Teaser L'Eperon - Juin 2013

Page 1


EDITORIAL

Derby Par Xavier Libbrecht

O

n a vraiment aimé cette 53e édition du CSIO de La Baule. Le président Rémi Cléro et son équipe emmenée par Nadia Poirier lui ont imprimé cette petite touche qui fait que le Concours de saut international officiel de France (CSIO), le seul et unique de l’Hexagone, fort de ses cinq étoiles et étape du premier cercle (huit concours en Europe) du nouveau circuit FEI Furrûsiyya, continue à afficher une personnalité aussi originale que distinguée. Ce n’est pas notre estimé confrère et ami Stephen Hadley, commentateur pour FEI TV, qui prétendra le contraire : « I love La Baule » dit-il tout simplement… Côte d’Amour ! Qui dit La Baule, dit Derbies ! Il y a ceux des Club Men de la station qui, Loic Le Masne de Chermont en tête, accueillaient le touche à tout du septième art et cavalier de surcroît, Guillaume Canet, invité d’honneur pour l’occasion. Une attention qui s’imposait au regard du succès de Jappeloup, lequel a fait partie des belles recettes du printemps avec plus de 1,5 million d’entrées comptabilisées début avril.

E

t puis il y a le Derby de la Région des Pays-de-Loire, le vrai, qui se court sur la pelouse du stade François André depuis que le regretté Loïc Hamon l’a dessiné comme quelques autres (Fontainebleau, Dinard, etc.). Le Derby de La Baule est, en France, le dernier ainsi conçu, d’une époque où le saut d’obstacles était encore une véritable aventure, en territoire inconnu. Et les organisateurs de La Baule luttent, comme à Hambourg, comme à Hickstead, pour maintenir l’existence d’un genre qui plaît davantage au public qu’aux cavaliers. Treize partants seulement ! Une misère à l’aune du palmarès de l’épreuve où les noms des plus grands sont gravés sur les plaques de marbre scellées dans les murs de la grande tribune. Oui, La Baule, c’est le Derby, et, en la matière, les Français, comme les Irlandais ou les Britanniques, sont des orfèvres qui n’hésitent pas à s’attaquer à la terre, à la pierre, à l’eau, au vide ! Quel parcours que celui de la victoire, signée par Patrice Delaveau et Ornella Mail-HDC ! De l’audace, de l’intuition, du rythme, de la maîtrise, à l’égal du parcours signé par celui qui faillit bien réussir la passe de trois cette fois avec Nokia de Brekka : Michel Hécart (vainqueur en 2006 et 2008 avec That’s Life). Patrice Delaveau qui, après le Derby, s’envoyait le dimanche le Grand Prix Longines avec Orient Express-HDC ! Un doublé qui n’avait pas été réalisé depuis 1971. A la manœuvre alors Janou Lefebvre avec Rockett qui remportait avec le même cheval ledit Derby et l’une des deux épreuves majeures appelée alors le Championnat international français et non le Grand Prix tel que libellé, lequel revenait à Nelson Pessoa avec le Pur-sang russe Pass Op. Si nous revenons sur ce détail, c’est moins pour mettre en relief le fait qu’ait été retenue comme « Grand Prix », pour l’histoire – et le palmarès officiel l’épreuve – celle remportée par Janou plutôt que celle gagnée par Neco, que pour souligner qu’il y a quarante ans, un cheval de Grand Prix pouvait gagner un Derby et ne s’en privait pas, l’inverse étant tout aussi plausible. Cette remarque induisant la question suivante : est-ce possible aujourd’hui ? Patrice Delaveau et Ornella Mail auraient-ils pu réussir le doublé ? Et Orient ? Probable ! On parie ?

C

’est ainsi qu’était le sport d’hier et pas seulement en équitation ! Celui d’aujourd’hui, millimétré, dupliqué de place en place, argentifère à souhait est à l’image de l’époque. Il a le mérite d’exister, foin du gracieux ! Et, pour en rester avec La Baule, mais aussi

l’équipe de France, il nous fait toujours vibrer dès que les Bleus renouent avec le fondement : la performance. Les victoires remportées à Lummen et Drammen, la bonne tenue du quatuor engagé dans la Coupe des nations de La Baule confinent à l’optimisme. Le nouveau sélectionneur Philippe Guerdat dit ce qu’il fait et… fait ce qu’il dit. Il avait promis d’ouvrir le cercle des sélectionnables. Il s’y emploie et surprend. C’est bien. Il consacre également tout le temps nécessaires, l’attention indispensable à chacun et au succès de sa mission. 2013 une grande saison ?

