Enrique Garcia-Prieto TPFE 2013

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RESSOURCES ET DANGERS Habiter les quebradas de San Salvador

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TPFE 2013 - Enrique Garcia-Prieto encadrĂŠ par Miguel Georgieff ENSP Versailles Image couverture photo maquette EGP


San Salvador,

Dessin EGP sur base Google Earth


Avant-Propos: Un retour Ce travail est pour moi l’opportunité de revenir sur ce que j’ai appris le long de mes études supérieurs (que j’ai effectué intégralement en France) et de le mettre en pratique, au service du projet, dans ma ville d’origine. C’est l’occasion également de préparer mon éventuel retour, de me rendre compte de la réalité du terrain, c’est à dire de rencontrer les différents acteurs qui pourraient tourner autour d’un projet de paysage au Salvador. Être parti de mon pays m’a permis de prendre du recul par rapport à l’importance des enjeux humains dans un pays en voie de développement et de prendre conscience de ma part de responsabilité dans la recherche, la réflexion et la proposition de nouvelles et meilleures manières de vivre ensemble. Je trouve important de mener une démarche qui me mette à l’épreuve, de sortir de mon cadre de vie privilégié à San Salvador et d’aller à l’encontre des lieux et des gens inconnus. Par ce travail, je prends conscience à quel point je connais mal la ville que j’ai habité jusqu’à mes dix-huit ans et où je suis régulièrement retourné au fil des années. Plus exactement, je me suis rendu compte qu’il existait des nombreux espaces qui étaient des points blancs dans la carte pour moi. Des espaces qui étaient inconnus soit parce que je les avais volontairement évité par crainte de sécurité, soit parce que je n’avais aucune raison de m’y rendre ou tout simplement parce qu’ils sont peu visibles ou peu accessibles. Cette méconnaissance est le résultat d’une pratique particulière de l’espace de la ville, une pratique déterminée par la peur, la distinction très nette entre groupe sociaux et la morphologie même du terrain. La ville de San Salvador est implantée dans un bassin au pied d’un volcan, encadré par des chaînes de montagnes et de collines. Ce relief est très présent et visible depuis l’ensemble de la ville, surtout le volcan qui lui seul fait le skyline emblématique de la ville. En contrepartie au paysage formé par ce relief verdoyant, le bassin de San Salvador est creusé par un réseau de ruisseaux et de rivières. L’espace défini par ce système de quebradas est devenu au fil de l’histoire de la ville un espace délaissé, qui reçoit les eaux usées de la ville et surtout qui accueille les populations les plus précaires. C’est vers ces trous de la ville que je me dirige.


2005

2006

San Salvador

2007

2008

2009

Études d’architecture à l’école nationale supérieure d’architecture et paysage de Bordeaux

San Salvador

Bordeaux

Départ de San Salvador

SS


Parcours personnel

2010 Paris

2011

2012

2013

Études à L’école nationale supérieure de paysage de Versailles

2012

2013

Mémoire de 3ème année Février 2012: 10 jours à San Salvador dans le cadre du mémoire

TPFE Mars 2012: 3 semaines à San Salvador. Visite du site de TPFE


Sommaire

Situation

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Introduction au sujet des quebradas à San Salvador

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I. San Salvador et son territoire

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1. La force du site: Volcanisme et érosion

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2. La ville contre son site: rentabilité et urgence

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II. Expédition dans la quebrada las Lajas

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Contexte géographique et économique Contexte historique San Salvador: croissance et métropolisation

Définition Discours des autorités, positionnement personnel Choix d’un site: la quebrada las Lajas

Un socle présent et identitaire Un socle géologique récent: entre solidité et fragilité L’eau présente, l’eau cachée Les quebradas, un condensé des risques naturels?

Développement de la ville formelle La quebrada à l’écart de la ville La quebrada, espace de réserve pour les espaces servants Dévloppement de la ville informelle La quebrada comme lieu d’accueil

1. Déroulement de l’expédition

47

2. Un site habité

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3. Une Forte présence de la nature

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Les habitants Processus de constitution et de consolidation de la comunidad Une initiative individuelle forte à mettre au profit de la comunidad

Le risque La nature généreuse: l’érosion positive La nature généreuse: ce que la végétation donne Emplacement et gestion de la ressource végétale Les animaux, symboles des enjeux Ambiances et vues, accroches dans le paysage


III. La Quebrada dans le territoire

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1. La Quebrada las Lajas: un espace d’entre deux

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2. Une évolution parallèle, la colonia et la comunidad

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3. Un espace intégré à la ville

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IV. Vers une sortie de la précarité et de l’urgence

105

1. Décomposition du site d’étude

107

2. Recomposition et méthode de travail

123

3. Principes de projet

125

Bibliographie

153

Remerciements

155

Topographie Urbanisation Les comunidades dans les quebradas Rencontre entre colonia et comunidad Éléments d’accroche à la ville formelle Liaisons existantes et à créer La rencontre entre colonia et comunidad, des lieux de vie qui fonctionnent

Topographie, un site étroit Implantation du bâti en situation souvent vulnerable Des cheminements compliqués et en impasse Des risques à surmonter Des espaces de vie concentrés sur la rue, en haut Une nature à exploiter Des terrains en friche mais souvent privés


Amérique du Nord

Océan Atlantique

or

El

vad Sal

Océan Pacifique Amérique du Sud

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Carte EGP


Situation S’agissant d’un pays peu étendu et peu connu, il me semblait nécessaire de développer quelques éléments qui permettraient de mieux situer le Salvador et San Salvador dans leur contexte géographique, économique et historique.

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Mexique

Belize

Guatemala Honduras

San Salvador

Salvador

Contexte géographique et économique

Une dorsale de montagnes sépare l’isthme centre-américain en deux versants. Exposé aux vents alizés, le versant caraïbe a un climat humide toute l’année, le versant pacifique présente un climat plus sec avec de pluies concentrées de mai à octobre. Les températures, globalement chaudes toute l’année, sont tempérées par l’altitude. De mai à novembre, la région est souvent affectée par le passage de tempêtes tropicales et d’ouragans. Le Salvador est délimité au nord par la Sierra Madre, par le sud par l’océan pacifique, à l’ouest par le fleuve côtier rio Paz et à l’est par le golfe de Fonseca et le rio Goascoran. Une ligne de 20 volcans traverse le territoire d’ouest en est et les éruptions volcaniques et les séismes sont fréquents. Le pays est très peuplé, on compte environ 6,5 millions d’habitants pour une superficie de seulement 21 000 km2, ce qui fait une densité de plus de 300 habitants/km2. Une grande partie de la population, autour de 40%, vit en zone rurale. La population est composée de 87% de métis (européens, indigènes et africains), 12% de blancs et 1% d’indigènes. L’agriculture, même si elle occupe encore une grande partie de la population ne représente aujourd’hui que le 12% du PIB national, sachant que les cultures commerciales (café et canne à sucre) représentent la environ la moitié de cette part. Le secteur industriel qui constitue le 23% du PIB, est composé à la fois d’industries diverses pour le marché centre-américain et surtout d’industries textiles pour le marché nord-américain. En réalité, l’économie survit grâce à l’envoi de fonds de la diaspora salvadorienne dans le monde (3 millions de personnes dont 2 millions aux É.-U.) vers le Salvador. Cette somme équivaut à 15% du PIB. Cet apport d’argent maintient une activité commerciale importante. Le Salvador est désormais un pays de consommation et non de production. 12

Nicaragua


Cuba

Population: env. 6.5 millions Superficie: 21 040 km2 Capitale: San Salvador Langue: Espagnol IDH: 0,674 (moyen) PIB/hab: 7 745 PPP Monnaie: Dollar US

Jamaïque

Températures et pluies moyennes à San Salvador

Costa Rica Panama

Colombie

100km Carte http://www.maps-for-free.com/ , EGP

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Un résume de l’histoire du pays: La Construction d’une société inégalitaire

Comme c’est souvent le cas dans les pays de l’Amérique latine, le Salvador est un pays de contrastes, d’inégalités entre différents groupes sociaux. C’est une thématique qui va ressortir à plusieurs reprises le long de ce travail, il est donc nécessaire de faire un point sur l’histoire du pays, depuis la colonisation espagnol, pour comprendre comment cette société inégalitaire s’est construite et les conséquences que cela a engendré.

Cartes postales de la «décennie dorée» (1950’): 1. Le transport du café 2. Une plantation d’henequen 3. Le «puente de oro»

4. La destruction du «puente de oro» 1981 5. Célébration des accords de paix 1992 6. «Mareros» dans une céllule 2010 Photos google

