Entre Elles

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Sommaire Éditorial

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Actualités nationales

…8

Fierté gaie à New York

…10

Centre des femmes de Laval …12 Association Arc-en-ciel

…13

L’union civile a dix ans

…14

Élections en France

…18

Roller derby

…20

Surréalistes au MNBAQ

…24

FIMA

…26

Tomboy

…30

Marie-Claire Blais

…32

Pol Pelletier.

…36

Janelle Monáe

…40

Critiques musique

…42

Mode

…44

Calendrier

…50

Sorties

…52

Abat-jour illimités

…54

Alvaro Coiffure

…56

Moulin de Wakefield

…58

Kazamaza

…60

Vin

…62

4

20 24

40

44



Rédactrice en chef : Jacinthe Dupuis jacinthe@entreelles.net

Éditorial

Directrice artistique : Carolina Ramirez carolina@entreelles.net

Collaboratrices :

Sophie Delorme, Monique Désy Proulx, Sanita Fejzic, Lise Gervais, Vanessa Girouard, Shawn Thompson

redaction@entreelles.net

Ventes :

Maude Desjardins (Québec, Centre et Est du Québec)

(581) 983.1083

Couverture Photo : Angela Boismenu

Direction artistique : Shawn Thompson

Direction de Production : Jacinthe Dupuis

modèle :

Julie Madore

Entre Elles

est une division d’Elles Média Tél. : (514) 903.5537

Toute reproduction en tout ou en partie de cette publication est strictement interdite sans l’autorisation de l’auteur de l’article ou du photographe. ISSN 1709-4755

Adresse postale

C.P. 915, Succursale C Montréal, QC H2L 4V2 6

Il faut y croire Jacinthe Dupuis Le printemps 2012 aura été marqué par cette crise étudiante dont l’omniprésence dans pratiquement toutes les conversations, quels qu’en soient les thèmes, est frappante. On l’a vu dans les entretiens avec Pol Pelletier et Marie-Claire Blais, récemment publiés dans ces pages, où chacune y a fait allusion. Irène Demczuk ne fait pas exception, au contraire. Les propos qu’elle a tenus ont mis à jour le fossé abyssal qu’il y a entre les négociations dans le dossier de l’union civil et celles dont on a été témoin dans le dossier des étudiants. Une lutte citoyenne D’entrée de jeu, Irène Demczuk met en lumière le fait que la bataille pour la réforme de certains chapitres du Code civil était citoyenne, qu’elle a été faite et portée par des acteurs sociaux et que l’opinion publique en aura été un élément important. À l’époque, les centrales syndicales supportaient la cause de l’union civile et cet appui a contribué à crédibiliser cette dernière et lui donner une plus profonde dimension. Pourquoi ces appuis majeurs n’ont-ils pas d’impact auprès du gouvernement aujourd’hui ? Pourquoi

s’acharne-t-on à dire que ce n’est qu’une minorité d’étudiants qui conteste alors que de nombreux Québécois sont également en faveur de cette cause? Le gouvernement a fait parler beaucoup de chiffres pour que le débat ne bascule pas vers un problème de société, mais dans les faits, cela devient inéluctable quand il est question d’éducation. Où est notre Paul Bégin ? La bataille de l’union civile a l’avantage d’avoir reçu le support du ministre de la Justice


Éditorial

© flickr_Socialist Canada, Socialist Quebec

de l’époque, Paul Bégin, qui « y a cru », selon Irène Demczuk. Pourtant lorsque la Coalition pour les conjoints et conjointes de même sexe a refusé l’avant-projet de loi proposé par le ministre, ce dernier était en colère. Mais ce refus n’a jamais rompu le dialogue entre les deux partis, contrairement à ce qui s’est passé récemment où le gouvernement, à la première embûche, s’est empressé de qualifier la discussion d’impossible.

La réalité, c’est que monsieur Bégin, lui, souhaitait vraiment trouver une solution progressiste. Lorsque l’on croit à un projet, on fuit les impasses et les échecs pour se concentrer sur les issues potentielles et donc, résoudre le conflit. Quelle part de la victoire de la lutte des gais et lesbiennes peut-on attribuer au fait que le PQ ait été à ce moment au pouvoir et qu’il soit généralement plus favorable aux causes des

minorités que les libéraux ? Difficile à dire, mais ces derniers se sont montrés complètement fermé dans le dossier étudiant. En 2002, disait Irène Demczuk, « une fenêtre politique était ouverte », et le dossier a été réglé. À défaut du gouvernement libéral d’ouvrir une fenêtre pour résoudre la crise, ce sont les élections qui ouvriront une porte. Il appartiendra alors à la population de la montrer au Parti Libéral pour qu’il la prenne, définitivement.


Actualités nationales

Cinéma

Intimidation

Droits des femmes

Marie-Antoinette, lesbienne?

Dany Morin contre l’intimidation

Décriminaliser la prostitution?

En salle depuis le 15 juin, Les adieux de la reine de Benoît Jacquot évoque la relation que Marie-Antoinette entretenait avec sa suivante, la duchesse de Polignac, un pan de la vie de la souveraine encore inexploré. Mythe ou réalité?

Porte-parole adjoint du NPD pour les enjeux LGBTQ, Dany Morin a présenté une motion visant à prévenir et à mettre fin au fléau de l’intimidation afin d’établir un comité parlementaire spécial étudiant les différents visages que prend cette violence.

Le Conseil du statut de la femme a récemment remis un avis au gouvernement provincial suggérant de décriminaliser le travail des prostitués tout en continuant à punir clients et proxénètes. L’organisme Stella, venant en aide aux travailleuses du sexe, a exprimé des réserves quant aux recommandations du CSF

Le scénario raconte les derniers jours de règne du couple royal à l’aube de la Révolution française, du point de vue de Sidonie Laborde, jeune lectrice de la reine, envieuse de la relation entre la reine et la duchesse. Le film est inspiré d’un roman de Chantal Thomas, publié en 2002, dans lequel l’auteure y présente sa vision de la relation ambiguë entre la reine et sa favorite. Marie-Antoinette était-elle lesbienne? Évelyne Lever, historienne spécialiste de Marie-Antoinette, prétend que les bruits sur son homosexualité avaient pour origine les médisances de ses ennemies et que comme son mariage était dépourvu d’amour, il était facile d’accuser ses amitiés féminines d’être saphiques. 8

Morin souhaite que la Chambre mette de côté la partisanerie politique et que la motion soit le début d’une discussion dans tout le pays. Le comité serait donc chargé de faire des consultations avec les familles affectées et les organismes qui travaillent auprès des jeunes afin de créer une stratégie nationale. Le député a lui-même été victime d’intimidation et il ne sait malheureusement que trop bien ce que les jeunes traversent. « Il n’y a pas de solution miracle », dit-il. « Par contre, chaque acteur dans la société a un rôle à jouer. Actuellement, les provinces sont très proactives quant à l’instauration de mesures afin de prévenir l’intimidation. »

Le CSF souhaite interrompre le cercle vicieux dans lequel sont plongées les travailleuses du sexe avec un casier judiciaire, compliquant ensuite leur sortie de ce milieu. Il soutient que ces femmes sont en position de fragilité et d’exploitation, même lorsqu’elles ne sont pas directement dans la rue et sont employées dans des maisons de débauche. Stella et sa coordonnatrice générale Émilie Laliberté critiquent cette approche niant l’autonomie des travailleuses du sexe. Elle déplore le refus de considérer le libre choix dans l’équation et souhaite des mesures qui protègent les femmes se prostituant par dépit ou de façon volontaire.


Du 13 au 19 août 2012 Partag e z l a f i e rt é

fierté M o nt r é a l Un défilé, présenté par viagra, sous le thème

notre drapeau notre fierté

www.fiertemontrealpride.com

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Actualités internationales Gay Pride de New York 2012 (16-24 juin)

Les Américaines ont beaucoup à fêter Sanita Fejzic

Chaque année, la Gay Pride à New York est une occasion de faire la fête mais aussi de célébrer les nouveaux droits acquis par la communauté LGBTQ dans l’État et dans le pays. Tel était le cas en 2011, et 2012 ne devrait pas faire office d’exception. Pour beaucoup, la fierté new-yorkaise de l’année dernière a été mémorable. Quelques jours avant la manifestation, l’État de New York avait légalisé le mariage pour les couples homosexuels. Le gouverneur démocrate Andrew Cuomo avait ainsi donné à des milliers de gais et lesbiennes l’égalité et le droit de se dire « oui ». Historiquement, la Gay Pride à New York a toujours été un événement politisé. Elle honore les émeutes de Stonewall, qui avaient commencé le 28 juin 1969. Cette année, les Américaines auront encore l’occasion de célébrer et de revendiquer leurs droits, notamment après les récentes décisions autour de la proposition 8 et les déclarations de Barack Obama sur le mariage pour les couples de même sexe. Pour rappel, la fameuse « Prop 8 », présentée au referendum en tant qu’amendement à la constitution de Californie, affirme que seul le mariage entre un homme et une femme est légal dans l’État. Elle a été approuvée par les électeurs avec 52,24% des votes en novembre 2008, renversant la décision de la Cour suprême de Californie d’autoriser le mariage homosexuel au mois de juin de la même année. Et Barack parla… Quelque 18.000 couples homosexuels s’étaient alors mariés, des unions toujours légales malgré la Proposition 8, suite à l’action d’un couple devant la Cour suprême de l’État. En 2012, le juge Vaughn Walker de la cour d’appel fédérale de San Francisco a déclaré que la Proposition était non conforme à la constitution du pays. Une décision confirmée en appel. Il faut maintenant attendre que les parties « pour » et « contre » ce droit se décident sur une procédure d’appel. La Cour suprême des États-Unis pourrait trancher définitivement en 2013. Cela pourrait évidemment avoir des répercutions sur le reste du pays. Sur ces 50 États, six reconnaissent le mariage pour les couples de même sexe. En mai 10

dernier, Barack Obama s’est déclaré, lors d’une entrevue sur ABC, favorable à cette avancée. Le sujet continue de faire parler, y compris dans la communauté LGBTQ américaine, qui devrait fêter cet été ces bonnes nouvelles avec la vague d’événements de la Pride jusqu’au 24 juin.


