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Érectile MAGAZINE numéro cinq_cinq
août Chloé Leroy Coralie van caloen hélène wu ÉR
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Érectile MAGAZINE numéro CINQ_cinq Érectile est un magazine bi-mensuel gratuit extensif proposant des portraits, des interviews et des rencontres croisées de jeunes créateurs français. Ici, l’objectif est de parvenir à porter un regard plus objectif sur l’œuvre par le biais d’une démarche compréhensive du parcours de son géniteur. Nous souhaitons raconter des histoires plutôt que d’en inventer, avec simplicité – parfois – et sincérité – toujours.
Rédacteur en chef Matthias Meunier
Directeur de publication Yannis Mouhoun
Rédaction magazine Charlotte Gelas Perrine Hériot Inès Lockert Cindy Renard Thibaut Renoulet Héléna Gillant Marion Régnier
Conception graphique Matthias Meunier
Contact
matthias@erectilemagazine.fr
Site web
www.érectile.fr
Un projet de
www.medias-culture.fr
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Érectile [adjectif] ⁝
Dérivé d’érection ou du latin erectum, supin de erigere, ériger. Qui peut se gonfler et durcir par afflux de sang dans les vaisseaux.
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Se dit également de poils susceptibles de se dresser.
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D’un point de vue symbolique, l’ours est un animal possédant bon nombre de facettes. Dans la cosmogonie chinoise, Yu le Grand, créateur du monde, prenait la forme d’un ours afin de l’organiser. Les Inuits, eux, voient l’ours comme un symbole de grande force et de courage symbolisant également le pouvoir de l’inconscience et de la connaissance de soi. Cette dernière vision de l’image de l’ours peut également se rapprocher de celle que possédaient les alchimistes puisqu’ils voyaient en lui une forme d’initiateur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’ours possède également quelques points communs avec l’art. L’ours est considéré comme un animal violent et brutal. Il est pourtant capable d’être apprivoisé de manière très simple, mais n’en demeure pas moins capable de régresser violemment vers un état primaire, de la même façon que l’art peut lui aussi être considéré comme un moyen d’expression brut, primitif aujourd’hui apprivoisé et même intellectualisé. Enfin, tout comme l’art, quel animal s’est retrouvé apprivoisé pour être donné en spectacle et exposé aux yeux de tous dans les cirques et les foires ? Eh bien oui, il s’agit de l’ours. De la à trouver cohérente l’idée d’associer Érectile Magazine à un ours, il n’y qu’un poil...
RENCONTRE
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Fascinée par le corps humain,
Chloé Leroy nous transporte vers un univers hybride où les hommes et les femmes ne font qu’un.
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Érectile MAGAZINE numéro cinq_CINQ
chloé LEROY rencontre Entretien réalisé par
marion régnier
SIte internet de l’artiste
http://www.chloeleroy.fr/ ÉR
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l'argentique et la patience Salut Chloé ! Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi et ton parcours ? Merci de m'accorder de l'intérêt ! J'ai 24 ans, j'ai débuté la photographie très jeune mais j'ai commencé à vouloir en faire "mon métier" à 16 ans. J'ai récupéré des appareils reflex, des argentiques, mais je n'en faisais qu'une passion. À 18 ans j'ai commencé à faire quelques photos de concert, et puis j'ai découvert l'ETPA (École de Photographie et de Game Design). Je l'ai intégré en section Praticien photo, j'ai fait deux ans, j'ai eu mes diplômes. J'ai exposé lors du Manifest´off (Festival de photographie à Toulouse) puis les Rencontres de Castelfranc.
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Peux-tu nous décrire ton travail et les idées que tu souhaites faire ressortir ?
J'aime des axes de travail différents. J'adore les mises en scène, mais aussi les portraits, les séries dites documentaires et également l'urbex. Dans tous les cas j'aime donner un début d'histoire et laisser l'imagination des gens faire le reste. Pour moi les photos sont un moyen de dire des choses sans passer par les mots.
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Que penses-tu de la photographie actuelle et du retour à l’argentique très en vogue ?
