Le Monde des Volcans N9

Les volcans du Monde

N° 9

Septembre 2013

Haroun Tazieff Porto Folio Cônes et cratères

Les bienfaits des volcans

Sommaire

Edito 2

Le mot de la rédaction

News 3

Éruption en cours, nouveaux livres et coups de cœur

Article 7

Haroun Tazieff

Porto folio 13 Solfatare

Dossier 23

Les bienfaits des volcans

Volcan vu du ciel 28 L’île de Surtsey

Edito Le Monde des Volcans Revue trimestrielle éditée par E. Reiter Contact: eric.reiter73@gmail.com Rédacteur en chef: E. Reiter Personne(s) et institution(s) ayant collaboré à ce numéro: C. Grandprey, Geonet, INSIVUMEH, B. Rose N. Schaegis, E. Reiter Photos de couverture:

H. Tazieff à l’honneur

1ère de couv.: la solfatare de Hverir. Photo: E. Reiter 4ème de couv.: Grjótagja,

une source thermale jaillissant dans un tunnel de lave Pour avoir plus de renseignements sur les sujets abordés et connaître les sources des articles, consultez http:// lemondedesvolcans.p.ht/ Webzine/sources.htm

Pour ce numéro anniversaire (eh oui, déjà deux ans depuis le premier numéro de votre magazine!), nous avons ouvert nos pages au Centre Haroun Tazieff. En effet, en 2014, nous fêterons le centième anniversaire de ce célèbre volcanologue. Alors quelle meilleure occasion pour en parler? Ainsi, de nombreux membres de l’association qui perpétue sa mémoire ont pris la plume pour nous relater sa vie qui a bien des aspects (volcanologie, action politique de prévention des risques…). Nous les retrouverons aussi dans notre prochain numéro avec un calendrier des manifestations prévues pour célébrer ce centenaire.

Dans notre numéro 7, nous avions abordé les risques volcaniques. Or il est connu que plus d’un million de personnes de par le monde habitent à proximité d’un volcan. Quels avantages trouvent-ils à vivre à l’ombre de tels « monstres » pouvant entrer en éruption et, parfois, tout emporter dans leur colère?

Les volcans ne sont pas uniquement source de destruction mais apportent aussi par leur activité bon nombre d’avantages: savez vous, exemple, que l’Islande est le premier producteur européen de bananes grâce aux sources d’eau chaude qui permettent de chauffer des serres? Ce sont tous ces avantages que nous allons étudier dans notre dossier consacré aux bienfaits des volcans.

Enfin, notre porto-folio vous fera découvrir les extraordinaires couleurs des solfatares et leurs différents phénomènes (sources chaudes, jets de vapeur, marmite du diable, …)

Bonne lecture Eric

News Magma Selon une étude réalisée par l’Université de Washington, le magma peut rester stocker dans une chambre magmatique durant plusieurs centaines de milliers d’années. Durant cette période, il subit d’importantes modifications physiques et chimiques qui ont un impact majeur sur les futures éruptions du volcan. En effet, ces processus rendent le magma plus riche en silice et donc plus visqueux. Ainsi, plus un magma séjournera longtemps dans la chambre magmatique, plus la possible future éruption sera explosive (Photo: le massif volcanique de Kerlingarfjöll, connu pour ces roches riches en silice © E. Reiter).

Sakurajima (Japon) Fin août, le Sakurajima a connu une éruption plus violente que son activité ordinaire. Celle-ci a projeté des cendres à cinq kilomètres d’altitude. La ville voisine de Kagoshima a été en partie recouverte de cendres et le trafic ferroviaire a fortement été perturbé. Depuis, l’activité a repris de manière habituelle (Photo: source Webcam du Sakurajima)

Livre Un nouveau livre de photos sur l’Islande vient de paraître.

Il fait, bien entendu, la part belle aux volcans mais vous y trouverez aussi des photos de cascades, des fjords, d’icebergs et de tous ces paysages qui rendent l’Islande unique.

Le livre est consultable gratuitement à : http://lemondedesvolcan.p.ht/Ebooks

News White Island (Nouvelle Zélande) Le 21 août dernier, White Island, volcan situé au large des côtes néo-zélandaises, a connu une activité phréatique, propulsant des cendres à quelques centaines de mètres de hauteur. Par la suite, le panache de vapeur généré est monté à plus de cinq kilomètres d’altitude (Photo © Geonet). .