du 17 au 26 ao没t 2012 w w w.capitalpr ide.ca facebook .com/capitalpr id e 11


Société laval

Non à la réclusion, oui à l’association ! Vanessa Girouard

Sur le territoire montréalais, les ressources s’adressant aux lesbiennes et aux bisexuelles sont relativement connues, mais nous oublions parfois la présence de services spécifiques ou généraux en dehors de la métropole. Coup d’œil sur deux organismes bien vivants, situés de l’autre côté de la rivière des Prairies. CENTRE DES FEMMES DE LAVAL C’est au début des années 80 qu’est né le premier Centre des femmes de la région de Laval. Les fondatrices, inspirées par l’émergence de tels regroupements à Montréal, ont voulu créer un lieu pour répondre au besoin exprimé par plusieurs Lavalloises. L’organisme tenait alors des assemblées publiques, auxquelles participaient activement environ soixante-dix femmes âgées de 40 à 60 ans. « Il y avait des fonctionnaires et des travailleuses, dont certaines sont devenues députées par la suite, il y avait également des femmes qui se disaient ménagères », soutient Manon Massé, qui s’implique au Centre depuis 2001. « C’était une époque de crise économique, il était donc question de création d’emplois, de formation des femmes, de garderies. Bref, de l’autonomie économique des femmes. Les fondatrices se définissaient très clairement comme des féministes et leur but était d’agir en tant que féministes pour améliorer leurs conditions de vie », ajoute-t-elle. Une mission plurielle Lors de la création du Centre en 1981, la mission première consistait à briser l’isolement des femmes. Trente ans plus tard, cette question est toujours, sinon davantage, d’actualité. « L’individualisation de notre société de consommation amène beaucoup les femmes “dans la honte de…”. C’est [aussi] ce qui 12

provoque l’isolement. Notre travail, c’est de collectiviser les problèmes vécus par les femmes pour être capables d’agir ensemble là-dessus », continue Mme Massé. Avec le bouche-à-oreille, le Centre des femmes de Laval s’est construit une solide réputation. En 2011, on y a réalisé près de 10 000 interventions, en personne ou par l’entremise du service de référence téléphonique. L’organisme agit également de concert avec des intervenantes pour changer les conditions de vie. « Les femmes n’arrivent pas ici en disant “oh, j’aurais vraiment besoin d’augmenter mon estime de moi”. Ça, c’est le privilège des gens qui peuvent se payer une psy. Ici, les femmes arrivent souvent dans toutes sortes d’états », lâche Manon Massé. C’est avec les activités, les sorties, les ateliers, les formations et les comités du Centre que les femmes sont amenées à travailler sur elles-mêmes et à acquérir du pouvoir sur leur vie. « Grâce à toutes ces expériences, elles se rendent compte qu’elles sont quelqu’un. On politise, on collectivise. Alors, les femmes réalisent que ce n’est pas de leur faute, si les choses vont mal, et qu’elles ne sont pas toutes seules. Bref, on en arrive à répondre à un besoin essentiel d’estime de soi et d’affirmation, pour leur faire sentir qu’elles ont leur place dans cette sociétélà », soutient-elle.


© Centre des femmes de Laval

Formation et activités Au cours de l’année, les activités organisées par le Centre sont divisées en trois catégories : ateliers, comités et formations. « Pour nous, il ne s’agit pas seulement de transférer nos connaissances, mais aussi de partager nos savoirs, afin de développer ensemble un apprentissage et un savoir collectifs », explique Manon Massé. Le bloc « comités » regroupe le comité d’accueil, l’éducation populaire, le comité de réflexion, des comités spéciaux ainsi que les activités « tannantes ». Le bloc « ateliers » propose de courtes formations sur différents thèmes, comme le logement, la sexualité ou le théâtre. Le bloc « formations » offre un contenu plus spécifique, avec des outils pour apprendre à exercer sa participation citoyenne. Place aux lesbiennes et aux bisexuelles Pour répondre à la demande, on a mis sur pied il y a trois ans un groupe d’échange et de partage pour lesbiennes et bisexuelles. Lors du premier bilan annuel, le groupe a compris qu’il y avait des défis à relever à cet égard. Notamment, quelques femmes ont exprimé un certain malaise quand on mentionnait le vécu avec les conjoints des femmes bisexuelles, soutenant du même souffle que le groupe avait été créé pour les femmes.

ARC-EN-CIEL Suzanne Laplante, l’une des cinq fondatrices du groupe lavallois Arc-en-ciel, est fière d’avoir fait partie du processus menant à la création de cet organisme de soutien. « Nous étions d’abord un groupe mixte situé à Boisbriand et nous étions cinq personnes sur le conseil d’administration. À un moment donné, nous nous sommes dit que nous voulions créer un groupe à Laval. Il n’y avait alors absolument rien en comparaison des ressources disponibles à Montréal », évoque-t-elle. En janvier 2003, Arc-en-ciel commençait ses activités en poursuivant deux buts : d’abord, fonder en banlieue de Montréal un groupe venant en aide aux lesbiennes et, ensuite, décentraliser les ressources. Depuis presque dix ans, une trentaine de femmes se rencontrent ainsi chaque mardi. Créer des liens « L’idée consiste à briser l’isolement que vivent les femmes, notamment lorsqu’elles sont en rupture ou lorsqu’elles assument pour la première fois leur orientation sexuelle. De cette manière, les femmes en arrivent souvent à développer des liens forts, des amitiés solides », affirme la fondatrice.

« Après discussion, nous avons convenu que le groupe allait continuer ensemble, mais avec une balise bien claire : pour ce qui est des chums, il y a d’autres places au Centre où vous pouvez être très à l’aise d’en parler. Et ça convenait à tout le monde », dit-elle.

Le comité d’organisation veille à convier des intervenantes spécialisées pour diriger des discussions sur des sujets comme le détachement, l’amour, la sexualité ou la jalousie. Quelquefois, les membres du comité animent la soirée. Ou encore, ce sont les participantes elles-mêmes qui mènent les discussions, quand elles le désirent. « L’organisme fonctionne sur une base égalitaire, antihiérarchique », soutient Suzanne Laplante.

Bref, le Centre est un lieu où toutes les opinions exprimées sont reçues dans le respect des unes et des autres.

Pour l’instant, le groupe rejoint les 40 ans et plus. Toutefois, ses fondatrices sont bien déterminées à recruter de nouvelles participantes !


Société union civile

L’union civile : Jamais deux sans droits Jacinthe Dupuis

Il y a dix ans, l’Assemblée nationale adoptait un projet de loi historique qui créait l’union civile et modifiait en profondeur les règles de filiation afin de reconnaître les familles homoparentales. Ces changements législatifs allaient permettre aux couples de même sexe et unis civilement d’avoir les mêmes droits et obligations que les couples mariés. De plus, les parents homosexuels verraient enfin leurs enfants protégés contre la discrimination. Contrairement à la lutte pour le droit au mariage, qui s’est déroulée devant les tribunaux, celle menée pour obtenir l’union civile et la reconnaissance des familles homoparentales a emprunté la voie politique et celle d’un débat de société. « Le Québec est l’un des rares endroits au monde, et peut-être même le seul, où les gais et lesbiennes se sont vus reconnaître des droits parentaux avant le mariage et où ses droits furent obtenus par un vote unanime des députés. » C’est ce qu’affirme au téléphone Irène Demczuk, qui a coordonné la Coalition pour la reconnaissance des conjoints et conjointes de même sexe à l’époque. À la suite de cette conversation, Entre Elles vous présente quatre facteurs qui ont marqué cette longue lutte pour les droits des couples homosexuels et de leurs familles. Les syndicats : des alliés généreux Formée en 1997, la Coalition est un regroupement de 22 organisations qui incluaient les trois grandes centrales syndicales, les principaux groupes de la communauté LGBT et ceux du mouvement des femmes au Québec. L’objectif : éliminer la discrimination envers les gais et lesbiennes dans toutes les lois québécoises et canadiennes qui s’appliquent au Québec. La Coalition n’exclut pas de faire pression sur le gouvernement pour modifier le Code civil, une loi maîtresse au Québec, difficilement réformable. 14

D’abord, il y a eu au sein de la Coalition un long travail de sensibilisation des syndicats et des organisations féministes, et celui-ci a porté des fruits. « Évidemment, quand tu te présentes à Québec avec la vice-présidente d’une centrale syndicale, ça a du poids. Les syndicats ont toujours été très démocratiques, laissant les gais et lesbiennes mener leurs batailles, mais en leur fournissant les locaux pour tenir des réunions et en leur donnant accès à une photocopieuse. Ce n’est pas rien quand tu n’as aucun budget », reconnaît Irène Demczuk. Les femmes : le fer de lance de la reconnaissance des familles « Sur les 22 organisations membres de la Coalition, beaucoup étaient représentées par des femmes hétérosexuelles ou lesbiennes. Peu de gens savent que les femmes étaient souvent majoritaires autour de la table », relate Irène Demczuk. L’un des apports majeurs de cette présence est probablement la ténacité dont elles ont fait preuve pour demander la modification des règles de filiation. En effet, non seulement les couples de même sexe n’avaient pas accès à l’adoption et à l’insémination artificielle, mais on ne reconnaissait aux coparents aucun droit parental. « Quand tu vis dans un contexte familial, ton point de vue est différent. Tu sais comment ça se passe à l’école et à la garderie ». Mona Greenbaum, qui



Société union civile

© flickr_Donnay

menait à l’époque une bataille juridique afin que sa conjointe puisse adopter leurs enfants, était alors à la tête de l’Association des mères lesbiennes, un groupe membre de la Coalition.

raconte avec beaucoup d’émotion comment sa mère a vécu cachée toute sa vie. « Même le ministre Bégin n’en est pas revenu, il a versé des larmes », se rappelle Irène Demczuk.

Les enfants des couples de même sexe : montrer la discrimination aux Québécois « Tu peux envoyer le couple parfait et bien articulé devant les caméras, mais si tu parles des droits parentaux en mettant de l’avant un couple, ça ne soulève aucune émotion. Alors, l’idée très simple, c’était de présenter le point de vue des enfants. Les médias ont trouvé ça intéressant », dit Irène Demczuk, qui regrette de ne pas avoir eu cette idée plus tôt.