Avant l’arrivée des espagnols, le peuple pipil a fondé la seigneurie de Cuzcatlan dans le territoire occupé aujourd’hui par le Salvador. Il s’agit d’un peuple originaire du centre du Mexique et fortement influencé par la culture Maya. C’était une société agricole, on y cultivait du maïs, des haricots, des courges, des fruitiers, et surtout du cacao. La fève de cacao était utilisée comme monnaie dans l’aire de Mésoamérique (du centre du Mexique au nord de l’Amérique centrale) et permettait des échanges commerciaux importants. L’arrivée des conquistadors espagnols dans les années 1520’ a bouleversé l’occupation du territoire et établi un nouvel ordre social. Les peuples autochtones désormais «indiens», sont décimés par les maladies venues d’Europe et les guerres de conquête, et ensuite réduits à l’esclavage - exploitation de mines, travail agricole - . Les municipalité de San Salvador et de Sonsonate (dont le périmètre correspond au territoire actuel du pays) ont été spécialisées au début dans l’exploitation de la fève de cacao et ensuite dans l’exploitation de l’indigo et du baumier du Pérou. L’indépendance, en 1821, n’a pas produit des changements majeurs dans l’organisation économique du pays, le pays était essentiellement agricole et fonctionnait à deux vitesses: d’un côté, des grandes exploitations qui associaient des cultures alimentaires, l’élevage et de l’indigo contrôlées par les descendants des espagnols et de l’autre côté, des petites exploitations, parfois dans des terrains partagés, de petits exploitants indiens qui pratiquaient une agriculture vivrière. La culture du café a été introduite dans les années 1860’ et une période connue comme la «république cafetalera» débute, où une série de gouvernements se succèdent dans le but de promouvoir la culture du café. De nombreuses terres ont été expropriées aux indiens et offertes aux entrepreneurs de l’élite locale ou de nouveaux arrivants européens qui établiraient des plantations de café. Cette mesure a favorisé encore plus la concentration importante des terres et de l’économie dans l’oligarchie. Au début des années 1930’, dans le contexte de la crise économique mondiale et donc de l’effondrement des prix du café, un mouvement de révolte attisé par les communistes a eu lieu et de nombreux indiens des zones productrices de café se sont soulevés contre le gouvernement. La répression a été brutale et a donné lieu a un massacre de quelques 30 000 indiens et a eu comme conséquence l’effacement de la culture amérindienne dans le pays. De 1930 à 1979 une série de gouvernements autoritaires militaires se sont succédés, ils veillaient aux intérêts de l’oligarchie au nom du progrès. De nouvelles cultures commerciales sont introduites, le henequen dans les années 1930’, la canne à sucre dans les années 1940’ et le coton dans les années 1950’. Certes ces exploitations, hautement productives permettent de financer de projets d’infrastructures (routes, barrages, logements) et d’entamer une politique d’industrialisation, mais leur étendue était démesurée par rapport à la taille et la densité de population du pays, ce qui a fait gonfler le nombre de paysans sans terres. Au cours des années 1970’, les mouvements de contestation de ce modèle économique était de plus en plus important et se trouvaient toujours heurtés à la violence de la répression du gouvernement militaire. Progressivement des groupes armés de contestation se forment. À partir de l’année 1980, suite à la montée de violences et de répressions, une vraie guerre civile éclate au Salvador: elle oppose le gouvernement et l’armée, soutenus par les ÉtatsUnis, aux révolutionnaires plus ou moins de gauche, soutenus par les soviétiques. En 1992, des accords de paix sont signés entre les deux partis, les révolutionnaires deviennent un parti politique. Même si les accords de paix sont considérés comme étant exemplaires et ils ont permis d’instaurer une vraie démocratie, les séquelles de la guerre sont très importantes. L’économie est ruinée, la société est divisée. Une certaine culture de la violence s’installe, alimentée par la pauvreté et la décomposition familiale. En réalité la fin de la guerre n’a pas signifié la fin de la violence, et le Salvador est toujours considéré comme un des pays les plus dangereux au monde.


Guazapa

San Juan Opico

Quezaltepeque

San Jose Guayabal

Ciudad Arce Nejapa

Oratorio de Concepcion Apopa

San BartolomĂŠ Perulapia

Tonacatepeque Ayutuxtepeque

Mejicanos

Colon

Ciudad Delgado

San Pedro Perulapan San Martin

Cuscatancingo

San Salvador

Soyapango

Ilopango

Santa Tecla Antiguo Cuscatlan San Marcos Nuevo Cuscatlan Santo Tomas

Santiago Texacuangos

Huizucar Zaragoza

San Jose Villanueva Olocuilta

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Cuyultitan


San Salvador: Croissance et Métropolisation

San Salvador AMSS 1950 AMSS 1971 AMSS 1993 AMSS 2013 Région Métropolitaine 2010 Aire urbaine élargie Surfaces urbanisées

5km Courbes de niveau Tous les 100m Plan google, EGP

La ville a été fondée en 1545 par les espagnols sur un site qui présentait des nombreux atouts. La ville s’est implantée au point bas d’un bassin ample, fertile et bien drainé à proximité d’une rivière et de nombreuses sources. Elle se trouvait au cœur d’un bassin agricole où il existait un maillage serré de villages indiens, fournisseurs de main d’œuvre. Au milieu du XIXe siècle, la ville de Nueva San Salvador (connue comme Santa Tecla) est créée à 7 km à l’ouest de San Salvador, détruite par un séisme, pour servir comme nouvelle capitale. La capitale n’est, dans les faits, jamais installée dans la nouvelle San Salvador mais cette localité connaît un développement important, comme centre de production de café. Au début du XXe siècle, la nouvelle ville atteint une population comparable à San Salvador. Au cours de la première moitié du XXe, surtout San Salvador mais aussi ses villes et villages satellites connaissent une croissance importante jusqu’à devenir une seule conurbation. En 1950, une communauté urbaine de «l’Aire Métropolitaine de San Salvador» (AMSS) est crée et compte 211 400 habitants dans 5 communes. Durant les années 50’ - 70’, dans le cadre d’une politique de substitution des importations menée à l’échelle de l’Amérique centrale, le pays connaît un développement industriel. De nouvelles zones industrielles émergent au delà des limites géographiques du bassin de San Salvador, le long de l’axe routier qui mène vers l’est. En 1971, l’AMSS compte 568 529 habitants dans 7 communes. La décennie des années 1980 connaît un fort afflux de population déplacée par la guerre civile. La population s’accroît rapidement dans l’AMSS ainsi que dans les communes périphériques, une région relativement épargnée par le conflit. En 1992, à la sortie de la guerre, l’AMSS englobe 10 communes et 1 344 293 habitants. Les vingt dernières années ont été caractérisées par la mise en place d’un modèle économique néo-libéral qui s’est traduit par l’implantation des zones franches industrielles (surtout textiles, maquiladoras) le long de grands axes routiers autour de San Salvador. L’urbanisation s’étale bien au delà des limites géographiques du bassin de San Salvador pour former une aire métropolitaine aux limites mal définies. Cependant, l’AMSS connaît une faible croissance démographique (et due essentiellement à l’incorporation de 4 nouvelles communes). En 2007, l’AMSS compte 1 566 629 habitants. Les régions périphériques ont connu par contre une forte augmentation de population. L’aire urbaine élargie compterait à cette même date 2 263 743 habitants.

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1km Courbes de niveau tous les 10 m

Plan IGN El Salvador, EGP


INTRODUCTION Les quebradas de San Salvador

Quebrada: terme qui désigne l’espace creusé par un cours d’eau, généralement saisonnier, et bordé par des pentes raides. Comunidad marginal: terme utilisé au Salvador qui sert à désigner un quartier spontané dans les documents officiel ou dans la presse. Les habitants disent plutôt qu’ils habitent dans une «comunidad», de l’extérieur on s’y réfère plutôt comme une «marginal».

«Vallée encaissée» ou «ravine» d’après le dictionnaire, le mot «quebrada» fait en réalité référence à la fois à un cours d’eau et à l’espace créée par celui-ci. À San Salvador, le système de drainage naturel forme un réseau de quebradas qui entaillent le bassin de l’ouest vers l’est. Les quebradas sont de taille variable, entre 50 et 100 mètres de larges et profondes de quelques dizaines de mètres. Malgré leurs dimensions reduites par rapport au relief de San Salvador mais leur dimension est petite par rapport à l’importance des enjeux qu’elles portent. Elles sont imperceptibles depuis les hauteurs si n’est que par une ligne discontinue de végétation. Pourtant les quebradas ont contraint le développement de la ville, elles ont empêché un réseau viaire cohérent de se mettre en place et séparent nettement les quartiers. Leur forme (pentes raides, c’est des «trous»), leur utilisation (évacuation des eaux usées), les risques (inondations, glissements de terrains) expliquent que les quebradas soient laissé à l’écart par la construction formelle de la ville. Ces espaces ont été alors investis par les populations plus pauvres qui n’avaient pas accès au marché formelle du logement. Certes, il s’agit d’une installation par défaut, mais ils bénéficient au moins d’une certaine centralité dans la ville. Des quartiers spontanés (dit comunidades marginales au Salvador) se sont alors formés dans les quebradas et se consolident progressivement au fil du temps dans de cycles de destruction et de reconstruction au rythme des différentes catastrophes naturelles qui surviennent sur le site. Par ailleurs, il ne s’agit pas de linéaire continu de bidonville mais plutôt une suite de «comunidades» entrecoupé soit d’espaces boisés ou en friche, soit par des tronçons busés.

L’intention générale du projet est alors de faire sortir les comunidades de la situation de précarité et de vulnérabilité par un aménagement durable et concerté de l’espace de la quebrada. Comment faire avec l’existant pour rendre la dignité aux habitants de la quebrada?

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Quebrada las Lajas, comunidad Núñez Arrué, San Salvador Distrito 3.

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les hauteurs boisĂŠes la ville formelle dans le bassin

la ville spontanĂŠe dans la quebrada

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blic

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Exemple de projets tirés du document «Reduccion de la vulnerabilidad en rios y quebradas para la ciudad de San Salvador» des services de la mairie de San Salvador. Sur la colonne de gauche, l’état existant du site, en couleur l’espace de la quebrada, le cours d’eau en bleu, la comunidad en blanc. Sur la colonne de droite, le projet. Sur la première ligne, nous avons un projet de bassins de rétention, leur construction se ferait sur des terres occupées par deux comunidades, aucune solution de relogement est envisagée à proximité. Sur la deuxième ligne, le cours d’eau serait recouvert et des logements sociaux seraient construits par dessus. On y trouve autour de 1500 familles dans cette communauté et autour de 500 logements sont prévus. Plans google, plans mairie San Salvador, EGP

Exemples d’aménagement faits par la commune pour réduire les risques dans les quebradas.