M

ais une hirondelle ne fait pas le printemps ! Surtout cette année où la nature accuse des retards préoccupants dans nos campagnes. Loin du sport, la vie fédérale suit son cours. Jugé le 18 février, Serge Lecomte a été reconnu « coupable de prise illégale d’intérêts par chargé de mission de service public dans une affaire dont il assure le paiement ou la liquidation, faits commis à Paris de 2001 au premier août 2005, en tous cas sur le territoire national et depuis temps non prescrit, faits prévus par ART 432-12 du code pénal et réprimés par ART 432-12 AL.1, ART 432-17 code pénal ». Il s’agit pour mémoire du financement par la FFE du Groupement hippique national entre 2001 et 2006 à hauteur de 2 556 321 e par le licencié. Ce qui revient à comprendre qu’il payait au travers de la part de cotisation versée à la FFE à financer indirectement le GHN, organisme de services aux clubs lesquels, le plus souvent entreprises commerciales à but lucratif, détiennent le pouvoir sur une Fédération sportive. Condamné donc, Serge Lecomte pour « prise illégale d’intérêt », mais dispensé de peine en raison d’états de service remarquables (voir article p. 15). Trop chouette ! Au point que l’intéressé n’a pas l’intention d’en rester là, mais au contraire de tenter le banco : appel ! Le but ? L’acquittement bien sûr ! Et pour cause.

D

ans le même temps, sur les réseaux sociaux on s’agite. « Les indignés de la politique fédérale de la FFE », mouvement initié le 7 janvier 2013 par Olivia et Hervé Godignon via un groupe Facebook, s’interrogent sur la nécessité qu’éprouve la FFE de provoquer sans délais une Assemblée générale extraordinaire le 11 juin 2013 dont l’objet est une modification des statuts. Effectuée par des juristes, une étude approfondie et comparative des nouveaux statuts proposés met à mal plusieurs droits fondamentaux du licencié : le droit de la défense, le droit à l’information, le droit à la représentativité et au bout du compte la liberté d’expression. Ah les statuts ! On se souviendra qu’il y a une dizaine d’années, alors que la réflexion exigée afin d’être conforme avec la loi battait son plein, et que nous alertions sur les enjeux de ces derniers, ils étaient passés dans l’indifférence. Seuls, trop seuls peut-être, étions nous ! L’avenir était riant. Le sujet … ! C’est à nouveau le cas. Mais c’est sérieux, comme un Derby. « Les indignés », qui sont plus de six mille cinq cents, en ont pris la mesure cette fois : « Ne laissons pas cadenasser la Fédération au profit d’un homme et de son clan. » S’ensuit une invitation aux dirigeants des groupements sportifs ayant le droit de vote à cette AG du 11 juin à consulter l’étude disponible sur www.facebook.com/groups/317856031654389. Tout cela afin que les hirondelles fassent au moins l’été !

Sur les réseaux sociaux on s'agite. « Les

indignés de la politique fédérale de la FFE » s'interrogent sur la nécessité qu'elle éprouve de provoquer sans délais une Assemblée générale extraordinaire.

L’Eperon n°334 juin 2013 3

EDITO P3.indd 3

23/05/13 14:31


L’EPERON SOMMAIRE N°334 Juin 2013 Photos de couverture Sergio Alvarez Moya et Carlo 273. Ph. C. Bricot Patrice Delaveau et Orient Express-HDC. Ph. E. Knoll

18 HOMMAGE Ph. Les Garennes

Alexis Pignolet est décédé le 9 mai, à soixante dix-neuf ans. Il était l’archétype de ces éleveurs professionnels normands, fermiers et cavaliers dont la passion pour les chevaux et l’équitation étaient entière et qui ont construit les fondations de l’élevage des chevaux de sport français.

22 ENQUÊTE

Le combat des socio-professionnels de la filière équine ornaise contre le projet de décharge industrielle Guy Dauphin Environnement à deux pas du Haras du Pin semble commencer à porter ses fruits. La ministre de l’Ecologie, Delphine Bathot, a décidé d’un moratoire de fait, fin avril.

26 ELEVAGE Ph. F. Clot

Jeune éleveur et cavalier trentenaire établi tout au Nord de l’Hexagone, Marius Huchin a patiemment construit le succès du Haras des Princes. Naisseur de bons chevaux en vue, tels que l’étalon TODT UN PRINCE, il est également un bon découvreur. Après avoir élevé puis revendu le champion olympique NINO DES BUISSONNETS, il a su rester propriétaire de NUMBER ONE D’ISO, qui émerge actuellement avec Nicolas Delmotte.