Maintenant la photographie est beaucoup plus accessible, tout le monde ou presque a un boîtier numérique, un smartphone avec appareil photo 13mpx, ça peut suffire à faire une belle série ! L'argentique est à la mode car le numérique s'est démocratisé. Les émotions ne sont pas les mêmes, on ne voit pas notre photo de suite, il y a quelque chose d'excitant à l'idée d'attendre. À condition qu'on ne retouche pas sur Photoshop en rentrant !
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une fascination pour le corps humain Tu préfères travailler avec des personnes que tu connais, ou des inconnus ? Et pour quelles raisons ? Peu importe du moment que les gens m'inspirent. Je préfère quand même travailler avec des personnes qui n'ont jamais fait de photos. L'approche est intéressante, on discute, on propose, et souvent ça finit comme on imaginait. Je pense que le fait d'être une fille aide avec les autres filles ! J'ai moi-même participé à des séances photo (même si je ne suis pas modèle) pour voir ce que ça faisait de se retrouver sous l'œil de quelqu'un, de faire diriger et aussi se dénuder. Du coup je pense arriver à mettre les gens assez à l'aise pour ne pas être traumatisés quand c'est fini !
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Pourquoi cette fascination pour les personnes et le corps humain en général ?
J'ai toujours été observatrice, je ne sais pas trop pourquoi, je contemple tout : les gestes, le regard, ce que les gens regardent et des fois j'imagine leurs pensées. Sur les photos j'essaye de retranscrire ce mystère.
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LE troisième sexe Avant toute chose, je voudrais t’interroger sur ta série Identités, peux-tu nous en dire un peu plus et nous expliquer comment est né ce projet ? Ce projet est né en soirée ! C'était dans le cadre de l'ETPA je devais faire une grosse série sur un sujet libre. À la base j'étais fascinée par les transsexuels, je suis rentrée en contact avec quelques personnes mais je n'avais pas assez de temps pour la réaliser comme je voulais. J'étais donc dans une soirée entre potes et j'ai vu ma source d'inspiration, une fille très masculine, avec beaucoup de charisme, de présence. J'ai vu de suite les photos que je voulais faire.
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Dans ta série Identités, tu évoques les personnes dites androgynes, que souhaitais-tu faire ressortir de cette série ?
Je voulais montrer ses filles et ses garçons qui peuvent semer le doute. Toute personne ayant un physique sortant un peu de l’ordinaire se fait dévisager alors que je trouve qu'ils sont beaux. J'ai voulu montrer leur beauté, peu importe leur sexe.
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Pourquoi avoir choisi un minimalisme assez déroutant (absence de maquillage, de coiffure, lumière crue, corps nus) dans cette série ?
Pour ce sujet là je ne voyais pas vraiment d'habits. Le but n'est pas de les mettre dans une catégorie sociale mais de montrer leur beauté nue. J'ai fait en sorte que les indices sur leur sexe soient cachés puisqu'en fait, on s'en fout. La lumière est simple, le fond est gris, je ne voulais pas de contexte, juste leur regard. Lors de l'expo, un mec est tombé amoureux d'une photo pensant que c'était une fille. J'ai su que la série avait fonctionné !
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mes mains comme outils de travail Quels sont les artistes qui t’inspirent et qui te poussent à avancer dans ton travail ? Je n'ai pas d'artiste qui m'inspire en particulier. J'essaye de ne pas trop regarder des photos pour ne pas tenter de "reproduire". Mes idées viennent d'un sujet dont je vais entendre parler, d'une situation que j'ai vue, d'une personne que j'ai observée ou d'un sujet social qui me tient à cœur. Souvent les idées me viennent au coucher ou au réveil. Mon cerveau ressasse tout ce qu'il s'est passé dans la journée, il mélange tout ça et ça me fait un projet !
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As-tu d’autres passions qui viennent nourrir tes photographies ? Les tatouages en font-ils partie ?