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Page facebook de la mairie


Discours des autorités, positionnement personnel Le réseau hydrographique de San Salvador a été l’objet d’étude de mon mémoire de DPLG 3. Je me posais la question de la reconnaissance et les valeurs paysagères portées sur les espaces de rivières dans la ville. Ce travail m’a amené à effectuer un court séjour sur place. J’ai pu alors me rendre sur le terrain et visiter ces espaces de rivière, j’ai rencontré différents acteurs et j’ai recueilli le discours qu’ils portaient sur ces espaces, et j’ai pu découvrir les aménagements que les autorités imaginent sur ces espaces. Les quebradas sont considérées comme des espaces «à récupérer». Il s’agit d’une part d’une récupération écologique mais aussi d’une récupération par rapport à l’état d’envahissement de ces espaces par l’habitat précaire. Jugés trop vulnérables par rapport à l’exposition aux risques naturels, gênants au bon fonctionnement hydrique du réseau ainsi qu’à la mise en place d’ouvrages, les quartiers spontanés des quebradas devraient déménager. Je pense toutefois que dans le contexte de cette ville, ces espaces doivent rester habités car cette disposition permet aux personnes avec des revenus plus modestes de se trouver en position centrale dans la ville et de pouvoir participer à la vie du reste de la ville (accès aux lieux de travail, aux écoles, aux marchés, aux transports). La relocalisation des habitants des quebradas se ferait certes sur des sites moins exposés aux risques mais dans des périphéries lointaines, là où le prix du foncier est accessible. Ces populations-là seraient alors privées de toutes les aménités de la ville. Il est donc question de rendre ces lieux plus vivables vis à vis des différents risques, en s’appuyant sur les différentes ressources sur place et sur les différents usages qui existent au sein des quartiers spontanés, afin de mieux les intégrer dans la ville. Dans les faits, les autorités publiques n’ont pas les moyens pour réaliser les projets de qui iraient dans le sens de la «récupération» dont ils parlent. En réalité, la municipalité et l’état travaillent dans la consolidation de ces quartiers: raccord aux services d’électricité, approvisionnement en eau «potable», ramassage de poubelle, accès à la propriété ainsi que des aménagements pour mettre en sécurité ces sites. Cette mise en sécurité passe souvent par une «bétonisation» de la quebrada, ce que je trouve dommage.

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Las Lajas La Escalon

1km

Plan IGN El Salvador, EGP


Choix d’un site, la quebrada las lajas La criminalité et la violence sont des faits réels au Salvador. Le taux de meurtre est plus élevé que dans pays ouvertement en guerre. Le pays arrive souvent en tête du classement des morts violentes dans le monde. C’est dû essentiellement aux gangs (maras) mais pas seulement. En juillet dernière, j’ai fait une carte des dangers dans le but d’identifier des sites potentiels de projets. C’était la première étape. En rouge sur le plan les zones que j’ai identifié comme trop dangeureuse pour être visitées autour de mon quartier. En gros, c’était les quebradas qui étaient en rouge, c’est à dire mon sujet de travail. C’était un gros problème. Je ne pouvais pas faire des visites tout seul, il fallait que je trouve des interlocuteurs, des portes d’entrée. Face à la complexité de la question, je me suis orienté vers des endroits que je connaissais déjà assez bien. Un quartier où je savais qu’il existe déjà une dynamique de travail entre la ville formelle et les comunidades sur laquelle je pourrais m’appuyer et trouver plus facilement des interlocuteurs. C’est ainsi que je m’oriente vers le quartier Escalon - la colonia Escalón - pour explorer la quebrada las Lajas, quebrada qui borde le quartier au nord. Le site se trouve en amont dans le bassin versant, il est donc peut-être moins pollué, je sais au moins qu’il n’y a pas d’industries en amont. Le site présente un profil plus ou moins naturel avec encore beaucoup de tronçons en boisement ou en friche. Colonia: quartier de la ville formelle

Je sais qu’il ne s’agit pas de zones très dangereuses. Il me faut tout de même un guide pour rentrer. Je ne peux donc arriver de manière improvisée, il faut que je organise ma visite de manière à le faire de la manière la plus sûre et la plus respectueuse envers les gens qui habitent dans les comunidades. C’est ainsi que je suis rentré en contact avec la association du quartier «La Escalon» qui mène un programme économique destiné aux habitants de communautés (dont ceux de la quebrada) de microcrédits, formation à la création d’entreprise, insertion professionnel avec le soutien d’USAID et des entreprises de l’Escalon. De cette manière que j’ai pu organiser mon «expédition» que j’ai effectué au mois de mars.

Cadastre OPAMSS, EGP

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La colonia Escalon au pied du volcan, San Salvador Distrito 3.

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I. SAN SALVADOR ET SON TERRITOIRE

le volcan de San Salvador la colonia au pied du volcan la quebrada invisible 27


Ouest Le Volcan de San Salvador Les crêtes de la cordillère du Balsamo Le Boqueron Le Picacho

Cerro Sa

Sud

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1.La force du site: Volcanisme et érosion Un socle présent et identitaire

Le bassin où s’implante San Salvador est délimité clairement par du relief. À l’ouest se trouve le volcan de San Salvador qui est composé du Boqueron où se trouve le cratère, qui culmine à 1840m d’altitude et le pic Picacho qui s’élève à 1960m. Au sud, la limite se fait par la cordillère du Balsamo dont les sommets atteignent environ 1100m d’altitude et qui séparent le bassin de la côte pacifique, située à 20km vers le sud. Vers le sud-est, le Cerro San Jacinto (1150m), ancien édifice volcanique, se détache de la cordillère. Au nord, les collines de Mariona (750m) séparent le bassin de San Salvador de la Vallée de Apopa au nord. La limite vers le nord-est n’est pas marqué par des hauteurs mais par les gorges de l’Acelhuate et du Tomayate, les rivières qui récupèrent toutes les eaux des quebradas de la ville. Les hauteurs qui entourent la ville, par leur climat plus tempéré, sont souvent des lieux de loisirs, de balade du dimanche. Le cerro San Jacinto a accueilli un parc d’attraction sur son sommet; et le Boqueron et la cordillère sont parsemés de parcs, de restaurants, de belvédères. Les vues et le climat expliquent le prix du terrain: plus en monte en hauteur, plus on trouve des lotissements haut de gamme ou des villas. Ces terres en altitude sont également idéales pour la culture du café. Elle ont donc aussi une valeur agricole et économique. Au dessus de la côte des 800 mètres pratiquement tout est en plantation de café, ce qui donne une apparence de boisement. Aujourd’hui face à la pression foncière, les hauteurs sont fortement protégées non seulement pour leur valeur écologique (biodiversité, approvisionnement en eau) mais aussi pour leur valeur paysagère, reconnue aussi bien dans les documents d’urbanisme que par la population. Le développement des quartiers spontanées s’est alors fait dans les creux, contrairement à ce qu’on voit le plus souvent en Amérique du Sud (Rio, Medellín) où c’est plutôt dans les hauteurs.

Nord Les collines de Mariona

an Jacinto

Le lac Ilopango

29 Est


Carte zoom

Carte gĂŠologique

1

Carte zoom Site parcouru

2

3

30


Un Socle géologique récent, entre solidité et fragilité On voit clairement sur le plan ci-contre comment la topographie délimite le bassin. On voit le Picacho au nord-ouest, les collines de Mariona au nord, les gorges de l’Acelhuate à l’est, le cerro San Jacinto au sud-est et la cordillère du Balsamo au sud. On distingue également le relief des quebradas qui entaillent le bassin de l’ouest vers l’est, qui descendent du volcan pour rejoindre l’Acelhuate qui coule du sud vers le nord.

I. Topographie à San Salvador 2. Carte géologique simplifiée (SNET): Formation de San Salvador: Tierra blanca Tobas color café Laves Andésites et Basaltiques

Formation de Cuscatlan Formation du Balsamo Failles, cratères

3. Détail géologie sur le site parcouru (SNET)

Tierra blanca Tobas color café Laves à moins de 5 de profondeur Laves Andésites et Basaltiques

Le Salvador se trouve face à une zone de subduction, où la plaque de Cocos s’enfonce sous la plaque des Caraïbe. Ce phénomène engendre l’apparition d’une chaîne de volcan sur les terres et la formation de failles. La ville de San Salvador se trouve précisément dans cette chaîne volcanique et subit de plein fouet la sismicité liée aux mouvements tectoniques. Le bassin a d’ailleurs été surnommé par les colons espagnols comme «el valle de las hamacas», la vallée des hamacs, en raison de sa forte sismicité. La ville a été détruite et reconstruite plusieurs fois dans l’histoire en raison des tremblements de terre, les plus récents ont eu lieu en 1965, 1986 et 2001. L’ensemble du socle géologique du territoire est constitué de roches volcaniques. Lors d’une éruption, des couches de laves, de cendres, de débris, de coulées pyroclastiques se déposent. Par la suite, ces dépôts sont érodés par l’eau, transformés par le mouvement de failles, ou se transforment et se consolident par le poids des couches supérieures. À San Salvador, on distingue trois formations géologiques qui correspondent à des processus géologiques qui ont commencé il y a 5 millions d’années. Les plus anciennes, la formation du Balsamo et celle de Cuscatlan sont constituées d’édifices et de dépôts volcaniques très érodés et modifiés par le mouvement de failles. La formation de San Salvador correspond aux roches les plus récentes et liées à la formation et les éruptions du volcan de San Salvador et de la caldeira du lac Ilopango. La couche la plus étendue et la plus récente (en rose clair) dite de «tierra blanca», terre blanche, est issue de l’éruption de Ilopango (535 ap. J.-C). Cette couche est constituée de cendres peu consolidées, assez instables et facilement érodées sans la protection de la couche de terre végétale. La couche de «tobas cafés», de tufs volcaniques (rose foncé) est également facilement érodée. Par contre, les différentes couches de coulées de laves (marron) qui forment l’édifice volcanique et qui descendent de celui-ci sont des roches dures, bien assises. Il s’agit des lieux où le bâti subit le moins de dommages lors des séismes.

C’est en traversant les différentes couches de cendres et de tufs que se creusent les quebradas. Souvent, elles se creusent jusqu’à atteindre la couche de lave, solide et dur. La roche magmatique, noire et lisse, affleure dans les quebradas et nous rappelle l’origine volcanique du socle.

Tuf volcanique: roche issue de la consolidation des cendres et d’autres matériaux pyroclastiques. SNET: Servicio Nacional de Estudios Territoriales

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Tomayate

San Antonio

Las Lajas

Tutunichapa

Acelhuate

La Mascota Montserrat

1

Lempa

400 450

Acelhuat

e

500 550 600

650 750

700

1 2

1

OcĂŠan Pacifique 2

32

3


I. Quebradas à San Salvador, espace de talus à talus et cours d’eau 2. Carte hydrogéologique (SNET): aquifère fissuré de grande étendue, très productif aquifère poreux de grande étendue, productivité moyenne aquifère volcanique fragmenté, productivité moyenne aquifères locaux, productivité moyenne ou basse niveau de la nappe (altitude) site de sources, où la nappe rattrape le niveau du sol 3. Cours d’eau au Salvador

L’Eau présente, l’eau cachée. Le drainage naturel du bassin se fait par un réseau de cours d’eau qui coulent des hauteurs de l’ouest et du sud, du volcan et de la cordillère, vers l’est pour ensuite rejoindre l’Acelhuate et le Tomayate qui coulent du sud vers le nord. Ces rivières rejoignent ensuite le fleuve Lempa au nord avant de se jeter dans le Pacifique au sud-est.

