Les noms de lieu en France

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n

Univsrsl'aa


/H-

l'idO 2

]/.hi


LES

NOMS DE LIEU DE LA FRANCE LEUR ORIGINE, LEUR SIGNIFICATION, LEURS TRANSFORMATIONS

AVAXï-PROPOS

Les noms de

lieu

forment

la

"

plus riche des nomencla-

tures qui se rattachent à la langue usuelle. Environ deux

cent mille vocables, dont certains s'appliquent, à plusieurs localités,

est vrai,

il

ont été réunis dans l'édition du Dic-

tionnaire des Postes et des Té légraphes publiée en 1898. Si

tous les lieux habités de

la

dépasserait certainement

France y figuraient, leur nombre le

million

;

et si

l'on

faisait le

dépouillement du cadastre, on arriverait incontestablement à cinq ou six millions de vocables géographiques.

Cet immense vocabulaire

n'est pas,

comme

celui des

le produit de la méditation, et encore moins le développement d'une donnée systématique. Il n'est pas l'œuvre de quelques hommes. Il s'est formé à la longue, et comme au hasard des circonstances. Il a pour auteurs tous les peuples qui, successivement, sont venus s'établir dans notre pays, toutes les races, victorieuses ou vaincues, dont le mélange a produit la nation française.

sciences,

1. Sauf quelques rares modifications qu'on n'a pas cru pouvoir se dispenser d'y apporter, le texte cjui suit est celui qu'Auguste Loug'non avait rédigé eu vue de sa leçon du jeudi 5 décembre 1880 au (^oUoyc de France, cl f(u il paraît avoir ensuite relouclié pour rada[)ter à son enseignement de

l'Ecoli'

des Hautes

/.es

l'.ludes.

nnins de llvn.

'


MOIS

Li:S

IJK

Lli:i'

Des éléments si divers par leur origine ne le sont pas moins par leur signification. Ils indiquent tantôt la configuration ou la nature du sol, tantôt les espèces animales ou végétales qui y vivent, d'autres fois la destination que les lieux ont reçue du fait des hommes ou bien encore :

nous ont conservé la mémoire d'anciens événements ou le nom des personnages par qui les centres de population furent créés ou transformés de sorte que. dans la nomenils

:

dun

clature

comme

pays

France,

la

les

renseigne-

non seulement pour le linguiste, ments abondent. mais aussi pour T historien, pour l'archéologue et pour l'économiste. Quant aux mots dont le sens nous échappe (et

en est encore beaucoup),

il

parce que,

l'histoire,

sait parfois

on

si

l'on

ils

eux-mêmes

sont

en ignore

utiles à

la signification,

cependant, grâce à leur structure,

à

on

quel peuple

les doit.

Une source où

y a

il

tant à puiser n'est

pas sans avoir

été déjà mise à contribution. Elle a servi à

la

plupart des

du temps passé, mais d'une manière tout à fait accidentelle et rarement intelligente. Adrien de Valois, dans érudits

sa Notitia Gfilli;irum,

dans Vllisloire de

date du milieu du aient tiré

dont

ils

habitude

un

de /ouf

xviii'' siècle,

le

diocèse de Paris, qui

le

sont les seuls auteurs qui

moyen

parti raisonnable de ce

avaient ac(piis et

publiée en 1679, et l'abbé Lebeuf,

la ville et

beaucoup de pénétration

parfois bien aventureux,

d'intormation

juste sentiment par une longue

ne

encore

;

doit-il être

le

second,

consulté (pi'avec

beaucoup de circonspection. ( (]e n'est

guère avant

cpnnnencé

à faiii-

(.«iidit

(i'es|)iil

l'révosl, a, en

milieu du

xix""

siècle,

cpi'on a

une élude spéciale des noms de lieu. Un cultivé et de sens droit, Auguste Le

tiès

\H'.V.),

eu réunissant, sous

1.

le

Diclionrmire i^x

la

tracé la voie qu'il convenait de suivre,

forme d'un dictionnaire

iin<iriis

ikuiih

<!*'

lifii

ihi

',

avec l'équi-

<l''j>;iih'iiifii/

(!<•

l'/'uri'.


AVANT-I'KUPOS

Valent moderne à côté, les noms anciens des localités du département de l'Eure, tels qu'il les avait recueillis dans les vieux textes et surtout dans les chartes. Des ouvrages conçus dans le même esprit, mais différents dans leur disposition, ont paru depuis,

diverses de

France.

la

consacrés aux régions les plus

Enfin, un répertoire général, qui

doit embrasser toute la France, entrepris

il y a plus de cinquante ans par ordre du ministre de l'Instruction publique, le Dictionnaire topographique de la France^ comprenanl

noms de lieu anciens et modernes, est aujourd'hui publié pour vingt-sept départements '. Les index géographiques des nombreux cartulaires publiés depuis un demi-siècle apportent une non moins utile contribution à l'étude des noms de lieu que les dictionnaires dont on vient de parler ils sont même en quelque sorte plus précieux, parce qu'ils les

~'

;

1. Voici rénumération de ces départements, le nom de chacun étant accompagné, entre parenthèses, du nom de l'auteur et de la date de publication du dictionnaire Aisne (Matton, 1871); Ain (Philipon, 1911); Hautes-Alpes (Roman, :

— Aube

(Boutiot et Socard, 1874) Aude (abbé Sabarthès, 1912) Calvados (Hippeau, 1883); Cantal (Amé, 1897); Dordogne de Drôme ^Brun-Durand, 1891); Eure (m'^ de BlosseGourgues, 1873); Eure-et-Loir (Merlet, 1861); Gard (Germer-Durand, ville, 1878); Hérault (Thomas, 1863); Haute-Loire (Chassaing et Jacotin, 1868); Marne (Longnon, 1891); Haute-Marne (Roserot, 1903); 1907); Meurthe (Lepage, 1862); Mayenne (Maitre, 18o8); Meuse (Liénard, 1884)

;

1872)

— — Morbihan

;

(Rosenzweig, 1870);

;

Moselle (de Bouteiller. 1874);

— Nièvre (de Soultrait, 1865); — Pas-de-Calais de Loisne, 1908); — Basses-Pyi'énées (^Raymond, 1863); — Haut-Rhin 1868); — Vienne (Bédet, 1881); — Yonne (Quantin, 1862). — Sont sous presse, (c'«

(StolTel,

à

l'heure actuelle, les dictionnaires du Cher et de la Côte-d'Or; en outre, onl été déposés au Ministère de l'Instruction publique les manuscrits des dictionnaires d'Ille-et- Vilaine, de la Sarthe, de Seine-et-Marne et des Vosges. Divers travaux conçus dans le même esprit ont été publiés on dehors do cette collection officielle; les principaux se rapportent aux départements de l'Indre (Eug. Hubert, 1889;, d'Indre-et-Loire (Carré de BusseroUe, 1878-

Loire-Inférieure (Quilgars, 1907), de Maine-et-Loire (Poil, la Savoie (Vernier, 1896), des Deux-Sèvres (Ledain ol Dupond, 1902), de la Somme (Jacques Garnier, 1867-1878, dans Mdm. de la Soc. des Antiq. de l^icardie, 3" série, t. I et IV). 2. H. Stcin, Biblioyraphie gérif-rale des cartulaires /'rançais (tome IV i.\^' la collection des Manuels de hibUo(j rapine hislori(/uo, Paris, Alph. Picard^ 1884),

de

la

187i-1878),

1907, in-8").

de


LKS NU.MS

Di:

lAEV

fournissent généralement les formes les plus anciennes, et partant les plus irtéressantes, des vocables géographiques.

D'autre part, quelques ouvrages ont été consacrés par divers érudits à l'étude de la formation ou de la signification des

noms de

lieu.

Tels sont, par exemple

:

Houzé, Etude sur la signification des noms de lieu en France (1864, in-8°, 140 p.). L'auteur de ce livre étudie quelques séries de vocables topographiques, en prenant pour point de départ l'explication d'un nom de lieu déterminé possédant à fond les travaux de Valois et de Lebeuf, et doué d'un sfrand bon sens, il arrive à des résultats vraiment étonnants pour le temps où il écrivait. ;

De

Quicherat,

la

formation française des anciens noms

de lieu, traité pratique suivi de remarques sur des

noms

de lieu fournis par divers documents (1867, petit in-8°,

176 pages). Ouvrage dont l'éloge n'est plus à faire, mais

auquel on aurait tort de se

fier complètement. H. Gocheris, Origine et formation des noms de lieu ([1874], in-12, 276 pages). Cet ouvrage a pour auteur un érudit auquel on doit d'estimables travaux mais, apparemment plus complet et plus méthodique que les livres mentionnés précédemment, il doit être consulté avec une grande méfiance pour tout ce qui appartient en propre à ;

son auteur.

la

H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de propriété foncière et des noms de lieux habités en France

ouvrage renferme surtout de précieuses vocables géographiques formés en Gaule, à l'époque romaine, sur des noms propres de personnes el des noms de propriétaires. (iH[){),

in-8*^)

données sur

L'étude

cet

;

les

(le

la

des

signification

noms de

aujoMid'hni sur des bases assez solides. plus,

comme

dépecer

les

de syllabes si

graN'cs,

le

faisait iJullet

noms de

lieu

y

a

lieu

repose

ne se contente

un siècle

el

demi, de

en aulant de morceaux qu'ils ont

— sans paraître qii ils

il

On

se douter des altérations, parfois

uni subies au

cours des siècles

el,

ce


\VAM-Plt(»l'OS

dépocemeiil opéré, de chercher

la significaiion

de chacune

nom dans un prétendu langage celtique, commun avec celui qu'ont étudié, de nos

de ces parties du qui n'a rien de jours,

MM.

d'Arbois

Ernault. La seule

de

Jubainville,

Gaidoz,

méthode véritablement

Loth

et

scientifique con-

formes anciennes de chacun de ces noms, ou, à leur défaut, les formes anciennes sous lesquelles siste à

les

rechercher

les

anciens documents désignent quelque localité

nyme,

et

Ton part de

pour en déterminer

le

homo-

sens, à l'aide

des langues successivement parlées par nos ancêtres. Par-

comparée de tous les noms de lieu d'une région, aujourd'hui française, qui permet d'arriver à l'étyfois, c'est l'étude

.

mologie d'une série importante de vocables géographiques. Les progrès accomplis depuis un demi-siècle dans les études de philologie en général, et de philologie celtique

en particulier, d'études.

ne sont

pas

sans

utilité

pour ce genre



GRECQUES

ORIGINES

noms de

Les

apprennent

du

actuels

lieu

pour ainsi

rien,

teriiloire

français

ne

nous

que

les

Grecs

dire, sur les colonies

ou les Phéniciens formèrent jadis en Gaule, et, presque exclusivement dans la Gaule méridionale.

Pour

1.

de Gaule

les Grecs,

est possible ligure,

que

fondée par les Phocéens

nom

or le

;

Massilia en

grec,

par exemple, leur plus importante colonie

fut Marseille,

avant notre ère

semble-t-il,

ancien de cette

latin, n'est peut-être

ce soit

vers l'an 600 MaaaaX'la en

ville,

pas dorigine grecque

:

il

simplement un nom indigène, par exemple

puisque Marseille fut fondée dans une contrée où domi-

naient alors les Ligures.

Quelques noms géographiques d'origine grecque sont mentionnés et appliqués à des localités de Gaule, par d'anciens auteurs grecs ou latins, mais tous désignent des localités situées sur les

Athenopolis,

côtes de la Méditerranée. Tels sont, par exemple,

Portus Herculis Monoeci,

N-'y.a'.a,

'Avti-sa'.ç, 'Av^O-/;. 'Aspc-

Or,TlXÇ.

2.

Athenopolis,

la ville

de Minerve, localité dont

ne paraît pas avoir subsisté, et dont

qui n'a

la situation,

déterminée d'une façon certaine, répond peut-être

à

le

nom

i)as été

do

celle

Saint-Tropez (Var). 3.

Portus Herculis Monoeci

samment,

était, ce

nom

l'indique sulll-

port consacré à 'Hpay.A-^ç McvoTy.îç, dénomination

le

grec(|ue d'un

Hercule solitaire

([ui

n'est autre,

paraît-il,

que

THercule tyrien, c'est-à-dire le dieu phénicien Melkarth. C'est aujourd'hui Monaco, que l'on désignait encore au xvii'' siècle sous le

nom Deux

de Moiin/iics ou Moiin/iiez

Hercule, à en juger par leur 1.

'.

même région étaient nom d'Heraclea.

autres localités de la

Voir H.

1664, 2 vol.

Aa chorrxjruphic ou pnasim.

Boiiclie,

iii-fol.),

ilpxcrifi^ioii

<li'

dédiées

Prannirr

à

Aix,


8

-

4.

T.

NOMS DE

ES

LIEL'

était située, croit-on, vers Saint-Gilles (Gard),

L'une d'elles

l'embouchure du Rhône. 5. L'autre est Heraclea Caccabaria, qu'on a placée, non sans vraisemblance, au sud de Saint-Tropez, vers la baie de

c'est-à-dire à l'ouest de

Cavalaire.

On

deux Heraclea, de

est assez porté à considérer ces

comme

que Monaco,

même

d'anciens comptoirs phéniciens qui auraient

ensuite passé aux Grecs. 6.

ville

Nr/.aïa.

nom

grec reproduit par

le latin

Nicaea, désigne

la

de Nice. Ce nom, qui signifie littéralement « la victopeut-être originellement à un sanctuaire

rieuse », s'appliquait

la Victoire, Niv.t;, à moins qu'il ne s'agisse ici de Minerve, ou plutôt de Pallas, qui était, on le sait, honorée sous ce surnom dans la citadelle de Mégare, en Attique.

de

7.

'AvTizoA'.ç, c'est-à-dire « la ville

d'en face

sa situation opposée à celle de Nice, de

à

actuelle de Tortose, en Syrie, située en face de

Antaradus.

jadis appelée

vençal Antiboul, ce dernier 8.

qui,

'AvxOy;,

comme

C'est la

nom Nice

devait son

»,

même l'île

plet de cette localité aurait été AvaOr,

nom

nom Aille

d'Aradus, fut

la

seconde syllabe.

et Antibes, était à l'origine un la ville

d'Agde (Hérault).

Suivant Timosthène que cite Etienne de Byzance,

9.

la

moderne Antibes, en pro-

accentué sur

comptoir marseillais, est aujourd'hui

Fortune

que

le

nom com-

« ^'^'/Jn c'est-à-dire

Bonne

».

Aopoo'.Tiac,

c'est-à-dire

«

lieu consacré

à

Vénus

»,

est le

qu'Etienne de Byzance donne à Port-Vendres (Pyrénées-

nom actuel dérive du latin Portus Veneris que vendredi de Venèris dies. 10. Tels sont les quelques vocables géographiques d origine grecque qui ont pu être relevés sur notre pays. Ce modeste

Orientales) dont le

au

même

titre

ensemble n'a pas suffi à certains esprits qui, voulant voir en Gaule de plus nombreux vestiges de colonisation grecque, ont cru trouver satisfaction dans certaines régions avoisinant, les unes l'Océan Atlantique, les autres l'embouchure de la Somme. Les noms géographiques sont ici les seuls témoins invoqués eii :

l'espèce,

ils

ne prouvent pas grand' chose. Sans doute, dans les

départements des Landes, du Gers, des Basses-Pyrénées et des Hautes-Pyrénées, un assez grand nonii)r(' de villages ont h'ur

nom

Irriuiiié

on

o.s,

Alhos, Pissos, Ibos

;

mais

l;i

Icrminaisoii

di-


oKir;i>i:s

(iiiKCouKS

H

ces noms, correspondant à une syllabe accentuée du est sans rapport avec la terminaison

tif,

grecque

nom

primi-

-oç qui n'aurait,

en français, pas laissé plus de traces que les terminaisons latines

-us et -um, appartenant à des syllabes post-toniques. Les prétendues preuves de colonisation grecque vers chure de

Somme

la

ne sont pas plus convaincantes.

1

embou-

Il

se peut

le nom primitif de Saint- Valery-sur-Somme soit Leuconaus, comme le dit la Vita Sancti Walarici, écrite au vu® siècle mais

que

;

c'est à tort

qu'on voudrait reconnaître dans ce vocable deux mots

grecs, l'adjectif Xeuy.iç,

«

blanc

», et le

substantif vau;,

«

vais-

La terminaison du nom Leuconaus n'offre qu'un rapport fortuit avec le mot grec ^ouq ce nom paraît formé à l'aide d'un suffixe -a vus (réduit de bonne heure à -aus), qu'on trouve dans certains noms de lieu de la Gaule, tels Andelaus, Merlavus, 'Vertavus, et notamment Vinimaus etTellaus, ces deux derniers noms désignant deux régions peu éloignées de Saint- Valéry, seau

».

:

le

"Vimeu Il

et le

convient donc de ne pas exagérer

grecs dans

noms

la

la

recherche d'éléments

toponymie française, d'autant plus que

grecs qui se sont perpétués jusqu'à nous, tout

mots qui du de

Talou.

telle

latin sont passés

façon,

les

anciens

comme

les

dans notre langue, ont été altérés

que leurs formes modernes n'offrent rien qui

accuse leur origine, et sont presque méconnaissables, ainsi qu'on l'a

vu par l'exemple d'Agde, d'Antibes, de Nice

et

de Moun/iics.


II

ORIGINES

11. Les

noms de

lieu

n'apprennent rien sur

même

ciennes qui ont pu ou

PHÉNICIENNES

les colonies

phéni-

qui ont dû exister, à une époque

antérieure à la fondation de Marseille, dans le voisinage de la

Méditerranée.

Il

est vraisemblable

que

la

plupart des établisse-

ments grecs dont le nom rappelait celui d'Hercule, sont d'anciens comptoirs phéniciens passés aux Grecs, et que le nom d'Hercule évoquait là le souvenir du personnag'e mythologique que les Grecs appelaient l'Hercule tyrien, et que les Tyriens culte à Cadix, à Malte et

à Carthage

— qui ont porté son

nommaient Melkarth.

Mais il est périlleux de vouloir distinguer, parmi les localités de Gaule dont les écrits de l'antiquité nous ont transmis les noms, celles dont les vocables peuvent dériver de quelque langue sémitique. Par exemple, dans le nom de Ruscino, qui désigna tout d'abord Gastell-Rossello, près de Perpignan, en attendant que le la

nom

de Roussillon lut appliqué à un comté, puis à l'une de nos. provinces, on a voulu voir la racine rus, qui figure dans bien des

noms géographi(jues

africains d'origine

punique (Rusadir, Rus-

gunia, Rusuccurum), et dont lesens, identique à celui de ros, si fréquent dans les dénominations géographiques d'origine arabe, répond au français « cap » ou « promontoire » mais, outre que la position de Gastell-Rossello, même s'il s'était produit un ;

changement important dans la configuration du littoral méditerlanc'en, ne permet guère cette conjecture, le rapprochement est peut-être tout fortuit.

Ruscino

se

aujourd'hui

Il

rapproche

serait

par

sa

plus raisonnable de

terminaison

de

dire (jue

Rarchino,

Barcelone, ville d'Espagne certainement d'origine

punique, puisqu'elle a été fondée par Amilcar Rarca, vers 2H0

avant

.1. -(!),,

que son

nom

parait bien avoir été formé, à l'aide

un suffixe puni(jue, sxu- liarcn. MuMil d'un iimn dhointnc Ici ([uc

<l

Ruscino lifisrn!

(

procède-t-il pareille-

)m

no peut ([uc

le

sup-


ORIGIÎSES PHÉNICIENNES

I

1

Les noms phéniciens ou puniques ne doivent d'ailleurs pas nombreux en Gaule et, comme les monuments de

avoir été très l'antiquité

;

ne nous en font connaître aucun dont

ethnique soit certain, sous les formes,

il

le

caractère

faut se garder d'en chercher des vestiges

souvent

si

trompeuses, de

géographique moderne de notre pays.

la

nomenclature


III

LIGURES

ORIGINES Les Ligures

12.

qui, lors de la

conquête romaine, occupaient

les régions alpestres de la Haute-Italie et

de

la

Gaule, semblent

avoir dominé jadis sur une bien plus grande étendue de pays.

En

effet,

selon Justin, qui n'est que Fabréviateur de Trogue-

Pompée, historien

latin

contemporain d'Auguste

de

et originaire

inter Ligures et feras g entes Gallorum », sur le territoire des Segobriges, que les Phocéens auraient fondé, vers l'an 600 avant J. -G., la ville de Marseille. des Voconces, c'est

la cité

'<

Festus Avienus, qui écrivait à

la fin

du

en s'aidant de documents postérieurs fondation de Marseille, dit que

la

le

iv" siècle

d'un

de notre ère,

siècle

environ à

Rhône formait

la

limite

entre l'Ibérie et les rustiques Ligures. Cependant on a lieu de croire qu'il

même

y avait des colonies ligures au nord des Pyrénées, si ce peuple n'a pas occupé le pays

situé

un moment donné, entre ces montagnes et

dans

le

à

nom

le

Rhône

:

le

souvenir en subsiste

de Livière, porté par une plaine voisine de Nar-

bonne, que Grégoire de Tours, dans son Liher in fjlorin rnar/yruni\ désigne sous le nom de Liguria. Suivant l'opinion des savants modernes cjui se sont occupés d'ethnographie avec le plus de succès, Mûllenhotîen Allemagne, d'Arbois de Jubainville en France, les Ligures seraient venus des régions de la mer du Nord, chassant devant eux les Sicanes, établis alors en Gaule, qu'ils poursuivirent jusqu'en Italie, où ces derniers ne purent d'ailleurs se maintenir. En un mot, les Ligures auraient domim- (|urh|u(' temps jusijiic vers les conliiis do l'I^trurie, et même fondé en ]']spagne une colonie dont eniplacemenl 1

est

diflicile à

déterminer, mais qui aurait coinj)ris

la

région avoi-

sinant les sources du Hetis, c'est-à-dire du (iuad.ihpiivir actuel. ICn

Gaule,

ils

durent céder

irrivérf'nt cinf|

1.

Miiniuiinitl.i

ou

le

pas aux poj)ulations

c(^lli(|U('s cpii

y

six siècles .ivant l'ère chré'tiennc

fii'fiii.-ini.ii-

liisliii-ii;i, .S'c/'/'/j/m/cs

rfiiini iiirii,rin</lr;iril

m

.

I,


Dail.INES

La langue des Ligures

s'est

LKiUUES

13

perdue sans laisser de traces bien

apparentes, et aucune inscription ligurienne n'a été trouvée dans

Alpes maritimes, qui furent comme

les

dernier refuge de leur

le

indépendance. Cependant on possède quelques données sur des

noms propres 13.

Un

qui peuvent être attribués à cette nation.

texte épigraphique

trouvé dans

et

remontant à

l'an 147

avant

J. -G.

Valle di Polcevera, près de Gênes, soit en

la

Ligurie,

pleine

^

est

particulièrement

à

instructif

cet

égard.

Reproduisant une sentence arbitrale prononcée par les frères Minucius entre les Génois et les Viturii, il renferme des noms propres de populations, de

villag-es,

de forteresses, de montagnes,

de vallées, de cours deau, et parmi ces appellations, au nombre

de ving-t-neuf, on distingue les noms Neviasca, Vinelasca répété sous la forme

Vinelesca

— Veraglasca

tous appliqués à des cours d'eau. Le suffixe

Tutelasca, -asca qu'ils préet

sentent, et dont on constate ainsi la fréquence relative cette inscription, peut

mieux considéré comme

être d'autant

aux Ligures, qu'on ne

particulier

dans

le

rencontre dans aucune

des lang'ues de l'Europe occidentale qui nous sont connues Il est

la

et

impossible de ne pas reconnaître dans

le suffixe

~.

-asca

forme féminine d'un suffixe encore vivant dans la Haute-Italie dans la région alpestre, où on l'emploie pour la formation

d'ethniques tels que bergamasque, crémasque, monégasque, mots italiens francisés qui désignent les habitants

de Berg-ame, de Crème

noms de lieu Areliascus etCaudaliascus, qu'on litdansla Table alimentaire Ce de Veleia, document épig-raphique de l'ancienne Etrurie et

de Monaco. La forme masculine paraît dans les

'.

comme

suffixe étant à

bon

rechercher

a laissé des traces en France.

On

s'il

peut

droit considéré

répondre

affirmativement

à

ligure,

cette

on

a intérêt à

question

par

Corpus inscriptionmn lalinarum, V, 886. La même inscription présente 'd'autres sufûxes de noms de lieu, tels que -emia, -inus, et -atis ou -aies, qu'on peut aussi attribuer aux Ligures mais les deux derniers ne leur étaient pas spéciaux, car ils se retrouvent dans d'autres langues indo-européennes; quant à -emia, il est difficile à reconnaître dans les formes médiévales ou moilernes des noms de lieu on n'en tiendra donc pas compte ici. 3. Ces deux vocables figurent à la page xvii, ligne 21, du texte de la Tabula alimentaria Veleialium qu'Ernest Desjardins a donné à la suite de 1.

2.

;

;

sa liièse (le (loclorat

/>'•

/.i/iulis alinii'n/.iriis,...

(Paris, iSili, in-5-").


fi

Lies

>'OMS DE LIEU

l'examen de deux précieux documents de la période franque intéressant le pavs compris entre le Rhône inférieur el les Alpes, cest-à-dire le Testament du patrice Abbon, qui date de 739 ', et le Polvptique de l'églisede Marseille-, rédigé vers 815, sousl'évéque

Wadald. Le premier de ces textes, dans lequel sont énumérées d'assez nombreuses localités de la Provence, du Dauphiné et des régions voisines, en mentionne au moins quatre dont le nom est Annevasca, Cravasca, Barterminé en -asca ou -ascus et sept autres présentant le suffixe ciascus, Bicorascus -oscus, qui paraît n'être qu'une variante du précédent: x\lbarioscus, Bonnoscus, Gattaroscus, Cravioscus, Lavarios. eus, Lavarnoscus, Riacioscus. Quant au Polyptique de l'église de Marseille, on y rencontre Albarascus, Albaroscus, Albioscus, Curioscus, Dailosca, Lebrosca, Mainosca. On ne connaît malheureusement pas toujours l'équivalent moderne de ces vocables. Aux deux suffixes presque analogues -ascus et -oscus, il faut sans doute en joindre un troisième, -uscus, qui termine, :

;

dans Pline

et

dans Ptolémée,

donc vraisemblablement

le

nom

ligure, les

d'une population alpestre,

Rugusci.

Il

d'ajouter à ces trois suffixes, les suffixes -esc et

gamme vocale,

teraient la

serait isc,

imprudent

qui complé-

car ces deux derniers, lorsqu'ils se pré-

noms de lieu, proviennent le plus souvent d'un germanique, subsistant dans l'allemand -isch et dans

sentent dans les suffixe

l'anglais -ish, fjui caractérisent surtout des adjectifs ethniques.

Pour ne pas risquer d'attribuer une origine ligure à des noms en réalité germaniques ou semi-germaniques, il faut donc n'admettre pour ligures ou semi-ligures que des vocables dont le suffixe était originellement -asc, -esc ou -use. 14. En disant « ligures ou semi-ligures », on entend bien préciser que les noms dans lesquels on reconnaît ces sufFixes, sont h)in de remonter tous avec certitude à la période ligurienne du passé de hi France méridionale, car l'un de ces suflixes est, on vient de le voir, usité de nos jours encore pour la formation d'adjectifs

Diplomuln, 11,370-378. en 18!i7 par Guérard, à la suile tlu (.ariiiluire de l nbLmjc df Saint- Virlor Je Marseille, dans le l. IX (j). 033-0;)4) de l.i Culleclion des car1.

I\nrclf'.ssiis,

2.

l'ulilif';

lljl.'lIl-i'H

ilr

Fnilirr.


OUIGINES LIOLUKS

lo

ethniques dans la Haute-Italie. Les suffixes ligures paraissent être restés en usag'e pour la formation des adjectifs à l'époque

romaine,

et

sans doute

môme

précédemment habités par

à l'époque franque, dans les pays

les Ligures,

et

dans lesquels, par

phénomène

conséquent, leur langue avait été usitée. Par un

dont on peut citer d'autres exemples, langue à laquelle établi,

lieu

de

il

appartenait. Le

survécut à

le suffixe -asc

fait est d'ailleurs

parfaitement

grâce à une dissertation sur certaines formes de la Haute-Italie,

muniquée en 1870

et

qu'un érudit

italien,

la

noms de

Jean Flechia, a com-

1871 à l'Académie royale des Sciences de

Turin \ et dans laquelle sont énumérés plus de cent trente noms en -asca ou en- asco appartenant aux provinces italiennes situées

au nord de

l'Etrurie, et

que Ton

sait avoir été occ'upées,

A côté

certaine période de l'antiquité, par les Ligures. Affli-ascu,

dans une des

noms

Barhari-asco, Corneyli-asca, Lisin-asco, qui sont cer-

tainement dérivés des gentilices ou noms de AUius. Barbarius. Calvinius, Cornélius

famille et

romains

Licinius,

et

qui ne peuvent dater que de l'époque à laquelle la Ligurie était

devenue romaine, on trouve, dans la liste dressée par Flechia, des noms manifestement postérieurs à l'époque romaine, dérivés qu ils par exemple Boson-asco ou sont de noms d'origine germanique Bosn-asco, Garibald-asco, Gepkl-asco, formés sur les noms :

d'homme Boso, Garibaldus

et

Gepidus. Ces noms de lieu nombre relativement peu

liguro-lombards sont, à la vérité, en élevé.

Sous réserve de ce qui vient

noms de

d'être

lieu formés, soit à l'époque

franque, à l'aide du suffixe ligure -asc,

noms

dit

relativement aux

romaine, soit il

à

l'époque

convient d'examiner les

de lieu du territoire français dont la forme primitive était

en -asca, -ascus, -osca, -oscus, -usca, -uscus, afin de voir s'ils permettent d'admettre, avec les savants ethnographes de notre temps, que les Ligures ont étendu jadis leur domination en France, sur des pays autres que ceux où nous les trouvons confinés, à l'époque oii fut constituée la Province Pionuiinc.

alcune forme de nuini locnli deU' llalia superiorc, dis^erlnzione liiidans, Meinoricdellii renie Accadernia dellc s^cienze di Torino, 2" série, XXVII (1878), 273-374; au suffixe -ascn sont spécialement consacrées les pa.tres 333 à 3iO. l.

1)1

ffiiistica,


LHS

DE

iN'OMS

LIEL'

Ces noms de lieu se rencontrent dans toute l'étendue de pays comprise entre le Rhône et la Saône d'une part, les Alpes et le Jura d'autre part. On les trouve aussi à l'ouest du Rhône, dans le

Vivarais, l'Auvergne, le

on en constate de Metz,

Rouergue

et la

toutefois on peut faire état

si

Bourgogne

;

en outre,

présence plus au nord, jusque dans les environs

la

du nom de Caranusca,

Table de Peutinger attribue à une station itinéraire, située entre Metz et Trêves et, du côté du midi, on en rencontre un exemple dans le département de l'Hérault. De sorte que la topo-

que

la

;

nomastique permet d'affirmer que les Ligures habitèrent jadis dans une vingtaine au moins de nos actuelles circonscriptions départementales.

Parmi

15.

c'est le

formes

suffixes caractéristiques de ces

les

féminin -asca qui est

qu'il revêt

ordinairement

le :

noms de

lieu,

plus reconnaissable dans les

-asque dans

les

doc, -ache dans ceux de langue d'oïl. Annavasca, 739 Névache (Hautes-Alpes). Baascha, xn* s., pour un plus ancien

pays de langue

:

Bagasca

Bauche,

Saint-Seine-en-Bâche et

:

Badasca ou commune de

Saint-Symphorien (Côte-d'Or),

Girvascha, Gratiasca,

xn*^ s.

xi« s.

:

Gillivache (Isère,

commune

de Bresson).

Gréasque (Bouches-du-Rhône).

:

Manoasca, xu^ s. Manosque (Basses-Alpes), 148 texte s'appliquant « Inter duas Severiascas », :

\

à

;

affluents du Drac (Hautes- Alpes), la Severaisse et

deux

Severais-

la

sette.

Vindasca,

nom au 16.

iv"

s.

Venasque (Vaucluse), qui

:

a

donné son

Comtat-Venaissin.

Quant au masculin -a se us ou

à

son accusatif -ascum,

dans les pays de langue d'oc, est ceux de langue d'oïl, où il aisément dans on le reconnaît moins s'il

généralement

s'est réduit à a,

Avanascus, Brascus,

h peine altéré

aujourd'hui noté de diverses façons. 123(1

:

Saint-Sixte d'Avenas (Hérault).

chef-lieu de la

ix" s.,

vicaria Brascensis

:

Brasc

(Aveyron).

Caban ascum,

M ai a se us, MarasCy avoc

mn""

ix* s.

marescus

:

:

:

ancien prieuré du diocèse de (iap.

Maatz (Haute-Marne).

Marasco, 1188, cniifondu Marac (^Haute-Marne). do

Il.'i7,

s.

(\rs

le

\i\'

s.


UHlGliNES

IJUUKKS

17

Pahiriascus, époque carolingienne Pailharès (Ardèchej. Salascus, i\^ ou x*' s. Salasc (Hérault). Soleilhascus ou Soleilhascum, forme basse Soleilhas :

:

:

(Basses-Alpes).

Vennaschus ou Vennascum, localité aujourd'hui inconnue, mentionnée en i079 dans une charte de Tabbaye de Gellone. suffixes féminins -osca, -usca, 17. Les fréquemment confondus au moyen Bge, devraient donner en langue d'oc en langue

-osqiie, -usque,

d'oïl, oche, -uclie.

Lantosca, xii*' s. Lantosque (x\lpes-Maritimes). Gentusca, 1149 Santoche (Doubs). :

:

18.

A

ces

noms

il

convient d'ajouter les suivants, dont on

ignore les formes anciennes

Eydoche

:

Lambruche (Basses-Alpes), Mantoche (Haute-

(Isère),

Saône). 19. Beaucoup plus fréquent que son féminin, le masculin -ose us, -uscus, se reconnaît aisément dans les contrées de langue d'oc sous les formes -ose, -use on le pressent moins dans les formes vulgaires en -oc, -ost, -ot, -ou, -oud et -eux qu'il a ;

langue

prises en

d'abord, du

par suite de l'assourdissement de Vs

d'oïl,

c ensuite.

Albioscus, viii*^ ou ix® s. Albiosc (Basses-Alpes). Baroscus, 986 la forêt de Barou (Saône-et-Loire). Blanuscus, 927 Blanoscus, xri^ s. Blanot (Saône-etLoire), qui a un homonyme dans la Gôte-d'Or. Branoscus, xiv^ s. Branoux (Gard). :

:

:

;

:

Brinosc, 1100

:

Brignoux

(Isère).

Gadaroscus, 845, où il faut vraisemblablement reconnaître un cognomen formé sur le grec xaOapiç Cadarot (Bouches-du:

Rhône, commune de Berre).

Gagnoscus, xi" s. Saint-Jacques-de-Gagnosc (Var). Ghanozco, 960 Gannoscus, 1050 Chanos (Drôme). Gamaloscus, 1299, et en langue vulgaire C/«cmi/i/o.s/, xiii'' :

:

;

s,

:

Chamaloc (Drôme).

Gambloscum, ix* s. Champlost (Yonne). Gamboscus, xii" s. Chambost (Rhône). :

:

Gurioscus, 814 Flaioscus, xi*' Flavius Flayosc :

l^es

noms

de-

lieu.

:

Curiusque (Basses-Alpes). formé probablement sur s.,

le

gentilice

(Var). 2


18

l-I..-^

Hemuscum,

1293

>U.\]?

Eymeux

:

LILLX

LtE

(Droraei.

Monsioscus, x^ s. Monsols Rhône). Noioscus, 970 Niost (Ain). ^

:

:

Larnaud Jura). Ornosc, x^ s. Siguroscus, 852 Sirod \^Jura). Vallis Venusca, 8i8 Venosc Isère;. Velioscus, 1038 Vilhosc Basses- Alpes/. Vitroscus, x'^^-xi^ s. Vitrieux Isère). 20. Le nom de Vitrieux appelle une observation particulière. La terminaison qu il présente est, dans la région où est située cette localité, propre aux noms de lieu formés à laide de la dési:

:

:

i

:

:

nence d'origine celtique -iacus, dont il sera traité plus loin. Il est probable que ce nom, qui ne remonte qu'à l'époque romaine

eut dès l'origine on y reconnaît le gentilice Victorius deux formes indifféremment usitées, et caractérisées respectivement par le suffixe ligure -oscus et le suffixe celtique -acus.

Cette hypothèse d'une appellation double s'impose aussi à propos

que des textes du x*^ siècle appellent Appenniacus ou Appiniacus, mais dont le nom actuel ne peut s expliquer que par un primitif formé à l'aide du suffixe ligure -oscus. 21. A la précédente nomenclature il faut sans doute ajouter les

d'Apinost Rhône

noms la

,

suivants, dont les formes originelles sont inconnues

:

dont Artignosc iVar,, Brusque {Aveyron;, Gilhoc iArdèche; identique celle à de Ghamaloc, est terminaison Vanosc

(Ardèche). 22.

L examen

attentif des

noms

qui

précèdent prouve que

l'ancien suffixe ligure masculin, souvent reconnaissable au sud de la

Durance

et

en Dauphiné, où

orthographique -asc ou

même

-use,

il

parait aujourd hui sous la forme

s'est quelquefois assourdi

eu

-o/,

nom de Cadarot. dans le nom de Cha-

dans la Provence méridionale, témoin

le

Cet assourdissement s'est produit encore rnaloc, où Vs a disparu, et dont le c final n'est j)lus là sans doute observe aussi dans le nom on que comme un souvenir (THymeux. (lu'étymologiqucment on pounait écrire Enieusc; :

mais on ]('.s

noms

f>lost, (le

le

constate surtout, au nord de

\

ienne

et tle Ly<ni,

dans

de Sirod, de Mousols, de Niost, de Blanosl, de Cliam-

aussi bien que dans Rarou,

-oscus y.ïi

1

raison

s'est «b-

Branoux

et

Brignoux, ou

1

o

développé en ou.

<cs faits,

il

est impossibli-.

i|u;in<l

on ne possède


ORlGINiS LKilHKS

!9

pas de formes latines réellement anciennes, de distinguer, parmi les

noms de

la

partie septentrionale de notre pays, ceux qui

lieu

modernes en

-as et en ~ot qu'on rencontre dans

étaient origi-

nellement terminés par les suffixes ligures -ascus, -oscus et

-uscus.

On

23.

hésite aussi, en Tabsence de textes, à attribuer une

terminaison ligure féminine aux formes primitives des noms qui,

dans

même

la

région, sont terminés aujourd hui en -ache, -oche

et -oiiche, et qui,

dans un certain nombre de

une tout autre origine (Vaucluse) représente

:

c'est ainsi que, par

le latin

cataracta,

Dans ceux des pays de langue suffixes ligures,

nom

il

est

également

d'oc

«

cas,

peuvent avoir

exemple, Cadarache chute d'eau

où s'assourdit

difficile

».

le c

de déterminer

des

si

un

-ascus ou de -atis, et d'affirmer que les noms de lieu en -os, si nombreux dans les départements du sud-ouest, dérivent de noms primitifs en -oscus. En outre dans le département de TArdèche les noms d'Arlebosc et de de lieu en -as dérive de

Malbosc paraissent complètement étrangers à

l'influence ligure,

car on sait que bosc est, dans le midi de la France, l'équivalent

de notre mot bois.

donc se contenter, jusqu'à plus ample informé, de savoir que les suffixes caractéristiques des pays jadis occupés par les Ligures se rencontrent en Provence, dans le Dauphiné, faut

Il

Bresse,

la

Rouergue, 24.

la le

Franche- Comté,

la

Bourgogne, l'Auvergne,

le

Vivarais et le Languedoc oriental.

La présence d'un élément

ligure

dans

géographique de notre pays est maintenant un

la

nomenclature

fait

indiscutable.

Mais peut-être d'Arbois de Jubain ville va-t-il trop loin, quand aux Ligures tous les vocables d'apparence indoil attribue européenne, qui ne peuvent s'expliquer, ni par le latin, ni par

le gaulois, tels les

noms de

rivière

en -ra (Isara, Avara,

Savara), en -antia, -entia, -ontia (Asmantia, Druentia, Alisontiaj, en -umna (Olumna, Garumna) ou il y a là une exagération de en -ona (Axona, Matrona) nature à compromettre les résultats certains obtenus à si grand'

Tara,

.

:

peine d'une étude attentive de 25.

Ce que

les

noms de

lieu

toponomastic(ue française. en -ascus, -oscus, -uscus nous

la

apprennent de l'extension géographique des Ligures, on pourrait l'induire

également peut-être des vocables de

même

ordre termi-


20

LES

NU.MS

DE LIEL

nés par un autre suffixe, dont nous devons à «

Pline l'Ancien.

sans fond

écrivain

»,

En

signalant

nous indique suffisamment

trop rares, que fournissent

mention implicite qu'il

traduit

par

nom ligure du Po, cet -in eus comme un suffixe

(fundo carens), comme

ligure. Celui-ci se retrouve

la

Bodincus, le

en d'autres noms, malheureusement

les textes antiques

:

Lemincum,

loca-

du pays allobroge que représente aujourd'hui Lemens, faubourg de Chambérv; Alisincum, vraisemblablement SaintHonoré (Nièvre); Durotincumqu'ilfaut chercher dans le département de risère; Agedincum, qui a échangé son nom contre celui de la nation celtique des Senones, dont elle était, au temps de César, la ville capitale Yapincum. Gap (Hautes-Alpes). 26. Ce suffixe, qu'on trouve également en d autres noms de lité

;

lieu

pour lesquels on ne possède pas de

comme

mentions antiques, donc vers le nord, au suffixe -ose us. Mais il

celui de l'Albenc (Isère), s'étendait

moins jusqu'à Sens, de même que le serait dangereux d'être plus afïirmatif, car dans les formes modernes des noms de lieu le suffixe -incus se distingue difficilement d'un suffixe germanique presque identique, -ing, latinisé -ingum, qui se retrouve dans le haut bassin du Rhône, sous la forme -ans, et dans le Midi sous la forme -enc, au pluriel -ens, formes qui représentent, non moins régulièrement, le suffixe ligure -incus. Il

le

faut observer

nom

de

la ville

de lAlbenc.

que ce dernier a parfois perdu l'accent, témoin de

Gap

et la prononciation locale

Alb du nom


IV

PRÉSUMÉES IBÈRES

ORIGINES

Les Ibères ont dominé dans la péninsule hispanique antérieurement à l'invasion celtique, soit au iv'^ ou au v'" siècle avant notre ère.

Les Aquitains qui, au temps de César, occupaient la région de Gaule comprise entre la Garonne et les Pyrénées, s'étendaient antérieurement, au dire de Strabon, jusqu'aux Gévennes selon le même géographe, ils se distinguaient non seulement par leur langage, mais aussi par leur type physique, beaucoup plus rapla

;

proché du type ibère que du type gaulois,

et formaient un groupe complètement distinct des autres peuples de la Gaule. Ce pays entre Garonne et Pyrénées fut romanisé avec le reste de la Gaule, puis occupé au v*" siècle par les Goths, que les

Francs remplacèrent à Enfin,

moins d'un

la suite

siècle

de

plus tard,

l'époque impériale on désignait sous fut

envahie par

^^ascones,

les

de Veuille (507). la contrée, que depuis

la bataille

le

nom

de Novempopulanie,

habitant anciennement la Can-

tabrie, et dont l'influence sur la population et la langue du est notre Gascogne pays auquel ils ont donné leur nom invasion dernière en effet, à cette encore des plus visibles c'est, qu'il faut sans doute attribuer l'introduction de la langue basque

:

en Gaule,

oîi elle

fut d'ailleurs assez vite refoulée, et confinée

dans ce qu'on appela plus tard et la

Basse-Navarre

;

il

en deçà des Pyrénées, la totalité,

du moins

la

est

la seule

pays de Soûle

les

même où

et

de Labourd

probable que cette région les

est,

Basques formèrent, sinon

grande majorité de

la

que, dans les parties plus septentrionales de

population, tandis la

Gascogne,

l'élé-

ment romain conservait l'avantage du nombre. L'existence,

population

si

dans

vin

coin

caractérisée, a

de

l'Aquitaine primitive,

dune

et de

bonne

prévenu favorablement,

heure déjà, les ethnographes en faveur de l'identité des Aquitains mais on a peut-être eu le tort d'oublier la date et des Basques ;

récente de

la

venue des Gascons on Gauh\


LES NOMS DR LIEU

22

L'argument

27.

plus considérable pour apparenter

le

des Aquitains réside dans

le

nom

la

langue

primitif de la ville d'Auch,

Elimberris, dans Pomponius Mêla, Cliniberrum, par une faute de copiste, dans l'Itinéraire d'Antonin, Eliberre dans la

On

Table de Peutinger.

a

rapproché ce

nom

de celui d'Illiberis

qui s'en disting-ue cependant, non seulement par sa lettre initiale,

redoublement de 17 et par la présence d'un deux et comme le nom d'Illiberis s'appliquait dans l'antiquité aux villes d'Elne (Pyrénées-Orientales) et de Grenade (Espagne), on a voulu voir dans ces trois villes, trois mais encore par

le

seul r au lieu de

;

homonymes

localités

qui, par

nom

leur

d'origine à la fois ibé-

rienne et basque, et par leur situation, marquaient les points

extrêmes de

« Ces noms mêmes, dit eux seuls pour établir que le parlé jadis dans l'Andalousie, en Gascogne et en et il déclare ensuite que ces noms représentent le la

domination ibérienne.

Achille

Luchaire,

basque

fut

Pioussillon »

nom basque neuve

A

suffiraient à

;

que traduisent exactement

iriherri,

les

« ville

ces allégations on peut objecter que les trois vocables ne

sont pas entièrement identiques, et que l'ancien

de Grenade ne présente pas

il

double r

si «

nom

d'Elne et

caractéristique de

nouveau » d'autre deux syllabes illi ;

est téméraire d'aflirmer l'identité des

aveclemot basque Polybe,

le

basque herri au sens du français

l'adjectif

part,

mots

».

le

nom

iri

signifiant « ville »

;

enfin,

s'il

faut en croire

primitif de la ville d'Elne lui aurait été

avec un cours d'eau voisin,

le

Tech

;

or,

il

est constant

commun que dans

donné son nom à la ville, et la traduction d'Illiberis par « ville neuve » n'est pas acceptable pour un cours d'eau. L'étymologio bas([ue de ce nom,

les cas similaires, c'est le cours d'eau qui a

et partant l'identité

donc

i>icn

Aussi «

des Aquitains

des Basques, se trouvent

compromises.

paraît-il sage

de se ranger à

La science ne peut

Hasques,

et

ni

rien

dire

l'avis

encore,

sur la langue des Ibères

».

de M. Julien Vinson ni

sur

:

l'origine des

Peut-être,

comme

l'a

pensé Guillaume de Humboldt, y a-t-il dans l'Espagne, et même en Gaule, d'anciens voca})les géogra|>hiques qu'il est possii)lc d'expliquer par

le

bas(|ue,

ce qui, en

siq)posant

le

fait

prouverait qu'avant d'être confines dans les montagnes

Cantabrio. les ancêtres des Rasque-s avaient

r-n

avén-,

de

la

des établissements


OUKIINKS

l'IlKSlMl'lKS

ItîKliES

2-i

dans diverses parties de la péninsule ibérique el dans la Gaule méridionale mais rien ne démontre que la lang'ue des Ibères, ;

et

par suite celle des Aquitains, soit représentée aujourd'hui par

la

langue basque;

démontré

celle-ci, à vrai dire

le fait a été

récemment

renferme, avec une grammaire antique, un grand

nombre de mots romans. Si

l'on

ne peut identifier avec

la

langue ibérique

certains

vocables encore usités dans la France méridionale, et dont gine

peut-être imputable aux Basques,

est

il

faut

l'ori-

cependant

reconnaître que certaines appellations géographiques françaises

remontent aux Ibères. 28. Tel est en premier lieu le

mot

équivalent du latin

nlison,

al nu s, et représenté par l'espagnol aliso, dont on a rapproché le

basque elfza

latinisé

et l'allemand else,

anciennement

eliza

;

il

a été

en aliso, alisonis, réduit plus tard à also, alsonis,

qu'on reconnaît dans Alzon (Hérault], Alzonne (Aude), et dans l'Alzoïl (Aveyron, le nom d'un grand nombre de cours d'eau :

(Basses-Alpes,

Ardèche, Aube, Gard,

Gard),

l'AuzOîl

Loire,

Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Saône-et-Loire,

Indre,

Vaucluse,

on peut citer plusieurs cas oîi ce dernier nom désigne non seulement le cours d'eau, mais encore une des localités riveVienne)

:

raines.

29. Alisos est aussi la racine d'un autre

dont

le

territoire

gaulois

fournissait

nom

de cours d'eau

beaucoup d'exemplaires,

Alisontia. Ce nom, appliqué par le poète Ausone à l'Elz, affluent la Moselle, qui coule dans la région de Coblenz, et dont on reconnaît un diminutif dans le nom de l'Alzette, qui arrose de

Luxembourg, a désigné aussi l'Auzance, fleuve côtier du département de la Vendée, et son homonyme qui passe h Vouillé (Vienne), ainsi que l'Alsance, affluent du Tarn; c'est sans doute lui qui fournit le thème étymologique du nom des communes actuelles d'Aussonce (Ardennes) et d'Auzances (Creuse). 30. 11 est douteux qu'alisos soit un mot ligure, croyait d'Arbois de Jubainville.

Il

comme

le

dans

la

existe, à la vérité,

Corse, où les Gaulois n'ont jamais pénétré, un

hameau dénommé

Alzone, et des cours d'eau appelés Aliso, Alzeto, Alizani

dans

d'aliso

mais

Ligurie proprement dite, autrement dit dans la on n'observe aucun vocable dérivé d'alisos. La persistance en espagnol et lo basque elfza, autorisoni, scmble-t-il,

la

Italie,

;

Haute-


24

un mot

à tenir alisos pour

DE LIEU

><»MS

T'ES

ibère

qui sont la plus

les Ibères,

;

ancienne population connue de l'Espagne, ont occupé, nous d'ailleurs leur sphère d'indit, la Gaule du sud-ouest fluence dans notre pays est encore à déterminer. l'avons

;

Pareille origine est attribuable

aux mots

arfig, garric,

cahnis

et serra.

31.

Le premier, qui

Espagne sous

subsiste en

la

forme artiga,

au sens de défrichement ou d'essart, avait la même acception du Midi on le trouve aussi en catalan sous la forme artigo, dont le patois du Limousin olTre la variante artijo dans, la langue

;

:

ces deux dernières formes figurent dans le Trésor du Félibrige

de Frédéric Mistral. Or,

il

limousine a été employée

que la forme de lieu en Poitou, en

est curieux de constater

comme nom

Artige (Vienne), Marche et en Auvergne et Cantal, Puy-de-Dôme), Lartige (Charente)

Bourbonnais, dans

la

Arliges (Allier, que la forme méridionale Artigue ou Lartigue, avec ou sans final,

accompagnée ou non d'un complément,

s

se retrouve dans

des vocables géographiques de l'Ariège. de l'Aude, de l'Aveyron, de la Corrèze, de la Haute-Garonne, de la Gironde, des Landes,

du

des Basses-Pyrénées, des Hautes-

Lot, de Lot-et-Garonne,

Pyrénées,

et

même du

Var.

donc un mot d'une langue antéromaine, qui, encore où il n'est pas question ici d'en déterminer employé en Espagne a été jadis usité, ainsi que les noms de l'extension primitive 32. Voilà

— —

lieu l'attestent, à

ment dans

peu près dans

la

moitié de la Gaule, principale-

l'Aquitaine, au sens large de ce mot, c'est-à-dire dans

tout le pays compris entre les Pyrénées et la Loire ressant à noter, on

le

trouve

même

à l'est

;

et, fait inté-

du Rhône, dans

le

département du Var. Ce mot, antéromain et sans doute antéceltique, est-il ibère, est-il ligure? Ligure, ce n'est guère probable, car alors on le trouverait dans les régions de la Haute-Italie,

dernier refuge de l'indépendance ligure avoir observé. Ibère, on

le croirait

:

or,

on ne paraît pas

1

y

plus volontiers, puisque c'est

dans l'espagnol, qu'on le s'étend en France, retrouve surtout aujourd'hui, et non seulement dans la région habitée au temps de César par les Aquitains, dont Strabon indique la parenté avec les Ibères, mais

dans

la

langue actuelle de

l'Ibérie,

puisqu'il

aussi au delà

étendus

du Rhône, alors qu'on

juscpi'.iu lUiônc,

par

sait

le littoral

que

les Ibères se sont

médiferranéen.


ORIGINKS PHÉSUMÉr^S IUKURS

Non moins

33. ffarric,

au

intéressant est le

sens de

«

chêne

»,

2")

mot gascon

qui,

et

languedocien

au delà des Pyrénées,

se

retrouve en catalan sous la forme garrig. Ce mot, qui figure

avec ses dérivés dans

le dictionnaire provençal de Mistral, ou, pour parler plus exactement, son dérivé garrigo, au sens de « chênaie, lieu planté de chênes », a pour équivalent limousin

Jarrijo, et celui-ci semble avoir, dans les régions septentrionales,

une variante jarrie, dont

On

les

noms de

lieu révèlent l'existence.

rencontre dans la France méridionale Garric ou le Garric

(Aude,

Avejron,

Hérault,

Garrigou (Ariège, Lot-etAveyron, Cantal, Dordogne,

Tarn),

(Aude,

Garonne), la

Garrigue Haute-Garonne, Hérault, Lot, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Orien-

tales,

Tarn, Var), parfois orthographié officiellement Lagarrigue

Garrigues ou

(Lot-et-Garonne, Tarn),

les

Garrigues

(Gard,

Hérault, Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Yaucluse). La

forme limousine est représentée par Indre, Haute-Loire, Lot,

la Jarrige (Cantal, Corrèze,

Puy-de-Dôme, Vienne, Haute- Vienne),

et les Jarriges (Charente, Indre, Vienne). Enfin,

on reconnaît

la

variante qui peut être rapportée à la langue d'oïl dans la Jarrie (Charente-Inférieure,

Dordogne,

Cher,

Indre-et-Loire,

Isère,

Loire- Inférieure, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Yonne), les Jarries (Charente-Inférieure, Vienne), le Jarriel

(Seine-et-

Marne), Jarrier (Savoie), le Jarrier (Eure, Indre-et-Loire, LoireInférieure, Nièvre, Orne, Sarthe,

Seine-et-Marne), les Jarriers

du mot garric plus étendue, on le voit, que

(Sarthe). L'aire géographique

et de ses variantes

ou dérivés

celle

est

du mot

artig,

puisqu'elle atteint vers le nord les départements de la Sarthe, de l'Orne, de l'Eure et de Seine-et-Marne, vers l'est ceux de l'Isère

de la Savoie. D'après ces données, qu'une enquête plus approfondie pourra modifier, garric semble un mot qu'on attribuerait et

plutôt aux

France

Ibères qu'aux Ligures, puisqu'il est

et à l'Espagne, et qu'on

septentrionale;

mais,

encore,

ne

le

l'opinion

basque représenterait l'ancienne langue encore en défaut, car

le

mot

commun

retrouve pas dans d'après

à

la

l'Italie

laquelle

le

des Ibères, se trouve

garric n'appartient pas à

la

langue

le chêne est désigné par le mot ariz. Le mot espagnol calma désigne un plateau désert où l'on mène paître le bétail. Il est identique au bas latin calma ou cal mis, que fournissent de nombreux textes du moyen âge, et

basque, où 34.


56

NOMS

Il--f'

qu'on retrouve dans tous

formes

plus diverses

les

les

ru.

1.1

K[

dialectes

méridionaux, sous les

calm ou culm en Rouergue

champ en Auvergne, en Gévaudan. en

Albigeois,

et

en

^'^iva^ais,

en

chaup en Dauphiné auxquelles correspond la forme chaux de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Ce mot. doù sont sortis de nombreux noms de Lyonnais, en Valentinois, chalp

et

que Calmettes 'Aveyron, Pyrénées-Orientales), Calmette ou la Calinette Ariège. Aude. Aveyron, Cantal, Gard. Hérault, Tarn Lacam Aveyron. Lot). Lacamp (Cantal), Lachamp lieu, tels

.

(Ardèche, Drôme, Isère). Laschamp

Hautes- Alpes.

Isère),

Chaux (Doubs, dans

la

(Puy-de-Dôme),

la

Chalp

Hautes-Alpes). Chaux ou la

Chaup

la

Jurai, peut aussi,

en raison de sa persistance

langue espagnole, être attribué aux Ibères de préférence

à tout autre peuple.

35.

dans

On le

en peut dire autant du

midi de

un château roche

«

».

à

la

créneaux,

Forme

vn.oi

peno, pennn. qui désigne,

France, une pointé, une hauteur, un sommet, qui

et

correspond à l'espagnol pena,

noms de Penne Penne (Alpes-Mari-

primitive, à ce qu'il semble, des

Drôme), de la Bouches-du-Rhône, Drôme), de Lapenne (Ariège) et des Pennes flîouches-du Rhône), ce mot a passé pour être d'origine latine Littré attribue en effet au mot latin pinna le sens de sommet » mais le seul texte qui autorise cette interprétation paraît être la Vie de saint ^'ictor et de saint Félix et il n'est pas des plus probants, car cette vie de saints aragonais du \'[ir siècle doit avoir été écrite au xiii*^ siècle, à Sarasrosse, et l'auteur a vraisemblablement emprunté j)inna. au sens de « faîte » et de « montagne », au langage vulgaire de son pays. 'Lot-et-Garonne), de Pennes

times, Aude,

:

><

36. et ];i

;

Le mot serre

est

certainement antéromain

tantôt féminin, suivant les dialectes,

il

;

tantôt masculin

se rencontre

dans toute

moitié méridionale de la France, et, désignant une chaîne de

montagnes, une

crête,

une cime dentelée,

il

l'esprigiiol sierra, ce (jui autoriserait à le tenir

37.

dans

Peut-être en

est-il

de

même

est l'équivalent de

pour

du mot saii/nr ou

ibère. sarjne,

qui.

un terrain humide, et (ju'on rencontre à un grand nombre d'exemplaires dans la nomenclature topographique de la France méridionale. C'est ce mot (pii est l'origine du nom de Grandsalgne 11'

p;ilois

(^orrèze).

limousin, désigne une prairie marécageuse,


.

.

V ORIGINES CELTIQUES

DUNOS Les noms de lieu d'origine celtique sont très nombreux en et, à défaut de résultats qui ne laissent rien à désirer, l'étude en procure des données intéressantes et certaines. France,

La plupart du temps on est en présence d'un substantif uni, avec un nom d'homme, soit avec un adjectif, et occupant

soit

d'ordinaire la seconde place.

du nom est constituée par un suffixe qui n'a de valeur que combiné avec un nom commun ou un nom Quelquefois

la fin

propre. 38. L'un des substantifs gaulois toponomastique de notre pays est

dont

sens originel est celui de

le

«

les

plus répandus 49ns

diinos,

montagne

latinisé

en

la

dunum,

»

Ce sens est attesté par trois écrits 1" Le pseudo-Plutarque, écrivain grec du premier quart du m° siècle, qui rédigea un livre sur les noms des fleuves et des montagnes, énonce formellement, à propos du nom de la ville de :

Lyon,

Ao'JYCouvov,

sens de

<(

que dans

lieu élevé*

la

langue des Gaulois,

coîivsv

avait le

>•>

donl De nominiLus galUcis Le petit glossaire gaulois Stephan Endlicher a signalé la présence dans un manuscrit du 2"

IX''

siècle,

ville S*'

:

conservé

à

Vienne, traduit ainsi

le

nom

de

la

même

Lugduno, desiderato monte''.

Enfin

la

Vifa sancti Germani, episcopi Antissiodorensis,

mefrica, écrite au ix" siècle par le moine Heric, affirme à deux

1.

Ao'jyov Y*p t^ acpwv oiaXEzno tôv zo'pa/.a

x.aXoj'j'.,

Plutarchi opéra, éd. Diibner (1855), V, 3.">. 2. Catalof/us codinim philolof/icnrum lal.inorinn Vinrlohnnpnsis ('Vienne, 183(1). p. 109.

ooiïvov

oï to't:ov

lilhliotlii'rae

sçiyovra.

i>:il;i/ln;ii'


2S

NOMS DE LlKf

Li:S

du nom d'Autiin et de celui de Lyon-, la synonymie du mot dont il s'agit et du latin nions. Malgré ce triple témoignage, on a beaucoup discuté, au siècle dernier, sur le sens du mot dunum, d'aucuns opposant au sens de « montagne » celui de « ville », qu on trouvé dans le saxon tun^ dans l'anglais moderne town opinion fondée sur ce que certaines localités au nom latin en dunum ne sont pas dans une situation élevée, par exemple Gaesarodunum, aujourd'hui reprises, à propos

'

:

Tours. Et, tout en n'admettant pas cette opinion, d'Arbois de Jubainville, attribuait à

dunum

sens de

le

«

forteresse

qu'a conservé

>>,

l'irlandais dun. Il

semble préférable de supposer que dunum, comme bien mots dans les diverses langues, a eu un sens primitif

d'autres et

un sens secondaire qu'après avoir, à élevé, il est devenu synonyme du

désigné un

l'origine,

;

lieu

oppidum,

latin

oppida occupant ordinairement des lieux élevés. Ainsi lallemand t

rum,

et le

reçut, dès

encore au cours du «

dont

variante hurff équivaut au latin cas-

la

bas latin rocca, origine de notre mot rnche\ ce dernier le

siècle,

vin''

xvi'',

moyen

château

château

Lerff

le

sens de

forteresse » qu'il

«

sous la forme roque, de âge, en France, le

fort », et celui

»,

les

ont évolué

à des localités

nom

de Rochefort, c'est-à-dire

de La Rochelle, c'est-à-dire

dont

avait

sorte qu'on donna, au

a

le petit

pas précisément

l'assiette n'était

une roche. Les noms de lieu ayant dunum pour origine sont nombreux. 39. En premier lieu doivent être signalés ceux dont dunum est l'élément unique.

Sans parler des Duno

d" Italie et

d'Espagne,

(jui

représentent

à coup sûr d'anciennes colonies celtiques, on note le

dans

les

départements de l'Ariège, du Cher, de

l'Indre, de la

Meuse,

l'i'hs <|iio(|iic

(h;

la

la

nom

de

Creuse, de

Nièvre et de Saône-et-Loire.

piovci-limi iiiciitis(|iio el

iiomiiio smnpsit,

Atif^iislodiimiin (Icmiiiu conce|)la vocaii, Aii},'iisli

moiitpiii Iraiisferl (|UO(l ccllica

liiii^iia.

(Arfa Sancinnini, jnillcl. Vil. 229

r>.

I.u^diiiio (l'IchtaMl (jallrinim raniinu noiiicu,

Imposilinn

<|ii(iiulaiu. (|iio(l sil \rl:,

iiiDns Incidiis

Srtiirlonini.

idem.

inilItM.

\ll.

Dun

JH

{'.


ORIGINES CELTlgUKS 40.

'.

ULWOS

29

Les Dunet qu'on rencontre dans l'Avayron et dans l'Indre à une date relativement récente,

sont d'anciens Diin pourvus,

le second était, k l'époque carod'une terminaison diminutive appelée vie aria circonscription lingienne, le chef-lieu d'une ;

Dunensis. 41.

de

Dunum

céder ce

la ville

castellum

l'usage, constaté dès 587, de faire pré-

;

nom du mot castellum,

autre que 42.

désignait encore vers 1061 un ancien

des Garnutes

la cité

a prévalu

:

cette localité n'est

de Ghâteaudun (Eure-et-Loir).

Le nom du Bourg-Dun (Seine-Inférieure)

est le

résultat

d'une juxtaposition analogue. 43.

Le

lac de

Thoune

est appelé

dans

la

chronique dite de

Frédégaire lacus Dunensis, ce qui révèle dans le ville de Suisse, qui s'écrit en allemand Thun,

Dunum

dont la dentale

nom

de cette

un antique

initiale s'est durcie.

Beaucoup plus fréquemment dunum est le dernier terme et il est parfaitement reconnaissable dans d'un nom composé 44.

;

les

noms

suivants

:

Bezaudun (Alpes-Maritimes, Drôme), homonymes,

k n'en pas

douter, de Besalû en Catalogne, qui fut le chef-lieu du

Bisuldunensis. Ghaudun (Aisne, Hautes-Alpes), dont au

xii^ siècle

sous la forme

le

Caudunum,

pagus

nom, qu'on rencontre représente sans doute

un ancien Calodunum. Coudun (Oise), mentionné dès 657 sous la forme Cosdunum. Exoudun (Deux-Sèvres) et Issoudun (Creuse, Indre), homonymes de rUxello dunum de César. Gavaudun (Lot-et-Garonne), nom dont la première partie est apparentée au nom du chef-lieu du Gévaudan, pagus Gabalitanus.

Laudun peut-être

(Gard),

Laudunum

en 1088, et plus anciennement

Lugdunum.

Liverdun (Meurthe-et-Moselle), vraisemblablement combinaison de dunum avec un nom d'homme romain tel que Liberius.

Loudun (Vienne),

k

l'époque carolingienne chef-lieu de

la

vicaria Laucidunensis ou Laucedunensis.

Tourdun (Gers). Verdun (Aude, Doubs, Eure, Meuse, Saone-et-Loire, Savoie, Tarn-et-Garonne), répondant à Virodununi. (pii est aussi lo


LES

30

nom

NOMS

UE

LIEL'

Château-Verdun (Ariège)

primitif de

et

de Montverdun

(Loire, Seine-Inférieure).

Vesdun

(Cher).

Le primitif dunum a subi également des altérations plus ou moins profondes, plus ou moins nombreuses, sous lesquelles on le reconnaît moins aisément. 45. Parfois dun est devenu don. Averdon (Loir-et-Cher), au xi^ siècle chef-lieu de la vie aria

E verdunensis

le

;

nom

primitif en était sans doute,

comme

d'Embrun et d'Yverdon, Eburodunum. Brandon (Saône-et-Loire).

celui

Bresdon (Charente-Inférieure), jadis chef-lieu d une viguerie du pagus Santonicus, la vicaria Brodunensis.

Cardunum

désignait, au x^ siècle, Villechardon (Mayenne),

comme un homonyme

qu'on peut donc considérer

de Karden

(Prusse rhénane).

Crodon 'Marne), en 1175 Craaldunum.

Loudon (Sarthe), au ix® siècle Lugdunum. Lourdon (Saône-et-Loire), au ix° siècle Lordunum. Meudon (Seine-et-Oise), au xii'' siècle Meldunum. Moudon Suisse^ canton de Vaud), le Min no dunum des

itiné-

raires,

Yverdon

(Suisse, canton

de Neuchàtel),

VEbrodunum

des

itinéraires.

On

ne

saurait joindre à cette catégorie le

nom

de Boscodon

(Hautes-Alpes), dont l'origine est bien différente, car sente, selon toute vraisemblance,

un ancien boscus

il

repré-

Aldonis

ou (Jddonis. 46.

Ardin

(Deux-Sèvres),

Aredunum,

ancien

olïre

jadis

Ardunum

[)our

l'exemple d'une autre

imputable à une prononciation vicieuse, de

la

un

plus

déformation,

voyelle tonique de

dunum. En vertu du phénomène phonétique j)ar le(|uel s expli{jue Vu la désinence du nom du Querci/ pagus Cadurcinus de du uni est tombé en Languedoc c'est im homonyme de Al.

II

:

Vcrdini r

(ju

il

faut voir dans

mot

qui termine ce

pas.

11

I

!

(I

lauto-daronne, Cers)

:

le

est adventice, et à l'origine ne se jirononçait

même

en est de

|iriiiiili\ riiu'iit

Verduc

iiead

de la linale du II II

II

m

.

nom

de Roquedur (Gard),


oHlGI^Ks ct:i;nuLEs 48.

le

dunus

'A[

Le nom, déjà mentionné, de Besalù, en Catalogne, prémais on observe, par surcroît, ou plutôt qu'il s'est assimilé à 17

sente aussi la chute de la nasale

que

:

(/

dunum

de

a disparu,

;

dune

qui le précédait, en vertu

loi

phonétique dont les

effets

sont particulièrement sensibles en Catalogne et en Roussillon

:

noms de personne Arnal, Giiibal, Raynal, Bigal y répondent à Arnaldus, Wilbaldus, Rei^inaldus, Rigaldus, la termimaison germanique aW, latinisée al du s, s'étant altérée en ail us, ainsi que des chartes du x^ siècle en font foi; de même Bisuldunum est devenu BisuUunum. Pareil phénomène sest

les

manifesté dans une région moins méridionale

:

l'Exel o dunum ou

Exoldunum

qu'vme charte du roi Raoul mentionne en 930, est xoUunum, témoin la forme Issolu que présente le nom

devenu E moderne de déformé

la localité

Puech

:

en Puy-Dissolu

:

d' Issolu

c'est

(Lot),

dans cette

maladroitement localité

rUxellodunum de

archéologues croient reconnaître

que des César.

un antique Lugdunum, devant le nom duquel le mot nions est venu de bonne heure se placer, comme il est arrivé à propos de Montverdun. 50. Ailleurs, mais toujours dans la France méridionale, le d 49.

de

Dans Montlahuc (Drame)

dunum

a fléchi

en

:;

:

il

faut voir

Lauzuil (Lot-et-Garonne), Montlauzun

Monlezun (Gers) représentent, eux aussi, et le Maudunum qui, dans un texte de 1207, désigne Mauzun (Puy-de-Dôme) est vraisemblablement pour un plus ancien Magdunum, vocable que l'on rencontre (Lot), et sans doute

Lugdunum;

d'anciens

Balazuc ( Ardèche) dont on rapprochera la terminaison de de Verduc, s'appela jadis Baladunum; et peut-être en

ailleurs.

celle

autant de Balaruc (Hérault), en supposant une manidu phénomène inverse du rhotacisme. 51. La chute complète d'une dentale originellement placée entre deux voyelles est un fait constant en pays de langue d'oïl, et ainsi explique-t-on que le </ de il u nu m n'ait pas laissé de faut-il dire

festation

l

races dans les

Achun

noms

suivants

(Nièvre), au

xi''

:

siècle

Scaduiium.

Âiglun (liasses-Alpes, Alj)es-Maritimesy.

Arthun (Loire), jadis Artedunum. Autun (Saône-et-Loirei, Augustodunuui.

Embrun

(Hautes-Alpes),

Notifia, dont

le

nom

la

civitas

E brodunensium de Eburodunum.

primitif était sans doute

la


32

LES NOMS

Mehun

(Cher. Indre

dunum

dont

haut de

la A^ovelle

.,

Meung

DE

LlEl"

(Loiret,

Nièvre;, ancien

Mag-

s'est vocalisé.

g Melun (Seine-et-Marne), le Melodunum de César. 52. La nomenclature qui précède doit être grossie des vocables dans lesquels on observe en outre les déformations signalées plus le

tonique de

Atton (Meurthe-et-Moselle)

dunum

:

Eton (Meuse), qu'on a lieu de réputer homonymes du Stadunum auquel doit son nom TAtenois, ancien pagus compris dans Farrondissement actuel de Sainte-Menehould (Marne). et

Brancion (Saône-et-Loire), Brancedunum. Cervon (Nièvre), au vi*^ siècle Cervedunum. Châlons (Mayenne), au viii*^ siècle Cala dunum.

Cugnon (Belgique, Luxembourg), Congidunum. Lyon (Rhône), Lugudunum, puis Lugdununi. Marquion (Pas-de-Calais), au

x<=

siècle

Markedunum.

Novio dunum. Sedunum.

Nyon

(Suisse, canton de Vaud),

Sion (Suisse, Valais), Suin (Saône-et-Loire), jadis chef-lieu de la vie aria Seodun en si s, et dont le nom primitif était probablement, comme celui de la ville de Rodez, Segodunum.

Torvéon (Rhône), au

x'=

de

siècle chef-lieu

la

vicaria Talve-

dunensis.

A

53.

côté de

Lyon on peut mentionner

Grégoire de Tours appelle

dans

la

Laoïl (Aisne),

Lugdunum Clavatum

prononciation, la (inale de ce

nom

;

on

que

sait que,

se réduit à an. Pareille

réduction est graphicjuement consacrée dans le

nom

de Belan

(Côte-d'Or), dont les formes anciennes, Beloûn en 1147, Bcleïin

Baladynum.

en 115i, autorisent à supposer un primitif 54. Les

noms de

pays et par une

la

Bourgogne

ai

de Conipiègne, portés par un

ville qui s'appelèrent

Burgundia

et

dium,

autorisent à supposer des formes intermédiaires

nia

Compenniuni, dans

et

(l

de

dunum

Sinduiium.

dans

C'est

là,

le

nom

Burgun-

lesquelles la lettrée^, précédée delà

lettres, se serait assimilée à cette dernière \i'.

Compen-

:

ainsi s'est

comporté

d'une localité que Flodoard appelle

nous apprend l'auteur de

l'y/Zs/o/'/'a

ccclesiae

nernensis, (ju'étaient honorées les reliques de saint Oricle, per-

sf»nnage qui périt lors de l'invasion des Vandales, au v" siècle; Mf l'unique paroisse de l'ancien diocèse de Reims, dont l'église


ORIGINES CELTIOLES

pour

ait

vocable

xm*^ siècle

dunum,

l'apparition tardive

ni

Dans

:^3

(Ardennes,

qu'au

On ne

tentera

appelle Senu.

chute, insolite en ces contrées, de

la

ici

termine aujourd'hui 55.

Senuc

Saint-Uricle est

Aubry de Trois-Fontaines

pas d'expliquer

D6'AO.s

."

nom

le

les parties

du

purement

c,

Tn de qui

parasite,

de cette localité.

de l'ancienne Gaule où lintluence germa-

dunum s est comportée tout autrement qu'ailleurs, en raison du recul de l'accent tonique, qui

nique a prévalu,

terminaison

la

porté sur la syllabe précédente

s'est

elle n'a laissé d'autre trace

:

l'on constate dans le nom dans celui de Birten (régence de Dûsseldorf), que Grégoire de Tours désigne par les mots apud Bertunensim oppidum, dans celui de Leyde, en hollandais Leiden un

qu'une désinence atone. C'est ce que

de Karden, déjà

cité,

Lugdunum

autre

enfin dans

don, de

Moudon

de Sion, dont

et

appellations allemandes

les

Ifferden, Milden et Sitten, appliquées

aux

villes suisses

d'Yver-

a été aussi question plus

il

haut.

convient d'examiner maintenant l'interprétation dont plu-

Il

noms en

sieurs des

On

56.

a constaté

dunum 1

sont susceptibles.

extrême fréquence du vocable Lug-dunum,

aujourd'hui représenté par Laon, Laudun, Lauzun, Leyde, Lou-

dun, Lyon, Monlezun, Montlahuc et Montlauzun, et qui fut

nom

primitif

trand-de-Gomminges (Haute-Garonne). «

mont des corbeaux

désiré

»

d'après

d'après le moine Heric

dans

la

»

le petit ;

d'après

le

le

— de

Saint-Ber-

Lugdunum

signifierait

Lug-dunum Convenarum

« mont mont lumineux »

pseudo-Plutarque,

glossaire d'Endlicher,

<(

d'Arbois de Jubainville a cru reconnaître

première partie de

Lugdunum

le

nom

d'une divinité,

dans des poèmes irlandais, mais dont il resterait à prouver que le culte fut répandu aussi en Gaule. L'opinion du moine Heric paraît la plus vraisemblable elle fait

Lug, dont

il

est question

:

de

Lugdunum

le

synonyme des CAermont

f[u'on rencontre

grand nombre également sur le sol de notre pays. Dans \'erodunum, non moins répandu ([ue Lugdunum, puisqu'il est représenté par sept \'erdun, deux \'erduo, doux

en

si

57.

Montverdun et par Chàteau-Verdun, un nom d'homme Veros^ d'ailleurs Les nnins

ilc

lien.

la

première partie

est, soit

un

adji'olif

fort

rare,

soit

•'


LRS

ni

verus

équivalant au latin

improbable, 58.

Verodunum

UE

.Nti.VIS

LlEi:

dans ce dernier cas,

:

le

moins

signifierait « vraie forteresse ».

Uxellodunum, que

l'on reconnaît

dans

les

deux Issou-

dun, dans Exouduu et dans le Puech-d'lssolu. dériverait d'un mot gaulois uxellos, qui peut avoir été employé comme nom d'homme, mais dont on ne saurait méconnaître la parenté avec l'adjectif

breton «ce/, au sens

nant bien à une montagne ou

d'

à

«

une

élevé

»,

qualification conve-

forteresse.

Le premier terme de Noviodunum, nom originel de Noy on, ce nom est sans doute un adjectif équivalant au latin no vus signifierait donc « nouvelle forteresse ". 60. Tandis que dans la première partie des vocables qui viennent d'être passés eu revue, on incline à voir des adjectifs, il semble bien que dunum soit précédé d'un nom d'homme dans 59.

:

chacun des noms suivants

Artedunum,

:

aujourd'hui Arthun, qui serait formé sur

ilhomme Artos, au sens d' « ours ». Brandon, où api^araî trait le nom d homme «

corbeau sanglier

nom

lira nos, signifiant

».

Eburodunum. :«

le

dont

le

preniiei'

terme aurait l'acception de

».

Des noms dhoujuies romains sont entrés pareillement en composition avec dunum. Bien connus sont les exemples four61.

Augus todunum, d'où Autun (Saùne-etCaesarodunum, qui fut, jusqu'au ui'- siècle, le

nis à cet égard par

Loire), et par

non» gie

(h: la

ville

de Tours

qn'^Viglun

qu.\(|uilius

et et

;

il

Liverdun

Liberius.

faut sans doute supposer pur analo-

dérivent

de

noms

i-onu\ins

tels


V

DUROS Duras

62.

comme du nos

signilie « forteresse »,

;

mais

il

est

probable que c'est un sens secondaire, et qu'à lorigine ce mot était

un

fortis,

adjectif équivalent au latin «

brave

>',

est

durus

ainsi ladjectif latin

;

devenu notre substantif «fort

».

dur uni, ce mot constitue la désinence d'un certain nombre de noms de lieu, dont deux apparaissent déjà dans les Commentaires de César et dans les Itinéraires Octodurum, Latinisé en

:

aujourd'hui Martig'ny (Suisse, canton du Valais) et

Augus-

todurum, aujourd'hui Baveux (Calvados). 63. En raison de la voyelle finale qu'en présente le premier terme, les noms de lieu de cette catég'orie se terminent invariab.lement en -odurum. Cette constatation a son intérêt, car le premier u de durum étant bref, c'est sur la syllabe précédente que se place

1

accent tonique, ce qui devait entraîner

la

chute de

r« atone, et l'assimilation du d à ïr avec lequel il se trouvait conséquemment en contact -odurum, altéré à l'époque franque en -odorum ou -ode ru m, puis réduit à -odrum, est devenu ;

en

ÎTdii^çixis-eure.

qui s'est à son tour, on va

de diverses façons. La

le voir, altéré parfois

romaine, s'appelait

ville qui, à l'époque

Autessiodurum, est, sous la domination Autissiodorum, Autixioderum de là :

romane Auçuerre, qui écrit Auxerre (Yonne). 64.

se prononçait

Auccure

La forme -eurcs'eal maintenue pour

suivants

franque,

l

venue

est

nommée la

forme

aujourd'hui Ton

;

oreille

dans

les iioni^

:

Aujeures (Haute-Marne), l'Albiodero des monnaies mérovingiennes, représentant un plus ancien

Albiodorum.

Ghilleurs (Loiret), qu'un pouillé du

xi''

siècle

appelle

Calo-

tluruni.

Izeure (Cote-d'On, Yzeure (Allier), Yzeures le ])reniier

appelé Iciodoro

Mandeure

(Doubs),

i

Indre-et-Loire),

en 763.

représente

l'antique

luni. privé par une aphérèse de ses deux

l'^pamanduodu-

|)ri'mièrt'S syllal>es.


36

LES .NOMS DE LIEL

Soleure (Suisse),

Salodurum

le

des itinéraires.

65. Ces exemples bien avérés autorisent à ranger, avec beaucoup de vraisemblance, dans la même catégorie, les noms de lieu français qui se terminent par le son eiire. Avalleur (Aube), dont le premier terme est presque certaine-

ment

le

mier

»,

mot gaulois Ahallos, employé, soit comme nom d'homme. et à

«

pom-

au point de vue du

Balleure (Saône-et-Loire), comparable,

premier terme, à Balazuc

au sens de

soit

Belan, mentionnés plus haut.

Pleurs (Marne), appelé Plaiotrum en 1052, et dont H. d'Arforme primitive était de Jubainville suppose que la

bois

Pelagiodurum. 66. On a vu par l'exemple d^Auxerre que

son

le

eiire,

représen-

tant -odurum, peut se réduire à erre. Ainsi en a-t-il été dans les

noms

ci-api'ès

:

Augers (Seine-et-Marne), prononcé Augère

;

ce vocable appa-

au moyen âge sous les formes Aljotrum, Aujotrum, qui semblent permettre d'y reconnaître l'Albioderum de Frédé-

rait

gaire, soit

un homonyme

d^ Aujeure.

Brières 'Ardennes, appelé à l'époque franque

Brioderum, formes Nanterre

(^

Seine),

Xemetodorum

basses pour

Nemptodorum

dans

Briodrum ou

Brivodurum. dans Grégoire de Tours,

Vie de sainte Geneviève, pour

la

Neme-

todurum. prononcé Solère ce nom, que les du moyen âge traduisaient abusivement par S oie ri a,

Solers (Seine-et-Marne), clercs

pourrait bien venir,

comme

;

Soleure, de

Salodurum.

Tonnerre (^onne), appelé par Grégoire de Tours Ternodorense castrum, ce qui suppose un primitif Turnodorum on ;

rencontre au cours du

moyen âge

formes

les

intermédiaires

Tornuerre, Tournoirre. 67.

A

son touc -erre

Briare (Loiret) est Briarres

s'est parfois

le

déformé en

Brivodurum

Loiret) représente

tic

-arc.

l'Itinéraire d'Anlitiiiii.

probablement un

primitif

sem-

blable.

Bussiares (^Aisnej,

(pi

il

nu faut pas confondre avec les

breux Jiussirres (^représentant autant de

nom a

Buxaria formés

nomsur

le

du buis) est ujqx'lé Boissucrrr en l^lli, ce (pii autorise supp()S(M' une forme originelle telle (|ue l?>i \ nd u ru m hypo-

thèse

latin

:

;i

la(|ue||e

ne

Cdii re<li I

|

|),is

je

/tn.ssiT/r

il

un |e\|e de

ll('»!l.


.

OIUGINKS CKI.TIOIES 68.

uriios

:

:{/

Une déformation exceptionnelle de la terminaison -erre. le phénomène inverse dn rhotacisme, se manifeste

explicable par

dans

le

nom

commune

d'Arnaise, porté par deux écarts de la

de

Saint-Ambroix (Cher) les formes médiévales de ce nom, Arnuria en 1208, Arreneure en 1398, procèdent sans nul doute de l'appellation antique du bourg de Saint-Ambroix. TErnodurum :

de ritinéraire d'Antonin. 69.

Dans une région étroitement

délimitée, la iinale -eure s'est

altérée différemment, par l'effet d'une substitution de liquide.

Briodorum dans

Brieulles-sizr-MeHS^ (Meuse) est appelé textes des

x*^,

et

xi*^

comme un homonyme

xii*"

siècles

on peut donc

:

de Briare; peut-être en

le

est-il

des

considérer

de

même

de

Brieulles-sHr-i?3r Ardennes) (

Manheulles (Meuse)

est

Manhuere, Manhuerre au Boureuilles (Meuse),

appelé

Manhodorum

au

y.f siècle, et

xni*".

nom dans

lequel la mouillure

n^apparaît que tardivement, est appelé Bourreiire en 1265

forme autorise l'hypothèse d'un piumitif 70.

Le nom de Tonnerre

Tournoirre

:

la

est passé,

finale :

cette

Burrodurum. on

l'a

vu. par la forme

prononciation ainsi notée se rencontre ailleurs.

