EDITORIAL
Une saison de « ouf » Par Xavier Libbrecht
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as le sujet de couverture, la photo témoignant de notre visite chez Timothée Anciaume, la vedette du mois. Encore que ! Elodie Mas a dû bagarrer dur pour imposer son sujet et l’afficher sur la couverture. « Tim » sera-t-il, comme elle le pense, le cinquième homme d’une sélection capitale pour le saut d’obstacles français lors des prochains Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie ? Philippe Guerdat n’écarterait pas l’hypothèse… En tout cas l’homme pourrait si ce n’est jouer les trouble-fête (il est trop sérieux et bon camarade pour ça) apparaître comme un aiguillon, si ce n’est un recours. Non, ce qui pose problème à la rédaction et aux maquettistes en ce jour de bouclage, c’est l’élaboration de cette couverture d’avril 2014. Marketing oblige, l’Eperon a pris des engagements tant avec les organisateurs des Jeux en qualité « d’Ambassadeur media » qu’avec ceux de la finale des Coupes du monde FEI de Lyon. Pour nos partenaires de Caen, il convient que le logo « Ambassadeur » se voie sur la Une en tentant de nous persuader que c’est bon pour nous, ce qui a tendance à agacer la rédaction qui considère que l’inverse l’est tout autant et que, le problème, c’est que nous sommes liés. Vrai, contraire à notre état d’esprit d’une manière générale et pas très « déontologique »! Sauf à admettre que, c’est la première fois que L’Eperon accepte ainsi un logo « événementiel » sur sa couverture. L’argument ? Ces Jeux sont sans équivalent dans l’histoire des sports équestres en France ! Mais sur cette couverture d’avril se superpose également ce que l’on appelle dans notre jargon « un cavalier » qui fait lui la promotion des finales de Coupe du monde de Lyon. Et, visuellement, ce « cavalier » lutte avec la photo d’Anciaume. Il faut trouver le plus juste équilibre, pour laisser vivre l’ensemble, qu’il reste lisible et visible en kiosque. Compliqué !
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eux finales : Reem Acra en dressage et Longines en saut d’obstacles. Deux finales de Coupe du monde en France, cela ne s’est jamais vu. Quant à une ? La dernière disputée sur notre sol, alors sponsorisée par Volvo, c’était en 1987, à Bercy. Kevin Staut avait sept ans et les Américains dominaient encore la scène. Katharine Burdsall avec The Natural s’imposait devant Philippe Rozier et Jiva Malesan suivi par Lisa Jacquin (USA) avec For the Moment. Pour l’instant ou pour toujours ? Oui, transition facile. Ce que l’on veut dire, c’est que pour les organisateurs lyonnais rassemblés derrière Sylvie Robert accueillir ces finales n’a rien d’ordinaire. L’équipe d’Equita'Lyon a du métier, certes, mais le succès d’un tel événement, ne dépend pas que de la maîtrise des paramètres techniques et financiers. Il faut ce supplément d’âme et de chance, celle que le sport procure ou réserve, qui permet alors de s’inscrire dans l’histoire. Parce que l’occasion est unique, qu’elle ne se reproduira pas, il faut qu’elle trouve une couleur originale, sa couleur qui avec les années ne vieillira pas, mais prendra sa patine. A bientôt, c’est-à-dire dès le 17 avril, amis !
