Week-end. Pas de chance pour eux : après autopsie, il semble que la malheureuse jeune fille ait décédé des suites d’indigestion d’eau (plus de 8 litres trouvés dans son estomac). Hé oui, on peut “crever” d’une “overdose” d’eau ... ! Il existe des cas de décès incriminé à l’Ecstasy, par exemple, trois morts sont reconnus en Angleterre pour l’année 1995. Mais comme le dit A.S.U.D. Journal n° 11 citant la revue Mail on Sunday, 40 pêcheurs se noient chaque année, 5 personnes décèdent par étouffement suite à l’ingestion d’une cacahuète contre trois morts annuel par Ecstasy. On pourrait aussi développer ici le thème des 120 000 morts annuels en France relatifs au tabac, à alcool et aux accidents de la route tous confondus. Cela ne justifie en rien l’emploi libre de l’Ecstasy, bien au contraire, chaque mort, dans tous les domaines est un mort en trop. Mais cela donne une idée de la ténacité des préjugés et de l’hypocrisie en matière de drogue. D’autres prohibitionnistes affirment plus sagement que “les problèmes de santé, psychiques et/ou physiques, provoqués par l’usage de ces substances, sont nombreux, de la crise d’angoisse à l’anxiété et à l’insomnie. Plus grave, ils sont aussi à l’origine d’amnésie, de confusion mentale et de troubles de la personnalité” (Nouvelle Solidarité du 20 Mars 1998, page 4, article : “J’aime l’Ecstasy ?). Mais ici il est incroyable que ces farouches opposants à un Cannabis plus inoffensif, adeptes des improbables théories de Nahas, soient si peu virulents envers l’Ecstasy, stupéfiants dont le marché concerne 120 000 personnes (ref : Gilles Leclerc) et semble en pleine ascension. Notons que L’O.F.D.T. a rendu publiques deux enquêtes de terrains effectuées auprès des gobeurs de Paris, Lille et Bordeaux. La première a été réalisée par l’I.R.E.P. (Paris, Lille), la seconde par le C.E.I.D. (Comité d’Études et d’Informations sur la Drogue - enquête sur Bordeaux). A consulter impérativement pour plus d’amples informations, notamment pour accéder aux données officielles de statistiques et de pourcentages. Les pilules d’Ecstasy (que s’en soit ou pas), sont de couleurs très variées et sont estampillées des logos les plus farfelus (Gorbatchev, lapin de Playboy, dromadaire de Camel, Dollar, ...). Leur nomination aussi, est très imagé : “Batman, Ying-Yang, Love, Décadence, ...” et le prix de la pilule oscille généralement entre 50,00 et 150,00 F (entre 7.5 et 22.5 Euros) A.S.U.D. a diffusé dès 1996 un fly narrant les dix conseils d’usage de l’Ecstasy. Bien entendu, il n’était pas question d’encourager à la consommation de cette substance mais de prévenir (réduction des risques oblige) des problèmes régulièrement constatés. Voici le contenu du texte qui s’adressait aux consommateurs : “1) Ne consommez jamais d’Ecstasy si vous avez une maladie cardiaque et / ou cardiovasculaire” ... “ de l’épilepsie, du diabète, de l’insuffisance rénale, de l’asthme ou un état de grande fatigue. Si vous avez des problèmes d’ordres psychologiques, l’Ecstasy et le L.S.D. vous sont déconseillés. Si vous prenez des médicaments, attention, l’association peut être dangereuse. 267


2) Seul un produit contenant 100% de M.D.M.A. est de l’Ecstasy. La quasi totalité des “Ecstasy” vendus en France sont en fait des Dance-Pils pouvant contenir divers produits dangereux (strychnine par exemple) et parfois aucune trace de M.D.M.A.. Alors n’achetez pas à n’importe quoi à n’importe qui. 3) Prévenez la déshydratation : buvez de l’eau régulièrement, portez des vêtements amples et faites des pauses (ne portez pas de bonnet). Les signes avertisseurs sont : soif, longue période sans uriner, arrêt de la transpiration, crampes, malaise ... Dans ce cas, absorber de l’eau légèrement salée par petites quantités. 4) Évitez un “bad trip” ! Si vous décidez de gober, ne le faites jamais seul mais avec des gens de confiance, dans un contexte agréable. Mieux faut être entouré de gens qui connaissent ces produits. 5) N’en gobez pas plusieurs dans la même soirée et surtout pas d’un seul coup (risque de surdose, d’effets indésirables). Sachez que les dosages sont aléatoires, et la réceptivité variable selon les individus. Attention ! Gober trop régulièrement atténue les effets recherchés et augmente les risques liés à l’abus (dépression, angoisses, insomnie ...) 6) Ne mélangez pas l’Ecstasy ou le L.S.D. avec d’autres substances, en particulier l’alcool et les opiacés. 7) N’absorbez ces produits que par la voie orale. 8) Évitez d’avoir l’estomac plein (nausées, digestion difficile) mais prenez un repas énergétique quelques heures avant de gober. Lors de la descente, mangez des produits vitaminés et sucrés. 9) Évitez de conduire un véhicule ou d’entreprendre une activité à responsabilité. 10) L’extase ne protège pas des virus, soyez prudent, pensez aux préservatifs ! L’addition fréquente de n’importe quelle substance dans les cachets ont rendu nécessaire la vérification chimique (test) du produit acheté. Outil précieux de la réduction des risques, le “Testing” est autorisé en Hollande mais demeure défendu en France car il implique la possession. Il débusque les Métamphétamines et si elles sont absentes, cela indique que le cachet ne contient pas d’Ecstasy. Mais le Testing à un défaut : il est actuellement incapable de mettre en évidence la présence d’éventuels produits indésirables mélangé aux Métamphétamines. Pour tout complément d’information sur l’Ecstasy, consulter “E, comme Ecstasy”, de Nicolas Shanders (éditions du lézard), le fameux PIKHAL d’Alexander Shulgin, ou contactez TECHNO PLUS, 21 bis rue du Simplon, 75018 PARIS (Tel. : 01 47 29 26 00, Fax : 01 47 21 44 24).

LE KAT : S’écrit de différente façon (cat, qat). Le Catha Edulis est un arbuste répandu essentiellement en altitude au Yémen et en Éthiopie. Seul les feuilles fraîches mâchées dans les quelques heures qui suivent la cueillette, provoquent une ivresse stimulante proche des Amphétamines ou de la Cocaïne. D’ou le fait que sa pratique est absence du reste du monde. La surconsommation de cette plante provoque une perte de l’appétit et du sommeil. D’après certains auteurs, le risque d’accoutumance est réel, mais d’autres contredisent ce point de vue en précisant cependant qu’elle peut développer une forte dépendance. - LES AUTRES MÉDICAMENTS : Les Amphétamines et les Tranquillisants ne sont pas les seuls médicaments détournés de leur usage par les toxicomanes. Ils utilisent, entre autres : 268


- Certains Antidépresseurs pour leurs effets secondaires excitants. - Les Antiparkinsoniens qui peuvent provoquer des phénomènes de confusion et d'excitation. - Une bonne partie des sédatifs, calmants et somnifères employés par la pharmacopée.

LES DROGUES PHYSIOLOGIQUES : Les endorphines sécrétées par le cerveau luttent contre la douleur. Leur dosage faible garantit une dépendance réduite et quasi imperceptible. Ce n’est pas le cas de l’Adrénaline dont le pouvoir accrocheur est bien plus fort. Efforts, frayeur et dépassement de soit sont les leitmotivs de toute une génération de surfeurs, planeurs (parapente, delta, ...) ainsi que le lot quotidiens des grands sportifs. Leur jargon contient des connotations toxicomaniaques (souvent utilisée inconsciemment) du style “bon trip, je me suis éclaté, j’ai eu une montée d’adrénaline, un coup de chaleur ..., c’est le pied, l’extase ...” Une annonce extraordinaire sur T.F.1 (20H00, le 12 Octobre 1998) : “sur 100 héroïnomanes, on enregistre 20 anciens sportifs de haut niveau”. L’étude n’a pas été étendue aux cas d’alcoolisme ou de cocaïnomanie dont il semblerait cependant qu’il y ait aussi un rapport évident. “L’abus” d’adrénaline provoquerait elle une sorte de “manque physio-psychologique” (sorte de “vide existentiel”). Il semble que oui au dire des concernés qui affirment, par exemple pour l’Héroïne, qu’elle comble bien ce “mal de vivre” post sportif. Chez le jogger régulier, le taux de béta-endorphine présent dans le sang est le triple de celui d’un individu qui ne pratique pas de sport. Or, les molécules de type endorphine (rappel) sont très apparentées à la morphine. Attention, ces résultats sont à “prendre avec des pincettes”. On ne doit pas dénigrer ou condamner le sport pour autant, c’est quelque chose de merveilleux et d’utile dans une vie. Mais cet intéressant rapport met certainement en évidence une interaction entre la condition humaine et le besoin naturel de recherche d’euphorisants. Nous poursuivrons ce thème dans le point sur l’addiction. L’extension philosophique de ce constat débouche sur quelques questions supplémentaires (exemple) : - Une assistance médical pour un retour “à la vie normale” des sportifs de haut niveau. - Une condamnation des idées simplistes et utopiques comme “ne vous droguez pas, faites du sport” et “le sport, vecteur de réussite sociale absolue”. - Le fait que dans la vie, les choses ne sont jamais si simples et qu’il n’y a rien d’absolu justement …

LE SPORT ET LES PRODUITS DOPANTS : La liste des produits dopants interdits est un classement à part de celle des stupéfiants. Notez cependant que la plupart des stupéfiants en font partis (notamment les anti-douleurs et les speeds). Mais elle contient aussi moult produits qui n’ont rien à voir avec la « défonce ». Les premiers dopants connus et réprimandés furent les Amphétamines. Cependant, leurs risques graves et létaux, l’assuétude et la dépendance provoquées, leur action visible sur le sportif usager et l’apparition très tôt de tests efficaces obligèrent les sportifs à se diriger sur d’autres substances dopantes. Sans chercher à toutes les définir, on notait l’emploi de : - d’anabolisants (exemple Testostérone), - d’hormones de croissance, - des diurétiques (exemple : la Probénécide), 269


- des hormones peptidiques - des anti-inflammatoires hormonaux : les corticoïdes (exemple Cortisone), les stéroïdes (exemple : dérivés des stérols), les deux genres sont de la même famille de molécules issues du corps humain. - ... et plus récemment de substances plus difficiles à déceler comme le célèbre E.P.O. (gros scandale du Tour de France de l’été 98). En fait, toutes substances qui atténuent ou suppriment douleurs et fatigues sont sensés être dopants, de même que toutes substances améliorant artificiellement les performances sportives et la masse musculaire, ainsi que celles qui régulent la fréquence cardiaque. Sont interdits aussi certaines substances qui masquent, lors des tests, la présence de produit(s) dopant(s). Outre l’augmentation artificielle des performances (considéré comme de la tricherie), on leur reproche des risques toxiques à long terme, le fait de développer de véritables pharmacodépendance, de pousser à d’autres drogues après l’interruption du sport, de vieillir prématurément les usagers chroniques et d’avoir souvent un risque létal. Les sports professionnels, notamment ceux qui demandent le plus d’effort et de durée de ce dernier, sont les plus touchés par ce phénomène. Le Cannabis est dans la liste des dopants bien que beaucoup se demandent pourquoi. Il ne semble pas apporter d’amélioration des performances sportives autre qu’un effet relaxant, de quasi même nature (toxicité bien moindre cependant) que celui d’anxiolytiques tout a fait autorisés. S’il y a une réelle raison sportive précise pour son interdiction, j’aimerai bien la connaître mais je ne l’ai pas trouvée. Aussi, nombre de sportifs se sont vus disqualifiés, disgraciés et montrés du doigt pour avoir été positifs au tests cannabique. Tous les sports sont touchés par cette chasse aux sorcières. Mais l’exemple le plus frappant est l’élimination de l’équipe de France, lors d’une phase finale en coupe du monde d’un sport que je nommerai pas ici (histoire de vous stimuler à chercher et de vérifier l’info.), alors que des “bruits courent” que la plupart des joueurs étaient cannabiquement positifs. Il faut dire que la sélection incriminée pourrait tout aussi bien être l’équipe de Jamaïque du fait du nombre de blacks de type “rastafarien” qui la constitue. La presse française n’a pas trop fait écho de ces informations mais cela c’est quand même su. En fait, la relation entre le sport et le cannabis est doublement injuste. On a du mal à croire que l’équipe en question, avec les résultats obtenue dans la saison 98, puisse arriver “défoncée” sur le terrain. En tout cas, cela dément toutes les affirmations prohibitionnistes sur l’abrutissement et l’atteinte pulmonaire qu’induirait, d’après-eux, la consommation cannabique. On sait que le Cannabis a un temps d’élimination corporel très long. L’usager cannabique reste donc positif au test plusieurs semaines après l’ingestion du produit. Hors, les autorités sportives ne sont sensées accuser quelqu’un de tricherie que lorsque ce dernier est sous l’effet d’une substance destinée à améliorer ses performances, mais ils se cantonnent à affirmer que la présence de traces d’une substance interdite tende à supposer une quelconque tricherie. C’est un peu comme si on sanctionnait un automobiliste pour avoir des traces d’alcool dans le sang du fait d’une “cuite” vieille de 24 ou 48 heures. Au moment du contrôle, il n’est plus sous l’effet de l’alcool qui ne peut donc le mettre en état de danger pour lui même ou autrui. Il semble donc que l’on condamne les sportifs usagers cannabique plus pour des raisons de morales hypocrites que concrètes. - D’abord, parce que le français moyen perçoit le sportif de haut niveau comme un symbole, un individu astreint à une vie saine et physique, voir spartiate. Le conditionnement collectif de la lutte contre les drogues et les sommes d’argent mis en jeu dans les sports interdisent aux sportifs tout ce qui peut noircir l’image sportive et patriotique. - Aussi, guerre contre la drogue oblige, c’est une forme de censure dirigée directement contre le Cannabis : en effet, comment expliquer aux supporters qu’un champion du monde l’a été parallèlement à la pratique cannabique alors que les autorités se tuent à la tâche pour vous 270


expliquer que cette plante est nocive, mène à la déchéance physique et mentale, à l’inactivité, bref, à la clochardise ? Il est intéressant de souligner ici, une remarque apparemment très répandue chez nos concitoyens : les politiques ne nous donnent jamais les réelles raisons de leurs choix politico-économiques. Dans sa grande majorité, le peuple se méfie donc des beaux discours qui sont censés expliquer le pourquoi du comment d’une loi, d’une décision. C’est aussi vrai pour les récentes affaires sportives du Cannabis qui apparemment ont apporté à cette plante plus de soutient et d’incompréhension de la logique répressive que du discrédit. Les prohibitionnistes ont donc ajusté leur discours sur le thème “Cannabis et Sport” et par une pirouette, justifient les sanctions par le fait “que la pratique, même à titre privatif, d’un produit défendu par la loi ne saurait être admis par le monde sportif”. On est loin de l’accusation de dopage, mais plus proche d’une atteinte à la vie privée. À quand les premiers procès contre les fédérations sportives ?

E.P.O. : Ou un nouveau secteur de la répression. Historiquement, les premiers produits dopants étaient apparentés au drogues (substances stupéfiantes) ou médicamenteuses permettant de prolonger l’effort et/ou de lutter contre la fatigue et la douleur. Le fameux « pot belge » était un mélange plus ou moins variable mais constitué au moins d’opiacés et d’amphétamines. L’E.P.O. ou l’Erythopoïétine n’est pas une drogue mais a déjà fait couler beaucoup d’encre. Vous allez comprendre pourquoi cette substance nous intéresse fortement ici. Elle a la réputation de pouvoir “passer à travers” les tests de dépistage. En fait, la recherche de molécules recombinantes donne toujours des résultats négatifs car une fois injectée, elle devient indécelable en 48 heures. L’E.P.O. est sécrétée naturellement par le foie et les reins. Son homologue artificiel (molécule recombinante), injecté en surplus, favorise la multiplication des globules rouges, augmentant ainsi la capacité de transport d’oxygène de l’organisme dopé – donc sa résistance à l’effort. En doublant son taux (rajout d’E.P.O. artificiel), on double la quantité d’oxygène véhiculé, on double la quantité de nourriture apporté aux muscles, ..., en bref, on double les capacités de résistance physique. Certains produits font redescendre un taux d’E.P.O. anormal à un niveau normal. Le professeur Gérard Dine de l’Institut Biotechnologique de Toyes a déclaré lors du 4ème Congrès Européen d’Hématologie qu’il fallait mettre en évidence (pour chaque sportif) une dizaine de paramètres cellulaires pouvant servir ainsi de référence lors d’éventuels tests. Ceci pourrait aider à prouver une stimulation anormale de globules rouges par rapport à une “normale” prédéfinit. Il est donc question d’établir une véritable carte d’identité biologique et notez bien ce fait nouveau dans la répression : on ne cherche plus (dans les analyses) à mettre en évidence la présence d’une substance illégale, mais son surplus au niveau biologique. Le cyclisme international a annoncé que ce « passeport antidopage » serait prêt pour le Tour de France 2008. L’U.C.I. (Union Cycliste Internationale), l’instance chargée des contrôles dans le monde cycliste, est septique. Elle s’est fortement opposée à la mise en place d’un systématique fichage de données biologiques des sportifs. Mais la pression des gouvernements, dont celui français, chef de file, est trop forte. L’UCI a finit par céder. Pour une fois, le gouvernement américain c’est fait « tout petit » dans cette histoire. Peut être parce que les américains nommés Amstrong ne sont pas tous de grands personnages … L’E.P.O. n’est pas une drogue, elle ne provoque pas d’euphories et n’apporte pas d’action physiologiquement active autre que d’augmenter le nombre de globules rouges. Ce n’est donc ni un speed, ni un antalgique, ni un euphorisant. Mais on lutte contre elle comme pour les stupéfiants car elle permet de tricher (en sport). Ce qu’on peut résumer, dans cette affaire de dopages sportifs, c’est que les importantes sommes d’argent mises en jeu tournent aussi bien la tête des dirigeants sportifs, que des entraîneurs, des médecins et des concernés. Ici, peu de dopés en viennent à la consommation de leur produit par pure appétence ou par goût : l’argent, la vanité et la pression des autres semblent être les seuls moteurs de tels décisions. 271


Années après années, notre célèbre Tour de France est devenu un « feuilleton policier » de la lutte contre le dopage. L’U.C.I. a même été totalement écartée des dispositifs de contrôles et nombre des sponsors d’équipes « tremblent comme des feuilles » à l’idée d’avoir à sponsoriser un tricheur ! L’épisode 2008 semble avoir porté à ses fruits : après le test positif à l’E.P.O. de deux grands leaders, éliminés pour l’occasion, il n’y a plus de tricheurs. Les résultats est frappant : les arrivées sont plus serrées, il y beaucoup moins d’écart dans les chronos des cyclistes. Le temps de « grands champions » semble révolu ! Pour ironiser, Coluche avait dit « Sans dopage, pour que le Tour de France arrive le 14 juillet aux Champs Elysées, il faudrait que les coureurs partent à Noël » !

Le dopage finit par vous « mettre à plat » ! Avec ou sans dopage, le Tour de France et le cyclisme en général, semble toutefois rester très populaire. On avait cru que l’action de nos gendarmes aurait pu nuire à ce sport, il semble que non, pour l’instant ! L’avenir nous confirmera de ce qu’il en est ! L’ADDICTOLOGIE : UN NOUVEAU BIZNESS ! Ce n’est que depuis octobre 2006 que l’addictologie est reconnue en France comme une discipline médicale. Le ministère de la santé a lancé un plan de prise en charge et de prévention des addictions. Il est question d’y consacrer, jusqu’en 2001, 77 millions d’euros par an à la création de 120 services d’addictologie et de recherche fondamentale. En cela, l’Etat s’aligne sur la position des entreprises pharmaceutiques et chimiques, qui elles, ont compris depuis bien longtemps l’enjeu sanitaire et financier de ce secteur particulier ! Mais, comme elles peinent un peu à mettre au point ces nouvelles molécules, elles ne veulent pas être les seules « à mettre la main à la poche ». Une prise de conscience sur l’impasse actuelle de l’approche du problème et des traitements en est à l’origine. On peut affirmer que c’est « grâce aux problèmes des drogues », de leurs différences interactives au niveau du cerveau et de l’opposition active à la prohibition généraliste, que la compréhension même du cerveau et de son fonctionnement ont évolué. Car qui dit agonistes, dit antagonistes, nouvelles molécules convoités. Comme la volonté individuelle et l’emploi de produits de substitutions ne suffisent pas, l’idéal serait donc de trouver des médicaments capables de verrouiller les récepteurs d’agonistes, sans perturber le fonctionnement biochimique du cerveau. Le fait qu’elles soient capable ou non de combler le manque semble un faux problème : les statistiques sont là, le manque ne semble pas indispensable à la rechute. Il s’agit plutôt, d’une part, agir sur ce qui provoque l’addiction, et d’autre part, rendre si possible la rechute évitable. Par exemple : si je prend un médicament antagoniste au THC, même si je refume en cachette de la bonne beue, je n’y prendrais aucun plaisir, et le THC n’aura aucun effet sur le système neuromédiateur de mon cerveau. Ce qui rend impossible toute dépendance, toute tolérance aboutissant à l’addiction. Le graal de l’industrie, serait de trouver une molécule capable de traiter l’addiction sans mimer la drogue comme le font justement les traitements actuels de substitution. Mais, j’ai l’impression qu’il s’agit là d’un simple fantasme de chercheur ! Attention, je ne nie pas qu’ils puissent faire des découvertes sur des substances aidant au traitement des drogues, mais leur graal, ils ne le trouveront jamais !

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Mais ce n’est pas ici que se situe le problème. En sciences, pour chaque bonheur découvert, un malheur survient ! Les recherches sur la chimie intime du cerveau n’envisagent rien de bon de la part de gens qui ne pensent qu’à l’argent et au pouvoir. Imaginez que ces gens puissent un jour dominer le sujet des neurotransmetteurs (et de quelques secrets du cerveau) et mettre au point des médicaments capables de faire de vous de bon petits soldats, ou des travailleur bien soumis et complaisant. Je ne plaisante pas, ici, ce danger est bien réel. Ce ne serait pas la première fois que l’industrie et l’armée détourne les travaux de nos chercheurs. Pour certains médecins, l’approche génétique permettrait de cibler les traitements en fonction du profil des patients. Car certains médicaments basés sur les propriétés agonistes et antagonistes, ne semble réussir que sur une certaine tranche de population. On en déduit une réceptivité génétique qui pousserait à faire une carte génétique des patients pour mieux cibler les traitements. Mais le prétexte semble pernicieux : des recherches similaires sont actuellement fournies en matière de sécurité ou il semble que le gène soit un vecteur parfait de signature identitaire. Ce serait idéal en matière de transaction bancaires informatisées et de contrôle d’identité.

Dès qu’on parle de gènes, les dérives eugénistes et d’ordre éthiques et ne sont pas loin. Après plein d’excuses peuvent servir à les cacher ! NOUVELLE DEFINITION DU TERME « DROGUES » : Normalement, une définition se doit d’être simple et courte car elle doit non seulement expliquer un phénomène, mais aussi faire en sorte qu’on puisse la mémoriser. Nous allons nous rendre compte que dans notre cas, ce n’est pas possible. Nous avons vus plusieurs définitions des drogues et leur évolution avec le temps. Elles ont toutes en commun d’essayer de définir le ressenti et la cause de l’addiction, insistant parfois sur les retombées personnelles et sociales, mais aucune n’utilise l’explication fournie par les récentes découvertes sur les neurotransmetteurs et échanges chimiques du cerveau. Je me risque donc à reformuler une dernière définition qui vient corriger cet oubli. Evidement, pour comprendre ce qui suit, vous avez tout intérêt à lire au préalable cette seconde partie de l’encyclopédie qui traites des produits et des définitions du monde médical ainsi que les points sur l’addiction et l’addictomanie. En résumé, nous rappelons ici que ce qui caractérise le plus une drogue est : - Sa ressemblance (agoniste) de sa molécule avec un neurotransmetteur. - Que son usage provoque une perturbation neuronale. - Que son usage répétitif provoque une dépendance et un « manque » plus ou moins difficile à surmonter à l’exception peut-être de certains hallucinogènes qu’il est donc difficile à classer. - Que dans certains cas il y a accoutumance liée au fait d’une augmentation du nombre de récepteurs - Qu’elle provoque une action psychoactive qui joue soit sur une activité hallucinatoire, soit déclenche un effet tonique, soit une euphorie, mais peut aussi plus ou moins en combiner ces trois activités. D’après la nature toxique de la substance, certains malaises, symptômes de cette toxicité, peuvent y être aussi associés. Enfin, souvenons-nous que le mot drogue avait un autre sens au siècle dernier : « toute substance toxique ou médicamenteuse issue du végétal ». Il serait donc plus sage d’inventer un nouveau mot qui endossera la définition actuelle qu’on veut arbitrairement imposer à ce terme. Jusqu’ici, le tabou et le politiquement correct ont primés sur la valeur scientifique de cette définition. Et puis il y a le fait que nos connaissances sur le cerveau sont assez sommaires et évoluent régulièrement. Puisse la Science se pencher sur ce problème et s’inspirer de ce qui est exprimé ici pour nous concocter une définition qui deviendra parfaite :

Préambule : la Drogue est un terme impossible à définir sommairement car il classifie des substances trop distinctes les unes des autres, tant dans leur formulation chimique, que dans leurs effets et interactions entre les différentes zones du cerveau. Il en est de même pour les niveaux de dangerosité et de toxicité. Nous sommes donc obligés de tenir compte des ces différenciations dans sa définition.

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Point commun Action

Drogue : c’est une substance qui, administrée à notre organisme, de part sa ressemblance chimique à un neurotransmetteur, se substitue à ce dernier, en perturbe l’action, la production, son élimination ou son inhibition et/ou le nombre de récepteurs du neurotransmetteur par effets d’accoutumance et de pharmacodépendance! On peut donc différencier l’usage occasionnel de celui chronique. Parallèlement, on dit de telles substances qu’elles ont une action céphalotrope. Il existe une foule de produits prompts à provoquer ce genre de perturbations, chacun interférant à son niveau avec un neurotransmetteur, des effets et des dangers différents (plus ou moins toxique et/ou neurotoxique). L’action spécifique de chaque substance au niveau des récepteurs et du neurotransmetteur, vient en expliquer le ressenti : euphories, dysphories, ivresses, vertiges, nausées, pertes d’équilibre, hallucinations, délires, action anxiolytique et/ou analgésique, action stimulante ou au contraire somnifère, … outre la spécificité moléculaire des substances, leur concentration peut en modifier les effets de même que leurs associations. La perturbation neuronale répétitive peut être de quatre types : A) B) C) D)

Soit elle fait développer trop de récepteurs. Soit elle fait fabriquer trop de neurotransmetteurs Soit elle inhibe la production de ces neurotransmetteurs Soit elle provoque la non-élimination des neurotransmetteurs.

Les perturbations répétées peuvent provoquer le bouleversement du nombre de récepteurs des neurotransmetteurs concernés, mais aussi d’autres phénomènes. Selon le type de molécule agoniste d’un neurotransmetteur, il existe 5 types de réactions : 1) Certaines provoquent une accoutumance révélée sous forme d’addiction avec, lors de sevrages, des troubles physiques et une forte irritabilité qui imposent la répétition de la prise de drogue pour les faire disparaître (cas du tabac par exemple) ! C’est ce qu’on appelle le « manque physique

Conséquences

2) D’autres provoquent tout autant une augmentation du nombre de récepteurs sans signes cliniques significatifs lors des sevrages. Toutefois, on peut concevoir qu’un nombre accru de récepteurs puisse « réclamer » une plus grande quantité de neurotransmetteurs et provoquer une recherche convulsive (inconsciente) de la répétition de la prise de drogue. Ne pas confondre avec le manque dit psychologique qui correspond plutôt au point suivant. 3) Une autre variante implique qu’une action euphorisante, anxiolytique ou stimulante masquent une sensation de stress ou de déprime que le cerveau, à l’état revenu « normal », n’arrive pas à compenser seul. Le « plaisir » ressenti par le cerveau fait que ce dernier réclame plus ou moins tyranniquement à en renouveler l’expérience. C’est ce qu’on appelle le « manque psychologique ». Pour la cocaïne, plus que le plaisir, c’est « l’accélération » qui est réclamée ! A noter que le terme « manque psychologique » est inapproprié et trompeur : en fait, il ne décrit que l’aspect visible du problème et non ses causes. 4) Certaines, comme le LSD, sont réputés ne provoquer aucune pharmacodépendance, mais notons que dans le cas de cette substance, la neurotoxicité est forte. 5) Enfin, le cas particuliers des opiacés ou ce n’est pas l’augmentation des récepteurs qui rentre en ligne de compte du manque physique, mais l’inhibition de la production des neurotransmetteurs (endorphine et endomorphine). En cas de « sevrage bloc », le cerveau n’arrive pas à reproduire immédiatement le neurotransmetteur que remplaçait la drogue. Le sevrage de certaines substances cumule plus ou moins plusieurs de ces actions de « manque » en même temps.

Impact social

Le sevrage provoque une période perturbée (de durée variable selon la nature du produit et le niveau de la perturbation neuronale) où le nombre de récepteurs et/ou la quantité de neurotransmetteurs, se modifient à nouveau pour finir par s’adapter à une production et une activité normale de ces derniers. Selon la substance perturbatrice, « le manque » est plus ou moins marquant pour l’organisme, les opiacés, le crack, le tabac, l’alcool et les barbituriques déclanchant des phénomènes impressionnants de manque difficiles à vivre et/ou dangereux pour les concernés. Le fait que l’usage de certaines des plus toxiques de ces substances soit socialement accepté dépend d’un contexte historique, économique et culturel dans son sens le plus large. Les amérindiens utilisent rituellement des hallucinogènes puissants, les occidentaux consomment de l’alcool que les orientaux interdisent. Le cannabis est interdit de façon globale mais c’est une des drogues la plus utilisée de part le monde avec l’alcool et le tabac.

Ceci dit, je dois vous rappeler que je n’ai au départ aucune formation médicale. Peut-être que cette définition sera incomplète ou partiellement inexacte car la chimie du cerveau semble être quelque chose de très complexe et je n’ai pas la prétention d’affirmer que je l’ai mieux saisie que nos spécialistes. Mais elle a le mérite d’être très différente de celles que nous avons lu jusqu’alors. C’est à mon avis, la plus impartiale, la plus complète et la plus scientifique du lot ! Je vous demande de pardonner pour ne pas avoir pu faire plus simple, pourtant je l’ai vulgarisée au maximum ! Qui dira mieux ?

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INFORMATIONS SUPPLEMENTAIRES :

Durée de détection des principaux

stupéfiants Durée "courte"

Amphétamines Benzodiazépines

jusqu'à 7 jours

Cocaïne et Crack

de 2 à 4 jours

Ecstasy

de 2 à 5 jours

Héroïne

de 3 à 6 jours

Méthadone Durée "longue"

de 2 à 4 jours

de 4 à 6 jours

Cannabis (cas particulier ) : - usage occasionnel - usage régulier

7 à 10 jours

plus de 30 jours

Nota : le temps de la durée de détection des “drogues” varie systématiquement d’une personne à une autre. Les différents paramètres qui interviennent dans ces variations sont : la quantité journalière de boisson (surtout de l’eau) et de nourriture absorbées, les particularités du métabolisme (surtout taille et poids), la capacité de drainage et filtrage des reins et du foie, de la qualité du stupéfiant utilisé et surtout de la sensibilité du test qui est soumis à l’intéressé.

Ce qui est écrit dans cet encadrement peut effrayer certains. Pourtant, qu’on le veuille ou non, la toxicomanie est une réalité qui connaît plusieurs centaines de morts par an. Il s’agit toujours d’accidents qui, dans la plupart des cas, auraient pu être évités si les concernés avaient eu accès à une information claires des produits utilisés. Utopique pour les drogues

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clandestines, ce genre d’information s’avère cependant efficace pour les médicaments détournés. Aussi, par soucis de réduction des risques, peut on trouver aujourd’hui des textes qui auraient inévitablement condamné leurs auteurs pour prosélytisme il y a seulement quelques années (encadré publié dans A.S.U.D. Journal n°11, page 25).

Nota : pour les cigarettes, le prix augmente sans arrêt. Il n'est indiqué ici qu'à titre de moyenne indicative. Pour le vin, nous ne parlons ici que de la qualité ordinaire. Les Alcools forts pouvant dépasser 100,00 F les 75 centilitres et les grands vins (ainsi que les alcools forts de luxe) atteindre des sommes “pas possibles”. Remarquez bien que seul la cocaïne et l’héroïne ont vu leur prix chuter depuis 1998, la cocaïne, par ce qu’il y en a trop, l’héroïne, parce qu’il y a bien moins de « clients ». Mais gageons que l’Héroïne va revenir en force à partir de 2010 (Guerre d’Afganistan)!

Caractères de Dépendance Dépendance Neurotoxicité toxicité des drogues physique psychique

Toxicité générale

Dangerosité sociale

Héroïne

Très forte

Très forte

Faible

Forte

Très forte

Ecstasy

Très faible

Mal connue

Très forte

Parfois très forte

Faible

Cocaïne

Faible

Forte

Forte

Forte

Très forte

Psycho-stimulants (médicaments)

Faible

Moyenne

Forte

Forte

Faible

Alcool

Très forte

Très forte

Forte

Forte

Forte

Benzodiazépines

Moyenne

Forte

Nulle

Très faible

Faible

Tabac

Forte

Très forte

Nulle

Très forte

Nulle

Cannabis

Faible

Faible

Nulle

Très faible

Faible

Le danger ne se trouve pas forcément où on le croit Magasine Prima, N° 193, Octobre 1998 Dans ce tableau, il apparaît que l’Alcool est la drogue la plus dangereuse avec l’Héroïne, et le Cannabis est “innocenté”. Ce qui est confirmé par un rapport réalisé par l’équipe du professeur Roques, pharmacologue à l’I.N.S.E.R.M.-C.

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3ème PARTIE :

PARTIE DÉVELOPPÉE POUR CETTE VERSION DE L’ŒUVRE : Extraits.

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/…


278


Extraits divers des parties l’œuvre en cours de réalisation :

Je n’ai pas joint ici tous mes écrits car certains sont encore incomplets, d’autres se classeraient plutôt dans un second tome. Beaucoup d’articles datent des années 90. Je ne les ai ni réécris, ni réactualisé car finalement, la situation n’a guère évoluée depuis, outre le durcissement de la répression. En attendant le jour de leur parution complète, et afin de vous faire patienter, j’aimerai bien commencer cette partie en vous faisant consulter la fiche de lecture de Frédéric Durand, un élève en droit (3ème année) de la F.A.C. de Grenoble résumant l’ouvrage suivant : “Drogues et Droits de l’Homme”, collection “les empêcheurs de tourner en rond”. Son résumé occupe six pages, mais je tiens ici à le transcrire intégralement pour que vous puissiez en apprécier le contenu entier : Par la même, je place ensuite une sélection (partiels ou complets) d’écrits et de reportage sur le Cannabis afin que vous constatez que je ne suis pas le seul à tenir de tels propos et que je n’ai menti ou exagéré en rien de ce que j’ai affirmé jusque alors.

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Drogue et droits de l’homme.

Introduction : “Notre conduite à l’égard des toxicomanes sera condamné comme l’a été celle tenue jadis à endroit des fous, des hystériques ou des vénériens”.

C

ette citation du psychanalyste Charles Melman, qui sert d’introduction à l’ouvrage aujourd’hui considéré, rend compte, de manière succincte mais réelle, des difficultés que font naître la confrontation entre les drogues et leur appréhension par les autorités à travers le monde et les droits afférents à la personne humaine. Ainsi, cet ouvrage est le compte rendu d’un colloque ayant réuni des juristes, des philosophes et des médecins venus exposer leurs différents points de vues et leurs expérience en ce domaine particulièrement sensible. Ces interventions diverses montrent, en effet, que dès qu’on pénètre dans l’univers de la drogue, les législateurs et les Juges entrent de plein pied, tout comme le “drogué” après sa consommation de stupéfiant, dans une autre dimension. Aussi, c’est en s’appuyant sur l’exposé de Francis Caballero, professeur à l’Université de Paris 10, et directeur du Centre d’Étude des Droits de la Drogue, que le lecteur prendra conscience de ce que peut être le pays des Droits de l’Homme dans sa pire expression. La comparaison avec les pratiques à travers le monde en matière de drogues viendront alors confirmer les propos de Thomas Szasz :

“La croisade contre les stupéfiants aura fait plus de mal à la cause de la liberté et de la dignité humaine que tous les conflits armés de la terre.”

I) Drogues et droits de l’homme en France. Depuis la loi du 31 décembre 1970, relative à la lutte contre la toxicomanie, on devrait plutôt intituler cette partie : “Drogues ou droit de l’homme en France”. En effet, les atteintes au droit des usagers, tels que la loi les décrits, sont telles que les deux notions paraissent difficilement compatibles. Quand au droit des trafiquants, on passe de l’incompatibilité à la négation parfois pure et simple.

A) L’usager et les Droits de l’Homme : L’article L628 du Code de Santé publique punit d’une peine d’emprisonnement d’un an et une amende de 500 à 8 000,00 F l’usage, même solitaire, par une personne majeure, à son domicile privé, d’un produit absorbé volontairement. Cela constitue une atteinte à plusieurs libertés fondamentales : - Le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. - Le droit de chacun sur son propre corps. - Le droit à la vie privée. Bref, il s’agit d’atteintes à la liberté dans ses composantes les plus essentielles. L’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 dispose donc que la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. L’article 5 ajoute que “la loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. A contrario, la loi ne peut interdire les actions qui ne portent atteintes qu’à l’intégrité de l’individu lui même. Or tant qu’il reste solitaire et qu’il ne répand pas son vice, l’usager ne nuit à personne d’autre qu’à lui même. En le punissant d’un an de prison, l’article L628 apparaît comme contraire aux Droits de l’Homme. 280


Il s’agit alors pour Francis Caballero de faire reconnaître le droit d’absorber volontairement une substance toxique en vue de se procurer des sensations. La critique vient alors rapidement : il s’agirait d’un véritable droit de se détruire ne pouvant être reconnu comme une liberté fondamentale. Pourtant cette liberté existe bien, la tentative de suicide comme l’automutilation n’étant pas réprimés, sauf dans le cadre militaire. De plus, les comportements à risques en vue de se procurer des sensations sont généralement tolérés par le droit même s’ils sont dangereux. C’est notamment le cas des courses automobiles, du saut à l’élastique ... Il en va de même dans le fait de boire de l’Alcool, de fumer du Tabac, de prendre des tranquillisants ... qui fait environ 100 000 morts par an en France. Il faut pourtant noter qu’il existe en droit français des exemples de répression des comportements à risques (ceintures de sécurité, casque, vaccination). Leur non respect est faiblement réprimé (contraventions) et respectent la proportionnalité indispensable à toutes lois pénales. Or l’usage illicite de stupéfiant est un délit puni d’emprisonnement et l’article L628 viole le principe constitutionnel de proportionnalité. En effet, un an de prison pour celui qui “fume un joint” n’apparaît pas comme une peine strictement et évidement nécessaire. Enfin, la prohibition comme moyen de protection de la santé publique apparaît aujourd’hui dépassée (pour autant qu’elle ait été justifiée un jour), car en plus des overdoses et des empoisonnements dues à l’adultération des produits qu’elle entraîne, la lutte contre le S.I.D.A. et autres Hépatites en a été d’autant plus difficile à mettre en œuvre. Et la liste des droits de l’usager bafoués par la législation française en matière de drogues est encore longue ... Ceux du trafiquant, paria du droit pénal et de la procédure pénale, sont réduits à peu de choses. Le trafiquant ne serait il pas un sous-homme qui ne mérite qu’un sous-droit ? B) Les droits du trafiquant. Au niveau de la compétence des juridictions, la peine d’emprisonnement pour un délit est de cinq ans maximum (correctionnelle). Au delà, il s’agit d’un crime qui relève de la cour d’assises (jury populaire). Hors, dans le cas du trafiquant, une peine correctionnelle de vingt ans d’emprisonnement va pouvoir lui être appliquée, doublée à quarante ans en cas de récidive. Suivant le même schéma, le délit de trafic est soumis à la réclusion criminelle aussi bien pour l’action publique que pour l’exécution de la peine. L’article 5 du code pénal qui fixe la règle de confusion des peines (peines criminelles absorbant une peine correctionnelle) est remis en cause par l’article L630-3 du Code de Santé publique qui considère “comme de même espèce” une peine correctionnelle pour trafic et une peine criminelle. La loi du 09 Septembre 1986 prévoit, quand à elle, une période de sûreté pour trafic, égale à celle des crimes d’homicide volontaire. Ces régimes dérogatoires se retrouvent de la même manière au niveau de la procédure puisque l’article 59, alinéa 1 du Code de Procédure Pénale interdit les perquisitions de nuit entre 21 heure et 6 heure du matin, sauf en matière de stupéfiant où cette garantie de la vie privée est supprimée. La garde à vue du trafiquant de stupéfiant déroge, quant à elle, aux 24 heures renouvelables une fois du droit commun, puisque sa durée est prolongée à quatre jours. Le principe même de la légalité est méconnu dans le domaine décidément très spécial de la drogue, puisque la notion de stupéfiant, au centre de l’incrimination, n’est pas définie par la loi et est donc source d’arbitraire.

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Enfin, la présomption d’innocence est battue en brèche par la peine pécuniaire particulière au trafic, à savoir la confiscation générale des biens qui vient ainsi pénaliser la famille innocente du trafiquant. On pourrait continuer la litanie avec la violation de la règle “non bis in idem” (on ne peut pas être puni plusieurs fois pour la même peine) par le cumul des amendes pénales et douanières pour un même fait ... etc., etc.

“Les pires fléaux qui peuvent s’abattre sur l’humanité ne permettent pas de donner congé aux principes généraux du droit et de se situer d’emblée et sans réserve sous l’empire de législations d’exceptions”.

Cette déclaration de Jean-Michel Belorgez, député et président de la Commission de Affaires Familiales et Sociales de l’Assemblé Nationale, résonne cruellement dans les oreilles de ces femmes et hommes condamnés par l’application de ces lois liberticides.

II) Drogues et droits de l’homme dans le Monde. L’intervention d’Alain Labrousse, président de l’Observatoire Géopolitique des Drogues, vient relativiser les atteintes aux Droits de l’Homme existantes en France en matière de stupéfiant. En effet, bon nombre de pays exécutent purement et simplement les trafiquants. C’est notamment le cas de l’Égypte qui en 1992 à condamné un petit dealer récidiviste. Il en va de même en Malaisie, au Bangladesh, en Arabie Saoudite, en Birmanie, en Syrie, Indonésie, au Nigeria, à Singapour, en Iran, ... autant de pays ou la démocratie est absente. La Chine se distingue également dans ce domaine, en faisant payer la balle qu’on loge dans la nuque des trafiquants, par la famille de ce dernier. On pourrait croire ce genre de pratiques réservé aux pays sous-développés. Dans les faits il n’en est rien et l’exemple des États-Unis est particulièrement frappant. A contrario, la politique des Pays-Bas, longtemps considéré comme le “Traître” de la “Guerre contre les drogues”, parait plutôt aujourd’hui être le plus respectueux des Droits de l’Homme en ne marginalisant pas l’usager de drogue et en conservant au toxicomane son statut de citoyen à part entière.

A) La situation aux États-Unis. Cette situation découle directement du contexte constitutionnel et pénal particulier de ce pays. Le droit pénal fonctionne selon “l’Adversarial-System”, c’est à dire le système contradictoire et accusatoire. Cela suppose un certain nombre de règles et de procédures : - La présomption d’innocence. -Le droit garanti par la constitution de ne pas s’incriminer. - L’obligation pour les forces policières de respecter ces droits sous peines de sanctions ou même de l’acquittement de l’accusé. - La relative rareté de détention avant le procès. Toutes ces règles, et d’autres, vont voir leur respect mis à mal par l’application de la loi sur la Drogue. Après la politique des années 1970-80, la déclaration de “Guerre contre les Drogues” du président américain Bush en septembre 1989, entraîne une accumulation de pratiques illégales et immorales dans la répression des délits de drogue. Ainsi, quelques états américains ont rétabli la peine de mort, y compris et notamment pour “les crimes reliés à la drogue” (voir la récente exécution d’une femme au States) recouvrant les crimes présumés commis sous influence d’un produit toxique défini comme illicite, les crimes commis pour se procurer de la drogue, pour en tirer des bénéfices de son commerce, pour cacher ses profits, les” règlements de comptes” entre trafiquants. 282


Les tribunaux ont alors suivi le mouvement en recourant à des peines d’emprisonnement de façon démesurée. De même, on a vu les candidats ou les employés déjà en poste dans la Fonction Publique, se faire exclure pour consommation de drogues avec l’imposition de test de dépistage votés par le congrès. Le système accusatoire et la présomption d’innocence déjà cités entraînent également des conséquences importantes et des atteintes aux droits et libertés de l’homme qui le sont tout autant. Cela oblige, en effet, le Ministère Publique et en particulier les corps de Police à utiliser des méthodes “non-orthodoxes” et finalement complètement illégales et immorales : - Formation d’escouades d’agents double. - Formation d’agents provocateurs pour la poursuite des trafiquants. - Autorisation législative de la violation des domiciles pour surprendre les usagers et ce au mépris du respect de la vie privée, pourtant garantie par la Constitution. - La répression du crime de possession oblige les forces de l’ordre à des voies de faits sur les personnes. Elle conduit à la brutalité policière pour faire rendre la drogue qu’un prévenu aurait en sa possession (ou le pousser à l’aveu). - L’utilisation d’armes à feu dans l’appréhension des suspects, des armes contondantes pour détruire le mobilier et les portes d’entrée des demeures dès que l’on soupçonne, par délation notamment, qu’il se trouve là des substances illégales. - On voit alors apparaître une institutionnalisation de la fraude des faux semblants et de la duperie dans les pratiques policières. Or ce sont là des crimes définis par les Codes Criminels américain. Comme en France, les perquisitions de nuit de domiciles privés, la confiscation d’objets personnels présumés reliés à la drogue sont monnaie courante. Des raids armés ont ainsi lieu dans les bars, les cafés, les salles de spectacle ... D’autres pratiques apparaissent carrément inhumaines. C’est le cas par l’exemple dans l’état de New-York où on enlève les nouveaux nés à leurs mères réputées cocaïnomanes et dans plusieurs états américains, on force les femmes qui s’avouent cocaïnomanes à avorter.

Ce sont là des pratiques eugénistes qui flirtent avec le fascisme.

On le voit, les entorses aux droits et libertés des citoyens, commis en toute illégalité et en toute anti-constitutionnalité dans l’application des lois sur les drogues, sont nombreuses et graves aux États-Unis, pays qui avait pourtant voulu se doter d’un système juridico-pénal en théorie propice au respect des personnes et à l’équité en manière générale. C’est donc peut-être par anticipation et par réaction à ce genre de problème qu’un pays européen, les Pays-Bas, s’est doté à partir de 1972, d’une politique basée sur la santé publique et visant une réduction des risques liée à l’usage des drogues.

B) L’exemple des Pays-Bas. C’est pour ne pas perdre contact avec ses futures dirigeants et intellectuels, que les autorités hollandaises ont autorisé l’usage expérimental et récréatif de la Marijuana.

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Au début des années 80 et devant le succès de cette première expérience, les néerlandais ont progressivement élargi le modèle de la réduction des risques aux autres drogues, notamment en mettant sur pied un programme d’échange de seringues destiné à prévenir la transmission de l’hépatite B chez les usagers intraveineux de drogue. En fait, ils avaient compris qu’influencer les modes de consommation de drogue ne peut se faire qu’avec les consommateurs et non contre eux. Il s’agit de constituer ces toxicomanes en partenaires pour négocier avec eux l’élaboration des politiques à l’égard des drogues, politiques qui les concernent au premier chef. La politique officielle des Pays-Bas est basée sur l’idée que les utilisateurs de drogue doivent être traités autant que possible comme des citoyens “normaux” auxquels nous posons des exigences et des chances “normales”. Le consommateur n’est alors plus exclu a priori par la criminalisation et/ou la pathologisassions. Cette attitude du gouvernement hollandais a également un but préventif en éliminant la fascination et l’idéalisation mal placée dont sont l’objet les toxicomanes par certains jeunes. En démystifiant le “Junky”, en le faisant tomber du “haut de son piédestal”, en le traitant comme un individu normal, il perd, du coup, tout pouvoir fascinant pour les jeunes. Cette politique à contre courant de la plupart des autres pays industrialisés a vu son utilité renforcée, avec l’avènement et le développement du S.I.D.A.. Alors que la croissance de l’épidémie a été stoppée en Hollande, en France cette croissance est exponentielle. Malgré cela, les autorités françaises, dans l’optique de la mise en place des accords de Schengen, souhaitent une modification de la législation des stupéfiants aux Pays-Bas. On croit rêver ! Surtout quand on observe qu’en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Suisse, en Espagne, en Italie, ... des politiques de réduction des risques copiées sur le modèle hollandais sont mises en place. On retrouve même au niveau européen, des politiques d’actions similaires présentées par le Conseil des Ministres de la Santé des états membres de la C.E.E.. Or, réduire les risques est incompatible avec une pénalisation de l’usage des drogues : on en peut à la fois négocier avec un partenaire et s’adresser à lui comme à un criminel et comme un malade. Ainsi, si la France a récemment autorisé la vente libre des seringues en pharmacie, la possession (détention) d’une seringue, si elle ne constitue plus un délit en soi, est l’indice d’un autre délit, celui d’usage de drogue. Les toxicomanes n’ont donc toujours pas intérêt à avoir une seringue dans la poche et continueront donc à les partager. Enfin, la pénalisation de l’usage de Cannabis, le moins dangereux des stupéfiants, a pour conséquence de criminaliser de très nombreux jeunes, de les mettre en contact avec le marché clandestin de tous les stupéfiants et d’empêcher toute tentative de prévention des problèmes liés à cette drogue. Pour conclure, l’exemple hollandais nous démontre que l’élaboration démocratique d’une réponse efficace aux problèmes de la drogue, suppose d’y associer les usagers de drogues considérées comme des citoyens normaux. En refusant ce débat, la France se met à l’écart des autres pays européens et contribue à la marginalisation de sa jeunesse, à la croissance du S.I.D.A. et remet en cause son qualitatif séculaire de pays des droits de l’homme.” Frédéric Durand J’ignore quelle notation a reçu cet élève, mais il a réussi à bien cerner ce qui ne va pas dans cette lutte aveugle contre les stupéfiants. Le sujet du livre était, certes, fort porteur; mais il a su parfaitement décortiquer, planifier et résumer les points les plus importants sans leur faire perdre de leurs caractères démonstratifs et persuasifs. On y ressent le “gars doué”, doté d’un fort esprit de synthèse et d’une maîtrise très correcte de l’élocution et de la portée des termes choisis. On y ressent aussi l’expression d’un très bon technicien du droit qui nous redonne espoir pour ce qui est de la relève par la nouvelle génération. Enfin, à mon tour de conclure car nous arrivons à la fin de cette édition provisoire (ce livre est sans cesse évolutif et demeure actuellement inachevé en bien des points). A mon avis, après l’étude entière de cette partie au stade ou elle en est, le cas des drogues est l’exemple parfait qui nous instruit des faiblesses et dysfonctionnement de notre société. 284


Pour ce qui nous intéresse au plan politico-économique mondial : l’étude approfondie de la lutte contre la drogue avec l’exemple propre du Cannabis, prouve l’existence d’une volonté politique organisée œuvrant contre la cause des droits de l’homme, de la liberté et du bonheur écologique. Cette forme de renaissance du fascisme s’est aujourd’hui revêtue de l’habit de la bonne morale, du combat du bien et tient un discours qui trouve caution auprès des peuples à coup de mensonges, d’exagérations, de manipulations, d’hypocrisie, de non-dits et de bourrage de crâne. Le vrai fascisme, pur, dur et sans “tra-la-la”, attend son heure pour refaire surface au grand jour. Notons qu’il est déjà au pouvoir (du moins, “membres actifs” en place au sein de tous les ministères et postes importants), pour peu qu’il en ait été réellement chassé en 1945. On pourrait développer ici, avec comme exemple, le cas Papon. En revanche, sur le plan typiquement français, on peut accuser les services répressifs de cette lutte contre la drogue de saboter systématiquement toutes approches autres que la répression pure. Cette complicité à une conduite dénoncée aujourd’hui comme illogique, illégale et criminelle sur plusieurs plans, nuit fortement aux concernés, mais aussi discrédite notre passé révolutionnaire et humaniste aux yeux du reste du monde. Le responsable ce cet état de fait est la passivité de tous : les différents gouvernements et politiques nommés depuis des lustres, les Juges et les procureurs et les flics qui se prêtent aveuglément au jeu de la sanction, de la fausse morale et de la promotion. Mais aussi les électeurs qui cautionnent cette lutte, ceux qui savait et ne disaient rien et ceux qui “s’en foutaient”, vous et moi qui avons laissé faire ... jusqu’aux toxicomanes qui se laissaient nommer ainsi et se faire persécuter sans même “rouspéter”, sans s’organiser, se regrouper. Attention, dans les services de lutte concernés, se trouvent des gens honnêtes qui n’apprécient pas forcément le rôle qu’on leur demande de jouer, ou que d’autres qu’eux jouent. Mais que peuvent il faire sinon pratiquer en douce un peu de clémence à leur niveau ... et parfois se faire “virer” (ou se faire mettre sur la touche). ... Entendons que, comme de multiples intervenants d’autres secteurs, ils se sont fait abuser de leur bonne foi et qu’ils se retrouvent confrontés à une situation “pas possible”. Mais force est de reconnaître, qu’en France, au niveau des préfectures et des grandes villes, le pouvoir du judiciaire et de la Police règnent en maître sur le peuple où privilèges, “apparence de bonne morale” et respect de l’autorité priment sur tous soucis de Justice réelle et d’efficacité. Les politiques passent, les fonctionnaires, eux, restent. Quelques soient l’orientation ou la volonté des politiques du moment, seule la leur compte au plan local. C’est le cas de la circulaire Pelletier (1976 demandant aux Juges et procureur une certaine clémence envers les usagers simples de drogue, notamment au sujet du Cannabis) qui ne fût que très rarement appliquée. Voilà ou le bas blesse : les Juges et la Police ont trop de pouvoir, ce dernier s’étant encore accru ces dernières années. Mais sont à la fois trop astreint à la décision politique. Une armée d’arrivistes passent les études et les concours correspondants afin d’y rentrer faire carrière et de servir leurs idéaux politiques et/ou leurs intérêts personnels. Ceci n’est pas le fruit du hasard, les gens aisés de la droite poussant leur progéniture dans des études débouchant à des postes clefs de la société. N’est-il pas connu qu’en F.A.C. de droit on y trouve beaucoup d’éléments fascisants. A noter une “entente”, des échanges de points de vue et un souci d’organisation et de continuité de la phase répressive rendus possible lors de dîners entre Juges, préfets, flics et procureurs. Comme tout membre d’élite qui se respecte, ils s’entretiennent aussi en dehors du cadre de leur travail et essaient de travailler à l’application “d’une certaine idée de la France”. Le discours tenu alors et officieux et pas toujours conforme aux intérêts publique mais plutôt a ceux politiques et personnels des individus y participant (exemple : un Juge peut autoriser telle descente de Police dans un quartier parce que des élections sont proches et que ce devrait être bien perçu par l’électorat, qui le lui à demandé ?). Cette manière de faire, difficile à prouver car le contenu de ces échanges de propos gardent tout de leur coté confidentiel et officieux, dénonce l’existence d’une mentalité rétrograde, et d’une volonté, de la part des notables, élus, et exécutifs locaux, à vouloir diriger le pays comme aux temps ou la France n’était pas encore une démocratie.

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Dessin piqué à "Charlie Hebdo" (N° 165 du 16 Août 1995, page 3) Ces prises de positions personnelles dérogent donc au paragraphe 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui stipule que “... cette force (publique) est donc instituée pour l’avantage de tous et non ceux à qui elle est confiée”. Le problème enfin analysé, décortiqué et compris, que faire pour y remédier ? Il faudrait peut-être limiter la durée, en temps, de leur fonction, et les faire élire publiquement, un peu comme aux U.S.A., afin qu’ils se sentent un peu moins “de droit divin” et intouchables. Le diplôme ne suffira plus, il faudra alors aussi être élu (donc être humain, efficace et capable pour pouvoir rester en poste). Le peuple pourra alors enfin exercer son droit inaliénable (mais jamais jusque alors respecté) représenté par l’article 15 de la “Déclaration des droits de l’homme ...” stipulant : “... la société à le droit de demander des comptes à tout agent de son administration ... ” en y adjoignant le pouvoir de sanction (élections). Autre limitation de pouvoir à leur imposer : retirer au judiciaire, en matière de drogue, le droit de s’immiscer dans l’intimité de chacun. Donnez aux médecins les réels moyens de traiter le problème et arrêtez de les forcer à “gouverner les consciences”, bref, d’être la continuité du “Flic” dans la répression. Ceux qui nous mentaient ont étés démasqués, on sait quoi faire pour changer le cours des choses, reste à joindre l’acte à la pensée.

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Dessin piqué à "Fumée Clandestine " Tome 1, page 176 (de Faujour)

Appel à la “révolte passive” : J’appelle par la présente, toute personne honnête en lui même, mécontent de la société actuelle et consciente des dangers que représentent l’industrialisation et un modèle de société de consommation à outrance, - rejetant le principe de l’argent pour l’argent et des laissés pour compte, j’appelle celles et ceux qui aspirent aussi à plus de liberté individuelle, plus d’expression de cette liberté, - j’appelle celles et ceux qui veulent réussir par le travail dans un monde plus juste et pas forcément dégradé, celle et ceux qui veulent qu’on stoppe ces folies et qu’on répare nos erreurs, les victimes d’injustices, ... … brefs j’appelle tous ceux qui souhaitent un monde meilleur, de saisir leur chance et leur courage et de devenir enfin quelqu’un de digne qui fait quelque chose “d’important” dans sa vie. Révoltez vous pacifiquement en réclamant vos droits naturels, faisons tomber en douceur ce vieux système et remplaçons par la “société du bio”, descendez tous dans la rue quand ceux qui bougent pour le juste vous le demanderont.

“Jeunes, l’avenir vous appartient, ne le laissez pas dans les mains de « vieux cons » dangereux” ... ... regardez ce que cette génération a fait du monde, ce sont des égoïstes qui désirent vivre « leur dernière ligne droite », celle qui mène à la tombe, le plus confortablement possible. Ils s’en « foutent » de vous laisser en héritage une planète détraquée ! Participons à un mouvement qui peut devenir planétaire puisque le monde entier à, par principe, les yeux fixés sur nous (la France). 287


Laissons ceux qui orchestrent ce changement affronter “les fossiles” de la pensée “pré-biologique”, mais aidons les à chaque fois que la force ou la ruse se dressera contre eux : en étant des millions dans les rues, ceux qui, par principe, doivent nous servir n’oseront pas user de violence; en France : “cogner” sur une majorité n’est pas légal. “Réclamons immédiatement un grand débat national sur les thèmes des drogue et d’un changement de constitution, l’abrogation des lois sur les drogue et la cessation des poursuites des incriminés, l’abandon progressif de l’emploi des dérivés pétroliers sur 10 ans, l’abandon progressif du nucléaire sur 30 ans, ajoutons les Devoirs de l’Homme envers l’Écologie aux Droits de l’Homme, refondons et simplifions le système judiciaire, et créons une société d’abondance dans le sens écologique du terme”. “Résister à l’oppression”, une telle démarche est légale car constitutionnelle; vous en avez le droit et le devoir d’après le paragraphe deux de la Déclaration des Droits de l’Homme. En matière de politique envers la toxicomanie, et de politique qui y est liée, vous savez presque tout maintenant. Beaucoup d’entre vous étaient certainement loin de ce douter de ce que cachait le problème des drogues et de l’interconnexion avec d’autres problèmes de société. Mais le revers de ce savoir que je vous ai transmis, fait de vous des êtres responsables qui ne peuvent plus se voiler la face.

Choisissez votre camp maintenant ... !

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FRANCE : EXEMPLES DE CENSURE :

J’accuse l’article L 630 (et son successeur) d’être un instrument de censure anticonstitutionnel dans la mesure où il bâillonne infailliblement toute tentative d’expression cannabique lorsque cela devient “dérangeant” pour le pouvoir en place. Il contrevient à l’article 28 de la déclaration des droits de l’homme de 1948 car il est écrit de sortes qu’on ne puisse pas le modifier ou le remettre en question. Il censure en outre le discours légitime du rétablissement de la vérité et autorise qu’on puisse exprimer toute les absurdités et exagérations possibles quand au sujet des drogues. 1er exemple (lire absolument en complément le PDF : UN ÉLÉPHANT ROSE ASSASSINÉ PAR LA JUSTICE, présent dans le DVD n°1 de cette encyclopédie : A titre d’exemple, citons le cas de la revue “L’Éléphant Rose”. Le 03 Mars 1997, la dixième Chambre de la Cour d’Appel de Paris à confirmé la condamnation de Gérard Jubert, le directeur du bimestriel. Comparaissant sous le chef d’inculpation de :”la provocation et/ou la présentation sous un jour favorable” de la consommation de Cannabis. Il a été condamné à 10 mois de prison avec sursis et 300 000 F d’amende par la 16ème Chambre Correctionnelle du Tribunal de grande Instance de Paris. Cette condamnation à entraîné la fin de la parution du magasine et Gérard Jubert à décidé de se pourvoir en cassation. Bon nombre de journalistes, revues, hommes politiques et personnalités, ou des associations comme Reporters Sans Frontières dénoncent ce scandale et cette injustice. Ce cas incarne à lui tout seul une grande part des revendications des gens de l’herbe. Regardons les faits. En 1996, “l’Éléphant Rose” sort son dernier numéro. De bon matin, il parait dans tous les “kiosques” de l’hexagone et un titre accrocheur attire l’œil d’un gendarme qui achetait des journaux pour sa compagnie. “Gagnez une galette de Marijuana” affiche la revue. « C’en est trop » ! Le militaire achète tous les exemplaires du magasin. L’après-midi même, la préfecture saisit tous les exemplaires de l’Ile de France et la même sanction s’étend au reste du pays le lendemain et les jours suivants. Jusqu’à là, pas de quoi “fouetter un chat”, il y la loi; le Cannabis est interdit et le gendarme en question fait son boulot ; on peut même sous-entendre qu’il a l’œil exercé. Mais alors où est le problème ? J’ai aussi consulté la revue en question et voilà, en fait, de quoi il s’agit : “Une Galette de Marijuana”, le terme utilisé par la revue, était une traduction française du titre anglais d’un C.D. musical. Car, en informatique, comme en musique, un CD s’appelle une « galette ». Gagner la galette en question signifiait uniquement gagner le disque qui contenait des chansons sur le thème de la marijuana, et non pas un gâteau à l’herbe. Un jeu de mot qui coûta cher à la revue. Saisi à l’origine pour soupçons de participation à un trafic de Cannabis, le périodique en question se retrouva inculpé de prosélytisme à défaut de pouvoir lui reprocher autre chose. Il fallait bien que la Justice se sorte indemne d’une situation ridicule, et que la morale ainsi que les valeurs républicaines et l’assise de l’autorité de l’État soient sauves. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. On punit plus en fonction du “on-dit” qu’en fonction de la réelle justesse de l’acte commis. La loi Française est censée être la même d’un bout à l’autre du territoire (sauf exceptions culturelles) et devrait, en matière de drogue, l’être plus encore que pour les autres secteurs de la criminalité. On s’aperçoit, après étude, que ce n’est pas le cas, loin de là. 1) La “palette” de sanctions étant tellement vaste et répressive, vous ne subirez jamais la même peine d’un tribunal à l’autre. De part la loi, un Jugement de possession (détention) de Cannabis sous forme d’herbe (consommateur non trafiquant) va de l’acquittement (avertissement sans sanctions, pas d’inscription au casier et confiscation du stupéfiant suivit) à 10 ans si le gars en question en a beaucoup et l’a fait pousser sur son balcon. Dans les faits les sanctions extrêmes ne sont jamais appliquées mais pourquoi alors maintenir des lois si sévères si on ne les applique pas ? 289


2) En matière de trafic et consommation de drogue, les droits fondamentaux des individus sont bafoués. Le simple fait d’expliquer à un Juge qu’il se trompe sur la réelle nature du produit et de citer des exemples vrais de façon à argumenter sa défense relève du même article de loi qui condamna “l’Éléphant Rose” : “présenter sous un jour favorable ...”. Vous ne pouvez que vous taire si vous ne voulez pas “aggraver votre cas”. Insister peut énerver le juge, ce qui n’est pas bon pour votre « cas ». 3) Puisqu’on parle de faits, je décris la “Démocratie Française” d’aujourd’hui (celle d’hier aussi, certainement) comme fonctionnant sur le modèle suivant : Si un périodique, une personne physique, un groupe de personnes écrit sur le sujet Cannabique et qu’ils restent dans leur coin sans se faire remarquer, sans faire de vague, laissons les faire, on est en démocratie tout de même .... En cas de léger dérapage, les sanctions sont généralement peu sévères. Si ce même périodique, ou personne(s) physique(s) attirent l’attention, font du bruit ou prennent de l’importance et/ou de l’ascendant au sein de l’opinion publique, il faut les “sabrer“ et “couper court” à tout élan pouvant devenir mouvement. Ici, le dérapage est “provoqué” et les sanctions sévères. On ne badine pas avec l’autorité. Si ce n’est pas de la dictature, cela s’appelle sans doute de la “Démocratie contrôlée”. J’attire votre attention sur le fait que l’article de loi en question sur le prosélytisme est anticonstitutionnel et critiqué comme tel par bon nombre de personnes (dont beaucoup d’avocats et de gens de droit) puisque dérangeant à un autre article de loi sur la liberté d’expression. (loi de 1881 relative à la Presse). La suite de l’histoire déclenche la colère des politiques et magistrats honnêtes, fait réagir beaucoup de personnalités et d’associations. C’est le cas de l’A.N.I.T., de l’A.S.U.D., de A.I.D.S., de la “Ligue des Droits de l’Homme”, de “Limiter la Casse”, de “Médecins du monde”, de “Technoplus”, de “Act’up”, de “Anima’fac”, du “Parti Radical Socialiste”, du “Syndicat de la Magistrature, des “Verts”, ... je ne peux malheureusement pas tous les citer ici. Cette histoire ne va pas en rester là, car les personnalités en question semblent s’être regroupées et vouloir changer les choses. Ce lundi 23 février 1998, coup de théâtre : faisant parti du mouvement en question Bernard Kouchner “pousse sa gueulante” sur T.F.1, argumente précisément le problème et demande un changement radical de politique envers la toxicomanie. Il y dénonce alors, des abus et des conduites contradictoires de la part des différents services chargés de la répression de la toxicomanie et que cette dernière a été totalement incapable, en 28 ans, à résoudre le problème.

2ème exemple :

Pour traiter cet exemple, il suffira de citer un passage du livre de poche : Cannabis : “lettre ouverte aux législateurs” du C.I.R.C., éditions “l’Esprit Frappeur”. À la fin de l’ouvrage (page 85), l’association fait un petit topo de son historique depuis sa création. Avant cela, précision que le C.I.R.C. représente l’essentiel de l’actualité cannabique en France. Le début de la citation qui va suivre ne répond pas directement à notre sujet, mais est nécessaire à connaitre pour comprendre la répression qui va s’en suivre. “ ... Le C.I.R.C., une nécessité.

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Parce que le discours officiel refuse de distinguer entre les drogues, diabolise le Cannabis et ses usagers, par ce que les amateurs de Chanvre Indien sont victimes d’une répression au petit malheur la chance, la nécessité de créer une association s’est imposée. Avant-hier : Avant de s’imposer comme source d’information, le C.I.R.C., association d’usagers revendiquant la liberté de s’adonner au plaisir de consommer du Cannabis de bonne qualité à un prix raisonnable, s’est heurté au prudent silence des médias expliquant qu’ils évoqueraient notre travail le jour ou se présenterait une opportunité ... Une opportunité que nous dûmes créer. En février 1992, lors d’une manifestation contre le racisme, nous avons distribué 600 joints d’herbe. En septembre de la même année, nous avons envoyé à la Presse une “barrette de Tchernobyl” accompagné d’un texte où le C.I.R.C. demandait quelle serait la réaction d’un amateur de bon vin qui ne trouverait plus sur le marché que de la piquette hors de prix. La première action nous valut une visite des gendarmes à notre adresse postale et la seconde, un article dans le magasine Actuel. Nous étions alors condamnés à faire de la provocation pour qu’on daigne écouter notre discours. Hier : En 1993, le C.I.R.C. décide de relancer à sa “manière”, l’Appel du 18 joint lancé en 1976 par Libération et organise avec les Éditions du Lézard, la première journée Internationale sur le Cannabis. Jack Herer, l’auteur de “l’Empereur est nu” et fondateur de l’association H.E.M.P. (Help End Marijuana Prohibition), Thomas Szasz, auteur d’un livre culte : “la Persécution rituelle des drogués, des représentants d’associations européennes, des personnalités du monde politique, médical ou juridique, se sont retrouvés au Trianon à Paris sous le regard médusé de la brigade des stupéfiants pour démontrer brillamment tant l’absurdité que la dangerosité de la prohibition du Cannabis. Est-ce une hasard si Charles Pasqua annonçait quelques jours plus tard un grand débat sur la dépénalisation des drogues douces qui ne vit jamais le jours. 1993, c’est aussi l’année ou le C.I.R.C. se dote d’un 3615. Il permet non seulement de mieux informer, mais aussi nous rapporte assez d’argent pour louer un local, concevoir de nouveaux tracts ou payer les timbres. Puis vient 1994. Le C.I.R.C. correspond désormais avec les associations dans le monde entier, recueille de nombreuses informations sur le Cannabis, ses utilisations thérapeutiques, écologiques, ou sur les risques liés à sa consommation. Nous consacrons une semaine entière au Cannabis avec concerts, projection de films cannabiques, débats, et en collaboration avec les Éditions du Lézard, une seconde Journée Internationale du Cannabis. Pour terminer en beauté la semaine, plus de deux milles fumeurs réunis Parc de la Villette osent montrer le bout de leur pétard et réclamer : 1- le retrait immédiat du Cannabis du tableau des stupéfiants, 2- l’amnistie pour toutes les personnes victimes de ce classement inepte, 3- l’abrogation de l’article L630 du Code de la Santé publique et l’ouverture d’un débat sur les modalités de la sortie de la prohibition des drogues. Le C.I.R.C. à prouvé, en témoignant à la Commission Henrion, en participant au collectif Limiter la Casse, ou encore en intervenant à la Huitième Conférence Internationale sur la Réduction des Risques Liés aux Drogues, que les usagers sont des experts au moins aussi qualifiés que les policiers, les juges et les médecins. Longtemps boudés par la Presse, le C.I.R.C. devient alors une référence en matière de documentation sur le Cannabis. Il alimente en matière première de nombreux dossiers de Presse qui reprennent ses informations et analyses. Il est, en général, récompensé par un petit encadré où il est invariablement présenté comme une bande de joyeux farfelus, amateurs de gros pétards.