Issoire (Puy-de-Dôme), appelé

Iciodorum

par Grégoire de

Tours, et depuis Issoerre, hsuerre, ce dernier prononcé Isseure, est l'équivalent d'Izeure.

de

Jouars (Seine-et-Oise) a pour ancien nom Diodurum, variante Divodurum, qui désigna la ville de Metz; c'est une contrac-

tion

du

même nom

qu'on reconnaîtra dans Jotrum, appellation

médiévale de Jouarre (Seine-et-Marne De ces noms on est tenté de rapprocher celui de Bouchoir (Somme), en raison de ses formes anciennes Buc/iuere e.r\ 121o, i.

:

Boucheure en 12o7. 71.

Waulsort

(Belgique,

Walciodorus en est vin*'

moins siècle

9i6.

surprenante

[.a

Namur) est appelé transformation de -odurum en -are province de

dans

Isarnodorum,

le

nom d'Izemore

qui appartient

méridionale que celles où ont été relevés

ment passés en revue. Ballore

les

(Ain),

(Allier, Saône-et-Loire)

sente sans doute aussi un primitif en

au

une région plus vocables précédemà

durum

;

repré-

mais cette hypo-

thèse n'est pas permise en ce qui concerne Saiiit-Paul-d'/ zore (Loire) et S'o/o/v-Saint-Laureiit. aujourd'hui Saiiit-Laureiil-sdiis-


J.ES

'AS

N(l>rs

DE

LIEL"

noms ayant

Rochefort (Loire), la terminaison de ces

moven âge par

En pays

72.

en -du ru

m

de langue germanique, l'accent tonique des

sest déplacé, mais non pas de

noms en -dunum s'est

porté

durum

:

c'est sur la

même

que

première syllabe de

d'Antonin

Itinéraire

1

(régence d'Aix-la-Chapelle) Zurich) répond à un antique

et

:

aujourd'hui

est

noms

celui des

durum qu il

Soleure s'appelle en allemand Solothum;

:

de

passé au

forme -ovre ou -obre.

la

le

Theu-

Tûdderen

Winterthur Suisse, canton de s

Vitodurum.

Les noms primitifs d Auxerre, de Boureuilles, d'Izernore,

73.

d Izeure ou d Issoire, de Tonnerre, paraissent avoir pour premiers

termes des noms d'hommes gaulois

Turnos

ceux d'Aujeure

;

Autecios,

:

et d' Angers et

noms romains. Albiuset Pelagius.

par des

Burros. Iccios,

de Pleurs débuteraient ce dernier d'origine

grecque.

«

Avalleur

et

pommier

i)

aussi

temple

»

qui peuvent avoir été pris

comme noms d'homme.

Dans «

Xanterre dériveraient des mots gaulois aballos, et fiemetos, «

pont

Brière,

Briare.

Brieulles

on reconnaît

le

mot

hrira.

».

Ernodurum

est apparenté

au

nom

de

la

rivière cjui arrose

Saint-Ambroix, l'Arnon.

On retrouve le premier terme du nom des Bajocasses, dans le nom que portait le chef-lieu de la finis Baiotrensis. en Duesmois.

Durum Bataves

combiné en outre avec des noms ethniques

s'est

et les

Boïens avaient des villes appelées

:

les

Batavodurum

elBoiodurum. 74.

Durum

exemple dans

a été les

Durocortorurn })reniiers,

et

employé aussi comme premier terme, par

noms Durovernum. Durocorn()^ iuni. Durocatuellauni. qui ont désigné, les deux

en Angleterre, (iantorbéry (comté de Kent) et (arcii-

cesler (comté de Gloucester), les deux autres lieims ef ('hàlons-

sur-Marne

:

il

a, à cet

égard, laissé des traces dans les

noms de

Dreux (Eure-et-Loirj, de Dormans (Marne) et de Donqueur (Somme), correspondant aux vocables antiques Durocasscs,

Duromannum, Durocoregum, Inféricure) et de Drucat

basses Durclarinn df Durbuy

<M

l5i'lLri(|u<\

dans ceux de Duclair (Seiile'Somme;, pour lesquels on a les formes Durcaptum. peul-ètre aussi dans celui

pr<»Nince de Luxfinboiu'gi.


oiiic.iMvS

75.

A

i.Ki.nni

i;s

:

iii

nos

'.\\\

considérer les contrées intéressées par les énumérations

qui précèdent, on observera que les

noms dans

la

composition

desquels entre diiros sont inconnus à lest du Rhin, entre lîhône et les Alpes, dans

(juon appela

la

le

Septimanie.

bassin de la Garonne et dans

le

le

pavs


VI

BRÏGA 76. Les

noms de

lieu

ayant pour terminaison hriga, autre mot

auquel les celtistes les plus autorisés attribuent aussi «

forteresse », ont

être jadis fort

qu'en deçà des Pyrénées révèlent l'existence

:

le

sens de

nombreux, mais plus au delà

les écrits de l'antiquité, tandis qu'ils

en Espagne d'une vingtaine de vocables de

cette catégorie, en font connaître seulement quatre ayant appar-

Baudobriga, Eburobriga, Litanobriga, la Gaule mentionnés dans les textes itinéraires, et Magetobriga ou Admagetobriga, qui figure dans les Commentaires de César.

tenu à

:

Évidemment briga appartenait au

dialecte des Celtibères, et ce

hors d'Espagne, constitue une

mot,

trace

du passage de ces

tribus.

Des quatre noms qui viennent n'ont

niers

nulle

laissé

Boppard (régence de Coblenz)

d'être rappelés, les

deux der-

Baudobriga est aujourd'hui mais ce nom moderne, formé

trace. ;

sous l'influence germanique, ne

en rien connaître

fait

le sort

mot gaulois briga. Eburobriga n'est autre qu AvroUes (Yonne), dont le nom, qui se présente dès le ix= siècle sous la forme Evrola, rappelle assez bien la première partie du réservé en France au

nom

antique, mais nullement sa finale

:

celle-ci aura subi

une

de ces transformations inattendues qu'on ne peut que constater, sans que 77.

la

Parmi

cause en soit déterminable. les

sule hispanique,

noms en briga qu on observait dans la péninun des plus sûrement identiliésest Conimbriga,

aujourd'hui Coimbre (Portugal)

briga

était bref,

:

on doit conclure de

par conséquent atone quand b

r

i

g

quel'/ de a jouait le

rôle de désinence.

78.

dérer

Broye

L't bief

accentué devenant en

comme

représentant briga

(Haute-Saône,

lianvi»»!^ "i,

employé

Saône-et-Loire)

de

et

<>ii

peut consi-

seul, les

noms de

Broyés (Marne,

Oise). 79.

Mais dans

le

cas, bien

plus

rr(''(|U('iil

,

<>ii

briga

est

1»'

(1er-


OR[GINES CELIIOLES

nom

nier terme d'un

de

FiHIGA

:

l'accent se

lieu,

— on — un

41

porte sur la svllabe

l'a vu par les quatre exemples que nous a laissés l'antiquité o. 80. Des formes vulgaires qu'a revêtues la terminaison -obrig'a, la plus reconnaissable est -obre on la rencontre dans Vèzenobre

précédente, qui est d'ordinaire

:

Vezenobrium en 1050, Vedenobrium en llol, dans Vinsobres (Drôme), Vinzobrium en 1137, vraisemblablement (Gard),

pour un plus ancien Vindobriga, peut-être aussi dans Lanobre (Cantal). 81. Plus au nord, le b devient est appelé

primitif celui de

v. Verosvres (Saône-et-Loire) au xiv" siècle Vorovre, ce qui autorise à supposer un

Verobriga dont

le

terme

initial serait

Parfois -ovre s'est réduit à -ore.

82.

Solobrensis ou Solovrensis du Saint- Laurent (Loire).

le

même

que

Verodunum.

Et

;

la

Le

chef-lieu de l'ager

x* siècle a été appelé Solore-

c'est aujourd'hui Saint-Laurent-sous-Rochefort forme Ysovrus, des x' et xi*^ siècles, donne à

Saint-Paul-d'Vzove (Loire), représente un ancien

penser que Icciobrig-a,

apparenté par son premier terme à Issoire

et à

Izeure.

C'est sans doute par l'intermédiaire de cette forme réduite,

83.

son liquide aura été altéré, que s'explique le nom déjà d'AvroUes (Yonne) représentant Eburobriga. 84. Le sonde Vo peut s'être allongé en ou Cottrouvre (Meuse

dont

le

cité

:

Corrubrium ment

en 1149,

à l'origine

85.

Mais

la

Corrobrium

Corrobriga.

forme que -obriga revêt

pays de langue

nom

plus

communément en

Donnobriga,

même de le

i\^ siècle,

Donobrium

Deneuvre (Meurthe-et-Moselle), paraît représenter

mérovingienne,

le

d'oïl est -euvre.

Ghartreuve (Aisne), Cartobra au ment pour Cartobriga.

en est de

,

en 1207. était probable-

«

la forteresse

vraisemblable-

au

xii" siècle,

de Dunos »;

il

Ghâtel-de-Neuvre (.\llier), qui était, à l'époque chef-lieu du pagus Donobrensis, et dont le

devrait s'écrire Chàtel-Deneuvre.

Escaudœuvres (Nord), Scaldeuvrium en 1137 nul doute n'est possible sur le sens de ce nom, dont le premier terme est ;

le

nom

de l'Escaut.

Vendeuvre (Vienne)

est appelé à

la

lin

du

\'"

sied.- \'end<»-


LES NOMS

i2

DE

I.IKC

Vindobriga que donne à supdans le premier ternie duquel on reconnaîtrait

bria, ce qui ne diffère guère du

poser Vinsobre,

et

l'adjectif inndos «

blanc

»,

peut-être pris

comme nom d'homme:

forme plus altérée Yindopera, sous aussi, vers la même époque, Vandœuvre (Meurthe-et-Moselle;, Une forme presque semblable, ^ en dopera, est appliquée en 1174 à Vendœuvres (Indre). Vendeuvre Calvados) est probablement de même origine, mais non point, on le verra plus loin (n*' 121), Vendeuvre Aube).

un texte de 938 donne laquelle on voit désigné

la

I

|

86.

Il est

Denèvre

arrivé que cette finale -euvre se soit réduite à -èvre.

(Haute-Saône'

apparaît

clairement

comme une

variante de Deneiivre.

Lingèvres

f

Calvados^ est mentionné

au

xii*"

siècle sous

la

forme Linguevre. Soulièvres (Deux-Sèvres) peut passer pour un homonyme de Solore, témoin l'appellation S olubriu m. qu'on trouve encore au xiv'^ siècle.

Sur

le

nom

de Suèvres ^Loir-et-Cher)

carolingienne, l'adjectif

a été

formé, à l'époque

Solobrensis.

Volesvres Saône-et-Loire). jadis }^nlnevre. donne à supposer

un primitif Volobriga. 87.

A

son tour -èvre s'est réduit à -ève dans

le

nom

de Char-

tèves (Aisne), dont l'origine paraît ne pas différer de celle de Charfreiivp.


VII

MAGOS Le substantif

88.

du

latin

témoin

le

camp nom

g-aulois ma(jos, latinisé

On

us.

de

la

retrouve dans

le

magus,

avait le sens

gaélique irlandais,

le

archiépiscopale d'Armagh, et dans

ville

le

breton armoricain maez, qui termine un assez grand nombre de vocables néo-celtiques.

magus

89. L'a de

était

bref, et

conséquemment atone dans

noms dont ce mot constituait la désinence de ces noms se terminant d'ordinaire par un

les

voyelle que se portait l'accent tonique

:

le

premier terme

o,

cest sur cette

or la finale

;

de bonne heure perdu tout ce qui suivait Y m

:

-omagus

a

on rencontre sur

formes Cisomo, Noviomo, Rotomo, au lieu des formes Cisomagus, Noviomagus, Roto magus, que fournissaient les textes antérieurs

des triens ou tiers de sou mérovingiens les

au

vii^ siècle.

90. Les plus anciennes formes

romanes des noms en -omagus

présentent la désinence -om, qui souvent deviendra -on et parfois se réduira à -an et -en.

91.

A cette règle

générale Quicherat a voulu opposer quelques

exceptions, caractérisées par l'absence de la nasale finale les faits allégués par lui

;

mais

ne sont rien moins que probants.

L'identification qu'il fait

du

Cenomagus

des Itinéraires avec

Senos (Vaucluse) n'est pas certaine. Néris

(Allier)

correspond

bien

a

lantique

Nerio magus,

témoin l'inscription qu'on y a trouvée, oîi il est question des vicani Neromagienses mais aussi Grégoire de Tours désigne ;

mots viens Ne re en si s d'où l'on est fondé à y eut jadis, pour désigner Néris, deux appellations

ce lieu par les

conclure qu'il

;

formées d'ailleurs l'une et l'autre sur

le

nom

d'une des divinités

gauloises auxquelles étaient consacrées les fontaines. Tandis (|uc

Neriomagus l'autre

ne pouvait donner que Néron ou Méran,

appellation,

celle

sur

employé par Grégoire de Tours, moderne.

laquelle

a

qu'il faut

été

formé

c'est

ii

l'adjectif

rapportei- le voc^ablc


NOMS DE

LES

i-i

f.IKl

Claudiomagus, que Quicherat

à

légèrement différente —

sous une forme

lig'ure

dio macho

traduit

dans une bulle du pape Calixte

par Cloué.

tort

altare de Clauen faveur de

II,

Tabbaye du Bourg-Dieu il s'ag-it de Clion (Indre), dont l'église jusquà une époque récente, sous le patronage de ce fut, monastère on peut supposer une forme intermédiaire Cloïon. :

:

Enfin

Cisomagus

comme

n'est pas,

Quicherat

seaux (Indre-et-Loire), car on ne saurait expliquer

l'a

le

cru, Chia-

chuintement

du c initial, non plus que le redoublement de Vs intervocal, sans compter que la désinence du nom de Ghisseaux n'est autre chose qu une désinence diminutive bien connue, ce nom étant le diminutif de celui d une localité voisine, Chissey (Loir-et-Cher). Cisomagus est devenu Cison, puis Cisan, forme attestée par un pouillé, enfin Ciran (Indre-et-Loire), par un phénomène dont il y a d'autres manifestations en Touraine et en Berry. 92. Aux deux noms en -magus dont l'équivalent moderne vient d'être déterminé,

Argéntomagvis, Argenton (Indre)

communes

de

il

qui,

convient d'ajouter les suivants

dans

renferment

Mayenne

la

d'Antonin,

:

désigne

doute l'appellation originelle des

est sans nul

même nom que

Lot-et-Garonne, de

l'Itinéraire

les

départements de

des Deux-Sèvres, et de

et

la ville

d'Argentan lOme).

Blatomagus, que donne à supposer la forme basse Blatomos, inscrite sur un triens mérovingien, est aujourd'hui Blond Ilaute-Vienne)

:

la

consonne parasite qui termine ce dernier

est l'elfet d'une assimilation de ce vocable

communal

nom

à l'adjectif

connu.

lîurno magus qui

Buinomo,

n'est aussi

figurant

sur

un

connu

([ue

par une forme basse.

est l'origine de Bournan Bournand (\'ienne). champ du combat », est le nom

triens,

(Indre-et-Loire, Maine-et-Loire) et de

Ca

tu

magus,

c'est-à-dire

le

«

Caen (Calvados), appelée Cadomum au de Cahon (Somme), dont le nom se présente en 1207

primitif de la ville de XI'"

siècle, et

sous

la

forme

très

suggestive dahoni.

Caren tomagus, dans un (Avcyron au

i\''

.

dont

sièch;

chef-lieu

Carentan (Manche se déclinait

texte

itiiiéraii-e,

désigne Granton

faut rapproche:- Charenton-.s///'-^.7/(v ((]her),

il

1.

de

Carenlo, Ca

ic n

\icaria

la

mais non

Cari n tominsis,

|)as (!/i;irrn/nn-l)'-I'i>n/ (Sc'wn' I

o

ii

i

s.

.

et (\u\


ORIGINES CELTIOLES

Cas sa 11 orna g US, antique Angoulème,

Rhône

et

de

la

Chassenon (Charente), qui

départements de Vendée. les

Condatomagus,

40

station de la voie de Périyueux à

est représenté par-

homonymes dans

MAG(JS

:

c'est-à-dire

«

le

a des

du

Loire-Inférieure,

la

champ du

confluent

»,

s'applique, dans les textes itinéraires, à une localité

du Rouergue, vraisemblablement un homonyme.

dont Gondéoni Charente), est On ne formule pas la même hypothèse à propos de Condom (Aveyron, Gers), car en pays de langue d'oc le t intervocal ne

tombé

serait pas

mais

:

la

graphie -orn, dont on observe aussi

maintien dans Biorn, autorise à rattacher ce nom, passant,

et, soit dit

le

en

de Billom (Puy-de-Dôme), à des primitifs en

celui

-omagus.

Eburomagus, de la Table théodosienne, parait être devenu Bram (Aude), moyennant une aphérèse. Iciomagus ainsi faut-il rectifier, semble-t-il, l'Icidinagus

de

la

a des

répond à Usson (Haute-Loire), qui Puy-de-Dôme et dans la Vienne.

Table de Peutinger

homonymes dans

Mantalomagus

ou

le

Mantalomaus, dans

désigne Manthelan (Indre-et-Loire). à

Il

Grégoire de Tours,

serait téméraire d'assigner

Manthelon (Eure) une origine analogue.

Mosomagus est le nom originel de Mouzon (Ardennes). Le premier terme de ce vocable paraît n'être autre chose que le nom de la Meuse, osa. Cet exemple de la combinaison de magus

M

avec un

nom

de cours d'eau, ne serait pas unique,

mis de voir dans se tint

en 670,

le

la

Xoviomagus Noyon

s'il

concile

Garumnomagus.

contraction d'un primitif

désigne, dans la Notitia dignitatum,

la ville

de

Noyen (Sarthe, Seine-et-Marne), Noyant IndreNyons (Drôme) et Nouvion-en-Po/i//t/eu (Somme) ont

(Oise).

et-Loire),

i

pareille origine.

Il

en est sans doute de

même

de Neung-«ff/r-

Beiivron (Loir-et-Cher), qu'un pouilléde 1226 appelle et

était per-

nom du Garnomus castrum, où un

de Nogent-/e-/io<row

mention certaine, datée

Nogiomum.

Ici

consécutif à une

l'on

'

Eure-et-Loir i,

d(^

1031, présente

observe cette

labiale

dont

dont

les

la

la

Noemiuni,

plus ancienne

forme

basse

très

« consonnification

»

de

exemples ne manquent

1'/

pas.

C'est peut-être, fort bizarrement altéré, le diminutif de queUiue «

Nogent.

»

de

même

nom

écrit,

origine

que Nogent-le-Rotnni

Longjumeau Seine-et-Oise), au xiii"' siècle, X ogemelluin.

reconnaîlre dans

d<>nl

qu'il

on

faut

voil

le


l.KS

4()

NOMS DE

LIKli

\

Kicomagus ou Higomagus, de Jubain ville,

champ du

« le

d'Arbois

c'est-à-dire, d'après

roi

était

*>,

province des Alpes Grées et Pennines, Ce

une des

nom

de

cités

la

fut aussi celui de

Riom (Puy-de-Dôme),

et sans doute de Rians (Cher), chef-lieu vicaria Riomensis. Piotomagus, primitivement Ratumagos. est représenté par

au

siècle

x*^

Rouen

de

la

par Pon^-(7e-Ruan (Indre-et-Loire), vicaria Rotomensis, et par Pondron (Oisei. qu'il conviendrait décrire Pont-de-Ron. et qui correspond au Rodomum d un diplôme de Charles le Simple pour 1 abbaye (Seine-Inférieure),

l'ancien chef-lieu de la

de Morienval,

Turnomagus désigne

Tornomagus, dans

ou

Tournon-'S'am^--Ucïr///i

(Indre;.

Grégoire de Tours,

Tournan

(^Seine-et-

Marne) se nommait sans doute de même on trouve au xii*" siècle, pour cette localité, l'appellation Turnomium. Vindomagus, que Pline signale comme un des vici des Volques Arécomiques, a pour homonyme, croit-on, Vendon :

(Puy-de-Dôme). 93. Le nom dEcouen iSeine-et-Oise) paraît devoir être rangé dans la même catégorie. On n'en possède pas, à vrai dire, de formes latines, mais la j^lus ancienne forme vulgaire. Escueni donne lieu de supposer, en raison de son m tinale, un primitif que Scotomagus, dont le premier terme serait apparenté nom des habitants de l'Ecosse. 94. On ne doit pas, a priori, considérer comme provenant d'un nom en -omagus tout nom moderne terminé par -ont tel

au

;

avant de se prononcer dans ce sens, finale

essentielle

retrouve dans

MU" en

Dans

les

-omagus

très dill'érents

Le

math

de cette

que Yin,

terminaison,

il

se

xn^ et

s'agit.

pays de langue germanique, l'accent des noms

s'est

déplacé et porté sur \a

;

de

des résultats

de ceux qu'on observe en pays roman.

Brocomagus ( 1

faut s assurer

formes vulgaires, appartenant aux

les

du nom dont

siècles,

95.

caractéristique

et

il

>asse-.\lsace

de

l'IliiK

raire

d'.Antonin paraît être

Bru-

.

Diirnomagus donné Domiagen régence de Diisseldorf), Marcoiuagus Marmagen (régence d'Aix-la-Chapelle), Novlo?i

niagus Neuraagen

i

régence de

appelons Nitnrgue (Pays-Bas), de

(

.iiblfll/

.

Trêves) el Nijmegen, que nous

Rigomagus Remagen

i

régence


VIII

BRI VA Le mot briva ne

96.

On

néo-celtiques.

sement

lui a,

s est

dès

conservé dans aucune des langues

le xvi*' siècle,

attribué assez heureu-

sens du latin pons, qui semble ressortir, en

le

nom Briva

Isara, désignant, sur

remplacement de n'est autre chose

la ville actuelle

que

la

la voie

de Pon toise

traduction de

du

effet,

de Paris à Rouen,

nom

ce dernier

:

Briva Isara. Cette con-

jecture s'est trouvée vérifiée par Fexamen, non seulement des

noms analogues que

fournit la nomenclature géographique, mais

encore du petit glossaire d'Endlicher, où hi'io, une forme masculine de briva, est traduit par le 97.

Employé

parfois isolément

l'origine de Brive

comme nom

de

représentant latin

(Mayenne), de Bvive-la-Gaillarde

ponte.

Briva

lieu,

est

i^Corrèze),

de

Brives (Indre, Haute-Loii'e), de Briwes-sur-C/iarente (CharenteInférieure), de

désignant franchit la 98.

Il

nom

Brèves (Nièvre), de Brie (Aisne), ce dernier

point où l'antique voie de Saint-Quentin à

le

Amiens

Somme.

est à noter

que Brive-la-Gaillarde

est

mentionné par

Grégoire de Tours sous l'appellation de Briva Curretia, dont le

second terme n'est autre chose que

le

nom delà

Corrèze

:

ainsi

le mot briva est suivi d'un nom de Des exemples analogues sont fournis par Briva Sugnutia, nom qu'une inscription romaine applique à un viens par Briovera, du pays éduen où existait une fabrique d'armes ou mieux, sans doute, Briavera, forme basse pour BrivaA^era, aujourd'hui Saint-Là, sur la Vire: par Bria Sarta, pour Briva

que dans Briva Isara, rivière.

'

;

Sarta. 99. 1

nom

antique

I.

iS'.KJ,

liaul.

qui s'est conservé (hins Brissarthe (Maine-et-Loire).

Ailleurs,

Llriu'sl

le

mot briva

appellation

Ufsjiiiiliiis, (iéoijiupliH\...

yr. \n-H'\

II,

ir2-\l.\] l'identilif

secoutl rang. Dans Samarobrivii ou Samara-

(»ccupc le

àWinieiti^,

</(-•

lu (iaulf

ronuiinc

!

Paris,

a\fC Brèves (Nièvre), nuMitioiiiu'

ISTli[Avts


48

NOMS DE LIEU

LliS

briva.

le

premier terme est

Samara. Ghabris chef-lieu de la

blement à en latin

(Indre),

nom

le

primitif de

qui était à

vicaria Carobriensis,

l'orig-ine

Carobriva

même

façon

la

:

Somme,

caroling-ienne

s'appelait vraisembla-

Chabris est situé sur

:

Carus ou Garis. Le nom

peut-être formé de la

l'époque

le

Cher,

de Salbris (Loir-et-Cher) est

en tout cas, cette localité est

placée sur la Sauldre, en latin Salera. 100. L'exemple de Chabris atteste que

1'/

de briva était long,

les deux mots donc tonique, à la différence de celui de briga ne sauraient donc être confondus. 101. C'est sans nul doute briva qu'on doit reconnaître dans le :

nom. mentionné

déjà, de

Brivodurum,

primitif de Brières, de

Briare, de Briarresetde Brieulles, et qui signifie, par conséquent, la «

forteresse

du pont

».


IX

RIT os 102. Le mot gaulois ritos avait le sens de « gué », tel le latin va dus, tel aussi l'anglais ford dans Oxford, « le gué des bœufs » et Tallemand furt, dans Frankfurt, le gué des Francs ». 103. Les textes antiques relatifs à la Gaule ne font connaître que trois noms de lieu dans lesquels on reconnaisse ritos Ritumagus, « le champ du gué », station de la voie de Paris à Rouen, sur l'Andelle, dans le voisinage de Radepont (Eure); Augustoritum qui a, au iLi'' siècle, échangé son nom contre «.

:

celui des Lemovices, dont

station itinéraire

dont

(Yonne), sans qu'il y

il

la

était le chef-lieu

situation

ait d'ailleurs

;

enfin

répond à

entre le

nom

Bandritum,

celle de

antique et

Basson le

nom

actuel le moindre rapport.

104. Les noms Augustoritum et Bandritum n'ayant laissé aucune trace dans la toponomastique moderne, on ignore quelle était, dans ces noms, la quantité de It, et par conséquent, la place de l'accent tonique.

A

supposer que cet

/

ait été bref,

à voir des équivalents de

donc atone, on

Camboritum,

serait fondé

localité disparue

de

la

Grande-Bretagne, dans Chambord (Eure, Loir-et-Cher), Chamforme plus altérée Ghambourg (Indre-etbors (Oise) et Loire), qui était, à l'époque carolingienne, chef-lieu de la vicaria

Cambortensis. Camboritum peut-être faut-il rattacher à la

signifie

même

«

série le

le

gué tortu

nom de

».

Et

Niort (Deux-

forme Noiortum, constatée à l'époque carolingienne, représente vraisemblablement un primitif Noviorituni, apparenté par son premier terme à Noviomagus. Sèvres), dont

Li's

iii'ins

la

lie

lien.


X

DU B MON 105. Le

mot gaulois dubrun.

aqua.

latin

s'est

Il

notamment

latinisé

dubruui, équivalait au

conservé dans divers dialectes néo-celtiques,

dans. le gallois et bas-breton

dour par l'intermédiaire

d'une forme médiévale diivr. C'est faute de connaitre celle-ci que savants qui, du xvr' siècle à nos jours, se sont occupés de

les

noms de

lorigine des s agit

dans

Duhron ou

106.

ont pensé retrouver

lieu,

mot dont

le

-durum précédemment étudiée. dubrum ne paraît dans aucun des noms

il

terminaison

la

de

Gaule que mentionnent les monuments de l'antiquité l'époque carolingienne, on voit dubrum pris isolément

lieu de

:

mais à pour désigner Douvres (Seine-et-Marne et emplo vé comme second terme du nom de deux localités du Rouergue méridional dont il est (juestion dans une charte de 883 en faveur du monastère de Vabres L a d e d u b r u m et \' u 1 e d u b r u m, au jourd' bui Ladezouvre ,

:

et

Valezoubre (Aveyron). Clrégoire de Tours avait d'ailleurs parlé

Cambidobrense monasterium.

d'un certain

107. Par contre on reconnaît

nom

dubrum

dans

la

terminaison du

d'un certain nombre de cours d'eau de l'ancienne Septimanie.

Pline,

dans son Histoire mUiiroVe, appelle \'ornodubrum cet dans le département des Pyrénées-Orien-

allluenl de l'Agi v qui. tides, a

de nos jours

nom

Verdouble

le

:

pareille est l'origine des

du Vernoubre. affluents de 1 Agout, et du Vernazoubre, afihumt de l'Urb dans le département de l'Hérault, oii d ailleurs le Vernezoubre et leA'ernazoulne

noms du

"Vernazobre,

ont donné leur

nom

<Iu

à des

Vernezoubre

bameaux

et

riverains.

loilubriim est bien reconnaissable sous

dublum. aux

vin" et

.\

rgen tumduphi'.n

IN'"

siècles,

et

les

Un

primitif

formes

A rgrn umdu p ru m I

désigné lArgentdouble.

(Uit

Argen-

Argcntum(pu.

;ifllucul

de

l'Au.b-.

108. C^es

noms de

rivières

méritent (|uel(jue attention

:

ou de ruisseaux

les

noms de cours

en

-ilubrum

d'eau d'origine

tidtique étant, de l'avis des leltistes les plus autorisés, très rares


ORIGINES

en Gaule,

il

CELTlnUES

:

DIBROX

est intéressant de rencontrer

."i

|

ceux-là en nombre

relativement considérable dans une région où précisément les

Gaulois n'ont pénétré, semble-t-il, qu'à une époque peu reculée, trois

siècles

environ

doivent être considérés

avant

l'ère

comme

chrétienne

;

et

si

ces

noms

particuliers à telle tribu gauloise

plutôt qu'à telle autre, les exemples qui viennent d'être cités,

relevés dans le

aux Volcac.

Languedoc

oriental, tendraient à les faire attribuer


XI

XAXTOS Le motg^aulois

109.

sous

la

latinisé

nantus ou nantuin

oblique nanto dans

forme

le

est

mentionné

glossaire

petit

d'Endlicher, qui le traduit par vallis, et indique,

gaulois

en outre,

le

composé trinanio, traduit par très valles. G est évidemment ce mot qui, dans le langage des régions alpestres de la Savoie et de la Suisse romande, subsiste sous la forme nand, avec une légère déviation de sens,

la partie

étant prise pour

ime cascade, un torrent. 110. De même que dunos, nantos

nom autre

propre de

nom

lieu,

propre,

sans et

il

le

secours

subsiste,

le tout,

a été parfois

daucUn

pour désigner

employé comme

adjectif, ni

d'aucun

sans autre altération pour

que la chute de la syllabe atone, dans les noms de Nant (Aveyron, Meuse), Nans (Doubs, Var), Namps (Somme). Nantus fut, à l'époque mérovingienne, le nom d'un monastère du diocèse de Coutances, qu'a désigné depuis le vocable de Saint-Marcouf loreille,

(Manche).

On

reconnaît aussi un primitif nantus, accompagné

d'un déterminatif moderne,

dans ]^din-sous-Thil (Cùte-d'Or), devenu celui d'une famille militaire célèbre, sous forme Xansouty. 111. Dans les noms composés où il paraît comme second terme, mot gaulois nanloa n'a jamais subi d'altération plus sensible.

dont la

le

le

nom

est

Dînant (Belgique, province de Namur),

et

peut-être Dinan

(Côtes-du-Nord), représentent un bas-latin Dionantus, originairement sans doute Divonaiitus, cjui se rapproche par son j)reinier

terme

deDivodurum

ou

Diodurum.

Grenant '^Gôte-d'Or, Haute-Marne, Nièvre), correspond au Grauiitinto des triens mérovingiens, et on h' voit, dans Vaugrenant ''Saône-cl-Loire), combiné avec vallis.

Lournand (Sa6ne-el-Loire), nom d'une localité Muntionnée fréfjueminent dans les chartes du \'' siècle de l'abbaye de Gluny, sous

la

formiî

Loinantum, semble

d'une localité toute voisine,

avoir pour jiarallèlc

/.uurdon, dont

il

est

le

nom

question dans


oHic.iNEs

mêmes documents,

les la

et

cKi/rioiEs

dont

le

.\A.\ros

:

o3

second terme

dunum

indi([ue

position élevée par rapport k Lournant.

Mornand

(Loire),

Mornans (Drôme), Mornant (Rhône, Haute-

représentent

Savoie),

un primitif

que

tel

Mauronantus ou

Maurinantus. Pargnan

Pernand (Côte-d'Or), Pernant (Aisne, Orne), nom de Parronantus, k rapprocher du nom de lieu celtique Parrodunum, mentionné par (Aisne),

portaient sans doute à l'origine le

Ptolémée.

Dans Ternant (Ain, Charente-Inférieure, Côte-d'Or, Nièvre, Orne, Puj-de-Dôme, Yonne), d'anciens

naître

Taronantus, apparentés par

Tarodunum

terme k

faut vraisemblablement recon-

il

à l'époque romaine,

qui,

leur premier

une

désig-nait

de Germanie, d'orig-ine g'auloise, et sans doute aussi

localité

chef-lieu, à rechercher entre Soissons et

le

Reims, du pagus qu'on

appelle le Tardenois. 112. Le g-aulois naiitos semble être en outre

de

Nantoialum, que

lieu

l'adjectif latin

la

racine du

traduirait assez bien,

nom

semble-t-il,

vallestris. Ce vocable est l'origine du

nom

si

répandu de Nanteuil, et de ceux de Nanteau (Seine-et-Marne, Yonne), de NantOUX (Côte-d'Or, Saône-et-Loire) et de Nampteuil (Aisne), variante graphique du premier. Dans Monampteuil on reconnaîtra

(Aisne),

(Seine-et-Marne)

Mons Nantoialum.

un ancien

est

diminutive différencie d'un

Nanteuil,

homonyme

Kt Nantouillet

qu'une

désinence

plus important, Nanleuil-

le-Haudouiii (Oise). 113.

Peut-être faut-il voir

monasteriolum

([uod

même racine dans Nantua (Ain) Nantuadus ab a qui s e vicino

la

:

emerg-entibus publiée vocitatur, porte un diplôme du Lothaire daté de 852

nom

dans

la

a

;

multitudine aquarum

chronique de Saint-Bénig-ne.

(Meuse).

roi

une interprétation toute semblable de ce ibi

conlluentium

— se

lit

On en rapprochera Nantois


XII

ONXA 114. L'existence d'un mot g-aulois onna, au sens du latin fons, nest attestée par aucun écrit de lantiquité, mais on peut l'induire en quelque sorte de deux faits. L'un est la mention, dans un la Vil a. sancf.i Domitiani consacré au récit de la vie écrit d'un personnage du iv* siècle, de deux sources, de deux fontaines

du

de

territoire

Bebronna

Lasfuieu

respectivement

appelées

(Ain),

Calonna. L'autre fait est la présence, dans le petit glossaire d'Endlicher, d'un mot qui ne diffère de onna que par le genre, onno, traduit par flumen. 115. Le nom de Calonna ne s'est pas, dans le Bugey, où et

vivait saint Domitien, transmis jvisqu'à nous, l'hagiographe

apprenant qu'au

Latini, ou plutôt

ce

siècle

iv*^

Fons

nom

Latinii. Mais

il

du vi'' au département

a désigné,

Chaàonnes-sur- Loire, aujourd'hui dans

XI® siècle,

nous

Fons

de

place à celui

fit

le

de Maine-et-Loire, qui possède, en outre, un Calonnes-sofzs-/e-

nom de Calonna lui serait commune Calodunum, forme primitive supposée de Chaudnn et Calodurum, que représente Chilleurs.

Lude. La première partie du avec

Quant

116.

Bebronna,

à

qu'on pourrait traduire par castors

en Gaule

», c'était

le

<(

peut-être à l'origine la

nom

fontaine des bièvres

Bibronna, »

ou

«

des

d un grand nombre de fontaines

ou de ruisseaux, appliqué parfois

à

des localités riveraines

:

la

Beuvronne, affluent de la Marne; la Brevonne, sous-aftluent de r.Vube, la Brevenne, allluent du Hhône, la Brevanne, qui coule dans le Luxembourg belge. 117. Notre pays possède un certain nombre de cours d'eau, désignés par un nom masculin, qui ne dilTère de ceux (jui viennent d'être la

dans le

iiuii(|U(''S,

conséquence les

nom

(pic :

par

le

départements se

(Manche);

retrriuve le

le

genre et par

la

Beuvroil, affluent de d'ille-et- Vilaine et

dans

le

nom

Beuvron. affluent de

terminaison qui en est la

de

Selune, qui coule la

Manche,

et

dont

de Sain/Senin-de-lieuvron la

Loire,

(pii

coule dans les


OKiGiNRs (>;T;nnii;s

départements du Cher, du Loiret

et

;

l'Yonne,

la

(Nièvre)

a

enfin

:

Bebronna

\e

Brevon, qui prend

nom

Beuvron, affluent de

le

commune sa

de

Beuvj'on

source à la fontaine

de la Vila sancti Domiiiani, et qui se jette dans

l'Albarine k Saiut-Ramhert (Ain),

son

.">.»

i

de Loir-et-Cher, et qui, dans

Motte-Beuvron donné son nom à

ce dernier, arrose la

qui

o.v.v

:

avant de porter

localité qui,

actuel, était désignée à l'époque franque, par celui

cours d'eau en question. 118.

On

est fondé à reg-arder

-onna ronna

les

noms de

comme

procédant de primitifs en

Chalaronne, affluent de

la

du

Bebronna.

de l'Aronde. affluent de lOise,

Ui

Saône, Cala-

Aronna;

de la Saône, Boutonne, affluent de la Charente, Vultunna. 119. Mais on ne confondra pas onna avec la terminaison -ona, qu'on observe dans xVxona et dans Matrona; tandis que ;

Saugonna

;

Vo de onna

-ona

de

la

était long,

donc tonique, et s est conservé, celui de modernes Aisne et Marne en font

était atone, les vocal)les

foi.

120.

Il

est possible

que Divonne (Ain) représente un primitif

en -onna, apparenté par son premier terme

à

Divoduruni;

mais on ne saurait sans danger former pareille conjecture pos de tous

les

noms

à

pro-

qui se terminent actuellement en -onnc,

car on sait positivement que certains d'entre eux, Carcassonne,

Narbonne, Bourhonne, représentent des noms son imparisyllabique en -o, -onis.

latins de déclinai-


.

XIII

VERA 121.

Vera

se serait «

mot

Quoi

forme latine d'un mot supposé gaulois qui

conservé dans

ruisseau

nier

est la

»

est

qu'il

le

breton armoricain ffouer, au sens de

toutefois certains celtistes prétendent que ce der-

;

pour un ancien ivober en

de vera était bref, on peut s'en convaincre noms dont il constitue le second terme, et dans

soit, l'e

par l'étude des

lesquels l'accent était sur la syllabe précédente.

Dèvre (Cher), anciennement Oeuvre,

était à l'époque carolin-

gienne Dovera.

Meg-avera et

une de ses L'ancien

désignait à la fois le Mesvrin, affluent de l'Arroux, localités riveraines,

nom

de

la

Mesvres (Saône-et-Loire).

Touvre, affluent de

la

Charente, est Tol-

vera.

Vendeuvre (Aube) est appelé sur des monnaies mérovingiennes Vin do vera il se distingue donc de ses homonymes indiqués plus haut (n*> 85) qui sont d'anciens Vindobriga. 122. Dans vera, employé seul, l'e était nécessairement :

accentué ce que

Marne.

;

étant bref,

il

devait, en langue d'oïl, devenir ié

Ion constate dans

le

nom

de

la

:

c'est

Vière, sous-affluent de

la


XIV

yE METIS 123. Le sens

du mot nemetis, qu'on pourrait induire de

de l'irlandais nemed, au sens de

«

sanctuaire

»

celui

est clairement

que Fortunat, au vi'' siècle, a consacrés au Vernemetis porté par une localité de l'Aquitaine.

attesté par ces vers

nom

Nomine Vernemetis Quod quasi fanum

volait vocitare vetustas, iiigens gallica lingua refert.

Nemetis, qui figure quelquefois dans sous la forme tagne,

Tassinemetum

en Gaule

du

nemetum

latin

était

donc

dans pris,

noms

les

g-aulois latinisés

Vernemetum dans l'île de Brela Norique, Augustonemetum comme

l'irlandais

nemed^ au sens

fanum.

124. Les seuls

noms de

lieu

modernes qu'on puisse rattacher

d'une façon certaine et pour une de leurs parties à ce mot gaulois sont

:

Vernantes (Maine-et-Loire), au

ix^ siècle

Vernimptas,

dérivé

précisément de Vernemetis, accentué sur l'antépénultième, dont

nous devons à Fortunat de connaître le sens. Nanterre (Seine), dont le thème étymologique est Nemetodurum, déformé au vi® siècle, dans les écrits de Grégoire de Tours, en

Nemptodorum.

le département du Gard signalent l'existence, dans la Gaule méridionale, des Arnemetici, c'est-à-dire des habitants d'une localité appelée

125.

Des inscriptions romaines trouvées dans

Arnemetis

:

peut-être

doit-on rattacher à ce dernier vocable,

moyennant une substitution de et

liquide,

Arlempdes (Haute-Loire)

Arlende (Gard). 126. Les

noms Augustonemetum

et

Nemelocenna,

nis par des écrits de l'antiquité, et désignant, le premier

le

four-

chet-

second une importante localilé gauloise voisine de l'Artois, n'ont rien donné en français, ayant cessé, dès répo(|ue romaine, d'être en usage. lieu

de

la cité

des Arvernes,

le


E

XV

GOND AT 127.

La fréquence du nom antique Condate, dont

la

forme

nominative est peut-être Gondas. est déjà indiquée par les monuments de l'antiquité romaine. En effet, les documents

moins de huit

itinéraires relatifs à la Gaule, ne font pas connaître localités ainsi dénommées — une seule Condé-SUr-Iton (Eure) — auxquelles c'est

conservé son nom,

a il

en faut joindre une

neuvième, Gondatomagiis.

nom, paraît

128. La terminaison, étudiée déjà, de ce dernier établir la celticité de condate f[ui

portent aujourd'hui

condate avait

(pi'en p^aulois

;

comme

nom de Condat ou le

sens

donc synonymes de Cnhlcnz

seraient

(^onfluentes.

d'ordinaire les localités

deux cours d'eau, en

siluées à la jonction de

le latin

le

et

et

tle

et

de Condé sont

est fondé à croire

confluent

ces localités

;

de Coiiflans, formés sur

de Quimper. qui représente

le

breton

armoricain Kemher.

Ges noms de Gondé et de Gondat sont les formes vulg-aires les la première dans le nord de la France, la seconde dans le midi, de lan tique Gondate. 129. Le nom de Condé est porté par une trentaine de localités françaises, dont les deux tiers ont rang- de commune dans les plus répandues,

départements de l'Aisne, des Ardennes, du Galvados, de l'Eure, de rindre, de la Manche, de .la Marne, de la Meuse, de l'ancienne Moselle, du Nord, do l'Orne, de Seine-et-Mnrno, de Seine-etOise et de

Somme.

la

130. Parmi toutes ces localités on n Cn compte

Gondé

f

Indre)

situation ne justilio pas le sens attribué être les

^\\\o

et (Jondé-snr-Vèffrc (Seine-et-Oise)

noms de

ces

deux

deux dont

— la

au mot condato. Peut-

localilés n'ont-ils [)as plus de rapport,

au point de vue de l'origine, avec ce mot que

le

nom

rourt fSeine-et-()ise), pour lequel on possède

la

forme ancienne

(inndonrourt

curtis.

,

(\\\\

donne

lieu

de supposer un

|)rimitif

de G.ondé-

Gu ndildis


ORIGINKS CEMluLES

dans

Parfois,

131.

les

COX DATI-:

:

régions de langue

"«O

Gondate

d'oïl,

a

produit une forme qui se distingue de celle qu'on vient d'obser-

ver par

la

réduction du son nasal de

Condate

anciens

départements de Loir-et-Cher 132.

Dans

huit

Gondate

le

communes,

nom y

antique, et ce

est porté par

toutes situées à des confluents, et qui appar-

dogne. du Lot, du Puy-de-Dôme et de sur Va

un

;

mais

les

de Maine-et-Loire.

tiennent aux départements du Gantai, de la Corrèze, de 133. Condé,

deux

:

portion méridionale de la France, c'est Condat

la

qui représente

et

première syllabe

la

dénommés Candé dans

sont aujourd'hui

Candé il

et

Condat représentent Gondate accentué

Gondate

est probable, sinon certain, que

Gondas, dont Va

cas oblique de

Dor-

la

Haute-Vienne.

la

était

on ne peut expliquer autrement le Loire), localité située au confluent de

nom la V

était

nécessairement atone

:

de Candes (Indre-etienne et de

la

Loire, et

que Sulpice Sévère et Grégoire de Tours appellent vicus Gondatensis. Condes (Jura, Haute-Marne), a la même origine, ain.si, peut-être, que Cosne (Nièvre). 134. Gondate est aussi, mais médiatement, l'origine des noms et Condeau de Condel (Galvados), Condets (Seine-et-Marne (Ornei, qui, sous leur ancienne forme Condeel, représentent des i,

diminutifs de Condé. 135.

Le mot gaulois condate, qui

de

a servi

nom

propre

à

tant

de localités celtiques, a en outre contribué à former des noms composés. Les textes antérieurs au vu® siècle nous en font con-

deux Gondatisco et Gondatomagus. Le premier désignait à l'époque franque, au confluent de la Bienne et du Tacon, le lieu qui, d'un monastère célèbre qu'on y établit, prit successivement les noms de Saint-Oyand (Sanctus

naître

:

Eugendus) et de Saint-Claude dune des sous-préfectures du Quant à Gondatomagus, nom :

siège

conMuent

»

et

qui,

sur

la

station itinéraire voi.sine

ce

lieu

est

actuellement

le

Jura. qui

signifie

«

le

champ du

Table de Peutinger, s'applique à une de Milhau (Avoyron), il doit être, en

outre, le terme étymologique

du nom de Condéon M]harente\


.

XVI

MEDIOLAXUM Le nom gaulois

136.

nium

latinisé en

Mediolanum

presque aussi fréquent que condate,

est

ou Mediolaet

textes

les

dénommées

antiques font connaître huit localités ainsi

:

l'une

Gaule cisalpine cinq étaient comprises dans la Gaule transalpine, une dans la Germanie et une autre encore dans

appartenait à

l'île

la

;

de Bretagne.

Trois seulement de ces localités peuvent être reconnues avec

nom

certitude dans des lieux dont le

actuel dérive de l'ancien

:

ce sont Milan/ Italie), Ghâteaumeillant (Cher) et le Mont-Miolant (Loire).

Deux

autres, le

Mediolanum des Sanfoni et celui des nom dès l'époque romaine, et sont

Eharovices ont changé de

aujourd'hui représentées par Saintes et par Evreux.

antiques prouvent

les textes

Si

géographique,

mastique de

la

France, qui contient une trentaine de

selon toute apparence, de fait est

le

fréquence de ce vocable

la

en est encore attestée par

la diffusion

Mediolanum

d'ailleurs incontestable

ou de

pour

Mediolanium grâce à

plupart,

la

topono-

la

noms venant, :

la

mention qu on en trouve dans des chartes. Ces noms modernes se divisent tout naturellement en deux séries les uns dérivant certainement de la forme antique, attestée :

par des inscriptions,

de rapporter à

Med

i

Mediolanium

o1anu

;

les autres

qu

il

convient

m

137. La premièie série est représentée par Ghâteaumeillant et

Meillant

Cher), Meilhan (Gers. Landes, Lot-et-G;ironne

,

Meil-

lan niaute-Garonne, Gironde), Moilien (Aisne), Moliens (Oise, Scinp-et-Mariio Molllens-aux-BoisetMolliens-Vidame Sonmiej, Montmeillant ^Vrdennes, Seine-et-Marno), Montmeillien (Côte.

d"()ri,

par

l:i

Montmélian iiKtiiilhirr,

fxplicabh' le

'

'Oise, Savoie)

de

la

j)ar h' recul

li(|uide

de

1'/

tous ces

:

médiane

(|ui,

dans

noms //,

///,

sont caractéi-isés //

- uïouillure

Mediolanium

sxiivait

gr(»u|)e a n.

138.

Au

coiilrain'.

indlc

liiui-

{{{'

ocl

/

ii

apporail

dans

les


t)Ri(;i.M:s

noms

cixiinuEïi

mkdiolaxum

:

61

seconde série Mâlain Gôte-d"Or), Méolans (Basses- Alpes), Meulin (Saôneet- Loire), Meylan (Isère, Lot-et-Garonne j, Miolan (Rhône, Savoie), Mioland (Rhône, Saône-et- Loire), Moëlaln (HauteMarne), Moislains (Somme), Molain (Aisne, Jura), et le Mont([ui

constituent

Maulain Haute-Marne (

la

:

j,

Molain (Loire). 139. Le nom antique de

Mediolanum se retrouve, on le voit, un peu partout en Gaule, sauf peut-être dans le nord-ouest, en Auvergne, en Limousin et dans le Languedoc. Que signifiait-il? Henri Martin Ta traduit par « terre sainte du milieu », lan représentant, à ses yeux, l'idée de tuaire », le sens de

«

milieu

du nom et il semblait un mediolanum mais ;

;

dont on vient de nion

lire

)-,

terre sainte » ou de « sanc-

que chaque peuple gaulois avait géographique des localités l'énumération ne favorise guère cette opicroire

la répartition

on en a compté trente-deux,

:

appartenaient au

«

étant attaché à la première partie

mojen

âge,

et les diocèses

sont au

auxquels

et une cités romaines d'où il Henri Martin dans son hypothèse, que les

seulement, correspondant à vingt résulte, à suivre

Ambiani auraient eu (Oise)*,

:

trois « terres saintes

du milieu

Molliens-aux-Bois et MoUiens-Vidame

;

»

les

:

:

;

:

;

:

;

;

sieurs de ces locatités n'étaient pas situées au elles faisaient partie.

Meulin,

:

;

Moliens

Bituriges

deux Ghàteaumeillant et Meillant les Aedui trois Mioland et Montmeillien les Se ffusiavi trois également Mioland et le Mont-Miolan les Allohroges trois aussi Miolan et Montmélian enfin les Auscii deux les deux du département du Gers il faut remarquer, en outre, dont

elles

nombre de vingt-deux

:

Miolan,

Meylan, Meilhan que plu-

centre des cités

L'interpi'étation proposée par Henri

Martin paraît donc devoir être rejetée.


XVII

NOVIENTUM ET -ENTOS 140. Le

nom

Novientum

de lieu de

n'apparaît dans aucun

des textes de l'époque romaine qui sont parvenus jusqu'à nous,

mais on

le

tVanque, où

fréquemment dans

trouve il

les textes

figure parfois sous la forme

térisée par la présence d'un

de Tépoque

Novigentum,

carac-

g qui n'en modifiait guère la pronon-

— du moins sentiment de — bois de Jubainville dériverait de racine qui a fourni

ciation.

Ce vocable

tel était

l'adjectif

la

gaulois novios au

sens de

-entum, analogue au le

nouveau

«

d'x\r-

le

»,

l'aide d'un suffixe

à

suffixe -entez, (jui a servi à former,

dans

breton armoricain, un certain nombre de substantifs dérivés

d'adjectifs. Ainsi

Novientum,

littéralement» nouveauté

»,

serait

un vocable topographique équivalant aux Xeuville et Villeneuve qui ont été formés en si grand nombre au moyen âge.

Novientum

141.

a produit le

ne désigne pas moins de seize

tements de l'Aisne, de la

Haute-Marne, de

la

nom

Nogent.

([ui,

en France,

communes appartenant aux

dépar-

Côte-d'Or, de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de

l'Oise,

de

Sarthe et de

la

la Seine, et

formation est régulière, caractérisée qu'elle est par

la

dont

la

consonni-

dans ce nombre n'est pas compris Nogent-leHolrou (lîlure-et-Loir), qui, à en juger par une forme du xi'' siècle, Nogiomum, représenterait un primitif Noviomagus, et serait non plus que Xoi/entplus régulièrement orthographié Xogen fication de

1"/

;

;

sur-\'ernis\oit

(I.,oiret),

qu'un

pouillé

du

xiv*"

siècle

Noemium, ce qui autorise la même conjecture. 142. Le nom de Nogentel (.Visne, Marne), s'applique mitifs Xofjenl, (ju

d

homonymes

il

plus

diU'érencie,

importants

appelle

à de pri-

au moyen d'un suffixe diminutif, ;

il

a

poui-

é(juivalonl Nointel

(Oise, Sein(;-et-(Jise'.

143.

Dans un

ceitain ncjmbre d autres cas 1/ de

Novientum

ne s'est pas eonsonnifié, de sorte que ce vocable a produit Noyant .Vin.

Allier, Indre-et-Loire, Maine-et-Loirej.


ORIGINES CELIJOUES

{y.]

Par contre, on peut signaler des formes modernes qui ont le de Novientum, et représentent presque intact le

144.

conservé

nom

XOVIh.XTLM ET -fîNTOS

:

i'

antique

nord-est

;

elles paraissent d'ailleurs localisées à la région

lioviant-aux-Prés

du

(Meurthe-et-Moselle),

Novéant Noviand (Prusse rhénane, régence de Trêves) et Nepvant (Meuse;, dont le p ne se prononce pas. Ces formes ont pour variante Vouuinn/, qui désigna jusqu'auxvii'' siècle, trois :

(Lorraine;,

Nouvion de l'Aisne qu'on trouve très

ici

fréquent,

:

l'altération du son an en on, que le phénomène inverse est noms d'Argentan, de Caen et de

à la vérité,

est rare, tandis

témoin

les

Rouen. 145. Nogeiii entre en composition dans Nogentvilliers, formé

au moyen âge par

nom commun

la

combinaison du

nom

propre Nogeni avec

procédant de vil lare ou villa rium

;

par

le

l'effet

d'une aphécèse qui remonte peut-être à huit siècles, Noyentuilliers est aujourd'hui JanviUiers (Marne).

146. Chose singulière d'être

énumérées,

les plus

:

de

toutes les localités qui

tements de Maine-et-Loire, d'Indre-et-Loire aurait-il pas

quelque indication ethnique à

dans

le

nom d'Agentum,

et

tirer

147. Le suffixe gaulois -enlos que révèle se retrouver

viennent

méridionales appartiennent aux déparde l'Ain

:

n'y

de là?

Novientum

porté jadis par

le

parait village

un bourg du diocè.se de Limoges où l'établissement d'un monastère fît prévaloir l'appel-

actuel d'Hains (Vienne), ainsi que par

lation

Agenti monasterium,

et

qui

n'est autre aujourd'hui

quTymoutiers (Haute- Vienne). 148.

((

la

chêne

Derventuni, présente, en mot gaulois dervos, au sens de doivent leur nom le hameau de Der (Aube et

Drevant (Cher), en

avant du »

même au([uel

suffixe,

latin

le

région forestière où se trouve Monficr-en-Dev (Haute-Marne).

Drevant serait donc l'équivalent des noms romans Chcsnuy, Chesnoy, Qaes?iay, Qiiesnoij, et doit être rapproché du nom antique

une

Derventione. sous

localité de la

le([uel l'Itinéraire il'Antonin

Grande-Bretagne.

désigne


XVIIl

-ACTE OU -ACTA 149.

Le

suffixe gaulois -acte,

ou mieux -acla, que d'Arbois

de Jubainville pense reconnaitre dans le suffixe -ez du bas breton

moderne, paraît dans deux noms de

lieu

mentionnés par

les textes

antiques.

Bibracte ou Bibracta, qui désigne, dans César, le principal oppidum des Eduens, est représenté par le mont Beuvray, dont le nom, qui s'écrivait jadis Bevrait, est très régulièrement formé, la désinence s'étant comportée tout comme le mot factum, devenu fait, et le radical dé même que celui de biberaticum, mot qui a donné hevrar/e, ancienne forme de breuvage. Ce radical paraît n être autre que le nom celtique du castor, apparenté au latin fiber, et qu'on retrouve dans les noms de cours d'eau bibronnum, bibronna Bibracte aurait donc été un lieu servant de retraite aux castors. Le second nom, Carpentoracte, fut celui delà ville actuelle ;

de

Carpentras.

D'après

d'Arbois

de Jubainville,

il

faudrait

entendre par ce vocable un lieu où l'on fabriquait des chars, appelés en latin carpenta, d'un

mot emprunté sans doute

carpentum fut, dans le mot, on le sait, que français charpentier, qui devrait, étymologiquement,

langue gauloise, puisqu'on pense que principe, particulier se -rattache le

désigner

le

à la

charron.

aux Gaulois;

le

c'est à ce


XIX -OIALOS

150.

Les noms de lieu terminés par

le suffixe -oialos, latinisé

en -oialus ou -oialum, devaient être fort répandus en Gaule, à en juger par les

nombreux vocables géographiques modernes

qui présentent les terminaisons -enil ei -ue'jols, formes vulgaires

Cependant les parvenus jusqu'à nous ne mentionnent qu'un

les plus fréquentes de cet ancien suffixe gaulois.

textes de l'antiquité

nom

seul

thermae

de cette catégorie, reconnaissable dans les

Maroialieae dont désignant

les

parlait au

bains d'une localité,

semble-t-il, à la région

saint Paulin de Noie,

siècle

iv"

Maroialum,

du sud-ouest de

la

qui appartenait,

Gaule.

Les noms en -oialum apparaissent plus fréquemment dans les textes de l'époque mérovingienne, notamment dans Grégoire de Tours.

Au vu" siècle la graphie -oialum s'est altérée en -oilum, forme qui, à l'époque carolingienne, a été, par l'introduction d'une gutturale, modifiée en -ogilum ou -ogelum, qu'on a enfin remplacé par

-olium.

Le nombre des noms de est considérable.

On

formés à

l'aide

n'en donnera pas

ici le

lieu

l'on se bornera à en présenter

du

suffixe

-oialum

relevé complet, et

quelques-uns parmi ceux que men-

tionnent les textes latins antérieurs à l'an mil. 151.

Aballoialum, déformé en Avaloialum ou Avalogi-

une sorte reconon de locatif, Valeuil (Dordogne) et "Valuéjols (Cantal): naît dans le premier terme de ce vocable le nom gaulois du

lum,

est

devenu, par l'aphérèse de

l'a initial,

pris pour

pommier, ce qui autorise à considérer Valeuil et Valuéjols comme des synonymes de « pommeraie ». 152. Arcoialum, en 1 1 19' Archoilus, en H42 Arcoilus, désigne Arcueil (Seine), qui doit son nom, de toute évidence, aux arcades d'un aqueduc romain dont

les vestiges sont

encore

visibles.

153.

Argentoialum,

d'où

Les nnnis de lieu.

/

Argentogeluni

el

Argenlo-


NOMS

LKs

(iO

gilum, aujourd'hui Argenteuil

i3i;

i.u:l"

(Seine-el-Oise, Yonne).

Ce nom,

indiquant sans doute à Torig'ine un gisement d'argent, et comparable en ce cas au

nom

tière,

ne serait pas

terme

soit à rattacher

le

entièrement latin Argentaria, Largcn-

seul

nom

en -oialum dont

au règne minéral

:

contraction de Perçu// est appelé en 1130

blablement pour Petroialum,

«

le

premier

Maine-et-Loire),

Preuil

Petroilum. vraisem-

lieu pierreux », et

il

est

permis

de penser que Sablé (Sarthe), anciennement Sahleil, représente

Sabuloialum, « sablière ». Balioialum est sans doute la forme primitive d'un nom qu'on trouve écrit Baliolum à la tin du x'' siècle, et duquel

un

primitif

154.

dérive

le

Calais,

nom

de lieu Bailleul (Eure, Nord, Oise, Orne, Pas-deSeine-Inférieure,

Sarthe,

Somme), reconnaissable, en

composition, dans Bailleulmont et Bailleulval t^Pas-de-Cahiis), et qui a

pour variantes BaiUeu (Oise), Baslieux (Marne), Bailleau

(Eure-et-Loir) et Baillet (Seine-et-Oise), ce dernier pour Bailleil.

155.

Blanoialum, d'où Blanoilum, Bléneau (Yonne).

Bon oialum, devenu Bonogelum au vu® siècle Bonogilum à époque carolingienne, est l'origine des noms 156.

1

et

de

Bonneuil '^Charente, Indre, Oise, Seine, Seine-et-Oise, Vienne),

notation rappelant la traduction latine Bonnœil (Calvados) Bonus o eu lus adoptée par les clercs parisiens des xni'' et xiv'=

siècles

pour désigner

le

Bonneuil

de Seine-et-Oise

et

Bonneil i^Aisne). 157. Burgoialum Burgogalum, qui a

est,

des écarts également

nommés

dans

la

peut-on supposer,

la

forme correcte de

désigné Bourgueil ^^Indie-et-Loire).

11

y a

Bourgueil dans Saùne-et-Loire et

Vienne.

Buxoialum, qui, formé sur le léquivalent de Buxctum, le(|uel a donné thème étymologique des noms de Buxeuil 158.

latin

buxus,

Biicij et

serait

Bussy, est

le

f.Aube, Vienne) et de

Bisseuil (Marne;.

159. ,

Cantoialum

u

donné Chanteau

Loint;

ei

Ghanteuges

IIaute-L<nrej. priiuiti\emeiit C/uiiUcikjcdL accentué sur

'-//.

160. (^assanoial um ou Cassi noiii lum. forme [)rimiti\t.' du nom carolingien C-assinogilum, a donné Gasseneuil (Lol-etoù l'on constate l'clfet de la Garonuej, Cas&euil ;Gironde) et Chasseneuil (CJiacimte (le Vu pl;icé outre deux voyelks


OHKilNKS

CKI.TIQlJliS

-OIMJJS

'.

67

premier terme de Gassanoialum est mot antéromain cassanos, au sens de « chêne ». rente, Indre, tienne)

Corboialum

161.

de

;

le

nom

Corbeil (Seine-et-Oise).

Cristoialum. d'où

162.

forme hypothétique du

est l'ancienne

Corboilum, désignant

le

(Seine)

Créteil

et

Criteuil

(Cha-

rente).

Ebrogilum,

163. ,Ebroialuin d'où

Ebreuil

(^

Allier).

164. Garrig-ojalum, formé sur

un des noms antéromains du chêne, est sans doute le thème étymologique du nom de Jargeau (Loiret), en latin de basse époque Jarg'og-ilum ou Jarg^olium. 165. Genistoialum, où l'on reconnaît le latin ^enista, «

genêt 166.

serait l'orig-ine de Genneteil (Maine-et-Loire).

-),

Lemoialum, formé

sur

le g-aulois

le/nos, «

orme

»,

qui

subsiste dans l'irlandais leamh, a produit Limeuil (Dordogne),

Limeil (Seine-et-Oise) et Limejouls (Dordogne). 167.

Maroialum;

ce

nom

est

un des plus fréquents de

la

présente série, et cela sans doute en raison d'une circonstance

topographique qui se produit souvent effet,

que

la

racine de ce vocable est

germanique, à laquelle

noms communs et «

marais

».,

<<

mare

une

même que

la

en

celle, d'origine les

désignant une masse d'eau dormante,

ce dernier représentant

dérivé d'un adjectif germanique en ainsi

croit volontiers,

langue française semble devoir

la »,

on

:

localité voisine de

isc

:

un bas-latin mariscum

Maroialum désignerait nom viennent ceux

marécages. De ce

Charente, Cher,. Dordogne, Loir-et-Cher, Marne, Oise, Seine-et-Marne, Somme, Vendée Marœuil (Pas-

de Mareuil (Aisne,

i,

Mareau Loiret), Mareugheol (Puy-de-Dôme), Mareuge (Puy-de-Dôme Maruéjols (Gard), Marvéjols (Lozère), Marvège (Gard). Il est à remarquer de-Calais),

(Sarthe,

Mareil

Seine-et-Oise),

,

que dans

les

nière syllabe

noms Mareugheol, Maruéjols et Marvéjols la derest atone, et que ces noms se prononcent Mureiicjc,

Mariu-rfc et Marvcr/e. 168.

Najoialum, doù

Nieuil (Charente,

(Charente-Inférieure, \'endée, 169.

du

latin

val lest

mot gaulois

le

/j,7///o.ç,

(K'jà

un

lieu

ris, et désignerait

a produit Nanteuil 'Aisne, Ardennes, Cha-

dans une vallée il Marne, Oise, Seine-et-Marne), Nampteuil (Aisne) en composition Monampteuil (Aisne) on verra des «limiiui;

rente, Dordogne, et,

Vienne) et Nieul

laule-\'ienneK

Nantoialum, où Ion reconnaît

signalé, aurait le sens sis

1

:


LES NOMS DE LIEU

68 tifs

de Nanteuil dans Nantouillet

170.

N a voie lu m,

d'où

la

et

Nanteau ,Seine-el-Marne).

forme basse

Xavolium

Naveil

:

(Loir-et-Cher).

171.

Orgadoialum, Kotoialum est

d'où Orgedeuil (Charente).

la forme orig-inelle des noms de Reuil 172. (Marne, Oisei et de Rueil (Eure-et-Loir, Seine-et-Oise), et dési-

gnait une villa royale que mentionne Grégoire de Tours, et dont

souvenir persiste dans l'appellation des communes de NotreDame-du-Vaudreuil et de Saint-Cyr-du-Vaudreuil (Eure), Vaudreuil devant s'entendre « vau de Reuil ». Reuil (Seine-et-Marne) a une autre origine ce nom, qui ne remonte qu'au vu*' siècle, désigna tout d'abord un monastère fondé par un frère de saint Ouen, Rado, qui de son nom, nous apprend la vie de saint Aile, abbé de Rebais, l'appela Radolium. 173. Septoialum, au ix*^ siècle Septogilum Septeuil le

:

:

(Seine-et-Oise).

174.

dans

la

Spinoialum, d'où Spinogelum qui figure au vu'' siècle chronique de Frédégaire. Ce nom, qui paraît formé sur le

nom latin de l'épine, serait donc .synonyme de spinetum. Ses formes vulgaires sont Epineuil (Cher, Yonne), Epineil, adouci en Epinay. dans le nom d' Epinay-sur-Orge Seine-et-Oise) le

;

Spinogilumdu Polyptique d'Irminon — et d'Épinay-sur-Seine (Seine) — le Spinogelum de Frédégaire enfin Epineau

(Yonne).

Vernoialum, le nom le plus répandu du groupe avec et Nantoialum, est formé sur le mot gaulois

175.

Maroialum

vernos, désignant l'aune

Charente, Cher, Eure, Nièvre,

il

a

Seine-et-Marne,

Oise,

Verneil 'Sarthe), et

moins de

donné Verneuil (Aisne, Allier, Indre, Indre-et-Loire, Marne, Meuse, :

traces

:

dans

le

Seine-et-Oise,

Midi,

oîi

On

(

I,

est

un diminu-

le mot vernos, employé ver nu s ou vernum, est l'origine de plusieurs lieu Vern (Ille-el-Villaine, Maine-el-Loire) "Ver Manche, ()ise/, (lii l'rdi oj)soi\t' le niénie assourdisse-

fera

observer en passant que

seul et latinisé en

noms

de

(Calv.'idos,

bien

Puy-de-Dôme Verneughol Verneuge Haute-Loire, Puy-de-

"Vemeugheol

(Cantal), Vernuéjou (Cantal), Dômei. Vernouillet Eure-et-Loir, Seine-et-Oise) tif de \ erncuil, commi; Xanlouillet de Nanteuil.

176.

Haute-Vienne),

on en remarque

:

;


OKKIINKS (^KI.riOUKS

ment de Vn que dans four,

-OIALOS

:

69

hiver, Jour, Nevers, Anvers, dérivés

de furnuni, hibernuni, diurnum, Nivernis, Alvernis et, par l'elFet dune notation vicieuse, Vert (Landes. Marne, Seine;

et-Oise).

m.

Vindoialum est la forme primitive du carolingien Vindoilum, d'où Vendeuil (Aisne, Marne, Oise). 178. Vinoialum, forme primitive du caroling-ien Vinogilum, a donné Vineuil (Indre, Loir-et-Cher), et Vignols (Gorrèze). 179. Zezinoialum, dans la vie de saint Léger, écrite au vil'"

désigne Jazeneuil (Vienne).

siècle,

De

180.

ce que le plus grand

nombre des vocables modernes

qu'on vient de passer en revue sont terminés en

nom

tort d'induire que tout

représente nécessairement

on aurait

-eull,

de lieu présentant cette désinence,

un

primitif en -oialum. Ainsi le

communes de France,

de Montreuil, porté par une trentaine de provient du bas latin

Monasteriolum,

mun monasterium,

qui a donné

le

nom

diminutif du

nom com-

vieux mot français tnoutier

;

Marchespuil (Côte-d'Or, Saône-et-Loire) représente une forme diminutive du vieux mot marchais, représentant en bas latin

et

mercasium, 181.

de

et

désignant un lieu humide et marécageux.

convient d'examiner maintenant les diverses altérations

Il

gauloise

la finale

oialum, accentuée sur de

la partie septentrionale

Berry, et la

la

Bourbonnais, rAngoumois,

le

Guyenne,

la

diphtongue

France, ainsi que dans

cette finale est

la Saintonge,

devenue

le

Bourg ueil, Buxeuil,

Arcjenteuil,

Bailleul,

Bonneuii,

Casseneuil,

Casseuil,

Chasseneuil,

Dans le

Périgord

le

ou -eul

-euil

oi.

Poitou,

Valeuil,

:

Bisseuil,

Ehreuil. Liinenil,

Criteuil,

Nieul, Nanteuil, Orf/cdeuil, Beuil. Sep/cuiL EpincaiL Verneuil, Vendeuil et Vineuil. Au lieu de -euil on rencontre

Nieuil,

sud-ouest du département de Seine-et-Marne, dans une partie de celui de FYonne, dans le Loiret et dans Eure-etLoir Bailleau, Bléneau, Chanle^u, Jan/eau, Mareau, Manteau, -eau dans

le

:

Bagncux dernier dérivé du bas latin Balneolum réd'uit à Banioont pour équivalents Montereau et Hagneaux ou Bai-

Epineau

ce

lum

:

c'est

dans

la

même

région que Montreuil et

gneaux. La désinence -euil devient

-cil

dans une partie im|)ortante du Maine témoins

les

noms

île

aux environs de et

dans

linnncil, Cnrhcil, (Irctcil

.

le

Paris,

Ven(b')mois,

(ic/iiic/cil.

Lundi,


.

,

70

I>I-:S

Mareil, Naveil, liueil

NOMS

Verneil\

et

cette finale s'est éteint parfois

l'Auvergne

pays

et les

LIEU

Di:

:

son mouillé qui termine

le

Épinay, Sablé. Enfin dans Gévaudan, Velay et partie du

Baillel,

a voisinant s

:

Languedoc — départements du Gard

et

oialum

de l'Hérault

est représenté par -iiéjols, -eugheol, -eiighol, -uéjou

-ojouh,

comme dans

Caussiniojouls (Hérault)

finales

même

et

dans les-

quelles le groupe ol ou oui est atone, et qui, dans le langage

du pays,

traditionnel

noms

des

se

prononcent ueje

enge

et

;

il

en est ainsi

Valuéjols, Limejouls, Maleugheol, Marvpjols.

Ver-

neiigheol, et c'est de cette prononciation que dérivent les formes graphiques CJianteuges, Mareiige et Verneuge. Dans un certain nombre des vocables qui viennent d'être pas-

sés en revue, on peut déterminer la valeur du premier terme.

182. Celui-ci est assez souvent emprunté au règne végétal, on l'a vu par l'exemple d'Aballoialum, de Cassanoialum, de

Garrigoialum, de Lemoialum et de 'N'ernoialum. ainsi que par celui de B u x o a 1 u m de G n e s t o a u m et de S p n o a 1 u m Dans ces derniers noms, le premier terme appartient à la langue latine, d'où 1 on est amené à conclure que l'usage du suffixe -oiai

lum

persista en iK^inr,

s'est

la

l'Italie

i

1

Gaule postérieurement à on ne l'a pas oublié, que

maintenu dans

peut supposer

i

i

,

la

i

conquête romaine

le suffixe ligure

:

-asca

Gonséquemment on noms en -oialum sur d'autres mots Cerasoialum, formé sur le nom du septentrionale.

formation de

latins désignant des arbres.

thème étymologique de Cerseuil (Aisne, Marne). Corn oialum, formé sur le nom du cornouiller, aurait donné Corneuil (Eure) et Cornuéjouls (Aveyron). A l*inoialum, formé sur le nom du pin, on devrait Pineuilh (Gironde. Et Péreuil

ceinsier, serait le

Pereuilh

(Charente),

nom du

le

Perruel

(Hautes-Pyrénées),

Perruéjoul (Cantal) se réclameraient de

(Eure),

Piroiahim, formé sur

poiiier.

183. Le ra|)[)rociiement,

fait

plus haut, dos

noms

d'Argcnlenil,

de PrciiH et de Suhlé donnerait lieu dadmt'ttre que le suffixe -oialum s'est combiné avec des mots empruntés à la nomenclature

règne minéral.

(\n

184.

Il

est fort probable aussi

({u'il

ait été

combiné avec des

noms d'animaux, témoin le nom Cabrogilum ([ui, dans un textcî du x*" siècle, conservé par le cartulaire de lirioude, désigne une

localité

d'Auvergne qu'on

n'a

pas identifiée


oMKii.Mvs (;i:L.iign;s

:

-oialos

71

185. Dans Maroialum, Nantoialum, et dans Arcoialum le premier terme évoque mie particularité d'ordre topographique. 186. Enfin le nom de Reuil (Seine-el-Marne) nous a montré le suffixe

avec un 187.

en question combiné, à une époque d'ailleurs tardive,

nom d'homme. On a pu voir que

les

retrouvent du nord au midi de

noms de la

Pas-de-Calais à celui de l'Hérault.

ou du moins ne sont

lieu

en -oialum se

France, du département du Ils

ne semblent pas exister,

dans la Gascogne qui d'ailleurs représente l'Aquitaine de César, où l'élément g-aulois ni dans le Toulousain. On ne les trouve devait être presque nul pas davantag'e semble-t-il, dans les provinces les plus orientales jçuère apparents,

:

Lorraine,

Bourgogne,

Franche-Comté,

Dauphiné,

Provence.

Peut-être un jour l'ethnographie pourra-t-elle tirer parti de ces indications qui, fort sommaires

complétées.

du

reste,

auraient besoin d'être


XX ORIGINES ANTÈROU AINES IV URAIVD A OU IGORANDA^ :

188.

On

étudiera plus loin, parmi les

noms de

lieu d'origine

romaine, ceux qui expriment une situation voisine des confins de

on deux cités. Tel parait avoir été le rôle du mot antéromain ivuranda ou igoranda. nose dire g-aulois Les formes vulgaires de ce mot sont au nombre d'au moins

neuf'.

Nous reproduisons

ici, en la condensant légèrement, une partie de mars 1890 au Collège de France, dans laquelle Auguste Longnon, après avoir étudié les vocables issus des mots latins fines et limi1.

la leçon, faite ie 13

tes,

en rapprocha ceux de

même

signification, qui représentent le

mol,

sinon gaulois, à coup sûr antéromain, ivuranda ou igoranda. Depuis lors

— en 1802 — on a

vu paraître dans la Revue archéulor/ique [3'' série, t. XX) la matière: lun (p. 17U-175) de Julien Havet, sous le titre "Igoranda ou * icoranda, frontière, note de toponymie gauloise l'autre Le nom de lieu gaulois (p. 281-287) d'Auguste Longnon lui-même, intitulé

deux mémoires sur :

;

:

ewiranda. 2.

Il

convient d'y ajouter les formes Âiguerande et Egarande, mention-

nées par Julien llavet

(p. 173), et

qui désignent, la première un écart de

àquehjues kilomètres de la limite sépaet de Màcon », la seconde un écart d'Eslivareilles (Loire) « dans Tancicn diocèse du Puy-en-Velay, à la limite U'aulre jjarl le mémoire d'Auguste de ceux de Lyon et de Clermont ». Longnon indiiim'' dans la note précédente signale (p. 284 et 285) la forme aphérésée Guirande, nom d'un hameau de Lagorce (Gironde), qui appartenait à l'ancien diocèse de Hordeaux, el confinait à celui de Saintes; d'un hameau du dépariemenl de la Loire aciuellemont rattaché à Noirétable (ancien diocèse de ClermonI mais <[ui ()arai( avoir dépen<lu auparavant d'un hameau de Felzins (Lot), des Salles (ancien diocèse de Lyon) qui appartenait au diocèse de Cahors, et n'était séparé de celui de Rpdez que par une dislance de 1.(300 mètres localité (|ui ne parait pas « dillériMite (\ii ci'Wv i\\n' \l' Dirtionnnirr des Postes [i'dW.. de 1876) mentionne sous le nom Enguirande, comme un écarl de Saint-Kélix », canton de Velzins d un aflluenl de la Sèvre Niortaise traversé • vers le milieu de son cours par la limite séparant avaiil 1317 h' iliocèse (h- Poitier-s... de celui de li.iiricau de la couiniune <h' Saillies l£n outre « les Guirandes, pi'lil Monlignac-le-( lo(| ((^iiarenU-;, clail siluc dans l'anciru diocèM' (h' l'erigueux, «le S.iiiilcs cl d'AiigoMlêmc . Helleville-sur-Saone (Rhône), situé

vative des anciens diocèses de

«

Lyon

:

i,

;

:

;

-•.


OHIOrNES ANTÉROMAINES

'.

IVl'BAXDA OU IGOHAXDA

7H

189. Aigurande (Indre) est une paroisse de l'ancien diocèse de

Bourges {civitas

190. ainsi

(civitas

Bilurl(jum)

située près de celui de

Limoges

Lemovicuni).

Eygurande (Gorrèze, Dordogne)

nommées

se trouve

Wr

le territoire

:

lune des communes

de l'ancien diocèse de

Clermont l'autre, du diocèse de Périgueux, était voisine de celui de Bordeaux. 191. Iguerande (Saône-et-Loire), Ivuranda à l'époque carolingienne, appartenait au diocèse de Lyon, confinant à celui de Mâcon, qui fut formé d'un démembrement de la civitas Aediiorum. 192. Ingrande (Afaine-et-Loire, Mayenne, Vienne) est le nom de trois paroisses qui appartenaient respectivement aux diocèses d'Angers, du Mans et de Poitiers, dans les régions où ils confinaient, le premier à ceux de Nantes et de Poitiers, le second à ;

celui d'Angers, le troisième à celui de Tours. D'ailleurs l'empla-

cement d'Ingrande (Vienne) répond à celui de la station Fines de la voie romaine de Tours à Poitiers. 193. Dans l'ancien diocèse de Poitiers, vers celui de Bourges ;

dans l'ancien diocèse de Tours, vers ceux d'Angers, d'une part, et de Poitiers, d'autre part

;

et

dans l'ancien diocèse d'Angers,

vers celui de Nantes, on remarque quatre localités dont le

nom

Ingrandes (Indre, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire), et dont l'une correspond à la station Fines de la voie romaine de Bourges s'écrit

à Poitiers.

194. Ingrannes (Loiret), de l'ancien diocèse d'Orléans, confinait à celui de Sens.

195.

Ygrande

(Allier) était

une paroisse du diocèse de Bourges

à vingt-trois kilomètres de l'ancienne limite de celui d'Autun.

196. Yvrandes (Orne) est aux confins des anciens diocèses de

Baveux

et

d'Avranches;

il

appartenait au premier.

Douvres (Calvados), dont le véritable nom est Yvrande, encore employé au xiv'" siècle, se trouvait dans le diocèse de Baveux, à une vingtaine tle kilomètres do la 197. Enfin la Délivrande, à

limite occidentale de celui de Lisieux.

nom Ingrande

198. L'identité du

Igrande est nettement attestée par d'Ingrande (Vienne) par

là le

peu de cas

:

avec

les

les

Ai;/uran<lf et

formes anciennes du

Evranda, Igoranda

(ju'il

noms et

Igranda.

nom

C)n voit

faut faire de l'opinion (|ui, fondée sur ce


LRS NOMS

7i qu'il

y a deux ou

tirait ce

trois

l)K

Lii;u

Ingrande k rextrémité du

vocable de ingressus

territoire

Andium, Andes

angevin,

étant le

nom

sous lequel César désigne les habitants de notre Anjou. 199. On voit que. sauf deux exceptions', toutes les localités énumérées plus haut étaient situées près des limites des diocèses auxquels elles appartenaient et l'on sait ({ue la circonscription ;

des

diocèses

français,

1

qu'elle

se

présentait

encore

au

correspondait, dans son ensemble^ k celle des cités

xviii® siècle,

de

telle

époque romaine. Or,

il

n'est pas interdit d'expliquer les

exceptions que constituent Ygrande et modifications que

la

limite des

la

deux

Délivrande par des

Aedui et celle des Lexovii auraient du moyen âge, soit même anté-

subies, soit aux premiers siècles

rieurement à

la

ou igoranda

est

200. ce

mot

Il

les

conquête romaine, puisque

le

mot ivuranda

antéromain.

n'est pas sans intérêt de rapprocher de la désinence de

expressions rand et randon, qui, dans

la

partie méri-

dionale du département de l'Aube, désignent certains tertres

servant de limites aux territoires des communes, et qu'aux envi-

rons de Troyes, on appelle pns.

l. «

011

Plus celle

constitue Iiigrando, rcart de

(jiie

plein Poitou

>>

(J.

Havet,

loc.cil., p.

171

j.

l,\

Rôoi'llio

Veuflée'l situé


XXI

GALLO-ROMAINES

ORIGINES

-ACOS

:

201. Le suffixe -acos, latinisé -acus. tient dans l'onomastique gauloise une place considérable,

nombre immense de noms de

et

contribué à former un

a

lieu gallo-romains encore subsis-

tants aujourd'hui.

La valeur de ce du

un peu

suffixe est suffixe

ég^ard à celle

-arius, -aria, qui sert

à

vag'ue, et

comparable

à cet

du

latin

dérivé

français

-ier,

former

des adjectifs dérivés dadjec-

:

-ière,

comme premier et sinf/ulier; des adjectifs dérivés de substantifs, comme régulier et séculier des noms d'ai^ents ou de professionnels, comme chevalier, potier, tuilier des noms locaux communs dérivés de noms communs, comme foyer, '/re-

tifs,

;

;

nier, ririère, sablière

;

des noms de lieu dérivés de

dhommes, comme Bernard ière, 202. Le suffixe -acos

dans la

a

forme

En

203. jectifs

:

sous

la

forme -ach

;

forme

la

-ec qui.

au

siècle,

xiri''

:

en gallois sous

souvent réduite aujourd'hui à og,

aivc,

moyen-breton

Blanchardière, Girardière.

subsisté dans les lang-ues néo-celtiques

les dialectes g-aéliques

armoricain sous

noms propres

en breton

et a

remplacé

le

oc.

breton,

harrec,

le

suflixe -ec termine

brancher

«

»,

de barr,

un grand nombre d ad«

branche

»

dourec,

;

marécageux », de jtoul, aqueux »>. de dour, « eau » \poullec, « marécage ». Il sert aussi à donner aux substantifs une idée de collectivité faoec, de fao, « hêtre », désigne une hêtraie <(

<(

;

:

spernec, de spern, épine », un buisson d'épines. Cette dernière circonstance explique pourquoi les érudits qui les premiers ont «

consacré leurs

pensé que

le

loisirs

nom

à l'étude

des anciens

d'Épernay. en httin

noms do

lieu,

onl

Sparnacus ou Sparna-

cum, pouvait ollVïr le même sens que le breton spernec. et constituer un synonyme des noms romans h'pinoi/. Jipinai/. (|iu représentent le latin spinetum. On ne saurait condamner absolument cette opinion formulée en 186 i par Mou/é. Mais des études auxquelles d'autres savants se sont livrés,

il

rt'sidle

(pi

en très


76

LFS

grande majorité

noms de

les

DE LIEU

Xt.AIS

lieu terminés par le suffixe gaulois

-acus, dérivent de noms d'hommes, et surtout de latins la très grande majorité, et non, comme prétendait Henri d'Arbois de Jubainville, la totalité, car le

-acos. latinisé

noms d'hommes le

nom

:

de Mouzay (Meuse), en latin

formé sur celui de

Mosacum,

comme

est visiblement

en Belgique les

Ligny (province de Namun. de

Tilly (Brabanti, de

naut) sur les

Meuse,

la

noms

des cours d'eau

la Tille,

noms

de

Silly (Hai-

Lisrne et la

la

dont elles sont riveraines; à ces exemples on peut ajouter celui de Blézy Haute-Marne) sur la Biaise.

