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Lifestyle
INTERVIEW
Alexandre Giquello
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Décembre, jour de pluie, Paris. Et soudain les trésors du 5 rue de la Boétie dans les bureaux de la maison de vente Binoche & Giquello. C’est là que nous rencontrons Alexandre Giquello, Président de Drouot Patrimoine, pour un échange entre statuettes d’art primitif, tableau de Kess Van Dongen et miroir chinois. L’occasion d’aborder sa vision pour le futur de l’institution, et son affection pour le 9ème arrondissement qui lui sert d’écrin.
C’était une actualité d’automne mais elle est encore frappante : le 21 octobre dernier vous avez organisé la vente du Big John, le plan grand triceratops connu, adjugé à 6,6 millions d’euros. On évoque souvent l’univers des enchères pour ces ventes records...mais Drouot, ce n’est pas seulement cela n’est-ce-pas ?
AG. Tout à fait. Dites-vous que se sont près de 500 000 lots qui sont vendus chaque année à Drouot. Parmi ceux-ci, des ventes prestigieuses, des objets d’art, mais également des lots tout à fait abordables : nappes en lin brodées, services de verres ou encore ménagères en argent massif qui coûteront finalement le même prix qu’une ménagère neuve, souvent de moindre qualité. On peut meubler absolument tout son intérieur en venant à Drouot, ou désormais en consultant régulièrement le site Drouot.com. Il y a là un véritable vecteur de croissance, un avenir pour ces objets d’occasion, quand on songe aux jeunes générations qui réfléchissent à leurs habitudes de consommation et ne souhaitent plus acheter neuf. En un sens, on peut dire que Drouot est écoresponsable depuis 150 ans !
Le Triceratops Big John adjugé à 6,6 millions d'euros dans le cadre de la vente aux enchères Naturalia, organisée par la maison Binoche & Giquello à l'Hôtel Drouot
INTERVIEW
Mais tout le monde ne sait pas qu’on peut se rendre à Drouot aussi facilement. Au cœur des réformes que vous souhaitez impulser se trouve justement cette idée d’ouverture de l’institution.
AG. Je crois que cela est dû à plusieurs facteurs. D’abord, un certain imaginaire : le côté "officier ministériel" et "ventes judicaires" sont peut-être des dimensions qui impressionnent. Surtout, cela tient à l’histoire de Drouot et des ventes aux enchères en général : pendant longtemps ce fut un milieu de professionnels, très peu ouvert aux particuliers. Il fut même un temps-lointain- où on payait des clochards pour qu’elles viennent s’asseoir en salle des ventes et qu’ainsi les bourgeois d’alors n’y trouvent pas de place. Nous en sommes désormais loin, bien que 80% de nos ventes se fassent encore entre professionnels : des historiens d’art, courtiers, antiquaires…
Dans cette logique, parmi les différentes mesures, celle de l’ouverture le samedi est assez parlante.
AG. Pendant longtemps il fallait, pour un lot précis, se déplacer à une certaine heure en pleine semaine : une démarche contraignante pour les particuliers. Or le samedi est une journée de liberté. Il peuvent ainsi venir et voir les ventes ou les expositions : des œuvres d’art, du mobilier design, des livres.. Cette volonté de sortir de l’esprit d’un club fermé est au cœur de notre réforme. Drouot est un lieu de socialisation, de rendez-vous. Parallèlement à cela, la démocratisation passe aussi par notre volonté de mutualiser les synergies en ouvrant Drouot aux maisons de vente de toutes tailles, et en développant la digitalisation. La crise sanitaire a été sur ce point un puissant facteur d’accélération de notre feuille de route : Drouot.com nous a notamment permis de toucher un nouveau public, en province, à
l’étranger, mais également de nouvelles tranches d’âge.
Cela n’a malgré tout pas le même charme de se rendre sur place.
AG. Bien sûr, il faut venir pour palper l’effervescence propre à Drouot. Et constater à quelle point son activité rayonne sur tout un quartier…qu’on appelle justement quartier Drouot. Il suffit pour cela de se promener dans les rues et passages alentours : antiquaires, bouquinistes, galeristes, restaurants… c’est tout un quartier qui s’éveille et qui vibre quand Drouot est ouvert ! C’est pour cela qu’il nous faut trouver un équilibre : être à la pointe de la modernité et des attentes des nouveaux acheteurs via le numérique, mais également conserver le charme classique de l’hôtel des ventes. L’actualité ne nous prouve-t-elle pas que même certains géants d’internet se développent aujourd’hui via l’ouverture de sites physiques ?