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Cette image n’empêche pas le C.I.R.C. d’être entendu et écouté par les médias, ce qui va amener les divers fonctionnaires chargés de la prohibition de tenter, mais en vain, de le réduire au silence. Commence alors une série de convocations dans divers commissariats ou gendarmeries. Puis c’est au tour de la Brigade des Stupéfiants de Paris de convoquer J.P. Galland, le président du C.I.R.C.. En novembre 1994, perquisition au local ! Les inspecteurs saisissent tout ce qui leur tombe sous la main, embarquent 5 000 exemplaires de “Double Zéro“ fanzine magasine publié par l’association, des autocollants, des affiches, et tout nos tee-shirts. France Telecom, Juge et partie, coupe d’autorité le 3615 sous prétexte qu’il présente le Cannabis sous un jour favorable. Jugé, le président du C.I.R.C. est condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 F d’amende ... une amende qui montera à 30 000 F en appel. En 1995, le C.I.R.C. essaimant dans toute la France, nous décidons de créer la Fédération des C.I.R.C. regroupant tous les C.I.R.C. régionaux. Jean Pierre Galland est une nouvelle fois condamné à 3 mois de prison avec sursis et 10 000 F d’amende pour un tract intitulé : “Les 10 choses que chaque parent, enseignant ou adolescent devrait savoir à propos du Cannabis. Certaines manifestations (Le Mans, La Rochelle, Bordeaux) organisées par les C.I.R.C. régionaux sont interdites. Et le 1er Avril, nous sautions dans le train pour Lyon où se déroule une manifestation contre la prohibition des drogues ...Au passage, nous transformons l’espace fumeur du T.G.V. en cannabistrot à grande vitesse. Chaque année le C.I.R.C. organise la manifestation du 18 joints. Le 16 juin 1995 était prévu une soirée privée sur un thème cher au C.I.R.C. : “cannabistrot, mythes et réalités”. Le lendemain devait se tenir un salon du cannabis en présence de nombreuses associations européennes. Et le 18 juin, comme l’année précédente, nous appelions les cannabinophiles à se retrouver sur les pelouses du Parc de la Villette. Quelques jours avant la date fatidique, Philippe Massoni, le Préfet de Police, nous interdisait de nous réunir, l’association “ayant manifestement pour but” ..., précise le procès verbal, “de présenter sous un jour favorable des produits stupéfiants”. Un an plus tard, le responsable du C.I.R.C. Paris-Ile-de-France et celui de la fédération étaient respectivement condamnés par la 16ème chambre correctionnelle de Paris à 7 000, F et 30 000 F d’amende pour avoir organisé une manifestation malgré son interdiction. (Rajout : en 1995, J.P. Galland ayant exprimé son point de vue sur les vertus de l’autoproduction se vit condamner à 30 000 F d’amende et 6 mois de prison avec sursis pour incitation à l’usage). Même scénario en 1996. Sous prétexte que “l’appel à se rassembler a manifestement pour but, compte tenu des objectifs de cette association, de présenter sous un jour favorable l’usage de produits stupéfiants”, la préfecture interdit la manifestation à la Villette. Spontanément, “C.H.I.C.H.E. !” (les jeunes écolos) et le M.J.S. (les jeunes socialistes) décident d’appeler à un rassemblement même jour, même heure, même lieu, pour exiger du gouvernement l’ouverture d’un grand débat sur la réforme de la loi de 1970. Nouveau refus de la préfecture de Police. Tandis que les responsables de ”C.H.I.C.H.E. !” ou du C.I.R.C., demandaient à celles et à ceux qui étaient venus fêter “l’appel du 18 joints” de battre en retraite, des responsables des Verts, du Mouvement de Législation Contrôlée, de Médecins du Monde, de Limiter la Casse ou de la Ligue des Droits de l’Homme. En mars 1997, (pour cette affaire) Fabienne Lopez et Jean-Pierre Galland étaient entendus par la Brigade des Stupéfiants. Le 25 Septembre, ils seront condamnés à 5 000 et 10 000 F d’amendes. Aujourd’hui. En 1995 comme en 1996, l’actualité du C.I.R.C. est, en 1997, essentiellement policière et judiciaire. Sous prétexte que l’association, composée de nombreux usagers, risquent de présenter le Cannabis “comme une drogue susceptible d’être consommée sans danger”, on interdit au C.I.R.C. Alsace-Lorraine de se constituer en association. Lors d’une audition en 1995, l’inspecteur chargé de “régler son compte” au C.I.R.C. se vante qu’il aura enfin sa peau car il a rendez-vous avec le directeur des fromageries Bel pour l’inciter à attaquer l’association. Quelques mois plus tard, les inspecteurs de la brigade des contrefaçons débarquaient au local du C.I.R.C. à la recherche de tee-shirts représentant la Vache qui Rit avec deux feuilles de Chanvre en guise de boucles d’oreille. Le 19 Novembre 1997 à neuf heures, le président du C.I.R.C. sera jugé par la trente et unième chambre correctionnelle du Tribunal de Paris pour répondre de contrefaçon. 292


Le 14 et 15 mars, le C.I.R.C. Lyon organisait sa fête annuelle. À quelques heures de l’ouverture, les fonctionnaires du groupe d’enquête antidrogue débarquaient et saisissaient, sur ordre du procureur, tee-shirt et tracts, puis embarquaient la présidente de l’association et le responsable du lieu. Désormais, il est interdit de représenter une feuille de Chanvre que ce soit sur un tract, sur un tee-shirt ou sur une carte postale ... Incroyable, mais vrai. Nous étions persuadés qu’avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement, les persécutions contre le C.I.R.C. cesseraient. Alors que forts du soutient d’associations et de partis politiques, nous appelions à un rassemblement le 22 juin, nous fûmes surpris d’apprendre que le ministre de l’intérieur, approuvait la décision de Philippe Massoni d’interdire à un parti de sa propre majorité, “les Verts,” de se rassembler. Et non moins surpris d’avoir été - ainsi que les responsables des partis politiques et d’associations - entendus par la brigade des stupéfiants, sur ordre du procureur qui nous reproche d’avoir participé au rassemblement du 22 juin 1997. Demain. La prohibition du Cannabis se meurt chaque jour un peu plus. Là où elle passe, elle prouve toujours sa redoutable inefficacité. Qu’importe les pressions exercées par la Justice, les procès en cours ou ceux à venir, le C.I.R.C. continuera à informer sur le Cannabis, il continuera (à travers ses publications, dans les débats ... et bientôt au parlement) à désigner les innombrables travers de la prohibition ... et à défendre la petite fumée”.

Débat imposible : interdiction de s'exprimer !

Smocky Luck ou : L'homme qui s'tire plus vite que son ombre Pastiche d’un pastiche (1998)

Voilà, ce fût un peu long mais nécessaire car instructif. Il est d’ailleurs significatif que de tels événements si importants ne fussent pas ou peu communiqués au public par la Presse. Outre une censure abusive évidente, l’analyse de ce texte révèle :

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- Le non respect de la liberté d’expression. - La dépendance évidente qu’exerce les responsables judiciaires (au nom de leur propre volonté) sur les exécutants simples de la Police et de la Justice. Autrement dit, l’utilisation de la Force Publique uniquement au profit de ceux à qui elle est confiée. - .L’expression d’une volonté de réduire à néant toute volonté de débat des drogues ou d’expression contradictoire avec la thèse officielle. - Des prises de positions antidémocratiques interdisant la constitution d’associations et la réalisation systématiques de manifestations. - L’interdiction, pour un parti de la majorité, de manifestation (première du genre en France), ceci révélant le fait que le pouvoir légal est fictif. - En complément à ce dernier point, l’incapacité actuelle, pour un gouvernement, à réellement gouverner comme il l’entend, car avant de remporter les dernières élections, la gauche défendait l’idée d’un débat sur les drogues et en particulier sur le Cannabis avec une éventuelle dépénalisation ou décriminalisation de ce dernier. De tels anomalies démocratiques répétées dénoncent de fait une prise de pouvoir par une volonté fasciste dont même des gens de gauche se prêtent à en être complice. On est en droit de penser qu’elle s’étend aussi à toute une palette de problèmes de société autres que l’exemple des drogues. Cette volonté ne témoigne t’elle pas aussi de la recherche volontaire de créer de événements et des situations qui pousseront à l’avènement d’un parti du genre F.N. au pouvoir légal ?

Injustice et Fascisme Qu’on ne se leurre pas, le F.N. travaille fortement à faire croire qu’il est persécuté, injustement traité, la victime d’un pouvoir excessif et incompétent qu’il est lui seul capable de remplacer. Mieux, il cherche à faire croire qu’il est un parti modéré pouvant à lui tout seul relever le flambeau de la démocratie et de la dignité. Mais lorsqu’on gratte le vernis brillant qui recouvre sa surface, on s’aperçoit que ce parti a déjà infiltré toutes les principales charnières du pouvoir et que las d’agir dans l’ombre et dans l’anonymat, il cherche à tout pris l’accès légal à ce denier. Son besoin de légitimité est manifeste ; je reviendrais sur ce sujet après. Ce parti sabote, tant qu’il peut, économie, décisions politiques et esprit des gens (manipulation de la Presse écrite), applique et interprète de façon zélée la loi (par l’intermédiaire d’éléments introduits) envers toute tentative politique qui pourrait œuvrer, consciemment ou non, à la perte de ses ambitions, dans le but de la réduire au silence. Nous évoluons maintenant, tout à fait en hors sujet, par rapport au thème précis mais complexe du livre que vous lisez ici. Ce point à cependant été levé par l’analyse précise des injustices menées, ne serait-ce qu’à l’encontre du Chanvre, et semble déboucher sur un autre complot, au sens bien plus large, problème actuel très préoccupant de notre société. Aussi, comme j’en ai trop dit pour me taire maintenant et, parallèlement, pas assez pour justifier mes dires, je continue dans la démonstration de mes propos. J’accuse le F.N., (mais aussi certains éléments de droite diverse dont le raisonnement rejoint fortement celui du F.N. et dont on ne sait pas où se situe la frontière, si toutefois elle existe, entre leur pensée et celle des fascistes), d’œuvrer systématiquement à l’avènement légal d’un nouveau fascisme et de saboter le fonctionnement de base de notre démocratie (afin de lasser l’électorat de notre société actuelle) et ses principes de fonctionnement. La preuve en est par rapport à l’exemple du Cannabis, de la conduite à son égard par les fascisants au pouvoir pour ce qui est de l’exemple français. Mais cette réalité française existe aussi au niveau mondial. Toute la première partie de mon livre relate les anomalies démocratiques qui amenèrent à l’interdiction du Cannabis. Cette volonté fasciste, manipulant la vérité, n’aurait jamais pu arriver à ses fins si elle n’était pas organisée, alimentée et planifiée. Le FN est un pion dans cette histoire. L’origine du complot est d’ordre industriel et financier. Demain, un autre homme et un autre parti viendront qui rendront le FN et son indéboulonnable dirigeant obsolètes et les remplaceront. 294


Qu’est ce qui me permet d’affirmer ceci. Vous allez me dire : “comment rattachez vous des personnages comme Hoover, Anslinger, Hearst et Du Pont de Nemours qu’on veut bien admettre comme calculateurs et manipulateurs, exploiteurs, pollueurs et responsables de guerres ou de misères avec Le Pen, les grandes familles françaises, quelques personnalités de droites et les fourmis du F.N.”. Parce que le fascisme n’est pas un parti, mais par essence une caractéristique propre à certains individus, un état d’esprit qui résume qu’ils sont les meilleurs, les plus forts et qui justifie à leur yeux, l’emploi de méthodes critiquables pour forcer ceux qui ne pensent pas comme eux de se plier à leurs bottes. Ils savent se reconnaître entre eux par leur comportement, leurs agissements, leurs dialogues et le calcul de leurs intérêts, les motivations de base étant souvent les mêmes. Ils n’ont pas besoin de doctrines ou de partis pour se regrouper : ces gens ont toujours existé et manœuvré tout au long de l’histoire sans se réunir forcément sous une étiquette. Les notions de partis eugénistes et fascistes ou nazi sont assez récentes et dénoncent la volonté d’un état spirituel fascisant, conscient et organisé, qui vise la prise de pouvoir mondiale.

Extrait de la jaquette du fameux Charlie Hebdo plusieurs fois cité dans cet ouvrage. Cette démarche s’apparente à une forme de schizophrénie : l’état d’esprit voyou, où “si tu n’est pas avec moi, tu es contre moi”. La haine, la violence et l’intolérance sont les principaux phénomènes exploités dans la masse pour le maintien du dialogue et de la crédibilité politique. Le principe et simple : il suffit de « créer » un ennemi, puis de manipuler les peurs. Manipulations, mensonges, contre vérités, et dialogue à l’opposé de leur pensée sont leurs outils pour parvenir à leurs fins. Enfin, nationalisme et capitalisme excessifs sont les points communs à tous “bon” dirigeants fascistes de n’importe quel pays qu’il soit.

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Ils n’ont même pas besoin de se connaître ou se fréquenter pour œuvrer dans le même sens. Les gens incriminés dans la première partie de mon livre correspondent point par point à cette description. Le F.N. aussi et c’est pourquoi j’affirme et maintiens tout ce que j’ai dit jusqu’ici.

Structure du fascisme moderne. Étudions le mode de fonctionnement du F.N. : il est constitué un peu sur le mode de fonctionnement d’une secte, à savoir : - Présence d’un leader charismatique, de celui qui sait, qui ose, qui décide. Le F.N. se plaît de l’image de son chef, quasi-présente en toute instant dans chaque publication, mais aussi de l’utilisation de grands thèmes mythiques comme celui de Jeanne D’Arc. - Les Initiés (proches du chef, grandes familles, membres du clergé, industriels, hauts fonctionnaires et militaires, francs-maçons, bien que le FN ne les « aime » pas bien...) ont des buts et des doctrines cachés différents de ceux qui sont exposés aux membres de leur parti. Ils agissent, en général et de préférence, dans l’ombre du leader mais prennent bien soins de tirer“ les ficelles”. - Abrutissement permanent des membres du partis à coup de fausse vérité : on raconte à qui veut bien l’entendre ce qu’il est prêt à bien vouloir entendre, le discours étant ajusté au dernier moment en fonction de la psychologie ambiante et du contexte social. Ce qui ne change pas, par contre et nous l’avons déjà vu, ce sont les valeurs exploitées pour ratisser grand large dans l’électorat : les voix de vote pour le F.N. sont l’égale de l’argent qu’on soutire aux gogos pour les sectes. -Propagande pour se donner une bonne image de marque et cacher la réalité de leurs réelles ambitions. Le F.N. évite depuis longtemps de montrer Jean-Marie avec un bandeau et préfère exhiber des figures parfois plus humaines de membres actifs de leur parti. Un effort particulier à été réalisé pour accentuer les clichés féminins et jeunes de la gent constituante. Il faut lire leur publications pour comprendre jusqu’à quel point l’image que je traduis ici est vraie. Vous pourrez vérifier par vous même, par exemple, en consultant “Changer vraiment” le magasine du F.N. dans l’Isère, petit journal de propagande distribué dans les boites aux lettres en février 1998 ou dans la revue “Français d’Abord”, mensuel, vendu par le F.N. sur abonnement (j’irais pas les acheter, mais j’ai pu les consulter en fouinant un peu : on a toujours un fascisant dans notre famille, notre voisinage ou dans notre entourage). Ma définition du fascisme regroupe un sens plus large qu’on lui porte habituellement. Est fasciste, pour moi, l’intolérant, certes, mais aussi tout individu qui ne respecte pas les autres et ne les place pas sur un plan égalitaire avec lui même. Dernièrement, un professeur d’histoire à la retraite m’ais repris sur le fait qu’en parlant de la France actuelle, j’utilisais le terme de fasciste de façon erronée. Pour lui, le pouvoir fasciste est défini par le manque systématique de liberté d’expression et l’usage conjoint et officiel de la violence. Je ne sais pas si cet homme à déjà milité pour une cause syndicale ou cannabique, ce qu’il affirme est peut être encore vrai dans ce contexte. Mais dans le cas du cannabis et des contextes politiques sensibles autres, on est tout à fait dans le cas de figure qu’il définit. On vous tape dessus quand vous manifestez, on vous emprisonne pour trois fois rien et pour l’exemple, et si cela ne suffit pas, on vous tue socialement à défaut de ne pouvoir (encore) le faire physiquement. A noter que beaucoup de mes compatriotes soupçonnent nos gouvernants d’être capable d’assassiner (raison d’état) les individus qui leur pose un gros problème. A titre d’exemple, citons le cas de la mort de Coluche, qui à du « mal » à passer pour un accident. Industriels pollueurs, militaires répressifs, dictateurs, élites de tout poils, trusts exploitant l’homme, policiers et Juges intolérants, proxénètes, truands et voleurs de vies, bigot(s, e, es) et intégristes religieux de toutes races..., bref, tous ceux qui privilégient leurs intérêts privés au mépris des intérêts collectifs et de la dignité 296


humaine, mais aussi, tous ceux qui se sentent supérieurs à d’autres au nom de je ne sais quel principe moral ou caractère physique. De part le niveau de leur insertion sociale (riches, dirigeants, puissants), leurs ambitions (diriger, influencer, abuser sans restriction) et les moyens qu’ils mettent en œuvre pour étaler et entretenir leur toute puissance (exploitation abusive du peuple et de l’écologie, pollutions, provocations de conflits, de misère ...), ces gens me font penser aux nobles dont il a fallu couper la tête pour s’en débarrasser. Ils revendiquent en gros les même droits ; ceux de la dictature de droit “divin”, incontestable. Historiquement, le fascisme est divisé. Il ne faut pas confondre le nazisme et le fascisme italien. Tous deux ont pourtant d’énormes points communs ainsi que des particularités distinctes. Ce qui définit essentiellement le fascisme c’est la haine de “l’autre” et la violence ou autrement dit, l’intolérance, le nationalisme et leur expression. Tout intolérant, tout nationaliste, tout raciste par nature, peut donc y être rattaché. Autre particularité : lorsqu’ils ont (ou se trouvent) des ennemis en commun, les fascistes s’unissent, luttent et œuvrent ensemble ou sans piétiner dans les plates bandes de l’autre. Hitler a été poussé au pouvoir par la droite industrielle et les financiers, pour les remercier, il se débarrassa d’eux dès qu’il en eu l’occasion. Qu’aurait t’il fait de ses alliés européens s’il avait vaincu l’Angleterre. Il les aurait “bouffé” aussi, dans la logique des choses. Pour preuve, Staline a usé de la même façon de faire en purgeant régulièrement son parti de tout rival potentiel. Car lorsqu’un ennemi est détruit, les fascistes doivent en trouver au moins un autre. Alors les “loups” se mangent entre eux pour une course effrénée vers le pouvoir suprême qui est la domination de tous. Le fascisme, c’est comme les drogues dures : “l’abus par excellence”. On se sert des autres, après on les “jette”. Dans son expression politique, il ne peut aboutir, par définition, qu’à la guerre et à la misère, la négation des individus et de l’esprit humaniste. On peut distinguer au moins trois sortes de fascistes, ceux qui agissent par la patience, l’argent et la ruse, ceux qui agissent par la force, et les gogos qui sont manipulés et réagissent de façon souvent primaire. Il ne faut pas m’en vouloir d’interpréter la politique actuelle par la seule vision de la lorgnette cannabique, je fais parti des générations jeunes et je n’ai pas connu le fascisme d’avant ou de pendant la deuxième guerre mondiale. Je m’en suis fait une vision par l’interprétation de ce que je vivais et des événements de notre temps, et c’est grâce un principe méthodique d’approche historique de comparaison avec l’actualité que j’ai pu tout consigner ici. Résister : un combat éternel nécessaire. Incidemment, j’ai retrouvé l’essentiel de ma pensée sur le sujet exprimée (ou plutôt mise en évidence) dans un extraordinaire petit livre imprimé en janvier 1998 : “Sous les mots la Haine” (édité par le Cercle Condorcet de Grenoble). Il s’agit d’un glossaire enrichi de faits, dates, chiffres et citations du F.N. qui prouvent leurs motivations fascistes et contredit Jean-Marie et ses complices lorsque ces derniers tentent d’en cacher la teneur. On y apprend que le F.N. a été fondé par d’anciens collabos, que Le Pen affiche, dans ses théories et son comportement, des similitudes avec la propagande nazie, que ce dernier a bien torturé en Algérie et qu’on ne peut pas être condamné pour cette affirmation, que le traiter de fils spirituel d’Hitler n’est pas non plus condamnable et n’est pas assimilable à une insulte et qu’il fréquente un ancien S.S. (Schoenüber) ... J’ai affirmé, précédemment, que je reviendrais sur le thème de la recherche du besoin de légitimité du F.N. et de ses membres. En fait, ils n’ont plus envie de cacher ce qu’ils sont et voudraient pouvoir l’exposer au grand jour. Une légitimité électorale pourrait les aider à franchir ce pas. Pour prouver ces dires, on trouve à la page 33 de la brochure du Cercle (voir Mensonges) une citation de Martin Pelletier (membre F.N.) relevée dans un journal de l’extrême-droite “National Hebdo” :

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“Il faut accoler au slogan “ni droite, ni gauche, une précision “extrême-droite”, je ne vois pas l’intérêt de refuser ... nous donnons l’impression d’avoir honte de ce que nous sommes et de tricher ... Dans les brochures publicitaires et racoleuses du F.N. distribuées gracieusement, on tient un discours largement plus modéré et en substance bien différent des propos tenus dans les journaux internes au parti et distribué aux seuls adhérant. Bon nombre de gens votant l’extrême, par réflexe de contestation, ne le feraient plus si ils étaient mis au courant des théories nazis réactualisé par ce Parti de la Haine . Le Cercle Condorcet , dans son petit livre “Sous les mots la Haine”, le cite souvent comme F. Haine. Ce petit livre permet d’y voir bien plus claire dans le jeu du Front National mais ne parle pas des investigateurs de ce parti, des gens qui tirent les ficelles en douce et de leurs motivations. A froid, on a même un sentiment d’insatisfaction après sa lecture tant le peu qui est exprimé est instructif et intéressant. On souhaiterait lire une oeuvre encore plus complète, développant plus en profondeur le thème abordé. Avec du recule, j’affirme que ce livre est au contraire très bien fait puisqu’il est réalisé dans le but d’informer mais aussi d’interpeller et de pousser à l’envie d’en savoir plus. Mes félicitations aux rédacteurs qui ont su publier un livre utile en sus d’être simple, accrocheur et parfait. Pour ceux dont sa lecture intéresserait, écrire à : “Cercle Condorcet” de Grenoble, 38 rue Nicolas Chorier, 38 028 Grenoble Cedex 1 (Tel : 0 476 968 963 / Fax : 0 476 700 257).

Partie d'un dessin de "Fumée Clandestine" Tome 1, page 162

Depuis, le FN s’est fait « doubler » par un certain Sarkozy qui, en s’investissant dans le discours sécuritaire, a non seulement réussi à « chiper » des voix au parti de monsieur Le Pen, mais aussi à l’affaiblir et lui prendre des adhérents. Les fascistes vont toujours vers celui qui semble le plus fort. Aujourd’hui, même la droite classique a du mal à se retrouver dans l’UMP ! Mais monsieur Sarkozy joue ainsi avec le feu … .

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Dans l’air du temps ...

“Le Cannabis bientôt en vente libre ?” (article de Max, pages 36 / 37, Août 98). Résumé de l’article : L’article part du constat que ” ... le consensus qui, depuis trente ans, plombe toute levée de l’interdit ... se trouve méchamment ébréché”. Un récent sommet de l’O.N.U. promettait l’avènement d’un monde sans drogue pour 2008. Ceci ressemble à de la désinformation, car pour ce qui est de la réalité sur le terrain “Occidental”, des dizaines de millions d’individus s’adonnent à la petite fumette et ce chiffre semble encore s’amplifier. En temps que secrétaire d’État à la Santé, Bernard Kouchner commanda au professeur Bernard Roque, pourtant adversaire politique, un rapport officiel sur “la dangerosité réelle des drogues, y compris le Tabac et l’Alcool”. La réponse du professeur (rapport Roque) est sans équivoque : “le Cannabis s’avère moins nocif et moins facteur d’accoutumance que le Tabac et surtout que l’Alcool, qui joue jeu égal avec l’Héroïne” Ce qui permet au rédacteur en chef du quotidien Libération de conclure : “... la dépénalisation de l’herbe paraît maintenant inéluctable. Nos excellences finiront bien par s’en rendre compte ...”. D’autant plus que des études sociales révèlent qu’au moins 5 millions de français consomment aujourd’hui du Cannabis et que parmi eux, on trouve plus de gens bien insérés et actifs que de débiles patentés (comme le laisseraient entendre les prohibitionnistes). Ce qui marque le plus, c’est le fait que l’interdiction du Cannabis déroge à un des principaux articles des Droits de l’Homme : celui de pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Cette constatation à amené une bonne partie de ceux à qui est confié la répression à s’insurger devant l’injustice de cette démarche et l’absurdité de la situation qu’elle entraîne : la loi existe mais on demande aux Juges de ne pas l’appliquer (en matière de consommation pure). Alors nous nous trouvons plongés dans un cauchemar juridique : un cadre supérieur blanc de peau ne sera probablement jamais interpellé pour consommation alors qu’un jeune “beur” à “toutes les chances de finir au poste” pour le même acte. Argument hypocrite “bateau” des prohibitionnistes : “la dépénalisation existe déjà dans les faits, de quoi vous plaignez vous ?”. La réponse des antiprohibitionnistes est triple : - Quelle tolérance ? La répression policière, même ridiculement disproportionnée, n’en est pas moins réelle. En 1997, 70 091 arrestations concernaient le Cannabis. - Il en découle des centaines d’années de prison, des amendes douanières exorbitantes, des gardes à vues humiliantes et des procès coûteux, des vies brisées pour rien. - “Seuls les trafiquants sont concernés répondent les prohibitionnistes”. Ce qui est faux car tout groupe de fumeurs se cotisant pour acheter en “demi-gros” un produits qu’ils “touchent” ainsi bien moins chère sont considérés d’office comme dealers. Ils risquent ainsi jusqu’à 30 ans de prison et 50 millions de francs d’amende. L’article, dont il est ici question, conclut ce point judicieusement sur le fait que l’interdiction de présenter le Cannabis “sous un jour favorable” empêche tout débat sur le sujet. Impossible, donc de faire passer l’idée, aux jeunes fumeurs déjà patentés, de modérer leur consommation. Impossibilité de contrôler la qualité d’un shit aujourd’hui tellement adultéré qui, aux dires de certains médecins, risque à la longue de poser un problème sanitaire grave. Problème qui pourrait provoquer aussi un nouveau scandale (après celui du sang contaminé) d’un niveau d’importance supérieur à celui de la “vache folle”. 299


Jusqu’à dernièrement, les politiques refusaient même de débattre sur la question de peur de contrarier l’opinion publique, majoritairement hostile à une dépénalisation du Cannabis. L’excuse est pourtant “bidon”; force est de constater que cette opinion se modifie rapidement actuellement :

- 1 Français sur 10 souhaitait cette dépénalisation en 1992 (10%). - 1 sur 5 une année plus tard (20%) - Plus d’un sur quatre en 1995 (exactement 29,5%). - 32 % en été 1997. - Et il ne fait pas de doute que ce chiffre ait encore augmenté (face aux réactions rendus publiques des secteurs médicaux, humanitaires et de la Justice, et du fait de nombreuses publications allant dans le même sens et qui ont eues une large diffusion). Constat préalablement souligné par le C.I.R.C. dans son petit livre “Lettre ouverte aux législateurs” : “Pourquoi les français seraient-ils, sur la question des drogues, si différents de leurs voisins”. Aparté : d’autres sources citent de chiffres différents : dans globe hebdo, on apprend que 41 % des gens interrogés sont favorable à la dépénalisation en 94, et à la télévision Delarue fait apparaître un sondage favorable à 52% (1994 toujours). Rappel : on ne parle pas ici de légalisation, mais de dépénalisation. C’est à dire de ne plus mettre en prison les consommateurs de Cannabis. Et à l’article de faire un petit tour d’horizon autour de notre pays et de faire le constat suivant : la France cernée par une politique communautaire différente en matière de drogue. En bref, exception faite du Luxembourg, nous sommes bien les seuls à persécuter encore injustement les consommateurs. Une initiative de l’État aurait un effet de légitimation similaire à ce qu’on a vue en 1975 avec l’avortement et en 1981, avec l’abolition de la peine de mort. Il aurait juste suffit au gouvernement Jospin - qui s’était prononcé avant les législatives de 1997 en faveur de la réforme de la loi de 1970 ; un peu de courage, pour que le fossé entre la loi et la réalité disparaisse. Apparemment, Bernard Kouchner manœuvre dans ce sens, avec une stratégie de “tactique des petits pas”. Lors d’un débat au Sénat (le 16 juin), il a indiqué qu’il travaillait à de nouvelles réponses “en cas d’usage simple” en “relation avec la Chancellerie”. De son coté, Mme Guigou, alors ministre de la Justice, a admis que “fumer un joint ne méritait pas d’aller en prison”. Et Alain Lipietz de conclure que “avec le rapport Roque, le débat et en bonne voie de s’instaurer. La légalisation est presque inévitable, comme la loi sur l’avortement l’a été au moment où le débat a été ouvert et public”. Fin de cet intéressant article signé Philippe Nassif. (N. B. : les textes en italique ne font pas partie du résumé, je l’ai rajouté pour éclaircissements - B. J.L.)

En illustration de ce dernier, un dessin de l’Europe des “pays voisins” de la France avec plusieurs petit textes autour. En substance, ces derniers précisaient, au sujet du Cannabis : - Belgique : Dépénalisation sous forme de circulaire ministérielle encourageant la clémence des Juges en cas de possession (détention) et consommation en petites quantités (20/04/98). - Grande-Bretagne : On y fume assez tranquillement suite à une manifestation de 15 000 fumeurs à Londres et a la campagne du “The Independant Sunday” (un des principaux quotidiens). D’après Interpol, l’autoproduction y a augmenté de 800% en trois ans. Le ministre de la Santé envisage une autorisation médicale du Cannabis. Espagne : Retour en arrière pour les drogues dure, mais maintient de l’autorisation du Cannabis au statut de drogue douce.

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Hollande : Maxi. tolérance, herbe en vente dans les Coffee-shops à raison de 30g par personnes (redescendue dernièrement à 5 g suite aux incessantes pressions françaises). L’Italie : Depuis le référendum du 18 Avril 1993, au pire vous risquez une amende ou la suspension du permis de conduire. La Commission de Justice du Sénat à adopté le principe de dépénalisation et des bruits courent au sujet d’une certaine “libéralisation” pour la période fin 98 à début 1999. Enfin, L’Allemagne : Par décision du tribunal Constitutionnel (Avril 94), permissivité de possession (détention) de petites doses. Mais chaque “Länder” à son interprétation de cette phrase : jusqu’à 30g en Westphalie (proche de la Hollande) et pas plus d’un ou deux grammes en Bavière (à deux pas de la France). Bibliographie de l’article : “Le Cannabis en France”, édition Anthropos, diffusion Economica, 189p, 135 F. “Baromètre Santé, adultes 95/96”, édition CFES. “Cannabis, lettre ouverte aux législateurs”, C.I.R.C., édition l’Esprit Frappeur, 95p, 10 F.

--------------------Aparté : Un résumé n’est pas un plagia, mais quand même, le mien est un peu long. Je demande pardon à l’auteur dont je ne veux pas voler la vedette, mais son article explique si bien la situation que je n’ai pu résister à l’envie d’en glisser ici un large concentré. Ne serait-ce que pour prouver qu’il y a d’autres personnes que moi ou que le C.I.R.C. qui dénoncent ces états de fait. Seulement voilà, si je peux me permettre d’annoncer mon point de vue, contrairement à sa conclusion ou le Cannabis devrait prochainement faire l’objet d’une légalisation (sorte de compte à rebours amorcé), je prévoie un renforcement de la répression. J’espère me tromper, mais mon expérience des livres d’histoire m’a prouvé que la logique des États n’est jamais celle des sages et ne devient celle du peuple que lorsque ce dernier descend dans la rue. Tu a raison, Philippe (puis-je te tutoyer ...) quand tu sous-entend que le compte à rebours à commencé, mais il peut s’éterniser dix ou vingt ans. Pour exemple du passé cannabique ou ce cas s’est déjà produit : aux “States”, l’enquête de Laguardia (voir 1ère partie : 5) LE RAPPORT DE LAGUARDIA (1942)). a déclenché une polémique folle dans l’ensemble de cet immense pays qui s’est alors retrouvé dans notre position d’aujourd’hui. La Seconde Guerre Mondiale vint mettre un terme au débat. Il fallut attendre 1970 pour qu’il soit relancé. Aujourd’hui, en France, je pense qu’il faut tenir compte des points suivant : - Le “fascisme occulte” tire certaines ficelles et se trouve en quête de prise de pouvoir. Le monde du Cannabis et de la drogue en général se trouve en “ligne de mire” pour ce qui est d’être un “bouc émissaire” (exemple : chômeurs et R.M.Istes chroniques = fumeurs de joints). - Il existe un complot contre le Cannabis et ses organisateurs, milliardaires très influents, existent encore (Randolphe Hearst et la société Du Pont de Nemours). Les ”Ricains” luttent activement contre Marie-jeanne et dérivés de la Cocaïne; même si cette guerre est factice dans leurs esprits, elle est une réalité lourde au plan international. Que pèse la volonté française contre celle de l’Amérique ? - Il existe aussi une “interdiction mondiale” (point le plus délicats, là ou les américains peuvent nous “enterrer”) D’après ses termes, la dépénalisation est critiquable, la légalisation n’est pas possible sans sanctions. Aucun pays du monde, aussi tolérant fusse t’il d’ailleurs, n’a aujourd’hui oser franchir le pas vers la légalisation totale. et braver ainsi les foudres de l’O.N.U. (donc, des américains). Même pas la Hollande qui est pourtant le plus libéral pays du monde envers cette plante si diabolisée.

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- Au niveau typiquement français, on note tout d’abord une certaine hypocrisie de la part du politique qui se contente de la solution actuelle. Est-ce une façon de palier en partie à la perte d’argent (que rapporterai une légalisation du Cannabis à l’État) que de sanctionner en Justice plus de 70 000 individus. Combien à rapporté à nos caisses poussiéreuses cette “guerre contre les drogues”, quand on sait que l’amende est une pratique jouissive chez la Douane et quasi systématique en Justice ? Là aussi, il y a un précédant : dans le secteur de la prostitution. Jadis “légale” en France, ce domaine à longtemps souffert du paradoxe de l’acte interdit de droit mais dans les faits autorisé (seulement passible d’amendes). Les prostituées parisiennes déclaraient, il y a encore peu, qu’elles avaient alors deux “maquereaux”, leur proxénète et l’État à qui elles pouvaient verser la moitié de leurs gains journaliers sous formes d’amendes. -Ensuite, pour aborder le coté “juteux” de la chose, relisons bien le texte que j’ai tapé dans la première partie de l’encyclopédie (page 99, début de page) : “Un passage de “Fumée Clandestine tome 2” (page 174), précise que le marché français du Test Urinaire cannabique est estimé à 3 millions de francs lourds. BioMérieux est actuellement la seule société qui le commercialise chez nous. Cela sent la magouille. Passant au timbre de dépistage judiciaire, le potentiel économique de ce marché serait multiplié par 100, par 1 000 ou plus… ».

Je ne pense pas que l’investissement de recherche, le stock de timbre fabriqué et les prétentions financières des intéressés soit ”sacrifiables” aux yeux de ces derniers. D’autant plus que, comme pour la prostitution, l’amende est un système pratique pour l’État qui lui permettra de désengorger les prisons d’une partie de la gent cannabique tout en rapportant de précieuses somme au budget. C’est aussi un moyen habile d’affirmer : “le Cannabis est décriminalisé”. - Et pour finir, dans notre pays, la répression s’est considérablement accrue tout au long de ces dernières années. Alors, hallali ou refus de tolérance ? Le gouvernement socialiste ne nous à pas précisé sa position sur le sujet. Car je trouve qu’entre ce qui a été dit pendant la dernière gouvernance socialiste du siècle passé et ce qui a été proclamé avant la victoire de la gauche, il y a quand même une grosse différence : au printemps 1997, Lionel Jospin, dans une lettre adressé à la ligue des droits de l’homme, écrivait que la loi du 31 Décembre 1970 était une des plus incohérentes et que nous devrions nous inspirer des “expériences menées chez nos voisin européens”. Pourtant, à l’écouter aujourd’hui, on jurerai d’entendre Jacques Chirac tellement les deux discours son similaires. “A la prochaine révolution, il retournera son pantalon, ...”.

Aussi, pour toutes ces raisons, on risque de voir une éventuelle dépénalisation ou légalisation reconduite d’une dizaine d’années (dans le meilleur des cas). A moins d’une mobilisation de l’Opinion Publique ... ce qui semble être encore fort peu probable. Disons que le combat pour la liberté ne fait que de commencer ...

“Marijuana is Medecine” ou “Le Cannabis Médical , une réalité d’aujourd’hui.

Le mardi 10 Février 1996, sur F.R.3 (à 23H20), était présenté l’émission “Nimbus”. Le thème abordé était celui de la Marijuana médicale. Pour ceux qui ne peuvent pas la consulter, présentons en un petit résumé (respectant le déroulement du reportage). Introduction : “Cela démarre avec le constat que la prise de Cannabis soulage l’état de santé des gens atteints de cancer, de glaucome et de S.I.D.A.. C’est sur cette base, qu’est apparu en Californie, une exception à la répression de la Marijuana : un programme d’autorisation d’usage médical du Cannabis (nommé “proposition 215”). Pour l’approvisionnement et la distribution, la loi a autorisé la création d’un organisme sous forme associative : le Club D’Oakland. Les patients seuls y ont accès avec une recommandation de médecin (sorte d’équivalent non officiel de nos ordonnances). 302


Sont concernés les malades atteints de douleurs incurables ou d’effets secondaires de thérapies non supportés. En exemple : “Un patient, victime d’abus de Tabac, a du se faire couper une jambe. Il était, en plus, atteint d’une maladie sanguine. On lui prescrivait des antalgiques puissants contre la douleur permanente, créant ainsi, au bout de quelques temps, une forte dépendance en plus d’une forte tolérance. Il a voulu arrêter ces cachets qu’il ne supportait plus. Son médecin lui a prescrit de la Marijuana médicale. Cela lui atténue les douleurs et fait disparaître ses tremblements. Dans son cas, le Cannabis est fumé pur (5 joints par jours) pour être vraiment et rapidement efficace. Il ressent un état bien moins abrutissant qu’avec les antalgiques et se sent donc plus à l’aise (il peut reprendre une vie sociale). D’un point de vue pécuniaire, sa dépense et plus réduite (700,00 F / mois); une thérapie aux antalgiques étant plus chère. Pour son cas, on retient que le Cannabis est efficace et l’aide beaucoup.

Le club de revente : Il était constitué de 10 000 patients membres en 1995. Tous ont fournis une “recommandation de médecin” et sont dotés d’une carte de membre. La distribution est assurée par 150 patients bénévoles qui sont payés, en échange de leurs heures de travail, par un traitement gratuit. À l’époque, les maladies donnant droit d’accès au Cannabis thérapeutique sont : - Membre fantôme. - Tétraplégie. - Maladies inflammatoires. - Épilepsie. - Cancer. - S.I.D.A.. - Sevrage du Tabac. - Sevrage toxicomanies dures. Le club est ouvert deux fois par jour et la vente à lieu que sur présentation de la carte de membre. Prix du sachet (12g) : 180,00 F, soit au moins la moitié du prix du marché clandestin. Denis Péron est le fondateur du club. A l’époque du reportage, il se présentait aux élections de gouverneur de l’état californien, d’une part pour aider à faire reconnaître la Marijuana médicale, d’autre part pour contrer l’autre candidat (Procureur Général du même état), grand pourfendeur du Cannabis même médical. Le club n’est pas un bar (allusion aux Coffee-shops, je pense), mais plutôt une sorte d’épicerie. Ils y ont au moins deux qualités de Cannabis proposées : - Une Herbe “corsée” au prix de 90,00 à 110,00 F le gramme. - Une autre, plus légère, au tarif cité préalablement. Le club fournit de la doc. sur le Cannabis (sorte de mode d’emploi) et demande aux clients de s’engager sur le fait de réserver leur achat pour un usage personnel. Les médecins soutiennent l’initiative de ce club dans le sens que le Cannabis y est à bon prix, que la qualité est ainsi constamment médicale et que cela permet un état meilleur aux malades qui en ont besoin. Une sorte de “bras de fer” est en train de se réaliser aujourd’hui entre la Médecine et la Justice. On ne note, en fait, que de petites avancées. Comprenez bien l’absurdité de la situation ; pour les médecins, s’il est aujourd’hui possible de “recommander” l’emploi de la Marijuana, il leur est par contre interdit de la prescrire. Leurs argumentations “tiennent pourtant le coup” : 303


- Pas ou peu d’accoutumance. - Pas de danger. - Atténue des symptômes pénibles. - Efficace là ou d’autres médicaments échouent. - Aide à lutter contre la douleur, remplace des antalgiques puissants dans certains cas (évite la somnolence et la dépendance). Le seul effet pervers enregistré est la persécution constatée envers des patients cultivant leur propre Marijuana. En Justice, sur ce plan, on confond toujours malades et criminels. Ailleurs, les intéressés se débrouillent. En exemple : Valérie et Mike Corral ont sélectionnés environ 30 gènes différents de Cannabis qu’ils distribuent gratuitement aux patients (plants sur pied ou produit préparé à la consommation). Ils le font pousser eux mêmes, en montagne (cultures bio), dans leur propriété. C’est complètement illégal mais ils prennent ce risque (avec les lois américaines, ils pourraient tout perdre).

“Marijuana is medecine” : Los Angeles : des chercheurs ont trouvés que le Cannabis guérissait le glaucome. Le traitement ne se fait pas sous forme de gouttes, dans ce cas, il serait inefficace. La Marijuana peut être ingérée, mais surtout, elle a une action plus rapide et plus efficace lorsqu’elle est fumée. Certains patients, pourtant nécessitants, refusent l’alternative Cannabique (peur, tabou, ...) Les médecins affirment ne pas tout savoir sur cette plante, son action thérapeutique et ses modes d’administration par exemple. Ils se plaignent du peu d’études médicales réalisées sur la plantes. Cependant, le peu qu’ils savent leur suffit pour revendiquer l’emploi thérapeutique du Cannabis pour les maladies suivantes : - Glaucome : c’est une maladie particulière de l’œil. Une petite tâche apparaît un jour dans le champ de vision d’un des deux yeux et grossie de plus en plus avec le temps. Jusqu’au jour ou cet œil devient entièrement aveugle. La maladie se communique souvent à l’autre organe de vue. Le principe en est que la pression intra-globulaire augmente anormalement. Justement, notre Cannabis agit inversement à ce principe. En abaissant la dite pression, il vient contrecarrer l’action de la maladie. - S.I.D.A. : fumer permet aux patients atteints du S.I.D.A. un nouveau mode d’administration. Beaucoup de ces malades, à un stade avancé de la maladie, ont du mal à déglutir les pilules d’antalgiques. Il combat aussi les nausées et vomissement provoqué par les traitements. L’humeur des individus est améliorée ainsi que l’appétit. Son utilisation, dans ce cadre médical, est largement positive. - Cancer : les effets de la maladie combinés à ceux du traitement provoques ici aussi nausées, vomissement, déprime et la perte de l’appétit. La “Cannabinothérapie” peut donc être utile dans ce cas aussi. - Anti-inflammatoire : elle est vérifiée et semble utile dans certains cas. - Antalgique : moins puissant que la Morphine, en fait son action ne supprime pas la douleur, mais l’atténue, la rend plus supportable. Son utilisation, conjointement ou non aux opiacés permet de modérer ou d’éviter dans certains cas, la dépendance morphinique et le développement de tolérance envers la Morphine. - Antispasmodique : très efficace dans ce cas. Les autres propriétés médicinales connues du Cannabis ne sont pas citées dans ce reportage. Problème pour le conjoint d’un “patient traité” : le fumeur passif peut s’avérer positif au test de dépistage. Quoi qu’il en soit, les patients traités au Cannabis ne changeraient pour rien au monde leur petit sachet de Marijuana médicale contre deux grands cartons d’antalgiques. Non pas parce qu’ils sont ”accro.”, mais plutôt 304


parce que ce produit s’avère un excellent soin palliatif aux douleurs et problèmes spécifiques dues à leur maladie.

Intervenants : Le docteur William Lovenstein (médecin interne / hôpital Laennec / Paris) se prononce favorable à une libéralisation de l’emploi du Cannabis. Il se pose des questions sur la crédibilité de l’argumentation médicale des prohibitionnistes. Par exemple, de l’action des substances de cette plante sur l’immunité et de sa soi disant inhibition. Le docteur Lagier Georges nous apprend qu’une dépendance cannabique existe, mais qu’elle est faible. Il précise que le Cannabis médical doit être, selon les cas, fumé, avalé ou inhalé (avec nébuliseur) pure pour être efficace (pas d’adjonction de Tabac). Les seuls travaux connus sur des effets physiologiques du Cannabis sont sur l’immunité. Plusieurs autres questions se posent désormais, comme par exemple l’interaction du Cannabis avec les autres médicaments. Cette série d’interview a fait ressortir l’intérêt du monde médical pour la plante et le besoin d’en savoir plus. Et c’est au tour de Francis Caballero d’intervenir dans le cadre du Cannabis médical. On apprend que le T.H.C. “purifié” est un médicament utilisé en Amérique et qu’en France, il n’y a eu aucune demande officielle dans ce sens. Les malades accèdent à la culture (toutefois restée illégale) de la plante car la procédure d’autorisation d’utilisation et d’importation de l’étranger, n’est pas simple et se trouve être longue. On a remarqué que certains types de plantes conviennent mieux à telle maladie. Ceci est du au fait que chaque génotype produit une proportion de telles ou telles autres substances cannabinoïdes qui lui sont propres. Il reste donc à réaliser des recherches de mises au point de génotypes allant dans ce sens pour l’obtention de “médicaments” à teneur de principes actifs constante et contrôlée. Actuellement, en matière de Cannabis, le monde “bouge”. On note la sortie récente de plus de 40 publications (livres, rapports, études) sur les propriétés médicales de la plante. Francis Caballero précise qu’un frein est mis l’autorisation médicale; il existe une concurrence directe au Cannabis : - Multinationales du Tabac. - Secteur des Alcools. - Secteur des tranquillisants (laboratoires Pharmaceutiques). Ce sont des lobbies puissants qui font actuellement obstruction. La préoccupation actuelle des docteurs porte sur deux points importants : - Ils demandent qu’il n’y ait plus de prisons ou d’amendes pour leurs patients. - Ils aimeraient que soit précisé comment procéder pour l’obtention d’éventuelles autorisations. Fin de l’émission. Citons, parmi la bibliographie citée dans le documentaire : “Du chocolat à la Morphine”, dont les coordonnées de l’éditeur m’ont échappées. “Le Cannabis en France”, édition Anthropos, diffusion Economica.

Rajouts : Je tiens à préciser ici quelques points importants non rapportés par cette émission : (ref. N.O.R.M.L., doc. Internet du 20 août 1997 a l’adresse http://www.norml.org/medical/medmj.shtml) : Épilepsie : la marijuana agit efficacement chez beaucoup de patients. 305


Maladies d’origine neurologiques : (certaines) la marijuana atténue les tremblements, démarches chancelantes, douleurs musculaire, incontinence dues à des troubles neurologiques. Autres actions thérapeutiques connues : arthrites, migraines, prurit, alcoolisme, dépendance d’opiacés, dépressions, trouble de l’humeur, antiseptique (résine), … Le texte affirme que 4 millions de patients américains seraient directement concernés par la “médication du Chanvre”. La N.O.R.M.L. travaille en collaboration avec nombre d’organismes officiels américains, je vous conseil de consulter son site Internet pour en avoir le liste, mais aussi celle des publications, livres et articles médicaux et scientifiques allant dans le même sens. Pour ma part, j’arrête ici une description qui sera reprise plus en détail dans la partie relative à la médecine présente dans le tome 2 de cette encyclopédie …si je ne percute pas un camion en moto d’ici là !

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La France qui fume. (texte en italique : extraits des articles en question).

Une excellente et longue série d’articles de “Globe Hebdo” (voir bibliographie), développe en huit pages (grand format 35,3 x 27 cm) un état du problème Cannabis en 1994. Peu de choses ont changé depuis si ce n’est l’augmentation de la répression, du nombre de consommateurs et de convaincus de l’évidence de la dépénalisation.

Résumé du premier article : Le sous-titre du premier article est accrocheur dans le sens qu’il témoigne d’une réalité tragique : Ils sont 5 millions de consommateurs en France. Une évidence niée par les autorités, qui répondent par la répression. Et ça commence par un fait divers : “le 11 Mai (1994), cinq grandes surfaces du Loiret et un imprimeur de Meaux (Seine et Marne), ont eu la surprise de voir débouler chez eux la brigade des stupéfiants. qui venait saisir, sur instruction du parquet, des ... affiches représentant Bob Marley sur fond de feuilles de Cannabis”. Aparté : Nous connurent le même genre “d’épisode” en pleine capitale, ce mois d’Août 98, avec le débarquement simultané dans plusieurs magasins de la firme “The Body Shop” vendant du Chanvre légal. Parce que une feuille de cannabis était imprimée sur un pot de maquillage ou sur un tube d’une crème hydratante, la maréchaussée débarquait au nom de l’article L 630 (présentation d’une drogue sous un jour favorable) et suspectait d’emblée la nature stupéfiante des produits incriminés. Dans cette histoire de fou, les employés et dirigeants du magasin eurent du mal à faire entendre raison à des forces de l’ordre qui ne comprenaient pas qu’un Cannabis puisse être légal. Enfin, fort de leurs droits, ces gens furent relâchés et leurs produits remis en vente. Erreur synonyme de mauvaise publicité : peut être pour les gendarmes mais pas forcément pour la chaine de magasin en question. Comment se fait-il qu’on assiste encore à l’expression de telles stupidités ? Cela vient du fait que, d’une, l’information cannabique officielle est à sens unique (discours des prohibitionnistes), de deux, le monde du Cannabis souffre d’une désaffection des médiats à son encontre. Pour preuve, s’il en faut, l’incident que je viens de relater n’a pas fait la une des journaux ni de la télévision. On en a parlé encore moins à la radio. Pour mon cas, j’ai pu vérifier que lorsque les gendarmes m’interrogeaient (je me suis fait attraper sur le lieu de ma culture clandestine le 17 Juillet 98), ils ne me comprenaient plus lorsque je parlais de Chanvre. Ils ignoraient que c’était la même plante. D’où un petit cours de botanique et d’économie agronomique que je leur ai dispensé gratuitement. Je dois avouer que je l’aurais fait de toute façon, car c’était la base de ma défense en sus d’être celle de mes convictions. Bref, pour revenir à notre article, loin de répéter bêtement la petite étude sociale qui y est relatée, nous nous contenterons de résumer quelques chiffres et quelques faits. Rappel : “En 1976, un groupe d’intellectuels et d’artistes (Isabelle Huppert, Bernard Kouchner, Edgar Morin, Jérôme Savary, l’avocat Henri Leclerc, le philosophe Gilles Deleuze, ...) avait fait sensation en lançant “l’appel du 18 Juin” en faveur de la dépénalisation, de la production, du commerce et de la consommation du Cannabis”. A l’époque, l’affaire a fait grand bruit, notamment après avoir occupé une pleine page dans Libération. Le C.I.R.C. récidive cet événement le 18 juin 1993, mais cette fois, ce fait n’occupe qu’une petite colonne dans Actuel. Et à l’article de conclure : “La France s’en fout. La France fume. En silence. Peinarde ou presque ...” En 1994, le chiffre estimé de consommateurs est le même que certains utilisent aujourd’hui en 1998. 307


Parce qu’à cette époque, foule de sondage ont eu lieu et ce qu’ils révèlent est intéressant au plus au point. Il s’avère que 81 % des sondés déclarent être défavorable à l’incarcération des fumeurs, 41 % des 18-40 ans sont favorables à la dépénalisation. Une enquête de la SOFRES met en évidence la banalisation du Hasch. dans toutes les tranches d’âges. Dans les partis politiques, la moyenne des sympathisants envers la dépénalisation tournerait autour de 40%. Chez les fumeurs, 36% exercent une activité professionnelle dont la moitié de nature intellectuelle, 32 % sont étudiants, retraités ou inactifs (rentiers, ...), 4 % femme au foyer, et 19 % au chômage. De même, 58 % des fumeurs sont titulaires d’un diplôme supérieur, 37% ont le B.E.P. ou le C.A.P., 4 % le B.A.C.. Quand les jeunes fumeurs se font “pincer” par leurs parents, 41 % de ces derniers réagissent de manière étonnamment cool, 29 % se déclarent inquiets, seulement 15 % d’entre eux condamnent ce comportement et 6 % approuvent. Il vous faudra lire l’article en question pour avoir le détail des chiffres et de leurs sources (I.N.S.E.R.M. et S.O.F.R.E.S. pour la plupart). “Qu’ils soient cadres ou artistes, ils revendiquent tous, en 1994, le droit de fumer librement”. ... ... annonce un autre sous titre du même article. Ce leitmotiv est toujours d’actualité. En 94, deux ans après la création du C.I.R.C., le nombre d’adhérents monte à 1 600. D’une moyenne d’âge de 30 ans, ils n’ont plus peur de revendiquer leur usage à titre privé. Avec les éditions du Lézard, ils ont participé à la création “d’une information plus sereine des drogues”. “Fumée Clandestine” s’est vendu à 30 000 exemplaires sans le recours aux campagnes de pub. Après le monde littéraire, celui de la musique témoigne de l’empreinte cannabique dans les moeurs sociaux : “Billy ze Kick” avec leur album “hallucinant” (et plus spécialement deux titres O.C.B. et Mangez moi) qui c’est vendu à 10 000 exemplaires (toujours en 1994) avant son interdiction. Le Cannabis à beau devenir un phénomène socioculturel marqué, la plupart des institutions françaises de l’époque renâclent. L’Éducation Nationale, par exemple, préfère présenter le problème sous un angle mineur, comme problème grave à persécuter mais ne touchant heureusement que peu de jeunes au sein des établissements scolaires. L’article passe ensuite au thème de la Justice et commence par le fait divers suivant : En mai 1993, deux professeurs d’Abbeville, Christelle Blondin et Éric Lambin, avaient été condamnés à trois ans de prison dont trente mois avec sursis pour avoir fumé un peu de shit avec des élèves : “vous êtes une dépravée, une prévaricatrice”, avait lancé, au cours de l’audience, le président du tribunal à Christelle Blondin. “Avec vous, la mort est à nos portes” avait renchéri le procureur. Force est de constater que pour les autorités françaises, le Cannabis est resté une sorte “d’herbe du Diable”, alors que dans le reste de l’Europe, la priorité est à la prévention. En 1992, il y a eu 32 179 interpellations, affaires souvent mineures qui mobilisèrent les services de Police et engorgèrent les tribunaux (Index 1998 : plus de 70 000 interpellations). L’article nous démontre de façon irréfutable que la Justice française n’est pas homogène dans sa façon de traiter les affaires Cannabiques. Après quelques exemples extrêmes, de quasi relaxé à un an ferme pour usage et possession (détention), il conclue : “... La sévérité des tribunaux varie en effet, en fonction de leurs géographie, de la personnalité du président et celle de l’interpellé” Et de citer : “Ils sont globalement moins sévères avec les simples usagers de Cannabis qu’il y a quelques années, assure Francis Caballero, surtout quand ces derniers présentent de bons signes de sociabilité”. 308


Les deux principaux mouvements d’informations cannabiques et de lutte pour une éventuelle dépénalisation se sont beaucoup impliqués et ont contribués à cette sorte de reconnaissance publique qu’est la banalisation. Le gouvernement de l’époque refusait tout débat sur la question. On apprend que Jacques Chirac faisait circuler des plaquettes anti-drogues qu’ils faisait diffuser via la mairie de Paris, véhiculant un discours hyper-alarmiste en exhibant le cerveau ravagé et les spermatozoïdes dégénérés du fumeur de Marijuana. Dans un cadre général, la classe politique ne se mélangeait pas à la polémique de la dépénalisation. Le 10 juin 1994, Jean-Luc Benahmia, représentant des Verts au parlement européen, était le seul à participer à “la journée d’information sur le Cannabis”. L’article conclue que si la France fume (et commence donc à le revendiquer), les autorités s’en moquent. L’annonce gouvernementale d’un éventuel débat national sur la drogue (en 1993) ... leur aura suffit pour continuer à ne pas en débattre. Article signé Cécile Corre, en collaboration avec : J. P. Vergès, E. Wagner, L. Tran, B. Stora, M. Nemmich, P. O. Chanez, P. Hurel, B. Bègue, L. Pénisson et M. Walrafen.

Ils fument ... : Nombre de déclarations et témoignage accompagne cet article. Ainsi on apprend que Bruno Maigret à goûté au truc déclarant que “... ça ne m’a pas marqué” (on s’en est aperçu), que le Juge Thierry Jean-Pierre semble techniquement bien s’y connaitre, que Brice Lalonde, Thierry Mandon (P.S.), François Hollande (P.S.), JeanChristophe Cambadelis (P.S), Jean -Luc Mélenchon (sénateur P.S.), et bien d’autres personnes (cinéma, musique, médias) avouent avoir fumé ou fumer encore.

L’appel à la peur : Un petit encart de couleur verte contient un texte de Gilles Châtelet, mathématicien et philosophe, qui décrit bien le problème de fond. En voici un long extrait : Depuis un siècle, il existe un consensus antidrogue hystérique, estime le philosophe, qui admet fumer de temps à autres. Cette diabolisation entraîne des effets pervers inattendus ... L’appel à la peur : “Il y a peu, (article écrit en 94), un certain Ernest Chenière, député R.P.R., a lancé un “Appel à la résistance” contresigné par 31 députés de droite, dans lequel il recommandait de “mettre en prison toutes personnes qui prônerait la légalisation d’une quelconque drogue”. Il ajoutait que celui qui “propageait l’idée selon laquelle fumer un joint ne serait pas très grave mériterait le même sort”. Voilà un exemple on ne peu plus net de ce que j’appelle une “hystérie de consensus”. Il serait intéressant de se demander pourquoi la drogue dégage une telle puissance d’inquiétude. Ce “fordisme de la haine” s’est exprimé contre la Marijuana au début du siècle. L’assimilation Marijuana / nègre constituait un excellent dérivatif face à la crise sociale et à l’agitation ouvrière qui se développait. L’appel de la peur fonctionne aujourd’hui selon la même structure. L’étonnant, c’est que la diabolisation entraîne un effet pervers inattendu : la drogue est devenue une référence absolue. Combien de fois, on a entendu les opposants à la dépénalisation et à la légalisation contrôlée déclarer que leur “drogue”, c’était le “travail” ou “la famille”. La stupidité d’une certaine partie de la classe politique est encore plus évidente alors que l’usage s’est plutôt banalisé. Mais voilà : les fumeurs n’existent pas, ils ne s’expriment pas. La pression sociale est encore trop forte. La diabolisation aggrave le problème, et la technique de l’amalgame employée par certains politiques offre l’expression par excellence de leur lâcheté. Le courage politique ne consiste pas 309


à prendre des “postures héroïques” (par exemple, Fabius déclarant, quand il était premier ministre, que jamais il ne tolérerait la légalisation de la vente de seringues !) mais à discerner (en général) les rapports de forces et (dans ce cas précis du cannabis) le degrés de dangerosité des produits .... ... Mais ce n’est certainement pas en diabolisant les fumeurs de joints qu’on incitera à l’indispensable autodiscipline.” Propos recueillis par Maurice Najman.

En sus : Tout au long du texte, on peut se reposer l’esprit sur plein de petits propos illustrés par la photo de leur auteur, diverses personnalité qui témoigne de leur engouement cannabique. En exemple, je cite celui de Daniel Chenevez (chanteur du groupe Niagara) : “Auparavant, je fumais un pétard tous les soirs; maintenant j’espace et je fais presque toujours ça avec les copains. Mais j’évite de fumer dans la rue, c’est trop risqué. Quand je suis seul, cela me met dans une sorte d’état mystique traversé parfois, de pensées humanistes ... Je suis pour la dépénalisation de toutes les drogues. D’abord parce que la plupart des gens ne peuvent pas s’en passer pour survivre dans notre société : regardez les se bourrer de médicaments, d’Alcool et de café ! Ensuite, parce que la prohibition engendre la création d’une mafia et le règne de l’argent occulte. C’est plus dangereux que de laisser les gens se droguer avec n’importe quoi”.

Autres choses : En sus de tout ce qui a été dit, on y trouve aussi un tableau indiquant les prix et qualités d’herbe et de haschich vendu à Paris, un petit portrait brossé vite fait sur Peter Tosh, un “rappel” du 18 Juin (76), une liste de célébrités déclarant ayant fumés (ou essayé), et en tournant la page, une synthèse européenne des différentes politiques en matières de drogues. Sur ce dernier point, nous reviendrons plus tard; car je ne veux pas que le résumer, je veux aussi le commenter.

Analyse économique : La série d’article finit par une analyse économique d’André Gauron. Je vais vous résumer d’abord son texte, pour savoir de quoi il est question. Mais là aussi, après, je désire intervenir : son analyse est, à mon avis, en partie inexacte pour ce qui est de ce qu’il développe; et elle est, de plus, très incomplète comme vous pourrez le constater. Résumé de l’article (comme d’habitude, les parties en italique rapportent des extraits du texte) : L’Économie au secours de la légalisation

Cela fait 10 ans que le très libéral magasine anglais “The Economist” fait campagne sur le thème suivant : la drogue, son usage et sa vente doivent être légalisés, non pas au nom de considérations sanitaires ou policières, mais à celles de l’économie. “Comme toutes prohibition, celle de la drogue a donné naissance à l’organisation d’un système économique illégal. Toute une économie parallèle s’est constituée qui appuie sur le crime organisé à travers le monde et le finance. Économie parallèle qui n’est pas en marge, mais bel et bien au coeur de l’économie mondiale”. 310


L’article par ensuite du concept suivant : comme toutes prohibitions, celle des drogues à pour effet de créer une situation de monopole (de la pègre), laquelle engendre une forte rente. Il est question ici de plusieurs dizaines de milliards de dollars qui sont réinvestis dans l’économie mondiale officielle. Phénomène qui déséquilibre cette économie. Légaliser les drogues supprimerait ce profit et ruinerait les mafias, condamnés par la même, de s’insérer dans le commerce légal. Les prix des produits en question peuvent alors chuter de façon spectaculaire et l’argument fleuve des détracteurs de cette théorie, est que la drogue à bas prix poussera ses consommateurs à s’empoisonner encore plus (1). D’après A Gauron, il n’est cependant pas prouvé qu’il en irait ainsi et l’argent débloqué alors pour la répression pourra servir à la prévention. La vente pourrait être interdite aux mineurs, de même que la publicité. L’état pourrait taxer ces produits comme le Tabac ou l’Alcool afin d’en décourager la consommation (2). “Légaliser la drogue, n’est ce pas, une fois de plus, céder aux sirènes de l’économie contre l’affirmation de valeurs collectives ? On m’opposera : que valent ces valeurs si elles nécessitent un appareil excessif exorbitant ? Ne tranchons pas, osons au moins ouvrir un débat”. Fin de l’article.

Analysons l’analyse : Mr André Gauron, permettez moi de formuler une critique de votre analyse. Vous avez raison pour ce qui est de l’interaction drogues-mafias, mais je pense que dans le reste de votre texte, vous vous trompez sur trois points. Je suis désolé d’avoir à vous contredire car vous êtes quelqu’un que j’estime beaucoup :

A) Première erreur (plutôt une précision ou une rectification) : Je vous fais remarquer d’abord, que vous parlez des drogues en général. Il faut cependant en séparer le Cannabis pour des raisons de niveau de toxicité fort différent des autres substances, et aussi parce que le Chanvre est porteur d’une économie agricole (hors partie drogue) qui rapporterait au monde au moins cent fois le chiffre que vous citez. Le fait que le Cannabis n’est pas toxique (on dira plutôt peu toxique et développant peu de dépendance) démonte l’argument (1) de votre texte. Sommes nous bien d’accord sur le sens du terme légalisation (marché, vente, achat, possession et consommation libre) ? Je ne pense pas que les drogues dures doivent être légalisées (mais dépénalisées et contrôlées médicalement, oui). En prônant ceci, vous faites le jeu de ceux qui encouragent la prohibition. Tout mon livre est basé sur des questions de vocabulaires et de définitions. J’imagine plutôt une décriminalisation du monde des drogues majeures où tout individu reconnu toxicomane fortement dépendant aura accès (cadre médical) à son produit dans l’optique, soit d’une cure de désintoxication progressive (si le sujet le souhaite), soit dans le sens d’une cure de maintenance comme un peu ce qui se fait aujourd’hui en matière de méthadone. Il existe actuellement, un cursus “ordonnance (médecin) - pharmacie (avec vérification téléphonique)” qui fonctionnerait très bien dans ce cas. Le coût social d’une telle démarche est ridicule par rapport à celui actuel de la lutte contre la drogue. Précisons en outre, que le coût de fabrication de l’Héroïne est à peine supérieur de celui de l’aspirine. Il n’est pas question de prendre le risque de créer de nouveaux toxicomanes en laissant ces produits libres d’usage. Ils doivent rester interdits avec toutefois une modification sensible de la loi actuelle : les dépendants et petits dealers-dépendants ne devront plus être persécutés comme actuellement.