Sille

i

204.

Au

sujet

des

noms

H. d'Arbois de Jubainville téressante.

Il

de

lieu

-acus de la Gaule, une statistique assez in-

en

s'est livré à

que sur quarante-cinq de ces noms dont

a constaté

l'existence est attestée à l'époque romaine, trente-six, soit les

quatre cinquièmes, présentent un

termes se terminent en

iacus

-

tor-iacus, Germin-iacus,

:

etc.

/

avant

le

suffixe,

en d'autres

Blar-iacus, Catus-iacus, Coril a observé la même particula;

dans quarante-cinq des cinquante-trois noms en -acus qui figurent dans les écrits de Grégoire de Tours et la proportion rité

;

des

noms en -iacus

est bien plus forte encore

parmi

les

noms

de lieu que mentionnent les documents des siècles suivants.

205.

En

étudiant de plus

constaté que

dit a

nom d que

tous ces

noms de

ils

lieu, cet

éru-

ont pour radical un

liomnie d'origine l'omaine, d'ordinaire un gentilice, c'est-à-

un nom de

dire

pi'ès

plupart du temps

la

famille, et

il

a observé avec beaucoup de justesse

c'est à cette dernière circonstance qu'est

due

la

fréquence de

Yi précédant le .suffixe -acus, la très grande majorité des genti-

romains étant terminés en -ius. C'est alors qu'il a cru pouconnue aujourd'hui, et à laquelle i(''ussi a donner une grande vraisemblance, qu'aux temj)s de

lices

voir présenter sa fliéorie, bien il

1

a

ind('[)endance gauloise,

dans chaque

des céréales, après

la

que ce

cité, et la

propriété rurale était encore indivise fut

le

développement

coïKjuête rinnainc,

(jui

anu^na

tle

le

la

culture

partage de

cette propriété collective, c'est-à-dire la constitution de la pro-

individuelle dans notre pays. La meilleure preuve de l'origine romaine di- la pi'oj)riété individuelle en Gaule ri-sultc, à ses yeux, des non)s pro})res en -iacus <|ui. pour le plus grand nombre, dérivent de non)s de [)riél<''

gentilices

romains,

et

durent être, à l'origine, des

noms de


ORIGINES GALLO-ROMAINES

-ACOS

:

77

fundi ou de propriétés immobilières les noms de lieu gaulois, ou plutôt gallo-romains, en -iacus seraient donc analogues, comme :

noms de

formation, aux

dans

Italie et

lieu latins

Gaule méridionale,

la

en -ianus,

si

nombreux en

et qui seront ultérieurement

étudiés.

206. Les

noms de

en latin par

lieu

le suffixe

dont

forme primitive

la

terminée

était

-a eus appartiennent à toutes les régions

France actuelle, et cela prouverait, s'il était nécessaire, que les Celtes ou Gaulois ont occupé toutes les parties de notre pavs. Tous nos départements, à lexception des Alpes-Maritimes et du de

la

Var, possèdent des cette catégorie

que

communes dont

les

noms appartiennent

population celtique était peu répandue dans

la

respondante, car

Bezaudun (Var)

le

est

de cette partie de

la

moderne,

les

noms

Provence par

:

la

région cor-

les Gaulois.

nomenclature communale

en -acus sont en général beaucoup moins

nombreux dans l'ancienne province romaine populanie

la

nom, qu'on a eu occasion de rencontrer, de une preuve non équivoque de l'occupation

D'ailleurs, à en juger par la

207.

k

encore cette exception prouverait-elle seulement

;

et

dans

chose s'explique, en ce qui touche

la

Novem-

première de

la

noms de fundi y étaient, à la plus souvent en -anus, ce qui est

ces régions, par ce fait que les

manière romaine, terminés

un des

nombreux

le

du haut degré de romanisaPour la Novempopulanie, l'explication est autre, car cette province, comprenant d'une entre Garonne et Pyréfaçon à peu près complète le pays

tion

représente

nées, était

indices

de cette partie de

de

même

signalés déjà,

et variés

la

Gaule.

de

l'Aquitaine

race que les Ibères

César, dont ;

les

la

noms en

de Monlezun et de Tourdun

indéniablement une infdtration celtique dont

population

-ar, et ceux,

(Gers) y attestent les écrits

de

l'anti-

quité parvenus jusqu'à nous ne font aucune mention. Si

nombreux sont

-acus,

qu'il n'en sera

les

noms correspondant

donné

ici

à des primitifs en

qu'un choix d exemples énumérés

selon l'ordre alphabétique de ces primitifs.

208. Albiacus, formé sur dérive

du cofjnomen Albus

le gentilice :

Albius, qui lui-même

Alblac (Haulc-Garonno,

Lot),

Albieux (^Loire),Aubiac (Gironde, Lot-et-Garonne Aubiat (Puyde-Dôme), Auby (Nord), Augea (Jura), Augy (Aisne, Cher, ,

Yonne), Aujac fCharente-Inférieure, Gard).


LES NOMS DE

78 209. sur

Albiniacus, du

Albinius. formé lui-même

gentilice

Albinus

coijnomen

LIEL'

Albignac

iCorrèzei, Albigneux Rhône, Savoie. Haute-Savoie), Aubignac (Aveyron. Gorrèze. Haute-Loiret, Aubignat Puy-de-Dome', Aubigné Ille-et-Vilaine. Maine-et-Loire, Sarthe, Deux-Sèvres), Aubigny (Aisne. Allier, Ardennes, Aubigney Haute-Saône Aube, Calvados, Cher, Côte-d Or, Haute-Marne, Nord, Pas-deCalais, Deux-Sèvres, Somme. Vendée). Arbigny (Ain, Hautele

:

(Loire), Albigny (Loire,

.

Herbigny (Ardennesi, appelé Albiniacus vers 860, Herbignac Loire-Inférieure Arbignieu (Am). 210. Alciacus Aussac (^Charente, Tarn,. Aucey (Manche), Marnei.

i,

;

:

Aussy

Auchy (Nord.

(Seine-et-Marne),

'Ausqiics,

composition

en

ligure

f[ui

Oise.

dans

Pas-de-Calais"),

Nordausques

Zudausques Pas-de-Calais;. 211. Antoniacus: Antony (Seine). Antogny Loire). Antoigni lOrnei, Antoigné (Maine-et-Loire

et

;

i

Indre-et-

Antonniat

i.

(Dordoj,!,ne,i.

Aureliacus

212.

dognei,

Aureillac

:

(Lot-et-Garonne

(Charente-Inférieure),

Orlac

(Cantal),

d'où

Orliac

diminutif Orliaguet

le

Dordog-ne),

(Puy-de-Dôme), Orly (Seine). 213. Avitiacus Avessac Loire-Inférieure Pyrénées Avezé Sarthe :

,

214.

Blandiacus

(Charente).

DorOrléat

Avezac (Hautes-

Blanzac (Charente, Charente-Inférieure

:

Haute-Vienne),

Aurillac

.

I

Haule-Loire,

i,

.

(Corrèze,

Blanzat

i

— d'où

le

diminutif Blanzaguet

Puy-ile-Dôme). Blanzay

Charente-In-

férieurei. Blanzée (Meuse), Blanzy (Aisne. Ardennes. Saône-et-

Loire),Blandy (Seine-et-Marne, Seine-et-Oise). Blandecques Pas(

iCôte-dOr

de-Calaisj, Blangey lais,

Seine-Inférieure,

215. (^al via eus (Gard).

:

.

Blangy (Calvados, Pas-de-Ca-

Somme).

Calviac ^Lot), Calviat

Dordog-ne), Cauviac

Chaugey (Côte-dOr).

Loi). Chalvignac iCantali, 216. Calviniacus Calvignac Gauvigny (Oise), Ghauvigné (Ille-et- VilCauvignac Tiironde laine Ghauvigny (Loir-et-(]her, Vienne). 217. Campaniacus Gampagnac (Dordogne, Tai-n), Gham:

,

i,

:

pagnac (Cantal, Charente-Inférieure, Corrèze, Creuse, Dordogne, Ghanipagnat (Puy-de-Dôme, HauU -Loire, Haute- Vienne; Sarlhe, Vendée, Vienne S;iône-et-Loire Ghampagné Gham,

.

,


OKIGliNKS (;ALL0-KOMAIi\ES

Douhs,

pagney

71)

Haute-Saône), Ghampagny (Gôte-d'Oi-,

Jura,

Champigné (Maine-et-Loire), Champigny (Aube,

Jura, Savoie),

Eure,

-ACOS

:

Indre-et-Loire.

Marne,

Loir-et-Cher,

Haute-Marne,

Seine. Vienne, Yonne).

218. (]assiacus

Chassey

:

(Gôte-d'Or.

Chassac (Gorrèze, Gard), Chassé (Sarthe), Meuse, Haute-Saône, Saône-et-Loire),

Ghassiecq (Gharente), Chassieu

Yonne

Loire,

,

(Isère), Ghassy (Gher, Saône-etChessy (Aube, Rhône, Seine-et-Marne).

Domitiacus

219.

Donzy

Domezac

:

Domecy (Yonne),

(Gharente),

(Nièvre), et sans doute aussi

Donzac (Gironde, Tarn-et-

Garonne), Donzacq (Landes).

Eburiacus, dérivé par

220.

d'un

l'intermédiaire

o-entilice

Eburius du nom gaulois Eburos déjà rencontré dans Eburodunum, Eburobriga, Eburomagus Evry (Seine-et-Marne. :

Seine-et-Oise, Yonne), Yvrac (Gharente, Gironde), Ivrey (Jura),

Yvré (Sarthe), Ivry (Gôte-d'Or, Eure,

Flaviacus

221.

Fléac (Gharente, Gharente-Inférieure),

(Greuse),

Flayat

(Vienne),

(Sarthe

Fiée

Oise, Seine).

Flaviac (Ardèche), Flavy (Aisne, Oise),

:

j

Saini-S;uireur-de-F\ée

et

Fleix

(Maine-et-

Loire), Saint-Gernier-de-Y\y (Oise), Flaugeac (Dordognei, Flau-

jac (Lot), Flageac (Dordogne, Haute-Loire), Flagey (Gôte-d'Or,

Haute-Marne),

Doubs,

Flagy

(Haute-Saôiie,

Seine-et-Marne), Fyé (Sarthe). origine, cette localité étant,

nommée

aux

Saône-et-Loire,

Fiée (Gôte-d'Or), a une autre

viii*^

et

ix''

siècles,

conslamnient

F'iexus.

Flaviniacus

Flavignac (Haule-Vienne), Flavigny (Aisne, Gher, Gôte-d'Or, Marne, Meurlhe-et-Mosellc), Flaugnac 222.

:

Flagnac (Aveyron), Flagnat (Gharente), Flagny (Nord,

(Lot),

Seine-et-Marne).

Floriacus

223.

:

Florac

(Lozère),

Florat

i

Haute-Loire),

Floirac (Gharente-Inférieure, Gironde, Lot), Fleurac (Gharente, Dordogne), Fleurât (Greuse), Fleuré (Orne, Vienne), Fleurey (Gôle-d'Or,

ment

Fleurie,

(Aisne,

Haute-Saône), Fleuriel (Allier), ancienneFleurieu (Rhône), Fleurieux (Rhône), Fleury

Doubs,

Eure,

Ras-de-Galais,

Loiret,

Somme, Yonne) I.

Manche, Marne, Meuse,

Saône-et-Loire,

Seine-et-Marne,

Nièvre,

Oise.

Seine-el-Oise.

'.

Si le iiKiii ilr l'Ieuiv fi-inc dniis

I:i

Ticirtn-nclnhiro

rommiinnlc du

(h'pnr-


LES NOMS DE LIEU

80

224. Juliacus. du gentilice Jiilius. très répandu en Gaule, beaucoup de nobles Gaulois, qui devaient le droit de cité à Jules César, ayant pris son

— d'où

Gironde).

nom

Juillac Cbarente, Corrèze. Gers,

:

'

diminutif Juillaguet (Charente),

le

— JuiUé

Sarthe, Deux-Sèvres), JuUié (Rhône), Saint-Pierre-

(Charente, Je-Juillers

Manche). JuiUy (Côte(Aube. Saône-et-Loire. Yonne), (Prusse rhénane, régence d'Aix-la-

Charente-Inférieure), Juilley

i

Seine-et-Marne), Jully

d'Or.

allemand

Juliers. en

Jiilich

Chapelle).

Jussac Cantal). Jussas Charente-Inférieurei. Jussey (Haute-Saône), Jussy (Aisne, Cher. Yonne). Ladignac l'Corrèze, Haute -'Vienne), 226. La tin ia eus

Justiacus

225.

:

\

:

Haute-Loire). Lagnat (Ain;, Ladignat Lagney Meurthe-et-Moselle Lagnieu (Ain Lagny (Oise. Seineet-Marne), Laigné (Mayenne, Sarthe), Laigny (Aisne). Lésignac Haute-Vienne). Léslgnat Cha227. Liciniacus

Ladinhac

(Cantal

i.

I.

.

t

:

Lésigné

rente),

Seine-et-Marne,

Lésigny

(Maine-et-Loire),

Ain. Creuse), Lusigny Lusignan (Vienne) est de même oridernière syllabe ne date que du temps

Vienne), Lusignac (Dordog-nei, Lusignat

Aube, Côte-d'Or

(Allier,

gine

;

de la

la nasalisation

de Philippe 228.

Bel.

le

Marcelliacus

(

.

Puy-de-Dôme).

Cher, Côte-d'Or, Eure, Indre-et-Luire. Loir-etLoiret.

Loire,

Marne.

Manche,

Saône-et-Loire, Seine-et-Marne 229.

l'AUier.

Marcillat

lUe-el-Vilaine, Mayenne). MarciUieu (Loire), Marcilly

(Aisne, .Vube,

Cher,

Marcillac (Aveyron, Charente, Corrèze,

:

Lot

Gironde,

Dordogiie. Marcillé

.

i.

Hhône,

Haute-Marne,

Marsilly Charente-Inférieure).

Ma.ximiacus: Meximieux

(Ain.,

Messimy (Ain, Rhône),

Massingy (Côte-d'Or, Haute-Savoie), Marsangis (Marne, Yonne),

Marchangy fLoirej. niacus Montagnac (Basses-Alpes, Dordogne, Montagnat (Ain), Hérault, Lot-el-(iaronne), Montagna .Iuim Isère), (.Vin, Doubs, Haute-Saône;, Montagnieu Montagney Saôno-et-Loire, Montagny (Côte-d'Or, Loire, Oise, Rhône, et peut-être aussi

230. .Monta

:

.

'

IciiH'iil

lit'

l'AïKlf, ou

slance spéciiile pairie sous le

rienrv.

:

il

|)in;iit

insf)lil»',

réioclion, en mars

nom de

Fleury, en

ITiUj,

c'csl

do

la

en

r.iisoii

d

iiiio

leiic do l'éiif,Mian vu

faveur de .lean-IIercule de

circdii-

duché-

Hossel do


ORIGINES GALLO-ROMAINES

I

ACOS

81

Savoie, Haute-Savoie), Montignac (Charente, Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées), Montigné (Charente, Maineet-Loire, Mayenne, Deux-Sèvres), Montigny, nom porté par une

cinquantaine de communes, et par nombre d'écarts, dans la partie septentrionale de la France. 231. Pauliacus Pauilhac (Gers), Pauillac (Gironde), Paulhac (Cantal, Haute-Garonne, Haute-Loire, Loire), d'où le diminutif Paulhaguet (Haute-Loire), Paulhiac (Lot-et-Ga:

ronne), Pauliac (Ariège, Corrèze, etc.), Pauliat (Allier, Creuse), la

plupart des Poilly, Pouillé, Pouilley, Pouilly de la moitié sep-

tentrionale de la France, Peillac (Morbihan), et peut-être Paillé

(Charente-Inférieure) et Pailly (Yonne). 232.

Postumiacus

:

Pouthumé

(Vienne),

Potangey (Côte-

d'Or), Potangis (Marne).

233. Quintiacus Quinsac (Dordogne, Gironde), Quinssat (Puy-de-Dôme), Quinçay (Vienne), Quincé (Maine-et-Loire), Quincey (Aube, Côte-d'Or, Haute-Saône), Quincié (Rhône), :

Quincieu

(Isère),

Quincieux (Rhône), Quincy (Aisne, Cher, Côte-

d'Or, Meuse, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise), Guinchy (Pas-de-

Cuincy (Nord). Quincy a pour diminutif Quincerot (Côted'Or, Yonne), qui est à rapprocher de Flavignerot et de Qiiétignerot (Côte-d'Or), diminutifs de Flavignif et de Quétigny. 234. Romaniacus Romagnac (Cantal), Romagnat (Puy-deCalais),

:

Dôme), Romagné (lUe-et- Vilaine), Romagnieu (Isère), Romagny (Manche, ancien Haut-Rhin), Romenay (Saône-et-Loire), Romeny (Aisne). , 235. Sabiniacus Savignac (Arièg-e, Aveyron, Dordogne, Gers, Gironde, Lot-et-Garonne), Savignat (Creuse), Savigpa (Jura), Savigné (Indre-et-Loire, Sarthe, Vienne), Savigneux :

(Ain), Savignies (Oise), Savigny,

communes

nom

porté par plus de vingt

de la France septentrionale.

Séverac (Aveyron), Sévérac (Loire-Inférieure), Sevrai (Orne), Sevrey (Saône-et-Loire), Sivrey (Aube), Sivry (Ardennes, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Seine-etMarne), Cieurac (Lot), Civrac (Gironde), Civray (Cher, Indroet-Loire, Vienne), Civrieux (Ain, Rhône), Givry (Côte-d'Or), Eure-et-Loire, Seine-et-Oise, Yonne), Xivray (Meuse), Xivry 236. S.everiacus

:

(Meurthe-et-Moselle). 237. Tilliacus! Tillac fGers), Tilly (Calvados, Eure. Indre, Les noms de lieu.

"


LES NOMS

82

LIE

LIEU

Meuse, Pas-de-Calais, Seine-et-Oise), Teille (Loire-Inférieure), Tilques (Pas-de-Calais).

Valeriacus Vallery (Haute-Savoie, Yonne), Vaudrey (Jura), Vaudry (Calvados). 239. Mais les noms de lieu g-allo-romains en -acus ne sont 238.

:

pas tous formés sur des

en -ius, car

j^^entilices

plupart des

si la

autres étaient

g-entilices présentaient cette désinence, quel([ues

terminés différemment, par exemple en -enus Antius, Avius, Lucius et Marcius ont pour doublets Antenus, Avenus, :

Lucenuset Marcenus, qui, combinés avec formé des noms de lieu gallo-romains Anthenay (Marne). 240. Antenacus

le suffixe

-acus, ont

:

:

241.

Aven acus

242.

Lucenacus

:

Avenay (Marne). Lucenat

:

Lucenay (Côte-dOr,

(Allier),

Nièvre, Saône-et- Loire), Luzenac (Ariège), Luzinay (Isère). 243.

Marcenacus Marcenat :

(Allier),

Marcenay, Marsannay

(Côte-d'Or).

On trouve aussi -acus combiné avec un cognomen latin ou un nom d'homme gaulois. 244. A vit a eu s est le nom sous lequel Sidoine Apollinaire désigne

la

qu'il

villa

possédait en Auvergne

du chef de

sa

femme, fille de l'empereur Avitus l'emplacement en est aujourd'hui marqué par Aydat (Puv-de-Dôme). 245. Brennacus, nom d'une ville royale du Soissonnais au ;

vi*^

siècle, est

doit être identifié,

Braisne

nom gaulois non pas cpmme on

formé sur

le

mais

(Xisne),

avec

Berny

Brennacus

Brennos. a

voulu

(Aisne),

le

faire,

avec

anciennement

Breny.

Tu ma eus, formé sur le nom d'homme gaulois latinisé Turnus est l'origine des noms de Tournai (Belgique), de Tour246.

nay (Calvados, Marne), de Temay 24T. L'usage de former des

brusquement abandonné franque,

comme

:

il

(Loir-et-C^her).

noms de

lieu en

-acus ne

fut

pas

persista en Gaule pendant la période

d ailleurs en Gaule cisalpine, c"est-à-diro dans

la Haute-Italie, pendant

248. (juand les

la

période lombarde.

Francs s'établirent dans

la

Gaule du Nord,

la

grande majorité des noms romains en -ius, se terminaient en -iacus; mais à D cette époque, les gentiliccs n'existant plus, on ne comprenait très

"•enlilices

de lieu de notre pays, dérivés de


.

ORIGINES (lALLO-KO.MAlNES

plus bien le

mode de formation

de notre ère, et

noms aux avec

le

les Francs,

-ACOS

:

83

usité dans les premiers

siècles

lorsqu'ils voulurent

donner leurs possédaient, combinèrent ces noms

propriétés qu'ils

groupe -iacus, au

lieu de suivre les

exemples que pou-

Avit-acus, Brenn-acus et Turn-acus. Les noms de lieu en -iacus formés sur des noms d'homme d'origine germanique, sont en nombre moins considérable que

vaient leur fournir

les

vocables gallo-romains terminés de

même

;

ils

paraissent sur-

tout dans les pays colonisés par les Francs, soit en Belgique et

dans

noms

la

France du nord-est.

suivants

On

citera ici, à titre d'exemples, les

:

249.

Achariacus, de x\charius

250.

Alamundiacus.

de

:

Achery (Aisne).

Alamundus, devenu

par aphé-

Lamontzée (Belgique, prov. de Liège). 251. Albericiacus, de Albericus Obrechies (Nord) Auberchicourt (Nord), représentant Albericiaca curtis. 252. Bertmariacus, de Bertmarus Bermeries (Nordj Berméricourt Marne 253. Bettiniacus, de Betto, -onis Bétheny (Marne); rèse

:

;

:

;

cf.

cf.

)

(

:

cf.

Bétheniville (Marne).

254.

Blitmariacus, de Blitmarus

(Haute-

Bluiîierey

:

Marne), Blémerey (Meurthe-et-Moselle, Vosges). 255. Carliacus, formé sur un radical Karl 256. Fulcoldiacus. de Fulcoaldus 257. Gerbertiacus, de Gairebertus

prov. de Liège), au

258.

xiii*^

:

Charly (Aisne).

Faucouzy 'Aisne). Gerbehaye (Belgique,

:

:

siècle Gerhercheis.

Gerhildiacus, du nom de femme Gairehildis

:

Grugis

(Aisne).

Geroldiacus, de Gairoaldus Grougis (Aisne). Gelbressée (^iici260. Gislebertiacus, de Gislebertus gique, prov. de Namur). Childericus Hildericiacus, de Haudrecy 261. 259.

:

:

:

(Ardennes).

Landericiacus, de Landericus Landrecies (Nord). 263. Landoldiacus, de Landoaldus Landouzy (Aisne). Lambercy (Aisne). 264. Lantberciacus, de Landbertus La Hérie et Le Hérie 265. Leuthariacus, de Leutharius

262.

:

:

:

:

(Aisne), qui devraient s'écrire tous deux en un seul mol.

266.

Rathariacus, de Ratharius

:

Raray

(Oise).


LES NOMS DE LIEU

84

Rodogarius Rougeries Aisue Theodebertiacus. de Theodebertus Thiverzé. loca-

267. Rotg-ariacus. de 268. lité

.

:

:

aujourd hui englobée dans Fontenay-le-Comte

269.

Theodericiacus, de Theodoricus

\

endée

.

Maine-

Tiercé

:

et-Loire).

270.

Trudoniacus. de Trudo

Belg-ique, prov. de

Trignée

:

Liège).

Walismiacus. de Walisnius Valmy Marne. Waltbertiacus. de Waldebertus Vaubercey Aube), Vaubexy Vosges WarGuérigny Nièvre 273. Wariniacus, de Warinus 271.

:

272.

:

.

:

,

gnies Nord. Somme). 274.

Witmeriacus. de Widomarus

:

Gumery

(Avibe).

V a lieu d'aborder l'étude des formes vulgaires du La question ne serait pas compliquée si cette terprécédée d'une consonne, comme dans les toujours était minaison 275.

Il

suffixe -acus.

noms de

lieu dérivés de gentilices en

-acus devient en langue Mais beaucoup plus fréquemment

d'oïl -ay

et

.

-enus

:

Dans

ce cas,

en langue d'oc -ac ou

le suffixe est

-at.

précédé d'un

/

;

prodmt. par le voisinage de cet / et de Y a, une sorte d'amalgame qui, de bonne heure, dans les pays romans qui furent c'est plus tard de langue d'oïl, fit substituer.au groupe ia un e or

s'est

il

;

du moins ce que permettent de conjecturer les formes Criscecus et Erchj-ecus, substituées dans la seconde moitié du viu*^ siècle, par le pseudo-continuateur de Frédégaire. aux primitifs Crisciacus

et

Ercuriacus, aujourd'hui représentés par Crécy

276. C'est vers rée -ecus s'est le notait encore

le

Poitou

et la

mieux maintenue

-ec la

finale,

:

au début du

présent

à

et

Ecry.

Saintonge que cette forme altéréduite

à

xiv*'

Andillé. Chiré. Gissé, Cloué. Latillé. Ligugé (Vienne)

siècle

des

-e, ;

on

noms

d'ailleurs

cette finale -ec et sa variante -ecq subsistent encore dans Cersec. Lirec.

rente

.

Pressée

Vienne), Aizecq, Chassiecq. Ruffec

Prahec. Sciecq

277. Tout au contraire, à droite de

la

Loire, le c de -ecus s'est

au de bonne heure vocalisé en de Saint-Remy de lUims, Fleury-/^-/?/r/ère -/

:

ix* siècle,

dans

le

polyptique

et ?d\\^-l a- Montagne

(Marne; sont appelés Floreius et Risleius remontant donc pour le moins au ix*"

-ci us,

Cha-

Deux-Sèvres), par exemple.

:

cette linalc latine

siècle,

suppose une


ORIGINES GALLO-ROMAINES

-ACOS

:

83

forme vulg-aire contemporaine en -ei; celle-ci subsiste, sous la notation -ei/, dans nos provinces romanes de l'est, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne orientale, et même dans la Cham-

Aubigney (Haute-Saône), Champagney (Doubs, Jura, Haute-Saône), Vaudrey (Jura). 278. Dans la Picardie, le reste de la Champagne, l'Ile-deFrance, l'Orléanais, le Berry, la forme -ei a de bonne heure, au xi^ siècle au plus tard, fait place à un -i que depuis déjà plusieurs Antony, Aubigny, Blanzy, Goucy, Domecy, siècles on note -y pays wallons cette lînale a pris la forme féminine les Dans etc. et méridionale

pagne orientale

:

:

plurielle -ies

279.

Il

:

Landrecies, Orchies.

convient d'observer que

la

provenant de

finale -é,

-iacus, domine non seulement en Poitou et en Saintonge, mais aussi dans TAunis, la Touraine, l'Anjou, le Maine, la partie de la

Normandie représentée par

fractions de

la

le

département de l'Orne,

Bretagne où l'influence bretonne ne

s'est

et les

exercée

qu'à partir du ix® siècle.

Dans les pays de langue d'oc, l'a de -acus s'est maintenu, forme vulgaire de cette terminaison est -ac, Albignac, Albiac, Aurillac, Blanzac, Calviac. Calvignac, Chassac, etc. 280.

et

la

Mais dans

les plus

septentrionaux de ces pays

est remplacée par -at dans

assourdie, et

l'Auvergne, la Marche

:

le

la finale

-ac s'est

sud du Bourbonnais,

Aubignat, Aubiat, Calviat. Ghampagnat,

Fleurât, Ladignat, Lusignat, Marcillat, Quinssat, Savignat, etc. cet assourdissement est parfois

tion locale, bien

même

que l'orthog-raphe

consacré par

officielle ait

la

;

prononcia-

conservé

la

nota-

le nom de Boussac Creuse), se prononce Boussa. tion -ac 281. On constate aussi l'assourdissement du c final dans la partie méridionale du département du Jura, et dans la partie :

septentrionale de celui de l'Ain limite de ces

:

la

qui avoisine

région

la

deux départements présente un grand nombre de aujourd'hui en -a ou en

noms géographiques terminés la finale latine était

-iacus

:

Bissia, Broissia.

-ia, et

Dénia,

dont

Loisia.

Savigna (Jura^ dans le département de l'Ain, ou observe parAttignat. Ceyzériat. fois, comme en Auverg-ne, la notation -at ;

:

Curciat. Maillât, Martignat. Polliat. Pressiat.

282.

Une

autre forme vulgaire correspondant à -iacus est

ou -ieux, qui existe dans

le

Seyssel jusqu'au confluent de

pays arrosé

i)ar le

l'Isère, et (jui,

de

-/<•//

Bhône depuLs l;i.

s'itmtl sm-


LES NOMS DE LIEU

86

du Rhône, de la Loire et de lArdèche. La plus ancienne notation de cette forme était -ié, qui s'est conservé dans les noms de Jullié et de Quincié (Rhône) départements de l'Ain, de

les

l'Isère,

;

que se terminaient, vers le xii^ siècle, la plupart des noms qui sont aujourd'hui en -ieu ou ieux, parmi lesquels on mentionnera ici Albigneux ;Loire), Albieux (Loire), Ghassieu (Isère', Fleurieux (Ain, Rhonel, Jussieux Rhône),

du moins,

c'est

en

-ié

Lagnieu (Ain), Marcillieu (Loire), Montagnieu (Ain, Isère), Quincieu (Isère), Romagnieu (Isère). Savignieux Ain, Loire), 283. La détermination des zones occupées par les diverses formes vulgaires correspondant à -iacus. sûr pour

le linguiste,

Celui-ci,

toutefois,

ne

l'est

fort intéressante à

par moins pour

coup

l'ethnographe.

n'attachera pas plus d'importance qu

ne

il

forme -y originellement circonscrite dans une zone déterminée, elle en est sortie peu à peu sous l'influence de l'exconvient à

la

:

tension de la langue française, et par tralisation

c'est ce

:

(Ain), qui dans

le

l'etTet

d'une sorte de cen-

qu'on remarque à propos du

nom

de Coligny

patois s'appelle encore Couligna.

284. La forme -ac, qui est, on la vu, celle de la langue d'oc, se rencontre aussi dans la partie de la Bretagne qui a été sou-

mise, dès bihan),

le

v''

siècle, à l'influence

bretonne

Comblessac (lUe-et-Vilaine), Marsac

Campénéac (Mor-

:

i

Loire-Inférieure),

Peillac (Morbihan), Ruffiac (Morbihan).

285.

France

On et

trouve,

il

est vrai,

ailleurs

en Bretagne, quelques noms de

que dans lieu

le

midi de

terminés par

le

la

son

que Brissac (Maine-et-Loire), Jaillac (Aube). Toiissac mais ils ne représentent pas des primitifs en -ac'us. Jaillac est appelé JaiUard dans les textes anciens. Gressonsacq, dont le nom se prononce ou se pro-

ac, tels

(Seine-et-Marne) et Cressonsac (Oise)

nonçait

Crcssonsa, est

pour

;

Cressonesftnrf.

Toussac,

vocable

appliqué exclusivement à des moulins, a son origine dans une locution facétieuse,

aux méfaits

si

tollit

saccum,

«

enlève sac

souvent reprochés aux meuniers

semblablement de

même

il

;

»,

de Brissac, à en juger par

ancienne lircchessac, dont malheureusement

le

allusion

en est vraila

forme

premier terme

est iiiexpli(jué.

Dans les pays ((uc les invasions ont germanisés, -iacus Hl.iriacus, Blerick devenu -/c/t, en hiis-allemand -icii

286. est

:

(Pays-Bas, Limbourg"), C^)rloriacus. Coortryck,

nom

llamand


oiuftiNKs <;ai.lo-ro:mai.nes

de Gourtrai, Liège)

;

:

-acos

87

Gemeniacus, Gemmenich (Belgique, province de Jtilich, nom allemand de Juliers (régence

Juliacus,

Tiberiacus, Zieverich ^régence de Gologne), Tolbiacus ou Tulpiacus, Zûlpich (régence d'Aix-la-Ghapelle); Turnacus, Doornyck. nom flamand de Tournai ^^iroYiacus, Werwicq (Belgique, Flandre Occidentale). d'Aix-la-Ghapelle)

;

;

287. Cette forme, dont on pourrait multiplier les exemples, semble avoir donné naissance à la finale germanique romanisée -ecques, observée dans la partie nord-ouest du département du soit dans les arrondissements de Boulogne et Pas-de-Galais

— qui avait reçu à l'époque des grandes invasions appoint de population germanique. La forme -ecques — un — substituée au bas-allemand Vs n'en date que du de Saint-Omer fort

xvi'' siècle

-ick implique nécessairement le recul de l'élément

germanique

devant l'élément roman Elle paraît dans les noms de Blandecques, de Coyecques, d'Eperlecques, de Questrecques, deSenlecquesetde Wardrecques assez fréquemment un déplacement de l'accent .

;

tonique la réduite

à

-ques atone

:

Nordausques

et

Zudausques,

Isques, Mentques, Quesques, Setques, Tilques, Wisques.


XXII

ROMAINES FORMÉS SUR DES GENTILIGES ORIGINES

NOMS

Les Romains appelaient fréquemment les propriétés rurales du nom des propriétaires, et en France, depuis l'époque romaine, il en fut souvent ainsi. La plupart du temps le vocable du domaine rural était un adjectif formé sur le nom du propriétaire à l'aide du suffixe -anus, en sous-entendant le substantif fundus; cette formation est identique,

on

romains en -acus. 288. Mais aussi

il

seur

comme un

ait été traité

le

voit,

que

est arrivé

à

celle

le gentilice

noms

des

même du

véritable adjectif,

gallo-

posses-

fundus

étant

Albinius, Aubin Aveyron) Antonius, Antoingt (Puy-de-Dôme), Antoing (Belg^ique, Hainaut) Aurelius, Aureil (Haute- Vienne) Calvinius, Calvin (Aveyron); Grispinius, Crespin (Aveyron, Tarn); Flavinius, Flavin (Aveyron) Florentinius, Florentin Aveyron) Lucanius, Lugan (Aveyron, Tarn) Pomponius, Pontpoint (Oise), qu'on devrait écrire Pompoin Tiberius, Thiviers (Dordogne). 289. Parfois le gentilice est employé au féminin alors le substantif sous-entendu n'est plus fundus. mais casa, villa ou domus Albania, Aubagne (Bouches-du-Rhône) Aurélia, Aureille l'Bouches-du-Rhône) A vitia. Avèze (Gard); GamuIlispania, Espagne (Gorrèze), Épagne lia. Charaouille (Aisne) (Aube, Indre, Somme, Vendée); Epaignes (Eure); Lusitania, toujours sous-entendu

:

;

l

;

;

;

;

;

;

:

:

;

;

;

Luisetaines Marseilles

'Seine-et-Marne);

pon ia, Pompogne Mais ces noms, j)ris

Marc-tllia.

(Lot-et-Garonne), <jui

Pomponne

(Oise), ;

Pom-

(Seine-et-Marne).

consistent uniquement dans les gentilices

adjectivement, sont

comme

perdus dans

qui ont été formés sur lesgentilices au et

Marseille

Gher) et leur diminutif Marseillette (Audej

la

moyen des

foule

de ceux

suffixes

-acus

-anus. 290. Los

noms en -anus sont

l'idvincft roinaini' (lue

aussi fré(juenls dans l'ancienne

ceux on -acus dans

\o

rosto de

la

Gaido.


ORIGINES ROMAINES

291.

:

iNOMS

FORMÉS SUR DES GENTILICES

Abellianus, dérivé du

Abellius

gentilice

:

89

Abeilhan

(Hérault).

Albianus, de Albius Aubian (Hérault). Albinianus, de Albinius Aubignan (Vaucluse). 294. Anicianus, du g-entilice Anicius, qui, pris adjectivement, constitue le nom primitif, Anicium, de la ville du Puy 292.

:

293.

:

(Haute-Loire) l'a initial,

295.

296.

Nissan (Hérault), pour Anissan, par aphérèse de confondu avec un locatif. :

Anianus, de Anius Aignan (Gers), Agnin (Isère). Aurelianus, de Aurelius Aurellhan (Landes, :

:

Hautes-Pyrénées j, Orellhan (Hérault), Oreilla (Pyrénées-Orientales).

297. 298. 299. 300. 301.

302. 303. 304. 305.

Avitianus, de Avitius Avezan (Gers). Balbianus, de Balbius Balbins (Isère). Barba rianus, de Barbarius Barbaira (Aude) Bassianus, de Bassins Bassan (Hérault). Blandianus, de Blandius Blandin (Isère). Bojanus, de Boius Boujan (Hérault). Caprilianus, de Gaprilius ChabriUan (Drôme). Cassianus, de Cassius Cassan (Cantal). Clarianus, de Clarius Clérans (Dordo^ne), Claira :

:

:

:

:

:

:

:

:

et

Clara (Pyrénées-Orientales). 306.

Clementianus,

de

Glementius

:

Glémençan

(Hérault).

307.

Cornelianus,

de

Cornélius

'Gorneilhan (Hérault),

:

Corneillan (Gers), Corneilla (Pyrénées-Orientales). 308. 309.

310.

Grispianus, de Crispius Grespian (Gard). Curtianus, de Curtius Coursan (Aude). :

:

Dalmatianus, de Dalmatius Domitianus, de Domitius

Daumazan

:

(Ariège).

Domessin (Savoie), 311. Domezain (Basses-Pyrénées). 312. Fabricianus, de Fabricius Fabrezan (Aude). 313. Flaccianus, deFlaccius Flassans(Var), Flassa (Pyré:

:

:

nées-Orientales).

314. Florianus,

de

Florins

:

Florian

(Gard),

Fleurian

(Haute-Garonne), Floure (Aude). 315.

Frontinianus, de Frontinius

:

Frontignan (Ilaulo-

Garonne, Hérault). 316. Gallianus, (Gard).

de Gallus

:

Gaillan ((nronde).

Galhan


.

LES NOMS DE

90 317.

Llt:i'

Gratianus, de Gratins Grazan (Gers). deJulius: Juillan Hautes-Pyrénées), Julians :

318. Julianus.

(

(Vaucluse). Julhians(Bouches-du-Rliône), Julia (Haute-Garonne,

Pyrénées-Orientales). 319. Licinianus, de Licinius

Lézignan (Aude,

:

Hérault,

Hautes- Pyrénées). 320.

Lucanianus, de Lucanius

:

Lugagnan (Hautes- Pyré-

nées).

321.

Lucianus, de Lucius

:

Lussan (Gard, Haute-Garonne,

Gers), Lucia (Pyrénées-Orientales).

322.

Lupianus, de Lupius

Loupian

:

,'Hérault),

Loupia

(Aude). 323.

324.

Mari ni a nus, de Mari ni us Marignan (Gers), Marcellianus, de Marcellius Marseillan :

:

(Gers,

Hérault, Hautes- Pyrénées).

Martianus,

325.

de

Martius

Marsan

:

(Gers),

Marsa

(Aude, Lot). 326.

Maurianus, deMaurius: Maurian (Gironde, de Maurillius Maureilhan

327. Maurillianus,

;

Hérault). (Hérault,

Landes). 328.

Naevianus, de Naevius

:

Névian (Aude), Nébian

(Hérault).

329.

Pardelianus. de Pardelius

:

Pardailhan (Hérault),

Pardaillan (Lot-et-Garonne), Pardeillan (Gers). 330.

331.

Paulianus, de Paulius

Pomponianus,

:

Paulhan (Hérault).

Pomponius

de

:

Pompignan

((iard,

Tarn-et-Garonne) 332.

Pontianus,

de

Pou Lias

Ponsan

:

(Gers),

Ponsas

(Drôme», Poncin (Ain;, Poncins (Loire). 333. Porcianus, de Porcins Poussan (Hérault). :

334.

Priscianus, de l^iscius

:

Preixan (Aude), Pressins

misère).

335. (hiin

l

ilianus, de (Jui n tilius

:

Quintillan (Aude).

Salvianus, de Salvius Sauvian (Hérault). Seius Sigean (Aude). 338. Scscianus. de Scscius Seissan (Gers, Bouches-du336.

:

337. Soi anus, dn

:

:

Hh«')nei.

339. tales

.

Seyssins

Soin

ia

II

'

Isère).

us.

de

Soniius

:

Sournia

(

Pyrénéos-Orien-


OHIGLNES ROMAINES

:

NOMS FORMÉS SUR DES GENTILICES

Taurinionus, de Taurinius

340.

:

91

Taurignan (Ariège),

Taurinya (Pyrénées-Orientales). 341. Tiberianus, de Tiberius

:

Tibiran (Hautes-Pyrénées).

Trebellius Travaillai! (Vaucluse). Tullianus, de Tullius TuUins (Isère). Ursianus, de Ursus Orsan (Gard). Valentianus, de Valentius Valencin (Isère). Valerianus, de Valerius Vallerins (Nièvre). Vindemianus, de Vin de mi us Vendémian Hérault).

342. Trebellianiis, de 343.

:

:

344.

:

345.

;

346.

:

347.

:

348. Si l'on cherche à déterminer l'étendue de pays où se ren-

contre le suffixe latin

-anus dans

les

noms de

lieu de l'époque

romaine, on constatera qu'elle correspond, d'une manière générale,

Province romaine

à l'ancienne

et à l'ancienne

Aquitaine, c'est-à-

aux parties de la Gaule où les noms gallo-romains en -acus sont le moins nombreux. Le fait s'explique, pour la Province romaine, par une romanisation plus complète que celle dire précisément

des autres parties de la Gaule, et pour l'Aquitaine, parce que, ce

pays n'étant pas, peut-être

les

d'homme en

proprement

à

celtique, on y forma ruraux dérivés de noms

parler,

vocables de domaines

le suffixe

du suffixe latin -anus. pu constater que les formes vulgaires revêtues par -anus sont au nombre de trois -an, -in et -a. La pre-

mière est

la

On

349.

se servant, de préférence,

a

:

mais on ne l'observe pas dans la Province romaine, en deçà de l'Isère dans

plus fréquente,

partie orientale de la

;

moins fréquemment d'ailleurs, dans ceux de la Loire et du Rhône, la combinaison de l'a de -an vis avec Yi qui le précédait a eu pour résultat la forme -in ou, par l'addition d'un s parasite, -ins le nom de

les

départements de

l'Isère et

de

la Savoie, et,

;

Domezain (Basses-Pyrénées), atteste que le même phénomène a pu se produire assez loin de la région qui vient d'être indiquée. Quant à la forme -a, les exemples cités plus haut montrent qu'elle se rencontre

presque

exclusivement dans

Pyrénées-Orientales et dans

l'Aude le

:

elle résulte

Midi de

la

la

le

département des

partie méridionale de celui de

d'un phénomène phonétique très connu dans

France,

la

chute de Vn placé entre deux voyelles.

Parfois cet a final, bien que tonique, a été francisé en un c nuiet atone, on

l'a

Florianum.

vu par l'exemple de Floure, représentant

le latin


92

LES NO^IS DE LIEU

350.

A

la différence

de ceux formés à l'aide du suffixe mascu-

lin

-anus, fort nombreux,

les

noms de

sont assez

et

dont

il

n'a été cité qu'un choix,

lieu qui présentaient le féminin de ce suffixe,

On

rares.

peut citer pourtant, dans

la

-an a,

Province

romaine Chichilianne et Séchilienne (Isère), de Caeciliana Maillanne (Bouches-du-Rhône) de Mal lia na ou Manliana Marsanne (Drôme), de Marciana Marignane (Bouches-duHhône), de Mariniana; Reillanne (Basses-Alpes) et son dimi;

;

;

nutif Reilhanette (Drôme), de

ment

même

à la

Reguliana.

C'est vraisemblable-

catégorie qu'appartiennent Glamensane, Sau-

mane

et Taulanne (Basses-x\lpes), Maussanne, Pélissanne et Simiane (Bouches-du-Rhône), Gumiàne (Drôme). Hors de la région provençale, ces formes féminines sont encore plus rares cependant on note, dans la France septentrionale Louveciennes ;

(Seine-et-Oise), de

ciana;

Lupiciana; Marchiennes (Nord), de Marde Valentiana Vauciennes

Valenciennes (Nord), (Marne), de Veltiana.

;

noms de lieu dont le thème -anus sous sa forme masculine plurielle toutefois, il en existe un spécimen bien connu Orléans (Loiret) répond au latin Aurélia ni jusqu'au xiv* siècle 351. Plus rares encore sont les

étymologique présente

le suffixe

;

:

;

on

disait

Orliens et Olliens

;

la

forme actuelle est

l'effet

d'une

réaction savante.

352. 11 convient de rappeler ici que dans le sud-est de la Gaule un certain nombre de noms de lieu ont été formés sur des gentilices, au moyen des suffixes d'origine ligure -a s eu s et

-oscus, dont l'usage avait persisté dans cette contrée. 353. Les

nombreux vocables géographiques en

qu'on rencontre dans

les

-in, -ain, -aing^

pays wallons de France

et

de Belgique,

que Hesdin (Pas-de-Calais), Crespin, Bouchain, Gantaing, Vertain (Nord), sont, dans les textes carolingiens, terminés en tels

-inium; on peut supposer

qu'ils ont été formés,

des gentilices romains, et que k la Gaule Belgi(pie

;

le suffixe

comme, au

-inr/, fit'

suffixe

est-il

qui termine tant de

IKMSOIMIC.

une

aussi, sur

-inius était particulier

dire de César, certaines popula-

tions belgiques étaient apparentées |)eut-èlre ce

eux

aux populations germaniques,

vai'iante

noms de

lieu

(Ui

suffixe germanicjue

ayant pour racine un

nom


.

ORIGINES ROMAINES

:

NOMS FORMÉS SUK DES GENTILICES

354. Sur les gentilices romains ont été formés encore des

de lieu imparisyllabiques en -o, -onis 355. doit

Albucio, formé sur

Albussac

(Corrèzei

356. Bullio,

BuUius

de

dog-ne. Tarn-et-Garonnej

:

:

Caixon (Hautes-Pvrénées). 359. Cornelio, de Cornélius nille

Corneilhan (Hérault), Corneillan (Gers), Cor-

neilla (Pyrénées-Orientales)

Drôme, Gard,

et

cf. Cornil (Corrèze), Cor(Drôme), Cornillé (lUe-et-Vilaine,

(Dordogne), Cornillac

Maine-et-Loire),

Dor-

Belgique, Luxembourg).

Cabellius Gavaillon (Vaucluse). Cassius »Sam/-Pau Ze^-c/e-Caisson (Gard)

357. Cabellio, de

358. Cassio, de

(Cher)

Bouillac (Aveyron,

cf.

Bouillon

:

— auquel on — a donné

Albucius

Aiihussay

Aubusson (Creuse).

noms

:

le g-entilice

et

93

:

Cornillon (Bouches-du-Rhône,

Isère).

360. Crispio, de 361. Curlio, de

Crispius Curtius

:

Crépion (Meuse).

362. Divio,

de

Divins

:

Coursan (Aude),

Courcy Courson (Calvados). Digeon (Cantal, Somme), Dijon cf.

(Calvados, Loiret, Manche, Marne)

:

(Côte-d"Or).

363. Fulvio, de

Fulvius

Fougeon (Aube). cf. Lignan (Hérault), Lignac Ligné (Charente, Loire-Inférieure), Ligny (Loiret, (Indre), Meuse, Nord, Pas-de-Calais, Yonne) Lignon (Marne). 365. Martio, de Martius Marçon (Sarthe), Marson (Marne, 364.

:

Linio, de Linius

:

:

Meuse). 366. Pontio, de

Pontius

367. Pullio, de Pullius

Ponson Basses-Pyrénées)

:

:

i

Pouillon (Landes, Marne).

cf. Royer (Saône-et- Loire) et Rogio, de Rogius Nièvre, Somme) (Aisne, Royon (Paspeut-être aussi Rony

368.

:

de-Calais).

369.

Sylvanio, de Sylvanius

:

Sauvagnon (Basses-Pyré-

nées).

370. Tullio, de

TuUius

:

Touillon ^Cote-d'Or, Doubs). Vicrzy cf. Viessat (Creuse),

371. Viridio, de Viridius (Aisne),

372. il

Verzy (Marne) —

De

tous les

convient

de

noms

:

Vierzon (Cher).

d'origine romaine qu'on vient d'étudier,

rapprocher

la

catégorie des

noms

do lieu en


NOMS DE LIEU

LES

94 -ailicus.

-anus

;

pas impossible que

n'est

Il

formés, au

moyen du

mais

suffixe

-icus,

ces vocables aient été

des

sur

cognomina en

est aussi bien permis de voir dans -anicus un

il

suffixe spécial dont l'adjectif

graecanicus, employé par Suétone,

Pline et ^ arron. atteste l'existence, et qui aurait été joint, tels

-acus et -anus, à des g-entilices dans l'une comme dans l'autre hypothèse, c'est sur l'a que porte l'accent tonique. les suffixes

:

Acutianicus, Guzargues (Hérault) Albucianicus, Aubussargues (Gard); BuUianicus, Bouillargues (Gard); Cassianicus, Caissargues (Gard); Celsinianicus, Sauxillanges (Puy-de-Dùme), pour Saussu/nanges Domitianicus, Doiliessargues (Gard) Gallianicus, Gallargues (Gard); Gallinianicus, Galinagues fAude) Gordianicus, Gondargues (Gard); Graniauicus, Gragnague (Haute-Garonne) Har[)ilianicus, ;

]

;

;

;

Julianicus, Julianges (Lozère), Jullianges (Haute-Loire); Mallianicus, Maillargues (Cantal); Marcellianicus,Marsillargues (Hérault), Massillargues (Aude, Gard, Lozère), Marcelange (Allier, Puy-de-Dôme); MarcianiArpaillargues

(Gard);

Marsange (Haute-Loire), Massanges (Puy-de-Dôme) Martinianicus. Martignargues Gard) Maurontianicus, Mauressargues Gard; anciennement Mauronsargues; Patronianicus, Parignargues (Gard); Porcarianicus. Massargues (Gard), ;

(

;

cus, Portiragnes (Hérault), au xvir' siècle encore Porcairagnes

ou

Pourcairagnes

;

Probilianicus,

Provilhergues

(Tarn);

Saturianicus, SatuSabinianicus, rargues (Hérault;; Silvinianicus, Souvignargues (Gard); Venerianicus, Vendargues (Hérault), anciennement Ven(Jrargues; Veranicus, Verargues. Il convient de rapprocher de ce dernier nom celui de Vauvenargues (Bouches-du-llhône), jadis Vauverargues, représentant Vallis Veranica. Savignargues (Gard);

373.

On

le voit,

les

formes par lesquelles est représenté

le

-argues, la plus -anicus, sont au nombre de quatre fréquente, (ju on rencontre dans les déparlements des lîouches-

suflixe

:

du-Uhône, du Gard, de ITiérault, du Tarn, de LAveyron, du Cantal; -ague.t, dans l'Aude et la Haute-Garonne; -agnos, dont un seul exemple e.sl fourni par Portlragiiea (Hérault) enfin -ange qui apparlicnl aux ii'-^ions plus si'pleiihionales, déparlemenls du Puy-de-Dôme et de la Corrè/.e. Plus d un auteur, nu^ne parmi les moderjies, a prélendu (pie -a/gucs représentitit le latin ager, ;


ORIGINES ROMAINES

champ

:

NOMS FORMÉS SUR DES GENTILICES

1J5

n'en est rien, et le passage de -anicus à -argues surprenant pour qui sait que les noms propres Domerf/Lic et Houerguc viennent de Dominicus et Rutheniu

n'a

»

;

il

rien de

cus.

Il

faut voir, semble-t-ii^

dans -agnes une altération phoné-

tique de -agues, qui lui-même est une réduction de -argues.

Quant

forme -anges,

elle s'explique non moins aisément, si que le même nom Dominicus, qui vient d être cité, est devenu en pays de langue doïl Domange ou Démange. L's terminal des noms modernes qui viennent d'être énumérés

à la

l'on considère

c'est vers an mil que l'usage s'est intropluriel les noms latins correspondants. d'employer au duit 374. La terminaison -ange ne représente pas toujours le latin les exemples qu'on en trouve en Lorraine et en -anicus

n'est pas étymolog-ique

1

:

:

Franche-Comté correspondent -ing ou -ingen.

à

une terminaison germanique

375. Qu'ils aient été employés adjectivement au masculin ou

au féminin, ou bien qu'ils aient été combinés

avec

soit

le

suffixe

d'origine gauloise -acus, soit avec les suffixes d'origine ligure

-ascus

et

-oscus,

soit

avec

les suffixes latins -o,

-anviset -ani-

cus, les gentilices romains ont produit un nombre de

noms de

lieu si considérable, qu'on sera peut-être tenté d'accueillir avec

quelque scepticisme l'exposé qui précède. L'usage d'appliquer à une localité un nom d'homme remonte cependant à la plus haute antiquité, témoin ce passage de la Genèse (IV, 17) relatif à Caïn

Et aedificavit civitatem,

nomine

filii

sui,

vocavitque nomen

Henoch. Et

:

ejus, ex

cet usage s'est perpétué jus-

qu'aux temps modernes. 376.

mées à

Une quantité de localités rurales en France sont dénoml'aide de noms de famille français ceux-ci ont été combinés :

avec des suffixes différant, à

la vérité,

de c(;ux étudiés dans ces

dernières pages, mais jouant exactement

fréquent de ces suffixes est

-iàre,

formés sur

Ghampionnière, la Rigaudière,

miques Champion -crie

A

et

Jiigaud

même

le

;

rôle.

Le plus

forme française de -aria parfois,

il

les est

:

lai

noms patronyremplacé par

la Doucetterie, la Marchanderie, de Dmicciei Marchand. côté de ces deux suffixc^s, employés aussi généralement que :

l'était,

il

d'autres,

y a dix-sept comparables

le gallo-romain -acus, il en est égard au suffixe latin -anicus. dont

siècles, à cet

l'usage est particulier à telle ou telle région.


LES NOMS m: LIEU

96

377. Tels sont, par exemple, dans la Bretagne non bretonnante et les parties qui l'avoisinent des

départements de

de Maine-et-Loire, les suffixes -a/e et -ais

:

la

la

Mayenne

Hunaudaie,

la

et

Robi-

nais, la Séguinais.

378.

En Limousin,

partie de

en Auvergne, en Périgord, et dans une

TAngoumois,

c'est le

suffixe -ie qu'on a

Robertie. Leyraarie, Lasteyrie, dérivent de Robert,

employé

:

d'Eymar

la et

d'Asiier.

Ce sont là d'inconscientes applications de la méthode des Romains. On ne peut nier que parfois tel des noms de lieu dont il s'agit a pour racine, non pas un nom de famille, mais un nom de baptême; mais la distinction n'est pas aisée à faire, bien des noms de baptême étant devenus noms de famille à partir du xii^ siècle.


XXIII

SOUVENIRS

ANCIENNES POPULATIONS DE LA GAULE

DES

Lors de Tarrivée de Jules César, la Gaule, exception faite de Province romaine déjà soumise, se divisait, au témoignage du conquérant, en trois parties, habitées respectivement par les la

Belges, les Gaulois et les Aquitains

romanisée

de là aussi

;

le

nom

noms de Belgica

de là les

:

d'Aquitania, donnés plus tard

et

à

des provinces de

Gaule

la

de Gaule, Gallia, qu'oi} donnait,

dès lors, non plus au seul pays, situé entre Seine et Garonne,

que César dit être habité par les Gaulois, mais à toute comprise entre le Rhin et les Pyrénées.

la

région

noms, Gallia, Aquitania, Belgica, subsistent il semble bien que les deux premiers seuls ont été conservés dans le langage populaire quant au nom de Belgique, qui s'appliquait à 1 vme des parties de la Gaule, s'étendant de la Marne aux Vosges et à la Meuse, il ne semble pas avoir été connu au moyen âge, et c'est par une sorte d'évocation du passé que, depuis un siècle, il a été appliqué à une importante portion du pays qui l'avait jadis porté. 379. Le mot « Gaule » provient régulièrement de Gallia, moyennant la consonnification du premier l mais il n'appartient pas au dialecte français, où le g initial fût devenu j, comme il Ces

trois

encore, mais

;

;

est

dans

arrivé

galbinus

:

notre

Gaule

«

mot

» est,

«

jaune

représentant

»,

le

latin

suivant toute apparence, une forme

wallonne. 380. Tandis qu'à l'origine

parles Pyrénées et pellation

la

pays des Aquitains

le

était limité

Garonne, l'empereur Auguste à toute la région située au sud delà Loire,

étendit l'ap-

d'Aquitania

en dehors de

la

Province romaine. Dès

le

siècle, l'Aquitaine

ni*'

nom

de Novempopulanie, qu'oUo échangea depuis contre celui de Gasco(/ne, Vasconia, par suite de

primitive était désignée par

le

l'établissement d'une nouvelle population venue des Pyrénées

espagnoles.

En

Les noms de

français primitif, lien.

le

mol

.V

([

u

i

l;i

n

i

;i

rsl

devenu


98

l-ES

NOMS DE LIEU

Aguiaine ou Agiiienne, bientôt réduit à Guyenne, par une aphérèse dont le nom de la Fouille, répondant au latin Apulia, four-

un exemple non moins connu.

nit

— ou, comme

381. Le souvenir d'une cinquantaine dépeuples,

de la Gaule, subsiste on dis9it dans l'antiquité, de civiiates, ces noms géog-radans des noms de villes, parfois de régions phiques, extrêmement précieux, ont puissamment contribué à donner une base solide aux recherches concernant la géographie :

antique de notre pays.

Par un phénomène presque particulier à la Gaule, et qu'on fois dans la Province romaine, les noms de la plupart des anciens peuples ou civiiates passèrent, du m'' au n'observe qu'une

siècle,

iv^

aux chefs-lieux

ceux-ci perdirent dès lors les

et

;

noms qui, jusque là, cortorum qui, dès le temps de

les désignaient

la nation

place au

fit

ainsi

le

César, désignait

nom même

nom

de

Duro-

le chef-lieu

de cette nation,

de

nom

Remos a donné en français Reims. comprendre comment de tels changements de noms sont opérés. La confusion entre la civitas, c'est-à-dire le

dont Il

se

des Rémi,

:

la

forme accusative

est aisé de

peuple antique, et se faire

le

rapidement

:

chef-lieu où siégeaient ses magistrats dut

de

là l'emploi,

qu'on trouve dès

le

premier

notamment dans Frontin, du mot civitas au de là aussi,, par un mouvement parallèle, l'ap-

siècle de notre ère,

sens de

« ville »

plication

;

du nom propre de

la civitas à

noms

Pour déterminer les villes où siégeaient

aux

civiiates,

il

vinciarum

les administrations respectives

n'est pas de guide plus et

son chef-lieu.

de civiiates gauloises qui passèrent

civitatum Gallise

',

commode que

la

de ces

Notilia pro-

précieux document rédigé après

375, probablement au début du v'^ siècle, et dans lequel les cités gauloises alors existantes sont réparties entre les dix-sept pro-

vinces de la Gaule, selon un ordre qu'on va suivre

ici.

Des trois cités que comprenait la Première Lyonnaise, deux seulement poitaient des noms df peuples la civitas Aedtioruni :

et la civitas Linr/o/iuni.

Ce flocumonl, maiiiles lois imprimé, a élé reproduit, « accompagné que louiuisseiil les deux phis anciens inanuscrils connus >>, variantes des par Aufç. Lonj^non, dans le Texte explicatif des plandies (Paris, 1907, in-i") i.

de

.son .l/Z/is

liixlori</iii'

ih

In

h'rnncf, p. li-lC.


ORIGhMES ROMAINKS

:

SOIIVEMHS DES ANClENNliS

l'(

tPLLATIONS

99

382. Le nom de la cioitas Aeduorum semble indiquer qu'Autun, Aug^ustodunum, avait abandonné ce nom, remontant à sa fondation sous le règ-ne d'Aug-uste, pour y substituer le nom du

peuple dont

il était le chef-lieu mais cet abandon ne fut que momentané, YHistoria Francorum de Grégoire de Tours en fait foi, et le mot Aedui n'a laissé aucune trace dans la géographie du moyen âge. 383. Lingones, substitué à Andematunnum, est Torigine du nom de Langres(Hante-Marne), qui s'est formé de Lingones, ;

accentué sur l'antépénultième,

comme

diacre,

coffre,

ordre,

pampre et timbre sont formés de diaconum, cophinum, ordinem. pampanum et tympanum. De Lingones est dérivée l'expression

Lingonicum,

le chef-lieu, et

désignant

qu on trouve en

le

pays dont Langres

du

français

était

siècle sous

xiii*^

la

forme I.angoinc.

Dans

la Provincia Liif/dunensis secunda la Notifia compte sept dont cinq portent des noms de peuples ce sont les civitates Bajocassium, Abrincatum, Ebroicorum, Sagiorum et Lexo-

villes

:

viorum. 384. Le nom des Bajocasses, qui a pris la place de celui d'Augustodurum, était accentué sur l'antépénultième il a donc formé régulièrement le nom de Bayeux (Calvados), dont le territoire Bajocassinum est appelé le Bessill. 385. Le nom des Abrincates les Abrincatui de Pline — :

accentué sur l'antépénultième, est devenu en français Avranches (Manche'; le territoire de cette ville Al)rinca tinum est

appelé rAvranchin. 386. Ebroici, altération d'Eburovices.

l'antépénultième;

substitué

devenu Evreux (Eure),

et

à

était

Mediolanium,

son dérivé

accentué sur ce

nom

est

Ebroicinuni adonné

Évrecin.

nom des Nudionnum,

387. Le ville

Sagii, qui paraît avoir remplacé un est le

nom

de

thème étymologicpie du nom de Sées

(Orne).

388. Le nom des Lexovii, ({ui Noviomagus, est devenu Lisieux

Lisieux

— Léxovinum —

En dehors de

ces cinq

a pris la

place de

(Calvados);

h^

ci'lui

<\c

tei-rildin'

de

est le Lieuvin.

noms de peupk^s

de

la

Seconde Lyon-


LES NOMS DE LIEU

100

mentionnés dans

naise,

comme nom

sistent, l'un

il

en est trois autres qui sub-

lieu, les

deux autres dans des noms

la Notitia,

de

de régions.

La

389.

Viducassium, mentionnée au

civitas

m'' siècle

dans

la

fameuse inscription de Torigni-sur-Vire K était sans doute, quand mais le fut écrite la Notitia, fondue dans la cité des Bajocasses (Calvados). dans celui de Vieux subsiste Viducasses nom des 390. La cité de Rouen mentionnée dans la Notitia résultait de l'union des cités des Caleti et des Veliocasses qu'on avait rencontrés dans César. Le nom des premiers se retrouve dans celui ;

d'une circonscription de Fépoque franque, le pagus Cal et us, ou pays de Caux; de même le nom des Veliocasses est l'origine du

moyen La

pagus Vilcassinus ou Velcassinus, en

Notitia

comprend sous

toutes désignées par des

manni,

français

du

âge Vequessin, qu'on écrit aujourd'hui Vexin.

Andecavi,

Redones,

la

Troisième Lyonnaise neuf

noms de peuples Namnetes,

:

Coriosolites,

cités,

Ceno-

Turoiies,

Venetes,

Osismii et Diablintes.

remplacé celui de Caesarodunum; accentué sur l'antépénultième, il se présente en français sous la forme Tours (Indre-et-Loire); c'est probablement de 391. Le

nom

de

Turones

a

à l'aide du suffixe -icum dont l'i est mot Touraine pour Touroine l'ethnique atone, que provient tourangeau dérive du même mot par l'intermédiaire d'un primitif Tour ange, dont il est le diminutif. 392. Cenomanni, qui a remplacé le nom de lieu Subdinnum ou Suindinum, est la forme primitive du nom du Mans

Turonicum, mot formé le

;

(Sarthe); mais la chose a été fort bien expliquée par Jules Quicherat,

à l'aide d'une

Cilmannis

:

la

forme donnée par un document de

forme vulgaire qui en

7(i5,

est résultée a passé par

un substantif Mann précédé d'un adjectif démonstratif, auquel l'article a été substitué. Le nom de la province du Maine, en latin Cenomann icum ou (^ilman nicun», a subi la même altération.

393.

{.

Le

nom

(les

Kedones,

qui a remplacé

le

nom

de lieu

Voir, relativement à cette inscription, K. Dcsjardins, Gt^ofjraphie...

la (iaiilr

romaine {V:u\s, IKTO-lSy".,

4 vol. iii-4»), III,

I'.)H-2(>0.

<ie


ORfOLNES ROMAINES

:

SO( VKNIRS DES ANCIENNES

POPULATIONS

Condate, était accentué sur l'antépénultième il Rennes (Ule-et- Vilaine). 394. Le nom des Andegavi, qu'on trouve sous

est

:

dans Pline, et sous dérivé du

forme

la

mot Andes, par

Andecavi dans

lequel César désig-ne le

lOl

devenu

cette forme

Tacite,

même

est

un

peuple.

Substituée à Juliomag-us, la forme oblique Andfegavis est le thème étymologique du nom d'Angers (Maine-et-Loire) et, d'autre part, le nom Andeg-avum, par lequel on désignait, à l'époque franque, le territoire dont Angers était le chef-lieu, a ;

produit

le

mot Anjou.

395. Le

divicnum

Namnetes

nom

des

et a

donné naissance au nom français Nantes (Loire-

a remplacé le

nom

de lieu

Con-

Inférieure).

396. Le nom des Goriosolites ou Guriosolites, peuple mentionné par César, subsiste dans celui de Gorseul (Gôtes-duNord), où l'on a retrouvé, en 1709, les vestiges de cette cité ;

celle-ci

ne subsistait peut-être plus quand fut écrite

la Notitia,

car les plus anciens manuscrits portent, non pas civitas Corio-

solitum, mais bien civitas Coriosopitum, ce qui est l'ancien nom de Quimper (Finistère). 397. Le nom des Venetes, substitué à Dariorigum, a donné Vennes, qui s'est prononcé, puis écrit Vannes (Morbihan). 398. Le nom des Osismii, qui a pris la place de Vorganium, n'a pas laissé de trace bien apparente. M. J. Loth prétend le reconnaître dans le dernier terme du nom de Coz-Castell-Ach, cest-à-dire « le vieux château d'Ach », porté par une ruine sise en Plouguerneau (Finistère) en dehors d'arguments phonétiques empruntés à la langue bretonne, l'opinion de M. Loth se fonde sur ce que le pays dont Coz-Castell-Ach était le chef-lieu, est appelé pagus Achmensis, ce qui serait une altération de pagus Osismiensis. Par contre, dans l'opinion de M. Ferdinand Lot, ;

Vorganium

l'emplacement de l'antique

serait

représenté par

Carhaix (Finistère), anciennement Kaer-Ahes, dont le nom, par son second terme, répondrait à Osismii. Il est difficile d'opter entre ces deux solutions.

399. Mais

si

l'on

n'est pas très fixé touchant

les Osismii ont laissées

dans

nir s'en rencontre ailleurs.

Il

la

les traces

péninsule armoricaine,

le

que

souve-

semble évident que des familles de

ce peuple avaient émigré et fondé dos villages appelés

Osismas


XOMS DE LIEU

LES

102

OU Osisma telle paraitètre lorig-ine dExmes Orne), à l'époque mérovingienne Oxma; d'Huismes Indre-et-Loire), au x*^ siècle Oximensis villa de Hûmes (Haute-Marne), que Flodoard :

i

;

appelle

Isma

Oximas

porté jusqu'au xvni^ siècle qui

(Eure-et-Loir),

un

représente

mérovingien.

400. Le

num

nom

de Hiesmes,

et

;

Villiers-le-Morhiers

par

nom

dans celui de Jublains (^Mayenne).

se retrouve

Des sept

Noiodu-

des Diablintes, substitué à celui de

cités qui

composaient

étaient désignées par des

la

Quatrième Lyonnaise, cinq Senones, Carnutes

noms de peuples

:

ou Carnotes, Tricasses, Parisii et Meldi. 401. Le nom des Senones, qui a remplacé le nom de ville Agedincum. était accentué sur l'antépénultième de \l\, la :

forme vulgaire Sens (Yonne). Sens-de-Brefa(jne (Ille-et-Vilaine) doit peut-être son orig-ine à les

une colonie de Senones

établie chez

Redones.

402.

Carnutes, également accentué sur l'antépénultième,

TAutricum de César, son dérivé Carnotenum,

qui a remplacé (Eure-et-Loir),

Chartres était

cription dont

le

devenu

est

appliqué à

chef-lieu,

a

Marne), dont

Carnotule,

et

;

il

nom

le

la

circons-

donné Chartrain, Bédanes un pagus

anciennement Charfain. Il y avait chez les Carnutenus dont le souvenir survit dans le (Ille-et-Vilaine)

et

Chartres

nom

de Chartres

que Chartrettes Seine-etest traduit aux xu'' et xni*' siècles par

est probable

;

la terminaison diminapour prévenir toute confusion. 403. Le nom des Tricasses, qui a fait oublier le nom de ville Augustobona, et dans lequel, comme dans Bfijocasses

s'appelait aussi Chartres,

tive ayant été ajoutée

et

Viducasses.

(.Aube);

franque,

la

dérivé

le

le territoire

linale

-casses

était atone,

Tricassinum,

(jui

a

donné Troyes

désignait,

de Troyes, est devenu en

réi)oque

à

franc^-ais

du moyen

âge Troiesin. 404. Substitué à Lutetia, celui de Paris, et son dérivé

le

nom

des Parisii est l'origine de

Parisiacum

a produit le vocable

de région Parisis. 405. Le nom des Meldi, substitué à ctdui de jatinum ou de H'ixtinum, est l'origine du nom de Meaux 'Seine-et-Marne) le ;

vocable bas-latin

de Meaux,

est

Melcianum,

devenu en

pai-

le(piel

on

l'ianvais Mrussir/i et

(b'-signait le

Multien.

pays


ORl(ilNI':S

Dans

la

ROMAINKS

SOUVENIRS DES ANCIENNES POPULATIONS

:

Première Belgique,

gnées par des

103

trois cités sur quatre étaient dési-

noms de peuples

:

Medionmlrici

Treveri,

et

Leuci.

406. Le nom des Treveri, qui remplaça celui d" A ug us ta, est devenu Trèves (Prusse rhénane), en allemand Trier. 407. Substitué à Divodurum, le nom des Alediomatrici a lui-même bientôt cédé la place à un autre vocable, Mettis, qui

sans doute ne désignait à l'origine qu'un quartier de

Metz.

Mediomatrici

n'a

donc

laissé

la ville

aucune trace dans

la

de

topo-

nomastique française. 408.

Il

en est de

tanément au

nom

même du nom

momen-

des Leuci, substitué

primitif de la ville de Toul,

TuUum.

qui

finit *

par prévaloir.

Neuf noms de villes sur douze, dans la Seconde Belgique, sont empruntés aux peuples gaulois Rémi, Siiessiones^ Catalauni ou Catuellauni, Veromandui, Atrehates, Silvanectes, Bellouaciy :

Amhiani et Morini. 409. Rémi, substitué à Durocortorum, est l'origine du nom de Reims (Marne) de là aussi le nom de région Remtianus, en français du moyen âge Rancien. 410. Suessiones. qui a pris la place du nom Augusta, a produit le nom moderne Soissons (Aisne). 411. Catalauni, substitué à Duro catalauni, est devenu Cliaalons, aujourd'hui ChàlOïiS-sur- Marne. 412. Le nom des Veromandui, qui avait été substitué à celui d'Augusta, fit à son tour place, vers le ix* siècle, au nom du martyr dont ce lieu possédait le tombeau. Le vocable de la ville ;

de Saint-Quentin (Aisne) n'a pas elFacé complètement nir

de l'appellation antérieure, dont dérive

Vermandois, en

latin

médiéval

le

Vermandense,

raisons archéologiques, fut transportée, dans

le

nom

le

souve-

de région

et qui,

pour des

cours du

moyen

âge, aux ruines d'un ancien vicus romain, près desquelles s'éleva le

bourg actuel de Vermand (Aisne).

413. Atrebates, qui avait supplanté Nemetacum, s'est de bonne heure contracté en Atrades ou Atradis, d'où Arras (Pas-de-Calais) le i)agus Atradensis, puis Artonsis, est ;

devenu F Artois. 414. Silvanectes, substitué

à

Augustomagus,

s'est réduit,


LES NOMS DE LIEU

104

méroving-ienne, à Selnectis. dont une métathèse

dès l'époque

Senlectis

fît

:

âg-e le territoire

nom

415. Le

magus,

de là

nom moderne

le

de Senlis était appelé

Senlis (Oise).

moj^en

le Sellentois.

des Bellovaci, qui avait

devenu

Au

fait

oublier

Gaesaro-

celui de la ville de

Beauvais lOise). 416. Le nom des Ambiani, quia remplacé celui de Samarabriva, est la forme primitive du nom d'Amiens (Somme). leur chef-lieu 417. Il ne reste pas trace du nom des Mo ri ni était Thérouanne (Pas-de-Calais), en latin Taruenna, dont le est

:

Taruanense, fut appelé Ternois. Il convient de noter moyen âge l'évêque de Thérouanne se disait episcopus Morinensis.

pays,

qu'au

'

nom

418. Le

Touinai xii*^

des Menapii, qui avaient pour ville principale

(Belgique),

siècle,

subsista,

isc

ou

l'époque franque et

jusqu'au

Mempiscum,

dans celui de

germanique

à

isch, et

formé à laide du suffixe qui désignait une partie au moins de

leur territoire.

419. Des quatre cités de la Première Germanie, deux portaient

noms de

Nemetes

et

vocables, qui avaient remplacé,

le

des

second

peuples,

Borbetomagus,

Vangiones premier

;

mais ces deux

Noviomagus,

le

furent à leur tour abandonnés respec-

tivement pour Spira, d'où Spire (Bavière rhénane), en allemand Speier, et

Warmatia,

d'où T'Forms (Hesse rhénane).

Une des deux cités qui composaient la Seconde Germanie un nom de peuple c'est Tungri, primitivement Aduatuca. aujourd'hui Tongres (Belgique, Limbourg). 420.

portait

;

la Nolitia pour la Provinporte un nom de peuple, la une seule cia maxirna Serfiianorum, mais c'est le nom du chi'f-lieu, Aventica, civi/as Elvelionun ÂDenches (Suisse, canton de Vaud), qui a prévalu, (^est par une

421

.

Sur

les

quatre cités qu'indique

;

fin du Le nom du Nolilia mentionne également à pro-

évocation des souvenirs de l'antiquité qu'a été créée, à la xvin'' siècle,

1

expression

castrum Raiirncensc, que pos de

ha

raci, n'a

<«

la

république hclvétit/uc

Séquanie, et qui rappelait

le

».

souvenir des anciens liau-

pas davantage survécu, ce castrum ayant repris son

d'Augusta, aujourd'hui

Aiiffs/ /Suisse,

canton de Bâle).

nom


ROMAINES

ORir.hNKS

SOUVENIRS DES ANCIENNES POPULATIONS

:

Les deux cités de

422.

la

province des Alpes Graies

nines étaient désignées par des Vallenses

:

(Savoie),

devenu la

ces deux

noms

et

de peuples

ont dû rendre

Darantasia

mitifs

noms

aujourd'hui

Octodurum

mais

;

le

noms

pri-

Moiitiers-en-Tareniaise

nom

Vallenses

des

est

celui de la région, le Valais, qui est l'un des cantons de

Confédération suisse

;

il

est à noter, d'autre part,

d'une des quatre tribus qui composaient

Seduni, 423.

Pen-

Centrones et

:

place aux

la

et

lOo

du nom de Sion, capitale du

est l'oi-igine

Dans

Viennoise, formée d'un

la

Province romaine, une seule

le

nom

Valais.

démembrement de

la

nom

de

cité sur treize portait

peuple, Tricastini, substitué à

que

des Vallenses, les

la cité

Augusta

:

ce

un

nom

subsiste,

avec une dérivation qui résulte d'une étymologie populaire, dans le

surnom de

la ville

de Sai/ï/-Pat//-Trois-Ghâteaux (Drôme).

La Première Aquitaine comptait

dont sept dési-

huit cités,

gnées par des noms de peuples gaulois

:

Bituriges, Arverni,

Ruteni, Cadui'ci, Lemovices, Gabales et Vellavi. 424. Le et

nom

des Bituriges, accentué sur l'antépénultième,

qu'on substitua au

nom

de

ville

Avaricum,

a

produit

le

nom

moderne Bourges (Cher), anciennement Beorges ou Beourges c'est d'un adjectif Bituricum, accentué sur la pénultième, qu'est ;

nom de province Berry. nom des Arverni, qui a remplacé le nom de ville Augustonemetum, a lui-même été abandonné à l'époque carolingienne pour le nom Clarus Mon s, qui désignait la citadelle dérivé

le

425. Le

cité arverne, aujourd'hui Clermont (Puy-de-Dôme). Mais d'Arverni que dérive le nom de région Arvernia ou Alvernia, en français Auvergne. La forme basse Alvernis (jui,

de

la

c'est

dans des textes carolingiens, désigne plusieurs villages de la France septentrionale, rappelle vraisemblablement de petites colonies auvergnates

:

elle est l'origine

des

noms

d'Auvers-sf//'-

Oise et d^ Auvers-Sainf-Georges (Seine-et-Oise), dont

second

le

a

un diminutif, Auvernaux (Seine-et-Oise), dans lequel ïn s'est conservé, Arverni ou Alverni semble être aussi la ratine d'Alvernicum, dénomination primitive de Vernègues Houches!

du-Rhône). 426.

Hutenis.

(|ui

s'est

substitué

à

Segoduiuim,

n

produit


LKS NOMS DE

IO(i

lAF.V

Rodez (Aveyron), moyennant la chute de Yn latin placé entre deux voyelles son dérivé Rutenicum, accentué sur l'antépénultième, est l'origine du nom du Rouergue. 427. Le nom des Cadurci. qui remplaça le nom de ville Divona. est l'orig-ine du nom de Cahors (Lot) son dérivé ;

;

Cadurci num

a produit, par la double chute de la dentale et de

In intervocaux,

le

nom

de ûuercy.

territorial

Lemovices. substituée Aug-ustoritum,

428.

Lemovicinum

ont donné

respectivement

et

son dérivé

Limoges

(Haute-

Limousin. Le villag-e de Limoges (Seine-et-Marne), une charte du roi Robert appelle Lemovices, représente qu

Vienne)

et

évidemment une ancienne colonie de Limousins. 429. Cabales, qui a pris la place d'Anderitum, est le thème étymologique du nom de Javols (Lozère), et son dérivé Gabalitanum, celui du mot Gévaudan. Les éditeurs des Afonwmenta Germaniae hisforica ont traduit pagus Gabaldanus, qu'ils ont imprimé Galvadanus, par Calvados, erreur d'autant plus étrange que la notoriété du Calvados ne date que de la création du département de ce nom. 430. Le nom de Vella vi, substitué au nom de lieu Revessio, a été lui-même remplacé au cours du moyen âge par le nom de Sainf-Paulien (Haute-Loire), emprunté à un sanctuaire chrétien, mais, grâce à son dérivé Vellavicum. puis Vellaicum, le souvenir en est conservé dans le nom du Velay, que porte leur ancien pays. la Seconde Aquitaine, trois noms de cités sur six sont noms de peuples Sanlone.s, Pictavi et Pefrocorii. 431. Le vocal de Santones, qui a pris la place du nom de ville .Mediolanium, étant accentué sur l'antépénultième, a pro-

Dans

des

:

duit le

nom

(\v

Saintes 'Charente-Inférieure), et son dérivé S an-

ton eu m produit le nom de 432. Pictavi, variante du i

pluir)t

it

(N'ieiine], ville

le

di's

anciens Lie to ne

ou

thème étym(»logi(|ue du nom de Poitiers

Nient de

l'elrocorii,

s,

pareil fait a été signalé poiu'

originairement connue sons

nom du PoitOU 433.

I'

est

Saintonge.

nom

son cas oblicjue Pictavis

Andegavis Le

la

le

nom deLemonum.

Piclavum.

substitué

\c'sunna,

ii

et

son

dérivé

elrocoi- cum, accentué sur l'antépénultième, ont donné resi

|)e(livernent

Périgueux

''1

)<ir(logne

i

et

Périgord.


ORUilNES ROMAliNES

SOUVENIRS DKS ANCIENNPIS POPULATIONS

:

107

Sur douze noms de cités, la Novempopulanie n'en comptait que quatre qui fussent des noms de peuples Convenae, Conso:

ranni^ Vasates et Aiiscii.

434. Les deux premiers de ces noms, qui avaient été substitués,

premier à

le

Lugdununi,

second peut-être à Austria. ne monde romain toutefois, ils noms de pays Cominges Gon venicum le

paraissent pas avoir survécu au subsistent dans les

GouSerans

et

encore

Consoranum

le territoire

de ces deux

435. Vasates, qui

aujourd'hui dans

qui désignent aujourd'hui

cités.

a pris la place de

nom

le

;

Gossium,

se retrouve

de Bazas (Gironde).

436. Le nom des Auscii, qui a détrôné les noms successifs d'Elimberris et d'Aug-usta, a produit le nom d'Auch (Gers). 437. La Notifia p\a.ce encore dans la Novempopulanie la civitas Boiatium, dont on ignore l'emplacement exact, mais dont le territoire, pagus Boicus, devint l'une des divisions du diocèse de Bordeaux, l'archiprêtré de Buch dans Boiates et ;

dans Boicus on reconnaît

Aucune des

438.

nom

de

la

des Boii, duquel dérivent

de

et

la

:

Bavière^ Boioaria.

Première Narbonnaise

n'était désignée

de peuple.

La Seconde Narbonnaise, sur sept

seule, la

peuple

cités

nom

Boiohemum

ceux delà Bohême,

par un

le

civitas Reiorum, qui c'est de ce

nom que

soit

cités, n'en oll're

désignée par un

qu'une

nom

de

provient celui de Riez (Basses-

Alpes).

439.

Dans

la

province des Alpes-Maritimes,

désigne aucune des huit

métropole de cette

cité,

cités par

Embrun,

la

Xofitia ne

un nom de peuple

était

comprise dans

;

mais

la cité

la

des

Gaturiges, dont le nom se retrouve dans celui de Chorges (Hautes-Alpes). Que les Gaturiges aient, comme les Arverni et les

Lemooiccs, colonisé hors de leur pays,

de ce que leur

nom

est attribué

le

fait paraît résulter

parla Table de Peutiiiger,

à l'une

de Reims àToul, station dont l'emplacela ville actuelle de Bar-le-l)uc (Meuse). ment est marqué par

des stations de

la voie


XXIV

DES

LIMITES

CITÉS

440. Les textes itinéraires de l'époque romaine mentionnent

mot Fines; on n'en compte pas moins de dix-sept en Gaule. Grâce aux ressources qu'offrent, pour la connaissance du territoire des anciennes cités, les documents relatifs à la géographie ecclésiastique du moyen âge, on arrive, pour la plupart de ces stations, à une certitude absolue touchant leur situation aux confins de deux cités les cas exceptionnels où pareille preuve n'a pu être faite, sont imputables évidemment à l'insuffisance des moyens d'information dont des stations désig'nées seulement

par

le

;

on dispose actuellement. 441. Les localités du

documents

nom

de Fines qu'on rencontre dans les

itinéraires, étaient le plus

souvent de simples

relais

de poste qui n'auront pas survécu k

la chute de l'empire romain deux seulement d'entre elles, Pfyn et Fismes, ont conservé, plus ou moins altérée, leur appellation primitive. En revanche, la nomenclature topographique de notre pays fournit plusieurs :

nommées dans

autres localités qui, bien quelles ne soient pas les textes antiques, représentent,

sans nul doute, des Fines

pri-

mitifs.

442. Fains-/a-Fo//p (Eure-et-Loir), au diocèse de Chartres, était éloigné de cinq kilomètres seulement du diocèse

graphie Fains est condamnable, car l'équivalent des

noms

elle fait

qui paraissent représenter

le latin

443. C'est également à l'ancienne limite des (juest situé Feings

dans

le

Loir-et-Cher), dont un

La

d'Orléans.

d'un Fines antique

mêmes

Fa nu m. diocèses

homonyme, compris

département de l'Orne, appartenait au diocèse de Sées,

et confinait à celui (k- Chartres.