Les quebradas dans le bassin étaient des cours d’eau généralement à sec, même à la saison de pluies. Cependant lors de fortes pluies ou d’orages, elles deviennent des véritables torrents. En réalité, l’eau s’infiltrait rapidement dans le bassin et alimentait la nappe phréatique qui s’étend sur une grosse partie sous San Salvador. Cette nappe affleure dans les gorges plus profondes de l’Acelhuate à l’est où il existe encore de nombreuses sources. L’eau de cette nappe est toujours utilisée pour l’approvisionnement en eau de la ville mais elle est désormais insuffisante pour parvenir aux besoins de la population, c’est pourquoi on pompe aujourd’hui l’eau du Lempa. À l’origine, le site était bien drainé grâce à la nature perméable de la roche ainsi que par le réseau important de cours d’eau, et bien approvisionné du fait de la proximité de la nappe et de nombreuses sources.

Aujourd’hui, à cause de l’imperméabilisation du bassin et de l’utilisation des quebradas comme exutoire des eaux usées, l’hydrographie du site a été modifiée. Lors des épisodes pluvieux l’eau ne s’infiltre plus et part directement dans les quebradas qui voient leur débit augmenter. L’eau devient violente et destructive. De plus, vu que les quebradas reçoivent les eaux grises (légalement) et les eaux noires (illégalement), un filet d’eau pollué et puant coule en permanence au fond des quebradas.

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Les quebradas, un condensé des risques naturels? Carte des risques (SNET):

Inondations Glissements de terrain

Lahars Chute de cendres

Nous avons vu que les cours d’eau ont creusé le socle volcanique du bassin pour former des quebradas. En général il s’agit d’entailles d’entre 50 mètres et 100 mètres de larges et profondes de jusqu’à 50 mètres. C’est des espaces définis par des talus abrupts .

Ces espaces accumulent les risques, les inondations évidemment, mais aussi le risque de glissements de terrain et d’éboulis des talus. S’ajoute ensuite le risque de lahars, c’est à dire des coulées de boues volcaniques, qui empruntent la quebrada comme couloir de destruction. Il faut rajouter à cela le risque sanitaire lié à la pollution et aux eaux stagnantes (moustiques, maladies).

Il faut cependant relativiser les risques auxquels sont exposées les quebradas, qui sont certes très gênants, par rapport aux risques qui concernent l’ensemble de la ville. Personne n’est épargné du risque sismique ou volcanique. La question est de savoir comment vivre avec le risque et non d’aller chercher habiter un endroit où il n’y a pas de risques naturels, vu qu’il n’y en a pas.

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Quebrada las Lajas, Comunidad 12 de Octubre, San Salvador Distrito 3.

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2. La ville contre son site: rentabilité et urgence

Une «residencial» (lotissement fermé) Quebrada las Lajas Comunidad 12 de Octubre

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Développement de la ville formelle Villes et villages 1900 Extensions par lotissements suivant le quadrillage et la numérotation des rues 1900-1970’ Extensions par lotissements ne respectant pas le quadrillage 1950’ - 2010’ Lotissements fermés 1990’- 2010’ Extensions «organique» des villages 1900-1960’ Logements sociaux 1960’- 2010’

La quebrada à l’écart de la ville

Qu’est-ce qu’on comprend par ville formelle et ville informelle? La ville formelle fait référence à ce qui respecte les normes définies par les pouvoirs publics, et la ville informelle celle qui se construit, «de fait», par les populations qui n’ont pas accès aux logements offerts par le marché formel. Les cartes, sur cette page et celles qui suivent montrent des typologies d’extensions de la villes. Ces typologies correspondent à des époques de construction qui ont eu lieu certes dans un ordre chronologique mais qui se croisent parfois dans le temps. La carte ci-contre concerne le développement de quartiers mixtes ou d’habitat. On voit bien comment la ville s’est maintenue à l’écart des quebradas. Les quebradas constituent une limite à l’extension de la ville quadrillée et elles sont peu franchies jusque dans les années 1970’. Les quebradas sont des espaces de réserve, elles deviennent le plus souvent des terres de la commune. Ce n’est pas considéré comme un paysage à pratiquer (au même titre que le volcan ou la cordillère) mais comme un espace servant, qui sert pour l’évacuation des eaux de pluie et des eaux usés.

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La quebrada, espace de réserve pour les espaces servants Routes de plus de 2 x 2 voies 1970’ - 2010’ Zones industrielles 1900’ - 1990’ Zones commerciales ou d’équipements 1970’ - 2010’

Les espaces de «réserve» de la quebrada sont devenus la dernière frontière à l’urbanisation. C’est considéré comme une réserve foncière pour construire des routes, des centres commerciaux, des institutions publiques, des zones industrielles et plus rarement des lotissements. C’est ainsi que très souvent on trouve des parties de quebrada canalisées ou recouvertes. Les zones industrielles ont tendance à s’implanter près des quebradas. Près du centre ville, il y avait des ateliers et des usines qui avaient besoin de la ressource en eau (distillerie, brasserie, tannerie), mais plus tard il va s’agir de la proximité pour pouvoir se débarrasser facilement des eaux polluées. Aujourd’hui, les réglementations sont de plus en plus strictes et mieux contrôlées mais il existe encore des industries qui rejettent des eaux non traitées dans la quebrada.

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Développement de la ville informelle La ville informelle existe du moment où des règles exigent certaines contraintes vis à vis de l’implantation et de la connexion aux infrastructures. Cela induit un renchérissement de l’accès à l’habitat et l’exclusion de l’auto-construction et de l’habitat vernaculaire comme une forme de construction de la ville. Le marché formel de l’habitat au Salvador n’est pas accessible pour une grande partie de la population, ce qui oblige à avoir recours à l’informalité pour se loger. Même le marché de logements sociaux exclut tout un secteur de la population, il faut gagner l’équivalent de 2 salaires minimums (2 x 220 dollars par mois) pour avoir accès aux financements d’aide à l’accès au logement.

Quartiers spontanés denses 1950’ - 2010’

Habitat rural dense

Pendant la première moitié du XXe siècle, quand la croissance de la ville était plus modérée, les populations modestes pouvaient s’installer dans les villages environnants de la capitale, ou dans un meson, c’est à dire une pièce louée dans une maison délabrée du centre-ville. Au fur et à mesure que les populations aisées quittaient le centre ville pour s’installer dans des quartiers plus «aérés» vers l’ouest, leur maison était transformée en meson et ainsi ce devenait le lieu d’accueil de nouveaux arrivants de la ville. Il faut savoir que San Salvador jusque dans les années 1960’ était essentiellement une ville administrative, au développement industriel marginal et qui n’attirait pas de grandes masses de migrants ruraux. Les paysans sans terres, très nombreux, partaient s’installer au Honduras où il y avait encore beaucoup de terres inexploitées. La donne a changé dans les années 1960’. La ville entre dans une phase d’industrialisation liée à la mise en place d’une politique de substitution des importations et commence à attirer des population à la recherche de travail. En 1965, un tremblement de terre détruit une grande partie des mesones du centre-ville, et les gens qui y habitaient se voient contraints de s’installer, temporairement au départ puis de manière permanente, dans les espaces non utilisés de la ville, dans les anciennes voies de chemins de fer pour une partie, mais surtout dans les quebradas. Le conflit avec l’Honduras en 1969, qui est d’ailleurs lié à «l’invasion» de salvadoriens dans leur territoire, met fin aux migrations et provoque le retour de quelques 300 000 salvadoriens, une bonne partie se serait réfugiée dans la capitale. Pendant les années 1970’, de plus en plus de ruraux migrent vers San Salvador, et l’agglomération connaît une croissance très rapide et même si on construit des logements ouvriers, cela ne parvient pas à remédier aux besoins de l’ensemble des nouveaux urbains. Ensuite vient la guerre civile. S’il y a des affrontements dans la capitale, ce sont surtout les départements ruraux du nord et de l’est du pays, où les guérrillas étaient plus présentes, qui sont le plus sévèrement touchés. La capitale accueille alors de nombreux réfugiés alors que l’économie est en panne. En 1986, un séisme endommage sévèrement le centre-ville et l’habitat populaire, donc encore des population qui perdent leur logement en ville et qui viennent accroître les bidonvilles de la capitale. Depuis les années 1990’, la croissance de la capitale s’est beaucoup ralentie au profit du développement des périphérie plus lointaines, où s’installent les zones franches, et c’est plutôt autour des petites villes de la périphérie lointaine que des migrants s’installent. Pour résumer: il existent plusieurs types de population dans les quar-

tiers spontanés et qui se sont installés par différentes vagues. Il y a les urbains qui perdent leur logement lors de catastrophes naturelles, et les migrants ruraux qui viennent chercher du travail ou bien qui ont fui le conflit pendant les années 1980’.