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La “guerre contre les drogues” pourra alors être plus justifiée et acquérir une certaine noblesse d’âme. B) Seconde erreur (plutôt une différence de point de vue) : Je ne vois pas pourquoi on devrait accepter que le Cannabis soit taxé comme le sont actuellement l’Alcool et le Tabac. Ces toxiques posent un problème grave en matière de Santé Publique, le Cannabis n’en pose pas à un tel niveau. Pourquoi faudrait il aussi toujours “baisser la culotte” devant l’État dans l’espoir qu’il finisse par accepter ce qu’il refusait auparavant ? D’autant plus qu’il est actuellement coupable de crime de persécution et de non respect des Droits de l’Homme. Une telle façon de faire le rendrait victorieux alors que pour une fois, c’est lui qui doit mettre un genoux à terre. Le Cannabis, s’il doit être taxé, doit l’être sur la base de n’importe quel produit agricole et ce, que s’il est vendu. En cas d’autoproduction, ou de produits sans THC, il n’est pas question de taxation outrancière. Accepterez vous qu’on taxe les fleurs et les salades que vous faites pousser dans votre jardin pour votre usage personnel ? Toutefois, nous sommes mieux en accord si vous parlez de taxes pour la vente de dérivés cannabiques utilisés dans un but psychotrope, s’il est question d’en limiter la consommation, bien que le point suivant émette de fortes réserves sur cette pratique. C) Troisième erreur : D’après votre argument (2), vous acceptez, semble t’il, l’idée qu’une taxation d’un produit à pour effet d’en réduire la consommation. Ceci est sans doute vrai pour des carottes ou du papier W.C., mais ne l’est pas forcément pour une substance qui vous rend ”accro.”. C’est en fait, dans le cas du Tabac ou de l’Alcool, un énorme bluff destiné à justifier une rentrée supplémentaire d’argent dans les caisses de l’État. La raison en est donc plus financière que sanitaire. A contrario, cette façon de faire a parfois des répercussions catastrophiques. Démonstration : Étudions les effets de la prohibition sur le Cannabis (et sur toutes les autres drogues). Vous le dites vous même dans votre article : quand un produit est rare et que la demande est forte, les prix flambent (principe de base de la loi du marché). Les prix des drogues ont beau s’envoler, le nombre de consommateurs augmente. Si le produit développant une dépendance est défendu (Héroïne, Cocaïne, Amphétamine), les toxicomanes adaptent leur vie avec pour conséquence une marginalisation, une orientation vers la criminalité, une “cavale” synonyme de mauvaise hygiène de vie et d’instabilité autant matérielle que mentale. Il se “foutent” donc du prix du produit, d’autant que si ce dernier est élevé, ils ont alors la solution de le “trafiquer” et ainsi d’amortir le coût de leur toxicomanie. Si le produit développant une dépendance est légal (Tabac, Alcool), dès que son prix dépasse un certain plafond, le marché noire intervient et propose des produits (souvent encore plus toxiques) d’un prix inférieur à celui imposé par l’État. C’est le cas des cigarettes de contrebande qui sont apparues sur le marché clandestin dès que le prix de la cartouche de cigarettes a dépassé les 150,00 F (on en est aujourd’hui à plus de 200,00 F). Acheté 50,00 F à Andorre, ce trafic ouvre les portes à un ”business” intéressant. On assiste alors à une marginalisation et criminalisation des fumeurs de tabac les moins fortunés qui peuvent désormais, avec les cigarettes de contrebande, s’empoisonner encore plus à moindre coût. Nous assistons, dans tous les cas, à l’effet inverse de celui recherché. C.Q.F.D. : le coup du “j’augmente la taxe pour faire baisser la consommation d’un produit” est une pure arnaque. Voilà, mr. André Gauron, je vous respecte : le but de cette intervention n’est pas de vous décrédibiliser auprès de vos lecteurs, car par ailleurs votre raisonnement est exact et humaniste. Vous pourriez faire de même avec mes écrits, car en plus de 700 pages, on doit bien y trouver quelques erreurs de jugement ou de propos. Mais je n’ai pas pu résister à l’envie de préciser ici un point de vue, non pas de spécialiste, mais de quelqu’un 312


d’impliqué dans le combat pour la réhabilitation du chanvre, qui entend (et parfois subit) tous les jours des inexactitudes ou des mensonge à ce sujet ! Merci encore pour le courage et la sagesse de vos écrits ! “Pétard” : la cacophonie européenne : Comme promis, je reviens sur cet article signé aussi Maurice Najman. On y apprend qu’à part la France et le Luxembourg, les deux pays les plus sévères en matière de Cannabis, le reste de l’Europe à préféré “jouer la carte” de la tolérance. Cette notion de tolérance allie les faits qu’aucun pays ne peut officiellement légaliser ou dépénaliser totalement une drogue, et que tous les pays en on “marre” de cette stérile façon d’aborder le problème (la “guerre contre les drogues”). C’est donc une manière pratique, à défaut de pouvoir faire mieux, de parer au plus pressé. Aucun pays n’a donc légalisé le Cannabis. Même en Hollande, l’usage du Cannabis est passible de peines de prisons. Dans la pratique, les fumeurs ne sont pas inquiétés. Tous les pays continuent la lutte contre le trafic et le deal. On constate cependant deux façons d’aborder le problème : - 1) Ceux qui on véritablement dépénalisé la consommation (libre ou sanctionnée d’amende, mais plus de peine de prison) et permettent la possession (détention) de petites doses de Cannabis (Espagne, Italie, Allemagne et Pays-Bas). - 2) Ceux qui ne sanctionnent plus pénalement l’usage mais répriment la possession (détention) dans le but de l’usage (amendes), même de doses insignifiantes (Irlande, Royaume-Uni, Belgique, Grèce, Portugal). La France et le Luxembourg font donc office d’un troisième cas : ceux qui pénalisent tout. On constate qu’actuellement, la Grande-Bretagne est en train de passer de la catégorie 2) à la catégorie 1). L’article est donc assez succinct, un beau dessin coloré de l’Europe concentrant à lui tout seul beaucoup d’informations. A gauche de ce dernier, on lit un autre article toujours signé Najman, sur les spécificité de la législation allemande sur la possession (détention) autorisée et de ses différents “quotas” suivant les “Länder”. En voici un résumé (comme d’hab., texte en italique = texte original) :

Allemagne : à chacun des Länder sa dépénalisation. Grosse surprise en Allemagne, la très conservatrice Cours Constitutionnelle de Karlsruche vient de décider la dépénalisation de l’usage individuel de drogues douces. C’est un petit dealer plusieurs fois condamné qui, suivit d’avis autorisés de nombreux magistrats, à saisi les huit Juges de la cours en question. Ces derniers ont légalisés de facto l’usage” (et la possession) en petite quantité et à usage personnel” de l’Herbe et du Haschich. Plusieurs millions de personnes peuvent donc fumer leurs joints tranquillement. Vente, dont et importation de grosses quantités demeurent toutefois passible de peines allant jusqu’à 5 ans de prison ferme. Cette décision à été reçue comme simple “constatation de la réalité” (30 000 délits de possession de Cannabis non poursuivis ces dernières années), mais chaque Länder définie sa propre notion de “petite quantité” avancée par la Cours Constitutionnelle. Pour la Bavière (qui est conjoint à la France), un gramme de Cannabis autorisé, aucune tolérance envers d’autres produits. En bordure des Pays-Bas, la Westphalie tolère 10 grammes pour le Cannabis (à l’époque, car ce taux est depuis monté à 30 g mais risque de redescendre à 5 g), mais aussi 0,5 g pour les drogues dures et 3 unités de consommations pour le L.S.D.. Dans les autres Länder, la tolérance varie entre ces deux extrêmes. Les conservateurs tirèrent à boulets rouges sur cette décision, mais les partisans de la “légalisation contrôlée” ne pavoisèrent pas pour autant : “la loi de prohibition n’est pas abolie, tout juste libéralisée”. 313


A la fin de l’article, essentiellement constitué de statistiques cannabiques propres à l’Allemagne, on apprend que la Cours Constitutionnelle refusa quand même, dans les 100 pages d’attendu de sa décision, de comparer sur un même pied d’égalité l’Alcool et le Cannabis.

Fin de la série d’articles titrée “La France du Hasch” de Globe hebdo n°69.

Synthèse : Cette série d’article est intéressante car elle permet tout d’abord de faire un “état des lieux” du problème Cannabis en France comme en Europe, et ensuite répond à tout un tas d’interrogations que pourrait se poser un néophyte en la matière. C’est une façon sereine de démystifier le sujet tout en faisant exprimer l’inJustice ressentie par la gent cannabique. L’article sur “la cacophonie européenne” permet d’éclaircir des points qui ne sont jamais bien claires aussi bien dans la tête des “pour” que celle des “contres”. Il met en évidence : 1) Constat : aucun pays n’a légalisé le Cannabis ou une quelconque drogue. Beaucoup pensent qu’au Pays-Bas, par exemple, le Cannabis est légalisé. 2) Le terme dépénalisé est unanimement utilisé, mais il est ici plutôt question d’une décriminalisation ne concernant que le monde des consommateurs et encore (jugement “à la tête du client”). 3) La situation de décriminalisation officielle répond à une évidence de faits. Le nombre de cas interpellé paralyse la Justice qui n’a pas que cela à traiter (les Juges considèrent souvent que les petites affaires cannabiques ne sont pas vraiment des crimes). Il est aussi évident que le Cannabis est un phénomène de société qui finira logiquement par s’imposer. 4) Cela correspond à une situation illogique ou on peut désormais détenir un produit qui reste cependant interdit à la vente (donc à l’achat). Comment alors s’en procurer sans participer à un quelconque trafic ? Je pense que, dans le contexte actuel, seul l’autoproduction peut répondre à ce problème. 5) La situation “bâtarde” de décriminalisation est une réponse (possible) provisoire; ce ne peut pas être une alternative définitive dans le sens où elle ne résout aucun problème de trafic, de vente de produits adultérés ou d’interdit levé. 6) Plutôt que de décriminalisation, les professionnels de la répression préfèrent utiliser le terme de désjudiciairisation pour définir le fait que les consommateurs simples de cannabis sont de plus en plus rarement condamnés (prison). Comprenez bien que ce nouveau terme contient toujours un sens d’interdit : vous êtes toujours fichés comme consommateurs cannabiques. Le procureur ne vous défère plus forcément devant un juge, mais si c’est le cas, ce dernier vous imposera des soins thérapeutiques et vous fera peut être payer une amende (et dans tous les cas les frais de tribunal). Si la prohibition continue à prévaloir, on va se retrouver dans le cas ou la moitié de la population sera enfermée (ou surveillée) par l’autre moitié; car il y a drogues et drogues : Cannabis, Héroïne, Cocaïne, hallucinogènes et Amphétamines, certes, mais aussi Alcool, Tabac et médicaments détournés. Ceux qui ont “inventés” le mouvement prohibitif (pour des raisons économiques” ont vu cette dernière leur échapper de contrôle. La vague répressive s’attaque désormais à l’Alcool et au Tabac dont ont sait qu’il ne peut avoir d’éradication possible actuellement et pour encore un bon moment. Soit disant pour le bonheur de ces gens, on va se retrouver dans une situation faisant leur malheur et leur persécution; si cela ne vous rappelle pas une certaine époque, ce que vous n’avez encore rien compris (recommencer la lecture de cette encyclopédie).

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Plus sérieusement, je pense que la conduite répressive n’a rien résolue. Au contraire, elle a contribué au malheur et à la marginalisation de toute une frange de la population, et à une augmentation de l’activité criminelle. Depuis 30 années de sévices, elle a largement prouvée son incapacité à résoudre quoi que ce soit. Il faut donc procéder à une autre approche officielle pour traiter la toxicomanie : tout d’abord, considérer les produits utilisés en fonction de leur réel niveau de toxicité. La réponse ne peut donc pas être la même pour une substance qui ne possède que peu de risques pour la société et le individus (que l’on comparera donc aux autres toxiques socialement acceptés) et pour les substance à problèmes graves qui ne doivent certainement pas être mises en vente libre sur le marché. Pour le Cannabis : La solution envisageable se place d’ores et déjà entre les deux modèles extrêmes (répressif et permissif). D’un point de vue purement démocratique, on ne peut pas non plus faire aux opposants de la décriminalisation ce qu’ils ont fait subir jusqu’aujourd’hui aux opposants de la prohibition. On doit donc tenir contre que bien des gens sont encore opposés à l’usage libre du Cannabis et celui contrôlé des drogues dures. Il faut donc d’emblée séparer le Cannabis des autres produits. La permissivité d’autoproduction est un concept qui peut actuellement satisfaire tout le monde. Si dans 10 ou 20 ans, le Cannabis aura prouvé qu’il n’est pas un problème, il se sera totalement inséré dans une société qui en promulguera obligatoirement la légalisation. S’il s’avère l’inverse, les autorités de l’époque pourront toujours rétablir la persécution comme bon leur semble. Pour ce qui est de l’interdiction internationale, si personne ne la respecte, elle devient caduque de fait. Cependant, son maintient dans les textes permettra une reprise ultérieure de la répression si elle s’avère justifiée. Personnellement, je l’ai déjà écrit dans ce livre, je suis pour la légalisation sans condition; mais je tiens compte du fait que beaucoup ne pensent pas forcément comme moi. C’est donc par soucis de Justice et de réciprocité, que j’admet qu’ils aient le droit d’avoir une pensée différente de la mienne et préconise l’autoproduction libre comme remède à l’imbroglio juridique actuel. Si un jour, “l’usage de Cannabis dans le but de se soigner ou de provoquer des effets euphorisants” devient légal, il faudra bien faire attention à ce que l’État n’oblige pas un marché de monopole comme avec le Tabac. Il a été le responsable de suffisamment de malheurs et d’inJustice pour qu’il puisse conserver ici son droit de mettre “son nez “ dans ce commerce. Dans l’état actuelle des choses, cette plante appartient à l’humanité toute entière (version plante industrielle) et aux peuples (version euphorisant - médicaments); elle doit demeurer dans ce contexte. Pour les drogues dures : Il n’est pas question d’avoir à mettre à disposition libre des substances dangereuses comme l’Héroïne et la Cocaïne. Toutefois, la répression doit être abolie au niveau des consommateurs dépendants et des petits consommateurs dealers. Là aussi, on ne peut pas demander aux prohibitionnistes de baisser les bras, on peut concevoir qu’il veulent continuer de lutter pour ce qu’ils appellent la “guerre contre les drogues” dans un contexte cependant plus humain. Parallèlement, on ne peut aussi laisser continuer une dégradation physique et mentale des individus dont on sait que les principes de tolérance et de dépendance dues au produit ont pris le dessus sur leur propre volonté. D’autant plus que l’aboutissement logique de ces toxicomanies est la mort. Il faut donc un suivit médical de la personne toxicomane accompagné d’une cure de maintenance, suivit placé hors contexte d’obligation. Comme actuellement grâce à Bernard Kouchner, mais aussi bien d’autres sages, le toxicomane sera autant mis hors de portée de la Justice que de la pègre. Dans ce contexte, il ne nuit qu’à lui même, plus à autrui. Un travail psychologique régulier pourra l’aider à vouloir trouver la volonté de vaincre sa dépendance. En cas d’échec répétés, il pourra être donné lieu d’un traitement à vie. D’un point de vue humain, le toxicomane est plus à considérer comme un malade que comme un criminel. 315


Le but subtil d’une telle approche de la toxicomanie est double : - D’une part, ils faut “drainer” toute une majorité de toxicomanes (qui ne demandent en fait pas mieux) vers des cures de maintenance afin de contrôler la situation, limiter leurs dégâts envers la société, leur apporter une vie humainement et sanitairement plus décente, et éventuellement les soigner (ou les maintenir dans leur état). - D’autre part, cela aura pour effet de faire effondrer le trafic des dits stupéfiants (la demande devient insuffisante, les prix baissent, le trafic ne devient plus rentable). Plus de trafic, plus de trafiquant, plus de produits disponible, plus de nouvelles générations de toxicomanes; c’est aussi simple que cela.

“Ça se discute”

Cette émission a d’intéressant le fait qu’en 1994 - 95, l’activité cannabique était intense et que nombre de médiats se sont “jetés” dans le débat devenu en partie publique. Presse, télévision, radio et littérature ont apportés au public, en une année, plus d’informations sur le Chanvre que pendant les 33 ans qui suivirent son interdiction (1962 à 1995). Qu’en est il aujourd’hui de l’impact de cette masse d’information sur le commun des mortels. Nous répondrons à cette question en fin de développement : pour l’instant contentons nous de faire un bilan des argumentations multiples. Les 7 et 8 Novembre 1994 sur Antenne 2, a eu lieu un débat télévisé sur le thème de la dépénalisation du Cannabis. L’émission fut “coupée” en deux, le 7 les “contres” débattirent de leurs arguments, le lendemain, se fut le tour des “pour”. Nous n’allons pas résumer ici toute l’émission, vous n’avez qu’à la consulter (demander une K7 à “Réservoir Prod.”, tel 01 53 54 30 00). Cependant, il serait bon de faire ressortir ici quelques argumentations et citations intéressantes. Émission du 7 (les “contre”), sélection d’argumentations : D’après Mr le professeur Nahas, 1*) Le cerveau serait l’ordinateur des comportements humains. Toute substance déstabilisant ce membre, gênant le passage des informations sont à utiliser avec soins. La cible des dérivés cannabiques est le cerveau. Un des modules au centre du cerveau est le siège des plaisirs et du rêve (vieux cerveau), il est stimulé par le T.H.C.. Il existerait une autre cible à l’intérieur de ce cerveau même : la partie qui s’occupe de la raison et de l’activité volontaire orientée vers un but utilitaire. Le cerveau serait pris dans une sorte d’étau entre d’une part, une action d’inhibition de la partie raisonnable, et d’autre part, une stimulation de la partie rêve. 2*) Enfin, les dangers, certains pour lui, qu’encourent les fumeurs réguliers de Cannabis auraient une incidence accrue sur le nombre de maladies mentales. Certains affirment qu’il y aurait alors une augmentation de la désintégration cérébrale et parallèlement du nombre de schizophrénie (théorie qu’il prenait à son compte il y a encore peu, mais que par prudence il délègue aujourd’hui à des anonymes). Aparté : je placerai en 3*) la théorie de la désintégration cérébrale qu’il vient de citer pour des raisons de comparaison avec une réponse du docteur Lovenstein (voir point suivant). Mr Nahas finit son “speech” sur une citation de Baudelaire, célèbre alcoolique perturbé dont on connait la haine tardive pour le Cannabis, ornée d’une belle conclusion personnelle pessimiste. 316


Il ajoute en plus que l’imagerie médicale aurait prouvé la dégénérescence du cerveau, action qui aurait été vérifiée même avec l’usage de petites quantités. L’ivresse cannabique empêcherait donc cet organe de demeurer en contact avec le monde extérieur et d’exercer sa fonction. Aparté : précisons, pour ceux qui ne connaissent pas les oeuvres écrites de Mr Nahas : que ce dernier ne fait ici nul part mention à sa vieille théorie sur un potentiel cannabique de danger grave d’altération génétique avec pour conséquence la débilisation du genre humain à long terme, aucune allusion aussi à une augmentation du nombre d’enfants mort-nés chez des animaux auxquels on injectait du T.H.C. (théories développées dans son livre “Haschich, Cannabis, Marijuana”). Il semble que Mr Nahas, ayant aujourd’hui affaire à une contrepartie médicale experte, semble plus prudent dans ses affirmations et propos. Attaqué par Jean-Luc Delarue sur son interprétation du sens du mot dépendance, Mr Nahas bredouille une série d’arguments flous, techniques et incompréhensibles dont la conclusion est : “c’est un terme dépassé”. Façon maladroite de contrecarrer un point dérangeant ses théories. Lorsqu’on lui demande s’il est pour le système répressif, il répond qu’il est pour le système suédois. Ce dernier pays ayant pratiqué une liberté excessive en matière de drogues à une époque, s’est vu faire un retour en arrière. Par rapport aux décennies passées, c’est à un Nahas modéré dont nous avons eus affaire. Par ailleurs, on eut droit aux théories policio-douanières qui voient d’un mauvais oeil la permissivité hollandaise en matière de Cannabis. D’après elles, il se pourrait que la production industrielle de cette plante et l’argent qui en est tiré (chiffre cité : 600 millions de francs lourds) puisse intéresser les trafiquants. Le Commissaire principal des stupéfiants de Rotterdam, Van Heijningen, justifie cette politique sur le fait que la Hollande essayent d’éviter que sa jeunesse (réputée fumeuse de Cannabis) vienne en contact avec le monde souterrain seul facteur réel de criminalité. Il conclue en insistant sur le fait qu’ils n’ont aucun problème de criminalité avec le monde du Cannabis. On assiste à un paradoxe législatif au sein d’une même communauté économique : un reportage nous fait visionner une interpellation douanière de jeunes rapportant 50 g de haschich de Hollande. Ce produit à été acheté en toute légalité, il devient illégal au moment du passage de la frontière française. À aucun moment ils ont quitté le marché européen, ils sont simplement passés du pays le plus tolérant en matière de Cannabis à celui qui l’est le moins. Les autre grands “arguments massues” des “contre” sont : - Le concept de drogue douce n’existerait pas, il n’y aurait que des drogues dangereuses. Mr Nahas admet cependant qu’il y a des drogues moins dangereuses que d’autres. Qu’est qu’il entend par “douce”, alors ? - Le Cannabis mènerait obligatoirement à l’Héroïne, mais comme ce concept est fortement décrié actuellement, il n’est pas repris directement. C’est Frédérique Pressac (orthographe incertaine), ex-toxicomane aujourd’hui chef d’entreprise nous décrit le parcours qui la amené à la “poudre”. Il nous parle d’Amsterdam en terme de “déchéance humaine”. En fin d’émission il nous apprend qu’il fut désintoxiqué par la méthode “Narconone”, de l’église Scientologique, secte fortement décriée actuellement. Ceci me fait penser que ce témoignage est peu crédible du fait de l’intoxication intellectuelle que pratique généralement cette secte. Jean-Luc Delarue ira dans le même sens que moi en se désolidarisant de ce témoignage, précision qu’il fait au début de l’émission du 8 (les “pour”). - Le Cannabis mène à la folie : on note la présence sur le plateau de la mère d’un patient dont la pathologie aurait été déclenchée par suite de consommation cannabique. Les médecins présents à l’émission ne contredise pas ces faits, mais précisent qu’il est unanimement reconnu que certaines maladies mentales latentes peuvent être déclenchées autant par prise cannabique, que par celle d’Alcool ou de L.S.D.. La mère du jeune patient n’est pas d’accord avec cette théorie et se plaint du manque de choix de thérapie. Elle avoue cependant que son fils à fait au moins une expérience de L.S.D.. - “Lutte actuelle contre le Tabac et l’Alcool, alors on ne va pas tolérer l’apparition d’un troisième fléaux”. Repris en cœur par Mr Gilles Leclair, commissaire divisionnaire et chef de 317


l’O.C.T.R.I.S. et Mr Renaud Muselier, alors député R.P.R. (Marseille) et ancien médecin, cette “version” fait fi de la connotation de réalité sur le terrain, des misères provoquées et engendrées par la prohibition, et du non respect des droits humains fondamentaux. - En matière de liberté envers la toxicomanie, on assisterait actuellement à un retour en arrière de l’Espagne et la Suisse . Ce qui semblerait être la preuve de l’utopie de la dépénalisation seule. Encore une fois, l’amalgame crée par le mot drogue utilisé en sens général laisse supposer que ce retour en arrière concerne le Cannabis. Ce qui est faux, l’Espagne et la Suisse n’ont pas remis en question leur tolérance de consommation de cette plante, au contraire, aucun élément criminel ou de santé publique viennent en justifier la re-interdiction. Mr Ortavi Marti (orthographe incertaine), journaliste espagnol parle d’ailleurs d’un retour en arrière ne concernant pas que la drogue (politique en général) en ce qui concerne son pays. Les vieux démons franquistes connaîtraient-ils actuellement quelques “soubresauts” ? - D’après Monique Pelletier, la loi de 1970 serait assez bonne. Je suis d’accord avec Mr Francis Caballero lorsque ce dernier affirme que c’est justement par ce qu’elle était unanimement reconnu comme mauvaise que madame Pelletier à fait sa fameuse circulaire recommandant aux magistrats, en matière de Cannabis et de consommation simple, de “bâcler” l’affaire et de ne pas poursuivre. Contradiction de convenance envers la politique du parti dont elle est issue ? Mr Gilles Leclair emploi le terme de “fléaux” pour qualifier le Cannabis et affirme qu’il est contre la dépénalisation de ce dernier au su de la constatation suivante : dans les années qui suivirent la fin de la prohibition de l’Alcool aux État- Unis, on a noté une “explosion” d’alcoolisme. Aparté, “par ce que le bonhomme, là, il m’énerve” : Mr Leclair pratique la conclusion hasardeuse car il est question ici de produits fortement différents. Cette remarque n’a donc rien de scientifique. L’histoire a même prouvé le contraire de cette affirmation : lors de la “dépénalisation” des Pays-Bas, il y avait 1,2 million de consommateurs cannabiques hollandais. Quelques années après, ce chiffre est redescendu à 800 000 et c’est stabilisé depuis. La période d’observation de cet événement s’étale sur plus de 25 ans, on peut en déduire qu’il est question d’un phénomène stable. Ensuite, cette observation est incomplète ou destinée à tromper les interlocuteurs : Si l’augmentation d’alcoolisme remarquée dans les chiffres officiel suite à la prohibition, est réellement expliquée par levée de l’interdit, ce n’est pas pour la raison qu’il évoque. Effaçant le syndrome de l’illégalité et de ses risques (prison), devenant par ce fait des malades et non plus toxicomanes, les alcooliques, qui auparavant se cachaient des pouvoirs publiques (peur de la prison) et ne rentraient donc pas dans les statistiques, pouvaient officiellement redemander de l’aide au médecins. On assiste le même phénomène avec la toxicomanie dure. Cela agit dans une dimension de resocialisation et décriminalisation des individus concernés. Tout ceci explique ce qu’il présente comme une explosion de l’alcoolisme. En fait, ce pourcentage de patients alcooliques existait déjà : ils se cachaient donc. Précisons, en plus, qu’en quelques années, ce nombre est redescendu sensiblement au même niveau qu’avant la prohibition, c’est à dire nettement moins important que pendant cette dernière. C.Q.F.D., Monsieur Leclair ! J’ajoute, vous concernant, qu’il n’est point à votre honneur de proférer de telle déformation de vérité. En temps que haut fonctionnaire, policier de surcroît, vous n’avez pas le droit à l’erreur; vous devez agir et vous exprimer en fonction du droit, certes, mais aussi de la vérité, et chaque mot sortant de votre bouche devrait être pesé, vérifié, contre vérifié et analysé. Ce qui ne semble malheureusement pas le cas ici. Quand bien même vous aurez été ministre, Mr Leclair, il est important qu’une répartie puisse vous empêcher de donner un caractère quasi officiel à ce que j’appellerai par politesse une erreur de Jugement. Cela s’appelle la Démocratie. Le fond de ces argumentations posé, passons à l’émission du lendemain.

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Émission du 8 (les “pour”), sélection d’argumentations : L’émission commence par une étude critique directe des affirmations de la veille. Mr le docteur William Lovenstein, médecin interne de l’hôpital Laennec, se charge en tout premier lieu de rectifier ce qu’il appelle de la désinformation. Son intervention se passe en deux temps : une interview (en différée) dans son cabinet et une intervention directe sur le plateau de l’émission. Reprenant point par point les affirmations de Mr Nahas, voici un résumé de ses propos : Dans son interview : Le Cannabis possède une dangerosité faible, en 20 années de pratique, il a eu affaire à seulement deux consultations cannabiques. C’est très peu face aux milliers de consultations relatives à l’Alcool, aux centaines de suicides à cause des médicaments et aux dizaines d’overdoses dues à l’Héroïne. Il ajoute qu’il n’y a pas de syndrome (de manque) fort à l’arrêt, pas d’overdose, aucun décès. Les effets physiques sont donc mineurs, par contre ce sont les effets psychiques qui sont (d’un point de vue médical) les plus intéressants. Le docteur Lovenstein nous montre alors une radio de poumons : on aperçoit l’état d’une bronchite dont il nous informe que le résultat est plus dû à l’usage de Tabac (ici association Tabac-haschich) qu’au Cannabis. Les effets cérébraux sont essentiellement suggestifs. Les études épidémiologiques américaines et françaises n’enregistrent aucune destruction neuronale (clichés d’imagerie médicale à l’appuie contradictoirement aux affirmations du professeur Nahas) Il en conclut que ce n’est pas un vrai problème médical mais plutôt un problème sociopolitique dont la médecine refuse d’être complice. Présent sur le plateau : Le docteur Lovenstein précise que : “ce qu’ont déclarés hier soir mes collègue est une série de scoops extraordinaires.” Il affirme que son collègue de New-York (Nahas) fait de la désinformation. D’après ce dernier, le haschich désintégrerait le cerveau. (point 3* développé par Nahas.) Le docteur Lovenstein doute que les 50 millions d’américains et 4 millions de français (cannabinomanes) aient réalisé (mais le peuvent-ils puisqu’ils n’ont plus de cerveau) qu’ils ont étés désintégrés. Il est question ici d’une première information étonnante. Ensuite, ces “spécialistes” doivent préciser comment ils voient le cerveau puisqu’ils déclarent que cet organe est divisé en deux, d’un coté le rêve et le plaisir, de l’autre la raison et l’utilitaire (point 1* développé par Nahas). “On se demande pourquoi il faut huit années d’études en médecine quand c’est aussi simple que cela ...” Le docteur Lovenstein développe un dernier point, celui de la fréquence des schizophrénies (point 2* développé par Nahas). Il déclare que : (on peut effectivement relever quelques cas de pathologies sousjacentes) ..., “mais ce type d’argument me fait horriblement penser au siècle dernier quand un certain nombre de gens laissaient supposer que toutes surdités étaient suspectes et peut être dues à des plaisirs très solitaires.” Jean-Luc Delarue enchaîne sur le fait que le docteur Lovenstein n’est pas isolé scientifiquement (pensé généralement admise par les autres médecins). Vient ensuite le tour du docteur Rodolphe Ingold, chercheur psychiatre et anthropologue, directeur et fondateur de l’I.R.É.P. (Institut de Recherche en Épidémiologie de la Pharmacodépendance). Son avis est d’importance car son métier est justement d’étudier et de déterminer le réel niveau de toxicité de substances dites stupéfiantes. Il s’annonce d’emblée favorable à la dépénalisation du Cannabis. Il part du constat que la consommation touche beaucoup de gens et représente peu de danger. Par contre, d’après lui, se sont les effets de la prohibition qui sont très dangereux. Il déclare : 319


“Un des effets de la prohibition est de devoir se justifier. C’est pour cela que vous trouverez toujours des scientifiques qui vous prouveront par a + b que c’est mauvais, que cela “casse” le cerveau ...” Question de J.-Luc Delarue : “Je pensais que la science était exacte. Comment se fait-il que les scientifiques ne soient pas tous d’accord. Comment se fait il qu’il y a des médecins qui pensent blancs, d’autres qui pensent noir concernant les drogues douces. Réponse de Rodolphe Ingold : “Parce que les arguments scientifiques dans ce domaine là ont beaucoup de mal à se frayer un chemin. On est dans un domaine qui est essentiellement idéologique, politique et là, la drogue, c’est quelque chose qui rempli son rôle de bouc émissaire”. J.-L; Delarue précise que l’émission démarre comme celle de la veille, c’est à dire avec l’opinion de spécialistes. Vint le tour de Michel Sitbon des éditions du Lézard. Ce dernier justifie la création de sa maison d’édition sur la constatation que personne ne publiait ce sujet là ou traduisait les œuvres étrangères. D’après lui la France vivait “un état de sous-information très grave” qui impliquait l’ignorance : personne ne savait en quoi le Cannabis était pénalisable, il n’y avait pas de documentation (livres objectifs) sur le sujet. Les éditions du Lézard répondent donc à une “demande”, Michel Sitbon précise qu’il ne savait pas ce que les lecteurs attendaient de telles publications, mais, par contre, il savait ce qu’il pouvait leur apporter : des éléments d’analyses, des éléments pour comprendre ... bref, comme il l’a défini, “pour ne pas vivre avec le problème des drogues sans comprendre”. Il précise en outre que sa maison d’édition “n’a pas pour vocation à inciter le consommateur, mais nous avons fortement vocation à informer le plus possible sur les problèmes (dont celui politique) que pose la législation cannabique”. Classant d’office le Cannabis dans les drogues douces dont il nous donne sa définition de ce terme, Michel Sitbon insiste sur le fait qu’en cas de dépénalisation, et pour qu’elle soit réaliste, le législateur devra définir les moyens de se procurer du Cannabis. Il conclu sur ce thème en insistant sur le fait ”qu’il faille dépénaliser de manière générale le Cannabis dont l’innocuité semble avérée et dont la principale malfaisance est qu’il demeure interdit. Cela me semble indispensable et urgent”. Puis, J.-L; Delarue passe au témoignage d’Isabelle Roland, ancienne toxicomane dure (Héroïne). On découvre alors une sympathique “nana” très équilibrée dont on se rend compte immédiatement qu’elle a bien rompue avec son passé. Elle souhaite intervenir pour démystifier les drogues douces. Elle précise d’entrée que le Cannabis ne l’avait pas menée à l’héroïne, elle y était passée directement. C’est depuis son sevrage qu’elle a rencontré notre plante et elle voit en elle un véritable thérapie : cela lui a évité de tomber sous le coup de l’alcool ou des médicaments comme beaucoup d’autres ex-toxicomanes. Elle réclame non seulement l’arrêt de la pénalisation des dérivés cannabiques, mais aussi la vente contrôlée par l’État pour lutter contre l’adultération d’après elle bien plus toxique que le produit pur. Puis, c’est au tour de madame Claude Token (orthographe incertaine) d’être questionné par J.L. Delarue : quel est la véracité du point de vue général selon lequel on passe directement des drogues douces à la drogue dure ? Mme Token commence par définir l’acte de se droguer : il est question pour elle, d’un acte conscient régit par l’inconscient, mais on ne peut pas parler en terme général de la toxicomanie car chaque individu est particulier (réagit spécifiquement). Mais pour la drogue dure, on peut cependant tracer le schéma suivant : L’appétence et la vie du toxicomane sont régit par : - La dépendance. - Le plaisir. 320


- La déchéance et la mort. - Le corps qui intervient ici comme instrument et objet. Quand aux drogues douces, le produit ne peut pas être totalement anodin. Il existe des gens qui représentent des cas d’abus dangereux; ces cas témoignent alors d’un mal profond qui leur semble incurable (pas de solution immédiate). Question de J.L. Delarue : la pénalisation est elle nécessaire ? Réponse : non, les seules barrières possibles sont celles que les concernés s’imposent. On a “demandé” aux parents une conduite que les ados. trouvent humiliante (reniflage, fouille de la chambre, ...). La seule prévention possible, au niveau parental, est l’éducation sur le problème, pas le conflit permanent. Au niveau social, c’est de faire en sorte que tous ces jeunes ne soient pas “face au vide” parce que “quand la fumée de l’herbe prend toute la place (chez un individu)... c’est par ce qu’il n’y avait pas autre chose qui puisse prendre cette place dans sa vie. J.L. Delarue enchaîne alors avec le groupe musical “Billy ze Kick” : “Mangez-moi”, tube de l’été puis, dans un deuxième temps, tempête de l’automne puisque il y a eu un policier nantais qui a transmis une procédure attaquant le groupe pour incitation à usage de stupéfiant”. L’émission passe ensuite sur un reportage ou on découvre les membres du groupe en question se présenter et développer leur point de vue sur le sujet. Ils dénoncent les effets pervers de la prohibition et déclarent, au sujet de la censure qui les a touché sur leur album : “Ce qui est dingue, c’est que l’on censure un morceau qui s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires, qui était aimé et apprécié par les gens, c’est bizarre, quoi ! ... S’il y avait eu un procès qui aurait établi qu’effectivement ce morceau fait l’apologie des drogues, bon, ben O.K., si c’est la Justice qui le dit, on peut considérer que c’est vrai ... mais là, c’est de la censure pure et simple, c’est tout !”. J.L. Delarue enchaîne avec Francis Caballero (ancien procureur démissionnaire, aujourd’hui avocat spécialisé dans la cause cannabique et président du M.L.C.). Ce dernier explique que le fameux article L 630 interdit toute provocation, ce que l’on peut comprendre, mais aussi toute présentation sous un jour favorable, ce qu’on comprend beaucoup moins. Il est ici question d’une espèce de censure qui empêche de discuter librement des drogues. Au sujet de “Billy the Kick”, d’après lui, cet article ne sera pas appliqué car il ne concerne réellement, dans les faits, que les “petits”, les “sans grades”. Une fois, la Justice a essayé sans succès de l’appliquer à un article de Libération. Le journal s’en est remarquablement bien tiré : il a été relaxé car ses dirigeants affirmaient alors qu’ils participaient au débat sur les drogues. Mr Caballero rajoute : “Bien sur, “Billy ze Kick” présente bien la psilocybine sous un jour favorable, mais on note ça et là des cas plus provocants et non poursuivis du fait que le sujet est très idéologique et que le jour où ils feront cela, ils se heurteront à nous (le M.L.C.) : c’est à dire à un courant antiprohibitionniste puissant, organisé, qui ne laissera pas faire cela”. Il poursuit par une précision assez subtile qui nous intéresse tous : les poursuites pour usage simple n’existent pas. Mais l’usager est toujours soit détendeur, soit planteur, soit acquéreur, importateur, voir même revendeur-partageur (bande de copains qui se cotisent pour acheter en demi-gros à des tarifs moins chères). Tous ces actes sont considérés par la loi comme acte de trafic. “Quand on affirme qu’on ne poursuit plus les usagers, c’est vrai, mais on les poursuit pour trafic” (précision pour démentir le discourt officiel ).Et Mr Caballero de poursuivre (au nom du M.L.C.) : “Il y a dans cette salle plusieurs personnes poursuivies pour 20 g d’importation, on les défend de plus en plus durement, si j’ose dire. Nous n’acceptons plus ces poursuites, nous n’acceptons même plus que les usagers simples et les détendeurs de la consommation personnelle soient renvoyés devant les tribunaux correctionnels C’est contre cela que nous voulons déjà lutter. En Allemagne, ce genre de poursuite ont été déclarées anticonstitutionnels. J’estime, pour ma part, que la loi qui pénalise l’usage illicite 321


de Cannabis est inconstitutionnelle, illégale et illégitime et on entend se battre jusqu’à qu’on le fasse triompher en droit.”. Nous finissons ici sans atteindre la moitié de l’émission télévisée en question. Celle ci continue en enchaînant avec Mr Kopel (orthographe incertaine), sociologue qui met “le doigt” sur deux “hic” judiciaires : on ne peut pas mettre en prison 4 à 5 millions d’usagers et la France se retrouve bien seule avec sa politique répressive en la matière, au sein d’une Europe qui tend au moins vers des formes de dépénalisation de l’usage de Cannabis. D’autres personnalités interviennent ensuite comme J. P. Galland. Je ne peux malheureusement pas tout résumer la suite du débat ici, mais je vous donne assez d’éléments sur ce dernier, dans la partie bibliographie de cette Encyclopédie du Cannabis, pour que vous puissiez aisément commander une cassette vidéo de cette émission et pouvoir ainsi la consulter dans son entier. Qu’en est il aujourd’hui de l’impact de la masse d’information cannabique sur les français ? : Les émissions télévisées qui ont eu lieu entre 1994 et 1998 ne touchaient, en moyenne, que 30% des téléspectateurs. Les articles de la Presse écrite 15 % environ. Les débats ou émissions radiodiffusées encore moins. On ne peut pas vraiment dire que le sujet à fait recette auprès du français moyen. Cependant, on note un changement pour ce qui est une approche directe du problème cannabique : c’est d’une certaine banalisation de cette acte interdit qu’il est question. Si chaque familles française (au sens élargis à trois générations) connaît aujourd’hui au moins un chômeur, elle connait aussi au moins un cannabinophile. Conséquences : on trouve aujourd’hui bien moins de personnes absolument contre, que dans la période 1970 - 1990. Beaucoup ont constatés le peu de nocivité qu’induit la prise du produit. Certains arrivent même à penser qu’il faut mieux que leurs rejetons fument un peu plutôt qu’ils boivent de l’alcool. Le fait qu’il y ait du Cannabis de partout incite les forces de Police et la Justice à lever le pied sur la question : dans les faits de la répression proprement dite, l’État n’agit pénalement qu’envers les trafiquants. Ce qui est interprété comme une “autorisation de fait” de pouvoir consommer, charge à l’individu de rester discret et de ne pas se “faire chopper”. Les parents concernés ne sont pas dupes d’une telle façon hypocrite de traiter le problème et en déduisent que les réelles raisons de l’interdiction de cette plante ne sont pas médicales mais sociales ou politiques. Beaucoup, désireux d’en savoir plus, on étés ébahis d’apprendre ce qu’on peut tirer économiquement du Chanvre et pourquoi il à été réellement interdit. Ce qui fait qu’aujourd’hui, plus de 50 % des électeurs seraient d’avis de ne plus envoyer des consommateurs de Cannabis devants les tribunaux, même si un grand nombre d’entre eux seraient encore d’accord sur le principe d’une faible amende. Car, paradoxe créant la complexité du problème, beaucoup son contre le fait d’utiliser une substance, même peu dangereuse, dans le but de se créer du plaisir, mais pensent aujourd’hui que ce n’est plus à placer sur un plan criminel. Tout est dans l’art de poser la question (indice 1997) : - À la question de légalisation, la réponse actuelle serait d’environ 70 % de contre. - À celle de dépénalisation (plus de prison pour le simple consommateur), le oui dépasserait les 50 %, nous l’avons déjà dit. -À celle de dépénalisation avec autoproduction libre, vente contrôlée pour le Cannabis médical et trafic réprimé, le oui fluctuerait actuellement entre 35 et 40 %. Le débat cannabique à donc influencé l’opinion publique autrefois plus hostile mais toutefois restée méfiante envers cette drogue douce jadis exotique. Pour l’auteur de l’article, il semble évident que cette masse d’information s’est étendue à un public plus élargie. De part l’évidence qu’elle inspire, la situation devrait évoluer rapidement au moins vers une forme intelligente de dépénalisation, situation bien plus conforme aux moeurs démocratique dont la France se vente de tenir le flambeau depuis 1789.

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La culture du Cannabis à domicile se développe en France. (Article du Monde du vendredi 28 Août 1998) Ce jour là, paraissait page 8 (société) dans ce journal, une page entière destinée au thème annoncé dans le titre. C’est la première fois qu’un grand “Canard” français planchait objectivement et sérieusement sur le sujet. L’analyse des statistiques officielles rapportée et l’ensemble des interviews, bien que leur travail à été visiblement imprégné d’un état d’esprit neutre, apportent au lecteur une réflexion qui tend inévitablement vers l’idée de la nécessité de la dépénalisation avec “autoproduction libre autorisée”. En fait, on n’y trouve pas un article, mais plusieurs, tous signés du même nom. Nous allons entièrement parcourir ces articles, tant ils complètent le reste de cette Encyclopédie par les chiffres et événements récents qu’ils relatent, et qu’en même temps, ils confirment aussi beaucoup des points et arguments jusque alors développés. Vous y retrouverez aussi nombre de noms des intervenants cannabiques cités. Début de l’article : De 1990 à 1997, le nombre de plants saisis est passé d’environ 1 500 à près de 40 000. Les “cannabiculteurs” sont, dans leur grande majorité, des consommateurs réguliers qui souhaitent éviter les réseaux de trafiquants. S’y ajoutent également quelques producteurs importants. Cet été, en patrouillant à pied autour de Buis les Baronnies, un bourg drômois de deux mille habitants, les gendarmes découvrent, au cœur des vallées inondées de soleil, six cent quinze pieds de Cannabis en bordure d’une oliveraie. “Le propriétaire nous a expliqué qu’il plantait pour sa consommation personnelle”, explique un gendarme. “Il arrosait ses plants, il leur donnait du fumier. Pour lui, c’était un produit agricole”. Depuis une dizaine d’année, les saisies de plants de Cannabis ont augmentés de manière spectaculaire en France. Selon le rapport annuel de l’Office Central pour la Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (O.C.T.R.I.S.), les policiers ont, en 1997, traités 828 affaires contre seulement 48 en 1990. L’augmentation du nombre de pieds saisis est plus importante encore : de 1990 à 1997, il est passé de 1 591 à 38 115. L’année dernière, 1599 “cannabiculteurs” ont étés interpellés, dont 80% pour simple usage. Ces chiffres, comme toutes les statistiques sur l’activité policière, ne donnent qu’une vision partielle de la réalité, mais ils reflètent l’accroissement de la culture clandestine du Cannabis en France. Selon une enquête récente de l’Institut de Recherche en Épidémiologie de la Pharmacodépendance (I.R.É.P.), réalisée sur un échantillon de 1 087 fumeurs de Cannabis, 25 % d’entre eux cultivent ou ont cultivé cette plante. 97 % l’ont fait pour leur consommation personnelle, 3 % pour le revendre. A quelques rares exceptions près, les saisies ne dépassent pas dix ou quinze pieds. “C’est de la petite culture vivrière”, constate Gilles Leclair, directeur de l’O.C.T.R.I.S.. “La plupart des pieds sont saisis en appartement ou dans des jardins, chez des personnes en marge de la toxicomanie normale, qui veulent consommer “propre” sans être dépendant des réseaux d’approvisionnement”. D’après l’O.C.T.R.I.S., les trois quart de ces cultivateurs (illicites) ont entre vingt et quarante ans. “On est plus à l’âge ou on va acheter sa barrette de haschich dans les cités”, explique Catherine, trente-quatre ans, qui a planté une vingtaine de pieds dans son jardin, en région parisienne. “Au moins, on est sûr que notre produit n’a pas été coupé avec du pneu ou je ne sais quoi. Mine de rien, on fait attention à notre santé”. Pour ces producteurs-consommateurs, la culture à domicile a surtout l’avantage de réduire les risques d’interpellation par la Police. “L’autoproduction est l’un des seuls effets positifs de la prohibition”, affirme J. P. Galland, le président du Collectif d’Information et de Recherches Cannabiques (C.I.R.C.), qui milite pour la légalisation des drogues douces. “Un fumeur de Cannabis qui cultive son herbe ne risque pas de tomber sur des drogues dures au fond de son jardin, comme il peut en rencontrer en achetant son haschich dans la rue”.

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Avec un minimum de compétences, chacun peut faire pousser sur sa terrasse ou dans le jardin de sa grand-mère quelques brins de cette herbe sauvages qui s’adapte à tous les climats, mais qui ne produit pas toujours les effets escomptés. Des magasines spécialisés en vente dans certaines librairies dévoilent toutes les étapes de la culture. Celui qui ne dispose d’aucune relation pour se procurer des boutures peut désormais commander des graines sur certains sites d’Internet et se les faire livrer par correspondance de Hollande ou du Canada. En s’inspirant des techniques les plus sophistiquées développées aux Pays-Bas, comme la culture hors sol avec des engrais, certains sont devenus experts en la matière : ils font pousser dans un placard ou sous une serre quelques dizaines de plants, avec des lampes puissantes et des ventilateurs. L’objectif est alors d’obtenir une herbe dont le taux de T.H.C., la substance chimique qui produit les effets psychotropes recherchés par le consommateur, est trois fois plus élevé qu’en milieu naturel. “L’effet pervers de la culture en intérieur, c’est de produire un maximum de rendement en un minimum de temps, un peu comme les poulets en batterie”, note J. P. Galland. “C’est de l’herbe chimique, très forte”. À coté des botanistes amateurs et des chimistes en herbe, l’enquête de I.R.É.P. a montré qu’il existait en France quelques producteurs importants, très professionnalisés, qui cultivent le Cannabis en plein air ou sous lampe pour en tirer un bénéfice. Dernier exemple en date, l’arrestation en décembre 1997, dans le Pas de Calais, de six personnes qui avaient développé un système de culture intensive dans une ferme isolée près de Boulogne-sur-mer. Les gendarmes y ont découvert cinq mille pieds de Cannabis, cultivé à tous les stades de la production, pour être vendus sur les marchés belge et hollandais. Loin des trafiquants, certains agriculteurs du sud-ouest se seraient, eux aussi, mis à la culture du cannabis pour arrondir leur fin de mois. “Le Cannabis est en train de devenir une véritable culture paysanne, avec des carrés assez importants dissimulés dans les champs de maïs”, observe Alain Labrousse, directeur de l’Observatoire Géopolitique des Drogues. “Il devient une culture de rente dans les régions agricoles classiques en décadence, où les paysans l’utilisent pour compenser la baisse des prix des matières agricoles”.

Des prises en progression spectaculaire

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113 48 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

1 591

225

38 115

3 934

305

11 741

526

38 341

23 474

684

22 955

Nombre de pieds arrachés

828

15 721

Nombre de saisies

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Source : O.C.T.R.I.S.

Face à ces pratiques, les gendarmes sévissent en général de manière mesurée. ”Dans certains villages où tout le monde se connaît, les gendarmes hésitent à intervenir chez le brave paysan du coin alors qu’il le font plus volontiers auprès des touristes de passage”, poursuit Alain Labrousse. Pour la Justice, la culture du Cannabis est assimilée à un crime, celui de la production de stupéfiant. “En réalité, elle est systématiquement requalifiée en “détention”, une infraction passible du tribunal correctionnel, car il serait impensable d’envoyer un cultivateur devant la cour d’assise”, observe Francis Caballero, avocat, professeur de droit et fondateur du Mouvement pour la Légalisation Contrôlée. “Légalement, la culture du Cannabis n’existe pas en France”. 324


Ce qui n’empêche pas la Justice de réprimer la simple détention. La cour d’appel de Paris a ainsi condamné, le 02 décembre 1996, un jeune homme de vingt et un ans qui avait fait pousser un plant de Cannabis dans le jardin de ces parents, à trois mois de prison avec sursis et à 15 000,00 F d’amende. Il avait déjà purgé un mois de prison ferme avant sa condamnation par la cour d’appel.

Un trafic à l’échelle mondiale Selon l’Observatoire Géopolitique des Drogues, le principal producteur de Cannabis dans le monde est l’Afrique du Sud (*) avec une production estimée à 22 000 tonnes par an. Ce pays est suivit par les États-Unis (5 000 tonnes), la Colombie (4150 tonnes) et le Mexique (2 500 tonnes). Les zones de production du Cannabis saisi en France ont été analysées en 1996 par l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (O.C.T.R.I.S.). S’agissant de la résine de Cannabis, les principaux pays d’acquisition de cette drogue ont été l’Espagne (24 tonnes, 68 % des saisies), et le Maroc (3,4 tonnes, soit 9,5 % des saisies). Pour l’herbe de Cannabis, la Colombie a été le premier fournisseur avec 20,6 tonnes (66 %des saisies), qui ont été interceptées au Havre dans une cargaison à destination des PaysBas. (*) Aparté : 20 000 tonnes produites par l’Afrique du Sud citées ici dans l’article valent 120 000 tonnes en 1996 d’après A.S.U.D. Journal n°11 et plus de 200 000 tonnes estimées en 1999.

329 Kg d’herbe Française saisie en 1997 Selon les chiffres de l’O.C.T.R.I.S., 3 452 kilogrammes d’herbe de Cannabis ont été saisies en France en 1997. Parmi ces saisies dont la provenance a été identifiée, figurent 329 kilogrammes d’herbe française, dont la plupart, 261 kg, ont été saisie dans les départements et territoires d’outre-mer. La Polynésie française arrive en tête des territoires et départements où ont été effectuées le plus grand nombre de saisie, suivie par la Réunion, la Nouvelle-Calédonie et la Guadeloupe. Viennent ensuite, les départements du sud de la France, Aude, Ardèche, Corrèze. En 1997, trois pieds de Cannabis ont été saisis à Paris. Selon un rapport de 1996 de l’Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (O.F.D.T.), deux millions de personnes avaient fumé du Cannabis au moins une fois au cours de l’année en France.

Rodolphe Ingold, psychiatre et anthropologue : “Les petites productions donnent rarement lieu à des pratiques commerciales”. (Questions d’Alexandre Garcia en caractères gras, réponses de Rodolphe Ingold en caractères claires). “- Rodolphe Ingold, vous êtes psychiatre, anthropologue et fondateur de l’Institut de Recherche en Épidémiologie de la Pharmacodépendance (I.R.É.P.). Vous avez dirigé une enquête sur la consommation de Cannabis dont les résultats ont étés publiés dans un ouvrage intitulé “Le Cannabis en France” (édition Anthropos). A quand remonte le phénomène de l’autoproduction ? - La Culture à commencé à se développer à la fin des années 70, avec la raréfaction de la Marijuana étrangère et, surtout, l’apparition sur le marché, de variétés de graines beaucoup plus adaptées au climat français. À la surprise des producteurs, elles ont commencé à fournir au milieu des années 80, des produits de bonne qualité. La culture en appartement, sur un balcon, ou dans un jardin ou dans la nature, est alors devenu une pratique très fréquente. Petit à petit, les consommateurs français ont commencés à comprendre tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de la culture du Cannabis par leur propre moyens, en s’inspirant des techniques développées en Hollande.

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Une expertise s’est développée au cours de quatre ou cinq dernières années, qui permet aujourd’hui au planteur moyen d’être parfaitement au courant de ce qu’il faut faire pour en cultiver dans de bonnes conditions. - L’autoproduction ne favorise-t-elle pas le trafic, ou une plus grande consommation ? - Au contraire, cette pratique encourage à une consommation “gérée”, beaucoup plus ritualisée, car elle est conditionnée par la saison, par le fait que la plante est prête ou non. Comme les graines qui circulent de main en main, les petites productions de cannabis donnent rarement lieu à des activités commerciales. Ce qui domine, c’est une sorte de convivialité, qui privilégie le don, l’échange ou le partage. À la campagne, on donne un peu d’herbe en échange d’un poulet. En ville, cela peut être une façon de payer le plombier qui vient faire un petit boulot. Tout cela n’exclut pas l’existence d’une production avec des enjeux commerciaux importants. - La culture du Cannabis va-t-elle continuer à se développer ? - On est en train d’assister à la courbe ascendante de ce phénomène et tout laisse à penser que cette culture individuelle du Cannabis devrait s’accroître dans les années qui viennent. Hormis les risques de sanction légale, les consommateurs n’y trouvent que des intérêts et ne voient pas pourquoi ces pratiques devraient être découragées. Quand à la loi, il faut bien constater qu’elle est très diversement appliquée et très difficilement applicable. Les dispositions légales, qui n’ont pas été modifiées depuis très longtemps, sont perçues comme obsolètes et très gênantes pour ceux qui veulent consommer du Cannabis ou se réserver le droit d’accès à ce produit. La loi de 1970 fonctionne presque comme un encouragement, dans la mesure où le fait de cultiver des plants chez soi n’est plus vécu comme une transgression, mais comme une pratique banale, située dans le cadre de la vie privée, intime, familiale, qui n’a, en principe, rien à voir avec les considérations légales. La banalisation de cette culture vient finalement remettre en question la loi de 1970, qui met toutes les drogues dans le même sac et qui leur réserve un traitement identique.”

Jérôme, cultivateur amateur, dans un deux pièces sous les toits de Paris :

Jérôme approche une loupe de la sommité fleurie. “Ces petites gouttes qui brillent sur les pétales, c’est de la résine”. Il frotte le tronc de la plante et renifle sa main. “Elle a une odeur très poivrée. C’est de la Sativa Djakar, la préférée des américains”. Le pied de Cannabis, très touffu, mesure un peu moins d’un mètre. Il pousse dans un bac à eau rempli de gros granulets, sous la fenêtre grande ouverte du salon. Un filet d’eau y coule en permanence grâce à une petite pompe. “Avec ça, on peut tout planter“, note-t-il. ”C’est un système de culture hydroponique hollandais, qui fonctionne avec de l’eau et des engrais”. Sur la notice de l’appareil, figurent des photos de tomates et de tulipes. “Il a été détourné pour le Cannabis”, poursuit Jérôme. Jérôme cultive, dit-il, “100 % bio, avec des engrais écologiques”, dans un petit deux pièces niché sous les toits de Paris. Il élève ses boutures pendant quelques semaines dans l’eau, avant de les replanter dans son placard, sous deux grosses lampes de 200 Watts. “Il faut faire attention à la lumière parce qu’elle se voit de loin,” explique-t-il, “400 Watts, c’est l’équivalent du soleil ou d’un lampadaire d’autoroute”. Le placard occupe toute la hauteur de la chambre. En bas, un ventilateur assure le renouvellement de l’air; sous le plafond, un aérateur se déclenche dès que la chaleur produite par les lampes dépasse trente degrés.

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“Pour avoir du matériel prêt à poser, il faut compter de 4 000 à 5 000 francs si l’on ne bricole pas. Mais la majorité des gens qui plantent chez eux jouent à Mac Gyver : ils bidouillent. La seule chose que j’ai acheté, c’est la lampe et le transformateur”. “Comme le Vin” Une vingtaine de plants de différentes variétés et de toutes les tailles sont installées en escalier dans le bas du réduit. Sur chaque pot, une étiquette indique la provenance et la date de mise en terre. “On ne prend plus le risque d’aller chercher des graines en Hollande. On se passe les boutures. C’est comme ça qu’on arrive à avoir de la Super Skunk, de la Black Domina, de la Purple Power ou de la californienne. Celle là, c’est une Master Kouche de la première génération. C’est comme le vin, il y a des appellations”. Ainsi équipé, le cannabiculteur récolte tous les trois mois, alors qu’un pied de Cannabis met huit mois avant d’arriver à maturité dans la nature. Allongé sur son lit, Jérôme arrose consciencieusement chaque petit pot avec son pulvérisateur télescopique. Sa Hantise : “la maladie des araignées rouges” qui attaque les jeunes plantes sous l’effet de la chaleur. Mais il y a aussi la peur de la Police et des vols. “L’année dernière, il y a eu énormément de vols en banlieue où beaucoup de monde plante”, affirme Fabienne, une amie de Jérôme. “Dans le sud, il y a des planteurs qui couchent dans leur champ à partir du mois d’août pour prévenir les vols”. Tous deux affirment planter pour leur consommation personnelle. “Quelqu’un qui passe à un placard, c’est un usager régulier qui aime le Cannabis et a calculé les risques”, observe Fabienne. “Si on se livre à ce petit jeu qui peut coûter des années de prison, c’est parce que le calcul est vite fait : en plantant, j’économise 1 500 francs par mois, sans risquer de me faire dépouiller dans une cité ou de tomber sur la Police”.

Articles et propos recueillis signés par Alexandre Garcia.

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DROGUES : LE VRAI DÉBAT.

Le 26 Novembre 1997, paraissait dans le Nouvel Observateur, un intéressant et long ensemble d’articles sur le problème de la pertinence de la répression des drogues. Il fait paraître le point de vue de quelques spécialistes et nous instruit de moult données prompt à remettre en question les quelques idées reçues qui perturbent encore les activités cérébrales des prohibitionnistes. Cela commence par une série de question, dont le fait qu’elles soient posées dénonce l’échec de la situation actuelle : “... Comment classifier les drogues ? Le tout-répression fait-il reculer la consommation ? Quels arguments politiques, géopolitiques, économiques, biologiques ou médicaux permettent de déterminer si une substance psychotrope est interdite ou autorisée ? Comment contrer la mainmise des mafias ? “ Comme nous le précise l’auteur, on note que “Le débat dépasse le clivage entre rigoristes et permissifs ...”. En Angleterre, en Suisse, en Espagne et aux Pays-Bas ont eu lieu des expériences antiprohibitionnistes. Les résultats, certes ambigus et contrastés, attirent l’attention. Conséquence : après les médecins et les experts, des politiques s’interrogent publiquement sur l’efficacité de la répression (Alain Madelin, Dominique Voynet, Bernard Kouchner, ...). Michel de Pracontal démontre comment les nouvelles découvertes scientifiques contredisent les idées reçues. Nous finirons par les analyses de trois experts (Roger Henrion, Francis Curtet et Michel Koutouzis. Pour ceux qui ont participé à ces écrits, le débat est enfin ouvert, ils suggèrent qu’il faut oser le mener jusqu’au bout. Il y a aussi une enquête sur une expérience de dépénalisation de drogue dure à Liverpool (écrit par François Glaviglioli). Cette dernière ne sera pas retracée ici puisque vous en trouverez le développement dans le point Héroïne (dans la deuxième partie). De même, certains encadrés (précisions européennes) seront absents ici mais les éléments qu’ils contiennent se retrouvent forcément tous quelque part dans cette encyclopédie. Voici le compte rendu de cette série d’articles :

1) Introduction : L’auteur commence par de nouvelles interrogations. Pourquoi l’alcool est libre de consommation et le “pétard” défendu ? Est-il moins dangereux que le haschisch ? Existe-t-il des arguments biologiques qui justifient qu’une substance soit classée comme licite ou illicite ? Force est de constater que depuis les trente dernières années, la définition du concept des drogues n’a cessée de se modifier au fil et à mesure que l’on élucidait les mécanismes d’interaction de ces dernières dans le cerveau humain. On distingue alors deux genres de définitions : - Celle admise par le commun des mortels : une drogue ne peut être que nocive (dépendance, idée de poison, abrutissement), entraîne une modification du fonctionnement cérébral habituel et une altération de la conscience. Les drogues sont perçues comme du poison occultant par la même la notion de plaisirs que recherchent les consommateurs. - Celle qui ressort d’une approche scientifique et rigoureuse de l’ensemble des données en toxicomanie qui fait que 80% des intervenants dans cette matière sont favorable à la dépénalisation des drogues. Même si cette dernière remarque n’est pas explicitement écrite dans le texte, on la devine logiquement par opposition à la précédente. Comment justifier une telle différence de point de vue ? Commençons par étudier à l’échelle moléculaire de quelle façon se déroule les échanges biochimiques entre les drogues physiologiques et le cerveau. Vu au microscope, le cerveau est le premier trafiquant de drogue : entre les neurones circulent des substances analogues, en quelques sortes, à la Morphine et au principe actif du Cannabis. Ce sont des molécules biologiques produites par l’encéphale que l’on appelle neurotransmetteurs (ou aussi neuromédiateurs). Elles ont pour but de véhiculer des informations entre les neurones ou de déclencher telle fonction ou réaction du cerveau.

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On vulgarise le principe de fonctionnement des ces molécules en les comparant à des clefs qui actionnent des serrures (les récepteurs reliés aux neurones). Il existe plusieurs sortes de neurones possédant chacun sa gamme de neuromédiateurs et de récepteurs. Chaque neurone peut donc échanger des informations avec d’autres possédant les même “serrures” et utilisant donc, les mêmes neuromédiateurs (clefs) que lui. En conclusion, les “messages cérébraux” parcourent le cerveau en des cheminements spécifiques, puisqu’un neuromédiateur (clef) donné n’agit que sur les neurones qui possèdent un récepteur (serrure) adéquat. Toute substance psychoactive, drogue ou médicament, se comporte comme une sorte “d’agent double” infiltré dans ces circuits de communication. ; - En exemple, la Morphine et l’Héroïne se fixent sur certains récepteurs de type opiacés, c’est à dire qu’elles sont capables de “mimer” les Endorphines, véritables Morphines naturelles qui jouent un rôle crucial dans les circuits du plaisir et de la régulation de la douleur, et les remplacer dans la chaîne d’informations. C’est parce qu’elle a cette capacité que la Morphine constitue le meilleur analgésique connu à ce jour. - Le principe actif du Cannabis, le Tétrahydrocannabinol (ou T.H.C.) n’échappe pas au phénomène : il reconnaît certains récepteurs présents dans le cortex et les régions cérébrales qui contrôlent l’humeur. Les équipes de Raphaël Mechoulam et de Jean-Charles Schwartz (unité 109 de l’I.N.S.E.R.M.) ont démontrés que certaines molécules cannabinoïdes étaient apparentées à une classe de neuromédiateurs nommée Anandamides. - Le L.S.D. agit sur les récepteurs de la Sérotonine, la Mescaline sur ceux de la Noradrénaline, ... etc.

Certaines drogues n’agissent pas sur les serrures, mais sur les clefs

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- C’est le cas de la Cocaïne qui augmente artificiellement la teneur de trois neuromédiateurs qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre de l’humeur : la Dopamine, la Sérotonine et la Noradrénaline. Il est intéressant de remarquer que ce trio intervient dans la composition de la plupart des médicaments antidépresseurs ainsi que de nombreux autres produits. On en conclue qu’à l’échelle moléculaire, les effets que recherchent les consommateurs des drogues miment, amplifient ou dérèglent des phénomènes qui se produisent naturellement dans le cerveau. Elles sont, par essence, dotées des mêmes mécanismes fondamentaux qui mettent en jeu les neuromédiateurs. Mais ces drogues qui “miment” les neuromédiateurs ont des inconvénients car elles ne respectent pas l’équilibre subtil qui met ces derniers en jeu. La production d’un neuromédiateur est très finement régulée. Elle concerne des doses faibles et le produit est rapidement neutralisé après avoir agi (à l’inverse des drogues). Ce schéma d’ensemble s’applique à toutes les drogues, médicament psychotropes y compris. Dans ce contexte, il est difficile d’apprécier les bons des mauvais produits, du moins pour ceux qui n’ont pas d’effet toxique immédiat comme le Crack (qui provoque quand même de graves troubles respiratoire) ou l’Ecstasy (qui génère une dangereuse déshydratation). La toxicité peut aussi provenir de l’adultération des drogues, argument de légalisation de ces dernières qui a déjà eu un précédent en la matière avec l’arrêt de la prohibition de l’Alcool, aux États-Unis pour ces mêmes raisons. La différence de traitement entre Alcool et Cannabis illustre les paradoxes causés par l’interdiction. - À toxicité, supposée au plus égale, l’un est autorisé (drogue licite), l’autre pas. Les Benzodiazépines dangereuses molécules dont l’action anxiolytique est comparable à celle de l’Alcool sont aussi autorisées à titre de médicaments. - Inversement le Cannabis est interdit et demeure sévèrement réprimé même si son action toxique est moindre que celle de l’Alcool et celle du Tabac. Notons que contre toute logique, la Convention Unique de 1961 à classé le Cannabis au tableau 329


IV des stupéfiants en présence de l’Héroïne, substance particulièrement dangereuse et de valeur thérapeutique inexistante. Qui plus est, le Cannabis ou plutôt son principe actif le T.H.C., a des effets thérapeutiques intéressants. En Californie, on a récemment autorisé une dérogation médicale à l’interdiction de cette plante pour certains malades du Sida en perte d’appétit (vertu apéritive du Cannabis). L’argument majeur qui justifie l’interdiction de certaines substances est le fait qu’elles développent une forte dépendance physique. Cette dernière décennie du millénaire, on a découvert que le principe de la dépendance pourrait être lié à un ensemble de neurones situé dans la partie sous-corticale du cerveau. Ce “circuit” qui met en jeu la dopamine a été appelé “circuit de la récompense”. Lorsqu’on le stimule, il apparaît un comportement de renforcement qui pousse le sujet à rechercher de nouveau la même stimulation. La plupart des drogues à forte dépendance semblent agir sur ce circuit. L’Alcool, les Benzodiazépines, la Morphine et l’Héroïne semblent donc agir sur ce circuit de la récompense, mais on doute que cela soit le cas pour le Cannabis et la Cocaïne. Ce schéma ne s’applique pas au L.S.D.. En 1995, Simone Veil, alors ministre de la Santé, avait désigné une commission d’experts, présidé par le professeur Henrion, pour étudier le problème de la classification des drogues. Cette dernière répondit explicitement à la question posée : “Les connaissances apportées ces dernières années dans le domaine de la Neurobiologie et de la Pharmacologie, ne permettent pas de justifier la distinction actuelle entre drogues licites et illicites”. En effet, si l’on se basait, par exemple, sur le nombre de morts rapportés par les statistiques de Santé Publique, on pourrait tout aussi bien interdire le Tabac et l’Alcool. Manifestement, la Loi est en décalage avec la Science, ce qui démontre que le problème des drogues n’a pas de réponse purement scientifique. Les interdits sociaux mis en places sont d’avantage le produit de la culture et de l’histoire que des données médicales. Ce n’est que récemment que la notion de drogue comme stupéfiant a vu le jour (vers 1860). En France, la première loi pénalisant l’usage des drogues date de 1916. Mais l’approche de la toxicomanie ne s’est vraiment médicalisée que dans les années 60, avec le problème des Amphétamines qui étaient alors vendues couramment comme stimulant. La prohibition débutera avec la Guerre française contre la Drogue en 1969. Aujourd’hui, les progrès de la Pharmacologie ont apporté des molécules de plus en plus efficaces, de mieux en mieux tolérées avec de moins en moins d’effets secondaires. Le marché des Antidépresseurs et des Tranquillisants semble vouloir remplacer celui des drogues. Leur efficacité croissante semble motiver la Médecine et la Pharmacologie à vouloir “reprendre en main” la consommation de psychotropes. Elles rêvent d’une “drogue parfaite”, sans inconvénients ou nocivité. Ce qui parait tout d’abord comme un progrès pour les patients possède un risque de dérive comme le souligne le toxicologue Claude Olievenstein, incontournable spécialiste français de la lutte contre la toxicomanie. Il compare le but recherché par la science avec la logique du “Meilleur des mondes”, livre d’Aldous Huxley : une drogue parfaite, sans délinquance ni marginalité. Mais nous n’y sommes pas encore, ce qui explique en parti la situation présente, le professeur Olievenstein précise (extrait) “ ... À l’inverse de la logique du toxicomane qui cherche d’abord la jouissance, même au prix de l’isolement social, on cherche au contraire à atténuer tout ce qui peut nuire au comportement social”. L’article dont vous venez de lire le compte rendu est signé par Michel de Pracontal. A mon avis, le meilleur article sur les drogues de tous les temps. 2) Les naufragés de Liverpool (complément au point sur la prohibition) : “J’ai séparé ce texte en deux parties, aussi vous en trouverez la première : (expérimentation de dépénalisation) dans le point sur l’Héroïne, (deuxième partie de cette encyclopédie) ... Après ce passage sur 330


l’Héroïne délivrée médicalement à Liverpool, nous trouvons dans le texte un petit historique de la prohibition dont le raisonnement et l’étude tend à prouver l’inefficacité de cette dernière. En voici le compte-rendu : D’après l’auteur, l’estuaire de la Mersey (Liverpool et sa banlieue), est à l’origine d’une bonne partie de l’histoire générale des drogues. C’est par l’ancien chenal à cargos qu’est arrivé, au XIX e siècle, les drogues des colonies : Opium, Cocaïne et Chanvre Indien de même qu’elle sont arrivés aussi en France à Marseille, à la Joliette ou sur les quais de la Gironde à Bordeaux. Elles furent tout d’abord bien accueillies par les laboratoires pharmaceutiques qui virent en elles l’aboutissement d’un enjeu important. Elles eurent surtout la faveur de la Haute société. A Londres, les barmen mélangent la Cocaïne au Whisky. En France, le vin de Mariani connaît dès 1863, un succès sans précédent. Jules Verne, Émile Zola, Victor Hugo et le pape Léon XIII en raffolèrent. Les opiacés font fureur : Bismarck prend de la Morphine à chacun de ses discours au Reichstag et, de manière générale : “en Europe, les gens du monde, se font une petites seringues pour être frais et dispos en société”. (Aparté : on est bien loin du discours “Morphine - Héroïne = clochardisation, maladies et vol”). Tout commence à se gâter lorsque l’Opium cesse d’être le privilège des gens du monde. La classe ouvrière britannique ne tarde pas à découvrir les “vertus” de cette drogue. Près des entrepôts de Liverpool, ou s’entassait jadis les richesses du monde, on fumait cette drogue en cachette. Ce pays n’est pas le seul touché par ce phénomène : aux États-Unis, les femmes blanches, à qui l’Alcool est interdit, avalent des boulettes d’Opium. Beaucoup d’historiens précisent que l’Opium a très certainement aidé le prolétariat, en Angleterre (comme ailleurs), à supporté les horreurs de l’industrialisation. Mais les patrons parlent alors de gâchis, et de baisse de la productivité (énergie gaspillée). Certains opiomanes se plaignent de leur engourdissement frigide. Réputé refuge des gens faibles, l’opium est ressenti comme un danger. Paradoxalement, ce n’est pas une question de Santé Publique qui fut à l’origine de la prohibition. Ce sont pour de sombres raisons racistes que les États-Unis firent interdire la Marijuana (drogue des mexicains envahisseurs), la Cocaïne (poison qui rendait les noirs ”fous furieux”) et l’Opium (arme secrète des chinois dont l’Amérique a cherché à se débarrasser après la construction du Chemin de fer Transcontinental). Les différents mouvements moralistes, autorités médicales dans la poche, n’ont eu aucun mal à faire triompher leur croisade puritaine en manipulant les grandes peurs archaïques des américains. En 1911, les États-Unis obtiennent la prohibition mondiale de l’Opium, en 1914, celle de la Cocaïne, en 1937 enfin, celle du Cannabis. Tous les pays ont signés les conventions sans trop réfléchir d’autant que la Cocaïne et le Cannabis, qui ne sont alors pas très usités en Europe, ne sont pas pris au sérieux. L’Angleterre et la France, grosses productrices de drogues, signent mais ne respectent pas (immédiatement) leurs engagements pour l’Opium. La Régie Indochinoise de l’Opium ne sera fermée qu’en 1956. Après le Raz-de-marée de l’Héroïne dès les années 60 suivit de celle du Crack 15 ans plus tard, les “States” lancent leur Guerre contre la Drogue (guerre mondiale), en y jetant toute leur puissance et en obligeant l’Occident à faire de même. En France, pays doté d’une des lois les plus répressives du monde, c’est aussi l’échec. Le front antidrogue a craqué. On note la discrète défection de certains pays comme la Hollande. Aux États-Unis, des voix autres que celles des consommateurs de drogues s’élèvent pour demander la légalisation. Les ultralibéraux comme Milton Friedman, prix Nobel d’économie, argumentent que la loi de l’offre et de la demande suffira à la régulation de la production et de la consommation de toutes drogues. Nous n’avons pas en France de politiciens aussi radicaux. IL n’y a pas d’abolitionnistes absolu. Soit, certains constatent l’échec actuel (exemple : Alain Madelin) et sont prêt à oser le débat, d’autres souhaitent lutter contre la mafia en légalisant, ce que l’Opinion Publique n’est pas prêt d’accepter. Entre les deux voies, les humanitaires comme Bernard Kouchner, plaident une dépénalisation de la consommation qui ne résout en rien le problème du trafic et de l’approvisionnement. Face à eux des prohibitionnistes, comme Catherine Trautman, très inquiétés par une éventuelle aggravation de la situation en cas de toute libéralisation.