Santiaguito (Guatemala) Au cours des derniers mois, on a assisté à une accumulation de blocs dans le cratère Caliente sous l’effet de l’extrusion de lave dans ce dernier. Il n’est donc pas surprenant que le 22 août à 17h45 (heure locale) une série d’effondrements se soit produite au niveau de la lèvre sud-est du cratère. Comme d’habitude, ces effondrements ont généré des coulées pyroclastiques qui ont atteint la base sud et sud-est du complexe volcanique. Cette activité s’est également accompagnée de forts grondements, de projections de bombes volcaniques jusqu’à 500 mètres de distance, ainsi que de colonnes de cendres jusqu’à 4000 mètres. (Texte: C. Grandprey (source: http://volcans.blogs-de-voyage.fr/2013/08/23/santiaguito-guatemala-19/ ). Photo © INSIVUMEH)

Carte des webcams En suivant le lien ci-dessous, vous trouverez une carte recensant une grande partie des webcams pointées vers des volcans. Dans un souci de simplicité, la dernière image prise par la webcam a été intégrée à la carte. http://lemondedesvolcans.p.ht/html/webcam.htm

News Hofsjökull (Islande) Fin août, la rivière glacière Vestari-Jökulsá, provenant de la fonte du glacier Hofsjökull, a rapidement changé d’aspect selon des observateurs sur place. La couleur de ses eaux a changé, prenant une teinte grise, l’eau s’étant chargée de cendres. En outre, une odeur de soufre émanait de la rivière. Plus l’on s’approchait du glacier, et plus ces phénomènes prenaient de l’importance.

Ces phénomènes ont pour origine une activité hydrothermale plus forte que la normale sous le glacier. (Photo © E. Reiter)

Italie Deux nouvelles en provenance d’Italie: un nouvel évent éruptif s’est ouvert le 23 août dernier au sommet du Stromboli. Il ne modifie en rien l’activité du volcan et reste pour le moment moins actif que les deux bouches déjà existante.

Un nouveau « geyser » a vu le jour fin août, dans la banlieue de Rome, à quelques pas de l’aéroport international. Ce phénomène se manifeste par des projections de boue autour d’un évent. Ces projections ont commencé à créer un petit cône. (Photo: Image de la caméra thermique du Stromboli © INGV CT)

Etna (Sicile) Depuis début septembre, l’Etna émet de manière sporadique de petits panaches de cendres depuis le Nouveau Cratère Sud-Est. Les matériaux éjectés ne sont pas de la fraiche mais sont constitués de fragments de roches « anciennes ».

Le 7septembre, alors que l’activité strombolienne reprenait au Nouveau Cratère Sud-Est, le fond de La Bocca Nuova s’effondrait, créant un pit crater.

Cette activité est la première manifestation volcanique de l’Etna depuis plusieurs mois. (Photo © E. Reiter)

News Santa Maria (Guatemala) Les 28 et 29 août, un abondant dégazage s ‘est produit à partir du dôme Santa María's Santiaguito, générant un panache de 2,7 kilomètres d’altitude. Des explosions se sont produites entre le 29 et le 31 août engendrant des panaches de cendres. Des avalanches de blocs se sont produits sur les flancs Sud et Est. Le 31 août, un lahar s’est déclenché sur le flanc Sud charriant des blocs de roche de deux mètres de diamètre, des branches et des troncs d’arbre. Dans la nuit du 2 au 3 septembre, plusieurs explosions ont généré des panaches de cendres. (Photo © B. Rose, MIT)

Exposition Une exposition photos consacrée aux solfatares se déroule actuellement sur Internet: http://lemondedesvolcan.p.ht/expo-solfatare/

Fiumicino (Italie) Le 24 août, un volcan de boue est subitement apparu à Fiumicino, dans la banlieue de Rome, à seulement quelques centaines de mètres des pistes de l’aéroport international.

Ce volcan expulse de la boue et un panache de gaz composé de dioxyde de carbone et de composés soufrés. Les volcanologues italiens étudient actuellement le phénomènes afin d’en connaître l’origine exacte.