J'aime tout ce qui est créatif, les tatouages forcément, les créations de bijoux, d'accessoires, ce qu'on appelle le Do It Yourself (DIY), je récupère, je bricole, je customise. Un peu d'écriture qui reste privée mais la photo prend le relais quand je n'ai pas les mots.
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Et pour finir Chloé, as-tu des projets que tu souhaites mener ? Touches-tu à d’autres moyens artistiques qui viennent alimenter ton travail photographique ? Des projets bien sûr, j'essaye d'exposer minimum une fois par an. Je ne vis pas de la photo et du coup ça me permet de me fixer un objectif. J'ai rejoint récemment un collectif photo qui s'appelle Ellipse. On a un sujet commun et chacun fait sa série autour de ce même thème. On expose une partie de notre projet fin septembre à L'Almanach (Toulouse). Ce collectif est un moteur pour faire fleurir les idées, c'est stimulant. J'ai également un peu aidé sur des tournages vidéo de Chill Mathieu pour trouver les bons cadrages, ça me plait bien seulement en tant qu'assistante, je préfère l'appareil photo !
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RENCONTRE
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Première joaillière à être publiée dans notre magazine,
Coralie Van Caloen réalise des bijoux sur demande et sur mesure.
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Érectile MAGAZINE numéro cinq_CINQ
coralie van caloen rencontre Entretien réalisé par
inès lockert
SIte internet de l’artiste
coralievancaloen.com ÉR
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parcours et vocation Bonjour Coralie, peux-tu nous parler de toi et de ton parcours ? Je suis une dessinatrice de joaillerie Belge, qui travaille entre Bruxelles et Anvers. J'ai commencé mon parcours dans une école orientée en section arts à 16 ans. À 18 ans je suis partie faire une foundation year en Angleterre. Ensuite je suis entrée à La Cambre en mode puis en création textile. À 23 ans je suis partie étudier le dessin de bijou à Bombay à l'IGI ( International Gemological Institute). De là je suis partie me former à Jaipur au Gem Palace, qui est un endroit fantastique pour découvrir les bijoux traditionnels indiens, les pierres de couleurs et rencontrer beaucoup de gens passionnés par les bijoux. Je suis ensuite partie 2 ans à Londres où je suis passée chez Alexander McQueen et une bijoutière "costume jewellery" de Westbourne Grove. Mais comme il fallait absolument que je me redirige vers la joaillerie je suis rentrée à Bruxelles car j'avais une excellente opportunité pour me former dans maison de joaillerie Belge. En parallèle j'ai étudié la gemmologie au HRD (hooge raad voor diamant) à Anvers. J’ai alors pu me lancer à mon compte à 27 ans.
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Qu’est ce qui t’a poussé vers la joaillerie ?
Je n’en ai aucune idée. Personne dans ma famille ni dans mon entourage ne travaille dans la joaillerie, mais j'ai toujours adoré les bijoux. J'en fais depuis toujours. Il paraît que ma couleur préférée était "brillant" et dans mon souvenir j'ai toujours eu des boîtes et des boîtes de perles de rocaille. C’est tout naturellement que j'ai alors vendu mon premier bijou à 17 ans.
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Qu’est ce qui qualifie pour toi un bon, un beau, bijou ?
Un beau bijou doit réunir des qualités de fabrication, de matériaux, d'équilibre de proportions. Regardez-le de très près, les finitions sont importantes. La couleur de la pierre, sa vie, son éclat. L'alliage de l'or aussi. En dessous de 18 carats, pour moi, mieux vaut faire un bijou en argent et ne pas faire de mélanges de 14 ou même 9 carats. L'argent est un magnifique métal.