34 REPORTAGE

CARLOS ALVAREZ MOYA, LE CONQUISTADOR

Avec le pétillant CARLO 273, ci-contre, Sergio Alvarez Moya enchaîne les performances sur la scène mondiale, dont une récente 4e place à la finale Coupe du monde. Itinéraire et méthode de travail d’un Espagnol de vingt-huit ans, actuellement n°17 mondial. Et il ne compte pas en rester là !

L’EPERON revient sur le nouveau sacre national de Nicolas Touzaint à Pompadour, sur les finales Coupes du monde de saut et de dressage à Göteborg, sur la victoire de Jonathan Paget à Badminton, sur les ambitions du Parc équestre du Touquet, sur le doublé historique de Patrice Delaveau au CSIO de La Baule ainsi que sur la première étape du nouveau circuit de Coupes des nations de dressage à Vidauban.

34 REPORTAGE 3 EDITO 7 TRIBUNE, COURRIER 44 PORTRAIT 10 ACTUALITÉS 22 ENQUÊTE 47 SPORT 26 ELEVAGE

SERGIO ALVAREZ MOYA NICOLAS DELMOTTE

L'ORNE CONTRE GDE

LE HARAS DES PRINCES DE MARIUS HUCHIN

MASTER PRO DE POMPADOUR CCI 4* DE BADMINTON, FINALE WC DE GOTEBORG, CSIO 5* DE LA BAULE, CSI 3* DU TOUQUET, CDI0 3* DE VIDAUBAN,

Ph. D. Caremans

Ph. J. Turcat

50 SPORT

69 ETUDE 74 DECOUVERTE 78 DÉBAT 81 SANTE

L'OUVERTURE DES STUD-BOOKS FRANCIS GAMICHON L'HIPPOPHAGIE EN QUESTION LA GOURME : LES MESURES À PRENDRE

85 DOSSIER 91 PETITES ANNONCES 107 GAZETTE HYGIENE ET BEAUTE

32 PAGES POUR CEUX QUI EN VEULENT TOUJOURS PLUS

D'AUTRES INFORMATIONS, NATIONALES, RÉGIONALES ET LE PROGRAMME

Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.

L’EPERON n°334 juin 2013 5

SOMMAIRE P5.indd 5

23/05/13 19:21


REPORTAGE HARAS DES PRINCES

les Princes

y ont construit une longue et vaste maison de briques jaunes dont une aile abrite les bureaux du haras. Marius et sa famille résident pour l’instant dans un village voisin en attendant de rénover une maison ancienne à l’entrée de la propriété. Henri-Bernard Huchin et son épouse Danielle, les parents, sont à la tête d’une importante entreprise de distribution de viande chevaline présente sur tous les marchés du Nord de la France, et se sont diversifiés dans la charcuterie. Si Monsieur Huchin, toujours ancré dans ses activités, est de caractère sédentaire, son épouse cède au goût des voyages et a visité bien avant qu’elles ne soient des destinations à la mode, de lointaines contrées, comme la Mongolie ou le Tibet, d’où elle rapporte de superbes photos, une autre de ses passions. Marius est le troisième et petit dernier d’une famille comptant trois enfants. Alors que lui aura trente ans en novembre, sa sœur aînée en a cinquante. Elle travaille dans l’affaire familiale, tout comme son frère Henri qui dirige, lui, une entreprise de rôtisserie de volailles, présente également sur les marchés. L’ensemble des activités, y compris l’écurie, est organisé en holding. Si chez les Huchin chaque génération compte un Henri (c’est aussi le prénom du neveu, quatrième du nom), Marius a, lui, hérité de celui d’un arrière-grand-père maternel, un prénom peu commun, mais suffisant à lui

Qing Un Prince (Dollar du Murier et Katalyne d’Opal), ici sous la selle de Jerôme Hurel, fait partie de la bonne génération des Q qui compte aussi Québec et Quointreau Un Prince. Ph. Scoopdyga