Haroun Tazieff Texte: S. Leleu, F. Lavachery, M. Bof, J. Varet, C. Grandpey, T. Del Rosso Photos: Centre Haroun Tazieff

Personnage médiatique, il a été l'un des pères de la volcanologie contemporaine et un pionnier de la communication entre les volcanologues et le grand public. Il a démontré la nécessité d'expéditions pluridisciplinaires sur les volcans actifs et les volcans en éruption. Avec les collaborateurs qu'il s'est choisis au long de quarante années d'expéditions, il a développé la recherche sur le rôle des gaz dans les dynamismes éruptifs, sur la présence d'eau dans les magmas, sur le volcanisme sous-marin, sur les techniques de mesure des variations de champ magnétique en liaison avec l'activité éruptive, sur l'observation directe de la dérive des continents, sur les échanges de masses et d'énergie entre les appareils volcaniques et l'atmosphère. Il a largement contribué à révolutionner une science qui n'était guère reconnue sinon quasiment inconnue en Belgique et oubliée en France.

observa au plus près la première éruption, décida de l’orientation de sa vie, il laissa de côté sa carrière d’ingénieur –il ne sera jamais carriériste- pour vivre une vie d’aventure et parfaire la connaissance du monde fascinant et méconnu des volcans en éruption.

En 1951, invité comme cameraman de l’extrême au sein de l’équipe Lépineux de spéléologues qui découvrit et explora le gouffre de la Pierre-Saint-Martin, dans les Pyrénées Atlantiques, alors le gouffre le plus profond jamais découvert, il y fit la connaissance du physicien Jacques Labeyrie avec lequel il développera la recherche en volcanologie au CNRS. En 1952, par la faute d’un treuil mal conçu, la deuxième exploration du gouffre fut fatale au grand spéléologue Marcel Loubens, qui chuta aux pieds de Tazieff. Après ce drame, il eut encore plus à cœur d’assurer la sécurité de ses équipiers. La même année, il explora les fonds marins de la Mer Rouge avec le commandant Cousteau, à bord de la Calypso.

Il a été l'un des pères de la

volcanologie contemporaine Haroun Tazieff est né le 11 mai 1914 à Varsovie (en Russie tsariste à l’époque), d’un prince tatar, officier médecin dans le corps de la Division Sauvage, mort au front en 1914. Sa mère, Zénitta, chimiste et docteur en sciences politiques, était une femme au caractère très fort, douée d’une remarquable intelligence et d’une grande culture. Ils émigrèrent en Belgique en 1921. De caractère spontané et exubérant, sa mère lui inculqua discipline et rigueur, qualités qu’il développera par la pratique intensive de la boxe. Pratiquant le rugby avec passion, ce sont l’alpinisme et la spéléologie dont il était féru qui lui furent les plus utiles pour ses explorations de cratères inviolés de volcans actifs sur tous les continents. Sous l’Occupation allemande, tout comme sa mère, il fut très actif au sein de la Résistance : sabotages de voies ferrées, aides aux familles juives.

Il fut envoyé après la guerre, comme prospecteur minier au Katanga. En effet, il avait obtenu en 1938 à la faculté de Gembloux un diplôme d’ingénieur agronome. Pendant la guerre, il poursuivit des études de géologie et de minéralogie à Liège. Très vite, il se fit remarquer et se mit à dos sa hiérarchie.

Une des caractéristiques du personnage, c’était son franc-parler et son refus des compromissions. Sa rencontre avec le Kituro, volcan du Kivu dont il

Parmi ses découvertes et celles des équipes qu’il a formées et conduites, on peut citer la mise en évidence, avec les chercheurs du CEA de Grenoble, des corrélations entre ascension du magma et micro variations du champ magnétique local, celle de la faille axiale du fossé d’effondrement de la Mer Rouge, repérée lors de la première expédition du navire océanographique « la Calypso » du Commandant Cousteau en 1952 ou celles des lacs de lave en fusion du Nyiragongo, au Congo.

Premier scientifique à observer les éruptions sous les bombardements de lave, Haroun Tazieff, en 1957 aux Açores, a découvert et expliqué le dynamisme très particulier des éruptions sous-marines qui sont de loin les plus nombreuses du globe.

En 1959, il réalisa son 1er long métrage « les Rendezvous du diable ». Il souhaitait d’une part vulgariser auprès du grand public ses découvertes et surtout financer ainsi ses travaux. Cette démarche inhabituelle mais conseillée par Paul-Emile Victor, fut jugée suspecte dans le monde de la recherche scientifique. En 1966, il réalisa « le Volcan interdit », film nominé aux oscars en 1967.

Sa démarche scientifique reposait sur le travail en équipe, il s’entourait de personnes avides de faire de découvertes scientifiques, spécialistes de leur domaine mais alliant aussi une pratique sportive. Toutefois, vu la personnalité très forte du personnage, son côté volcanique, il lui arrivait d’émettre sur les gens des jugements sans nuance sur lesquels il avait beaucoup de mal à revenir. Cela ne l’a pas empêché de garder durablement des amitiés et d’être à l’origine du travail en équipes pluridisciplinaires sur les volcans actifs.