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L’article dont vous venez de lire le compte rendu, a été écrit en 1998 est fut signé par François Caviglioli. Il finit par une très judicieuse citation de Paul Valéry qui nous servira aussi de conclusion : “Il y a deux choses à craindre dans le monde actuel, l’ordre et le désordre”. Dans l’encadré vert, au sujet du texte que j’ai souligné, aujourd’hui (en 2007), il y a un certain Nicolas Sarkozy, ultra-libéral au concept politique proche d’un certain George Bush !

3) Vers une dépénalisation douce (par le professeur Roger Henrion) : (Article intégralement rapporté ici) “Les politiques perçoivent le sujet de la dépénalisation comme très sensible et hésitent donc à s’en saisir. L’Opinion Publique semble majoritairement opposée à la dépénalisation alors que 80 % du milieux professionnel (intervenants en toxicomanies) concerné est favorable à une évolution de la loi. Je pense qu’il serait souhaitable de modifier la loi de 1970 parce qu’elle est totalement débordée par la réalité et n’a pas empêché une extension considérable de la consommation de drogue dans tous les milieux sociaux. Beaucoup de jeunes n’ont même pas conscience que le Cannabis est interdit ni qu’il peut présenter des risques, et des drogues nouvelles comme l’Ecstasy ou d’autres composés synthétiques, se développent. Je ne suis pas sur que sans la loi, la situation serait pire. Comment modifier la législation ? La commission que j’ai présidée s’était prononcée, à une faible majorité, pour la dépénalisation du Cannabis, mais assortie d’une réglementation stricte pour protéger les mineurs et conserver l’interdiction dans les lieux publics; pour les autres drogues, la commission souhaitait une diminution des peines, sans lever l’interdiction. Personnellement, j’irai plus loin. Je suis favorable à une dépénalisation de l’usage de toutes les drogues, assortie d’une réglementation précise et efficace. En revanche, je ne suis pas pour que les drogues soient en vente libre, car la couche fragile de la population serait tentée d’en consommer beaucoup plus. Dans tous les cas, il faut préparer l’Opinion (Publique) à une indispensable évolution. Il n’est pas nécessaire de traiter tous les problèmes à la fois. On pourrait commencer par dépénaliser le Cannabis, qui apparaît moins dangereux que d’autres produits. Je crois que la bonne démarche consiste par étapes, en évaluant régulièrement la situation, par exemple tous les trois ans”.

Propos recueillis par Michel de Pracontal

4) Pour un interdit non répressif (par le docteur psychiatre Francis Curtet) : (Article intégralement rapporté ici) “Pour les toxicomanes, il est très important de maintenir les interdits. C’est aussi essentiel que de poser des interdits aux enfants. Quand on regarde l’histoire d’un sujet toxicomane, on constate souvent que les lois et les interdits ne lui ont pas été signifiés de manière claire. J’ai travaillé longtemps dans les prisons et j’ai été stupéfié du nombre de toxicos qui se font arrêter exprès. Ils mettent en action la formule : “Retenez moi ou je fais un malheur.” C’est un mauvais calcul parce que la prison ne règle pas le problème, au contraire. Le fait de mettre une limite peut les aider. En même temps, je ne suis pas partisan de la répression. L’interdit doit exister, mais sa transgression doit être utilisé comme un tremplin. Et il faut distinguer les situations. Plus de 80 % des consommateurs de Cannabis fument un joint par plaisir, c’est un acte convivial : il est stupide de les mettre en prison ou de les punir.

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En revanche, ils méconnaissent souvent les effets secondaires du produit. Il est donc nécessaires de les informer, en leur disant la vérité; si on leur raconte des histoires, par exemple que le hasch. conduit forcément aux drogues dures (théorie de l’escalade), ils ne le croiront pas, et le message ne passera pas. Ce message ne doit pas être dramatisé : une fois qu’on leur a expliqué les dangers, on peut laisser les consommateurs hédonistes tranquilles. Pour 10 à 15 % des fumeurs de joints, le problème est plus sérieux : ils fument pour se sentir mieux, pour échapper un malaise, pour fuir une réalité. Ce sont ceux-là qui peuvent s’engager dans un processus d’escalade dans les toxicomanies graves. Là encore, la réponse n’est pas la répression, c’est les aider à résoudre le problème qu’ils veulent fuir. Je souhaiterai que ce principe de l’interdit non répressif soit la règle pour toutes les drogues, pas seulement pour le Cannabis. Je ne suis pas favorable à une légalisation, parce que si on légalise, il n’y a plus cette occasion de rencontre avec quelqu’un qui appèle au secours. La légalisation, c’est un peu comme si l’on disait au gens “Droguez-vous dans votre coin”, comme si l’on faisait de l’indifférence une règle de vie. Quand à l’argument selon lequel légaliser couperait les profits des trafiquants, c’est du pipeau. Le Tabac est légal et la mafia italienne réalise d’énormes profits sur les trafics de cigarettes. Si l’on légalisait la Cocaïne par exemple, cela n’empêcherait pas des trafics parallèles. Dans le paysage actuel, la seule drogue pour laquelle une légalisation me paraît envisageable, c’est la Cannabis. Si sa consommation devient un phénomène culturel, l’équivalent pour les jeunes de l’apéritif des parents, la logique commandera à terme de le légaliser. Lorsque vingt millions de Français auront touché au Cannabis, il apparaîtra cohérent de le traiter comme un produit culturellement intégré. Mais il ne faut pas aller plus vite que la musique. Ce n’est pas aujourd’hui une urgence. Les priorités actuelles, à mon sens, sont autres. D’abord, augmenter les moyens de la lutte contre la toxicomanie, qui sont très insuffisants. Les crédits attribués à la prévention de la drogue pour toute la France représentent le budget d’un petit hôpital de province. Une autre priorité est de modifier la Loi de 70. Entre cette loi qui me parait aberrante, et la légalisation, il faut trouver une troisième voie. Elle doit aller dans le sens d’une double exigence : prendre en compte la toxicomanie, sans la réprimer. J’aimerai que la France devienne le pays où l’on ne se débarrasse pas des toxicos, mais ou l’on ne les punit pas non plus. Cela nécessite d’inventer une solution originale. Il est temps de mettre l’imagination au pouvoir”. (Francis Curtet est psychiatre et dirige l’association Grande Écoute).

Propos recueillis par Michel de Pracontal

5) Stupéfiante planète : Et si les accros étaient les États et les banquiers ? (par Michel Koutouzis) : (Article intégralement rapporté ici) Pour le chargé de recherche de l’Observatoire Géopolitique des Drogues, le débat sur la dépénalisation est mal posé tant les états, en fonction de leurs intérêts communs ou divergents, font preuve d’hypocrisie dans leur politique anti-drogue.

“Notre époque ressemble à celle de l’après-prohibition. La consommation de drogues et notamment de Cannabis, s’est largement banalisée. Les fumeurs de joints se comptent par millions. Dans les années 30, le gouvernement américain avait totalement interdit la consommation d’Héroïne, de Cocaïne et d’Alcool.

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Le développement de la criminalité mafieuses et le caractère gigantesque du trafic l’ont contraint à revenir en arrière pour l’Alcool, marché de masse, mais pas pour l’Héroïne, marché marginal. La question qu’on se posait hier sur l’Alcool, on se la pose aujourd’hui pour la drogue. Oui, les drogues sont dangereuse mais leur interdiction crée tant de problèmes (criminalité, financement occulte des guérillas, internationalisation de la mafia ...) qu’il convient d’envisager sa légalisation. Si nous adoptions le même raisonnement que les américains dans les années 30, nous dépénaliserions aujourd’hui la consommation de la drogue. La nocivité d’une drogue n’est plus un critère déterminant pour l’interdire ou pas. Des drogues provoquant une sévère accoutumance circulent en toute légalité. La logique de la prohibition oblige les pouvoirs à mettre sur le marché des drogues légales. La Méthadone, ce substitut de l’Héroïne, provoque une forte dépendance. 30 % des surdoses en France sont le résultat de l’absorption d’un cocktail de drogues légales et illégales ; Rohypnol et Héroïne, par exemple. Les dealers distribuent dans les Raves-parties des pilules de strychnine-caféine parfaitement légales, mais qui sont redoutables pour le coeur et beaucoup plus nocives que l’Ecstasy non trafiquée. Les Amphétamines ne sont que d’anciens médicaments qui, dans une dérive prohibitionniste, sont devenus illégaux. Ajoutons que la définition d’une substance psychotrope diffère suivant les pays. Le Rohypnol est considéré comme une drogue dangereuse aux États-Unis, mais pas dans le reste du Monde. Le trafic des substances psychotropes est de plus en plus difficile à démanteler. Une substance de synthèse peut circuler à travers le monde collée sur une enveloppe derrière un timbre. Que va-t-il donc arriver ? Va-t-on contrôler les citoyens comme on contrôle les athlètes soupçonnés de dopage ? On prend donc le risque d’assister à une course absurde à la production de produits indécelables ou masquant dont on ne connaît absolument pas les effets secondaires ou pervers. Les problèmes de la drogue dépassent de loin ceux de la Santé Publique. La Drogue est aussi un outil politique et géopolitique. Elle est au cœur des luttes entre les anciens empires coloniaux. Pourquoi les américains mettent-ils toutes leurs forces dans la bataille contre la Cocaïne ? Cela leur permet d’intervenir ouvertement en Amérique Latine. L’Europe laisse le Maroc libre de cultiver le Haschich parce qu’il représente un rempart contre l’intégrisme islamique. On ferme les yeux sur ce qui se passe aujourd’hui en Turquie parce qu’il s’agit d’un pays frontière entre l’Europe et l’Asie. L’histoire de la répression des drogues est l’enjeu de batailles géopolitiques. Il y a également une inégalité sociale devant la drogue. La dépénalisation de la consommation de Cocaïne existe déjà pour les milieux socialement très aisés. On a saisi 40 tonnes de Cocaïne en Europe cette année, mais on n'arrête jamais personne, sauf les consommateurs de Crack, dérivé de la Cocaïne. La répression dans les banlieues et dans celle des beaux quartiers n’a pas la même intensité. On peut également consommer une drogue dure de manière douce et une drogue douce de manière dure. Cette idée est très difficilement introductive dans un discours politique. On n’est pas malade de drogue, mais du chômage, d’exclusion, de solitude même. Contre ces maux sociaux, la drogue agit comme un médicament. La question de la dépénalisation est donc mal posée. Ceux qui sont en situation de désespoir consommeront de toute façon de la drogue, même au risque d’aller en prison. En revanche, les gens qui maîtrisent leur consommation ludique ou créative, ne seront jamais poursuivis. 334


Il existe de fortes résistances culturelles ou religieuses. Il est très facile au nom d’une religion d’interdire la drogue de l’autre. Les ayatollahs ont-ils raison lorsqu’ils soulignent les méfaits de l’Alcool, notre drogue nationale. Les vrais accros de la drogue, ce sont les banquiers ... Le trafic de Cocaïne, c’est mille milliards de dollars qu’on insuffle dans l’économie mondiale. Il y a trop d’hypocrisie dans ce jeu planétaire. Pourquoi l’Amérique nous demande-t-elle de ne pas faire pression sur ses protégés afghans et pakistanais, qui inondent l’Europe d’Héroïne ? On le voit bien : la lutte contre la drogue est soumise aux diktats américains. Le débat sur la dépénalisation est donc totalement naïf. Un jour on ferme les yeux, un autre on interdit telle ou telle substance ou on intensifie la répression. La Drogue fait parti de la donne et du jeu géopolitique. Tant pis pour les consommateurs“.

Propos recueillis par Saba Daniel.

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(Quand la drogue devient un argument commercial :)

Cannabis Le Business de demain. (Série de trois articles successifs dans le V.S.D. n°1102 du 8 au 14 Octobre 1998.) Très longue mais très intéressante succession d‘articles résumant de façon assez complète l’état actuel du conflit intereuropéen entre les prohibitionnistes et leurs adversaires. Cela commence pages 22-23 ou on aperçoit la vue partielle d’une grande salle remplie d’exposants et de visiteurs sur le thème Cannabis. Superposé à la photographie (SPL/Cosmos), on y lit : (Premier article) “Le Cannabis bientôt en supermarché ? Jamais les fumeurs de pétards n’ont eu autant de raisons de sourire. Excepté aux Pays-Bas, le Hasch est illégal mais, partout en Europe, les produits au Chanvre envahissent les magasins. Un business lucratif qui rouvre le débat sur la dépénalisation. En Allemagne, une gigantesque foire entièrement destinée au Chanvre. Plus de 4 500 m2 d’exposition, 150 exposants venus de 15 pays différents, près de 10 000 visiteurs dont 40% d’étrangers : Cannabusiness, le plus important salon international du Cannabis, s’est tenu les 25 et 26 septembre à Hennef, près de Bonn (Allemagne). Cette ”méga-foire” est au Chanvre ce que le Salon de l’Auto est à la voiture. On y croise jeunes “victimes de la mode” venus faire leur marché, cultivateurs babas, mais aussi des hommes d’affaires en costumes trois pièces”. Page 24-25, on trouve de nombreuses photo (toutes de Tivert) illustrant des produits dérivés du Chanvre dont on nous prévient que la plupart restent encore défendus en France. C’est ainsi que l’on découvre le stick à lèvres Shivaa, très riche en acides gras essentiels possédant un fort pouvoir régénérant (environ 30 F), une bière traditionnelle brassée au Chanvre suisse (environ 12 F les 33 cl) vendue aussi en France, les sucette bio. Chuppa Hanf aromatisés au Cannabis exclusivement commercialisées en Allemagne (3,50 F env.), les shampooings et savons Bangi, marque allemande qui vend des cosmétiques naturels (de 60 à 120 F), des chemises 100% pure Chanvre de chez Mamono, tailleur allemand aux produits encore assez chers (environ 500 F pièce), du chocolat très énergétique aux graines de Chanvre (15 F) vendu aussi en France, etc. ... Le salon s’adresse aussi aux professionnels comme le témoigne la présence de la “Chanvrière de l’Aude” exposant ses produits dérivés du Chanvre (vue sur une photo.). Un petit encart nous instruit rapidement sur la définition des termes prompts à éduquer succinctement sur le sujet : Cannabis : plante fleurie à cycle annuel, utilisé depuis six mille ans pour le papier, le textile, l’alimentation ou la pharmacopée. T.H.C. : principale substance psychotrope du Cannabis. Plus son taux est élevé, plus l’utilisateur ressent l’ivresse cannabique. Marijuana : dite aussi “Ganja” ou “herbe”, elle désigne les fleurs de Cannabis. Se fume ou se mange. Contient de 3 à 25 % de T.H.C.. Haschich : ou “shit”. Résine de Cannabis pressée qui concentre de 3 à 35% de T.H.C. On peut aussi en extraire une huile qui peut contenir jusqu’à 50% de T.H.C.

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Page 26-27 commence l’article proprement dit. “Un produit interdit devient un argument de vente. Du jamais vu Publicitaires et industriels européens se prennent de passion pour l’herbe qui fait rire. La France peut-elle rester à l’écart ?” Même la très sobre Communauté Européenne a cédé à la mode : elle finance un programme intitulé “Marché Innovation Chanvre” dont l’objectif est de développer les applications industrielles de cette plante à la réputation sulfureuse. Bruxelles ne fait là que suivre un mouvement enclenché depuis plusieurs années. En 1998, sur le vieux continent, la production de Chanvre - aussi appelé Cannabis Sativa ou Cannabis - a atteint son plus haut niveau depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En dix ans, les surfaces cultivées ont été multipliées par sept. Une “explosion” qui concerne aussi bien le Chanvre industriel ou alimentaire que le Chanvre psychotrope, pourtant illégal partout sauf au Pays-Bas. Le Cannabis a le vent en poupe. Et personne n’est dupe. Car si les applications dites “honorables” de cette plante ancestrale sont souvent mis en avant, c’est son aspect psychotrope qui attire en premier lieu le consommateur. De ce point de vue, la prohibition bat de l’aile et Internet n’arrange pas les choses (Photographie représentant différents produits cosmétiques tiré du Chanvre légal) Début septembre, la marque “The Body Shop” a lancé des savons et crèmes hydratantes au Cannabis. Résultat : une polémique et + 7% de chiffre d’affaires. Sur le réseau, se multiplient les sites où l’on peut, en toute discrétion, commander des graines, des manuels pratiques et tout le matériel pour cultiver la plante interdite. Cette pratique dénommée “Home Grow”, fait le bonheur d’une vingtaine de grainetiers, pour la plupart néerlandais. En Allemagne, en Autriche et en Suisse, on recense près de huit cent boutiques spécialisées dans les produits dérivés du Cannabis. Ces magasins n’ont pas le droit de vendre directement de l’herbe ou du haschich, mais la frontière est si fine qu’elle ne cesse d’être franchie. Les “sachets de senteurs suisses”, mélange d’herbe censée parfumer les bains, servent souvent à autre chose, à un tel point que les autorités locales en ont interdit l’exportation. Face à cette pression commerciale, les producteurs de Chanvre industriel ont de plus en plus de mal à se développer sans entrer dans le débat sur la légalisation. Les syndicats professionnels s’efforcent d’éloigner les entrepreneurs qui contestent les lois sur les drogues. Le “Nova Institute”, centre d’études spécialisé dans les matières premières renouvelables, estime de son coté que “l’utilisation marketing du Cannabis a un impact plutôt négatif pour les fabricants de laines isolantes, de matières plastiques, voire pour les laboratoires pharmaceutiques”. Dans les autres secteurs d’activité, les publicitaires n’ont pas tardés à s’emparer de la symbolique feuille à cinq branches. “Did you have Cannabis today ?” (“avez vous eu votre Cannabis aujourd’hui ?”) questionne une pub. pour les pastilles suisses aromatisées au Chanvre. La marque anglaise “The Body Shop” a été la première à utiliser l’argument à grande échelle, en baptisant sa nouvelle ligne de cosmétique Hemp (Chanvre). Au Royaume-Unis, les boites de savon étaient vendues avec le slogan “pas de défonce mais beaucoup de mousse”. En France, la campagne a été atténuée du fait de l’article L 630 du Code de la Santé publique, qui réprime la “présentation sous un jour favorable” des drogues. L’affichage dans la Presse et dans chacun des vingt-deux magasins d’une feuille de Cannabis a entraîné une polémique et quelques perquisitions. Résultat : une augmentation des ventes de 7 %. De quoi avoir envie de récidiver. Ex-dealers et vieux militants de la légalisation tentent de profiter du mouvement. Leur argument : le “Cannabis Global”, un concept pratique qui recouvre toutes les utilisations de la plante. “Par Philosophie et pour le profit”, explique l’Allemand Ekke-hard Böhme, fondateur des magasins Udopea, spécialisés dans les pipes à haschich. Aujourd’hui, la filière emploierait 30 000 personnes aux Pays-Bas, 8 000 en Allemagne et 4 000 en Suisse. -332 337bis-


Entourée de voisins “tolérants”, la France est dans une situation délicate. Elle est à la fois le premier producteur de Chanvre Industriel de l’Union (Européenne) et le plus répressif en matière de répression. L’honorable Chanvrière de l’Aude, s’inquiète de la concurrence Suisse (voir article suivant) admet s’intéresser au Cannabis thérapeutique (Cannabis médical) - donc psychotrope - et avoue même, en catimini, être “opérationnelle en cas de légalisation”. Les partisans de celle-ci, il est vrai, progressent dans la société française. Les mouvements activistes, comme le C.I.R.C., de Jean-Pierre Galland, sont reconnus par des partis (Vert et Radical Socialiste), des syndicats de policiers (F.A.S.P.) ou de magistrats (Syndicat de la magistrature). Récemment, dans Libération, le président du syndicat des débitants de Tabac s’est déclaré prêt à assumer la distribution des produits si la situation évoluait. Au printemps dernier (début 1997), le rapport Henrion, commandé par le gouvernement, a mis sur le même plan Alcool, Tabac et Cannabis. En fait, le vrai motif du maintient de l’interdiction du Cannabis semble plus social que médical. Déjà, en 1995, l’extravagant patron de Virgin, Richard Branson, écrivait à Édouard Balladur pour lui proposer une solution au problème des banlieues : il s’agissait d’ouvrir des “boutiques Cannabis”, évidement siglées Virgin, pour employer des jeunes des citées. Provocation ? Pas complètement. En Octobre 1997, dans un rapport confidentiel, la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale estimait que le principal frein à la légalisation est qu’elle risquerait de déstabiliser l’économie parallèle des quartiers dits difficiles. L’argument tiendra t’il longtemps ? Les professionnels du Chanvre légal ou illégal, assistent aux même salons professionnels, lisent les même revues agricoles, utilisent, avec succès, la même symbolique marketing et profitent des moindres brèches légales pour développer leur affaires. “Nous marchons main dans la main. Il y a tellement de moyens d’utiliser la plante et d’en vivre”, estime Bianca, une jeune suisse représentante d’une marque de bière au Chanvre.” Fin du premier article signé Gilles Boulley. Insérées à ce dernier, quelques photographies : - On voit un homme de dos tenant à bout de bras un pied de Chanvre d’un mètre cinquante de longueur sur un mètre de large environ, ainsi qu’un installation de placard assez simple mais astucieusement “bricolée”. En légende, on lit le texte suivant : “Longtemps drogue exotique, la Marijuana pousse en France, dans les jardins, les champs et les placards. Près de 40 000 plants ont été saisis en 1997 contre 1 591 en 1990” (photographies R. Manière / Sipa Press). - Superposé à un fond de feuille de Cannabis à 5 lobes, on lit : “Vieux militants de la légalisation et ex-dealers profitent de la mode bio. pour faire avancer la cause du H”. - Le portrait de J. P. Galland (photographie de Stéphane / Gamma) dégustant un café suivit de ce commentaire : “L’article L 630 punit la présentation du Cannabis sous un jour favorable. Jean-Pierre Galland en a fait les frais. Le président du C.I.R.C., mouvement qui prône la dépénalisation, a été condamné à 125 jours-amendes de prison à 200 francs pour avoir fait parvenir un joint à chacun des 577 élus du peuple”. - La photographie en gros plan d’un joint qu’on allume au briquet accompagné du petit article suivant (non signé mais peut être aussi de Gilles Boulley ?) : “Le Cannabis crée une dépendance comme l’alcool ou la cigarette (le Tabac). En Juin dernier, le rapport Roques concluait à la relative innocuité du Cannabis et déclenchait une nouvelle polémique entre partisans et adversaires de la prohibition. S’il est démontré que la plante n’est pas une drogue dure, si l’on a jamais constaté d’overdose en Europe, sa 338


consommation reste susceptible d’engendrer des troubles psychologiques, physiques et sociaux. En clair, le cannabisme existe au même titre que l’alcoolisme. En Hollande, des centres d’assistance psychologique accueillent des fumeurs de joints en difficulté et des plaquettes d’informations sont distribuées dans les Coffee-Shops d’Amsterdam. Les risques sont nombreux : somnolence, troubles de la mémoire, paranoïa. Les situations les plus graves résultent du mélange Cannabis plus Alcool. En France, seul le professeur Lagrue, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, déclare traiter le cannabisme parallèlement au tabagisme. “Simplement parce que de plus en plus de patients venaient me consulter pour arrêter les deux”, explique t’il. Selon diverses études, 2 à 5 % des consommateurs français seraient des fumeurs compulsifs. “Il faut organiser des campagnes sur le thème : tu t’est vu quand t’a méfu”, affirme Francis Caballero, avocat et président du Mouvement pour la Légalisation Contrôlée. “Expliquons aux jeunes qu’on ne peut pas fumer six pétards par jour et assurer dans l’école et dans la vie. Ce n’est pas le Cannabis qu’il faut combattre, mais le cannabisme”.

Juste un aparté pour préciser que je trouve ici exagérée la comparaison entre la dépendance Cannabique et celles de l’Alcool et du Tabac. En effet, ces deux derniers produits “accrochent” bien plus fortement : nombre de ceux qui cherchent à stopper la cigarette ou se guérir de l’Alcoolisme rechutent périodiquement alors que ce même phénomène de rechute ne touche qu’un ou deux pourcent des candidats volontaires à l’abstinence cannabique. De même, si l’on compare la dépendance spécifiquement induite par chacun de ces trois produits, on constate alors deux à trois jours de surexcitation et de sommeil troublé pour l’abstinence cannabique contre plusieurs semaines de manque physique et voir plusieurs années de manque psychologique pour le tabac, un sevrage long et difficile pour l’Alcool, voire dangereux (létal) si non médicalement assisté pour les plus « accrochés ». Aussi, il me paraissait nécessaire de préciser ici, un point de vue dénonçant une exagération de comparaison pouvant induire le lecteur en erreur. Ce qui est, par contre, intéressant ici à mettre en évidence, c’est la relation Tabac - Cannabis traditionnellement associés en France car on y trouve essentiellement du haschich. Il est logique que celui qui veux stopper le tabac stoppera aussi la prise de hasch du moins sous forme fumée puisque l’un n’allant pas sans l’autre. Ce n’est pas ici l’arrêt de la prise de produits cannabiques qui justifie la démarche du concerné, mais plutôt la prise de conscience, pour lui, que de fumer n’est pas bon pour sa santé. Parallèlement, certain peuvent ressentir le besoin de stopper un cannabisme ne développant plus aucune euphorie agréable mais que des angoisses. Ceux-ci peuvent alors profiter de leur tentative d’abstinence pour stopper aussi la prise de Tabac. Dans la réalité, très peu d’entre eux font cette démarche, ils ne vont pas voir le médecin pour cela. Pire, ils compensent par une augmentation du nombre de cigarette de tabac fumées dans la journée. Ce phénomène est fort connu dans le monde cannabinique mais je n’ai trouvé aucune étude médicale le relatant. Pour pouvoir citer des chiffres vraiment exploitables, le professeur Lagrue devrait faire la distinction entre les deux sortes de motivations qui poussent un patient à venir le consulter.

Deuxième article : La Suisse : ses vallées, ses banques, son chocolat, ses vaches et son Cannabis contrôlée. Profitant des failles de la législation (Suisse), des paysans et des hommes d’affaires se sont reconvertis dans l’herbe. Avec succès. 339


Au loin émerge la silhouette lumineuse du Mont-Blanc. Nous sommes en Suisse, dans le Canton du Valais. On roule à flanc de montagne, au milieu des champs et des vergers. Des vignes, des abricotiers, des pêchers, et soudain, c’est la surprise : un champ de Cannabis. La plante est haute, la culture luxuriante s’étend jusqu’au fond de la vallée. Nous entrons dans l’exploitation de Bernard Rappaz, 44 ans, un agriculteur un peu particulier. Le grand gaillard à l’accent traînant s’amuse de nos mines stupéfaites. Si nous étions aux États-Unis, Rappaz risquerait la prison à vie et, en France, plusieurs années de réclusion. Comparaison d’autant plus frappante que notre hôte était, il y a encore peu, le vice-président de l’équivalent Suisse de la F.N.S.E.A.. Il se défend : “vous, les français, vous voyez de la Marijuana de partout. Commencez par appeler la plante par son nom : le Chanvre. Ensuite, regardez son utilisation. Moi, je fais de l’huile essentielle avec les fleurs, de l’huile alimentaire avec les graines, de la tisane avec les feuilles et de la paille avec les déchets et les troncs”. Soit. Ce que Bernard Rappaz ne dit pas tout de suite, c’est que certaines de ses plantes présentent de fortes propriétés psychotropes. “En 1971, confie t’il, j’ai découvert le Chanvre à Amsterdam par le pétard. J’ai voulu voir si cela poussait chez nous. le résultat n’était pas bon, j’ai alors sélectionné les meilleurs plantes pour arriver à ma Walizer Queen, un authentique Chanvre des Alpes”. En 1993, une descente de Police freine son élan. Il se défend en exhumant la tradition paysanne. Il rappelle que le Chanvre, cultivé pour le textile, avait d’autres fonctions. “On mangeait ses graines en cas de disette et s’était le Tabac du pauvre ». L’argument lui a permit d’échapper à la prison et de poursuivre ses recherches. Il crée, au passage, une huile essentielle obtenue par la distillation de fleurs de Chanvre, très prisée dans l’alimentaire et les cosmétiques. Pour fabriquer l’huile, il faut utiliser des variétés de Chanvre psychotrope. Ce que confirme un ancien créateur de parfum qui a travaillé chez Dior et Saint-Laurent : “il n’y a pas assez de variation d’arômes et d’assemblages possibles avec les plantes autorisées par la Communauté Européenne”. Valchanvre, la société de Bernard Rappaz, existe depuis 1995. Elle commercialise plus de trente produits chanvrés et a réalisé en 1997 un chiffre d’affaire de 4,5 millions de Francs français. Avec un Cannabis qui serait classé comme stupéfiant en France, mais que nul n’est censé fumer. Voilà résumé tout le paradoxe de la législation Suisse. C’est en effet l’utilisation finale de la plante qui fixe la légalité du produit, pas son taux de T.H.C.. On peut tresser des cordes avec des plants de Skunk, variété explosive s’il en est. Par ailleurs, la consommation n’est pas pénalisée, tout comme la possession de “plante décoratives” (sic) ou la vente de graines. Bref, le cadre législatif est très favorable au développement d’un marché qui jongle avec les textes. “Notre législateur a eu la sagesse de ne pas interdire totalement une plante”, se félicite François Reusser, président de la Coordination Suisse du Chanvre et propriétaire du magasin Chanf à Zurich. Ce militant a un raisonnement imparable : “l’agriculture de montagne est à l’agonie, le Chanvre est une chance unique de la sauver. Quand je visite la Beauce, je réalise vite que nous n’avons aucune chance dans le maïs ou le blé, ni avec nos vignes, en perpétuelle crise de surproduction”. En deux ans, 75 entrepreneurs helvètes ont rejoint la coordination. Ils font aujourd’hui travailler 120 paysans sur 140 hectares de cultures. Selon François Reusser, le “Chanvre global” générerait déjà un chiffre d’affaire annuel de 4,5 milliards de francs français et ferait vivre, au total, près de 4 000 personnes. Que font les policiers et magistrats face à cette marée verte ? - En Suisse alémanique, ils enquêtent sur les boutiques qui vendent exclusivement des variétés hautement psychotropes cultivées sous lumière artificielle. - Dans le Tessin, région italophone, les autorités cherchent surtout à protéger les mineurs. Tâche délicate dans une province qui compte 18 magasins de Chanvre pour seulement 150 000 habitants. - Les cantons francophones, eux, restent pragmatiques et repoussent mollement les incursions du Chanvre psychotrope. Le patron d’un magasin de Montreux, qui a vendu pour 600 000 francs suisses (2,7 millions de Francs français) de “sachets odorants”, vient d’être condamné à vingt jours de prison avec sursis, sans aucune 340


amende. Celui d’Artamis, boutique spécialisée de Genève, très prisée des français, a écopé de trente jours de prison avec sursis pour le double de chiffre d’affaire. “En France, ils prenaient au moins cinq ans fermes”, note Bernard Rappaz, goguenard. Peu à peu, les suisses se sont habitués aux échoppes ornées de la fameuse feuille. Reste le problème du haschich - la résine de Cannabis - et des herbes à fort taux de T.H.C. (plus de 9%). La fabrication de la plupart des produits dérivés du Chanvre nécessitent d’enlever la résine pour être conforme aux normes européennes. Officiellement, cette résine est stockée ou détruite. Officieusement, personne n’ignore qu’une partie se retrouve sur le marché noir. Agacés de saisir aux frontières de l’Helvétie des produits chanvrés un peu trop “odorants”, les douaniers français et italiens ont déjà protestés à plusieurs reprises. Sans résultats. Cette confusion ne peut pas durer, François Reusser le sait. Il sait aussi que le 29 Novembre prochain sera organisé une “votation” décisive. “Un groupement d’associations exigent la légalisation contrôlée de tous les stupéfiants et l’organisation par l’État d’un marché légal pour l’usage récréatif et médical du Cannabis (médication du Chanvre). Si le oui dépasse les 35 %, le gouvernement avancera vers la légalisation. Sinon, il faudra renoncer aux sachets de senteurs et peut-être aux boutures”. La Suisse pourra alors dire adieu à son projet de devenir le grenier européen du Chanvre. Fin du deuxième article signé Laurent Appel. Insérées à ce dernier, quelques photographies : - On voit, au centre de l’article, étalé en partie sur les deux pages, Bernard Rappaz vêtu d’une chemise en Chanvre épinglée d’un pins Valchanvre au milieu de ses cultures avec comme légende : “Une plantation plus rentable qu’un verger. Bernard Rappaz pose devant son Chanvre des Alpes. Riche en arôme, cette variété sert notamment à fabriquer de l’huile essentielle pour la cosmétique. Chiffre d’affaire : 4 millions de Francs (français)”. - Il y a un portrait photographique de Barghini Lucas, propriétaire de la marque de bière au Chanvre Hanfblüte. Légende : “Ex-organisateur de shows érotiques, Lucas Barghini (37 ans index 1997) transforme Lugano en nouvelle Amsterdam. Il a ouvert un bar “Flower Power”, le “Canapa i Bira”. Et à l’intéressé de rajouter : “Je vends les meilleures variétés de Chanvre tessinois et le bar fait la promotion de ma bière, la Hanfblüte”. -Une autre photo, celle de la vitrine d’un magasin spécialisé dans le Chanvre ou on aperçoit, entre autre, comme articles : la bière Hanfblüte, des produits cosmétiques, un pied de Cannabis sous lampe, des pots de culture, des revues, des chemises et tee-shirts, des engrais, un nébuliseur, des pipes à eau, une paire de chaussures cuir-chanvre et divers articles moins reconnaissables. - Une prise de vue de Lugano, citée lacustre entourée de montagnes. On y lit : “Lugano, nouveau paradis des fumeur? Célèbre pour ces villas ou ses banques, la tranquille cité du Tessin attire les amateurs d’herbe venu d’Italie (70%), de France, d’Autriche et d’Allemagne”. - Une prise de vue en gros plan d’un sachet de senteur (de marque Walizer Queen ®) assorti du commentaire suivant : “La chaîne Flower Power compte six magasins dans la région des Lacs. On y trouve des graines, du matériel de culture et des sachets de senteur destinés à parfumer les armoires ou à déboucher les sinus. Si le commerçant perçoit une intention délictueuse, il refuse la vente. Une bien faible restriction”.

Troisième article : Le millionnaire de la fumette se lance dans la litière pour chevaux et dans la fibre à papier. Autodidacte, provocateur, toujours en avance d’une mode, Ben Dronkers est une figure de référence du salon Cannabusiness.

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Ben Dronkers en rit encore. La veille au soir, il organisait une méga-soirée “pétards” dans son “château du Cannabis” aux Pays-Bas. Joints à gogo, jolies filles et vin blanc du Rhin. Aujourd’hui, lundi 26 septembre, dans les travées du Cannabusiness, il donne des conseils à des fonctionnaires français envoyés par la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre. Les deux visages d’un même homme. Mousse sur un cargo à l’âge de 14 ans, styliste à 25, activiste pro-cannabis depuis toujours, ce qui lui valu une centaine d’arrestations, quinze condamnations et quelques semaines de prison, ce quinquagénaire néerlandais savoure sa revanche. La valeur de ses différentes entreprises est estimée à 150 millions de Francs. Ben Dronkers est le premier multimillionnaire du Cannabis. Son coup de génie : avoir senti plus tôt que les autres que le Chanvre était aussi un produit d’avenir. Son premier éclair, il l’a eu en 1980 le jour ou son fils, Alan, parti acheter de l’herbe, revient avec un sachet d’héroïne en cadeau. Il comprend alors l’importance de séparer le marché du Cannabis de celui des autres drogues, et ouvre à Rotterdam le Sensi Smile, premier centre commercial dédié à “l’Herbe qui rend nigaud”. Rapidement, il se lance dans la génétique. Croisement audacieux, nouvelles espèces : la Sensi Seed Bank, une banque de semences (ou plutôt de gènes), devient leader mondial. Il complète son empire par trois Coffee-shops et un musée du Cannabis. Dronkers ne s’arrête pas là et, en 1992, réinvestit sa fortune dans le Chanvre non psychotrope. “Dans mon musée, explique t’il, je passais mon temps à démontrer toutes les possibilités du Chanvre à des gens qui ne me croyaient pas. J’ai voulu leur apporter des preuves, c’est chose faites. Quand j’ai débuté, nous n’étions pas nombreux en Europe à nous y intéresser. Aujourd’hui, j’ai des dizaines de concurrents”. Flirtant avec la légalité en vendant du Cannabis psychotrope, le “magnat de la fumette” finance la recherche de procédés et de machines pour la récolte et la transformation du Chanvre. Hempflax, sa société chanvrière, vend des matériaux de construction, de la fibre à papier et de la litière pour chevaux, mais l’entrepreneur voit plus loin : “Pouvez vous me citer une autre plante qui permette autant d’applications et un tel rendement sans engrais ni pesticide ? On peut même récupérer la poussière des transformations et la brûler pour produire de l’énergie ou l’utiliser comme fertilisant 100% bio. Ben Dronkers va pourtant passer la main. Il a confié la Sensi Seed Bank à son fils Alan qui veut développer les recherches sur les applications thérapeutiques du Cannabis. Il vient aussi de vendre ses Coffeeshops. Son rêve : finir ses jours sur une île thaïlandaise, comme un honorable agriculteur qui aurait rendu le monde un peu plus vert et fait progresser son compte en banque. Fin du troisième article co-signé Gilles Boulley et Laurent Appel. Insérées à ce dernier, quelques photographies : - Ben Dronkers dans le stand Sensi Seed Bank à Cannabusiness avec pour légende : “Ben Dronkers au milieu des graines qui ont fait sa richesse. Aujourd’hui, il réinvestit sa fortune dans le “Chanvre non récréatif”. - Une jolie jeune Hollandaise, brune de surcroît, en train de se rouler un “pétard” dans un des Coffee-Shops de Dronkers devant une tasse de thé au lait. - Et, en médaillon, une prise de vue de Mila Jansen devant son magasin : “The Botanic Herbalist” ainsi qu’une vue d’ensemble de l’invention qui l’a rendue riche : le Pollinator. Dans l’encadré les contenant, on y lit le petit article suivant (toujours co-signé Laurent Appel et Gilles Boulley) : “Une ancienne routarde a fait fortune grâce à sa “machine à résine” : La chance de Mila Jansen porte un drôle de nom : Pollinator. Une machine artisanale qui permet d’extraire la sève de certaine plante dont, bien sur, le Cannabis, pour en faire de la résine. La légende dit que cette ex-hippie néerlandaise l’a inventée après avoir fumé un joint, bêtement plantée devant son lave-linge. Sa trouvaille a fait la une de la Presse batave en 1993. “La marque est déposée”, précise Mila Jansen. “Il est légal de vendre le Pollinator”. Et très rentable : l’engin lui assure quelques milliers de Francs de revenus annuels. Depuis, elle a ouvert à Amsterdam un magasin spécialisé dans le Chanvre et les plantes psychotropes, mais aussi un bar de nuit et un hôtel dédié au Cannabis. 342


“Dans mon établissement, on le trouve dans les draps, les rideaux et le shampooing douche. Au bar, on peut boire 30 marques de bières chanvrées, du vin et des sodas. Dans la boutique, on achète les graines, les barres de céréales, les cosmétiques et ... mes machines”. Mise à jour du problème européen.

Beaucoup de ces textes correspondent à une situation qui se situe entre 1995 et 2000. J’aurai donc du les réécrire au passé. Toutefois, vu l’ampleur de la tâche et de par le fait que la valeur qu’ils apporte est toujours plus ou moins d’actualité (voire pour certains quasi prophétiques), j’ai préféré vous les laisser tels quels ! Vous constaterez alors que certains espoirs furent déçus, que certains événements sont arrivés, …

Précédemment, nous avons étudiés des textes qui dressaient un petit topo des différentes législations européennes. Ceux-ci brossaient un tableau de l’état du problème jusqu’en 1997, 98 au plus pour certains. Le premier trimestre 1999, le C.I.R.C. publiait ”Du Cannabis et de quelques autres démons” (collection l’Esprit Frappeur). Ce petit livre qui ne coûte que 20,00 francs (190 pages) contenait, outre la fameuse “Lettre ouverte aux législateurs” (cause édition précédente de 20 000 exemplaires épuisée), toute une sélection de thèmes divers autour de la prohibition en général et celle du Cannabis en particulier. Le C.I.R.C. profitait de cette édition pour inclure un petit topo européen réactualisé (Cannabis European Tour, page 169 à 177). Le texte qui suit s’en inspire pour une grande partie. Quand on demande aux “experts français” leur avis sur la dépénalisation, ils ont coutume de se défausser sur le principe de gestion européenne en affirmant que rien ne peut se décider au plan national. Il est vrai que l’Europe gère certains secteurs économiques des états, mais son action reste limité à ce simple rôle d’économe. La Justice, les législations, le social en général reste le propre de chaque pays. Pour preuve, considérons la diversité des politiques européennes suivies en matière de toxicomanie, des plus tolérantes (Pays-Bas, certains Länders allemands) au pays le plus répressif : la France. Cette dernière « botte donc souvent en touche » sur la question de dépénalisation. L’étude qui va suive date des années 1999 – 2000. Mais elle est toujours, à peu près, d’actualité ! Elle se cantonne essentiellement aux pays européens « fondateurs », acteurs principaux de cette guerre européenne du point de vue cannabique.

La Suisse : Ce petit pays ne fait pas parti de l’Union Européenne, certes, mais se trouve en son centre géographique. Cette promiscuité n’est pas sans influence, d’autant que ce pays s’est engagé dans une approche assez audacieuse du problème drogue.

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Pour nombre d’intervenants en matière de réduction des risques, il est devenu un modèle pour avoir développer des programmes médicaux de distribution d’héroïne aux toxicomanes les plus dépendants. J’attire votre attention sur le fait que cette toxique substance n’est pas distribuée librement en grande surface, mais sur prescription médicale et qu’un effort particulier a été mis en place pour prévenir toute tentative de détournement du produit. Après quelques résultats décevants qui valurent un déchaînement des prohibitionnistes français, les médecins suisses mirent au point un procédé de distribution infaillible qui leur permis de développer des résultats tels que les Pays-Bas s’inspirent actuellement de leurs travaux. C’est qu’il ne faut pas prendre les suisses pour des …français, ce sont les champions de l’organisation, si quelque chose du genre pouvait bien réussir, ce ne pouvait être que chez eux. En France, comme dans le reste de l’Union européenne, des médecins réclament la mise en place de tels programmes, ou du moins leur étude. Comme pour les pays européens, les cantons suisses jouissent d’une large autonomie dans leur réponse juridique au problème de la toxicomanie. Certains sont très répressifs alors que d’autres “tolèrent” la présence de discrets “Coffee-shops”. Les coopératives chanvrières qui ignorent les limites du taux de T.H.C. pour leurs variétés cultivées, participent à l’expansion du Cannabis local. Ces particularités cannabiques sont la résultante de nombreuses failles de la loi Suisse sur la question combinées à une décision de tribunal de 1993 reconnaissant la moindre dangerosité des dérivés cannabiques comparés aux méfaits de l’alcool. Notons que ce pays n’a signé, à ce jour, que la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants et ne semble pas vouloir en ratifier d’autres. Prohibitionnistes et abolitionnistes se trouvèrent d’accord au moins sur un point : leur insatisfaction par rapport au vide juridique et la mise en place d’une situation plus claire au plan confédéral. Mais, évidement, chacun interpréta cette remarque à son niveau. Deux votations, sorte de référendums d’origine populaire, ont été déposées et soumises à scrutin : - L’initiative “Pour une Suisse sans drogue”, évidement prohibitionniste, qui fut proposée au vote la première. Elle suggérait de mettre fin aux programmes de substitution et de médicalisation des héroïnomanes et de n’accorder aucune tolérance au Cannabis. Elle fut repoussée à plus de 70% des voix. - L’initiative “Droleg””, qui suite à l’échec enregistrée par l’autre votation, s’est vue à son tour, un an plus tard, être insérée comme question aux élections suivantes. Elle proposait de généraliser et d’assouplir la médication à l’héroïne et de légaliser le Cannabis. Fait inattendu, cette initiative connu le même échec que celle “Pour une Suisse sans drogues”, avec des résultats de même ordre. On peut se demander alors pourquoi ces résultats contradictoires aux votations. Peut être que, loin d’être insensibles au problème de la toxicomanie (et à celui du Chanvre en particulier), ils ont rejetés en bloc les thèses prohibitionnistes mais ne voulaient pas qu’un allégement de leur Loi en faveur de certains stupéfiants déclenche une vague de narcotourisme. Résultat de cette prudence réfléchie, la Suisse ne peut donc, aujourd’hui, ni totalement interdire, ni totalement autoriser des produits classés interdits par la Convention Unique des Nations Unies sur les Stupéfiants. Ce qui l’amène provisoirement à gérer une certaine incohérence. Les cantons se trouvent alors libre d’appliquer la répression ou la tolérance, suivant la politique choisie par les autorités locales. D’où la disparité enregistrée d’un canton à l’autre. Dans cette histoire de votations, le C.I.R.C. dénonce un fait qui souligne le point faible des démocraties : il est inquiétant de laisser une majorité de gens non concernés décider pour les minorités. Mais heureusement que les suisses ont démontrés plus de sagesse que les prohibitionnistes l’escomptaient. Mais comme la force de ces derniers est de manipuler les foules à coup d’exagérations et de faux arguments, on peut alors imaginer qu’on aurait pu connaître une situation opposée où la répression aurait repris de plus belle certainement ”calquée” sur le modèle français. Aparté : chez nous, ce genre de référendum fait peur aux cannabinophiles car : 344


1) L’article L 630 du Code de la Santé publique interdit toute expression qui présente une substance psychotrope sous un jour favorable. 2) Les prohibitionnistes ont donc le champ libre pour raconter n’importe quoi, qui leur permet d’incriminer les produits et leurs détracteurs. Conséquence de discours à sens unique, les français sont très remontés contre les drogues, certains participent même activement et spontanément à la délation et à persécution des usagers.

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3) Les politiciens encourage ce genre d’anomalies démocratiques et profitent en retour d’une mobilisation du peuple contre le monde des drogues, seul facteur idéaliste restant des utopies du 20ème siècle, qui contient une connotation fédératrice et permet d’éviter un éclatement de la société ou tout simplement, dans le cas du Cannabis, la perte de leur pouvoir face à un nouveau concept politique montant : l’écologie. En France, un référendum sur la question des drogues sans débat public préalable, permettrait actuellement une légitimation de la répression et une intensification de cette dernière pourtant démontrée non conforme aux principes des Droits de L’homme et de la Constitution française. Puis, en 2003, changement de décors : l’UDC remporte les élections ! Ce parti est en quelque sorte l’équivalent de notre FN. Son leader, monsieur Blucher (prononcer blhoreur), l’équivalent de monsieur Le Pen, version suisse, bien évidement : c'est-à-dire un peu moins arrogant, un peu plus pragmatique. Du coup, toute la politique de tolérance en prend « plein la poire » ! Les magasins ferment les uns après les autres ! Au niveau des fermes, c’est l’hécatombe ! Bernard Rappaz re-subit les foudres d’un juge qui s’était juré sa perte : et cette fois-ci, il en a tous les moyens ! De symbole de résistance qu’il était devenu, ce juge le réduit à un symbole de martyr, histoire de décourager tout prétendant à sa succession. Par voie de presse, juge et gouvernement donne un an à tout chanvriers pour cesser toute production en insistant bien sur le coté menace ! L’embellie suisse s’est ainsi achevée dans le désastre. Certains événements laissent à penser que la France est un peu derrière tout cela, surtout en suisse francophone. On soupçonne même cette dernière d’avoir aidé financièrement l’UDC dans sa campagne. Non pas l’Etat français directement parlant, mais la droite libérale, politique et industrielle française. En tout cas, l’UDC, à l’origine petit parti minoritaire, a remporté une victoire après un déchaînement médiatique comme jamais la Suisse ne l’avait connue ! C’est un peu la signature d’un certain Nicolas Sarkozy, non ? Devinez comment l’UDC à remporté les élections : en insistant lourdement sur le thème de l’insécurité et de l’immigration et en promettant une relance efficace de l’économie (du pognons pour tous …). Il n’y a pas photo, cela ressemble à du Sarkozy tout craché ! Depuis, les juges suisses travaillent main dans la main avec ceux français ; La gendarmerie française patrouille dans Genève même et y a le droit d’interpeller et de procéder à des investigations. Des accords bilatéraux, à l’initiative d’un certain Sarkozy (comme par hasard !) autorisent toutes ces pratiques. Décidément, la Suisse n’est plus ce qu’elle était : elle a vendue son âme au diable !

L’évolution de la situation cannabique helvète est très changeante, suite à la participation au gouvernement d’une formation politique orientée très à droite. Je vous conseille donc de lire « l’aventure Suisse » développée plus loin et les points du dictionnaire sur « l’UDC » et « Blocher ».

L’Allemagne : Le cas de l’Allemagne diffère peut de celui de la Suisse. Cela provient d’abord de son statut fédéral, et de l’autonomie dont jouissent les Länders. C’est aussi une décision de Justice (Cour suprême en 1994) qui ouvrit une brèche dans la répression. Tout est donc réunit pour reproduire ici le cas de leurs voisins helvètes. Cette décision de Justice déclarait que la peine encourue au pénal, pour possession de Cannabis en vue d’un usage personnel, était disproportionnée au vue de la gravité de l’infraction. Les Länders ou, parfois, 345


l’état fédéral ont décidés d’une quantité en deçà de laquelle les fumeurs simples ne seraient plus poursuivis pour détention. On note l’impossibilité de l’Allemagne à uniformiser cette quantité au niveau fédéral. Chaque Länder à donc déterminé sa quantité tolérable, cela va de 1 gramme dans le sud (près de la France), à 10 grammes (d’abord 30 g revus à la baisse sous pression française) dans le nord du pays. Les récentes élections ont modifié le contexte politique. Force est de reconnaître que les composantes de la gauche allemande majoritaire (Sociaux-démocrates et Grünen ou verts) sont resté fidèles à leurs promesses électorales. Ils se sont déjà entendus sur le principe de la distribution médicale d'opiacés pour les héroïnomanes fortement dépendants. Il est question, dans un avenir proche, de créer des salles d’injections (réduction des risques) dans tous le pays. Certains Länders progressistes en la matière, ressortent de leurs archives de veilles initiatives qui à l’époque n’avait pu voir le jour pour cause de prohibition totale comme le Schleswig-Holstein (nord-est de l’ex-R.F.A.) avec sa proposition de vendre de petites quantités de haschich en pharmacie. Il est normal que cette solution de tolérance traîne un peu en longueur. Il semblerait en effet que cette manière de faire est perçue comme une véritable période “d’essai” à terme de laquelle une légalisation semble logique si la situation reste saine (ne s’aggrave pas). Ceci à surtout pour mérite de tempérer l’humeur des électeurs qui ne sont pas convaincus du bien-fondé de la démarche. La vente en pharmacie des dérivés cannabiques, présentés ici comme médicament de confort, semble une réponse insuffisante. Le porte-parole juridique des verts allemands appelle à étudier d’autres modes de distribution, y compris le principe de Coffee-shop. Il se réfère au principe batave qui avait permis la vente libre de petites quantités de Cannabis invoquant la séparation des marchés de drogues comme prévention de la toxicomanie lourde. Enfin, la tolérance sociale croissante à l’égard du “monde de la petite fumée” à permis à tout un mouvement chanvre de prospérer au point qu’il existe maintenant la Foire, ou plutôt le Salon “Cannabusiness” ou tous les aspects de la plante sont traités (genre avec ou sans T.H.C.).

La Grande-Bretagne : De tous les pays d’Europe, c’est celui ou notre plante a développé la plus forte polémique publique dans la décennie 90 : - Est-ce grâce de la Presse qui alimente sans cesse le public en documentation cannabique contestataire ? (l’O.I.C.S. le pense car il a attaqué cette dernière, sans préciser aucun nom de périodique, dans un de ses rapports). - Est-ce grâce aux prises de positions de médecins, scientifiques, politiciens, économistes, et professionnels de la Justice ? (en 1997, la très sérieuse British Medical Association ou B.M.A.. avait plaidé dans un rapport en faveur de la légalisation du Cannabis médical) - Est-ce grâce aux manifestations populaires ? (le 28 Mars 1998, 10 000 personnes manifestaient dans les rues de Londres) ... Toujours est-il que toute cette agitation à ouvert un débat public comme en témoigne les huit mois d’enquête d’une commission de spécialistes mandatée par la fameuse Chambre de Lords. Le rapport de cette commission proposa de modifier la loi au moins pour ce qui est de l’interdit de prescription de Cannabis. Mais la Chambre des Lords à perdu de son pouvoir politique et ne représente pratiquement plus qu’une action consultative. Il est évident que la Chambre de communes a saisi le message qui lui a été adressé. En nommant elle aussi une commission, cette dernière est allée dans le sens de l’interrogation du bien fondé de la répression. Son président, après enquête, fut convaincu des vertus thérapeutiques du Cannabis. Aujourd’hui, la situation semble bloquée pour ce qui est une dépénalisation générale de notre plante en question, mais la porte semble ouverte au Cannabis médical. Il ne reste plus, pour le gouvernement, qu’à prendre la décision qui s’impose. Mais les choses traînes ...à l’anglaise ! 346


Le légendaire flegme britannique est à l’origine de deux phénomènes opposés : - Elle a permit aux politiciens d’avoir suffisamment de courage pour remettre en question le bien fondé de l’interdit sans tourner autour du pot comme le font les politiciens français. La législation traîne à être modifiée car les concernés préfèrent prendre suffisamment de recul afin d’éventuellement anticiper toute détérioration de la situation. Même Londres, ne s’est pas construite en un jour ...

Le Luxembourg : Seul pays européen resté longtemps fidèle à la politique répressive de la France, on note, depuis 1997, un certain relâchement dans cette répression, notamment en matière de Cannabis. En effet, c’est cette année là que le Parlement du Grand-duché recommandait une médicalisation audacieuse des drogues dures et une véritable légalisation du Cannabis. Malheureusement, ce petit pays ne jouit pas de l’indépendance suffisante pour engager pareille révolution. Un peu comme pour le cas de la Suisse, le Luxembourg doit faire face à la gestion dune situation incohérente et aux pressions françaises. Certains procureurs et juges relaxent les simples consommateurs cannabiques alors que d’autres les condamnent durement Les suisses disent des français que nous sommes «les « américains » de l’Europe, à savoir que nous avons une « grande gueule », mettons notre nez de partout et imposons aux autres pays environnants nos intérêts. Les faits leur donnent raison !

La Belgique : Passage intégral du livre du C.I.R.C. ”Du Cannabis et de quelques autres démons” (page 176) concernant ce pays : “La Belgique, enfin, a connu aussi récemment quelques avancées. D’abord, un vote au Parlement préconisant un assouplissement. Puis, au lendemain de la Conférence au Ministère Français de la Santé sur les toxicomanies, en décembre 1997, elle annonçait la sortie d’une circulaire à destination des procureurs du roi faisant du Cannabis “une très faible priorité”, reprenant la formule en vigueur aux Pays-Bas. Après de nombreux blocages, cette circulaire a quand même fini par être adressée à tous les procureurs, mais ceux-ci traînent à l’appliquer, d’autant qu’elle ne s’adresse pas au reste de l’appareil judiciaire dans les faits; elle garde malgré tout sa valeur symbole.”. La Belgique, plusieurs années après la parution de cet article, connaît d’autres problèmes plus important que ceux cannabiques. C’est un pays troublé au bord de l’implosion et du schisme fédéralisme.

Les Pays-Bas : Rien de bien nouveau si ce n’est le renforcement du malaise qui auréole les relations de ce pays avec la France. On peut même dire que le ton monte d’un cran. Il faut dire qu’en 10 ans, les rôles se sont inversés : c’est maintenant l’hexagone qui mène une politique isolée. “La politique en matière de drogue aux Pays-Bas”, peut-être obtenue en écrivant à : Hageman BV, Postbus 281, 2700 AG, Zoetermeer Hollande. Vous aurez alors une vue objective sur les “pourquoi”, les “comment” et les “parce que” de leur politique. Toujours est-il que ce pays affiche clairement qu’il n’est pas près de revenir en arrière sur ce choix à la vue des résultats positifs qu’il a enregistré. Par la même, il est désormais hors de question de rajouter une restriction française supplémentaire (comme celles limitants les quantités admises à la vente ou le nombre de Coffee-shops). Cette grogne envers notre pays s’étend aussi sur divers sujets autres que le Chanvre. Le cordon brûle-t-il ? ... que nous réserve l’avenir ? 347


Cela n’a pas empêché les bataves de confirmer une dépénalisation totale de l’autoproduction individuelle du Cannabis. Il est même permit aux cannabiculteurs privés de revendre l’excédent de leur production aux Coffee-Shop de leur quartier. Étant donné qu’ils sont 1 500 dans ce pays, cela crée un peu d’emploi local. À Delfzijl, ville du nord des Pays-Bas, la mairie a désormais, son propre Coffee-shop et s’est débrouillée pour avoir le monopole de la vente du Cannabis. La politique hollandaise démontre tous les jours que le Cannabis peut être mis en vente libre sans que cela pose de problèmes à la société. Ce qui nuit, cependant, à l’image de ce principe de tolérance, c’est bien la politique répressive d’un pays voisin qui crée le flux de narcotourisme (majoritairement français comme par hasard).

L’Italie : Par référendum du 18 Avril 1993, après plusieurs années de débats passionné, les italiens ont finalement choisis la dépénalisation de l’usage des stupéfiants. En abrogeant les dispositions répressives de sa loi de 1990, l’Italie considère dorénavant les usagers comme des malades et non plus comme des criminels. Il ne s’agit pas de légalisation, mais bien de dépénalisation comme en témoigne la palette de sanctions administratives prévue (suspension du permis de conduire, retrait du passeport, exécution de T.I.G., ...) et les mesures de “soins forcé” qui se substituent à la répression pure. Dans la même logique, ce pays sanctionne toujours fortement le trafic : ainsi les revendeurs de cannabis risquent entre deux et six ans fermes et les dealers d’autres drogues risque eux, de 15 à 20 ans. Contrairement à la France, médecins et politiciens italiens distinguent officiellement les drogues dures à forte dépendance de celles dites douces. Aussi, les simples fumeurs de joints ne risqueront qu’un sermon alors que les autres soit accepteront de se soigner (dans l’anonymat accordé), soit subiront la palette de sanctions administratives décrite auparavant.

L’Espagne : C’est l’existence d’un concours destiné à récompenser le meilleur planteur de Marijuana qui étonne le plus le public français. En 1983, dans l’élan général de sentiment de liberté de l’après franquisme, l’Espagne appliquait une politique très libérale et tolérait l’usage de n’importe quelle drogue. En 1992, face au développement du trafic et celui du nombre des toxicomanes, la législation s’est endurcie. Désormais, la possession et la consommation sont punies, comme en Italie, d’une sanction administrative et non pas d’une sanction pénale. Des amendes de 50 000 à 5 000 000 de pesetas sont prévues, ainsi que le retrait du permis de conduire. Une exception est faite pour le Cannabis qui demeure faiblement réprimé dans les faits. Comme preuve de cette affirmation, l’existence du concours déjà cité. Le trafic de n’importe quelle drogue, quand à lui, a toujours été réprimé fortement. On est donc loin du « retour en arrière espagnol » si souvent cité dans la presse française comme argument de pénalisation.

Quelle politique européenne commune ? Après études des exemples de nos voisins, il ressort que la France est un “verrou” pour l’Europe de part ses politiques de répression et de tolérance zéro et aussi de sa puissance qu’elle impose. Elle empêche toute directive européenne dépénalisante de voir le jour tout en justifiant hypocritement la répression actuelle par l’absence de cette dernière. Nous avons déjà assisté a un cas similaire lors de la levée des frontières dans l’espace de Schengen. Notre pays les a aussitôt quasiment refermées pour cause de trafic de drogue et de plan vigipirate, excuses primaires ou préfabriquées pour masquer le fait que cette ouverture de frontières dérangeait a un principe bien français de contrôle des populations (sous fond de mythe lepeniste d’invasion étrangère). 348


Pourtant, comme le souligne le C.I.R.C., une politique européenne s’impose dans un espace où biens, personnes et monnaies sont censés circuler librement. Par ailleurs, il est inadmissible qu’un produit acheté légalement dans un état membre entraîne des poursuites judiciaires pour le ressortissant d’un autre état qui rentre chez lui. Le rapport d’Aconda (de madame Aconda, eurodéputée radicale hollandaise), a été la première tentative de dépénalisation a l’échelle européenne. Ce rapport est actuellement en suspens au Parlement Européen après avoir déjà été adopté en commission à Strasbourg. Ce rapport nécessite encore quelques amendements pour espérer être définitivement accepté en séance plénière. Mais dans le parlement européen, tout le monde s’achète. La France pourrait alors essayer de “peser de tout son poids dans la balance” soit pour faire adopter une énième exception française, soit pour faire “capoter” le rapport en question. Ce point est important a développer ici, car en cas de normalisation européenne dans une optique dépénalisante des drogues, notre pays n’aurait pas d’autres choix que : - Soit accepter la nouvelle directive européenne et l’appliquer sur l’ensemble de son territoire. Ce qui imposerait l’abandon de la politique de répression et une refonte de tous les textes de loi concernant les drogues. - Soit de quitter l’Union Européenne et de se retrouver isolée sur le plan international aux points de vues tant économiques, politiques que militaires. Les élections européennes du 13 Juin 1999 ont vu, pour la France, la victoire de la Gauche, à savoir, principalement l’entente socialiste-écologiste. Si les socialistes allemands ont su respecter leur promesse électorales en mettant en place le principe de la distribution médicale d’opiacés pour les héroïnomanes fortement dépendants et en maintenant la dépénalisation du Cannabis, il n’en est pas de même pour les socialistes français qui se sont compromis avec la prohibition. C’est le deuxième point important, après celui du nucléaire, qui pourrait permettre une division profonde au sein de l’actuelle majorité (texte écrit en 199). Pour la Gauche, il est hors de question de pouvoir gouverner sans les écologistes. Comme ces derniers “frappent actuellement du poing sur la table”, les socialistes pourraient être obligés : - À terme, de relâcher le “Diktat” qu’ils imposent actuellement aux Verts (en les relégants à des tâches et postes secondaires ou subalternes). - D’abandonner la politique de bâillonnement (voire carrément de censure) qu’ils imposent aux Verts lors de sujets sensibles (en exemple : interdiction par le Ministre de l’Intérieur Chevènement, par son préfet de Paris, d’une manifestation des “Verts”, partis de sa propre majorité, en faveur de l’ouverture d’un débat sur le Cannabis). On s’aperçoit alors, que le problème Cannabis, en Europe comme en France, peut déboucher sur une crise politique aussi grave que complexe. C’est une des clefs moderne de cette dernière dont l’aboutissement que l’on connait, fruit d’une situation de prohibition plus anticonstitutionnelle qu’absurde, peut provoquer un changement de majorité. C’est du peuple que viendra ce genre de décision mais aussi de la conduite et du courage de nos élus. Si un débat public venait à avoir lieu, il se pourrait logiquement que le peuple français soit alors favorable à la dépénalisation. Les différents partis de la Droite actuelle, avides de revanche et de réunification, voient alors dans les valeurs prohibitives des arguments forts de rassemblement et font actuellement tout pour empêcher un tel débat.

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Kouchner accusé de traitrise envers la cause cannabique : Dans sa préface du Rapport Roques, Bernard Kouchner exprime le désir de ne plus voir d’usagers passer devant un Tribunal correctionnel et finir en prison. Il propose alors un système de contravention destiné à pénaliser les consommateurs de drogues, notamment de Cannabis. Cette proposition de l’ancien secrétaire d’État à la Santé provoqua le scepticisme d’Élisabeth Guigou et la colère de J. P. Chevènement. Au premier coup d’œuil, son raisonnement étonne. En effet, certains se demandent pourquoi pénaliser les usagers d’une substance admise comme moins toxique que l’Alcool et le Tabac. Ensuite, ce système à le désavantage de pénaliser tous les usagers interpellés alors qu’actuellement, une bonne partie de ces derniers ne sont plus déférés devant les Tribunaux. Pour finir, cette variante répressive ne répond pas à l’attente de dépénalisation et de vente autorisée afin d’échapper à l’adultération des produits et à l’enrichissement d’organisations mafieuses. Bernard Kouchner s’était pourtant, entre deux ministères, prononcé pour la décriminalisation du Cannabis et la réglementation de sa distribution. Il y a plus longtemps encore, en 1976, il participait au fameux premier appel du 18 Juin, et, avec d’autres personnalités de son temps, contresignait un document réclamant carrément la légalisation du produit en question.. C’est pourquoi, certains parlent de trahison envers la cause cannabique ou de retournement de veste, d’autres l’accuse de tenir un raisonnement dirigé par des considérations attentistes et politiciennes plus que par soucis humaniste. Évidement, les acteurs de l’antiprohibition sont déçus par la teneur des avancées de Bernard Kouchner au sujet d’une réforme cannabique. Je mets leur aveuglement sur le compte de la colère et de l’impatience qu’ils manifestent de voir venir un jour, la dépénalisation totale du Cannabis. Je suis étonné que les premiers concernés et actifs dans la lutte contre la prohibition des drogues n’aient pu anticiper et comprendre la “politique des petits pas” d’un Bernard Kouchner décidément très patient et intelligent. A mille lieu d’être un “vendu”, cet homme est au contraire très impliqué dans ce combat : il a su mettre le doigt sur la partie vérolée qui bloque une évolution normale de la situation, il a compris comment contourner une conjoncture qui parait pourtant inamovible. De part son implication dans un combat humaniste, il doit faire face à plusieurs fronts. Sa qualité de médecin l’oblige à intervenir et à mobiliser son intervention sur d’autres sujets peut être même plus urgents que le Cannabis. Pour pouvoir continuer son combat, il doit avant tout rester en place au pouvoir, il doit donc aussi rester en vie (physique ou politique). Ne rigolez pas, le Cannabis est un sujet trop politiquement sensible, et dans ce contexte, lorsqu’un “emmerdeur” pointe son nez, un accident peut vite arriver. Il s’y est donc engagé au maximum de ses possibilités, ce fait ne doit donc susciter que le respect, pas la colère. Le système de contravention qu’il a proposé n’est pas si stupide que l’on puisse le croire. Pour arriver a cette déduction, il a du tenir compte du fait qu’une large majorité de français sont encore contre la légalisation ou dépénalisation des drogues. Il faut donc, quelque part, les satisfaire pour arriver à leur imposer un nouveau concept. La “contraventionalisation” des usagers ne peut que satisfaire les électeurs puisqu’elle parait moins tragique dans ces effets tout en restant porteuse d’une intention de réfréner les abus de drogues. Elle empêche donc le consommateur d’avoir sa vie brisée par la prison. Si vie brisée il y a, ce sera celle du porte-monnaie. C’est aussi une manière de faire rentrer une pratique dans les uses et coutumes sociaux en l’isolant du contexte criminel, et ce, surtout dans la tête des gens. A long terme, s’il s’avère que cette pratique est aussi innocente que ses adeptes le disent, la société finira par en accepter l’usage. Je pense que vous pouvez fort bien être en désaccord avec cette politique de compromis, la critiquer pour ce qu’elle est, mais pas insulter l’homme dont vous fêtez chaque année le courage de ses prises de position. Surtout que l’élément qui a déchaîné les foules antiprohibitionnistes n’était qu’une proposition, et une proposition, c’est fait pour être rediscuté ... Ce texte, écrit en 2000, n’enlève rien à la situation cannabique actuelle. Bien sur, Bernard Kouchner à depuis été nommé ministre des affaires étrangère par notre nouveau président, monsieur Sarkozy. Les accusations de « retournement de veste », n’ont jamais étés si nombreux qu’aujourd’hui. Pourtant, je continue à penser que 350


« notre toubib humanitaire » est un personnage politique modéré qui représente un progrès de la pensée politique. C’est juste qu’il manque un peu de charisme !

L’affaire des 577 Joints distribués aux députés.

Introduction : Présentée par la Justice comme une affaire de prosélytisme cannabique importante, c’est en tout cas une action politique qui mérite largement qu’on en débatte ici. Nous allons l’étudier uniquement au travers des explications données par les accusés. Le texte qui va suivre s’inspire donc du livre “Du Cannabis et de quelques autres démons”, réédition réactualisée (indice Janvier 1999) de deux autres oeuvres du C.I.R.C. et des éditions de l’Esprit Frappeur réunis pour l’occasion (“Cannabis, lettre ouverte aux législateurs” et “Cannabis, nous plaidons coupable”, qui présente 44 lettres de personnes se dénonçant, par solidarité avec J.P. Galland, au sujet de l’affaire des 577 joints distribués aux députés français). Nous vous conseillons de lire cette oeuvre (190 page mais qui ne coûte que 20,00 F) car elle est riche de renseignements très complémentaires de tout ce que vous avez pu lire dans cette encyclopédie. D’ailleurs, à ce sujet, il est bon de préciser que cette dernière n’a de réelle valeur encyclopédique, pour l’étudiant sérieux ou pour le septique soucieux de vérifications, que s’ils consultent parallèlement les sources citées dans la bibliographie. Loin de résumer tout le livre en question, nous allons vous présenter ici les lettres (textes intégraux) qui accompagnaient les pétards offerts, un résumé de l’affaire juridique qui en suivit, et une sélection de quelques lettres des 44 personnes “s’auto-dénonçant” par solidarité envers J.P. Galland.