L’EPERON n°334 juin 2013 27

REPORTAGE HARAS DES PRINCES P26-30.indd 27

21/05/13 17:38


REPORTAGE HARAS DES PRINCES

LES ÉTALONS DES PRINCES • Agé de vingt-quatre ans, BAYARD D’ELLE (DOUBLE ESPOIR et TOSCANE D’ELLE par GRAND VENEUR) est arrivé au Haras des Princes en 2007. Très bien conservé pour son âge et toujours très prolifique, agréable de caractère. L’un des fleurons de la souche de GAZELLE, lui-même grand gagnant sous la selle de Bertrand puis d’Hubert Pignolet, il a obtenu six années de suite un indice de 160 et plus. Sa production compte de grands gagnants dont HAMILTON DU PERHET, CSIW, et RICHEBOURG, bwp, champion des 6 et 7 ans en France, qui vient d’être admis au Holstein. Marius dit de lui : « C’est un super gentil, un peu la mascotte du haras. Une origine ancienne, mais bourrée de références et une fertilité exceptionnelle ». • GUÉPARD DE BREKKA (PAPILLON ROUGE et CARMEN III par QUAT’SOUS) est lui aussi un classique Selle Français. Grand gagnant international sous la selle de Filipe Malta da Costa pour le Portugal. Frère de HURLEVENT, KENAVO et MARKUS DE BREKKA, souche de IONESCO DE BREKKA : « Un vrai cheval de concours, facile avec une bonne bouche. Il produit avec du modèle. A réserver à des juments avec du sang. » • KAFKA BRUNEMONT (RÊVE D’ELLE et DÉSIRÉE DE HÈRE, aa par JOAD). Ce plaisant Selle Français gris est facteur d’Anglo. 15e du championnat des 5 ans, 11e de celui des 6 ans, il a évolué jusqu’en CSI3*, ISO 157. Sa mère fut une formidable jument de junior. Sa deuxième mère, très bonne gagnante, ISO 150, a produit aussi LAURIER DE HÈRE-HN. « Il produit chic, avec du modèle. Parmi ses produits à suivre, SHAMAN DU YAM’S. » Vastes, les infrastructures sont avant tout fonctionnelles. En haut, la maison de famille. Ci-dessus, Carole à l’œuvre dans son labo. Photos Florence Clot

seul pour identifier le jeune homme que beaucoup se contentent de nommer simplement par son prénom.

Des débuts cavaliers… Marius fait ses débuts à poney, chez des amis de la famille, en Belgique, à Waregem. Il poursuit à cheval chez Laurent Persyn, près de Saint-Omer, puis chez Philippe Watré à Doullens qui le pilote sur les premiers concours. C’est ensuite Bruno Broucqsault qui prend la relève. Avec FANTASIA CHATELET (GALOUBET A), HURLIANE DE RUBLAR (VALESPOIR MALABRY), GIRL D’ELBE (ALFA D’ELLE) ou KISS DE NEWKESTEL (sBs, LAUDANUM, ps), Marius obtient de bons succès jusqu’au niveau 130/135, poursuit avec le tout bon BRADZO (DOUBLE ESPOIR), acheté à la famille Thomazo. Il parachève sa formation par un long séjour chez Alain Hinard à Auvers tout en commençant à sortir les premiers produits de l’élevage et s’oriente vers une carrière de cavalier professionnel. Nous sommes au début des années 2000. Très rapidement, l’écurie prend forme. Elle s’étoffe, par le biais des naissances bien sûr, mais aussi par des achats de jeunes chevaux, comme celui de NINO DES BUISSONNETS acquis à dix-huit mois, chez un marchand de la région, Patrick Varlet, en échange de deux chevaux de selle. Guillaume Foutrier, précédemment sous la coupe de Bruno Broucqsault, est embauché fin 2004, comme cavalier, bien sûr, mais aussi pour encadrer Marius, âgé d’à peine vingt ans. Les écuries sont pleines et les deux cavaliers ont fort à faire. Dès la première saison, les résultats sont là. Deux chevaux de l’écurie sont Elite à Fontainebleau sous la selle de Guillaume, MOKA DE BLONDEL (VONDÉEN) chez les 5 ans et LYS PLATIÈRE (QUIDAM DE REVEL) chez les 6 ans. Cet étalon sera ensuite vendu au Hollandais Piet Raymakers, et est encore aujourd’hui en compétition internationale avec le fils de ce dernier, Piet Raymakers Jr. Les achats se poursuivent. Ce sera d’abord NUMBER ONE