Cherchant dès le début des années 50 à constituer des équipes pluridisciplinaires pour l’étude des volcans actifs, il obtint le concours précieux du Commissariat à l’Énergie Atomique qui lui accordera dans les années 70 et 80 l’assistance de ses équipes de terrain, le CEA participant au programme de recherches coordonnées que Tazieff dirigeait comme directeur de recherches au CNRS et en tant que responsable des observatoires de surveillance volcanologique des départements d’Outre -Mer. Parmi ses découvertes et celles des équipes qu’il a formées et conduites, on peut citer la mise en évidence de la faille axiale du fossé d’effondrement de la Mer Rouge, repérée lors de la première expédition du navire océanographique « la Calypso » du Commandant Cousteau en 1952 ou celles des lacs de lave en fusion du Nyiragongo, au Congo, de l’Erta Ale en Ethiopie et de l’Erebus en Antarctique ou encore avec les

chercheurs du CEA de Grenoble, des corrélations entre ascension du magma et micro variations du champ magnétique local.

La découverte, en 1952, de la faille axiale de la Mer Rouge et l’exploration, en 1967 et 68, du fossé d’effondrement où se situent les volcans de la chaîne de l’Erta Ale, ont contribué à la validation de la théorie de la tectonique des plaques, démontrant que la Mer Rouge et la dépression de l’Afar, en Éthiopie, sont un océan en formation.Il fut naturalisé Français en 1971.

Entré au CNRS en 1969 comme maître de recherche, il en fut nommé directeur de recherche en 1972.

En 1976, ce fut l’épisode de la Soufrière et la polémique qui l’opposa violemment à Claude Allègre, devenu directeur de l’IPG et supérieur hiérarchique de Tazieff. La polémique portait sur l’opportunité de dire la vérité sur les analyses des roches émises par les éruptions du gouffre Tarrissant. Ce conflit aboutit à l’éviction de Tazieff de l’IPG de Paris, bien qu’une commission internationale ait donné raison à ses prévisions moins alarmantes que celles qu’entretenait ce géochimiste ambitieux. Cet épisode qui a fortement marqué Haroun Tazieff, fut à l’origine de la déontologie qu’il a ensuite pu mettre en place au titre de la politique de prévention des risques majeurs, lorsqu’il fut nommé ministre par Mitterrand. Ce que Tazieff n’avait pu obtenir au titre de fonctions universitaires à l’égard desquelles il a toujours gardé une certaine distance, il a pu le réaliser par l’engagement politique, lequel fut constant pour lui depuis l’adolescence. Cette déontologie est désormais régulièrement appliquée, notamment concernant l’éducation et l’information sérieuse des populations.

Sur la Soufrière de la Guadeloupe, en 1976, Haroun Tazieff et six des scientifiques qui étudiaient le réveil de ce volcan explosif, sont restés 13 minutes sous un

déluge de roches volcaniques froides expulsées par la vaporisation de l’eau imbibant la mon-

« volcan laboratoire ». Il s’est passionné par 3 types de phénomènes dont il a révélé l’importance en étant le premier à en observer minutieusement les manifestations sous le bombardement éruptif : les éruptions sousmarines, les lacs de lave permanents, les éruptions phréatiques (Afar, Soufrière… ).

Personnage scientifique, son engagement social et politique doit aussi être souligné. En 1974, il répondit à l’appel de son ami Paul-Emile Victor et participa à la constitution du groupe Paul-Emile Victor pour la défense de l’homme et de son environnement, aux côtés d’Alain Bombard, de Jacques-Yves Cousteau… La défense de l’homme et de l’environnement fut aussi un combat cher à Tazieff. Le 1er, il plaida pour la géothermie. Lui, l’alpiniste chevronné, s’engagea aussi auprès de Mountain Wilderness International dont il assura la première présidence de la section française. Il fut toujours fortement préoccupé par la prévention des risques et a fondé la politique de prévention des risques majeurs de l’Etat français.

tagne, mise en surpression par l’accumulation de chaleur émise par le magma profond. Une telle éruption, dite phréatique, caractérisée par l’absence de magma frais dans les éjectas, n’avait jamais été observée. Ils purent ainsi constater visuellement que le volcan était toujours dans un mode phréatique et non magmatique. C’est par l’étude systématique des éruptions au plus près des bouches à feu, au cours des années 50 à 70, qu’Haroun Tazieff et ses équipiers ont démontré que les gaz étaient le moteur des dynamismes éruptifs.