Le Parti Québécois : une ouverture politique Pour Irène Demczuk, ce n’est pas un hasard si ces changements ont eu lieu dans un contexte où le Parti Québécois était au pouvoir. « C’est historique, les minorités sexuelles ont gagné plus de droits quand le PQ était au pouvoir », dit-elle.

La Coalition entame alors une vaste campagne pour sensibiliser la population à la réalité des enfants qui vivent dans une famille homoparentale. Le groupe forme ainsi des porte-parole pour faire comprendre aux Québécois l’importance de donner aux enfants issus de ces familles le même cadre légal qu’aux autres. De même, au moment de la commission parlementaire, Irène Demczuk et Jacques Pétrin, un militant représentant la CSQ, ont l’idée de demander à trois jeunes membres de leur famille et de leur entourage de présenter des mémoires. Parmi ceux-ci, une jeune femme dont la mère est lesbienne 16

À la fin de la bataille, la Coalition avait réussi à convaincre le ministre de la Justice d’alors, Paul Bégin, qui défendait désormais ce dossier fermement, alors qu’au départ il avait proposé un projet de loi excluant les droits parentaux. La Coalition a également profité de la situation juridique ailleurs au Canada pour faire avancer les droits des familles homoparentales. En 2001, l’adoption chez les couples de même sexe était permise dans quatre provinces canadiennes, dont l’Alberta, à la suite de victoires devant les tribunaux. « Quand on leur disait que des couples de même sexe pouvaient adopter des enfants dans cette province conservatrice, ça les choquait. On jouait à plein cette carte-là », se rappelle Demczuk, amusée.


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international FRance

Se rapprocher du but Vanessa Girouard

La France a connu un changement majeur, le 6 mai dernier, quand le président sortant Nicolas Sarkozy a laissé la République entre les mains du socialiste François Hollande. Tout porte à croire qu’ainsi, les astres vont enfin s’aligner sur l’avancement des droits des gais et lesbiennes. Du moins, l’organisme français Inter-LGBT se mobilise pour que les espoirs se concrétisent. Entre Elles a discuté avec Nicolas Gougain, porte-parole de l’organisme. Entre Elles. Pouvez-vous nous remettre dans le contexte des dernières élections présidentielles ? Nicolas Gougain. Depuis l’entrée en vigueur du Pacte civil de solidarité (PACS) en 1999 (par les socialistes), il n’y a eu aucune avancée législative majeure pour ce qui est des droits LGBT. Si, en 2005, la droite a réalisé un alignement du PACS et du mariage, aucun autre changement n’a été enregistré depuis sur le plan fiscal. En 2007, Nicolas Sarkozy avait proposé des solutions (statut du tiers, contrat d’union civile équivalent au mariage), mais il n’a pas tenu promesse pendant son mandat. Pire, en 2012, son opposition aux droits LGBT a été utilisée comme un argument durant sa campagne. En face, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche/Parti communiste) et Eva Joly (Les Verts) ont été très clairs sur leurs engagements pro-LGBT. François Bayrou (Centre) a aussi évolué dans son discours sur l’homoparentalité, tout en restant fermé au sujet du mariage entre couples de même sexe. Entre Elles. Historiquement, quelle est la position des socialistes par rapport aux LGBT ? N.G. D’une manière générale, la gauche s’est progressivement emparée des questions LGBT. Le PACS a été une des réalisations emblématiques du 18

gouvernement Jospin. En 2004, le mariage qu’a célébré (puis annulé) Noël Mamère, maire de Bègles, a aussi permis de faire entrer la notion du mariage pour tous dans le corpus revendicatif des principaux partis de gauche. Depuis 2006, l’opposition parlementaire de gauche a déposé plusieurs propositions de loi visant à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe et les partis sont moins réticents à aborder le sujet. Par ailleurs, le PACS a beaucoup aidé au retournement de l’opinion, car il a rendu les couples homosexuels visibles et changé les représentations sur l’homosexualité. Entre Elles. C’est une première dans l’histoire de l’Hexagone d’avoir un dirigeant favorable aux droits des LGBT. Quelle est votre vision de François Hollande ? N.G. En effet, c’est une première. Nous avons beaucoup parlé, ici aussi, de la récente prise de position d’Obama en oubliant que la France avait pour la première fois un président favorable au mariage pour les couples de même sexe et à l’homoparentalité. Nous allons demander un rendez-vous à François Hollande la veille de la Marche des fiertés de Paris (30 juin). Je reste confiant, même si nous attendons désormais des actes.


international ©Parti socialiste

Entre Elles. Avant d’être élu, François Hollande avait annoncé qu’il ferait de la lutte contre l’homophobie et contre la discrimination l’une des priorités concernant les LGBT. Que pensez-vous de cette promesse ? N.G. Nous attendons l’issue du vote des élections législatives (10 et 17 juin) pour voir les pistes et le calendrier de travail du gouvernement et de la majorité sur les questions LGBT. À côté des réformes qu’il est nécessaire d’apporter dans le droit civil, nous souhaitons que l’on mette en place des campagnes de sensibilisation. Nous manquons aussi cruellement de chiffres. Nous avons proposé la création d’un observatoire des discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Entre Elles. Un projet de loi sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels pourrait être déposé dès l’automne 2012. Comment comptez-vous vous mobiliser afin de rendre possible l’adoption du texte ? N.G. La Marche des fiertés sera notre première mobilisation. Nous attendons pour cette occasion des engagements précis sur l’agenda parlementaire. Par la suite, en fonction de l’évolution du discours, nous verrons quelles actions envisager. Il faut rappeler que nous serons dans une situation différente par rapport au débat sur le PACS. L’opinion française est maintenant favorable au mariage et à l’homoparentalité, alors qu’elle y était encore hostile lors du vote du PACS !

La gauche aussi a parcouru beaucoup de chemin depuis 1999. Par contre, en ce qui a trait aux droits des personnes trans, je suis beaucoup moins confiant. Nous aurons besoin de mener un gros travail auprès des parlementaires pour que les projets de loi aboutissent. Sur la question de l’homoparentalité, il faudra que le projet de loi ne se limite pas à l’adoption, mais qu’il s’ouvre, par exemple, à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes. Entre Elles. De l’extérieur, la France semble être relativement polarisée. Comment pensez-vous que la droite réagira s’il y a des avancées pour les droits des LGBT ? N.G. Une fois que les lois seront votées, il sera compliqué pour tout futur gouvernement ou majorité de droite de revenir dessus. On l’a vu avec le PACS. L’opposition d’alors nous promettait toutes sortes de « cataclysmes » et de bouleversements qui ne sont jamais arrivés. Pour s’opposer au mariage pour les couples de même sexe, Christine Boutin et Marine Le Pen disent : « Mais vous avez le PACS » ! La droite évolue aussi sur ces sujets-là. La position de David Cameron, premier ministre du Royaume-Uni, a eu un écho parmi certains responsables politiques à l’Union pour un Mouvement Populaire (principal parti de droite en France), même si ces personnes sont aujourd’hui minoritaires dans leur propre parti. 19


sport roller derby

Rouler sa bosse Jacinthe Dupuis

Elles ont des noms à faire frémir et des cuisses d’acier, et elles disent très souvent : « Je ne peux pas, j’ai du derby ». Ces filles pratiquent un sport qui se répand partout dans le monde comme une traînée de poudre. Le Québec n’échappe pas à cet engouement. Depuis quelques temps, on voit émerger et se développer aux quatre coins du Québec des ligues de roller derby. À la fois défensive et offensive, cette discipline est une sorte de course à obstacles sur roulettes, où l’obstacle en question est prêt à tout pour vous empêcher de passer. Tous les coups sont permis, ou presque. Coups de fesses, d’épaules et de hanches sont tous rigoureusement encadrés par des règles très arbitrées par personnes chargées de les strictes (le livre de jeu fait plus de 45 pages). Datant des années quarante, le roller derby a gagné en popularité dans les années 70 par son aspect théâtral et déjanté, avec ses filles en bas filets déchirés, arborant un maquillage intimidant. La WWF pour femme quoi! Mais depuis sa réémergence en 2001, le sport a pris un tournant athlétique et ses adeptes ne cachent pas des aspirations beaucoup plus élevées. Le spectacle n’en est pas moins excitant, puisque chaque match comporte son lot de chutes à couper le souffle (aussi bien aux joueuses qu’à la foule), de revirements de pointage et de cascades saisissantes. Entre Elles vous présente ici deux ligues québécoises, Montréal Roller Derby et Roller Derby Québec, ainsi qu’une ligue ontarienne, de l’autre côté de la rivière des Outaouais, Rideau Valley Roller Derby. MONTRÉAL : jouer contre les meilleures pour être les meilleures À Montréal, une fois fondue la glace de l’Aréna Saint-Louis, la patinoire est prise d’assaut par soixante-dix filles, impatientes de commencer leur saison de roller derby. Dès le mois de mai, une foule hétéroclite se rend un samedi soir sur deux dans le Mile-End pour obtenir une bonne dose d’adrénaline. Présentement, Montréal Roller Derby est la meilleure ligue au Canada, et ce n’est pas pour rien qu’elle a obtenu ce titre. « Depuis sa fondation en 2005, on travaille d’arrache-pied pour repousser les limites de toutes les joueuses », explique la présidente de l’organisation, Chasing Amy, qui est aussi membre des New Skids on the Block, explique : « Nous les entraînons toutes ensemble, peu 20