D’ISO, repéré à l’âge de trois ans dans les herbages du haras où Denis Gillon, son naisseur, l’avait mis en pension. Marius et Guillaume l’achèteront ensemble, chacun pour moitié. Puis ce sera le tour de KLAIRE D’HONVAULT (CLAIR DE B’NEVILLE), une alezane remarquée pour son respect exceptionnel et ses moyens sous la selle de son cavaliernaisseur, Henri-Pierre Delplace. Ces deux chevaux ont vu le jour tout près des Attaques, dans les environs immédiats de Boulogne-sur-Mer. C’est d’ailleurs principalement dans la grande région Nord-Pas de Calais et avec un certain bonheur que le haras va trouver la plupart des souches qui, aujourd’hui, forment sa base d’élevage, redonnant un coup de fouet parfois salutaire à des origines de grande qualité sportive. C’est ainsi que dans le lot des poulinières, on compte des représentantes de l’élevage de Hère du Dr et Mme Savinel, à Rue (80), amateurs d’Anglo-arabes et détenteurs de deux compétitrices et mères d’exception, LAURENTIDES (FARITCHOU) et AURORE DU MAURY (SAMUEL) ; des représentantes de celui de M. et Mme Moreau (80), en INFANTE DU PAS (ROCCO V), mère de QUINTONINE DU PAS (L’ARC DE TRIOMPHE), CSI en Espagne. Mais on trouve également des représentants de l’élevage des Salines (80) de M. et Mme Guerlin, de l’élevage d’OPAL de Christian Masson (62), notamment avec KATALYNE D’OPAL (VAS Y DONC LONGANE), mère des bons gagnants OH UNE PRINCE (KANNAN), CSI, exportée au Brésil, PRINCESSE UNE PRINCE (DOLLAR DU MÛRIER), ISO 141 et QING UN PRINCE (DOLLAR DU MÛRIER), ISO 146, CSI. L’élevage d’Honvault (62) est également présent, bien sûr, avec KLAIRE ou sa sœur utérine OASIS D’HONVAULT (HEARTBREAKER), et l’on trouve encore une jument de l’élevage Fontaine (59) en MAOWI D’O (CONCORDE) qui a produit pour l’instant QUEBEC UN PRINCE (DIAMANT DE SEMILLY), ISO 151 avec A. Francart, et TEXAS UN PRINCE (CALVARO), Excellent à cinq ans. NUMBER ONE D’ISO et KLAIRE D’HONVAULT sont pendant les cinq années de présence de Guillaume Foutrier au Haras des Princes les fers de lance de la réussite de l’écurie. Avec

Kafka Brunemont a repris l’entraînement sous la selle de Louis Delplace. Ph. F. Clot

• NUMBER ONE D’ISO-UN PRINCE (BALOUBET DU ROUET et HÔTESSE DU HAMEL par SI TU VIENS) revient au meilleur niveau depuis quelques mois, ISO 167. Priorité à la compétition cette année, il ne sera disponible qu’en IAC. • SHAMAN DU YAM’S-UN PRINCE (KAFKA BRUNEMONT et MAESTRIA DE HÈRE par URBAIN DU MONNAI). LAURENTIDES, AURORE DU MAURY et ELECTRE II, autant de formidables juments de concours dans un même papier pour ce joli cheval avec de la taille, très démonstratif sur les barres dont les premiers produits verront le jour en 2013. Excellent à cinq ans. « Il reprend la compétition à sept ans avec Nicolas Delmotte. Cheval à suivre. » • JACKSON ST HYMER, pfs (DON JUAN V et UTOPIE DU BUISSON par OBÉLISQUE), en copropriété avec Vincent Roger. Agé de seize ans, ce PFS d’1,49 m est très bon gagnant avec Marie Mabire, IPO 145, également vainqueur en épreuves chevaux, ISO 133, et a déjà produit SAFRAN LANDAIS, IPO 126, et SPARTAKUS DE FRANCE, IPO 135, Excellent à cinq ans.

28 L’EPERON n°334 juin 2013

REPORTAGE HARAS DES PRINCES P26-30.indd 28

21/05/13 17:38


REPORTAGE SERGIO ALVAREZ MOYA

vague

Sur la du succès!

Septembre 2012. Après tant de succès sous la selle du Britannique Nick Skelton, le Holsteiner CARLO 273 (CONTENDER) rejoint les écuries de l’Espagnol Sergio Alvarez Moya. La rumeur dit alors que c’est la première fois qu’un cheval est vendu aussi cher. Puis tout s’enchaîne très vite...