C’est par l’étude du rôle des gaz sur les volcans en éruptions au cours des années 50 à 70, qu’Haroun Tazieff et ses équipiers ont démontré que les gaz étaient le moteur des dynamismes éruptifs.

Il a assuré de nombreuses expéditions sur les principaux volcans du monde, souvent avec le soutien de l’UNESCO. Ses expéditions l’ont conduit sur plus de 150 volcans actifs ou en éruption sur tous les continents. Il fit de l’Etna son

En 1979, il fut élu maire de Mirmande. Il s’engagea dans la campagne présidentielle de François Mitterrand et devint en 1981 commissaire à l’étude et à la prévention des catastrophes naturelles. De 1984 à 1986 il fut secrétaire d’état à la prévention des risques technologiques et naturels majeurs. En 1988, déçu par les promesses non tenues des socialistes en matière de prévention des risques majeurs, il rejoignit Alain Carignon qui lui offrit les moyens de faire de l’Isère un département pilote en la matière. Il fut élu conseiller général de l’Isère. En 1992, il devint conseiller régional de RhôneAlpes.

Il meurt le 2 février 1998.

Il laisse à la postérité une trentaine d’ouvrages grand public, des dizaines de documents de vulgarisation scientifique et de résumés de conférences, une quarantaine de films et courts métrages et plus d’une centaine de publications scientifique de haut niveau.

Parce qu’il a dû batailler trente ans durant pour que les volcanologues français étudient les volcans en éruption plutôt que les volcans éteints ou en sommeil, Haroun Tazieff fut fortement contesté par une partie de la communauté scientifique. Il l’est encore aujourd’hui. Il ne figure toujours pas dans les programmes d’enseignement et il reste pratiquement banni des références bibliographiques des publications scientifiques. Une association, le Centre Haroun Tazieff pour les sciences de la Terre, s’attache à constituer en patrimoine l’héritage scientifique laissé par Haroun Tazieff. Située dans le Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche, à

Chaudeyrolles et à Borée, son siège social se trouve à la mairie d’Arette, dans les Pyrénées Atlantiques, parce qu’elle a été créée en 2008 à la Pierre-Saint-Martin, gouffre mythique pour tous les spéléologues à la suite de sa découverte et de son exploration en 1950, 51 et 52. Le nom de Tazieff est attaché à ce gouffre.

Le Centre Haroun Tazieff pour les sciences de la Terre, agissant au plan national et européen, organise régulièrement des « journées Tazieff » lors desquelles sont proposés des expositions, des conférences, des ateliers scientifiques, des sorties de terrain etc. destinés à partager et diffuser le savoir acquis. Une biographie d’Haroun Tazieff, sortira en avril 2014 aux éditions de l’Archipel, à l’occasion du centenaire de la naissance du volcanologue, dont les droits seront entièrement consacrés au développement de l’association.

Le Centre HarounTazieff Le Centre Haroun Tazieff pour les Sciences de la terre est né du souhait de préserver l'héritage scientifique d'Haroun Tazieff, volonté exprimée par France Tazieff et des anciens compagnons du célèbre volcanologue. Le siège social se trouve à Arette, dans les Pyrénées orientales, commune où se trouve le fameux gouffre de la Pierre-Saint-Martin. C’est là que l’association est née en 2008 : Pierre Casabonne, membre fondateur du CHT, avait obtenu en 2002 l’accord écrit de France Tazieff pour la création en ce haut-lieu de l’épopée Tazieff, d’un Centre portant le nom de son mari. Le CHT a poursuivi son développement avec une implantation dans le Massif Central, son siège administratif étant à Chaudeyrolles, en Haute-Loire. Son territoire d'action est quant à lui, plus vaste. Il possède un site internet régulièrement mis à jour : http://tazieff.fr Le Centre Haroun Tazieff pour les Sciences de la Terre (CHT), présidé par Frédéric Lavachery, le fils d'Haroun Tazieff, a pour but de recenser l'œuvre d'Haroun Tazieff, de l'étudier dans toutes ses dimensions, scientifique, éthique, et méthodologique, de la faire connaître au public, et de la mettre à disposition pour les médiateurs scientifiques et culturels, pédagogues, acteurs de terrain, institutionnels. Il a aussi pour abjectif l’interprétation du paysage comme patrimoine et sa valorisation, notamment dans le Velay et le Vivarais, en ancrant le projet autour du Massif du Mézenc-Gerbier de Jonc.