A propos de ce quartier justement : vous devez bien le connaitre…Qu’évoque pour vous le 9ème arrondissement ?
AG. J’ai commencé ce métier il y a 20 ans en travaillant alors rue de la Grange-Batelière dans des bureaux qui donnaient juste au-dessus du passage Verdeau. J’aime
@Milan-Poyet tout particulièrement cette vie des passages où l’on trouve des antiquaires jouxtant des salons de thés et philatélistes. Tous les jours je faisais des allers-retours incessants entre Drouot et le bureau. J’avoue avoir une petite pointe de nostalgie pour le 9ème .
Quelques adresses de prédilection ?
AG. Beaucoup ! S’il ne fallait en citer que quelques-unes je dirais chez Mike et son adresse "Euro Art & Collection" rue de la Grange Batelière : une boutique de montres anciennes qui n’a pas son pareil pour réparer et bichonner les garde-temps. Je le conseille d’ailleurs régulièrement à mes ami(e) s ! J’aime aussi beaucoup Soma, un restaurant japonais rue Milton, ou encore la table du Petit Riche, une institution du quartier, au décor Belle Epoque. Enfin pour les cadeaux, je citerais La Mère de Famille : un bel exemple d’une ancienne maison qui a su grandir et se moderniser pour rester en phase avec son temps…comme Drouot !
Drouot est écoresponsable depuis 150 ans !
ALEXANDRE GIQUELLO,
NOS ADRESSES
Les adresses de nos agents
Gourmand
B.O.U.L.O.M, deuxième adresse de Julien Duboué, se décrit, selon l'acronyme comme "une boulangerie où l’on mange". Intriguant n’est ce pas ? Première découverte en arrivant : la boulangeriepâtisserie avec ses pains au blés anciens, ses viennoiseries et douceurs…Avant de pénétrer dans le restaurant où le chef landais revisite l’idée du buffet à volonté, également dans une formule brunch pour le week-end. Au programme : des produits gourmands et de qualité (charcuteries Ospital, Viandes Michel Pouzol...) pour un moment de pure convivialité ! | 181, rue
Ordener, 75018
Atelier Véron
Notamment galerie d’Art en ligne, l’Atelier Véron accueille des artistes tels que Michèle Cassou, Jean Dessirier ou des lithographies de l'imprimerie Mourlot. Il serait cependant dommage de ne pas se rendre in situ, dans le quartier des Abbesses pour découvrir la galerie, lieu d’art et de vie, qui organise régulièrement des expositions, des ateliers, lectures et rencontres avec les artistes. | Atelier Véron, 31, rue
Véron, 75018
La fripe c’est chic
Les modistas ont leur repaire rue la Bruyère. Chez Débardeuse, on chine de la seconde main de haut-vol. Manteau Pierre Balmain, robe Jean Patou ou encore jupe Issey Miyake et veste Jeanne Lanvin…Une sélection pointue dans laquelle il serait difficile de ne pas trouver son bonheur. Place au vêtement avec un grand V ! | Débardeuse, 16, rue la Bruyère, 75009
Bistrot moderne
Non loin de l’effervescence de la rue des Martyrs, c’est désormais une adresse connue et reconnue des gourmets. Chez Caillebotte, place au bistrot moderne dans le décor comme dans l’assiette. Entre bois clair et marbre blanc, on s'assoit pour découvrir la carte fraiche et conviviale qui met à l'honneur les produits des maraichers locaux. A s’en lecher les doigts de l’entrée au dessert ! | Caillebotte, 8, rue Hippolyte
Lebas, 75009
Allons voir si la rose...
Dans le quartier de la Nouvelle Athènes, il suffira de pousser la grille du 16 rue Chaptal pour découvrir le Musée de la vie Romantique, bulle de nature et de poésie en plein coeur du 9ème arrondissement. On vient notamment y découvrir les œuvres du peintre hollandais Ary Scheffer, ancien locataire de ce pavillon en 1830, mais aussi l’univers de George Sand voisine et habituée des lieux en son temps. Après la visite, pourquoi ne pas profiter d’un tea time hors du temps au Salon de Thé Rose Bakery ? Un incontournable du Paris atypique et bucolique.
| Musée de la Vie Romantique, 16, rue Chaptal, 75009
Musée de la Vie romantique © Pierre Antoine
Gourmand
Peut-on venir du Berri sans être gourmand ? Existe-t-il une cuisine qui ne soit pas une affaire de partage ? A ces deux questions les adresses Berrie répondent par la négative. Aventure lancée par trois amis berrichons, le concept réunit un restaurant et l’épicerie qui lui sert de garde-manger. On vient donc ici le temps d’un repas, ou pour remplir son panier de fruits et légumes locaux, charcuteries, fromages et bocaux divers…notamment. L’alimentation générale…avec une touche trendy !