importe qu’elles patinent depuis six mois ou deux ans. Nous tenons aussi à ce que le savoir des meilleures joueuses se transmette directement aux nouvelles ». Les filles se sont frayé un chemin à coups de hip whips biens placés et de shoulder hits percutants, mais aussi avec une bonne dose d’humilité et beaucoup d’analyses. Il n’y a pas à dire, elles ont visé haut. « Il y a trois ans, quand nous avons rejoint les rangs de la Women’s Flat Track Derby Association (WFTDA) avec les Skids (équipe interligue), nous savions que nous allions nous faire détruire, mais après chaque partie perdue, nous allions vers l’équipe adverse pour qu’elle nous enseigne les raisons de notre défaite. Nous ramenions ce savoir avec nous et nous le mettions en pratique dès l’entraînement suivant. Si nous sommes devenues les meilleures ici, c’est parce que nous avons appris des meilleures », ajoute Amy. En plus d’organiser de rigoureux entraînements de deux à quatre fois par semaine, la ligue s’applique à enseigner des stratégies de jeu à ses joueuses. « Nous voulons que notre ligue soit aussi la plus intelligente. Nous apprenons à nos joueuses à prendre de bonnes décisions sur la piste, parce que ça change la qualité du jeu », précise-t-elle. Consciente du fait que le niveau des autres ligues croît aussi d’année en année, Chasing Amy souligne l’importance du Smash Squad, la pouponnière, ce bassin de nouvelles patineuses qui prennent part au Boot Camp, un camp d’entraînement se déroulant en plusieurs étapes pendant trois mois. « C’est la meilleure façon de s’assurer que tout le monde est au même niveau et que toutes les filles sont prêtes à s’engager réellement, parce que c’est très exigeant », conclut-elle. Mais une fois qu’elles y ont goûté, les joueuses en redemandent. Mtlrollerderby.com


sport

Š Angela Boismenu, direction artistique: Shawn Thompson, direction de production: Jacinthe Dupuis 21


sport

©Myriam Laplante

QUÉBEC : la petite ligue qui voit grand Roller Derby Québec est une organisation toute jeune, ayant vu le jour en 2010. Elle possède deux équipes locales, le Rouge et Gore, et les CasseGueules, ainsi qu’une équipe interligue, les Duchesses. Pour l’instant, cette ligue est la seule au Québec à être francophone, et elle en est encore à se développer. « Nous avons un coach de mise en forme qui est un ancien boxeur El Tannant, et un coach de stratégie, un derby nerd. Le reste de l’entraînement est organisé par des filles qui font des recherches sur Internet », dit la responsable média, Marie-Mai B. Filiatrault, alias Douche Nukem. Après seulement deux ans d’existence, la ligue progresse rapidement. L’an dernier, au Beast of the East, les Duchesses ont essuyé une défaite de 124 à 4 contre les Derby Debutantes de Toronto. Cette année, les Québécoises ont rendu la monnaie de leur pièce aux Torontoises en les battant 120 à 30. « On 22

a encore des croûtes à manger, et on doit apprendre à travailler en équipe, dit Douche Nukem, mais au moins, on mesure notre amélioration ». Quand on habite au pays du hockey, là où l’on reglace les patinoires d’arénas dès le 28 juillet, la saison de derby est courte. Alors, après trois matchs locaux cet été, les filles iront à Moncton, au Nouveau-Brunswick, pour le Muddy River Atlantic Jamboree. Très bientôt, elles n’auront pas à se rendre si loin pour jouer, puisque Rimouski et Trois-Rivières sont en train de former des ligues. En attendant de devenir accréditée par la WFTDA, Roller Derby Québec accepte « toutes les filles qui sont capables de chausser des patins. On n’a pas encore assez de joueuses, donc tout le monde est bienvenu ! », lance Douche, précisant qu’on trouve dans toutes les équipes des filles dont certaines ont un passé sportif et d’autres non, et que la tranche d’âge s’étend sur vingt ans. Prête à essayer ? Consultez rollerderbyqc.com


sport

© Nathalie Michelle Campbell

OTTAWA : rouler vers le sommet Rideau Valley Roller Girls a été fondée en 2008 par des femmes désirant créer dans la région une ligue à but non lucratif. Une équipe est née, les Slaughters Daughters, quiet a joué sa première partie au Beast of the East, un tournoi d’envergure se tenant chaque année à Montréal au mois d’avril et qui attire des équipes de l’est du Canada. En 2010, la famille s’est agrandie, donnant le jour au Riot Squad — une équipe locale — et aux Vixens — une équipe plus compétitive et regroupant des membres des Slaughter Daughters et du Riot Squad. La même année, les Slaughter Daughters remportaient le fameux Beast of the East. Dès l’année suivante elle se classait en seconde position. Un travail d’équipe Comme plusieurs autres ligues, Rideau Valley suit la tendance et se concentre plus sur l’aspect athlétique du sport que sur l’aspect « spectacle ».

De plus, toutes les joueuses doivent prendre part à au moins un des nombreux comités qui font fonctionner l’organisation. Puisque c’est un collectif, chaque participante a une voix lors de la prise de décision. Grâce à des partenariats, des campagnes de financement et du travail bénévole, la ligue s’implique également avec des organismes communautaires comme le Harmony House Women’s Shelter, le Rideau Valley Wildlife Sanctuary et le Children at Risk. En 2011, Rideau Valley était une ligue « apprentie », ce qui signifie que la WFTDA, qui régit les ligues de partout dans le monde, agissait comme guide auprès d’elle afin de l’aider à atteindre les standards requis et à devenir ainsi membre à part entière de l’association. La ligue a récemment « gradué » et désormais, elle est officiellement membre de l’association WFTDA. rideauvalleyrollergirls.com 23


ART MNBA

Les femmes surréalistes : un apport bien réel au monde de l’art Shawn Thompson Du 7 juin au 3 septembre prochain, le Musée National des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ) accueille dans la vieille capitale l’exposition intitulée Au Pays des Merveilles. Les aventures surréalistes des femmes artistes au Mexique et aux États-Unis. Organisée par deux femmes commissaires, respectivement du Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et du Museo de Arte Moderno (MAM) de Mexico, cette exposition d’envergure est la toute première à se pencher sur l’apport des créatrices féminines dans le mouvement surréaliste. Et la ville de Québec marque son unique arrêt sur la Côte Est nord-américaine. Rassemblée à partir de plus de 75 collections publiques et privées, l’exposition comprend 181 œuvres (peintures, sculptures, photographies et impressions sur papier) de 46 artistes, produites durant cinq décennies, des années 30 aux années 70. « C’est tout à fait innovant que l’on donne la voix à un aussi vaste groupe d’artistes féminines. C’était la première fois qu’il y en avait autant dans l’histoire ; les dernières avaient été dans le mouvement impressionniste et on pouvait les compter sur une main », indique Michèle Grandbois, conservatrice de l’art moderne au MNBAQ. L’exposition est très chargée, mais facile à suivre. Les œuvres sont regroupées autour de dix thèmes, ce qui aide à comprendre les enjeux en cause, tant artistiques que sociaux. Au cours de la visite, les thèmes d’identité et de corps basculent vers le jeu, et l’expérimentation tourne autour de la vie sentimentale et domestique. On passe ensuite à la fascination pour la terre et les mythes, puis on termine avec un regard sur la révolution féministe, qui battait alors son plein. « Les hommes surréalistes ont vu les femmes d’une seule façon, sous l’angle de la muse. Les artistes femmes, elles, ont vu le surréalisme sous différents aspects et l’ont utilisé comme une façon de se connaître davantage. Je dirais 24

même que ces femmes des années 30 sont des pionnières dans le mouvement féministe », dit Grandbois. L’historienne de l’art, qui s’occupe de l’exposition à Québec, précise qu’à l’époque, on ne pouvait pas vraiment parler de « féminisme », mais qu’elles étaient émancipées, ces femmes d’Amérique ayant pris le pinceau pour s’accomplir dans le mouvement surréaliste : « Et elles en ont payé le prix, car ce n’était pas facile de prendre sa place dans une société aussi patriarcale et cléricale ». C’est donc pour faire connaître l’unicité de ces femmes et de leur travail que le MNBA a sauté sur l’occasion qui se présentait et choisi de montrer cette exposition au public. À l’occasion, les grands musées offrent ainsi leurs expositions quand elles suscitent un intérêt ailleurs et ils les font circuler. Dans le cas présent, ils ont même fait traduire pour les Québécois le catalogue, une publication de 250 pages qui comprend neuf essais et notices biographiques portant sur 48 créatrices. « Nous vivons en ce moment une véritable explosion [avec l’art des femmes], cela a bien sûr été préparé dans les années 70, avec la révolution féministe, mais depuis cinq ou dix ans, la femme prend partout sa place dans l’histoire de l’art, » dit Grandbois. Cette histoire a été plutôt oublieuse des femmes, tout comme la grande Histoire, d’ailleurs, mais depuis quelques années on observe un intérêt croissant à leur égard dans les établissements artistiques du monde entier. Ainsi, on rend à Cléopâtre ce qui est à Cléopâtre.


ART

DOROTHEA TANNING, ANNIVERSAIRE, 1942. HUILE SUR TOILE, 102,2 X 64,8 CM. MUSÉE D’ART DE PHILADELPHIE, ACHETÉ AVEC LA CONTRIBUTION DE C. K. WILLIAMS II, 1999. PHOTO : MUSÉE D’ART DE PHILADELPHIE 25


festival FIMA 2012

À nous la rue! Lise Gervais

La 13e édition du Festival international Montréal en arts ouvre ses portes le 27 juin dans le Village. Pendant quatre jours, plus de 80 artistes exposent leurs œuvres, tantôt classiques, tantôt avant-gardistes. Entre Elles vous présente six créatrices et créateurs du FIMA qui lui ont tapé dans l’oeil.

En masse pour les masses : jouer collectif

Julie Roch-Cuerrier : 100% pop QUI ? Montréalaise passée par l’Université Concordia (sans oublier un détour par Londres), Julie Roch-Cuerrier expose son travail au Québec depuis 2007. QUOI ? Des créations basées sur des photos de mode féminine, auxquelles s’ajoutent des éléments feuillus ou animaux. De l’art pop made in USA tout craché. POURQUOI ? Celles qui n’aiment pas la culture américaine pourront continuer leur chemin. Les autres aimeront sûrement ces icônes féminines qui représentent bien l’image qu’on se fait de certaines de nos voisines. 26

Sylvie Laliberté, la polyvalente QUI? Artiste multidisciplinaire, elle mise, tant dans la chanson, l’écriture que l’image sur la légèreté et l’originalité. QUOI? Habituée du FIMA, elle revient cette année (le 27 juin au Parc de l’Espoir, à l’angle des rues Panet et Sainte-Catherine) avec « Fraîcheur avec Sylvie », projection de trois vidéos rendant tour à tour hommage au cinéma, à la montagne et à la « danse » à Paris. POURQUOI? Pour la folie douce de la jeune femme.