L'association compte plus de 70 membres. Elle dispose d'un conseil scientifique qui a d'abord était composé uniquement d'anciens compagnons de Tazieff et qui désormais est ouvert à tout scientifique membre de l'association. Ce conseil scientifique a pour but de donner son avis et de valider les textes mais aussi de mettre en place un

colloque pour 2014 sur les apports de Tazieff et de faire le point sur la volcanologie contemporaine.

En 2014, le CHT fêtera le centenaire de la naissance de Tazieff avec des événements qui auront lieu un peu partout en France, avec le soutien de plusieurs associations : LAVE (L'Association Européenne de Volcanologie présidée par Sylvie Chéreau), APNHC( Association Protection Nature des Hauts Cantons de l’Hérault présidée par Bernard Halleux) APANAGE (présidée par Thierry Del Rosso) et avec la parution en avril 2014 de la biographie intitulée : UN VOLCAN NOMMÉ TAZIEFF écrite par son fils, Frédéric Lavachery, édition l'Archipel, au prix de 22 euros (18 euros en souscription +3,50 de frais de port) (16 euros pour les adhérents + 3,50 de frais de port).

Avec cette nouvelle biographie, il ne s'agit pas de refaire une biographie chronologique mais de mettre en lumière les rapports de Tazieff avec les institutions de sa profession, de mesurer ses apports en volcanologie, et de comprendre en quoi sa méthode était innovante. Commencer par la crise de la Soufrière s’est rapidement imposé. En effet, d’emblée .nous associons le nom de Tazieff à cet épisode d’autant que cet événement l’a profondément marqué. De plus, la crise de la Soufrière permet de resituer d’emblée les enjeux institutionnels, éthiques et scientifiques.

27 janvier 2014 au 7 février Exposition LAVE et ateliers animés par Frédéric Lavachery (CHT) à Bapaume (Pas-De Calais).

1er février à Bapaume soirée publique avec visite commentée de l'exposition, conférence et débat.

11 au 16 mai 2014 Centenaire de Tazieff à Privas (Ardèche), dans le cadre du projet Coménius avec les écoles belge, allemande et italienne qui ont participé à ce projet.

17 au 19 mai 2014 Centenaire de Tazieff sur le massif du Mézenc (HauteLoire).

11 au 15 juin 2014 Journées Tazieff dans la haute vallée du Salagou (Hérault) et Centenaire de la naissance d'Haroun Tazieff.

Juillet ou août 2014 Conférence à Arette (Pyrénées-Atlantiques) dans le cadre du centenaire de la naissance de Tazieff.

Des manifestations sont prévues avec APANAGE en Charente, Gironde, Haute-Vienne, Puy de Dôme : projections de films suivies de conférence débat.

Le CHT prévoit aussi a priori des manifestations en Belgique et en Italie.

Solfat

Bulle de boue explosant dans la solfatare de H

Couleurs étonnantes des solfatares

Ce jet de vapeur a é cône est constitué d culière de silice s’a

tares

Hverir L’eau prend parfois une couleur particulière

édifié une sorte de cône volcanique autour de son évent. Ce de silice teintée par différentes impuretés. Cette forme partiappelle la geysérite.

Photos: E. Reiter

Quelques minutes avant la prise de cette photo, l’eau était parfaitement limpide; et puis ...

Dépôts à la surface d’une source hydrothermale

Page suivante: bulle de gaz explosant dans une marmite de boue

Bulle de gaz irisĂŠe par le pale soleil islandais

Magie des marmites de boue et de leurs couleurs

Rivière fumante.

Baignade dangereuse.

La zone géothermale de Seltùn (à proximité de Reykjavik) abrite le plus grand évent de vapeur au monde. Son diamètre est tellement important qu’il fait penser à un cratère.

La geysĂŠrite peut prendre des aspects et des couleurs surprenants

Eau bouillonnante dans une vasque naturelle

Page suivante: La nature peut parfois être déroutante. En Islande, les zones hydrothermales très inhospitalière sont très souvent bordées de verts pâturages où paissent paisiblement les moutons.

Vue partielle de la solfatare de Hverir

Les bienfaits des volcans Textes: E. Reiter Photos : E. Haddad, N. Schaegis, E. Reiter

Comment peut-on vivre sur un volcan? Pour bien des personnes, cela paraît totalement impossible. Ce sentiment est renforcé par les images de volcans que nous transmettent les informations. En effet, il n’y est question de volcans que lors d ’éruption plus ou moins dramatiques et l’on nous abreuve alors en scènes de désolation et de mort. Et pourtant, plusieurs milliers de personnes de par le monde vivent au pied ou sur un volcan. Alors devons-nous en déduire que toutes ces personnes sont « folles »? Ou y trouvent-elles certains avantages?