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l'adn d'un univers Lors de nos précédents échanges, tu évoquais les voyages. S’agit-il pour toi de sources d’inspirations, de recherches de matériaux, d’un style particulier ? Les voyages, ça dépend d'année en année. Parfois je bouge énormément, parfois beaucoup moins. Pour moi c'est important, je connais très bien Bruxelles et j'aime aller voir comment ça se passe ailleurs. J'ai des amis bijoutiers éparpillés un peu partout et on s'aide quand on peut. Quand je voyage j'essaye toujours de rencontrer ou découvrir des bijoutiers. J'étais à San Francisco quelques semaines au mois de juin et j'ai contacté un lapidaire que j'avais repéré sur Instagram. De là j'ai découvert tout un nouveau style de bijoutiers américains, à l'opposé du style "luxe et tradition à l'européenne". Disons qu'eux sont plutôt costauds, tatoués jusqu'au cou et font des bijoux qui ressemblent à des pièces de mécanique, remplies de pierres. Et ça a un succès fou. J'adore découvrir ça. Le style indien m'a aussi beaucoup influencé je pense, j'adore l'or jaune et les pierres de couleurs. Aujourd'hui mon atelier est en Belgique et je n'aime pas partir trop longtemps, c'est bête mais mon travail me manque vite. Voyager et rester, on veut toujours tout.
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Tu travailles énormément autour des gemmes et de l’entrecroisement de lignes, est-ce ton ADN, ton univers, d’où te vient ce style ?
De nouveau, aucune idée. Je ne sais pas si j'ai un style. Je sais ce que je n'aime pas du tout et ce qui m'attire spontanément. Au fur et à mesure en regardant mon travail je vois effectivement des choses qui reviennent souvent et je suppose que c'est ça mon style. J'adore les pierres, la couleur naturelle de l'or, tout ce qui est végétal m'inspire beaucoup.
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la pierre, clé de voûte du bijou Comment choisis-tu les pierres que tu utilises, et par extension les matériaux en général ? C'est très simple, pour les pierres c'est au cas par cas, parfois les gens viennent avec leur propre pierre provenant de bijoux anciens, sinon ils me parlent de ce qu'ils aiment et je cherche les pierres pour eux, à Anvers ou dans les foires de bijoutiers. À force de passer du temps à chercher des pierres on sait où trouver laquelle correspond car ce n'est pas si simple que ça au final. Ce que je déconseille toujours, c'est d'acheter des pierres en voyage. Même dans les magasins "officiels". Souvent je suis désolée de découvrir qu'elles sont fausses une fois examinées au microscope, c’est extrêmement frustrant pour tout le monde. Mais si le but est plutôt de ramener un souvenir que de faire une bonne affaire c'est différent. Ne dépensez pas trop en tout cas. Pour les montures je n'utilise que l'or à minimum 18 carats ou le platine. C'est un travail à l'ancienne, artisanal et de la meilleure qualité. L'argent est un métal merveilleux mais pour l'instant je suis assez occupée avec l'or.
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Comment procèdes-tu afin de concevoir puis réaliser un bijou ?
Tout commence par des discussions. Je dessine souvent des croquis rapides pendant le premier rendez-vous avec mon client, ou bien je note si j'ai besoin que les infos "infusent" pendant quelques jours pour avoir d'autres idées. On choisit ensemble la pierre qu'on utilisera car en joaillerie le dessin se fait autour de la pierre, il faut la mettre en valeur. Il faut aussi tenir compte du mode de vie de la personne qui portera le bijou, de sa personnalité et de sa morphologie. On se revoit ensuite plusieurs fois et quand le projet est décidé, il part aux ateliers et le délai est plus ou moins de 2 mois pour la fabrication. Ça dépend. Plusieurs personnes travaillent sur un bijou, le joaillier, le sertisseur, parfois un lapidaire et ainsi de suite. Un jour j’ai dû envoyer une bague au Japon avec un magnifique saphir qui est arrivé là-bas pile au moment du séisme de 2011, j'ai mis quelques jours à retrouver sa trace. Ensuite on a essayé de l'envoyer à notre client sur une île thaïlandaise, puis à Berlin et pour finir elle est partie en Grèce. Et enfin la demande de mariage avec la bague a pu se faire.
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Quel est ton projet le plus surprenant, le plus conséquent ?
J'aime à chaque fois développer quelque chose de nouveau mais récemment j'ai fait une bague qui sort de l'ordinaire, une monture faite de muguet en or blanc et diamants, toutes les fleurs cerclant un magnifique saphir kashmir.