QUI? Le groupe se définit comme une « branche pédagogique du projet collectif de dessin, « En masse ». Créé en 2009 par des spécialistes de l’art, il veut « encourager la collaboration et l’expression artistique des jeunes ». QUOI? Pendant les quatre jours du FIMA, le public est invité à participer à l’élaboration d’un « dessin collectif en noir et blanc ». L’expérience a déjà été menée avec succès ailleurs à Montréal (notamment au Musée des beaux-arts). POURQUOI? Pour favoriser le travail en groupe. Il paraît que l’individualisme exprime ses limites en ce moment.


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festival FIMA 2012

Melsa Montagne : acryliquement votre Aux vues : dansez maintenant! QUI? Le quatuor se compose de Manon Oligny, Aurélie Pedron, Frédéric Moffet et Patrick Neudorf. Les deux femmes ont fait de la danse le centre de leur vie, leurs homologues masculins travaillant dans le domaine de la réalisation vidéo. QUOI? Avec trois courts-métrages, présentés le 29 juin en soirée, au Parc de l’Espoir, la danse se retrouve montrée « dans tous ses états ». Le temps, la féminité, le désir et l’identité constituent autant de thèmes abordés. POURQUOI? Celles qui aiment l’art iconoclaste et contemporain, aussi enragé que sensuel, devraient en ressortir ravies. 28

QUI? Artiste multidisciplinaire, Melsa Montagne présente son travail depuis une dizaine d’années autant dans les expositions et les médias que sur la place publique. QUOI? La créatrice basée à Montréal cherche surtout à exprimer l’émotion dans ses portraits de personnages. Adepte de la peinture acrylique, ses œuvres se veulent « l’explosion des souvenirs. Le personnage est représenté à différentes époques durant différentes situations. » POURQUOI? On aime particulièrement ce regard prenant des personnages de Melsa Montagne. Mélancoliques, méfiants et sévères plutôt que souriants et optimistes, ils provoquent une vraie émotion chez le spectateur.

Vanessa Lapointe : majesté des mouches QUI? Étudiante en arts visuels et médiatiques, Vanessa Lapointe proposera l’un des projets les plus intrigants de ce FIMA 2012. Sa création « Société invasive », où des centaines de rats infestent une salle de bain, a déjà marqué les esprits montréalais ces derniers mois. QUOI? Fini les rongeurs, place aux insectes! À l’aide d’autocollants, la jeune femme entend faire participer le public « à la propagation d’une épidémie d’environ trente mille petites mouches ». POURQUOI? Parce qu’on est très curieux de découvrir la nouvelle trouvaille de celle qui s’intéresse si bien au rapport entre le territoire et l’être humain.


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cinéma Tomboy

Enjeux de rôle Jacinthe Dupuis

Dans son deuxième film, Céline Sciamma aborde l’identité sexuée par l’entremise du personnage de Laure, une petite fille qui se fait passer pour un garçon le temps d’un été. Au fil des jeux, entre sa nouvelle liberté et la peur de se faire démasquer, Laure découvre non seulement les droits, mais aussi les devoirs qui incombent au sexe masculin. Un synopsis tout simple, mais qui touche avec sensibilité le spectateur, en présentant les politiques du genre avec les lunettes ludiques, innocentes, et surtout universelles de l’enfance. Entre Elles. Tomboy est votre deuxième film abordant le genre, qu’aimez-vous dans cette problématique ? Céline Sciamma. Intimement, ça me touche. Politiquement, ça m’intéresse. Et pour ce qui est de la fiction, c’est un terrain très riche. La question de l’identité permet vraiment des récits sur la question du mensonge, de la double vie. J’aime ça parce que ce sont des récits de spectacle. Je ne sais pas comment c’est, au Québec, les questions de genre, mais ici on a le sentiment qu’on est en train d’arpenter un terrain un peu neuf. Pour un metteur en scène, c’est grisant de pouvoir se dire qu’on est en train de tourner des scènes qui n’ont jamais été tournées. Donc, j’aime bien le caractère inédit de l’histoire.

Entre Elles. Vous avez dit avoir tenté de rester dans le « comment », au lieu du « pourquoi ». Il est vrai que le film n’explique pas les motifs de Laure, ni son orientation sexuelle. Est-ce que c’est l’affaire des adultes de vouloir tout comprendre et tout expliquer ? C.S. C’était une façon d’être juste, en tant qu’adulte, et de ne pas être dans le pourquoi. Laure est dans l’expérience, elle n’est pas dans la psychologie et l’analyse d’elle-même, elle saisit l’occasion et elle la vit. Il y a un effet boule de neige, parce qu’elle s’enferme dans son mensonge et que cela comporte de plus en plus de conséquences, mais elle n’est pas en permanence dans la pensée de ce qu’elle fait.

Entre Elles. Quelle est la mentalité en France sur la question des genres ? C.S. Il n’y a pas de pensée très développée, comme dans les pays anglosaxons ou même dans d’autres pays d’Europe, comme l’Espagne. Du coup, il y a une vraie pression de genre sur les enfants. Bon, je ne pense pas que ce soit juste en France, mais moi, qui ai grandi dans les années 80, j’ai constaté, en faisant la distribution, qu’une petite fille avec les cheveux courts ça n’existait plus aujourd’hui. Quand je m’occupais des costumes pour le film, j’allais chez H&M pour acheter des vêtements un peu neutres pour une fille, et j’ai découvert que ça ne se trouvait pas.

Entre Elles. Vous avez parlé plus tôt du politique : mettre en scène des enfants vous permet-il d’avoir un discours que vous ne pourriez pas tenir avec des adultes ? C.S. L’enfance nous autorise à avoir cette parole universelle qui fait que nous nous connectons à la situation plutôt que de l’observer de façon extérieure. Ici, on est dans une chose très pure, où tout le monde peut se projeter, parce que nous avons tous joué à être quelqu’un d’autre. Tout le monde connaît les enfants et leurs vies imaginaires : ça permet de créer du lien avec le spectateur. Le film touche les gens parce qu’ils s’identifient et éprouvent de l’empathie pour l’enfant. Ils condamnent le geste des adultes, alors qu’euxmêmes le sont et n’auraient peut-être pas réagi si bien dans la vie.

Entre Elles. Pensez-vous malgré tout qu’il est plus facile pour les filles de se travestir ? C.S. Je ne sais pas, mais au moins ce travestissement leur donne plus de liberté. Si un garçon devient une fille, il s’achète de la fragilité, de l’isolement social. Mais une fille qui joue au garçon, elle rejoint l’équipe des forts. Le film raconte ça aussi, les rituels et la pression de la virilité. 30

Pour moi, ça c’est politique, parce que ça crée de l’affection et du lien autour de cette problématique. Chacun y retrouve une part de son histoire. Le film Tomboy est en salle au Québec depuis le 8 juin.


cinéma

© Métropole Films

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Livres Entretien avec Marie-Claire Blais

La douleur des jeunes gens Jacinthe Dupuis Avec Le jeune homme sans avenir, sixième tome de la série Soifs, Marie-Claire Blais poursuit sa grande fresque de la fragilité humaine. Pour l’occasion, Entre Elles s’est entretenue avec la romancière (par courriel) afin d’en savoir plus sur ces personnages qui l’habite. Entre Elles. Vous avez déjà dit que votre relation avec ces personnages vous est devenue essentielle. Comment a-t-elle évolué et où en est-elle maintenant, avec votre sixième livre ? Marie-Claire Blais. La relation d’un écrivain avec ses personnages est naturellement très proche et intense, dans ce sixième livre de Soifs, Le jeune homme sans avenir, l’approche est plus intense encore peut-être car l’écrivain décrit de vrais jeunes gens, tels qu’on les voit vivre aujourd’hui dans la rue, dans un tel abandon, une grande misère physique et morale, mais en même temps ces jeunes gens ne sont pas désespérés, une semblable révolte contre la société les unit. Entre Elles. Pouvez-vous me parler des nouveaux personnages présents dans Le jeune homme sans avenir, Fleur et Kim? M-C.B. Kim et Fleur existent, on peut les rencontrer dans tous les pays du monde, ils vont seuls, avec leurs chiens, ils tentent de vivre dignement même dans la rue, il y a entre eux un amour pudique qui n’est jamais nommé, une fraternité, cet amour existe aussi entre eux et Brillant, le jeune écrivain qui jamais n’écrit. Mais il n’y a pas que Kim et Fleur, il y a aussi tous leurs amis souvent plus âgés, comme Lucia qui semble errer pour d’autres raisons, (perte de la mémoire, souffrances mentales) c’est tout un monde qui erre ainsi dans toutes les villes, toute une classe souterraine de gens que les autres ont oubliée. Entre Elles. La notion de lutte (pour la beauté, pour la justice sociale) est toujours très présente dans votre œuvre, dans celle-ci également. Il émerge au final beaucoup d’espoir en la force de l’humanité. 32

Le jeune homme sans avenir, n’est-ce pas un titre à connotation pessimiste ? M-C.B. Le titre est lié à un livre que le fils de Daniel, Augustino, a écrit, Lettre à des jeunes gens sans avenir. Il était question de ce livre dans les livres précédents de Soifs, particulièrement dans le livre Augustino et le choeur de la destruction. […] C’est Augustino qui est très engagé à changer le monde, à combattre l’injustice et qui parfois n’a pas l’espoir de réussir dans son combat. Le jeune homme sans avenir, ce n’est pas que Fleur, c’est la présence de tous ces jeunes gens qui se sentent eux-mêmes menacés de ne pas avoir d’avenir. Ceux qui errent, sans travail, comme Fleur, ou ceux qui ont été oubliés par la société, rejetés. C’est un titre qui porte la douleur, la signification de ceux qui se sentent ainsi, même très jeunes, privés de leur avenir, soit par la destruction ascendante de la planète, soit pour des raisons personnelles. Entre Elles. La musique occupe une grande présence dans vos romans. Que porte-t-elle dans Le jeune homme sans avenir ? M-C.B. Ici, la musique c’est l’histoire particulière de cet enfant génial, Fleur qui ne peut survivre, malgré un immense talent, trop marquée par l’oppression maternelle, la possession d’une famille qui ne comprend rien à son talent, qui ne peut survivre à ces terribles années de son enfance où son âme musicienne, son talent, ont été tués par une mère dévorante. Il a grandi auprès d’une jeune musicienne géniale, Clara dont il garde un souvenir très aimant, dont il est toujours amoureux, car elle incarne la liberté de l’artiste qu’on lui a enlevée.