| Berrie, lunch & garde –manger, 39, rue SaintLazare et 21, rue des Martyrs, 75009
...Sans oublier
DANS LE 9ÈME ARRONDISSEMENT
Alain Daher, ostéopathe, 31, rue Saint-Lazare Amore Amaro, restaurant italien, 47, avenue Trudaine Babka Zana, 65, rue Condorcet Belle maison, 4, rue de Navarin Berrie, épicerie fine, 39, rue Saint-Lazare Coucou Café, 14, rue Bochart de Saron Chataignier, fromager, 3, rue des Martyrs Debeaulieu, boutique et studio floral, 30, rue Henry Monnier Dépanneur Pigalle (Le), 27, rue Pierre Fontaine Dumbo, restaurant, 64, rue Jean-Baptiste Pigalle Galerie Maillard-Fouilleul, estampes-dessins et aquarelles, 11, passage Verdeau Hôtel Amour, 8, rue de Navarin Chez Gustave, 6, place Gustave Touzouc L’innocence, restaurant une étoile, 28, rue Louise-Emilie de la Tour d’Auvergne M.Concept Store, décoration et mobilier, 40, rue Condorcet Maison Pigalle, décoration, 22, rue Pierre Fontaine Mon Paris!, restaurant, Bar, 6, rue Edouard VII Perception, restaurant, 53, rue Blanche PhiloVino, caviste, 6, place d’Estienne d’Orves
DANS LE 18ÈME ARRONDISSEMENT
Cantine du 18ème (La), 46, rue Ramey Cave des Abbesses (La), 43, rue des Abbesses Cave d’Edouard (La) - Champagnes , 83, rue Lamarck Comestibles et Marchand de vins, 65, rue du Mont-Cenis Fondation Kadist, 21, rue des Trois Frères Galerie Christine Diegoni, 47, Ter rue d’Orsel Hasard Ludique (Le), 128, avenue de Saint-Ouen Hiru, Restaurant, 14, rue Duc Hôtel Particulier Montmartre, 23, avenue Junot Il Brigante, pizzeria, 14, rue du Ruisseau Instant d’une coupe, coiffeur, 5, rue Audran Kiez Biergarten, 24, rue Vauvenargues Marcel restaurant, 1, villa Léandre Marinette, Pizzeria, bar, 112, rue Marcadet Renaissance (La), bistrot, 112, rue Championnet Roberta, Trattoria, 5, rue la Vieuville Ruisseau (Le), burgers, 65, rue du Ruisseau Sunset restaurant, 100, rue Ordener
NOS CONSEILS
Avis d'experts
Spécialisés sur leurs secteurs respectifs, les conseillers Engel & Völkers en observent les évolutions de marché. Pour ce Private Residences spécial 9ème et 18ème arrondissements, ils livrent leurs analyses depuis le terrain, et partagent quelques conseils.
Par Khadija Pichot, Conseillère Engel & Völkers Paris 9ème Depuis combien de temps vous êtes-vous spécialisée sur le marché immobilier du 9ème
arrondissement ? Cela fait plus de trois ans que je travaille exclusivement sur le 9ème, en concentrant mon expertise sur l’Est de l’arrondissement, dans le quartier Drouot puis dans la localisation proche rue des Martyrs. Un quartier qui attire car situé entre les grands magasins, institutions culturelles et commerces de bouche : une vie de quartier très agréable.
Quel est le profil d’acheteurs sur cette zone ? Une clientèle française, majoritairement composée de jeunes couples pour un premier achat ou de jeunes familles de catégories socioprofessionnelles relativement
Quand on s’installe dans le 9ème, on veut rarement en partir !
KHADIJA PICHOT, CONSEILLÈRE ENGEL & VÖLKERS PARIS 9ÈME aisées qui déménagent au gré des naissances pour plus d’espace. Il arrive souvent que ce soient des personnes qui vivaient déjà dans le 9ème arrondissement. C’est un secteur très conservateur : quand on s’y installe, on veut rarement en partir !
Quelles en sont les localisations
les plus prisées ? Du fait des profils acheteurs, le secteur proche de la rues Martyrs et ses nombreux commerces enregistre une forte demande : pour un appartement situé par exemple avenue Trudaine il faudra compter autour de 14 000 euros du m². Un autre facteur qui a un fort impact sur la demande, et donc sur les prix, est la présence de bonnes écoles, qui valorisent des rues telles que la rue du Havre et celles avoisinant le prestigieux lycée Condorcet, ou la rue Choron via la présence de l’école Notre-Damede-Lorette. Ici les prix peuvent dépasser les 13 500 euros du m².