1) Lettres accompagnant le livre et le pétard envoyés aux députés :

1ère lettre : Paris, le mercredi 10 Décembre 1997 Mesdames et messieurs les députés,

Comme vous le savez, en trente ans, alors que les moeurs ont changé, que les drogues illicites sont de plus en plus consommées, que l’opinion publique a évolué, la question des drogues est toujours régie par la loi de 70, encore aggravée par le nouveau code pénal. Cette législation, la plus répressive d’Europe, n’a pas empêché une diffusion massive des drogues ni freiné l’appétit de nos contemporains pour un certain nombre de substances actuellement illégales. Nulle part, la contradiction n’est aussi vive que sur la question du Cannabis dont l’interdiction est de moins en moins comprise, notamment dans la jeunesse. En dépit de l’article L 630 du Code de la Santé publique, qui punit la présentation de stupéfiant sous un jour favorable, notre association, le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique, a pu mener en six ans un travail d’analyse et de réflexion sur la question. Bien vite, il nous est apparu que plus que les drogues, c’est l’interdiction qui posait problème. La prohibition, système pervers, loin d’endiguer le trafic et la consommation, les dynamise. Elle rend plus dangereux les produits, met en péril la santé des usagers, coûte très cher, transforme des millions de citoyens en délinquants et en criminels potentiels. Il nous a semblé qu’aujourd’hui il y avait d’autres voies que la prohibition pour aborder la question des drogues dans un état démocratique et c’est l’objet du petit livre que nous vous envoyons. 351


Les contradictions entre la veille loi de 70 et la réalité de la consommation des drogues en 1997, le contraste entre la position figée des gouvernements français et l’évolution des politiques en Europe rendent plus que jamais nécessaire une modification de la législation. C’est pourquoi nous nous adressons à vous qui avez, par la grâce du suffrage universel, la possibilité de modifier les lois. En vous souhaitant bonne lecture de notre “Lettre ouverte”, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur le député, l’expression de nos sentiments républicains, démocratiques et cannabiques.

La Fédération des C.I.R.C. et C.I.R.C..

2ème lettre : Paris, le mercredi 10 Décembre 1997 Madame, Monsieur le député,

Vous trouverez dans ce paquet un petit pétard, c’est a dire une cigarette roulée main contenant un mélange de Tabac et de Cannabis. Soigné et bichonné par des amateurs, ce Cannabis poussé sous le doux ciel de France nous a généreusement été offert par quelques planteurs pour vous être remis. De récent sondages l’ont montré, des millions de vos concitoyens et électeurs apprécient l’effet de ces aimables cigarettes, lesquelles les exposent à un an de prison et à une amende dès qu’ils les allument, et à dix ans de prison s’ils les passent à leur voisin. Ramené des Pays-Bas, où sa consommation est dépénalisée, quelques grammes de nederwiet vous exposent - selon le nouveau code pénal - à trente ans de prison. Si désireux d’éviter les dealers, vous cultivez pour vous et vos amis quelques pieds de Cannabis dans votre jardin, vous voilà considéré comme un criminel passible d’une peine de 20 ans de prison pour production de stupéfiants. Maintenant, imaginez que vous cédiez à la douce pression des amis qui préfèrent une herbe hexagonale au haschich de mauvaise qualité et que vous en vendiez, vous voilà trafiquant et vous risquez la réclusion criminelle à perpétuité. Des peines aussi absurdes sont évidement inapplicables et jamais appliquées. Il n’empêche que le Cannabis a été la cause de plus de 50 000 interpellations en 1996, de centaines de condamnations pénales, de millier d’amendes douanières ... Alors que le Tabac et l’Alcool, infiniment plus dangereux, sont eux soumis à des règlements qui visent à encadrer la consommation, favoriser la prévention et limiter les abus. Sincèrement, monsieur le député, ce petit joint que vous avez entre les mains mérite-t-il toute cette hystérie et la mobilisation de dizaines de milliers de policiers, de gendarmes, de militaires, de douaniers, de juges et de matons ? Depuis 20 ans, des centaines de milliers de vos concitoyens ont été montrés du doigt, exclus de leur famille ou de leur travail, maltraités par la Justice, jugés à la va-vite et souvent jetés en prison. Avec ce petit pétard, vous vous retrouvez dans la même situation banale que des millions de vos concitoyens qui un jour ou l’autre l’ont roulé illégalement et l’ont fraternellement partagé. L’expérience montre que, même dans le cadre d’un système prohibitionniste, la majorité des amateurs de Cannabis savent gérer leur consommation, bref qu’ils se comportent en adultes responsables.

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Une loi qui est violée quotidiennement par des centaines de milliers de citoyens est une loi inutile et dangereuse. Il est temps que l’État cesse de traiter les amateurs de Cannabis en délinquants et de les considérer comme des mineurs éternels. Madame, Monsieur le député, il faut changer la loi.

La Fédération des C.I.R.C. et C.I.R.C..

3ème lettre :

Madame et Monsieur les législateurs,

Quatre vingt ans après l’envoi par Antonin Artaud de sa “Lettre à Monsieur le législateur de la loi sur les stupéfiants” (L’Ombilic des Limbes, NRF, Poésie Gallimard, 1996), ses funestes prédictions se sont réalisées : la loi est bien retombée “sur les fils et la postérité” des législateurs de l’époque. Les générations actuelles en subissent encore le coup. Sans cesse aggravée après cet épisode initial, la prohibition n’a tenue aucune de ses promesses; au contraire, elle a vivifiée le trafic, nié la liberté de conscience, menacé les libertés publiques et porté des coups terribles à la Santé publique. Cela n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est que ces dégâts, partout visibles, sont maintenant partout dénoncés. L’état a perdu la guerre contre “la drogue”. Tout le monde le sait. Il est mort le mythe de la tolérance zéro aux drogues. Ne vous fiez pas à l’apparente atonie de l’opinion publique. Elle évolue de plus en plus vite, elle a changé sur ces questions plus que vous ne le pensez, plus qu’elle ne le pense elle même ... Elle n’attend pour se cristalliser et se déterminer qu’une claire décision politique. - Parce que depuis des décennies, le bilan de cette politique n’a pas été tiré en France, - parce que nous sommes à la traîne d’une évolution qui court dans toute l’Europe, - parce que les nécessités de l’harmonisation européenne des lois imposent de revoir toutes ces dispositions, - parce que, enfin, vous avez été élus sur le désaveu d’un style politique autoritaire et méprisant, c’est a vous qu’incombe cette tâche historique : en finir avec la prohibition, ramener la question des drogues dans le champs des libertés publiques et la gestion de ses débordements dans celui des politiques classiques de Santé publique. Vous n’aurez qu’à frapper le premier coup; un changement de politique en France sera un signal qui sera compris partout. Renvoyé et amplifié dans toute l’Europe, il déchaînera contre la prohibition le libre jeu des innombrables contradictions qui la traversent et qui achèveront de la disloquer. Miné par ces contradictions, le mur de la prohibition s’effrite, il va s’effondrer. Il ne vous restera plus - par de sages mesures - qu’à en déblayer les décombres. Retirez aux policiers, juges et douaniers, le droit de s’immiscer dans l’intimité de chacun, ne confiez aux médecins que le soin de la Santé publique et non celui de gouverner les consciences. Rétablissez le citoyen dans son intégrité, laissez le “juge et juge exclusif de la quantité de douleur physique ou encore de vacuité morale qu’il peut honnêtement supporter”. Mesdames et messieurs les législateurs, rompez avec la “tradition d’imbécillité” que dénonçait déjà en son temps Antonin Artaud, appliquez le salutaire conseil qu’il prodiguait à Monsieur le législateur Moutonnier : avalez ces lois. 353


2) Un procès stupéfiant : Suite à cette fumante affaire, le 22 Janvier 1998, J. P. Galland, président de la Fédération des C.I.R.C., était prié, par courrier recommandé, de se présenter à la brigade des stupéfiants. La garde à vue, qui dura huit heures, abouti à une convocation à comparaître devant la XIVe chambre correctionnelle de Paris pour le 25 Mars 1998 à 13H30 pour le motif d’avoir acquis, détenu, transporté, offert ou cédé, provoqué à l’usage et présenté sous un jour favorable le Cannabis à 577 parlementaires. Cette inculpation faisait suite à la plainte déposé par onze députés, tous de droite, dont les chefs de file semblaient visiblement être Christine Boutin et Charles-Amédée de Courson. Le symbolique geste avait eu écho dans la Presse et semble avoir énervé quelque peu certains “décideurs” en haut lieu, comme en témoigne la volonté de la Chancellerie de confier la charge de l’accusation au procureur Pagès Ce dernier est tristement connu pour son acharnement à défendre la loi de 70 et pour sa participation à plusieurs procès intentés au nom du fameux article L 630. Parmi ceux-ci, notons celui attenté déjà à J. P. Galland, ainsi que ceux de “l’Éléphant Rose” et de “Fais Nétour”, deux journaux dont les procès entraînèrent la disparition. J. P. Galland et ses complices n’étaient pas dupes quand ils passèrent à l’action de la réalisation de leur “complot”. Ils savaient que l’affaire n’allait pas passer “comme une lettre à poste”, qu’elle serait placée sur un plan criminel, et qu’ils risquaient gros dans l’histoire. Cependant, ils étaient prêt à assumer leur geste, à se mobiliser et se battre pour replacer les choses dans leur contexte : c’est à dire sur un plan politique. Le fait de s’adresser au Parlement souligne déjà ce lien; celui d’adjoindre aux pétards plusieurs textes explicatifs du sens de leur geste, laissait des traces de cet aspect politique lors d’un éventuel procès. Ce n’est donc pas uniquement pour tenter de convaincre les députés, eux qui avaient déjà ignorés les comptes rendu des différents rapports et commissions demandées par l’État (Pelletier, Henrion, Comité National d’Éthique), que le « délit » fut commis. Mais c’est dans un état d’esprit provocateur, une façon de mettre le “dos au mur” de tous les acteurs de la société, de déclencher un débat public, au milieu et à l’insu de gens “pas très motivés” à le mettre en place. Et des arguments ils en avaient, encore qu’ils fallu qu’ils soient exprimables, entendus et considérés. Le procès qui s’en suivit s’est déroulé suivant une procédure modèle bien rodée imposée par la prohibition depuis longue date et de partout autour du Globe. A défaut de pouvoir représenter la partie véritablement morale, l’accusation s’en tenait aveuglément aux textes répressifs, présentait l’accusé et son produit sous des jours très défavorables, et tentait de bâillonner la défense. De plus, tout a été mis en place pour isoler les faits (présentés comme délictueux) de leur contexte politique. D’abord, la Justice française, pour une fois, se montra assez prompt à intervenir : deux mois après la convocation de J. P. Galland, soit trois mois et demi après les faits. Plus habituellement, certains attendent de 12 à 18 mois avant d’être jugé. Ensuite, la date qu’elle choisit (le 25 mars 1998) tombait la veille d’un autre procès, toujours intenté au président du C.I.R.C., (mais aussi à A.S.U.D., aux Verts, à Chiche) qui plus est, un mercredi, jour des questions au gouvernement. Le fait que la défense avait fait part de son intention de faire témoigner une dizaine de députés ne doit pas être étranger à ce choix. Puis, le tribunal refusa le report demandé par maître Thierry Lévy, avocat de J.P. Galland afin de préparer la défense. Les raisons politiques et le caractère collectif de l’action menée par J.P. Galland demandait du temps pour la préparation des témoignages et d’une plaidoirie. Pour l’accusation, il fallait donc aller vite, très vite, pour bâillonner la partie adverse. Sans me tromper, je peux donc affirmer ici que cette affaire “puait” l’intervention politique arbitraire. Aussi, le jour même du procès, les événements observés reflètent cet empressement : 354


- La foule, nombreuse, se pressait; mais ne purent accéder à la salle du tribunal que les plus rapides, les personnes munies de carte de Presse ou bleu - blanc - rouge. - Un seul des députes cités (Yann Galet, socialiste, du Cher) à pu venir à l’heure, deux députés européens arrivèrent en retard à cause d’une grève des chemins de fers belges. L’accusation brandit son code civil et sur la base du retard, réfuta les témoignages des retardataires. Après délibération, la présidente acceptera quand même leur intervention orale. - Patrick Braouzec, député - maire de St Denis arrive encore plus en retard; il ne pourra s’exprimer. Les députés Guy Hascoët, Noël Mamère, J. P. Brard, Jean Galvany, J. P. Michel et le sénateur Serusclat, empêchés, ont envoyés des témoignages écrits. Les autres députés dont la défense avait fait part de la possibilité d’intervention, ne se sont pas manifestés. L’accusation s’acharna donc à nier les caractères symbolique et politique, elle attira le tribunal sur un terrain ou seul était pris en compte le coté criminel d’une telle action avec la responsabilité d’une seule personne : J. P. Galland. Les aspects collectif, politiques et critiques de la loi étaient tout simplement niés, gommés. Les 44 lettres envoyées au procureur Pagès, ou les intervenants s’auto - accusaient, pour la plupart, d’avoir été complice de l’action des joints aux députés (en guise de soutient à J. P. Galland) ne furent pas pris en comptes. Pour ce qui est de saisir l’importance de ces documents, une sélection de ces derniers sera inséré un peu plus en avant dans le texte. Comme le déclare J. P. Galland dans son dernier livre : la question (de l’aspect politique) ne sera pas posée. Pourtant, normalement, la Justice cherche toujours à définir les motivations qui ont poussé tel individu(s) à commettre tel(s) délit(s). Il aurait été intéressant de savoir pourquoi J. P. Galland et des dizaines de personnes ont osés et pu mener à bien une telle action. Nous n’allons pas les énumérer en détails ici d’autant que vous les retrouverez tout au long de cette encyclopédie. Mais nous allons en dresser un résumé (pour de plus amples informations, consultez “Du Cannabis et de quelques autres démons”). Pour J. P. Galland, ses complices et leur avocat, il était important, au contraire, de mettre l’accent sur le caractère symbolique de leur provocation, la connotation politique et collective de leur démarche, leur volonté d’alerter le parlement sur la nécessité de réexaminer la législation sur les stupéfiants. Leurs motivations étaient d’ordre : - Braver la censure : c’est détruire ce qui empêche la communication et grâce au bruit du scandale, on communique plus facilement, plus largement. - Ne pas inciter les députés à fumer des joints, mais les pousser à être attentifs aux textes qui les accompagnaient. L’envoi des pétards, comme un déversement de fruits sur la chaussée par des paysans en colère, est à considérer à la foi comme l’expression d’un “raz - le - bol”, une manifestation d’usagers cannabiques et une extension du droit du peuple de “pétitionner” à l’Assemblée. - Les incohérences de la Loi de 70. Le fait que tous les rapports demandés par l’État préconise une autre approche que la répression et qu’ils dorment “au fond d’un tiroir” pour reprendre une expression de J.P. Chevènement. Le fait que l’article L 630 du Code de la Santé Publique ” s’auto-verrouille”, interdisant toute critique de son bien-fondé. - Les violations de droits fondamentaux pourtant garantis par notre Constitution. - Les troubles graves causés à la Santé Publique par l’obligation coûteuse de soins non justifiés médicalement parlant (injonction thérapeutique pénale – 100 000 candidats annuels). 355


- Le gaspillage des Fonds Publiques, fait dénoncé dans un récent rapport de la Cours des Comptes. - L’incarcération de dizaines de milliers de consommateurs souvent très jeunes, fait dénoncé par un nombre sans cesse grandissant d’intervenants en toxicomanie, etc. ..., etc. ...., etc. C’est donc apparemment dépouillé de son essentiel, que le procès continua. Mais nous verrons, qu’en fait, le Juge a feint de laisser de coté ces argumentations et qu’elles ont pesés fortement dans la décision finale. Chez les plaignants : cité à comparaître François d’Aubert est absent non excusé. Par contre, monsieur Charles-Amédée de Courson c’est déplacé : ne répondant pas aux questions de la présidente, il se contente de lire un texte ou les organisateurs de ce gentil complot sont accusés de porter atteinte au “Pacte républicain”. Ensuite débute les plaidoiries des avocats de la partie civile. La logique prohibitionniste est la suivante : à défaut de pouvoir supprimer physiquement quelques “gêneurs”, on les tue socialement, économiquement : - L’avocat des 11 députés demandent chacun 1 franc de dommages et intérêts et 10 000,00 F de frais au titre le l’article 475-1 du nouveau code pénal. - Celui du C.N.I.D. (Comité National d’Information sur la Drogue), dont le président est le docteur Hovnavian, demande 500 000,00 F de dommages et intérêts. - Celui du C.N.L.A. (Comité National de Lutte Antidrogue) réclame 5 millions de francs toujours pour dommages et intérêts. Tous justifient les sommes demandées dans le but de “désarmer” J. P. Galland, de le “tuer” socialement et économiquement pour l’empêcher de “nuire encore”. Procédé pour le moins antidémocratique. A noté que lors de ces plaidoiries, ce dernier à été présenté par les avocats de l’accusation comme un véritable monstre, quasiment qualifié comme le responsables des overdoses. Il à aussi été question d’énumérations des thèses prohibitionnistes et de prise de position contre la conduite des médiats (très à la mode dans le petit monde de la prohibition depuis un certain rapport de l’O.I.C.S.). Puis vient le tour de l’avocat de la Défense qui “parlera de “profit d’aubaine” pour qualifier les sommes demandées par ces associations connues seulement pour perpétrer des idées d’un autre âge” (citation de J. P. Galland, “Du Cannabis et de quelques autres démons”, page 148). Ce fut le tour des témoins d’intervenir et d’être interrogés. Les propos tenus par tous obligèrent de nombreuses fois le tribunal, à rappeler que ce procès n’était pas celui de la loi de 70. Donc, des témoignages pourtant précieux, comme celui de François Rodolphe Ingold, de Bertrand Lebeau, pour ne citer que les plus médiatiques, furent minorés par ce que non directement concernés par l’affaire de 577 joints distribués aux députés. Le procureur Pagès, dont on retient le net ressentiment qu’il voue à J. P. Galland, réclama dixhuit mois de prison dont six mois fermes, dont il faudra rajouter les six mois avec sursis pour une affaire similaire sur fond d’article L 630. Soit, dans les faits, un an ferme et un an de sursis. Il demanda en outre au tribunal, de se prononcer sur une peine conséquente, signal fort émis en direction des 566 députés non offusqués par le pétard distribué. Maître Lévy, dans son plaidoyer, après avoir contesté juridiquement le classement du Cannabis au tableau des stupéfiants et le fameux article L 630, a contré et démonté les arguments du procureur, l’accusant d’appliquer la Justice selon son bon vouloir et non “à tous sans exception” comme il le prétendait. Pour preuve, le fait qu’il écarta le 43 lettres jointes aux dossiers, où 356


s’auto-dénonçaient autant d’individus qui se déclaraient complice de J. P. Galland pour cette affaire. J. P. Galland a donc été reconnu coupable, unique responsable de cette affaire en dépit des faits. Pour le tribunal, cela a été techniquement possible de le déclarer comme tel grâce à une erreur de langage commise lors de son interrogatoire dans les locaux de la brigade des stupéfiants : au lieu de plaider : “coupable, avec d’autres, d’avoir monté l’opération Chanvre aux députés”, il aurait plutôt du déclaré qu’il était “responsable, avec d’autres, d’avoir monté l’opération Chanvre aux députés”. Cette précision l’aurait mis sur un pied d’égalité avec ses complices et le tribunal n’aurait pas eu d’autres choix que de punir ou de gracier tout ce petit monde. Mais, dans ce contexte là, cette affaire aurait pris une dimension plus politique. Reconnaître la culpabilité de l’accusé est cependant la seule victoire qu’a obtenu l’accusation dans cette affaire. Le tribunal ne pouvait faire autrement, la pression politique était trop forte, innocenter J. P. Galland revenait à attaquer la Loi de 70 dans son ensemble et créer un cas de Jurisprudence. C’est pourquoi le tribunal ne suivra ni le procureur dans son réquisitoire, ni les excessives demandes des associations parties civiles. On note que : - Le sursis précédent est resté en sursis. - 125 jours de prison - amende à 200,00 F la journée soit 50 000,00 F d’amende en tout pour éviter la prison (délais maximum de payement le 21 Février 1999). C’est une peine faible compte tenu de la solidarité qui semble entourer l’auteur de “Fumée Clandestine”. C’est aussi une manière de tester cette solidarité, compte tenu du caractère de l’accusé et de ses précédents, qui laisse tout lieu de croire qu’il se représentera de nouveau, un jour futur, devant un tribunal. - Des indemnités de 7 500,00 F aux associations, sanction faible compte tenu des sommes exubérantes qui avaient étés demandé. La sentence appliquée satisfait aux exigences minimales du politiquement correct. Faire moins, c’était acquitter J. P. Galland. Ce qui, dans ce cas, équivalait à renier l’accusation et créer une Jurisprudence. Évidement, pour l’accusé qui avait espéré vaincre la prohibition en Justice, cette décision est avant tout un échec. Mais contrairement aux apparences, cet échec est ressenti encore plus lourdement par l’accusation. On constate ici un essoufflement de l’impact des théories prohibitionnistes sur des tribunaux. Il est donc question d’une brèche dans la cuirasse de la prohibition française. Peut être que lassée par tout cet incessant tapage politico-médiatique, la Justice préfère prendre un peu de recul, attendant une prise de position plus claire des politiciens, sur le sujet. Mais si tout le monde attend que l’autre fasse le premier pas, cela risque de durer encore bien longtemps. Bien que placé dans une situation excessivement difficile, l’accusé n’a pas été “lapidé” socialement parlant. La Justice lui donne donc les moyens de continuer son combat. On peut donc interpréter cette décision de Tribunal comme la première reconnaissance officielle de l’opportunité des thèses anti-prohibitionnistes sous la pression de la polémique provoquée par un nombre sans cesse croissant de convaincus. On peut aussi en déduire que si la Justice n’a pas les ”mains vraiment libres” pour traiter ce genre d’affaires, elle ne les a pas non plus totalement attachées. Certains Juges, respectant le code de déontologie les concernant, font du mieux qu’ils peuvent pour donner un peu d’humanité à une Justice noyée par le nombre des affaires en cours, la complexité des textes et des procédures, la déshumanisation du système et la tyrannie du principe de “l’argent-roi”. Juste retour des choses dans la logique politique, madame Boutin, présente lors de l’université d’été de son parti politique, c’est fait siffler et huer par la délégation “Jeune” de ce dernier. Ils 357


déclarèrent alors : “nous ne pensons pas que madame Boutin soit représentative des idées que nous défendons”. Que faut-il en penser ? Ce procès à une suite : le lendemain, 26 Mars 1998, le procureur Pagès passe à la XVIe chambre correctionnelle de Paris. pour le jugement de l’affaire du rassemblement du 18 Juin 1997. Fidèle à sa tactique, il présenta J. P. Galland comme le véritable organisateur des rassemblements en question, “un habitué des tribunaux”, un être nuisible que rien n’arrêtera ... si ce n’est la prison conjuguée à de fortes amendes. Le Tribunal ne le suivit pas lorsqu’il demanda 10 000, 00 F d’amendes pour les responsables des Verts, de Chiche ?, d’A.S.U.D. et 30 000 F d’amende pour le C.I.R.C.. En guise de victoire, le procureur Pagès du se contenter d’une reconnaissance de la culpabilité des accusés mais accompagnée d’une dispense de peine. Même tarif que le jour précédent, on condamne afin de ne pas toucher à la loi de 70, mais “on reste gentil avec les accusés”, d’autant plus que les Verts, partis au pouvoir, sont parmi eux. Même revers pour l’accusation. On apprit que le Parquet fit appel six mois après cette décision. Le 6 Mai 1999, au coeur de la campagne européenne, tous les accusés de ce procès on été rejugés (voir la suite un peu plus loin : le procès du 6 Mai 1999).

3) 44 lettres en faveur de J. P. Galland et du Cannabis : (lettres ou extraits de lettres). Pour les même raisons que précédemment, nous n’allons pas publier entièrement ces lettres ici. Je vous en ai sélectionné quelques passages que je pense être à la fois assez représentatifs des autres lettres et des problèmes soulevés. Elles sont toutes adressées au Procureur Pagès.

1ère lettre : “Je vous adresse une dénonciation qui, je l’espère aboutira : Mr. Alain Saïssi, domicilié à Sainte-Croix-Vallée-Française, est un planteur de Cannabis qui refuse de vendre sa production mais en donne volontiers à des personnes majeures impunément”. Mr. Alain Saïssi, agriculteur Sainte-Croix-Vallée-Française

2ème lettre : “J’ai découvert le Cannabis à l’école en lisant Charles Baudelaire et j’en remercie mon professeur de français. J’ai fumé mon premier joint à l’âge de 14 ans. Depuis, je consomme régulièrement du haschisch, de l’herbe et de l’huile. Ça ne m’empêche pas d’avoir un travail, une vie sociale normale et de bons rapports avec mes voisins. En consommant ce produit, je ne me reconnais pas dans la position du délinquant que me donne pourtant la société. L’effet du haschisch ne me rend ni agressif, ni violent. Je n’adopte pas un comportement de nature à mettre en danger mon entourage. Je n’incite ni ne force personne à en consommer. Il s’agit d’un acte individuel qui engage mon corps et mon esprit sans aucune gêne pour autrui et sans aggraver le trou de la sécurité sociale (contrairement à la consommation de tranquillisants). Ce produit m’aide à me détendre et convient très bien à une atmosphère festive. Les lois sont faites pour protéger les gens et non pour les empêcher de vivre. J’attends de la société qu’elle m’informe sur la qualité, l’origine, les conséquences des psychotropes; qu’elle permette l’ouverture de lieux conviviaux pour consommer le haschisch afin que l’usager puisse être véritablement un citoyen. J’affirme avoir fourni cinq grammes d’herbe de ma culture personnelle au mois de décembre 1997 à J. P. Galland, afin d’en faire profiter nos députés et de permettre l’ouverture d’un débat public sur ce sujet. 358


Je certifie avoir à plusieurs reprises détenu, offert ou cédé du Cannabis. Je soutiens que le Cannabis a des vertus thérapeutiques (depuis des millénaires) et qu’il m’a sauvé la vie. Ce témoignage peut être certifié par mon médecin traitant. (...)) Je sais que ce don (cinq grammes d’herbe provenant du jardin d’un ami) tombe sous le coup de la Loi et je l’assume”. Guillaume Rigot Saint-Denis

3ème lettre : “Ce que doit finalement se demander l’usager de Cannabis dans la France d’aujourd’hui, c’est si nous sommes toujours bien en démocratie. On peut en douter car la prohibition des drogues est par essence totalement antidémocratique. Elle s’est toujours imposée par le haut, par une volonté de domination d’un grand pays ami. Presque jamais les citoyens n’ont été consultés à ce propos, et dans les rares cas à l’étranger où des référendums ont eu lieu, ils ont toujours été dans le sens de plus de tolérance (Italie, Suisse, Californie). Mais devant la faillite générale de la politique répressive, la prohibition est aux abois. Sa seule solution pour survivre est donc de persister dans cette voie absurde; cela se fera toujours et uniquement à l’encontre de nos droits démocratiques”. Signé en toute connaissance de cause par Alain Meunier-Baudelaire Grignan

4ème lettre : “J’ai personnellement fourni quatre ou cinq grammes d’herbe et roulé de mes propres mains une demi-douzaine de joints, en laissant aux militants du C.I.R.C. le soin d’en faire bon usage. Je suis, en conséquence, totalement solidaire de leur action et accepte d’en partager les conséquences”. Pierre Delannoy écrivain - grand reporter

5ème lettre : “Le Cannabis ne m’empêche pas d’être un citoyen modèle, il m’aide même à le rester. Le Cannabis m’inspire et me relaxe, me permettant ainsi d’exercer ma profession de dessinateur. Le Cannabis me calme quand la vie actuelle pousse certain d’entre nous à agir impulsivement et violemment. Enfin, il m’ouvre sur les autres, me permet d’être dans l’instant présent. N’y voyez pas là une apologie, mais plutôt le constat jubilatoire d’une consommation quotidienne qui fêtera bientôt ses douze années”. Philippe Fatoux dessinateur Tremblay - en - France.

6ème lettre :

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“J’ai participé activement à l’opération “Chanvre des députés” parce que les dégâts occasionnés par la politique prohibitionniste depuis vingt ans sont sans commune mesure avec les dégâts occasionnés par le Cannabis, une plante connue depuis la nuit des temps”. Nathalie Ducasse Montpellier

7ème lettre : “Suite à l’inculpation de J. P. Galland pour présentation sous un jour favorable et provocation à l’usage de Cannabis, permettez moi de demander à mon tour mon inculpation pour le même motif. Je suis médecin, et j’ai souvent dédramatisé auprès de mes patients mal informés la consommation de Cannabis. J’ai également souvent rassuré les proches de ces patients, nottement leurs parents, qui imaginaient que leur enfant allait irrémédiablement être attiré par les drogues dures. Contraint par le code de déontologie de faire bénéficier mes patients de toutes les thérapeutiques existantes, je leur ai souvent présenté le Cannabis sous un jour favorable pour ses propriétés notamment anti-émétiques, stimulantes de l’appétit et anxiolytique. Cela concerne principalement les patients du S.I.D.A., qui présentent souvent des amaigrissements importants. J’ai en outre déconseillé à certains de mes patients l’usage des hypnotiques lorsqu’ils avaient l’usage du Cannabis. En effet, le Cannabis peut faire tout aussi bien, et est bien moins dangereux (notamment pas de risque de surdose comme avec les hypnotiques). Je les ai par contre souvent mis en garde contre le fait qu’ils risquaient des ennuis avec la Justice, et que c’était au fond son principal danger. Mais celui là, monsieur le Procureur, il dépend en grande partie de gens comme vous. Dans l’attente de mon inculpation, je vous prie de recevoir, Monsieur le Procureur de la République, l’assurance de mes sentiments respectueux.”. Dr J. M. Geidel

8ème lettre : “Permettez moi de vous raconter une petite histoire : Ce matin, j’étais à la brigade des stupéfiants, 36 quai des Orfèvre, interrogé par un policier de l’unité “Communication, Formation et Prévention” de cette légendaire Brigade. Il me convoquait à la demande d’un Juge d’instruction de Béthune qui s’intéresse à connaître l’ensemble du catalogue des éditions du Lézard, dont je suis le responsable, et aux ventes de ses titres, dans le cadre d’une procédure provoquée par l’interpellation, et la mise en examen, de quelqu’un qui cultivait chez lui un peu de Cannabis pour sa consommation. Constatant la présence de ces pieds de Cannabis, la Police eut l’occasion d’observer qu’il y avait, de plus, chez cette personne, quelques livres ayant trait au Cannabis aussi semble-t-il, publiés par nos soins. Comme vous le savez, ces livres publiés depuis fin 1992, ont souscrit aux obligations du dépôt légal. En plus de cinq ans, aucun d’entre eux n’a jamais fait l’objet d’une mesure d’interdiction ni de la moindre observation de la Police et de la Justice. J’assistais il y a environ deux ans à votre plaidoirie contre le magazine l’ÉLéphant Rose, suite à laquelle, le tribunal ayant accepté vos réquisitions, le directeur de cette publication fut condamné à dix mois de prison avec sursis et à 300 000, 00 F d’amende.

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Le Journal n’était pas pour autant interdit mais vous avertissiez ses responsables qu’au cas où ils persisteraient à le faire paraître, vous engageriez à nouveau des poursuites. Simultanément, par l’opération du Saint Esprit, le même journal se voyait retirer son numéro d’inscription à la commission paritaire, ce qui le mettait dans de telles conditions fiscales que, même si ses dirigeants avaient voulu braver votre menace, ils n’en auraient d’aucune façon eu les moyens. Je me souviens aussi que, ce jour là, au cours de votre plaidoirie, vous avez abordé la question des livres publiés aux éditions du Lézard. Si ma mémoire est bonne, vous disiez alors, en substance, que vous aviez bien pensé à poursuivre ces livres, selon vous tout aussi critiquables que l’Éléphant Rose, et ce dès leur apparition, début 1993, mais que vous aviez considéré qu’il n’était pas possible d’engager des poursuites, parce qu’il s’agissait de livres. Vous expliquiez alors que, d’une part, le statut intellectuel d’un livre recommande de n’engager des poursuites qu’avec esprit de mesure. D’autre part, disiez vous, le prix relativement élevé de la plupart des livres, illustrés, publiés par les éditions du Lézard, en limitait la circulation, particulièrement, sembliez vous dire, auprès des jeunes. Aujourd’hui, si j’ai bien compris, vous poursuivez J. P. Galland pour un délit d’expression qui serait aggravé d’un trafic de stupéfiant, en raison d’un livre, Cannabis, lettre ouverte aux législateurs, publié chez l’Esprit Frappeur, une collection de livres à 10 francs dont j’ai aussi la responsabilité. L’envoi gratuit de cet ouvrage aux parlementaires fut accompagné d’un “joint” de Cannabis, symbolique, destiné à empêcher que cette interpellation politique de la représentation parlementaire passe inaperçue. Grâce à ce petit “pétard”, les parlementaires comme la Presse ont réagit de façon significative. Quant au délit d’expression, je m’étonne tout d’abord de ce que vous n’avez pas jugé utile de poursuivre l’éditeur de ce petit livre, aussi responsable que son auteur d’un tel délit. Quand à l’accusation de trafic de stupéfiants, je tiens à porter à votre connaissance que j’en suis également l’auteur, ayant fourni du Cannabis nécessaire à ce “trafic”. J’ai de plus participé à la confection et à l’envoi de ce Cannabis prohibé à mesdames et messieurs les députés. Au cas où cet acte, exclusivement politique, devrait être considéré comme condamnable par la Justice, je demande, pour le moins, à être également poursuivi, en raison de mes responsabilités d’éditeur et de citoyen. Permettez-moi aussi de vous suggérer plutôt de suspendre ces poursuites. Elles déshonorent la Justice. Faut-il vous rappeler que le L 627, comme le L 628, le L 630 et l’ensemble des textes relatifs aux drogues prohibées , ne sont d’aucune façon prévus pour régler les débats politiques ? L’usage que vous en feriez au cas où vous demanderiez une condamnation des auteurs de cette interpellation parlementaire, dont tout le monde reconnaît l’urgence et le bien-fondé, serait non seulement étranger à l’esprit de ces lois, mais simplement attentatoire aux principes même de la démocratie. En espérant avoir été assez clair, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations cannabiques.

Michel Sitbon

Le procès du 6 Mai 1999 : Toute petite partie complémentaire de ce qui a déjà été dit. Le 6 Mai 1999, les responsables d’A.S.U.D., de Chiche !, des Verts et du C.I.R.C. étaient rejugés en cours d’appel pour la journée du 22 Juin 1998 (l’Appel du 18 Juin a été retardé de 2 jours cette année là). Reconnus coupable mais dispensés de peines lors de la séance première, ils ont été condamnés à 5 000, 00 F d’amende pour les différentes associations et 10 000, 00 F d’amende pour le C.I.R.C. On enregistre une légère aggravation de la sanction qui en dit long sur le changement de politique amorcé en six mois. Les 361


Verts ne sont plus à l’abri derrière leur titre de “participant au gouvernement”, l’effet surprise et psychologique des rapports Henrion et Roques s’est estompé. La volonté politique du moment est de faire taire la contestation, sans faire trop de vague si possible, dans un premier temps, mais quitte à déchainer sur eux les foudres de la Justice si cela continuait. En attendant, mesdames et messieurs les responsables de cette répression, vous auriez du deviner qu’en cautionnant cette absurde Guerre à la drogue, vous risquez de faire naître des mouvements de résistance. Encore politique et idéaliste, cette réaction pourrait prendre alors un aspect plus concret ou “militaire” si l’injustice venait à s’accentuer encore.

L’O.M.S. et l’O.I.C.S. sur la brèche : L’O.M.S., ou l’Office Mondial de la Santé, s’occupe de cette dernière au niveau planétaire. Elle est régit par l’O.N.U., donc imposée au diktat américain. L’O.I.C.S. ou l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants, est un de ses services. Il s’occupe tout particulièrement de la Toxicomanie. Ce service s’occupe surtout de surveiller l’extension de cette dernière, que ce soit sur le terrain, dans les pratiques, mais aussi dans l’évolution des mentalités concernant le sujet. Il s’agit donc d’un outil de la prohibition qui, rapports après rapports, tente d’apporter “des cartouches au fusil de la répression”. En complément de tout ce qui a déjà été écrit sur ces deux organismes, veuillez trouver ici un texte qui provient de “Du Cannabis et de quelques autres démons“ (pages 158 et 159), dont le titre proposé par l’auteur est : “Quand l’O.M.S. et l’O.I.C.S. pètent les plombs”. “Le magazine britannique New Scientist révèle que l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) a caché au fond d’un placard le rapport de trois scientifiques canadiens sur les dangers comparés du Tabac, de l’Alcool et du Cannabis. L’O.M.S. aurait subi des pressions, en particulier celles des conseillers du National Institut of Drug Abuse, qui craignent que ce rapport fournisse des armes aux partisans de la légalisation du Cannabis. L’O.M.S. nie maladroitement. Elle prétend que, si des études ont démontrés les dangers du Tabac et de l’Alcool, on manque d’informations fiables pour démontrer la nocivité du Cannabis ... les chiffres concernant les décès dus à cette plante n’existant pas. C’est un mensonge : dans le rapport final et officiel, donc amputé, on fait référence à de nombreuses études épidémiologiques sur le Cannabis. Ce que redoute l’O.M.S., c’est de voir publié noir sur blanc que les dégâts sanitaires et sociaux causés par l’Alcool et le Tabac sont infiniment plus grave que ceux attribuables au Cannabis, ce que confirmera - comme si on en avait besoin - le rapport Roques. Que les plus hautes et les plus respectées des instances internationales censurent les rapports pour faire plaisir aux croisés de la “Guerre à la Drogue” est une honte qui n’émeut pas grand monde. Quelques jours plus tard, l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (O.I.C.S.), dépendant de l’O.N.U., s’en prend à la “culture de tolérance envers la consommation des drogues” qui se développe dans les démocraties avancées. Quand on sait que ce rapport a été rédigé par le représentant de l’Iran, ce reproche ne surprendra guère. En revanche, le rapport ne dit mot du rôle joué par le Programme International de Contrôle des stupéfiants sur l’aide financière apportée aux talibans d’Afghanistan, pour leur lutte contre la drogue. Une aide qui a surtout facilité leur accession au pouvoir et qui n’a nullement empêché les cultures d’Opium de croître de 25 % en une seule année. A noter, si vous trichez un temps soit peu dans votre déclaration d’impôts, vous subissez les foudres d’une justice et les amendes d’un trésor public implacables. Mais personne ne sanctionne nos élus ou représentants quand ils mentent ou trichent pourtant ce serait gage d’équité et de partialité ! LA NAISSANCE DU COLLECTIF POUR L’ABROGATION DE LA LOI DE 70 (C.A.L. 70) : Toujours dans le livre “Du Cannabis et de quelques autres démons“, l’auteur décrit les événements qui amenèrent la création de ce collectif. Pages 159 et 160, on peut lire le texte suivant : 362


Philippe Mangeot, président d’Act Up, est convoqué en février 1998 devant les tribunaux pour un tract intitulé “J’aime l’ecstasy” distribué lors d’une manifestation de protestation contre la fermeture de boîtes et de bars gays. En réponse à cette attaque, Act Up lance une pétition contre l’article L 630 de la Loi de 70 qui punit “la présentation de produits classés au tableau des stupéfiants sous un jour favorable”. En quelques jours, plus de 111 personnalités avouent par solidarité qu’elles ont consommées des drogues interdites. Philippe Mangeot sera condamné à 30 000, 00 F d’amende, peine confirmé en cours d’appel ... le tarif en vigueur pour ceux dont le discours ou les actes sont jugés politiquement incorrects. Suite aux procès intentés au C.I.R.C. - on ne les compte plus - , à A.S.U.D., à Chiche !, aux Verts dans le cadre de rassemblements du 18 Juin, puis à Act Up, des procès qui ont tous l’article L 630 pour base, ces associations décidèrent de se regrouper et de se donner une structure commune : le Collectif pour l’abrogation de la Loi de 70. Après des discussions enflammées, ce collectif se dota d’une plate-forme et se fixa pour premier objectif l’abrogation de l’article L 630 du code de la Santé publique et l’ouverture au Parlement d’un débat sur l’accès aux produits actuellement classés au tableau des stupéfiants suivant des modalités différenciées. Quelques jours après la naissance du collectif, les députés Verts déposèrent au Parlement un projet de loi abrogeant l’article L 630. Puis, le collectif se rallia à la campagne internationale Legalize qui visait à faire entendre la voix des usagers et des antiprohibitionnistes à l’occasion du grand raout de l’O.N.U.. Il organisa à Paris une manifestation sous le mot d’ordre “Drogues, légalisez le débat” qui rassembla par une belle journée de Juin entre 1 500 et 2 000 personnes sur le pavé de la capitale. De l’avis de tous, ce fut une réussite et rendez-vous fut pris pour l’année suivante. Plate-forme du Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 (Du Cannabis et de quelques autres démons, pages 188-189) : Aides fédération, Act Up Paris, A.S.U.D., Action Traitement, C.I.R.C., Chiche !, Coordination radicale antiprohibitionniste, L’Éléphant Rose, les éditions du Lézard, les Verts, Ligue des droits de l’homme, Mouvement pour la légalisation contrôlée, Parti radical transnational, Syndicat de la magistrature, le Tipi. 1) Parce qu’il est inacceptable du point de vue des libertés qu’un usager de drogues puisse être poursuivi, traduit en Justice et se retrouve en prison. 2) Parce que la prohibition ne protège ni la société, ni les usagers, mais encourage la corruption, l’enrichissement des mafias et la circulation clandestine de produits chers et frelatés. 3) Parce que l’accès aux soins est un impératif de santé publique qui doit devenir une réalité concrète pour tous, y compris les usagers. 4) Parce que le personnel sanitaire doit disposer de toute la palette des produits nécessaires à la liberté de prescription. 5) Parce qu’un millier de personnes, marginalisés par la prohibition, meurent chaque année en France du sida, des hépatites, des interactions médicamenteuses ... 6) Parce que la loi de 70 a fait l’objet de nombreuses critiques par les personnels impliqués et par de nombreuses commissions qui ont toutes soulignés l’inefficacité et l’archaïsme de ces conceptions. 7) Parce qu’il est urgent de rétablir les usagers de drogue dans leur pleine et entière citoyenneté. 8) Parce que nous voulons qu’une information, une éducation et une prévention objective puissent être dispensées sur la nature exacte et le dosage de toutes les drogues en circulation. 363


9) Parce qu’au mépris des libertés publiques et surtout de la liberté d’expression, des Droits de l’Homme et de la démocratie, des militants, des éditeurs, des usagers ... sont poursuivis et condamnés pour avoir contredit le discours officiel..

Nous voulons, dans un premier temps : - L’abrogation de l’article L 630 du code de la santé publique. - L’ouverture au Parlement et dans le pays d’un débat public ouvert à tous les citoyens sur l’accès légal aux produits actuellement classés au tableau des stupéfiants suivant des modalités différenciés.

Collectif pour l’Abrogation de la Loi de 1970 23, rue du Chateau-Landon 75 010 Paris Tel : 0153262653 Fax : 0153262656 L’adresse du siège social semble provisoire et pourrait changer dans le temps. Cependant, A.S.U.D. vous renseignera toujours sur toute évolution à venir.

SUPERCHERIE PLANETAIRE : 1) Supercherie surtout budgétaire : Sortant du contexte d’émissions et de reportages télévisés ainsi que d’ouvrages littéraires, je vais développer ici ma pensée sur ce thème. Contrairement au message que certains politiciens veulent faire passer (thème du sommet de NewYork), le problème drogue n’est pas prêt d’être éradiqué. Tout ce que nous venons d’apprendre dans cette encyclopédie démontre que l’argent allouée à la “Guerre contre les drogues” l’est en grande partie aux forces de la prohibition, donc aux fascistes. Je n’inclue pas comme fascistes ceux d’entre vous (encore nombreux) qui sont contre la dépénalisation de la drogue en raison du fait d’un manque d’information et d’une intoxication provenant du discours officiel. Mais je parle ici de ceux qui orchestrent, mentent, manipulent, profitent, décident et dirigent cette inutile et coûteuse lute. En fait, d’une, on favorise le “business” de la pègre et des fascistes, de deux, on les “bourre de pognon” avec lequel la lutte contre la drogue à pris le visage d’une véritable petite armée. Équipée et surarmée de matériel de pointe et de hautes technologies, ayant le contrôle autonome de son service d’information, d’intervention et de décision, cette union de la lutte principalement dirigée par les U.S.A., via la C.I.A. et la D.E.A., profite de la plus grande supercherie que l’humanité à jamais connue. Pire, depuis l’effondrement de l’ex U.R.S.S., l’économie mondiale subsiste tant bien que mal grâce à ce total de somme d’origine criminelle qui vient s’injecter en elle d’une manière ou d’une autre. Étant donné qu’on est au bord de la catastrophe économique, et de part le fait que les politiques honnêtes n’ont rien de mieux à nous proposer que le système en cours, les dirigeants des pays son “tenus par les “(censuré)” et laissent faire ce système qui les dépasse (raisonnement pourtant faux car le Chanvre nous offre une autre solution). Il semblerait tout simplement qu’on assiste aujourd’hui au dénouement d’une politique de long terme mis en place depuis l’après guerre, mais décidée bien avant, visant la prise de pouvoir mondiale (mais pas par un état, par des particuliers). Je ne serai pas étonné que derrière tout cela, on retrouve, à une génération près pour certains, les même que ceux qui ont complotés contre le Chanvre depuis 1937 ou fait assassiné J. F. Kennedy en 1962.

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2) Une décade pour gagner la guerre contre les drogues : 1998 : pendant une semaine, l’O.N.U. a tenu sa “Convention Internationale Contre le Trafic Illicite de Stupéfiants et de substances psychotrope”. Cette “grande messe” réunissait 150 participants (dont une trentaine de chefs d’état), dont le tiers, d’après l’O.G.D., tirent des bénéfices de ce trafic contre lequel ils sont censés lutter. Dans le style : “on nous prend pour des cons”, il n’y a pas mieux. Notre cher président s’en donna à coeur joie de son couplet alarmiste et lança un vibrant appel pour une nouvelle croisade contre les drogues. Tous les gouvernements des états membres jurèrent la main levée “d’atteindre des résultats significatifs de réduction de l’offre et de la demande illicite de drogue d’ici à 2008”. Cependant, un grain de sable vint à coincer les rouages pourtant bien huilés de cette prohibitive convention : un appel fut lancé à Kofi Annan lui demandant de ne pas se soustraire aux questions et de faire un bilan objectif des politiques menées jusqu’à ce jour, en particulier par les O.N.G. exclues des débats. Cet appel, signé par 500 personnalités dont Janvier Perez de Cuellar (ancien président de l’O.N.U.) et Gorges Schulz, affirmait en outre que la prohibition causait d’avantage de dommages que la consommation abusive de drogue et qu’un changement radical et urgent de politique était nécessaire. Parallèlement, l’initiative Legalize a coordonné, le 7 Juin de cette année 1998, une trentaine de manifestations dans diverses capitales et villes importantes du monde. Le sommet de New-York, de part les propos qui y ont été tenus, a fait réagir et se mobiliser énormément de monde. D’un coté vous avez des gens qui revendiquent clairement le fascisme comme remède au soit disant plus grand fléaux de notre temps moderne, et d’un autre, ceux qui se battent pour les vraies Justice et Liberté. On peut donc vraiment parler de guerre puisque deux camps se sont constitués. On peut affirmer que 1998 est une période charnière, début de la résistance à une droite libérale cependant pas encore tout a fait au pouvoir total ! 10 ans plus tard, il y a beaucoup plus de cocaïne dans les rues françaises ! 3) Mensonges volontaires et par omissions, manipulations : Comme exemple pour illustrer ce titre, nous allons discuter d’un des arguments tenaces des prohibitionnistes qui n’a pas encore été abordé par ailleurs. Il est question de l’idée suivante : “La politique hollandaise serait un désastreux échec qui d’une amplifierait le problème toxicomaniaque européen, et de deux, servirait de supermarché de la drogue pour notre communauté.” A ceci, on peut logiquement rajouter l’idée reçue que l’antiprohibition s’est laissée infiltrée par la mafia qui aimerait bien voir devenir légale une si juteuse source de revenue, manipulant par la même, sous forme d’écrits pernicieux, une foule d’individus naïfs, inconscients, utopiques ou puériles. Je tiens à immédiatement à démentir cette propagande mensongère et non traductrice de la réalité politique.

Pour le Cannabis : Je vous ferai remarquer que la Hollande est le seul pays européen à avoir oser une politique de dépénalisation du Cannabis avec vente tolérée. Il est normal que cela draine tout les cannabinophiles des pays environnants. Appliquez la même politique dans le reste de l’Europe, et vous n’aurez plus de “narcotourisme” aux Pays-Bas Il est hypocrite de vouloir dépénaliser le Cannabis et de maintenir l’interdiction de sa source d’approvisionnement. Cela créé une situation absurde génératrice d’injustice et de “n’importe quoi” qui ne résout rien en terme de trafics, de pègre et de corruptions. Cela oblige pourtant le fumeur à participer à une activité illégale qu’il ne cautionne pas particulièrement. Pendant ce temps, que vous soyez d’accord ou pas, plusieurs dizaines de millions de fumeurs européens 365


s’envoient dans le poumon des produits souvent adultérés bien plus nocifs que le Cannabis même. Cette réalité existe et ne doit plus perdurer.

Pour les Drogues Dures : En Hollande, les toxicomanes dépendants ne sont que rarement poursuivis (en fait, s’ils le sont c’est toujours pour des méfaits commis et non pour le fait de leur toxicomanie). L’Allemagne à, en 1994, “emboîté” le pas aux Pays-Bas en tolérant la possession de petites quantités d’Héroïne, mais aussi de Cocaïne et de L.S.D.. On ne peux donc plus accuser la Hollande d’être la seule “fourvoyeuse de came” de l’Europe. Évidement, la mafia se régale à exploiter ces législations d’exception, mais elle se régale surtout de la “connerie institutionnalisée” imposé par les prohibitionnistes et de l’interdiction, qui elle, à fait la valeur des produits. Si toute l’Europe adoptait le modèle hollandais, et que ces pays traitent leurs génération de toxicomanes par la Méthadone, voir même d’autres opiacés comme l’Héroïne médicale (en cures de maintenance comme je l’ai défini préalablement) il n’y aurait plus de narcotourisme dure non plus. La pègre laisserait alors tomber un marché ne rapportant plus et les générations suivantes seraient à l’abri de ces produits devenus inexistants dans la rue. C.Q.F.D., loin d’être nocif aux sociétés, le modèle hollandais, s’il se généralise en Europe, est le seule à réellement pouvoir rendre supportable à tous, l’existence du problème toxicomanie. Dans un second temps, il pourra aboutir à une victoire sur les Drogues Dures et de leur extension. Comme nous venons de le comprendre (je me répète au risque de passer pour quelqu’un de “relou”), le marché illégale sera effondré, les générations suivantes seront épargnés et ignorante de ces produits.

LES CONFRERIES OCCULTES.

La criminalité en “col blanc” : la Franc-maçonnerie Définition : voir dictionnaire de l’encyclopédie. Avant tout, il n’est pas question ici de faire le procès de la Franc-maçonnerie. J’ai un immense respect pour cette organisation plus que bi - centenaire qui a su inspirer la Révolution française et l’écriture de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Toutefois, on assiste depuis 1930, et encore plus aujourd’hui, à une dérive mafieuse de certaines obédiences, de façon plus marquée encore dans la Franc – maçonnerie américaine que dans sa branche française. Ce qui caractérise le plus la Franc-maçonnerie, se sont les rôles politique et économique qu’elle a joué dans les différentes branches du pouvoir ces trois derniers siècles. Cette manie à vouloir tout “introduire”, prévoir, savoir au sein de toutes professions, tout éléments de structure et de décision de l’État, des grandes sociétés et des grands groupes financiers, conjointe à une discrétion absolue, les définie mieux que le fameux “coup de patte” (piston, entraide) qu’ils sont censés pratiquer entre membres. Intéressante manière de “manipuler” (quoi qu’ils s’en défendent) les mouvements de pensée, directions prise par la société, de la politique, ... etc. Tel est le point de vue de leurs détracteurs qui réclament plus de transparence au sein de ce mouvement perçu en France plus occulte qu’éclairé et plus antirépublicain dans sa façon d’être constitué et de fonctionner que l’inverse dont pourtant la Franc-maçonnerie se définit. Ainsi, il ressort que nombre d’affaires “politico-économico-judiciaires”, dont beaucoup de récentes, ont vus des francs-maçons impliqués dans des secteurs politiques de tout horizon. À ce sujet, la Franc-maçonnerie française se vante d’avoir aussi bien des membres de gauche que de droite, fait censé refléter les principes démocratiques républicains. Les deux tendances sont censées se côtoyer comme une saine complémentarité. 366


Cependant, l’antithèse de cette version tient aussi “la route” et explique certainement la dérive actuelle : la Franc-maçonnerie est un tremplin de pouvoirs. Beaucoup de ceux qui s’en revendiquent, cherchent à se servir de la “fraternité” pour des buts bassement arrivistes. Ainsi s’est elle fait, elle aussi, infiltrer par bon nombre de concurrents à “la course au pouvoirs”. On y trouve beaucoup de noms célèbres de droite comme de gauche, mais aussi des gens d’extrême droite, des industriels, des mafieux, ... En 1998, des membres plus intègres demandent un “assainissement” urgent des loges lors d’une émission TV. Fait unique, ils reconnaissent publiquement l’urgence du problème. La “direction” des obédiences dément et sort un baratin inverse et rassurant. Il est vrai que la pratique du piston et la mise en place “d’hommes dévoués” à des postes clefs peut encourager la corruption; ce procédé fait vite boule de neige dans une ambiance de concurrence, de conflits idéologiques et financiers. Le principe du “je te tiens, tu me tiens, ...” encourage, lui, la pratique du “renvoie d’ascenseur”. Ainsi, des individus manipulateurs ont, dans le principe maçonnique, les outils nécessaires à placer des gens dans des secteurs qu’ils veulent influencer. C’est cet aspect précis qui rejoint ici le sujet du Cannabis, en hypothétique cependant, car contrairement à beaucoup de ce que j’ai écris ailleurs dans cette encyclopédie, je n’ai pas la preuve de ce que je j’affirme ici, c’est de la pure déduction. La Franc-maçonnerie sait s’entourer de secrets et de mystères, elle prend un grand soin à gommer systématiquement toute preuve de ses actes ou prises de positions. Pour la combattre efficacement, il faut penser autrement, lire entre les lignes et les mots, comprendre entre les événements, anticiper leurs réactions. Je précise que je ne suis pas anti franc-maçon, même que je ressens un peu d’admiration pour cette société secrète qui a su inspirer les plus grands principes de liberté, et d’aider à leur aboutissement. Toutefois, cette dérive mafieuse industrielle est inquiétante et c’est elle qui faut combattre, pas la Franc-maçonnerie ! Il n’est pas nécessaire de développer toute une étude pour démontrer que Hearst, Anslinger, Mellon, Hoover et Dupont de Nemours s’organisaient, planifiaient, infiltraient sur le même schéma et au même niveau que la Franc-maçonnerie. Ce qui rejoint ici le thème du Cannabis. L’interdiction mondiale de cette plante, son application rigoureuse, et la désinformation générale qui en suivit prouvent une ramification internationale de cette volonté prohibitionniste. Je vous rappelle que tout ceci n’est que le fruit d’une énorme mystification destiner à abuser le monde entier ... et il faut arriver mettre de “gros moyens” en jeu et jouer énormément d’influence sur tout le pourtour de la planète pour pouvoir commettre un méfait d’une telle ampleur. Ramification d’influence qui ne pouvait donc exister à la dimension de simples groupes industriels, mais qui existait bel et bien depuis très longtemps au sein de la Franc-maçonnerie et des confréries de la RoseCroix. Pas question d’affirmer que les personnages en questions étaient tous francs-maçons, mais qu’ils aient “utilisés” plus ou moins directement les principes de fraternité de ces confréries ne fait pas de doute. On est en droit alors de se poser la question d’une éventuelle interconnexion entre les Francmaçonneries françaises et américaines, savoir qui est à la botte de qui et dans quels buts ils travaillent ensemble au niveau mondial. En fait de mafia, elle n’a rien à avoir avec celle italienne, mais c’est une mafia industrielle et libérale internationalisée. Par déduction, dans sa façon de procéder et de fonctionner, monsieur Sarkozy doit en faire parti ! On nage en plein mystère à la “Fox Mulder”. Mais ici, pas d’extra-terrestres fugaces, mais de simples monstres de cupidité bien terriens. Qu’elle est la part de la Franc-maçonnerie dans le maintient de l’interdiction cannabique en France et de la répression contemporaine ? Pour essayer d’apporter un semblant de réponse à cette dernière question, citons qu’il existe certaines récentes publications énumérant des listes d’hommes publiques francs-maçons. Renseignez vous chez votre libraire ... Tout ce que je peux rajouter, c’est qu’il est établi que la Franc-maçonnerie est l’investigatrice de la Révolution américaine, sur laquelle elle a fait ses armes et a appuyée ensuite son pouvoir, puis, la Révolution française qui leur permit de mettre “un pied” en Europe. Depuis, les symboles franc-maçonniques “pullulent” : on les retrouve dans les billets américains (pyramide avec un œil dedans), sur le drapeau planté sur la lune par Armstrong et son équipe, dans une pièce française récente de 50 F en argent, ...., ils l’avouent eux même assez facilement : ils sont de partout et en sont fiers ! 367


SOIREE THEMATIQUE D’ARTE SUR LE CANNABIS (06 JUIN 95) dossier : récapitulatif de la grille de programme : ARTE m’a envoyé un petit dossier résumant le contenu de cette émission. Je tiens à vous le placer ici en entier histoire d’instruire ceux d’entre vous qui n’ont pas eu la chance de regarder Thema ce jour là. Notons la présence d’illustrations (dessins, photos) que je ne peux malheureusement pas placer ici.

“21H45 - 01H00 CANNABIS (soirée proposée par Christoph Jörg, La SEPT-ARTE)

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Chanvre sans jamais oser le demander ! La vie et les mœurs d’une plante hors du commun, convoitée par les uns, maudite par les autres. ARTE s’embarque ce soir sur la route du Cannabis et raconte son histoire, ses pouvoirs, ses musiques.

Ce soir, dans Thema :

21H45 : UNE PLANTE ENTRE LE BIEN EST LE MAL. (documentaire écrit par Guillaume d’Alessandro, réalisé par Martin Baker, 1995, 52 mn) De l’antiquité à l’an 2000, l’épopée du Chanvre raconté par lui même : Religion, guerre, révolution, l’existence de cette plante a côtoyé à ce point celle de l’homme qu’il nous a semblé légitime, une fois n’est pas coutume, de donner la parole à Cannabis Sativa. C’est en Extrême-Orient que le Chanvre fait sa première apparition quelque 12000 ans avant Jésus-Christ. Profane, Cannabis Sativa est utilisé pour la fabrication de textiles, de papier et d’arcs. Sacrée, elle soigne et participe à de nombreuses pratiques culturelles, aussi bien en Inde que chez les Scythes. Banni au profit du vin par la chrétienté en Europe, le Cannabis entre dans le domaine de l’ésotérisme et ne subsiste publiquement qu’en temps de plante textile. C’est dans la marine et l’histoire des grandes colonisations qu’il gagne ses lettres de noblesse. Nerf de la guerre, il est convoité tour à tour par Napoléon Bonaparte, la Grande-Bretagne et la Russie Tsariste au XIX ème siècle, comme il le sera, à un degré moindre, pendant la Seconde Guerre Mondiale aux États-Unis et dans l’Allemagne Hitlérienne. Réhabilité grâce à ses vertus curatives, le Cannabis fait une entrée remarquée dans l’Europe “orientalisante” du XIX ème siècle avec le Club des Haschichins et la fameuse confiture du psychiatre Joseph Moreau de Tours. En Amérique, les marins mexicains le baptisent “Marijuana”. Compagnon des Jazzmen, il entre dans le monde de la musique : Jazz, Blues, Reggae et enfin, Rock’n’roll. Le XX ème siècle consacre la dualité de la plante. En Europe comme en Chine, le Chanvre se maintient dans l’industrie textile pendant que la médecine l’utilise à nouveau pour le traitement de nombreuses affections. Desservi par les interdits qui pèsent sur lui en tant que plante psychotrope, le Chanvre représente aujourd’hui un véritable enjeu économique, voire écologique.

22H40 : LA LOI DU CHANVRE. (documentaire de Jean-Philippe Desbordes, 1995, 15 mn) Tolérance au-delà du Rhin, répression en deçà. Reportage sur la différence de traitement du “problème du Cannabis” en France et en Allemagne. 368


Berlin, le 1er Mars 1995. La cour constitutionnelle allemande révise la loi de 1982 sur les stupéfiants. Désormais, l’usager appréhendé avec une quantité inférieure ou égale à six grammes de Cannabis ne pourra pas être poursuivi en Justice. “Nous sommes ainsi à mi-chemin entre la légalisation et la répression”, expliquent les promoteurs du projet. En France, un tel débat n’est pas à l’ordre du jour. Si la Commission Henrion, chargée par le gouvernement de réfléchir sur le problème lié à la toxicomanie, a préconisé une plus grande tolérance envers les usagers, les services de Police et le parquet continuent d’appliquer la Loi de 1970, résolument répressive.

22H55 : SUPERGRASS. (Court métrage de Tom Vaughan, 1994, 12 mn, avec Charlie Creed-Miles, Sharon Duce, Nick Dunning) Comédie paranoïaque qui met en scène un étudiant et ses plants de Cannabis. Comme quoi, avoir la main verte procure bien des inquiétudes. Citation : Les bons conseils de l’oncle Charles. Avant : “J’ai oublié de dire que le haschich causant dans l’homme une exaspération de sa personnalité et en même temps un sentiment très vif des circonstances et des milieux, il était convenable de ne se soumettre à son action que dans des milieux et des circonstances favorables. Toute joie, tout bien être étant surabondant, toute douleur, toutes angoisse est immensément profonde. Ne faites pas par vous même une pareille expérience, si vous avez à accomplir quelque affaire désagréable, si votre esprit se trouve porté au spleen, si vous avez un billet à payer. (...) Autant qu’il se peut, il faut un bel appartement ou un beau paysage, un esprit libre et dégagé, et quelques complices dont le tempérament intellectuel se rapproche du vôtre; un peu de musique aussi, s’il est possible ...”. Charles Baudelaire, 1851, Du vin et du Haschisch. Après : “Mais le lendemain ! Le terrible lendemain ! Tous les organes relâchés, fatigués, les nerfs détendus, les titillantes envies de pleurer, l’impossibilité de s’appliquer à un travail suivi, vous enseignent cruellement que vous avez joué à un jeu défendu (...). On-dit, et c’est presque vrai, que cette substance ne cause aucun mal physique, aucun mal grave, du moins. Mais peut on affirmer qu’un homme incapable d’action, et propre seulement aux rêves, se porterait vraiment bien, quand bien même tous ses membres seraient en bon état. ? Charles Baudelaire, 1860, Les paradis Artificiels.

23H05 : SONG FOR MARY JANE. (documentaire musical de Martin Baker, 1995, 20 mn) La Marijuana vantée et chantée par la Pop-music. Du Flower Power des sixties au “musiques de chanvre” des années 90, un rockumentaire enlevé en deux tons, trois mouvements. 369


Kenny Jones, ancien batteur des Small Faces, aujourd’hui avec les Who, explique comment la marijuana a influencé son groupe et toute la Flower génération. Don Letts, ex du groupe B.A.D., et par ailleurs rock-vidéaste de renom, souligne d’une manière inédite les liens entre le mouvement punk et le reggae des années 80. Certains groupes des années 90 s’intéressent aussi à l’angle écologique du Chanvre, tels Leo Gibbens, des Levellers, tandis que les rappeurs de Cypress Hill (“I want to get high, so high”) et les rockers des Black Crowes chantent tout simplement leur goût de la marijuana. Martin Baker : il a reçu de nombreux prix pour ses clips et films des Pink Floyd (Dark Side of the Moon Live), des Specials (Rudy) ou d’Elvis Costello (Accidents Will Happen) ... A son palmarès : Rolling Stones, E.L.O., Simple Minds, The Clash, Iggy Pop, XCT, Black Sabbath, etc. Pour la soirée Cannabis d’ARTE, il a également réalisé “Une plante entre le bien et le mal”.

PASSE LE “OINJE” ! La grande affaire du moment chez les groupes français est de consacrer une chanson à cette bonne vieille Marie-Jeanne. Signe d’une décontraction par rapport aux drogues douces (surtout face à la dangerosité désormais manifeste des drogues dures), les musiciens ne se contentent plus d’allusions poétiques, mais narrent sans détour leur petites “chroniques de la marginalité ordinaire”, comme disent les Billy Ze Kick. Ce turbulent groupe rennais, auteur du tube Mangez-moi, doit une bonne part de sa popularité au titre O.C.B., ode reprise en cœur par le public. Les groupes de rap ne sont pas en reste, que ce soit IAM avec le shit squad (“Le mythomane n’est pas mal aussi - Il tape le chèvrefeuille et croit fumer la Sensi”) ou Suprême NTM avec Pass pass le oinje (Y’a du monde sur la corde à linge”). Un disque récemment paru, Petites musiques de Chanvre, compile diverses odes au pétard, chichon, tosh et autres substances prohibées.

23H30 : L’HERBE QUI GUÉRIT. (documentaire de Guillaume Alessandro, 1995, 20 mn) Enquête sur les vertus médicinales et les propriétés mystérieuses du Haschich. Il existe déjà dans notre cerveau. Considéré comme une drogue en raison de son principe psychoactif et inscrit au tableau B des substances stupéfiantes, le Cannabis est pourtant connu de la médecine depuis longtemps. Le professeur David Khyat, chef du service de cancérologie de l’hôpital de la Salpêtrière, explique les effets du Cannabis dans son traitement des effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses, tandis que le professeur Jean-Philippe Nordman, ophtalmologue, l’utilise pour soigner le glaucome. Le docteur Bertrand Lebeau, responsable du programme méthadone de Médecins du Monde, explique le mécanisme de la désescalade chez les toxicomanes, le Cannabis pouvant être utilisé pendant les cures de désintoxication pour permettre aux patients de retrouver l’appétit. C’est à cette fin que Reinhard Finck, atteint du Sida depuis 1993, consomme du Cannabis. Interpellé en Novembre 1994 pour détention de Haschich, il n’utilise pourtant celui-ci que depuis la déclaration de sa maladie. Son cas a bénéficié d’une rare attention médiatique : pourra-t-il faire évoluer la législation ? D’autres malades attendent. France Perrier, atteinte de leucémie, souffre de la sclérose en plaque, affection que le Cannabis est en mesure d’atténuer grâce à ses silicates, molécules naturelles photosensibles. 370


LA MOLÉCULE DE LA FÉLICITÉ ! Une découverte révolutionnaire de Décembre 1994 ouvre de nouvelles pistes pour les applications médicales du T.H.C., la substance psychoactive contenue dans le Chanvre (Tétrahydrocannabinol). Une équipe de l’INSERM, dirigée par le professeur Schwartz, poursuit des recherches sur le Cannabis. Ces médecins ont mis en évidence des molécules produites naturellement dans le cerveau et qui s’apparente étroitement au T.H.C. : les anandamides, terme provenant du sanscrit Ananda “la félicité”. Ce neurotransmetteur semble intervenir sur le déclenchement des sensations de plaisirs et de douleurs.

23H50 : REEFER MADNESS. (Film américain de Louis Gasnier, avec Drothy Short, Kenneth Craig, 1936, 1H05 mn, VOSTF) Inédit à la télévision . Comment une bouffée d’herbe mène de paisibles étudiants américains à la perversion et au crime. Un film éducatif et moral, d’une rigueur scientifique qui force l’admiration ... et l’hilarité. Jack, un dealer, fournit des lycéens en marijuana. Il aimerait accrocher Bill et son amie Mary, excellents étudiants doublés de sportifs accomplis. Blanche, une fille plus âgée, déjà victime de la drogue, attire Bill chez Jack et lui fait fumer une cigarette sans l’avertir qu’elle contient de la marijuana. Sous l’emprise de la drogue, Bill perd sa volonté et se livre à une dance frénétique et sensuelle. Ça va mal finir. Titré à l’origine “Tell Your Children” (“Dites le à vos enfants”), “Reefer Madness“ (“La folie de l’herbe”) fut une très kitsch machine de propagande destiné à alerter le public américain sur les dangers du Cannabis, tout en promettant d’alléchantes dépravations sur l’écran. Ce film de 1936, devenu par la suite objet de culte irrévérencieux en ressortant sous des titres divers, a inspiré bien des législations encore en usage aujourd’hui. Rien ne manque ici à la rhétorique classique des adversaires du Cannabis : de l’addition immédiate au crime, en passant par la sensualité débridée et les femmes fatales ...” (Fin du dossier).”

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NEWS EN VRAC : (où les potins du Cannabis : A.S.U.D. Journal en cite souvent, lisez ses parutions)

Prohibition cannabique : les “toubibs” anglais en ont marre ! En Angleterre, deux prestigieuses revues médicales se prononcent aussi en faveur d’un assouplissement de la législation de leur pays, voire même soutiennent carrément l’idée de légalisation ; The Lancet affirme que fumer du Cannabis ne comporte aucun danger pour la santé. The British Journal adopte, lui, une position plus pragmatique. Il constate que la Guerre à la Drogue donne des résultats à l’opposé de ceux recherchés. Ces deux sérieuses revues remarquent que la politique de tolérance hollandaise à débouché sur une situation bien plus saine : on note moins de fumeur de Cannabis qu’en 1970 et l’escalade vers les drogues dures ne c’est pas produite. Parallèlement, aux U.S.A., pays le plus répressif envers le Cannabis, le nombre de jeunes fumeurs augmente constamment .... ainsi que le nombre de prisonniers pour usage et trafic des dérivés de cette plante.