Livres

Š Asdepias 33


Livres Entretien avec Marie-Claire Blais

Entre Elles. Quelle sera la suite dans la vie des personnages ? M-C.B. Si dans Mai au bal des prédateurs, on avait ces nouveaux personnages d’artistes de nuit, Yinn et ses amis travestis, tout un monde de nuit, chanteurs, danseurs, on les a retrouvés dans Le Jeune homme sans avenir, mais entourés de Fleur et des personnages nouveaux, encore. C’est toujours ainsi, c’est une petite humanité qui ne fait que croître de livre en livre, avec un rassemblement d’êtres tous différents les uns des autres, on passe de la société bourgeoise à la vie des jeunes gens la nuit, et ici, dans Le jeune homme sans avenir, il y a ce même mélange, comme dans la vraie vie où sans le savoir nous communiquons tous les uns avec les autres. Entre Elles. Votre écriture impose à la lecture un certain rythme. Construisez-vous chaque voix de façon individuelle avant de les entremêler ? M-C.B. Oui il y a un certain rythme imposé, une musique qui change selon les personnages, l’idée de ce livre est une musique de choeur, une montée de voix dissemblables, chaque voix individuelle est unique, et pourtant cette voix est toujours liée à une autre, plusieurs autres. Entre Elles. Votre style est si achevé que j’ai l’impression qu’il en rend la critique difficile. Pensez-vous que votre écriture est intimidante ? M-C.B. Je ne crois pas que mon écriture soit intimidante, c’est exigeant, c’est tout. Il faut lire avec attention, mais la structure de ces livres est limpide. Cela exige que l’on soit attentif au drame de chaque personnage, mais les événements politiques et sociaux sont des événements que nous affrontons quotidiennement aujourd’hui, et les gens dans mes livres incarnent eux aussi ce destin qui pèse sur chaque être dans notre vie actuelle. Entre Elles. Vous savez décrire la beauté dans les endroits les plus sombres. Y a-t-il des lieux desquels la beauté n’émergera jamais pour vous ? M-C.B. Il y a des lieux où jamais ne peut émerger la beauté, dans des sentiments de violence, de haine, et c’est ce que nous traversons maintenant, dans nos vies, qu’il nous faut lutter pour préserver cette existence fragile de la beauté, cette beauté, c’est la joie de l’avenir. C’est un espoir de paix, de justice. On ne peut survivre autrement. Consultez entreelles.net pour lire la critique du Jeune homme sans avenir. 34

©Omen


4126, rue St-Denis, Bureau 301 Montréal, QC H2W 2M5 T. 514.526.2452 info@solidaritelesbienne.qc.ca

* Soutien et aide individuel * Groupe de discussions * Cinéma lesbien * Ateliers * Activités spéciales www.solidaritelesbienne.qc.ca

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Thêatre pol pelletier

Pol Pelletier prend les armes théâtrales Shawn Thompson À compter du 5 juillet et pour tout l’été, la grande dame du théâtre expérimental et féministe du Québec, Pol Pelletier, loue le Théâtre du Marais à Val-Morin pour y monter ce qu’elle décrit comme la création la plus importante de sa vie. Située à une heure de Montréal dans les Laurentides, en bordure de la mythique rivière du Nord, l’ex-synagogue transformée en théâtre offrira aux aventureuses spectatrices, une bouffée d’air frais et une Pol Pelletier libérée de toute contrainte. « Je veux prouver qu’il est possible d’avoir un théâtre qui vit avec de vraies paroles, pas du chiqué, de la parure vide et du mensonge. J’y crois absolument et il y a beaucoup de gens qui ont faim de cette nourriture-là, ils ne savent simplement pas où la trouver », dit-elle. Celle qui a récemment offert des « actes révolutionnaires et héroïques », lors de son passage au Festival TransAmériques à Montréal, après sa présentation d’un texte sublime de l’auteure québécoise Jovette Marchessault, continue de pousser sa démarche scénique radicale et intimement liée à celle de sa vie. Fil36

de-fériste de l’acte théâtral, Pelletier veut mettre les planches au service de la pureté, du courage et de la générosité. « Il y a un grand roi et une grande reine qui se réveillent en toi, quand tu commences à risquer et à montrer ce que tu es vraiment. Il y a un sentiment de joie ; c’est la joie d’être fidèle à soi. Il faut écouter le féminin, les intuitions. C’est là qu’il faut aller, mais les gens en sont coupés », déplore la comédienne. Le deuxième sexe Pol Pelletier entend le féminin comme énergie, celle qui régit le domaine de l’inconscient, de l’irrationnel et de l’incalculable, cette énergie réprimée que l’humanité a laissée virtuellement inexplorée. Ce qu’elle observe dans ses ateliers de « présence », pierre angulaire de sa démarche, c’est tout d’abord que les gens ont perdu le chemin du lien avec eux-mêmes.


Événements privés

Hauts de gamme sur mesure

Resto

Traiteur

Terrasse

Disco

www.ambroisie.ca 4020 Saint-Ambroise, Montréal

514 932 0641

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Thêatre pol pelletier

« C’est avec le féminin qu’on crée des œuvres révolutionnaires, les hommes comme les femmes, car c’est le féminin qui ouvre la porte du nouveau. Le masculin vient après, pour mettre de l’ordre, et ce n’est pas péjoratif ; il organise, il sort ses bras, il sort sa calculette. Cependant, ça prend les deux pour que les affaires marchent », explique-t-elle. Voilà sa réponse à « la déchéance du monde moderne et au sommeil profond » de ses habitants, artistes inclus, qui sont menés par « l’argent, la réussite et le confort, et qui sont trop égoïstes et vaniteux » pour faire appel à leur part de féminin, cet « élan du cœur qui, à un moment donné, s’élance vers quelque chose de plus grand que soi ». « Je ne prône absolument pas la spiritualité, j’ai été là-dedans et c’est une autre endormitoire. Moi, je prône le regard sur soi, c’est tout. Dans la plus grande nudité. Ça, c’est un vrai acte de courage », renchérit-elle. La révolution commence par soi À l’heure des manifestations étudiantes, « la seule affaire vivante au Québec », Pol Pelletier se désolidarise des artistes pour joindre le rang des révolutionnaires, ceux qui descendent dans la rue et qui ont le « courage d’opinions fortes ». Elle le fait aussi, mais avec son arme de prédilection, le théâtre. Après tout, la comédienne était aux premières loges du mouvement des femmes du Québec, « le plus puissant au monde », et elle voit dans la mobilisation actuelle des jeunes « une manifestation de ce malaise profond d’un monde qui ne veut jamais poser les vraies questions ». Son combat pour la vérité, elle le mènera sur les planches du Théâtre du Marais cet été en présentant La Robe Blanche et Une Contrée sauvage appelée Courage. Elle explique que de nombreux spectateurs, après ses représentations, viennent la rencontrer pour lui dire que quelque chose s’est « réveillé » en eux. Ils ont envie de faire, mais quoi ? « C’est la partie du moi inutilisé, ce sont nos refoulements. Je réponds : “Et ça, ça s’appelle la vie”. Ce n’est pas nécessairement confortable, mais ça fait que tu n’as pas envie d’aller te saouler la gueule au bar tout de suite après. Tu as envie d’être en nature, de discuter, d’avoir des projets, de changer des choses dans ta vie, de prendre des décisions, de penser, de vivre. L’art porté par des gens totalement présents, ça fait prendre conscience de ce qu’on est comme être humain ». Pour plus d’information : theatredumarais.com 38

Document remis


AU MUSÉE DE LA CIVILISATION

présente

L’Univers de Michel Tremblay À QUÉBEC - DÈS LE 14 MARS Véritable hommage à l’homme de théâtre, cette installation multimédia, inspirée de ses personnages les plus colorés et du quartier qu’ils ont habité, illustre l’ampleur de l’œuvre de ce grand dramaturge et romancier québécois.

Photo : Tony Hauser

Avec la collaboration

WWW.MCQ.ORG

85, RUE DALHOUSIE - 1 866 7 10-8031

Le Musée de la civilisation est subventionné par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.

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Musique Janelle Monáe

mi-femme, mi-machine Shawn Thompson Si vous avez manqué sa prestation l’année dernière à Osheaga, vous pourrez vous reprendre cet été, car Janelle Monáe est de passage à Montréal pour le Festival de jazz. Figure quelque peu excentrique de la musique R&B populaire, Janelle Monáe confond tous les genres, elle mélange funk, néo soul et afrofuturisme, et nous arrive dans un emballage anachronique mariant des temps révolus à ceux encore à venir. Rejointe par téléphone, c’est une Monáe peu loquace, difficile à dégeler et plutôt évasive qui a répondu aux questions d’Entre Elles ; aux antipodes de celle qui monte sur scène, toujours enthousiaste et énergétique. Mauvaise journée ? Le mystère reste entier. Mais, la chanteuse, qui ignorait la crise sociale qui secoue Montréal depuis plus de trois mois, dit que « tout le monde a besoin d’être entendu », une fois que la situation locale lui a été résumée, en quelques phrases à peine. L’archange de l’an 2719 Née Janelle Monáe Robinson, cette fille de 26 ans originaire du Kansas est surtout connue pour son tube « Tightrope », tiré de son album ArchAndroid de 2010, dans lequel on la voit danser de façon impressionnante, vêtue de son éternel smoking – source de bien des rumeurs quant à son orientation sexuelle. À ce propos, la chanteuse a répondu dans le magazine Rolling Stone : « Je ne sors qu’avec des androïdes. Rien de mieux que des androïdes – ils ne vous trompent pas. » 40

Étrange finale à ces paroles cocasses, mais depuis 2007, cette férue de science-fiction a choisi d’inscrire son œuvre musicale dans un récit futuriste très élaboré où elle répond au nom de Cindi Mayweather, son alter ego. Il s’agit d’une androïde du futur, de l’an 2719 pour être plus précis, inspirée du personnage de Maria et de son double robot dans le film culte Metropolis, réalisé par Fritz Lang en 1927. L’année 2719 à l’envers ? Y a-t-il un lien entre les deux? « Ah ! Une coïncidence… », rétorque la chanteuse au bout du fil. Malgré son air anodin, Monáe a pourtant un message clair à envoyer dans sa musique : son cheval de bataille est la défense des opprimés de toutes sortes. Comme Maria dans Metropolis, Cindi Mayweather représente le cœur, ce médiateur qui réconcilie la main avec le cerveau, les possédants avec les dépossédés. Pour Monáe, Cindi est l’archange qui voyage dans le temps afin d’aider l’Autre (The Other). « L’Autre, c’est la différence, ce n’est pas la majorité, c’est l’inconfortable. Ça peut être quelqu’un de gai, quelqu’un avec un handicap, ça peut être une femme. C’est quelqu’un qui est mal accepté, qui fait face à des préjugés et de la discrimination », précise-t-elle.