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bijouterie vs joaillerie Souhaites-tu te cantonner uniquement à la joaillerie ou ton territoire d’expérimentation s’étend-il davantage ? Je suis très frustrée de tout ce que je n'ai pas encore pu explorer en joaillerie donc je reste dans ce domaine. De temps en temps j'ai essayé d'apprendre d'autres disciplines mais ça ne m'intéresse jamais autant, et je pense qu'au plus on se spécialise au plus c'est fascinant. Mais j'aime aussi dessiner et peindre.
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Quelle est la tendance en joaillerie en ce moment ? Comment te places-tu dans cette tendance ?
Déjà ce n'est pas toujours facile de distinguer joaillerie et bijouterie, les gens confondent souvent. Pour ce que je vois des bijoux en général, pas mal de formes géométriques, des bijoux de phalanges, des mini anneaux, des boucles d'oreilles qui remontent sur l'oreille, et aussi les bagues articulées en longueur sur le doigt. Pas mal de pavage, c'est-à-dire des montures remplies de brillants. Énormément de pierres irrégulières montées très simplement et entourées d'une rangée de brillants. C'est vague évidemment... beaucoup de créateurs ont un style propre. Ça dépend aussi des pays, ce n'est pas exactement le même goût en France ou aux États-Unis ou en Asie. Comme je fais du sur-mesure, je m'informe des tendances mais je n'essaye pas de les suivre. C'est une autre démarche. Le bijou sur mesure est un achat trop important et symbolique, il ne peut pas se démoder en fonction des saisons.
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Tu es la première joaillière à être publiée dans notre magazine. As-tu un conseil à donner à ceux qui souhaiteraient suivre cette voie ? Souvent les parcours sont assez atypiques chez les joailliers indépendants. Pour entrer dans une maison parisienne traditionnelle, c'est plus classique, les gens et les parcours sont plus franco-français. Maintenant il faut aussi maîtriser les outils de dessin 3D pour avoir plus de chances de décrocher un job. Commencer tôt, c'est une bonne chose, si possible. Il y a beaucoup de choses à apprendre pour être crédible car les clients dépensent des sommes importantes, et n'ont pas envie de se trouver face à des amateurs quand ils achètent une bague avec un diamant ou un saphir. Il faut aussi pouvoir tout expliquer aux gens car l'achat d'un bijou peut être très mystérieux quand on ne s'y connaît pas. Il faut également connaître les pierres et étudier la gemmologie, les techniques de fabrication, passer beaucoup de temps avec des artisans pour voir les bijoux être réalisés si on ne les fait pas soi-même. Visiter des expos, regarder tout le temps le travail déjà fait et ce qui se fait aujourd'hui, et bien sûr savoir bien dessiner est l'idéal. Aux ateliers on parle de bijoux toute la journée, on ne se lasse jamais. Il vaut mieux être vraiment passionné.
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C'est pour offrir ? ⁝
As-tu un site internet ou un lieu où l’on peut acquérir tes bijoux ? Quelle est la gamme de prix ?
J'ai un site coralievancaloen.com, mais mes pages Facebook et Instagram sont plus vivantes. /Coralievcaloen pour l’Instagram. Pour ce qui est des prix, ils commencent vers les 2500 euros pour une monture de bague en or et ensuite le plafond, c’est selon les pierres choisies. Fines ou précieuses, ce n'est pas ce qui est important, c'est la couleur et l'éclat qui comptent. Pour les pierres c’est confidentiel et je ne communique que les prix des montures. Mes montures sont uniquement en or 18 carats ou en platine, pas de bijoux en argent pour le moment. Mais peut-être un jour...
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Une poésie visuelle : entre modernité et motifs anciens. Entre minutie et intuitivité. Découvrez les fresques aux arabesques virtuoses d'
Hélène Wu.