Procès" Nahassiens" : ou la censure déléguée aux particuliers ! En terme d’arguments antiprohibitionniste, ce que la censure est obligée de laisser “passer” est offert en pâture à une armée de censeurs et moralistes de tous poils. Leur action en est facilité : l’article L630 leur permet d’affirmer toutes les énormités qu’ils peuvent trouver à débiter car leurs détracteurs n’ont pas le droit de se défendre ou de contredire ces personnes sous peine de “présenter une substance psychotrope sous un jour favorable”. Alors, tous ceux qui veulent se faire de l’argent ou un nom sautent sur l’aubaine de “casser du camé” (ou ceux qui les défendent). C’est le cas de Michka et de Guy Sitbon, directeur du feu journal “Maintenant” qui ont chacun perdu le procès que Nahas leur intentait pour diffamation. Non pas parce que ce qu’il affirmaient était faux ou exagéré, bien au contraire, mais parce qu’il n’avaient pas la carrure d’affronter une éminence médicale, la plus “placardée de médaille” du monde de surcroît, sur qui toutes une bonne partie des bases de l’interdit cannabique mondial repose. Ils n’ont pas pu prouver leurs affirmations car tout ce qui sortait de la bouche du célèbre professeur sonnait forcément comme une vérité vraie aux oreilles du Juge. Cette forme de “procédure à sens unique” n’est pas sans rappeler celle des grands procès de l’inquisition (ou, par exemple, en 1633, Galilée du démentir publiquement sa théorie d’une terre ronde pour sauver sa vie). Alors à ma droite, Nahas, 80 kg (estimation), tous ses combats gagnés par K.O., invaincu et superstar du tribunal ? Et bien non ... il vient de connaître son premier échec : le procès qu’il a intenté, toujours pour diffamation, contre le professeur Lebeau Bertrand, responsable du Centre méthadone parisien de Médecins du Monde. Pour Nahas, il semblerait que c’est le début de la fin. Vous ne trouverez pas grand chose dans les quotidiens à ce sujet. C’est à croire que cette décision de tribunal fut “gênante” et occultée. Résumons l’histoire : dans un texte ou le professeur Lebeau dénonçait les impostures médicales du professeur Nahas, un seul bout de phrase à suscité l’indignation de ce dernier :” .... pas un médecin ou scientifique ne le croit ....”. Hors la sommité en question a réussit à trouver au moins un confrère qui soutenait ses thèses. D’où le procès en diffamation. Notez bien que le professeur Lebeau n’a pas été attaqué sur la base de ses affirmations dont la véracité n’a pas pu être remis en question. Et pour cause .... elles sont bien plus que pertinente et ont démolies une partie des thèses du “Grand Nahas” (d’où peut être le relatif silence de la Presse). Il semble que médecin contre médecin pèse plus lourd dans la balance de la Justice que particulier contre médecin, toujours est-il que le professeur Lebeau a quand même gagné son procès. Précisons même que c’est le seul, pour l’instant, à avoir réalisé cet exploit. Cependant, loin de pavaner, lors d’un bref entretient téléphonique qu’il m’a accordé, il nous avertit sur deux points importants :

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1) Il aurait personnellement préférer éviter un procès, surtout pour si peu. Il déclare que si Médecin du Monde ne l’avait pas soutenu (moralement et financièrement) contre Nahas, il aurait peut être perdu ce dernier par manque de temps, d’énergie et d’argent. Il affirme, en outre, qu’il à été surpris par la réaction de son confrère et le trouve franchement trop procédurier. 2) Il averti toute personne désireuse d’écrire sur le professeur Nahas de bien faire attention à la manière de formuler leurs doléances envers le personnage en question afin d’éviter un procès. Le professeur Lebeau conclue par : “si j’avais écrit différemment la phrase en question, par exemple : ... peu de médecin ou scientifiques le croient ..., il n’aurait pas pu m’attaquer en diffamation”.

Repression “made in U.S.A. “ 1996 : La Californie renforce la répression en “pondant” une loi qui permet de poursuivre toute personne présentant simplement des traces de drogue dans leur organisme. C’est une réponse des prohibitionnistes locaux, dont le chef de file est le gouverneur de l’état, au concept de Marijuana médicale qui a su s’y imposer. La Californie est bien un état symbolisant l’ensemble des U.S.A. : c’est le pays des extrêmes ou ces deux concepts s’affrontent impitoyablement Pas de chance pour tous ceux qui, ne fumant pas de joints, utiliseraient des produits (légaux) dérivés du Chanvre (légal) comme le savon, les shampoings ou l’alimentaire. Pas de chance pour les fumeurs passifs : tout ce petit monde innocent est censé se retrouver positif aux tests. Que d’erreurs judiciaires en perspective. N’oubliez pas qu’aux “states”, la plupart des états sanctionnent la possession de 5 années de prisons minimum et que des peines de 90 ans de prison pour culture (de quelques plantes) y ont été récemment prononcées (voir dans la 1ère Partie de cette encyclopédie: 6) LE PREMIER RAPPORT DE LA COMMISSION NATIONALE SUR LA MARIJUANA (U.S.A. 1972), Cannabis in U.S.A. ou “l’Harmagedôn se déroulant sous vos yeux”). “French Connection” 1996 : La France, chef de file européen (et bientôt seule à poursuivre cette soit disant quête) de la Guerre contre la Drogue, a produit 40 tonnes de Morphine dans l’année .A coté de cela, la France importe aussi de l’Opium et de la Codéine. Cette dernière est aussi fabriquée sur place avec l’Opium acheté. On sait qu’elle a vendue 25 Kg d’Héroïne pure (made in France) à la Suisse. À mon niveau, j’ignore qu’est devenu le reste du stock français.

ASUD Journal N° 11, Printemps 96

“Légalisons d’abord le débat”

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Ces 40 tonnes de Morphine, même pour quelques centaines de milliers de souffrants annuels à qui des opiacés peuvent être prescrits, représentent une production beaucoup trop forte (plus de 100 g par personne malade par an). Que fait-on de l’excédent ? Quand notre pays interpelle la Hollande pour sa politique de tolérance envers les drogue, les représentants de celle ci nous rétorquent qu’ils n’ont pas de leçons a recevoir d’un état qui non seulement produit et “deale”, mais connait proportionnellement deux fois plus de sidéens, de morts par O.D. et ou le budget consacré aux soins et à la prévention est trois fois plus faible que la moyenne européenne. Nous reviendrons plus tard sur le thème qu’exprime le titre du dessin d’A.S.U.D.. Auparavant, reprenons un fait déjà cité : le 18 Juin 1976 était lancé le fameux appel du même nom en faveur du Cannabis. En 1993, J.P. Galland réactiva cet appel et depuis 1995, la manifestation commémorative est systématiquement interdite sous prétexte de prosélytisme ou, en plus détaillé, à cause d’infractions à l’article L630 de la loi de 1970 qui stipule qu’il est interdit de présenter “sous un jour favorable toute substance classée au tableau des stupéfiants”. Pendant trois années, les manifestants organisateurs et participants collectionnent procès, amendes et interdictions diverses. Cependant, à l’opposé du discours officiel, les professionnels de la santé, les intervenants en toxicomanie, et quelques politiciens ont pris position pour une libéralisation au niveau consommateur. Fort de ce constat, l’idée est venue d’associer tous ce beau monde, usagers cannabiques en plus, à manifester le 7 juin 1998 non plus en faveur du Cannabis, mais de la légalisation du débat. En théorie, un débat public est le seul concept qui permettrait d’ouvrir une “brèche” dans l’interdit d’expression cannabique en “suspendant provisoirement “ les sanctions relatives à l’article L 630 (au moins le temps du débat). Un collectif s’est constitué. Pour la première fois, une manifestation sur le thème cannabis n’a pas pu être interdite. Il faut avouer que d’un point de vue républicain, il est certainement plus difficile à justifier une charge policière sur des représentants d’organismes légaux et gouvernementaux que sur les “joyeux drilles du C.I.R.C.”. Vous trouverez tous les détails de cette action dans A.S.U.D. Journal, n°14, printemps / été 1998, page 4 et 5. Le thème de la manifestation supportait l’idée de l’abrogation de l’article L630 pour cause : 1) Qu’il représente à lui tout seul un résumé des aberrations de la prohibition. 2) Il est totalitaire puisque la “présentation sous un jour favorable” peut être invoquée pour interdire toute argumentation pouvant remettre en cause l’article luimême. 3) Il est nuisible au vue des effets constatés sur le plan sanitaire (29 ans de recul médical). Cet article vivrait-il ses derniers jours ? Certains le croient en tout cas depuis que le 26 mars 1998, la 16ème Chambre Correctionnelle de Paris exempta de toute peine les organisateurs de la manifestation du 18 Juin 1997. Pour ma part, je pense plutôt que toute cette agitation fait peur aux tenants de la politique mondiale ce qui va certainement avoir pour effet de déclencher une phase de répression sans précédent. Ceux qui, comme moi vont prendre parti pour la cause cannabique, par exemple, ou pour une dépénalisation quelconque de drogue dure vont subir les foudres de l’Injustice ou connaître un “accident” comme me l’a déjà explicitement fait comprendre un commissaire divisionnaire principal de la trop fameuse D.S.T. La faiblesse de la démocratie réside dans le fait d’essayer de donner les mêmes chances à tous les différents concepts politiques d’un pays. La Loi est censée y être juste pour tous. Ceux qui l’appliquent ainsi que ceux à qui est attribué un pouvoir fort doivent être aussi honnêtes pour que les bases démocratiques soient en vigueurs et respectées.

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Là ou le bas blesse, c’est quand un petit “Hitler”, profitant des divisions et de la corruption généralisée, vient à imposer une politique de violence à l’encontre d’un “bouc émissaire”, avec l’appui électoral de son peuple manipulé, et finit, à force d’évincement et d’arrangement sans arrêt reniés, par infiltrer suffisamment d’hommes à lui à des postes clefs de la société pour obtenir le pouvoir absolu. Ce scénario c’est déjà passé pour aboutir à ce qu’on sait, mais un “remake” de cette situation est en train de se dérouler chez nous devant nos yeux : peu d’entre nous sont capable d’avoir suffisamment de recul pour le comprendre et en apprécier la réelle valeur de danger. L’histoire humaine est-elle destinée à répéter sans cesse les mêmes erreurs ? Sur cette remarque là aussi, l’avenir me sera juge.

“APPELS DU 18 JUIN” Tout au long de ce livre, vous trouverez des brides d’information sur les successifs “appels du 18 Juin” sauf des deux derniers (1998 et 1999). C’est pourquoi je place ici quelques phrases à leur propos. 1998 : Suite aux déboires policiers et judiciaires des années précédentes, le C.I.R.C. à préféré jouer la carte prudence. Aucune autorisation n’a été demandée à la Préfecture de police, aucun tract, aucune affiche, aucun autocollant n’a été signé. Le rassemblement, plutôt du genre spontané, a réuni environ 800 personnes et s’est déroulé dans le calme. A ce jour, la brigade des stupéfiants ne s’est toujours pas manifestée. A remarquer, en Tribunal on ne parle pas d’Appel du 18 Juin mais de Rassemblement du 18 Juin. 1999 : Cette manif. à bien eu lieu. Les “habitués des tribunaux”, phrase chère au procureur Pagès, se sont encore vus poursuivis. On attend leur parution en Tribunal. Ce qui a changé depuis l’appel du 18 Juin 1997, c’est qu’on assiste à une “undergroundisation” du mouvement contestataire, peines et amendes des tribunaux obligeant. Après la courte accalmie judiciaire de 1998, la répression reprend de plus belle : on a enregistré encore de rares cas de prison, mais le plafond des amendes s’envole toujours plus haut a chaque condamnation. C’est ainsi que, par exemple, début septembre 1999, J. P. Galland s’est vu condamné à une amende de 100 000, 00 F pour une manifestation du C.I.R.C. Lyon. On assiste donc bien à une volonté d’essouffler le mouvement contestataire en lui coupant les moyens financiers de continuer son combat. Interrogé par téléphone, un responsable d’A.S.U.D. affirme que “ce n’est pas grave, 2000, 2001, 2002, ... , l’Appel du 18 Juin se déroulera quand même et nous serons toujours là pour y participer”. Ce qui n’est pas si inconscient que cela comme réaction; l’État étant obligé de montrer son vrai visage, celui d’une bête immonde au service d’intérêts financiers qui lui sont supérieur. Puisse l’Opinion publique s’en apercevoir ... et s’apercevoir aussi que cette “bête” se nourrie d’elle !

DROGUE : IL EST URGENT DE REAGIR !

Un dernier article de Presse important à citer ici (Magasine Prima, n° 193, Octobre 1998, pages 28, 29 et 30), car, bien que reprenant nombre d’informations et d’affirmations déjà présentes dans cette encyclopédie, il nous instruit de quelques chiffres et données manquant jusqu’alors. De plus, il est significatif d’un changement de ton de la Presse puisqu’il s’avère plus neutre dans la façon d’aborder le sujet, bien plus impartial et constructif dans la façon de le traiter, que le genre d’articles qu’on trouvait systématiquement alors jusqu’en 1993. Si le titre et l’introduction sont encore aguicheurs et sensationnalistes (tactique de vente oblige), les propos qui y sont développés juste après interrogent le bien fondé du “tout répression” français concernant le Cannabis en sus d’annoncer une nouvelle façon d’aborder et de combattre le problème des drogues en générale. Il en ressort une volonté de dédramatiser le sujet, de “tuer” le coté passionnel qui l’emporte sur la réflexion; comme il est explicitement marqué dans l’introduction : “se tenir informé est la première façon de lutter”. Force est de constater que grâce à cette masse d’instruction, la logique développée au niveau des individus n’est plus la même : en ce qui concerne le monde des consommateurs, le discours porte aujourd’hui sur la prévention, la réglementation et la médecine au dépend du “tout répressif”.

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Voici le compte-rendu (sous forme de plan) de l’article en question (le texte “en italique” correspond à un extrait original).

Titre : “Drogue, il est urgent de réagir ! ”. 1) Introduction : “Le fléau gagne du terrain. Les consommateurs sont de plus en plus jeunes, des produits nouveau surgissent sans cesse sur le marché (clandestin)... Se tenir informé, c’est la première façon de lutter.”

2) État actuel du problème, présentation : En France, un rocher a été lancé dans la mare. En Juin 1998, l’Alcool a été affirmé comme une des drogues les plus dangereuses, au même titre que la Cocaïne ou l’Héroïne. En revanche, le Cannabis a été déclaré comme la drogue la moins nocive. Cette découverte a immédiatement relancée une polémique de longue date : faut-il dépénaliser cette plante (et ses dérivés), drogue souvent qualifiée de douce ? Ce thème dépasse le simple cadre politico-scientifique. Les études de la réalité de la toxicomanie démontre que le phénomène se banalise, et nous concerne tous. Officiellement, plus de 7 millions de français ont consommé au moins une fois une drogue illicite dans leur vie. La phase d’expérimentation semble être un péché de jeunesse (32% essayent entre 18 et 24 ans contre 1,5 % entre 65 et 75 ans, par opposition) auquel succombe deux fois plus de garçons. Dans plus de 80 % des cas, il ne s’agit que de Cannabis. Mais de nouvelles substances aux effets peu connus apparaissent régulièrement sur le marché clandestin. La dernière en date qui pose problème est l’Ecstasy dont un récent rapport prouve son caractère très dangereux. Que pouvons nous faire tous contre cet état de fait ? En 1997, sur 82725 usagers et usagers-revendeurs interpellés (on ne comptabilise pas ici les trafiquants proprement dits), plus de 70 000 (près de 85 %) étaient des consommateurs de Cannabis. Cette plante compterait aujourd’hui, au moins 5 millions d’adeptes.

3) Données officielle de la Guerre française contre la Drogue : “Le Cannabis est une valeur sure, son coté festif semble correspondre à notre époque” constate Gilles Leclair, chef de l’O.C.T.R.I.S.. C’est sous la forme de Haschich qu’il s’est surtout banalisé comme en témoigne une enquête effectuée en 1996 auprès des centres de sélection de l’Armée. Sur la masse totale du contingent des appelés, il ressort que 40 % ont déjà consommé au moins une fois le produit en question et que 14,5 % le faisaient régulièrement. Mais le problème actuellement le plus préoccupant est celui posé par l’Ecstasy. Toujours d’après Gilles Leclair, 120 000 individus sont aujourd’hui consommateurs des Pils dont seulement 3 % de ceux-ci dans la tranche 20-22 ans (2 % garçons, 1 % filles). “Au début, on ne les trouvaient que dans les lieux fréquentés par la “Jet set” de St Trop’ et d’Ibiza puis dans les Raves parties”, explique Jean-Michel Delile, psychiatre directeur du Comité d’Études et d’Informations sur la Drogue (C.É.I.D.) de Bordeaux. Aujourd’hui, l’Ecstasy semble vouloir sortir du contexte de la “Techno” pour s’étendre à la jeunesse en général. Le marché de la Cocaïne se porterait bien, lui aussi, avec ses 300 000 accros. Selon Gilles Leclair, elle est difficile à saisir car elle circule en circuit privé, comme le show-business, les jeunes cadres dynamiques ou les clubs échangistes. Un consommateur dépendant consomme un gramme par jour qui lui coûte entre 800,00 et 1 000,00F. L’Héroïne, par contre, a vu son cours chuter entre 300,00 et 500,00 F le gramme car le nombre de consommateurs est en baisse. Bien que la France compte encore 160 000 héroïnomanes, la peur du Sida semble avoir stoppé sa progression. 376


Par contre, elle pourrait revenir en force à cause d’un récent problème de polytoxicomanie : l’Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (O.F.D.T.), révèle une augmentation de 27 % de cette dernière. Aujourd’hui, la drogue semble être “partout où les jeunes se côtoient” alerte Gilles Leclair. “Dans les lycées, sur les lieux de travail, aux concerts, dans la rue et même sur Internet. Le trafic se concentre surtout à Paris, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, dans les grandes villes et leur banlieues”. Des régions longtemps épargnées comme la Bretagne et les Landes sont devenues des zones de toxicomanies importantes. Ces drogues nous parviennent : Cannabis : Maghreb. Cocaïne : Amérique du Sud, Nigeria. Ecstasy : Pays-Bas. Héroïne : traverse les Balkans, le Maghreb, ou est fabriquée au PaysBas.

4) Allons nous vers une dépénalisation ? : En 1997, 230 personnes sont mortes d’une overdose d’Héroïne tandis que 52 000 décès étaient imputables à l’Alcool. Ces faits confirment le rapport Roques. Les experts ont étudié et classé les différentes substances pouvant entraîner une pharmacodépendance, et les ont noté sur des critères de dépendance, de toxicité et de dangerosité sociale (voir fin de deuxième partie, page 193, le tableau tiré de l’article en cours d’étude : Le danger ne se trouve pas forcément où on le croit). Il en ressort que l’Héroïne, la Cocaïne et l’Alcool sont les substances les plus nocives, suivit par ordre décroissant par certains psychostimulants (amphétamines, antidépresseurs), certains hallucinogènes (L.S.D.), le tabac et les benzodiazépines (Valium, Témesta, ...). Le Cannabis, qui n’a aucune neurotoxicité avérée, est considéré comme la moins dangereuse. Moins de 10 % des “gros consommateurs” de Cannabis deviendraient dépendants de cette substance. Ce qui n’est pas négligeable mais très inférieure au risque induit par la consommation excessive de Tabac et de l’Alcool. Une autre étude de l’I.N.S.E.R.M. traitait de l’Ecstasy sortie conjointement au rapport (Roques) révélait que son principe actif est très toxique. Ce produit présenterait un risque létal notamment pour troubles cardiaques et problème graves de thermorégulation qui peuvent arriver une fois sur 12 000. Notre législation est une des plus répressive du Monde (coquille : l’article à indiqué d’Europe, ce qui semble être une erreur : c’est déjà, dans les faits, la plus répressive de notre continent et de loin). Marie-Pierre Hourcade, magistrate à la Mission Interministérielle de la Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (M.I.L.D.T.) a constaté dernièrement (pour le Cannabis), 7 000 trafiquants arrêtés, 70 000 consommateurs ou Revendeurs-consommateurs interpellés dont 850 (moyenne) écroués pour usage simple. Cependant, le nombre d’adhérents à l’idée de la dépénalisation du Cannabis (suppression des sanctions uniquement à l’encontre des consommateurs), mais aussi à celle de sa légalisation (autorisation de la vente), est en constante augmentation. Leurs argumentations portent sur le caractère non toxique des produits et celui de bonne sociabilité de l’ensemble des consommateurs. Ils prennent en compte le coté non-toxicomane des fumeurs occasionnels et que moins de 4% des consommateurs de Cannabis basculent vers les drogues dures. Pour le docteur Rodolphe Ingold, directeur de l’Institut de Recherche en Épidémiologie de la Pharmacodépendance (I.R.É.P.), et auteur d’un rapport sur le Cannabis (Le Cannabis en France, édition Anthropos, 1998), la toxicomanie ne s’installe qu’en réponse à une souffrance. En revanche, Gille Leclair considère que la dépénalisation du Cannabis favoriserait une hausse de sa consommation (malgré le fait que la Hollande et son système permissif nous prouvent tous les jours le contraire). 377


La demande du marché (clandestin) du Cannabis est telle que nombre de personnes poussent à la légalisation afin de pouvoir ouvrir des sortes de Coffee-shops pour assurer sa distribution. La ligne de conduite actuelle et future du Gouvernement français est axée sur la répression et le maintient de la loi de 1970. Pour l’ex- ministre de l’intérieur, monsieur Chevènement, parler légèrement de la drogue, c’est “encourager la peste blanche et ses ravages dans la société”.

5) Drogue, les comprendre pour mieux les combattre : “La Drogue c’est de la merde”. Tout le monde se souvient de cette campagne publicitaire au “bide” retentissant. Estimant qu’en France, la prévention a pris du retard, Françoise Moyen, chargée de mission à la M.I.L.D.T. déclare changer radicalement de politique en la matière. Constatant qu’en généralisant le débat des drogue il est difficile de bien cibler et que la peur n’est pas un argument convaincant, la prochaine campagne nationale visera les parents. Il s’agit de leur apprendre à différencier les différentes substances et de les inciter à se poser des questions sur l’exemple de leur propre conduite. La position est la même pour Baptiste Cohen, directeur de Drogue Info. Service (Tel : 0 800 23 13 13), organisme qui traite 150 000 appels par an. Il déclare que : “les parents qui s’affolent parce que leur enfant fume un joint devraient s’interroger sur leur propre conduite”. Il est vrai que notre pays détient les tristes records de la consommation d’Alcool et d’Anxiolytiques. ”Il est donc inutile de dramatiser. Mais il faut identifier les risques et ne pas amalgamer toutes les drogues si l’on veut être efficace”.

6) Exemples de réaction non répressive : Dans le souci d’éviter le passage d’un usage occasionnel à l’abus et à la dépendance, deux mille Comités d’Éducation à la Santé ont été créés récemment dans des lycées et des collèges. Cet expérience va être étendu à tout l’enseignement secondaire; c’est une façon de lutter contre l’exclusion des jeunes toxicomanes, procédé encore si fréquemment employé. Au niveau communication, on constate aussi l’apparition de nombreuses initiatives locales. Par exemple, à Rennes, 22 bénévoles âgés de 18 à 25 ans, issus de la couche populaire, ont pour mission d’encadrer les milliers de jeunes qui fréquentent les nombreuses manifestations musicales de la ville. Pour Gwen Hamdi, coordinateur de cette expérience pilote, “Le dialogue passera beaucoup mieux avec ces jeunes médiateurs, qui jouent le rôle de grands frères auprès de leur pairs, qu’avec les habituels services de sécurité”.

Article signé par Catherine Durand

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PRECISIONS : Tous ces faits, citations, articles et résumés de livres recensés ici permettent d’éclaircir et de purifier tous les points relatifs au Cannabis, ce qui pourrait illustrer un débat national sur la question. J’attire ici l’attention des lecteurs étrangers sur le fait que si la France fléchit sur la question cannabique, c’est la porte ouverte à sa légalisation dans toute l’Europe ! Sans fausse modestie, moi aussi je pense avoir précisé ce qui n’était pas clair dans l’Opinion Publique du moment, en prouvant l’existence d’un complot contre l’humanité au sens large du terme, en précisant les responsables et leurs volonté, et en prouvant la façon dont il se perpétue dans le temps. Je ne suis pas le seul à dénoncer ce scandale. Mon livre, ainsi que ma pensée, n’auraient pas pu voir le jours si des gens merveilleux et courageux n’avaient pas oser braver l’interdit en dénonçant par écrit ces aberrations de droits comme de faits. Mais je suis peut-être un des premiers qui osent prétendre une généralisation plus large de ce complot à une volonté fasciste et organisée dans le but de le préserver. En tant qu’humain, je ne suis pas infaillible, je peux me tromper dans mon raisonnement, mais pour m’en persuader, il faudra me le prouver et pas simplement me contredire. Tous les événements précisés ici ont été vérifiés, pesés de même pour ce qui est de ma théorie sur le fascisme moderne, qui est mienne et n’engage que ma responsabilité. Puisqu’il n’est actuellement pas possible de lancer un grand débat sur les drogues en général et le Cannabis en particulier, j’espère par la présente provoquer indignations et tout le tra-la-la qui s’ensuit de la part des gens que je vise et d’être sujet à procès qui, s’il sont mis à la connaissance du public (cannabinophiles, monopolisons nous ...) pourrait servir à nous aider à sortir de l’impasse répressive. Un non-lieu, une jurisprudence, pourrait briser plus de 60 années d’étreintes rigides des fascistes et de la prohibition. Aujourd’hui, il devient évident que le Cannabis sera un jour entièrement réhabilité, ce n’est qu’une question de courage, plus on en aura, plus ce fait logique tant attendu arrivera vite. Une certaine forme de répression peut toujours avoir sa place dans le nouveau concept, bien moins incisive toutefois. Par la même, la prévention contre l’abus y jouera un rôle prépondérant. La lutte contre les drogues, entendez par là la diminution sensible de leur impact nocif sur les individus et la société, passe par la réglementation, et non pas par l’unique répression sauvage et aveugle. Revers des crises économiques graves, la répression a toujours été “l’arme absolue” qui maintient le calme, la cohésion sociale ainsi que le pouvoir en place et auto justifie les « chasses aux sorcières »... ou instaure une dictature. J’ai bien peur que nous en sommes arrivés là; peut être n’est il pas trop tard, et si nous passions à l’ère du Chanvre ... ?

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4ème PARTIE :

L’Aventure suisse..

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/…


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L’aventure Suisse : des nouvelles du front …

Sud Ouest

Le Rhône Est

Nord

La vallée du Valais Vallée du Rhône, au premier plan le village de Fully, au fond, la ville de Martigny et à droite, sur la pente, une couverture de vignes qui monte jusqu’à 800 mètres. Admirez la rudesse des pentes des versants bordant la vallée. Terre à vigne depuis des millénaires, le Chanvre s’y étendrait en culture de substitution et/ou de complément de cette dernière. Car la vigne n’est plus ce qu’elle a été, son marché s’est effondré, ses débouchés se sont restreints, même si l’élite du vin valaisan rivalise sans complexe avec nos meilleurs crus français.

L

e Chanvre et la Vigne, sont deux vieilles compagnes du genre humain qui ont certains points communs. Pour provoquer l’ivresse, ces deux plantes aiment le même genre de sol semi rocailleux (terre d’éboulement due à l’érosion), le même soleil intense que peu de plantes peuvent supporter. Elles procurent donc toutes deux une euphorie, dont chacune intéresse plus d’une dizaines de millions de personnes rien que dans un pays comme la France. Ce n’est pas par hasard que ces deux végétaux spéciaux y poussent en donnant des produits d’exception : l’exposition est-ouest fait bénéficier d’un ensoleillement totale (du matin au soir), la rudesse des pentes autorise un éclairement au rayonnement perpendiculaire (chaleur maximale), le vent, assez fort et constant sèche rapidement les plantes et le sol en cas de pluie, limitant les risque de mildiou (moisissures) dont ces deux végétaux sont sensibles. Tout le long du Rhône, le sol est limoneux, donc souple et riche en éléments nutritifs. Cette vallée est très peu peuplée en son centre ce qui fait que toute sa longueur est essentiellement agricole. De Martigny à Sion, soit un peu plus de 25 km, un immense verger essentiellement planté en arbre fruitiers (poiriers et abricotiers) s’étale, bordé de pentes abruptes sur lesquelles sont cultivés des vignes depuis l’époque des romains. Cette partie du Valais connaît donc un climat extrême, plus chaud l’été mais plus froid l’hiver que le reste de la Suisse. Mais le climat n’explique pas tout du développement qu’y a connu notre Cannabis. A cette raison, il faut y voir le travail et la volonté d’un homme, Bernard Rappaz. Mais aussi, de part le fait que nous sommes dans un canton agricole « d’élite » en mal de production et a qui, la prohibition ne peut pas raconter de « bobards ». Le Chanvre, ils connaissent, leurs parents et grands-parents en ont toujours fait pousser et de mémoire, ils s’en souviennent encore. Je me dois d’avouer que je suis « tombé sous le charme » de ce peuple et de sa sage façon d’aborder les problèmes politiques. Je ne suis pas beaucoup sorti du Valais, je ne connais rien encore de cette Suisse et pourtant, par le biais de l’étude systématique de coupures de presse, d’article et de livre sur les lois, de comptes rendus de tribunaux, …, j’ai pu mieux saisir leur mentalité que 10 années de vie au sein de cette population ne me l’aurait permit.

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La vallée du Rhône en amont du lac Léman Vallée du Valais (ovale vert) : situation géographique, en haut, carte politique simplifiée, en bas, détail des principales villes et principaux villages (DVD Encarta 2006) carte sur laquelle j’ai rajouté le village de Fully .

Fully o

Carte des principales villes et villages.

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Nous voici donc en Suisse, longtemps « pays d’asile » pour fumeurs persécutés, qui s’avère être un pays, pas si tranquille qu’on nous le fait croire, envers la gente cannabique. Et qui le devient même de moins en moins à cause des pressions internationales d’Etats comme la France et les Etats-Unis.

La ferme Oasis, située en plein milieu de la vallée entre deux chaînes de très hautes et belles montagnes. Car c’est, en fait, toute une série de paradoxes qui caractérise ce peuple, un plus pragmatique qui soit et qui possède une démocratie en avance sur bien des autres. Pour le cas qui nous concerne, la Loi « autorise » la culture du Chanvre à THC mais en combat de plus en plus férocement sa pratique à l’aube de ce qui paraissait être la direction d’une légalisation réglementée. Cela mérite ici quelques éclaircissements. Pour bien comprendre ce pays, il faut tout d’abord saisir cette contradiction de base : cette démocratie avantgardiste compose avec parfois une attitude électorale conservatrice et très empreinte de religion. Cela ne correspond pas à la définition de pragmatisme, vous me ferez remarquer … et bien en Suisse, si ! Car ce qui est des défauts sociaux dans nos nations européennes, comme le conservatisme, le nationalisme,… ou tout simplement le populisme, s’avèrent ici être relativement en équilibre et rarement extrême. Un débat public libre préalable à chaque votation impose que les idées absurdes sont dénoncées comme tels et rejetées … ! On peut donc parler d’une forme de sagesse populaire qui permet de « jongler » électoralement avec des idées extrêmes tout en gardant l’humanisme et l’hospitalité qui les caractérisent. De ce fait, on ne s’étonne pas alors d’assister à des votations à tendances paradoxales diamétralement opposées comme la réforme du Droit d’Asile proposé par l’UDC (extrême droite suisse) et celle de « Droleg » sur la légalisation des drogues votés le même jour. Car c’est bien sur ce fond de débat général d’idées que les choses semblent évoluer vers le bien dans ce pays. Mais petit à petit, car pragmatisme est aussi synonyme de recul, de réflexion, d’études et de composition avec le temps. La partie traitée est longue mais je ne peux que vous conseiller de bien l'étudier : ce qui se fera demain est écrit ici, comprenez bien ce message … et l’avenir vous appartiendra !

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Village de Fully, ici on voit mieux les vignes et le Rhône (bordé d’arbres) que sur la photo précédente.

I) France : démocratie « contrôlée » et désinformation médiatique totale: « ... Monsieur Bouvarel, nous sommes en France, il y a la loi et vous devez la respecter. Lorsque quelqu’un grille un stop, il prend une amende. C’est pareil pour le Cannabis qui est interdit ! Si vous n’êtes pas d’accord avec cela, vous êtes libres de partir en Hollande ou en Suisse… ». Tel fut le «conseil » que m’adressa le Substitut du Procureur de la République de Grenoble ce beau matin du 12 juillet 2000. Ce brave homme était-il visionnaire ? Non, je vous rassure de suite, il fait partie d’une « clique » qui m’a « forcé la main ». En tout cas, fort de ce que les médias de mon pays rabâchaient sans cesse au niveau de la dépénalisation suisse, je fus tenté d’aller m’y réfugier. Mes derniers événements cannabiques me valaient une soudaine attention de la part de la maréchaussée française et ses éléments locaux me recherchaient intensément. En bref, l’étalage de ma vie privée n’étant pas le sujet principal de l’œuvre en cours, je passerais sur les détails. C’était juste histoire d’expliquer que là, la coupe était pleine. Au point de vue « coups bas », mensonges et manipulations, les forces de l’ordre locales ont fait très fort. Il fallait que je quitte mon village coûte que coûte ! Je pris donc mon baluchon, mon ordinateur et accessoires, ma voiture et zou, c’est parti pour l ‘aventure … ! C’est en position de « semi cavale » que je passais la frontière pour la première fois. Drôle de situation : la Gendarmerie et acolyte n’avait rien de bien grave à me reprocher mais je savais qu’à force de me provoquer, je céderais à la tentation de la réponse violente. Et que sur ce terrain là, ils sont les plus forts ! Je du donc me résoudre à « fuir », il n’y a pas d’autre terme, pour nous placer, moi et mon livre, en sécurité. Cela me fait toujours bizarre aujourd’hui, d’affirmer que je suis français. Car si j’ai appris très jeune que mon pays est un pays de Droit, je n’ai jamais pu le vérifier à mon niveau. Qu’en est-il de vous ? En fait, avant d’attaquer cette partie, il est bon que je précise ici ma pensée au sujet de ces événements. Je ne peux pas accuser la Gendarmerie de complot contre ma personne. C’est en fait un ou deux gendarme(s) et un substitut de procureur qui ont apparemment personnellement pris sur eux de me « chatouiller un peu » dans mon existence. Mais le déroulement des choses ne c’est pas exécuté de façon si schématique. J’aurais aimé passer en silence ce peu glorieux et sensé privatif moment de mon existence, mais il est malheureusement indissociable de mes chanvrières aventures. En fait, c’est parce que j’avais une activité d’activiste cannabique que je fus amené à me faire repérer par le substitut du procureur de la République et les Gendarmes de la Mure (et de Vizille). L’entretient s’est très mal passé avec ce premier et je crois même que je l’ai vexé. A part quelques plantes de chanvre, il n’avait rien à me

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reprocher d’autre. Seulement voilà, le problème se pose à leur niveau : dès qu’une affaire sort du cadre criminel, ils se retrouvent un petit peu désarmé. La question devient : « comment lutter contre des gens comme moi » ? Car si je ne trafique pas, je développe la culture du chanvre à THC, disperse graines et savoir dans un domaine contre lequel ils veulent lutter jusqu’à l’éradication. Dans ce cas, le code de procédure, la loi et leur code de déontologie leur limite fortement leur action si ce n’est carrément la bloquer au niveau répressif. Il ne leur reste que soit laisser tomber cette affaire et passer à quelque chose de plus sérieux, soit déborder du cadre de la mission qui leur est confiée, penser et agir personnellement et ce, en toute illégalité mais ce qui est très difficile à prouver ! Sans vente de cannabis, sans trafic proprement dit, nos procureurs connaissent des réticences à présenter en tribunal un cas forcément politique qui pourrait attirer les faveurs des médiats et du public, ou lancer de fait un débat cannabique public que l’Etat s’évertue d’empêcher. A défaut de pouvoir m’envoyer en prison, cet homme, juge et parti apparemment, confia la tâche de me « faire un travail » au chef des stups de la Gendarmerie de la Mure, Brigade commandant celle de Vizille. L’idée était, semble t’il, de me placer dans une situation ou je commettrais enfin quelque chose d’illégal permettant une première incarcération. Là est, pour moi, le problème, car ce que j’affirme est vrai mais je n’en ai pas la preuve directe, mais je l’ai vécu et je sais que c’est vrai ! Ces gens font métier et recette de leurs interprétations des lois et du pouvoir. Il se conduisent à l’image de ceux qu’ils sont sensés combattre et contrevenant de façon flagrante à l’article XII de la déclaration des Droits de l’Homme qui stipule que : « La garantie des Droits de l’Homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée à l’avantage de tous et non pas pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ». Ils font donc aussi métier de la déperdition de notre jeunesse, pour eux, les affaires de stupéfiants ne sont que des promontoires à promotions, ce qui explique la sévérité dont souvent ils usent : ils n’en ont rien a faire du gamin (qui pourrait être le vôtre) qu’ils traumatisent d’abord pendant l’interrogatoire puis qu’ils envoient ensuite en tribunal. Tout autant que l’Etat, qui a défaut de donner du travail et des espoirs d’avenir à tous les jeunes, préfère les sacrifier pour ne pas remettre en cause leurs pouvoirs et les institutions. Dans le secteur de la Justice et de l’Univers Carcéral, la dérive sécuritaire marque le pas plus qu’ailleurs. Comprenez moi bien : en temps que cannabiculteur, on me reprochait tout simplement d’être le mal incarné ; le chef de stups de la brigade de gendarmerie de la Mure me confiant même que des gens comme moi devraient bénéficier d’une jolie petite cellule à vie ! Pourtant, comme le dit une chanson de Brassens, « je n’ai fait de tord à personne … », je défends un point de vue politique et me le fait reprocher sans avoir la réelle possibilité de m’expliquer, de me justifier ! Je voulais d’ailleurs passer en tribunal pour avoir enfin cette chance de pouvoir m’expliquer, et pas en correctionnelle, mais aux assises ! Et je savais que je prenais un risque, mais que ce dernier était calculé ! En effet, en correctionnelle, je risquerais jusqu’à 5 années au maximum, mais serais obligatoirement condamné par un juge professionnel, même symboliquement, car ce dernier n’osera pas remettre la loi des stupéfiants en cause. Aux assises, tout est différent ! Certes, si j’y suis reconnu coupable, je risque 5 ans minimum, mais ce n’est plus un juge qui donne son verdict : c’est un jury populaire, c'est-à-dire des gens comme vous et moi ! Dans ce cas, j’ai déjà plus de chance de les toucher, de les convaincre et de me faire acquitter ! Ce qui créerait fatalement une jurisprudence et une faille dans la loi de 70. Vous avez pu comprendre ici que j’arrive à bien dominer mon sujet, et vous comprendrez alors que je suis prêt à tenir un tel pari, à prendre un tel risque. Pas fou, le procureur à du pressentir le risque et ne m’a pas poursuivi. Ils ont préféré m’atteindre autrement, notamment en s’insérant au niveau de ma vie privée pour tenter de la déstabiliser. Dans leur logique, gendarme et procureur étaient fou de rage ! D’où le petit travail que j’ai subis, à défaut de pouvoir m’atteindre par la voie légale ! A tous ici, qui parcourront ces lignes, je demande de bien réfléchir en leur âme et conscience aux propos qui vont suivre : à coup d’arguments qui touchent la sensibilité profonde des gens, les pouvoirs publiques s’octroient de nouveaux pouvoirs et moyens de surveillance qu’il ne tarderont pas a retourner contre ce

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peuple qui les a accepté ! Peut être ont-ils prévus des temps difficiles, et à notre insu, s’arment afin de mieux s’accrocher aux brides du pouvoir ? Du terrorisme, toujours plus de policier, plus de fouille, plus de lois d’exceptions ! La lutte contre les drogues va encore plus loin dans l’instauration d’un régime liberticide. Enfin, il y a la Pédophilie, problème réel mais excuse très habile pour mettre en place des moyens de surveillance électroniques dont raffolent aujourd’hui d’autres services de polices plus politiques dans leurs investigations. Le problème, si on va dans leur sens, c’est qu’ils ont raison … dans le fond. Tout le monde est d’accord pour affirmer qu’il faut lutter contre de telles menaces, c’est l’évidence même. Mais leur extension tout azimut dans d’autres domaines plus critiquables est inacceptable. Aujourd’hui, a cause du programme « Escadron » (surveillance américaine informatisée du réseau téléphonique mondial), on ne peut plus donner son avis politique à un correspondant sans être fiché à la CIA puis aux RG et DST de l’hexagone. J’insiste sur le fait que la CIA nous fiche avant nos propres services de sécurité, on peut déduire plein de faits de cette remarque. Mais la réciproque est possible : en France, comme en Suisse, le simple fait de se faire « attraper » en train de fumer, ou avec un peu de Chanvre sur soit, oblige un second fichage à la CIA et si toutefois, vous deviez étudier ou travailler aux States, vous pouvez dire adieu au visa ! Ce fait a été dénoncé en premier par Coordination Suisse du Chanvre, et a ensuite été reconnu en France. Dorénavant, cette police a de tels pouvoir qu’elle réclame ceux plus suprêmes : l’indépendance totale par rapport à la Justice, et la création d’un corps de type CIA justement, avec un budget énorme et dans le flou le plus total. Une sorte « d’interpol-isation bis » au niveau européen. Pas de compte à rendre, pas de rapports à faire … la démagogie la plus totale si ce n’était pas un danger réel de détournement de pouvoir ! Que dire d’un pays qui fiche, contraint et trompe la plupart de ses habitants, sacrifie au pénitentiaire et a la révolte une bonne partie de sa jeunesse (fait unique dans l’histoire de notre nation), bafoue sa propre constitution et essaye de dresser une partie de sa population contre l’autre a coups d’habiles arguments sécuritaires ? Dans le cas du cannabis, il ont eu déjà largement le temps et les moyens d’éradiquer le problème en plus de 37 ans de répression, aux budgets et moyens de lutte toujours plus importants, avec près de 100 000 interpellations annuelles en cette fin de millénaire et bien plus d’un millions de persécuté depuis 1970. De tels faits prouvent leur incapacité a résoudre, par voie policière, de tels problèmes et ils voudraient encore plus de moyens, plus de pouvoir : ceux qu’on accorde qu’aux dictateurs ? Et beaucoup d’électeurs votent pour cela ? Je voudrais qu’on m’explique alors ce que je n’ai pas compris au raisonnement de mes compatriotes ? En fait, ils sont dupés, mais comme il « s’en foutent », cela ne sert donc à rien de leur prouver, de leur expliquer. C’est pourtant ce que je tente de faire ici. La situation, difficilement vécue jusqu’alors n’est plus supportable. Ceux que je dénonce veulent détruire tout une partie du peuple au nom de je ne sait quelle idéologie qui en fait cache une prise de pouvoir fasciste dans nos démocraties. Ces gens sont des monstres, très habiles, qui arrivent à faire passer leurs opposants pour des monstres à leur place. Leur technique semble bien rodée et efficace. Si on ne vous tue plus physiquement, on le fait socialement, ce qui, dans un certain registre sadique, est encore pire. La vie passe, et on vous oblige de « rester sur la touche et à regarder la voir passer ». Surtout, on vous empêche d’être actif dans votre contestation, par la pauvreté, on vous isole et on vous réduit au silence. Une fois qu’on vous a mis à mal, on se sert ensuite de vous comme (mauvais) modèle : « Regardez, cet homme, il est représentatif de rien du tout, il vit dans la misère, il est pauvre : en conclusion, il est incapable de mener sa vie comme il le faut ! ». Et bien non, messieurs, en m’appliquant à écrire cette œuvre, je prouve à tout le monde le contraire alors que la plupart de mes détracteurs, eux, seraient un petit peu perdu sans le salaire et le pouvoir qu’ils tirent de leur fonction privilégiée. Force de reconnaître que la vie, il me l’ont un peu compliqué, car non seulement eux, ils ne sont pas réduits à la pauvreté, mais ils n’ont pas besoin non plus de se cacher. Certes, de telles conditions, mon rendues plus fort ; mais je ne vais pas les en remercier pour autant ! J’ai du fuir mon village car on m’y avait fait une renommée de « mafieux ». Leur premier travail a été de démolir mon couple, le second de retourner une partie du village contre moi. Ils y ont mis un peu de temps mais y sont arrivé. Déraciné, déstabilisé, j’étais plus facile à atteindre et, en me poussant discrètement un peu plus à bout, ils attendaient le moindre faux-pas de ma part ! Si j’avais

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craqué nerveusement, si j’avais insulté ou frappé un fonctionnaire, cela leur aurait suffit pour une première incarcération ! Quelle fut donc leur tête lorsqu’ils apprirent que j’avais pris la poudre d’escampette pour le seul pays proche d’où il ne pouvait pas m’extrader sans raison plus sérieuse : la Suisse. Toutefois, mon abandon du pays ne fut pas sans me poser quelques problèmes supplémentaires. Par exemple, je n’ai pas fait ma déclaration d’impôts, ce qui semble être une tradition chez les gens en cavale. En outre, j’avais un crédit dont je n’étais plus en mesure de payer les mensualités, de même pour deux autres petites dettes. Ces problèmes vont forcément me rattraper un jour par voie de tribunal et redonner de l’eau au moulin de mes détracteurs. Et puis je ne savais pas si je pouvais résider longtemps en Suisse car les autorités françaises n’ont pas manquées de me salir auprès du juge qui s’occupait de mon patron, Bernard Rappaz, en me présentant comme un toxicomane et un trafiquant. J’aurai préféré qu’ils rajoutent à toxicomane, les mots « au cannabis uniquement », car je ne m’adonne pas aux drogues dures : je bois rarement de l’alcool et n’ai jamais touché aux drogues dures. Et je suis prêt à passer le test des cheveux pour le prouver ! Pour ce qui est du qualificatif de trafiquant, l’accusation est plus grave et je demande qu’ils fournissent des preuves de ce qu’ils affirment. Si je suis un trafiquant, j’ai forcément des fournisseurs, des clients ou des revendeurs. Passons une annonce dans le journal avec ma photo pour savoir si des personnes se souviennent m’avoir acheté des kilogrammes. Je leur donne l’autorisation, ici et maintenant, de le faire qu’on rigole cinq minutes. Toutefois, je ne nie pas avoir été, et l’être plus que jamais, un activiste cannabique, entendez par cela : je ne fais pas qu’écrire sur le cannabis, j’en fais pousser, j’en fume et en partage volontiers avec mes amis, soit le fruit même, soit la connaissance de sa culture et de son domaine politique. Non, franchement, si je l’avoue ici, c’est plus pour briser un tabou et l’hypocrisie générale que par fanfaronnade. Un trafiquant, un vrai, vie ou survie grâce a une activité régulière de drogue. Les policiers, à terme, sont obligés de le « coincer », tant ils fonctionnent sur un système très efficace de « Balances ». Des années d’enquêtes à mon sujet et aucun résultat qui va dans leur sens … gaspillage de l’argent publique : le juge qui a demandé ces investigations, si toutefois il y en a un, devrait quand même se poser quelques questions ! Moi, j’ai rien à cacher. Je tiens a m’expliquer ici de mes agissements. Plus on m’empêchait d’en faire pousser, plus j’y arrivais à leur insu. J’ai réussi à mettre au point un programme secret de développement de cultures d’intérieur dont l’excédent était censé alimenter des sidéens forts demandeurs de ce médicament qu’on leur refuse.

Exemples de Jack Herer, cultivée en serre en Suisse, à gauche, en début de floraison, à droite, une autre en fin de floraison.

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Ma participation à ce projet était bénévole. Je n’ai tiré aucun revenu de six mois de travaux, de montage d’appareils, et de mise au point du procédé. Je n’ai tiré aucun argent des 6 mois de cultures qui ont suivit. J’en ai perdu même, en carburant, en matériel et en temps passé. Mes finances étaient au plus mal à cette époque. On peut dire que, comme j’œuvrais essentiellement en période nocturne, par soucis de discrétion, et que je ne réunissais pas toutes les conditions pour cimenter mon couple. Le produit obtenu au était de qualité médicale au top, il s’agissait d’un hybride Jack Herer sélectionnée et bouturée avec soin car choisie parmi une centaine de plantes mères candidates. Sa production était intensive et rapide, le bouturage aisé. Au niveau des fleurs, le taux de THC devait avoisiner les 25 à 30% (sous lampes). Et bien contrairement à ce que les prohibitionnistes affirment, quand on est en possession d’un tel matos, on en fume bien moins souvent et on dose le produit proportionnellement à l’effet désiré. J’ai isolé et élevé le « phénomène », puis en ait assuré sa dispersion. J’ai renoncé à en développer la production car je connaissais alors une nouvelle perquisition et une intensification de ma surveillance. J’avais formé mes amis à la culture de cette plante, les avait instruits des principales carences et maladies, et d’une formation technique qui les rendaient aptes à réparer ou changer leur matériel électronique (lampes, ventilateurs, extracteurs ...). J’ai d’ailleurs écris des petits manuels assez complet dont ils disposaient chacun d’un exemplaire. Tous les participants au programme, tous malade du sida, obligation a laquelle je tenais, sont donc devenus autonome en production de leur dose de médicament et dans les conditions les plus discrètes possibles. Chacun était à même d’en produire tous les deux mois leur propre consommation grâce à un système de 2 placards : un de culture, et un de bouturage. L’ensemble consomme à peine plus de 750W, tout matériel compris, et par un jeu habile de cache isolé par lequel circule l’air chauffé de l’habitacle, ne nécessite pas de chauffage d’appoint. Consommant moins que le plus petit des radiateurs, réchauffant la maison pendant le fonctionnement des lampes sodium, la note d’électricité varie peu d’autant qu’on économise pas mal de sa consommation énergétique habituelle avec un peu d’isolation supplémentaire. Coup de l’installation complète : moins de 3000.00F, mais il faut être bricoleur et récupérateur, et posséder déjà assez de connaissances et d’outillage. Sinon, à titre de comparaison, l’installation réalisée par des artisans avec du matériel neuf coûterait au moins de 20 000 à 30 000,00 F. Presque tout se récupère dans une décharge ou dans la benne en bas de votre rue. Les lampes sodium d’occasion se trouvent gratuitement ou pour pas cher dans des dépôts de lampes démontées pour être détruite car trop vieilles. En attendant, elles fonctionnent encore très bien la plupart du temps et j’ai retenu aussi que deux lampes malades en font souvent une en bon état. L’œil averti que je suis a même déniché des ballasts (ballast = sortes de transformateur, en fait une self, nécessaire aux lampes sodium qui fonctionnent comme un néon, en plus puissant) et tous les autres composants nécessaires à la fabrication de la lampe complète dans des brocantes. Les prix de vente étaient dérisoires, pour moins de 100 francs français (15.24 Euro) vous aviez votre lampe complète … en pièce détachée. J’ai donc installé un modèle sécurisé de placard à culture ou toutes les protections requises finissaient par être installées. Comptez 500 – 600,00 F pour les pièces qui ne peuvent pas être récupérées, 1 400 – 1500,00 F pour la construction du cache (le dit placard), son isolation, la peinture, des bacs, etc.… Et cela fonctionne fort, pour pas cher et rapporte de 15 à 25 grammes de fleurs par plante pour une installation qui peut en contenir 30 minimums au m2 (lampes sodium de 400W). Ma petite affaire n’a pas durée longtemps, les flics me serrant de très près se disaient bien qu’il y avait quelque chose d’anormal à mon sujet. Mais ils ont forcément rattaché la question à un plan criminel, auxquels ils sont plus souvent confrontés. Erreur, j’ai bien bravé les lois, mais pas pour malfaire. Pourquoi j’ai fais tout ceci ? Et pourquoi je l’avoue maintenant ? Parce que tout a dérapé dans ma vie dernièrement et que cela prend pour moi une proportion insupportable. Parce que j’ai milité pour la réhabilitation d’une plante dont sa substance ne tue personne, n’oblige personne comme le fait le tabac, l’alcool ou l’héroïne, et que je suis montré du doigt comme la plaie de l’humanité? Parce que dans ce cas je suis dans le bon droit comme le précise les articles IV, IX, X et XI de la Déclaration des Droits de l’Homme à laquelle je me réfère toujours de façon absolue. En « m’accrochant » à ces « bornes qui délimitent la loi », je suis sur de ne pas me tromper, d’être toujours dans le juste. De ce cas, je ne met pas de genoux à terre et continue la lutte comme le prouve mon travail ici.

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J ‘avais anticipé que, si un jour, je devais me faire inculper pour cette affaire de culture illégale de Cannabis à but non lucratif ou pas, en France, le tarif serait : les Assises (5 ans minimum et réclusion criminelle possible). Mes juges auraient alors l’air bien embêtés d’entendre venir témoigner à la barre des gens atteints du sida, en phase préterminale pour certains d’entre eux, du bien que leur fait cette plante que je leur ait donné et non pas vendu ! Mauvaise pub pour l’Etat ! D’autant plus que leurs arguments comme « On ne distribue pas de dits « médicaments » comme cela, il faut être pharmacien. Et puis il faut étudier le produit pendant 5 ans minimum avant qu’il soit autorisé à la vente. C’est ainsi pour tous les médicaments… » ne tient pas face à « … oui monsieur le Juge, mais dans 5 ans, mes ami(e)s seront morts pour la plupart et ce médicament, j’insiste dans l’emploi de ce terme, les soulage beaucoup dans leur existence quotidienne ! ». Et puis cela fait des années que le chanvre est reconnu officiellement comme médicament de part le monde, notamment par le Sénat français depuis 1998 ! Donc, j’échapperai ainsi aux Assises et savez vous pourquoi ? Je vais le répéter encore au risque de vous paraître un peu répétitif : « Parce que la Justice, en réalité, n’est pas indépendante du pouvoir comme elle le prétend et que les assises sont constituées d’un jury populaire qui prendra une décision finale me concernant. Hors, un jury qui m’acquitterait ouvrirait une brèche dans la Loi de 70. On peut « en imposer » à un juge par le biais de sa hiérarchie, le respect d’une « éthique » ou d’une politique. Mais les jurys ne « mangent pas de ce pain là », ils sont la volonté populaire qui vient arbitrer un litige et se prononcer en leur âme et conscience. Des gens comme vous et moi, à qui on peut parler comme à vous ou a moi ! » La question serait plutôt alors, « comment on va le manger, ce monsieur Cannabis? ». Et c’est dans cette rubrique que j’ai voulu les affronter. Je les attendais au tournant sur ce thème en voulant créer une brèche au niveau judiciaire. Ma défense est toute prête, c’est le livre que vous parcourez et sa publication le met à la disposition de toute la société, jurys futurs y compris. Condamnez moi, et en temps qu’écrivain, je vous jure que d’une façon ou d’une autre, je contribuerais au déclenchement du dit débat public ! Pour moi, c’est une bonne pub ! Et c’est une façon rêvée, lorsqu’on a été publiquement salit et impliqué, de s’expliquer tout autant publiquement en étant prêt a assumer ce que l’on a réellement fait. C’est une façon de procéder comme une autre, de « couper court » aux rumeurs publiques qui se nourrissent de « fantasmes ». Dans une telle hypothèse, je me sentais protégé par la loi de 70. Pour production en bande, je risquais 30 ans et la réclusion criminelle à perpétuité, mais pour soutenir cette thèse, les caractères de vente et d’enrichissement faisaient défaut. A contrario, pour consommation et prosélytisme, je risquais tout au plus un an de prison et une belle amende. Pour ce faire, je ne passe alors plus aux Assises, mais en Correctionnelle. Et c’est même plus pratique pour eux de m’y condamner, même si les peines sont moins lourdes, car c’est un juge professionnel qui le fera. La plupart des consommateurs de chanvre interpellés sont dans le même cas : d’une part, il ont cette épée de Damoclès au dessus de la tête : des peines très lourdes sont prévues en matière de stupéfiant. D’autre part, ils subissent une forme de chantage nommée « Injonction Thérapeutique » qui, comme par miracle, efface ou limite la sanction si on s’y exécute. Très peu d’entre nous ont osé refuser ce chantage. Et pourtant … ! - Ceux qui s’y sont exécuté racontent, pour la plupart, n’avoir reçu aucun traitement. Les médecins semblent collaborer sans grande conviction, se contentant de signer rapidement les papiers et souvent, ironisant sur la stupidité de la situation. - Ceux qui ont refusé « poliment » de ce prêter à cette mascarade (j’en fais parti), racontent pour la plupart ne pas être allé en prison pour le « délit » cannabique qu’on leur reprochait. Ni même d’être passé en tribunal. Car, en effet, ceux-la même qui réclament des lois encore plus dures et encore plus de moyens, « freinent » un peu la cadence de la machine judiciaire en la submergeant d’affaires..

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Ce n’est pas part bonté d’âme, mais par calcul : ils sont prisonniers d’une situation qu’ils ont créée et qui se retourne contre eux. Normalement, la loi oblige les procureurs et les juges à poursuivre un cas de consommation simple lorsqu’il y a refus d’obtempérer à l’injonction thérapeutique. A force d’envoyer en correctionnelle ou aux assises, des personnes responsables de si petits délits, ils prendraient ainsi le risque de sursaturer les tribunaux et celui de voir un jour, un consommateur acquitté qui ferait cas gênant de jurisprudence. Hors, ils ont une peur bleue de cette possibilité puisque c’est ainsi que la plupart des pays voisins « dépénalisateurs » ont amorcé leur virement vers une « législation assouplie ». Toutefois, pour ceux qui sont « dans le collimateur de la police », l’affaire est toujours entendue à l’avance : correctionnelle (juge professionnelle) et condamnation, même parfois légère, assurée ! Depuis, je suis dans « le collimateur » et je fais bien attention à ne pas leur offrir un tel plaisir. La prison a dose « homéopathique », c’était un risque à courir si cela pouvait servir à ma cause et me faire un peu de pub pour un livre qui, c’est une première en France à ma connaissance, a subit une tentative de censure avant même d’avoir été publié. Ce que j’affirme est très grave mais je ne le développerais pas ici, car c’est la DST même qui m’oblige au silence et du fait qu’ils n’ont pas l’air de « rigoler » beaucoup ces gens là ! Toutefois, dans ce cas, j’ai des preuves de ce que j’avance et pourrait les dévoiler à un juge s’il me le demandait ! Comprenez que je profite de ces écritures publiques pour y placer un petit chantage du genre « tu me laisse tranquille et je fais de même à ton sujet » ! On n’est jamais trop prudent ! La prison ne me fait pas peur, la mort non plus, j’irais jusqu’au bout de mon combat, c’est une question de dignité !

II) Mon arrivée en Suisse : Sabine Zysset m’a dit un jour que je n’étais pas le premier, ni le dernier, qui voyait sa vie de couple éclater au nom du Cannabis. Ses paroles résonnent toujours dans ma tête depuis … C’est donc par ce que je connaissais une séparation assez mouvementée, que j’échouais devant le local du magasin Valchanvre à Martigny, en Suisse. Mon but, le rêve de beaucoup de cannabinophiles : me faire engager au sein de cette prestigieuse société, et tracer ainsi un trait sur mon passé. Il fallait que je me « pose » pour finir mon livre et que je me donne les moyens de l’achever. Bosser dans le Chanvre, chez un des plus grand, c’était pour moi la situation idéale.

Bernard Rappaz et Sabine Zysset en juillet 2002, à la ferme Oasis J’avais, la veille au soir, envoyé un mail à Valchanvre, précisant mon arrivé pour une demande d’entretient et d’embauche.

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En fait, je ne savais pas grand chose sur cette enseigne, sinon qu’elle vendait des produits chanvrés depuis quelques années et ce que j’avais lu et entendu sur la tolérance envers le Cannabis pratiquée par ce pays, me rassurait. Je me voyais bien postuler à un poste quelconque, avoir un salaire, y résider …tout ce que souhaite un individu dit normal, quoi ! D’autant que la Suisse était un état en dehors de la CEE, j’y étais relativement tranquille. Pour moi, la Suisse c’est une terre d’asile, un lieu de refuge contre la répression française. Je n’y ai fait aucune demande officielle, j’y suis allé, c’est tout. Je crois bien que la police Valaisanne, qui plus tard m’a fait l’honneur d’une attention toute particulière, a bien compris ma démarche. Je viens, je bosse et ne fais pas d’histoire, ni même politique. En échange, pas de problèmes du moins, j’espérais tomber sur des policiers à la hauteur de leur réputation et souhaitais cette réaction de leur part. Il est vrai que je me lançais entièrement à l’aventure et pratiquais le «forcing » sur cette action. Mais qu’importe si elle échouait, je pouvais aussi bien rester en Suisse et ramasser des fruits, du raisin, travailler dans le bâtiment, etc. …, même si cela est bien moins passionnant, pour moi, que le Chanvre. Mes affaires conjugales et mes déboires judiciaires m’ayant pompés beaucoup de temps et d’énergie, je n’avais pas pu suivre toute l’actualité de cette magnifique partie du territoire helvète. Un comble pour un écrivain cannabique, car en ces lieux se jouait une grande bataille du Chanvre contre la prohibition. Aujourd’hui, je peux affirmer que j’ai finalement connu beaucoup de chance dans mon malheur, autre paradoxe qui va de paire avec le sujet débattu ici. Bref, vers 4H30 du matin, ce lundi 22 avril 2002, je gare ma voiture face au magasin Valchanvre de Martigny. Dans la lueur des phares, j’arrivais à voir l’intérieur de ce dernier ou entre une multitude de produits dérivés du Chanvre, ma foi bien agencés, résidait, sur le sol, quelques caisses de magnifiques semis apparemment mis en vente.

Intérieur du magasin Valchanvre de Martigny qui aujourd’hui (2007) a déménagé à Saxon.

Les larmes aux yeux après toutes ces épreuves et toutes ces privations, je retournais dormir dans mon véhicule en me disant que j’étais finalement bien arrivé au paradis des fumeurs … erreur, grave erreur ! Il y avait bien du Chanvre de partout dans le magasin, mais j’ignorais encore à quel prix pour l’exploitant. Vers 8H30, le bruit d’un moteur me réveilla. Deux jeunes femmes s’affairaient visiblement à ouvrir le magasin. L’une d’elle se déclara la responsable et d’emblée m’affirma qu’elle avait lu mon E-mail de la veille. Je me présentais et lui expliquais mes ennuis, ma démarche. Ce qu’elle me répondit m’effarait : Bernard Rappaz était en prison pour 18 mois (affaire des coussins chanvrés), et que parallèlement, pour une autre affaire, ils venaient de perquisitionner la ferme, « geler » les comptes de la société Valchanvre, saisir la récolte et les dérivés chanvrés qui en découlent, y ont compté comme de la drogue, branche feuilles et tisanes (de chanvre légal) compris et leur reproche la détention d’un total de 51 tonnes de stupéfiant. Elle s’attendait alors que son mari fasse de nouveau de la prison pour cette affaire.

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Valchanvre était à deux doigts de la faillite, le personnel était en grande partie débauché, faute de ne pouvoir les payer. J’en étais estomaqué ; partout en France, les médias s’époumonent à nous faire rêver ou frémir, selon votre appréciation de la plante, sur la libéralisation Suisse. Chaque français croit qu’on est libre de fumer des pétards en pays helvétique. Bernard Rappaz, qui était passé à l’émission Capital, sur M6, en prison ? Première nouvelle ? Aucune ligne n’a été publiée dans les journaux français à ce sujet … D’une certaine façon, tout cela pousse vicieusement des fumeurs français au narcotourisme en Suisse. Serait-ce un coup monté par la France pour nuire à ce pays voisin sympathisant de l’idée de la dépénalisation. La question peut-être posée autrement : « Pratiquement toute la presse française appartient au seul groupe Hersant, dont le propriétaire est très orienté à droite et proche de monsieur Sarkozy. Cette désinformation serait-elle d’origine politique ? » . Lors de mon travail à Oasis, la ferme de Bernard Rappaz, j’ai vu y venir nombre de français tout autant surpris que moi de la répression suisse, en tout cas dans le canton du Valais. Tout cela ne semble pas clair et mérite bien l’éclaircissement de la question helvète que j’essaye de construire ici.

III) L’exception Suisse avant 2003. La Suisse, de part sa législation, est (ou plutôt fut) le pays le mieux placé au monde pour le développement du Chanvre à THC. En substance, la loi suisse admet la culture de ces variétés car des raisons techniques l’imposent dans le secteur de la parfumerie, de la cosmétique et de l’alimentaire. En revanche, le cultivateur ou le manufacturant s’engage à ne pas en faire du stupéfiant et à détruire d’une façon ou d’une autre tout le THC dans le produit final.

Exemple de chanvre à THC agricole, Hybrides AK, ferme Oasis, Suisse.

Et c’est sur ce point que rentre en jeu toute la complexité des différentes interprétations des textes de loi, des mots et des jurisprudences. D’ailleurs c’est par jurisprudence que les résidents suisses ont aussi gagné le droit de faire pousser du Chanvre dans un but ornemental ou agricole. Normalement, ce droit ne peut pas être remis en question pour l’emploi de variété peu riche en THC et autorisées comme la Fédora, célèbre variété française à moins de 0.1 % de cette substance. Mais dans ce cas aussi, des précisions techniques viennent en faveur des variétés à THC : la Fédora et acolytes, ne dégage que peu d’odeur, 393


et n’ont quasiment rien d’ornemental. Alors que le Chanvre à THC, sélectionné autrement, est beaucoup plus massif, s’exprime d’une multitude de façon sur les plans couleurs, odeurs, forme des plants et des fleurs, etc. …

Non, ces photos n’ont pas été retouchées : à gauche, il s’agit d’un hybride Red Valley qui au fil des années, a perdu sa superbe robe rouge pour la remplacer par une teinte violette (purple), au centre, une plante magnifique aux nervures violette foncée sous les feuilles, le reste étant clair presque blanc, mais quasiment noire au dessus. A droite, une plante non mûre qui aborde un magnifique dégradé violet sur ces feuilles. J’y présente une feuille verte pour bien marquer et trancher la différence.

D’autant que l’ensemble des plantes comme celles de Valchanvre n’atteignent pas les 3-4 % de THC, en cette année 2002 très pluvieuse. Peut-être, certaines d’entre-elles ont atteint les 7-8% mais sous serre. Même au dessus du seuil légal, cette année on est loin des 20 à 30 % de cette substance produit par l’herbe de la culture Indoor et des 10 à 25% par celle des pays traditionnellement producteurs. Notons qu’en 1996, date de l’interpellation de Bernard pour l’affaire des coussins, la police a fait analyser des échantillons (cultivés en serre) dont certains atteignaient les 12-14% de THC. Pas mal, Bernard, la Suisse se « réchauffe », paraît-il ? Toutefois, ces résultats ne sont qu’indicatifs à titre approximatif car comme nombre d’autres personnes, je remets en question la façon dont sont analysés les échantillons : - Les modèles analyses d’antan ne correspondent pas à ceux de maintenant : par exemple, l’analyse modèle qui a été mise au point par la CEE dans les années 1990 en vue d’autoriser la culture du Chanvre en promouvant et subventionnant des variétés à faible teneur en THC, portait sur 499 plantes minimum et sur l’ensemble des plants, feuilles, branches et tronc en sus des sommités fleuries. Souvent, la police n’analyse que des têtes préparées (sans branches ni feuilles ni graines) ou l’extrémité de la sommité sans le reste du tronc et du feuillage. C’est donc normal qu’ils y trouvent des taux hyper élevés sachant que dans les fleurs de chanvre où se concentre toute la résine, il peut y avoir au moins 500 à 1000 fois plus de THC que dans un tronc. - Contrairement aux analyses de cette époque, celles d’aujourd’hui tiennent compte aussi, en plus du THC, du pourcentage de présence d’une autre molécule cannabinoïde (acide) inactive de prime abord, dont une partie seulement (de 1 à 15%) se transformerait en THC au moment de la combustion par effet de pyrolyse. Seulement, voilà, sauf erreur de ma part, il semblerait que l’ensemble de ce précurseur acide soit aujourd’hui compté comme du THC. C’est toujours quelque pourcents de plus « rajoutés » pour faire sérieux et alarmiste dans les rapports.

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Le secret de la résine de cannabis : ce sont de petits poils glandulaires qui sécrètent la résine. Le THC est produit par les racines mais se retrouve avec au moins 80 autres constituants dans cette résine. A gauche, grossissement d’une fleur avec beaucoup de poils et peu de résine. A droite, les poils sont bien plus chargés en résine. On appelle « fleur » un ensemble de petites feuilles atrophiées et de réelles fleurs. Les petites feuilles atrophiées produisent plus de poils, donc plus de résine, que les fleurs mêmes.

- Ensuite, une bonne partie de cette augmentation du taux de THC observé en plus de 30 années de répressions, vient aussi en partie de l’augmentation du taux de connaissance de la police. Je m’explique : jadis, la police débarquait illico au premier pot de fleur illicite dénoncé. Les plantes, souvent non mures au moment de la confiscation, affichaient des teneurs en principe actif ridicules. La même plante mûre, dans les meilleures conditions françaises, atteint un minimum de 10 à 15 % de THC … dans ses fleurs et non pas sur l’ensemble de la plante. Aujourd’hui, la police a plus d’expérience et se veut réfléchir efficacement : non seulement elle attend que les plantes soient mûres pour intervenir, mais, quand il y en a beaucoup et/ou qu’elles sont grosses, ils attendent même qu’elles soient récoltées (*). - De plus, il semble difficile d’apprécier ces résultats au niveau du ressenti individuel des fumeurs : des événements astraux (lunaison) semblent intervenir autant dans la variation du taux de résine et de THC des plantes tant vertes que séchées, et jusqu’au sein du métabolisme même du fumeur. Tous les planteurs vous affirmeront qu’à une période du mois (vers la nouvelle lune), l’herbe « casse » moins, et qu’inversement (vers la pleine lune), elle reprend un effet plus fort. En bref, c’est pas parce qu’une herbe est « titrée » à 12 % chez un Chanvrier, qu’elle affichera le même score dans le joint d’un fumeur. Entre les deux, il y a toute une chaîne de fabrication, de manutention, de transport et de stockage qui font que l’herbe en question perd de son THC, et voit celui qui reste inexorablement s’oxyder au fil du temps (perdre de son pouvoir actif en se transformant en CBN). - Tout ceci remet en question la récente polémique lancée par les prohibitionnistes au sujet de laquelle l’herbe d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle des babas soixante-huitards dont, d’après eux, le titrage avoisinait au maximum les 2-3%. La « Balconnaise » peut-être, mais l’herbe en provenance d’Afghanistan, d’Asie et d’Afrique, et le shit qu’on en tirait, étaient meilleur à l’époque car encore cultivés et fabriqués de façon artisanale et paysanne et non pas industrielle comme aujourd’hui. Pourtant il s’agit toujours des mêmes plantes par la descendance, mais la logique de rendement et de commerce ont pris le dessus sur la qualité comme bien souvent en pareil cas. Qu’on me dise pas que c’est faux, je le témoigne ici, car dès 1978, j’ai fumé du libanais rouge et du jaune aussi, et souvent de l’Afghan, qui m’ont mis dans des états que j’arrive pas à, et ne souhaite pas, retrouver aujourd’hui. A coté de cela, je fumais mon herbe, issue d’un croisement de française, d’africaine et de libanaise, qui me faisait le même effet que l’Outdoor moderne que j’ai goûté à Amsterdam. (*)

. Cela me rappèle une histoire qui fait encore bien rigoler les paysans de la région de Martigny ou des policiers débarquant dans un champs de Bernard (1 hectare), n’arrivaient pas à accomplir la confiscation du Chanvre. Les plantes de 3 mètres ne s’arrachent pas à la main et les scier s’avère une opération fastidieuse. Ils réquisitionnèrent des paysans du coin pour finir leur tâche de façon mécanisée. Certains fonctionnaires mirent une bonne semaine à se remettre de leurs courbatures et il paraît que le lendemain, dans leurs bureaux, tout le monde marchait d’une drôle de façon, le visage contracté et fatigué. Et les mauvaises langues de conclure dans un éclat de rire : « On voit qu’ils n’ont pas l’habitude de bosser pour de vrai ! ».