« Nous avons besoin d’une voix, de quelqu’un qui nous comprend pour nous sentir habilités et émancipés. Il nous faut être une lumière », dit l’artiste, expliquant pourquoi c’est ce message qu’elle souhaite communiquer. Futur hermétique Alors qu’elle base sur le futur aussi bien son personnage que l’ensemble du récit de ses albums, elle reste de marbre quand on l’interroge sur son propre avenir. Pour Monáe, on ne peut se prononcer sur le futur puisqu’il recouvre des possibilités infinies et encore incertaines. Quoique raisonnable, cette vision est un peu embêtante pour les journalistes et les admirateurs curieux de connaître ses projets, qu’elle laisse volontairement vagues. « C’est une question de timing, de précision. Il y a des moments inappropriés pour parler de certaines choses », indique-t-elle. L’artiste a tout de même consenti à nous dire que son spectacle à Montréal « ne sera pas seulement fait de chansons, ce ne sera pas non plus seulement un spectacle de musique, mais ce sera une expérience, une véritable expérience ». À vous de voir ce qu’elle entend par là, le 27 juin prochain. Et, est-ce une autre coïncidence ? Ça se passera au… Métropolis.


Musique

© Andrew Zaeh

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Musique critiques CD Shawn Thompson

LES SOEURS BOULAY

TRICIA FOSTER

DJ MINI

Les Sœurs Boulay (indépendant)

Négligée (Indépendant)

Espace Temps (Indépendant)

Originaires de la Gaspésie, ces deux sœurs âgées de 22 et 25 ans ont tout récemment charmé le jury des Francouvertes avec leur country folk fait de guitare, de ukulélé et de leur deux voix. Couronnées grandes gagnantes de ce concours musical annuel, Mélanie et Stéphanie Boulay (qui n’ont aucun lien filial avec la chanteuse québécoise Isabelle Boulay) s’ajoutent ainsi à la liste des lauréats (Chloé Lacasse, Bernard Adamus, Damien Robitaille, Loco Locass) de ce prix convoité, très souvent synonyme de contrat de disque. Pour l’instant, Les Sœurs Boulay offrent leurs chansons libres d’écoute sur leur site web. C’est de la musique gentille : il faut aimer les chants harmoniques, les récits de peines d’amour et les images poétiques un peu boiteuses. Malgré tout, « Mappemonde » a tout ce qu’il faut pour devenir un hymne lesbien.

Née dans un trailer park au nord de l’Ontario, cette Franco-ontarienne qui roule sa bosse depuis dix ans rapplique avec un troisième opus aux accents trip-hop et aux sonorités plus crues. Réalisé par Olivier Fairfield (Timber Timbre), l’album de Tricia Foster est tout en basses, avec une ambiance enveloppante comme un fond marin ; tantôt angoissant, tantôt délicat. Négligée est une bête sauvage qu’il faut apprivoiser, mais l’effort en vaut la chandelle. C’est peut-être bien à l’image de l’auteure-compositrice-interprète, qui atteint six pieds avec ses talons aiguilles, et qui sort du placard sur scène à chaque spectacle, où qu’elle soit dans le monde. En matière de cran, cette « grande fille avec une grande gueule » n’a pas de leçon à recevoir de personne !

Les fans de cette figure incontournable de la scène électronique montréalaise ont dû s’armer de patience pour entendre la suite d’Audio Hygiene, premier album d’Evelyne Drouin, alias Mini, sorti en 2006. La native de Rimouski, qui vous a sûrement fait danser aux fameuses soirées Overdose dans le Village, revient avec son second opus, Espace Temps. Mais, contrairement au précédent, celui-ci ne vous donnera pas envie de bouger. Cette fois, Mini a plutôt misé sur les textures mettant en valeur sa sensibilité et ses talents de productrice électronique. L’apport de musiciennes locales, M’Michèle, une harpiste électrique, et de Jorane, violoncelliste expérimentale de renom, est mieux accueilli que les paroles de Mini, proches du murmure, évoquant les aléas émotionnels de relations amoureuses, ma foi, un peu cul cul.

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mode kollontaï

Charme et volupté Photos

César Ochoa

www.cesarochoa.com

Chyntia Venegas Assistante Bianca Lecompte Mannequin

Inspiré par la musique, les voyages, l’art de rue et par la matière elle-même, Kollontaï est une collection de vêtements originaux et colorés mariant différentes textures et motifs sur un même morceau. La designer Gabrielle Tousignant, propose des coupes à la fois ludiques et sensuelles, qui épousent tout en douceur les courbes du corps féminin. L‘atelier est situé au 2065 Rue Parthenais, Montréal, QC H2K 3T1, Canada 514.223.4899 www.kollontai.net 44


mode

Robe Pastis blanche, 130 $ 45


Robe ChampĂŞtre rose, 160 $ 46


Tunique Rachel bleu, 150 $ 47


BolĂŠro Nectar, 85 $ Jupe Bagatelle, 85 $ 48


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sorties

Serve Tournoi de Beach Volley Ball

@ Parc Jeanne-Mance

Tyler and Sally présentent Gaybash

@Belmont

Flesh Garden @ Galerie La Petite Mort

29 juillet de 10 à 18 h

30 juin dès 22 h 30

Du 6 au 29 juillet

Le volley-ball de plage a subi toute une révolution cette année, puisque la Fédération internationale de volley-ball a récemment autorisé aux joueuses de porter autre chose qu’un minuscule deuxpièces, même si on sait toutes qu’imposer le bikini, c’était uniquement pour le confort. Le 29 juillet, assistez au 7e Tournoi annuel des Bars et Restaurants organisé par À Deux Mains. Venez voir vos personnalités favorites du nightlife montréalais s’affronter et plonger dans le sable, dans l’habit de leur choix, afin de ramasser de l’argent pour l’éducation sexuelle dans les écoles secondaires de Montréal. L’entrée est gratuite et on y servira bière, burgers et hot-dogs végés.

Les enfants terribles du party scene montréalais Sally et Tyler reviennent au Belmont pour un autre Gaybash, un événement multiculturel et inclusif où les thèmes farfelus n’ont d’égal que le style extravagant de ceux qui les inventent. Sous le thème Butch Queens, les charmants hôtes vous invitent à vous inspirer entre autres du nez de Barbara Streisand, du film porno de Richard Simmons, des sourcils de Joan Crawford ou des hermaphrodites de Jerry Springer pour vous créer un costume flamboyant et royalement butch. Les DJ B’Ugo et Still Not Famous s’occuperont de la musique et AB SOTO offrira une performance dans la soirée.

Les récentes attaques de zombies mangeurs de visages et autres bouchers narcissiques ont piqué votre curiosité ? Poussez votre méditation sur l’enveloppe de chair et ses fluides avec cette exposition d’artistes de l’Amérique du Nord et du Sud, qui explore le corps dans le Nouveau Monde. Rassemblant photographies, peinture et médias mixtes, Flesh Garden dissèque, démembre et défigure les formes humaines jusqu’à l’extrême et devient l’organe d’une réflexion sociale où se rencontrent le corps réel et le corps imaginaire. Le 6 juillet, le groupe de rock-queer-dance-punk expérimental Kids on TV offrira une prestation.

Parc Jeanne-Mance Gratuit 50

Belmont 4483, boulevard Saint-Laurent 12 $ à la porte, 8 $ avec costume

Galerie La Petite Mort 306 Cumberland Street, Ottawa www.lapetitemortgallery.com


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sorties queers Pump This & Meow Mix Edson Emilio Photography A.K.A. El Negro

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déco Abat-jour illimités

la caverne d’Ali Baba Vanessa Girouard Parcourant la France, les Pays-Bas, l’Angleterre ou le Canada à la recherche des perles rares qui la séduiront, Nicole Smith a l’œil pour dénicher l’abat-jour hors du commun. À la tête d’Abat-jour illimités depuis 1993, Mme Smith a d’abord été professeure d’arts plastiques puis propriétaire d’une boutique de bijoux avant de se lancer dans l’entreprise. « C’est un ami qui m’a conseillé de me lancer dans la vente d’abat-jour. À l’époque, plusieurs vendaient les ensembles pied + abat-jour, mais aucun n’était en mesure d’offrir une grande variété d’abat-jour hors série. C’était donc inédit ». Que ce soit pour redonner vie à une vieille lampe qui vous est chère, pour décorer votre nouveau condo ou pour égayer d’un élément audacieux une des pièces de votre maison, Nicole Smith recommande de se présenter en magasin avec le pied de la lampe. 54