444.

Le

nom

localités sises

de Feins (llle-et-\'ilaine, Loiretj, désigne deux

aux confins,

de Sîiint-Malo,

la

la

jjrt'micre

des diocèses de Hennés et

seconde de ceux de Sens

et

d'Auxerre

;

la

paroisse de Sainf-Michel-dr-YeiïiS (Mayoniu'), au diocèse d'Angers, était contiguë au diocèse

du Mans.


ORIGINES ROMAINES

445. Fins

(Somme)

était

LIMITES DES CITÉS

:

109

du diocèse de Noyon, aux confins de

Cambrai.

celui de

446. Yix-Saint-Geneys eiTix-Villeneuve, qu'on appelle aujourd'hui Sainte-Eugénie-de- Villeneuve (Haute-Loire), appartenaient,

avant 1317, au diocèse de Clermont, près des limites de celui du Puy. La forme Flx procède de la chute de Yn latin intervocal,

phénomène observé déjà

du nom de Rodez.

à propos

447. Fismes (Marne), à la limite des diocèses de

Fines de

Soissons, est l'un des insolite de

tant

son

nom

l'Itinéraire

Reims

d'Antonin

:

la

et

de

forme

s'explique par le datif Finibus, l'm résul-

du contact de Yn

et

du

h, après la

chute de Vi atone de la

désinence.

448. Hinx (Landes) est

le

nom

d'une paroisse de l'ancien dio-

cèse de Dax, confinant à celui d'Aire latin

en h est un

fait

phonétique

;

transformation de

la

commun

à l'espag-nol et

1 /'

au dia-

lecte gascon.

449. Hix.

hameau de Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales)

est

situé près de la frontière espagnole qui, sans doute, a toujours été

une ligne de démarcation. Pfyn (Suisse, Thurgovie) est le Fines placé, par l'Itinéà'Augusta Vindelicorum à Trêves. La situation de Pfyn correspondait à la limite même de la Gaule, car, à partir de ce point, la mesure itinéraire des Romains, le 450..

raire d'Antonin, sur la route

mille, fait place à la lieue gauloise.

451. Le nom commun fines nest pas le seul qui employé à l'époque romaine pour désigner, en Gaule, des

ait

été

locali-

On paraît s'être servi, dans le même ordre d'idées, du nom commun limes, au génitif limitis, qui est l'origine de notre mot limite. En effet, une charte de 813 prouve que Limites était le nom primitif du village de Linthes

tés situées sur les confins de cités.

(Marne),

Châlons.

dans 1

la

sis

à l'ancienne

limite

des diocèses de Troyes et de

Peut-être faut-il reconnaître

dernière partie du

nom

le

même nom commun

de Ghamplitte (Haute-Saône), qu'à

époque mérovingienne on appelait Cantolimete.

\


XXV SANCTUAIRES Parmi

les

noms de

qui attestent l'influence de la

lieu

sation romaine en Gaule, ceux qui rappellent

mieux

divinités du paganisme, ou, pour

civili-

souvenir des

des sanctuaires

moins intéressants. les uns représentent sont de deux sortes régissant un nom fa nu m. par exemple ne sont pas

qui leur étaient consacrés,

Ces noms de lieu un nom commun

dire,

le

les :

de divinité; les autres sont dérivés dun nom divin, au moyen d'un suffixe, ou bien présentent le nom divin accompag-né de la préposition ad.

du mot fanum ne sont pas les plus nombreux, et les textes de 1 époque romaine n'en font deux Fanum Martis et un connaître que trois pour la Gaule 452. Les

noms composés

à l'aide

:

Fanum Minervae. 453.

De même que

noms d"Aix (Bouches-du-Rhône), de

les

Cologne (Prusse rhénane), de Fos (Bouches-du-Rhône) et de Luc-en-Diois (Drôme), représentent les antiques Aquae Sextiae,

Colonia Agrippina, Fossae Marianae de

même

il

est

et

Lucus Augusti,

permis d'admettre que, dans un certain nombre

comprenant le mot fanum et un déterminatif, ce de là les noms de Fain-Z^sdernier est tombé en désuétude Monthard, de Tain-lès-Mou fiers 'Cùte-dOr) et de Fains (Calvados, Eure, Meuse). Dans les pays de langue d'oc, fanum a de

noms de

lieu

:

la Hoque-de-TB. (Aude). produit fan, ou fa, par la chute de Vn 454. Le nom de Jupiter, qui .se présente, à l'époque romaine, :

dans

les

Ad Jovem

noms géographi(juos

retrouve aujourd'hui dans

les

(Cote-d'Or), Joux (Rhône

si

I,

noms do

et

lieu

toutefois ces

Fanum Jeu

Jovis, se

(Indre),

Jeux

noms ne représentent

pas un mot gaulois latinisé jugum, au sons do a montagne », comme cela se constate piopos do Brnii/ru. synonyme de Boau;i

nioul

;

d;ins le

Bernard, où partie

nom

s'élevait

du nom do

de Montjoux.

un

(pii

[iuij)lo dfdii'

il

;•

désigné

le

Grand-Saint-

Jupilor; dans

la

dernière

Sinri/-/'unl-(!ajt-tlc-3o\iX (Tarn), lieu riche en


UUlGl^ES ROMAINES

:

SANCTUAIRES

111

antiquités romaines, où l'on découvrit, dit-on, une tête de Jupi-

noms de Fanjeaux (Aude

Les

et de Fanjoux (HauteGaronne) ont pour thème étymologique Fanum Jovis. 455. Mercure est peut-être la divinité dont la toponomastique française évoque le plus fréquemment le souvenir, en raison sans

ter.

doute de l'importance et de l'universalité du culte d'une divinité fut, après la conquête romaine, assimilée au fils de

gauloise qui

Maia.

De

noms de

les

Haute-Loire), Mercoire (Lozère), (Lot),

Mercœur

lieu mjodcrnes

(Gorrèze,

Mercuer (Ardèche), Mercuès

Mercueil (Côte-d'Or), qui se prononce Merqucux

;

leurs

diminutifs Mercoiret (Gard), Mercuriol (Gard), Mercurol (Allier,

Drame

et

Puy-de-Dôme). De

Mons Mer-

là aussi l'expression

curii, qui d'une part a désigné Montmalchus ou Saint-Michcl-

Mont-Mercure (Vendée),

et

qui,

fig-ure dans la forme Mercori Mons

d'autre part,

chronique dite de Frédégaire, sous

la

la hauteur de Montmartre, aujourd'hui comprise dans l'enceinte de Paris à vrai dire, Montmartre procède, non pas de Mons Mercurii, ce dernier mot étant accentué sur l'antépénultième, mais bien de lappellation Mons Martyrum, que

pour désigner

;

l'usag-e populaire

fil

prévaloir, soucieux d'abolir le souvenir d'un

un

passe pour avoir vu le martyre de compagnons. le 456. Le nom de Mars se retrouve dans Famars (Nord)

culte païen dans

lieu qui

saint Denis et de ses

Fanum

Martis de

Talmas (Somme), qui

la

Notitia.

traduit

dujnitatum

iinperii

Te mplu m Martis.

Il

et

dans

est possible

que Mars, nom porté par des localités de diverses régions de la France, provienne parfois de quelque sanctuaire du dieu guerrier mais cela n'est pas vrai pour toutes, car Mars (Ardennes) ;

est appelé

Medarcum

(Eure-et-Loin 457. Le

est

nom

dans

désigné

le latin

a.u ix^ siècle

du moyen par

âge.

Campus

de Vénus subsiste dans plusieurs

Chamars

Martis.

noms de

lieu

:

Vendres (Hérault), dérivé d'un cas oblique. Venerem par exemple, du nom de la déesse Port-Vendres (Pyrénées-OrienMonivendre tales), le Portus Veneris de Pompouius Mêla ;

;

Mons

Veneris. 458. Le nom de Minerve se retrouve aujourd'hui dans Minerve (Hérault), dans Menerbes (Vaucluse), et dans Menesbles iCote-

(Drome),

d'Or).

459.

Le nom de Diane

est l'origine de ceux de

Dienne (Can-


112

LES NOMS DE LIEU

tal) et

de Dieniies (Nièvre). Le surnom de Villiers-en-j)ésœ\ivre

(Eure)

Dianae SiU^a, silva ayant subi la même nom bizarrement écrit de Pleines-OEuvres produit Plana Silva.

i-eprésente

altération que dans le

(Calvados) qu'a

460. Le nom de Latone, mère de Diane et d'Apollon, est thème étymolog-ique du nom de Losne (Côte-d'Or) que

Latona

chronique de Frédégaire appelle effectivement

le

la et

peut-être aussi celui de Lannes (Haute- Marne). 461. Le nom de Cupidon paraît être l'origine de Cupedonia, pour Cupidonia, qui, au viii* siècle, désigne Gouvonges (Meuse). La formation de Cupidonia serait aussi régulière que celle du

nom

de lieu Apollonia, fréquent dans l'antiquité.

462. Enfin, et l'on pourrait sans doute en citer bien d'autres, certains

noms de

rappellent

le

lieu de la

France méridionale

et

de l'Espagne

souvenir d'une divinité romaine que l'on

nommait

Tutela. et dont le culte reposait essentiellement sur une métonymie, car il consistait à adorer, sous ce vocable, le dieu inconnu protecteur d'une ville. Le nom de Tutela, considéré comme celui dune divinité, n'apparaît guère que dans les inscriptions du sudouest de la Gaule, de l'Espagne et des bords du Rhin il est ;

l'origine des sait qu'à

noms de

Bordeaux,

dénommées

«

Tulle (Corrèze) et de Tudela (Espagne).

les ruines

On

du grand sanctuaire de Tutela sont

piliers de Tutelle ».

463. Le souvenir d'Apollon paraît n avoir été rappelé, dans

la

toponomastique de notre pays, que par l'ancien nom de la ville de Riez (Basses-Alpes), Reii Apollinares mais ce détermina;

tif

Apollinares

n'a pas survécu, semble-t-il,

noms

romaine, (^uant aux

à la civilisation

Polignac, Poligmj, qu'on a souvent

apparentés à celui d'Apollon, on

sait

maintenant que

la

forme

Podem[)niacus ou Polemniacus. Mais à défaut du nom divin A polio, on compte en France plus d'un

latine en est

de dérivés

vocable rappelant

le

nom

d'une des divinités gauloises assimilées

Romains à Apollon. 464. Parmi ces dieux indigètes de Gaule,

par- les

il faut citer en prementionnent des inscriptions votives de l'époque romaine retrouvées à Langres, à Vienne et à ClermontFerrand, et dont parle aussi le j)oète Ausone. (Test dans le nom

mier

lieu Belenus, (jue

de Belenus. acc(Mitué sur l'aMtépénultième, l'origine

(I<^s

noms

«U;

Beaune

(]u

il

faut chercher

(Allier, (iorrè/.e, Gôte-d'Gr,

Haute-


ORIGINES ROMAINES

Puy-de-Dôme,

Loiret,

Loire,

!

SANCTLIAIRES

Savoie,

II3

Haute-Vienne),

de

Beaulne (Aisne), Baulne (Aisne, Seine-et-Oise) cette origine, phonétiquement rég-ulière, est d'ailleurs attestée par la légende BELENO CAS[TRO] d'un triens mérovingien, qui est la plus ancienne mention de Beaune (Côte-d'Or). A Bêle nu s on doit ;

rapporter Beaunotte (Gôte-d'Or), caractérisé par une désinence

diminutive moderne, et sans doute aussi

Belenas

et

Mons

Belenatensis, noms sous lesquels on désignait, au vi^ siècle. Saint- Bonne t-prèa-Biom (Puy-de-Dôme). Belenas est vraisemblablement une forme adjective, de même que Belenacus qui paraît être le thème étymologique de Beaunay (Marne, SeineInférieure).

Borvo ou Bormo

465.

présentent l'une

comme

le

même

les inscriptions

de ces formes

et l'autre

de l'époque romaine

— fut

aussi considéré

dieu que l'Apollon des Grecs et des Romains

:

une inscription votive de Bourbonne-les-Bains porte en effet DEO APOLLINI BORVONI. En réalité, Borvo ou Bormo était une divinité indigète à laquelle nos plus anciens ancêtres consacrèrent plusieurs des eaux thermales qu'ils avaient su apprécier

Les monuments épigraphiques mentionnent, en effet, Bormo aux stations de Bourbonne-les-Bains et d'Aix en

et utiliser. le

dieu

dieu Borvo à Bourbon-Lancy, à Bourbon-l'Archam-

Savoie, et

le

bault,

encore

et

à

Bourbonne-les-Bains.

Il

probable que

est

toutes ces stations étaient désignées, au temps des le

— Table de Peutinger atteste — ou d'Aquae Borvonis mais

nom d'Aquae Bormonis

fait

pour

Bourbon-Lancy

chacune n'aurait, dans ce lation antique, car les

Romains sous le

la

;

cas,

gardé qu'une partie de son appel-

noms de

BourbOïl-Z-anc.?/ (Saône-et-Loire),

de 'Qo\XThow-l' Archanihaiilt (Allier), et de Bourbonne-/es-J5ams

(Haute-Marne) représentent

le

cas oblique du

nom

divin

Borvo,

tandis que le vocable de la ville d'^ta^-les-Bains (Savoie) est la

transcription

noms

romane du

latin

d'^f'a^-en-Provence,

A qui s,

qui a également fourni les

d'^t.r-la-Ghapelle, de

Dax

(Landes),

anciennement Acqs, et à' Ax (Ariège). 466. Le dieu gaulois Grannus, connu par'sjdes inscriptions rhénanes, était également assimilé à Apollon, témoin la dédicace

APOLLINI GRANNO,

qu'on voit, gravée sur

la

pierre, k,

Erp (régence deGologne), à Neuenstadt (Wurtemberg) et à Horbourg (Alsace). On lui consacrait, comme à Borvo, K^s sources Les noms de

lieu.

8


*H4

LES NOMS DE LIEU

thermales

de laie

:

nom d'Aquae Granni,

qui désigna Aix-la-

Chapelle jusqu'au temps de Gharlemagne. C'est sans doute aussi ce

nom

divin que reproduit la dénomination de

jadis Gra/i, localité bien

vestiges romains qu'on

Grand (Vosg-es), connue des archéologues en raison des

y a découverts.

La dédicace APOLLINI VIROTVTI d'un

467.

autel romain

dont on a retrouvé les vestiges en 1844, près d'Annecy, fait connaître une autre des divinités indigètes qui furent, après la con-

Virotus ou Virotutes du nom de Vertus (Marne), et de celui

quête romaine, assimilées à Apollon. paraît offrir l'explication

d'une autre localité de

la

n'a pris la terminaison

même

région, Vertuelle, dont le

nom

diminutive qu'à une date relativement

récente.

Vellaunus

est une des divinités gauloises qui ont été rapromain on lit, en effet, sur un autel découMercure prochées du DEC vert en 1857, dans le mur du cimetière d'Hiéres (Isère) MERGVRIO VlCTORl MAGNIACO VEILAUNO. Sans doute peut-on tirer de là l'explication du nom de Vellaunodunum, que portait, au temps de Jules César, l'un des oppida des

468.

;

:

Senones. 469. Le

nom

Artaius,

d'un autre Mercure gaulois,

figurait

sur un autel votif découvert au xviii^ siècle, près de Beaucroissant (Isère)

:

MERGVRIO AVGVSTO ARÏAIO

de cette découverte

même

était

appelé Artay.

C'est

;

le lieu

même

peut-être à

la

divinité que le village d'Artaix (Saùne-et- Loire) doit son

nom. 470. Le dieu

Vin tins, adoré

.surtout

dans

la

région alpestre

ou rhodanienne, était peut-être, en raison de cette circonstance, une divinité ligure plutôt que gauloise. Certains traits caractéristiques le (iront considérer comme une sorte de Mars^ d'où la dédicace MARTI VINTIO trouvée à Vence (Alpes-Maritimes) ailleurs, ou du moins à Seyssel (Ain), c'est à PoUux qu'on ;

l'assimilait,

comme

en

LVCI, gravée sur un

fait foi

la

dédicace

DEO VINTIO POL-

autel découvert en ce lieu.

Il

est intéressant

de constater que le souvenir de l'un et l'autre des sanctuaires

auxquels on doit ces deux inscriptions s'est conservé dans le nom de la ville d(^ Vence, el dans celui de Vence ou Vens, que porte

une coljine voisine de Sevssel.


ORIGINES ROMAlMiS

:

H5

SANCTUAIRES

471. La déesse gauloise Belisama, assimilée à la Minerve romaine dans une inscription de Saint-Lizier (Arièg-e), a également donné son nom à plusieurs localités de notre pays. Du

moins, Belisama, accentué sur l'antépénultième, paraît être le thème étymologique des noms de Bellême (Orne) et de Blesmes (Aisne, Marne).

472.

Il

convient de citer encore

la

déesse Andarta, dont le

apparemment très populaire chez les Vocontii, puisqu'on ne cite pas moins de huit inscriptions votives en son honneur

culte fut

:

DEAE ANDARTAE

ou DEAE AVGVSTAE ANDARTAE dans l'ancienne ville romaine de Die (Drôme) ou aux environs. Toutes ces inscriptions font précéder le nom d'Andarta du titre de « déesse », dea, sous lequel il est vraisemblable qu'on désignait vulgairement Andarta, puisque c'est de ce

nom même 473.

En

mot que

vient le

de Die. se bornant à n'envisager

ici

que des divinités dont

le

culte et le caractère ne peuvent être discutés, on a voulu ne pas

risquer de considérer

comme

formés de noms divins, des noms

de localités qui ont, tout au contraire, servi à désigner les génies protecteurs de celles-ci. C'est pourquoi on a passé sous silence la

déesse Bibracte, honorée au mont Beuvray, et

Aramo, Letinno, Nemausus ment

à

Ara/non (Gard),

Vaison (Vaucluse).

à

et

les

dieux

Vasio, honorés respective-

Lédenon (Gard),

à

Nîmes (Gard)

et à


XXVI

ROMAINES

VOIES

474.

Parmi

noms de

les

lieu

empruntés

du parcours des voies de l'Empire romain, sens soit moins douteux que celui des

le

par les Itinéraires, sous les

Ad Septimum,

etc.

circonstances

à diverses il

n'en est point dont

stations mentionnées

Ad Sextum,

noms Ad Quintum,

L'examen des textes qui

concernent

les

prouve que ces localités devaient leurs vocables à leur situation sur une route, aux cinquième, sixième, septième... milliaire, par

rapport au chef-lieu de la cité dont elles dépendaient, car ces adjectifs

numériques étaient marqués sur

le milliaire

même,

et

numérotation commençait ordinairement au chef-lieu de la cité, pour se terminer aux confins de son territoire. Les noms Ad la

Quintum, Ad Sextum,

étaient des

Ad quintum lapidem. Ad sextum

locutions vulgaires pour

lapidem.

475. Beaucoup d'autres localités, que n'indiquent pas les

iti-

noms analogues. En Gaule, du quelques noms de lieu empruntés aux

néraires romains, portaient des

moins, on peut signaler

des voies romaines qui,

milliaires

en dehors de

la

Province

romaine, étaient distants l'un de l'autre d'une lieue gauloise, soit le mille romain, employé dans la

de 2.222 mètres, tandis que

Province mesurait

comme

numérique

dans

la

plupart des parties de l'Empire,

1.481 mètres. Voici ces

<|ue

noms de

lieu,

ne

selon l'ordre

:

476. Quartes,

hameau de Pont-sur-Sambre (Nord),

le

locus

Quartensis de la Nolitia dujnilalum imperli romani, doit évidemment son nom au quatrième milliaire de la voie romaine de Bavai à Reims. 477. Sixte,

sous

le

nom

hameau de Michery (Yonne), mentionné, dès

de Sexta,

était

au sixième milliaire de

la

voie

803, (jui,

de Sens, se dirigeait sur Paris. 478.

Vienne la

Septême a

(^

Isère

Genève, sont

première de ces

naient.

et

Oytier (Isère), sur

situéii

villes,

au

à sept et huit territoire

la

voie anti(jue de

milles romains de

de laquelle

ils

apparte-


ORIGliNEvS

Uchaud (Gard),

479.

Domitienne qui

ROMAINES

VOIES ROMAINES

:

117

Nîmes, sur Narbonne, doit son

situé à huit milles de

reliait cette ville

à

la

voie

nom

à

Octavum.

Cette dernière appellation désigne aussi, dans des textes de l'époque franque, le bourg- actuel de Saint-Sympho-

rien-d'Ozon (Isère), au huitième milliaire de

la

Lyon

voie de

à

Vienne. 480. Ces exemples sont indéniables, car

ils

intéressent tous des

voies décrites par les textes itinéraires de l'époque romaine.

Il

y

a donc lieu de tenir compte des dénominations analogues, lors

même

qu'elles s'appliquent à des localités placées sur des routes

qui ne figurent ni dans l'Itinéraire d'Antonin, ni dans la Table

de Peutinger

pourquoi

c'est

;

Rhône), village situé sur

le

nom

de Septêmes (Bouches-dula civitas MassUiensium, romains de Marseille, sur

de

le territoire

et à onze kilomètres, soit à sept milles

roule qui conduit de cette ville à Aix, paraît être

la

suffisant de l'origine

481.

faut citer encore,

Il

romains, les

un

indice

romaine de cette voie de communication.

comme

se rapportant à des milliaires

noms de Tiercelieux (Seine-et-Marne)

et

de Carte-

lègue (Gironde), les localités qui sont appelées, dans les textes

du

xiii" siècle,

482.

Tertia leuca

Quarta leuga.

et

Le mot mutatio, par lequel

relais de

poste,

quelques noms

:

a

aussi fourni à

celui de

les

la

Romains désignaient

Mulzon (Marne),

cienne voie de Reims à Soissons

;

village situé sur l'an-

et peut-être

localité située à trois kilomètres et

les

toponomastique française

— car

il

s'agit d'une

demi au sud-est de

la voie

Domitienne — celui de Mudaison (Hérault). 483. Le

mot mansio,

de gîte des voies

qui s'appliquait aux étapes, aux lieux

romaines, -peut avoir contribué

à

former

quelques-uns des nombreux vocables topographiques où figure

mot maison mais le sens plus vague de « demeure » qu'a pris ce mot au cours du moyen âge commande à cet égard une le

;

réserve absolue. 484. Par contre, on peut faire fond, dans les pays de langue d'oïl

du moins, sur

les

noms

par lequel on désignait

les

de lieu représentant

le latin

strata,

grandes voies pavées de l'époque

romaine; ce mot, participe passé du verbe sterno,

figurait à


LES NOMS DE

118

locution via

l'origine

dans

employé

seul, et c'est ainsi

Répandu dans

IV® siècle.

Romains,

la

LIEE

strata lapide

ensuite

fut

début du

le

toutes les régions où dominèrent les

vençal es^rac/e, dans l'espagnol es^rac^a, dans

le

il

se retrouve dans l'ancien français estrée, dans

il

l'allemand sfrasse et dans l'anglais street.

que

;

qu'en use Eutrope, dès

provençal estrade est encore usité

jours, tandis

que dans

les

tombé en désuétude vers

pays de langue le

xii*"

l'italien s/ra(7a, Il

pro-

le

dans

importe d'observer

communément d'oïl, le

et le xui*^ siècle

;

de nos

mot

estrée est

c'est

pourquoi

cette région est la seule où l'on puisse avec sûreté attribuer

origine ancienne aux

noms de

Voici ces noms, en ne tenant compte que des

une

strata.

lieu représentant le latin

communes

:

Estrée-Cauc% (Pas-de-Calais), (Aisne, Nord, Somme), Esirées-Deniécourf, 486. Estrées 485. Estrée,

'Esivées-en-C haussée,

Campagne

Esivées- lès-Crécy

(Somme),

Estrées-/a-

(Calvados), Estrées-Sam/-Z)e/u's (Oise), Nolre-Dame-

(/'Estrées (Calvados).

487. Etrez (Ain).

488. Strée (Belgique, Hainaut et province de Liège). 489. Saint-Martin-hesiVdi (Loire), présentant une forme particulière à

la

région méridionale du pays

de langue

d'oïl,

trouve aussi dans Etrat (Loire) et dans Etraz (Savoie,

qu'on

Haute-

Savoie).

490. Estréelles (Pas-de-Calais), Étrelles (Aube, lUe-et- Vilaine,

Haute-Saône), formes diminutives. 491. Ces

noms sont

lindice

certain

du passage de voies

antiques, on peut s'en rendre compte par l'examen des cartes à

grande échelle. C'est grâce à un Estrées, aujourd'hui disparu,

mentionné par des actes des xiv'" et xvi*^ siècles, et dont l'emplacement appartient au (inage de Montmirail (Marne), qu'a pu être retrouvé un tronçon de la voie romaine, tracée sur la Table de Peutinger, qui reliait 492.

Le

Meaux

quelques noms de

lieu

composés

Blanche Pas-de-Calais) '^

à Bibe.

vieux mot français estrée a aussi :

tels que,

servi

à

former

par exemple, Estrée-

et Froidestrées l'Aisne).

Le premier de

noms olfre un sens que Ton trouve dans un autre vocable communal, Aubevoye (Eure), du latin Alba Via, le « blanc chemin ». Le second, Fracta Strata, dans le latin du xii" siècle, et

ces

alors en

langue vulgaire Frète Estrée ou Fraite Estrée, signilie


ORIGINES ROMAINES

littéralement

qui

le

«

route brisée

», et

:

VOIES ROMAINES

indique

la situation

porte à une légère déviation du tracé de

de Bavai à Reims,

si

119

la

du

village

voie romaine,

généralement remarquable par sa rectitude;

en quelque sorte, un synonyme du Curva Via. (Seine),

c'est donc,

nom

Courbevoie

493. Le mot strata avait pour synonyme le bas-latin calceata, originairement pris adjectivement, témoin l'expression via calciata, relevée par du Gange dans une charte de 1043.

De

viennent les

noms Chaussée dans

plupart des pays de

la

d'oïl, Gauchie, dans ceux de dialecte picard ou wallon, Chaussade, dans la France centrale, Caussade dans les pays de langue d'oc, qui sont, au point de vue du tracé des voies

langue

antiques, des indices de

même

ordre que les

noms de

trionaux dérivés du latin strata. Toutefois,

comme

lieux septenles expres-

sions chaussée, cauchie, chaussade et caussade ont été employées

durant tout

le

moyen

constituent point

ancienneté avérée les voies

âge, et le sont encore aujourd'hui, elles ne

— à moins de désigner des d'une — une présomption certaine d'antiquité pour

auxquelles elles s'appliquent.

localités


XXVII

NOMS COMMUNS

DE

noms communs du

494. Parmi les

HABITÉS

LIEUX

vocabulaire latin s'appli-

quant à des lieux habités, le premier rang- hiérarchique appartient

au mot civitas. Ce mot désignait, à

une réunion

l'origine,

de citoyens, un corps de nation g'ouverné par ses propres

une évolution heure

fort

naturelle de langage, confondant de

lois

;

bonne

nation avec la ville qui, en sa qualité de chef-lieu, en

la

était l'expression la plus autorisée, « ville »,

du moins pour

donne à civitas

désig-ner ce chef -lieu

:

le

sens de

cette évolution

aux noms primitifs de la plupart des chefs-lieux de cités romaines en Gaule les vocables de pour ne citer qu'un exemple ces cités, tel à Lutetia Parisii. Le mot civitas n'a jamais été employé à l'époque romaine comme nom propre de ville, mais dès lors on désigna

est parallèle à celle qui substitua

sous ce

nom commun

lorsque ces villes

les chefs-lieux des

eurent

pris,

civitas ou ses équivalents vulgaires, en langue d'oc, devint

l'emplacement de

le

la cité

nom

cité

particulier

romaine

anciennes

plus tard,

:

civitates, et,

quelque extension,

en langue

d'oïl, cieutat

du quartier répondant

on constate

le

fait à

à

Paris, k

la chute du monde romain, le nom aux ruines ou à l'emplacement des

Troyes, k Carcassonne. Après

Civitas

est resté attaché

anciennes villes romaines détruites par les invasions

nom de Cieutat

:

de

Ik le

(Gers, Hautes-Pyrénées), qui s'applique d'une part

l'emplacement d'ii/w.sa, aujourd'hui Eauze, ancienne métropole de la Novenipopulanie, d'autre part au chef-lieu primitif de la cité de Bigorre. La ville de la Ciotat (Bouches-du-Rhône) n'oc-

k

cupe pas, k la vérité, l'emplacement d'un chef-lieu de civitas; mais son site est celui d'une localité antique, le ])ort de Citharista, qui fut, croit-on, une colonie des Grecs de Marseille, et le nom qu'elle porte lui fut donné, au xiii* siècle, en raison des nom-

breux vestiges de l'antiquité qu'on y voyait alors. C'est ainsi (|u'aux environs de Tréguier (Cotes-du-Nord), une autre localité antique, bitwj connue des archéologues de la région, reçut, au


ORIGI^ES KOMAI^ES

moyen cité »,

âge,

nom

le

COMMUNS

^OIMS

:

121

de Coz-Guéodel, c'est-à-dire

vieille

la

c

guéodel étant l'équivalent breton du latin civitas.

495. Le

nom

de Colonia, donné par les Romains à

part des villes où

la

plu-

établissaient des colons, était plutôt, à pro-

ils

un nom commun qu'un nom propre, et l'on y un ou plusieurs déterminatifs ces noms n'ont pas, le plus souvent, laissé de traces dans la toponymie actuelle, parce qu'ordinairement ils n'ont pu faire oublier le nom prement

parler,

joignait ordinairement

;

primitif de la ville, qui bientôt a repris est arrivé,

le

dessus

:

c'est ce qui

par exemple, pour Narbonne, Garcassonne, Nîmes,

Vienne, Lyon. Toutefois une ancienne colonie de Gaule porte aujourd'hui un nom qui rappelle son ancienne qualité c'est la ville de Cologne, appelée en allemand Kœln, dont Toulouse,

:

nom

le

Golonia Agrippina,

latin,

lui avait

donnée en

été

femme de l'empereur Glaude. En AngleLindum Golonia est devenu Lincoln.

l'honneur d'Agrippine, terre,

496. Le teresse ou

de

lieu,

mot une

car

il

latin ville

est

castrum, par

lequel on désignait une for-

fermée, a fourni à la France plus d'un

thème étymologique de Castres

le

Gironde, Tarn), forme

commune au

nom

(/Visne,

dialecte picard et à la langue

moderne, conforme Aube, Gorrèze, Greuse,

d'oc, de Chastres (Cantal), et de sa notation

au dialecte français. Châtres

Dordogne,

Loir-et-Gher^

'

(Allier,

Mayenne,

Nièvre,

Seine-et-Marne,

Haute- Vienne), enfin de Chestres (Ardennes), variante empruntée à la région lorraine.

noms de

497. Si les

lieu représentant

castrum

peuvent, en

raison de la désuétude précoce de ce mot, qui n'a rien donné à

langue française, être considérés comme remontant à l'époque romaine ou aux premiers siècles du moyen âge, il n'en est pas de

la

même de ceux qui répondent au mun étant passé dans le langage câiel, châtel,

latin

castellum,

ce

nom com-

vulgaire, sous les formes rastcl,

châté et château. Gependant, on pourrait citer plus le nom moderne remonterait véritablement à

d'une localité dont l'époque romaine

:

tel est,

Castellum Menapiorum l.

Ce nom

fuL,

du moins, de

la

le

cas de Cassel (Nord),

Table de Peutinger,

et

le

de Kas-

jusqu'en 1720, celui du boury dAi-pajou ^Seiue-el-Oise).


LES NOMS DE LIEU

122 sel

appelle Cas-

qu'Ammien Marcellin

(Pays-Bas. Limbourg),

tellum.

Oppidulum, diminutif d'oppidum, est le thème étymologique du nom d'Oppède (Vaucluse), qui ne saurait venir 498.

d'oppidum, accentué sur

l'o.

muro

499. La locution latine

cinctus, désignant une

entourée d'une muraille, est devenue un

quent en Gaule,

nom

qu'on trouve employé au

et

localité

de lieu assez siècle

iv^

fré-

par

Ammien Marcellin sous une forme féminine, Murocincta, comme

le

cinctus

Mursens

nom

propre d'une

en France

est

localité

fLot).

gaulois, de

Murcin

de

ville

la

Muro

Basse-Pannonie.

thème étymologique des noms de célèbre par les vestiges d'un oppidum le

de Morsan (Eure), de Morsang-sur-

(Allier),

Orge eilAoTsanq-sur-Seine (Seine-et-Oise), de

Morsans (Eure-et-

Morsant Loire), de Morsent (Eure), de Mulcent (Seineet-Oise), de Meursants (Indre), de Mercin (Aisne), de Meurchin (Pas-de-Calais et de Morchain (Somme). 500. De même que Mursens doit son nom à une ancienne Loir), de

muraille gauloise, Murviel (Hérault) doit

murs d'enceinte en

le

sien à de curieux

pierres sèches, de trois mètres d'épaisseur,

certainement antérieurs à la conquête romaine sentant un thème étymologique,

nymes Vielmur

(Cantal,

Murviedro, qui procède de 501.

Semur

Murum

Senmurus

nom, repréa

pour syno-

et

l'espagnol

Sarthe),

peut être

Tarn)

veterem.

Saône-et-Loire,

senex murus

rapporté à un primitif

gienne

Maine-et-Loire,

(Côte-d'Or,

ce

:

Murus vetulus,

— on

a la

forme carolin-

— plus vraisemblablement qu'à

sine muro,

imaginé par des clercs du moyen âge. 502.

Des noms qui précèdent

rapprocher

celui

de

Frémur

est peut-être intéressant

il

(Maine-et-Loire),

qui

de

répond à

Fractus murus. murailles,

503. C'est encore à d'anciennes

probablement, qu'est dû (ju

Ou

le

bas-latin

trouve dans des chartes du

originelle des

noms de

lieu

murs d'enceinte

murittum,

ix''

«

petit

mur

siècle, et qui est la

Muret (Aisne, Aveyron)

et

»,

forme

Moret

('SeiiH'-et-Marnc.

504.

Le mot

latin

lOrum,

(jui

désignait priniilivemenl une


romaines

()rr;imvs

;

noms communs

128

place publique, un marché et tout entrepôt de marchandises, a

fréquemment combiné avec des noms propres dhomme, paravec des adjectifs, pour former des noms de lieu mais un petit nombre seulement de ces noms ont subsisté à travers les été

fois

;

siècles

:

Italie Forum Livii, Forum Forum Sempronii, Forum novum, aujourd'hui

cependant, en

tels sont

Popilii,

Fossombrone et Fornovo, que nous appelons oîi les documents de l'époque romaine nous connaître au moins sept noms géographiques ayant Forum

Forli, Forlimpopoli,

Fornoue. font

En

Gaule,

pour premier terme, on ne peut signaler

mot que

les

le chef-lieu

les itinéraires,

sous

le

renfermant ce

vocables de Feurs (Loire), de Four-

trois seuls

vières (Rhône) et de Fréjus (Var).

représente

comme

de

la

nom

La première de

ces localités

nation des Segusiavi^ mentionné dans

de

Forum Segusiavorum,

dont

le

thème étymologique du vocable moderne racine dérivé et la du Feurs Forez, Forense. Fourvières, quartier de Lyon, doit son nom à un cas oblique, tel que Foro veteri, de Forum vêtus. Quant à FréjUS, qui a pour origine un entrepôt établi par Jules César pour les besoins de son armée des Gaules, son nom représente le latin Forum Julii, qui a dû passer par un intermédiaire Feurjiis, avant de revêtir la forme premier terme est

le

actuelle, résultant d'une

métathèse de Yr.

Le nom commun vicus, qui désigne en latin un centre fortifié, c'est-à-dire une bourgade ou un gros village, a formé le nom d'un bon nombre de localités de France qui remontent, sinon à l'époque romaine, tout au moins à l'époque franque Vy (Haute-Saône), Vic (Aisne, Ariège, Cantal, Côte-d'Or, Gard, Gers, Hérault, Lot, Puy-de-Dôme, HautesPyrénées), Vicq (Allier, Dordogne, Indre, Landes, Haute-Marne, 505.

de population non

:

Nord, Seine-et-Oise, Vienne, Haute-Vienne),

et

les diminutifs

Viel (Ardennes), Vieu (Ain) et Vieux (Ardennes). Parfois vicus a remplacé un vocable plus ancien, ce qui est arrivé pour Vieu,

anciennement Venetonimagus. 506. (Oise),

Combiné avec l'adjectif no vu s, vicus a produit Neufvy Neuvy (Allier, Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire,

Loir-et-Cher,

Loiret,

Maine-et-Loire,

Marne,

Nièvre,

Orne,

Saône-et-Loire, Sarthe, Deux-Sèvres, Yonne), Neuvic (Corrèze,

Dordogne, Haute-Vienne), Neuvicq (Charente-lnl'érieuro),

et, les


12i

LES NOMS DE

deux termes étant disposés dans et-Oise) et Vinneuf (Yonne).

LIEL'

l'ordre inverse,

Vêtus vicus,

Vigneux (Seine-

désignation qui paraît

avoir été appliquée, pendant la période franque, à d'anciens vici

romains abandonnés par leurs habitants, a donné Viévy (CôteLoir-et-Cher. Loiret), Vivy (Maine-et-Loire), Vieuvy (Mayenne), Vieuxvy et son diminutif Vieuxviel (lUe-et- Vilaine), Vieuvicq (Eure-et-Loir). d'Or,

En combinaison

507.

avec long-us, vicus est

mologique de Longvic (Gôte-d'Or)

et

de

Longwy

le

thème étyMeurthe-

(Jura,

et-Moselle).

508. Il existe encore en France un certain nombre d'autres noms géographiques comprenant, avec vicus comme élément,

un nom de rivière Vicus 509. Axonae, au passage, sur l'Aisne, de la voie romaine de Reims à Verdun, est aujourd'hui Wenne-la-Ville soit initial, soit final,

:

(Meuse), que jusqu'au xvi" siècle on a appelé Viaisne. 510.

Vicus Brigiae répond

droit où

à Vibraye (Sarthe), situé à l'enun chemin antique, conduisant du Mans à Chàteaudun,

traversait la Braye.

511.

Vicus Sipiae, aujourd'hui Visseiche

est construit

au lieu où

sait la Seiches, soit

la

(lUe-et- Vilaine),

romaine d'Angers à Rennes, pasà l'emplacement de la station itinéraire que la voie

Table de Peutinger désigne simplement sous

le

nom

de

la

rivière, Si pi a.

512.

Vicus Vedonae,

à présent

Vivonne (Vienne),

se trouve

sur la voie de Poitiers à Saintes, au passage de l'aflluent du Clain

qu'on appelle

la

Vonne.

Blesae vicus, actuellement Blévy (Eure-et-Loir), est au point où un chemin antique, allant de Chartres à Lisieux,

513. situé

franchit

la

Biaise, affluent de l'Eure.

514. Duiiiae vicus, aujourd'hui est sur la voie elle

passe

la

romaine d'Autun

à

Dheune, affluent de

Dennevy (Saône-et-Loire),

Chalon-sur-Saône, au la

lieu

Saône.

Mosae

vicus, l'actuel Meuvy (Haute-Marne), s'élève au Meuse, d'un chemin antique dans lequel certains auteurs ont voulu reconnaître la voie romaine de Langres à Toul. 515.

passage, sur

516.

la

De l'ensemble des

résulter fju'ils ont été

sept

donnés aux

ikhhs

<pii

précèdent,

il

paraît

localités (pii les portent, de pré-

férence à toutes autres situées sur les

mêmes

cours d'eau, en

rai-


.

ROMAINKS

ORlGliN'ES

NOMS COMMUNS

'.

son de l'importance qu'elles avaient pour

\

les voyag-eurs

vu, en effet, qu'elles sont toutes situées sur

le

:

'2o

on a

parcours de voies

antiques. D'ailleurs, les itinéraires de l'Empire romain indiquent

plus d'un

de poste désigné uniquement par

relai

rivière sur laquelle

endroit

:

il

à l'exemple,

que

était situé, et

cité plus haut,

Alsace, de

Meuse, de

la

la

Vidubia, noms

et

appliqués à des stations situées au passage de la

de

en cet

de Sipia, s'ajoutent, en

Mosa, Vanesia

Gaule, ceux de Larga,

nom

le

la voie traversait

Baise et de

la

Largue, en

la

Vouge.

517. Le nom commun villa, par lequel on désignait un domaine rural, et qui est entré, à l'époque franque, dans la composition d'un grand nombre de noms de lieu, ne paraît guère avoir été employé au même usage à l'époque i^omaine, ce qui se comprend aisément, puisque la plupart des noms de domaines

ruraux étaient alors formés sur

noms

les

des possesseurs,

ticulièrement sur leurs gentilices. Cependant, les

noms de Villeurbanne (Rhône)

il

et par-

que

est possible

et de Villorbaine (Saône-et-

Loire) remontent à l'époque romaine, puisque

villa urbana,

au témoignage de Golumelle, désignait alors, dans une maison de campagne ayant une exploitation, l'habitation du propriétaire.

Ces noms seraient donc les synonymes romains des noms Villedemanche, Villedornange, Demangeville et Dimancheville, villa dominica ou dominica villa, « la demeure du maître », qui datent de l'époque franque.

Mais la

si le

des

noms communs

qui désignaient des habitations rurales d'un

humble

plus

caractère t

mot villa n'entre pas, ou n'entre que rarement, dans noms de lieu romains, il en va tout autrement

composition des

:

colonica,

attegia,

stabulum

et

aberna

518. Dérivé de col o nus, colonica désignait une maison de cultivateur ou de paysan était altéré

en colonia,

;

dès l'époque mérovingienne, ce mot

comme

le

prouve notamment un passage

des Miracula sancii Juliani de Grégoire de Tours.

noms de

lieu

:

la Coulonche (Orne),

CoUorgues

De

là,

^Gard),

les

Col-

longues (Alpes-Maritimes, Hautes-Pyrénées), Collonge (Saôneet-Loire), la Collonge (Haut-Rhin), Collonges i^Ain. Corrèze, Côte-d'Or,

Rhône,

Saône-et-Loire,

Haute-Savoie),

Coulonges


LES KOMS

126

DE LIEU

(Aisne, Charente, Charente-Inférieure, Eure, Orne, Deux-Sèvres,

du son nasal, Collanges CoUange et les Collanges, noms d "écarts fort répandus en Auvergne et dans les pays voisins, et Goulanges (Loir-et-Cher, Nièvre, Yonne). C'est aussi de Colonie a, altéré en Colonia, que proviennent les noms de Cologne Aisne, Cher) dont l'origine diffère conséquemment de celle du nom de la Vienne),

caractérisés par l'altération

et,

(Puv-de-Dôme),

la

(^

célèbre ville rhénane

— de

Coulogne (Pas-de-Calais)

de Cou-

et

laines (Sarthe).

519. Le

des Maures

mot attegia ;

mais

désignait, au dire de Papias, les huttes

s'appliquait aussi à des constructions

il

moins

DEO MERCVRIO ATTEGIAM ÏEGVLITIAM COMPOSITAM SEVERINVS SATVLLINVS EX VOTO POSVIT il paraît être devenu un nom de lieu assez

primitives, témoin l'inscription

:

;

Athée (Côte-d'Or, Indre-et-Loire, Mayenne), Yonne), Athies (Aisne, Pas-de-Calais, (Côte-d'Or,

fréquent en Gaule

Athie

:

Somme), Athis (Marne, Orne, Etiolles (Seine-et-Oise), qui

Seine-et-Oise),

compter

sans

suppose un diminutif Attegiolae.

Le mot stabulum avait en latin, entre autres sens, ceux » de a chauce mot français en est dérivé » dernier sens paraît résulter ce de ce que mière )), d' « auberge 520.

d" "

étable

:

les textes itinéraires

indiquent des stations appelées

Stabulum novum, Stabula. Ce mot gique des Loire

,

noms

est le

Stabulum,

thème étymolo-

suivants Estables (Lozère), les Estables (Haute-

Étable (Savoie), Étables (Ain, Ardèche, Côtes-du-Nord,

Seine- Inférieure),

Etaules

Cùte-d'Or,

(Charente -Inférieure,

Yonne), Etaves (Aisne), anciennement Estavles, et

le

diminutif

Establet (Drôme).

Dérivé du hitin

521.

taberna,

archaïque taba,

avait sans doute ce dernier sens dans les

Tabernae qu on raire

«

planche

»,

le

mot

qui désignait une cabane, une chaumièi'e, une auberge,

d'Antonin.

noms Tabernae, Très

rencontre à plusieurs exemplaires dans

Tabernae

est

le

thème

l'Itiné-

étymologi(iue

de

Tavernes (Var), de Saverne (Alsace), do Rheinzabern (Bavière rhéiuine) et de Tavers (^Loiret).

I


XXVIII

BARBARES ET ÉTRANGÈRES

COLONIES 522. Les Goths

Claude,

ayant été

surnommé depuis

vécurent entrèrent dans

En

terres de l'Empire. fît

cultiver les

En

nation.

le

la

en 270, par Terapereur

défaits,

Gothique, ceux d'entre eux qui surmilice

romaine ou cultivèrent

les

277, Probus ayant vaincu les Germains,

champs des Gaules par

les prisonniers de cette

291, les Francs, reçus dans l'Empire, furent établis

par l'empereur Maximien dans les terres en friche des Nerviens et

du pays de Trêves

;

et,

Constance Chlore forcèrent peuples

barbares à porter

cinq ans plus tard, les victoires de les

Chamaves, les Frisons et d'auti*es armes et à travailler pour les

les

Romains. Ce furent, en particulier, ces peuples qui cultivèrent les terres désertes dans les cités d'Amiens, de Beauvais, de Troyes et de Langres. Les Eduens reçurent aussi, de la Bretagne subjuguée, des artisans qu'ils employèrent à restaurer leurs édifices. En 358, Julien incorpora dans l'armée romaine des Francs Saliens, des

Quades

mains fin du

dans

établis

et

l'île

i\° siècle, les

des Chamaves, ainsi que d'autres Ger-

des Bataves, au milieu du Rhin. Vers

la

riverains de ce fleuve, ayant été contraints,

par les succès de Stilicon, de renoncer à leur vie sauvage, les

Francs Saliens qui se trouvaient parmi eux s'adonnèrent

à l'agri-

culture; et les Sicambres, dont les épées, suivant l'expression

du poète Claudien, si

se recourbèrent en faux, rendirent leur pays

que le voyageur, en contemplant les deux rives du demandait quelle était celle des Romains. Divers historiens, et parmi les plus modernes Amédée fertile,

fleuve,

Thierry, dans son

Tableau de VEmpire romain, ont étudié

condition du Barbare admis en Gaule à

l'état

de

devait d'abord obtenir une concession de l'empereur à créer des

centres de population,

le

« ;

gouvernement

lète et,

».

la 11

tendant

favorisait,

selon toute apparence, les immigrations par familles. Une lois admises, les familles étaient groupées en villages, dont l'ensemble ijraefccformait une préfecture administrée par un magistrat


LES NOMS DK

128 (as

LIICL"

moitié militaire, moitié civil, présidant à la fois à l'exploi-

tation agricole de

Le

colons.

lète, à

la

contrée et à Torganisation

des

militaire

son installation, trouvait dans

colonie le

la

Chaque préfecture ou chaque quartier d'une grande préfecture était muni d'un champ dé manœuvres pour les exercices militaires, et aussi d'écoles

bétail et les instruments de culture nécessaires.

où s'enseignaient

la

langue

et

les

lettres latines

pépinière de futurs citoyens romains, car, «

déditice

»,

devenir

firent

romain de

plein droit

latin, ce qui contribuait à etfacer

Alagnentius et Decentius, qui, de 3S1

pourpre impériale en Gaule,

et

;

on

voit,

le

nom germanique pour un

changer souvent son

entièrement

la

qui était originairement un prisonnier de guerre, le

lète pouvait ly^ siècle,

à

une différence du c'était

;

Sylvanus

à

son origine

au

autre ;

ainsi

3o3, revêtirent la

qui, à son tour, fut pro-

clamé auguste en 355. Mais, en revanche, les lètes mirent en circulation, dans le monde romain, un certain nombre de noms propres d'origine germanique c'est ainsi qu'à Nanterre deux époux, vraisemblablement d'origine létique, Gerontius et Severa, donnèrent le nom de Genovefa à leur fille, que l'Eglise honore sous le nom de sainte Geneviève. La \otilia dignitatum imperii romani mentionne, en Gaule, divers cantonnements de Lètes et de Sarmates malheureusement le paragraphe qui les concerne, dans le chapitre xlii de la partie :

'

;

consacrée à l'Occident, est incomplet. Elle indique lètes francs à

le préfet

des

Rennes, des préfets de lètes suèves à Coutances,

au Mans et à Glermont en Auvergne, des préfets de lètes bataves à Baveux, à Arras et à No\'on, le préfet des lètes teutoniciens à Chartres, le préfet des lètes Ac/i à Ivoy, aujourd'hui Carignan (Ardennes),

et celui

des

lacti

D'autres lètes sont désignés par laquelle

dans

la

demeure

ils

avaient été re^us

Première Belgique, le

territoire

résidait encore en

:

Lagenses

nom

le

laeti

et

Lingonenses, alors dispersés

à

;

laed Nervii, dont

1.

Du

Reims ou

Chosiio, Ilisturi.r Francuriiin ncriplorcs cou'lanoi,

des autres éditions de

Iheca hislorica medii

.tvï, 2*

la JSotilin

éd.,

Il,

868.

le préfet

Famars, près de ^'alenciennes.

Enfin, d'autres lètes, dont le préfet était à

(licîilion

Tongres.

qui avaient eu pour première

de Langres

pays nervien,

auprès de

de la cité gauloise dans

I,

à Senlis,

l-'t;

voir

diffuUntinn dans l'olllmsl,

l'iii-

liiltlio-


omr.lNKS UOMAI.NES

COLOiMES KTHANGÈRKS

:

129

sont disting-ués simplement par la qualification gentiles, sans on reviendra bientôt sur ce point doute parce qu'ils tiraient

leur origine de diverses populations germaniques.

523. Les

établissements

des

les

établissements létiques,

— appellation — n'étaient pas, comme

Sarmates

désignait les colons d'origine scvthique

particuliers à

cette

la

Gaule, la Notitia

dignitatum n'en mentionnant pas moins de quinze pour l'Italie La Gaule avait les siens sur les territoires de Poitiers, de Langres, d'Autun, dans

et peut-être

Amiens, dans

la

région comprise entre

Reims

et

celle qui sépare Paris de Vézelay, et

dans plusieurs autres contrées encore. Ceux de Poitiers étaient mélangés à des Taifali, tribu d'origine gothique. Les Sarmates étaient, comme les lètes, sous la direction supérieure du maître de l'infanterie. 524. Ces indications de la

Notitia dignitatum sont fort prémais malheureusement trop vagues et fragmentaires; du moins, elles peuvent être utilement complétées par des témoicieuses,

gnages remontant aux premiers siècles du moyen âge, par la toponomastique. 525. Les Taifali, ces

du

v*^

hommes de race gothique, qui, au début même préfet que les Sarmates du

soumis au

siècle, étaient

Poitou, conservaient encore leur individualité dans

moitié du siècle suivant, et habitaient alors cien

territoire

de

Angers

port de Grégoire de Tours,

Poitou, où fut

ils

la

rive

la

la

seconde

partie de l'an-

détachée plus tard du Poitou,

Poitiers qui,

avoisinait la Loire entre

Chantoceaux, sur

et surtout

Nantes

et

vinrent,

gauche de

:

les

Taifali,

peu après 561 la

,

au rapattaquer

Loire. Or, la partie

du

constituaient une part importante de la population,

nom pagus Taifalicus, vocable qu'on renforme altérée pagus Theofalgicus, aujourd'hui dans le nom de Tiffauges ('Vendée),

appelée de leur

contre au

x*^

siècle sous la

et qui subsiste

vraisemblablement l'ancien chef-lieu de cette population barbare. 526. C'est là un exemple avéré d'un nom de région formé sur le

vocable

dune population barbare

établie en

Gaule au cours de

la période impériale.

Peut-être faut-il attribuer une origine ana-

logue aux

noms de

plusieurs circonscriptions administratives

formées à

l'époque franque du

démembrement de

la

cit(?

de

pagus Attoariorutn ot ses voisins orientaux, le pagus Aniaus ou Comavoruin, le pagus Varascus ou Warascorum et le pagus Scodingus ou SrotingoLangres

Les

et

noms

de celle de Besançon

de,

lieu.

:

le

9


i30

I-ES

NOMS DE LIEU

rum. Le pagus Aitoariorum, dont le nom ne s'est pas conservé dans la toponomastique s'entend, car on peut jusqu'à nous,

en rapprocher

le

nom

de famille Atui/er

rappelle le souvenir

d'une population, sans doute apparentée aux

les

Eumène.

les

texte

du

et

sol des Lingones. Le nom du pagus pagus Gomavorum pour Camavorum, dans un

établit sur le

Amaus

viii*'

siècle

se reconnaît dans

même

de

Hessois

dans laquelle on est tenté de reconnaître barbares que Constance Chlore, au dire de son panég-yriste

Chatti de Tacite

— évidemment formé sur celui des Chamaves, surnom de Siaint-Vivant-en-kmows,

le

(Jura),

que l'on trouve, dans celui de Sceg-en-Yaray (Doubs),

du pagus Varascus, qui devait son nom aux Warasci, hagiographique du texte population mentionnée dans un vii^ siècle. Enfin le nom du pagus Scodingus, formé sur celui d'une population qu'un chroniqueur du vu'' siècle appelle Scorevêtu au xiii'' la forme Escucns. Mais faute de témoit in Sri. a gnages aussi significatifs que celui de la Notitia dignitatiim au trace

sujet des Taifali, on ne peut affirmer avec certitude que l'établissement en Gaule des Hattuarii, des Chamavi, des Warasci et des Scotingi remonte à l'époque romaine.

527. Parmi les articles de la Xotilia dignitatum, dont on a lu

plus haut le

le

résumé, celui

qiii se

rapporte aux laeti gentiles dont

préfet résidait, soit b Reims, soit à Senlis, est aussi celui

lequel les

noms de

lieu fournissent

le

commentaire

le

pour

plus élo-

quent. 528.

Dans

la

banlieue occidentale de Reims, où elles sont dis-

posées en demi-circonférence, on remarque les localités dénommées Bourgogne, Auménancourt, "Villers-Franqueux, Gueux et Sermiers,

ainsi qu'une

Bourgogne, en rési(U'nc('

latin

voie antique,

le

chemin de Barbarie.

Burgundia ou Burgondia,

indicjue la

d'individus appartenant à la race des Burgondes. Le

nom d'Auménancourt,

dans plusieurs textes carolingiens, se présente sous les formes Curtis A lama n no rum ou Al amanno rum (hirtis, désigne un domaine rural ou un village habité j)ar

(les

qui,

individus de race alamanniquo. Le sens de Villers-Fran-

queux, Villa re Francorum, n'est pas moins transparent. Gueux, dans le Polvptique de Saint-Remy de Reims, dressé au milieu du ix*" siècle, est appelé Gothi. Quant au vocable de


ORIGINES HUMAINES

:

COLONIES ÉTRANGÈRES

11^1

Sarmedus dans le même document, il paraît reprénom des Sarmates. Enfin le nom du chemin de Barba-

Sermiers, senter rie,

le

voie antique tracée au pied de la

Montagne de Reims

et

rejoignant la voie de Soissons, est des plus intéressants. Ce che-

mentionné deux fois dans les écrits de l'archelettre que ce prélat écrivit, entre 849 et 857, à Pardule, évêquede Laon, il est question de la via j uxta

min

en

est,

eftet,

vêque Hincmar

daus une

;

montes Remorum que vocatur Barbaria et dans la Vie de saint Remy, parlant de cette voie comme existant au v'' siècle, Hincmar ajoute Quae usque hodie, propter Barbarorum per eam iter, Barbarica nuncupatur. L'explication contenue ;

:

dans ces derniers mots paraît erronée

:

ce n'est certainement pas

une circonstance aussi fugitive que le passage de l'armée de Glovis que le chçmin de Barbarie doit un nom aussi tenace, et celui-ci ne peut s'expliquer que par un séjour permanent de Barbares, à l'ouest de Reims. Lorsqu'on rapproche, de l'existence d'un

à

établissement de lètes sur

le territoire

rémois, les

noms de lieu qui

viennent d'être passés en revue, et que l'on constate que

min de Barbarie desservait Sermiers

et

che-

le

Gueux, on voit bien

qu'il

n'y a pas là une coïncidence simplement fortuite. Les laeti gentiles

de

appartenaient

région

cette

vraisemblablement aux

nations les plus diverses, d'où l'impossibilité de les désigner par

un ethnique quelconque sans doute, il faut, dans les Burgondes de Bourgogne, les Alamans d'Auménancourt, les Francs de Villers-Franqueux, les Goths de Gueux et les Sarmates de Ser:

miers, reconnaître à la fois les laeti gentiles de la Notitia digiii-

tatum, et les Barbares dont

le

chemin de Barbarie conserve un

vague souvenir.

De

529.

Reims

ce que

préfet

le

des

laeti gentiles résidait

tantôt à

semble résulter qu'une partie de ces colons barbares étaient établis vers la seconde de ces villes. Eiïectivement, un diplôme royal, en date de 920, mentionne dans

et tantôt à Senlis,

le

Sellentois

Auniénancourt

une

l'origine

villa

et d'autre part, à

;

sud-est de Senlis, une

vocable dont

il

Almannorum, une huitaine de

petite localité

porte

le

qui

rappelle

lieues à l'est-

nom

de Gueux,

Polyptique de Saint-Remy permet de pénétrer

le

en tant

qu'il

s'applique à un village des environs de

Reims. 530. Faut-il

voir

dans

le

nom d'Allemagne

(Calvados),

du


LES NOMS DE LIEU

132

Alamannia, et dans celui d'Almenêches Alamannisca, quelques souvenirs des

latin latin

du bas-

(Orne),

de

le tes

suévique. dont les préfets résidaient à Baveux et au

nation

Mans? On

peut alléo^uer en faveur de cette hypothèse la confusion qu'on faisait volontiers, au début du moyen âge, entre les Suèves et les Alanians. Toujours est-il que ces

ment

germanique des

l'origine

531

noms indiquent

Des constatations qui précèdent,

.

il

résulte

clairement

du moyen âge,

qu'à l'époque romaine, ou tout au moins au début les

incontestable-

localités qu'ils désignent.

dénominations ethniques pouvaient fournir cinq variétés de

noms de

lieu

:

Le nom même de Sarmatae, Sermiers l**

nation ou de

la

la

tribu

Gothi, Gueux

:

;

;

Le nom de nation ou de tribu combiné avec

servant d'ordinaire à former des

noms de

régions

le suffixe -ia, :

Burgundia,

Bourgogne; Alamannia, Allemagne; 3° Le nom de nation ou de tribu combiné avec le suffixe latin -icus, -icum, -ica, à laide duquel on forme ordinairement des Taifalicus ou Taifalica, Tiffauges; adjectifs 4° Le nom de nation ou de tribu combiné avec le suffixe ger:

manique qui est usité encore aujourd'hui sous la forme -isch, notamment pour former des adjectifs ethniques Alamannisca, Almenêches 5° Le nom de nation ou de tribu employé au génitif, et comAlamannorum biné conséquemment avec un nom commun Villare P'rancorum, Mllers-Francortis, Auménancourt :

;

:

;

queux. Cette théorie établie,

noms de ment

il

à répof{ue romaine, qu'offre la

de notre 532.

remontant

très probable-

nomenclature géographique

p.'tys.

Aux Sarmates, indépendamment du nom

on doit ceux de Sarmazes Oise,

convient de passer à l'examen des

lieu d'origine semi-barbare, et

Saône-et-Loirc,

Sermiers

de

(Orne), de Sermaise (Maine-et-Loire,

Seine-et-Marne,

Seine-el-Oisc),

de

Ser-

maises (Loiret), de Sermaize (Marne), de Sermoise (Aisne, Aube, Nièvre, Yonne), de Salmaise (Côte-d'Or), de Saumaise (Côle-d'Or;, de

Charmasse ^Saùnc-ct-Loin")

(|ue,

vers 1300,


ORIGINES ROMAINES

:

COLONIES ÉTRANGÈRES

133

représentant le thème Saron appelait Sarmace ou Salmace matia, et auxquels on peut joindre le diminvitif Seriïlizelles

même que Taifalica a donné Tiffauges de même Sarmaticum aura donné Sermages (Nièvre). 533. Le nom des Alamans paraît avoir produit un plus grand

(Yonne). De

^

nombre de noms de lieu primitifs, mais pour désigner de moins nombreuses localités A la m an ni, AUemans (Dordogne, Lotet-Garonne), Allemant (Aisne, Marne) Alamannia, Allemagne :

;

AUemogne (Ain) Alamannicum ou Alamannica, AUemanche (Marne); Alamannisca, Alme(Basses-Alpes, Calvados),

;

nêches (Orne); Alamannorum curtis, Auménancourt-/eGrand et Auménancourt-/e-Pe/i7 (Marne) Villa Alamannorum, dont l'emplacement, en Sellentois, n'a pas été déterminé. ;

Le souvenir des Alains qui fondèrent en Gaule, au quelques établissements de peu d'importance, notam-

534. v*'

siècle,

ment dans

Valentinois et l'Orléanais, se retrouve dans le

le

d'AWdiin-aux-Bœiifs et

nom

(Meurthe-et-Moselle), représentant Alani,

dans ceux, ayant pour thème étymologique Alania, d'Alagne

(Aude)

(Eure-et-Loir,

et d'Allaines

Somme)

:

on remarquera

qu'une de ces dernières localités appartenait au diocèse d'Or-

que

léans, territoire

les

Alains occupaient lors de

l'invasion

d'Attila.

535.

Formé

sur

le

nom

des Burgondes,

Burgundia

est,

on

le

Bourgogne (Marne), tandis que l'ethnique Burgundiones est représenté par Bourguignon (Aisne, Doubs) et Bour-

répète,

guignons (Aube). la Gaule romaine submodernes qui ont pour thèmes étymologiques Franci, ad Francos, Francs (Gironde), Frans (Ain); Franeia, France; Francorum campus, Francor champs (Bel-

536. Le souvenir des colons francs de

siste

dans

noms de

les

lieu

gique, province de Liège); (Eure-et-Loir),

Francorville

;

Francorum

Franconville

villa, Francourville

(Seine-et-Oise),

anciennement

Francorum, Villefrancœur (Loir-etFrancorum, Villers-Franqueux (Marne).

Villa

Cher); Villare

537. La mémoire des Goths est conservée dans un assez grand nombre de noms de lieu, dont les plus méridionaux rappellent vraisemblablement le souvenir des Wisigoths, qui dominèrent un

Gaule d'outre-Loire, tandis que les plus septentrionaux sont bien plutôt d'origine romaine, ou pour mieux

moment

sur toute la


LES NOMS DK LIEU

131 dire, létique

;

mais

il

ne paraît guère possible de

les distinguer

La forme primitive de ces divers noms de lieu est Gothi, Vallis Godesca, Mons Gothorum, Gothorum villa, Villa Gothorum, Mors Gothorum. On a vu que Gothi a produit Gueux (Marne, Oise) le nom de Vallis Godesca, qui désignait, à l'époque carolingienne, une localité de la Septimanie, doit être signalé parce qu'il présente un adjectif formé sur le nom des Goths au moyen du suffixe germanique Mons Gothorum est Gothole thème étymologique du nom de Montgueux (Aube) ici.

;

;

;

rum

villa,

nom

de lieu assez fréquent dans les contrées d'outre

un temps plus ou moins long aux Wisigoths, a parfois été remplacé au moyen âge par d'autres dans le Toulousain par Escatalens (Tarn-etnoms de lieu Garonne), dans leRoussillon par Mailloles ;Pjrénées-Orientales) Loire, qui ont été soumises pendant

:

;

où il s'est maintenu, il se présente sous des formes variées, toutes conformes, d'ailleurs, aux lois phonétiques des régions auxquelles elles appartiennent Goudourville (Tarn-et-Garonne), Goudourvielle (Gers), Gourville (Charente, Loiret, Seine-et-Oise) et son là

:

diminutif Gourvillette (Charente-Inférieure) est l'origine

rum, nom

du nom de Villegoudou (Tarn)

cité

;

;

Villa

Gothorum

Mors Gotho-

enfin

par l'Astronome, historien de Louis

Pieux, et

le

qui rappelle sans doute un désastre subi par les Wisigoths, est

thème étymologique du nom de Morgoudou (Tarn). Aucun document de l'époque romaine parvenu jusqu'à nous ne parle de Marcomans cantonnés en Gaule. Le nom de

le

538.

cette tribu suévique, chassée de

Bohême par

n'a laissé aucune trace dans les contrées

formé en Gaule

le

nom

de lieu

dans des textes de l'époque

germaniques

Marcomannia,

mérovingienne,

représenté par Mariïiagne (Allier, Cher, Loire) et

de

est

;

qui,

mais

il

a

figurant

aujourd'hui

Côte-d'Or, Saône-et-

Marmaigne (Mayenne).

539. Le nom de

nom

les Celtes Boiens,

lieu

la

grande nation des Saxons

Saxo nia,

qui

a

est la racine

produit certainement les

du

noms

modernes Sassogne (Nord) et Sissonne (Aisne). On n'ose afïirmer que ces vocables remontent à l'époque romaine, car les Saxons ayant conservé leur dénomination ethnique pendant tout le moyen âge, il est possible f[ue les lieux appelés Saxonia, appartiennent seulement d(!vait

y avoir

à

période franque.

En

tout cas,

il

Sissonne un fonds de population bien vivace,

et

à la


ORIGINES ROMAINES

!

COLONIES ÉTRANGÈRES

135

qui trancha, pendant plusieurs siècles, sur la population romane

des environs, témoin l'appellation theotunica villa de Sissonia qu'on trouve dans une charte de 1222 il est juste d'ajouter que, dès lors, ou peu après, la population de Sissonne perdit son caractère étranger, et qu à une appellation considérée sans doute comme injurieuse, fut substituée celle de « Sissonne la Fran;

çoise » qui paraît

540. pelant

pour

On ne peut le

la

citer

première

fois

en 1276.

avec certitude aucun

nom

de lieu rap-

souvenir des Suèves, puissante nation g-ermanique sou-

vent confondue avec

dignitatum imperii

les

Alamans,

l'atteste

en Gaule

et qui

— avait des

;

mais

il

Notitia

établissements, tout au

moins, aux environs de Bayeux, de Coutances, du

Glermont en Auverg'ue

la

Mans

et

de

n'est pas téméraire de considérer

nom de Wissous (Seine-et-Oise) comme représentant Vicus Suevorum c'est du moins là l'hypothèse la plus plausible que le

:

permettent

rium en de la

même

541.

les

latin

premières formes connues de son vocable, Vizeo-

du

xii^ siècle,

L'appellation

X" siècle,

Vizoor

et

Viceor en langue vulgaire

époque.

dans

le

retrouve, au

ethnique des Vandales se

nom Gastrum 'Vandalorum

ou

Castellum

Wandelons, aujourd'hui Gandalou (Tarn-et-Garonne).

Tous ces noms de

lieu

ne sont pas les seuls de leur espèce

qu'on puisse attribuer au déclin de

la

période romaine

:

d'autres

effectivement semblent se rapporter à des cantonnements de barbares étrangers aux races germanique et slave. 542. Les Maures, nation africaine dont

correspondant au Maroc actuel,

le

pays, la Mauritanie,

incorporé à l'Empire romain

fut

en l'an 42 de notre ère, fournissaient aux armées romaines des cohortes auxiliaires, dont la Notitia dignitatum imperii indicjue les

cantonnements, non seulement dans

leur pays d'origine, mais aussi dans rie,

dans

l'Italie,

l'île

en Pannonie, dans

parties de l'empire d'Orient. C'est

tonnement de cavaliers maures,

la

la

Mauritanie Tingitane,

de Bretagne, dans l'Uly-

Gaule

évidemment

les

mêmes

et

à

dans diverses

un ancien can-

peut-être qui rési-

daient, lors de la rédaction de la Notitia dignitatum, à

tum, dans devait

le

la

Quadra-

Première Pannonie, qu'une localité du Norique

nom Ad Mauros

commencement du

v" siècle,

sous lequel cet écrit

la

désigne.

Au

des soldats de cette nation tenaient


LKS NOMS

136

Di:

LIEU

garnison en Gaule, dans la péninsule armoricaine, et

dignitatum

étaient établis,

du nom des

appelle,

les

Mauri Veneti

et

cités

la Notifia

dans lesquelles

Mauri Osismiaci. La

tude du séjour des Maures en Gaule, sous

la

ils

certi-

domination romaine,

précédemment permettent de fixer le Mauritania, que Ton trouve dans de nom-

et les constatations faites

nom

sens du

de lieu

breux textes latins pour désigner d'hui

nom

le

de Mortagne

les

lieux qui portent aujour-

(Charente-Inférieure,

Nord, Orne,

Mauritania serait une forme basse du nom latin Mauretania, et en France le nom Mortagne désignerait des Vendée)

:

ou occupées, à l'époque romaine, par les soldats licenciés sans doute après la chute de l'empire, ont

localités fondées

maures (jui, dû chercher un

asile

dans des lieux divers.

543. Certaines localités de notre pays paraissent rappeler la

mémoire de petits établissements bretons, contemporains des derniers temps de l'Empire ou de l'époque immédiatement postérieure. On a vu que les Eduens reçurent, de l'île de Bretagne subjuguée par les Romains, des artisans qu'ils employèrent à restîiurer

leurs édifices

;

on

sait,

jours de la domination romaine,

d'autre part, qu'aux derniers

l'empereur Anthemius confia

garde du Berry à un corps breton de 1.200 hommes, auquel

la

les

Wisigoths, sous

h\

conduite de leur roi Euric, infligèrent un

échec sanglant près de Chàteauroux. nière et intéressante notion

berrichonnes voisines du lieu de et la

latin

Berthenoux Britannia

primitif à

et

le

:

la

deux noms de

localités

défaite des Bretons,

Bretagne

premier de ces noms représente

second, dans lequel

les

cité plus haut.

mêmes

Bretenoux

rum.

;

le

a rapproché de cette der-

il

Britannorum, en sous-entendant

Gandalnu,

ayant

(Indre)

On

histori(|ue

11

le

permis de voir un

villa, est comparable

existe en France d'autres localités

Bretagne (Gers, Landes, Haut-Rhin) qu'un acte do (SOG ap])elle Villa Bretono-

origines

'Lot),

Il

est

est intéressant

:

de rapprocher de ces

noms

celui

de

Santa Maria de Bretona, en Galice, qui rappelle le souvenir d'une colonie bretonne, assez importante pour avoir eu, au vi*"

siècle,

un évêque d'origine britannique,

544. Peut-être les localités dont les primitifs Ilispania, il

d'anciennes

nommé Madoc.

noms

représentent des

Lusitania, Vascouia, correspondent-elles

colonies

d'étrangeis,

espagnols,

lusitaniens,


ORIGINES HUMAINES

:

COLOMES

gascons; mais ou ne peut, à cet tures, car

il

Hispanius

137

que former des conjecque ces primitifs représentent

ég*ard,

est tout aussi possible

des gentilices pris adjectivement

ÉTRAiNfiÈRES

d'un gentilice

l'existence

noms de lieu tels quEpagny les noms dont il s'agit dans une

étant attestée par des

Espagnac ce qui rangerait catégorie précédemment étudiée (cf. ci-dessus, n° 289). Quoi qu'il en soit, on croit devoir énumérer ici ces noms. 545. H ispa nia est représenté par Espagne (Gorrèze, Gironde), et

Indre, Somme, Vendée) et par Epaignes dans /?0i6e/'/-Espagne (Meuse) un homonyme différencié au moyen d'un nom de propriétaire

par Epagne (Aube, (Eure).

Il

faut voir

de ces localités,

;

on eût dit Espagne-la-Bobert et Robert-Espag ne suppose une ancienneté relative au

xiii® siècle,

,

charte de 1019 appelle ce lieu

nom

Membodi

la

construction

d'ailleurs une Spania, moyennant le ;

d'un autre tenancier.

546.

Lusitania

547.

A Vasconia

(Calvados),

est l'origine de Luisetaines (Seine-et-Marne).

"Vacongne

répondent

(Somme),

les

noms modernes Vacognes

"Vaucogne (Aube), Gacogne

(Nièvre) et le diminutif Gacougnolle (Deux-Sèvres).


XXIX

DE

SOUVENIRS

PERSONNAGES HISTORIQUES

Les vocables géographiques évoquant le souvenir de personnages historiques sont beaucoup plus rares qu'on n'inclinerait à Les dix siècles du moyen âge n'en

le croire.

particulièrement,

faut attendre jusqu'au

il

du moins

offrent,

dans l'Europe occidentale, qu'un très petit nombre

:

xvi'" siècle

en France,

pour en voir

paraître quelques exemples, tels que Vitry-le-François et Ville-

Françoise-de-Gràce

A vrai dire,

.

que dans des milieux

le fait

fort civilisés

ne se produit, semble-t-il,

ou civilisateurs

possible de citer pour notre pays quelques

;

noms de

aussi est-il cette espèce

remontant à l'époque romaine mais, dans plus d'un cas, le nom de personnage historique compris dans un nom de lieu romain, n'a pas réussi à traverser les siècles, car, employé à l'état de surnom, il demeurait à peu près ignoré du vulgaire parfois ;

;

I

1

même

tout,

dans

le

vocable antique, a disparu à la

déter-

fois,

minatifet déterminé, pour faire place à une dénomination nouvelle, à

supposer que

la localité

elle-même

ait

survécu aux inva-

sions.

548. Le plus ancien nom de lieu renfermant un nom de personnage historique qui ait apparu en Gaule est Aquae Sextiae, dû au consul C. Sextius Calvinus, qui acheva, en l'an 124 avant notre ère,

la

soumission des

du Rhône, vers métropole

et

Salliiini,

peuple ligure établi :

son des eaux thermales qui s'y trouvaient, fut appelé

Sextiae;

la

Aquae

première partie de cette appellation a seule subsisté,

et se retrouve

dans

le

nom moderne

.li>

(Bouches-du-Rhône).

L'un des consuls de l'an 122 avant J.-C., Cn, Domitius

549.

.\enobyrbus, l'un des ancêtres de l'empereur Néron,

années dans

et

qui resta

Province romaine en qualité de proconlaissé son souvenir dans jilusieurs vocables géographiques:

j)lusieurs sul, a Cl lui

à l'est

bouches de ce fleuve ce consul détruisit leur fonda, dans le voisinage, un castellum, qui, en railes

de

Nimes

et

la

la

via Domitia. cette grande voie par hupielle

Xarbonui' à l'Espagne, et celui de

Eorum

il

relia

Domitii,


ORIGINKS ROMALNKS l'une des stations de la

PERSO^NAGKS HISTORIQUES

:

même

voie

;

mais

139

ni l'un ni l'autre

de ces

vocables ne s'est conservé.

On

550.

Fossae Marianae

appelait

pour

alors consul

J.-C, pendant

quatrième

la

la

campagne entre

par vaisseaux,

les

exposées aux coups de appliquée par

canal que Marius,

le

creuser, en

les

Cimbres

Im

Tan 102 avant Teutons,

et les

amenés embouchures du Rhône étant ensablées et

de recevoir plus aisément

afin

fut

fois, fit

la

les vivres

qui

étaient

mer. L'appellation Fossae

la suite,

Marianae

non seulement au canal de Marius,

mais aussi au port qui en gardait l'entrée,

et que représente la bourgade actuelle de Fos (Bouches-du-Rhône). Dans cet exemple comme dans celui d'x\ix, le déterminatif n'a pas laissé de

traces.

551. C'est incontestablement à Jules César que Fréjus (Var), l'antique

Forum

nom; mais

Julii, doit son

il

serait téméraire

de rapporter au conquérant des Gaules, l'origine ou

grand nombre de

tion d'un entré, soit

noms

le

gentilice Julius,

se rapportent

formément adoptif.

villes,

à la

gaulois

Le

celui

gentilice

Juliobona

Andecavi,

la

dénomina-

vocable desquels est

surnom Caesar, car ces

personne d'Auguste qui, con-

villes

les noms de son père vont donc être indiqués sans qu'on s'ils

datent de l'époque de César

d'Auguste.

celle

552.

la

le

romaine, avait pris

Les noms de ces

préjuge la question de savoir

ou de

soit le

également à

loi

dans

le

dans les noms de lieu demiJuliomagus. Appliqué au chef-lieu des

Julius et

figure

second de ces noms a été supplanté, au

ui*^

siècle,

par

de cette nation, d'où Angers. Juliobona, chef-lieu des

Calètes, est aujourd'hui Lillebonne (Seine-Inférieure) est l'effet d'une interprétation qui

remonte au

:

ce

xii^ siècle, et

nom que

une altération analogue à celle qu'atteste le du mois de juillet, liiglio. Le nom de Viens Julius ou Viens Julii, que portèrent à la fois Aire-snr-la-Lys (Pas-deCalais) et Germersheim (Bavière rhénane), a été abandonné dès le début du moyen âge. Apt (Vaucluse) n'a conservé que la première partie du nom Apta Julia, sous lequel Pline, l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger le désignent, abrégeant

favorisa peut-être

nom

italien

l'appellation

officielle,

Julia Apta.

Il

et

Julianus,

attestée

si

Colonia noms Julia eus

par les inscriptions,

n'est pas inutile d'ajouter (jne les

fréquents en Gaule, n'ont ordinairement rien à


LES NOMS

140

DE LIEU

César ni avec Auguste ils s'appliquaient à des domaines ruraux appartenant à des propriétaires qui portaient le gentilice Julius, adopté, après la conquête romaine, par un grand voir avec

:

nombre de familles gauloises il est probable que, de même, les noms de lieu Tiberiacus et Glaudiacusne rappellent en rien ;

le

souvenir des empereurs Tibère et Claude.

La géographie de

553.

més à

la

Gaule romaine

offre trois

noms

for-

sur celui de César, se rapportant sans doute, dans l'espèce,

Auguste

Caesarodunum,

:

aujourd'hui Tours,

gus, aujourd'hui Beauvais, et Caesarea,

mand aucun ne

s'est

;

Dans

554.

les

il

Sacrum Caesaris,

par lesquels

des

ont désigné Cherbourg (Manche),

(Mayenne), Millançay (Loir-et-Cher)

et

Sancerre

ne faut voir que des fantaisies de clercs qu'on ne sau-

rait accepter.

César

et

xii^ et xiii® siècles

Courceriers (Cher),

de l'archipel nor-

maintenu.

noms Caesaris burgus, Curtis Caesaris,

Militia Caesaris chartes des

île

Caesaroma-

Quant aux noms de Chemin de César, de Camp de

de Tour de César, appliqués à tant de chemins antiques,

et

de vieilles enceintes et de donjons féodaux, ce sont des dénominations relativement

modernes,

parfois ridicules,

et

dont

l'ar-

chéologue ne doit tenir aucun compte.

Le

555.

titre

d'Auguste, décerné en 27 avant J.-C. à Octave,

l'héritier de César,

et

que

l'histoire

comme un nom

a traité

noms de lieu de Augustobona, Troyes Augustodunum, Autun Augustodurum, Bayeux; x\ugustomagus, Senlis; Augustonemetum, Clcrmont-Fcrrand, et Augustoritum, Limoges. Si de ces six noms semi-gaulois un seul a subsisté, le nom d'Aupropre, est entré en composition dans bien des

Gaule

:

;

;

guste n'a laissé aucune trace dans les formes vulgaires où

il

figu-

comme déterminatif Alba Augusta, chef-lieu des Helvii, Aquae Augustae, chef-lieu des Tarbelli, l^ucxis Augusti,run des munici[)esdes Voconces, et Tropaea Augusti, qui doit son

rait

:

existence au

monument de la victoire des Romains sur les peunomment aujourd'hui sinq)lemenl .4/>5(Ardèche),

plades alpines, se FJax (Landes),

naguère Ac(/s,

Turbie (Alpes-Maritimes). vici qui,

En

en l'honneur d'Auguste, avaient pris

plusieurs l'ont abandonné, on Si/issous,

— Luc-en-Diois

(Drôme)

et la

ce qui concerne les villes et les

le

le

nom d'Augusta,

voit par l'exemple

de Trêves, de Sainl-Quentin.

il

(VAuch, de

a subsisté,

il

est


ORIGLNES ROMAINES

:

PEKSONNAGKS IIISTORIOUES

141

devenu Aoste (Isère, Italie), Aouste (Ardennes, Drùme) et Oust (Somme). Il convient de signaler, en pavs de langue allemande, Augst (Suisse, canton de Bâle) et Augsbourg (Bavière), qui s'appelaient respectivement, au temps des Romains, Augusta Rau-

racorum et Augusta Vindelicorum, 556. On mentionnera pour mémoire le nom nis, porté

momentanément par Lodève,

de

Forum Nero-

et peut-être

aussi par

Carpentras, en l'honneur de Tiberius Claudius Nero, qui gou-

verna ère

;

Gaule, en qualité de questeur, de 47 à 44 avant notre

la

celui de

Forum

Tiberii, qu'une

dojmé

ville

des Helvètes devait

Forum

au successeur d'Auguste; celui de

Claudii, qui

fut

à la ville de Daranfasia, aujourd'hui Moutiers (Savoie)

;

Germanicomagus

que portait, en l'honneur de Germanicus, neveu de Tibère, une ville de Saintonge celui de Colo-

celui de

;

nia Agrippina, aujourd'hui Cologne^ sur le Rhin, qui portait le nom d'Agrippine, fille de Germanicus et femme de Claude celui de Golonia Trajana, aujourd'hui Xanten (Prusse rhénane, régence de Dùsseldorf), qui date évidemment du règne de Trajan, ;

Forum Ha driani,

celui de

reur Hadrien, dans

Aeduorum, cours du

le

sous lequel

IV® siècle,

fondé sans doute par ordre de l'em-

pays des Bataves

Autun

fut

;

enfin celui de

momentanément

Flavia

désigné, au

en l'honneur de l'empereur Constance Chlore,

qui avait relevé cette ville de ses ruines, et dont

le gentilice était

Flavius.

Mais

il

noms Claudiomagus, Gratianopolis, qui tous quatre sont

convient d'insister sur les

Gonstantia, Helena

et

parvenus jusqu'à nous sous une forme vulgaire. 557. Le

nom

de

Claudiomagus, remontant probablement

l'empereur Claude, figure dans iv*^

siècle

par Sulpice Sévère,

dans des bulles du

xu'' siècle,

et,

la

à

Vie de saint Martin., écrite au

sous la forme

Claudiomachus,

concernant l'abbaye de Déols, pour

désigner Clion (Indre j. 558. C'est à Constance Chlore qui, de 292 à 305,

en qualité de césar,

la

Bretagne,

la

Gaule

et

gouverna

l'Espagne, avec

que Goutances (^Manchei et Constance (Grand-duché de Bade) doivent leur nom, Gonstantia, qui leur était commun avec un port situé vers l'embouchure de la Seine, Trêves pour résidence,

peut-être sur l'emplacement occupé aujourd'hui par Ilonlleur. 559. Les successeurs de Constance Chlore, voulant honorer


1

LES NOMS DE

42

la

mémoire de

donnèrent son

dHelena

mère de l'empereur Constantin, de l'Empire. Du moins Helenopolis au lieu d'Helena ou nom

sainte Hélène,

nom

Constantin donna

mère

natal de sa

LIEl'

;

à plusieurs villes

le

et c'est lui, sans doute, qui substitua le

nom

que portait une bourg^ade de la cité de Narbonne. Un vicus du pays des Atrebates, ou les Francs de Clodion furent défaits par Majorien, portait aussi au v® siècle le nom d'Helena, qui, en ce pays soumis quelque temps à à celui à'Illiberis

germanique, est devenu Hélesmes (Nord), par déplacement de l'accent tonique, tandis que l'Helena de la Première Narbonnaise est devenu rég^ulièrement Elne (Pyrénées-Orien-

l'influence

tales),

que

les Français

du Nord appelaient aux

xiii* et

xiv^ siècles

Eaune ou laune.

nom

560. Le

de Gratianopolis paraît pour

la

première

fois

en 381, sous l'empereur Gratien, en l'honneur de qui la cité de Ciilaro, peu auparavant démembrée de celle de Vienne, prit cette nouvelle appellation formée, on ne sait trop pourquoi, à la façon

grecque.