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Juin 2003

Juillet 2003

Voici un exemple de grosse plante comme on peut les voir en serre et dans les champs : A gauche, Phil, un ami qui mesure 1.84 m, nous sert ici d’étalon métrique. Au centre, la même plante un mois plus tard. A la récolte, elle mesurait un mètre cinquante de plus qu’en juin. Sur la photo de droite, la base du tronc de ce spécimen. Lorsqu’on sait que l’extension radiculaire d’un tel végétal se développe, en sol meuble, autant que la partie aérienne de la plante, on comprend alors qu’il est très difficile, voire impossible, de l’arracher à la main.

Il y avait aussi de l’Huile à l’époque (Huile dite de haschisch) dont certains arrivages titraient au moins à 4045% de THC. Je me souviens encore de la fille qui m’en a fait fumer pour la première fois. Je me souviens aussi de la « dérouillée que j’ai pris » en fumant ce « machin ». Novice, j’avais surdosé bien trop, trop, trop, … le tabac en était tout collé alors qu’il suffisait de l’équivalent d’une tête d’allumette dans un joint pour se sentir déjà « très décontracté » ! Non, on ne peut pas affirmer qu’ils ont tout faux dans cette affirmation, 10 % de vérité à peine, mais c’est cette façon de généraliser dans le but de désinformer qui m’agace. Si l’herbe des pionniers « cartonnait » souvent moins qu’aujourd’hui, pour de multiples raisons, les produits du milieu clandestin organisé étaient bien supérieurs en qualité qu’aujourd’hui. Celui qui faisait pousser du foin se rabattait forcément sur le marché noir pour s’approvisionner. C’est donc là un faux procès que la prohibition nous fait ! CQFD ! Aussi, il est facile d’affirmer n’importe quoi quand on sait que la partie adverse n’a pas le droit de s’exprimer et d’intervenir et qu’elle n’osera, de toute façon, pas le faire. Mais, c’était penser sans moi et d’autres que la sanction, apparemment, a cessé d’effrayer. Mais voilà que je deviens mégalo ! Serait-ce encore un effet perfide de cette cynique drogue qui terrasse notre jeunesse et notre « moins – jeunesse » pour ne pas avouer ici que je commence à faire parti des anciens. Trèves de plaisanterie, et revenons à nos suisses et plus spécialement au valaisan Bernard Rappaz. De la corde aux vêtements, de la farine aux pâtes, en passant par les huiles essentielles (sans THC), l’huile de graines, il est évident que tous ces produits sont légaux car pratiquement dénués de THC. Mais du haschich médical, cela pourrait être légal en dépit du fait qu’il puisse contenir de 20 à 40 % de cette substance! Car la plupart des pays européens, dont la France, ont fini par reconnaître les propriétés médicales de la résine cannabique. En Suisse, Bernard Rappaz et les médecins prescripteurs de Chanvre qui l’ont suivit dans cette action médicale, n’ont pas eu gain de cause en tribunal car cette fameuse autorisation qui n’est dispensée que par un organisme autorisé, n’avait pas été demandée et par conséquent, accordée. On peut dire que Rappaz a raté là un sacré créneau. Il semble donc que le classement du cannabis comme stupéfiant prévaut toujours sur le principe qu’un médecin peut disposer de l’ensemble de la pharmacopée et spécialement au sujet d’une plante qui a été depuis toujours, et est encore reconnue, comme médicament efficace pour des pathologies bien définies. Rendre des produits légaux, comme la tisane de chanvre, consiste à y en enlever la résine riche en THC. Il est évident qu’une fois la résine extraite, on l’a dans les mains, si je puis m’exprimer ainsi ! Mais les pouvoirs

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publics valaisans bloquent sur la question du Chanvre médical et récréatif. Cette résine reste donc illicite et que la seule façon actuellement connue pour la rendre légale serait d’en faire du compost.

Présentation d’une partie des produits dérivés du chanvre vendus chez Valchanvre.

Donc un chanvrier suisse à Huile Essentielle (aux variétés riches en THC) se retrouvait en situation illicite, ne serait-ce qu’un bref moment, le temps d’écouler légalement sa récolte, et de détruire d’une façon ou d’une autre le THC produit par la plante. Dans un champ, le Chanvre y est encore (plus ou moins) légal. Cependant, lors du transport jusqu'à la distillerie, le cultivateur prend de gros risques. Une fois à la distillerie, le chanvre transformé redevient légale ! En fait la législation de l’époque se dressait comme un obstacle aux nouvelles prérogatives qui intéressent les volontés politiques du moment plus proche de l’idée d’une dépénalisation. Ces périodes charnières de changement de lois connaissent parfois des comportements pour le moins curieux et paradoxaux. D’un coté la répression s’amplifie, et s’organise pour faire maintenir l’interdit, de l’autre, on respecte de moins en moins cette loi sur la sellette et certains poussent même à la roue voulant déjà la libéralisation. L’hypocrisie, de part et d’autre, est de rigueur, voire imposée. Dans la plupart des magasins, on vend du chanvre légal, certes, mais aussi des pipes, des lampes, des engrais spécifiques, …investissement excessif et non adapté à une culture ornementale. La police aussi à ses astuces pour contourner les lois ou inciter aux résultats. Tout ce petit monde s’est fort bien adapté à ces complications juridiques, avec un point d’avance pour les Forces de l’Ordre, bien entendu ! Dans le Tessin, canton pauvre, cela fait longtemps qu’une bonne partie des paysans se sont mis a faire du Chanvre. Les boutiques y fleurissent, de même dans la Suisse allemande. Dans la Broye, des agriculteurs jaloux brûlent les récoltes des chanvriers. Rien qu’au niveau des producteurs singinois, on enregistre, pour cette année 2002, 93 procédures sur l’ensemble du canton et 318 000 m2 de surface de culture estimés. Dans un premier temps, les pouvoirs publics réagissent en ne fermant que les magasins qui vendent du Cannabis (graines, plantons et produits finis) à forte teneur en THC. Précisons que ces derniers ne s’embarrassent pas dans les formules et que pour eux, du Chanvre à 2.7% de THC est de « forte teneur », mais bon bref … Les magasins qui vendent un peu d’herbe en douce sont des cibles privilégiées. Car cela permet leur fermeture définitive et de remonter des « filières ».

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Les Chanvriers sont depuis peu la cible de la répression puisque fournissant ces magasins. En fait, au travers de l’étude du dossier judiciaire du procès de Bernard Rappaz, tout ce beau monde est sur écoute téléphonique, filoché à outrance, « travaillés » au cas par cas. Des enquêtes sont en cours à l’insu même des intéressés. Car ce qui caractérise la police suisse, c’est sa discrétion en sus de son efficacité.

Téléphones portables (en Suisse on dit Natels) de Bernard Rappaz saisis puis rendus des semaines après sa libération.

La motivation politique d’un tel durcissement provient généralement de la volonté de ne pas transformer les cantons frontaliers en territoires d’approvisionnement de drogue douce. En clair, ils semblent ne pas vouloir de narcotourisme à la hollandaise. Cà, c’est pour discours officiel, et reconnaissons que l’argument fait le poids. Mais aussi, on peut penser qu’une bonne partie des acteurs de la répression ont peur de perdre, dans cette histoire de dépénalisation, leur principal gagne pain, et cela, aucun des concernés ne l’avouera !. La police s’adapte donc, mais les chanvriers aussi. Certains agriculteurs déclarent leurs transports de Chanvre, collaborent avec la police contre les vols dans les champs. Les Forces de l’Ordre escortent aussi parfois le chanvre directement du champ à la distillerie. Chaque caisse y est alors vidée dans la machine sous l’œil attentif d’un fonctionnaire et aucune « tête » ne sera donc ainsi détournée pour un usage illicite. Aux gens qui affirment faire pousser du Chanvre décoratifs, et aux prisonniers cannabiques, les contrôles d’urines se succèdent. Cette plante qui poussait, il y encore peu, au grand jour, recommence à se faire discrète. Les vols de plantes reprennent avec une cadence jamais atteinte. Les chanvriers se sont réunis en deux associations distinctes pour défendre leurs intérêts et aider à préparer la nouvelle loi. - La Coordination Suisse du Chanvre est composée surtout de chanvriers travaillant avec du Chanvre à THC. Ils sont favorables au Chanvre récréatif et ont travaillé avec les pouvoirs publics pour mettre au point la base du futur marché récréatif et un code de déontologie chanvrière. - L’ASAC dont le président est Bernard Egger, ancien avocat genevois polémiste, procédurier et par qui, souvent, le scandale arrive si j’en juge les revues de presse de ces dernières années. Il s’agit d’une association de chanvriers qui se cantonnent au Chanvre légal et qui s’opposent souvent à la coordination précédente. L’ASAC a dénoncé Bernard Rappaz à la police comme trafiquant et parle des chanvriers à THC comme de la concurrence déloyale, alors que monsieur Egger est aussi connu comme militant de la cause antiprohibitionniste. La rivalité qui oppose les deux Bernard ne date pas d’aujourd’hui. Cela a fait les gros titres des journaux depuis 1996 ou la Presse cantonale et fédérale, souvent en solde avec la prohibition, s’est fait un malin plaisir à n’en rater aucune miette, aucune déclaration. Les deux associations semblent donc manœuvrer dans des directions opposées mais en fait, sont complémentaires dans leurs actions et leurs prises de position. La petite guéguerre qui les oppose cessera le jour ou le chanvre récréatif sera officialisé. Ce jour là, l’ASAC risque de ne plus avoir de raison d’être avec leur chanvre moins performant que les variétés résineuses. Car contrairement aux idées reçues, le Chanvre à THC produit une fibre au moins d’aussi bonne qualité que son homologue inoffensif. Tout n’est qu’une question de type de culture. Cultivées espacées, elle font cependant plus de bois, plus de feuillage, plus de fleurs, plus de graines et bien évidement, plus de résine.

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Citons une adresse Internet : http://www.infoset.ch/f/actualite/revision/index.shtm où vous trouverez toute la doc officielle sur la révision sur la loi des stupéfiants en Suisse et la chronologie de son évolution. En 2004, le texte allait plus loin qu’on aurait pu l’imaginer de prime abord en laissant sous-entendre la nécessité d’une légalisation plus ou moins complète du cannabis. Les victoires électorales de l’extrême droite (UDC - Blocher) depuis 2002 – 2003, ont mis fin à ce projet sur le point d’aboutir. Les autorités fédérales (d’avant le gouvernement Blocher) ont su appréhender la question du commerce et de l’approvisionnement. En effet, une dépénalisation seule s’avère hypocrite ; comment se procurer quelque chose qui demeure interdit ? Un second effet pervers est de ne pas résoudre le problème d’intégration social des fumeurs et des trafiquants et de favoriser le développement de la pègre. Comme pour la Hollande, l’idée de séparation des marchés, entre celui légal, et celui illégal, en fut aussi un concept prédominant. Dans leur point de vue audacieux, il était question de résoudre le problème de l’approvisionnement en rendant le commerce de l’Herbe et du Haschich légal. La vente aux mineurs aurait été interdite de même que celle aux étrangers. La question de 16 ou 18 ans fut âprement discutée. D’autres contraintes plus ou moins lourdes venaient arbitrer ce nouveau marché (pas de publicité, contrôles réguliers, etc. …). Encore une fois, il faut bien comprendre que si la Suisse souhaitait résoudre son problème Cannabis à son niveau, et de la façon qu’elle entendait, elle ne désirait en aucun cas devenir le pourvoyeur en Herbe des français ou autres européens. Ces pays là n’ont qu’à résoudre eux aussi leurs propres problèmes de drogues selon la norme tolérante qui tend à s’harmoniser dans ce coin du globe. Si tous les pays d’Europe légalisaient cette plante, il n’y aurait plus de narcotourisme cannabique en Suisse ou aux Pays-Bas ! Car une des raisons de la reprise d’un épisode répressif en Suisse fut justement d’ordre international, notamment sous la pression des américains et des français. Ces derniers reprochaient aux pouvoirs publics helvètes d’avoir été complètement laxistes, à la limite d’avoir été un narco-état, ce qui eu a pour effet de vexer la Suisse, à l’aube de son entrée à l’O.N.U..

IV) Les deux dernières affaires judiciaires de Bernard Rappaz : (Textes écrits avant 2003). Des milliers d’articles de part le monde, une polémique sans précédent qui aboutira probablement dans le futur à la légalisation du Cannabis en Suisse. Une remonté au créneau des politiques de droite et des partisans de la répression, preuves en est de la dangerosité extrême de l’individu Rappaz et de son produit : l’affolement du consensus anti-drogue. Mais je ne parle pas de danger pour la santé, je parle de dangers politiques pour ceux qui ont su entretenir « le grand mensonge » qui impose l’interdit cannabique généralisé depuis 1961. Relisons deux extraits de la presse suisse hostile à la plante (résumé de courriers de lecteurs et d’articles) :

a) Dans la catégorie alarmiste et désinformatrice (résumé) : … Rappaz est un criminel sans aucune conscience qui se rit de la misère qu’il provoque au sein d’une jeunesse décimée par le fléau qu’est le Cannabis. Il n’a agit que par cupidité pure et l’enrichissement personnel a été la seule « vision politique » pour laquelle il s’est réellement battu. Rappaz ose même nous faire la comédie d’une pseudo grève de la faim, par caprice car on l’empêche de semer la mort par cupidité. Comédie car il absorbait en réalité du sucre, de l’eau et des vitamines qui l’ont aidé à supporter la privation de nourriture … b) La critique plus raisonnée, et par la même respectable (résumé) : … S’il n’y a aucune preuve directe, dans l’enquête, que les 50 tonnes de Chanvre saisi était destinées au marché illégal, on a parallèlement bien trouvé et saisi une tonne de haschich, 100 Kg d’Huile de haschich et 250 litres de teinture mère (Huile de haschich diluée dans de l’alcool)l. Là encore, Bernard Rappaz essaye de « légaliser » la présence du stupéfiant par l’excuse et le biais encore non légal du chanvre thérapeutique et en prévision d’une libéralisation du futur marché récréatif. …

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… C’est comme pour son affaire dite des « Coussins ».Bernard Rappaz vendait par l’entremise de Valchanvre, des oreillers remplis d’un kilogramme de sommités fleuris de Cannabis pour moins de 300 FS (3 à 4 % de THC, soit à teneur faible cependant très au dessus du maximum autorisé). Très vite, il s’est mis à écouler des fleurs de Chanvre d’une qualité supérieure à 1000 F l’oreiller, dont la teneur moyenne en THC s’est avérée au dessus de 7% (de 7 à 14 %). De nombreux témoins ont pu faire établir que B. Rappaz n’ignorait pas le réel usage illicite destiné à « l’herbe » de ses coussins et qu’il a même quelque fois « poussé à la vente » en arguant les propriétés psychotrope de son produits ou en offrant de le goûter. On peut penser qu’au contraire, ce Chanvre et ses dérivés étaient destinés à alimenter le marché clandestin dans le but évident d’enrichissement personnel … Si le concerné ne nie pas les conséquence de son action sur le plan de l’alimentation du marché clandestin (le chanvre volé dans ses champs était évidement fumé ou revendu au marché noir), l’accusation d’enrichissement personnel est fausse puisqu’il avait poussé l’astuce jusqu'à déclarer la vente des oreillers et à en payer des impôts. C’est pourtant bien la conclusion du tribunal qui la condamné pour l’affaire des oreillers. L’argent qu’il a pu illicitement gagner lui sera largement repris sous forme d’amende et de confiscation de sa ferme, risque qu’il avait anticipé. Ce que n’ont pas compris juges et policiers, c’est que notre homme s’est sacrifié volontairement, pour faire parler du chanvre et faire avancer sa cause. C’est vrai qu’il aime l’argent, mais il ne l’utilise que comme outil pour faire avance sa cause. Il n’affiche aucun luxe, aucun goût pour ce dernier ! Mais il n’avait pas prévu que l’extrême droite puisse un jour arriver au pouvoir et procéder à un vif retour en arrière en matière de libéralisation du chanvre. Pour justifier sa détention, et la continuité de l’enquête, le juge valaisan n’a pas eu d’autre ressorts que de supputer l’existence d’une dizaine de tonneaux cachés ou d’argent blanchi ainsi que de blanchiment d’argent. Il s’appuie sur les aveux de Claude Rey, un ancien actionnaire de la société Valchanvre, « témoin » qui fut le seul à affirmer l’accusation des tonneaux « manquants », et qui a bénéficié d’une clémence toute particulière de la part du tribunal. Pour la seconde affaire dont l’instruction semble toujours en cours à la date du 22 Novembre 2002, ce point semble faire capoter une bonne partie des thèses de l’accusation car elle n’arrive pas à les prouver. Et oui, une enquête se fait à charge et à décharge, ce que certains policiers semblent parfois « oublier ». Gros titres dans la presse audiovisuelle et dans les journaux : « Rappaz : 51 tonnes de chanvre saisis ! ». En fait, pour Bernard, la détention de matériel était logique. Mais alors pas du tout pour le juge et pour la police ! Explication : On oblige Rappaz à extraire la drogue des produits qu’il vend. Une fois qu’il s’est exécuté à cette tâche, il y a au moins un court moment ou ce THC et cette résine lui reste « dans les mains ». Evidement, la logique voudrait qu’il détruise ensuite ces substances. Mais à cette époque, le gouvernement fédéral helvète avait officiellement déclaré vouloir légaliser le cannabis et que ce n’était plus qu’une question de mois ! En temps que bon paysan, Rappaz répugnait à gaspiller (détruire) un produit ou sous produit de son labeur, qui deviendrait légal dans quelques temps et pourrait donc lui rapporter quelques finances lui permettant ainsi de pouvoir faire face aux frais de procès, aux amendes et retards de payement des frais de ses sociétés (la ferme et le magasin). Ceci pour expliquer la présence de résine et de teinture mère dans son stock. Il les détenait, mais n’en vendait pas : il attendait l’autorisation de pouvoir le faire. Ce matériel n’était pas caché et même quelques policiers savaient qu’il le détenait : Rappaz leur avait dit et d’après lui tout était clair à ce sujet! Pour le reste des 51 tonnes : en fait, une vingtaine de tonnes représentait des sous produits pauvres en THC. La police les a quand même comptabilisés comme du stupéfiant. Pour le reste, il s’agissait d’anciennes récoltes de chanvre stockées et de la récolte annuelle en cours de séchage. Rappaz n’avait pas un chiffre de vente suffisant pour tout écouler légalement sa marchandise d’un coup, mais il était en attente de contrats avec des commerçants américains pour de grosses commandes d’huile essentielle (légale sans THC) représentant 30 ou 40 litres de ce produit. Il fallait plusieurs tonnes de chanvre pour faire face à cette commande. Le juge qui suivait Bernard doutait sérieusement de la réalité de cette commande et des possibilités du chanvre à être utilisé (rentable commercialement parlant) en parfumerie et cosmétique. Mais un jour cette commande est officiellement arrivée et notre pauvre juge, béa et stupéfié, n’a pas eu d’autre possibilité que de reconnaître qu’il s’était trompé !

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Résultat des courses, notre juge à du abandonner ses charges contre Bernard et a été obligé de rendre le matériel saisi. Cette affaire à coûté si chère à l’état valaisan et à sa justice qu’il était logique que Bernard ferait un jour l’objet d’une vengeance et que l’affaire n’en resterait pas là ! Pendant trois ans, le juge fit stocker le matériel cannabique saisi à Chavallon, en pleine montagne dans une ancienne usine désaffectée. Ce site était autant gardé qu’un camp militaire en pleine guerre. Et pourtant, ils ont réussit à se « faire voler » une tonne ou deux de ces produits ce qui fit grand bruit dans la presse locale ! Cette garde de plusieurs années, plus la location de l’usine, plus le reste coûta plusieurs centaines de millier de francs suisses. Une dizaine d’employés ont été embauchés pour réduire le chanvre de Rappaz en poudre, avant de lui rendre, afin qu’il ne soit pas en état de faire l’objet d’un nouveau trafic. J’ai eu accès à son dossier judiciaire, et à sa revue de presse depuis 1976. Bernard Rappaz n’a visiblement rien à cacher sur ses activités. Tout ce que j’ai pu lire ne peut–être relaté ici tant la masse d’information est immense. Cela pourrait faire l’occasion d’écrire un autre livre. J’en ai déduit, que si Bernard Rappaz n’a pas toujours été « tout blanc » dans sa conduite, celle-ci à cependant été dictée par ses convictions et qu’il a su faire preuve d’un réel courage et d’un non moins réel génie ! Certes, nous le verrons, il est un peu arriviste, manipulateur, narcissique, il aime l’argent mais n’est pas cupide. Ses proches lui reprochent d’être « imbuvable », imprévisible et parfois distant, presque hautain. Il est particulièrement doué pour retourner les situations difficiles à son avantage. C’est le lot des gens charismatiques dotés d’une grande intelligence. Il n’est pas Jésus et ne prétend pas l’être ! Ses défauts sont en fait un ensemble de qualité dont il a besoin pour affronter des adversaires de sa dimension pour le moins autant manipulateurs, opportunistes, menteurs ou cupides qu’on l’a présenté dans les journaux ! Certains juges, certains policiers, certains journalistes, certains politiques et dirigeants de l’UDC (le parti d’extrême droite suisse) sont particulièrement visés par ma remarque ! Mais il est vrai, qu’eux, n’ont pas vendu de stupéfiant !

V) Honneur aux dames : D

D

J’ai longtemps hésité sur le titre de cette partie, car la logique aurait voulu qu’il s’intitule plutôt « Mon embauche à Oasis » ou porte le nom de Sabine, mon employeur. Mais, cette femme au caractère exceptionnel est restée trop longtemps dans l’ombre d’un Bernard Rappaz plus impliqué médiatiquement. Toutefois, si Valchanvre existe encore, c’est bien grâce à la gente féminine de la société. Bernard ne peut donc que dire merci à celles qui n’ont pas déserté leur poste. Afin de rattraper cette attitude machiste plus ou moins inconscient qui nous caractérise, nous les bonhommes, je commencerais donc, honneur aux dames, par décrire celle que la répression avait sous-estimée.

Revenons un peu en arrière, si vous le voulez bien. Au moment ou je discutais avec la responsable de Valchanvre, devant la boutique. Il s’agissait de Sabine Zysset, la femme de Bernard Rappaz, gérante de fait de l’enseigne depuis certains événements. Ceux qui connaissent cette femme, savent au combien elle est brave, tant sur le plan altruisme qu’au niveau du caractère. Que dire de ma « patronne » sans rendre jaloux mon patron ? Je m’autorise ici à braver ce risque car j’ai trop de respect pour cette femme qui m’a tendu une main au moment ou la plupart me rejetaient. Sabine est une très jolie jeune femme de 27 ans, ce qui n’est pas toujours un avantage dans le monde des affaires. Elle est assez grande, brune et témoigne d’un petit coté italien qui ressort aussi dans son caractère. C’est une femme de tête, du moins, qui s’est révélée ainsi. Elle ne se laisse pas berner facilement et sait toujours dans « quelle direction elle va » ! Autre traits de caractère qui fait d’elle un être remarquable : sa simplicité. Elle sait se passer de tout l’artifice de la traditionnelle « pimbêche » (Houlà ! je vais me faire clouer au pilorie par certaines féministes). Malgré ceci, elle sait « rester » femme, comme en témoigne le fait qu’elle amenait toujours son bébé de partout, même lors des interviews. En fait, je définirais d’elle qu’elle est coquette dans la simplicité et le naturel.

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Sabine à la ferme Oasis pendant l’incarcération de Bernard : pas de luxe et un confort minimaliste. Etrange pour des gens présentés comme des milliardaires du chanvre par les différentes presses européennes. Serait-ce un peu … beaucoup exagéré ?

Elle a su s’adapter à un monde d’hommes, en cernant leur psychologie moyenne de base. Cela ne lui permet pas d’y être « à l’aise », mais d’être moins surprise qu’autrefois et de pouvoir leur « tenir la dragée haute » en affaire. Elle a supporté la société Valchanvre et la ferme Oasis pendant toute l’incarcération de Bernard. Bien sur, cela n’a été possible que parce que les employés qui sont restés par idéal, ont tenu le choc et ont fait du meilleur qu’ils ont pu. Mais avec Sabine comme patronne, cela a donc été relativement « tranquille » de traverser la crise. On présente souvent Bernard comme un trafiquant, un être immoral et sans scrupule. Si c’était le cas, je ne pense pas que Sabine aurait pu se mettre en couple avec pareil individu. De confession bouddhiste, elle fuit toute sortes de vices dont elle connaît par avance les aboutissements néfastes. Elle privilégie la nourriture bio. et la vie saine, si on peut le dire ainsi, car le combat qu’elle mène pour le Chanvre ne lui apporte pas la tranquillité que toute femme est en droit de souhaiter. C’est à l’origine une citadine mais qui n’a pas été vraiment coupé de la nature. Doté d’une connaissance approximative et empirique des mondes paysan et biologique, elle a su faire preuve d’une formidable capacité d’apprentissage, d’adaptation et de sang froid. Moi qui ai vécu cette reconversion agricole, je lui tire le « chapeau bas » car je dois avouer que ce n’est pas facile de devenir paysan, d’en comprendre les principes et les rouages et d’accéder au contenu de leur savoir plus transmis par l’expérience et l’exemple que par des mots et des équations. En plus dans le domaine spécifiquement rigoureux du bio. Il y a donc une part militante en elle qui la pousse en avant. Ce n’est pas par hasard, je pense, qu’elle est devenu la compagne de Bernard au sein de plus de 7 milliards d’habitants. C’est comme gagner au loto : la part de réussite de cette rencontre était mince, n’est-ce pas ? D’autant que militer pour le Chanvre ne suffit pas à ces gens : il faut aussi qu’il soit bio ! « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », me direz vous ! Seuls ceux qui pratiquent aujourd’hui le bio, sur n’importe quel végétal que se soit, connaissent toute la peine supplémentaire qu’implique un tel choix. Pas de désherbant, pas de traitements chimiques … de l’huile de coude permanent et une attention constante pour anticiper les problèmes. Pas de vacances, peu de sommeil, tel est le lot du quotidien de l’agriculteur bio. Rajoutez à ceci que bien peu de femmes supportent un tel traitement. Ou alors, comme dans le cas de Sabine, qu’elles soient aussi convaincues de la nécessité de ce « combat » qu’est le bio. Sabine et Bernard, chacun à son niveau, ont choisi de lutter par des moyens non-violents. Ils « prennent des coups » et répondent en faisant le « dos rond ». Ils pensent qu’à terme, la justesse de leurs propos et de leur cause, seront s’imposer sous l’éclairage de la vérité. La réponse non-violente, je la connais pour l’avoir pratiqué. Mais j’ai connu là un échec personnel, j’étais persuadé que cela ne pouvait pas fonctionner, du moins en France, pour cause de « règle du jeu » truquée.

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Mais avec ces deux personnages, je tombe des nues … bien sur qu’ils se sont exposés, qu ‘ils furent salis et bien sur qu’il y a eu souffrances … mais en osant, insistant, persistant et signant, ils ont changé, avec quelques autres pionniers, une partie de la situation cannabique en Suisse dont les élus, parlait à l’époque, officiellement de « libéralisation du marché ! Leur volonté avait payé, et tout ce qu’on leur reprochait, n’était qu’artifices utilisé comme arme car seul comptait leur but : la réhabilitation du Chanvre. Un juge, un procureur, un politicien, un financier ou un industriel, ne peuvent pas comprendre l’idéalisme, ni le prévoir … car ils fonctionnent dans des sphère psychologiques différentes. Ils en ont peur car ils s’effrayent à la pensée de se faire surprendre par quelqu’un dont ils ne peuvent cerner la psychologie exacte. Au point d’avoir précipité, cette fois ci, eux même, ce qui manque gravement au chanvre dans d’autres pays : un débat public médiatisé. La force de Sabine et Bernard : cette non-violence et le fait qu’ils avaient raison, qu’ils ne pensaient pas seuls en faveur du Chanvre. Leur seconde force : les appuis de la part de gens non fumeur mais chez qui le message écologique et économique est bien passé. C’est à dire le monde agricole, et tous ceux qui gravitent autour comme des négociants en vin, en fruits ou en semences, … et les consommateurs ! Pour ce qui est de leur cause, certes, ils n’avaient pas que des amis, leurs détracteurs furent même nombreux. Mais j’ai remarqué qu’on n’en trouvait bien plus chez ceux qui ne connaissent pas directement Valchanvre et composante. En fait, les gens de la région sont partagés. Il est difficile ici de parler de Sabine, sans parler de Bernard plus connu. Toutefois, je dois préciser, comme nous le verrons plus tard, que son « bonhomme » à un caractère atypique, un peu rustre ou trop direct dans le verbe, qui met parfois ses interlocuteurs mal à l’aise. Paradoxe du monde du Chanvre, l’homme n’est pas aimé pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il a fait et prétend vouloir faire encore. Souvent, l’admiration et le respect l’emportent sur l’affront d’une remarque ; ce qui fait que Bernard échappe souvent à des conflits directs, l’individu restant « estomaqué ». Sabine, c’est l’inverse qui équilibre bien le couple. Elle est plus patiente, plus tolérante, elle s’implique plus socialement parlant. D’ailleurs, c’est un des traits dominant apporté par la féminisation du bureau de Valchanvre: elles apportent un peu d’humanité au sein d’un monde d’affaire impitoyable et routinier, tant par la chaleur de leurs voix, le charme de leur présence, bien sur, mais aussi la sagesse de jeunes mères avec enfants, et tout le cadre sécuritaire et chaleureux que cela impose. Curieusement, certains mercredi, le magasin ressemblait, à s’y méprendre, à une garderie d’enfants. Loin de rebuter les livreurs ou la clientèle, cet événement donnait un petit coté sérieux et tendre qui passait bien. C’est aussi la preuve, pour les visiteurs, que nos produits issus du chanvre bio, exempt donc de produits chimiques comme de THC, ne représentent aucun danger pour des enfants, même pour un tout jeune comme Dorien, le fils de Sabine. Toutefois, la prudence recommande quand même une surveillance de chaque instant, car on n’est pas à l’abri d’une chute dans les escaliers ou d’un phénomène similaire. D’autant que des gamins aiment bien monter sur les ballots de chènevotte …. par exemple.

L’ami Phil et moi (derrière l’appareil photo), déchargeant un camion de marchandise dans le magasin (ici essentiellement constitué de ballots de chènevotte, de terreau de chanvre et de litière pour chat).

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A contrario de ce que j’ai constaté, les mots couchés sur les rapports de police et les minutes du tribunal, furent choisis, pesés, associés dans un montage grammatical pour salir et discriminer cette chanvrière famille. J’y ai senti une malsaine volonté politique, mais surtout, de la haine, de l’espèce la plus dangereuse car imprégnée de passion haineuse. Mais qu’importe, beaucoup viennent leur serrer la main, prendre des nouvelles. Bernard, plus médiatisé que Sabine, se voit obligé de signer de temps en temps des autographes … ce n’est pas qu’ils affectionnent ce coté stupide de la célébrité qu’est la vanité, mais ils voient dans ce comportement des gens la récompense de leur action et y sont très sensibles comme le témoigne le fait qu’ils accordent toujours un peu de temps et d’attentions à ces heureux interlocuteurs. Messieurs les acteurs de la prohibition suisse, il apparaît dans les dossiers Rappaz que vous vous êtes fait bernés. En voulant précipiter la fin du gêneur, vous avez occasionnés la vôtre ! Ce qui n’est en fait pas bien grave pour vous puisque je connais quelques autres domaines que vous travaillez « au corps » en ce moment (tabac, alcool, …), et qui ne vous laisseront pas au chômage. Vous pourrez y jouer vos rôles de censeurs et de donneurs de leçons à la perfection. Mais faites cela proprement cette fois, car des « empêcheurs de censurer en rond » comme Sabine Zysset et Bernard Rappaz, pourraient alors refaire surface ! Tous les coups bas y sont passés. De l’argent a même disparu d’une « planque », pour utiliser le terme policier, en plein cœur de la perquisition de novembre 2002. La police a essayé d’en faire porter le « chapeau » à Sabine. Ils faudrait alors qu’ils s’expliquent comment, malgré la présence d’une centaine de policiers, d’un Bernard Rappaz menotté et d’une femme surveillée, « quelqu’un » a pu casser une cloison en lambris et y soustraire une somme qui visiblement dépassait les 100 000 francs suisses sans se faire voir, sans se faire contrôler ? Et pourquoi une partie de cette somme est revenue (pendant l’interrogatoire de Rappaz, le mettant hors de cause), comme par enchantement, après la perquisition, posée à même le sol dans un vulgaire sac de commissions ? Pourquoi aussi, la perquisition de cette partie de la demeure, n’a pas été faite en présence de Bernard ou de Sabine, mais d’un tiers, actionnaire au sein de la SARL de Valchanvre. Acte illégal non conforme au Code de Procédure qui devrait entraîner logiquement l’annulation du jugement pour vice de forme. « Qui a fait ceci, qui a gardé le reste de la somme et pourquoi » ? Qui pouvait évoluer ainsi en plein « boom policier » sans se faire remarquer. Pour moi la réponse est contenue dans la question. Je ne peux que vous laisser juge et méditer dessus le problème car je n’ose pas m’aventurer à le faire ici. La réponse à ces questions renvoie à des éléments flagrants de réflexion qui permettent d’en éviter le débat. En tout cas, en temps qu’étranger, si j’ai un droit de regard sur la façon de fonctionner de ceux qui m’accueillent, j’ai aussi un devoir de réserve pour ce qui est de ma critique car je ne peux et ne veux pas mordre la main d’une partie d’un peuple qui m’ont accueilli si généreusement. VI) Bernard RAPPAZ tel les médias n’en ont jamais parlé ! Si je vous dis que j’ai travaillé presque 5 mois sans connaître mon patron, me croirez-vous ? Lorsque je suis arrivé à la ferme, il était en prison. Il y était pour l’affaire des coussins (oreillers remplis de chanvre) et non pas pour celle des 51 tonnes saisis qui fera l’objet d’une nouvelle inculpation plus tard. Mes prédécesseurs m’ont vite formé au matériel et au job à faire puis sont partis. Avec ma patronne, je me suis retrouvé seul aux commandes du navire « Oasis » en pleine tourmente prohibitionniste. Mais ce n’était pas cela qui m’inquiétait le plus. Nombre de personnes malsaines avaient pris l’habitude de errer dans la ferme, la nuit tombée, dans l’espoir de voler du matériel agricole, de l’herbe oubliée par la police ça et là par terre ou déterrer quelques plantes sauvage à qui, le printemps revenu, avait permis de repousser. Malgré cette pression, malgré le fait que la ferme n’avait ni grillage, ni alarmes, ce fut un immense plaisir pour moi de m’attaquer à ce travail. En fait, je vivais le rêve de tout fumeur, de tout planteur clandestin français ou étranger : faire pousser de la « beuh » à la dimension agricole, légalement et travailler à de nouvelles variétés ! Cet Eden dura quelques mois puis cessa brusquement lors du retour de Bernard. Je connu alors un patron cool sur de très rares points, et surtout autoritaire. Il ne communique guère sur ces pensées et n’explique jamais ses décisions. Il faut donc apprendre à l’interpréter et à lire entre les lignes sous peine de déclancher une réaction d’énervement. Ce qui me paraissait important ne semblait pas l’être pour lui et vice-versa ! D’entrée, notre relation fut houleuse et compliquée. Avec du recul, je n’affirme pas qu’il avait tord tout le temps à mon sujet. Ma condition de mec en quasi cavale, ma séparation avec ma fille, ma concubine et tout ce qui en

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découlait m’avaient affaibli et quelque peu fait déprimer. Mais le bonhomme était franchement imbuvable dans la vie relationnelle qu’il a avec ses employés et ses proches : il demande beaucoup et ne pardonne jamais ! Il m’a toutefois accueilli et protégé en un moment difficile de mon existence et le remercie beaucoup pour cela !

Bernard Rappaz n’est ni un escroc, ni un rigolo : au magasin, dans son bureau, on peut y voir plusieurs diplômes dont celui d’ingénieur agronome.

A contrario, Bernard le pestiféré, dans la presse, ne l’est pas du tout dans ses relations avec ses potes. Policiers, douaniers, journalistes, … mais aussi épiciers, agriculteurs, ministre et homme d’affaires viennent le consulter comme un ami, le réconforter et, pourquoi pas, se « taper une grimpette » à plus de 2500 mètre d’altitude pour pécher une truite sauvage en lac d’altitude, loin de toute influence humaine. Cet homme arrive a gagner le respect de ses détracteurs, enfin, au moins une partie de ceux qui sont penchés sur son cas. C’est un autre Bernard Rappaz, toujours non violent, mais patient, tolérant et philosophe qui se présente sous son meilleur jour lorsqu’il est en présence de personne qu’il estime ou qu’il combat. L’article suivant illustre au mieux ce fait et Dieu sait que ce journal n’a pas souvent été tendre avec Bernard : Lettre ouverte à Bernard Rappaz Le Nouvelliste du 11 novembre 2008 PHILIPPE BARRAUD journaliste Cher Bernard Rappaz, Cinq ans et huit mois d'emprisonnement ferme: la facture est salée. Et encore: le procureur avait requis dix ans de réclusion! Il ne s'agit évidemment pas de contester la gravité de vos fautes, qui sont lourdes, mais c'est l'occasion de réfléchir sur la justice que l'on applique, et les valeurs que l'on défend dans notre société. Au fait, Bernard Rappaz, combien de morts à votre actif? Très vraisemblablement aucun. Et les grands cigarettiers installés en Suisse romande, combien de morts à leur actif? Avec les années, sans doute davantage qu'Hitler et Staline réunis. Et en Suisse, modestement, environ 8000 à 10 000 morts par an - davantage que toute la population de Viège. Ce n'est qu'une statistique certes, mais un jour c'est votre père, votre femme, ou un bon copain - je vous parle d'expérience. Et là, la statistique devient terriblement parlante. C'est que notre allergie au risque est extrêmement élastique. Les 10 000 morts cités plus haut ne nous dérangent pas. A l'inverse, il arrive qu'un groupe pharmaceutique doive retirer de la vente un médicament efficace, parce qu'on le soupçonne d'être associé à trois ou quatre décès suspects. Personne n'y trouve à redire, c'est notre sécurité qui est en jeu. Lorsqu'on découvre des traces d'amiante sur les murs de locaux utilisés par des recrues, «Le Matin» hurle au scandale, alors que le risque réel est proche de zéro. Imaginez maintenant qu'un Bernard Rappaz-bis lance sur le marché un produit d'agrément susceptible de causer un à deux morts par année. Ce produit serait immédiatement interdit, bien entendu. Inutile de dire que si le produit en question risquait de coûter la vie à 10 000 personnes par an, le Rappaz-bis serait carrément jeté du haut de la Pierre Avoi! Comment pouvons-nous dès lors accepter que des multinationales exercent tranquillement chez nous une des activités industrielles les plus meurtrières qui soient? A Neuchâtel, une usine fabrique des cigarettes dont la production et la consommation sont interdites en Europe, tant elles sont toxiques. Destination: les pays pauvres! A Lausanne aussi, ministres et conseillers municipaux ne manquent jamais d'aller faire leurs dévotions chez le grand cigarettier du coin. La différence d'avec vous, Bernard Rappaz? Vous, vous êtes tout petit, le dindon de la farce idéal, que l'on peut juger et condamner sans remords pour ses activités délictueuses. Les autres sont si puissants qu'on ne peut que s'écraser devant eux - malgré les millions de cadavres. Déprimant, tout ça, non?

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Devant une caméra, Bernard est en extase ! Il adore cela et redouble d’intension envers les journalistes. Il aime qu’on parle de lui … et qu’on le fasse parler. Il a un ego démesuré ! Il vit dangereusement, n’a pas peur des risques qu’il fait aussi prendre à d’autres, souvent moins avertis que lui. L’homme est un curieux personnage, atypique, mais aussi empreint d’un génie qui force l’admiration. En effet, tous les défauts que je viens de citer, il arrive souvent à les transformer en qualité. Ainsi, il va de l’avant, persuade, explique, impose et démontre. Sa connaissance du monde agricole et du bio, ainsi que de l’humain, est immense, je dois le reconnaître car il me l’a souvent prouvé. Moi qui suis chrétien pratiquant, sans me le dire, il m’a prouvé que je commettais un péché d’orgueil à son sujet : je le jugeais et ne lui pardonnais pas ce qu’il était dans son coté irascible! Bref, ce monsieur m’a perturbé très fortement, comme à tous ses collaborateurs d’ailleurs. Mais tous, on s’efface devant sa personne tant on a d’admiration pour ce qu’il a fait en faveur du chanvre et dans quelques autres sujets.

Même menotté, Bernard Rappaz ne perd pas son célèbre sourire ! (photo un peu froissée du Nouvelliste, quotidien valaisan).

Bernard à commencé sa carrières atypique par une grosse boulette : il a participé à un braquage de banque comme chauffeur. En fait, ce fut la folie de paysans en colère qui se vengeaient ainsi des taux usuriers pratiqués par cette agence. Mais beaucoup de suisses ne lui pardonneront jamais cet acte. S’il a compris depuis l’erreur qu’il a commise, il a tourné le dos à ce passé et s’est acharné à vouloir continuer son combat contre de tels gens, mais dans une forme la plus pacifique possible. Moi, j’ignorais tout cela de lui, à mon arrivée à la ferme, j’ignorais même l’existence et la teneur de ses affaires en cours. J’étais venu pour me réfugier et pour bosser également dans le chanvre tout en n’étant pas naïfs du caractère polémique de cette plante et des risques judiciaires encourus. Je suis venu en temps que soldat, quelque part, prêt à mourir pour un chef et pour une cause. J’hurlais contre cette injustice et souhaitais m’y opposer. Très français comme réaction ! Mais Bernard Rappaz n’a rien d’un chef militaire, encore moins d’un chef de gang ; c’est un penseur visionnaire, quelqu’un en avance sur son temps, mais pas 100 % humaniste, car il aime aussi l’argent et les privilèges. Les faits m’en donnent raison : il n’est pas devenu un combattant révolutionnaire, il est devenu un commerçant militant ! Je me suis donc fait une raison, en me disant qu’il avait beaucoup à m’apprendre et que je vivais chez lui, et grâce à lui, une passion : le chanvre ! Il ne faut surtout pas se butter contre lui, c’est inutile et antiproductif, et évidement, j’ai commis cette erreur ! En résumé, cet homme à les défauts nécessaires, pour que nous, les mules, on avance ! Respect ! Puis vint l’irréparable. J’ai vu cet homme sous un angle que personne n’avait pu percevoir jusqu’alors. La prison ne l’avait guère affecté, mais la mort de Dorien, son dernier né, l’avait démoli. Il était devenu pitoyablement humain, du genre le plus « vulgus ». Il a beaucoup souffert mais semblait vouloir maladroitement le cacher. Cela a détruit son couple. Sabine était encore plus affectée que lui.

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Dans un élan d’autodestruction, il a tout perdu, son fils, sa femme et son ami le plus fidèle qu’il n’avait jamais voulu reconnaître comme tel : c'est-à-dire moi-même. J’espère qu’il s’est bien reconstruit depuis parce qu’on à besoin du Bernard Rappaz tel qu’il l’était ! Pardonne moi, Bernard, comme je t’ai pardonné ! Tu vois, je ne te juge plus et cette partie n’est pas dédiée à mes lecteurs, mais à toi, car je n’aurais jamais pu te dire tout cela en face, surtout à l’époque, on se serait encore pris de bec !

VII) Mon job à Oasis : A) « Je débarque » : C’est la première fois de ma vie où, arrivant par la petite porte d’une déjà bien belle société, on ne parle pas d’un petit commerce ici, je me retrouve livré à moi même pour ce qui est du travail et des décisions à prendre. En fait, j’ai du assumer le rôle de d’ouvrier agricole, de bricoleur, de technicien agronome, de patron, parfois, par la prise de décision. Ce fut une expérience très épuisante mais aussi très enrichissante à tous les niveaux. Les deux employés agricoles français faisant défaut quelques temps après mon arrivé, il ne restait que Sabine, moi et Marcelline en guise de miette d’une équipe évoluant habituellement autour de 12 personnes minimum. Sabine s’occupait du magasin et me secondait à la ferme pour toutes les décisions importantes. Deux employées féminines étaient restée au magasin et s’occupaient de l’administratif et de la vente. On peut dire qu’elles ont travaillées bénévolement puisqu’elles n’ont pas touchés de salaire pendant plusieurs mois. Il existe donc, dans le monde du chanvre, une solidarité qui s’apparente à celle remarquée dans toutes les formes de combats sociaux ou de résistance armée. Seul, avec Marcelline (plein temps), Olympia de temps en temps et un coup de main sporadique mais conséquent de deux bénévoles, nous avons planté, retourné, nettoyé, bouturé, sans cesse d’avril à juillet. Marcelline s’est chargé de la plus grosse partie des boutures et a fait aussi du repiquage. Les fruits venus, c’est Marcelline encore et Olympia (une autre ancienne employée) qui ont assuré le travail de ramassage de début août à mi-septembre. Sans elles, on n’aurait rien pu faire de bien sérieux. J’ai parallèlement débroussaillé les herbes des champs fruitiers et de la ferme pendant un mois. Ensuite je suis tombé malade pendant tout le mois d’août. Diminué physiquement, j’ai commencé alors à m’impliquer dans la garde de nuit, pour faire face aux vols nocturnes qui commençaient à l’approche de la maturation des plantes les plus précoces. Quelques livraisons en camion, du nettoyage d’entretient de ferme, de la rigueur dans le rangement. J’ai réparé aussi la distribution d’eau d’arrosage, j’ai réparti des accès d’eau dans toute la propriété. Notre chanvre n’a pas souffert de la saison sèche et Bernard était rassuré sur sa qualité lors de sa sortie de prison. A mon arrivée, le nettoyage m’a beaucoup impliqué : une perquisition de 100 policiers laisse toujours des traces et de la casse, qu’il a fallu réparer. D’autant que la ferme a été cambriolée aussi, après coup. Lampes sodium et matériel agricole avait disparu en grand nombre. Tout ce qui était par terre a été nettoyé, trié et rangé, des étagères remisées contre les murs. Il y avait parallèlement beaucoup de problèmes d’électricité que j’ai résolu les uns après les autres. Je suis alors retourné discrètement en France en prenant bien soin d’éviter tout ce qui état bleu et portait un képi. J’ai ramené un camion entier d’outils et d’étagères métalliques m’appartenant pour pouvoir faire face aux réparations.

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Dégâts de la perquisition : cette grange et cette porte sont célèbres puisqu’elle sont présente dans un reportage télévisuel français sur Bernard de (M6 émission Capital). Dans ce dernier, on la voyait remplis de tonneaux bleus eux-mêmes remplis de fleurs de chanvre. Outrés par le contenu de ce reportage, les policiers valaisans et le juge débarquent en force à la ferme quelques jours après ! Ci-dessus, la vitre qu’ils ont brisée pour pouvoir pénétrer dans la pièce et en vider le contenu.

L’éolienne, célèbre car présente dans tous les reportages et vidéos sur Bernard est tombée en panne début août. Le moteur a grillé et devra être changé. C’est un travail que je n’ai pas pu prendre à ma charge. Mais, j’ai commuté tout l’éclairage de la ferme branché sur l’éolienne au 220V secteur afin de nous dépanner. J’étais donc en mesure de pouvoir faire face aux travaux de remise en état général de la ferme.

Bernard Rappaz fut le premier suisse à se doter d’une éolienne, à une époque ou cela était défendu. Traîné en tribunal, il a gagné et a fait changer la loi ! Aujourd’hui, la Suisse encourage les équipements en énergies douces. En France, on ne connaît Bernard que pour sa cannabique attitude, mais en Suisse, cet homme a su mener de multiples combats. Du coup, il est là-bas considéré un peut comme notre commandant Cousteau ! Quand on veut juger cet homme, il ne faut donc pas oublier tout ce qu’il a fait de positif !

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Préalablement, en avril, j’ai du installer 16 lampes Turbonéons au dessus des tables de bouturages, 9 lampes sodium 600W dans la Serre 1 et 12 lampes sodium 600W dans la petite serre. L’installation existait déjà en parti, mais j’ai du détourner, prolonger, repiquer, distribuer, étanchéifier, … une bonne partie du réseau des lampes sodium (24 lampes quand même). Ce qui avait le don d’exaspérer Bernard car avec tout cela, il me reprochait qu’on travaillait à nourrir l’industrie nucléaire. Toutefois, il a su avouer que cela nous permettait de devenir compétitif en terme de maintient de plantes mères et de productions de boutures !

Branchés en parallèle de l’éolienne, il y avait aussi des panneaux solaires (photo de gauche), et une foule de batteries, le tout relié à une centrale commutatrice (photo de droite). La politique de la ferme est le « Tout BIO ». Son évolution logique serait la Bio Dynamie. Ce qui signifie pas de chimique au niveau des engrais et des traitement, certes, mais aussi et surtout : pas de désherbant. Le désherbage est donc constamment manuel ou mécanisé mais ne saurait souffrir d’une assistance chimique. Vous passez une énorme partie de votre temps qu’à cela. Moi, je débroussaillais, Marceline et Olympia sillonnaient les champs et les serres en désherbant tout à la main et à la sarcleuse (outils manuels). Ceux qui n’ont jamais pratiqué la culture bio. râle souvent auprès des prix pratiqués dans ce secteur. Qu’ils viennent voir de plus près la chose, après, je suis sur qu’ils changeront de discourt. En récompense, le Label bio suisse « le Bourgeon », must des must du genre, a été attribué à l’ensemble de la production, que ce soit pour les fruits ou pour le chanvre. Ce dernier est labellisé bio, une première dans le monde. Nos concurrents, lors de la CannaSuisse Cup (CannaTride), alignent du chanvre non bio, gonflé au « chimique » et sont toujours époustouflés par la dimension de nos plantes et celle de nos sommités. La Walizer Queen, championne des championnes en Suisse, reste toujours sans rivale. Cette variété n’a pas pu cependant être homologué pour cause de « trop forte teneur en THC ». Dès début juillet, nous passons du temps à rechercher les mâles et les hermaphrodites dans les champs, les arracher, les détruire aussi (pour éviter le pollen et les risques de contamination). La balade matinale au milieu des plantes est donc quasiment obligatoire. C’est un spectacle magnifique ou jour après jour, on aperçoit fleurir les différentes variétés, découvre leurs senteurs, leurs couleurs et leur majestuosité. La lumière matinale, joue sur les ombres et l’intensité des couleurs. La rosée vient rajouter un effet visuel supplémentaire : éclairée par des rayons rasants, elle brille de mille couleurs, à l’ombre ; elle donne un aspect blanc argenté au-dessous des feuilles et aux fleurs. Et l’odeur …ah l’odeur, elle, varie en fonction des époques, de l’état de la floraison, du taux d’humidité, de la température et des variétés. Le chanvre non mur mais déjà grand, exhale déjà une franche odeur. Celle-ci est très musquée, certains non habitué, la trouvent un peu gênante. A contrario, dès la floraison, le parfum évolue, se fait raffiné et plus précis. La fragrance plait comme celle du lilas ou des jacinthes. Selon les variétés et genres, on dénote actuellement plus de 60 fragrances distinctes qui vont de la lavande aux agrumes, en passant par le musc, la vanille, la fane de carotte (hé oui !), des odeurs atypiques mais plaisantes comme la framboise et la fraise, …etc., et bien sur, toutes les combinaisons de mélanges intermédiaires possibles.

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En fait, la liste ne semble pas exhaustive du fait qu’on remarque, de temps à autre, de nouvelle fragrance. Cela provient tout simplement qu’on redécouvre actuellement le Chanvre et qu’un semblant de levé de l’interdit favorise son expansion et les recherches sur ce dernier. Son huile essentielle, qui garde donc beaucoup des propriétés odorantes de la plante, en concentré, a donc de sérieux débouchés dans la cosmétique, l’industrie du parfum et celle de l’alimentaire. Car il s’agit d’une huile naturelle, non toxique et sans THC. Les sous-produits qui en dérivent sont toujours hypoallergéniques Très peu de personne semblent allergiques aux huiles essentielles en général, mais il faut toujours conseiller aux nouveau clients d’essayer une petite quantité du produit (parfum, shampoing, etc. …) sur une petite surface de peau. Donc, c’est une huile essentielle naturelle qui se veut concurrencer le secteur économique des parfums chimique. Encore assez cher (de 10 000 à 14 000 FS le litre), l’huile essentielle avec certaines flagrances est déjà concurrentielles des autres produits naturels qu’elle remplace. C’est le cas de la vanille et du musc végétal par exemple, bien plus chers encore. Avec des produits Valchanvre, non seulement vous n’avez affaire qu’à des produits naturels sans rajout de produits chimiques, mais en plus, des produits bios certifiés par le label Suisse Bourgeon. On ne peut pas mieux. Evidement, ils ne vendent pas que des produits naturels 100% bio car, par exemple, c’est actuellement très difficile et très onéreux d’investir dans de l’alcool bio pour la fabrication de parfums. La clientèle acceptant de payer un certain prix mais pas au-delà. Dans le système capitaliste, la non rentabilité d’un produit impose donc sa non création et par conséquent, sa non diffusion. Pour un magasin fort éprouvé par la répression, sans subvention de l’Etat ou de mécènes, il est donc impossible d’aligner une gamme de produits non rentables, même si, paradoxe économique, la demande de ce genre de produits est forte et pressante J’ai l’air de faire de la pub à ce magasin, je tiens à m’en défendre ici. Le Chanvre n’a pas besoin de publicité ; c’est le seul produit qui semble dans ce cas. Si je suis amené à détailler autant leurs produits et à les vanter, c’est pour vous expliquer leur concept, très largement répandu et de plus en plus populaire, d’accéder à des produits naturels et sains. Evidement, pour des raisons de coût bien inférieurs, le chimique a encore de beaux jours devant lui. Toutefois, le Chanvre a donc sa place dans le secteur concurrentiel en pleine expansion des arômes et parfums naturels. Son coût actuel exorbitant peut chuter du jour au lendemain. Tout n’est qu’une question de surface de production. Plus le Chanvre sera cultivé, plus son coût baissera, tel est la loi des marchés et de la concurrence. En ce moment, l’expansion de ce Chanvre là subit un freinage brutal par la pression de la prohibition et de la répression. Cultivé sur de grandes étendus, le Chanvre embaume des zones agricoles entières. Les villages et hameaux de proximité en profitent. Je vous assure que le parfum du Chanvre cultivé est agréable et exaltant, vivifiant même. Il ne drogue pas et tous ceux qui ont connu cet état pastoral avouent qu’ils aiment bien cette odeur et qu’en tout cas, ils la préfèrent de loin à celles des usines chimiques, des porcheries ou même d’une biscuiterie. Car le Chanvre rapporte, embauche, permet de joindre les « deux bouts » à un monde paysans écœuré et sans avenir. Les prochaines années (je ne savais pas alors que l’aventure se terminerait), nous améliorerons encore notre rendement, car Oasis vient de mettre au point un nouvel engrais azoté bio aussi puissant que le chimique. Un surdosage nous a coûté la vie de 120 plantes dans l’expérimentation. Des boutures tardives repiquées début août sont montées à plus de 2.50 mètre avec un seul apport d’engrais qui explique cet effet turbo. Les variétés précoces témoins repiquées à la même époque sont restées petites car elles ont fleuries dès mi-août. La floraison d’une plante stoppe sa croissance au niveau des branches et du feuillage. Mais l’apport d’engrais de croissance azoté bio Valchanvre n’a pas perturbé cette floraison, contrairement aux engrais azoté chimiques. La récolte est prenante aussi, le travail est physique et méthodique. Description. Les plantes de 2 à 4 mètres de haut, généralement, sont sciées à la base, puis transportées soit à la ferme, soit directement à la distillerie.

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A la ferme, les plantes sont réunies en bouquet et étiqueté au sujet de leur variété, de leur lieu de culture et de la date de récolte. Le chanvre est ensuite hissé dans les greniers de la ferme aménagés en séchoirs. Par un jeu de suspentes et de fils de fer, le chanvre est accroché à même sous le toit, la tête en bas, et subit une longue déshydratation. Par phénomène de pesanteur, la résine contenu dans la sève des branches descend lentement en direction des sommités et ressort par les poils glanduleux (terme suisse) de ces dernières. Si vous comptez aussi le temps pris à taper ce livre, relever des informations, prendre des photos, les retraiter informatiquement, s’occuper à trouver des plantes mères pour la saison suivante (30 plantes mères sélectionnées, 22 retenues et bouturées, 15 boutures par plantes), les bouturer pour les sauver, les soigner, prendre des notes, nourrir chat, poules et chiens de garde, faire les commissions …et j’oubliais, grillager la propriété, faire des portails, répartir des alarmes le long de la section grillagée (près de 400m linéaires), construire des placards ventilés à plantes mères … etc. Cet hivers, il faudra aussi couper et arracher des arbres, préparer le sol pour une nouvelle serre qu’il faudra aussi monter (100m de long, 8 de large), … et le cycle recommencera.

Le chanvre récolté est soit séché en Grange, soit mis en caisse vert pour être distillé. Mais on ne possède qu’un alambic et on ne peut pas tout distiller à la fois. Une récolte peut aller jusqu’à 12 tonnes. La distillation de chanvre vert donne une qualité d’huile essentielle différente du chanvre séché. Odeur, quantité produite, couleur, utilisation du produit final, tout provient de connaissances et d’une alchimie qui joue sur les deux modes de préparations.

La vie d’un paysans et très prenante et physique, je comprends que certains ont préférés devenir citadin, c’est plus simple. Désolé de vous contredire, monsieur le procureur de Grenoble qui m’avait par une fois traité de raté, mais vous n’êtes pas capable d’en faire autant que moi, et vous, derrière votre bureau avec votre soif de punir et votre avidité de pouvoir, vous qui enfermez les gens de l’herbe et de la petite fumée, qui les persécutez, vous, vous êtes un raté ! La différence entre vous et moi, monsieur, c’est que je suis capable de compassion envers autrui. Et j’ai trouvé aussi que vous aviez un peu de ventre ! Pas moi ! En conclusion, celui qui veut faire chanvrier, n’a pas intérêt d’être fainéant ou en mauvaise santé. Il faut aussi dire adieu aux vacances, sauf peut être dans la période hivernale s’il sait gérer son temps. A contrario, le travail est motivant, intéressant et souvent varié. Être bricoleur, curieux et ingénieux est un plus. Dans un secteur ou tout reste à faire, celui qui innove s’ouvre des débouchés nouveaux dans un secteur vierge … mais plein de risques. Toutefois, l’agriculteur plus classique à toutes ses chances de gagner un bon revenu avec le chanvre, s’il trouve un repreneur par contrat dans des débouché déjà existant. Pour la production d’huile essentielle, le Chanvre lui rapporte actuellement 12 000 FS à l’hectare (revenu proposé par Valchanvre), ce qui est 2 à 3 fois plus que les cultures habituelles. Mais cela comporte des risques : il ne faut évidemment pas que la récolte soit saisie par la justice ni dépouillée par les voleurs ! B) La « fièvre de l’Or … Vert » !

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(Ironique :) Commandement des brigades vertes Quartier Général de l’Oasis Brigade Canine et Féline de Surveillance et d’Intervention

Photo 1 : de gauche à droite, Doudou, Charly et Yoko la teigne, le bon, la (fausse) brute et … le truand ! Photo 2 : quelques uns de nos sympathiques minous dans l’exercice de leur principale occupation: la sieste !

Branle bas de combat à la ferme : la nuit tombe. Les chiens ont mangé depuis deux heures et sont d’attaque pour le boulot. Branchement des alarmes pour les serres, et c’est parti pour un premier tour, armé de ma lampe Makita 12VDC turbo – rechargeable d’un million de lumens. D’abord, vérifions que tout est bien rangé, que je ne me « mange pas un râteau » en me déplaçant dans l’obscurité. Et c’est parti, je traverse une serre et j’entre dans une Jungle luxuriante ou il ne manque que les cris de singes et bruits de perroquets. A défaut, c’est le miaulement des chats qui les remplacent. A chaque patrouille, ils ont pris l’habitude de nous accompagner, surtout quand j’ai tardé à les nourrir. Et me voilà avec trois chiens, 5 à 7 chats et deux chatons patrouillant en Amazonie Centrale reconstituée. Imaginez la tête des voleurs que j’interpellais. En tout cas, pour la discrétion, c’était souvent raté.

La nuit, les chiens étaient des auxiliaires précieux de garde, mais au fil des semaines, accusaient aussi de la fatigue.

Certaines nuits, il n’y avait que moi à la ferme, avec les animaux. Au début, mes fauves faisaient merveille à appliquer notre réglementation avec un zèle remarquable : la nuit, personne ici ! Mais les semaines passant, l’épuisement les touchait aussi. La surveillance absolue ne concernait plus que la ferme et son périmètre immédiat. J’ai du m’organiser en rondes, en alarmes et en astuces pour faire face à la situation. Les chiens s’occupaient d’un coté de la bâtisse, et moi de l’autre. Et dans l’ensemble, cela n’a pas si mal fonctionné ! A la ferme, plus de 95 % de la récolte a été sauvée, mais à quel prix !

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Comparativement, le champ du seul paysan qui a bossé pour Valchanvre en cette année 2002, plus isolé, a été pillé à 60%. La police, qui surveillait de près l’endroit, n’a semble t’il, vu aucun voleurs alors que c’est tout juste si ces derniers ne prenaient pas un ticket pour se placer dans une file d’attente. En fait, ils ne se préoccupent guère du délit, cela fait toujours moins d’herbe pour Rappaz, mais surveillent certainement de près les voleurs pour pouvoir éventuellement les identifier et remonter des filières plus tard. Toutefois, ils se servent ensuite de l’excuse des vols pour reprocher à Bernard d’être responsable « d’alimenter le marché clandestin de ce fléau qui touche essentiellement la jeunesse victime ensuite de suicide et d’échecs scolaires dont le nombre ne cessent d’augmenter ». (Au fait, il s’agit du dernier argument « choc » de la prohibition, je l’ai lu dans un rapport de police, il s’agit donc d’un scoop qui ne devrait pas tarder à inonder les médiats à sensation). Au niveau voleur, cette passivité policière est connue et interprétée comme un encouragement à commettre l’acte. Fichtre, l’affaire est tentante : une petite expédition bien menée peut rapporter soit la consommation gratuite pour une année, soit un petit pécule de quelques dizaines de millier de francs suisses. Prix estimés sur le marché illégal bien entendu. Je n’ai pas la preuve de ce que j’affirme, mais c’est l’évidence même. C’est en tout cas bien la « chansonnette » que m’ont composé chacun des voleurs que j’ai attrapé durant l’été en sus du fameux « vous en avez tellement que ce n’est pas quelques plantes qui vont vous manquer ! ». Et si, car on ne les vend pas (rendu légal) au même prix, même si certains le pensent, que le Chanvre illégal. Et le voleur qui en ferait un usage stupéfiant pourrait nous attirer d’autres problèmes. De plus, pratiquement chaque vol nous coûte une bâche de serre, une portion de grillage et des heures à tout remettre en état. Et voleur après voleur, les petites quantités finissent par devenir « grosses » ! Pour des policiers suisse, ceux chargés de l’affaire Rappaz semblent faire preuve de peu de « fair-play », et d’être plein de petits « coup fourrés » du même genre. Démarches personnelles dont j’ai bien peur qu’elles ne respectent en rien leur code de procédure, et dont il gomment l’existence dans leurs rapports. A la frontière de l’acte illégal, ils encouragent parfois des situations qu’ils devraient empêcher et je ne me gène pas pour affirmer que c’est éthiquement immoral. Bientôt on devrait s’apercevoir aussi que le Cannabis est responsable aussi du chômage, de la misère sur terre, du terrorisme mondial, de la santé mentale, de la chute de l’économie, des guerres que les américains font, … etc. … et nous les « gentils », et on va finir aussi par nous dire qu’on va devoir être très durs avec les méchants drogués, bombarder des peuples de drogués en tuant plein de gens et de petits enfant futurs méchant drogués de toute façon,. Car le monde est en danger, si si ! J’en veux pour preuve les chiffres : citez moi un autre budget, en dehors de ceux alloués à la lutte contre le terrorisme et à l’armée, aussi élevé que celui de la lutte contre les stupéfiants ? Certainement pas ceux de l’éducation nationale, de l’aide aux personnes en difficultés ou de la prévention des drogues. Mais revenons aux vols et à nos voleurs : c’est un point qui m’a trau-ma-ti-sé ! Si j’avais su … je ne m’attendais pas à autant de harcèlement de la part de ces gens là. Pourtant, on m’avait bien prévenu, mais j’avais largement sous-évalué l’ampleur du problème. Du 1er septembre à mi-novembre, je ne dors plus … les voleurs non plus ! Normal, car la nuit « il se passe toujours quelques chose à Oasis ». On ne peux pas s’y ennuyer : le temps d’aller boire un café ou de contourner la propriété, et c’est la tentative de vol. J’étais moi-même surveillé. Surtout le week-end. Cela nous est même arrivé une fois sous notre nez en pleine journée. Courant octobre, l’alarme sonne plusieurs fois par nuit. La propriété fait 400 mètres de tour, la serre fait 100m de long et 20 de large, en faire le contour me faisait faire 240 mètres de ballade: je ne vous explique pas les mollets que j’ai choppé et l’état d’épuisement que j’avais atteint au bout de 2 mois de gardes nocturnes mouvementées. Entre la police qui surveille régulièrement dès le début de floraison, les voleurs, les curieux et les prédateurs, c’est pas deux chiens et une lampe de poche qui me faudrait, mais une meute de pit-bulls, un char d’assaut, des mines antipersonnel, du barbelé, des projecteurs, des radars, un G.I.S.M. (Groupement d’Intervention Sarkozien Médiatisé)… Je plaisante avec peine, car l’affaire est sérieuse. La ferme est isolée, en plein milieu d’une zone agricole. On est dans le noir total entouré d’une multitude d’hectares d’arbres fruitiers tous alignés en rang. On crois être seul :

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une fusée éclairante tirée en l’air et cela court dans tous les sens. Il doit y avoir, certains samedi soir, plus de monde autour d’Oasis qu’au centre ville de Martigny, le bourg le plus important du coin. C’est pas que les voleurs font la file d’attente, non, mais mon expérience m’a prouvé qu’à part un maniaque du cutter que j’ai pas réussit à chopper (mais qui ne perd rien pour attendre), tous les autres voleurs ne viennent jamais seuls mais en duo ou en trio la plupart du temps.

Photo de gauche et photo du centre, deux signatures différentes = deux voleurs différents. Exemple de méfait : la photo de droite illustre que le voleur a coupé la sommité centrale et a laissé le reste de la plante moins intéressante et bien plus encombrante.

Comptez qu’il y a deux ou trois équipes que j’ai repoussé plusieurs fois mais qui revenaient sans cesse à la charge, plus celles occasionnelles, plus tous mes compatriotes qu’on voyait passer chercher du job la journée, et que je retrouvait systématiquement dans nos serres la nuit. J’ai bloqué une fois trois jeunes polonais, très sympas … mais voleurs quand même. Mais aussi, un italien, des jeunes suisses, et des pelletées de français. Aucun des autres étrangers visiteurs, et dieu sait que toute l’Europe au sens élargie a du passer à la ferme cette été 2002, ne semble avoir tenté de vol nocturne. Les suisses nous volent moins souvent, mais alors bien plus que les autres en quantité et en une seule fois. Des voleurs plus professionnels ont fini par comprendre comment je fonctionnais : aussi, le week-end, ils se sont mis à tenter des vols en pleine journée parce qu’il fallait bien que je dorme de temps en temps. Un sachet de café durait 60 heures et un jour mes nerfs ont craqué sur la mère de ma patronne. Cela présente mal … ! J’espère qu’elles me pardonneront !

Autres exemples de vols. Au milieu, le voleur était un débutant, il a mit trop de temps à dépouiller entièrement une plante et a fait trop de bruit. Charly et Yoko l’ont mis en fuite et il abandonna son butin que j’ai pu donc pu récupérer. A contrario, les voleurs de la photo de gauche et de celle de droite étaient bien plus expérimentés. En fait, je n’ai pas pu les attraper mais les ai reconnu lorsque

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je les ai mis en fuite : il s’agit de jeunes pensionnaires d’un centre de délinquants voisin. Ces derniers faisaient la belle tous les soirs en période de récolte et venaient nous chaparder régulièrement. Je n’ai pas voté Sarkozy pour autant !