Oui, les volcans nous dispensent aussi leurs bienfaits, et pas uniquement aux personnes vivant à leur proximité. Et le premier de ces bienfaits est l’atmosphère terrestre: au début de l’histoire de notre planète, il y a un peu plus de 4 milliards d’années, il n’y avait aucune atmosphère. A cette époque, les éruptions volcaniques étaient très fréquentes et puissantes, rejetant des quantités phénoménales de gaz.

Ce sont ces gaz qui ont formé la première atmosphère de notre Terre. Mais de nos jours encore, les volcans nous offrent bien des avantages.

Plus tard, un temple dédié à Mercure fut édifié au sommet du Puy-de-Dôme. Dont il reste aujourd’hui quelques traces. Les tephras indurés, à la fois imperméables et résistants mais assez meubles pour être creusés, se sont avérés être idéaux pour l’installation d’habitats troglodytes.

Les matériaux volcaniques solides ont servi aux constructions. Les blocs de lave, particulièrement résistants ont permis l’édification de maisons et d’églises. Les villes des régions volcaniques ont ainsi de nombreuses bâtisses en pierres noires basaltiques.

Abris sous roches, maisons troglodytes et pierres de taille Les premiers hommes vécurent dans des zones volcaniques de l’Afrique de l’Est. Les coulées basaltiques prismées de cette région ont formé, en se déchaussant à leurs bases, des abris sous roche permettant aux premiers hommes de se mettre à l’abri des intempéries. De tels abris existent aussi an France dans les hautes vallées de l’Allier et de la Loire.

Les ponces de Lipari ont été utilisées pour la construction de Pompéi et celle du Colysée de Rome.

Les rues de Naples et Catane, en Italie, sont pavées avec respectivement des pierres du Vésuve et de l’Etna. En France, la pierre de Volvic est la roche volcanique la plus utilisée. Sur certaines routes secondaires, on peut encore trouver des panneaux indicateurs taillés dans cette roche puis émaillés. Les scories servent aux couches de soubassement des

routes. Des petits blocs de basalte servent aux ballast de nos voies ferrées. Bon nombre de nos trottoirs ont des bordures sont en granit.

riz en quinze mois (contre une récolte annuelle dans les autres régions). De plus, les eaux des mers et des lacs avoisinants, enrichis par ces mêmes éléments chimiques par lessivage, regorgent de poissons.

Le béton fabriqué avec des matériaux d’origine volcanique est un bien meilleur isolant thermique que celui issu de roches sédimentaires.

Dans le détail, certains éléments chimiques des matériaux volcaniques favorisent telle ou telle culture.

Ainsi, le Lacryma Christi, vin de la région napolitaine, doit son bouquet au sol de cendres volcaniques sur lequel est cultivée la vigne dont il est issu.

Des sols neufs et fertiles Il arrive qu’une éruption volcanique augmente la surface des terres émergées au détriment d’un lac ou de la mer, comme cela est régulièrement le cas à l’île de la Réunion. Si les matériaux meubles subissent rapidement l’érosion, les coulées en refroidissant donne des roches massives qui lui résiste. On assiste alors à la colonisation de cette nouvelle terre par les végétaux, les lichens étant les premiers à s’installer.

Ces espaces nouveaux peuvent aussi devenir de nouveaux espaces cultivables.

Une source de matière première et énergétiques Les produits volcaniques présentent l’avantage de concentrer des éléments rares. De nombreux gîtes métallifères (cuivre, or, argent, plomb, uranium, …) proviennent de l’activité volcanique vieille de plusieurs millions d’années. En Indonésie, des hommes exploitent le soufre dans le cratère du Kawa Ijen.

Sur l’île de Vulcano, on voit encore les grottes où était exploité l’alun qui servait de fixateur pour la

Les matériaux volcaniques renferment en grandes quantités du calcium, du magnésium, du potassium et du phosphore. Ils constituent ainsi un véritable engrais naturel, une fois altérés par l’érosion. Cette altération peut prendre quelques siècles ou seulement quelques dizaines d’années si les produits meubles (cendres, lapilli) prédominent ou sous un climat tropical. Les sols volcaniques sont donc très fertiles: en Indonésie, ils permettent jusqu’à trois récoltes de

teinture des tissus. Les zéolites (des minéraux présents dans les alvéoles des roches volcaniques) servent à filtrer les eaux grâce à leur structure particulière. Les ponces rentrent dans la composition de produits cosmétiques, du dentifrice, des lessives ou sont utilisées comme abrasifs.