L

Ph. Oxer Sport

e couple participe au concours de Barcelone (20-23 septembre) avant d’entamer le circuit Coupe du monde mi-octobre à Oslo où il se classe 3e derrière Jeroen Dubbeldam/UTASCHA SFN et Beat Mändli/LOUIS 162. Ce n’est que le début de l’hiver d’enfer que vont vivre le jeune Espagnol et son nouveau compagnon. En effet, dès le week-end suivant, à Helsinki, ils s’octroient la 2e place du Grand Prix Coupe du monde et deviennent de sérieux concurrents... Le couple répète à Genève, en s’inclinant devant Edwina Tops-Alexander et ITOT DU CHÂTEAU-CEVO. CARLO n’est pas la seule cartouche de Sergio qui peut compter sur d’autres chevaux pétris de talent, à l’instar de ZIPPER qui lui offrira son Grand Prix de l’hiver, celui de Vérone. Avec tous ces résultats, l'Espagnol prend la tête du classement du circuit et la conserve jusqu’au bout, sans jamais laisser la chance à qui que ce soit de le détrôner. Il peut donc se permettre de faire une pause après le CSI-W de Bordeaux (début février). Il ne se rendra que quelques jours à Oliva (Esp) en mars pour participer au

34 L’EPERON n°334 juin 2013

MOYA P34-41.indd 34

21/05/13 16:37


A Gôteborg, Sergio Alvarez Moya a terminé au pied du podium à cause de deux fautes ; une dans la deuxième épreuve, l'autre dans la première manche de la finale. Ph. Ch. Bricot

CSI2* organisé en bord de Méditerranée. Il passe du temps chez lui, près de sa famille et de ses amis. Marié à Marta Ortega, héritière du groupe de mode Inditex (Zara, Massimo Dutti...), Sergio a en effet découvert début mars le bonheur d'être papa avec la naissance d'Amancio en hommage au grand-père (Amancio Ortega, fondateur d'Inditex et troisième fortune mondiale, ndlr). Très soucieux de cloisonner sa carrière de cavalier et sa vie privée, l'Espagnol ne souhaite pas évoquer sa vie quotidienne, ni en dire plus sur ses proches. Puis comme il l’avait prévu, il participe au Saut Hermès à Paris et termine d’ailleurs 5e du Grand Prix avec CARLO. De bon augure tout juste deux semaines avant la finale Coupe du monde. Sa deuxième. La première, c’était en 2011 à Leipzig avec son fantastique et fidèle ACTION BREAKER, où ils finissaient 13e. Mais à Göteborg, il était annoncé favori et ils étaient plusieurs à parier sur lui. Malchanceux tout au long de la semaine suédoise (5e de la chasse, 4 pts le vendredi, puis 4 + 0 en finale), Sergio et CARLO finiront par

réaliser l’un des deux seuls sans-faute de la deuxième manche de la finale (l’autre étant Steve Guerdat/NINO DES BUISSONNETS). Un peu tard. Verdict : 4e place. Si ce résultat laisse un goût amer au pilote, il relativise rapidement : « Je suis content de la manière dont CARLO a sauté, on a juste manqué de chance... » avant de se concentrer déjà sur le Global Champions Tour de Madrid quelques jours plus tard. Et comme le jeune homme n’est pas du genre à se laisser abattre, il s’imposera dès la grosse épreuve du vendredi. Sergio est un fidèle du prestigieux circuit. Il apprécie l’étape espagnole, qui vient d’ailleurs de quitter Valence pour rejoindre la capitale : « Ce concours de Madrid est vraiment fabuleux, et j’espère que l’étape du GCT y restera encore longtemps. J’adore monter en concours, où que ce soit, mais Madrid est évidemment un de mes concours de cœur ». Global Champions Tour, Coupe des nations, Coupe du monde, Sergio est sur tous les fronts. La preuve, après Madrid, il est allé à Wiesbaden, puis Rome et sera de la

partie à Londres pour découvrir cette nouvelle étape que tout le monde attend. Entre le Saut Hermès et Göteborg, Sergio avait fait un détour par Barcelone, pour participer au championnat d’Espagne. Grâce à ZIPPER (kwpn, APPLE JUICE), il repartait de Catalogne avec la médaille d’argent autour du cou, juste derrière Antonio Marinas et CASH AND GO. De succès en succès, l’Espagnol impressionne. L’EPERON a décidé d’aller à la rencontre de ce travailleur de vingthuit ans qui se rend compte de la chance qu’il a...