Parmi les voleurs, il y a eu quelques gamins. Dans ce cas, c’est un vrai plaisir d’être gardien : manque d’expérience, de moyens, d’organisation. C’est du « coincé à l’avance » à 100 %. Toutefois les gosses doivent être rassuré d’emblée : ils paniquent trop facilement et nous sommes a proximité d’une autoroute, d’un canal et d’un ruisseau. Je ne voudrais pas que le chanvre et moi soyons responsables d’un stupide accident pour rien envers un gamin. A contrario, ils ont tous eu droit à une bonne prise de tête de ma part et de celle de Charly, le berger allemand, et s’en souviendront toute leur vie ! En fait, quelque part, j’ai du faire le « flic », ce qui est un paradoxe dans ma situation. Avec moi, cool, il n’y a pas de prison à la clef. L’essentiel étant d’éviter le vol. et je dois reconnaître que je n’ai jamais connu un cas de violence par rébellion chez ceux que j’ai coincé. Les bandes organisées, à contrario, jouent avec vos nerfs et sont plus dangereuses. Elles travaillent toujours à plusieurs et son dotés de moyen de communication et de transport comme camion, 4x4 et tracteur avec remorque (une fois). Ils vous observent et notent vos habitudes. Ils sont à l’affût de la moindre absence, la moindre occasion … pour vous prendre gros, très gros ! Et ils semblent très patients ! Il y en a généralement un pour la surveillance, deux pour le vol proprement dit, et un ou deux pour le chargement. Les plantes sont coupées à la scie ou arrachée, mais il faut alors qu’ils se mettent à trois pour les extraire du sol. La tâche est longue est harassante. De plus, elle est génératrice de bruit qui augmente le risque. Nous redoublons donc l’équipe de garde et l’attention lors de pluies et de temps venteux qui cachent ces bruits et ce dont les voleurs profitent. Tant de complices, de travail, d’organisation et de risques fait donc le butin doit être forcément conséquent pour qu’après le partage, la part soit encore intéressante. C’est ce genre de voleurs qui nous font le plus peur car ce sont eux qui commettent le plus de dégâts dans les cultures. C’est pourquoi, pour éviter ce phénomène de vol intensif, les soirs de « crise », j’effectuait d’incessantes rondes tous les 15 minutes environ. Les nuits me paraissaient longues et je « tombais dans le lit » au petit matin partant pour 12 heures de coma. Une autre équipe a mis au point une nouvelle technique de vol qui octroie un préjudice plus important encore. Elle ne coupe que les sommités fleuries, laissant le reste de la plante sur pied. Ce qui allège beaucoup la quantité et le volume à transporter et permet d’en prendre donc proportionnellement bien plus (seul les sommités fleuries n’intéressent vraiment les fumeurs). Ses membres se faufilent lentement, à la ninja, entre les plantes et, dans le noir, coupent à tâtons tous les hauts de plantes fleuries. L’opération est plus longue, mais ne fait pas de bruit, à part …celui de la pince qui m’a, par plusieurs fois, averti ! Un petit claquement résonant au moment ou la branche est coupé. Une sorte de « Teuk », phonétiquement parlant ! Ces phénomènes de l’intrusion discrète semblent souvent armés : matraque, coupecoupe, poing américain et couteau furent trouvés ça et la dans les buisson par Bernard les années précédentes. Dans ce cas, on ne peut pas intervenir à la cool … mais à la française ! Je vous laisse deviner !

Exemple de champ difficile à garder : 2,5 hectare soit 250 mètre X 100 mètres soit 5 terrains de foot côtes à côtes.

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Le chanvre, une fois mûr (ici pas tout à fait cependant). Cette année il était petit car notre équipe l’avait planté en retard, ce travail étant fait en supplément de celui qu’on avait déjà. Tout a été planté à la main, rien de mécanisé si ce n’est la labourage du terrain !

Dans un grand sac poubelle de 120 litres, bien tassé, il peut rentrer l’équivalent en sommités principales de 10 à 15 plantes. J’en ai trouvé plusieurs fois dans les champs en mettant en fuite des voleurs. Une équipe de jeunes de Martigny c’est fait arrêter par la police suite à une dénonciation faite par un voisin qui se plaignait de sentir une agréable mais curieuse et forte odeur. L’appartement d’un d’entre–eux était rempli de sommités réunies en bouquets et suspendues au plafond la tête en bas. Il y en avait pour une fortune. Je n’affirme pas que je n’ai jamais été en danger : on m’a tiré deux fois dessus à une semaine d’intervalle, mais semble t’il plus pour m’effrayer qu’autre choses. Ce qui n’a pas fonctionné. Puis on a empoisonné plusieurs fois mes chiens, sauvés in extremis grâce aux vétérinaires très compétents de Martigny et de Fully. Une nuit, alors que tout le chanvre était récolté et engrangé, j’ai assisté à un curieux manège. Du toit de la bâtisse où je me postais quelque fois, j’ai vu plusieurs voitures arriver de concert vers la ferme, tous par une direction différente et tous feux éteints. En plus d’elles, plus à l’arrière, un gros camion, genre semi remorque, se garant discrètement près de la ferme dans l’allée principale des arbres fruitiers y parvenant. J’ai couru à la cuisine, prendre la seule arme du lieu : un inoffensif fusil à plomb, mais qui semblerait plus sérieux dans la pénombre. Une voiture s’avançait vers moi tous feux éteints, dans le noir d’une nuit pourtant assez éclairée par une lune presque pleine. Mais les allées de hauts poiriers masquaient cette luminance et parsemaient ça et la, le terrain de zones d’obscurité absolue. Je m’y étais réfugié en attendant de les surprendre. Cette voiture s’approcha avec deux personnes à bord. Le conducteur roulait à l’extrême ralenti avec un téléphone portable en fonctionnement (éclairé) placé au niveau de l’oreille. Je bondis de ma cachette et le véhicule stoppa net à un mètre de moi en calant ! L’endroit où je me tenais à ce moment était très éclairé par la lune. Les occupants semblaient surpris de voir ma grande silhouette avec un fusil posé sur l’épaule. Je me rappelle leur avoir dit d’une voix calme mais forte : « Nous vous avons anticipés et vus arriver, la police est prévenue et arrive ! Maintenant, qu’est-ce qu’on fait : un massacre ou chacun rentre chez soit tranquillement ». Le conducteur a hésité quelques secondes qui m’ont parues une éternité, puis a parlé au téléphone et a redémarré son véhicule. Celui-ci est reparti en marche arrière, toujours tous feux éteints. Toutes les voitures ont fait de même dans l’instant qui suivit, aussi discrètement qu’elles étaient arrivées. Seul le semi remorque est parti en trombe, se retrouvant un peu coincé dans les allées de fruitiers avec leurs virages en angle droit. Mon coup de bluff avait marché à merveille, je n’avais pas eu peur, pas une seule seconde. Mais après coup, je reconnais que mes genoux « jouaient les castagnettes ». La police ne fut jamais au courant (mais maintenant elle le saura) car Bernard ne m’a pas cru lorsque j’ai raconté cette histoire.

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Il pensait que j’avais inventé cela pour me faire bien voir de lui. Cet homme avait parfois de curieuses réactions, et refusait d’admettre que son chanvre nous mettait tous en danger. J’avais souvent des mots forts avec lui, ce n’était pas parce que Bernard était mon patron, que je me taisais quand j’avais quelque chose à dire.

Voici ce que venaient chercher ces voleurs : une quantité conséquente de chanvre en train de sécher dans la grange. Aujourd’hui, ce genre de braquage n’est plus possible car la répression empêche Bernard de refaire des cultures de chanvre à THC.

Il a failli plusieurs fois me renvoyer pour incompatibilité d’humeur, mais à chaque fois, il reconnaissait que j’étais finalement utile et qu’il n’avait alors pas les moyen d’embaucher quelqu’un d’autre. Ma hargne et mon mauvais caractère lui semblaient être un atout pour la garde. Et puis c’était Sabine qui m’avait engagée, et elle intervenait à chaque fois en ma faveur. Du coup, je suis resté un peu plus de trois ans et demi à la ferme. Jusqu’à l’accident fatidique qui a tout brisé … on en parlera pudiquement plus loin ! Parmi les jeunes voleurs suisses que j’ai attrapé, quelques un m’ont avoué être venu essayer nous prendre des plantes car on avait volé les leurs. J’ai entendu souvent ce même refrain cette année là aussi chez des connaissances qui se plaignait d’avoir été dérobé dans leur jardin, dans leur serre, ou en plein milieu de la montagne, jusqu’à même sur un balcon ou en cour intérieure de maison. En Suisse, le Chanvre semble être devenu une valeur plus sûre que l’or au point de développer une hystérie cleptomane au sein d’une population réputée d’être une des plus honnête du monde. Aussi les cultures se refaisant plus discrètes ces derniers temps, je prévois de l’avenir chez les vendeurs d’ampoules. VIII) La culture moderne du Cannabis … version école Bernard Rappaz : Bernard fait essentiellement dans l’huile essentielle et dans les semences, pour le maintient de ses variétés. Il lui arrive aussi de faire de la semence pour l’extraction d’huile alimentaire et de tourteaux. Parallèlement, il travail constamment à chercher de nouveaux débouchés à la plante. Son cerveau est quasiment sans cesse en ébullition. C’est ainsi qu’il s’intéresse au composte bio 100 % chanvre, au chauffage au chanvre, à l’engrais azoté 100% Chanvre Bio et a la possibilité offerte par les tourteaux de graines (ou farine de tourteau) de remplacer avantageusement les nocives farines animales à l’origine de l’épidémie de vache folle. Pour les herbivores comme pour les carnivores, c’est un complément alimentaire de grande qualité, tant au niveau vitamines, acides aminé, acides gras en tous genre et surtout en acide gamma-linoléïque et linéique si rares dans la nature et ne provoque pas de cirrhose aux bêtes comme le fourrage et les céréales (due à la fermentation naturelle difficile à contrôler). Pour Bernard Rappaz, il ne suffit pas qu’une idée soit viable, il faut en plus qu’elle soit géniale et profitable tant à la nature qu’au plan humain. Reprenons ses dernières idées citées au paragraphe précédent : - Le composte bio 100% chanvre assure un revenu supplémentaire aux paysans, en les débarrassant des déchets de la culture, comme les feuilles, les troncs et branches dont ils ne savent que faire et qui tiennent un volume énorme. Ou ils économisent l’achat de terreau pour la production de boutures, de semis ou de jeunes greffes. 417


- Le chauffage au Chanvre (plaquettes de …) a été pensé dans le même but avec cependant l’avantage supplémentaire de privilégier les paysans producteurs à accéder à ce genre de chauffage pour leur propre compte. L’idée pourrait s’appliquer aussi et surtout dans les pays et régions pauvres en bois comme le Maghreb, par exemple (voir en complément : PREMIERE PARTIE / 12) ÉCONOMIE DU CHANVRE / Agriculture / 5ème point fort du Chanvre : l’énergie / Énergie calorifique / Chauffage par plaquettes.).

- La farine de tourteaux résout un des grands problèmes alimentaires du monde, tant au plan de production de viande et de consommation de celle-ci, tant à la part de céréale mondiale détournée au profit de l’élevage d’animaux destinés à notre consommation. Cette part de céréale, énorme, manque actuellement dans les pays du tiers monde pour nourrir tous les gens qui y résident. L’introduction du Chanvre comme nourriture bio de complément animalière aiderait à résoudre ce grave problème en sus de redonner aux pays riches une meilleure conscience.

Non, ce n’est pas du haschisch, mais du tourteau de graines de chanvre pressées, riche en protéines végétales. A gauche de chacune des deux photos, on aperçoit le décanteur d’huile de graine qui est rempli.

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Photo de gauche : le décanteur dans son ensemble. Le premier bac capture les écumes de presse, les trois autres jouent le rôle de filtres. A la sortie, l’huile est directement consommable et conditionnable. Photo de droite : le produit fini c'est-à-dire l’huile en bouteille (produit d’un concurrent suisse allemand mais néanmoins collègue à Valchanvre)

C’est donc dans un état d’esprit bio, écologique et imaginatif que s’oriente la culture du Chanvre vue par Bernard Rappaz. C’est un visionnaire comme je vous l’ai prouvé dans le point le concernant. Il existe plusieurs sortes de culture du chanvre. Ce qu’il faut bien avoir à l’esprit, quand vous voulez faire pousser du Chanvre, c’est ce que vous voulez en faire avant de le cultiver. Ce n’est pas possible autrement : vous courrez alors à la catastrophe. - Il faut donc tout d’abord trouver un débouché avant de se lancer, surtout en ces temps de contraintes politiques et économiques encore imposés à la plante. - En second lieu, le choix de l’emplacement géographique et du climat prédominera pour la réussite de la culture projetée. - Ce n’est qu’en troisième position que le choix du mode de culture intervient car il est fortement influencé par les deux autres choix précédents. En effet, tout ce laïus pour vous expliquer l’impératif de ces 3 paramètres sur la résultante de la culture. En zone humide, le chanvre se ramasse tôt pour des questions de sensibilité aux moisissures, certaines fois pas ou peu fleuri. Ce genre de culture ne favorise que la production de fibres, de cellulose. Il n’y a pas de production de résine, donc pas de drogue ni d’huile essentielle aromatique. Il n’y a pas de graine non plus. En tout cas, pas au niveau exploitable. Dans une région fortement ventée, le chanvre est plus petit, mais ses bois sont plus gros. Il craint moins la moisissure (séchage par ventilation) et peut donc fleurir à terme. Les productions de graines et de résine, mais surtout de bois et de cellulose sont donc favorisées. Mais pas celle de fibres qui s’en retriuve plus courtes (plantes plus petites avec plus d’embranchements secondaires). Dans une région sèche et peu ventée, si l’on dispose d’eau à foison, toutes les conditions sont réunies comme optimales pour la production de fibre, de graines et de résine. Rajoutez à cela de la chaleur et la plante se met à suinter de résine. En montagne, entre 1200 et 1600 mètres, le chanvre devient court, trapu et fort en résine. Le fait que plus d’U.V. traversent la couchent atmosphérique qu’en plaine favorise la production de THC. Le froid nocturne, favorise celle de la résine. Enfin, la technique française et italienne de culture (très) serrée favorise une pousse plus longue des tiges avec une seule tête viable au sommet. « Bloquées » les unes contre les autres, les embranchements et feuilles secondaires meurent à l’ombre de leur congénères. La plante, cherchant alors de la lumière, est tentée de pousser en longueur ne développant que le bourgeon de son sommet apicale.

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Cette culture mélange mâles et femelles dont la qualité de fibre semble aussi bonne dans ces conditions. Sans embranchement secondaires, la fibre du tronc principal pousse de façon continue, régulière et se retrouve donc ainsi très longue et sans faiblesse. La fibre est donc plus solide. A la floraison, la pollinisation est intense. La fibre et la graine sont donc favorisées par cette méthode. La plante fabrique peu de résine, avec très peu de THC (de 0.1 à 1% sur l’ensemble de la plante). Pour finir, sachez que la constitution de la nourriture apportée, a son rôle à jouer dans la qualité des plantes : un sol alcalin favorise la production de bois et de fourrage, une prédominance d’azote favorise la croissance et la fibre, la potasse favorise la fleur, le phosphore, la cellulose, le bois, et la résistance aux maladies. Tous ces facteurs et bien d’autres encore joueront aussi sur la sexualité des plantes. Si des plantes mâles peuvent se mêler sans problème dans une culture pour graines et/ou pour fibres, ils deviennent indésirable pour la production d’Huile Essentielles ou seul les femelles, sans graines, sont retenues …n’est pas chanvrier qui veut, car tout ce savoir ne s’apprend qu’en pratiquant, en comprenant ses erreurs et en observant le comportement des plantes placée dans des situations différentes. Voici la technique utilisée chez Oasis, propre à la combinaison sol - climat locale pour la culture d’huile essentielle : Tout d’abord, je tiens à préciser, pour éviter toute méprise, que je ne travaillais pas chez Valchanvre, mais que je fus employé par la ferme Oasis, propriété de Bernard Rappaz. Les liens qui ont été tissés entre Oasis et Valchanvre sont forts et mon patron est aussi le principal actionnaire de cette dernière. Ce qui explique pourquoi je fus parfois amené à collaborer avec les employés de cette prestigieuse et polémique société. Toutefois, le terme employé que j’utilise n’est pas tout a fait exact : j’étais apprenti bénévole déclaré comme tel. Bernard me donnait toutefois un petit quelque chose de rémunération en plus du gîte et du couvert ! 1) Les plantes mères : Toute culture commence toujours par des semis ou des jeunes boutures. Pour ces dernières, les plantes mères sont préparées à l’avance, dès novembre, sous lampes sodium. Vous partez de boutures faites sur des plantes adultes de la saison précédente, que vous avez repérés pour leurs caractéristiques (plantes issues de graines).

Placard intérieur des plantes mères : 4 lampes sodium de 600W pour un peu plus de 4 m2 de surface. Je suis un peu fier de ce placard que j’ai moi-même réalisé. On ne le voit pas ici, mais il est truffé d’automatismes et doté d’une extraction conséquente.

En janvier, elles se sont développées et produise les premières plantes filles, futures plantes mères (en faite des bouture de ces plantes mères). Tout ce petit monde, mère et filles, sont placées en serre, toujours sous lampe (en complément d’une lumière diurne plus courte l’hivers : rappel, pour ne pas fleurir, le chanvre nécessite 16 heures de lumière quotidiennes). La serre est chauffée.

Si les plantes mères sont trop petites, on les laisse dans leur pot et on attend un peu pour les repiquer. Dans ce cas, évidement, on ne peut pas encore tailler de boutures dessus.

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Photo de gauche, serre des plantes mères : celles-ci sont repiquées en terre, les plantes filles prennent tranquillement racine dans des pots mis en caisses et disposés sous les lampes entre les plantes mères. Le boudin central pulse de l’air chaud sur ses cotés et la bâche de la serre est doublée avec du bulpack pour en augmenter l’isolation. Photo de droite : la petite serre est celle des plantes mères, la grande est celle ou se situe la chaudière et les tables à marées (pour le développement des futures boutures). Entre les deux, un petit caisson isolé que j’ai fabriqué pour éviter que le boudin chauffant ne perde de son énergie calorifique au contact de l’air extérieur glacial.

La fabrication du caisson : un peu de bois et d’isolants polystyrène suffisent pour un bon résultat. Mais comme il neige pas mal en Suisse, l’ensemble doit être quand même solide pour porter du poids. Le dessus devra être réalisé en panneaux de PVC pou résister aux intempéries.

Voici la réserve de gaz qui alimente la chaudière (photo de gauche). Cette dernière (photo de droite) consomme beaucoup, on remplissait la réserve 3 fois par hivers. Cultiver en période de froid coûte cher, il faut donc rentabiliser en optimalisant la production de bouture.

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Mi-mars, les plantes filles sont assez grosses pour qu’on commence à prélever des boutures. Mi Avril, ces boutures sont déjà en nombre et suffisamment enracinées et grandes pour être repiquées en champ. Nous produisons nos boutures en premier (pour assurer nos cultures). Commence alors un cycle continu de production de boutures qui perdure jusqu’à fin Juin pour la vente en magasin ou pour les commandes d’agriculteurs. Les champs sont repiqués en premier, les serres à la fin. Même avec un mois de décalage, le chanvre planté en serre, bénéficiant de températures idéales, rattrape puis dépasse en taille celui qui pousse en extérieur. Les champs sont repiqués en boutures de fin avril à début juin. Il en est de même avec les semis. On joue alors sur les variétés, les plus précoces en floraison sont plantées le plus tôt, les plus tardives ensuite. Si l’on veut que les plantes précoces deviennent grandes, il faut alors plutôt les semer en mars car elles arrêtent leur croissance généralement début juillet. Ce qui leur laisse quatre mois pour atteindre une taille idéale. La production de boutures continue jusqu’à mi-juin (pour la culture en serre) et ne se prolonge que sur commande. On produit d’abord notre propre besoin pour faire face à nos cultures et le surplus est vendu en magasin. A noter que les serres de grandes dimensions ne sont repiquées que fin juin. Plantées plus tôt, le Chanvre pousserait plus grand que les serres et soit en percerait la toile, soit viendrait s’écraser contre et pourrir (4.70 mètres de haut).

Serre des plantes mères : dès qu’on cesse de tailler des boutures dessus, elles se mettent à pousser à une allure vertigineuses. On doit soit les arracher, soit débâcher la serre pour leur éviter de la crever ou que le chanvre y pourrisse contre. Si on peut débâcher de petites serres comme celles-ci, on ne peut le faire pour les grandes, ceci représentant une masse de travaille trop importante et inutile.

Les plantes mères restent dans la serre qui les a protégé du froid printanier et serviront aussi à la production d’Huile Essentielle. Plus âgées que les plantes filles, elles deviennent évidemment énormes. Il y a des semis aussi, plus précisément adaptés à la culture dans le but de produire de la graine. Sous forme de boutures ou de semences sélectionnée (femelles), les jeunes plantes (plantons) sont aussi vendues aux particuliers pour ornementation, ce qui apporte une source de revenus à Oasis, à un moment ou il rentre peu de recette (autrement le chanvre ne rapporte que lorsqu’on l’a récolté et/ou manufacturé). Nous vendons principalement à Valchanvre, mais pouvons fournir d’autres magasins sur commande.

Les semis sont développés après le repiquage des plantes mères dans leur serre chauffée (en janvier).Elles prennent donc leur place dans le placard intérieur. Elles les rejoindront en serre dès qu’elles auront pris un peu de hauteur. Voyez comme elles sont consciencieusement étiquetées pour ne pas en mélanger les variétés. C’est quand même un sacré boulot, tout cela, mais l’hiver, on n’a que cela à faire alors tout ce passe tranquillement.

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Serre des plantes mères : démarrage des lampes à la tombée de la nuit. Photo de droite : plantes mères commençant à grandir (fin février – début mars)

Serre des plantes mères : 24 lampes sodium 600W nécessitaient 24 ballasts et électronique de consort, le tout réalisé avec soin et sécurité dans un châssis béton d’extérieur.

Au final, les plantes mères sont repiquées entre les lampes, les plantes filles et plantes issues de graines sont placées en caisses disposées entre les plantes mères. Ici, pas besoin de lampes mercure (lumière blanche et spectre bleu) en complément des sodium, car les plantes bénéficient du spectre bleu quand il fait jour.

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2) La culture :

Le temps passant, les plantes mères grandissent et grossissent assez rapidement. Notez comme le chanvre bouturé (presque toutes nos plantes mères sont des boutures) repart directement en buisson touffu (nombreuses branches), ce qui se prête idéalement à la production de nouvelles boutures. En placard, une plante mère peut vivre plusieurs dizaines d’années et produire des plantes filles pendant tout ce temps.

2) La culture : Le terrain doit d’abord être fumé puis préparé. A l’occasion, un bon labour est nécessaire. Le Chanvre, pour s’épanouir, n’aime pas les sols trop compacts. Cela gène au développement de ses racines et par la même, de la plante. Le sol ne doit pas être acide mais plutôt neutre ou légèrement alcalin (7<PH<8.5). Le PH moyen de la terre de la ferme Oasis est de 8.3, soit optimal. Dans la région Valaisanne, le chanvre de Bernard pousse entre 2.5 et 4 mètre de haut. Des plantes tardives plus grandes ont été observées avec des « records » de 5 à 6 mètres de haut (dont une népalaise longtemps exhibée à Valchanvre Martigny). Il faut donc compter sur un écartement de 2,5 mètre minimum entre chaque plante pour qu’elles soient suffisamment aérées et ensoleillées. Au départ, le Chanvre connaît un énorme besoin d’eau. Ses racines, peu développées, n’arrivent pas à atteindre la zone humide, et stagnent dans la zone de surface du sol particulièrement sèche à la fin du printemps et au début de l’été. Bien arrosé, nos plantes passent rapidement ce cap délicat. La ferme Oasis réside dans la vallée du Rhône, en amont de Martigny. Le terrain y est limoneux et sableux. Et la nappe phréatique peu profonde, de l’ordre de 2 à 3 mètres de profondeur.

Dans les champs, on travail au cordeau et l’espace entre plantes est respecté rigoureusement. Ce dernier varie en fait entre 1.5 et 2.5 mètres, en fonction de l’époque de repiquage et de la précocité ou tardivité des plantes.

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Le Chanvre arrive donc à se débrouiller tout seul par la suite (en fin de croissance et en période de floraison) car ses racines sont au moins aussi longues que la plante elle-même dans ce genre de sol. Le Chanvre supporte et raffole même, les arrosages fréquents, à la condition que la terre se draine et même, s’assèche un peu entre chaque arrosage. On « mouille » donc régulièrement (tous les trois à cinq jours) jusqu’à début août, et après seulement s’il fait chaud et que les plantes subissent sept à dix jours de sec (en fonction de la température). Note : certains chanvres fleurissent tôt (« récoltables » début Août), d’autres fleurissent tard (de fin octobre à début novembre). Tant que les plantes ne sont pas fleuries, on peut théoriquement continuer à les arroser pour les aider à grandir d’avantage. Après, c’est plus délicat pour des raisons de sensibilité des fleurs aux moisissures, de contamination se généralisant à l’ensemble du champ et de perte dans la production d’Huile Essentielle. De plus, le chanvre ne doit pas être arrosé en période de récolte sous peine de produire moins de résine.

Photo de gauche : un mois après le repiquage, photo de droite, trois semaines plus tard.

Au fumier de vache, Bernard préfère le tourteau de chanvre bio. C’est un engrais azoté naturel et bio, aussi puissant que les engrais chimiques. Dans de petites cultures, on peut aussi faire beaucoup de bien aux plantes en leur adjoignant un peu d’OR BRUN Liquide (bio toujours), qui favorise autant la croissance que la floraison et évite les carences en oligo-éléments. Mais cet apport est assez onéreux sur de grandes surfaces et demande un travail épuisant de dosage et de distribution pied par pied. Il faut reconnaître que si le mélange des deux engrais améliore le rendement sensiblement, on peut s’en passer avec un sol au préalable bien fumé et non acide. La politique de notre ferme n’étant pas le rendement à tout prix mais l’utilisation de la terre et de ses biotopes en prévision d’une gestion intelligente et d’un développement durable. Mais, il faut expliquer ici que l’emploi d’un engrais naturel très puissant et faiblement dosé, avec une plante aussi vorace que le Chanvre, élimine tout risque de saturation en nitrate des sols et de pollution de la nappe

Puis la croissance suit son cours ….

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Jusqu’au début de floraison ou elle ralenti.

phréatique. En fait, il faut arriver a quantifier le plus précisément possible la quantité d’éléments extraits du sol par l’exportation de la récolte et les compenser en apport organique de même valeur quantitative pour arriver a se retrouver en situation de renouvellement, c’est à dire avoir un sol sans carence de constituants nutritionnels ou sans excès de ces derniers. Pour cela, il faut être un peu paysan et un peu scientifique, non ? Dans ce domaine, l’empirisme n’apporte aucun secours. Bernard affirme avoir eu des plantes qui, dans les conditions biologiques Enfin, la floraison arrive, les plantes de gauche sont presque mûres, celles de droite ont encore besoin d’au moins 15 jours.

de notre ferme, lui ont donné 2.5 Kg de fleurs. Résultats bien supérieurs à ceux obtenus par les invétérés du chanvre extérieur nourrit au chimique. Cela me rappelle une petite anecdote ou Bernard et sa « Walizer Queen » ont été mis hors concours de l’ « American Cup » d’Amsterdam au fait que sa plante, énorme et réunissant toutes les conditions requises pour gagner cette coupe, ridiculisait tous les autres concurrents… Evidement, ils n’ont même pas voulu croire qu’elle était bio … ! Moi, je sais que c’est vrai et le témoigne ici : nous avons dirigé, Marcelline et moi, l’intégralité de cette culture 2002 car Bernard était en prison. Nous avons utilisé ses graines, et en avons fait des boutures dans les conditions qu’il avait enseignées. Bien qu’en retard sur son planning, nous avons connu des résultats sensiblement identiques en terme de production, avec, reconnaissons le, une majorité de plantes un peu plus petites que d’habitude. Il faut dire qu’outre le retard cumulé, le terrain utilisé n’avait pas été fumé par manque de crédit. Des plantes d’exception ont été cependant enregistrées : - Pour ce qui est la grosseurs des têtes : la catégorie Walizer Queen, celle de la Red Valley et chez certains hybrides (comme la « BIG » et la « W1 »). - Pour l’odeur, la teneur en résine et la hauteur des plantes : l’ Alpen King et de nouvelles variétés issues d’hybrides.

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Hybride Red Valley précoce, comme en témoigne le fait que la plante de derrière, plus tardive, n’a pas encore fleuri. Même petite (car plantée tard pour expérimentation), les plantes à Bernard donnent de grosses sommités.

Notons que la Farinet a une odeur atypique forte, entre de l’agrume et celle de la Walizer Queen et développe aussi une superbe floraison. Elle se distingue aussi par ses curieux poils rouge - vifs que porte nombre de ses descendants (comme la « Shaman »). Ces variétés on aujourd’hui disparues : on n’a pas pu les conserver. Dans l’ensemble, Bernard, lors d’une permission de sortie, avait fait un petit tour de la plantation et nous avait alors récompensé d’un «… Ce n’est pas si mal, à l’extérieur les plantes sont un peu en retard, mais dans les serres, elles sont bien. Je m’attendais à pire que cela ! …». Toutefois, il fut surpris par le fait que j’en avais mis de partout. Dans le jardin, entre les fruitiers, près des serres, au milieu des fleurs et des légumes, … En temps que français frustré par tant d’années de répression et d’interdiction, je crois que je me suis un peu défoulé … ! Cela a eu pour effet de bien les faire rire de nombreuses fois, lui et Sabine.

Bernard lors de sa première sortie de prison, surpris d’avoir du chanvre à sa ferme comme d’habitude

Moi, j’aimais bien cette forêt, ou plutôt, cette jungle de Chanvre que j’arpentais régulièrement la nuit, avec mes chiens, pour repousser les hordes sauvages de prédateurs essentiellement représentées par les espèces « - vifs Imbecilis » et « Derobis Organisus », animaux devenus migrateurs, souvent en provenance d’un grand pays voisin. Au milieu d’une palette d’odeur qui variait de plante en plante tant nous avions accumulé de variétés

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différentes, et sous la lumière des étoiles ou de la lune, le jeu des ombres et le bruit du vent léger excitait mon imagination et ravissait mes sens. C’est un souvenir délicieux qui ne me quittera jamais. D’autant que la nuit, « qu’il se passe toujours quelques chose à Oasis ». On ne peux pas s’y ennuyer : le temps d’aller boire un café ou de contourner la propriété, et c’est le vol. Surtout le week-end. Cela nous est arrivé sous notre nez en pleine journée même.

Bouturé, le chanvre pousse en buisson touffu, a gauche, une plante en phase de croissance, au centre et à droite, deux plantes en tout début de floraison.

Entre la police qui surveille régulièrement dès le début de floraison, les voleurs, les curieux et les prédateurs, c’est pas deux chiens et une lampe de poche qui me faudrait, mais une meute de pit-bulls, des lunettes à infrarouge, des flash-ball, du barbelé, des projecteurs, des caméras de partout… une petite prison pour plantes quoi. Non, je ne suis pas atteint par le délire sécuritaire zarkosien, mais par un problème bien réel cette fois-ci : le chanvre de Bernard semble suffisamment bon pour attiser toutes les convoitises. Je plaisante à peine, l’affaire est sérieuse. La ferme est isolée, en plein milieu d’une zone agricole. On est dans le noir total entouré d’hectares d’arbres fruitiers tous alignés en rang. On crois être seul : une fusée éclairante tirée en l’air et cela court dans tous les sens. Il doit y avoir, certains samedi soir, plus de monde autour d’Oasis qu’au centre ville de Martigny. C’est pas que les voleurs font la file d’attente, non, mais mon expérience m’a prouvé qu’à part un maniaque du Nom de code : W1 (seconde génération). cutter que j’ai pas réussit à chopper (mais qui ne perd rien pour attendre), tous les autres voleurs ne viennent jamais seuls mais en duo ou en trio la plupart du temps. Comptez qu’il y a deux ou trois équipes que j’ai repoussé plusieurs fois mais qui revenaient sans cesse à la charge, plus celles occasionnelles, plus tous mes compatriotes qu’on voyait passer chercher du job la journée, et que je retrouvais systématiquement dans nos serres la Bernard me faisant l’honneur de poser devant le fruit nuit. J’ai bloqué une fois trois de mon travail de sélection : une Red Valley hybridée jeunes polonais, très sympas … Walizer Queen qui donne des sommités énormes ! mais voleurs quand même. Aucun des autres étrangers, et dieu sait que toute l’Europe a du passer à la ferme cette été 2002, ne semble avoir tenté de vol. Les suisses nous volent statistiquement très peu, mais alors bien plus que les autres en quantité, ils sont mieux organisés, plus malins, … très suisses, quoi !

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Mais trêve d’humour et revenons sur un point exprimé trois paragraphes plus tôt : la teneur en résine. C’est un sujet qui fait grincer les dents de certains. Nous ne cherchons pas à produire des plants à la plus forte teneur en THC possible comme en Hollande. Mais pour faire de l’Huile Essentielle, il nous faut du Chanvre à THC car c’est le seul qui dégage réellement des fragrances propres à intéresser les parfumeurs. De même, ces variétés produisent beaucoup plus de résine, future Huile Essentielle. C’est par mariage et sélection que nous retenons nos candidates à bouturer pour nos champs. Nous produisons donc nous même nos variétés qui n’existent pas sur le marché dit « du Chanvre légal et subventionné ».

Cet hybride donnait de si grosses têtes que les gens de passages à la ferme, ici Béa, une sympathique productrice de plante aromatique, ne résistaient pas à l’envie d’être photographiés avec le spécimen.

Le calcul en est simple : si une variété, dotée d’une odeur vous intéressant, produit 2 fois plus d’Huile Essentielle par hectare qu’une autre variété doté pourtant de la même odeur et des mêmes qualités, laquelle de ces deux variétés utiliserez vous pour votre récolte ?

L’huile essentielle de chanvre … exempte de THC, telle qu’elle sort de l’alambic.

Plus une plante fait de la résine, plus elle permettra d’en tirer de l’huile essentielle car au départ, c’est le même produit. L’Huile Essentielle n’étant «tout simplement » que de la résine purifiée et débarrassé de son T.H.C. et liquéfiée. Et c’est là que le bas blesse : tant que l’activité chanvrière ne sera pas normalisée et contrôlée, les

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chanvriers à Huile Essentielle se buteront à la police à cause de cette richesse en THC et des détournements possibles de la plante. 3) La production de boutures :

La ferme Oasis, l’hivers dehors … l’été dedans. Ici, les plantes sont suffisamment hautes pour qu’on puisse tailler nos premières boutures.

Le moment est arrivé pour démarre la production de bouture. Mais il ne faut pas être pressé, les plantes donnent peu et même si on chauffe la serre, on est loin de la grosse chaleur estivale. A ces températures, le chanvre bouturé met beaucoup de temps à développer des racines. La serre ou se trouve les tables à marées n’est pas encore vraiment « chauffable ». Elle est trop volumineuse pour ce faire. Aussi, les premières boutures sont directement transplantées dans des petits pots eux même mis en caisses qu’on intercale entre les plantes mères de la seule serre vraiment chauffée.

En centralisant plantes mère et premières boutures, on économise l’espace de chauffage et d’éclairage, certes, mais cela ne fait aussi qu’un lieu à garder. Mon berger allemand, Charly, passait ainsi la nuit au chaud sans piétiner la moindre plante. Une « crème », ce chien ! La lumière ne l’empêchait pas de faire la sieste. Mais, dès qu’il fait moins froid, la cadence de bouturage augmente et la serre des plantes mères est vite remplie. On change de serre pour aller dans celle des tables à marées. Ces tables se nomment ainsi car on y envoie périodiquement de l’eau, à l’aide d’une pompe, pour humidifier les petits carrés de laine de roche qui reçoivent les boutures. On crée donc des marées artificielles (l’eau rempli la table sur trois cm d’épaisseur environ)

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entrecoupées de périodes plus sèches réglées en temps par un programmateur. Ceci évitant les phénomènes de pourrissement classiques lorsque les plantes sont en immersion constante.

A gauche : la cuve et la pompe qui provoquent les marées. A droite, une table à marée (marée basse) avec quelques boutures.

La méthode est très pratique avec un taux de réussite maximal en une quinzaine de jour. Plus il fait chaud, plus l’enracinement et rapide, mais il ne faut pas exagérer : au dessus de 30 degrés, on aère la serre pour la refroidir car cela peut gêner l’enracinement. Certains utilisent des hormones de bouturage en poudre pour accélérer le processus d’enracinement. Nous, dans le bio, nous y avons pas droit. Toutefois, puisque je suis curieux, j’ai fais une étude de comparaison entre les boutures hormonées et celle qui ne le sont pas. Résultat, aucune différence temporelle : les deux sortes de boutures mettaient le même temps à redémarrer en racine, et celle non traitées semblaient même en meilleur état général. Dans le cas du chanvre, l’hormone de bouturage ne produit aucun effet, il n’est donc pas utile de dépenser de l’argent pour en acheter. Le travail de bouturage est long et méticuleux. Certes, il faut d’abord aller couper les boutures sur la plante mère, mais comme on travaille avec plusieurs variétés, il faut les référencer. Ensuite, vient le moment où on les prépare pour les insérer dans le cube de laine de roche. Avec des ciseaux, on coupe en deux les grosses feuilles vers leur moitié, ce qui à pour effet de limiter l’évaporation de la bouture.

Voici des boutures non enracinées dans leur carré de laine de roche. Dans les cercles rouges, on observe bien les feuilles coupées en léger arrondi pour en limiter l’évaporation. Photo de gauche : les boutures sont légèrement fleuries, ce qui n’est pas bien grave car elles prendront racines quand même et repartiront en croissance normalement par la suite. Cependant, elles mettront plus de temps à réaliser ce cycle que des boutures non fleuries. Photo de droite : les boutures ne sont pas fleuries, donc idéales.

Nous sommes dans une serre et fin de l’hiver et au printemps, le soleil se couche tôt. Notre chanvre est photosensible, c'est-à-dire qu’avec une durée de lumière courte, il se met à fleurir. Pour empêcher ce phénomène, il faut donc que des lampes prennent le relais de notre astre solaire et éclairent nos boutures quelques heures supplémentaires. Plus on avance dans la saison, plus le soleil se couche tard et plus le temps de fonctionnement des lampes et court. Idéalement, il faut de 16 à 18 heures de lumière par jour pour qu’une plante suive son cycle

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de croissance sans jamais fleurir. Si on descend entre 12 et 13 heures de lumière, la croissance s’arrête et nos plantes fleurissent. J’ai donc installé des lampes Turbo Néon au dessus des tables à marrées avec un programmateur pour me simplifier la vie. Ces lampes se composent de deux petits tubes néon enchâssés dans une réglette. Un des tubes éclaire dans le spectre lumineux rouge, l’autre, dans le bleu.

Lampes Turbo Néon 150w (2 x 75 w), idéales pour les boutures car elle ne dégagent pas de chaleur comme le font les lampes sodium. Les boutures ont besoin de beaucoup moins d’intensité lumineuse que des plantes enracinées, au point que les beaux jours, on bâchait les tables à marées avec des filets afin de réduire l’impact du soleil.

Les tables à marées sont immenses. Elles mesurent 7 m x 2,5 m et sont au nombre de trois, soit une surface totale de 52.5 m2.

J’ai installé 9 lampes sodium 600 w supplémentaires derrière les tables à marées. Il y a plusieurs avantages à ceci : les lampes chauffent bien la serre, cela permet de mettre des plantes mères en plus, et surtout de faire profiter à nos jeunes boutures de la chaleur et du complément de lumière pour éviter qu’elles fleurissent.

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Si au début printemps, on à besoin de lumière artificielle en complément, dès la fin du mois d’avril, on n’en a plus besoin. Idem pour la laine de roche : les boutures sont directement placées dans des pots. Ces derniers sont ensuite mis en demi ombre sous des arbres pendant quelques jours. Dès que la tête de la bouture redresse, on les place alors en franc soleil. Il faut arroser souvent, de 3 à 4 fois par jour pour assurer l’enracinement et éviter le dessèchement des plantons.

Les tables à marées mesurent 7mètres par 2.5 mètre. Bernard en a 3. Comme nous sommes en terrain meuble, il faut régulièrement régler les niveaux. Les trois tables sont remplies quasiment dès la fin avril et tous les 15 jours (moyenne), une nouvelle génération remplace les boutures enracinées. Nous avons parfois des commandes d’agriculteurs ou des puristes du bio nous demandent des boutures sans laine de roche. Personnellement, en dehors des périodes fraîches, je ne trouve pas la laine de roche indispensable et les boutures prennent tout aussi bien dans des pots avec du terreau neuf. Le terreau « d’occasion » (qui a déjà servi) n’est pas conseillé : il possède bien moins d’éléments nutritifs et a pu se charger en microbes et moisissures.

Bouture enracinée qui redémarre sa croissance végétale. Elle conserve sa laine de roche qui ne se voit pas ici puisqu’elle est cachée par le terreau. Les racines sont prises dans cette dernière, aussi, on ne peut pas l’enlever.

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Les plantes mères commencent ici à franchement grandir. L’époque est déjà plus clémente en température, ce qui fait que nos boutures résident dehors ou dans les parties de serre libres. De toutes façons, la taille des plantes mère, et leur volume, ferait de l’ombre aux boutures et ralentirait leur croissance.

C’est mes collègues Marceline et Olympia qui s’occupaient de la production et du suivit des boutures. Un travail de chaque instant. Lors de son maximum, la surface de sol ou été entreposé les caisses de boutures prêtes était immense. Mais n’allez pas croire qu’on utilisait ou vendait tout : en Suisse, la répression s’est si intensifiée, que même Bernard à du restreindre ses surfaces de culture. En fin de saison, les pots de boutures non utilisés restés à même le sol fleurissaient. Mais le manque de nourriture du essentiellement au lessivage provoqué par les arrosages nombreux et à la petitesse des pots, faisaient que les plantes étaient petites du genre bonzaï. Mais comme on gardait ainsi tout un panel de nos plantes filles, cela nous permettait de les sauver l’hivers venu pour en faire de nouvelles plantes mères si les originales venaient à mourir ou être volées.

A gauche : boutures non utilisées qui commencent à fleurir. Replacées sous lampes sodium à 16-18 heures par jour, la floraison stoppe et le cycle de croissance normal reprend. A droite : boutures enracinées dans la laine de roche en attente d’être repiquées dans du terreau.

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A gauche : boutures qui commencent à bien se développer au milieux des plantes mères. A droite : en comparaison, ce ne sont pas des boutures, mais des plantes issues de graines. On voit bien qu’elles ne poussent pas en buisson. Mais au stade adulte (repiquées en pleines terre), elles développeront quand même une importante ramification. Méthode de repiquage de Bernard Rappaz

Racines Déjà existantes

Futures racines

Sol

Parallèlement aux boutures, on préparait aussi des semis. Toutefois, nos principaux prédateurs étaient les moineaux. Ils se régalent des graines à peines germées qui sortent du terreau. En une journée, tout ce que vous voyez ici pouvait être détruit par ces canaillous. Pour les protéger, je plaçais des grillages sur des caisses et pour finir, recouvrait le tout avec un filet. Dans une moindre mesure, les limaces et les escargots raffolent aussi du jeune chanvre. Dans ce cas, une seule solution bio : la bière. Les gastéropodes affectionnent tellement de ce produit qu’ils s’enivrent et se noient dedans.

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Les pots sous le filet de protection

Enfin, pour finir ce point relatif aux boutures, voici trois dernières photos. Celle de gauche représente un planton qui a presque la taille pour être repiqué en terre ferme. Mais chez Oasis, on ne repique que des plantons deux fois plus grand minimum. La raison en est simple : Bernard à découvert qu’en enterrant la moitié de la plante, le tronc de cette dernière se met aussi à produire des racines. Hors, ce sont les racines du chanvre qui produise le THC et ce qui deviendra de la résine une fois sorti des poils glandulaires des fleurs (dessin page précédente). Vous comprendrez aisément alors, le pourquoi de la technique. Sur la photo du centre et celle de droite, on voit Bernard en train de « fermer » la serre avec un rideau opaque. Si la conséquence directe de ce travail supplémentaire permet de mieux garder la chaleur près du sol, ce n’en est pas la raison principale. En fait, la serre des plantes mères est éclairée par 24 lampes sodium 600 w : vous imaginez le flux lumineux qui en réchappe de nuit. Cela à pour effet d’attirer de curieux « papillons » avec deux jambes et deux bras qui viennent avec la fâcheuse intention de nous dérober soit nos plantes mères ou nos boutures, soit les lampes elles-mêmes. Les journées d’un chanvrier, façon Rappaz, sont vraiment très chargées. Mais j’aime cette plante et ce métier : « merci Sabine, merci Bernard de m’avoir laisser vivre ce bonheur » !

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Une dédicace toute particulière à Marceline, sans qui la ferme oasis n’aurait jamais pu continuer à survivre. D’origine capverdienne, infatigable travailleuse, Marceline sème la bonne humeur en riant et en chantant souvent. Du haut de mon mètre quatre-vingt huit et fort de mes 80 kg, je ne lui arrive pas à la cheville pour ce qui est de la quantité de travail à abattre dans une journée. La Femme plus faible que l’Homme ? Marceline est l’exemple qui prouve le contraire. Si elle travaille elle n’en et n’est pas pratique. Mais, en croyante pratiquante, elle autres. Elle a une rangée.

dans le chanvre, consomme jamais solidaire de cette temps que convaincue et ne juge pas les vie saine et bien

Marceline est chanvre. Elle maladie rare de un peu similaire à provoque les travaille donc serres entièrement vêtu s’en protéger. Ce donc pas de faire culture et d’avoir de connaissance la plante et les concernant.

allergique au développe une réaction cutanée, ce que nous orties. Elle souvent dans des surchauffées et gantée pour qui ne l’empêche carrière dans cette acquis une somme phénoménales sur techniques la

Elle chantait langue d’origine et de ces instants me transe profonde.

souvent dans sa la beauté magique plongeait dans une

Marcelline, la fourmi de Dieu. Dotée d’un humour de chaque instant, je ne l’ai vue pleurer qu’une fois, le jour de l’accident tragique qui coûta la vie à notre petit rayon de soleil : Dorien, le fils de Sabine et Bernard ! Marceline, ce fut un grand honneur de vous avoir connu et merci de m’avoir communiqué un peu de votre foi !

Ci contre, Michel, le père de Soraya, de passage à la ferme pour venir chercher sa fille, n’a rien contre le chanvre mais ne soutient pas les variétés à THC. Toutefois il est tombé sous le charme de la W1 (1ère génération) tant pour son parfum que pour la grosseur des fleurs qui la caractérise. Ce qui ne l’a pas empêché de voter pour l’UDC et la répression de cette plante. Pourtant, c’est devenu un ami, cette différence de point de vue ne nous empêchant pas de s’apprécier mutuellement. Et c’est ici l’exemple parfait qui caractérise la Suisse : des gens différents qui vivent toutefois en paix, en amitié et en harmonie. Salut à toi, l’ami !

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IX) Les Suisses et le Chanvre : Pour traiter cette partie, je vais commencer par vous narrer ici le résumé d’une émission de la télévision suisse romande : BVE du mardi 26 Novembre 2002 (22 heures). Cette série nous propose des enquêtes sur des produits de consommations dans un style proche d’un mélange de «Combien ça coûte» et de «l’Enquête des consommateurs». Coïncidence ? L’émission passait à la télévision le premier jour de liberté retrouvé de Bernard. Toutefois, à part le passage furtif d’un plan sur une de nos serres, pas un mot sur Valchanvre, Oasis et Bernard Rappaz. Leur style est plus des plus modernes, des plus francs encore, les enquêtes y sont plus méthodiques, rigoureuses et d’une impartialité à toute épreuve. Leur succès : dire la vérité et toujours la présenter sous la forme la plus compréhensible qu’il puisse être. Rajoutez à cela une charmante jeune présentatrice dont l’esprit brillant semble tout a fait en accord avec ce qu’elle affirme : vous obtenez alors tous les ingrédients d’une émission télévisuelle culte et référentielle comme « Capital ». J’ai personnellement très bien apprécié leur sérieux et la façon dont ils « décortiquent » les produits qu’ils étudient. Producteurs, manufacturiers, transporteurs, revendeurs grossistes ou de détails, personne est épargné. On apprécie aussi leurs études de consommation, la recherche systématique des substances indésirables comme les pesticides, herbicides, certains aditifs et conservateurs toxiques, et leur point de vue neutre en tout instant, toutefois teinté d’une note de préférence pour le consommateur : c’est à dire nous. On ne va donc pas s’en plaindre ! Mais cette fois ci, l’étude portait sur le Chanvre (à fumer) en Suisse et cette équipe a merveilleusement relevé le défi sur un ton des plus neutre ! Suisse oblige ! Je ne vous résumerais pas cette dernière car je veux que vous la regardiez ! Commandez donc la K7 ou le DVD à la télévision suisse romande…. Mais, n’allez pas croire que tous les suisses soutiennent le chanvre à THC. Même dans le Valais, plus rural, la critique bat son plein. En fait, c’est le caractère illégal qui stresse les helvètes et l’image de trafic et de narcotourisme qui leur déplait le plus. Apparemment, ils détestent le scandale et lui préfèrent la tranquillité ! A contrario, ils sont nombreux à penser que cette plante est prometteuse économiquement parlant et finalement peu toxique en comparaison avec d’autres produits légaux et illicites. Ce point de vue est ressorti nettement aux deux votations sur le chanvre : en substance, on ne le légalise pas, mais on ne met plus ses usagers en prison. Le retour de Chavallon : L’affaire des 51 tonnes saisies avait fait grand bruit dans la presse. Mais comme toujours, tout et n’importe quoi a été dit à grands coups de titres racoleurs. C’est au lendemain d’une émission de Capital, sur M6 (notre chaîne française), ou Bernard et mes prédécesseurs avaient un petit peu trop pavanés, que le débarquement, que dis-je, la marée policière, eu lieu ! Près de 120 policiers on pris la ferme d’assaut à l’heure légale, quand tout le monde dormait encore. Apparemment, ils n’ont pas aimés ce qu’ils on vu dans Capital. Les 51 tonnes étaient en fait constitués de ce qui suit : - Environ 20 tonnes de tisanes (chanvre débarrassé de la plus grande partie de sa résine, avec donc peu de THC au final). Ce produit avait été souillés par des souris (présence de crottes), et était destinée au compost. Ce qui avait obligé Bernard d’acheter des tonneaux et des caisses en PVC avec couvercle pour résoudre définitivement de problème. Usage stupéfiant possible : non ! - Une tonne de haschich d’après la presse, moins de 500kg d’après Bernard, 100 Kg d’Huile de haschich (concentré de haschisch cireux) et 250 litres de teinture mère (Huile de haschich diluée dans de l’alcool). Il faut savoir que la loi suisse, et les juges, l’obligent à enlever la résine et le THC des produits chanvrés qu’il vend en magasin. Contrairement à la France, la possession d’un tel matériel n’est pas vraiment pénalisant si, d’une part on est chanvrier au départ, et d’autre part,

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qu’on n’en fait pas le trafic. Dans le cas de Bernard, il faut bien comprendre que le gouvernement fédéral helvète avait annoncé officiellement son intention de légaliser sous peu le cannabis, et il rechignait à détruire le fruit d’un travail qui allait certainement devenir légal. N’étant « pas tombé de la dernière pluie », s’il avait voulu trafiquer avec cet ensemble de stupéfiant, il l’aurait caché hors de sa ferme. Mais, loin de cela, il l’avait même déclaré à la police locale et pensait que tout était en ordre à ce sujet. Usage stupéfiant possible : oui ! - Une vingtaine de tonne de fleurs de chanvre seules ou de fleurs de chanvre en branches représentant ce qui restait des récoltes précédentes qu’il n’avait pas pu écouler encore dans le marché légal. Usage stupéfiant possible : oui ! - Une dizaine de tonne de récolte de l’année en train de sécher. Usage stupéfiant possible : oui ! Après la saisie et tout le long de l’instruction, le juge n’a pas pu prouver l’intention délictueuse et a donc été obligé de restituer la marchandise à son propriétaire. Celle-ci a été stockée et gardée près de trois ans dans ancienne usine désaffectée à Chavalon aux frais de l’Etat du Valais, c'est-à-dire du contribuable. Cependant, cette somme d’argent a été déduite du budget de la justice valaisanne, ce qui l’a bien handicapé le restant de l’année. Le juge s’est juré de dorénavant détruire toute grosse quantité de chanvre saisie, quitte à prendre le risque de devoir rembourser son propriétaire au cas ou le délit ne serait pas constitué. Pour de très grosses saisies, comme le cannabis est rapidement biodégradable et bio, il est alors épandu dans les champs et non pas brûlé pour éviter de « défoncer » le voisinage avec les fumées. Mais revenons à nos moutons, et plus spécialement celui nommé Bernard. Dans cette affaire, il s’est déclaré innocent comme l’agneau qui vient de naître. La justice a donc du lui rendre son matériel, mais à la condition que le chanvre séché et la résine, soient distillée. Cela a été possible, parce que Bernard venait d’avoir une commande de plusieurs dizaines de litres d’huile essentielle légale, et en échange du fait, que cela lui remboursait une partie du manque à gagner du à la saisie. Bernard et le juge on été très discrets sur la teneur des accords qu’ils ont eu ensemble. Pour ce point précis, je ne peux qu’extrapoler ! Le manque à gagner fut immense : d’abord, parce que le chanvre a vieilli, certains barils dataient même de 1997 (il produit beaucoup moins d’huile essentielle et de moins bonne qualité), ensuite parce qu’il y a eu des vols dont la quantité totale a été tenue secrète (plus d’une tonne au bas mot, probablement deux ou trois). Ensuite, parce qu’avant de rendre le chanvre à Bernard, la police le faisait broyer dans une machine afin qu’il ne soit plus vendable dans le marché illégal. Si la machine était très efficace pour ce qui est du broyage, la plus grande partie de la résine partait en nuage emporté par le vent. J’ai assisté à cette opération : le dégât constaté m’énervais mais intérieurement, j’étais « mort de rire » car en fin de journée, le personnel du broyage et la La police utilisait le même genre de machine à broyer que police qui surveillait sur la photo, mais au moins deux fois et demi plus grosse. l’opération, étaient recouverts de résine et complètement « défoncés » (il ne portaient pas de masques ou ceux qu’ils portaient n’étaient pas adaptés et inefficaces). Ils n’arrêtaient pas de rigoler !

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L’opération de distillation du chanvre rendu a été tenue secrète pendant toute sa durée. Nous avions peur du braquage et évitions toute indiscrétion, même auprès de nos proches. Elle a durée un peu plus d’un mois. Chaque semaine, un semi-remorque nous apportait une cargaison de caisses et de tonneaux de fleurs de chanvre. La police était la plupart du temps seuls, s’était pour nous faire la surprise perquisition (un contrôle) quelques nous l’avions accepté. Chaque contrôle

omniprésente et quand elle nous laissait (un peu « téléphonée ») d’une heures plus tard. C’était la règle du jeu, n’a rien donné en terme prohibitif.

Tous les deux ou trois jours, la police haschich), qu’elle mélangeait aux fleurs restaient sur place pour contrôler la ne repartaient que lorsque toute la

amenait un tonneau de résine (de de chanvres broyées dans l’alambic. Il bonne marche légale de l’opération et résine était distillée.

Ce haschich n’était pas compressé, mais (tamisée) et dans le jargon des fumeurs, voir avec le pollen de la plante mâle,

en poudre. C’est de la résine extraite on appelle cela du « pollen » (rien a mais cela y ressemble).

Bernard Rappaz, le seul activiste du chanvre européen (au sens élargi) qui a fit trembler l’hypocrite consensus prohibitif !

Il faut une bonne heure et demie pour que l’ensemble des trois cuves de l’alambic soit distillé. Mais pour nous, il faut bien plus de temps pour mener à bien cette opération, à savoir, remplissage des cuves puis vidage et nettoyage. Le « marc de chanvre » (ce qui reste des fleurs distillées), complètement exempt de résine et de THC, n’est pas jeté : il fera un excellent compost bio.

« Le chanvre est cuit », si je peux me permettre cette expression. Par compostage, il nous fournira un excellent terreau de chanvre bio. Au final, ce terreau développe une couleur « golden » (jaune or légèrement marron clair).

Chaque semaine, un semi-remorque nous apportait son lot de caisses PVC (grises) et de tonneaux (Bleus). Ce qui n’était pas sans nous bousculer un petit peu dans l’organisation du rangement. A la fin, les caisses vides étaient empilées un peu là où on le pouvait pour dégager la cours et faciliter l’accès du Fenwick. En cette année 2004, il a poussé de nouvelles montagnes dans le Valais !

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Photo de gauche : on y voit, a gauche, des caisses ouvertes remplies de paillis de fleurs de chanvre. Photo de droite : aux caisses en PVC (au fait, on les appelle des Palox), se succédaient une multitude de tonneaux.

Sur chaque caisse était estampillé un sceau de la gendarmerie de Saint-Maurice (Valais).

Comptez qu’on a reçu 5 livraisons comme celle-ci. On comprend donc que la police s’est affolé à la vue du reportage de Capital et ait eu peur que Rappaz n’apparaisse comme le Pablo Escobar du Chanvre. A priori, rien ne leur laissait penser qu’on puisse stoker autant de marchandises illégales … légalement ! Au sujet des policiers qui avaient été mis dans la confidence, comme en témoigne le fait qu’ils n’avaient pas fait suivre l’info dans leur hiérarchie, il n’ont pas du s’imaginer qu’il y en avait autant. Peut être pensaient – il qu’il s’agissait d’une centaine de Kg tout au plus.

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Je ne soutiendrais pas Bernard sur ce point. On ne peux donc pas leur en vouloir sur cette action : les forces de l’ordre ont réagit normalement. C’était à notre polémique chanvrier d’être soit plus discret ou soit d’avoir à mieux protéger légalement son surplus chanvré ! Mais revenons à notre sujet : les fleurs de chanvre broyées apparaissaient sous deux aspect, une filandreuse car c’était la résultante de branches broyées (branches portant les fleurs et les feuilles), et une autre, beaucoup plus jaune, ayant plutôt l’aspect de granulés plus ou moins fins qui est la résultante du broyage de fleurs manufacturées (débarrassées de leurs branches et de leur feuilles).

A gauche : paillis de fleurs. A droite : Paillis de branches portant les fleurs.

Plus le chanvre était vieux, plus sa couleur était (jaune) foncée. Notons, pour ceux que cela intéresse, que cette réaction colorée s’est faite à l’abri de l’air (abris relatif) et dans une totale obscurité. Si c’était du fromage, on aurait pu dire, en plaisantant bien évidement, qu’il l’aurait été affiné par la police du Valais à 800 m d’altitude au bon air des montagnes (car chaque caisse était régulièrement ouverte pour vérifier tout manquement suspect ) !

Des Paloxs, encore des paloxs, toujours des paloxs … !

Je vous rappelle que cette opération du chanvre de Chavalon s’est effectuée dans le plus grand secret. Coté policier, il redoutaient l’exploitation médiatique du fait qu’ils rendaient tant de tonnes de cannabis à celui qu’ils faisaient passer pour le plus grand trafiquant d’herbe d’Europe (au sens géographique). De notre coté, la « notoriété » du chanvre de Barnard était, pour une fois, notre pire ennemie : même broyées, ces tonnes de cannabis pouvaient provoquer une convoitise hystérique chez des bandes mafieuses. C’est pourquoi, d’une part et d’autre, nous cultivions le secret concernant cette affaire de distillation.

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La distillation de l’huile essentielle : 1) Distillation du matériel de Chavalon (chanvre sec).

A gauche, vue d’ensemble de l’Alambic, à droite le tableau électrique et les cuves d’eau mises en chauffe. Voici l’alambic de Bernard, acheté à monsieur Weber. Ce dernier est d’ailleurs venu nous aider afin de nous former aux subtilités de sa machine. Cette machine est ambulante et fonctionne au gas-oil. Bernard avait pour projet de la transformer pour qu’elle fonctionne au bois (d’arbre ou de chanvre). Son principe est simple : branchée à une arrivée d’eau, le brûleur la transforme en vapeur sous pression. Celle-ci traverse ensuite les cuves remplies de chanvre et entraîne l’huile essentielle de chanvre (ici plutôt l’essence de chanvre) qui en ressort à l’autre bout, par un petit tube en inox. Le THC, à ces températures, se transforme en Gaz et se dissipe dans l’atmosphère. L’électricité n’alimentait que l’éclairage et les sécurités. Nous travaillions de nuit, pour des histoires de discrétion, mais aussi parce que la présence de plusieurs personnes, dont la police, à la ferme dissuadait nos voleurs nocturnes. Malheureusement, cela n’a surtout été vrai que les premiers jours, nos malandrins s’adaptant vite et s’armant de témérité!

Voici les cuves pendant leur remplissage. Ces dernières sont ensuite fermées hermétiquement pour permettre à l’ensemble de se mettre sous pression.

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Chargement des cuves : que se soit de la paille de branche de chanvre comme sur la photo de gauche, ou des débris de fleurs, ce matériel est ensuite tassé, comme on foule le raisin. Tout ce qui a été renversé en dehors des orifices est ensuite récupéré avec une balayette et remis dans les cuves. Ce matériel vaut plus que du chanvre normal : sa garde à Chavalon, ses années de saisies, sa transformation à la broyeuse qui gaspillait tant de résine, les frais de procès et les amendes, les frais de transports en semi remorques, les salaires des policiers, des détectives, des employés supplémentaires ainsi que le manque à gagner pour la société Valchanvre, tout cela coûtait si cher qu’il n’était pas question ici de le gaspiller.

Jusqu’à la dernière paille, jusqu’au dernier grain de résine, tout ce chanvre passait dans l’alambic ! Dans la photo de gauche, on voit que le fond du palox connaît une paille de chanvre très concentré en résine (pollen dans le cercle rouge), de quoi faire déjà pas mal de haschisch après un passage au tamis ! On comprend mieux alors pourquoi le juge nous a contraint à la distillation. Le chanvre de 1996 et celui de 1997 ne valaient plus rien … en termes psychotropes. Il a fournit une huile essentiel d’un peu moins bonne qualité mais surtout un rendement moindre, bien moindre. Celui de 2001 était censé être le plus riche en THC, mais le contenu de certains palox datés de cette année était suspects : le rendement était assez similaire à celui de 1996. Est-ce que quelqu’un avait tamisé une partie de ce chanvre (pour récupérer de la résine) ou est-ce une « erreur » (involontaire ou non) d’inversion de dates sur les caisses ? En tout cas, ce qui caractérise cette opération, c’est le manque de rigueur, d’une part et d’autre des deux parties ici en conflit, sur les quantités exactes de chanvre confisqué. J’ai même pu vérifier qu’aucune des caisses ne contenait le même poids. En amont de notre action, plusieurs dizaines ou centaines kg de résine auraient pu être détournées sans que personne ne s’en rende compte ! Comme le broyage des branches et des fleurs gaspillait à

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outrance de la résine, personne ne savait plus vraiment ce qu’il restait dans les caisses. A contrario, nous étions trop surveillés et trop pressuré de travail pour pouvoir tirer un parti illicite de cette situation. Ce que j’en dis n’est plus prouvable : tout ce chanvre a été distillé. Mais il reste un indice exploitable : la quantité d’huile essentiel distillée a été scrupuleusement recensée dans un cahier qui a fini dans les mains de notre cher juge. Il serait bon, un jour, de redistiller du chanvre sec pour vérifier si les quantités d’huiles essentielles obtenues correspondent au rendement que nous avons connu pendant cette opération. Si ce n’est pas le cas, il y aura certainement matière à enquête … mais cela ne peut pas venir de nous : je suis formel sur ce point! Disons qu’ici, je règle mes comptes avec certaines personnes assermentées qui sont venus me faire la morale et dont j’ai pu juger que la leur était encore pire que la mienne, en tout cas celle dont il me soupçonnaient à tord ! Cette histoire d’ « or vert » fait vraiment tourner les têtes à tout le monde ! 2) Distillation du chanvre vert. Ce chanvre là n’a pas été saisi. Il s’agit de la récolte en cours (2003), et des quantités que nous ne pouvions plus sécher en grange et en four. Nous voyons ici le « marc » de chanvre qui sort d’une cuve de l’alambic (photo de gauche), puis qui est déposé sur le plan de travail (photo de droite). Il n’y a plus de THC dans ce chanvre là. Sa fibre et son bois sont cuits : ils ne peuvent plus servir à une utilisation traditionnelle, mais peuvent toujours fournir un excellent compost. Sur la photo de gauche, les palox sont là pour réceptionner ce marc afin de ne rien en perdre.

On voit ici Marcelline qui fait « un brin de ménage » et recharge les cuves en chanvre frais. On referme alors les couvercles, remet la machine en chauffe et en pression, ce qui met un certain temps. Lorsque cela est prêt, le « Big Boss » arrive pour assurer la manœuvre et récupérer son précieux liquide. Mais cela fera le sujet du point suivant.

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Ce chanvre vert, provenait soit de la ferme, soit des champs de Bernard. Sur la photo de droite, on assiste à la mise en caisse de notre plante. Les ouvrières trient de matériel au sécateur : le maximum de bois en est retiré, puis les branches sont taillées afin de rentrer dans les caisses. Ces caisses sont adaptées pour le séchage en four, mais elles nous servaient aussi pour la distillation …

… comme le démontre la photo de gauche. Photo de droite : ce chanvre est séché en grange. Cela nous laisse le temps de distiller celui qui est vert et de nous affairer aux activités normales de ferme ainsi qu’aux travaux de sécurisation des lieux que j’avais à ma charge. Le chanvre vert est en fleur et mûr lorsqu’il est distillé. La manipulation de ce matériel laisse de la résine plein les mains. Il s’agit de charas, comme nous le verrons plus loin. Il faut bien frotter pour l’enlever de la peau. Mais cette résine, sur les vêtements, se lave relativement bien : à l’eau chaude, aucune tâche de charas ne résiste à un bon lavage en machine. Voici que cet exposé de la distillation du chanvre vert et sec arrive à sa fin : nous allons maintenant passer à l’essentiel du sujet, c'est-à-dire, à l’huile essentielle. Retenons qu’il s’agit d’un travail physique et méticuleux mais sains car absent de tout produit chimique ou substance toxique. J’aime ce métier ! Et il me manque !

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3) L’essence de chanvre (l’huile essentielle).

L’huile essentielle, ainsi que de l’eau chaude la transportant, arrive dans un récepteur en inox. L’huile remonte rapidement à la surface de l’eau. On la récupère dans un pichet et on la transvase dans un pyrex spécial qui permet de séparer l’eau du précieux liquide.

L’huile est en émulsion. Lors de la dépose, elle se mélange encore plus à l’eau. Mais si on la laisse se reposer, elle se concentre en remontant à la surface. C’est ce qu’on assiste dans les cercles rouges de ces trois photos. Ici c’est Bernard lui-même qui procède à ce travail de séparation. Théoricien écologiste, ingénieur agronome, militant du chanvre … et un peu chimiste, le chanvre mène à tout … même si je regrette que parfois il nous mène aussi en prison ! Bah ! Nous ne sommes pas les premiers à être persécutés injustement sur terre et un jour ou l’autre, l’histoire nous donnera raison ! Vous verrez que cette folie de répression du cannabis n’a été qu’une « chasse aux sorcières » parmi tant d’autres ! Comme le dit un dicton : « il faut souffrir pour être beau », apparemment, il faut aussi « souffrir pour qu’une cause juste »soit reconnue comme telle ! Mais revenons à notre huile essentielle. Dans le cercle bleu, j’attire votre attention sur un petit robinet qui va nous permettre d’évacuer l’eau et de nous arrêter précisément au niveau de l’huile essentielle. C’est grâce à lui que la séparation s’opère. Le précieux liquide coûte entre 2 000 et 4 000 FS le litre, selon la qualité, la quantité en stock et l’intensité de l répression. Mais elle est si forte que quelques gouttes suffisent pour parfumer des bonbons ou des boissons par exemple. Car celle huile essentielle est totalement dépourvue de toxicité et sert aussi bien dans l’alimentaire que pour la parfumerie et la cosmétique.

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J’ai même expérimenté une peinture naturelle au chanvre (allemande) à laquelle j’ai rajouté de l’huile essentielle car je trouvais qu’elle ne sentait pas bien bon. Un résultat stupéfiant : le parfum dégagé par les murs était si exquis, que je passais mes journées à les raser pour les renifler avec mon grand nez ! Une première au monde : la peinture parfumée … et 100% naturelle de surcroît ! Bernard enlève l’eau (photo de gauche). Cette dernière …

… est entièrement récupérée car il reste souvent un peu d’huile, mais aussi car elle est chargée en goûts des différents produits contenus dans le chanvre. C’est un excellent additif naturel. Bernard la stocke et s’en sert, par exemple, pour parfumer ses pâtes au chanvre. Il appelle cette eau le distillat de chanvre. Là encore, peu d’expérimentations ont été faites sur les vertus de ce dernier. Seul des expérimentations pour vérifier la présence ou l’absence de THC ou de toxicité on été réellement réalisées. Cela laisse le champ libre aux chercheurs …. On arrête l’opération dès qu’on arrive au niveau de l’huile (photo du centre). L’eau recueillie est alors réinsérée dans le receveur pour en récupérer l’huile résiduelle comme le montre la photo suivante. L’opération est renouvelée jusqu'à la fin de la distillation et de la récupération de toute l’huile essentielle. Dans le cercle rouge (photo de droite), l’arrivée de l’eau chargée d’huile sortant de l’alambic. C’est aussi par ici que sort le THC sous forme de gaz. IL faut donc éviter de respirer trop à cet endroit, surtout en début de distillation, lorsque la première eau sort (c’est à ce moment là que la plus grande quantité de gaz sort). De toute façon, sous forme de gaz, il ne « défonce » pas autant que fumé : son effet est plutôt « speedant », l’euphorie est quasi inexistante mais on ressent comme une monté de « flash » sans cependant arriver à ce dernier. Peut être aussi parce que ce THC est transformé par la chaleur de la vapeur en une molécule moins psychoactive ! En tout cas, personne n’a fait d’expérience sur ce sujet, nous sommes les premiers à avoir involontairement synthétisé ce qui peut être une nouvelle molécule cannabinoïde. Quand je dis « nous », le mérite revient plutôt à Bernard qui a inventé la technique. Certes, la police et les autorités ne voient pas d’un bon œuil ces activités chanvrières autour des variétés à fort taux de THC. Elles refusent de croire que la production d’huile essentielle et son commerce puisse être rentable, même si les faits ont depuis donnés raison à Bernard qui a reçu de l’étranger des commandes de plusieurs dizaines de litres de ce produit. En fait, là ou on ne peut pas leur donner tord, c’est que ce genre de chanvre, actuellement cultivé en de si grandes quantités dans un système prohibitionniste, peut donner lieu à des tentations et des détournements, provoquer une hystérie et une insécurité inquiétante en plus d’être difficilement gérable. Mais je connais mon Bernard et je sais qu’ils leur répondrait : « Alors, vous n’avez qu’à légaliser et réglementer le métier, et ces problèmes disparaîtront ! ». Mais depuis le gouvernement Blocher, qui a suspendu la tentative de légalisation, la police préfère quand même jouer la carte de la répression ! Mais n’est-ce point trop tard ? La pratique cannabique semble si encrée en suisse que cela semble faire partie de sa culture ! La Suisse, son chocolat, ses banques, son sérieux, ses vaches … et son cannabis !

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Sortie de l’huile essentielle dans le bac récupérateur

Le précieux liquide est récupéré dans des récipients en inox ou en aluminium, car il dissout les emballages en plastique (effet solvant). Mais aussi parce qu’il doit être placé à l’abris de l’air et de la lumière.

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