La coexistence dans certaines régions volcaniques d’un flux thermique important et de nappes aquifères est à l’origine d’eau chaude. Cet apport de chaleur d’origine profonde s ‘appelle la géothermie.

L’Islande bénéficie d’une situation tout à fait privilégiée dans ce domaine. De nombreuses centrales géothermiques produisent de l’électricité et permettent le chauffage des piscines, des serres, et des habitations.

Ainsi, dans la région du lac Myvatn, de nombreuses fermes possèdent leurs propres forages puisant une eau à 80°C. Cette eau est utilisée pour le chauffage des habitations mais aussi comme eau chaude dans les maisons. En outre, Reykjavik, la capitale, possède un système de déneigement quelque peu spécial: des tuyaux d’eau chaude parcourent le sous sol de la ville, faisant ainsi fondre immédiatement la neige lorsqu’elle arrive au sol. Et cette énergie géothermique permet aux Islandais de cultiver des bananes à moins de 500 kilomètres du cercle polaire!

Le thermalisme En contexte volcanique, les eaux de sources sortent assez souvent chaudes et minéralisées. Il s’agit le plus souvent d’eaux météoriques infiltrées plus ou moins profondément. Leurs rencontres avec les roches encaissantes leur permettent d’acquérir une minéralisation régie par les lois d’échanges entre solide et liquide, avant de rejaillir quelques dizaines ou centaines d’années plus tard. Elles contiennent alors en solution de multiples éléments (calcium, magnésium, fer, sodium, potassium, chlore, potassium, …). En outre, certains gaz associés à ces eaux proviennent du magma.

Dès le Vème siècle av. J.-C., dans l’île de Kos, Hippocrate utilisait les bienfaits des eaux thermales. Les établissements thermaux proposent maintenant une grande variété de cures. A Vulcano, les bains de boues soufrées sont conseillées pour guérir l’asthme et les maladies de peau. Les singes profitent aussi des eaux thermales: sur l’île d4Hokkaïdo, les macaques se réchauffent en hiver dans les sources chaudes de la région.

Les sources thermales en contexte volcanique sont nombreuses en France, en particulier dans le Massif Central: en Limagne (Royat, Châtel-Guyon, Vichy), dans le Mont-Dore (La Bourboule, Le Mont-Dore, Saint-Nectaire), dans le Cantal (Chaudes-Aigues, …) et en Ardèche (Vals-les-Bains). On y soigne , entre autres, les rhumatismes, les troubles d’ordre digestif ou respiratoire, les maladies rénales. Les patients boivent ces eaux en respectant les prescriptions médicales, ou sont traités par bains, douches et massages.

Tourisme Des ressources substantielles sont générées par le tourisme. Beaucoup de sites volcaniques sont érigés en parcs naturels et l’on y trouve hôtels, camping, circuits touristiques guidés, comme c’est le cas dans la Chaîne des Puys. L’esthétique et la renommée de certains volcans y jouent un grand rôle, dans un ambiance générale de prospérité. Et comme les cataclysmes ne se produisent pas sur tous les volcans et qu’à des intervalles de parfois plusieurs millénaires, la plupart des pays de volcans sont de véritables petits paradis sur Terre.

Ainsi, plusieurs millions de personnes vivent sous la menace des volcans pour des raisons simples: pressés par des besoins immédiats, beaucoup de gens ont depuis longtemps fait leur choix entre l’éventualité d’une catastrophe qui aura peut-être dans quelques siècles et une mort à courte échéance due, entre autres, à la faim.

Les volcans vus du ciel

Le 4 novembre 1963, an pêcheur islandais remarque un panache de vapeur s’élevant au-dessus de la mer. En un jour, Surtsey, une nouvelle île volcanique, s’est formée au large de la côte méridionale de l’Islande. En 1965, les premières plantes ont colonisé la partie Sud de l’île qui est aussi occupée par des oiseaux migrateurs et des phoques.

L’éruption s’est poursuivie jusqu'en 1967, créant une île de 2,7 km2. Depuis, les vagues, la pluie et le vent ont partiellement érodé l’île de Surtsey mais elle devrait encore résister une centaine d’années même si ces terrains sont extrêmement instables qu’une tempête hivernale pourrait dramatiquement l’endommager. Les débris provenant de cette érosion ont créé une péninsule sablonneuse au Nord de l’île.