Un petit très précoce Sergio Alvarez Moya débute l’équitation à l’âge de sept ans, parce que « je vivais juste à côté d’un centre équestre et mon oncle avait quelques chevaux ». Il participe à sa première compétition à neuf ans, puis gagne son premier championnat régional à dix. Tout s’enchaîne relativement vite jusqu’au titre de champion d’Europe junior

L’EPERON n°334 juin 2013 35

MOYA P34-41.indd 35

21/05/13 16:38


SAUT D'OBSTACLES CSIO DE LA BAULE

Philippe Guerdat

« Tous derrière l’équipe »

Après ses victoires dans les Coupes des nations de Lummen et de Drammen, l’équipe de France a pris la 3e place de la première étape de la Division 1 lors du Longines Jumping international de La Baule (16 au 19 mai), derrière les Néerlandais et les Suisses. A la tête des Bleus depuis mi-février, Philippe Guerdat nous a accordé une interview dans laquelle il aborde sa méthode, ses réserves sur le nouveau calcul de points de ces Coupes des nations Furusiyya, ainsi que sa stratégie pour la suite. Quelles sont vos premières impressions ?

Je pensais que ce serait plus compliqué. On apprend à connaître les gens en vivant en équipe et les cavaliers sont plus à l’écoute que je ne l’imaginais. Ce ne sont pas les « individualistes pleins d’ego » parfois décrits. De l’extérieur, les Français peuvent donner l’impression de ne pas s’ouvrir aux autres et de vivre un peu entre eux. Hormis les quelques vedettes, ils ne se mélangent en effet pas beaucoup avec les autres cavaliers, mais je crois que c’est simplement la barrière de la langue. De même, on a l’impression de les voir uniquement dans les grandes compétitions. Il faut justement revenir à des choses plus basiques : faire plus

pourrait devenir des problèmes. C’est pourquoi je suis toujours présent pour eux : ils peuvent venir vers moi pour n’importe quel souci, même s’il sort du domaine équestre. Je peux par exemple aussi les aider dans les échanges avec leurs propriétaires, dont les aspirations créent parfois des divergences : certains pensent que leurs chevaux doivent faire plus ou au contraire qu’ils en font trop… Mon relationnel direct se fait avec les cavaliers, mais il m’arrive de parler aux propriétaires, dans une logique constructive. Je veille aussi énormément à l’état d’esprit. Nous avons par exemple mangé tous ensemble le mercredi soir de La Baule. On ne va pas faire des résultats car on dîne ensemble, mais on crée un état d’esprit qui va nous apporter des résultats. Les cavaliers doivent toujours essayer de gagner et, sinon, espérer que ce soit un des nôtres qui l’emporte et non un étranger. Ce n’est pas évident, car c’est un sport individualiste, mais cet état d’esprit se crée. Fidèle à votre souhait de donner leur chance à un maximum de couples, vous en avez déjà utilisé dix au cours des trois premières Coupes des nations.

Ci-dessus, Philippe Guerdat veut hisser le drapeau français le plus haut possible, Ph. Scoopdyga Grâce à Orient Express HDC (à droite, en haut, ph. E. Knoll) et à Ornella Mail-HDC (à droite, en bas, Ph. D. Caremans), Patrice Delaveau est entré dans l'histoire du CSIO de La Baule (voir encadré).

de concours de seconde zone à l’étranger, lancer des jeunes. Beaucoup de cavaliers qui ne sont pas encore au top niveau montent uniquement en France. Je pense au contraire qu’il faut les sortir le plus possible, car le jour où ils ont un excellent cheval, s’ils ne sont pas allés à l’étranger, on a pris du retard dans tout. Sans vouloir dégarnir les concours français, je souhaite que davantage de cavaliers aillent sauter à l’étranger. Etre au Touquet au bord de la mer ou monter à Drammen à trois jours de camion, ce n’est pas la même chose. Ce sont des concours plus durs à vivre, car ils n’ont pas leurs repères et ils se frottent à une autre concurrence, mais ça les endurcit. En plus, ils se rendent compte que dans

ces concours de second plan il y a aussi des cracks et qu’il n’y pas que chez eux que de très bons cavaliers ne peuvent pas aller à l’étranger. D’autres choses vous ont-elles surpris ?