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EntrĂŠe comunidad Valle de Oro, San Salvador Distrito 3. Photo RD

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II. L’EXPÉDITION DANS LA QUEBRADA

LAS LAJAS

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Carolina - bénéficiaire comunidad Núñez Arrué Rebeca - association «la Escalon»

Ana Ruth - membre de la directive de la comunidad Valle de Oro Guillermo de Jesus - habitant comunidad 12 de Octubre

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1. Déroulement de l’expédition Préalablement à mon arrivée à San Salvador au mois de mars, j’étais entré en contact avec l’association du quartier Escalon, un quartier de la ville formelle, un quartier aisé de l’ouest de la ville. L’association est formée par des résidents, des entreprises et des commerces de l’Escalon. Je me suis orienté vers eux car j’avais entendu parler d’un programme de coopération avec les comunidades qui se trouvent en bordure nord du quartier. «Comunidad sostenibles» est un programme financé en partie par des donations américaines (USAID) et par l’association, il s’agit de microcrédits, formation à la création d’entreprise, insertion professionnel et mise en relation avec les entreprises du quartier d’en haut. Le but de ce programme est de créer des emplois, de manière à occuper les jeunes des comunidades dans des activités valorisantes plutôt que dans des activités délinquantes, qui sont gênantes pour les résidents et les entreprises de l’Escalon. Je souhaitais me servir de ce programme pour accéder aux comunidades. C’est ainisi que j’ai pu accompagner Claudia, chargée de mission et elle même bénéficiaire, lors d’une de visites de terrain. Tout en suivant l’avancée des différents projets, elle m’a présenté à des habitants avec lesquels j’ai repris rendez-vous. Je leur demandais de me montrer le cours d’eau, de me dire ce qui ne va pas dans leur comunidad et au fur et à mesure des rencontres j’ai pu me rendre compte de qui sont les habitant de la quebrada, de quoi est fait cet espace, comment ils vivent dedans et comment ils espèrent le voir évoluer. Je suis arrivé par le biais de ce programme économique et j’ai rencontré essentiellement des «bénéficiaires» ou des «leaders» des comunidades. Je n’ai donc peut-être pas vu le pire visage de la quebrada mais au même temps ce qui sont le plus en besoin sont les plus réticents à rencontrer des personnes extérieures. J’ai rencontré pendant mon séjour:

Rebeca, la trentaine, directeur executive «Asociacion La Escalon» Claudia, la vingtaine, chargée de mission «Comunidad Sostenibles», bénéficiaire Elsa Idalia, la trentaine, bénéficiaire et habitante, Com. Rosa Linda Ana Ruth, la trentaine, leader, Com. Valle de Oro Niña Cruz, la cinquantaine, bénéficiaire, Com. San Diego Don Benedicto, la soixantaine, leader, Com. 12 de Octubre Nieves del Carmen, la soixantaine, habitante, Com. 12 de Octubre Guillermo de Jesus, la quarantaine, habitant, Com. 12 de Octubre Irma, la cinquantaine, Bénéficiaire, Com. Núñez Arrué Carolina, la vingtaine, Bénéficiaire, Com. Núñez Arrué

Irma - bénéficiaire comunidad Núñez Arrué

Don Benedicto - président de la directive de la comunidad 12 de Octubre 47


Las Lajas La Escalon

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Colonia Escalon 5000 habitants

San Diego

12 de Octubre

Rosa Linda Valle de Oro Núñez arrué Quebrada las Lajas 3500 habitants

Localisation

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2. Un Site habité Les habitants

1. Le moulin, Comunidad Valle de Oro 2. La tienda Comunidad Valle de Oro 3. Vendeuses ambulantes Colonia Escalon 4. Une église Comunidad 12 de Octubre 5. «Voyage à Metalio», plage à 1h30 de route Maison de quartier, Comunidad Valle de Oro 6. E.I. Comunidad Rosa Linda 7. Aire de jeux, Maison de quartier Comunidad Rosa Linda

Les cinq comunidades que j’ai visité sont apparues au même moment que la Colonia Escalon est apparue. Jusque dans les années 1950’, il y avait une exploitation agricole, la finca San Diego, sur ce lieu, et quand elle a été urbanisé, les propriétaires ont laissé les anciens ouvriers agricoles qui habitaient dans la finca de s’installer dans la quebrada, là où la terre était invendable. Cela a été le cas pour don Benedicto par exemple. Dans ces comunidades, la plupart des habitants ne serait pas arrivée de manière invasive ou par commodat mais les habitants auraient achetés la parcelle dans un lotissement. Il s’agit de lotissements illégaux où le vendeur disparaît ensuite, sans que les acheteurs aient un titre de propriété. C’est comme ça qu’une famille arrive et achète une parcelle sans en avoir aucune garantie de pouvoir rester. Cinq opérations foncières illégales ont donc donné lieu aux cinq comunidades. Chacune avec des noms évocateurs, comme Rosa Linda ou bien Valle de Oro, qui ferait référence à la couleur dorée des oranges qu’il y avait dans l’exploitation. Il y a aussi «12 de Octubre» comme la date de commémoration du premier voyage de Christophe Colomb, «San Diego» comme l’ancien nom de la finca, ou bien «Núñez Arrué» comme le nom de famille des propriétaires de la finca. Les comunidades grandissent au fur et à mesure que des nouvelles personnes arrivent de la campagne ou des villes de l’intérieur et au fur et à mesure que les familles s’agrandissent. Ceux qui viennent de l’intérieur gardent souvent des liens avec leur famille restée sur place et ils ont des facilités pour se procurer du maïs, des haricots, ou d’autres produits alimentaires. D’autres personnes sont venues parce qu’ils ne pouvaient plus suivre des études supérieures dans les villes de l’intérieur, comme Elsa Idalia par exemple. Dans tous les cas, les personnes que j’ai rencontré ont fait leur vie dans la comunidad et ne voudraient pas partir. L’école publique est à 500 mètres de la quebrada, le marché est à côté, le bus longe la quebrada par le sud. C’est surtout le travail qui les retient, la colonia Escalon est un quartier dynamique et ils tirent profit de sa proximité, soit ils y travaillent comme employés dans les bureaux, les commerces ou même comme personnel de maison, soit ils travaillent dans l’économie informelle où les clients sont ceux de la colonia, en tant que commerçants, artisans, vendeur ambulants, ou d’autres services. Au final, le profil des habitants est très varié avec des grandes inégalités au sein même de la comunidad. Les cinq comunidades s’organisent chacune autour d’une association de développement communale (ADESCO), c’est par ce biais-là qu’ils peuvent se présenter auprès de la mairie pour demander des projets ou de l’aide par exemple. La directive de l’ADESCO est composée des habitants de la comunidad qui sont élus de manière plus ou moins démocratique par les autres. La directive peut également organiser et gérer les différentes activités qui ont lieu dans la comunidad comme des fêtes, ou même des excursions pour aller à la plage ou dans d’autres lieux touristiques. Il existe aussi de nombreux lieux de cultes à l’intérieur où les gens se retrouvent. Malgré tout cela, il règne une ambiance plutôt inconfortable, une sorte de présence, méfiante et discrète des gens. Les gens restent en général à l’intérieur de leur maison, les enfants ne jouent pas dehors, j’ai croisé plus de chiens que de personnes. Il y a une certaine crainte vers les personnes qui ne sont pas de la comunidad et il y a même une comunidad, la San Diego, qui a des portails avec du fil barbelé. Elle est fermée la nuit pour empêcher les autres de rentrer. Les gens ne sont pas particulièrement fiers d’habiter dans ces comunidades. Par exemple, Claudia, avec qui j’ai parcouru la quebrada, ne m’a même pas dit que’elle habitait. 51


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Processus de constitution et de consolidation de la comunidad

Maison en chantier Comunidad Núñez Arrué Passage aménagé par la mairie Comunidad 12 de Octubre

Je m’attendais à me retrouver dans un vrai taudis en descendant dans la quebrada. C’était l’image que j’avais de ces lieux inconnus. J’ai vu cependant comment la comunidad se trouve plus ou moins à des stades de consolidation. Aujourd’hui presque toutes les maisons ont accès à l’électricité et à l’eau. Les éboueurs descendent dans la comunidad et montent la poubelle dans la rue. Les venelles et les passages sont souvent aménagés et on y voit de l’éclairage public. Et puis, le plus important, les habitants sont désormais légalement propriétaires de leur parcelle et chaque maison a une adresse. Le fait de posséder leur terre donne aux habitants la confiance pour investir dans leur logement et de se projeter dans le long terme dans ce territoire, et cela leur donne de la légitimité pour demander l’amélioration de leur quartier aux pouvoirs publics. Cependant, les constructions sont de qualité variable et s’implantent souvent de manière vulnérable dans le site. En termes généraux, il existe un dialogue entre la mairie ou l’état et les comunidades. Du fait de l’absence de gangs à cet endroit ci, les services de la mairie peuvent entrer dans ces quartiers et répondre à leurs demandes. L’élément qui manque de manière de plus en plus pesante dans ces comunidades est l’évacuation des eaux usées. Si ceux qui habitent directement le long du cours d’eau peuvent s’en débarrasser facilement, les autres font leur besoins dans des latrines à fosse. Les latrines se remplissent à terme et il ne reste plus de place pour en creuser des nouvelles. Un vrai problème sanitaire se pose. Aujourd’hui les différentes comunidades se sont rassemblées pour faire pression aux autorités et demander la mise en place d’un système d’assainissement.

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À travers les croquis qui vont suivre sur ces pages, je cherche à montrer comment et par quels mécanismes s’installe l’habitat dans la quebrada.

T 0 : L’état initial. La quebrada à l’état naturel Au début nous avons les restes de l’exploitation agricole qui ne sont pas vendus, donc la quebrada. On y trouvait des restes des arbres fruitiers de l’exploitation et souvent une forêt galerie.

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T 1 : Le lotissement illégal Le terrain est découpé en parcelles et vendu, en tout illégalité, sans aucune garantie pour l’acheteur, sans accès aux services. Aujourd’hui dans la commune de San Salvador, et surtout dans le distrito 3, celui qui correspond à mon site, cette démarche est fortement contrôlée par les autorités et dénoncée par la population. Elle reste d’actualité dans les communes de la périphérie de la ville.

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T 2 : L’installation des premiers abris Les nouveaux arrivants construisent tant bien que mal leur abri, avec du matériel de récupération, de la tôle, des sacs plastiques, ou bien avec ce qui se trouve sur place, du bambou par exemple.

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T 3 : La construction en dur de la maison Progressivement ils investissent pour acheter du matériel et élever des murs en parpaing, ou en brique. Sur le toit, en tôle généralement, on pose du poids, des rochers ou des briques par exemple, pour empêcher qu’il s’envole pendant un orage ou pendant les fronts froids de la saison sèche.

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T 4 : Extension de la parcelle Au fur et à mesure que la famille s’agrandit, la maison est agrandie. Très souvent, plusieurs générations vivent sous le même toit. On gagne de la surface sur le talus soit avec des murs de rétention que l’on remplit au fur et à mesure (comme ci-contre), soit en creusant dans la pente, soit en construisant en porte-à-faux. C’est en attaquant le talus ou en le mettant à la limite de sa portance (il s’agit souvent de couches de cendres meubles) que la situation de vulnérabilité s’aggrave. Le fait de prendre de la place sur le cours d’eau (comme sur l’image) est également problématique car cela réduit la place que l’eau a pour couler et elle coule de manière plus violente lors d’un orage, plus haut et plus vite.