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ne saison de « ouf » ! Rien que de la gourmandise. Car avant ces deux finales de Coupes du monde FEI attendues à Lyon, nous en avions déjà dégusté deux autres en Aquitaine (voltige et attelage) et, toujours à Bordeaux, en guise de mise en bouche, une étape de cette Coupe du monde Longines de saut d’obstacles. Victoire dans le Grand Prix de Markus Ehning et Cornado-NRW. Et un bon mois plus tard, les mêmes qui mènent la danse sur la piste étalée dans le Grand Palais par Toubin Clément, pour le Saut Hermès. Beau raccourci ce BordeauxParis pour l’Allemand et le digne fils de Cornet Obolensky dont tout le monde parle et dont Aurélie Covini et Emmanuel Spinnewyn tracent le
portrait, le parcours et les perspectives, pour l’Eperon (p. 83). Début de saison de folie et ce n’est pas fini ! Mais qu’est-ce qui fait donc courir les organisateurs français ? Le Longines Global Champions Tour ne cesse de croître et d’embellir dans l’Hexagone . Juin… Juillet, c’est l’été en ce beau pays de France. Vint Cannes, puis parvint Monaco, et enfin y advint le rendez-vous cantilien ! Eh bien ajoutez-y, entre Monaco et Chantilly, Le Champ de Mars, début juillet ! Virginie Couperie-Eiffel, qu’on a vu à l’ouvrage à Villepinte pour les Gucci Masters, a en effet décidé d’associer « cheval et patrimoine » (une formule dont les Haras nationaux ont fait une marque) sous la Tour Eiffel. Nul n’ignore la passion vouée par toute la famille Couperie au cheval et à son aïeul l’ingénieur Gustave Eiffel. Par ailleurs, qui a oublié que l’on doit la première étape de la Coupe du monde de saut d’obstacles, en 1979, à Emeric Couperie, le père de Philippe Couperie, frère aîné de Virginie, mais aussi Laurie, disparue trop tôt, et Coco, éleveur et viticulteur à Château Bacon, la propriété familiale sise sur les bords de la Dordogne ? Philippe qui a, lui aussi, témoigné au travers d’un livre publié chez Michel Lafon « Eiffel par Eiffel » de la fierté des siens pour ce bâtisseur de génie qui a laissé sa signature de fer et de fonte de Paris à Panama !
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omment expliquer cette apparente bonne santé ? Où s’arrêtera-telle ? Et d’abord, bonne santé de qui ? Du sport de haut niveau ? Oui, probablement… Enfin pour les mêmes. Ceux du Top 30 des fameux « FEI rankings » qui se gaveraient week-end après week-end en France et audelà puisque leur champ ne cesse de s’élargir et de s’épaissir. On veut parler des dotations bien entendu. Pour les autres, c’est moins sûr. On peut même être persuadé du contraire. Bonne santé des organisateurs ? Car nous pourrions ici lister tant d’autres initiatives du même genre du CSIO de France de La Baule à l’Eté du Grand Parquet (CSI4*) en passant par le CSI de Dinard que la famille Mars (actionnaire de l’Eperon) à repris l’an passé en affichant de grandes ambitions pour ce site magique du Val Porée. Ne convient-il pas aussi de citer dans la catégorie des très utiles 4*, le sympathique Bourg-en-Bresse ? Et les 3* ? Le Touquet, Saint-Lô, Hardelot, Megève, sans parler de Saint-Tropez que promettent de mettre sur pied Doda et Athina Onasis ? Cinq millions d’euros rien que pour les CSI 5* ! Sept-huit millions d’euros sur la table toutes catégories internationales confondues… Un feu d’artifice ! Et 2014 le bouquet final ?
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’est, hélas, probable. L’ensemble de la filière souffre, trinque, ne serait-ce qu’en raison des assauts de la TVA qui s’ajoute à la donne économique générale que l’on sait, et les organisateurs de concours fanfaronneraient ? Qu’est-ce à dire ? Seraient-ils déconnectés des réalités ? Hystériques ? Mais que fait, qu’a donc fait la police ! On veut dire la FEI qui donne, qui a délivré les « permis de construire » sans état d’âme et la FFE qui les soumet ! En la matière, les fédérations semblent n’avoir qu’une attitude : ultra libérale ! Quoi qu’il advienne, à Lausanne, on touche ! Qu’importe si le programme de la saison est aussi indigeste qu’illisible pour les médias ! Qu’importe qu’il fasse la part belle aux cavaliers et propriétaires étrangers et donc concurrents des Bleus qui se gobergent en France ! Qu’importe si tant de projets, c’est évident, se bousculent et se télescopent ! Neuf CSI 5* en 2014, finales de Coupe du monde et Jeux équestres mondiaux en prime… Combien en 2015 ? L’été d’abord, on verra après!