Accentué sur l'antépénultième,

devenu Grenoble 561. x''

On

siècle

est

(Isère).

rappelle

Charles

Gratianopolis

le

en passant-

le

nom

de Carlopolis qu'au

Chauve essaya de donner

à

Compiègne.


XXX

MONUMENTS MEGALITHIQUES Plusieurs des

noms de

lieu rappelant

souvenir des

le

monu-

ments mégalithiques de la Gaule peuvent remonter à l'époque romaine, ou tout au moins aux premiers siècles du moyen âge, 562. Le nom Petra ficta, dont les monuments de la période franque parvenus jusqu'à nous offrent plus d'un exemple, signifie littéralement

pierre

«

fichée

car ficta doit être là non pas

»,

mais une forme basse de

participe passé féminin de fingo,

le

celui de figo

:

selon toute apparence

allusion à la présence

fait

il

d'une de ces énormes pierres brutes de forme allongée, implantées verticalement dans

la terre

comme

des bornes, et qui, mainte-

nant, sont désignées en archéologie par les mots bretons menhir

peulvan.

et

formes

:

la

Ce nom Petra ficta revêt aujourd'hui diverses plus répandue dans nos contrées de langue d'oïl est (Allier,

Pierrefitte

Calvados,

Creuse,

Corrèze,

Loir-et-Cher,

Meuse, Oise, Seine, Deux-Sèvres, Vosges), qui a pour variante Pierrefixte (Eure-et-Loir). Les autres formes modernes Loiret,

sont Pierrefaite (Haute-Marnej,

Peyrefite

(Aude),

Pierrefiche

(Aveyron, Cantal, Corrèze, Dordogne, Lozère, Haute-Vienne)

et

Peyrefiche

et

(Hérault).

(Seine-Inférieure)

Pierreficques

Peyrefic (Lot) paraissent provenir plutôt de

Petra

fixa, altéré

en Petra fisca.

nom Petra longa, dont le sens correspond exactement du breton menhir, peut être considéré comme un synonyme

563. Le à celui

de Petra ficta, bien qu'à fois

avec l'acception de

gique des

«

la

rigueur

long rocher

il

»

puisse avoir été pris par;

il

est le

thème étymolo-

noms modernes Pierrelongue (Drôme, Rhône,

Seine-

Peyrelongue (Gers, Landes, Basses-Pyrénées). 564. Le nom Petra levata, c'est-à-dire « pierre soulevée », désignait un lieu voisin de quelque dolmen, c'est-à-dire d'un de ces monuments préhistoriques formés d'une grande pierre plate posée sur deux pierres placées verticalement, monuments funéraires recouverts primitivement par une éminence artificielle, un et-Marne)

et


.

LES NOMS

lii

\)K

LIEL"

/umulus que des cultures réitérées, les pluies et les g-elées ont peu à peu nivelé et abaissé à la surface du sol environnant.

De

les

Vendée)

et

noms de Pierre-Levée (Charente, Seine-et-Marne, de Peyrelevade (Aveyron, Cantal, Corrèze, Dordogne,

Gironde, Lot, Lot-et-Garonne). 565. Le

nom Fetra

lata s'appliquait sans doute également

au dolmen, faisant allusion à talement

;

il

se

la pierre

(Eure), Pierrelez

(Seine-et-Marne), Pierrelaye (Seine-et-Oise),

Peyrelade (Aveyron, Cantal, Garonne, Haute-Vienne). 566. Ce dernier

nom

Corrèze,

apsa

Dordogne,

Tarn-et-

ne doit pas être confondu avec celui de

Pierrelatte (Drôme), qui représente 1

principale posée horizon-

présente aujourd'hui sous les formes Pierrelée

Petra lapta, pour Petra


XXXI

ÉTABLISSEMENTS Généralement

nom

les stations balnéaires étaient

Aquae,

propre

BALNÉAIRES désignées par

le

d'Antonin ne mentionne pas moins d'une trentaine de localités ainsi nommées dans l'étendue mais pour remédier à ce que ce nom avait de trop de l'Empire vague, on y ajoutait un surnom indiquant, soit la divinité à laquelle les eaux étaient consacrées Aquae Apollinares, l'Itinéraire

et

;

Borvonis, Granni, Segestae ou Segetae, Solis, ce cas le

rable

surnom, véritablement topique,

du nom,

station

soit la

et

dans

population chez laquelle était située la

Aquae Bilbitanorum, Convenarum, Dacicae,

Neapolitanae, Tarbellicae,

comme

lieu,

presque insépa-

était

est arrivé

il

enfin

soit

fondateur du

le

pour Aix en Provence,

Aquae Sex-

tiae.

567.

On

vu par les exemples de Bourbon et de Bourhonne surnom fut assez populaire pour se maintenir à du mot Aquae mais le fait contraire s'est produit

a

que parfois l'exclusion

le

;

plus souvent, et c'est le .déterminatif qui a disparu, laissant la place à la dénomination trop vague la

chute du

nom

monde romain,

d'Aix, dérivé

France par deux

du

Aquae,

latin

Aquae,

si

toutefois, après

pas changé de nom. Le

la localité n'a

est aujourd'hui

porté en

pourvues d'eaux thermales appréciées dès l'époque romaine, Aix en Provence et kix-le's-Bains, et par une bourgade du département de l'Aube, kîX.-en-Othe, où existait villes

vraisemblablement un établissement balnéaire alimenté par les eaux que les Romains y avaient amenées de la colline voisine.

Ce

nom

a

(Landes),

pour variantes cette

dernière

méridionales appellation

Aquae Tarbellicae. Aquae On

commun

maux,

station

la

noms de

lien.

Dax

et

du nom

d'^/.r-

allemand Aachen.

désignait, à l'époque romaine, sous le

calidae, Les

(Ariège)

est aussi l'origine

la-CJiapelle (Prusse rhénane), en

568.

Ax

s'appliquant à l'antique

nom d'Aquae

sans doute à plusieurs établissements therbalnéaire qui porte

aujourd'hui

le

nom 10

de


LES NOMS DE LIEU

146

Vlcky

^Allier)

;

mais

si

en cet endroit

son équivalent Calidae

donné,

nom

le

Aquae

antique n'a rien

a produit ailleurs

le

nom- moderne Chaudesaigues (Cantal). 569. Quelques-unes des localités de

la

Gaule romaine possé-

dant des établissements balnéaires de quelque importance leur

noms

doivent évidemment les

qu'elles portent aujourd'hui.

Le

cas n'est pas douteux pour Bains (Vosges), dont les eaux ther-

males étaient déjà fréquentées au premier dont

nom

le

représente

le

latin

siècle de notre ère, et

Balneum;

ne

il

lest

pas

davantage pour Bagnères-cfe-^i'grorre (Hautes- Pyrénées) et pour Bagnères-t/e-Luc/ion (Haute-Garonne), dont le nom représente le latin balnearia, adjectif formé sur balneum, et qui, dès le temps de Cicéron, était employé substantivement d'ailleurs le surnom de la seconde de ces localités rappelle le souvenir d'une ;

divinité pyrénéenne, Ilixo, à laquelle étaient dédiées les sources

thermales de l'endroit. 570.

faut joindre à ces

Il

balneolum ou de son balneolas

:

qui dérivent du diminutif

balneolae, à l'accusatif Aube, Cher, Indre, Isère, Meurthe-et-Moselle, Seine, Deux-Sèvres,

Bagneux (Aisne,

Maine-et-Loire,

Somme,

noms ceux

pluriel hétéroclite

Allier,

Vienne), Baigneux (Côte-d'Or, Indre-et-Loire, Sarthe),

Bagneaux (Seine-et-Marne, Yonne), Baigneaux (Eure-et-Loir, (jironde, Loir-et-Cher),

Bagnot (Côte-d'Or

j

et leurs

diminutifs

Bagnol (Vaucluse, Bagnolet (Seine) et Baignolet (Eure-et-Loir) Haute-Vienne), Bagnoles (Aude, Orne), Bagnols (Gard, Hérault, Lozère,

Puy-de-Dùme, Pihône, Var), (Pyrénées-Orientales).

Banyuls

et

Bagnoles

la

variante catalane

(Orne)

(Lozère) ont des eaux minérales réputées, et à

et

Bagnols

Bagneux (Maine-

et-Loire) on a trouvé des vestiges de bains romains.

571.

au sens

Le d'

«

Orientales).

mot caldarium, employé notanmient par Vitruve étuve », est l'origine du nom de Caudiès (Pyrénées-


XXXII

AQUEDUCS Les Romains ont construit de nombreux aqueducs j)our conduire Teau, de

très loin

parfois,

dans leurs centres d'habita-

tion.

572. Parmi les

noms de

travaux, celui dont

le

«

Aquaeductus,

aqueduc

».

le

souvenir de ces

moins douteux,

le

peu près certaine

attribuer d'une manière à est

lieu rappelant

sens est

et

qu'on peut

à l'époque romaine,

qui n'est autre que la forme latine du

Ce nom

figure

mot

dans des textes carolingiens pour la Bourgogne,

désigner deux localités qui appartenaient, l'une à

Narbonnaise

l'autre à la

;

on ignore

le

nom

actuel de celle-ci

;

mais l'Aquaeductus bourguignon est aujourd'hui Ahuy (Côted'Or).

Pareille est l'origine

du nom d'Adich (Luxembourg)

sans doute de ceux d'Audun-/e-/?oman

(Meurthe-et-Moselle) et

surnoms rappellent les pays de respectives en pays de langue romane et

d'Axidun- le- Tiche situations

et

dont

(Moselle)

les

m

langue tudesque.

un aqueduc antique que le bourg d'Arciieil nom, dont la forme originelle, Arcoialum, (Seine) doit son présente le mot latin arcus « arcade », combiné avec le suffixe celtique -oialum, et constitue une allusion directe aux arcs de l'aqueduc que les Romains y construisirent pour l'alimentation de Paris et du palais des Thermes. 574. Le nom d'Arcueil, formé à l'aide d'un suffixe celtique, 573. C'est aussi à

est certainement antérieur

der d'attribuer la

formés à

l'aide

au moyen âge

même antiquité

du mot

latin

;

mais on doit se gar-

à tous les

noms topographiques

arcus ou de

ses

synonymes,

et se

rapportant également à des aqueducs antiques. Plusieurs de ce»

noms ne remontent même qu'à une période assez tardive du moyen âge mais ils n'en sont pas moins intéressants au point ;

de vue archéologique,

et

subsisteront

sans

doute longtemps

encore après qu'auront disparu les derniers vestiges des monu-

ments romains

qu'ils rappellent. Diverses portions des anciens


148

Î.ES

NOMS LE LIEU

aqueducs sont ordinairement désig-nées au moyen âge sous le nom d" arcs » ainsi les arcades qui supportent l'aqueduc de Fréjus (Var), aqueduc dont le développement est d'une trentaine ('

:

de kilomètres, se les

nomment successivement

Ares-Bering net,

lière,

les

les

Arcs de Gargalon,

Arcs-Escof/ier,

les

les

les

Arcs-Sorellier^

Arcs de

la

Arcs-Senesqiiier, etc. Sur

Bouteille terri-

toire de Fontcouverte (Charente-Inférieure), l'aqueduc de Saintes

franchissait

donner

fait

un vallon sur des arcades dont le

nom

pays et plus près de également significatif, ;

la ville, il

dans

la

très les

io\x\

Près de

l'aqueduc qui conduisait à Metz les

-aux- Arches,

le

vocable

Poitiers,

il

ne

on

aqueduc romain. eaux de la fontaine

vestiges d'un

des Bouillons, près Gorze, traversait

de

vallée cVArcoul,

ruinées.

ont

lui

dans

passait encore sur des arcs, dont

que quelques piles appelle Arcs de Parigny reste

Enfin,

les ruines

de vallée des A?'cs, encore usité

la

Moselle, vers

le village

sur une longue suite de grandes arcades

formant un magnifique pont d'un kilomètre de longueur, qu'on appelait au xv^ siècle le

surnom

les

arcs de Joy, et qui ont valu à ce village

qu'il porte aujourd'hui.


c-

XXXIII

THÉÂTRES Parmi

noms

les

de lieu intéressants au point de vue de lar-

chéologie romaine,

il

aux jeux

consacrés

faut citer ceux qui rappellent les édifices

publics,

cest-à-dire

amphithéâtres dont notre pays

offre

les

théâtres

et

les

un assez grand nombre

Les noms de cette espèce ne sont peut-être pas toujours, à proprement parler, des noms de l'époque romaine, mais ils datent vraisemblablement au moins de l'époque franque,

d'exemples.

doivent être mentionnés, à l'occasion des vocables géogra-

et

phiques dus

à la civilisation

mot

575. Le

latin

romaine.

arena, dont

le

sens primitif est

«

sable

com-

désignait la partie sablée de l'amphithéâtre, réservée aux battants,

et,

par une sorte de métonymie, l'amphithéâtre

même. Au moyen

^),

lui-

âge, dans ce dernier sens, on semble l'avoir

eniployé de préférence au pluriel, et c'est ainsi que nous disons

aujourd'hui

Arènes

« les

».

L'attention ne saurait être trop appelée sur le

nom Araine ou amphithéâtre

d' «

moyen âge; sans l'on

et

sol

;

l'utilité

Airaine, représentant le latin arena. au sens »,

surtout lorsqu'il figure dans des textes du

doute,

il

peut n'offrir que

sens de

le

peut être CiKé à cet égard en considérant

mais

le

monument

de relever

plus souvent

il

la

indiquera au chercheur

«

sable

»,

nature du

la trace

d'un

antique, ou l'aidera à déterminer la nature de vestiges

romains qui n'ont pas été sufTisamment mis au joiu\ Ainsi, pour citer

graphie parisienne, vingien Chilpéric

comme

la le

nombreux

1

870 pour

rue Monge, conservait au xiu^ siècle

prouve

la

à la topo-

roi

méro-

restaurer en 583, et dont l'emplacement pré-

révélé par les travaux exécutés en

cis a été

ment de

fit

im exemple bien connu, emprunté le cirque romain de Paris^ que le

dénomination de

clos

le

nom

le

perce-

d'Arènes,

d'Arènes donné par de

actes à un lieu voisin de l'abbaye de Saint-Victor. L'emplacement de l'amphithéâtre de Reims, situé à peu de dis tance au nord de la ville, se nomme encore le mont d' Araine, et


LES NOMS DE LIEU

loO

le sens de ce vocable, a dit parfois, paraît-il, Reine ». A Senlis enfin, on a retrouvé, vers 1866, les restes d'un amphithéâtre dans un lieu appelé Fontaine des Reines, ce qu'on serait tenté dinterpréter dans le sens de « fon-

le

!

peuple, ignorant

« le

mont de

la

taine des grenouilles », alors qu'il conviendrait d'écrire

d'Airaine

»,

conformément à

employée dans

la

dénomination fons

les chartes latines

du moyen âge

ment sur les indices fournis par ce vocable que logique de Senlis avait entrepris

la

le

:

«

fontaine

arenarum

c'est

unique-

Comité archéo-

recherche de cet amphithéâtre

jusqu'alors inconnu des archéologues.

Tout

nom

de lieu dont

forme est arena ne suppose pas

la

nécessairement un amphitéâtre

;

le

nom

d'Areines (^Loir-et-Cher)

que par « arène », on a parfois entendu un simple théâtre du moins ce village paraît devoir son nom à un théâtre romain situé à six cents mètres à l'ouest de l'église du lieu, théâtre que la Société archéologique de Vendôme a fait explorer. Le mot latin arena, soit en son sens primitif de « sable », soit en son sens secondaire d' « amphithéâtre » ou de « théâtre », est encore l'origine des noms de lieu modernes Arrènes (Creuse), Airaines (Somme), Éraine (Oise), Eraines (Calvados). Sur un prouve en

effet

:

plateau voisin de cette dernière localité, on a sig^nalé des substructions romaines fort

savoir

si

576. partie

importantes

:

il

serait

intéressant de

ce ne sont pas là les restes d'un amphithéâtre.

Un

autre

mot

du théâtre ou

latin,

île

cavea, désignant primitivement

la

l'amphithéâtre où étaient assis les spec-

tateurs, a pris ensuite l'acception de théâtre ou d'amphithéâtre.

Plus tard, à l'époque franque, il est devenu le nom propre du lieu où s'élevait antérieurement l'édifice consacré aux jeux publics. L'abbaye de Saint-Cre'pin-en-ChSiye, dans lal)anlieue de Soissons, tirait

son

nom

Sanctus Crispinus

phithéàtrc sur l'emplacement

in

Cavea

— de l'am-

ducjuel elle avait été fondée. L'ab-

baye de Chage, fondée en 1135 au faubourg- de Meaux, doit son nom, également formé sur cavea, à une circonstance analogue.


XXXIV INDUSTRIES La

noms de

DIVERSES

romaine empruntée aux mais nul doute approfondie de la toponomastique n'y qu'une connaissance plus série des

lieu d'origine

industries est encore peu étendue

diverses

;

ajoute plus tard d'importants éléments.

577.

De

ces industries, c'est la céramique qui fournit les

noms

les plus intéressants.

Le nom commun figlina, au sens d' « atelier de potier », du latin figulus, « potier », est devenu sous cette forme Figlina, ou sous la forme plurielle Figlinae, un nom propre de lieu dès l'époque romaine, témoin le nom de Figlinae donné dérivé

dans

la

Table de Peutinger,

à

un

relais de

poste situé entre

du Rhône, à 2.500 mètres environ au sud de Saint-Rambert-d'Albon (Drôme), Les ateliers Vienne

et

Valence, sur

la rive

g-auche

de potier ayant été, semble-t-il,

dans

les autres parties

nombreux en Gaule, comme

de l'Empire romain, on ne s'étonnera pas

et Figlinae nombre de noms de

le thème étymologique d'un dans notre pays.

que Fig-lina

soient

certain

lieu

Félines (Ardèche, A-ude, Drôme, Hérault, Loire, Haute-Loire, Lot,

Puy-de-Dôme, Tarn, Tarn-et-Garonne),

Flines (Nord)

la Féline (Allier),

paraissent représenter, malgré Vs final de la plu-

part de ces noms, lequel n'est pas toujours étymologique, le singulier Figlina.

Filaine

On en peut

dire autant de Fieulaine (Aisne), de

(Cher, Loir-et-Cher) et de Fulaine

(Marne, Oise). La

diphtongue eu de Fieulaine paraît résulter d'une vocalisation du g de Figlina, vocalisation dont fournissent d'autres' exemples le

nom

smaragdus, et l'appellation Baudu moyen âge désignait Bagdad. Dans Flins (Seine-et-Oise) et dans Filain (^Aisne, Hautede Vémeraude, en

das par laquelle

le

latin

français

Saône) l'absence de terminaison muette autorise primitif

578.

nom

Figlinae. Il

y

à

supposer

le

'

a peut-être intérêt à

mentionner

ici,

en passant,

de Montpothier (Aube), écrit Mont-le-Potier du

le

\ni"' siècle


LES NOMS DE LIEU

132

répond au

xviir, ce qui

au du

xii^

Mons Potarius

on retrouve en ce

:

ou Mons Fig-uli un grand nombre de poteries

lieu

antiques.

579. L'Itinéraire d Antonin mentionne deux relais du

nom

de

Cal caria situés, l'un dans l'île de Bretagne, l'autre en Provence, non loin de Marseille. Ce nom, désignant un four à chaux, mais sa n'a aucun équivalent dans la nomenclature moderne variante Fur nus calcarius est le thème étymologique du nom ;

de Forcalquier (Basses-Alpes) et de son diminutif Forcalqueiret (Var).

580. Les vocables Caufoiir, Chaufour, qui sont de véritables

synonymes de Forcalquier^ formés

qu'ils sont

n'appartiennent pas à l'époque romaine, ni l'époque franque

La recherche

:

il

n'y

donc pas

et l'exploitation des

géographiques,

vocables

a

surcal cis furnus,

même,

lieu de les

métaux

semble-t-il, à

examiner

ici,

a fourni quelques

dont plusieurs remontent à l'époque

romaine. 581.

Argentaria, désignant une mine

senté par Argentières

d'argent,

est repré-

(Seine-et-Marne), l'Argentière (Hautes-

Alpes), Largentière (Ardèche), Argenteyres (Gironde), qui sont,

on

le rappelle, les

nom

équivalents du

d'origine celtique

Argen-

teuil.

mot latin ferraria, désignant un gisement de fer, dont Va des noms de lieu Perrière. Ferrières

582. Le l'origine

parasite

de ces noms, dont

et la Ferrière; à côté

grand nombre

on

il

existe

est

est

un

ceux de Ferrère (Ilautes-Pyrénées), de Fraire (Belgique, province de Namur), de Herrère (Basses-Pyrénées) et de la Herrère (Haute-Garonne), ces si

d'exemplaires,

deux derniers caractérisés par latin en h aspiré. 583.

la

citera

transformation gasconne de

\

f

D'antiques exploitations de minerai de fer sont révélées

parfois à l'archéologue par des dépôts de mâchefer, que désignent le

plus souvent des

tère) signifie

584.

A

la

noms

en breton

significatifs

:

le

nom

de /Vo-sco^ (Finis-

du forgeron ». rapporte également

« le tertre

métallurgie se

fabrica, dérivé de faber,

«

forgeron

»>,

et qui a

le mol donné en

latin

fran-

forge ». C'est de ce mot que viennent les noms de lieu Fargues ((iironde, Landes, Lot, Lol-et-Garonnej, Farges (Ain, çais

('


ORIGLNES KOMAI.NLS

I.NDLSTRILS DIVERSES

'.

1

o'i

Cher, Saône-et-Loirei, Forgues (Haute-Garonne), Forges (Cha-

Maine-et-Loire, Meuse, Orne,

Ille-et- Vilaine,

rente-Inférieure,

Seine-et-Marne,

Seine -et- Oise,

Horgues

Seine-Inférieure),

(Hautes-Pyrénées). 585. la

Il

que l'accent tonique de fabrica, dont sur la première syllabe, s'est reporté sur la

est arrivé parfois

place régulière est

de là les noms suivants Fabrèges (Lozère), Fabrègues (Aveyron, Cantal, Hérault, Var), la Fabrègue (Tarn), Faverge Faverges (Isère, Jura, Haute(Savoie), la Faverge (Loire

seconde

:

:

i,

Savoie).

586. Ces différents

homonymes

appliqués

semblablement à

la

noms à

de

communes

de simples écarts

période romaine.

Il

on a négligé leurs remontent vrai-

en est peut-être de

même

d'un certain nond^re de villages appelés Fours, et qui peuvent

nom

chaux mais le dans la langue persisté furnus, ayant mot four, localités ne soient moderne, il est possible que plusieurs de ces pas d'une origine aussi ancienne on n'en dira donc rien de plus devoir ce

du

à d'anciens fours à poterie ou à latin

:

ici.

;


XXXV -ARIA Le

combiné, non seulement avec des

suffixe latin -aria a été

noms de métaux, mais encore avec des noms de plantes pour former des noms de lieu ceux-ci se présentent pour la plupart :

dans

les textes

de

la

période franque

sans doute de plus anciens exemples

;

si

mais on en rencontrerait topographiques

les textes

de la période romaine étaient plus abondants. 587. Cannabaria, formé sur cannabis, « chanvre », est la forme primitive des noms de Chenevières (Meurthe-et-Moselle), Chennevières (Meuse, Seine-et-Oise), et de Canabières (Aveyron). 588.

Fabaria, dérivé de faba,

«

fève

»,

a produit Favières

(Eure-et-Loir, Meurthe-et-Moselle, Seine-et-Marne,

Favière (Jura),

et,

moyennant

Indre. Loir-et-Cher, Haute-Marne. Orne,

Somme).

Frumentaria, de frumentum,

589.

«

blé

»,

étymologique de Fromentières (Marne, Mayenne). 590. De Humularia, formé sur le bas-latin

houblon

on a

la.

Faverolles (Aisne, Cantal, Côte-d'Or, Eure, Eure-et-Loir,

tive.

«

Somme),

l'addition d'une désinence diminu-

la

provient

»,

le

dérivé de linum',

aux noms de Linières Charente, joindre

le

et

do

« lin

»,

humulus,

(Aisne), pour lequel

Loir-et-Cher,

Lignères

a

donné naissance

de Lignières (Aube,

^Laine-et-Loire),

Indre-et-Loire,

Somme)

thème

Humolariae.

forme carolingienne

591. Linaria.

Sarthe,

nom dHomblières

est le

Mayenne,

(Somme), auxquels

Meuse, il

faut

diminutif Lignerolles (Allier, Côte-d'Or, Eure, Indre,

Orne).

A

noms

côté des

qui viennent d'être énumérés, et qui désignent

des localités où Ton cultiva

blon et

le lin,

la

le

toponymie

chanvre,

les fèves, le blé, le

latine présente des

formation, ayant pour racine des

noms de

hou-

noms de même

plantes croissant sans

culture.

Pt'rv ncaria, désignant un

592. t;st la

i

lieu

croit la piM'vonche,

forme prinùlive des noms niodernes Pervenchères

llle-et-


ORIGINES ROMAINES Vilaine, Orne),

:

-ARtA

155

Pervinquières (Tarn-et-Garonne), Prévenchère

(Ardèche, Cher), Prévenchères (Creuse, Lozère), Prévinquières

(Doubs, Puy-de-Dôme, Haute-Saône), Provenchère (Eure-et-Loir, Loiret, Savoie), Provenchères (Haute-lVIarne, Vosges), les Provenchères (Savoie), la Provenquière et Provenquières (Tarn). 593. Sinaparia, c'est-à-dire « lieu où croît le sénevé >>, se rencontre au Vi® siècle dans Grégoire de Tours, sous la forme Senaparia, pour désigner le monastère de Sennevières (Indre-etLoire). Sennevières (Oise, Yonne) et Cenevières (Lot) ont la (Aveyron), Provenchère

la

même

origine.

le nom du genéA^rier, junipedonné (Haute-Marne), rus, a Genevrières la Genévrière (Cor-

594. Juniperaria, formé sur

rèze), les

Genevrières (Gôte-d'Or).

Au moyen

595.

noms de

âge on a formé selon

lieu sur des

noms de

le

même

pas d'origine latine, et c'est ainsi qu'à côté des la Jonchère,

Jonquière.

la

Bussière, Bus-

la Boissière.

représentant un bas-latin Buxaria,

sières, Buxière, Buxières,

on trouve des noms

noms Jonchères,

Jonquières, représentant un bas-latin

Juncaria, des noms Boissières,

indiquant

procédé des

plantes dont quelques-uns n'étaient

que Leschères, en bas-latin Liscaria,

tels

présence de cette plante de

la famille

des cypéracées

que Rozières. en bas-latin Rosaria, dérivé de la forme primitive du nom de la plante qu'aujourd'hui nous appelons diminutivement le roseau. Liscaria est l'origine qu'on appelle la laiche,

et

de Leschères (Jura, Haute-Marne, Savoie) nutif Lescherolles

A

qui a pour dimiet

de

l'Échelle

:

substitution de liquide a prétation.

-

on voit que dans ce dernier nom, une eu pour conséquence une fausse inter-

(Marne, Seine-et-Marne)

la

Seine-et-Marne)

Cher,

signaler les variantes bourguignonnes et lorraines

Lochère (Côte-dOrj,

les

Lochères iSaône-et- Loire), Lochéres

(Meuse). 596. Le suffixe -aria a été combiné, non seulement vient de le voir, avec des

des

noms d'animaux

:

les

tion ont trait à l'élevage

597.

noms de végétaux, mais encore avec noms de lieu de cette dernière forma-

du

Armentaria. formé

urmentum,

est Torigine

comme on

bétail.

sur

le

nom

du nom de

générique du gros

lieu

bétail,

Armentières (Aisne,


LES NOMS DK LIEU

456 Ariège,

Aube,

Eure,

Indre-et-Loire,

Nord, Oise,

Seine-et-

Marne).

où l'on élève des ânes » est représenté par Asnlères (Ain, Calvados, Charente, CharenteCôte-dOr, Eure, Sarthe, Seine, Seine-et-Oise, Inférieure, Vienne, Yonne"), Anières (Deux-Sèvres), Agnières (Hautes598. Asiuaria, c'est-à-dire

« lieu

Alpes, Pas-de-Calais, Somme), Anères (Hautes-Pyrénées). 599. Berbicaria,

formé

sur le latin

berbex,

«

brebis »,

employée par Pétrone, du classique vervex, a fourni les noms de lieu modernes Berbiguières (Dordogne), Brebières Pas-de-Calais^, Berchères (Eure-et-Loir), Bergères (Aube, Marne), la Bregère (Haute- Vienne), la Bregière (Allier). 600. Bo varia est l'origine du nom de Bovière (Mayenne). 601. Capraria, qui indique un lieu où Ion élève des chèvres, et qui est d'ailleurs un nom géographique connu de l'antiquité latine, a donné en France Cabrières (Gard. Hérault. Vaucluse) variante,

et Chevrières d'où le diminutif CabreroUes (Héraultj (Ardennes, Isère, Loire. Oise;. Les noms de Cabriès (Bouches-

Chevrier (Haute-Savoie) tirent leur origine dune forme masculine ou neutre de Capraria. 602. Porcaria, « porcherie », a produit Porchères Gironde),

du-Rhône)

et

de

Fourcheras (Ardèche),

et,

par l'adjonction

dune terminaison

diminutive. Porquerolles (Var).

Vaccaria. « vacherie ». a fourni les noms de lieu modernes Vachères (Basses- Alpes, Drôme), la Vachère (Puyde-Dôme), Vacquières 'Bouches-du-Rhône, Hérault), desquels 603.

il

faut rapprocher le diminutif Vaqueirolle (Gard) et

Vacquiers

évidemment pour origine un neutre Vaccarium, synonyme de Vaccaria. (Haute-Garonne), qui

a

604. C'est aussi, selon toute apparence, à l'époque romaine qu'il faut

rapporter l'origine du

nom

de lieu Apiaria, mentionné

dans plusieurs textes de la période franque, et qui désignait à l'origine un lieu où l'on élevait des abeilles, apes. Ce nom a produit le nom Achères (Cher, Eure-et-Loir, Loiret, Seine-etMarne, Soine-et-Oise), et sa variante fautive Aschères (Loiret). 605. Le curieux capitulaire

antérieurement

syiionvmes

di;

;i

De

Villis. édicté

l'an HOO. n'-vèlo l'emploi

plMsic'urs des

mois

(pii

au

par Charlemagne, viiT' siècle,

comme

vicuiiciit d'élu- pMsst's

en


ROMAINES

OliKilNES

'.

lo7

-AHtA

revue, de termes qui s'en distinguent par la désinence -aritia,

employée au lieu de -aria. On lit à l'article XXIll de cette In unaquaque villa nostra habeant judices ordonnance vaccaritias, porcaritias, berbicaritias, capraritias, hircaritias, quantum plus potuerint. Chacun de ces mots, à l'exception peut-être du dernier, qui semble n'être qu'un synonyme de capraritia, a fourni des noms de lieu qui remontent vraisemblablement pour la plupart à Tépoque franque. 606. Vaccaritia est le thème étymologique des noms Vacheresse (Charente, Doubs, Loire, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, :

Vacheresse (Seine-et-Oise, Vosges), Vacheresses (Eure-et-Loir), Vacqueresse (Somme) et Haute-Savoie

Haute-Saône,

i,

la

Lavaqueresse (Aisne). 607. Porcaritia est la forme primitive des noms de lieu Loiret), (Charente- Inférieure, Pourcharesse Porcheresse (Ardèche), Pourcharesses (Lozère), Pourcheresse (Puy-de-

Dôme). 608. Berbicaritia a produit tout au moins

le

nom

la

Berge-

dans un acte de 1423, désigne une localité de la Brie. 609. Capraritia est vraisemblablement l'origine du nom de Chevresse (Cher), dans lequel on verrait l'effet d'une contraction. resse qui,

Gabrerets (Lot)

paraît représenter

un synonyme masculin ou

neutre de Capraritia. 610. Bovaritia, dont

le

capitulaire

poser l'existence, est sans doute

le

De

Vlllls

permet de sup-

thènie étymologique du

nom

de Bouresse (Vienne).

mot hircaritia, désignant une étable à boucs, n'a rien donné, cela tient a ce que ce mot n'est qu'une traduction d'une expression vulgaire qui subsiste évidemment dans le nom de lieu Boucheresse (Creuse), formé sur le nom roman du bouc, et non pas sur son nom latin. Le sens que permettent de donner 611. Si

aunom

le

Boucheresse

noms de

Bouchère (Charente, Hautes-PyréBouchère (Nord) et Bouchères (Lot-et-Garonne) par la

à traduire les

nées), la

les constatations qui précèdent, autorise aussi

périphrase

«

lieu

étable à boucs

».


XXXVI

ARBRES grand nombre de noms de

Un qui,

lieu représentent des collectifs

formés sur des noms d'arbres

latins

à

Taide du sufïixe -etum,

-idum

l'époque caroling-ienne, a été altéré en

à

;

-et a,

forme féminine de -etum, a été aussi employé à la même fin. Pour énumérer ces noms de lieu on suivra l'ordre alphabétique des formes originelles. 612.

Alnetum,

de alnus,

etc.j,

Aulnois (Aisne, Meuse,

etc.),

Aunay

vados,

» Aulnay lAube, Eure, Aulnoy (Haute-Marne, Nord, :

(Eure-et-Loir, Nièvre, etc.),

etc.),

Launoy

Launay (Aisne, Cal-

Ardennes)

(Aisne,

Lannoy (Nord,

champenoise,

variante

aune

«

etc.),

,

Launat

(Marne),

Pas-de-Calais),

Oise,

variante picarde. 613.

Betuletum, de betula, « bouleau » Belloy (Oise, Somme), le Belloy (Seine-et-Oise), Bellay (Marne, dune manière générale, la préle Bellay (Seine-et-Oise) :

Seine-et-Oise, Oise),

;

sence de l'article peut être l'indice 614.

dune

origine moins ancienne.

Betulletum, doublet du précédent, qu'autorisent

à sup-

poser les vocables Bouloy (Côte-d'Or, Seine-et-Marne), le Boulois

(Doubs;, (Eure,

Boulay (Loiret, Mayenne, Seine-et-Oise),

Eure-et-Loir,

Indre-et-Loire,

Vosges).

La

Boulay

le

Boulaye

fSaône-et-Loire) viendrait de Betulleta.

Buxetum,

de buxus,

buis » Bucy (Aisne, Loiret), Bussy (Ardennes, Calvados, etc.), Buxy (Saône-et-Loire), Bouquelques-uns de ces nombreux noms peuvent à chy (Marne), la vérité représenter un primitif Buciacus ou Bucciacus, formé sur un gentilice Bucius ou Buccins Boissy (Eure, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, MaineEure-et-Loir, etc.), Boissay

615.

i<

:

^

et-Loire, Seine-Infériourc

Loire,

Haute-Loire),

.

Boisset (Cantal, Eure, Gard, Hérault,

Boissets

(Seine-et-Oise), Busset (Allier).

Le changement, ([u on observe en plusieurs en est l'effet du son sifflant (jui précède le moi ciro, venant du latin cera. i

cas, :

il

de IV de

-etum

en est ainsi dans


.

ORIGINES ROMAINES

ARBRES

:

159

616. Carpinetum, de carpinus, « charme » Carnoy (Somme), Chamois (Ardennes), Gharnoy (Marne, Nièvre), le Charnoy (Seine-et-Marne), Charmoy (Aube, Haute-Marne, Saôneet-Loire, Yonne, etc.). 617. Casnetum, qu'on rencontre dans des textes de l'époque franque, et qui est formé sur le nom du chêne dans une langue antéromaine de Gaule Chanoy (Loiret, Haute-Marne, Haute:

:

Chanoy (Seine-et-Marne), Chesnois et le (Ardennes), le Chesnoy (Nièvre), le Chesnay (SeineChesnois et-Oise), le Chenoy (Loiret, Meurthe-et-Moselle, Seine-et-Marne, Yonne), Chenay et le Chenay (Calvados, Eure, etc.), Quesnay et le Quesnay (Calvados, Eure, etc.), Quesnoy ou le Quesnoy Saône, Vosges),

(Manche, Nord, 618.

le

etc.).

Castanetum, de castanea,

(Haute-Garonne,

Hérault,

Tarn,

châtaignier

«

»

:

Castenet

Tarn-et-Garonne),

Catenoy Catenay (Seine-Inférieure), Châtenois (Jura, Haut-Rhin, Haute-Saône, Vosges), Châtenoy (Loiret, Saône-et-Loire, Seineet-Marne), Châtenay ou le Châtenay (Ain, Drôme, etc.), Châtenet ou le Châtenet (Charente, Corrèze, Haute- Vienne). (Oise),

619.

Cerasetum, en

cerasus, et-Oise),

bas-latin

Cersetum ou Cersitum, de

cerisier Cerçay (Côte-d'Or, Loir-et-Cher, SeineCersay (Deux-Sèvres). <(

»>

:

Coryletum,

à l'époque franque Colritum ou Cohicorylus, « coudrier » Coiroy (V'osges), Corry (Loiret, Marne), Cauroy (Ardennes, Marne), Cauroir (Nord). 621. Eagetum, de fagus, u hêtre » Faget ou le Faget (Dordogne, Gers, Haute-Garonne, Lot, Lot-et-Garonne, Basses-

620.

dum,

de

:

:

Pyrénées,

Puy-de-Dôme, 622.

Haget

Savoie),

Basses-Pyrénées,

Fayet

Lot-et-Garonne, (Aisne,

Aveyron,

etc.).

Fraxinetum, de fraxinus,

Freycenet

Landes,

(Gers,

Hautes-Pyrénées),

«

frêne

»

:

Frayssinet (Lot),

(Haute-Loire),

Freychenet (Ariège), Freyssenet (Ardèche), et en pays de langue d'oïl, les noms si fréquents de Fresnoy, Fresnois, Fresnay, Fresnai, Fresnais, Frenoy, Freney et

Frenay. 628.

Nucetum,

de

nux

noyer

Noisy (Seine, Seine-etMarne, Seine-et-Oise), qui a pour diminutifs Noisiel et Noiseau ((

»

:

(Seine-et-Marne) 624.

Pinetum, de pinus,

(Nièvre).

«

pin

»

:

Pinay (Loire). Pinet


.

.

NOMS DE LIEU

LES

HiO

Prunetum,

625.

prunus,

prunier

«

Loir-et-Cher,

Loir,

Ardèche,

Pournoy

Marne,

(Moselle).

Rouvray,

Prunet

Seine-et-Oise),

(Allier,

Pyrénées-Orientales),

Lozère.

Roboretum, derobur,

626.

de

Prunoy (Yonne), Prunay (Aube, Eure-et-

:

Haute-Loire,

Cantal,

Prunidum,

l'époque mérovingienne

à

»

« rouvre » Rouvroy. Rouvrois, en pays de langue d'oc, Rouret Gard), le Rouret

et,

:

(Alpes-Maritimes)

Salicetum, de

627.

salix,

saule

«

»

:

Saulcy

(xAube,

Vosges), le Saulcy (Vosges), Sauchy (Pas-de-Calais), le Saussoy (Seine-et-Marne, Yonne), Saussay et le Saussay (FAire, Eure-et-

Saulchoy (Oise, Pas-de-Calais, Somme), Saulcet Aveyron), Saulzais (Cher), Saulzet (Allier, Puy-de-Dôme). pour Sambucetum, de sambucus, 628. Sabucetum, sureau », est probablement l'origine de quelqu'un des vocables Loir,

etc.),

Sauzet

(Allier),

((

Sucy fSeine-et-Marne,

Suzy (Aisne), Souchez

Seine-et-Oisej,

(Pas-de-Calais).

629.

Spinetum, de spina,

«

épine

»

Epinoy (Nord, Oise,

:

Pas-de-Calais), l'Épinoy (Loiret, Pas-de-Calais), Lespinoy (Pas-

Epinay ou TEpinay, vocable très répandu, mais qui cependant, en ce qui concerne Epinay -sur-Seine (Seine), et Épinay-sar-Orffe (Seine-et-Oise), représente une forme assourde-Calais)

enfin

;

du synonyme gallo-romain de spinetum,

die à'Epineil, qui vient s

pinoia1um 630.

Tilietum, de

tilia, « tilleul»

:

Tilloy, Thillois, Tillay,

Theillay, Teillay, Teillet et Teilhet, vocables très fréquents.

631. «

Tremuietum, du

(^alaisj,

Tremblois, 632.

Ormoy et-Oise, (Jise,

populus tremula,

de

qualificatif

Tranloy (Oise), le Transloy (Nord, Pas-deTranlay (Somme), et les noms de lieu si communs,

tremble

»

le

:

le

Tremblois, Tremblay,

L'imelum, de ulmus,

»

le

Tremblay.

orme

»

:

Ulmoy (Marne),

(Eure-et-Loir, Haute-Marne, Oise, Haute-Saône, Seine-

Yonne),

Osmoy

(Cher,

Eure,

Ommoi (Orne). Vernetum, du nom gaulois de

Eure-et-Loir, Seine-et-

Seine-Inférieurcy,

633.

l'aune,

<|ui

a i)ersislé

:

Yoime), Vernois (Côte-d'Or, Doubs, Haute-Saône), le Doubs, Jura), le Vemet (Hasses-Alpes, (Côte-d'Or, Vernois Ariège, Haute-Garonne, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Pyrénées-

Vernoy

Orientales).


.

ORIGINES ROMAINES

:

ARIîRES

161

La longue énumération qui précède ne comprend qu'une partie des noms de lieu de France, pouvant remonter à l'époque romaine, qui sont empruntés au rè^ne végétal. D'autres consistent dans les noms mêmes des arbres, employés sans aucun suffixe

634.

une

:

Alnus

localité

identifier

635. d'Or,

;

dé.signe

mot

ce

dans un diplôme de Charles

le

Chauve

de Nogent-sur-Seine qu'on ne peut plus

voisine

est l'origine

du nom de Laulne (Manche).

Carpinus Charmes (Aisne, Allier, Ardèche, CôteDrùme, Haute-Marne, Haute-Saône, Vosges), la Charme :

Charme

(Jura), le

Casnus

(Loiret).

Chanes (Saône-et-Loire), le Chêne (Aube), le Chesne (Ardennes, Eure), le Quesne (Somme), Casse (Lot-etGaronne) cette dernière forme, plus rare, est l'origine des noms 636.

:

;

de famille Ducasse 637.

Corylus

:

et Delcassé.

la

Caure (Marne'i, Caulre,

la

Caulre (Meurthe-

et-Moselle), et peut-être Corre (Haute-Saône).

638.

Fagus

Oise, Sarthe,

Fay (Aube, Drôme, Loire-Inférieure, Loiret, Somme); Fai (Orne), le Fay (Saône-et-Loire), Faux :

(Ardennes, Aube, Creuse, Dordogne, Marne), Faulx (Meurthe-

Faux Fraxinus

et-Moselle), le

639.

:

(Pas-de-Calais).

Fraysse

(Dordogne),

Fraisse

(Hérault,

Loire), Fraisnes (Meurthe-et-Moselle),

Fresne Côte-d'Or, Eure, Seine-Inférieure;, le Fresne (Calvados, Eure, Manche, Marne), Fresnes (Aisne, Loir-et-Cher, Marne, Haute-Marne, Meuse, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Seine, Seine-et-Marne, Somme), Frênes lOrne), Frasne (Doubs, Jura, Haute-Saône). 640.

Pinus

:

Pin (Haute-Saône),

le

Pin

(Allier,

Calvados,

Charente-Inférieure, Gard, Haute-Garonne, Indre, Isère, Jura,

Seine-et-Marne,

Loire -Inférieure,

Deùx-Sèvres,

Tarn-et-

Garonnej. 641. Robur Reuves (Marne), Rouvre (Deux-Sèvres), Rouvres (Aube, Calvados, Côte-d"Or, Eurp-et-Loir, Indre, Loiret, Haute-Marne, Meuse, Oise, Seine-et-Marne, Vosges), Roure :

(Alpes-Maritimes) 642. Salix

Saulx (Côte-d'Or, Meuse, Haute-Saône, Seine-etOise) parfois employé, comme nom d'écart, Saulx est précédé de l'article la, conservant le genre (ju'avait salix en latin; il résulte de là que le nom de lieu dit Fonlaine de la Saulx, tra:

;

Les

noms de

lieu.

Il


LES NOMS

162 duisant

t'ons salie is, est souvent

le latin

l'Assault

Spina

644.

Tilia

:

Fontaine de

l'Épine (Hautes- Alpes, Marne, Pas-de-Calais). Thil (Ain,

:

Marne, Meurthe-et-Moselle, I

écrit «

».

643.

le Thil

DE LIEU

Eure.

Aube, Gôte-dOr, Haute-Garonne, Saône-et-Loire,

Seine-Inférieure),

Seine-Inférieure),

Charente, Yonne),

Theil

Theil (Allier, Calvados, Eure, lUe-et- Vilaine,

le

Manche, Orne),

le

Teil Ardèche).

645.

Ulmus

Olmes (Aveyron),

:

Ormes

(Vendée),

i^Aube,

Moselle, Saône-et-Loire),

Oms

l'Homme

(Pyrénées-Orientales),

à rapprocher

Eure,

Omps

les

Olmes (Rhône), Oulmes Meurthe-et-

Loiret,

Vlarne,

(Sarthe),

THoume (Charente), Homps (Aude), sont

(Cantal),

du nom de famille Delzons, forme auvergnate de

Désarmes. 646. La plupart des arbres étaient désig-nés dans la langue

du moyen âge sous deux formes différentes, lune houle, charme, chêne, corre, fay, fresne, pin,

vulgaire

simple,

comme

rouvre,

thil,

diminutive pinel,

orme,

l'autre dérivée

d'une terminaison

à l'aide

— bouleau, charmel, chesneau, caurel, fayel, fresnel, ormel — qui n'impliquait

rouvrel,

d'ailleurs

tilleul,

aucune idée de petitesse ou de jeunesse, mais dans laquelle il ne faut voir qu'une manifestation de la tendance à allonger les mots monosyllabi(jues. Toutes ces formes dérivées ont donné naissance à des noms de lieu qu'on s'abstiendra d'énumérer ici, car il est peu probable qu ils soient antérieurs au moyen âge. 647.

Il

est plus légitime

de classer parmi

d'origine romaine ceux qui présentent

noms de

les

lieu

un nom d'arbre combiné

avec un adjectif, soit numéral, soit qualificatif

:

certains perpé-

tuent le souvenir d'un ou de plusieurs arbres remarqués par nos lointains ancêtres qui les avaient parfois divinisés, témoin le

du dieu Sex arbores, que mentionne une relais de poste voisin de

Bo/as portait

le

Le nom de Se/)tauhres, qui désignait une

nom

de Très Arbores.

localité

du Limousin,

pour équivalent les Sept-Arbres 'Tarn-ct-Caronne). rapprochera Cinq-Albres Lol-et-Caroiuie (

\ oici

(juchiuos

terme un nom

vocables

d'iiibro.

nom Un

inscription votive.

et

on

a

m

.

géograpliicjucs

ayant

pour second


ORIGINES ROMAINES

:

ARBRES

163

648. Beauchêne (Loir-et-Cher, Orne), de Bellus Gasnus; le Torquesne (Calvados), de Tortus casnus Tortequenne (Pasde-Calais), équivalent du précédent, mais particulièrement inté;

ressant parce qu'on

plupart des

noms

y voit

casnus

au féminin

pris

d'arbres, dont le latin

comme

la

quercus.

Grossus CastaGrossa Castanea.

649. Gros-Chastang 'Corrèze), du bas-latin

neus

:

classique eût réclamé

le latin

650. Beaufai (Orne), Beaufay (Sarthe), Beaufou (Vendée), de Bellus Fag-us; Torfou (Maine-et-Loire, Seine-et-Oise), de Tortus Fagus; Trefols (Marne), de Très Fagi. 651. Grosrouvres (Meurthe-et-Moselle), de Grossum Robur Tourouvre (Orne), de Tortum Robur Silvarouvre (Haute;

;

Sopinum Robur

Marne), jadis Soiwainrouvre, appelé en 877

pour «

le

nom

Supinum Robur. Dans rouvre desséché

»,

Sècherouvre (Orne), cest-à-dire on voit le genre féminin attribué à un

d'arbre, qui, par exception, est neutre en latin.

652.

(Marne),

Septsaulx

de

Septem

Salices; Séchault

(Ardennes), de Siccus Salix. 653. Le Gros-Theil (Eure), c'est-à-dire 654.

Lancôme

même

655. C'est de la

ment dans perrier

la

«

le

(Loir-et-Cher), de Long- us

gros

tilleul ».

Ulmus.

manière qu'a été formé, vraisemblable-

première moitié du

(Seine-et-Marne), sur

moyen

Longus

âge, le

nom

Pirarius,

<(

de Longle

grand

poirier ».

Il

faut encore

sans doute

reporter à l'époque romaine les

noms de lieu qui représentent des adjectifs latins formés sur des noms d'arbres et qui, suivant toute apparence, ont été d'abord employés substantivement dans le langage populaire à titre de collectifs pour lesquels la forme féminine a généralement prévalu.

Une des

catégories de ces collectifs présentait

la

terminaison

-ea.

656.

Buxea

Boisse (Dordogne), la Boisse (Ain), Boësse Boesses (Loiret), Bouesse (Indre), la Bouesse

:

(Deux-Sèvres),

(Allier, Vienne).

Fage (Aude, Corrèze, Lozère), Fage (Allier), Fages (Aude, Cantal, Dordogne, Lot, Pyrénées-Orientales), Faye Maine-et-Loire, DouxLoir-et-Cher, (Indre-et-Loire, Jura, 657.

F âge a

Sèvres), la

:

Faye

la

(Allier,

Hautes-Alpes,

etc.).


LES NOMS DE LIEU

164 658.

Fraxinea

Fraissigne (Creuse),

:

Frayssinhes

(Lot),

Fraissines (Tarn), Fressigne (Creuse), Fressines (Deux-Sèvres). 659. Salie ea ou plutôt

Diminutif 660.

la Saulsotte

:

Tremulea

Salcea

:

Saulce (Drôme), la Saulce

(Ardennes),

(Hautes- Alpes), Saulces

Sausses (Basses- Alpes).

(Aube).

Trémouille (Cantal, Puy-de-Dôme), la Tré-

:

mouille (Dordogne, Haute-Vienne), TrémouiUes (Aveyron), la Trimouille (Vienne).

-ea a été combinée aussi avec des noms d'arbres appartenant à des langues parlées en Gaule antérieurement à la conquête romaine.

La désinence

661.

latine

Cassanea, formé sur un nom antéromain du chêne, qui

conservé dans les provinces du centre sous les formes cassan

s'est

ou chassan Cassaigne (Gers), la Cassaigne et Cassaignes (Aude), Cassagne (Haute-Garonne), Gassagnes (Aveyron, Lot, Pyrénées-Orientales), et le diminutif Gassagnoles (Gard, Hérault) Chassagne (Côte-d'Or, Doubs, Haute-Loire, Puy-de-Dôme), Chassagnes Ardèche), la Chassagne (Jura, Rhône), Chas:

;

saignes (Dordogne), Chasseigne (Cher, Nièvre, Vienne). 662.

Vernea, formé

(Charente-Inférieure,

Sur tatifs

les

noms

sur le

nom

gaulois de l'aune

:

la

Vergne

etc.).

d'arbres également ont été formés des fréquen-

noms de lieu. BetuUosa Bouleuse (Marne), la Boulouze (Manche). Cas sa ni osa Cassaniouze (Cantal).

en -osus, -osa, qui sont devenus

663.

664.

:

:

665. Fraxinosa Freneuse (Kure, Seine-et-Oise, Seine-InféFraxinosus Frayssinous (Aveyron, Tarn). ricun;). Sausseuze666. Saliceosus Sausseux (Eure-et-Loir). mare (Seine-Inférieure) représente un bas-la tinSaliceosa Mara. Spino667. Spinosa Épineuse (Oise), Épinouze (Drôme). :

:

:

:

Épineux (Mayenne). 668. Tiliosa Thilouze (Indre-et-Loire).

sus

:

:

— Tiliosus

:

Thil-

loux 'Indre), TeiUoux (Creuse), les Teilloux (Puy-de-Dôme).

Vernosa Vernouze (.Viu;,Lavernose (Haute-Garonne). Ver n osus Vernoux (Ain).

669.

:

:


XXXVII

AUTRES USAGRS DES SUFFIXES -ETUM ET -OSUS Les suffixes -etum, -osus lement,

comme on

encore avec des

-osa ont été combinés non seu-

et

noms

vient de le voir, avec des

noms de

plantes, et

même

d'arbres, mais

avec des mots étran-

gers à la nomenclature végétale.

670.

Sinapetum,

synonyme de Sinaparia

véritable

:

Sen-

nevoy (Yonne). 671.

Ginestetum

Ginestet (Dordogne), et ses équivalents

:

plus modernes Genetay, le Genetay.

Juniperetum

Genevrey (Haute-Saône), qui a pour équivalent féminin la Genevroye (Haute-Marne), 673. Fon tan etum, formé sur l'adjectif fontana, auprès duquel on sous-entendait aqua, et qui a été ensuite, et dès 672.

l'époque romaine,

:

substantivement

Fontenoy (Aisne, Yonne), Fontenay (Aube, CalvaFontanet (Lot, Lot-et-Garonne, Puy-de-Dôme). pris

:

Meurthe-et-Moselle, Vosges, dos, etc.),

674. la

Ginestosa:Ia Genetouze

Geneytouze

(Haute-Vienne).

(Charente-Inférieure, Vendée),

Ginestosus

:

Ginestous

(Hérault, Tarn, Tarn-et-Garonne), GinestOUX (Aveyron).

675.

Lut osa,

c'est-à-dire

«

la

boueuse

Marne), Louzes (Sarthe), Leuze (Aisne

et,

»

:

Louze (Haute-

enBelgique, Hainautet

province de Namur). 676.

B rai os a, synonyme de Lutosa, formé sur un mot antés'est conservé dans le français du moyen âge sous la

romain qui forme hi^ai

:

Briouze (Orne).

677. Argillosa,

(Landes).

désignant un

— Argillosus

678. Petrosa,

:

lieu

argileux

:

Argelouse

Argelos (Landes, Basses-Pyrénées). « lieu pierreux, rocheux »

c'est-à-dire

:

Peyrouse (Hautes-Pyrénées), la Peyrouse (Gironde, Puy-dePetrosus Dôme, etc.), la Péreuse (Ardennes, Charente). Peyroux, fréquent en Auvergne, en Limousin et dans le voisi-

nage.

:


LES NOMS DE LIEUX

1()6

Parfois les adjectifs en -osus ont formé des noms de lieu par combinaison avec des noms communs. 679. Fons petrosa Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales). :

680. Petrosa Villa 681.

Preuseville (Seine-Inférieure).

Vadum petrosum

(Seine-et-Oise), le

Voipreux Guéperoux (Manche). :

(Marne),

Guipereux

c'est-à-dire « source environnée de Fontjoncouse (Aude), à rapprocher, au point de vue de formation, de la Loge-Fougereuse (Vendée).

682.

joncs la

:

»

Fons juncosa, :


XXXVIII

FORÊTS mot

noms de Aveyron), Selves (Aveyron, Cantal), la Serve (Ain, Jura, Loire, Puy-de-Dôme, Rhône), la Sauve (Nièvre) mais en raison de ce que les mots selve^ serve, sauve 683. Le

lieu suivants

:

latin silva, « forêt, bois », a produit les

la Selve (i\isne,

;

ont été employés

silva dans

le

comme noms communs

avec

le

sens du latin

langage de plusieurs de nos provinces au moyen âge,

et plus tard encore, il se peut que tel de ces noms de lieu ne remonte pas nécessairement à l'époque romaine. Silva a été employé en composition, témoin les exemples sui-

vants

:

Plana Silva

684.

Pleine-Selve (Aisne, Gironde), Pleine-

:

(Calvados), pour Pleines-Œuvres La disposition inverse des deux éléments de ce nom a produit Sauveplane (Aveyron,

Sève

(Seine-Inférieure),

Pleineseuve, Pleinesserve (Haute -Savoie).

Lozère).

685.

Dianae Silva

du nom de

la

est,

on

le

rappelle

région forestière à laquelle

(cf.

n° 459), l'origine

Villiers-en-Désce\rfTe

(Eure) doit son surnom.

Grossa Silva Grossœuvre (Eure). noms composés Plana Silva, Dianae Silva Grossa Silva remontent très probablement à l'époque

686.

:

687. Les trois et

romaine; on ne peut être aussi affirmatif au sujet de Silva plantata et de

Mansus

Silvae, thèmes étymologiques de Sauve-

plantade (Ardèche), et de Masseube (Gers).

peu près synonyme de silva, mais désignait, semble-t-il, un bois ou une forêt de moindre dimension, était peut-être plus fréquemment employé du que le mot silva comme nom de lieu à l'époque romaine moins l'Itinéraire d'Antonin, qui n'indique aucune station appe688.

Le mot

latin

lucus, qui

était

à

:

lée

Silva, en

fait

connaître trois du

pectivement en Gaule, en

Italie et

nom

de Lucus, situées res-

en Espagne. Le

Lucus

de


LES NOMS DE LIEU

168

Gaule est aujourd'hui Lnc-en-Diois (Drôme), se nomme actuellement Lugo. 689. On peut induire de là que lucus est

d'Espagne

et celui

l'orig-ine

des

noms

de lieu Luc (Aude, Aveyron, Calvados, Drôme, Basses-Pyrénées), Lucq (Basses-Pyrénées) et le Luc (Var).

En admettant nom

690.

formes anciennes du

sourdissement du

nom

origine au

c

de

ce

qu'autorise

moins

au

une des

étymologique, on peut attribuer

Lu

de Luc-sur-Mer (Calvados)

(Seine-et-Oise) et à celui

la

l'as-

même

du bois de Lhu

(Aisne).

noms composés dont

thème étymologique préégalement assourdi Granlu et Grantlu, xii'' siècle 691. Grandlup (Aisne), appelé au représentant Grand'is Lucus. 692. Grolu (Savoie), de Grossus Lucus, « bois épais ».

Dans

les

sente lucus

comme

693. Nélu

second terme,

le

le c s'est

:

vraisemblablement

(Eure-et-Loir),

de

Niger

Lucus. 694. OrlufAriège, Eure-et-Loir), Orluc (Corrèze), Orlut (Cha-

du

rente),

latin

695. Velu

bien ((

venir

garenne 696.

Il

Aureus Lucus.

(Pas-de-Calais),

de

"Veslud

Vetatus Lucus,

(Aisne),

expression

qui

pourraient

synonyme

de

».

est

permis de ranger dans

puisse en déterminer sûrement

le

la

même

catégorie, sans qu'on

premier terme, les noms sui-

Andelu (Seine-et-Oise), Banthelu (Seine-et-Oise), Dolus Wandeluz au (Charente -Inférieure), Gandelu (Aisne)

vants

:

xfi" siècle,

Gandelucus

au

xiii*'

Ramoulu

(Loiret) et

Retolu

fSeine-et-Oise).

697.

Lucus

apparaît

Lucus plantatus,

comme

premier terme de l'appellation

sous laquelle une charte de 1206 désigne

Luplanté (Eure-et-Loir), synonyme de Sauveplantade.


XXXIX

COURS 698.

De

tout temps, dans notre pays, des

noms de cours

sur des

formés

D'EAU

d'eau.

noms de

Les

lieu ont été

villes

g-auloises

d'Avaricum, aujourd'hui Bourges, et d'Autricum, aujourd'hui Chartres, devaient leurs noms aux rivières qui les arrosent, l'Yèvre, Avara, et l'Eure, Autura. Le nom de Thouars (DeuxSèvres), ville située sur le Thouet, Toaris, était sans doute à l'orig-ine,

Toaricum, témoin

par une construction analogue,

l'appellation latine

du

territoire

Par un procédé différent, le formé sur celui de la Nièvre. 699. Ce sont

des

de Thouars, pag-us Toarcensis.

nom

de Nevers,

Ni vernis,

noms antéromains ou celtiques noms de lieu résultant de

;

rencontré précédemment des

naison de

noms de

a été

et l'on a la

combi-

rivières avec les mots, celtiques aussi, hriva

duros (n° 73). On peut attribuer une orinon moins gine ancienne au nom deChacrise (Aisne), au x*^ siècle Garcarisia, village situé sur la Grise, sans pouvoir toutefois (n° 98), mac/os (n° 92),

expliquer d'une manière certaine la première partie de ce nom.

Par contre, c'est à l'époque romaine qu'il faut rapporter les noms, eux aussi étudiés déjà, qui résultent de la combinaison de

noms de

rivières avec le

mot

latin

vicus,

bourg

«

»

:

Vibraye,

Visseiche, Vivonne, Blévy, Dennevy, Meuvy.

Le mot pons on

l'a

vu, le

— — à un nom de

a été parfois associé

mot Lriva

Pons Isarae

tel,

à l'époque gauloise,

rivière.

thème étymologique du nom de Pontoise (Oise, Seine-et-Oise) appliqué à deux localités situées sur l'Oise, l'une au passage de la voie de Soissons à Amiens, l'autre au passage de celle de Paris à Rouen toutes deux sont mentionnées dans les documents itinéraires de l'époque romaine, 700.

est

le

;

la

première sous

conde sous Isarae.

le

simple appellation delà rivière, Isara,

la se-

vocable Briva Isara, équivalent gaulois de

Pons

la


170

LES NOMS DE LIEU

-

Pons Dubis,

701.

Table de

d'après la

l'une des stations,

Besançon à Chalon-sur-Saône, est aujourd'hui PontOUX (Saône-et-Loire), village situé au point où cette voie traversait le Doubs, Dubis. 702. Le Pons Se al dis que l'Itinéraire d'Antonin et la Table de la voie de

Peuting-er,

de Peutinger placent sur la voie de Bavai à Tournai, est actuellement, moyennant le renversement des termes, Escaupont

(Nord) 703.

c'est là

:

que cette voie franchissait l'Escaut, Se al dis. n'apparaît qu'au moyen âge pour désigner

Pons Mucrae

Grand-Morin, en latin Muera ou dune voie romaine se dirigeant Mogra, de Meaux vers Troyes le nom de cette localité est devenu Pommeure, puis, par le changement d'r en s, souvent constaté au

une

sur le

localité située

sans doute au passage :

XYi" siècle,

704. Les

Pommeuse (Seine-et-Marne). noms de Pontrieux (Gôtes-du-Nord),

sur

Trieux,

le

de Rennepont (Haute-Marne), sur la Renne, sont de même formation que ceux de Pantoise, de Pontoux, d'Escaupont et de et

Pommeuse

on n'ose toutefois leur attribuer une origine aussi

:

ancienne.

705.

Il

va sans dire que

un des éléments

ViC

moyen âge on

Ainsi, au

les

noms de

Pons Eberhardi

Remigii trudis.

noms

;

Il

ainsi

le

nom

mot pont de

est

rivière.

noms de lieu, Ponthévrard (Seine-

a parfois, pour former des

combiné ce mot avec des noms de personne et-Oise),

dont

lieu

renferment pas tous un

;

:

Pont-Hemy

Pons Pons Ragne-

(^Somme),

Porrcnlruy (Suisse, canton de Bàle),

apparaît aussi en composition avec un adjectif, et les

formés peuvent remonter à l'époque romaine

;

on

les

trouve du moins mentionnés dans des textes appartenant au début

du moyen âge

:

tel

Pons petreus,

par exemple

de Tours, désigne Pompierre

thème étymologique

tU's

f

qui dans Grégoire

Vosges), et qui est également

noms de Pompierre

le

Doubs, Seine-et-

Marne), de Pontpierre (Ardèche, Indre-et-Loire, Loiret) et de Pompières Aisne Pierrepont (Aisne, Ardennes, Calvados, i.

(

Maiiclie,

Mcurlhe-et-Mosellc,

Oise,

un .synonyme

hilin

Somme,

A'osge.s)

offre

la

deux termes. Ces divers noms de lieu ont de forme plus classique dans Pons lapideus,

disposition inverse des

aujourd'hui Pontlevoy (Loir-et-Cher).


ORIGINES ROMAINES

I

COURS d'eAU

nom

Plusieurs localités portent un

171

rappelant leur situation à

source d'un cours d'eau.

la

nom

706. Tantôt le

de celui-ci est combiné avec

le

mot

latin

source », par exemple dans le nom de Fonsommes Fons Sommae dans celui de Fontvannes (Aube), Fons Vannae; dans celui de Fouvent-^e-i?as et de Fouvent-/eHaut (Haute-Saône) situés vers la source d'un affluent de la Saône appelé le Vannon. Fons Lagnis désigne, dans un texte de 632, une localité qui ne porte plus maintenant que le nom de

fons,

((

(Aisne),

;

Seine qui y prend naissance Laignes (Côte-d'Or). de Caput Vul707. Tantôt fons est remplacé par caput

l'afïluent

de

tumnae

vient le

la

:

:

a d'ailleurs

le

nom

sens

d'

«

Caput Droti

de Chef-Boutonne (Deux-Sèvres). extrémité

»

plutôt que celui d'

«

Caput

origine

»

:

thème étymologique, non seulement du nom de Gapdrot (Qordogne), à la source du Drot, mais encore de celui de Caudrot (Gironde), au confluent de cette rivière et de la Garonne. 708. Mais dans la majeure partie des cas le nom de la rivière est combiné avec l'adjectif latin summus, qui désigne ainsi le point le plus élevé du cours de cette rivière. Les noms de lieu de cette formation sont pour la plupart groupés vers les confins en

effet

de la

Champagne

et

est le

de la Lorraine, et telle en est la fréquence

relative en cette région, qu'un érudit

Grosley, a cru voir dans soin ou

troyen qui aurait eu véritaiile origine

le

de ce

sens de

<(

membre

champenois du

xviii® siècle,

somme un mot du langage

source initial

»

:

méconnaître

c'était

du nom de nombreux

la

vil-

aucun doute n'est maintenant possible. Les s'agit vont être énumérés selon leur ordre alpha-

lages, sur laquelle

vocables dont

il

bétique, plutôt que selon celui de leurs formes originelles, qu'on est loin de connaître toutes.

709. Soinloire (Maine-et-Loire), vers la source écrit

souvent VOuère

affluent de

du Louère

nom, Soin, représente le latin summus, qui corde avec le nom, masculin, de la rivière.

syllabe de ce

710.

Sommaisne (Meuse),

Summa

l'Argenton. La première

Axona,

s'ac-

à la source de

l'Aisne.

711.

Sommauthe (Ardennes),

TAuthe, affluent de 712. la

la

Summa

Altéra, à

la

source de

Bar.

Somme-Bionne (Marne),

Bionne, affluent de l'Aisne.

Summa

Hiunna,

à la source

de


172

Summa

Sommedieue (Meuse),

713. la

NOMS DE LIEU

LES

Deva,

à la source de

Dieue, affluent de la Meuse.

Sommelans

714.

(Aisne), à la source

du ru d'Allan,

affluent

de rOurcq.

Sommelonne (Meuse), à la source de l'Ornelle, Marne dont le nom actuel est un diminutif du nom

715.

de la

Olomna,

par lequel fut désignée, à son

orio^ine,

la

affluent

primitif ville

de

Sainf-Dlzie?' (Haute-Marne).

716.

Suippe

;

Sommepy (Marne), à la source du Py, affluent de la le nom correct serait Sompy on a dit Sommepy par ;

nombreux noms qui commencent par somme. Somsois (Marne), à la source du Sois, affluent du

analogie avec les 717.

Meldançon. 718.

Sommesarthe

Summa

(Orne),

Sarta, à

source de la

la

Sarthe.

Sommescaut (Aisne), à la source de l'Escaut. Sommesous (Marne), Summa Saltus, à la source de la Sommesoude, affluent de la Marne, dont l'ancien nom était Sovs. 721. Somme-Suippe (Marne), Summa Soppia, à la source 719.

720.

de

la

Suippe, affluent de l'Aisne.

722. la

723. la

Summa

Somme-Tourbe (Marne),

Turba,

à la source

de

Vidula,

h la source

de

Tourbe, affluent de l'Aisne.

Sommevesle (Marne),

Summa

Vesle. 724.

Somme voire

Summa

(Haute-Marne),

Vigera,

à

la

source de la Voire, affluent de l'Aube. 725.

Somme-Yèvre (Marne),

Summa

Evern,

à la source de

TYèvre, affluent de l'Aisne. 726.

Summus

Sompuis (Marne),

Puteus,

à

la

source du

Puis, affluent de l'Aube.

A

ces noms, dans lesquels l'adjectif laiin est aisément recon-

naissal)le,

727.

il

faut joindre les

Semide (Ardennes),

deux suivants à la

:

source de l'Aidain. primitive-

incnl Ai(](\ afduont de l'Aisne.

728. Souain

(Marne),

à

la

Suij^pc.

Sou- est évidemment

Somain,

c'est sans

çait jadis

source de lAin, i)()ur

doute parce que

par une aspiration.

le

Som-, Si

nom

do

affluent de

l'on

la

n'a pas dit

la rivière

commen-


ORIGINES ROMAINES

En

729.

plus d'un cas,

tel

173

nom

riveraines, la plus

localités

COURS d'eaU

:

de rivière a désigné une des ancienne peut-être. Dès l'époque

romaine, les documents itinéraires mentionnent plus d'un relais de poste qui, situé au passag-e d'un cours d'eau, empruntait à

nom

Axuenna, du nom de l'Aisne; Banesia, du nom de la Baise; Isara, du nom de l'Oise Mosa, du nom de la Meuse Odoana, aujourd'hui Ouanne (Yonne), du nom de l'Ouanne Sipia, du nom de la Seiches; Vidubia, du nom de la Vouge. celui-ci le

sous lequel on

le

désignait

:

;

;

;

Au

730.

point de vue de l'origine on peut assimiler à ces relais

antiques un certain

nom du

le

nombre de

localités désignées

cours d'eau qui l'arrose, par exemple

ron), Altier ('Lozère),

Amance

:

chacune par

Alrance (Avey-

(Haute-Saône), Ancre, aujourd'hui

Albert (Somme), Anille, aujourd'hui Saini-Calais (Sarthe), Ante (Marne), Authe (Ardennes), Authies (Somme), Auve (Marne),

Barbuize (Aube), Beuvron (Nièvre), Bèze fCôte-d'Or), Bièvres (Seine-et-Oise B\aise-sous-Haufeville (Marne), Dives (Calvados, ,

Doubs

Oise),

(Doubs).

Essonnes

(Seine-et-Oise),

Gartempe

Mœurs Marne), sur le Grand-Morin, jadis Meure, du latin Muera. Moivre (Marne), Morains (Marne), sur le PetitMorin, Reyssouze (Ain), Sommette (xVisne), sur la Somme, (Creuse),

i

Suippes (Marne), Touques (Calvados), Vire (Calvados), "Vismes

(Somme).

De

ces vocables divers la transition est toute naturelle à ceux

qui expriment

situation des localités à tel

la

ou

tel

point du

cours des rivières. 731.

On

vu qu'à l'époque celtique certaines localités étaient le mot hriva, équivalent du latin pons. Les localinom français Pont dérive de ce mot latin sont bien

a

désignées par tés

dont

le

plus nombreuses, de sorte qu'il a fallu de toute nécessité les distinguer entre elles par des surnoms

ner

ici

732.

;

on se dispensera d'en don-

lénumération.

Vadum

Le mot

sans parler des

employé seul comme nom de

'Wé (Ardennes), de

Wez

lieu est,

Gué, l'origine des noms de (Marne), de 'WetZ (Nord) et de Vez

noms modernes

le

(Oise). Cette dernière.localité fut le chef-lieu d'une circonscription

administrative,

le

pagus Vadensis, dont

à l'époque féodale, s'est

conservé sous

le

la

nom, devenu fameux forme

"Valois.


LES NOMS DE LIEU

174

733. Ces formes vulgaires légèrement dissemblables latin

vadum,

et qui,

pour

la

du mot

prononciation, se réduisent à vé ou

wé, sont spéciales aux pays wallons, à la Picardie et à

pagne, où on les voit aussi entrer en composition

:

la

Cham-

Regniowez,

Renwez, Maranwez (Ardennes). Parfois elles ont subi des déformations qui les rendent quelque peu méconnaissables. Un

Vadum gallo-romain ou gallo-franc est devenuVoillecomte (HauteMarne), par suite de l'agglutination au localité d'un

surnom du

nom

vulgaire de cette

exprimant qu'elle appartenait

xii^ siècle,

au domaine d'un comte, le comte de Champagne. L'altération est plus grande encore dans le nom moderne du lieu que des chartes du

xii''

siècle appellent

Vadum

Passonis, nom

latin

de Woepasson est devenu Vaupoisson (Aube). Un autre composé de vadum est Vadum petrosum, dont les formes vulgaires ont été énumérées ci-dessus (n** 681). qui,

Le mot gaulois condas ou condate a pour équivalent latin mot pluriel confluentes qui, dès l'époque romaine, désignait un castrum situé au confluent de la Moselle et du Rhin, et 734.

le

qui nest autre que

la ville actuelle

Selon les régions ce

nom

latin

de Coblenz (Prusse rhénane).

Confluentes

langue vulgaire des altérations diverses Loiret,

:

a

subi dans la

Conflans (Ain, Drôme,

Marne, Meurthe-et-Moselle, Haute-Saône, Sarthe, Seine,

Seine-et-Oise),

Gonfolens (Charente, Haute-Vienne),

(Cantal, Corrèze, Haute-Loire,

Confolent

Puy-de-Dôme), Gonflent (Corrèze),

Gouffoulens (Aude), Gouffouleux (Aveyron), Goufouleux (Tarn),

Gomblain (Belgique, province de Liège), Goublanc (Haute-Marne, Saône-et-Loire). 735.

A

côté de

Confluentes,

il

convient de signaler les

noms

exprimant une situation, sinon au confluent, du moins dans le voisinage de deux cours d'eau. In ter A m nés est représenté par

Entrammes (Mayenne) et par Antran (Vienne). Inter Aquas est l'origine des noms modernes Entraigues (Indre, Isère, Puyde-Dôme, Savoie, Var, Vaucluse), Entraygues (Aveyron, Corrèze),

rèze).

Entre-Aigue (Savoie), Anlraigues (Ardèche, (Santal, Corliilcr amhas a(juas est devenu Tramesaigues (Ilaute-

(iaronne. Hautes- Pyrénées).


XL ORIGINES GERMANIQUES Dans çaise

-ING

:

contingent qu'ont apporté k la toponomastique fran-

le

en Gaule du

populations établies

les

au

siècle

x''

Saxons, Burgondes, Goths, Francs, Scandinaves, Bretons et

Basques

préciser le

dans

la

noms d'origine germanique tiennent une place préAvant d'en aborder le détail, il convient de bien sens du suffixe -ing^ au pluriel -ingen, dont le rôle,

les

pondérante.

formation de ces

Bretagne, en suffixe -acus

736. riens.

Ce

Italie, n'a

dans

les

noms en Germanie, en Gaule, en Grandepas eu moins d'importance que celui du

noms de

suffixe a de

lieu d'origine gallo-romaine.

bonne heure

attiré l'attention

des histo-

doit cette faveur à ce qu'on le voit paraître dans les

Il

noms des deux premières dynasties franques

et

dans celui de

la

Lorraine. Augustin Thierry et Henri Martin ont cru retrouver dans les

noms Mérovingiens, Carolingiens, Lotharingiens, des noms pa-

tronymiques désignant

les

descendants de Mérovée, de Charles,

de Lothaire, de mémequ'Agilulfingi désignerait les descendants d'Agilulf, qui gouvernèrent la Bavière

du

vi®

au x"

C'est

siècle.

ainsi que Withgils, père des princes anglo-saxons Hengist et

Witting,

Horsa, était dit

Weçting,

de

fils

Wecta,

c'est-à-dire et

ce

lîls

dernier

de Witta,

Wodening ou

celui-ci fils

de

Woden. Dans tous

ces

mal informés

il

noms est

le suffixe

apparu

-ing reparaît, et aux historiens

comme

l'équivalent de

notre

mot

« fils » et de l'allemand Jung. Cette opinion est complètement erronée. Ing au sens de « fils », n'existe dans aucune langue germanique mais supposé qu'il existât, on ne saurait expliquer à quel titre il est entré dans la composition de nombreux noms de ;

formés sur des noms d'homme ni comment le roi Lothaire ayant eu trois enfants, le nom de Lotharingen, au sens de « pays des fils de Lothaire » aurait été donné à une seule contrée de lieu

l'empire

;

franc,

alors

que ces princes régnaient sur des pays


LES NOMS DE LIEU

476

noms

portant des

l'empire franc.

tout ditTérents, et faisant cependant partie de faut noter aussi

Il

mot Mero'vingi sujets

;

désigna,

que Kerlinc/en, aux

et

que dans

le

non seulement

moyen âge

haut

xi^ et xii* siècles, fut

habitants des provinces septentrionales du

appliqué aux

royaume capétien qui

On

avaient été antérieurement sous la domination caroling-ienne.

conclura de là que

Par

la sujétion.

«

le suffixe -inff

exprime non

Lorrains

Lotharingi, Loherains

»

faut entendre « les sujets de Lothaire

le

mais leurs

les rois,

la

mais

filiation,

il

»>.

Le suffixe germanique -inc[ est donc léquiA'alent du galloromain -acus et du romain -anus c'est là un fait dont la notion était encore vivace au ix^ siècle, alors qu'on substitua :

Salmoringus

et

Scudingus aux

vocables

Salmoriacus

Scutiacus qui désignaient, le premier un comté de de risère, le second un pays de la Franche-Comté.

et

la région

737. On sait du reste que ce suffixe s'ajoutait à des noms d'hommes pour former des adjectifs nominaux. C'est ainsi que dans le capitulaire De villis, par lequel Charlemagne réglementa

domaines royaux, sont mentionnées deux

l'administration des sortes

de

pommes nommées Gozmaringa

et

Geroldinga

;

un manuscrit deWolfenbûttel remontant au x'^ siècle, certains modes musicaux sonl appelés modus Garlemanic, modus Florinc, modus Liebinc et modus Ottinc, et l'auteur a spécifié que cette dernière expression était due à l'empereur Othon P"", d'où l'on peut rapporter les trois autres mots à des personnages nommés Garloman, Florus et Liebo ou d'autre part, dans

Liubo. 738.

Dans

certains cas -ing est joint,

mais à son

personne,

siècles sont appelées

titre

non plus au

nom

de

diverses localités, aux xi" et

:

Abbatinga,

la

xii'^

Ahhalissin/jen, Biskopfingen^

Abbatissalia, Episcopalia, Comitialia désignant (U>s domaines appartenant à un abbé, à une abbesse, à un évéque, à un comte. Plu(iravingcn

sieurs de ces

on eût

noms

Grafing, Grafing

duché de Bade).

Il

dit

on latin Abbatialia,

subsistent

Autriche)

Grafflngen

;

convient d'en rapprocher

maison du comte bois du comte », Grafingloh

finhaus,

:

(Bavière,

"

..,

'

les

(grand-

composés Gra-

Grafingholz ('W'^estphalie),

VVesIpiialiiM,

« le

« le

pré du comte

Bischofing (liavière), Bischot'fingen (grand-duché de Bade).

»,


ORIGINES GERMANIQUES

177

Quant aux noms de lieu formés au moyen du noms d'hommes, ils sont fort nombreux. Ainsi l'on doit au nom d'Otto, -onis les noms de 739.

suffixe -ing

sur des

Oetting,

Oettingen (Autriche,

Ottinghausen

Bavière),

Ottingen

lieu Otting,

(Hanovre),

(Lippe-Detmold),

Oettinghausen (Westphalie), Ottingmuhle (Autriche), « le moulin d'Othon », Ottikon (Suisse, cant. de Zurich), altération d'O^^/n^/io/fe/i, « la ferme d'Othon».

De même

sur le

nom

propre

Waddo,

-onis,

qui,

d'après

un contemporain de Chilpéric, on a formé l'adjectif nominal Wadding^ d'où les noms de lieu Ter Wadding (Pays-Bas, Hollande méridionale), Vadans (Jura, Haute-Saône), Waddinghan (comté de Lincoln), Waddington (comtés de Lincoln et d'York), Waddingworth (comté de Lincoln), Grég-oire de Tours était porté par

Wedenthun

(Pas-de-Calais).

C'est également le suffixe -ing qu'on reconnaît dans la termi-

naison

-an

flamingus,

ou -en et les

merlan, cperlan.

de certains mots,

noms

tels

que flamand^

de

de poisson d'origine germanique hareng,



I



l'i



ORIGINES GERMANIQUES

:

-ING

177

739. Quant aux noms de lieu formés sur des noms d'hommes au moyen du suffixe -iiKj, ils sont fort nombreux. Ainsi l'on doit au nom Otto, -onis, les noms de lieu Ottlng, Oetting,

Oettingen

Bavière),

Ottingen (Hanovre), Oettinghausen (Westphalie), moulin d'Othon », Ottikon (Suisse,

(Autriche,

(Lippe-Detmold),

Ottinghausen

Ottingmiihle (Autriche),

« le

cant, de Zurich), altération d'Otfinghoffen, « la ferme

De même

sur

le

nom

propre

Waddo,

d'Othon

-onis, qui,

».

d'après

Grégoire de Tours, était porté par un contemporain de Chilpéric,

on a formé l'adjectif nominal icadding, d'où les noms de lieu Ter-Wadding (Pays-Bas, Hollande méridionale), Vadans (Jura, Haute-Saône), York),

Waddingham

Waddingworth

(Lincoln),

(Lincoln),

Waddiïigton (Lincoln,

Wadenthun

(Pas-de-Calais).

C'est également le suffixe -ing qu'on reconnaît dans la termi-an, de certains mots, tels que flamand, de lesnoms de poisson, d'origine germanique, hareng,

-naison, prononcée

flaming-us,

et

merlan, éperlan.

Les

noms de

lien.

"I^


XLI

SAXONNES

ORIGINES 740.

Tous

les

GÉNÉRALITÉS

:

peuples riverains orientaux de

Saxons, Danois, Jutes, Ang-les

mené

de pirates. La misère à laquelle

les

la vie

uns en raison de

progrès de

la

mer

loppa chez eux le

le

du climat,

la rigueur

les forçaient

la

Mer du Nord

— ont plus

— Frisons,

ils

ou moins

étaient en proie,

les autres

parce que les

de chercher une autre patrie, déve-

goût des courses maritimes, d'où

plus souvent un riche butin.

Au

ui"^

ils

rapportaient

siècle, les pirates

saxons

et Ton confondait évidemment sous ce nom appartenant aux régions voisines de la Saxe proprement dite infestaient déjà les côtes de la Gaule, et tenaient dans ce pays

de hardis navigateurs

rôle

quv

— le

joueront, six siècles plus tard, les pirates Scandinaves

ou normands. Dès l'an 286, ils dévastent le littoral gaulois, que Carausius était alors chargé de protéger contre leurs incursions, et ils ravagent également le littoral de l'île de Bretagne. Leurs incursions prenant un caractère chronique, les régions les plus

particulièrement exposées sont désignées, à

d'une manière

officielle,

par

l'Empire romain en confie

la

le

la fin

du

iv*^

siècle, et

vocable de littus saxo ni eu m

défense à un

commandant

:

militaire,

comte du rivage saxon en Bretagne », comes littoris Saxonici per Britanniam. Si l'on en juge par les deux mentions qu'en fait la Notifia dignitatum Imperii, le « rivage saxon » devait s'étendre, en Gaule, des bouches de l'Escaut à qualifié de «

l'embouchure de

la Loire,

peut-être

même

à celle de la Gironde.

peu près à l'Armorique Le pays leurs ravages. Sidoine Apolexposé a de César, était constamment « L'Armoricjue est toujours menalinaire dit en propres termes ainsi désigné, et qui répondait à

:

cée de l'invasion du pirate saxon, qui se fait un jeu de sillonner,

sur une peau, les eaux de

l'île

verte sur des cuirs cousus

'

Mais

1.

les

Saxons ne

britannique, et de courir la

mer

».

s'en tinrent pas à ces courses proscpic con-

Cirmi/iiiiii VII, v. .'100-371

[Mon. (imii.,

Aiict.