Une tendance générale sur
ce marché ? Le segment des appartements familiaux est ici très tendu du fait de la forte demande par rapport à l’offre disponible. Lorsqu’il n’y a pas de travaux prévus pour le bien ou au niveau de la copropriété, nous enregistrons souvent des offres au prix sur les premières visites. L’Est du 9ème, composé des secteurs du Faubourg Montmartre au Sud et de Rochechouart au Nord, n’ont enregistré aucune baisse de prix malgré le contexte sanitaire.
Une vente qui vous a particulièrement marquée ?
Un client nous avait contacté pour la recherche d’un bien immobilier qu’il a finalement trouvé seul, mais satisfait de notre accompagnement, il nous a confié la vente de l’appartement qu’il quittait, rue Jean-Baptiste Pigalle, et pour lequel nous avons obtenu une offre au prix à la 1ère visite. Ce même client nous a ensuite recommandé auprès de l’un de ses voisins dont nous avons également vendu l'appartement. Cette histoire témoigne de la dimension humaine de notre métier et atteste de notre qualité de service.
Par Jean Luc Chevassu, Conseiller Engel & Völkers Paris 18ème Quel est votre secteur d’expertise ?
Au cœur du 18ème, je me suis spécialisé sur une zone s’étendant du nord en Sud du Boulevard de Clichy jusqu’à la rue des Abbesses, et d’Est en Ouest de la rue Lepic à la rue des Martyrs. Une zone hétérogène entre grandes avenues et ruelles authentiques, qui a pour atout d’être centrale bien qu’au Nord de Paris et desservie par deux lignes (la 2 et la 12) qui traversent toute la Capitale.
Une tendance pour le marché
dans ce secteur ? C’est un marché dynamique qui a connu une forte hausse de prix sur les cinq dernières années : 30 % d’augmentation en moyenne. Actuellement nous enregistrons un maintien des valeurs sur un plateau haut, autour de 10 200 euros du m². Nous constatons une exigence plus forte des acheteurs et des recherches plus précises. Les biens d’exception qui, obéissant à la règle du “coup de cœur”, peuvent se négocier jusqu’à 20 000 euros du m².
Quelles en sont les localisations
les plus prisées ? Il y a bien sûr la rue des Abbesses ou la rue Lepic sur lesquelles le prix d’un appartement peut dépasser les 13 500 euros du m². Offrant un écrin de calme sur le chemin de la Butte Montmartre, la rue Véron mérite aussi le détour. Si le boulevard de Clichy, plus bruyant, offre des prix plus accessibles d’environ 11 000 euros du m², il compte également un îlot de quiétude : la Villa des Platanes, résidence privée calme et sécurisée avec jardins et terrasses donnant également sur la rue Robert Planquette et dont les appartements peuvent atteindre 13 000 euros du m².
Quel est le profil de vos acquéreurs ?
Une clientèle française mais également internationale grâce au rayonnement mondial de l’image de Montmartre. Nos dernières ventes ont par exemple été réalisées avec des acheteurs de nationalité suisse, allemande ou encore anglaise. Des photographes, peintres, réalisateurs, musiciens…tout l’esprit du quartier ! Mais aussi, des investisseurs qui recherchent des biens rares tels que des anciens ateliers d’artistes à rénover. Les familles préfèrent quant à elles orienter leur recherche plus à l’Est, aux abords de la rue des Martyrs.
A quoi ressemble votre
portefeuille de biens ? Au secteur, hétérogène ! Des petites surfaces mais aussi des biens d’exception. Je pense par exemple à un duplex que nous vendons en haut de la Butte, avec terrasse vue panoramique sur tout Paris. Rue d’Orson, nous proposons également un bien de 100 m² sur trois niveaux avec terrasse et jardin, sans vis-à-vis car donnant sur la verdure du square.
Un exemple de vente récente ?
Au tout début de mon activité sur le secteur j’ai rencontré un propriétaire qui possédait deux immeubles rue Lepic, et vendait un triplex : trois plateaux bruts à aménager. Après quelques rebondissements nous avons réussi à vendre ce bien au prix. Aujourd’hui nous vendons les deux derniers étages du second immeuble. C’est pour moi une vente qui illustre ce qui fait la force de notre métier : la ténacité et l’instauration, dans la durée, d’une étroite relation de confiance avec notre client.
JEAN-LUC CHEVASSU, CONSEILLERS E&V PARIS 9ÈME ET 18ÈME