« Lors de la dernière finale Coupe du monde disputée sur notre sol
(...), Kevin Staut avait
sept ans et les Américains dominaient encore la scène »
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L’EPERON SOMMAIRE N° 343 avril 2014 Photo de couverture et ci-contre, Timothée Anciaume et Quorioso Pré Noir. Photos Eric Knoll
Ph. D. Reymond
27 ELEVAGE
L’EPERON est allé ce mois-ci à la rencontre de plusieurs élevages encore jeunes, où la passion l’emporte sur le découragement que pourrait susciter la crise (p. 32). Des mordus que la réussite éclair de CORNET OBOLENSKY (p. 63) ne pourra que faire rêver ! Le parcours de QUIDAM DE REVEL, lui, s’est achevé. Il allait avoir trente-deux ans (p. 27).
38 REPORTAGE
Rencontre avec Timothée Anciaume qui dispose d'un nouveau piquet de chevaux pour revenir au plus haut niveau international. Ce perfectionniste de trente-cinq ans aborde la saison extérieure avec enthousiasme.
Ph. L.-L Foto
47 SPORT
Le CDIO de Vidauban, enrichi du prestigieux World Dressage Master de Vidauban, dominé par Patrik Kittel a connu un grand succès. En saut d’obstacles, Marcus Ehning et CORNADO NRW se sont octroyé le Grand Prix du Saut Hermès, un peu plus d’un mois après leur victoire à Bordeaux.
77 DOSSIER SELLES
Les marques et artisans de plus en plus nombreux, proposent des selles de toutes gammes, aux conceptions différentes. Cinq pages pour éclairer les personnes désireuses d’investir dans une selle bien adaptée à leur pratique et, avant tout, au cheval.
3 EDITO 7 TRIBUNE COURRIER LIVRES 10 ACTUALITÉS 19 ENQUÊTE 27 ELEVAGE 32 REPORTAGE ÉLEVAGE
ACCESSIBILITÉ DES CENTRES ÉQUESTRES
DISPARITION DE QUIDAM DE REVEL LES NOUVEAUX ÉLEVEURS
38 REPORTAGE 47 SPORT
TIMOTHÉE ANCIAUME
CSI 5* DU SAUT HERMÈS ; CDIO ET CDI 5* DE VIDAUBAN PRÉPARATION 2014 POUR L'ATTELAGE
60 PORTRAIT 63 ETUDE 68 DÉCOUVERTE
FRANÇOIS LEMIÈRE CORNET OBOLENSKY GALLOPS OF OMAN
72 TECHNIQUE 74 SANTÉ 77 DOSSIER 83 PETITES ANNONCES 99 GAZETTE TROUVER LE BON GALOP LES YEUX À SURVEILLER
CRITÈRES POUR CHOISIR UNE SELLE
D'AUTRES INFORMATIONS INTERNATIONALES, NATIONALES, RÉGIONALES ET LE PROGRAMME
Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.
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ELEVAGE DISPARITION DE QUIDAM DE REVEL
Un Quidam pas quelconque
Quidam de Revel en décembre 2006. Ph. Delaroque
Quidam de Revel est mort, alors qu’il allait avoir trente-deux ans. Dans son numéro de juin 2012, L’EPERON avait publié une enquête complète retraçant l’histoire de cette légende vivante, à l’occasion de ses trente ans. Sans refaire de nouveau toute son épopée, voici quelques éléments à retenir concernant l’étalon Selle Français sans doute le plus connu à l’échelle mondiale.