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T 5 : La préparation pour la construction d’un étage Une fois qu’il est impossible de s’étaler en surface, on cherche à construire un étage par la construction d’une dalle (beaucoup plus résistante aux coups de vents) sur laquelle on construira après. La maison gagne en profondeur et peu d’ouvertures sont possibles parce que toutes les maisons sont collées. Même si souvent elles sont éclairées par le toit, les maisons sont très sombres et mal ventilées.

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T 6 : État le plus avancé retrouvé sur le site On peut ainsi avoir des maisons avec un étage autour de maisons beaucoup moins bien construites. Au même moment que la maison s’est agrandie et améliorée, l’infrastructure de la comunidad s’est améliorée par l’action jointe des directives de comunidad et de la mairie.

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Une initiative individuelle forte à mettre au profit de la comunidad Les habitants font preuve de créativité et de patience pour la construction de leur maison. Ils les construisent petit à petit, en se débrouillant avec ce qu’ils peuvent se procurer. Ils prevoient sur le long terme la construction et l’amélioration de leur maison. C’est sur cette force que je souhaite m’appuyer pour l’orienter vers des

aménagements au profit de l’ensemble d’une comunidad.

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3. Une forte présence de la nature Le Risque 1. Maison en ruine Comunidad 12 de Octubre 2. Murs effondrés Comunidad Núñez Arrué 3. Maisons au bord du précipice Comunidad Núñez Arrué 4. Fondations fragiles Comunidad Valle de Oro

Nous avons vu précédemment que la quebrada est un espace où se concentre un certain nombre de risques. Sur le site parcouru, j’ai pu observer les cicatrices de différents événements qui ont causés des dégâts. Malgré le fait que je soit allé en mars et que la saison des pluies (quand les dégâts ont lieu) se soit finie au mois d’octobre, cinq mois auparavant, des traces sont encore visibles. J’ai pu voir des ruines de maisons, des murs de soutènement effondrés, des éboulis ou des talus à nu (ce qui expose les cendres et les tufs à l’érosion). J’ai pu constater également des maisons aux fondations fragilisées, au bord du précipice, en danger imminent.

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La nature généreuse: l’érosion positive La nature dans le site n’est pas composé que de contraintes, de risques et de destruction. Avec sa force, l’eau détruit murs et talus, et met en danger les habitants, mais cette même énergie transporte des roches et dépose du sable. Ces éléments sont prélevés par les habitants et servent comme matériau de construction. De nouvelles ressources descendent ensuite du volcan à chaque orage et ainsi elles se renouvellent. Une très grande partie des murs de soutènement qui tiennent les berges du cours d’eau sont en pierre volcanique. Les habitent savent construire des murs avec cette pierre. Dans la ville d’en haut on retrouve la pierre volcanique dans les murs et les socles des bâtiments de prestige, c’est un matériau noble et plutôt cher. L’érosion de l’eau a permis de creuser dans les couches géologiques meubles de cendres et de tufs. Ceci permet parfois aux habitations du fond de la quebrada de poser des fondations dans les coulées de lave, roches très stables. Plus on se rapproche du cours d’eau, plus on est dans la roche dure mais plus on est exposé à la force érosive de l’eau.

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Cocotier

Papayer Bambou

Manguier Goyavier

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La nature généreuse: ce que la végétation donne

Bananier

Les roches volcaniques sont peut-être meubles et instables mais elles sont favorables à la constitution d’une terre fertile. C’est bien pour cela que le Salvador, et surtout la chaîne volcanique, a toujours été un pays densément peuplé. Le bassin de San Salvador possède un climat certes chaud mais tempéré par l’altitude (entre 600m et 1000m d’altitude) et une saison de pluie régulière et abondante. L’encaissement met la quebrada à l’abri du vent, qui dessèche et qui fait tomber les fleurs des fruitiers. Il permet de maintenir un peu de fraîcheur et d’humidité pendant la saison sèche. En plus, avant c’était une exploitation agricole où il avait essentiellement des fruitiers. Tout cela pour dire qu’on trouve une grande richesse végétale sur le site.

Liste non exhaustive de végétation ressource sur le site:

Avocatier

Amandier

Manguier Mangifera indica Fruit Papayer Carica papaya Fruit Avocatier Persea americana Fruit Goyavier Psidium guajava Fruit Arrayan Psidium sartorianum Fruit Cocotier Cocos nucifera Fruit Bananier Musa Fruit Sunzapote Licania platypus Fruit Mamey Pouteria sapota Fruit Oranger Citrus sinensis Fruit Citronnier Citrus aurantiifolia Fruit Mandarinier Citrus reticulata Fruit Maranon japones Syzygium malaccense Fruit Mamon Melicoccus bijugatus Fruit Caimito Chrysophyllum cainito Fruit Jocote Spondias purpurea Fruit Manzana rosa Syzygium jambos Fruit Maranon Anacardium occidentale Fruit - noyaux Amandier Terminalia catappa Fruit - noyaux Carao Cassia grandis Fruit - gousses Bambou Tiges et Rétention de talus Izote Yucca elephantipes Fleur comestible - Talus Madrecacao Gliricidia sepium Bois On en trouve beaucoup d’autres espèces mais je n’ai pas pu les reconnaître ou bien je ne trouvais pas leur utilité.

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Emplacement et gestion de la ressource végétale 1. Versant nord face à Comunidad Núñez Arrué 2. Versant nord entre Comunidad San Diego et Comunidad 12 de Octubre 3. Manguier Comunidad 12 de Octubre 4. Manguier Comunidad 5. «Espaces verts» Comunidad Valle de Oro 6. Bananier Comunidad Rosa Linda

La quebrada se divise en deux versants, les cinq comunidades se trouvent sur le versant sud, alors qu’on ne trouve que quelques maisons isolées dans le versant nord,. Au nord, il s’agit de terrains privés ou appartenant à la mairie où la végétation pousse librement. C’est là qu’on trouve une végétation plus exubérante. Les habitants vont rarement vers ces lieux, il s’agit plutôt de lieux de pratiques marginales voire criminelles. Les directives s’organisent parfois pour débroussailler le versant sauvage et éviter ainsi qu’il soit mal fréquenté. Au sud, même si les comunidades sont denses, la végétation garde une place important. On en voit là où la pente est trop raide pour être bâtie. On voit également entre les maison des arbres fruitiers qui sont conservés. Et finalement, comme beaucoup de maisons n’ont pas de jardins ou d’espace extérieurs qui leur appartienne, on voit beaucoup de plantes ornementales qui investissent les venelles et les passages. Pour ce qui concerne les arbres fruitiers qui se trouvent dans les interstices des comunidades, dans les «espaces verts» ou «communales» (décrits ainsi par les habitants), c’est à dire dans les espaces collectifs, chacun peut bénéficier de la récolte, on s’en sert librement quand on veut, quand le fruit est mûr.

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Eumomota superciliosa

Les Animaux, symboles des enjeux La sécurité Les chiens, plus ou moins méchants et bruyants, sont omniprésents. J’ai l’impression que chaque logement possède au moins un chien. Ils servent à surveiller. On voit aussi quelques chiens errants. L’alimentation

Poules en liberté Comunidad Rosa Linda Chien au perron de sa maison Comunidad 12 de Octubre

Dans certaines comunidades, il est commun de voir des poules et des canards. À Rosa Linda, la basse-cour se mélange et se promène librement dans la comunidad. «Les poules savent à qui elles appartiennent, elles rentrent dormir chez leur propriétaire» me dit Elsa Idalia de Rosa Linda. Dans les autres comunidades j’ai vu des animaux de basse-cour, cette fois-ci, dans des enclos. La biodiversité D’autres oiseaux trouvent refuge dans les parties plus sauvages de la quebrada, je n’ai pu reconnaître que les plus remarquables, un colibri, un torogoz (Eumomota superciliosa) ou encore des pericos (Aratinga canicularis). L’insalubrité Cependant l’animal le plus représentatif de la quebrada est le moustique, aussi présent que le chien mais beaucoup plus gênant. Il répand des maladies, la dengue notamment. Les larves de moustiques se développent dans l’eau stagnante. La poubelle qui est balancée dans le cours d’eau empêche l’eau de circuler librement et crée des lieux favorables à la prolifération des moustiques.

Aratinga canicularis

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Quebrada las Lajas, comunidad Valle de Oro, San Salvador distrito 3 Photo EGP

Voilà que la Valle de oro porte bien son nom. Avec le doré des feuilles mortes et des tiges de bambou. Le mois de mars au Salvador, au cœur du «verano». Las Lajas - les lauzes - cours d’eau qui porte un nom de pierres, de la roche volcanique grise .


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Ambiances et vues, accroches dans le paysage À travers les différents parcours que j’ai pu effectuer sur place, j’ai découvert des lieux où je trouvais qu’il y avait des espaces et des ambiances de grande qualité, ou bien qui avaient du potentiel pour le devenir. J’ai découvert des lieux inattendus, des lieux où j’avais l’impression d’être ailleurs, pas en ville en tout cas. Et au contraire, je me suis retrouvé à d’autres endroits où je sentais que j’étais vraiment dans le site, dominé par le Volcan et ouvert sur le bassin de San Salvador.

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ÂŤComedor y pupuseria ArelyÂť, Comunidad San Diego, San Salvador Distrito 3. Photo RD

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III. LA QUEBRADA DANS LE TERRITOIRE

le volcan de San Salvador

entrĂŠe de la comunidad San Diego 85


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Villes et villages 1900 Extensions par lotissements suivant le quadrillage et la numérotation des rues 1900-1970’ Extensions par lotissements ne respectant pas le quadrillage 1950’ - 2010’ Lotissements fermés 1990’- 2010’ Extensions «organique» des villages 1900-1960’ Logements sociaux 1960’- 2010’ Quartiers spontanés denses 1950’ - 2010’

1. La quebrada las lajas: un espace d’entre deux La quebrada las Lajas se trouve entre les quartiers plus traditionnels des colonias au sud et les quartiers plus récents et plus fragmentés au nord. Le site parcouru correspond correspond au passage de torrent de volcan à rivière urbaine. La quebrada est un peu comme la pénétration de la force volcanique du site dans la ville.