.inti>/iiis<i.

Vill, 212).


ORIGINES SAXONNES

GÉNÉRALITÉS

:

179

Les Romains ayant dû abandonner la Grande-Bretagne à elle-même pour concentrer la défense de l'Empire, ces hardis façon presque permanente dans s'établirent d'une pirates tinuelles.

cette

île,

fortune secondant leur

la

et,

audace,

Saxons,

les

aux Angles, leurs voisins de la péninsule cimbrique et leurs congénères, y fondèrent, dans l'espace de moins d'un siècle et demi, de 449 à 584, sept royaumes, refoulant successivement associés

bretonne dans

la race

la partie occidentale

maintenue, surtout dans Trois de ces royaumes,

de

pays de Galles

les

l'île,

et

oii elle s'est

de Cornouailles.

celui de Sussex ou Saxe du sud fondé Wessex, ou Saxe de l'ouest, qui date de 519 et celui d'Essex, ou Saxe de l'est, dont on fixe le commencement à portaient même dans leur appellation l'indication de leur 526 origine saxonne, qu'on retrouve également dans le nom du comté

en 491

celui de

;

;

dans lequel est située sex, signifie la

anglo-saxons portait des Angles de

Dans

ville

la

de Londres, car ce nom, Middle-

Saxe du milieu

((

nom

le

Un

».

autre des sept royaumes

à' Estanglie^

indiquant

la

résidence

l'est.

Gaule, objet de la convoitise d'un plus grand nombre de nations germaniques que ne l'était, par le fait de sa situation, l'île

la

de Bretagne, l'établissement des Saxons ne pouvait s'effecmême facilité. Aussi ne semble-t-elle pas avoir offert,

tuer avec la

comme

l'île

de Bretagne, une suite de Saxes contiguës, mais seuisolées, ne s'écartant guère, en aucun

lement de petites Saxes point,

du

littoral

maritime. Les textes historiques

concernant

au cours de la période franque, signalent deux de ces colonies saxonnes; l'une au voisinage de Bayeux, repré-

notre pays,

sentée au VI® siècle par les

de Tours, et au

ix''

qu'on appelait Ottinga

Saxones Bajocassini par

siècle

la circonscription

Saxo nia;

de Grégoire

administrative

l'autre, établie dès les der-

nières années de l'Empire d'(3ccident dans les îles que formait la

Loire à son embouchure, avait alors pour chef un certain Odoacre qui,

un moment maître d'Angers,

franc Ghildéric, dont

L'étude des

il

noms de

dut accepter lieu

dompté par

fut ensuite la

le roi

domination.

permet de croire

à l'existence d'autres

Manche ou de la monuments écrits

colonies saxonnes sur le littoral gaulois de la

Mer du

Nord,

colonies sur lesquelles les

sont entièrement muets

:

dans

le

pays de Gaux (Seine-Inférieure)

;

Gotentin (Manche)

dans

le

;

dans

le

Boulenois (Pas-de-


LES NOMS DE LIEU

180

Très probablement

Calais).

points où

ils

de la Belgique actuelle

les côtes

reçurent aussi des colons de

saxonne. Mais sur tous les

r;ice

s'établirent en Gaule, des

l'embouchure de

la

commencement du

Loire vi''

^,

les

siècle

bouches de TEscaut k

colons saxons avaient dû, dès

le

au plus tard, reconnaître l'autorité

des rois mérovingiens.

Ce qui

s'était

passé dans

l'île

de Bretagne et en Gaule aux \^ et

après la vi'' siècles, du fait des Saxons, se renouvela en partie mort de Charlemagne. Cette fois les pirates, ordinairement désignés par les chroniqueurs sous et

de Dani, appartenaient à

le

la famille

nom

de

Northmanni

Scandinave. Après avoir

dévasté, par des incursions souvent répétées, les côtes de la

Gaule

et des îles britanniques, ils y fondèrent à leur tour d importants établissements qui souvent se superposèrent aux anciennes colonies d'Angles et de Saxons, de sorte que la toponymie actuelle de plusieurs des régions où ils se fixèrent offre un grand nombre de vocables Scandinaves ou demi-scandinaves,

qui, en plus d'un cas sans doute,

se substituèrent à des

noms

les ravages des nouveaux venus avaient fait oublier. La langue de ces derniers était d'ailleurs étroitement apparentée à celle des Saxons; aussi n'est-il pas toujours facile de déterminer ce qui doit être attribué en propre aux uns et aux autres.

saxons que

1.

A.

Touchant cette dernière région,

Longnon s'exprimait dans

sa leçon

voici, textuellement, en quels

du

11

termes

décembre 1890, au Collège de

défaut de noms d'origine foncièrement saxonne, on peut l'embouchure de la Loire, (juehiues noms de lieu originairement terminés en -acus, et dans lesquels ce suffixe, sous l'influence sans doute d'un élément assez important de population saxonne, se présente aujourd'hui sous la foinie -ic, c'csL-à-dire sous une forme très voisine de celle quil revêt dans les régions voisines du Rhin, où l'élément germanique n'a jamais cessé d'être prédominant j'entends parler ici du nom du Croisic, bourgade de la presqu'île de Batz (Loire-Inférieure), en latin Cruciacus, et du vocable de Pomic, autre bourgade du même déparlement, mais située, elle, au sud de In Loire, à douze lieues au sud-est du Croisic, et dont le nom latin semble avoir été quelque chose comme Pruniacus. La forme moderne des noms du Croisic et de Pornic, bourgades maritimes ([uune distance de six lieues sépare l'une et l'autre de l'embouchure de la Loire, a été très proljabiemenl influencée |i;ir la colonie saxonne (|ui se lixa dans ces parages au cours du v*" siècle <>. P^rance

:

«

A

signaler, vers

:


XLII

ORIGINES

SAXONNES EN NORMANDIE

Pour trouver dans la toponymie du Bassin, du Cotentin et du pays de Gaux des vestiges de la domination saxonne, il y a lieu d'y rechercher les vocables formés à l'aide de divers noms com-

muns

qui appartiennent à la langue des envahisseurs, et qui

vont être successivement passés en revue.

TUN Ce mot est commun à l'anglo-saxon, au vieux norois et au vieux frison il est devenu dans l'ancien haut-allemand zûn, correspondant à l'allemand moderne zaun, « haie », et dans l'an741

.

:

cien anglais ton, aujourd'hui foicn, « cité clôture

saxon tynan, à celle

du

même

la «

racine se

enclore

»

il

».

Du

rencontre dans

est passé à

sens primitif de anglo-

le vieil

une acception analogue

latin villa.

fut commun à plusieurs nations germaniques, les Saxons seuls paraissent l'avoir employé comme second terme de noms de lieu composés. Les noms en -ton sont très fréquents en Angleterre, et l'existence, sur laquelle on reviendra plus loin (n°* 760 à 790), d'une trentaine de noms en -thiin dans le Boulenois, est le principal argument sur lequel on se fonde pour croire que cette région reçut, aux v*^ et \f siècles, une colonie

Si ce

mot

saxonne.

En Normandie, on ne peut nant à cette catégorie, que

aujourd'hui

le

nom

citer,

comme

apparte-

de Gottun, porté, dans

le

du Galvados, par une commune du canton de par deux écarts situés respectivement à Barbeville

département

Bayeux

(même

et

canton) et à Tournières (cant. de Balleroy). C'est d'une

de ces localités qu'il s'agit dans une charte de 103()

Goltun;

Osketelli de intéressante,

le

nom

:

terra

mention est particulièrement du personnage étant purement saxon cette

équivalent du moderne Anqiietil,

;

il

présente

comme

premier


LES NOMS DE LIEU

182

terme

le

Ans par

L7

nom

les Francs,

de Coltun

on a

As par

des

les

s'est vocalisée

forme Coutiim.

la

nyme

de ces divinités germaniques qui furent appelées

localités

Scandinaves, et Os par les Saxons. de bonne heure

— On peut

anglaises

:

dès 1160 enviroiî,

un homo-

voir dans Cottun

dénommées

Goltoil

(Lancaster,

Norfolk, Stafford, Worcester, York), dont l'une est appelée Coltun, en 970, dans

une charte du

roi

Edgar.

HAM mot anglo-saxon ham

Le

142.

heims, qu'on trouve, avec

le

est

analogue

sens de « village

»

gothique

au

dans

la

traduc-

tion de la Bible écrite au iv® siècle par Ulfilas, au vieux norois

heimni, au vieux frison hem, au danois djem, et à l'allemand heim encore usité, à l'état d'adverbe, au sens de « à la maison, employé par les Francs, le mot ham s'est conservé chez soi » dans le diminutif Aa/ne/, aujourd hui hameau. Ce mot était, on le voit, commun aux diverses langues germamais comme il a laissé de nombreuses traces dans la niques toponomastique de l'Angleterre et du Boulenois, on peut attribuer aux Saxons les quelques noms de lieu du Bessin dans lesquels ;

;

il

est possible de le reconnaître.

Ouistreham (cant. de Douvres) est appelé en 1086 Oistreham; même forme ancienne désigne, vers la même date, dans le Domesday-Book., un village du comté de Kent, dont le nom actuel est "Westerhaiïl. 11 faut vraisemblablement entendre par là « village occidental », acception que justifie la situation d'Ouistreham sur la rive gauche de l'Orne. Etreham (cant. de Trévières), qu'on prendrait à première vue pour un « village oriental », est en réalité uiu^ variante d'Ow/streham, car ce village est dénommé Oesterham dans un pouillé du diocèse de Bayeux, établi en 1350, Surrain (cant. de Trévières), appelé Surrchain, ou plutôt Surrehuni, au xi* siècle, Siirrehcun en 122"), elSurrehan en 1257, c'est le paraît être un synonyme do Southerham (^^'iUs) « village du sud ». 743. Sur d'autres points de la Noi-mandio, le Ham (Manche, cant. de Montebourg (>alvados, cant. de Cambrenier), ainsi que Canehan (Seine-Inférieure, cant. d'Iilu), appelé Kenehan en 1030 la

;

;


ORIGINES SAXONNES EN NORMANDIE

183

Chenean ou Chanahan en 1035, sont assez peu distants des

et

côtes pour

qu'il

permis d'y

soit

d'anciennes

voir

colonies

saxonnes.

Plus à l'intérieur, c'est aux Francs qu'il faut attribuer

744. les

noms de

lieu

ham

dans lesquels

est plus

ou moins reconnais-

sable.

COT Le terme cot, qui désignait une petite habitation, est la par lequel, en Normandie, on entendait, racine du mot coterie au moyen âge, un groupe de paysans constitué pour tenir les et celle aussi du mot collage, que nous terres d'un seigneur avons emprunté aux Anglais pour l'appliquer à un domaine rus745.

— —

mais élégant. Les noms de lieu Caudecotte (Calvados, Eure, Seine-Infé-

tique,

(Calvados)

BroCOttes

rieure),

sont, de toute

et

formés

évidence,

à

Vaucotte (Seine-Inférieure) mais l'aide de ce terme :

remontent-ils aux Saxons, ou datent-ils seulement de l'établisse-

ment des Normands? On

a d'autant plus sujet d'hésiter que cot

Du

appartenait aussi à la langue noroise.

hypothèse est vraisemblable quand à

une

localité

du

voisine

littoral

moins

la

première

tel de ces vocables correspond :

l'un des Caudecotte de

la

Seine-Inférieure est à Dieppe, et l'autre à Avesnes (cant. d'En-

vermeu)

;

Vaucotte est à Vattetot-sur-Mer.

Caudecotte terre

:

a

d'ailleurs

Caldecot (Norfolk),

plusieurs

équivalents

Caldecote (Cambridge,

Caldecott (Bedford), Caldicot (Monmouth) sont désignées dans le cot,

;

AngleWarwick),

en

ces diverses localités

Domesday-Book sous

les

formes Calde-

Caldecote^ Caldecotes.

746.

Le

nom

de Caudecotte a été traduit aux

xiii® et

xiv^ siècles

parCalida tunica c'est un jeu de mots dont il convient de ne faire aucunement état. Le premier élément de ce nom n'est autre ;

chose que l'adjectif correspondant à l'allemand kalt, à l'anglais cold, au sens de « froid «

habitation froide

»,

»,

et

il

faut voir dans Caudecotte,

une

c'est-à-dire exposée par son isolement à

tous les vents. 110

747. Les

noms de

lieu Cridcsho,

Caegesho

— qu'on rencontre,


LES NOMS DE LIEU

184 le

premier en 780,

Offa

et

le

Clofeshoas

second en 793, dans des diplômes du

— forme

figure dans des textes de 794 et de 824

naison qui, dans

la

affecte toujours la

roi

latinisée, à l'accusatif pluriel, qui

présentent une termitoponomastique actuelle du Royaume-Uni, forme hoo Northoo (Suffolk), Poddinghoo :

(Worcester), MiUhoo (Essex), ce dernier appelé Melaho dans des

Dans cette terminaison les un mot saxon désignant un pro-

textes de l'époque anglo-saxonne. érudits anglais reconnaissent

montoire en forme de talon dominant, de

mer. Ce mot est entré dans

la

noms de lieu du Cotentin 748. En Cotentin il y

la

soit la plaine, soit les flots

formation de bon nombre de

anglo-normandes.

et des îles

a lieu de signaler

:

Nehou

(cant.

de

Saint-Sauveur-le- Vicomte), Pirou (cant. de Lessay), Quettehou, r/s/e-Tatihou, à Saint- Vaast-de-la-Hougue (cant. de Quettehou).

Dans

de ces noms, la terminaison a été, aux xn^ et

tel

hulmum,

en

latinisée

norois holm,

signifiant

et l'on a île

:

il

voulu faut

tenir

xui'' siècles,

avec

l'identifier

le

mot

pour erronée cette

fondée uniquement sur une fantaisie de clercs. Holni

opinion,

est représenté dans la

toponomastique par -/lomme

:

Robehonirne

(Calvados). 749. Autour des îles anglo-normandes on observe des îlots et

Hou

Brecquehou, près de Guernesey, Brehou, Bernehou, Burhou, Coquelihou et Gethou, près d'Aurigny, Ecrehou, près de Jersey. des rochers appelés

le

et

IG

A

considérer ce dernier groupe, on est amené à penser Saxons des v'- et vi'' siècles ont occupé, non seulement le Cotentin, mais aussi les îles voisines. A l'appui de cette hypothèse on peut invoquer également la présence de la terminaison 750.

que

les

dans

nom

Guernesey, Jersey, Chausey, quAlderney, nom anglais de lîle d'Aurigny terminaison des Orkney qu'on observe de même dans le nom anglais

-pjj

le

de ces

îles,

ainsi

;

Orcades.

Ey « île

lieu

n'est autre chose >»,

qui constitue

mentionnés

moyen âge

la

que

le

saxon

iff,

au pluriel

igc^ signifiant

terminaison de bon nombre de

ilans les

chroniques et

intéressant l'Angleterre

:

les

noms de

diplômes du haut


ORIGINES SAXONNES EN NORMANDIE

— —

18S

formé sur le nom que porta le premier roi de Hengestig aujourd'hui Hincksey (Hants) Kent ancienne forme du nom d'Athelney (Somerset) Mdelig parfois traduit par Insula Glitonum (/.autîç^: edel, noble);

;

Cymesige, aujourd'hui Kempsey (Worcester) t/iorn, épine, aujourd'hui Tliornig, formé sur ;

(Middlesex)

Thorney

;

Runimaesig, aujourd'hui Ramsey (Hants). Pour en revenir au nom des îles anglo-normandes, il est à remarquer que dans le Roman de Bon, écrit au xu*' siècle, Jersey est appelée Gersui, et

Guernesey Guernesiii ou Guernesi la teranciennes apparaît comme une variante :

minaison de ces forme de -ig.

NAES 751.

Le substantif saxon naes, dont l'équivalent norois

est

au sens de « cap », et qui se retrouve dans l'anglais -ness a donné le mot nez, employé dans le langage Inverness courant du Gotentin et des îks anglo-normandes le Nez de Garneis,

:

Gros-Nez de Flamanville, de Jersey. dit en passant, ce mot fut employé aussi dans le Soit 752. Boulenois, où l'on remarque le cap Blanc-Nez, anciennement

teret,

de Jobourg,

le

Blaknez, c'est-à-dire

4312

/e

cap noir

«

cap Gris-Nez, appelé en

», et le

Ness.

FLEOD 753. Le dernier terme des

noms

Quettehou), Fiquefleur (Eure,

Barfleur (Manche, cant. de de

cant.

Beuzeville),

Harfleur

(Seine-Inférieure, cant. de Montivilliers), Honfleur (Galvados) et Vittefleur

(Seine-Inférieure, cant.

vue, penser au norois flodh, été

«

Gany)

de

golfe

»

;

ces

importés sur notre sol par les Normands,

seulement.

fait,

noms

à

première

auraient alors

soit

au

ix® siècle

Mais à considérer qu'ils ne constituent qu'un fort

petit groupe,

et s'appliquent à des localités

maritimes ou peu

éloignées de la côte, on peut, sans trop s'aventurer, les attribuer

aux Saxons, dont la langue désignait par flead une eau courante, une petite rivière, un canal, par flod un amas d'eau, la marée. Le nom de Vittefleur, village situé sur la rive droite de la Durdent, à six kilomètres environ de son embouchure, a vraisem-

blablement

le

sens d"

«

eau blanche

».


LES NOMS DE LIEU

186 754.

En

faveur de l'origine saxonne du

nom

dont

il

s'agit,

peut invoquer par surcroît l'existence en Boulenois du

on

nom

d'Ambleteuse, localité que Bède le Vénérable, au viii^ siècle, appelait Amfleat. La forme actuelle de ce nom ne remonte qu'au

y compris Ambleteiive^ procèdent manifestement d'un

xvi' siècle, et les formes antérieures

qu'on trouve encore en 1359 primitif tel que Amfleat hove.

755. Honfleur est appelé en

1

198 Honneflo^

médiévales des noms qu'on vient de

ou

dinaire -fine

fluctus, dont finale n'est

-fleu

le

parfois

;

lire, la

elle

est

dans

et,

les

formes

terminaison est d'or-

rendue par

le

latin

sens ne diffère guère de celui 'de fleod. L'r

apparue qu'à une époque relativement récente, et, de la prononciation locale ne la fait ordinairement

nos jours encore, pas sentir. 756.

On

se gardera d'apparenter à ces

(Eure, cant. de Bernay)

:

noms

celui de

Camfleur

la localité est trop éloignée des côtes

pour qu'on puisse supposer que les Saxons s'y soient établis l'r finale se rencontre dès le début du xi^ siècle et Campflor l'appellation Campus floridus, qui se trouve dans un ancien ;

:

pouillé de Lisieux, est sans doute le

dus

;

thème étymologique, flori-

étant accentué sur l'antépénultième.

GATE 757.

Le mot gale

passage, «

porte

(cf.

»,

ouverture

de

«

avait, chez les »

Saxons,

le

dans l'anglais moderne

;

sens de il

a

«

trou,

celui

de

On en trouve des traces en Boulenois Mais comme ce mot paraît avoir appartenu

barrière

ci-après, n° 802).

».

aussi à la langue noroise, puisqu'en suédois gâta signifie « rue

»,

on peut hésiter sur la question de savoir si le nom de Houlgate, poité dans le département du Calvados par une station l)alnéaire bien connue (cant. de Dozulé) et par des hameaux de Biéville

(cant.

de Mé/.idon) et de Deux-Jumeaux (cant. d'Isigny),

remonte aux Saxons ou aux Normands. La première hypothèse légitime à l'égard de

la

première et de

dont l'une est à l'embouchure de dislance du littoral

;

elles

la

la

est

dernière de ces localités,

Dives, et l'autre à peu de

ont d'ailleurs un

saxonne bien avérée dans Holgate (York). On peut attribuer également aux Saxons

homonyme le

nom

d'origine

de Hiégathe,


ORIGINES SAXONNES EN NORMANDIE

commune

porté par un écart de la

187

de Montmartin-en-Graijjnes

{Manche, cant. de Saint-Jean-de-Daye).

DIKE Dans une anse voisine d'Herqueville (Manche, cant. de Beaumont) existe presque en son entier un retranchement connu sous le nom de Haguedike, lequel dut être élevé par les pirates du Nord, pour protéger contre les entreprises des populations romanes un de leurs postes, établi à l'extrémité de la pointe de la Hague. Ce retranchement est-il d'orig-ine normande ou d'orig-ine saxonne? Dike, en effet, apparenté à notre mot 758.

((

dig-ue », appartient à

toutes les langues germaniques, aussi

bien au norois qu'au saxon.

aux Saxons, car dans lequel l'indique,

Saxons

;

il

il

faut voir

par les

un Danesdike (York), élevé,

comme

son

nom

mais qui dut son appellation aux noms de lieu en dike, assez rares dans

Danois,

d'autre part, les

(Kent), Dogdike (Lincoln),

759.

peut, dans l'espèce, l'attribuer

un retranchement

Scandinavie, sont plus

la

On

existe en Angleterre

Pour terminer

nombreux en Angleterre Wanesdike (Wilts).

cette revue des

die qui paraissent d'origine saxonne,

noms de il

reste à

Kinsdike

:

Norman-

lieu de

examiner

noms en -mare doivent être rapprochés des noms communs en Angleterre, A vrai dire, ils sont plutôt

les

si

en -mer,

chose est incontestable quand on voit

norois

si :

la

terme dont il s'agit précédé d'un adjectif Longueniare (Eure), Sausseuzemare (Seine-Inférieure) ou d'un nom d'homme normand. Ce terme a dans ces noms le sens de notre mot « mare ».

Quant aux noms en -mer, dont

la

le

Normandie présente plusieurs

exemples, leurs formes anciennes attestent en plus d'un cas une tout autre, Cambremer (Calvados), connu depuis le

origine vii*^

est

siècle, était alors

un nom de

appelé

Cambrimarum. Courtomer

lieu de type bien

connu, présentant, à

[Orne)

la suite

du

nom commun cortis, un nom d'homme gallo-franc Cortis Audomari. Et le thème étymologique de Mortemcr (Seine:

Inférieure) peut bien être exclusivement latin.


XLIII

SAXONNES EN

ORIGINES

BOULENOIS

dune colonie saxonne en Boulenois est attestée^ monuments écrits, du moins par la toponomastique

L'existence

sinon par les

de le

la rég-ion.

760.

On

mot

tun. S'il a laissé peu de traces en

vu

a

ci-dessus,

(cf.

contre dans une trentaine de

n"^

741) ce qu'il faut entendre par

noms

Normandie, on

le ren-

de lieu du Boulenois, et cette

constatation est à rapprocher de celle que faisait jadis

le

philo-

logue allemand Léo, lorsqu'il établissait, à l'aide des cinq cent vingt-sept chartes, comprises entre les années 604 à 966, que

renferment

les

aevi saxonici,

deux premiers tomes

du Codex diplomatîciis

que l'ensemble des noms terminés en tun, consti-

tue, de l'autre côté

du

détroit, le huitième des vocables géog-ra-

phiques. 761. Alenthun, écart de Pihen (cant. de Guînes), appelé en 1084 Ellingatum et AUingatun, est formé de tun^ précédé de l'adjectif

nominal alling il a pour équivalents Alincthun (cant. Alinghetun en 1199 et, en Angleterre,

de Desvres)

(Dorset,

Allington

\

Hauts,

Kent,

Wilts,

etc.)

et

Ellington

(Northumberland, Kent, Huntington, York). 762. Audincthun (cant. de Fauquembergues), en 1016 Odinfjatun

-m^, Cf.

,

nom d'homme

le

le

sur lequel est formé, à l'aide du suffixe

est Oddo, origine du nom Eudes. d'Amlinghen (cant. de Marquise), Audinde Zudausques (cant. de Lumbres), et, en Ang-leterre,

])remier terme,

Audincthun, écart

thun,

('cart

Oddington (Gloucester, Oxford). 763. Baincthun (cant. de Boulogue-Sud), en 811 Baf/inr/alun. Cf. Baginton fWarw^ick), Bainton (Norlhampton, Oxford,

Suiïolk;.

764. Bandrethun,

765. Golincthun, (^f.,

hameau de Marquise. ('cart

de Ba/inglum (cant. de Marquise).

on Ecosse, GoUington

766. Dirlinctun,

viUage

(

l'.diinbourg).

disparu

au

t(M"riloire

île

liâmes-


ORIGINES SAXONNES EN BOULENOIS

Boucres (cant. de Guînes)

en

;

H07

189

Dirlingatun.

Cf.,

sous

réserves, Darlington (Durham).

hameau de Gondette

767. Florinctun,

1297 Florincfhelun

nominal floring, formé

de Samer), en

(cant.

premier terme de ce

le

;

nom

est Tadjectit'

Florus.

svir

768. Fréthun (cant. de Galais-Nord-Ouest), Frailum, Fraittum, Fraitun en 1084, Frettun en 1150.

Godincthun, écart de Pernes (cant. de Boulogne-Sud). 770. Guiptun, écart de Tarding-hen (cant. de Marquise), en 769.

1130 Gihhinf/atun.

hameau de Marquise.

771. Hardenthun,

Cf.

Hardington

(Somerset). 772. Landrethun-/e-iVo/Y/ (cant. de Marquise) et Landrethun-

lez-Ardres (cant. d'Ardres), appelés,

le

premier Landringhetun

le second Landringetun, Landregatun en 1084. L'adnominal constituant le premier terme est bien appai^ent dans ces formes anciennes il n'en reste plus trace à présent.

en 1119, jectif

;

773. Offrethun (cant.

nom

de Marquise). Ce

évolution plus grande que celles

résulte d'une

précédemment constatées. La

forme Wolfertiin, qu'on rencontre en 1286, permet de le rattacher au nom d'homme germanique qu'au temps des Mérovingiens et le

des Carolingiens on latinisait en Vulfarius, et d'où procède

nom

de famille Gouffier.

Wolverton (Bucks, Hauts,

Cf.

Norfolk, Warwick). 774.

Olincthun, écart de Wimille (cant. de Boulog-ne-Nord),

en 1367 Olinguetun. 775. Paincthun,

hameau d'Eching'hem

Sud), en 1118 Panningaium.

(cant.

de

Boulogne-

Paington (De von). 776. Pélincthun, hameau de Verlincthun (cant. de Samer), en 1112 Pannigelun, en 1748 Pénincihun. Cf. Pennington Cf.

Hauts, Lancaster). 777. Raventhun,

hameau d'Ambleteuse

(cant. de Marquise),

en 1084 Bavent uni. 778. Rocthun, ancien 779. Samblethun,

fief à

ancien

Longueville (cant. de Desvres). à Coyecques (cant. de Fau-

fief

quembergues). 780. Tardincthun, quise). et

ancien

On remarquera

dans celui du

fief, le

-fief

que, dans

à le

Tardinghen

nom

de

premier ternie est

commune même.

la

le

(cant.

de Maractuelle


LES NOMS DE LIEU

190

Wimille

781. Terlincthun, écart de

de Boulogne-Nord).

(cant.

Les anciennes formes de ce nom, à commencer par le Telingetun de 1208, ne présentent pas, dans la syllabe initiale, IV qu'on observe dans la forme actuelle. Cette lettre n'apparaît qu'au

un premier

xvi^ siècle, correspondant à

présentait à coup sûr.

que

l

Cf. Tellington

le

thème

originel

(Lincoln) et Tillington

(Hereford. StatTord. Sussex). 782. Todincthun,

Ce nom

bergues).

hameau d'Audincthun

se trouve en 807,

sous

(cant. de la

Fauquem-

forme Totingetun^

dans une charte de Saint-Bertin de tous ceux présentement étudiés, c'est celui dont on possède la plus ancienne mention. ;

Cf.

Toddington (Bedford, Gloucester),

783. Tourlincthun,

hameau de Wirwignes

(cant. de Desvres).

Cf., sous réserves, Torleton (Gloucester).

784. Verlincthun (cant. de Samer), en 1173 Verlingtun. 785. quise),

Wadenthun, hameau de Saint-Inglevert (cant. de MarCf. Waddington (Lincoln, en 1084 Wadingatim.

York).

Waincthun, ancien fief à Saint-Léonard (cant. de Samer). 787. Wingthun, ancien fief à Tarding-hen (cant. de Marquise). Ce nom est sans doute une variante du précédent. 788. Warincthun, hameau d'Audinghen (cant. de Marquise). 786.

Cf.

Warrington (Lancasten.

789. Witrethun, écart de Leubringhen (cant. de Marquise), 790. Zeltun, ancien

fief à

Polincove (cant. d'Audruicq),

en

1084 Scellun. Etroitement apparentés des

noms

ser en revue sont dus

groupés,

on

l'a

vu par maint exemple

—à

de lieu d'Angleterre, les vocables qu'on vient de pas-

à

évidemment aux Saxons. Actuellement

cinq exceptions près

les

cantons d'Ardres. d'Au-

druicq et de Fauquembergues appartiennent à l'arrondissement de

— dans l'arrondissomont de Bouhigne,

Saint-Omer mêlés sur le

est légitime d'attribuer aussi

noms

ils

se trouvent

qu il aux Saxons, mais que, faute de con-

terrain à d autres

d'origine germanique,

sidérer qu'ils sont ainsi encadrés, l'on hésiterait à rapporter à tel

ou

tel dialecte.

791.

Plusieurs de ces

noms

représentent

simplement

tlos


ORIGINES SAXONNES EN BOULENOIS

191

nominaux en

-ing, -ingen. Lorsqu'ils s'appliquent à des en raison de leur importance, sont devenues des communes, la finale, remaniée, ordinairement dès le xii^ siècle, adjectifs

localités qui,

en -enghes, affecte aujourd'hui

comme dans

forme -ingues,

la

Affringues (cant. de Lumbres), Autingues (cant. d'Ardres), etc. 792. Dans les noms de simples écarts ou lieux dits, moins bien prot5g-és contre les altérations populaires, -enghes s'est déformé

en -enne ou -ennes

:

Foucardennes,

Samer), Rabodennes, ancien

lieu dit

d'Outreau (cant. de

Maninghen

(cant. d'HucqueWicardenne, hameau de Saint-Martin-Boulogne (cant. de

liers),

à

fief

Boulogne-Sud).

Les autres noms de dans

lieu d'origine

germanique qu'on remarque

région sont de forme composée.

la

On

peut les grouper

sous les divers ternies qui en constituent les désinences, et c'est selon l'ordre de ceux-ci qu'ils vont être indiqués, assez rapide-

ment

d'ailleurs, car tel

Francs ou

les

de ces termes, à la différence de

dans d'autres parties de

laissé des traces les

la

tini,

a

Gaule, colonisées par

Bourguignons.

champ

» Dampnacre, Heu dit d'Outreau (cant. Denacre, hameau de Saint-Martin-Boulogne (cant. de Boulogne-Sud) et de Wimille (cant. de Boulogne-Nord),

793. Acker,

de Samer),

«

:

le

hameau de Leubringhen

Disacre,

(cant. de Marquise),

Gouve-

nacre, lieu dit de Fiennes (cant. de Guînes). Honnacre, ancien fief à

Wissant

ghen

et

794.

(cant. de Marquise),

Landacre, hameau d'Halin-

d'Hesdin-l'Abbé (cant. de Samer). Beke,

«

ruisseau

»

anciennement

Belbet,

:

Belbecq,

hameau d'Henneveux (cant. de Desvres), 1 Estebecque, ruisseau coulant à Audembert (cant. de Marquise), Estiembecque, anciens fiefs

à Clerques et à

Louches

hameau de Samer, Rebecques nier

nom

trouve au n"

866j

;

nom

est l'équivalent d'un vii*^

et

siècle

sous

la

de lieu

EsLicmhecque doit

être

— LTn certain

ruisseau pierreux

».

ruisseaux de

la

région portent

nom

féminin, qui atteste que

le le

(cf.

ci-après

rapproché de l'allemand

le

l'article

la

Uesbacis

forme

«

Steinhach,

Marbecque, Ce derfrancique que l'on

(cant. d'Ardres),

(cant. d'Aire-sur-la-Lys).

mot

nombre de

de BecqUB, précédé de était passé

dans

le

bm-

gage courant. 795. Berg,

«

montagne

»,

devenu, par assourdissement

île la


LES NOMS DE LIEU

192

consonne

nembert

finale, -bert

Audembert

:

(cant. de Desvres),

de Marquise), Bru-

(cant.

Golembert (même canton), Humbert

d'Hucqueliers), Milembert, lieu dit d'Outreau (cant. de

(cant.

Samer), Palembert, lieu dit de Wimille (cant. de Boulogne-Nord), Pouplembert, ancien fief à Golembert, Riquembert, bois à

Montcavrel (cant. d'Etaples), Rotembert, hameau de Saint-Martin-Boulog-ne (cant, de Boulogne-Sud), Rupembert, ham^u de Wimille. Le mot herc[ ayant appartenu à tous les dialectes geril convient d'insister sur ce que les localités dont rénumération précède appartiennent à Tarrondissement de Bou-

maniques,

logne ou à des cantons qui en sont voisins.

La nasale qui

précède dans tous ces noms, la désinence -herf représente Vn d'un génitif germanique. 796. Bricfy,

«.

pont

»

— en

(cant. de Desvi-es)

le Cobrique, hameau de Bellebrune 1286 Quodbrigge lEtiembrique ou :

Estiembrique, hameau de Wimille,

nom dont

la

première partie

allemand stein, « pierre ». les Crambreucqs, nom désignant 797. Brock, « marécage » un ruisseau qui prend sa source à Fiennes, Dennebrœucq (cant. de Fauquembergues), Godelimbreucq, lieu dit de Wimille. le

répond

à

1

:

Hambreiicq, écart de Tardinghen (cant. de Marquise), RequeA menbreucq, hameau d'Ouve-Wirquin (cant. de Lumbres).

tionner quelques écarts, lieux dits et cours le

I"

Breucq et les Breucqs. 798. Brun, « fontaine », -hronnc

:

est

Acqueiïlbronne,

Caudebrone, Heu

deau appelés

l'origine de

nom

Breu,

le

désinences

trois

de cinq écarts ou lieux

:

dits,

Saint-Omer-Sud), Caud'Outreau, Cottebronne, lieu dit de Saint-Mur-

dit

d'Arqués

fcant. de

debronne, lieu dit tin-Boulogne et écart de Wierre-Effroy (cant. de Marquise), Coubronne, nom de cinq écarts ou lieux dits, Follembronne, ancien lief à

Saint-l'Uienne (cant. de Samer), Hassebronne. ancien

Maninghen (cant.

(cant. d'Hucqueliers), Hellebronne, ancien lief à

de Mincpiisc), HouUebronne,

(cant. de M;ir(iuise).

lieu

dit

lief à

Réty

de Wacquinghen

Liembronne, hameau de Tingrv

Samer), Thiembronne (cant. de Fauquembergues)

;

(cant.

2"

de

-brune

:

Bellebrune (cant. de Desvres), Rosquebrune, écart de Longfossé ^" -bournc Courlebourne, lianieaude Licfiuos (même canton); faut entcnch-,' vrais(MnblahhMnenl jiar 11 (cant. de Guînes

— .

diiiidchronnc et

:

(lolloltromio

«

froide

fonlainc

».

|)ar

Ilcllr-


SAXONNES EN BOLLENOIS

|>R1(;INES

bronne creuse

fontaine sacrée

«

et

»,

193

Houllebronne

par

«

fontaine

».

Daie,

799.

vallée

«

»

:

écart

Belle-Dalle,

de Tardinghen,

hameau dllesdin-l'Abbé, Dippendale, hameau de

Brucquedalle,

Bouquehault (cant. deGuînes), le Wimendalle, lieudit d'Outreau. On rencontre en Normandie des noms analogues Briique:

dalle

Dieppedalle

et

(Seine-Inférieure)

;

ne sauraient être

ils

aux Saxons, car ils ont pu tout aussi Normands. Le premier de ces noms parait signifier u vallée marécageuse »), et le second « vallée profonde » ce dernier qualificatif était exprimé par le saxon deop,

attribués en toute sûreté

bien être importés par les

;

analogue à l'anglais deep, et par 800. Feld,

dont

la

».

Parmi

le norois diup.

noms

les

forme originelle présentait ce mot

ceux qui

hameau de Dennebrœucq,

Julien (cant. de

logne-Nord),

second terme,

sont Helfaut (cant. de Saint-Omer-Sudi, Mil-

tels

:

de lieu du Boulenois

comme

romanisés les premiers sont actuellement termi-

se sont

nés en -faut faut,

champ

«

Fauquembergues)

et

premier romanisé dès

le

ancien

fief k

et Pittefaux

Erny-Saintde Bou-

(cant.

le xn*' siècle.

L'adoucisse-

dans le nom de Clémevaut, lieu d Outreau, parait l'indice dune romanisation moins ancienne. Enfin, dans les contrées où 1 influence des populations de langue

ment de ly en

v qu'on observe

dit

germanique a persisté

le

plus longtemps, la romanisation, con-

séquemment plus tardive, est caractérisée non seulement par changement de Vf en r, mais de plus par celui de 17 en

le /•

:

Gazevert, ancienne maladrerie à Wissant, Pichevert, en 130o Pissevclf.,

hameau de Wimille,

chronique

Sontinghevelt

au

xiii® siècle,

Lambert d'Ardres, Sontium

de ;

et

de Mar-

et Saint-Inglevert (cant.

quise). Cette dernière localité est appelée

campus

dans

la

viilgo

de cette forme vulgaire on rencontre, depuis

le

XII* siècle jusqu'au xiv®, de légères variantes attestant qu'on se trouve en présence d'un nom dont le type primitif consiste dans

le

nom commun

fcld précédé d'un adjectif nominal

en -ing^

bien loin qu'il évoque le souvenir d'un personnage honoré par l'Eglise.

801. Ford,

«

gué

d'Ardresj, Etienfort,

flamand Sleenvoorde Le.s

iiotiis

de lieu.

»

:

Audenfort, hameau de Clerques (cant.

nom

de (juatre hameaux et synonyme du

(Nord)

et

de Ginpicreiix (voir n" 681), 13


I

LES NOMS DE LIEU

94

Houllefort. c est-à-dire

<(

le

gué profond

section de Belle-et-

»,

Houllefort (cant. de Desvres). 802. Gâte

ci-dessus n° 757)

(cf.

Enguinegatte (cant. de Fau-

:

quemberg-ues), Sangatte (cant. de Calais-Nord-Ouest), Tégatte,

hameau du Portel

Ham

803.

(cant. de Samer).

ci-dessus n" 742).

(cf.

qu'on rencontre

le

Ce mot

plus fréquemment dans

donné

a

la

le suffixe

partie occidentale

du département du Pas-de-Calais. Généralement combiné avec -in(/^ et prononcé -an ou -in, la forme qu il revêt est -hem, et, dans le sud du Boulenois, -hen. Pludes adjectifs nominaux en sieurs des

noms

ainsi formés ont,

équivalents en Angleterre

comme ceux

Barbingheiïl,

:

(canton de Saint-Omer-Nord\ appelé au

en -thiin, leurs

hameau de Moringhem

ix*^

siècle Birmijir/haem,

synonyme de Birmingham (Warwick), et le nom de Bouquinghen, hameau de Marquise, doit être rapproché de celui de est

Buckingham, qu'à la cour de Louis XIII on prononçait Bouquingan. Dautre part, il existe quelques noms dans la forme ori-

g^inelle

par

desquels on voyait

la finale s

Ardingeshem au liinningshem

ham

précédé d'un génitif caractérisé

Hardinxent, écart de Réty (cant. de Marquise),

:

Rinxent (même canton), en 1119 Tubersent (cant. d'Etaples), au ix° siècle

xu'' siècle

et

Thorhodeshem. « cour, ferme » Fouquehove. hameau de Pernes Boulogne-Nord;, Monnecove, hameau de Bayenghemlez-Eperlecques (cant. d'Ardres)^ Rorichove, lieu dit d'Andres

804. Hof,

:

(cant. de

(cant.

de Guînes), Walricove, lieu dit de Ferques (cant.

Marquise),

d'homme;

manifestement

vocables

formés

— Osthove, hameau de Bainghen

sur

des

de

noms

(cant. de Desvres),

Ostrohove, hameau de Saint-Martin-Boul'ogne, "Westhove, hameau de Blandec(jues fcant. de Sainl-(Jmcr-Sud) et ancien manoir à (Juehnes fcant. de Lumbres), Westrehove, hameau d'I^qierlecques et

ancien

fief

entre Rebergues (cant. d'Ardres) et Surques (cant.

Zuthove, lieu dit de Ouelmes (cant. de Lumbres), noms rappehint par leurs premiers termes la situation

de

Lumbres), enfin

orientale, occidentale

plus inq)orlants,

805. Jlolf,

hameaux ''cant.

«

ou méridionale, par rapport à des centres

<les localités

bois

.)

:

auxquelles

Bouquehault

d'Olfretliun (cant.

ils

s'appliquent.

fcant. de Guînes), Écault,

de Mar(piise) et de Saint-l^ltienne

de Samcrj, bois à (juestreccpies

(inêiiu'

canton), Hodre-


SAXONNES

(JRIGlMiS

Réty

nault, ancien fief à

terminaison

E.N

(cant. de

HOLLENOIS

Marquise)

Cambrehout,

dillérente,

bois

;

195

avec une

et,

Clerques

à

(cant.

Tournehem (même canton), Ecout,

d'Ardres), Cupréhout, bois à

écart à Tilques (cant. de Saint-Omer-Nord), Northout, écart de

Bayeng-hem-lez-Eperlecques (cant. d'Ardres).

noms

vocables sont formés sur des

d'arbres

:

Tels

de ces

Écault sur celui

du chêne, en allemand eiche, et Bouquehault sur celui du hêtre, en allemand bûche ce sont aussi des hêtraies qu'il faut reconnaître dans Bécourt (cant. d'Hucqueliers), en 1170 Becolt, et ;

dans Boncourt, en 1157 Bocolt, hameau de Fléchin (cant. de Fauquemberg'ues) à la désinence primitive de ces deux noms ;

substitué une autre,

l'usage en a

extrêmement fréquente en

diverses régions de la France septentrionale, mais dont l'origine est toute différente.

806. Naes

voir ci-dessus n"* 751 et 752.

:

nom de Wissant (cant. de abondent depuis le xi'' giècle, est Britannicus porattesté parce passage de Lambert d'Ardres tus, qui ab albedine arène vulgari nomine appellatur Sand semble bien être le premier terme du nom de Witsant. 807. Sand,

«

sable

»

le

:

sens du

Marqtiise), dont les mentions

:

Sangatte, mentionné ci-dessus (n" 802). 808. Stan,

comme l'a

« pierre,

désinence dans

rencontré

(n« 794),

809.

comme

Étiembrique

Wald,

810. Zelle,

«

la

;

premier terme des noms

Estiembecqiic

(n« 796) et Étienfort (n" 801).

forêt »

«

», ne paraît pas avoir été employé toponomastique du Boulenois mais on

roche

:

chapelle

Pelengaud -

»

:

.

'.

Floringuezelle, Haringuezelle et

Waringuezelle, hameaux d'Audinghen Watrezelle, hameau de Wimille.

(cant.

Marquise),

de

1. Le Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais de Pklinc.hiîn, M. de Loisne, paru en 1907, renferme un article ainsi conçu Pelinghen, 1305 (terr. do Saintf., com. de Saint-Martin-Boulogne. Wulmer, p. 46). Pellinghuen, 1.530 ^cueill. do N.-D. de Boul., G. 23). Peleufjaad (Etat-maj.) ». Il est évident que la dernière de ces « formes anciennes », comparée aux deux autres, doit être lue Pelengand. Nous ne reproduisons donc que sous toutes réserves une indication qu'Aug. Longfnon, s'il s'était arrêté aux textes du xvi« siècle signalés par M. de Loisne, aurait sans nui doute sacrifiée, et dont on retiendra seulement que le mot wald, commun aux divers idiomes germanicjues, peut bien avoir laissé des traces en Boulenois comme dans d'autres régions de notre pays. 2. Sur le sens de ce mot, A. Loiii^non s'exprimait ditlVremment dans sa « Le mot zelle, au sens lc(,:on du 18 décembre 1890, au Collège de France de cellule ou de petite maison, emprunte nu latin ce lia par les poi)uia-

:

:

tions germani(jues... ».

<(


XLIV

ORIGINES BURGONDES 811.

Il

est question des

Bur^ondes pour

la

première

fois

dans

nom est associé à celui des ils habiVandales Vindili quorum pars Burgundiones On trouve mer Baltique. dans Ptoléde la alors non loin taient l'Histoire nafuT'elle de Pline, où leur

^

:

;

mée ime mention des ciable à tirer.

Bcup-^foii^^-î.:,

dont

il

n'y a pas un parti appré-

Les Burg-ondes furent chassés de leur

vers le milieu du

iii*^

l'historien national des Goths, Jordanès, ils

territoire

siècle par les Gépides, le fait est attesté par

évêque de Ravenne

vinrent alors se fixer vers la forêt Hercynienne, dans

sinage des P'rancs, des Thuringiens, des Suèves et des alliés

par des mariages aux garnisons romaines de

Alamans

maisons contiguës

:

c'est

;

la région, ils

prirent des habitudes sédentaires, et construisirent des « bourgs à

;

le voi-

»

dans cette dernière circonstance

qu'Orose et Isidore ont pensé trouver l'étymologie de leur nom. Leur premier établissement en Gaule date vraisemblablement de la îrrande invasion barbare de 406-407. Ils se fixèrent dans la Première Germanie, près de Worms, qui devint la résidence de

Le souvenir de ceux-ci

leurs rois.

hclte et dans le

portent les

noms de

les textes des v^ et

carius,

se

est consigné

dans

la

poème épique des Xihelungen, où Gibich, Gisleher et Gunther vi*^

considérait

:

comme un il

Gom-

ce dernier, que

siècles appellent Gundahariiis

romaine, et en 411, à Mayence,

Loi

ces princes

ou Gundi-

de la puissance proclamer empereur un

auxiliaire fit

obscur soldat, Jovin, qui fut tué l'année suivante. Vers 435, fut battu par Aétius qui, selon l'expression de Prosper

Gunther

d'Aquitaine, accorda les

Huns

la

paix à ses supplications

d'Attila taillèrent en pièces les

Rhin, en une bataille où périt toute

de ce désastre termine

le

poème des

Ilisl.

n;it., I\',

-JH

rd.

i.ciiiiiiic,

II.

mais pou après,

Burgondos, près du

la famille

royale

IViheliiii'jcn,

appelé Elzel.

1.

;

:Ci)\.

:

le récit

où Attila est


ORIGINES BUKGONDES

On

du chroniqueur Prosper Tiro que, qi;elques années Romains recueillirent les débris du peuple bur-

tient

plus tard,

dans

«j^onde

la partie

197

les

pays qui, sous

le

de

la Suisse

le

nom

de Sapaudia, s'étendait dans

qui confine au lac Léman, et comprenait en

une partie du département de TAin. Bur^ondes paraissent avoir accru leur territoire En la Séquanaise reconnut leur autorité. Lyon et la Première Lyonnaise devinrent leur proie vers 469 et Ion sait la douleur causée outre, semble-t-il,

436, les

;

;

à

Sidoine Apollinaire

natale, de la

fille

par

le

mariage,

célébré dans

d'un roi burgonde avec

sa

ville

franc Sigismer. Les

le

Burgondes poussèrent bientôt -leurs conquêtes jusqu'à la Durance. Indépendants jusqu'en 334, ils furent alors soumis par les Francs. Dans cette vaste « Bourgogne «, comprenant, avec la région qui a conservé ce nom, le pays de Langres, la Franche-Comté, une partie de la Suisse, la Savoie, le Lyonnais, le Forez, le Dauphiné et la Provence septentrionale, les colons burgondes étaient inégalement répartis. Il convient de distinguer entre les pays que ces étrangers colonisèrent effectivement, et ceux qui ne firent que reconnaître leur domination c'est surtout à l'étude des noms de lieu qu il faut demander les moyens d'établir cette distinction. On se gardera donc d'attribuer aux Burgondes, comme l'a fait M. Perrenot dans une étude publiée en 1904 par la Société :

d'émulation de Montbéliard, l'ensemble des

noms de

lieu d'ori-

gine germanique signalés dans l'étendue de l'ancien royaume de

Bouro:oone.

du v^ siècle et peu près exclusivement, de langue romane. A première vue, on n'y découvre pas de noms de lieu accusant nettement une origine germanique mais l'étude des chartes antérieures au xir siècle malheureusement très rares pour cette contrée révèle l'existence en Franche-Comté et dans la Suisse romande, de vocables géographiques dont les terminaisons dénotent l'origine germanique, et, Les pays où dominèrent les Burgondes à la le premier tiers du vi'^, sont aujourd'hui,

dans

fin

à

;

dans l'espèce, burgonde. 812.

Un

cartulaire de l'église cathédrale de Lausanne, publié

en 1831 par

la

Société de l'Histoire de

la

Suisse romande,

passer sous nos yeux, dans des chartes des

quelques noms de lieu présentant latinisée en -ingus, -ingi.

On

la

ix*"

terminaison

rencontre ainsi

:

et

x*^

fait

siècles,

-in(/, -inffcn,

en 836 Marsin-


LES NOMS

198

DE LIEU

Vuipedingus, Marsens,

Escarlingus,

Écharlens et Vuippens, en allemand Wippingen, localités appartenant toutes vers 948, Sclepeding-us et trois au canton de Fribourgen 963. Runing-i, Éclepens et Renens, au canton de Vaud g-us.

;

;

Lucens, au même canou Soring, au canton Sotringi, soit vers 975 Sorens ton siècle enfin, Dalling-i et Resolding-i, au x*" de Fribourg-; Dailians et Ressudans, au canton de Vaud.

Scubilingus

;

et

Losingus. Écublens

et

813. Les chartes de l'abbave de Cluny intéressant la Bourgogne fournissent peu de noms de cette espèce on peut citer Offanengos, vers 908, Offeningo, vers 952, Ofifanans (Ain"). 814. On constate, que la terminaison romane qui procède de -ing est -ens dans la Suisse romande, -ans entre le Jura et la Saône. Au point de vue de la prononciation le résultat est le :

même,

et c'est celui qui a été sig-nalé plus

haut [n° 739) à propos

des mots flamand^ hareng, merlan, éperlan

;

dans certaines par-

du département on observera la variante -eins (cf. ci-dessous, n" 850). -ans est une g;raphie plus moderne que -ens, car dans les noms Abhans, Foucherans, Gonsans, Boulans, les formes antéties

rieures au

De

se terminent par -ens.

XIII* siècle

toutes les régions de la France qui ont été soumises

Burgondes,

c'est la

Franche-Comté qui comprend

nombre de noms de commune en

le

aux

plus grand

-ans, c'est-à-dire issus d'adjec-

tifs germaniques terminés en -ing. On en compte 87 dans le département du Doubs, soit presque un septième de l'effectif 50 sur 583 dans la total des communes, qui est de 636 Haute-Saône, soit un peu plus du douzième 38 sur 585 dans le ;

;

Jura, soit

un peu moins du quinzième. Un

vocables vont être passés en revue

;

certain

nombre de

ces

on considérera d'abord les

départements franc-comtois en procédant, pour le Doubs, par arrondissements ensuite les départements voisins. trois

^

;

Arrondissement de

Jies,inçon.

815. Abbans, de Ahhing, adjectif nominal formé sur l'équivalent

1.

buigonde du nom franc Abbo, qu'on

I.'aiTondisscriKMil

en -un».

<l(^

l*(iii(:irlior

voit,

au

ne (•oinpivnd iniPim

ix" siècle, portt'

nom

(1(>

comnimio


.

ORIGINES BUKdOiNDES

199

par un moine de Saint-Gerniain-des-Prés, auteur d'un poème sur le

siège de Paris.

816.

Amondans, de Agmonding, formé sur un nom d'homme

latinisé en

Ag-imundus

;

celui-ci présente

n°- 1134 à 1136) qui lui est

avons 817.

fait

commune

une

avec les noms dont nous

Pharamond, Raymond, Fî^omond, pour Bertherem,

Bartherans,

d'homme germanique

latinisé

finale (cf. ci-après,

a

etc.

pour racine

en Bertharius. Le

nom

le

nom

Berihier,

qu on ne rencontre plus que comme nom de famille, était, au moins jusqu'au xiv'^ siècle, employé comme nom de baptême en Franche-Comté. 818. FoucheranSj en 1162 Folcherens^ est apparenté au

Foucher, dont

le

nom

thème g-ermano-la tin estFolcarius ou Fulca-

rius.

819. Germondàns a pour origine probable formé sur Garimund, lequel a donné Gerniond.

Garimunding

Arrondissement de Baunie-les-Dames 820. Bremondans, de Bretmund. 821. Glamondans, de

822.

Glaumund.

Hyémondans, probablement de Leudmund.

823. Guians-Fennes, du nom, latinisé en

Wido,

qui a donné

Ginj.

824. Orsans, du

nom

latin

Ursus.

Arrondissement de Montbéliard. 825. Bavans, du

nom

latinisé en

Babo, puis Bavo.

826. Frambouhans, de Francobod,

second terme se retrouve dans

le

nom

nom

g-ermani(|ue dont le

qui suit.

Mambohans, de Mcyinhod, qui a donné Maimbeuf. Rémondans, de Regimund ou Ralmund. 829. Semondans, de Sigismand, qui fut au vi'' sièeh? le nom 827.

828.

d'un roi burgoude, et dont la forme vulgaire est Siniond. 830. Thiébouhans, de Teulhod.

831.

Vermondans, du nom

latinisé

en \\'ariinuiulus.


NOMS UE LIEU

LES

200

Hâuie-Saône. nom.

832. Amblans, du

latinisé

en

Amalo

ou

Amulo,

qui,

sous cette dernière forme, a désigné un archevêque de Lyon au nom se retrouve dans Ablancoui^t (Marne), appelé

ix^ siècle; ce

en 850

Amblonis

curtis.

833. Aubertans, de Adalhert ou de Autbert. nom porté par trois communes 834. Bouhans

— du nom

d'homme, latinisé en Bodo, qui représente nom de Boncoiwt (cf. ci-après, n° 1011).

la

première partie du

835. Lieffrans, de Lietfrid ou Liutfrid, en français Leufroi.

836. Malbouhans, de Madnlhod.

837. Thieffrans, de Teotfrid

Loheran

ce que

;

ce

est à J.e-rrain,

nom

est à Thieffrain (Aube),

comme

dérivé

de Lotha-

lui

ring-us. 838. Vadans, du

nom d'homme latinisé en Waddo, qui condu nom de Wadenfhun, mentionné

l'un des éléments

stitue

ci-dessus (n» 785).

de Fribourg).

Cf. 'Vuadens (Suisse, cant.

Jui^a.

x\delgarius, primitif du de famille Augier ou Augcr, qui a pour diminutif Auge-

nom

839. Augerans, du

nom

latinisé en

reau.

homonyme dune commune du Doul)s homonyme dune commune de la Haute-

840. Foucherans, (n" 818), et "Vadans,

Saône

(n" 838).

Côle-dOr. 841.

Chamblanc

de Seurrei, au

(cant.

xiii'"

s.

Chamlilans.

Saône-et-Loirc. 842.

Bouhans

de trois coiiiiiiunes de 843.

Gommerans.

nom que gondes,

et

homonyme

(cant. de Saint-(iermain-du-Bois),

|)ortèrent,

hi

Ihuito-Saône

ccait

aux

notamment un

(^n"

834).

du Tartre (même canton), de ^rW<'m;}/\

v''

et

vi'=

frèi-e et

844. Louhans. appelé en S"')

siècles, plusieurs princes bui-

un l't

fils

!>l.'»

du

roi

(jondebaud.

Lovingus

:

cette

ville


ORIGINES BURGONDES est

le

201

chef-lieu de l'arrondissement auquel appartiennent les

deux communes qui précèdent

et celle qui suit.

Mervans (cant. de Saint-Germain-du-Bois), en 1140 Merven^i, du nom, latinisé en Merovecus, qui fut celui du fon845.

dateur de

la

première race de nos

rois.

Ain. 846. Garnerans (cant. de Thoissey), auxii" siècle Guarnerens, du nom qu'on voit, au \f siècle, latinisé en Warnacarius, et qui a donné en français Garnier.

hameau de Villeneuve (cant. de Saint-Triviersur-Moignans), synonyme des Grafiiig, Gnifuiff, Graffingen, 847. Graveins,

haut (n° 738), au sens de

cités plus

848. Offanans

«

domaine du comte

».

voir ci-dessus, n° 813.

:

849. Romaneins, écart de Saint-Didier-sur-Chalaronne (cant.

de Thoissey), fournit un exemple d'adaptation du suffixe -Ing à

un nom d'homme 850.

On

latin.

vient de rencontrer deux exemples de la variante -ej'/is

celle-ci est fréquente

g-nans, qui appartient,

ment de Trévoux

:

le

canton de Saint-Trivier-sur-Moi-

comme

celui de Thoissey, à l'arrondisse-

dans

Amareins, Baneins, Cesseins, Ghaleins, GhaSi l'on possédait de ces noms neins, Fareins, Francheleins des formes suffisamment anciennes, on déterminerait aisément les noms d'hommes auxquels ils se rattachent '. Du moins, il est permis de reconnaître dans la racine de Fareins le nom de Faro, porté au vu- siècle par un évêque de Meaux, qui était précisé:

.

M. Ed. Philipon, (dont

le Dictionnaire lopoçjraphiquc du déparieuient paru en 1911, c'est-à-dire l'année même de la mort d'Auguste Longnon, prétend {In/rod., p. x) que « l'influence exei-cée par l'occupation burgonde. sur l'onomastique de l'Ain a été à peu près nulle » il estime 1.

de l'Ain

a

.

;

.

malaisé de reconnaître, sous leurs formes romanes, le suflixe germanique -in;/- du suffixe ligure -inco- » et il opine visiblement pour ce dernier. Ses arguments ne nous paraissent pas probants: on ne saurait, [ihid., p. xi) «

;

par exemple, souscrire

à l'aflirmation

s'ajoute jamais qu'à des

D'autre part,

le

qu'« en germanique,

noms simples

groupement, sur

»

le terrain,

(cf.

Revue

le suffixe -j/i(/-

hiatoric/ue, ('.\,

ne

304).

des noms cités par A. Longnoa

l'hypothèse d'une colonie burgonde à une assez faible distance de Lyon est on ne peut plus vraisemblable tandis qu'on n"a aucune raison positive de supposer qu'il y ait eu là un étal)iisseest particulièrement caractéristique

;

;

nu'ul ligure aussi élroitemoiil (ItMiniilé.


LES NOMS DE LIEU

202

ment d'origine burgonde. Quand à FrancJicleins, il représente évidemment l'ancien adjectif F/'ankaling latinisé en Fiancalingus cet adjectif est aussi la source du mot franklin, qui désignait une certaine classe d'hommes libres dans l'Angleterre médié,

:

vale, et est

devenu

851. Le

noms

du

ff

nom

de famille.

suffixe -inff n'a

pas laissé de traces dans les

de lieu en -ens, -ans eÀ-eins.

sister lorsque

devait, au contraire, per-

Il

ce suffixe était latinisé sous la forme féminine.

noms de lieu, qu'on rencontre entre le Doubs rOgnon, paraissent correspondre à des primitifs en -inga. Ce sont dans le département du Doubs Berthelange, Jallerange (cant. d'Audeux) dans le Jura Auxange, Louvatange. Malange. Rouffange, Sermange (cant. de Gendrey), Offlanges (cant. de

Une

quinzaine de

et

:

;

Amange,

Montmirey-le- Château),

Romange, Vriange

Archelange,

Audelange, dans la

de Rochefort-sur-Menon)

(cant.

;

Côte-d'Or Bousselange et Jallanges (cant. de Seurre). Ces noms n'ont de commun qu'une ressemest-il besoin de le dire ?

blance de terminaison toute fortuite avec les

noms en

-ange,

procédant de primitifs purement latins en -anicus, dont on a constaté

(cf.

ci-dessus,

372

n***

et 373) la

présence aux confins

de l'Auvergne et du Limousin. 852. Voici

un autre exemple de

la

survivance du g de -ing,

due cette fois à ce que ce suffixe s'est trouvé suivi d'une désinence diminutive il est impossible, en etfet, de voir dans Blussangeaux (Doubs, cant. de l'Isle-sur-le-Doubs) autre chose qu'un :

diminutif du

nom

de Blussans, porté par une

commune

un primitif Blcssing. catégorie présentement

voisine,

et représentant, semblc-t-il,

853. Faut-il, dans icntrer les mciil

(le

noms de

la

la

lieu suivants, qui

llaule-Savoie

:

Samoëns

|)ruiient

iiiaiiquoiis

854.

<

faire

et

Vulbens. d'une part,

Lucinges, dauire part? Il est de s'en tenir, sur ce point, à une simple hyj)()thèse, car

AUinges, Fillinges, Larringes

nous

étudiéie,

appartiennent au départe-

Ml a

et

de documents anciens sur

découvert, dans

la

légion.

la

Suisse romande

l'I

dans

la

Franclie-

les données de Comtc, bon nombre de cimetières germaniques rarclu'olo^ie conlirment donc celles de l'histoire, (jui placent, on l'a vu (n" 811j dans la Sajuuidia piiinitive le premier élai)lisse:


ORIGINES nURGONDES

203

_

ment des Burgondes en Gaule. Une autre attestation de la colonisation germanique de ces contrées est fournie par le nom de Romanèche, qu'on rencontre dans le canton de Vaud et dans nos où il est porté par une commune et départements de IWin et de Saône-et-Loire. Il faut voir dans au moins quatre écarts

— — ce nom — Romanisca — l'appellation imposée parles barbares à de petits centres où la population romaine s'était maintenue.

Le

même

produit dans une autre région, qui a

fait s'est

partie de l'empire romain.

Un

villag-e

fait aussi

des environs de Salzburg",

en Bavière, est appelé, dans des textes de l'époque caroling'ienne, tantôt

vicus romaniscus, tantôt vicus Walschdorf. L'adjecauquel, sous la forme ivelsch, les Allemands donnent

tif i/^a /se /le,

sens

le

Italiens, les «

d' «

étrangers

Romains

surtout à propos des Français et des

\velche »

;

»

a

désigné dans

France septentrionale,

la

désigne encore en Belgique, les populations de langue romane.

exclusive aux Burgondes de

de lieu d'origine germanique qui revue.

du

Une

quelque réserve dans

convient-il d'apporter

855. Peut-être

fin

barbares désignaient

;

wallon

l'attribution

le

les

on connaît l'emploi que Voltaire faisait du mot la langue anglaise appelle Welsh les Gallois et le

;

qualificatif « et

>>,

procède du mot ivala, par lequel

la totalité

viennent

part n'en serait-elle pas due aux

vi" siècle

ou

pays avoisinant

le

commencement du

Jura?

le

D

noms

des

d'être

passés en

Alamans

qui, vers la

pénétrèrent dans

vii^,

autre part, les Varasci et les Sco-

Franche-Comté, où deux paçfi ont et VEscuens (cf. ci- dessus, n*^ 526)Les Varasci furent convertis par saint Eustase, abbé de Luxeuil, qui mourut en 623, L'établissement de ces barbares tingi s'établirent à l'est de la

conservé leurs

noms

:

le

Varay

raviva certainement l'élément germanique sur

le

versant occiden-

tal

du Jura, mais

La

distinction est d'autant plus difficile à faire que, dans d'autres

est impossible de dire

il

dans quelle proportion.

Bourgogne où ces Germains n'ont jamais pénétré, ne dilfèrent pas de ceux du Valais et du pays de Vaud. Si l'on était tenté d'attribuer aux Varasci les noms en -ange énumérés plus haut, il faudrait prendre garde à ce que le parties de la les

noms de

lieu

pays dans lequel

— rappelle on ne pire.

le

ils

sont groupés

YAnious,

pagus Amavus

souvenir des Francs Ghaniaves, qui s'y s'établirent

sait à quelle

époque, peut-être

comme

auxiliaires de

1

1^'m-


.

XLV GOTHIQUES

ORIGINES

856. Les Goths ont dominé pendant plus de deux siècles et

demi dans

le

midi de

France, en Septimanie.

de la Scandinavie,

Originaires

quittèrent

ils

Gépides formant leur arrière-garde

patrie, les

Baltique,

la

ils

s'avancèrent à travers l'Europe

l'embouchure du Dniepr

;

;

leur première

des bords de la

orientale jusqu'à

tandis que les Gépides poussaient plus

deux côtés du fleuve, et formèrent, dès la fin du ii^ siècle de notre ère, deux nations distinctes, les Ostrogoths ou « Goths de l'est », sur la rive gauche, et les Wisigoths au sud,

Au

s'établirent des

ils

iv®

siècle,

domination sur

Hermanaric^ les Slaves,

vivait encore en 374,

quand

roi

Gépides

les

Huns,

versants des monts Ourals, passèrent

son empire

:

le

vieux

roi,

Ostrogoths, étendit sa

des

les

deux

fois

-le

et les

qui.

Ostrogoths

;

il

couvraient les deux

Volga, et se ruèrent sur

vaincu par eux, se donna

la

mort.

Les Wisigoths se replièrent vers alors

que lévêque

le

Pruth

et le

Danube

reur la permission de se réfugier sur son territoire

passèrent se

le

:

c'est

Ulfilas leur conseilla de solliciter de l'empe-

Danube au nombre d'environ deux cent

:

en 376,

montrèrent pas reconnaissants d'une hospitalité qui n'était humaine, ni très honorable ils se révoltèrent et mirent

très

siège

ils

mille. Ils ne

:

ni le

devant Constantinople. L'empereur Valens, après avoir

réussi à les refouler, fut battu et périt près d'Andrinople.

Théodore Mais après l'I^mpire

Home.

fit

bientôt rentrer les Wisigoths sous sa domination.

sa mort,

situées au

leur chef Alaric dévasta les pr(»vinces de

sud du Danube,

et

s'empara trois

fois

de

mourut assasGaule et une par-

Ataulf, beau-frère et successeur d'Ahiric,

siné en 415, après avoir parcouru le midi de la

de l'Espagne. Les Wisigoths avaient ainsi pris pied une j)ri'mière fois dans l'empei-our notre pays. On les y retrouve dès4lî) avec \\ allia

tie

:


205

UHUUiNES (lOTHlQUES

Honorius leur céda le territoire compris entre la Garonne, les Pyrénées et l'Océan, avec plusieurs cités avoisinantes Toulouse devint leur capitale. Ils luttèrent avec succès en Espagne contre et, en Gaule, leur domaine s'étendit, d'une part, les Suèves jusqu'à Narbonne et Nîmes, d'autre part, jusqu'à la Loire. Sous :

;

royaume wisigoth, borné par l'Océan et la Loire, au delà du Rhône, sur la partie de la Provence située au sud de la Durance. La victoire de Vouillé, remportée en 507 par Glovis, restreignit considérablement en Gaule la puissance des Wisigoths, qui n'y conservèrent que la Septimanie, c'est-à-dire le pays compris

Alaric

II,

le

s'étendait,

Rhône

entre les Cévennes et la Méditerranée, le

Pj'rénées

:

mort de tombé au pouvoir des Wisigoths

par les Francs qu'au temps de Pépin Glovis, le

inférieur et les

ce pays, appelé aussi Gothie, ne devait être soumis

Rouergue paraît

être

le Bref.

Après

la

pour une vingtaine d'années. Les établissements wisigoths ne furent pas également répartis

entre toutes les contrées de la Gaule qui leur étaient sou-

mises. C'est dans le Rouergue, le bas Languedoc et les pays

adjacents qu'on a trouvé

rencontre

le

plus de

le

plus de cimetières barbares, et qu'on

noms de lieu rappelant le souvenir d'hommes

de race germanique.

,

857. Les textes antérieurs au

régions sont, à la vérité, peu

ix*^

siècle qui

nombreux

:

concernent ces

pourtant, on y relève

quelques vocables topographiques terminés par le suffixe -ing. Une charte de l'abbaye de Moissac, datée de 682, mentionne,

dans le Toulousain Barolingus, Besingus, Orfollingus et Speutingus, et, dans le pagus Elusanus ou pays d'Eauze (Gers), Ginningus. A l'époque carolingienne, on voit le nom Scatalingi appliqué à

une

localité qui, vers

850, était désignée

vague, mais très intéressante, de Villa

Dans une charte de 93 i, une Moschelingus.

On

localité

par l'appellation

Gotho rum.

du Carcasses

est appelée

ne peut, à l'heure actuelle, identifier tous ces noms de

du moins on reconnaît Besingus dans Bessens (Tarn-etGaronne), Scatalingi dans Escatalens (Tarn-ct-Garonne), Moschelingus dans Moussoulens (Aude).

lieu;


206

LES NOMS DE LIEU

On

858.

le voit,

dans ces pays du Midi,

-ing a pro-

le suffixe

comme

duit des

noms de

dans

Suisse romande, -ens. Dans les textes des x^ et xi^ siècles

la

lieu dont la terminaison est aujourd'hui,

cette terminaison affecte

représente le

On

859.

ff

du

généralement

la

forme -encs, dont

se gardera bien de rapporter à ce suffixe tous les

nomenclature topographique

la

France méridionale. Flourens (Haute-Garonne)

noms

(Hérault) correspondent aux

rentius,

dans

et rentrent

consistant en

fundus

le c

germanique.

suffixe

vocables en -ens qui figurent dans

de

la

un

latiiis

la catégorie

(

gentilice pris adjectivement, le

étant sous-entendu

en -entius. Moins anciens,

:

Laurens

et

Florentins et Lau288) des noms de lieu

nom commun

s'agit ici de gentilices terminés

il

Puilaurens (Aude)

et

Puylaurens

pour thème étymologique Podium Laurentii. Villarzens (Aude) est appelé en 898 Villa Ranesindi la dési-

(Tarn)

ont

:

nence représente

d un nom d homme —

celle

— que précède,

gothique

dans l'espèce, un

d'ailleurs peut-être

nom commun.

860. Ces réserves faites, on peut tenir pour considérable

nombre des noms de

le

forme primitive aurait été un adjectif nominal en -ing attribuable aux Wisigoths. Nombreux

dans

les

la

départements de lAude, de

du Tarn dogne,

dont

lieu

la

et

de Tarn-et-Garonne,

la

ils le

Haute-Garonne, du Gers, sont moins dans la Dor-

Gifonde, les Landes, les Basses-Pyrénées, les Hautes-

Pyrénées, ainsi que dans l'Ariège et Lot-et-Garonne. La dési-

nence -ens

a

pour variantes -enx

(cf.

dans

-encs, n" 858j et -eng

Landes et les Basses-Pyrénées. 861. Parmi ces vocables, il en est dans la racine desquels on reconnaît sûrement un nom d homme germanique Guitalens (Tarn), de Witalus ArtaRatayrens (Tarn), de Ratarius lens (Hautes-Pyrénées), de Artaldus, 862. Parfois l'adjectif nominal a été formé sur un nom les

:

d'homme romain avec

le suffixe

dogne), appelé

:

c est,

en

effet,

la

comI>inaison de

-ing qu'il est permis de voir dans

Maurencum

en

136." et

Maurus

Maurens Dori

Mmircn.r on Maurcnrx

homonymes dans \u Haute-Garonne, imprudent de leur attribuer la même origine sans s'être reporté aux formes anciennes. 863. On a vu (n" 537) qu un certain nombre de noms de lieu inutile de (h; France rappellent le souvenir des Goths il est en 1382. Cette localité

le

Gers

et le

Tarn

:

il

a

des

serait

:


207

ORIGINES GOTHIQUES

reproduire

ici

lénumération des

localités qu'ils désignent,

parmi

ne faudrait présentement envisager que celles qui sont situées au sud de la Loire. On observera seulement que lesquelles

il

Gourville (Charente) et Gourvillette (Charente-Inférieure) sont à

peu de distance du hameau d'Herpès, au territoire de Gourbillac (Charente), où l'on a exploré une importante nécropole barbare qui peut, à tous points de vue, être considérée

comme

gothique.


XLVI

FRANQUES

ORIGINES

GÉNÉRALITÉS

:

Le nom des Francs apparaît pour

la première fois dans 240 de notre ère. Ils habitaient sur la rive droite du Rhin, dans la basse Germanie. Le futur empereur

864.

riiistoire vers

l'an

Aurélien, alors tribun de la ^'P légion, eut à repousser leurs

sept cents

Gaule

en

incursions

les

il

:

hommes, en vendit

complètement^

défit

leur

tua

trois cents à l'encan, et cet exploit

une chanson militaire dont Thistorien Flavius le début Mille Francos, mille Sarmatas semeloccidimus...^. Le nom de F r a n c i désignait collectivement diverses nations germaniques unies par un lien fédéral, mais dont chacune avait son nom particulier les Saliens les Chaqui peut-être ne différaient pas des Sicambres maves, les Chattes le nom de ces derniers se retrouve dans celui

donna

lieu

à

Vopiscus nous a conservé

:

:

;

delà Hèsse, l'aspiration

initiale

tale sétant altérée en un son

ayant persisté,

Cette dernière peuplade s'est bientôt Ilattuarii, présentant, à suffixe

que

suffixe

a

ancien

les

servi

nom

tique Boii

établis dans la

la suite

fait

connaître sous

former des adjectifs ethniques

le

nom

de l'appellation originelle, un

Romains ont rendu par -uarii ou à

des Bavarois

double den-

et la

sifflant.

formé sur

le

nom

-oarii. :

Ce

Baioarii,

de peuple cel-

Cantuarii, Vectuarii, noms que les Saxons Grande-Bretagne donnèrent aux habitants du pays

l'Ile de Wight et 1 on remarque, dans l'allemand moderne, des adjectifs, tels que herliner et fvicncr, formés à l'aide du suffixe -cr sur des noms de ville. Les Francs, vers 2(i0, assiégèrent Toul, et une tle leurs bandes, après avoir traversé toute la Gaule et la péninsule ibéricjue, franchit le détroit de Gibraltai-, et alla périr dans les sables de

de Kent et de

la

;

Mauritanie.

I.

Vilu Aiiri'li.ini,

<l;iii^

lintn'H

ih's

llislDiim^

ilrs (îniilcs, I, il'iO.


oituiiiN'Ks

\'ingt ans plus tard,

FKANuui:s

:

209

GKiMiKAi.i ri:s

lempereur Probus battit les Francs, eux en Gaule comme colons.

et

établit plusieurs milliers d'entre

En 286, les Francs ravagèrent les côtes de la Belgique et de TArmorique. De nouveaux colons furent introduits par Maximien Hercule et Constance Chlore dans le territoire, alors inculte, des Nerviens et dans les cités de Trêves, d'Amiens, de Troyes ils n'ont guère laissé de traces dans ces régions, et de Langres sauf peut-être dans le sud-est de la cité de Langres, où l'existence, attestée par des textes du haut moyen âge, d'un pagus Attoariorum, donne lieu de penser que des Chattes furent :

établis (cf. ci-dessus, n° 526).

Vers 290,

occupèrent lîle des Bataves, soumise

les Saliens

depuis trois siècles à la domination de tard, ils envahirent la Toxandrie, les contrées avoisinantes

Celui-ci battit les

;

Rome un ;

demi-siècle plus

représentée par

en 358,

Chamaves en

ils

le

Brabant

et

furent défaits par Julien,

On

360.

voit alors des Francs

Saliens servir dans les armées impériales, où certains parvinrent à

importantes.

charges

des

Il

est

probable

qu'au début du

ces Francs colonisèrent les pays arrosés par le cours

v" siècle,

inférieur de l'Escaut.

Sous leur chef Clodion, vers 440, ils se rendirent maîtres de la région située au nord de la Somme, et continuèrent la

toute

marche en avant. Les Francs Ripuaires, riverains du Rhin formé à

l'aide

au début du

du v*'

suffixe -uarii sur le latin siècle,

d'où leur nom,

ripa

— occupaient,

après des fortunes diverses, Cologne,

une partie de la Basse Germanie. Au temps de Clovis, avaient pour roi Sigebert le Boiteux, qui combattit les Ala-

Trêves ils

mans

et

à Tolbiac.

Les Ripuaires jusqu'à

la

Sarre

Chattes — ceux-ci — reconnurent, dans et les

les

s'étendaient k l'ouest

premières années du de

domination de Clovis. Ce prince soumit Tournai, s'empara des cités de Soissons et de Reims,

le

maître, par la victoire de Vouillé, dé presque tout

territoire

vi*"

siècle, la

compris entre

la

Loire et les Pyrénées

;

peu

à peu,

il

le

roi

et devint

absorba

les

Etats des petits rois saliens qui régnaient à Cambrai et au Mans.

Ses Ois réunirent à IF.tat franc, en

gondes,

et,

en 539,

la partie

de

la

53i-,

le

royaume des Bur-

Provence placée sous

le

sceptre

des rois ostrogoths. Les

noms

de lieu.

\i


LES NOMS DE LIEU

210

La Gaule pouvait, dès

lors,

s'appeler la France, puisque la

domination franque s'étendait sur la presque totalité de notre elle en débordait d'ailleurs considérablement les pçiys actuel ;

limites au nord et à

Au

milieu du

parties

à

l'est,

nom

l'est.

on distinguait dans

vi^ siècle,

la

France deux

à l'ouest, la Neustrie, soumise depuis 561 à Ghilpéric

:

même

lAustrasie, où régnait à la

;

époque Sigebert. Le

Neustrie paraît formé sur niust, superlatif de l'adou neu, cette région étant, en effet, celle que les Francs avaient « le plus nouvellement » occupée. Dans l'Austrasie ou France de l'est, les Francs avaient sur les

de

la

jectif niu

populations gallo-romaines l'avantage de la force et du nombre

:

y imposèrent leur langue et donnèrent aux localités des noms germaniques, qui subsistent encore dans la Prusse et la Bavière rhénanes, les grands-duchés de Hesse et de Luxembourg, le Limbourg, l'Alsace et la partie orientale de la Lorraine c'est ainsi que Strasbourg^ Spire et Worms ont remplacé Argentoils

;

ratum, Nemetes

En

et

Vangiones.

Neustrie, la population gallo-romaine était assez dense,

tandis que la population

franque était éparse

bientôt la langue latine, et les

noms de

lieu

:

celle-ci

adopta

purement germa-

niques qu'on peut rencontrer dans cette région sont en minorité.

On

peut tracer

les limites

en distinguant, parmi les

dont tous

les

de

la

colonisation franque en Gaule

noms de

lieu

dus aux Francs, ceux

éléments sont germaniques, et ceux, pouvant être

qualifiés de « romano-francs », qui comprennent des éléments empruntés à la langue des Gallo-Romains. Ces deux catégories

vont être étudiées l'une après

l'autre.


XLVII

NOMS GERMANIQUES Par analogie avec ce qui a été fait pour l'étude des noms de lieu d'origine saxonne en Normandie, on passera en revue, suc-

noms communs pour la plulangue des Francs, ont laissé des traces

cessivement, les divers éléments, part, qui,

dans

la

tirés

de

la

toponomastique de notre pays.

BAC Equivalent de l'allemand moderne hachei du néerlandais heek, «

ruisseau

de

»,

ce

mot

se retrouve

dans un grand nombre de noms

lieu.

Orbacus

865.

désignait, au

ix*'

siècle,

un monastère du

dio-

cèse de Soissons, l'abbaye d'Orbais (Marne), située sur un ruis-

seau auquel primitivement l'appellation s'appliquait en propre.

On

ignore

le

sens du terme qui précède bac

:

se retrouve

il

dans

synonymes d^Orhais existant aux pays de langue germanique Orbach frégence de Cologne) et ses dérivés Orbachshof (Wurtemberg) et Orbachsmûhle (régence de Coblenz) c'est-

les

:

à-dire

«

la

ferme d'Orbach

»

moulin d'Orbach

et « le

Oirbeek (Belgique. Brabaut). Orbcc ((Calvados) une variante Scandinave d'Orbais. 866.

Saint

Ouen

fonda, en 634,

est

»

-

et

évidemment

au diocèse de Meaux, une

abbaye appelée d'abord Jérusalem, et qui prit ensuite, du

nom du

fluviolus Resbacenus, celui de Rebais (Seine-et-Marne), que la localité a conservé. Le nom de Rebais est porté aussi par un écart du département de l'Eure. Dans un diplôme donné en 87U pour l'abba^'e de Saint-Denis, cours d'eau

qui l'arrosait,

Resbacis super fluvium Resbacis désigne Roubais (Aisne).

RebetS

(Seine-Inférieure),

On

in

pago Laudunensi

même

origine a

Rebecq

(Pas-de-

peut attribuer la

RebetZ /Oise)

et

Calais).

867.

Rosbacius

est appliqué

par un diplôme de 731 à une


LES NOMS

212

LUX'

UL;

pays de Méré, situé entre du pagus Madriacensis dont on ignore le nom actuel. Cette localité Évreux et Poissy a pour synonymes Roubaix (Nord), au xi'' siècle Boshace, Robecq (Pas-de-Calais) et, en AUemag-ne, Rossbach, ou le prince de Soulocalité

bise fut battu par le roi de Prusse

permis de voir, dans mand ross, « cheval

;

dun

II,

en 1757. le

mot

Il

est

alle-

cette hypothèse est autorisée par l'exis-

au territoire de Fontenay-

banlieue parisienne,

tence, dans la

dont le nom, entièrement thème étymologique caballi ri vus. De appellations évoquent sans doute quelque légende germa-

sous-Bois,

lieu dit Chevaiiru,

roman, représente telles

le »

Frédéric

premier terme de ces noms,

le

nique.

868. Les Miracula sancti RicariL écrits au tionnent, sous le

nom Scalbacis, un

xi*^

siècle,

men-

ruisseau et un village voi-

Saint-Valery-sur-Somme. Ce nom, latinisé aussi en Scalbacius, ne pouvait donner que Escaubais ou Ecauhec, et on ne saurait se rallier à l'opinion qui l'identifie avec Estréhœuf (Somme). Schallbach (grand-duché de Bade) est certainement un synonyme de Scalbacis. 869. Waiïlbach, nom porté en Allemagne par une douzaine de localités, a pour équivalents romanisés Warabaix(Nordi, Wambez (Oise) et Gambais (Seine-et-Oise), dont le diminutif Gambaiseul désigne une localité voisine. On rencontre en Belgique Wambeek sins de

(Brabant). 870. bais

et

On

peut rapprocher de ces

Lambay, qui appartiennent

tement de l'Aisne,

Un

le

second

noms ceux de à la

Corbais, Gernomenclature du dépar-

comme nom

de ruisseau.

nombre de vocables analogues ont été étudiés, La frontière par Godefroid Kurth, dans son ouvrage intitulé 871.

certain

:

linf/iiislif/iie

bais, Bierbais,

dans

nord de

France

BercenBrombais. Chebais, Ghisebais Brabant;, Corbais

en Belrjique

el

j^rabant, Nanjurj, Fleurbais

'

le

la

:

Pas-de-(>alais), Glabais (Brabant),

Harbais (Luxembourg), Herbais (Brabant). Hollebais niainaut), Lembais. Marbais, Metchebais. Nodebais. Opprebais, Orbais, Pietrebais. Pourbais, miiiaisf)iis (jui

I.

ih-

ne

Thorembais Tuahanlj

dilTèrciit

guère de -huis

;

et

avec des ler-

(jue p;ir la gr;q)hie

:

Mrniniri's i-Diironrirs ri .nilrrs nn'-ninirt'K jnihlirs /tar rAcndiUiiic r<>i/;dr

It.hii.pm^ (.ollcclion

iii-N".

lomt- .\L\'1I1, L'-Urrs

(

IJiuxclIrs,

IHU.'i).


OIUGI.NES

KllA>QL'Eï>

-l-">

l^-'^''-

'

Marbaix (Nord, Hainautj, Molembaix, Moulbaix, Obaix, Pipaix, Robaix (Hainaut); Marbay, Rabay (Luxembourg), Rebay (Namurj, Steinbay (rég-ence d'Aix-la-Chapelle ', Brabant), Wembay (Luxembourg) Bombaye, Hallembaye (Liège). Lutrebois (Luxembourg), est appelé, en 1469, Lutrehay^ ce qui

;

l'apparente à l'allemand Lauterhach, équivalent de Clairefon-

— Lobbes

tuine.

forme

la

(Hainaut) se rattache au

Laubacum,

même

groupe, témoin

qu'on rencontre en 707.