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a disparition du célébrissime étalon performer a été annoncée sur le site de Ridehesten, magazine publié au Danemark (pays d'adoption de QUIDAM DE REVEL), le 23 février. Ridehesten tient cette information de source sûre, sans en savoir plus toutefois ni sur la date exacte (probablement décembre 2013, voire novembre), ni sur les conditions de cette disparition, dont les raisons n'ont, selon toute vraisemblance, rien de mystérieux : le vieux Sire aurait eu trente-deux ans cette année. Une chose est certaine : sur les photos prises chez le propriétaire de l'éta-
lon de Flemming Velin en mars 2012 et publiée dans notre reportage de juin 2012, QUIDAM DE REVEL faisait très bonne figure et montrait un physique étonnant pour un cheval de son âge, sans aucun doute choyé par son propriétaire qui le vénérait et auprès de qui il occupait une place très particulière. Est-ce la raison pour laquelle nous n'en saurons pas plus pour l'heure ? Bien que sollicité à plusieurs reprises par L'EPERON et les medias étrangers, Flemming Velin a gardé jusqu'à présent un silence total, se refusant à livrer quelque détail, commentaire ou précision que ce soit, pas
plus qu'il n'a réagi aux différentes annonces de la mort de son étalon fétiche. Grâce au quizz ci-dessous, L'EPERON revient sur les principaux éléments marquants de la vie de cet étalon. Pourquoi QUIDAM DE REVEL fut-il connu et recherché dès ses débuts ? La réussite de QUIDAM n’est pas le fruit du hasard, puisque, d’un point de vue génétique, il disposait d’un pedigree de véritable chef de race. Son phénotype fut à la hauteur de
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Ibrahim, ds Almé
Girondine, ds
Jalisco
➔ ➔
Tanagra
QUIDAM DE REVEL Nankin
Dirka Ondine de Baugy
Furioso, ps Delicieuse, ds Fra Diavolo, ps Constellation,ds Harphortas, ps Nadine, ds
SF, M, bai, 1,69 m, né en 1982 chez le prince A. de Broglie (14)
Ci-contre, la mère de Quidam, Dirka (Nankin x Harphortas, ps), ici au CSI de Fontainebleau en 1978 avec Xavier Leredde qui venait de la reprendre après Nelson Pessoa. Ph. Delcourt Ci-dessous, Hervé Godignon et Quidam de Revel gagneront en 1992 le Grand Prix de Rome avant de terminer en bronze par équipes et 4e en individuel, à un cheveu de la médaille d’or, aux JO de Barcelone. Ph. Delaroque
sa filiation ! QUIDAM DE REVEL rassemblait au sein de son entier le plébiscite et que les portes de tous les stud- Après ses très bons débuts sur le circuit jeunes chevaux sous la selle de Sophie Mazé, QUIDAM est syndiqué en fin d’année de pedigree les lignées maternelles les plus prestigieuses de books lui soient grandes ouvertes. 5 ans et vendu à une quinzaine de copropriétaires qui se partaNormandie : celles de NADINE, TANAGRA, GIRONDINE et CONSTELLATION. Ainsi que des célèbres étalons Pur-sang anglais : QUIDAM, oui, mais à quel prix ? gent quarante parts à 20 000 F (3 050 €). Une somme une nouORANGE PEEL, FURIOSO, FRA DIAVOLO, ULTIMATE, DARK RONALD. D’un point de vue financier, QUIDAM a toujours atteint des velle fois importante pour un cheval de cet âge. Par ailleurs, Les parents de QUIDAM ont été grands vainqueurs interna- sommets. des contrats à 40 000 F (6 100 €) sont vendus, donnant droit à tionaux en concours hippique. Son père, le chef de race Le prince Amaury de Broglie, naisseur de QUIDAM, a vendu une saillie par an du cheval sans frais annexe, fermant donc sa JALISCO B, n’est plus à présenter. Sa mère, DIRKA, née chez son poulain à dix-huit mois pour une somme, coquette carrière de reproducteur aux seuls investisseurs. Marguerite Savary, est la propre sœur du gagnant interna- à l’époque (1983), de 100 000 F (15 245 €), alors qu’il A la fin de l’année de 6 ans, la famille Mazé est devenue l’actional FANFAN LA TULIPE et fut une très bonne gagnante en venait de s’expatrier en Suisse. Fernand Leredde, avec tionnaire majoritaire du cheval puisqu’elle possède alors 21 CSIO, ISO 156/78. Cette jument énergique et féline fut, pen- qui un arrangement avait été convenu pour DIRKA, gérait des 40 parts du cheval. dant deux années, avec Nelson Pessoa, une spécialiste des depuis plusieurs années son élevage. C’est la raison pour A sept ans, QUIDAM passe sous la selle d’Hervé Godignon épreuves de vitesse avant de briller en épreuves internatio- laquelle la jument a aussi produit des poulains à l’affixe avec nombre de succès internationaux à la clé et, en point d’orgue, la médaille de bronze par équipes et une 4e place nales Juniors et Jeunes Cavaliers avec Xavier Leredde. Fille « Rouge » comme VALLON ROUGE ou AIGLON ROUGE. de l’éminent NANKIN, lui-même issu de l’élevage très réputé d’Alfred Brohier et né d’une remarquable poulinière SES MEILLEURS RÉSULTATS EN COMPÉTITION gagnante en concours hippique, CONSTELLATION, DIRKA a été 1993. Vainqueur du championnat junior de Scandimise à l’élevage en 1979 pour donner ORKA DE REVEL en 1980, Sous la selle d’Hervé Godignon navie sous la selle de Charlotte Velin. 