Vous n’aurez par la suite qu’à choisir parmi les quelque 5000 abat-jour du commerce. Une boutique renommée Les consultantes chevronnées vous guideront dans le choix de l’abat-jour pour ainsi trouver celui qui embellira parfaitement son décor. Pour celles qui préfèrent un modèle unique en son genre, un service « sur mesure » est offert en boutique. Encore une fois, n’oubliez pas votre pied de lampe! Aujourd’hui, la boutique remporte la Palme d’or au Canada quant à la qualité, la diversité et la quantité de produits disponibles en magasin. «Des personnes viennent de partout au Québec pour

magasiner chez nous. Encore ce matin, des gens en provenance de Granby ont acheté l’abat-jour qu’ils cherchaient», affirme Nicole Smith, qui achète ellemême tous les spécimens sur le plancher. Bien qu’il y en ait pour tous les budgets, il faut, en général, débourser plus de 100$ pour un morceau chez Abat-jour Illimités. Or, c’est parfois tout ce qui est nécessaire en guise d’ornement pour [re]faire complètement votre décor! Abat jour illimités 4875 Jean-Talon Ouest, Montréal 514.344.8555 www.abatjourillimites.ca


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Mieux-être Alvaro Coiffure

Ça décoiffe ! Jacinthe Dupuis La réputation d’Alvaro n’est plus à faire au Québec. Le coiffeur est reconnu pour avoir joué du ciseau dans les plus célèbres cheveux de la province. Le salon, avec ses sept coiffeurs et trois coloristes, est ouvert à toutes les femmes à la recherche d’une belle tête. Après 27 ans sur la rue Bernard, Alvaro Coiffure a maintenant établi domicile sur Laurier Ouest, dans un petit local en long, au style épuré et aux murs couleur crème. « Nous voulions dynamiser l’entreprise et créer une atmosphère plus conviviale. Nous voulons que les gens se sentent chez eux, qu’ils ne soient pas que des clients », dit Kevin, copropriétaire du salon. Tous les stylistes sont en mesure de vous donner une tête à votre goût, mais ils excellent toutefois dans un look BCBG classique, à la new-yorkaise. Vous savez ces filles aux cheveux longs, pleins de volume ondulant légèrement à la pointe et qui semblent se placer tout seuls? L’équipe d’Alvaro y est souvent pour quelque chose. « C’est très populaire auprès de notre clientèle », me dit Kevin, qui s’empresse ensuite de préciser que son équipe maîtrise aussi bien les coupes plus audacieuses et asymétriques. S’asseoir sur les confortables chaises qui accompagnent Alvaro depuis ses débuts, c’est avoir sous les fesses presque 30 ans d’expertise. Lors de votre première visite, les stylistes prendront le temps d’examiner en détail vos cheveux et votre coupe actuelle, tout en discutant avec vous de ce que vous voulez. Stressée? Devant un espresso bien fumant, les angoisses capillaires se partagent tellement plus facilement. Alvaro Coiffure 125 Avenue Laurier Ouest, Montréal 514.274.3304 www.alvarocoiffure.com 56

© Sophie B. Jacques


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Escapade moulin de wakefield

fin de semaine en amoureuse au Moulin de Wakefield Sanita Fejzic Le Moulin de Wakefield, où l’on peut lever sa coupette lors d’apéros gourmands entre le spa et le brunch du dimanche, est un établissement convivial, proche de la nature et ancré dans l’esprit culturel du village. Bref, ce petit coin de paradis est idéal pour une escapade en amoureuse loin du tumulte urbain. « Nous avons deux restaurants, explique Tasha Forget, gérante de ventes et marketing. Le premier a un style bistro et l’autre propose une expérience gastronomique. On a aussi deux types de spas : un très relaxant qui donne sur la chute d’eau, et un autre, plutôt pour les groupes où plusieurs amis peuvent se faire bichonner en même temps. » Wakefield est un petit village qui déborde de charme : on y trouve de la nature et les forêts magnifiques du parc de la Gatineau, des plages et de l’air frais en abondance, des galeries d’art, des festivals de théâtre et une scène musicale éclectique au Mouton Noir (mieux connu sous le nom de Black Sheep Inn). « L’hôtel est destination idéale pour les couples, ajoute Tasha. On a le yin et le yang : le Moulin est vraiment le mariage entre le moderne et le patrimoine. Le bâtiment a été construit en 1839, et les chambres de style héritage, situées dans l’ancien bâtiment, sont très charmantes et offrent une vue sur les eaux tumultueuses des chutes. La nouvelle construction quant à elle compte 13 nouvelles chambres à l’esthétique. » Le Moulin de Wakefield, c’est une petite perle à tout juste une heure et demie de Montréal et à 30 minutes d’Ottawa. La vie au village est simple, les gens y sont accueillants et les touristes ne s’ennuient pas. Main dans la main, les yeux pétillants sous un ciel étoilé, laissez-vous surprendre par le silence et la sérénité de la région. Ou encore, restez dans votre chambre toute la fin de semaine, prenez votre petit-déjeuner dans l’intimité et ne sortez que pour vous détendre dans le spa. Moulin de Wakefield 60 Chemin Mill Wakefield, Wakefield 888.567.1838 www.wakefieldmill.com 58

© William P. McElliott


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Menu-plaisirs restaurant

Kazamaza, palais des saveurs

© Pierre Druelle

La rédaction

Hybride décontracté entre un café culturel et un restaurant moyen oriental, le Kazamaza est un lieu de bouche aux saveurs colorées où les mezzés sont à l’honneur. La place en ébullition propose également des évènements, au gré des humeurs vagabondes de ses trois propriétaires. Situé au cœur du champ de mines, sur une avenue du Parc qui se refait une beauté, le Kazamaza a l’avantage d’offrir le stationnement gratuit derrière sa bâtisse. Il est onze heures trente et, à peine entré, on a l’impression que le temps se suspend. Le parfum du thé noir à la cardamome, les sons de guitare minimalistes et la décoration spartiate relevée par la brique orangée y sont pour beaucoup. On s’attelle au brunch, dans lequel alternent plats chauds et froids, toujours servis avec pain pita, olives et poivrons. On commence par le basturma grillé aux œufs, un filet mignon tranché fin et séché aux épices accompagné de labneh 60

(yogourt) et d’huile d’olive. Ce met fin relègue en deuxième division le traditionnel bacon. Voyage sensoriel Arrive ensuite la spécialité maison : le fattet humus, un plat étagé « doux-sucré » de pois chiches, yogourt, noix de pin et pistaches, qui se déguste à la main avec le pain pita. Les parfums subtils inondent délicatement votre bouche. Sur notre lancée, on se jette sur l’omelette traditionnelle au persil et aux oignons qui manque un peu de « mordant ». Ce petit accident de parcours est vite oublié grâce à la sélection de confitures de Damas à la rose, aux figues et aux

abricots. Combinées au fromage frais akkawi et aux noix de Grenoble, elles nous transportent au Moyen-Orient. Je vous recommande le kefta aux pistaches avec ses boulettes de bœuf et d’agneau baignant dans un jus qui frôle le providentiel tant il est délicieux. Fins plats mijotés et soirées DJ impromptues vous attendent. Brunch les samedis et dimanches à partir de 11 h. Kazamaza 4629, avenue du Parc, Montréal 514.844.6292 www.kazamaza.ca


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menus Plaisirs Chronique Vin

La saison du BBQ! La saison du barbecue bat son plein ! Je vous propose quelques bons vins rouges passepartout pour accompagner vos grillades. Sophie Delorme De la France De la vallée du Rhône Sud en France, je vous suggère deux Costières de Nîmes du Château Mourgues du Grès : Les Galets rouges (10259753 – 16,35 $), principalement élaboré à base de syrah avec de petites quantités de grenache, de mourvèdre et de carignan. Une couleur intense, des notes d’épices, de poivre et de fruits rouges. En bouche, le vin est généreux et les tanins sont bien ronds.

Provence, le Château la Tour de L’Évêque – Côtes de Provence 2008 (00440123 – 18,90 $), un vin au parfum complexe et intense de fleur et de petits fruits (mûre, fraise). Une pointe subtile de torréfaction complète l’ensemble. En bouche, une belle texture veloutée, des tanins bien enrobés et une longue finale fruitée. Un vin plaisir. Parfait avec la côte de veau grillée ou le filet de boeuf.

Plus complexe et plus riche, la cuvée Terre d’Argence (11659927 – 21,25 $) est issue de vieilles vignes de syrah et de grenache. Des arômes de fruits bien mûrs (prune, cantaloup), de cuir et d’herbes (thym, menthe). Une bouche ample, des tannins perceptibles, mais fins et bien fondus, dans un ensemble coulant et intense. De la matière, mais sans aucune lourdeur. Deux rouges gorgés de fruits qui sont de parfaits candidats pour les grillades (steaks, porc, agneau aux herbes, merguez, poulet assaisonné, etc.).

De l’Espagne Goûtez au délicieux et généreux Celeste – Ribera del Duero 2009 (10461679 – 21 $), un vin à base de tempranillo aux notes d’épices, de vanille, de tabac blond et de fruits mûrs. Un vin coulant, boisé et riche, bon compagnon pour les viandes rouges grillées. Ensuite, une valeur sûre de la Catalogne, le Tempranillo Coronas Torres – Catalunya 2009 (00029728 – 13,05 $), un vin finement boisé, toujours très bien fait. Excellent avec la viande rouge et délicieux avec le foie de veau grillé et le poulet rôti. Difficile de trouver mieux à ce prix ! Idéal pour les soupers à la bonne franquette.

Du Sud-Ouest de la France, le cahors Château de Gaudou Tradition 2010 (00919324 – 14,90 $). Corsé, épicé, aux parfums de cerise et de prune, de réglisse, de poivre et avec une petite touche de goudron. Un vin sans prétention, mais avec du coffre et une belle présence en bouche. Passez-le en carafe avant de le servir, vous lui permettrez ainsi de prendre de l’ampleur aromatique. De la

Des États-Unis De la Californie, la Syrah RH Phillips 2009 (00576272 – 14,25 $), un vin aux parfums de vanille, de fumée, de pruneau, de confiture et d’épices. Une petite touche poivrée complète l’ensemble. Un vin plaisir aux tanins bien ronds. Servez-le frais, sinon il vous semblera peut-être un peu lourd. Un très bon rapport qualité-prix.

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© Paula Loe


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