Habitat rural dense Zones industrielles 1900’ - 1990’ Zones commerciales ou d’équipements 1970’ - 2010’

Lotissements fermés

Comunidades

Quebrada

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Sud 88

Nord


1950

2. Une évolution parallèle, la colonia et la comunidad Les coupes schématiques ci-contre reprennent le développement en parallèle de la ville formelle et de la ville informelle sur le site depuis la création du lotissement qui a donné lieu à la Colonia Escalon dans les années 1950’ jusqu’à aujourd’hui.

1975

Au début il y avait la finca San Diego, où on pratiquait plusieurs cultures, beaucoup de fruitiers mais également du café, de l’élevage, du maïs. Dans la quebrada, la forêt était conservée. La colonia Escalon est crée dans les années 1950. Des rues sont tracées en prolongeant le quadrillage dans la mesure du possible et la finca est découpée en parcelles. Le quartier se remplit progressivement avec des maisons de familles de classes moyennes et supérieures. La quebrada se peuple également, comme j’ai pu le décrire précédemment, d’abord par les ouvriers de la finca, ensuite par des migrants de milieux ruraux.

1990

La montée de la violence provoque le barricadement du quartier bourgeois qui se protège derrière des murs et du fils barbelé. Des lotissements, beaucoup plus petits, sont crées au nord de la quebrada. Cette fois-ci il s’agira de lotissement fermés avec un accès contrôlé et sans se soucier de prolonger le maillage viaire. La population de la quebrada s’accroît avec les réfugiés de la guerre civile des années 1980’ et ceux qui perdent leur logement en centre-ville lors du tremblement de terre de 1986. Depuis les années 1990’, la colonia Escalon évolue pour devenir un quartier mixte, on y voit apparaître des logements collectifs et surtout beaucoup de maisons deviennent des bureaux, des sièges d’entreprise ou d’autres lieux d’activités. L’arrivée de nouvelles familles dans la quebrada se ralentit et les conditions de vie s’améliorent par une proximité croissant avec des possibilités de travail et par l’initiative des ADESCO.

2013

89


Le volcan

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Las Lajas

La Mascota

500m


3. Un espace intégré à la ville

Nord Cadrage Maquette

Photo de maquette réalisée au 1:5000, Courbes tous les 5 mètres

Sur les pages qui vont venir, sur la photo de maquette, je cherche à montrer comment le site s’articule avec le territoire, avec la ville autour.

Topographie

Au nord-ouest apparaît le début du volcan dont les pentes descendent progressivement vers l’est (en bas sur la photo). Plusieurs torrents descendent du volcan et rejoignent les quebradas. Les deux plus importantes qu’on voit, c’est la quebrada la Mascota au sud et la quebrada las Lajas au nord, (celle que j’ai parcouru).

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Colonia Maquilishuat

Colonia Escalon

Las Lajas

La Mascota

San Antonio Abad 500m

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Urbanisation La ville se développe de l’est, à partir du centre-ville, vers l’ouest en remontant sur le volcan jusqu’à la côte des 1000 mètres où les pentes du volcans deviennent trop raides. Aujourd’hui il existent des mesures de protection qui ralentissent l’urbanisation plus haut dans le volcan. La ville au pied du volcan

Les quartiers au sud de la quebrada las Lajas, la colonia Maquilishuat et la colonia Escalon sont des quartiers de prestige. La Escalon est devenue plus un quartier d’affaire au fils des années, la Maquilshuat reste un quartier résidentiel. Au nord de las Lajas, il n’y a pas de «colonia» qui s’est constitué mais il s’agit d’un quartier hétéroclite autour de l’ancien village de San Antonio Abad. Il y a de l’habitat «rural» modeste qui se constitue plus ou moins en comunidades au fur et à mésure qu’il se densifie. Depuis une vingtaine année, par sa localisation, San Antonio Abad devient plus cher et des lotissement fermés se construisent entre l’habitat modeste.

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Cecilio del Valle

San Pablo

Cristo Redentor

Colonia Maquilishuat

Lajas poniente

Rosa Linda Colonia Escalon

Valle de Oro

La Mascota

Las Lajas

La Mascota

La Pedrera

San Diego

12 de Octubre San Antonio Abad

500m Núñez Arrué

Corazon de Maria

Istmania

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Les comunidades dans les quebradas Cours d’eau et comunidades

Les quebradas abritent les comunidades même là où elle a été remblayé (comme la Pedrera et Corazon de Maria). Même si leur emprise sur le territoire est très petite par rapport à celle des colonias, leur densité est beaucoup plus élevée et abritent un nombre d’habitants équivalent.

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500m

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Rencontre entre colonia et comunidad

Point de contact

ville haute colonia Escalon

ville basse les comunidades

Les points ou zones de contact entre les deux villes peuvent se faire de plusieurs manières, soit au fond d’une impasse soit le long de la rue. En générale, ces lieux sont fortement investis par les comunidades, on y trouve l’essentiel des commerces et des zones de convivialité. C’est dans la rue en haut que les enfant d’en bas viennent jouer, on y dessine des terrain de football sur la chaussée, on y installe des paniers de basket-ball sur les poteaux électriques.

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École publique Lieux de culte Marché Supermarchés, centre commerciaux Centre d’affaires Parcs

Élements d’accroche à la ville formelle C’est également en haut que les habitants font leur vie, on y trouve l’école, les parcs, le marché. C’est là qu’ils trouvent du travail (formel ou informel). Au final, c’est surtout les habitants des comunidades qui utilisent l’espace public, les habitants des colonias se deplacent essentiellement en voiture.

Terrains de sport Parcelles en friche Lignes de bus

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500m

100


Liasons existantes et à créer

Des liens transversaux qui existent, un lien longitudinal inexistant.

Les liens et les accès vers la colonia Escalon au sud sont très développés, par la manière dont les comunidades se sont développées et parce que le quartier est plus animé. Par contre, il n’existe que peu de lien vers le nord, où l’on trouve plus de quartiers fermés et moins d’activités. L’ensemble des liaisons se fait de manière transversale, ville basse - ville haute. Il n’existe pas de moyen de parcourir le site dans le sens de la quebrada, entre les comunidades ou entre les comunidades et le territoire (direction volcan - bassin)

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Terrain de sport Square

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La rencontre de la colonia et de la comunidad, des lieux de vie qui fonctionnent

Les lieux de rencontre entre la colonia et la comunidad sont les lieux les plus dynamique dans la comunidad. C’est là où se trouvent les magasins et des espaces où les gens se rassemblent. Cela peut se faire dans un square, dans un endroit aménagé, ou bien le rassemblement peut se faire en investissant la rue spontanément. Représentée ci-dessous, on a l’entrée de la comunidad Valle de Oro. Je trouve que c’est un exemple d’un espace qui marche bien. On y trouve un terrain de sport (basket-ball et football) avec vue sur le volcan et qui surplombe la comunidad. Il a été fait dans les années 2000’ par la mairie et des travaux vont bientôt commencer pour mettre du gazon, financé par des donations des voisins de la ville haute, une agence de publicité dans ce cas précis, en partenariat avec la directive de la comunidad. Ensuite, il y a un square, très simplement aménagé, le sol est en terre, on voit quelques assises improvisées. Il y a toujours du monde. Il y a notamment des jeunes qui tiennent une station de lavage improvisée. Les employés des bureaux alentours se garent devant et se font laver leur voiture pour 5 dollars. Finalement nous avons le debut du passage qui mène vers la comunidad, il y a un magasin du type épicerie, un ciber café et plus loin le moulin (photo 1 et 2 p. 50). Ces maisons sont les mieux construites de la comunidad, grâce à l’activité commercial. La maison du magasin et celles qui se trouvent derrière ont été refaites par les prometteurs qui ont contruit le lotissement à côté, en échange de céder une partie du terrain pour créer l’accès au lotissement. Le tout à l’ombre d’un grand conacaste. Conacaste Enterolobium cyclocarpum

Magasin

Accès lotissement fermé

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IV. VERS UNE SORTIE DE LA PRÉCARITÉ ET DE L’URGENCE

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1. Décomposition du site d’étude

Sud

Nord 107


Ouest

Sud

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Est

Nord


Topographie, un site étroit

Courbes tous les 1 mètres Traits de coupe échelle: 100m

Le site que j’ai étudié s’étire sur 1 800 mètres en suivant le cours d’eau Las Lajas et qui coule de l’ouest vers l’est. Le point le plus haut se trouve donc à l’ouest, sur le haut de talus, à 890 mètres d’altitude. À l’entrée le cours d’eau est à 877 mètres. Le point le plus bas est à l’est sur le cours d’eau, à la côte des 767 mètres. Le cours d’eau ne suit pas une pente continue et il est ponctué de cascades. Dans le sens transversale le site est beaucoup plus étroit, il fait autour de 100 mètres de large, avec un élargissement où la petite quebrada «el Nueve» rejoint las Lajas. Le cours d’eau est encaissé de 10 à 30 mètres. Souvent la quebrada a un profil en U, avec des bords très raides et un fond de vallée plus plat. Cependant, il existe une très grande variété de typologies, avec des terrasses intermédiaires, des élargissements et des retrécissements. La topographie a été modifiée depuis le début de l’urbanisation. Au sud, on a jeté les matériaux issus du terrassement de la colonia Escalon et au nord, on est venu a gagné de la surface par du remblai pour accueillir les lotissements. Ensuite les arrivées d’eaux pluviales de la ville, qui se font en cascade depuis le haut du talus, ont érodé les pentes qui les reçoivent.

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Sud

100m

Nord


Rosa Linda

Valle de Oro

Implantation du bâti en situation souvent vulnérable

Lajas Oriente San Diego

12 de Octubre

Les différentes comunidades se sont installées essentiellement sur le versant au sud du cours d’eau. Au nord on trouve quelques maisons isolées ainsi que la comunidad las Lajas Oriente, que je n’ai pas visitée car elle était dangeureuse. En général, les maisons s’implantent selon trois typologies. La première correspond aux maisons qui sont sur le bord du plateau en contact avec la rue. Il y a ensuite des maisons qui s’installent dans le fond de vallée ou sur les terrasses intermédiaires. Un dernier groupe s’installe sur les pentes. On compte 688 logements dans l’ensemble des 5 comunidades que j’ai visité. Il s’agit pour la grande majorité de maisons individuelles, on ne trouve qu’un logement collectif, à Rosa Linda. Il s’agit pour la plupart de constructions en dur (mur en parpaing ou en brique) et la plupart des personnes sont propriétaires de leur logement et de leur terrain. Bien que les maisons soient sombres, les habitants font preuve d’une grande originalité et de créativité dans la construction de leur maison et d’une grande capacité de se débrouiller avec ce qu’ils disposent.