1990. Vainqueur du Grand Prix CSI de Dortmund, du puis PAPRIKA DE REVEL en 1981 juste avant la naissance de Sous la selle de Thomas Velin CSIO de New York (au Madison Square Garden) ; QUIDAM en 1982. Elle donnera son dernier produit en 1994. DIRKA est une demi-sœur d’un autre chef de race, URIEL, 1er de la Coupe des nations de Washington et 3e du 1994. 4e du GP CSI d’Oslo ; vainqueur du GP CSI de e Copenhague ; 2e du championnat junior danois. tête de liste des pères de gagnants de 1978 à 1988. Cet éta- Grand Prix ; 3 du Derby d’Hickstead. 1995. 12e du GP CSIW de Bologne ; 7e du GP CSI de 1991. 6e en individuel et 4e par équipes au chamlon national, qui a rivalisé avec son père NANKIN au Haras de pionnat d’Europe de La Baule ; 5e de la finale Kiel ; 3e du GP CSIA de Neumünster. Saint-Lô, a surtout laissé d’excellentes poulinières, mais Coupe du monde de Göteborg ; vainqueur du 1996. 15e du GP CSI de Zurich ; 12e du GP CSI de aussi de grands performers internationaux. URIEL est en CSI de Rueil Malmaison ; 8e du CSIO de Calgary Wolfsburg ; 10e du GP CSI de Hanovre ; 4e du outre le propre frère de COMMANDEUR, gagnant en CSI sous et de Modène ; et 3e de la Coupe des nations de championnat d’Europe Jeunes Cavaliers de Klacouleurs suisses, de TROUBADOUR B, gagnant du Critérium genfurt. Modène ; vainqueur de la Coupe des nations des 6 ans en 1969 avec Nelson Pessoa puis gagnant en CSI 1997. 10e du GP CSIW de Paris-Bercy ; 7e de la avec Janou Lefèbvre, et de DAGUET DE BAUGY, CSI en Belgique. d’Hickstead. Coupe des nations de Falsterbo ; 7e du GP CSI de 1992. 9e du GP CSI Paris-Porte de Versailles ; 3e Cette lignée remonte à la jument base NADINE, née en 1935 Göteborg ; 5e du GP CSIW d’Helsinski ; vainqueur du GP CSI de Londres Olympia ; 2e du GP CSIO et fille de l’étalon ISSU D’AMBLIE, à l’origine de plus d’une de Kapellen et 1er de la Coupe des nations ; 1er du du GP CSI de Hanovre. centaine de gagnants nationaux et internationaux mais GP CSIO de Rome et vainqueur de la Coupe des 1998. 15e du GP CSI de Hanovre ; 10e du GP CSI aussi de nombreux étalons. d’Oslo ; 6e de la Coupe des nations de Falsterbo ; QUIDAM, jeune performer très bien né, a transmis d’em- nations de Rome et de Dinard ; 4e en individuel et vainqueur du GP CSIO de Ypaja et du GP CSIW blée sa très haute valeur génétique. Les signes précur- 3e par équipes aux JO de Barcelone ; 2e du chamd’Helsinski. seurs d’un futur « Grand Sire » étaient d’ores et déjà réu- pionnat de France 1re catégorie. nis pour qu’il devienne un Chef de Race, que le monde
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Elever, envers
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ls ne sont pas héritiers de grands noms de l’élevage, n’ont pas touché le pactole au Loto, ne sont pas des financiers en mal de danseuses ou de défiscalisation. Les portraits qui émaillent ce sujet sont ceux de passionnés venant d’horizons différents avec cependant des points communs : recherche de la bonne génétique, utilisation des moyens modernes de communication, fréquentation des concours d’élevage, valorisation des meilleurs produits, tout en ayant différentes façons de faire… et de réussir.
Passage de la TVA à 20%, disparition des Haras nationaux, aides à l’élevage se réduisant comme peau de chagrin, crise économique, marché saturé en chevaux de saut d’obstacles hormis le crack… Voilà quelques écueils de taille qui décourageraient plus d’un candidat à l’élevage du cheval de sport à l’heure actuelle ! Malgré tout, contre vents et marées, des éleveurs continuent d’avoir la foi, celle qui soulève les montagnes et leur permet de poursuivre – avec succès – l’aventure commencée il y a seulement quelques années auprès de leurs poulinières.