Dans quelques vocables le suffixe formé sur -bac a revêtu forme -hacia, qui a donné en roman -baise ou -bise Barbaize

872. la

:

Berbacis, Jurbise, Lombise, Straubise (Hainaut), Tubise (Brabant), en 877 Tobacis, en 10o9 Tubecca. 873. Le mot francique bac, employé isolément, est vraisemblablement le primitif du nom de Betz (Oise), localité située sur (Ardennes),

en 868

la Grivelle, affluent

de l'Ourcq. Betz (Indre-et-Loire) se réclame

sans doute d'une origine différente, car

il

il

appartient à une région

n'y eut guère de colons germaniques. Et Bais (Mayenne),

en 1125

Bediscum,

noms en

-hais dont on vient de lire l'énumération.

est sans

rapport étymologique avec les

STROOM 874. Le

mot stroom, au sens de « cours d'eau » est reprénoms de lieu de la France septentrionale.

senté par quelques

Etrun (Nord) est appelé, sous de Saint-Bertin,

chose près,

le

Stromus

terme originel

la

date de 881, dans les Annales

— qui représente, à bien peu de — en 1254 Estrueni. Cette deret

nière forme désigne aussi, en 1227, Etrun (Pas-de-Calais), loca-

pour laquelle on rencontre, dès

lité

1053,

une autre forme Estrum.

vulgaire, également caractérisée par la prosthèse d'un e

On

:

constate (|ue l'm finale s'est ultérieurement modifiée en n.

Le nom d'Etrœungt Nord a la même origine que les précédents, il ne diffère que par une graphie toute fantaisiste. (

j

dont

un écart de la commune de Weismes, et celle-ci faisait Malmédy, auquel l'Allemagne, aux termes de l'article XXXIV du traité de Versailles, a renoncé en faveur de la Belgique. G. Kurlh observe que SleinLay est la prononciation indigène du nom de Sleinhach — dont rortliogra[)lie officielle est prfih.ihlcMUMil moderne 1.

Steinha;/ est

partie du

cercle de

porté par un écart de l.imerlé (Luxembourg).


LES NOMS DE

214

Dans

les

noms d'Estreux

LIEL"

(Nord), en 1107 Estrucni, et dÉtreux

son nasal, attesté par ces formes

(Aisne), en 1144 Estron, le

anciennes, a disparu.

nom

Enfin, dans le

de Lestrun (Pas-de-Calais),

1140, on observe l'adjonction de droit de conclure

que

roman, d'où

l'article

mot estrum ou estrem

le

Strunium

en

l'on est en

a été usité

dans

le

langage courant.

PARA 875. Le

de

(i

mot fara

famille

fut

employé par

passage de ledit donné en 640, par

homo potestatem habeat

liber

cum

les

Lombards avec

le

sens

attesté par les écrits de Paul Diacre, et par ce

»,

fara sua

roi

le

Rotharic

Si qui

s

dominium régis Le nom d'homme

intra

megrare ubi voluerit

:

'.

Faramannus

s'applique au « chef de la famille )>, et donne au mot « famille » le sens de « ménage », séquelle » qu'aura, dans le français du moyen âge, le mot de mesnie. Certains textes empruntés à la Chronique du Mont-Cassin et à celle de Farfa établissent nettement que, dans les parties de l'Italie qui furent habitées par les Lombards, on a considéré le mot fara comme un équivalent de cortis, « domaine ». latinisé

cette expression c<

-

Fara, qui désigne, dans Flodoard, la ville de la Fère (Aisne), le primitif des noms de YèVQ-en-Tardenois (Aisne), Fèrebrianges et ¥ère-C hampenoise (Marne) ces deux dernières localités ne sont guère éloignées l'une de l'autre, et de bonne est aussi

:

heure on a pris soin de lation qui leur était

les

difl'érencier

commune un

autre

en adjoignant à l'appel-

nom.

IIAM 876. Le sens de ce mot, qui appartenait aussi aux Saxons, a été déjà expliqué (n" 742j.

Il

a

trouvé chez les Francs un emploi

comparable à celui qu'avaient fait les Gallo-Romains de son équivalent vicus isolé ou en composition, il a servi k dénom:

mer des

localités. Iluni,

est le motif pour KmjucI

i.

Mon.

2.

(^ilé.s (l;iiis

fjcrm.

Iiixt.,

au moyen âge, se prononçait Ilun,

Ham

f.rf/iuii

IV, 41,

rrilition Didol. ilu

et tel

(Ardennes, Pas-de-Calais, Seine-

î^

I7Î.

<il()sx:u-iiiiii

de

I)n (!:iu^(', v"

Fara.


ORIGINES FliANQUES

Somme);

et-Oise,

a

pour

HAM

:

Han

variante

215

(Meurthe*et-Moselle,

nom

Meuse). L'article qu'on remarque dans le Han,

d'un écart

de Bourg-Bruche \ ainsi que dans le Ham, nom porté par des communes du Calvados, de la Manche et de la Mayenne,

mot

attestent que le

place dans

le

ham

qui procède du germanique

a trouvé

langage courant.

877. Bohain (Aisne) est appelé au

xi"^

siècle

Buchammum,

qui autorise à reconnaître, dans le premier terme de ce

ce

nom,

du hêtre (cf. n** 805). Bohain est donc l'équivalent des vocables, mentionnés plus haut (n°* 621, 638 et 657), qui représentent le latin fagus ou ses dérivés. 878. Etinehem (Somme), qui se prononce Étinan, est appelé Astenhem en 1158, Astinham en H 76. Malgré la ressemblance de ce nom avec certains vocables du Boulenois (sur lesquels voir n" 803), on doit le rapporter aux Francs plutôt qu'aux Saxons, l'appellation allemande

car la localité qu'il désigne, appartenant au canton de Bray-sur-

Somme,

est fort éloignée de la mer. L'hypothèse inverse serait

mieux indiquée

à propos des localités qui se

nomment Behcn (même can-

Rogent, écart de Tœulles

(cant. de Moyenneville),

ton) et Fro/ie/i-le-Grand et

Fro/ie/i-le-Petit

de Berna-

(cant.

ville).

LAR, LARI 879.

On

ignore

le

mot germanique lar ou lari mot français

sens précis du

:

peut-être en faut-il voir un dérivé dans le vieux larris, qui avait le sens

part,

on

l'a

de

«

lande

»

ou de

« friche »

de terre, qui est représenté par l'irlandais lar et

ou

;

et,

d'autre

rapproché d'un mot celtique, désignant un fonds le

breton

laiir

llaiior.

Quoi qu'il en soît^ lar ou lari est entré, comme dernier terme, dans la composition d'un grand nombre de noms de lieu d.'origine germanique Fôrstemann en a relevé jusqu'à cinquantequatre dans les textes antérieurs à l'an mil; et l'onPpeut citer, dans la toponomastique de l'Allemagne moderne, les noms :

Fritzlar, Goslar, "Wetzlar.

Ce terme

a été

romanisé de dillerentes

façons.

1.

Cette ancienne

de l'Alsace

à la

commune

France, dans

le

des Vosges resie comprise, depuis départenicnl du H;is-Hliin.

le

retour


216

NOMS DE LIEU

LES

880. Roulers (Belgique. Flandre occidentale^ est appelé, du ix*"

au

xii''

siècle, Boslai'.

De même que

nom

le

romane

d'origine

Villers

même

variante Villiers (voir ci-après n" 955), de

la

pour

a

terminaison

qu'on vient d'observer dans Roulers a pour variante -lier, qui s'explique par lari plutôt que par lar Longlier (Belgique, :

Luxembourg),

A

881.

au

est appelé

noms de

des

la catég-orie

certitude Roulers et

siècle

viii''

Longlier.

que représentent avec permis de rattacher les

lieu

est

il

Longolare.

appartenant aux régions depuis longtemps

vocables suivants,

romanisées de l'Artois et de

Picardie

la

Amplier (Pas-de-

:

Somme). Canlers. Huclier. Hucqueliers (Pas(Somme Maulers Oise), Mouflers (Somme). iSeine-et-Oise) est appelé au moyen âge Masflare.

Calais), Bouflers

de-Calais), Marlers

— Maffliers

Une graphie

882. -lier

:

,

fantaisiste a parfois défiguré la finale -1er

ou

Mouflières (Somme) s'est substitué aux formes anciennes

Moufliers ou Moflers

;

antérieurement au xvi® 883. Mérélessart

nom

le

siècle,

(Somme)

de Maignelay (Oise) s'écrivait,

Maignelers.

résulte de la combinaison de

dont Vr a été déplacée ou Mesler essarf, « défrichement ».

avec

Masler

nom commun

le

LOH 884. Le substantif germanique loh a plusieurs sens, dont plus répandu, dans

le

lucus

l'apparente au latin la

forme

comme

-loo,

de lieu en Belgique

nord de

la

fn"^

Gaule, est celui de

688-697)

:

on

le

«

bois

le

», qvxi

reconnaît, sous

noms

terminaison d'un grand nombre de

Tessenderloo fLimbourg), "Waterloo (Bra-

:

bant), etc.

885. L'aire géographique des vocables dont

répond à loh paraît

comprendrait notamment Barleux fSomme) en

Hurlas

11

OS

Seine-Inférieure,

886.

dans

:

«

telle est,

.iiigU)-saxoii

.

dernier terme

Hucleu

:

elle

Bnrlous en 882,

Seine-Inférieure),

Huleux

(Oise,

Somme).

est possible

sens de

le

locus «•n

Il

le

étendue au moins jusqu'en Picardie

s'être

bois

en

\Va

que »,

ell'cl. (1

ri'

le

mot

loh n'ait pas toujours été pris

et qu'il ait

I

eu

pai-fuis celui

l'acception de

(Mil

s.

(pii

lt)c/i

di-signe, à

de

«

lieu »,

en vieux fiison 1

et

(''pixpic iiK-rovin-


FrtANQi;ES

()RIGINi:S

gieuno, une localité

:

217

ij>u

du pagus Velcassinus,

du Wattrelos

c'est-à-dire

Vexin, oirro une analogie frappante avec Waterloo

et

(Nord).

-ING 887. Le suffixe -ing,

on

commun aux

vu, était

l'a

diverses

nations germaniques. Dans la partie de la Francia où l'élément

romain dominait sous

les

Mérovingiens, les noms de lieu formés

nombre.

à l'aide de ce suffixe sont en petit

Dourdan

(Seine-et-Oise) est mentionné en 956 sous la forme

Dordincum, comme le

Houdan plusieurs (Oise),

le

(Seine-et-Oise),

homonymes

du décès du père de Hugues Gapet,

le lieu

duc de France Hugues

:

Grand.

Hosdingus dans

les textes latins, a

Hodant, Hodent (Seine-et-Oise), Hodenc

Hodeng (Seine-Inférieure), peut-être aussi Houdain (PasHoudeng (Belgique, Hainaut). Le g du suffixe ori-

de-Calais) et

ginel a disparu dans quelques-uns de ces noms, mais

s'est

il

maintenu dans les dérivés Hodenger (Seine-Inférieure) représente un plus ancien Hodengel, signifiant « Hodeng-le-Petit ». :

Gazeran (Seine-et-Oise) charte du comte

Eudes,

mentionné en 885,

est

fils

de Robert

le

dans une

Fort, sous la forme

Wasiringus. Doullens (Somme) est appelé Dourleng en 1147,

et

Dorengt

(Aisne), Dorenc en 1155.

888. L'exemple de

naison -ain, -aing,

si

lons, procède parfois

Houdain permet d'avancer que

la termi-

fréquente en Artois et dans les pays wal-

du

germanique -ing

sufïîxe

;

mais on doit

se garder de généraliser cette interprétation, la terminaison dont il

représentant, en d'autres cas, un suffixe latin

s'agit

-inium

Du moins, on ne saurait mettre en doute l'origine germanique du nom de Bermerain (Nord), en 1095 Bermering car le premier terme en présente le nom d'homme, latinisé en Bert(n**

353).

;

marus,

qui entre aussi dans la composition des

(Nord),

Bertmariacas,

et Berinéricourl

noms Bermeries (Marne), Bertmariaca

cortis. 889.

Un

autre exemple

région dilférente, est sente

de

la

terminaison -ain,

fourni par Thieffraiil

un adjectif en -ing formé sur

le

dans une

(Aube), qui repré-

nom d'homme Toudofridus,


LES NOMS DE LIEU

218

dont on a rencontré plus haut

et

835) un équivalent

(n*'

Thieffrans (Haute-Saône). 890. Dans le pays messin, ou, pour mieux dire, dans qui confine, en ces parages,

dans région

la

à la limite des langues, les

noms

— employé au pluriel,

le de lieu formés à Taide du sont plus nombreux que partout ailleurs. noté

suffixe -ing

fait doit être

Et dans

partie

la

du

mainte

xii^ siècle,

remment par deux riel

moyennant un

occidentale de cette région,

progrès de la romanisation qui n'a

que s'accentuer à partir

fait

concur-

localité a été depuis lors désignée

lune allemande en -ingen, plu-

appellations,

de -ing^ l'autre romane en -enges. puis -ange.

891. Par contre, dans les parties de la Lorraine où l'influence germanique persista plus longtemps, les formes adoptées depuis le xvin" siècle, et

conservées jusqu'en 1871 par l'usage

officiel,

ne se distinguent des formes allemandes en -ingen que par la chute de la syllabe atone qui termine celles-ci. En d'autres termes, dans

Moselle

— caractérise, d'une à l'aide

moyen

du

la

terminaison -ing

manière générale,

les

synonymes romans en

noms de

les

dont

suffixe pluriel -ingen,

âge, de

Parmi

des anciens départements de

la partie orientale

de la Meurthe,

et

il

— prononcée

noms de

lieu,

la

-in

formés

n'avait pas été créé, au

-enges.

dont

lieu de la Lorraine

le suffixe

ment de

la

-ingen, on n'étudiera

forme primitive

la

que les plus intéressants. A l'exception de Fénétrange, de Gondrcxange et de Pévange, communes qui appartenaient, avant 1871, au départeprésente

Meurthe,

ils

sont tous empruntés à

de l'ancien département de la Moselle 892. Adelange (Edelingen) dérive du nisé sous la forme imparisyllabique

nis

:

nom

forme familière, hypocoristique, de l'un est

Aclelans (Haute-Saône)

1.

l'our cliaciiii <io ces

llu'ses,

à la

suile do

la

a hi

noms,

le

mot

do

la

Moselle.

udal,

«

noble

».

niT-me origine.

lo t'as éclu^aiit,

nous

l'ornic (>f(ici('llcmenl usitée

pour rapprochement, dans

|)1i(|uent aussi,

génitif

Adalmundus, Adalri-

ensuite imposée par radniinislralioii allemande. lioniiés,

d'homme latiAdalodes nombreux

propre

Adalo, au

— Adalbaldus, Adalbertus, — dont premier terme le

nomenclature

la

'.

noms cus

ici

sauf avis contrairi',

le

à

iii(li(|uoiis,

on dS7l,

onlio

i^areii-

colli* ([ui

Les noms de

fui

lieu meii-

corps des alinéas qui suivent, s'ap-

des localilés Ao l'anrion (h^partiMiienl


.

ORIGINES FRANQUES

-INGEN

'.

219

Algrange (Algringen), dès 120G Algerange du nom latinisé Adalgarius. Cf. Augerans (n° 839).

893.

:

d'homme

894. Bertrange (Bertringen), en 1222, et peut-être dès 1130

homonymes Bertring

Bcrtninges, a pour

Bertringen

nom

de Bertarius, origine de Bertier,

:

en 1594

et Bettring,

de baptême

usité en Bourg-og-ne jusqu'au xv^ siècle, mais qu'aujourd'hui

comme nom

ne rencontre que

895. Bettange et Betting (Bettingen)

:

terme

— qui,

etc.

franque

(cf.

comme Bertarius,

l'adjectif berct, « brillant ».

position d'un g-rand

de Betto, -onis, forme

noms

hypocoristique et altérée de l'un des

Bertoaldus,

Ton

de famille.

Bertmundus,

ont pour premier

— Betto entre dans

nombre de noms de

lieu

com-

la

remontant à l'époque

ci-après, n" 1010).

du nom imparisyllabique noté Bollo en 802. de Bolzo, forme hypo897. Boussange, en 1128 Bolsenges 896. Boulange

^Bolo au

(Bollingen),

VIII* siècle et

:

noms d'homme ayant pour terme Baldricus, Balduinus.

coristique de l'un des

hold ou hald

:

898. Éblange (Eblingen)

initial

du nom Ebalo, -onis, dont

:

les

formes romanes sont Eble au cas sujet et Ehlon au cas rég-ime. 899. Elvange

en 1121

(Elwingen),

llbing-a

cette

:

ancienne permet de reconnaître pour racine du vocable

d'homme Hilbo, qu'on trouve dans des

nom

peut être une forme hypocoristique du

et qui

p

textes du

viii°

forme le

nom

siècle,

royal Chil-

e ricus

900. Elzange (Elsingen) et Elzing

:

de Elso ou llso.

901. Évrange (Ewringen), Ehiringcn en 9G3 du nom Ebero, que portait un personnage mentionné par Grégoire de' Tours. :

Ebero

dérive du

mot

e/>er, «

sanglier ».

902. Fénétrange (Finstingen), dès 1070 Filisienges et en 1222

P/iylestanges

du nom de

:

notamment dans

les

femme Filista qu'on

Miracula sancti Apri,

rencontre

écrits à la fin

du

IX® siècle.

903. Florange (Florchingen), à

Florus

:

la fin

du

ix^'

siècle

visiblement un adjectif formé sur

représente il

y

a lieu

le

Floringas,

nom romain

d'en rapprocher FlorincUtnn (n" 767j

Floringuczelle in" 810). 904. Gondrexange, dont assez

commun

en Lorraine

l'.r

est la notation

du son

a pour racine le

nom

cil

d

et

fait

homme


LES NOMS DE LIEU

220

Gundericus, qu'on reconnaît dans de

Gojidrecourt,

lieu

(Vosges)

=

Gundericiaca

première partie des noms

la

Gondreville

(n°

1139),

Contréxeville

Gondrexon (Meurthe-et-

villa, et

Moselle).

905. Guéblange (Geblingen)

formes médiévales Guebol-

les

:

danges, Guehledanges, Guebeldanges, permettent de reconnaître

dans dis

le

premier terme de ce vocable

le

nom

femme Gibohil-

de

qui ligure dans le Polyptique d Irminon

:

cf.

Guéblange

'

(anc. Meurthe), en 1225 Geheldingen.

906. Guirlange (Girlingen), dès 114cS Gerildanges, dérive

nom

dun

femme, également connu par le Polyptique d'IrmiGerhildis. La contraction remarquable dont résulte le non nom moderne de cette localité s'explique peut-être par une forme intermédiaire telle que Guirledange. dont la dentale sera très normalement tombée. 907. Inglange (Inglingen), de Ingelo, -onis. forme hypocoristique de l'un des noms Ingelbertus, Ingelramnus, etc. 908. Knutange Kneuttingen), de Knuto, nom qui fut porté en autre

de

:

Danemark par six rois. dans le patois local Leu909. Lommerange i^Lommeringen merange, du nom Leudomirus. qui fut celui d'un personnage .

honoré par l'Eglise dans deux villages du département de

la

Marne appelés Sainf-Lurnier.

nom

Oettingen), du

910. Ottange

dOdo, que

si

répandu Otto, variante

représentent, dans l'onomastique romane,

Eudes

et

Odon.

Pewingeni procède vraisemblablement du nom au xT' siècle par un évèque de Toul. 912. Piblange Pieblingeni dériverait d'un diminutif de Pibo,

911. Pévange

Pibo, qui

fut porté

Pibilo.

nom de deux communes dont Putilinga, paraît formé sur Putilo, variante alamane du nom francique Budilo, qu'on trouve dans Frédégaire peut-être atteste-t-il quehjue infiltration alamane dans le territoire de la explicable par le voisinage de l'Alsace 913. Puttelange

Piittlingen

,

l'une est appelée, en lOOÎJ

:

cité

de Trêves.

914. Racrange

1.

Niim

nlTiiirl

Rakringen), de Halgurius.

sons

le n'-^^imc .illciii.iml

:

Gebling.


OltldlMOS

FKANOUHS

-IXGEN

:

221

Rédange (Redingen), en 926 Radin ga, de Rado, forme Ratbodus, Ratbertus, Radulfus, etc. 916. Rurange (Rorchingen), Rudrekanc/e en \221 Burckamjcs en 1299, de Rode ri eu s. 915.

hypocoristique de

,

917. Talange (Talingen), Tatoling-a en 960, Tateling-a en

Tatilinga en 993, de Tadilo ou Tatilo, nom dont on

977,

connaît une forme féminine 918.

Tatila.

:

Volmerange (Volmeringen), dès

le

de Vole ma ru s, nom fréquent dans Tépoque féodale, sous la forme Folmarus. reiiges,

Wolme-

siècle

xii''

la région

messine, à

-OAR 919. Telle était, peut-on supposer, suffixe

g-ermanique

-oarii, dont les

il

latinisé

a été

forme originelle d'un

la

au nominatif pluriel en

-uarii,

parlé déjà (n° 864). L'usage qu'en ont

Francs est attesté, non seulement par

le

nom

fait

des Hattuarii,

mais encore par un certain nombre d'adjectifs ethniques qui ont eu cours au

moyen

âg'e, et qu'il

paraît intéressant d'étudier

ici.

nom du Hainaut, pag-us Hainaus, apparaît bien comme un nom formé à la mode gerjuanique sur celui d'un cours 920. Le

d'eau, dans l'espèce la Haisne. Or, les habitants de ce pays ont été appelés

Hennuyer

au moyen âge

même

de

les

Hainuires

— doîi

le

nom

de famille

qu'on a des exemples du mot Baiviers

pour désigner les Bavarois, Baioarii. Le suffixe qui nous occupe a donc revêtu, en français, la forme -ie?'. 921. x\ux

XI*',

étaient appelés

nom

:

la

Picardie

Pouyer subsiste comme

de famille.

922. Le XLi''

xu^ et xui^ siècles, les habitants de

Pohiers ou Pouhiers

terme

siècle, et

B rai crus désigne,

dans Guillaume

le

dans Orderic Vital au

Breton au

pays de Bray, aujourd'hui partagé entre

xm'',

les

un habitant du

départements de

l'Oise et de la Seine-Inférieure.

923. Le nom Gohier s'appliquait originellement à un habitant du pays de Gouy-en-Gohelle (Pas-de-Calais) Gohelle est l'altération du nom Gohiere, qui désignait ce pays au moyen-àge. 924. Les habitants d'Anglure (Marne) sont appelés Angluce fait autorise à supposer (ju'à un moment donné le lond riers :

:

de

la

p(jpulation de l'endroit était entièrement francique.

A

Fère-


LES NOMS DE LIEU

Champenoise (Marne),

les habitants

du

^i-f^'^^\^:^^lZ lahoyers et

sont appelés respectivement fier bas de la ville dénom>nat.o„s peut voir dans ces bizarres

àïavers

*:^

ient du'n suffixe

par la famille franque doit son

1

emplo,

on

nom

-

originairement la fara

(voir n° 875).

g-r^^VZ»» Fere-Champenmse - à laquelle


XLVIII

NOMS ROMANO-FRANCS 925. Les laquelle

il

noms de

lieu

:

EXPOSÉ PRÉLIMINAIRE

i

romano-francs forment une catégorie à

convient de s'arrêter plus longuement qu'à celle qui

précède. Sans compter qu'ils sont en bien plus grand nombre, tel d'entre

eux est susceptible d'être considéré de points de vue

différents,

suivant que l'on s'attache à l'un ou l'autre des élé-

ments qui le composent. L'étude qu'ils appellent est passablement complexe avant de l'aborder, on croit utile de s'expliquer sur la méthode qui sera suivie. :

1.

Pour

sur le

qualifier les

monde

noms de

lieu qui contribuent à

démontrer

l'influence

gallo-romain de la pénétration franque, Auguste Longnon a

employé parfois l'expression

ne convient, à vrai dire, à 274) et aux adjectifs nominaux qui résultent les uns et les autres de la combinaison du suffixe celtique -acus avec des noms germaniques de personne; il serait excessif de l'étendre à tous les vocables qui ont été étudiés dans les chapitres xlix, à Lir ces vocables, dans leur ensemble, appartiennent à un langage où l'élément gaulois n'avait laissé que de faibles traces, et qu'au ix« siècle on appellera lingua romana voilà pourquoi nous préférons les qualifier de qu'aux

noms de

«

lieu déjà cités

gallo-francs

»

incidemment

:

elle

(n"*

248

;

:

romano-francs ». Nous ne pouvions, en ce qui concerne ces noms de lieu, résumer renseignement du maitre en le suivant, comme ailleurs, pas à pas. Il était indispensable de reconstituer dans ce livre, en vue d'une consultation commode, telles énumérations dont A. Longnon, pour en épargner la monotonie à ses auditeurs, dispersait quelque peu les éléments, anticipant ici, et là revenant en arrière. C'est ainsi qu'au Collège de Finance (cours professé en 1890-91) à propos comme à l'École des Hautes Études, il s'y reprenait à deux fois des noms formés sur cortis, et puis avant d'en finir avec les noms de lieu <(

de l'époque franque pour énoncer les notions d'onomastique gei'manique qu'il nous a paru convenable de grouper dans un chapitre spécial le chapitre LU contre-partie des trois précédents, ceux-ci comme celui-là traitant de la même catégorie de vocables. En un mot, nous avons voulu réaliser une division du sujet qui n'était que virtuelle et c'est pour l'iiidi(juer que nous intercalons ici le présent « exposé préliminaire », ({u'on chercherait en vain dans le manuscrit du cours du Collège de France, et dans les notes, prises à l'École des Hautes Études par des auditeurs d'Au-

;

guste Longnon, qui nous ont été communiquées.


•Mf±

LES NOMS

Ces vocables répondent

bl-:

LIEU

type ({uon peut ainsi caractériser

tiu

:

un nom commun, latin ou bas-latin, élément principal, à côté duquel un nom propre de personne, d'orig-ine germanique, joue le rôle

de déterminatif. Voilà la règle générale, mais elle souffre

il est des noms de lieu dans lesquels l'élément germanique n'apparaît pas aussi nettement, et que pourtant on aurait tort d'exclure de la catégorie des noms de lieu romanofranes. Tantôt le nom d'homme n'est pas germanique. Tantôt le

des exceptions, car

nom

déterminatif est autre chose qu'un

même

qu'un substantif.

déterminatif

fait

de personne, autre chose

Tantôt enfin, rarement d'ailleurs,

le

totalement défaut, et l'on est en présence d'un

comme souvent celui qui l'accompagne Ce mot deux autres éventualités appartient à la langue des Gallo-Romains mais l'acception dans laquelle il est pris, l'usage auquel il est employé, étaient propres aux Francs, et c'est bien mot

isolé.

dans

les

;

là ce qu'il faut retenir.

Parmi

les

mots

qui,

dans

la

composition des noms de lieu

romano-francs, constituent l'élément principal, cortis est celui convient d'étudier

qu'il

926

(n°* à

à 948)

défaut de la

:

le

premier et avec

le

fut de tous, sans conteste,

il

le

plus de détail plus usité

et,

;

trop longue, des vocables dans lesquels on

liste,

le reconnaît, un choix raisonné de ceux-ci sera l'occasion de remarques qui seront formulées une fois pour toutes, et qu'on se

contentera de rappeler brièvement, lorsqu'à propos de lieu

noms de

formés sur d'autres mots que cortis, on aurait sujet de

les

répéter.

De

deux parts seront

ces derniers,

971) les mots qui s'appliquent, tés

;

de l'autre

972

(n"'*

d'une métonymie,

faites

comme

à 983)

d'un côté

:

(n"*

949

ceux dont l'emploi est

l'effet

car chacun d'eux désigne, proproment,

pas un lieu habité, mais

le site

Apres l'élément principal, s'agit en principe,

de

et

l'ail

à

cortis, à des lieux habi-

non

qui l'avoisine.

le

déterminatif. Encore un coup,

la

j)Iupart

du

lemj)s, d

un

nom

il

de

personne. Or, l'onomastique gerinani(jue olfre un certain nombre <le

désinences dont

j)()iiit

d(!

vue de

étude particulière U^er.

il

la ^

est intéressant de considérei- révolution

formation dos

n"~

984

ii

1150)

noms de (pi

Ou

lieu

:

c est

au

une

n'aura garde de négli-


XLIX

CORTIS

926. Le

mot cortis

est ancien

employé, au cours du grammairien Varron, sous

dans

langue latine

la

siècle qui précéda Tère chrétienne,

et

il

la

dun

bâtiments. C'est

primitif, originel, de ce mot, celui qu'on retrouve

de notre ère, chez l'agronome Golumelle entourée, palissadée

»

par

le

établissement rural, la cour

les étables et les autres

est

forme cohors, au génitif cohortis,

désignait la cour intérieure

entourée par

il

:

;

le

sens de

d'où le terme militaire

métonymie. Le sens primitif a subsisté,

là le

sens

au premier siècle «

«

troupe

cohorte

»

est l'eifet d'une

exemple, le

le

mot cour

mot cohors,

;

toutefois,

et

il

dans

a

donné en

le

français,

par

langage des campagnes

réduit à cors, et employé,

même

au nominatif,

sous la forme cortis, originairement génitive, ne désignait plus

simplement

la

cour de

la

ferme, siège du domaine rural. C'est

grâce- à ce que la partie a été prise tis est

pour

le

tout que le

mot cor-

devenu, non seulement un synonyme de villa,

c'est-à-

mais aussi un véritable équivalent voit, dans la Vita sancti PlaIon « domaine et », de notre mot cidi, qui, en son premier état, date du vi^ siècle, un personnage

dire d'

«

exploitation rurale

possédant en

Sicile

«

»,

plusieurs cortes très riches et de bon pro-

eaux et cours d'eau, moulins, pêcheries, chacune cultivée par quelques centaines d'esclaves ». A cette époque, fundus, praedium, ager, villa, cortis, étaient des termes complètement synonymes, et c'est au sens de « domaine rural » que cortis figure en de nombreux noms de lieu composés

duit, contenant bois,

de l'époque mérovingienne.

Là ne s'arrêtent pas les évolutions de cortis ou de court, forme romane de ce mot. ('omme il désignait tout domaine rural, et par conséquent la résidence rurale du roi et des seigneurs, on Les

noms da

lieu.

'•'


LES NOMS DE LIEU

22G

nom

appela du

de court

de

le siège

la justice

du

roi

ou des

sei-

ou les seigneurs rendaient la justice, puis, toute assemblée chargée de rendre la justice. C'est lorsque

gneurs, enfin,

le lieu

le roi

« cour » commença à devenir synonyme de « siège de justice » qu'une confusion facilement explicable se produisit dans l'esprit des gens instruits, touchant la forme latine de ce mot c'est par :

qu on

suite de cette confusion

curia au

écrivit plus d'une fois

curtis ou cortis dans des noms de lieu composés qui datent de l'époque mérovingienne. Mais le mot curia qui. en latin, désigna d abord le lieu où le Sénat s'assemblait, et par suite lieu de

de réunion,

le lieu

de .séance, d une assemblée quelconque,

la salle

n'a rien à voir dans l'étymologie du mot français « cour », quelle mot ([ui devrait s'écrire régulièrement que soit son acception court, la perte du t final étant due à l'influence du latin curia

ni

dans celle des noms de lieu qui présentent ce mot.

court, au sens de « domaine rural », paraît avoir été généralement préféré au mot villa par la plupart des nations germaniques qui envahirent les provinces occidentales de l'Em-

Le mot

On

pire romain.

le

trouve, sous les formes cortis et curtis, dans

Wisigoths, Bourde plusieurs des nations barbares guignons, Francs Saliens, Lond>ards et Bavarois; mais aucune les lois

:

même

nation ne lafîectionna au 927.

dans

la

On

rencontre des

Bourgogne,

qui avoisinent

hommes

les

Tourainc

et les parties

de

la Suis.se

Jura, mais surtout dans les pays où s'établirent

le

de race franque

;

au

fleuve et la Sauldre

ils

;

Lorraine,

:

delii ;

Champagne,

Artois,

sont plus clairsemés dans l'Orléa-

Vendômois,

nais, le Chartrain, le la

formés à laide de cortis

lieu

Franche-Comté,

la

Picardie, Ile-de-France

jou,

degré que les Francs.

noms de

de

la

le )*Iaine, hi

Normandie, l'An-

Loire on n'en voit qu'entre ce

encore cette bande de terre dé[)endait-elle

Parmi ces derniers pays, c'est le Maine qui en le fait ne semblera pas surjueolîre le plus grand nombre ii;int. si l'on se rappelle qu'au temps de Clovis, le Mans était le chef-lieu d'un petit l'Uat franc où régnait Hignomir. D'ailleurs, on a pu, par des fouilles, constater l'existence dans le Maine de l'Orléanais.

:

d un la 1

ilôt

de

limite

étude des

p<»[)id.ili(in

de

la

c()l<)nisaiit)n

noms de

qui résulte de

la

gerinani(jue

lieu

;

et

d'une manière générale,

gi'rniani(jue

permet

tle la

en (iaule,

tracer, dilîère

telle

(pie

peu de

celle

carte des eimetièics niiTovingiens dressée vers


FKA.XOLKS

(JRIGINKS

227

CORTfS

Commission de topographie des Gaules, par le seulement un peu plus précise. 928. En deçà de cette limite le mot cortis tenait trop de place pour

1877, D''

:

Hamy

'

la

:

elle est

dans le langage courant pour apparaître dans la toponomastique autrement qu'en composition. Il faut s'éloigner, parfois beaucoup, de la région soumise à l'influence franque pour découvrir, très

noms

rares et très disséminés, des

employé

seul

:

Gours

(Lot,

de lieu représentant ce

Nièvre,

Rhône,

mot

Deux-Sèvres),

Co\xrs,-de-Pile (Dordogne), CourB-les-Bains (Gironde), Cours-Zes-

Barres (Cher),

ainsi

de ces localités doit

que CovLT-sur-Loire (Loir-et-Cher). Chacune vraisemblablement son origine à un domaine

mot

rural dont le propriétaire, de race franque, avait importé le

l'empruntant à

cortis, il

929. ce

langue adoptée dans

la

la

contrée

doù

venait.

mot

I^e

domaine

rural désigné à l'époque mérovingienne par

constituait le plus souvent, en raison des habitations des

tenanciers et de leurs familles, un véritable Alliage. Voilà pourquoi, dans les parties de la Suisse qui sont situées

langues, et où certaines localités ont à la fois un

un nom allemand, on

voit le

limite des

à la

nom

français et

cour, terme initial du premier,

mot

second par dorf Courcelon = Sollendorf — — = Jennsdorf — Gour= Gourgenay Gebstorf Courchapoix — Gourroux, de Cortis Rodoldi = rendlin = Rennendorf

traduit dans

le

:

;

;

;

;

Ltittelsdorf,

— Gorban, pour Coiirhiion, de = Battendorf ces localités appartiennent au

pour liafolsdorf;

Cortis Battonis

;

canton de Berne. 930.

On remarquera

par ces exemples que dans

le

nom

alle-

mand, à la différence de ce qui se produit dans le nom français, le terme principal est rejeté à la fin, la première place étant tenue par

le

déterminatif

:

c'est là

toponymie germanique, ne contraire, dans les noms romans,

dans

la

l'application d'une règle qui, soulfre pas d'exceptions.

Au

ainsi qu'on va l'observer, le

déterminatif occupe tantôt la première place, tantôt

la

dernière.

Salomon Re\i\i\ch {Revue arch<''ologi'/iir, WH'o, du Musée des antiquités nationales au château de Saint-Gennain-en-Laye, I, 189) les cartes dressées pour la Commission Gaule mérovinde topographie des Gaules, et notamment celle de la gienne », sont acLuellemenl déposés dans un cal)iuel du musée de Saiiit1.

II,

Ainsi que

l'a

signalé M.

219, et Catalogue illustré

>i

Gcrm ain.


.

228

DE LIKU

LES .NOMS

Henri d'Arbois de Jubainville émettait à ce propos l'opinion que la disposition qui donne la seconde place au déterminatif est plus

moderne que exemple,

en tête

celle oii le déterminatif ligure

nom

le

:

que, par

Bougival, Baudeg-isili vallis, appartient à

l'époque mérovingienne, tandis que Vauffirard, Vallis Girardi, date seulement du

sièle

xiii'=

que

;

Nova

Villa, Neuville, est

plus ancien que Villa nova, Villeneuve, qui serait une forme

contemporaine du nom de Vaug-irard. On peut étayer cette théomais pour peu qu'on aille au rie de faits qui semblent probants ;

fond des choses, on s'aperçoit combien

elle est

décevante, et

deux constructions, les deux franque. existent dès l'époque Et l'on est amené à dispositions, constater, dans les noms romans de la période mérovingienne, deux courants différents le courant g-ermanique, où l'ordre des mots, régulé sans appel, donne toujours la première place au déterminatif et le courant romain, qui laisse d'abord une certaine liberté d action, mais qui, après plusieurs siècles, arrive à rejeter le déterminatif à la fin du mot, conformément à l'usage qui a prévalu dans la lang-ue française. Dans les noms de lieu formés à 1 aide du bas-latin cortis. et ([ui semblent caractéristiques de la colonisation franque, le courant germanique l'eml'on est forcé de reconnaitre

que

les

:

;

porte de beaucoup.

931. Sauf de rares exceptions qui seront signalées plus loin

943

(n""

à 948), le

d'origine

mot cortis

est

germanique qui rappelle

1

combiné avec un nom propre un des premiers possesseurs

nom paraîtaussidans l'appellation de telle cortis. G est ce qu'on observe à Courbetaux (Marne) le nom primitif de ce village, Gortis Bertoaldi, a pour second élément un nom d homme qu'au vii*^ siècle de lacortis. Parfois ce

ou

telle

dépendance de

la

;

la

chronique de Frédégaire appliquait à un maire du palais au

royaume de Bourgogne, âge

comme nom

et qui, après avoir été usité

de baptême, subsiste aujourd'hui

au moyen

comme

nonï de

famille sous les formes Ber/aud. Jier/au.r,ei, vers le Jura, Bcrihod (;t

lirrllioud. (Jr, ce

(lourhcrl aux,

mais

nom

(igurc

par un

;i

Gourl)etaux

phénomène de

commun,

la

seconde

do

la

commune, mais dans

lalion

/•

bois de son lerriloiri'.

a

le

disparu

— on devrait dire

dissimilation assez

non seulenu'ut dans d im ruisseau

celles

lin-liarhuid

et

le

liois-lirrlaud

l'aj)])?!et

d un


KKANmIjKS

(JUKUiN'KS

932.

I^e

mot

forme uni([ue,

bas-latin cortis se présente aujourd'hui sous et correcte, court,

lorsqu'il est

cas de beaucoup le plus frécjuent

le

Gondrecourf, Baucoiirt, Vaudoncourl

comprime,

et

romane

il

reste tovijours

nom

en tête d'un

229

COIIIIS

'.

comme élément

Acbodi

final

:

lui-même. En revanche,

s'il

figure

de lieu de deux ou trois syllabes, sa forme

est susceptible d'altérations plus

son voyelle

d'un

une c'est

à cette place rien ne le

:

ou moins importantes.

933. Elle n'échappe à ces altérations qu'à suivie

employé

:

la

condition d'être

Courtabœuf (Seine-et-Oise)

=

C.

— —

Courtabon (Indre-et-Loire) =: C. Abbonis; C. Ilaganonis Gourtagnon (Marnej Gourtangis (Sarthe) = C. Ansegisi G. Arnulfi Gourtenot (Aube) (Yonne) Audoeni; G. Gourtoin Gourtomer (Seine-etMarne) =: G. Audomari, vraisemblablement. 934. Le t final subsiste aussi dans les noms de lieu du département de lAin, les plus méridionaux de ceux formés sur cortis, dans lesquels ce mot est devenu cnrt Gurtablanc, Gurtafond, C. Acfredi, Gurtalin. Gurtafray Devant une consonne, cortis devient le plus ordinai935. rement cour G. Bovane; — GourGourbouvin (Aisne) ;

;

= —

;

=

— =

;

:

=

= — Gourcerault (Orne) = = G. Giboaldi — Gour-

:

bouzon (Loir-et-Gher) ==^ G. Bosonis C. Geroldi Gourgiyaux (Marne) G. Do do le ni. toulin (Sarthe) ;

— =

936. Parfois cependant \o

;

s'est

maintenu en français

=

Gorcundray (Doubs) G. Gundradi; Gorfélix (Marne) G. Felicis Gorgebin (Haute-Marne) G. Gibuini; G. Gangulfi; Gorgengoux (Gôte-dOr) Gorgoloin (Gôte-d'Or) G. Godoleni Gormolain (Gal-

sans prendre

= —

latin

;

le

son ow

:

=

;

=

=

;

= G. Modoleni; — Gornantier (Marne) = G. Nan— Gorquelin (Aube) = G. Roccoleni; — Gorribert (Marne) =: G. liigoberti; — Gorricard (Eure) G, Richardi — Gorrobert (Marne) = G. Botberti — Gortambert (Saône-et-Loire) = G. Ansberti, vados)

tharii

;

==-

;

;

etc.

937. tial,

On

peut citer quelques exenq)les de cor pour cortis

ini-

ayant perdu \r par suite de circonstances diverses, mais non

toujours appréciables lieu est assez altérée

;

dans ce cas,

pour

la

([u'en l'absence de

hésite à se prononcer sur son orig^ine

(Saône-et-Loire) -^ G.

forme vulgaire du

Claudia;

:

nom

de

textes anciens on

Gocloix (Aube) et Goclois Gorabœuf (GAte-d'Or) ^^


LES NOMS DE

230

Ratbodi;

C.

LIEU

Cosdon (Aube), prononcé Codon, en

1328

= C. Oddonis Coizard Marne), en 1164 Cohei= C. Hairhardi; — Colléard (Marne) (Aisne) = G. Liethardi; — C. Lietgisi — Colo— = Leonardi; (Gote-d'Or) = Gommarin G. (Orne) nard Coaudon

;

rart et en 1375 Coirart

--=

Golligis

G.

;

Mariani. 938. Gette chute de IV sest produite aussi alors que

l'o

de

cortis était devenu ou Coubert (Seine-et-Marne), au xni'^ siècle Corheard: Goubertin (Seine-et-Marne, Seine-et-Oise) ^^ G. Landonis; CouGoulandon (Allier G. Bertane; et Levonis; (Haute-Saône) G. Goulimer Goulmer levon (Orne) G. Lietmari; Coupvray (Seine-et-Marne) G. Arnulfi GouCoutarnoux (Yonne) G. Protasii; G. Eberulfi. tevroult (Seine-et-Mai'ne) :

=

— —

=

''i

=

=

;

=

=

939. La syllabe initiale procédant de cortis, et altérée par la la nasale étant une n ou, 'Gôte-dOr une G. Berlabiale, m une Gombertault devant Gomblanchien Gôte-d"Or) toaldi cf. Courhetaux (n° 931) G. Bertrici; Gompertrix (Marne) G. Blancane; G. superior; Gonfavreux 'Aisne) =. Goncevreux (Aisne) Gonfrançon (Ain) rrr- G. Francionis. G. fabrorum

chute de 1>, sest parfois nasalisée,

=

:

:

;

— =

=

nom

le

=

;

940. Si

mot cortis, employé

seul,

n a pu constituer un

de lieu dans les régions situées en deçà de

est pas de

même

la Loire,

il

n'en

de son dérivé corticella, formé à l'aide d'un

suffixe diminutif fort usité en latin vulj^aii-e, et qu'on trouve on

exemple dans les mots masculins lionceau, monceau, ponceau, et dans le mot féminin nacelle. Gorticella, c'est-à-dire « le petit domaine », est l'origine des noms de lieu suivants Gorcelle (Ain, Doubs, Saône-et-Loire), Gorcelles (Ain, Gôte-d"(Jr, Jura, Nièvre, Bhône, Haute-Saône, français, pai-

:

Saône-et-Loircj, Galais,

(Doubs,

Gourcelle

Haute-Saône,

Vienne),

la

Pas-de-

Nièvre,

Loiret,

(Charente, Gher,

Courcelle

Grouse, Haute-Vienne. Yonne), Gourcelles (Aisne, Auh(\ Gha-

i.

Co

se

(l(''[).')rU'iiHMil

dôcrilc plus liant llirs»' forniul«''P

scnlc cortis

'\V'

troiiv.'inl

927),

nous

(n" 928^ au sujet

(•iTi|)lo,vt''

scid.

coinjilrLcmciil en

dcliors de

|iiv)|)osons d'élcntlro h il(^

l'orif^ino

dos lncdilt's

((''j^ioii

l;i

doiiLiiiiltui

doiil le moiii

I

li\ |i(>-

ri|ii'c''-


ORIGINES FRANQUES

Gôte-d"Or,

rente-Inférieure, Loire,

Loiret,

Loir-et-Cher,

!

CORTIS

231

Doubs, Eure, Indre-etMarne, Haute-Marne, Mayenne,

Creuse,

Meurthe-et-Moselle, Meuse, Nièvre, Oise, Pas-de-Calais, Sarthe,

Somme,

Seine, Seine-Inférieure,

Seine-et-Marne, Seine-et-Oise,

Vosg-es, Yonne).

n'a pas lieu, semble-t-il, de distinguer,

— On

parmi ces noms, ceux qui se terminent par une s ainsi sont écrits aujourd'hui beaucoup de noms de lieu dont la forme primitive présentait une finale muette, sans apparence de pluriel. 941. Il est à remarquer que, dans l'énumération qui précède, les noms dont la première syllabe affecte la forme cor appartiennent à la région bourguignonne. :

942. Corcelle, Courcelle et leur variante picarde Courchelle,

— qu'on rencontre parfois dans

les textes

— bien que résultant

de la combinaison de cortis avec une désinence diminutive, n'ont pas laissé de former à leur tour des diminutifs, plus modernes

d'ailleurs

Corcelette (Ain), Corcelotte Doubs), Cource(Sommel, Gourcelotte (Côte-d'Or), Gourchelettes (Nordj autrement dit « le petit Corcelles » ou « le petit Courcelles ». :

lette

;

Dans

les

noms de

nom

d'ordinaire un ])as

formés sur cortis,

lieu

de personne germanique

toujours ainsi, quelques-uns

des

le ;

déterminatif est

mais

exemples

il

n'en est

qui viennent

La règle générale a des exceptions, qui

d'être cités l'attestent.

vont être examinées. 943. Tantôt cortis est combiné avec

Cortis dominica,

« le

un

adjectif.

domaine seigneurial

»

:

Courdeniaiiche

Gourdemange (Marne), Gourdimanche (Seine-et-Oise), Gourtemanche (Somme). Avec villa, (pii est, on le verra plus loin (n" 950), un synonyme de cortis, le même (Eure, Orne,

Sarthe;,

Villedomange (Marne), "Villedemanche (Puyde-Dôme), Demangevelle (Haute-Saône) et Dimancheville (Eure-

adjectif a produit

et-Loir, Loiret).

Cortis superior, (cf.

«

le

domaine d'en haut

n" 939), en 12i4 (Jorcevreus.

»

:

Goncevreux,

L'adjectif se comporte sen-

même dans Montseveroux (Isère), qui répond à superior, tandis que Monsteroux, nom d'une localité toute voisine, représente Mons subterior. Courgerennes Cortis jusana, « le domaine d'en bas » siblement de

Mons

:

(Aube), au

xn'"

siècle

Curtjusainr, doni l'équivalent Juzeiine-


LES NOMS DE LIEU

232

court (Haute-Marne), offre la disposition inverse des termes. La racine de l'adjectif bas-latin qui est ici nais en cause est celle

que reproduit notre vieil adverbe Jus. « en bas » peut-être cet dans la composition du nom de Juzanvig-ny ;

adjectif entre-t-il

(Aube^, en 11 io Jusenvisneir.

Romana

cortis,

domaine romain

le

«

»

:

Romainecourt

(^Aube;.

944. Tantôt

déterminalif de cortis est un

le

Abbatis cortis

nom commun

du domaine.

désig-nant le possesseur

Abbecourt (Aisne, Oise"). La dignité abbatiale tient lieu de la personnalité du possesseur (cf. ci-dessus, n° 738 Abbatinga) le nom semi-germanique Abbatis Ham était porté au ix^ siècle par une possession de l'abbaye de SaintRiquier, cjui paraît avoir donné naissance au village d Authie (Somme). Cf. Abbeville (Seine-et-Oise, Somme), Abbéville Abbatis vil lare a donné Abbevil(Meurthe-et-Moselle) :

:

;

;

lers (Doubs).

Cortis monasterioli.

«

le

domaine du

monastère

petit

aujourd'hui Gormontreuil (Marne), appartenait, au

ix*"

»,

siècle, à

fameuse abbaje de Saint-Remy de Reims celle-ci, sans la tenait d'un monastère moins important qui lui avait été

la

;

doute,

soumis. 945. Ailleurs cortis est combiné avec un tif,

ou pour mieux dire avec un

nom

nom

propre collec-

de population.

Auménancourt-/e-Gra/î(/ et Auménancourt-/('-/^e/i7 (Marne)

Alamannorum

=

domaine des Alamans » (^cf. n*^ 528). Cortis Francorum il va sans dire Confrecourt Aisne) que c ortis n'est aucunement représenté par la dernière syllabe du nom, comme pourrait le faire croire le t qui la termine à tort. On peut rapprocher de ce nom la plupart de ceux, énumérés cortis,

« le

=

i

;

plus haut In" 536;, qui rappellent

le

souvenir des colons francs de

Gaule romaine. 946. Le nom de Confavreux (Aisne), déjà un exemple de composition im peu dilTérente, la

fjue le village ('lait

cité (n" 939), offre et

semble inditjuer

occupé par une jxjpulation industrielle.

947. \ «nci maint<'iiaMt une série de vocables qui rentrent, à vérité,

parmi ceux dans

nom

de personne

à la

règle générale, car

;i

;

ils

lcs(juels

la

cortis est accompagné d un

n'en constituent pas moins une exception

j'onumasl iqm- romuiiic.

ici

les

noms

de personne appartiein\enl


ORKIINKS G.

Claudia

C. Felicis C.

Fl{A.\OL'l':s

CORTIS

:

233

voir ci-dessus n" 937.

:

voir n" 936.

:

Genesii

Courgenay (Calvados,

:

Berne), Courjeonnet C. Palladii

et

canton

de

Courpalay (Seine-et-Marne).

:

C. Protasii

Yonne,

Mamej.

voir n" 938.

:

Cyrici c. Circourt (Meurthe-et-Moselle, Vosges). Jovini c. Juvaincourt (Vosges), Juvincourt (Aisne). Martini c. Martincourt (Ardennes, Meurthe-et-Moselle, Meuse, OiseK Mauri c. Maucourt (Meuse, Oise, Somme), Maurcourt (Seine-et-Oise), Morcourt (Aisne, Oise, Somme). Maucourt était le nom du village sur l'emplacement duquel fut édifiée la :

:

:

:

ville

de Vitry-le-François.

Pétri

c.

Remigii

:

Pierrecourt (Haute-Saône, Saône-et-Loire). c.

Remicourt (Aisne).

:

— liemicourt (Marne)

était

à l'origine Ramicorf.

Romani

Romaincourt (Seine). Sulpitii c, ou mieux Suplitii c.

948.

Une

c.

:

:

Souplicourt (Somme).

dernière série d'exceptions à la règle générale, beau-

coup plus importante que vocables dont

celles qui

précèdent, se compose de

déterminatif est, non pas un

le

nom

propre de per-

sonne, mais un adjectif formé à l'aide du suffixe -a eu s ou -iacus sur un la

nom

propre de personne, soit germanique, soit romain

;

persistance en Gaule, à l'époque franque, de l'usage de ce suf-

fixe a été

précédemment signalée

fn"^

247-274)

'.

Abriniaca c. Évergnicourt (Aisne). Aculiacac. Aguilcourt (Aisne"). :

:

1. Les chartes de l'abbaye de Gorze fournisseiiL de curieux exemples de lusage de ces adjectifs nominaux. Pour n'en citer qu'un, on peut, de ce passage in Dodenega fine, vel in ipsa villa que vocatur Dodona curtem, inférer que, le village actuel (villa) de Doncourt-auxTempliers (Meuse) étant appelé Dodonis cortis, on appliquait à son territoire (finis) un adjectif en -iacu s (par altération -egus) formé sur le nom d'homme Dodo. L'un de nous ayant cherché (Mettensia, 111, 45 et 84) à tirer parti de ce fait, croit devoir attester ici qu'il avait entendu Auguste Longnon l'énoncer dans son enseignement. Les énumérations qu'on trouve aux pages x et xi du Dictionnaire topographique de la Marne com[)rennent un certain nombre de vocables dans lesquels on voit un adjectif nominal en -acus suivi, nonphisde cortis, mais de villa (Bétheniville^ :


LES NOMS DE LIEU

234

Albericiaca Aldiniaca c.

Auberchicourt (Nord). Audignicourt (Aisne).

c.

:

:

Anguliaca c. Anguilcourt (Aisne). Aniaca c. Agnicourt (Aisne. Oise, Somme). :

:

Baldiniaca Bertiniaca Bettiniaca

c.

Baudignécourt (Meuse),

:

c.

Berthenicourt (Aisne).

:

c.

Bétignicourt (Aube).

:

Cf.

Bétheniville

(Marne).

Bertmariaca c. Berméricourt Marne). Gerniaca c. Gernicourt (Aisne). Gudiniaca c. Guignicourt (Aisne, Ardennes). Limosiaca c. Melzicourt (Marne), orig-inellement :

:

:

Leinesi-

:

court.

Mutiaca c. Muscourt (Aisne). Ponciniaca c. Pontséricourt :

:

(Aisne).

Porcariacac. Pixerécourt (Meurthe-et-Moselle), Ratbertiaca c. Rapsécourt (Marne). :

:

Dans

la

plupart des

noms de

dehors du dernier groupe,

le

lieu

qu'on vient de rencontrer, en

nom commun cortis

est suivi de

La disposition inverse est, il ne faut pas le perdre de vue, de beaucoup plus fréquente (cf. n" 930) mais ce mot étant alors aisément reconnaissable (cf. n° 932), l'intérêt qu'offrent les vocables réside dans l'étude des altérations subies par les noms de personne qu'ils présentent comme termes initiaux. Comme il n'importe guère pour cette étude que le terme linal soit cortis ou un autre nom commun, elle fera l'objet d'un son déterminatif.

:

chapitre spécial

(n°^

984

à 1150),

l'enfermant

indispensable des notions énoncées dans celui-ci lieu

f)ii

formés

1

aide

du mot cortis.

liions (Haussignémont)

(le

dans

;i

les dépai leinenis voisins

48-49;

;

d :

des

noms de

904.

lion

analogues se trnnvon

Butgnéville Meuse);

Buthegnémont Menrihe-el-Moselie

rf. ci-desijus, n"

complément sur les noms de le

;

cf.

Mrl/cnsin,

— Contrexéville

III.

^Vosf^es)

:


L

NOMS COMMUNS DE LIEUX HABITÉS D'autres

usa^e dans

noms communs que cortis la

ont été affectés au même toponomastique de notre pays. Mais en examinant

les noms de lieu qui dans ce chapitre et le suivant résultent de là, on ne perdra pas de vue que tels d'entre eux peuvent n'avoir été formés que pendant la période féodale les :

noms de personne

dans ces vocables, jouent

qui,

déterminatifs, ont continué

même

franque, parfois

communs

d'être

bien après l'époque

usités

jusqu'à nos jours

;

rôle de

le

de

et

même

en question ont g-énéralement subsisté dans

les

noms

le lang-age

courant.

949. Le mot villa, qui désignait, dans le latin classique, une maison de campagne, prit, à la basse époque, ce sens de domaine rural » que les populations d'origine franque allaient exprimer plus volontiers par le mot cortis. Et par une évolution ((

toute pareille à celle indiquée plus haut dernier, on voit au

moyen

âge,

et

in*'

929) à propos de ce

jusqu'au

xv*'

siècle,

le

mot

employé dans le sens de « village ». On peut donc affirmer la synonymie de cortis et de villa. Mais le premier de ces mots, pris dans l'acception dont il s'agit, tomba en désuétude de bonne heure, peut-être au x° siècle, tandis que le second ayant subsisté, certaines localités dont le nom renferme le mot ville sont de date relativement moderne. D'autre part, le mot villa ayant formé des noms de lieu, dès le haut moyen-àge, dans les diverses régions de la France, on ne saurait tirer de ces noms les renseignements précieux que fournissent, touchant la distriville

bution des races sur notre primitive desquels entre

Le mot villa ville

^

le

sol, les noms de mot cortis.

revêt, dans les

noms de

velle, vialle et vielle.

950. La forme

notée à tort

vil,

ville,

dans

la

lieu français, les

forme formes

«

qui est

lorsqu'elle est

Vilbert (Seine-et-Marne) est

lieu

la

plus fréquente, est (juekjuefois

employée comme mend)re

synonyme de

initial.

(loiihcri (n" 938).

et


236

LES NOMS

LIEU

Di;

Adtane,

est une variante de Villetain (Côtes-du-Nord, Ille -et -Vilaine, Mayenne, Vendée), représentent le thème étymologique V. Dei les localités appelées Villedieu sont souvent d'anciens domaines

de

Viltain (Oise),

(Seine -et -Oise).

V.

Vildé

:

ayant appartenu à Tordre de Malte.

La forme

semble particulière aux pays romans qui, à l'époque franque, ont subi, durant un temps plus ou moins 951.

velle

prolongé, l'influence du lang-gige germanique apparaissent par groupes vers

provinces de

Champagne

de

Lorraine,

vers la source de

Saône

la

:

:

les

noms en

commune

la limite

et

-velle

des anciennes

de Franche-Comté,

=

Demangevelle (Haute-Saône)

— Franchevelle (Haute-Saône; = Franca — Jonvelle Haute-Saône — Longevelle iDoubs, Haute— Martinvelle Vosges) = Martini Saône) = Longa — Neuvelle (Côte-d'Or, Haule-Marne, Haute-Saône) — Nova — Neuvelle (Haute-Marne, Haute-Saône) (Côte-d'Or, Meurthe-et-Moselle). — Les noms de dont Dominica

v.

v.

;

i

v.

V.

;

v.

i

;

la

cf.

relie

premier terme sont fréquents dans

la

Franche-Comté sep-

convient d ajouter que

le

terme

tentrionale. ville

;

"Velle

;

lieu

est le

;

;

noms

des

11

de lieu de

ou fmal

initial

Lorraine est prononcé velle par les

populations locales d'entre Metz et Verdun. 952.

Vialle,

résultant de la diphtongaison de 1/ tonique de

viUa, se rencontre dans le Forez,

Périgord,

le

Rouergue

et

l'Auvergne,

Limousin,

le

le

dans quelques parties du Languedoc

:

ou la Vialle (Creuse, Gard, Loire, Haute-Loire. Puy-deDôme), les Vialles I^iy-de-Dôme) Nauvialle ou Nauviale (Allier, Aveyron, Cantéd, Corrèze, Tarn-ct-Ciaionne) Nova Vialle

;

=

villa.

953.

Vielle,

autre exemple de diphtongaison, ;q)partienl aux

dé]iartements du sud-ouest, c'est-à-dire aux contrées gasconnes Vielle

(Landes,

Hautes-Pyrénées'»;

:

(Basses-

Viellenave

— Vielleségure Basses-Pyrénées) r— Catonvielle (Gersi — Franquevielle (Gers) = — Goudourvielle Gol liDium n"537).

Pyrénées) r= V. nova; V. secur.i

V

\:\

ne a

954.

I.

l'^l

v.;

;

;

l'Gers)

v.

i f.

Le mot viMari's ou villarc. lonué sur villa au

sa v.'iriimlc Bielle

viiliriiirc lin

trascim.

lî.isscs

l'v

ii'in'cs

,

ciMiroiiiic à

l;i

nioxcii

|iii>iioiici:il

imi


ORIGINES l'KANgUES

:

VJLLAIilS UL

VILLAHE

237

dû servir d'abord comme dépendances dun domaine rural terrae vil lare s, lit-on dans une charte du vii° siècle mais on le voit pris substantivement dans divers textes de l'époque franque, du

s.unixe -aris, variante de -alis, a

adjectif à qualifier les

:

;

parmi lesquels il faut citer ce passage d'un diplôme de Louis le Pieux donné en 834 en faveur de l'église de Girone a- il la :

quae est in pag'o Bisuldunense

vocatur Bascara, cum

et

necnon

suo termino,

suis villaribus et

vocantem Spadulias,

et

Arcas, et

alium villare quod est infra memoratarum villarum terminos; on le voit, tandis villare

et

que villa correspond à ce que nous appelons aujourd'hui la la paroisse, villa ris ou villare désignait l'é([ui^ valent de nos hameaux, de nos écarts modernes.

commune ou

Dans le nord de la France, le mot dont il s'agit a revêtu deux formes vulgaires villers et villiers. La première a pour

955. les

variantes viller

et plus

'

que

la

l's

finale, d'ailleurs

abusive

La seconde s'explique rarement Villez (Seine-et-Oise) c'est ainsi qu'on a vu (n" 880) le mot ger-.

par Yi de villaris

manique

par l'absence de

;

lar prendre la

forme

1er

nom

dernière syllabe du

dans

le

nom

de Roulers, tandis

de LoncfUer procéderait de

la

variante lari.

956. Dans la partie méridionale de

donner

villar, et cette

forme

la

France, villare devait

s'y trouve, en

elîet, ainsi

variantes purement graphiques villard, villards. villars.

que ses Il

serait

trop long d'énumérer les départements dans lesquels elle paraît;

on observera seulement quelle s'étend jusque dans certains pays de langue d'oïl, la Franche-Comté, par exemple, et même dans les départements de la Côte-d'Or et de la Haute-Marne. 957. En Auvergne et dans les régions voisines, où le latin

1.

L'emploi de

villers

préférablement à

— imputable

viller est parfois

nous croyons

des circonstances toutes modernes. \.;\ nomenclature communale du département de Meurthe-et-Moselle ofTre des exemples des deux formes or, les localités dont le nom se termine en -villers par exemple Bonvillers appartenaient, avant 1871, au dépardevoir le faire observer

à

:

tement de

la

Moselle,

i-xemple Gerbéviller

tandis

que

les

communes au nom en

-viller

par

faisaient partie de celui de la Meurllie.

la forme ville dans l'appelde certaines localités situées en [lays de lang'ue allemande, eoiume Ribeauvillé Haut-Rhin^, en allemand Riippol/sireUrr. 2.

Peut-être convient-il d'ajouter (pfoii trouve

lation française


LES NOMS DK LIEU

238 villa est devenu

on trouve les noms de lieu Vialard ou le Dordogne, Puy-de-Dôme, Haute-

vialle,

Corrèze,

(Cantal,

Vialard

Vienne), au lieu de Villar ou

— La forme Viala

Villar.

le

ou

le

Viala, caractérisée par l'assourdissement de IV final, appartient

aux départements de l'Aveyron, du Cantal, du Gard, de THérault, de la Lozère et du Tarn, En Gascogne on a la variante Viella (Gers, Hautes-Pyrénées).

958.

On

voit,

par

le

diplôme de 834, qu'au

même, longtemps encore

en

siècle,

ix*^

Catalog-ne, villare appartenait au lang-ag-e courant.

Il

en fut de

après, de ses formes vulgaires dans nos

provinces méridionales, témoin

l'article,

singulier ou pluriel,

dont les noms Villar, Villard, Villars, Vialard et Viala sont souvent précédés. Par contre, aucune des nombreuses localités

ou Villiers n'a son nom ainsi précédé on a lieu de conclure de là que 1 emploi de villare commun tomba en désuétude de très bonne heure

qui s'appellent Villers

de

l'article

:

comme nom

peut-être antérieurement à l'époque carolingienne

nord de

la

le

France, et de faire remonter assez haut l'origine, tant

de ces localités que de celles dont liers

— dans

comme terme

initial

ou

le

nom

présente villers ou

vil-

final.

mot villare a été adopté par les Alamaiis, lune des germaniques qui, par raison de voisinage, ont été le plus nations 959. Le

directement en contact avec les populations l'omaines trouve-t-on

noms de

comme

lieu

dans

second terme les

aussi le

:

d'un grand nombre de

final

pays occupés à l'époque franque par

la

nation alamannc. Ses formes vulgaires les plus fréquentes sont aujourd'hui -willer, -weiler, -weier, -wihr en Alsace, et -wil ou -weil. dans

la

même

Suisse allemande.

960. La combinaison de villare avec

un

suffixe signalé plus

haut (n" 940) a produit le diminutif villarecellum, (ju'on trouve employé comme nom commun dans une charte de 878, el qui est l'origine des

noms Villarceaux

Cher, Seine-et-Marne,

xnr

Seinc-ct-()ise

Loir-et-

ViUacerf (Aube),

au

siècle Villarcel.

961.

.V

l'épocjue

frimquc,

dans aucun document

k'

une (juantitéde

mot mansus, qu'on ne trouve

antc'iieur,

ferme ou d'habitation rurale à tuité,

;

(FAu-e-ct-Loir,

el

désignait une sorte

]a(|ut;lle

était attachée,

terre. délcM-miiu'-r, et,

de petite à per[)é

en principe, invariable.


.

ORIGINES FRANOUES

:

239

MA.\SUS

Quoique ce uoni se rapporte d'ordinaire à la seule habitation, comme on le voit très nettement dans plusieurs passages du d'Irminon,

Polyptique

il

désignait aussi

l'habitation, les terres qui en dépendaient

tains cas,

;

outre

quelquefois,

même, dans

et

cer-

aux terres qu'on paraît l'appliquer principale-

c'est

ment. Ce mot, d'un emploi encore très fréquent à l'époque carolingienne, a

pris,

dans

parlers

les

vulgaires de notre

pays,

deux formes bien différentes, qui participent du caractère de chacune des deux langues romanes entre lesquelles la France se partage 962.

Dans

la

langue

d'oïl,

chute de Vn suivie d'une

s

mansus,

masus, par

réduit à

cette

dont on connaît tant d'exemples

=insula métier =ministerium maison =:mansionem; mensis époux sponsus mesure = mensura mois île

;

;

=

;

=

;

devenu ryiés, écrit plus tard, et notamment au xiv*^ siècle, meix dans les contrées du nord-est. 963. Dans la langue d'oc, réduit de même, il est devenu mas, mot encore employé à Arles, dans le Languedoc, en Dauphiné, en Forez et en Cerdagne, au sens de u maison de campagne », de « tènement », de « ferme », de « métairie », et dans une acception quelque peu diiférente dans plusieurs régions du Midi. est

Les noms de lieu formés en tout ou en partie du mot méridional mas peuvent donc ne remonter parfois qu'à une date peu éloignée. 964. Il n'en est pas de même de son équivalent septentrional niés qui, dès l'époque féodale, ne semble plus guère avoir été en usage que dans

les

provinces françaises du nord-est

qu'il est légitime d'attribuer à

plvipart des

noms de

comme Mée Loiret,

une date antérieure à

lieu qui présentent ce

(Mayenne),

le

Mée

nom,

(Eure-et-Loir,

Manche, Seine-et-Marne, Yonne),

les

;

de sorte

l'an mil la

soit isolément,

lUe-et- Vilaine,

Mées (Indre-et-

Loire, Loir-et-Cher, Sarthe, Seine-et-Oise, Vienne), soit cond^iné

avec un

nom

propre de personne, sous les formes me, meix, metz,

mi, cette dernière résultant d'une altération favorisée par

gnement de

la

syllabe représentant le bas-latin

port à l'accent tonique.

On se

mansus,

l'éloi-

par rap-

contentera de citer de ces diverses

formes quelques exemples pris au hasard

:

= M. David; — Méguillaume (Orne) = — Melanfroy (Seine-et-Marne) ^= M. Lande-

Médavi (Orne) M. Willelmi; fridi

;

Mémillon (Eure-et-Loir) ^= M. Milonis;


.NOMS DE LIKU

Li:S

•2'ir()

=

M. Sancti llispani Le Meix-Saint-Époing (Marne) M. Tetselini; Meix-Thiercelin Marne)

=

Metz-Robert (Aube)

= M. Rotberti

=

;

le

;

— Migaudry = M. Walderici — Mihardouin Eure-et-Loir) Harduini — Mirougrain Eure-et-Loir), en 1300 Meso(Eure-et-Loir)

Mifoucher

M. Folcharii

Eure-et-Loir)

= M.

;

;

f

;

grain.

Mansus

965.

représente

le

terme

vants, dans lesquels la prononciation

iinal des

me

noms de

lieu sui-

de façon plus

est figurée

Englebelmer (Somme) = Ingelberti ni. Ysengarii m. Yzengremer (Somme) Bertrameix (Meurthe-et-Moselle), Bertrametz Meuse) Bertramni m. Brunehamel (Aisne;, Brunehaut mets en 126o, BrunehautBrunehildis m. inez en 1290. Brunehaumez en 1340 ou moins fantaisiste

:

=

;

=

;

;

=

mot mansio, employé dès l'époque impériale au sens » qu'a conservé le mot maison, a donné naissance au mot bas-latin mansionile qui, à l'origine, ne devait être quun adjectif désignant un terrain à bâtir, et qui, 966. Le

spécial d" « habitation

dès

IX® siècle,

le

Mansionile écrit

sinon plus tôt, a pris

le

sens de

<(

maison

».

souvent encore

est ordinairement en français ménil,

mesnil.

Champagne, en Bourgogne et en FrancheComté, mansionile se présente sous la forme magny, qu il faut savoir distinguer du nom de lieu gallo-romain formé à l'aide du suffixe -acus sur le gentilice Magnius. Bien entendu, la question ne se pose pas quand maffiirj est accompagné d'un nom d'homme, comme dans Magny-Lambert (Côte-d'Or). 968. La forme plurielle de mansionile est représentée par Magneux ALirne, Haute-Marne,, les Mesneux (Marne). 967. Parfois, en

(Quelques autres

dans

noms communs de

toponomastique dès l'éjioque

la

lieu.\

habités,

employés

no seront

francjuo,

ici

qu'indiqués. 969.

Le mot

castrum

latin n""

(cf.

castellum

496

et

497

>,

"

lieu fortifié

sous les formes château, châtel, casteau, castel nières sont

communes, d'une

flauli-c |)ait,

par

(l<\('i)ir,

il

;iu

la

Picardie et

moins dans

diminutif de

»,

apparaît (hins les ;

noms de

ces deux der-

aux pays de langue dOc. aux pays wallons, où elles ont part,

la ))ron(tncial ion.

lieu

catcau

et

catel.

et, lini


ORIGINES FRANQUES

9T0. Moiiastei'ium,

k

:

MOXASTKRIUM

sanctuaire

241

est représenté

»

dans

les

pays de langue d'oc par Monastier. Monestier, Monêtier; plus au nord par Moustier, Moustiers, Moutier, Moutiers, Mouthier, Moulhiers. Motier, qui ont pour variantes Moustoir en Bretagne et les Moitiers

dans

le

département de

pays de lang-ue allemande 971. Le

la

monasterium

mot capella, désignant un

sanctuaire chrétien d'im-

portance secondaire, ne figure parmi les les la

Normandie,

noms de

— cette dernière

formes Chapelle et Capelle à la Picardie et

qu'aux pays de 4angue d'oc variante gasconne Capère, dont

Manche. Dans les devenu Miinster.

est

lieu

que sous

appartenant k

aux pays ^vallons. aussi bien auxquelles

l'aire

il

faut joindre

géographique

étendue.

Les

noms de

lieu.

la

n'est pas fort

l**


LI

NOMS COMMUNS DE Les mots

SITES

ou bas-latins étudiés dans

latins

précédent cha-

le

désignent des lieux habités, ne sont pas les

pitre, et qui, tous,

seuls dont la nomenclature géographique de notre pays présente

combinaison avec des déterminatifs, la plupart du temps de personne de Tépoque franque ou de l'époque féodale. Il convient de mentionner au même titre un certain nombre de noms communs indiquant une circonstance topograla

noms propres

phique, l'assiette du lieu

Mous, au

972.

tagne

»,

t,

», de « colline », de « monnoms de lieu composés, où sa ordinairement mont souvent noté mon, «

dans

Guyenne,

est

les

;

départements formés de l'ancienne province de

les

elle

élévation

dans

est très fréquent

forme vulgaire sans

dénommé.

sens d

ou mou, lorsque le composé commence par une liquide MoliM. Lietardi Moulicent (Orne)

se réduit quelquefois à

nom

second terme du

tard (Eure-et-Loir)

ino

:

=

= —

;

=

M. Moderamni; M. Letsendis Momorant (Orne) M. Xantoiali ici le déterminatif est Monampteuil i^Aisnei exceptionnellement un nom de lieu (cf. n" 169) Morambert Ragncberti (Aube) M. Morintru Seine-et-Marne) M. Hagnetrudis. ;

=

:

;

=

973.

;

Val lis,

<(

vallée

l'rance les formes val vfiu.

L'une

»

=

revêt dans les

noms de

lieu roiuans de

assourdie éventuellement en vn

et l'autre sont parfois

et

noms locaux d'où Laval et Lavau

précédées dans les

du moyen âge de l'article féminin parce que le français t'a/ ou vhu était originairement féminin.

comme

le latin

vallis. 4

974. Hivus, ri(j.

m.

Rieu

rcij, ri,

rVriège,

RieumajOU

«

ruisseau

»,

se présente sous

les

formes rien,

divci-sement notées. (lard,

Ilaute-Cjaronni'.

niaute-Ofironm'.

IIiT.iull

Tarn, li.

\'aucluse).

luajorcm;


KHAMJLLS

OHl<aM:;S

243

filVUS

J

=

Rieupeyroux (Aveyron, (lers), Riupeyrous (Basses-F'yrénées) R. siccus R. petrosus; Rieussec (Hérault) Rieutort (Lozère), Riotord (Haute-Loire), le Riotord (Vaueluse) -=

=

;

— Grandrieu (Lozère) := Grandis Hnute-Garonne, Marne, Morbihan, Seine-InféRieux — Rieux-Martin (Charente) = R. Martini — Beau— Grandrieux (Aisne) = rieux (Aisne, Nord) = Bel lus R. tortus;

r.

(Arièg-e,

rieure)

;

;

r.

Grandis

;

r.

Rioux (Charente-Inférieure). Rupt est l'ordinaire et abusive graphie de la forme ru, très répandue dans le nord-est de la France. Le Bonrupt Yonne) Malus r. Bonus r. Maurupt (Marne, Haute-Marne) Grandis rivus; Grandru (Aisne), Grandrupt (Vosges) Parfondru L\isne Parfondrupt (Meuse, Haute-Saône^, Parfouru Profundus r. (Calvados) Rupereux (Seine-et-Marne) R, petrosus. ;

i

=

=

;

= — —

.

^

Buffignereux (Aisne)

=

;

appelé au

est

ix^

siècle

Wulfiniaci

rivus dans ÏHisioria ecclesiae Bemensis de Flodoard. Grandrif Puy-deRis (Puy-de-Dôme, Hautes-Pyrénées) Grandis r. Vignory (HauteDôme), Grand-Ris (Loire) Rix Nièvre). Marne), au ix*" siècle Wanbionis rivus; ;

=

975. Fons,

«

fontaine

— — — ;

i

dont quelques composés ont été vus noms de lieu français

»,

déjà (n" 106), figure aujourd'hui dans les

sous

la

fonds

(Haute-Marne),

en

II

SeptFroidefond (Allier, Cher) Ceffonds Sept-Fonds (Yonne) 11 Sigifons -Fondouce (Charente-

forme font ou fond

:

(Tarn-et-Caronne),

;

;

;

Fonfrède (Basses -Alpes, Lot-etGaronne). Cette racine est moins fréquente que ses analogues fontaine en langue d'oïl, fontane en langue d'oc, répondant à Inférieure,

Hérault)

l'adjectif pris

;

substantivement

976. Le mot latin pons.

(cf.

d'où

sous cette forme vulgaire dans les

n" 673)

le

fontana.

français pont, se présente

noms de

lieu de la France.

On

a mentionné plus haut plusieurs des vocables, formés au cours

du moyen âge, dans lesquels

il

entre en composition. L'exemple

cette derPorrentruy n^' 705) que, atteste allemand Pruntrut s'appelle en localité nière position pareille en sul)it que par une altération analogue à celle

de

Pommeuse

(n" 703) et de


LES -NOMS DE LIEU

2i4

forme vulg-aire de nions devant une liquide.

(n" 972j,

la

Le mot campus,

977.

plaine

(c

noms de

pont peut se réduire

»,

po

k

ordinairement fort

est

modernes, soit qu'il figure sous la forme champ, qui a prévalu dans notre langue, soit qu'il conserve la forme camp, usitée dans les dialectes normand, reconnaissable dans

les

lieu

picard et wallon et dans ceux de

perd

lorsque

son nasal,

le

lesquels

il

comme élément

figure

Un

aperçu des noms de lieu dans lesquels enti-ent les

Chamartin

(Isère)

C. Maurini; Ragnetrudis.

formes vulgaires du (n°

732)

= V.

P rat uni,

979.

ajouter

(Maine-et-Loire)

ici

«

n'a

»,

dans

en construction — en

mot

980. Le

podium,

latin

»,

de

« tertre »,

nyme de mon s.

dionales puech,

lois

b;iibai'es.

dialectes

l'époque romaine, »,

de

petite

*(

devenu un véritable syno:

plus

la

avec l'équi-

noms de

liou

;

en Berry, les formes méri-

pey, enUn pié, qu'on trouve notamment en Poitou, et qu'une autre

parfois écrire pied.

mais dès L;i

de

c

le

défrichement (l(''but

»

n'appartient pas au latin

du moyen âge,

il

dans

paraît

forme française de ce mot est essart, et

j)icard

comme nom

et

prat

;

puch,, pech, pé,

Exsartum,

cl;issi([ue,

à

petite butte

entre aussi dans quelques

entre Loire et Garonne, fait

d'oïl

langue doc.

écrit parfois puitS, par confusion (jui

=

Guédéniau

le

pré en langue

:

est bientôt

viennent ensuite poux en Poitou

981.

Ses formes vulgaires sont assez variées

répandue est puy, valent de puteus,

confusion

«

a été donné déjà

(Haute-Vienne)

toponomastique française

la

qui avait,

entre autres acceptions, celles de

éminence

»,

Gajoubert

que deux formes vulgaires possibles

— parfois pra

gué

Guéhébert (Manche); Danielis.

pré

«

va du m,

latin

on peut y

;

Gauzberti;

V.

commence par une

initial,

=

:

(Indre)

978.

il

dans

= G. Martini; — Chamorin — Charaintru (Seine-et-Oise) =

liquide

C.

langue d'oc. Cependant

la

second terme des noms

le

\\;illon

it-duiscnt

lieu, tuiilôl seul, tantôt

;t

sart

:

il

enq)loyé

est

en conqjosition

les

»pie les

;

et,

dans

I


fha.nulis

oiîh;im:s

ce dernier cas.

Marne)

est parfois

il

au

cssarf

mot

982. Le

commun terme

germanique

d'origine

Mortcerf (Seine-et-

:

Corbeil-Cerf (Oise) était (Oise)

on

est,

sait

le

comme terme

noms de

final,

dans un

parc.

Il

(Loiret,

pour broialum,

est

grand nombre

mot d'origine celtique, un bois clos, une sorte de

devenu en français Breuil, forme très répandue, Bréau ou le Bréau

les régions occidentales, et parfois

Seine-et-Marne,

Nièvre,

Belgeard (Mayenne) B, Leutgardis.

anciennement

était

Plusieurs autres

noms communs,

pourraient être encore cités,

comme

la

Breil-Liégeard

plupart d'origine latine,

avant, à l'époque franque et

noms de

négliger, dans la certitude où

aucun de ceux dont l'emploi suffisamment préparé

mation des noms de

le

Ton

noms propres

On

de

croit

pou-

est de n'avoir

omis

lieu'.

est le plus fréquent, et d'avoir ainsi

pour étudier

terrain

lieu,

— =

est représenté à de très

ré])oque féodale, par combinaison avec des

personne, contribué à former des

Yonne).

Seine-et-Oise,

Dans la France méridionale broilum nombreux exemplaires par Bruel.

A^oir les

nom comme

Le

lieu.

Broilum,

Breil dans

fort

sup-

a

mu s.

bois et ses variantes bos et bosc figurent, soit

initial, soit

983.

boscus

latinisé

classique ne

le

désigne, dans les textes mérovingiens,

à

24o

n" 285), pour Cressonessar/.

planté dans les langues romanes

de

Cressonsacq

et

;

méconnaissable

Moressart;

xii« siècle

Cnrbeil

jadis (cf.

était

/:\sAHTrM

:

des

le rôle,

dans

la for-

noms de personne empruntés aux

nations germaniques.

1.

On

renconirera ci-après, par exemple les mots casa [n" 1058

sia in" 993),

précédent (u'^'

1026

,

granica

chapitre

insula

iu° 1126)

([ui

cisterna

n" 1108

,

sa

1

1

u s

n" (

,

eecle-

pouvaient trouver place dans 1074),

n» 1107).

cultura

i^n"

994i,

le

l'ossa


LU

NOMS DE PERSONNE 984. Le meilleur répertoire donomastique g-ermanique est le

volume

en Iboli par Forstemann, sous

publié

in-4°,

Namenbuch 985. Parmi les noms germaniques de personne dans la composition des noms de lieu, les noms Altdeutsches

le

titre

'.

tiennent une place

à la vérité restreinte,

rpii

entrent

de

femme

mais qui vaut qu'on

s'y arrête.

Les plus apparents sont à coup sûr ceux qui appartiennent à une déclinaison imparisyllabique propre à l'époque franque le :

nominatif est en flexion

dans laquelle

faible des

le

-a,

en -ane

Berta,

:

Bertane

;

faut voir une influence de la déclinaison

il

langues germaniques présentant aux cas obliques une n pas au nominatif.

qui n'existe

même nom

langue vulgaire, un

son cas régime, Berte des

g-énitif

noms propres

Eve, Evain

;

des

et à

de

Berlain

et

passé dans

Cette flexion a

;

femme ayant son elle

a

même

cas sujet et

été appliquée à

noms communs empruntés au

— Marie, Mariain — ante ;

[=

la

amita),

latin

an/ai/i

;

:

nonne, nonnain. Ainsi s'expliquent, soit dit en passant,

les

écrivain et sacristain, formés sur des

première

mots

latins de la

mots

déclinaison. Les effets de cette déclinaison sont particulièrement

noms de lieu, dans la composition des(|uels noms de personne ne peuvent entrer qu'au génitif. Agiane cortis Aincôurt (Oise, Seine-et-Oise). Ayencourt

sensibles dans les les

:

(Somme).

— A.

vallis

:

Ainval (Somme).

A.

villa

:

Ain-

velle flIaute-Saône, Vosges).

Amblane Azane c. Babane c. Une

cortis :

:

Amblaincourt (Meu.se).

Azincourt :

.Nord, l*as-de-(^alais).

Bavincourt (Pas-de-Calais).

Huiiii vu l'.lOO. c-lô doniiéo Il convicnl de des appendices donnés par Aw},^. Lon^Miou d.uis son ('dilion du Poli/ftli<fiif iTIrininon (H, •2''i4-.'lS2^, sons ce litre Lrs hhhik tir jutI.

iiouvcîllc ('•(lilion

si^-ii:il(;r ici

;i

ii

l'un

:

f<i>iinp nii /i-mjis ilr (',li,irlcni.i(/iic.


.

OIUGINES FRANOLES

NOMS DE PERSONNE

:

247

Baiane c. Bayencourt (Oise, Somme] Biencourt (Meuse, Somme). Bettane c. Bettaincourt (Haute-Marne) ;Betaincourt (Eure:

;

:

et-Loir).

Bosane Bovane

c.

Bouzincourt (Somme).

:

c.

Bouvaincourt (Somme); Bouvincourt (Nord,

:

Somme).

Farane

c.

Farincourt (Haute-Marne).

:

Gaudiane c. Goy encourt (Somme). Godanec. Goincourt (Oise). Gonzane c. Goussaincourt (Meuse). :

:

— G.