Certaines dont je ne veux pas parler. La vie d’une équipe doit rester secrète. Je défends toujours mes cavaliers. Comme dans un vestiaire de football, certaines choses, pas forcément négatives d’ailleurs, doivent rester à l’intérieur. Elles concernent uniquement les cavaliers et moi. Comme j’ai affaire à des top cavaliers, le management est mon rôle le plus important. Je dois déceler les fissures pour essayer d’y remédier, les aider à trouver des solutions à ce qui

Pas 10, mais 13 ! Pour moi, une équipe c’est cinq cavaliers. Il n’est pas question que le cinquième ne se sente pas membre de l’équipe. J’y tiens beaucoup, car il est susceptible de sauter la fois d’après. Et ce rôle-là, je vais le faire endosser de plus en plus. C’est comme ça qu’on construit une équipe, même si c’est toujours difficile d’annoncer le jeudi à un cavalier qu’il ne monte pas, même quand il a fait un sans-faute… mais c’est mon rôle. Je veux qu’ils soient tous concernés par mon projet. Je vais avoir besoin de tout le monde, même de ceux qui ne participent pas aux grands championnats. Mon but est qu’à Caen, l’équipe de France soit une famille : qu’ont ait 30 cavaliers et que les 25 non sélectionnés soient là pour soutenir les 5 qui vont monter. Qu’ils ne soient pas dans les tribunes à dire : « Ce n’est pas normal que je ne sois pas dans l’équipe et ils n’ont pas bien monté ». Tous devront être derrière ces cinq cavaliers. Ce n’était pas forcément dans les mœurs qu’il y ait un grand vivier de couples, mais il s’est déjà élargi et il va encore s’élargir. Ça me crée plus de problèmes pour

54 L'EPERON n°334 juin 2013

LA BAULE P54-59.indd 54

22/05/13 19:37


SAUT D'OBSTACLES CSIO DE LA BAULE

DOUBLÉ HISTORIQUE DE PATRICE DELAVEAU ! Seule Janou Lefebvre avait jusque-là remporté les deux épreuves majeures de La Baule le même week-end. C'était en 1971 avec son partenaire olympique, ROCKET. A l'époque, Nelson Pessoa avait gagné l'épreuve alors appelée Grand Prix (un Bar. A chrono), et Janou Lefebvre le Derby ainsi que le championnat international français (en deux manches) devant le même Pessoa d'ailleurs... Cette année, Patrice Delaveau a réédité l’exploit. Vainqueur du Derby avec ORNELLA MAIL-HDC (LANDO) le samedi, il s’est aussi imposé dans le Grand Prix avec ORIENT EXPRESS-HDC* (QUICK STAR) le dimanche devant un stade François André archi-comble et comblé ! « Je ne suis pas sûr de pouvoir refaire la même chose dans vingt-trois ans », a plaisanté le Normand de quarante-huit ans, qui avait déjà gagné le Derby en 1993 avec ORIENT DE FRÉBOURG et le Grand Prix en 1990 avec POLYDORE. Sa performance est d’autant plus remarquable que ces deux épreuves ont causé beaucoup de fautes. Il était d’abord le seul, avec Michel Hécart et NOKIA DE BREKKA, à boucler les 1 150 m et 25 efforts du Derby avec un score vierge. Et dans le délicat Grand Prix en deux manches, rendu encore plus difficile par la pluie et la dégradation de la piste en herbe, uniquement 3 des 48 couples au départ ont aligné deux sans-faute : lui, Frank Schuttert/WINCHESTER HS (lire portait page 58), et le champion olympique par équipes en titre Nick Skelton/BIG STAR. Ovationné par les spectateurs, Patrice Delaveau était d’autant plus heureux que ce rarissime doublé marquait le retour à leur meilleur niveau de deux de ses chevaux. ORNELLA MAIL sortait en effet d’une série sans classements et ORIENT EXPRESS avait eu du mal à redémarrer après son break hivernal : « J’étais un peu inquiet après le GP3* d’Hardelot (3 fautes et du temps dépassé, ndla). J’ai alors changé quelques réglages et j’ai retrouvé Orient à 100 % lors du Global Champions Tour de Madrid, début mai. Et à La Baule il était à 200 %. Il ne sautait pas, il volait ! Et, en plus, on avait la chance de notre côté puisqu’au premier tour j’ai fortement touché l’entrée du triple. » Reconnu depuis toujours pour la finesse de sa technique et pour l’élégance de son style, Patrice Delaveau fait plus que jamais partie des cavaliers sur lesquels Philippe Guerdat pourra compter dans les mois à venir puisqu’il dispose aussi du prometteur LACRIMOSO 3-HDC (LANDJUNGE), pas sorti à La Baule à cause d’un abcès au pied, et de CARINJO-HDC (CASCAVELLE). « Je n’ai jamais été aussi bien équipé et je compte bien en profiter », se réjouit le n°27 mondial. E. M. (*) Portrait d'ORIENT EXPRESS-HC p.17

L'EPERON n°334 juin 2013 55

LA BAULE P54-59.indd 55

22/05/13 19:37


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.