Elevage de la Cense
une passion de famille C’est en Normandie d’abord, dans la Manche, région incontournable s’il en est, que nous avons rencontré un cavalier passionné d’élevage, Emmanuel Vincent. Son domaine, la Cense au lieu-dit Noron, se situe non loin de Saint Clair-sur-Elle, tout près du fameux Haras d’Elle des Pignolet. Avec sa belle demeure ancienne et confortable, ses installations tout entières vouées aux chevaux, on devine que la passion du maître des lieux et de sa famille ne date pas d’hier. « Je ne suis pas un “jeune éleveur” à proprement parler, déclare Emmanuel Vincent, le regard clair, poignée de main et sourire francs et sympathiques. Mais nous avons relancé l’élevage ici en 2006 et repris de nouvelles poulinières. Notre cheptel est actuellement de
neuf mères, souvent très bien indicées en concours, avec des courants de sang éprouvés et que j’aime. » Cavalier renommé de jeunes chevaux, Emmanuel Vincent commença dans le domaine à quinze ans. « On était quatre enfants à la ferme, mon père était agriculteur bien sûr et faisait aussi le commerce de bestiaux. Moi je suis devenu cavalier Pro par ma propre expérience. Les jeunes chevaux et leur travail m’ont toujours passionné. L’élevage aussi. » Embauché en 1990 à la Cense par Jacques Misteli, marchand bien connu de Normandie, le jeune Emmanuel Vincent d’alors (vingt ans) ne quittera plus ce qui deviendra plus tard son domaine. « J’ai connu ma femme ici : Nathalie est la fille de Jacques Misteli, et j’ai continué d’apprendre le métier avec mon beau-père et à m’occuper aussi de l’élevage. J’ai repris en 2006, suite à la retraite de Jacques Misteli. » Les 38 hectares initiaux sont passés à 55 actuellement, paddocks individuels avec abri pour les chevaux, écuries confortables, manège, carrière, tapis roulant, et vastes herbages pour les mères. De beaux résultats sont à mettre au compte du palmarès de notre Normand : champion des 4 ans avec le bon étalon Jenny de la Cense (Dandy du Plapé), 2e des 6 ans avec Hibis du Theil (Papillon Rouge), 1er des 5 ans avec Quenotte du Moulin (Corail V), il eut aussi sous sa selle l’étalon Djalisco du Guet (Jalisco B) actuellement à la retraite à la Cense, et les bons performers Labrador de Brekka (Olisco), Galant d’Elle (Narcos II), Irma de Pience (Verdi), Infante des Chênes (Papillon Rouge) et même
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et contre tout
REPORTAGE JEUNES ElevAGES
Page de gauche, A gauche, Philippe Galliot, avec Neuf Decœur Tardonne (Apache d’Adriers), champion des 5 ans puis gagnant en CSI. Ph. E. Knoll Au centre, Emmanuel Vincent, ici avec Rush On du Houssoit (sBs, Ksar Sitte). Ph. H. Delaroque A droite, Anne Testelin et Désirade Vimaje, championne suprême des foals aux Journées de l’Anglo-arabe 2013. Ph. C. Vlemmings Ci-dessous, Thierry Ripoche tient en longe Sidylle du Lys (Lux Z), suitée d'un foal mâle par Baloubet du Rouet qui vient d'être vendu au stud-book Z en Belgique, une jolie vente pour le jeune éleveur de l'Indre. Ph. D. Reymond En bas à droite, Anne et Bertrand Château, en compagnie d’Ajaccio de l’Ebat, fils de leur étalon Propriano de l’Ebat. Ph. L. Jeangirard
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De nouveau prêt Les ventes de Jarnac et de Lamm de Fétan, son partenaire des championnats d’Europe 2009, ont éloigné Timothée Anciaume du haut niveau car il lui fallait former la relève. Une période de transition dont il a profité pour s’installer à Saint-Georges-sur-Fontaine en Seine-Maritime. Ce Normand de trente-cinq ans revient aujourd’hui à son meilleur niveau avec l’envie de revêtir la veste de l’équipe de France aussi souvent que possible !