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Hélène Wu rencontre Entretien réalisé par
héléna gillant
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l'argentique et la patience Hélène Wu est l'une des élèves du peintre confirmé Rémy Cherbo. Celui-ci utilise une technique très spécifique qu'il n'hésite pas à enseigner. À travers ses toiles, Hélène invente alors une histoire élaborée par des lignes et des arabesques tel un enlumineur du XXIème siècle. Nous l'avons questionnée sur la relation disciple/professeur et sur les artistes qui l'inspirent... C'est donc un entretien sous le signe de l'héritage et de la transmission artistique. Qu'as-tu à partager avec nous sur ton parcours ? Après l'obtention d'un BAC général scientifique, j'ai suivi un cursus dans le domaine des sciences humaines et sociales, mention psychologie. Licenciée, j'ai décidé de prendre une année sabbatique pour reprendre mes études dès la rentrée prochaine, en master. Je me décrirai comme atypique et bipolaire. Je vous laisse à vos réflexions me concernant… Peut- être que la suite vous en apprendra davantage...
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Peux-tu nous parler de ta première rencontre avec Cherbo ? À l'âge de 16 ans, je souhaitais prendre des cours de dessin. Je suis allée à la rencontre de plusieurs professeurs. Avant chaque rencontre, je prévenais par téléphone de ma visite ou pour convenir d'un rendez-vous. Le troisième appel passé m'interpella. L'homme que j'avais eu à l'autre bout du fil m'avait fait une tirade d'une dizaine de minutes sur le fait qu'on ne pouvait pas être nulle en dessin. C'était l'adjectif que je m'étais attribué pour situer mon niveau en dessin quand il me demanda mon expérience dans le domaine. Ma rencontre avec Cherbo fut… MAGIQUE ! Je n'avais jamais rencontré une personne aussi passionnée ! Il était hypnotisant et avait surtout le don de donner confiance en soi. Il croyait en chaque élève.
La première fois que je l'ai vu, je l'ai immédiatement comparé au Père Noël, c'était plus fort que moi ! Il a un visage très souriant, aux joues rouges, une petite barbe blanche. De la joie et de la vie se dégagent de sa personne, un magnétisme que je ne saurai vous décrire... Cherbo est l'une de mes plus belles rencontres, il m'a énormément apporté et au-delà du domaine artistique. C'est un excellent professeur qui sait faire partager sa passion pour les arts. Il a une belle personnalité. À cette époque, il était déjà à la retraite et avait exercé, en tant que professeur d'arts plastiques, au collège où j'avais été élève. Nous nous serions croisés à quelques années près... Est-ce un hasard ?
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une technique bien particulière Peux-tu nous expliquer les étapes et les spécificités de la technique de Cherbo ?
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Cherbo a lui-même qualifié sa peinture "d'abstraction lyrique". Chaque réalisation s'accompagne inévitablement de musique. Le choix du papier est important. Il doit respecter un critère avant tout, être assez épais (250-300g/m). Cas exceptionnel : le papier miroir. En effet, ce dernier n'absorbe pas du tout l'eau ou les couleurs,je dirais tout simplement qu'elles se posent juste dessus en séchant. Travailler avec ce genre de papier présente des difficultés supplémentaires. Il est possible d'utiliser des papiers de textures atypiques et de couleurs diverses. C'est une question de goût. Il est évident que certains d'entre eux sont plus difficiles à manipuler. Puis vient le choix des couleurs. Il est possible d'utiliser des encres, des lavis ou encore des encres pailletées. Le blanc est primordial, il est présent pour adoucir et lier les couleurs entre elles. La musique doit guider nos mouvements sur le papier. On commence par le blanc et à l'aide d'une pipette, qu'on utiliserait comme un pinceau, on laisse le rythme de la musique guider les gestes de la main. Quelques traits suffisent pour obtenir le tronc de l’œuvre. Les couleurs sont mises en suivant l'amorce réalisée au blanc, ici et là. Le piège à éviter est de ne pas étaler les couleurs partout. En effet, avec l'eau, celles-ci vont se mélanger entre elles. La pratique et l'expérience permettent de doser correctement la quantité d'encres à utiliser.