Núñez Arrué

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Sud

100m

Nord


Des cheminements compliqués et en impasse

Espaces de circulation

Les maisons qui sont sur le plateau sont directement desservies par la rue. Aux autres maisons on y accède par des venelles piétonnes étroites. Il faut descendre des marches pour accéder au fond de la quebrada. Les venelles sont des culs de sacs desservies depuis le haut. Les chemins sont parfois difficiles du fait du fort dénivellé transversal. Les comunidades sont accéssibles que depuis le sud. Il y a très peu de franchissements sur le cours d’eau et de montées vers le nord. Rosa Linda, dans sa partie ouest, fait figure d’exception, on peut y accéder par le nord comme par le sud. Je pense qu’il faut améliorer les dessertes au sein de chaque comunidad de manière à mieux relier l’ensemble à la rue et à la ville formelle (où se trouvent l’école, le travail, le transport, les loisirs...)

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Sud

100m

Nord


Des risques à surmonter

Glissement de terrain Inondation et érosion par le cours d’eau Zones de délinquance

La quebrada est exposée à la fois à des risques naturels (glissements de terrain et inondation) et humains (pollution et déliquance). Les glissements de terrain ont lieu dans les pentes raides du bord de la quebrada. Les pentes, déjà fragiles (cendres et tufs), sont d’autant plus vulnérables par la manière dont le bâti l’attaque. Les arrivées de canalisations d’eau de pluie de la ville sont les lieux d’érosion les plus important. Les inondations sont plus localisées du fait de l’encaissement mais elles peuvent être gênantes aux maisons qui se trouvent directement le long du cours d’eau. C’est surtout sa force érosive qui est à craindre. Et puis l’eau est polluée par les arrivées des eaux usées et par l’accumulation de poubelle. Cela se rajoute aux moustiques qui y prolifèrent et qui sont sources de maladies. Le versant nord, sauvage, est investi par des activités criminelles. Les délinquants profitent de l’isolement de ces lieux et de leur exubérance pour se cacher dedans. C’est des problèmes auxquels je vais chercher à repondre. C’est la demande la plus importante de la population. L’idée est de proposer d’autres manières de gérer le risque que la bétonisation de la quebrada que font les services publiques (cf page 22). Pour le versant au nord, je pense que c’est en incitant les habitants de s’y rendre et d’investir ces espaces que les pratiques malveillantes vont disparaître.

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Sud

100m

Nord


Des espaces de vie concentrés sur la rue, en haut

lieux de vie

Nous avons vu auparavant que les espaces de rencontre entre la ville du haut et la ville du bas sont les lieux où les habitants se rencontrent, c’est là qu’il y a les magasins et les lieux de loisirs. On trouve quelques lieux à potentiels dans le fond tels que des maisons de quartier ou des lieux de cultes qui peuvent être générateur de vie de quartier. Il est alors question de créer des espaces publics autour de ces lieux potentiels.

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Sud

100m

Nord


Une nature à exploiter La quebrada possède une très grande richesse végétale. On trouve beaucoup de fruitiers, surtout dans les interstices des comunidades. On y trouve aussi la ressource en bois qui pourrait être géré sur le versant nord. Le cours d’eau amène aussi des ressources, de la pierre volcanique et du sable essentiellement, et sert à la construction de murs. Cours d’eau et végétation

Il existe déjà un système de partage dans la comunidad sur laquelle je pourrais m’appuyer pour créer des assiettes de production. Le marché qui se trouve directement à l’est du site, pourrait servir à commercialiser les surplus de production. La nature peut aussi être exploitée comme lieu de contemplation et de loisirs, à l’abri de l’agitation de la ville.

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Sud

100m

Nord


Des terrains en friche mais souvent privés

Terrain privés Terrains de la comunidad Terrains de la commune

Les comunidades se sont installées d’abord de manière illégale sur des parcelles de la commune au sud. En devenant légales, le sol sous chaque maison devient la propriété de la maison, les zones non-construites sont devenues des terres gérées par chaque directive de comunidad, donc des espaces collectifs. Le nord est constitué d’espaces privés, ce qui a empêché que des comunidades s’installent. Il s’agit en général de friches. Les murs d’enceinte ou les barrières se trouvent en général en haut du talus et on peut y accéder assez librement depuis le cours d’eau. La présence de personnes dans ces lieux est peu toléré, parce qu’on considère qu’il s’agit soit de criminaux ou soit de gens qui viennent couper du bois.

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Sud

100m

Nord


2. Recomposition et méthode de travail Je travaille en surperposent ces différentes couches, en coupe et en plan, pour définir les actions que je trouve pertinentes de mener et leur emplacement. Je m’appuie également sur les lieux remarquables, sur des vues, sur des points d’accroche au paysage, que j’ai pu identifier pendant mes visites.

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Versant habité Des comunidades bien reliées à la ville d’en haut et qui s’investissent dans leur aménagement et leur gestion

Versant à ressources Des assiettes de production en vis à vis de chaque comunidad

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Sud

100m

Nord


3. Principes de projets

Redessinner les cheminements pour rejoindre la ville d’en haut en s’inscrivant sur les lieux de vies et les vues remarquables. Créer des espaces de rassemblement dans le bas de la quebrada.

Proposer des nouvelles manières de vivre et de gérer le risque. Fixer les talus, donner de la place au cours d’eau. Investir les lieux «sauvages» et chasser les pratiques délinquantes

Mettre au profit les différentes ressources au service de la comunidad, pour son economie, sa contruction. Renforcer la vie communautaire autour de la gestion des ressources.

La suite du travail donnera lieu a une expérimentation de ces principes dans une réalité plus concrète et précise du site.

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L’appplication des principes de projet sur le terrain a été présenté le jour de la soutenance. Des extraits des documents seront détaillés dans les pages qui suivent. La mise en espace de ces pricipes a été réalisé en faisant des allers-retours entre des plans, des coupes et des axonométries à différentes échelles et selon quatres couches: la pente, les espaces publics, l’eau et la végetation. Ce travail m’a permis d’affiner les proposition dans l’espace.

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Topographie existante

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Gérer la pente et le risque

Améliorer les dessertes, création d’espaces d’appropriation.


Intégrer la gestion de l’eau

Exploiter la ressource végétale

Synthèse des propositions

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Plan de la gestion des pentes et des niveaux sur l’ensemble du site. Réalisé au 1:1000e

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Créer des surfaces horizontale entre le bâti en créant des terrasses avec des murs en pierre du site.

Tenir les talus avec des plantations

Contenir les extensions du bâti et le mettre en sécurité vis-à-vis du risque

Extrait du plan (à l’échelle) sur la comunidad Valle de Oro

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Comunidad Valle de Oro, Axonométrie (réalisée au 1:200e). Mise en sécurité. Murs et terrasses.

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Plan des cheminements, espaces publics, espaces collectifs RĂŠalisĂŠ au 1:1000e

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Créer des espaces publics

Créer des espaces collectifs sur les terrasses

Extrait du plan (à l’échelle) sur la comunidad Valle de Oro

Créer de nouveaux accès et mettre en réseau les cheminement de la comunidad 135


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Comunidad Valle de Oro, Axonométrie (réalisée au 1:200e). Mise en réseau, création de nouveaux espaces communs.

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Plan de gestion du cours d’eau Réalisé au 1:1000e

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Créer des zones humides servant pour l’extension des crues

Élargir le lit de la rivière

Extrait du plan (à l’échelle) sur la comunidad Valle de Oro

Assurer la continuité du cours d’eau et permettre la circulation des ressources (pierres)

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Comunidad Valle de Oro, Axonométrie (réalisée au 1:200e). Donner la place qui correspond à l’eau.

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Plan de gestion du végétal Réalisé au 1:1000e

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Favoriser l’installation de la ripisylve

Garder les arbres existants dans la comunidad

Exploiter de manière raisonnée le versant sauvage

Cultiver collectivement les terrasses Extrait du plan (à l’échelle) sur la comunidad Valle de Oro

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Comunidad Valle de Oro, Axonométrie (réalisée au 1:200e). Vers le partage de la ressource végétale.

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Un travail en coupes transversales au 1:500e m’a permis de vérifier et de compléter les correspondances entre les différentes couches du projet. Cette étape a été menée en parallèle avec l’élaboration des plans et de l’axonométrie.

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Ce scénario d’aménagement cherche à valoriser l’espace de vie au sein de la comunidad. Cela représente un état de projet idéal qui reste à être affiné selon les attentes et la capacité d’action de la comunidad et de la commune. Cette étape de dialogue manque dans ce projet et je pense qu’il aurait fallu de me rendre sur le site une deuxième fois et avoir un retour des propositions faites sur ce projet avec les habitantes et les acteurs locaux.

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REMERCIEMENTS Merci à ma mère, Carmen, qui sait tout Bernardo, mon frère, qui m’a accompagné pendant mes visites. Rodrigo Dada, qui m’a prêté son Canon Rebel et qui m’a également accompagné et le reste de ma famille et mes amis au Salvador. à Rebeca Claudia, ma première guide Elsa Idalia, Ruth, la nina Crucita, la nina Nieves, Don Bene, Guillermo de Jesus, Irma et sa fille Carolina et tous les habitants de la quebrada Las Lajas qui ont pris le temps de me montrer leur maison. aux architectes Carlos Ferrufino et Claudia Blanco, et le documentaliste de Fundasal au chef du sécurité du Crown Plaza qui m’a fait monter sur le toit à Miguel Georgieff, mon encadrant, Mongi Hammami, Bruno Tanant, Olivier Mongin, Christian Pedelahore ainsi que les membres du pré-jury pour leur conseils à mes collègues de classe qui m’ont accompagné pendant ces 4 années Marion, Dorothée, Virginie mes copains d’atelier, à Manuel aux 3 S pour leurs sandwichs Gracias

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