I
l y a pile un an, alors que Timothée redémarre tranquillement sa saison au CSI3* d’Hardelot (4-7 avril), Philippe Guerdat lui propose de participer le mois suivant aux Coupes des nations de Division 2 à Drammen (Norvège) et Copenhague (Danemark). « J’étais un peu frileux, car je n’en avais pas fait depuis un moment et je pensais que c’était peut-être un peu tôt pour QUORIOSO PRÉ NOIR, mais Philippe m’a clairement boosté. » Avec raison puisque le couple participe à la victoire à Drammen grâce à son double sans-faute puis enchaîne avec une bonne prestation (4+0) à Copenha-
gue, où l’équipe prend la 2e place. « Ça a été génial, car ça m’a remis dans le bain des CSIO. Même si ce n’était pas de la Division 1, les CSIO3 et 4* sont déjà autre chose que les CSI3/4*. Il y a la qualificative, la Coupe des nations en deux manches, le Grand Prix : un format de championnat qui fait énormément progresser. » Le déclencheur d’une montée en puissance confirmée par la suite de sa saison 2013, terminée sur les CSI5* de Lyon, Paris, Londres et Malines, qui redonne forcément le goût du très haut niveau après deuxtrois années recentrées sur le Grand National et les CSI3*.
Objectif Coupes des nations Après avoir redémarré ses chevaux en mars lors de la Tournée des grêlons à Auvers (50), Timothée va participer aux CSI3* d’Hardelot (3-6 avril) puis de Lummen (9-13 avril) avant de faire un point avec Philippe Guerdat sur la suite du programme. « J’espère alors que mes chevaux seront prêts pour faire du 5*. J’aimerais participer à plusieurs Coupes des nations de Division 1. Mon objectif est de repasser un cap pour être vraiment compétitif à ce
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REPORTAGE TIMOTHEE ANCIAUME
à saisir sa chance !
C’est d’ailleurs sa passion pour la formation des chevaux qui l’a aidé à rebondir après les ventes de JARNAC et de LAMM DE FÉTAN, qui lui avaient permis de s’illustrer au plus haut niveau entre 2007 et 2010 avec, parmi ses victoires les plus marquantes, celles dans le GP5* GCT de Valence, les Coupes des nations d’Aix-la-Chapelle, Lummen et Gijon, ou encore les GP4* de Chantilly et de Bourg-en-Bresse, et de participer à ses premiers championnats d’Europe seniors à Windsor en 2009 (5e par équipes et 21e en individuel).
Former les chevaux, une passion
Après avoir disputé des Coupes des nations de Division 2 et des 4*, Timothée Anciaume a retrouvé le chemin des 5* en fin d’année dernière avec Quorioso Pré Noir (à g.) et Padock du Plessis-HN (ci-dessus). Photos C. Bricot et E. Knoll
niveau-là. J’ai cette année une écurie cohérente pour avoir deux piquets de chevaux pour sauter les gros concours d’ici cet été. Et j’ai, en parallèle, d’autres chevaux à former dans les nationaux et CSI2/3*. » Le Normand espère aussi accéder à davantage de CSI4 et 5* pour remonter dans le classement mondial – actuellement 132e – et pouvoir pousser à nouveau les portes des plus beaux concours mondiaux. « J’ai déjà bien remonté, mais c’est encore insuffisant. A part dans les CSIO ou dans les concours français, où le sélectionneur peut engager les
cavaliers qu’il choisit, quand on veut faire du 5* avec mon classement actuel, on est juste refusé ! A moi de faire davantage de gros concours pour reprendre des points. Les deux iront de paire. » D’autant qu’il regagnera alors en compétitivité. « Je ne suis pourtant pas un gamin et j’en avais déjà fait, mais la première fois que j’ai refait du 5* l’an passé, je me suis dit “Mince, c’est gros, ils vont vite”. Je n’ai pas eu peur, mais j’ai été un peu impressionné, reconnaît-il humblement. Quand on n’en fait pas régulièrement, on est au spectacle, on regarde les autres. En fin d’année, Philippe m’a fait enchaîner Lyon, Paris, Londres et Malines et je me suis senti de mieux en mieux. Je n’allais plus “au gros concours” mais “au concours”, et ça change tout ! Donc si j’en refais régulièrement, je