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Avec un gros pinceau qu'on imbibe d'eau, on va étaler de l'eau sur toutes les parties vierges de la feuille. Puis, en tenant la feuille légèrement en biais, on frôle avec un pinceau les couleurs, elles vont d'elles-même, couler à leur guise… C'est la partie de la réalisation que je préfère. Je suis en grande admiration sur les couleurs qui se mêlent les unes aux autres. Les couleurs sont vives, magnifiques mais tellement éphémères… En effet, après séchage à l'air libre, elles perdent malheureusement de leur éclat. Il m’est déjà arrivé de capturer cet instant tant j'étais admirative des mélanges obtenus. Quand tout est bien sec, c’est au tour de la plume d'effectuer le reste de l’œuvre. Armé d'un peu d'imagination et s'inspirant de tout ce qui nous environne, notamment des formes que la nature nous offre, on commence à interpréter ce que l'eau, les couleurs et le hasard nous ont légué, par le biais d'éléments graphiques. Le graphisme peut être chargé ou léger, c'est selon l'inspiration de chacun. Le choix de l'encre se fait également selon les envies de chacun, il est possible d'utiliser du blanc, du noir ou encore de couleurs.
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faire place à l'aléatoire Pour tes propres compositions avec cette technique comment envisages-tu le choix des couleurs et la composition ? Quelle place accordes-tu à l'aléatoire ? Je dois bien avouer : je ne prémédite rien. J'avance selon mes envies du moment. Le choix des couleurs, du papier et de la composition se fait sur le tas ! Cela me surprendra toujours, car il est impossible d'obtenir ce que l'on veut avec cette méthode. Le hasard a une grande place dans chaque composition. J'aime défier le hasard. Combien de fois ai-je dû faire une bavure, avec ma maladresse naturelle ? Mais tout se rattrape, c'est un défi de plus à relever.
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Quels sont tes artistes favoris ?
J'affectionne tout particulièrement un artiste de renommée mondiale, di Maccio. C’est un modèle pour moi, c’est un perfectionniste dans l'âme, un passionné qui travaille avec une telle minutie ! Ses œuvres sont absolument magnifiques. On lui doit la plus grande toile du monde, jamais connu, qui mesure 27m de long et 9m de large. J'ai réalisé un dessin, m'inspirant de ces décors et de ces modèles féminins. J'y ai passé plus d'une trentaine d'heures et c'est le seul dessin que j'ai encadré. Mon unique fierté. Par ailleurs, j'ai découvert un artiste, par l’intermédiaire d'une amie, qui travaille avec un outil dernier cri, la tablette graphique : Benjamin. Ses œuvres sont juste une claque pour nos yeux, une profusion de couleurs qui nous captivent et nous piquent les yeux. J'aime l'expression de ces jeunes femmes qui expriment tant l'insolence que l'insouciance. Ces décors nous sont à la fois familiers et virtuels par leurs couleurs. Cherbo m'a fait découvrir deux autres artistes pour qui j'ai, aujourd'hui, beaucoup d'admiration, Bilal et Hajime Sorayama. J'affectionne le style de Bilal, ses œuvres sont entre esquisse et peinture. Sans pouvoir l'expliquer, ces dessins me captivent. Concernant le travail d'Hajime Sorayama, il ne faut pas avoir froid aux yeux, en effet, c'est un dessinateur hors pair de dessins érotiques, de femmes respirant la sensualité et le désir. Par ailleurs, il dessine des femmes-robots, toujours dans le domaine de l'érotisme, d'une grande minutie. Il étudie les reflets métalliques, il est devenu un virtuose dans le domaine ! Je pourrais continuer à citer encore d'autres artistes, tout aussi talentueux, mais j'aimerai surtout vous faire part de mon penchant pour le romantisme noir. Si vous ne connaissez pas ce courant, je vous laisse le découvrir…
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créer son univers Comment es-tu venu au dessin ? Comment t'exerces-tu ? Quel est ton médium préféré ? Comme beaucoup je pense, j'ai beaucoup gribouillé chez moi, devant la télé, en écoutant de la musique. Au départ, le résultat ne ressemblait pas à grand-chose, je dois bien l'avouer. J'ai décidé de prendre des cours de dessin pour m'améliorer, au vu de mon projet professionnel qui me dirigeait vers les arts appliqués. En dehors des cours de dessin que je prends, depuis maintenant 6 ans, je dessine davantage chez moi où je suis plus à l'aise, toujours avec de la musique. Cette dernière m'accompagne dans quasiment toutes mes actions quotidiennes. Je ne pense pas être la seule à proclamer que la musique est devenue indispensable à ma vie. L'outil que je préfère ? Il se trouve partout, accessible à tous, connu de tous et manipulé depuis l'enfance… C'est le crayon de bois gris ! J'aime jouer avec les ombres. Passer du plus foncé au plus clair et cela juste en manipulant un seul et même outil de travail. Eh oui, je trouve cela stupéfiant tout ce que l'on peut faire avec ! Il est pourtant si simple à manipuler et à maîtriser. On le taille à sa guise. Je l'utilise avec sa mine pointue pour les traits qui demandent de la précision et de la rigueur ou encore à plat pour colorier un espace vide. C’est un outil de travail fabuleux et que j'affectionne tout particulièrement.
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En quoi ton approche se démarque de celle de Cherbo ?
Cherbo a toujours réalisé des tableaux rectangulaires, horizontaux ou verticaux. Je trouvais cela trop carré et conventionnel. Ma première composition à la Cherbo fut un rond ! J'ai adoré la réaliser ! De plus, n'étant pas à l'aise avec toutes ces encres qu'il me présentait. J'ai trouvé une échappatoire en ayant l'idée d'utiliser du pastel sec comme fond. Médium que j'ai réutilisé pour une autre création Pour la première exposition Cherbo et les élèves de son atelier, Rondo fut remarqué grâce à ses couleurs plus claires et sa forme. L'année dernière, j'expérimentais le losange. Ce fut un vrai plaisir de sortir des formes conventionnelles...
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La place de la minutie, de la précision dans ton travail ?
Avec la technique de Cherbo, l'interprétation de chacun joue énormément dans chaque réalisation. Je suis une insatisfaite innée, c’est la raison pour laquelle, je reviens sans cesse sur mes dessins. Le piège avec la technique de Cherbo, c’est qu'il est toujours possible de remanier infiniment sa composition. Le graphisme demande de la rigueur et de la minutie. J'aime passer des heures penchée sur ma feuille, le visage situé seulement quelques centimètres du papier, à dessiner des traits, par-ci par-là, jusqu'à en avoir mal au cou et les yeux brouillés. C'est ça le plaisir, celui de ne pas voir le temps défiler, trop absorbé à dessiner.
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Au fil des envies Quel est ton rapport aux expositions et à l'actualité artistiques ?
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J'aime flâner dans les musées, observer, décortiquer chaque détail d'une œuvre. Parfois, je laisse libre cours à mon imagination lorsque je suis face à de l'art abstrait. J'adore aller en région parisienne ! Il m'est arrivé de faire une journée « marathon musée », c'était tout simplement génial ! Paris est vraiment la capitale de la culture artistique. Habitant en province, je profite des expositions proposées par la ville et ses alentours. Les artistes locaux sont très intéressants, la sensibilité de leur travail me touche. Autrement, il ne faut pas négliger les artistes qui sont sur la toile. Internet est un moyen de se faire connaître et de faire partager sa passion. Les artistes l'ont bien compris. Ils se mettent en avant leurs travaux via des blogs et les réseaux sociaux. J'en ai découvert certains grâce à ces derniers. En particulier, grâce à Érectile !
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Quelle tournure voudrais-tu que ta "carrière" artistique prenne ?
Je ne veux rien et n'attends rien. Je fais les choses selon mes envies. Je veux faire partager ma passion immodérée pour l'Art. Rien de plus. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Je ne peux donc pas vouloir qu'on apprécie mes travaux.
Érectile MAGAZINE numéro cinq_cinq
août Chloé Leroy Coralie van caloen hélène wu ÉR
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