vais forcément progresser. » Toujours dans la réflexion et l’analyse, il sait déjà exactement sur quoi travailler en priorité. « J’ai des chevaux assez au point techniquement, mais je dois gagner en rapidité dans les barrages des GP5*, en en faisant, mais en osant un peu plus aussi. Je ne regrette par exemple pas d’être parti vite dans celui du GP5* des Gucci Masters avec PADOCK DU PLESSISHN, car, même si je fais deux fautes (11e), j’étais seulement à 64 centièmes du vainqueur (Kevin Staut/SILVANA, ndla). Il faut oser en rater ou faire une faute de temps en temps pour évoluer. » Sur le plan mental, il se qualifie lui-même de « normalement froid ». « J’aborde la compétition de plus en plus sereinement. Je ne suis pas stressé. Mais j’ai besoin de temps avec les chevaux pour arriver au niveau souhaité. C’est ma façon de faire et d’appréhender les choses. J’aime prendre le temps de former un couple et je ne sais pas faire autrement. Et quand on arrive à haut niveau avec un cheval qu’on a formé, c’est au final forcément un plus, car il y a une meilleure connexion et encore plus de plaisir aussi. »
« C’était un coup assez dur à encaisser, car ce n’était pas prévu, même si LITSAM, qui avait évolué à leurs côtés sur les gros concours, m’a encore permis de me classer dans quelques belles épreuves après. J’ai eu peur, pas de sombrer mais de me démotiver, mais j’ai eu la chance de ne pas avoir de trou dans la qualité des chevaux, analyse-t-il avec le recul. J’ai rapidement eu de super jeunes chevaux à travailler et je me suis rendu compte que j’aimais autant ça que d’aller en concours. J’adore les monter, les voir progresser, essayer d’établir un programme cohérent... Evidemment, j’ai changé de vie, car j’ai arrêté le top niveau, mais je me suis remobiliser sur un autre projet : former des chevaux dans le but de revenir, sans en faire non plus une obsession. » En 2010 et 2011, OLYMPIQUE LIBELLULE, puis PADOCK DU PLESSIS-HN et QUORIOSO PRÉ NOIR rejoignent dans ses écuries QUARNAC DU MESNIL (par JARNAC justement), acheté à quatre ans grâce à la création d’un syndicat. Quatre chevaux aux caractères très différents (lire encadré p. 44), dont certains difficiles, mais tous dotés d’un gros potentiel, qui arrivent aujourd’hui à maturité. PADOCK et QUORIOSO ont commencé les CSIO et GP5* l’an passé. OLYMPIQUE et QUARNAC retrouvent, eux, leur meilleur niveau après des problèmes de santé. « J’ai la chance que mes propriétaires me suivent dans mon projet. Pas une seule fois en élaborant le programme je me dis “mince, ça va coincer”. » Cet hiver, ce cavalier opiniâtre a aussi récupéré deux autres chevaux déjà prêts pour les Grands Prix : EROS et VOLARE VAN DE BUNTE. Ces six chevaux, et les autres en formation, devraient lui permettre d’atteindre ses objectifs. Tout comme l’expérience déjà engrangée à ce niveau-là. « Lors des championnats d’Europe, j’avais senti une vraie poussée. J’avais découvert des choses sur moi, sur LAMM et sur la préparation que j’avais un peu ratée. Si je suis sélectionné pour un nouveau championnat, je la gèrerai différemment. Mon cheval était arrivé très prêt techniquement et physiquement, mais un peu émoussé. C’était mon objectif et, par envie de bien faire, j’en avais un peu trop fait. Je l’avais surentraîné le dernier mois. Des erreurs qui font avancer. »
Les Jeux mondiaux ? « Si j'y suis, je donnerai le meilleur » Même s’il fait pour le moment davantage figure d’outsider que de favori, Timothée fait partie des dix cavaliers en lice pour les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech Normandie. « Je pense que je suis dans les dix, car il faut en mettre dix, mais je suis aujourd’hui un cran en-dessous du niveau pour faire ça dans le sens où je n’ai pas encore fait ni prouvé assez de choses avec mes nouveaux chevaux. Pour moi, c’est un an
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