:

v.

Goussain-

:

ville (Eure-et-Loir, Seine-et-Oise).

Sigradane Dans place

les

c.

Seraincourt (Ardennes).

:

exemples suivants

le

nom

femme

de

tient la

seconde

:

Villa Ad ta ne Viltain (cf. n« 950). Gortis Blancane Gomblanchien cf. G. Bovane Courbouvin (cf. n" 935'. G. Bertane Coubertin (cf. n« 938). :

:

n" 939).

:

:

— V.

B.

Villebertin

:

(Aube).

V. G.

Lu pane Villeloin (Indre-et-Loire). Waldradane, dans le Polyptique d'Irminon :

:

Courgau-

dray (Orne).

Dans

986.

nom

ce dernier

du nom féminin

a tlisparu

Bubertré (Orne), dont

le

:

la

nasale qui termine le cas régime

on constate

le

même phénomène

dane, et dans les noms lune de l'autre Villacoublay, Ville-d'Avray

qui s'écrivaient au xin" siècle

et-Oise),

Davrain

et

A

dans

second terme répond au génitif Bertraportés par trois localités peu éloignées et Viroflay (Seine-

Ville

Escohlein,

Ville

Villoflein

11G2, attestant qu'il

du nom de Viroflay n'est forme Offleni villa, qu'on trouve en s'agit d'un nom masculin en -lonus. Dune

manière g-énérale,

faut se garder de considérer

987.

pas un

vrai dire, le second terme

nom

de femme,

il

la

comme

autant

noms féminins tous les déterminatifs en -ain compris dans les noms de lieu en -ville ou en -court on s'exposerait plus d'une de

:

;i

en ce sens sans avoir examiné les formes anciennes. Gelles-ci peuvent révéler qu'on est on présence de

méprise

si

l'on concluait

noms en -lenus

comme

celui qui enlr(^ dans la composition


.

LKS NOMS

248

I.IEU

DI-:

ou de noms, également germaniques, en du nom de Yiroflay Goin ville (Eure-et-Loir), au ix" siècle Gau-enus ou -in us V. Baddeni. D'autre part, deni villa: Villehadin (Orne) :

=

(Calvados),

Mondrainville

Trancrainville (Eure-et-Loir)

Mondreville,

V.

:

dehors de ceux que

le latin

v.

siècle

les

Tancradi

et

ou au

xvii^.

de l'époque franque déclinait en

lonomastique germanique

-a, -a ne,

suppose

qui

ce

Thorfredi

v.,

nest intervenue qu'au xvi^

la nasalisation

En

Tancreville,

Mundradi

et

moyen-âge

au

appelés

étaient

Toiifreville et

formes primitives

(Seine-Inférieure)

Toufjfrainville

comprenait divers

latinisée

noms de femme

caractérisés par des terminaisons telles que -burgis, -gardis, -gundis, -hagdis, -hildis, -lindis, -sindis, -trudis les formes vulgaires de ces terminaisons, dans la :

n'avaient aucunement le

langue du moyen-âge,

noms de femme

de nos jours les

988. -burgis est devenu en français -hoiirc,

-hourg.

C

est le

nom Eramburgis

ancienne d'une aujourd'hui

nom

«

Guihours,

voie

([ui

de Charlemagne. raît

parisienne,

rue Boutebrie

».

muet

final

que

présentent presque tous. plus tard écrit

qui ligure dans l'appellation rue Eramhourrj de Brie.

la

Witburgis

figure en plus d'une

est l'origine du chanson de geste du cycle

— La forme vulgaire

de

Hildeburgis appa-

dans Fontaine-Heudebourg (Eure).

989. -gardis a donné -//ard, -jard, -f/eard, ou simplement -ard le g se trouvait précédé dune voyelle Villa Adalgardis Villaugeard (Eure-et-Loir).

quand

:

:

Mo nsBeli gardis: Montbéliard Doubs M ontbiiard (Belgique, — Podium Beligardis Puybelliard (Vendée). i

'

Ilainaut).

:

Vallis Engelgardis F. P.r.

Ermengardis Leutgardis

Ligeard (Mayenne),

:

Vallangoujard

Seine-et-Oise).

Fontaine-Émangard

:

Belgeard

:

(cf.

n"

i(-alvados).

983).

Cf.

le

Clos-

et Lijardière (Charente-Inférieure).

Dans l'étude mentioniu'e i)lus haut (n" 811), M. Perrenot a donné du nom de Monlbéliard une étymologie (ju'on ne saurait a<hnettre Mous be v a rdae, « moiil du cloclu'r »; l'atrcrlomé1

:

ration à

nom

laquelle

l)ien

i

Monlbi-Hard

.avant cpi'un

doit

son origine avait reçu son

clocher no s'y

appelée en allemand Mbnpelgard.

élevât.

Ci'llc

ville

est


.

.

ORIGINES l'RAN'QUES

249

NOMS DE PERSONNE

:

990. -gundis est devenu -goiit (jonde sont de formation savante

:

les

\

noms Aldegondc, Frédé-

Sainte-Aldegonde (Nord) sest

toiit le moyen-àge Sainte- Audegont Bois-Ragon (Deux-Sèvres) présente la forme vulgaire du nom

appelé, durant

Rade g u n

s

-hagdis ou -haidis

991. à

il i

produit

a

réduit

-ais,

plus tard

-is.

Adalhag'dis ou Adalhaidis, en langue vulgaire Alais ou Alis,

dans

se retrouve

Oise),

les

noms de

du Bosc-Alix (Eure),

la

Ferté-Alais fSeine-et-

d"Écalles-Alix (Seine-Inférieure),

de la Fontaine-Alix (Aisne), sans compter ceux de Pontalis. Portails

Portalès,

Pourtalès,

et

devenus noms

qui sont

de

famille.

992. La finale -h il dis autre dans les

noms de

moins reconnaissable qu'aucune

est

lieu français, car, par suite de la vocalisa-

tion de 17 et la chute de la désinence atone -is,

elle a

produit

-haut dans Briiun mono.syllabe noté de diverses façons -lient nehaut, de Brunehildis, et Alahaut, de Mathildis -lioiit, dans Sainte-AIenehould, dans Richeut^ de Richildis de Sancta Manehildis; et ce monosyllabe est plus d'une fois :

;

;

altéré par des accidents de graphie et de négligences de

pronon-

ciation,

Mons Ainhildis, dans le Polyptique d'Irminon. désigne Monhinot (Orne). Berthildis cortis Brétencourt (Seine-et-Oise), anciennement Bertheucourt^ puis Brethcucourt. :

Castrum Brunehildis Bruniquel (Tarn-et-Garonne), le Brunehildis terme principal étant tombé en désuétude. :

m an su s

Brunehamel (cf. n" 965). Gisehildis cortis Gizaucourt (^Marne). :

:

Gundhildis

c.

Richildis m. V. Senihildis 993. -lindis

:

:

:

n° 130),

-lent, -Uinl

comme lingua

langue.

Berlancourt (Aisne, Oise), Berlencourt (Pas-

de-Calais), Bellancourt

(Aisne).

(cf.

(Aisne).

Villeseneux (Marne),

donné

a

Berelindisc.

Condécourt

Richaumont

:

lioscus- 1^

(Somme), :

B. ecclesia

Boisbellent Manche).

:

Bellenglise


2o0

LES N0>1S DE LIEU

Gundelindis cortis Ingolindis

c.

Goudelancourt (Aisne).

:

Aingoulaincourt (Haute-Marne).

:

994. -s in dis est devenu -sent.

Fredesindis cortis Mainsindis cultura

Fressencourt Aisne).-

:

Metz-en-Gouture Pas-de-Calais), jadis

:

Messencouture.

Burgus Herisindis

:

Bourg-Hersent (Mayenne).

le

995. -trudis a pour forme vulgaire -fru.

Campus Ragnetrudis R.

:

Morintru

(cf.

n" 9721.

Charaintru

:

— Pons R.

:

cf.

n"

977

Porrentruy

.

Mons

(cf. n°''

705

et 976).

Quant aux noms germaniques d'homme, ils peuvent être deux grandes séries, dont la principale comprend ceux de forme qu'on pourrait appeler solennelle, composés de deux éléments, comme on le voit dans la plupart des noms royaux de répartis en

A

mérovingienne.

dynastie

la

ces

noms correspondent, en

moindre nombre, des formes familières, dont l'ensemble constitue l'autre série.

C

est celle-ci qu'on envisagera tout d'abord, la

théorie de la formation des

noms

qui la composent

présentant

quelque complication.

Allemands emploient Fritz concurremment avec disent Bob pour Robert, Dich pour Bill liichard^ pour William, Tod j)our Ed/rard, Noll pour Oli996. Les

Friedrich

vier.

Les Anglais

;

L'usage des

noms

familiers, très vivace encore,

on

le voit,

chez les nations germaniques, est constaté dès l'époque franque.

Le nom de Chlodio, réduit quelquefois k.Cioio, chose que

la

forme familière,

«

hypocoristique

»,

d'im

n'est autre

nom tel que

Chlodovicus, Chlodomirus, Chlodericus. Le troisième lils de Charles Martel et de Soanachildis, d'ordinaire appelé Grifo, doit être reconnu dans le comte de Paris Cairefreilus, que mentionne un acte de Pépin le Bref '. Dans une charte du IX'" siècle, on voit une femme nommée Richoara signer Deca(cf. Dirk =-- Richard ).

1,

2.

Il (le Ljisleyrif, Curliilairr

\.

lîi iifl,

(fi^nér.il

de

J'.iris,

I,

27.

n,-ni,'il ilf'sch.irlPH (h- l'.-ihhni/e drCliini/, IIl, r.fifi-r.87,

n" 2;ilO.


b

ORIGINES FKANQUES

La formation du

second

nom

d'un

élément

de

familier comportait la

forme

la

étant, par compensation,

NOMS DE PERvSONNE

:

solennelle,

251 suppression

premier

le

affublé de la désinence -o.

A

l'un des

noms Fridericus, Fredboldus, Fredmundus, etc., était ainsi substitué Frido en Fredo, que le latin de l'époque déclinait imparisyllabiquement en

Par

la suite,

noms

les

-o,

-onis.

ainsi formés ont reçu

un suffixe dimil'allemand moderne -lein, et latinisé en

nutif Qorrespondant à

Frido

devenu Fridolinus. 997. Avant d'aborder l'examen de ces deux catégories successives de noms hypocoristiques, il paraît à propos de condenser, dans un exemple typique, l'exposé qui précède. On s'est étonné devoir un évêque de Paris, contemporain du roi Robert, appelé indifféremment Adalbertus et Ascelinus. Or, il est avéré qu'aux xi*' et xii® siècles, en Lombardie à tout le moins, le nom Adalbertus, par la suppi^ession du dernier terme, la réduction du premier, et l'introduction du son sifflant, est devenu Adzo Ascelinus s'explique par la combinaison d Adzo avec -lenus ou -linus

:

est

^

:

le suffixe

998.

11

-linus.

est aisé de

-onis, dans les

reconnaître les

noms de

noms

hypocoristiques

en

où ils occupent la dernière place Concourson (Maine-et-Loire) ^= Cortis Gontionis Courtabon (cf. n» 933) G. A bonis; Courbouzon (cf. -o,

lieu

:

;

= G.

n° 935)

Bosonis

= — — Gourvaudon (Calvados) = G. Wal-

;

donis. Le maintien du son -on est favorisé par ce fait que l'accent tonique est sur Vo du g-énitif -onis. Par contre, cet o n'a plus, pour ainsi dire, qu'un demi-accent

quand de

nom d'homme en

le

-o,

-onis est

le

premier terme du

nom

Diverses altérations peuvent alors se produire, ainsi

lieu.

qu'on en jugera par plusieurs des exemples qui vont être énu-

mérés en regard d'un choix de ces noms d'homme. 999. Abbo (cf. n" 815) Aboncourt (Meurthe-et-Moselle, Haute-Saône), Abancourt 'Nord, Oise, Seine-Inférieure); Cour:

tabon

(cf.

1000.

1.

H.

n" 933).

Agio

(le

:

Ailloncourt (Haute-Saône).

l^!\sl.oyrio,

op.

cil., 1,

112,

iiolo

(i.


.

NOMS DE LIEU

LES

2o2

Amblo

1001.

pour

Amalo

A mule

ou

(cf.

n" 832)

:

Ablan-

COUrt (Marne).

Anibo Anso,

1002. 1003.

Ambonville (Loiret, Haute-Marne). formé sur l'un des noms de la

:

appartiennent

laquelle

Ansbertus

et

Ansegisus

famille :

à

AnsOïl-

COurt (Meurthe-et-Moselle), Ansonville (Eure-et-Loir, Loiret), Le même nom se retrouve dans Ensonville (Eure-et-Loir).

la

Arno

Lande- Anwn. (Haute-Marne), Arnancourt

(Oise), qui devrait s'écrire la

Lande-en-Son 1004.

Arnoncourt

:

(Haute-Marne).

Atto

1005.

Attancourt (^Haute-Marne), Attencourt (Aisne,

:

Eure-et-Loir), Hattencourt (Sonmie).

Austro Outrancourt (Vosges). Baddo, nom qui dt'sig-ne dans

1006.

:

1007.

émissaire de Frédégonde

:

Grégoire de Tours un

Badonville (Eure-et-Loir), Badonvil-

1er (Meurthe-et-Moselle), Badonvilliers (Meuse)

;

Vaubadon

(Calvados).

1008. Bal do

de Paris

:

Causse-Bégon (Gard), Champbegon (Saône-et-Loire).

1010. Betto

Saône),

:

Bethoncourt (Doubs), Betoncourt (Haute. (Haute-Marne, Vosges), Béthancourt

Bettoncourt

(Aisne, rieure,

Baudoncourt (Haute-Saône). porté au début du \f siècle par un comte

:

nom

1009. Bego,

Béthencourt (Nord, Pas-de-Calais, Seine-Infé(terr. de Belfort), Bethonval et

Oise),

Somme), Béthonvilliers

Béthonsart f Pas-de-Calais) 1011.

Bodo

Ii!ure-et-Loir,

(cf. n" 834) Boncourt (Aisne, Côte-dOr, Eure, Meurlhe-et-Moselle, Meuse, Oise), Bancourt :

(I^as-de-Calais).

1012.

Boso

Sailli -Rciinj-cn-^owzemoxii (Marne), BouzonBossancourt (Aube), Bouzancourt (Haute-Marne. Montbozon llaule-Saône), Courbouzon (cf. n" 935). :

ville (Loiret),

Somme). 1013.

!

Bovo

Bouvancourt (Marne).

:

1014. l)ago,

Dagdbcrt 1015.

:

(jui

peut être

la

forme h\

|)()c()risti(|U('

Dodo

iioiii

de

Doncourt (Haute-Marne, Mcurthe-et-Mosellc,

:

Meuse), Dancourt LArdenuesi, Daiiipcourt (Aisne).

Dodon (Gers)

nsul a d om nom i\\\\\ due

se traduit par

1016. ImkIo. r.iiii

du

Dagonville iMeusc).

«le Cli;irles

(jui

fut le

Martel

-

el

I

(piim

;i

i

ni

— L'Isle-en-

Dodonis.

({".Vcpiilaine coiiIcMupo-

coiirniidu à tort avec

()ddo.


.

KKANgLL;s

i.)Ui(;i.Nt;.s

d'où PJudes

Von

rég-ime

noms

:

i'Ekso.x.m-:

ije

'2lVi

— donné en au cas — Saint-Yon (Seine-et-Oise) — ou Eon a

français,

(Seine -Inférieure),

le

Boshion

sujet

(Eure),

au cas

Vs, et

Monthyoïl

:

Bosc-Hyon (Seine-et-

Marne). 1017. Faro, au début du

Meaux

:

1018.

vu"^ siècle

nom

d'un saint évêque de

Faronville (Loiret), Féronval (Aisne).

Franco

Franconville (Loiret, Meurthe-et-Moselle),

:

Mais Franconville (Seine-etFranquemont (Ille-èt- Vilaine). Oise) ;^ Francoruni villa (cf. n° 536i. 1019. Giso Gisancourt (Eure), Gizancourt (Oise). Mont-

:

geron Seine-et-Oise j, anciennement Montgeson. 1020. Godo, pour un nom commençant par God, comme Godbertus Goncourt (Marne, Haute-Marne), Gancourt (Seinei

:

Inférieure).

Gontio

1021.

Goussancourt

:

(Aisne),

Goncourson

cf.

n^'998).

1022. Grime, forme familière dun nom tel que Grimoaldus Grémoménil (Vosges), Grémontmesnil (Seine-Inférieure), Grimomez (Nord), Grimonpont (Nord), Grémonville (Seine-Infé:

rieure), le

Grimonville (Cher), Grimonviller (Meurthe-et-Moselle),

Grémonpré ^Seine-Inférieure). 1023. Hatto Hattonchâtel (Meuse), Hattencourt (Somme j, :

Attancourt (Haute-Marne), Hattonville

(Meuse),

Seine-et-Oise),

Hattenville

— Ménil-Haton (Orne).

(Seine-Inférieure).

1024.

Eure-et-Loir),

(Aisne,

Attencourt

Hathonville

Hajmo

Heymonrupt (Meurthe-et-Moselle), Henne-

:

mont (Meuse). — La

ville

du (Juesnoy (Nord)

était jadis

appelée

Haymonquesnoy 1025.

Hugo

de-Calais)

d o m ni

;

La Ghapelle-Huon (Sarthe), Valhuon (PasMansionile Magny-Danigon (Haute- Saône) :

=

FI.

1026. Milo,

l'un

noms g-ermaniques

:

des plus anciennement connus parmi l^s Millencourt (Somme)

;

Millonfosse (Nord) :=

M. fossa Millemont (Seine-et-Oise). Le Bois Milon Aisne, Eure, Oise), Champmillon (Charente), Fontaine-Milon (Maine;

et-Loire), la Ferté-Milon (Aisne).

1027.

Modo

:

Monville (Seine-Inférieure). Montville

rente, Loiret I, Monvilliers (Eure-et-Loir

1028.

Plopkionis curtis

est le

(Cha-

i.

nom donné

par un texte de


.

254

UE LIEU

LES >'UMS

on ignore à quelle forme solen004 à Plichancourt (Marne) nom d'homme peut répondre l'hjpocoristique Plopkio. :

nelle de

Rado Rancourt (Meuse, Somme, Vosg-es). Rocco Rocquancourt (Calvados), Rocquencourt

1029.

:

1030.

:

(Seine-et-Oise)

Waddo

Vadencourt (Aisne, Sonmie), Gadancourt (Seine-et Oise), Gadencourt (Eure), Vadonville, Wadonville (Meuse). 1032. Waldo Vaudoncourt (Meuse, Vosges), Godoncourt (Vosges), Vaudancourt (Marne, Oise). 1033. Walo Champvallon (Yonne), Chapelle- Vallon (Aube). 1034. Warno Vernancourt (Marne). 1035. Wido Guyancourt (Seine-et-Oise), Guyencourt (Aisne, Somme), Wiencourt (Somme), Guyonvelle (HauteMarne), Yonval (Somme). Bois-Guyon (Eure-et-Loir), Ghampguyon (Marne), le Mesnil-Guyon (Seine-et-Oise), Montguyon (Charente-Inférieure), La Roche-Guyon (Seine-et-Oise), LavauAu moyen àg-e la ville de Laval guyon (Haute-Vienne). (Mayenne) était appelée la Val Guyon ou la Vaii Guyoti, parce que ses seigneurs ont porté, pendant de nombreuses générations, le nom de Guy. 1036. On voit que la finale -on^ que présentent régulièrement 1031.

(cf.

n»*

785

et

838)

:

:

:

:

les

noms d'homme correspondant

-onis,

s'altère

à des hypocoristiques en -o,

souvent en -an ou -en, dans

graphiques où ces noms d'hommes tiennent Béthancourt, Béthencourt (n° 1010), etc. mont (n^' 1012;, Franquemont (n« IOI81

pour Bouzon-monI Francoii-iaonl ,

et

les

la

vocables topo-

première place

— D'autre

et

part.

Millemont

:

Bouze-

(n" 1026)

Milon-inonl ollVi'utrexemple ^

même du nom

d'une altération plus marquée, pour raison d'euphonie, de

que Hennemont

fn"

1024) pour Hemon-mont,

1'///

d'honuiu', trop voisine de celle de mont, est devenue n.

1037. Dans les noms Bocasse (Seine-Inférieure), le MesnilEudes (Calvados), le Mesnil-Hue (Manche) et le MesniLRogues

(Manche), qu'on pourrait traduire

sionile Oddonis,

M. Ilugonis

j)ar

et

Boscus Adsonis, ManM. Roriconis, h' nom

non phis au cas régime en -on, mais au cas sujet évidemment il n'a été ajouté (ju à une épocjue tardive, alors que lusage (k' la déclinaison était abantUmné, c'est-à-dire à partir de la première moitié du xiv' siècle. (1

se présente,

lioinine

:


ORIGINES FRA.NOCES

:

NOMS DE PICRSOMSE

255

Les noms hypocoristiques en -lenus ou -linus, diminutifs (les précédents, ont contribué, eux aussi, à former des noms de lieu.

1038.

Abbolenus ou Abolenus,

Abbo

de

(n''

999)

:

Mon-

taboulin (Indre), Montaulin (Aube).

1039.

Ambolenus,

de

Ambo(n°1002)

Amblainville (Oise),

:

Amblainvilliers .Seine-et-Oise).

1040.

Ascelinus

997)

icf. n*^

1041. 1042.

:

le

Bosc-Asselin (Eure, Seine-

Calvados'.

Inférieure), Mesnil-Asselin

Babolenus, de Babo in" 825 Bavelincourt (Somme). Bobolenus, de Bobo ou Bovo (n" 1013j Bouvelle:

i

:

mont (Ardennes). 1043. Dodolenus, de Dodo (n^lOlS) Giso

1044. Gislenus, de

1045. Ilugolinus le

Bois-Hulin

:

Dolaincourt (Vosges),

— Courtoulin

Doulaincourt (Haute-Marne).

(n°

1019)

(cf. l'italien

:

Ugolino), de

Seine-Inférieure),

(Eure,

n" 935).

(cf.

Villers-Guislain (Nord).

la

Hugo

(n"

1025):

Chapelle-Heulin

(Loire-Inférieure), la Ghapelle-Hullin (Maine-et-Loire), le

Mont-

Hulin (Oise, Pas-de-Calais). 1046.

Modolenus, de Modo

— Gormolain

(cf.

1048.

Offolenus Viroflay (cf. n" 987). Roccolenus, de Rocco (n" 1030)

1049.

Rosce linus

1047.

(Meuse)

;

:

et-Loir); — Corquelin

le

(n° 1027) Moulainville

n» 936).

la

Reclainville (Eure-

n" 936).

(cf.

:

:

Chapelle-Rousselin (Maine-et-Loire),

Mesnil-Rousselin (Manche). 1050.

Sigolenus Selincourt (Somme), Selaincourt (Meurthe:

et-Moselle).

1051.

Waddo lenus,

de

Waddo

(n»

1031)

:

Vadelaincourt

(Meuse), Wadelincourt (Ardennes). 1052.

Wandelinus

:

Vandelainville et Vandeléville (Meurthe-

et-Moselle).

1053.

Wazelinus

:

Valaincourt (Vosges), ValainviUe (Eure-

et-Loir).

Les noms d'homme germaniques de forme solennelle sont extrêmement nombreux, et Ténumération complète n'en saurait trouver place

ici;

on se contentera de

faire

connaître les princi-

pales modilications que leurs terminaisons ont subies dans les


2."JG

l.liS

noms

lie

lieu^ et à celle fin

NOMS

LIEL

Ut;

Ion suivra

l'ordre alphabélique de

ces terminaisons latinisées.

1054.'

La

finale

-aldus ou -oldus de

1

époque caroling^ienne

représente la terminaison méroA'ingiènne -oaldus, qu'on observe

Chlodoaldus

dans

ment en

Theobaldus.

et

français -aiid,

noté -aulcl ou

-aiilt

Aances, telles que la Touraine et le Poitou

langue d'oc -aldus devient

;

dans quelques pro-

dans certains pavs de

dans les ci-dessus n" 48) et inférieur de la Seine,

-al (cf.

régions qui avoisinent le cours

devient ordinaire-

Elle

;

moyen

en Normandie, -oaldus a, par Tintermédiaire de -oldus, donné -oud ou -ouït, comme dans le nom de saint Cloud (== Chlodoaldus). Celte forme vulgaire -o;//^, -oud, aujourd'hui confinée presque exclusivement en Normandie, alors qu'au moyen-âge on la rencontrait aussi dans le Parisis et aux environs et

de Melun, peut être facilement confondue avec

la

forme vulgaire

en -ou des noms originairement terminés en -ulfus j^os

/[143 à 1150), de sorte qu'en cas de doute,

reporter aux formes latines des

noms de

est.

il

(cf.

ci-après,

prudent de se

lieu qui les présentent.

formes vulgaires des noms d homme en -oaldus se terminent par une dentale, d om t mais celle-ci disparaît toujours dans la forme moderne des noms de

Dans tous

les

pays de langue

d'oïl les

;

lieu

dont ces

noms d'homme

constituent

dans ceux où

tandis quelle persiste

ils

premier élément,

le

tiennent

dernière

la

place.

Ansoaldus

Ansauville (Meurthe-et-Moselle), AnsauLa seigneurie du Plessis-feu-Aussoux (Seineet-Marne) appartenait, en 1170, à un chevalier nommé Ansould le qualificatif « feu » indique que le surnom qu'a du Plessis 1055.

villers (Oise).

:

:

conservé 1056.

postérieur à

le Plessis est

Beroaldus

la

mort de

ce personnage.

Braucourt (Haute-Marne),

:

Brauvilliers

(Meuse).

Fulcoaldus La Rochefoucauld (Charente) Foucaucourt (Meuse, Sommej. la 1058. Gairoaldus, plus tard Geraldus ou (liraldus Bois-Giroult Casa Geialdi le Chaize-Giraud '^Vendée) 1057.

:

;

:

(l^^urey

;

=

Géraumont

;

(.Vrdenncs),

Giraumont

i.\i(U

mus,

Meurthe-et-Moselle, Oise), Gérauvilliers (Meuse). 1059.

CrimoMJdus

:

le

Boulay-Grimault

(lùire-el-Loirj,


ORIGINES KUAiNOLKS

AOMS

'.

Champ-Grimaud (Puy-de-Dômej,

le

257

l'ERSONNK

Dli

Plessis-Grimoult

i(^alva-

Grimaucourt (Meuse, Oise), Grimouville ^Manche). 1060. Ragnoaldus Ghamprenault Cote-d'Or), ChâteauRegnault fArdennes), Ghâteau-Renaud (Saone-et-Loire), Château-Renault (Indre-et-Loire) Rignaucourt (Meuse), Renaudos)

;

:

^

;

val (Marne).

Theodaldus

1061.

Thiaucourt lAreurtlie-et-Moselle), Thiau-

:

mont (Meuse). 1062. La (inale -baldus

-boldus, la

— au sens de

«

hardi

— plus

»

a subi des variations parallèles à celles

tard

de -aldus.

Theodebaldus, qu'on trouve à l'époque carolingienne sous forme Teutboldus le Bois-Thibault (Orne), Thiébauménil :

(Meurthe-et-Moselle),

Ghapelle-Thiboust

la

(Seine-et-Marne),

Thibouville (Eure).

1063. Parfois, à l'intérieur des

vement noté -beau-

noms de

-bau- est abusi-

lieu,

Ribeaucourt (Meuse, Ribeauville (Aisne, Ardennes, Oise, Somme). :

Nord,

1064. -bertus, plus anciennement -berchtus, devient -herf, dont il

le

partie est le premier

fait

quand

disparaît,

t

terme d'un

u

Somme),

brillant »,

nom d'homme dont nom de lievi parfois

le

;

même, dans ce cas, !'/• s'assourdit, et -ber- se réduit à -bé-. 1065. Gharibertus, à l'époque méroving-ienne nom royal, au IX'' siècle noté Heribertus, est sujet à des altérations diverses, en raison des

deux

r qu'il renferme, et

de celle qui

terme dont il est suivi la dlssimilation intervient nécessairement Herbécourt (Somme), Hébécourt le (Eure, Pas-de-Calais), Hébécrevon (Manche) --= H. caprio,

peut se trouver dans

le

:

:

<>

chevron,

le

pont de bois d'LIerbert

;

dont le dernier terme est d'oriHébertot (Calvados) Scandinave HerbéviUer Herbeville (Seine-et-Oise)

rieure),

gine

»

Héberville (Seine-Infé-

(Meurthe-et-Moselle),

,

Herbémont (Meurthe-et-Moselle), Her-

be val Pas-de-Calais). f

1066.

Chuniberchtus.

Ilumbertus

[mis

:

Humbécourt

=

IL Haute -Marne), Humbépaire Meurthe-et-Moselle) lliuuberpetra '. On se gardera de rattacher à ce grou[)i' (

i

I.

C'est sous loutcs réserves ((uo nous reproduisons celle iiilcriirétutiou. /.es

noms de

lien.

'"


LES NOMS DE

258

LIEU

camps (Pas-de-Calais), appelé, en 1200, Heudcbcrcamp (=Hildeberti campus) et Hiimherville (voir ci-après n° 1073). Libercourt (Pas-de-Calais), Libermont 1067. Leutbertus :

(Oise), Libessart (Pas-de-Calaisj.

Rotbertus,

1068.

Chrodobertus

à l'époque méroving'ienne

;

Robermesnil (Calvados), Robermetz (Nord), Robersart (Nord). Robécourt (Vosg-es). Roberval (Oise) 1069. Sigibertus, nom de plusieurs rois de la dynastie

;

mérovingienne

On

1070.

Inférieure)

Sebécourt (Eure), Sebéville (Manche). dans Anhermesnil (Seine-

:

serait tenté de reconnaître et

Aubcrville (Calvados,

d'homme Adalbertus;

or,

appelées Oshermesnil et Osherville le

Seine-Inférieure)

d'où l'on doit conclure que

;

premier terme de leurs noms est Osbernus,

nom d'homme

non point franque, mais bien anglo-saxonne, mot Os, équivalent du latin De us.

d'origine

sur

le

-bodus

1071.

lieu, cette

a

nom

le

au moyen âge, ces localités sont

donné -hue^ puis -heu.

A

fin

la

et

formé

noms de

des

forme vulgaire est souvent notée -heuf ou -bœuf à elle s'altère parfois en -i?e-, et, dans ce cas, l'examen ;

l'intérieur,

des formes anciennes est de rigueur pour c{u'on sache

nom en -bertus ou en -bodus. Acbodus Courtabœuf (cf. 1073. Haginbodus Humberville

s'il

s'agit

d'un

1072.

:

:

à

n' 933).

fllaute-Marne), .semblerait

première vue, répondre à llumberti villa

du diocèse de Toul rédigé en

I

;

dans un pouillé

i02, cette paroisse est appelée

llaimbuevilla 1'/" n'est pas étymologique. Herbeuval (Ardennes), Herbeuville 1074. lïeribodus Ilerbodi cisterna. Hébuterne Pas-de-Calais), (Meuse) Heubécourt (Hure). 1075. Hililebodus ;

:

=

;

:

Halbodus Kicboius

1076. 1077.

Sommcj.

:

liih'-courl

1078. Sigilxjdus

1079. Warliorliis 1080. «

p;ii\

noms

-I'iimIu.s, .),

d(!

en -fie-.

a doniK'

lieu,

Corabœuf(cf.

:

peul

Ribécourt (Nord)

= Ricberli

Courcebœufs

:

:

n» 937).

(Oise),

Ribemont

(Aisne,

corlis.

''Sarthe).

"Vaubecourt (Meu.sc;.

appanîuLé -froif,

à

-fntij

.s'allércr

l'allemand

ou

en -/'•'

moderne

friedc,

-frcji, (jui, à l'intérieur <'^'

'l>'<^-i

des

piirfois s'assourdir


.

ORIGINES

1081.

KRAMjrKS

Ansfredus

;

NdMS DE

259

PEHSO.WN'E

Anfroipret (Nord), Amfreville (Calvados,

:

Eure, Manche, Seine-Inférieure). 1082.

Autfredus

Affracourt

:

(Meurthe-et-Moselle),

jadis

()/f'roicoiirt

1083.

Berfredus

Beffecourt (Aisne), en

:

\2~{)

BcffrecourI

;

Beaufremont (Vosges), jadis Boffroimont.

Gundefredus Confrecourt (Aisne), en 1203 GunfreGonfracourt (Haute-Saône), que Quicherat supposait à tort répondre à Curtis Francorum Gonfreville (Manche, 1084.

coiirt

:

;

;

Seine-Inférieure)

1085. Landefredus Lanfroicourt (Meurthe-et-Moselle); Mélanfroy (Seine-et-Marne) et sa variante le Mélanfray (Mayenne) ^= Ma n sus Landefredi. :

1086.

1087.

Matfredus Rotfredus

Maffrécourt (Marne).

:

Vaurefroy (Marne).

:

1088. -garius devient en français

-[/ier

ou

-f/er

;

à l'intérieur

noms de lieu IV peut disparaître, et Ve devenir muet. 1089. Adalgarius Champauger (Seine-et-Marne), Auger-

des

:

ville (Loiret).

1090. Ansg-arius

Mésanger (Loire -Inférieure), Angerville

;

(Calvados, Eure, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise), Angervilliers (Seine-et-Oise).

1091. Autg-arius

Bois-Oger (Maine-et-Loire),

:

le

Mesnil-

Oger (Calvados), Ogéviller (Meurthe-et-Moselle).

Beringarius

1092.

Bérengeville

:

(Eure),

Bellengreville

(Calvados, Seine-Inférieure).

Rotg-arius

1093.

Calvados), Boisroger Bois-Roger Bois-Roger (Aisne), Champroger (Seine-et-Marne), :

(Manche),

le

Méroger

(Eure-et-Loir,

i

Seine-et-Marne),

Rogécourt

(Aisne),

Ticheville 'Orne), présentant,

ouhc Vc

Rogéville (Meurthe-et-Moselle). 1094. Teutg-arius

:

muet, une altération du 1095. 1096.

Warengarius Dans le nom

(n" 1092),

entre

la

;/ :

.

Varenge ville (Seine- Inférieure). mentionné plus

Bellengreville,

sans parler du clianj^ement de

première SAdlabe et

la

li({ui(K'

seconde, on ohservc

haut

qui se j)roduit

dune

|)ar(, la

persistance du y dur ce qui est le fait des dialectes normand, picard et w^dlon et d'autre [)art l'interversion de Vr et du son


LUS Mi.MS

2r»()

voA'elle

qui

exemple

siècles

KiY*^

la

double phénomène dont un autre Yzengremer (cf. n" 964), aux \iW et

précède

:

fourni par

est

LIEU

Di:

Ysenguiermer.

témoin le nom 1097. -g-isus, plus anciennement -gaisus Radagaisus porté par un roi franc contemporain de l'empereur Constantin

— a donné en

de lieu Vs disparaît

;

A

français -gis.

de plus

\'i

pouvant

l'intérieur des

un

faire place à

noms muet,

e

g subissant parfois une altération semblable à celle qu'on a vue dans Ticheville (n" 1094), la forme vulgaire de -gisus se confond éventuellement avec celle de -garius. et le

Adalgisus Ansegisus

1098. 1099.

Augicourt (Flaute-Saône).

:

Courtangis

:

(cf.

n° 933)

Angicourt (Oise),

;

Angivillers (Oise).

1101.

Artgisus Autgisus

1102.

Gundegisus

1103.

Ratgisus

1100.

Montargis (Loiret). Auchecourt (Marne), Ogicort \ers 1220.

:

:

Villegongis (Indre).

:

(Haute-Marne),

Rachecourt

:

Richecourt

(Aisne), en 1278 Regicourl, en 1331 Bigicourt.

Rotgisus

1104.

Mérogis (Seine-et-Oise),

:

(Ar-

Rogiville

dennes). 1105.

Teutgisus

1106.

Warengisus

Tigecourt (Marne), au xii^ siècle Tegicort. Varangéville (Meurthe-et-Moselle).

:

:

1107. -iiardus, représentant un vieux mot germani({ue qui subsiste dans fort », devient

l'allemand moderne har/,

en français -ard,

dur, ferme,

«

comme on

d'homme bien connus, Bernard, Renard,

le

etc.

solide,

voit par des ;

le

d

final

noms

de cette

forme vulgaire disparaît généralement dans l'intérieur des noms de lieu

(Seine-Inférieure)

Bénarville

:

=--

Bornehardi villa;

Gérarcourt Meurthe-et-Moselle), Ménarmont (Vosges), Garsault fMarnc), anciennement (ioarsauf — (lunliardi saltus. 1108. Toutefois ce (/ peut laisser (juelque trace, {|u;ui(l h> terme -

(|ui

nom dhomme commence

suit le

(Aisnej

-

Gun hardi

1109. D'autre part dissimilalion.

-

:

Cohartille

1"/'

de -hardus est sujet

à disparaître.

i)ar

(piand lune des syllabes voisines renferme une

autre r: Bénaménil

sionih';

par une voyelle

in su la.

'

Bernapré (Somme)

^

B.

Hernehardi maiipralum: Bernaville

Meurlhe-el-Moselle)

à


.

OKIGINKS

(Somme,

=

tale)

G. villa

I

HAMjl

i:S

N(P

:

s

l'KKSdNNE

|>i:

'2(')\

= B. villa Grammont Belgique, Flandre orienGerehardi mons; GrasviUe (Seine-Inférieure) ;

:

(

=

— Gravai (Seine-Inlerieurej =

IHO. -harius

est

G. vallis.

devenu en français -hier ou

noms

reconnaissable dans les

-ier,

toujours

de lieu ayant pour dernier élément

un nom dhomme ainsi terminé Cornantier (Marne) = Cortis Nantharii Boisgarnier (Eure-et-Loir) =^Boscus Warnharii. :

;

1111. h'r de -ier se maintient parfois à

de lieu

mont

:

de Belfort)=

(territ.

(Seine-Inférieure)

(Somme)

=

= W.

Doubs)

Vernierfontaine

Waltharii mons;

^ Vauthier— Vattierville ;

La graphie de Regilière-Ecluse

\V. villa.

= Rainharii exclusa,

est im[)utable à la liaison.

1112. Mais souvent aussi cette r disparaît, ainsi diverses intluences,

de sorte que -ier- se réduit à

Iz,

noms

l'intérieur des

fontana

sous

que, -é-

:

Bréval

Berharii vallis dans le Polvptique dirminon Vosges) Rainharii villa. 1113. Dans d'autres cas -ier- devient, non plus -e-, mais -i-

(Seine-et-Oise),

— Regnévelle

Vatimesnil (Eure) t

ha

1" i

i

mans

i

et

Vathiménil (Meurthe-et-Moselle)

:

Wal-

==3

oni1e

1114. La forme vulgaire de 1

;

=

allemand marin,

«

homme

la finale

-mannus,

qui reproduit

d'ordinaire notée

», est

-mand on \

le

exemple dans Mondement (Marne), jadis Mont Hetidemant, de Mons Ilildemanni. A^oit

altérée en -ment, par

1115.

A

l'intérieur des

d'étymologique, disparait

manni ou Hartmanni

:

noms de lieu, la dentale, qui n'a rien Armancourt (Oise, Somme = Ilerii

cortis.

1116. La finale -marus, -meris ou -mirus, répond à un vieil adjectif germani([ue qui signifie

formes vulgaires -mer

et

-mier

\

«

illustre,

noble

»

;

elle a

pour

de cette dernière, mieux expli-

cable par -meris que par -marus, on a vu un exemple dans

Saint-Lumier

(n"

toponomasticjue.

909

;

elle est d'ailleurs

L'/' finale

peu fréquente dans

disparaît assez souvent, tant à

la

la

fin

noms de lieu. lin. Adamarus ?): Amécourt (Eurei, Amermont Meurtlie-

que dans

l'intérieur des

et-Moselle),

Amerval

Nord).


LES >OMS DE LIEU

262 1118.

Adremarus

Montieramey (Aube), en 1182 Mosiier

:

Arrainé. 1119.

Aldemarus

1120.

Audomarus Courtomer (^Orne). Autmarus Omécourt (Oise).

1121.

1122. 1123.

Pont-Audemer

:

(Eure).

:

:

Gauzniarus Herimarus

Goniiécourt (Somme),

:

Monthermé

:

(Ardennes),

Chapelle-

la

Hermier (Vendée). 1124. 1125.

Nortmarus AVidomarus

Witinar, au

877

Mons

Mohimer.

-mundus

a

pour forme vulgaire -inoml, qu'on

Le thème étymologique de Grangermont qui semblerait à première vue avoir pour second terme

parfois notée -mont.

(Loiret), le

:

siècle

xiii"^

1126. La finale a

Noniécourt (Haute-Marne). Mont-Aimé (Marne), en

:

substantif latin

A

1127.

mons,

et

=

Bermonville (Loiret)

en réalité

noms de

l'intérieur des

Granica Herimundi.

lieu

-moud-

Bertmundi

se réduit à

villa;

-mon-

:

Fromonville (Seine-et-Marne), Frémonville (Meurthe-et-Moselle) Frotmundi villa Geriïionville (Eure-et-Loir, Loiret, Meurtheet-Moselle, Meuse); — Hérimoncourt (Doubs) := Herimundi ;

cortis

;

— Hermonville

(Marne)

=

Herimundi

villa.

1128. Dans Autremencourt (Aisne), -mon- est devenu -mon-

;

on ne disposait de textes anciens, le thème étjmoloi^ique Austremundi cortis ne saurait être déterminé siirement.

si

1

1129. La finale -oenus, ou -oinus, représentant un mot germanique ayant le sens d' « ami », devient en français -oiiin ou -oin

:

Villiers-au-Bouin(Indre-el-Loire) pour Villiers-Aubouin

;

le

=

Mons IJerMontbertoin (Aisne) Mesnil-Foucoin lEuie) - Mansionile Fulcoini

Villaris Alboiiii; toini

— ;

— Ménil-Gondouin (Orne) = Mansionile Gundoi ni — Ville;

hardouin (Ard)e) 1130.

A

=

'Villa

l'intérieur des

Hardoini.

noms de

cette terminaison peut

lieu,

subir des altérations plus ou moins graves

devenu Baudimont n*as-(le-Calais) aujourd'hui Hardoncelle lioii

comparable

a celh*

di' (pi('|(pics h»c;ilil(''s (lu

;

Ardennesi.

que présente ce lnissin

de

la

:

Baldoini mons

est

— llardoiiii cclla — On observe une alléra-

est

nom dans ceux Au honnirrc (Yen-

(h^-nier

Loire

l'


.

ORIGINES KHANQUIOS

NOMS DE PERSONNE

:

,

2H3

Hardonnièrc (Loir-et-Cher, Loire-inférieure, Mayenne,

dée), la

Sarthe),

Jaudonnière

la

d'homme dont Galdoinus.

(Vendée)

noms

formés sur des

formes latines sont Alboinus, Hardoinus,

les

1131. La finale -radus dont on a un exemple bien connu dans Conrad, a donné en français -ré, et Fourré est, dans la langue d'oïl du moyen âge, la forme vulgaire de Fulradus. Les noms

d'homme en -radus dans

noms de

des

ne paraissent pas avoir été très fréquents

France romane, car bien peu ont contribué k y former

la

Mundradi

lieu.

Tancradi

villa et

devenus au moyen âge Mondreville

Tancreville

et

;

villa sont

mais on a

987) qu'au xvi'' siècle la syllabe qui représente -radus a été nasalisée, d'où les formes actuelles Mondrainville (Calvados)

vu

(n"

et Trancrainville (Eure-et-Loir).

1132. Dans la Franche-Comté septentrionale, où l'influence germanique s'est fait sentir fortement au début du moyen âge, on voit -radus devenir -ra~ Corravillers (Haute-Saône)

=

:

Con rad

i

v

i

1 1

a re

1133. La finale -ramnus, à rapprocher du mot chramnus ou h ramnus, qui paraît avoir eu le sens de « corbeau », est devenue d'ordinaire en français -ran. qu'aujourd'hui, sans égard

létymologie, on écrit avec un d final, comme dans Bertrand Villers-Allerand (Marne) ^= Villare Aledramni. Les noms de à

:

lieu

dont Bert ramnus constitue son ran

aussi le

le premier terme présentent Bertrambois (Meurthe-et-Moselle), Bertran-

:

COUrt (Somme), Bertrandfosse (Oise) raît

devant une

m

Bertrameix

:

;

toutefois la nasale dispa-

(cf.

965),

Bertraménil

(Vosges).

1134. -ricus, qui se retrouve dans l'allemand rcich, sani

»,

est

une des

(inales les plus

ronomasti(pie franquo

dans

les

;

elle apparaît k

noms royaux (^hildericus,

ricus. Sa forme françjiise,

-/•/,

est

«

puis-

usitées dans

l'époque mérovingienne, Tli

eodericus, Chilpe-

qu'aujourd'hui l'on note généra-

lement-/*?/, sui)siste toujours dans les

élément

fréquemment

noms de

lieu

un nom d'homme en -ricus; mais

dont

le

(piaïul

second au con-


264

NOMS DE [lEU

LIS

.

traire le

nom d'homme

première place,

lient la

se réduit le

-ri-

plus souvent à -re-,-rc-.

Albericus Chapelle- Aubry

1135. la

(cf.

n° 251

1

:

le

Bois-Aubry Indre-et-Loire),

(Maine-et-Loire),

Ville-

la

Aubry

ilUe-et-

Vilaine).

1136. Baldericus Baudrecourt 'Haute-Marneu Baudrémont Meusej, Baudreville (Manche), Beaudreville (Eure-et-Loir, :

Loiret, Seine-et-Oise).

1137. Bertricus (Aisne.,

tricourt

Bertrichamp (Meurthe-et-Moselle), BerBétricourt (Pas-de-Calais Bertrimoulin :

,

(Vosges). Bertrimoutier (Vosges^, Bertrimont (Seine-Inférieure), Bertreville

Seine - Inférieure)

Compertrix

;

voir

ci-dessus,

n° 939).

1138. Fredericus, dont les formes vulgaires étaient Freri ou

Ferri (

— Le surnom

Villeferry (Gôte-d'Or).

'.

de Puraii-le-Fréail

Allier j est une variante de Freri.

1139. Gundericus Gondrecourt Meurthe-et-Moselle, Meuse), Gondreville (Loiret, Oise). Contrexéville (Vosges) :

Gundericiaca villa. 1140. Landericus

^cf.

Landrichamp

262).

Marne),

Landricourt

mont

Landremont (Meurihe- et -Moselle),

(Oise),

Landrecourt

Ardennes',

Meuse),

Aisne,

Landré-

Landreville

(^Ardennes, Aube, Loiret, Seine-et-Marne).

1141.

Theodericus

pelle le

(cf.

n" 269^

— Le surnom

:

Villethierry

i

Yonne), Thi-

Château-Thierry (Aisne) rapsouvenir, non pas du roi Thierrv IV, comme on l'a

riville (Vosges).

d(>

souvent répété, mais d'un personnage qui vivait au début du x^ siècle.

1142.

Waldericus == Montgaudri (Ornei, Vaudricourl (PasSomme. Yonne), Vaudrecourtf^Haulc-Marne, Meurthe-

de-(>alais,

et-Moselle),

Marne j,

(Manche

"Vaudrimesnil

i,

"Vaudremont

(Haute-

"Vaudrivillers (Marne).

allemand moderne ivol/\ c loup » ILadulfus adonné Raoul. L7 est mais sujette à disparaître, surtout à l'intérieur des noms de lieu il arrive aussi que le grouj)e ou est accompagné de consonnes j)arasites. D'autre pari certaines altérations, comme celle du son ou i-n ô, ou même en un son nasal, peuvent donnei- 1(> change à 1143. -ulfus,

est

(|ui

répond

devenu en français

-oui

;i

1

:

;


KRANQIJES

OIUr,lM:S

qui.

que

pour chercher la

l'ét

:

NOMS

I>E

PERSONNE

^ftH

ymolog-ie d'un vocnble, n'en considérei'ait

forme actuelle.

1144. Arnulfus Arnulfi cortis ;

(Yonne),

Arnancourt (Flaute-Marne), au

:

Château -Arnoux (Basses -Alpes),

n" 938). Gourtenot

on,

siècle

dont on

xi*^

siècle

trouvera plus

s'observe aussi dans les

Coutamoux

(cf.

Couternon (Côte-dOrj. Cette

n" 933),

^cf.

dernière localité est appelée au tion en

ix*'

Arnouville (Eure-et-Loir), Chêne-Arnoult

Cortarnulfus d'autres

loin

noms Saint-Gondon

;

l'altéra-

exemples,

(Loiret), Saint-Mijnn

(Puy-de-Dôme), Saint- Pardon (Gironde), Saint-Sandon (Marne), qui répondent respectivement à S.

Pardulfus,

S.

S.

Sindulfus.

Gundulfus,

Ermenovilla,

et-Oise) est appelé en 1205

S.

Medulfus,

— Arnoiwille-lès-Goncsse [Seinece qui suppose

un

thème étymologique Ermenulfi villa. 1145. Berulfus Montbron (Charente). :

1146.

Burnulfus

:

Burnulvilla. 1147. Hildulfus 1148. Raculfus 1149. Radulfus

Bournonville (Pas-de-Calais), en

Monthodon

:

1084

(Indre-et-Loire).

Montracol (Ain).

:

Raucourt (Ardennes, Meurthe-et-Moselle, Nord, Haute-Saône), Raumesnil (Calvados), Rouxmesilil (SeineInférieure), Rauville (Manche), Rouville (Eure, Loiret, Manche, Haute-Marne, Oise, Pas-de-Calais, Seine-Inférieure) ',Rouvillers :

(Somme), Croix-Rault (Somme), Château-

(Oise), le Bois-Rault

roux (Hautes-Alpes, Raould (Marne). 1150.

Theodulfus

appelé dans

le

Il

existe dans la

ment nommé

:

Sarthe,

Vendéei,

dlrminon Teodulfi

Thionville (Moselle) a une

commmio

Rouville.

Orne,

Thionville-5w/--0/)/o/î

Polyptic[ue

nom de la ville de Theodonis villa. 1.

Indre,

Châtel-

(Seine-et-Oise)

villa.

Le

autre orig-ine

do Marsac (Piiy-de-Dômo), un écail égale-


LUI

NOMS DE RIVIÈRE 1151. Bien que Télude

de

la

utile

îles

no. us que portent les cours d'eau

France n'entre pas dans le plan de cet ouvrage^, de souligner ici les renseignements qu'on en peut

dominé sur

sujet des diverses races qui ont successivement

ou

telles

1152.

paraît

il

au

tirer,

telles

de nos provinces.

Les noms de cours d'eau

«

remontent à

l'antiquité,

et

montagnes, qui plupart à une

de

appartiennent pour

la

ou plusieurs langues antérieures à la conquête celtique, et sont inexplicables pour nous ». Ainsi s'exprime Henri d'Arbois de JubainAdlle, dans

préface de ses Recherches sur Vorigine de

la

propriété foncière

des Jioins de lieux habites

et

en France

;

la

et

cette façon d'envisager la question est très préférable à celle qui

nous depuis un demi-siècle,

avait cours chez

considérer tous les

noms de

comme

rivière

et qui consistait à

celtiques, et k les

expliquer par des mots celtiques ou prétendus rattachait

à

dour,

mot

dans

qui,

tels.

Ainsi, l'on

breton moderne,

le

signifie

eau », les noms de rivière présentant aujourd'hui quelque son analogue: Adour. Dordoffne, Durance. Or. attribuer au langage «

De l'ait, nous n'avons pas trouvé, dans les notes d'auditeurs que nous 1. avons eues sous les yeux, l'équivalent du présent cliapitre. Celui-ci est le résumé d'une leçon faite au ("ollèg'e de France, le 19 mars 1891, c'est-àdire le jeudi qui, celte année-là, précédait la

s'exprimait ainsi

:

«

lieu d'origine francique

[terminée

l'examen des vocables

},''éo<4raphiques (pii

dinave ou normande, au

dû y renoncer pour ne cette

Semaine

sainte. A. l^onj^non

Je pensais, immédialement après l'étude des le jeudi

x» siècle,

jias

dans

rappellent

la

couper, par les

intéressante partie de

toponymie

la

décidé de consacrer cette leçon

;i

noms de

précédent], aborder devant vous la

colonisation Scan-

du nord-ouest. Mais j'ai vacances de Pâques, l'étude de

t'rance

fi'an(;aise.

C'est

pourquoi

(pichpies indications sur les

j'ai

noms de

peu près exclusivement au point de vue rivières de France, considérées des renseignemenls cpie ces vocal)les pcuv<'nt rcnreinier au sujet des diverses races rpii ont successiv cmeni dominé sui' noire pays ou sur quelipriine de nos provinces ». i\


ORIGINES FRANQUES

des Gaulois

que

sière

mot dour,

le

267

NOMS DE RIVIERE

:

commettre une erreur aussi grosvoir un mot latin dans notre

c'est

celle qui consisterait à

nom commun

eau

:

dour

est

un mot néo-celtique représentant le comme eau est un mot

gaulois duhron (voir ci-dessus n° 105),

représentant

néo-latin

anciennement connus de ces

nonia

Druentia

et

;

trois cours

et

noms

les

deau,

commun

n'ont rien de

encore moins avec

gaulois dour,

dubron

aqua

latin

le

avec

le

plus

les

'Azo'jpic,

Doro-

prétendu

gaulois bien authentique

le

.

que beaucoup des noms de cours deau français sont antérieurs aux Celtes, il serait exagéré de n'ad1153.

S'il

mettre la

vrai

est

celticité

On a vu (n" 107) qvie les noms de cours d'eau de l'ancienne Septimanie

d'aucun d'eux.

d'une demi-douzaine

comme dernier terme de leur forme originelle le mot Vernodubrum, le terme initial est également celtique, le nom gaulois de 1 aune (cf. n'' 175) et par

présentent

duhron un mot

dans

:

;

Argentdouble, blanche

faut vraiseml^lablement entendre «

il

la rivière

».

1154. D'ailleurs, les

noms

primitifs des rivières n'étaient pas

immuables. Sans doute, les peuples nouveaux venus dans un pavs n'en u débaptisaient » pas systématiquement les cours d'eau, mais

il

s'en faut qu'ils aient toujours adopté les

On

étaient en usage avant leur arrivée.

même fini

vu dans

l'antiquité

par prévaloir. Le Po, Padus, avait été désigné par

noms

Bodincus

différents

le

:

tarque sous la forme trouve

dans siècle

le

dans

On

n° 25).

(cf.

connaît à

la

ancien est indiqué par

plus

Hpi-fcjKzç,

César

romaine; enfin IV''

qui

un

cours d'eau porter plusieurs noms, dont l'un seulement a

ligure de

au

a

noms

;

il

fut

le

le

noni

Saône trois pseudo-Plu-

remplacé par Arar K qu'on écrivains de l'épocjue

dans plusieurs

et

nom Sauconna parait Ammien Marcellin. qui

pour le

piemière

la

présente

fois

comme un

surnom de l'Arar'^; n'est-il pas viaiseinblable que chacun de ces noms fut imposé par un groupe ethnique particulier, et que le nom Sauconna, le moins conim d'abord, mais qui a fait oublier les

1.

deux autres, puisqu "Apap

::oTa[j.oç

èari rf,î

Inrchi opprn, éd. Diihner i. I,

Arariin, ([iiein

")t7.

subsiste encore aujourd'hui sous

il

KEÀTtx.f,;.

(18:l:)i,

.Sa u

co

n

\',

iiiiiii

.

.

.

ey.a/.îÏTO

-po-.spov

npfyouÀo;.

la

I*lii-

84. n

|)

pc

1

1

.i

ii

I.

l{<-c.

ili-s

hisl. (/es

(i.iiili'^,


LES NOMS DK LUX'

268

forme Saône, est d'origine plus récente, et que, par. conséquent, on doit Y voir un vocable gaulois dont les celtistes actuels, en raison de l'état de la science, ne peuvent encore prétendre donner une explication rationnelle? Le nom Samara, qui désignait, au temps de César, la Somme témoin l'ancien nom d'Amiens,

Samarabriva (cf. ci-dessus n° 99) Sumina ou Somena, origine de

1

que plus au nord

Meuse,

On

le voit, les

qu'on ne la prétendu. ces

depuis cédé

la place à

nom

le

d'un affluent de

la

Sambre.

la

1155.

demeuré

est

il

—a

appellation moderne, tandis

noms de

noms que des noms de

moins immuables

rivière sont

est d ailleurs

Il

moins

aisé de parler de

lieux habités, rien n'étant plus rare

que ceux-là dans les textes. Les auteurs de l'antiquité ne nous donnent les noms que d'un très petit nomjjre des cours d'eau de la Gaule et la plupart des mentions qu'on leur doit sont grou;

pées dans deux textes qu'on peut qualifier de spéciaux part

le petit

lequel

sont

poème qu'Ausone

nommés

a

consacré à

la

d une

:

Moselle, et dans

plusieurs des affluents de cette rivière

;

deux vers du panégyrique de l'empereur Majorien, par Sidoine Apollinaire ', qui renferment une énumération de douze rivières de Gaule, destinée à prouver que le nouvel Auguste était connu dans toute cette importante région de l'Enqjire romain, (^uant aux chartes du moyen âge, qui renferment tant d'autre part,

noms propres de

de

lieux habités et

même

de lieux

par une sorte d'exception qu'on y trouve des

tlits,

c'est

noms de cours

d'eau.

1156. D'ailleurs

la

nomenclature des cours d'eau de notre pays noms anté-celticjues et gaulois on y

ne se conipose pas que de

;

rencontre un certain nombre de vocables latins ou romans, sans

compter

les

noms

bretons de l'ancienne Armorique, les

noms

g(Minani(jues de bien des cours d eau appartenant au bassin du les noms bascjues du département îles Basses-Pyrénées, noms Scandinaves de la XormancHc. Parmi les uftins altribuables à l'épocjue romaim on jx'ut citer à coup sûr Alba, ([ui

lUiin,

les

,

désignait,

non seulement

l

Aube, allluent bien connu de

la

Seine,

mais aussi les diverses rivières appelées l'Aubette (Cote-d'Or, ()ise,

1.

Seinc-IidVïrieui-c

Cirmiiiiim V,

v.

)

et

ilS-il'.l

l'Aubetin.

(Mon.

Crriii..

aniuent Auil.

.1 /i

(hi

(

Irand-Morin

//</// (n.<.

.

\ill, 212).

;


OUKÎLNKS

nom Alba,

ce

espèces, soit à

c'est-à-dire

ES

«

la

NOMS

:

Grosa,

«

la

»

même,

profonde

'HVJ

lilVlÈKI-J

Ui:

blanche

couleur de leau

la

qu'elle recouvre. tifiée

! UAiNul

suivant les

est dû.

du fond

soit à celle

», qualification

bien jus-

pour certaines rivières, désig-ne au temps de Charlemagne,

dans l'Anonyme de Ravenne,

nom

la

Creuse, affluent de la Vienne,

donné à l'un de nos départements. On peut citer parmi les cours d'eau dont l'appellation est Nigra d'orig-ine latine ou simplement romane le Noireau affluent de l'Orne, et la aqua dans les textes du moyen âge sous-aflluent de la Clairette, anciennement Clère, Clara Seine, dans l'arrondissement de Rouen, et ceux qui, en vertu d'un usage que l'on constate chez les populations tant g-ermaniques que néo-celtique>s et chez un grand nombre -de nations plus ou moins civilisées, sont désignés par des noms d'animaux

dont

le

a été

(cf.

ci-après, n"

Les

faits

1164

:

Lupa).

sur lesquels on entend insister

ici

appartiennent à

période envisag'ée dans les précédents chapitres. part, de l'emploi (pie les

hommes

Il

s'agit,

la

d'une

de race germanique firent des

noms de rivière pour créer les vocables appliqués à un certain nombre de circonscriptions administratives, et, d'autre part, des modifications que ce nouvel élément ethnique vint apporter à

la

forme de divers noms de cours d'eau. 1157. Tel peuple affectionne plus particulièrement

tel

mode de

dénomination. Les Romains et les Gaulois, par exemple, s'ils ont en bien des cas, employé un nom de rivière pour former le nom d'un lieu habité, ne paraissent pas avoir songé à

dénommer une

nom

de son principal cours d'eau. Or, un certain nombre de divisions de la Gaule fran({ue sont désignées par des vocables formés sur des noms de rivière, et ce sont là des dénominations qui, lors même qu'elles revêtent extérieurement

contrée à l'aide du

une forme romane, portent la marque caractéristique d une origine germanique, car, dans l'Europe occidentale, c'est presque exclusivement en Germanie et en Gaule, dans le bassin du Rhin,

On peut donc, a priori, considérer comme ayant été colonisée par des hommes de race germanique, toute l'époque mérovingienne ou carocontrée dont le nom otïiciel, lingienne, était dérivé d'un nom de rivière. Les noms de régions, qu'on les rencontre.

ii

de

parfi, ainsi

formés sont de plusieurs espèces.


LES NOMS DR LIEU

270

Lun

1158.

consiste à joindre au

une sorte

de ces modes de formation

exemples

celui pour lequel on possède les

nom

d'adjectif. C'est

et c'est

peut être

de rivière un suffixe -au s, qui en

seulement dans

les ])lus anciens

fait

les régions qui avoi-

Mer du Nord, entre l'emMeuse, que se rencontrent les noms de régions ainsi formés. Une portion du pays de Caux, démembré de la cité de Rouen, fut appelé pagus Tellaus, en langue vulgaire le Talou, du nom du fluvius Tellas, que portail alors la Béthune. Au nord de ce pays, dont le point le plus septentrional était la ville d'Eu (Seine-Inférieure), se trouvait le pagus Viminaus ou Vimeu, démembré de la cité d'Amiens, et dont le vocable était emprunté à un petit affluent de la Bresle, la Vismes, Vimina. Plus au nord encore, lune des subdivisions de l'ancienne cité de Cambrai était le pagus sinent plus ou moins directement

la

bouchure de

la

la

Hainaus ou Haina,

Seine et

le

cours de

Hainaut. qui devait son

nom

à la Haisne, en latin

Ces

affluent de droite de l'Escaut.

trois

noms de même

formation remontent sans doute aux premiers temps de l'occupapar des tribus germaines, des pays situés au nord de

tion,

Seine

;

et

deux d'entre eux

VIMINAO demment

figurent, sous les formes

sur des triens de l'époque mérovingienne. Onpeutévi-

même

assigner la

date à un quatrième

pagus Masaus, démembré de

franque, le

qui devait ce vocable à la Meuse,

dans

les divers dialectes

1159. TJn autre

l'équivalent

Si

1

moyen

mode de

latin

Celui-ci,

dans

r/Hii a

combiner

à

pagus,

le

le

Maas ou Macs

nom

de rivière avec

mot gmi^ qu'on

notait dans le

les

une apparence

à ces vocables (/oive

les textes des

xii''

formes romanes

ou chotce par et

latine,

le suffixe

docuiîients

est ap[)elé

au

i\"'

xui" siècles, a revêtu, selon

-o/.s,

-;iis

Mnsuf/ouiri

siècle,

on

-ensis.

ou

-es.

Quelquefois

été substitué à la terminaison -aus. et c'est ainsi

pagus Masaus

tains

latin,

formation, aboutissant à des vocables

nom commun

le

les régions,

aussi

en

de région

de Tongres, et

âge, assez diversement, (joioe et choive. par exemple.

on voulait donner

remplaçait

le

du

M osa

nom

la cité

germaniques.

germaniques, consistait haut

la

TELLAO et

ipie

et

que

Mosut/no dans cer-

reproduisent

Nitliaid

cl

une substitution analogue que l'allemand moderne appelle le Hainaut Hcnne(/fiu. 1160. .\ gaucln; du Hliin. c'est dans le bassin de la Moselle.

1

évê(|ue

Prudence de Troyes. C'est

j)ar


OKIGIN'ES I-'RANijL'ES

!

NOMS DE RIVIÈRE

271

l'on rencontre des noms de pays fofcombinaison de noms de rivière avec le suffixe latin -en sis ou avec le mot germanique gau. Le plus oriental de ces pays est le pagus Nafinsis, Xavinsis ou Nainsis, en alle-

OU dans son voisinage, que

més par

la

mand Nahagoive qui doit son nom du Rhin. Entre Trêves et Metz, et

Nahe, affluent de g-auche

à la

à Test de cette dernière ville,

on rencontre à l'époque carolingienne jusqu'à six noms de pa(ji ou comtés formés de même que celui du p. Nainsis ou Naha-

gowc

:

le

p.

Saroensis ou Sarachowe,

droite de la Moselle, qui

affluent de

Nitensis ou Nitagoica Blesensis ou Blesitchoice devaient leurs :

Sarre

la

la

à

Moselle et à quatre affluents de

la

à

— —

ou Musahjowe Rosalensis ou Boslohgowe Albensis ou Alhechowe, qui la

Nied, la Rosselle, la Bliese et l'Albe.

A

1161.

nique n'a

noms

»,

Saravus

appelé

romaine, et les pagi ^loslensis

l'époque

Sarre

pays de

«

était

la différence

de ces sept pagi, où l'élément germa-

pas cessé d'être prépondérant,

tiennent à des contrées où

jours dominante

:

le p.

la

Odornensis, au

langue vulgaire l'Ornois, qui doit son le-Duc, rOi^nain, en latin

les

suivants appar-

langue romane paraît avoir été tou-

Odorna

'

nom

;

diocèse de

le

la rivière

rensis ou Oscheret.

situé

de Wassy,

la Biaise

au sud-est de Dijon,

de Bar-

Blesensis ou

p.

Biaisois, entre les diocèses de Châlons, de Troyes, de

de Toul, arrosé par

en

Toul,

à la rivière

;

et

procède de celui de l'Ouche, affluent de droite de

le

Langres p.

dont la

et

Oscale

Saône

nom ;

Orcensis ou Urcensis, l'Orxois. « pays de au sud de Soissons. Ces deux derniers pagi sont plus éloignés que l'Ornois et le Biaisois des pays où les hommes de race teutonique ont dominé par le nombre à répo([ue mérovineniîn

le

rOurcq

1.

p.

»,

A. Long-non mentionnait auparavant le

nensis, dans

la

«

pagus Ornensis ou

Ilor-

nom, mentionné par l'Orne, alïluent de gauche de la supprimer cette indication, for-

partie nord-est du Verdunois, dont le

des actes de 726 et de 933, est emprunté à Moselle »; nous nous crojons autorisés à

la foi du Dictionnaire topoijrtiphique de la Meuse, car, observer une dizaine d'années plus tard [Mcdcnxia, IIl, Hl-8o et M(''rn. de. la. Soc. f/e,s Lpltrea do Bar-le-Duc, IV" série, I. p. in et i.v l'existence de l'acte de 933 est à démontrer, et la localité dont il ol

mulée en 1891 sur

ainsi qu'on

l'a

fait

questiou dans l'acte de 726 peut être iilentiûée avec un village qui n'est guère éloigné de l'Ornain, de telle sorlc que l'Orncnsis ou Hornensis se confondrait avec

l'Odornensis.


LE^ .NOMS •^feime

mais

;

le

LihlL

Ul::

nom

g-ermanique du

caractère

de lOscheret

s'explique par le fait que cette circonscrijHion fut formée entre 83()

démembrement du

844, d'un

et

on

l'origine,

le sait (voir

de race franque, appartenant à

vient de lire l'énumération

sont incontestablement d origine germanique, alors leur

mode

hommes

tribu des Chattes.

la

noms de pagi dont on

1162. Les

Attoariorum, dont

p.

ci-dessus n° 526), est due à des

de formation est

roman

mais

;

même

est possible

il

que

qu'on

ait

formé sur le même type d'autres noms de région. L'ager Jarensis, en Lyonnais, dont le souvenir subsiste, sous la forme Jarez ou Jarest, dans les surnoms d'une demi-douzaine de communes du département du Rhône, paraît devoir son nom et il faut, semble-t-il, au Gier, affluent de gauche du Rhône ;

reconnaître

dans

sain,

la

du ministerium Garonense, en Toulou-

trace

nom du Mas-Grenier

le

Mas

t^Tarn-et-Garonne), jadis

Garnès.

Un

1163.

autre

colonisation d'une partie de la

de la

ell'et

Gaule par des populations franques ou bourguignonnes est révélé par l'application à des noms de cours d'eau, présentant une terminaison féminine, de -a ne,

dont

il

(n*'"

qui concerne plusieurs de ces vocables

rivières les plus importantes

pondant

à

l'a

accentuée

en

déclinaison imparisyllabique

la

a été question plus haut

-a,

985 et 986) '. En ce mais non ceux des

terminaison muette, corres-

la

du nominatif latin, fit place à une terminaison ain ou -an selon les régions —qui, originairement,

caractérisait le cas régime

;

de cette ter-

et l'adoption définitive

minaison eut pour conséquence, à

égard de ces noms,

1

la

substi-

tution du genre ma.sculin au féminin. On en peut Juger par lexemple que voici. L'afïluent de lOise (pii passe à Beauvais est

dans

appelé,

Thara ment

:

les

Annales Bcrliniani,

nominatif a donné Tlirre,

nom

noté, dans le

rain; et I.

le

(!f.

c

noms de

ijunijinn ;/rrmuni'fue, dans

lioin.ini.i,

primé

sous

SCS

piir l'aulour

A".s.s;i/.s

en

IH',17,

lie iiliiloloi/ir

la

fr.inr.iiae,

|».

:

(l^i'.K^

I.i's

3(>-!>0.

Mon s

déclinaison en

ririrrcs

XXII

le lilic

la

date

de

8'îîl,

on retrouve, dill'érom-

de Montataire (Oise),

est par un cas oblicjue de

Aiiloinc Tliom.is, Ae.s

sous (ju

i-l

,

lu

ad Thaa,

-ane,

déclinuison féminine

489-!l().'<

:

arlicli'

n'im-

iioim^ ilr liriùrr en -uin, diiiis


l'KANOUES

OlUGliNKS

que s'explique

nom

le

273

NOMS DE BIVIÈRK

:

Thérain, qui a prévalu

;

nom, n'ayant

ce

plus l'apparence féminine, est devenu masculin.

noms ont

1164. Parmi les cours d'eau dont les

même, on peut mentionner avec altluent de la

L'Anglin, qui

reproduit

de

celui

Gartempe,

'

:

nom

Engle,

l'origine

à

commune

la

été traités de

certitude les suivants

d'Angles-SUr-Langlin

(Vienne).

L'Aubetin, aftluent du Grand-Morin, qui coule dans les dépar-

tements de

Marne

la

de Seine-et-Marne

et

:

Alba au

vu'' siècle,

Albeta en 1213. Lanterne, qui passe à Breuches

affluent de la

Le Breuchin, (Haute-Saône).

Le Cousin,

affluent de la

Cure (Yonne)

Cosa en

:

1147.

du Doubs, qui passe à Gusance (Doubs). Ausa en 754. La forme de la Seine

Le Cusancin, affluent

L'Hozain, affluent nomimitive s'est conservée dans

:

le

nom

de

C hapelle-d' Oze

la

(Aube). L'Ingressin, affluent de la Moselle

Le Jarnossin,

aflluent

de

la

:

Angruxia

Loire,

qui

en 982.

passe à Jarnosse

(Loire).

Le Lalain ou semble

l'Alain, affluent de la

appelée d'abord

s'être

Vanne (Aube, Yonne),

la Leie,

qui

puisqu'on a au \n° siècle

forme Lege.

la

aflluent delà Seine

Le Loing, au

vii*^

siècle

(Yonne, Loiret, Seine-et-Marne),

Lupa.

Le Mesvrin, Ma^avera, aflluent de l'Arroux, passant à Mesvres (Saône-et-Loire). Le Grand-Morin, aflluent de la Marne le nominatif de son voir ci-dessus nom latin, Muera, a donné Mœurs (Marne ;

:

n" 730) et

Pommeure, aujourd'hui Pommeuse

(Seine-et-Marne

:

voir ci-dessus n° 703).

Le Petit-Morin, autre affluent de

la

Marne, homonyme du

précédent.

L'Ornain,

i.

Odoma,

L'éiuiniératioii (|u'ou

aflluent

v;i

lii\',

delà Saulx. et (jui se

plus longue (|ue celle que com|)reniiit

la

poursuit sous

leçon du 19 mars

le

n" 1164,

IH'.II.

Nous

ost

l'éta-

blissons d'après une note (jue nous avons trouvée jointe au texte de cotte leçon, et (pi'Auf^uste Lon^non a écrite au {ilus tôt en IS'Ji. /vfi.s

noms

lie

lieu.

"^


LES NOMS

274

LOrvin,

\)E

LIEU

artluent de la Seine (Aube,

Seine-et-Marncy

,

Al va

H73.

en

L'Othain, affluent de

de

la

Ghiers (Meuse)

;

Otha dans un

texte

1283.

Le Sagonin, affluent de lAubois, qui passe à Sagonne (Cher). Le Serein, affluent de l'Yonne, anciennement Sedena, Senc Se nain.

et

Le Sornain, en 879

Le dans Le Le

affluent de la Loire (Rhône, Saùne-et-Loire, Loire),

Son a.

Ternin, affluent de TArroux,

son cours supérieur. Thérain, mentionné ci-dessus (n" 1163).

Valouzin ou

la

Valouze, affluent de

exemples que

voit par plusieurs de ces

;

Loiwj a

et

France

;

finale

long-e.

le latin

noms de cours

d'eau dont l'énumération précède

appartiennent, dans leur ensemble, à la

une

été substitué à Loiiain sous linfluence

de l'adverbe représentant 1165. Les

forme régulière

la

altérée en -in, par confusion avec

-ain a parfois été

bien connue

Grosne (Saône-et-

la

Aval osa.

Loire), au x^ siècle

On

dénommé Tarêne ou Tarenne

la partie

septentrionale de

plus au sud, d'une manière générale,

la

terminaison

des cas obliques est devenue -an.

En

1203, on désignait, aux cas obliques, l'Isère sous

Iserun, et celle-ci subsiste dans l'expression,

géogra])hes

«

Gol

le

d'Iseran

»

la

forme

bien connue des

qui désigne le passage

Maurienne et de Tarentaise, en Savoie. Le Conan, affluent de la Brévenne ;Hhône), était, à l'origine ce dernier nom désigne un autre Coin a, en français Cosne réunis.sant les vallées de

:

affluent de la

même

rivière.

Le Drouvenant ou la Drouvenne, affluent de l'Ain (Jura). Le Formans, affluent de la- Saône, Folmoda vers 980, au

moyen Age Forinoan. Le Séran, affluent du dénoinuK'

Le

;

la

lîliône

.\ini

:

un de

ses affluents

l'st

Serre.

Soanan ou

Soanna lilt-

la

Souanan.

affluent

Je

l'Azergues,

forme nomiuative subsiste dans

le

nom

en

S'iS

d'une loca-

riveraine, Valsonne.

L(î

Tranibouzan, afflucMl

cours d'eau appi-lé

I;i

(K^

la

Trambouze.

Loiic (Loire), voisin

(1

un autre


ORKiINKS FRAN'tJUES

:

iSOMS

DE RIVIÈRK

1166. Beaucoup d'autres cours d'eau ont leurs

de

même,

et sans

doute

la

place k côté de ceux-là

formes latines ou les

;

275

noms terminés

plupart d'entre eux devraient prendre

mais on ne possède pas toujours les formes vulgaires qui attesteraient

vieilles

l'emploi, en ce qui les concerne,

de

la

déclinaison imparisylla-

bique féminine. Néanmoins, povir arriver à déterminer, plus exac-

tement qu'on ne

l'a

pu

faire jusqu'ici, les limites

de la colonisa-

germanique en Gaule, il serait peut-être intéressant d'indiquer sur une carte de France tous les noms de cours d'eau en et l'on peut espérer que cela se fera quelque -ain^ -in ou -an tion

;

jour.


LIV

ORIGINES SCANDINAVES

i :

GENERALITES

1167. Les contrées maritimes de la Gaule semblent avoir joui

d'une quiétude relative durant le

la

période méroving-ienne et sous

règne des deux premiers princes carolingiens

règne de Louis

le

;

mais à partir du

Pieux, et surtout après sa mort, elles furent

exposées aux déprédations des pirates Scandinaves, des Nor-

mands ou

«

venus des mêmes régions, ou à pirates saxons, et qui, remontant le cours

hommes du Nord

»,

peu près, que jadis les des fleuves dans leurs barques légères, ravagèrent même les provinces centrales de la France. Dès le ix'' siècle, plusieurs des « rois de mer » qui commandaient leurs escadres se fixèrent en Angleterre et en Irlande, se taillant dans Tune ou l'autre de ces îles de petits royaumes. Ils ne réussirent pas aussi vite à s implanter dans quelqu'une des riches contrées de la Gaule. Cependant, avant Tannée 8o0, on trouve un chef normand, Harald, converti à la foi chrétienne, et occupant, en Frise, dans les pays qui avoisinent les bouches du Rhin, ainsi que son frère Ruric, des fiefs qu'il doit à la libéralité

blissement normand il

de l'empereur Lothaire P'

;

cet éta-

subsistait encore après vingt-cinq années, et

dynastes féodaux qui dominèrent

est possible «pie certains des

plus tard en Frise aient appartenu au sang

de Harald et de

Ruric.

Mais

le

plus fameux des établissements Scandinaves que reçut

l'empire carolingien est sans contredit

le

duché de Normandie.

L'origine en est due au traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui, 01

1

régularisa

,

déjà

:

dans

I.

(

1

les

un

état de choses existant depuis plusieurs

installation

du

roi

de mer lîollon

contrées arrosées par

ioiisiillcir

sur

ccll»! i(iu'.slii)ii

la

iiioild'A. I.oD^Mion, sous <t lilic:

ot

In

tlS

|j.

cnloniunlifiit iii-4".

ifrr/iiaiiii/in'

cl

de ses C()m[)agnons

basse Seine.

le iiiénioirL' ilf

\h

et

l.i's

(Ai.

En

outre du Talou.

Joicl,

|Jiil)lit''

nanis de Uni <ri)ri<jinr

si-:in(lin;iri'

»'/i

en

années

Nnrnianflir.

mm

(li'|)uis

iDinain'

l'iiris,

l'.Mi^,

I


OnUil.NF.S

SCANDI.NAVKS

du pays de Caux, du Roumois

:

de

et

2ll

(IKNF.RALITKS

la partie

du Vexin

située à

droite de l'Epte, Rollon ne reçut d'abord, au sud de la Seine, que

Lieuvin et TEvrecin, c'est-à-dire les comtés dont Lisieux et Evreux étaient les chefs-lieux. Le diocèse de Baveux et celui du Mans, et conséquemment celui de Sées, situé entre deux, furent le

cédés au nouvel état, en 924, par encore, en 933, c'est-à-dire

de

diocèses

les

le

roi

Raoul, qui y joignit

la terre des Bretons située sur le

«

Coutances

et

littoral »,

d'Avranches,

A

rattachés depuis soixante-six ans à la Bretag'ne.

alors

l'exception

du

Maine, dont l'occupation par les Normands ne fut probablement pas consommée, les pays cédés à Rollon et à son

Guillaume Longue-Epée, constituèrent féodal de Normandie.

seur,

A

l'époque

actuelle,

appelé

même

d'autres

sur

paraît-il,

la

et succes-

fils

glorieux duché

où Rollon prenait pied dans la Normandie Scandinaves, dont le chef a été

pirates

Ragenoldus.

l'embouchure de

le

s'établissaient

Loire

la

;

de là

dans

ils

les

contrées voisines de

dominèrent un moment,

Bretagne entière, mais, en 936,

ils

en furent

chassés par les princes bretons revenus d'Angleterre.

Normands,

Les

les compagnons de Rollon, du Danemark, comme l'indique Dudon de

ou du moins

étaient-ils originaires

Saint-Quentin, qui recueillit, vers l'an 1000,

mande?

Venaient-ils de la Norvège, ainsi que

dont

sarfHs islandaises,

mencement du

XII''

siècle? La première opinion a été défendue de

des premiers siècles de

hi

le

plus au courant de l'histoire

race Scandinave.

Si la question est cependant encore douteuse,

nombre dans Simple

et

hommes de les

prétendent les

rédaction n'est pas antérieure au com-

la

nos jours par Steenstrup, l'érudit

certain que les

tradition nor-

la le

il

est

du moins

race Scandinave s'établirent en grand

pays cédés à Rollon par

les rois

Charles

le

Raoul. La Normandie, depuis longtemps exposée aux

ravages des pirates, était alors presque entièiement déserte,

et

au

Dudon, Rollon aurait divisé les terres au cordeau pour les distribuer à ses fidèles compagnons. Le grand nombre de noms de lieu Scandinaves qu on petit relever en Normandie prouve que la colonisation fut réalisée sur ime grande échelle, saus atteindre toutefois le département actuel de l'Orne il parait attester aussi que la langue des compagnons de Rollon la langue noroise ne s'éteignit complètement qu'après plusieurs générations, et

dire de

;


LES >()MS DE LIEU

27S

que certains de ses mots passèrent langag-e

roman de

la contrée, ainsi

même pour un temps dans le que l'indique l'emploi, comme

noms de lieu, de certaines expressions précédées de l'article le, la. De plus, la limite atteinte par la colonisation Scandinave en Normandie,

noms de

ainsi dti

lieu,

moins qu on en peut juger par l'étude des

ne difîère pas de celle en deçà de laquelle se mani-

du dialecte normand. Les noms de lieu qui, en Normandie, portent témoignage de les uns sont colonisation Scandinave sont de deux espèces

festent les principaux caractères

la

:

caractérisés par des terminaisons noroises la

combinaison d'un

nave

— avec

-court

le

des pays

hommes

nom

mot roman

ville,

d origine Scandi-

rappellent les

colonisés à l'époque

de race franque.

;

propre d'homme

les autres présentant

noms de

lieu en

mérovingienne par des


LV

NOMS A TEliMINAISON XOROISE

i

Ces noms seront étudiés selon Tordre alphabétique des mots norois

([ui

constituent

la

désinence.

BEKKU Synonyme de raliemand moderne bacli, du danois bsek du suédois back, ce mot a le sens de « ruisseau ». Il a trouvé place, pour un temps du moins, dans le lang-age roman de la Normandie, comme lattestent le nom de cours d'eau le Bec et son diminutif le Becquet. Ces vocables sont parfois passés des 1168.

et

Deux

cours d'eau à certaines des localités riveraines. elles,

d'entre

appartenant au département de l'Eure, sont disting-uées,

depuis au moins huit siècles, au

moyen

des surnoms rappelant

le Bec-Hellouin, où le bienheureux Hellouin fonda une abbaye en 1034. et le Bec-Thomas, dont le château fut construit, d'après Le Prévost, par Thomas de

des particularités de leur histoires

:

Tournebu, qui vivait en 1180. Nous avons utilisé pour ce chapitre 1" le texte des leçons 2" Longnon au Collège de France les 9 et 16 avril 1891

1.

A.

:

;

faites par

les notes

assez développées, tantôt complétant ce texte, et tantôt le résumant, ou y renvoyant, qui représentent le plan des conférences faites à l'Lcole des

Hautes Études les samedis 17 et 24 décembre 1892, 7, 14, 21 et 28 janvier 189.3 car, en Tannée scolaire 1892-189.3, à l'Ecole dos Hautes Etudes, au lieu de ne s'occuper, comme auparavant et comme depuis, do toponomastiquo générale ((u'une fois par semaine, A. Longnon mena de front, le jeudi l'étude des noms ligures, gaulois, romains, et le samedi celle des « noms de lieu d'origine noroise en Normandie, comparés à ceux de la Scandinavie et 3" et 4° des noies d'auditeurs, de doux auditeurs des Iles Britanniques » différonls, qui suivirent les conférences de Louguon, l'un on 1901-1902, l'autre on 1905-1906. 11 nous a été ainsi donné d'observer les rolouoiies que le niaitre fit sul)ir à son enseignement ol l'on trouvera là-dessus quelques indications au bas des prochaines pages ajoutons ici (|u'en 1891 et en 1892-1893, il comprenait [)armi les mots norois éluiliés, les expressions ey, flpod et nae.s, que depuis il prit h> [)arli i\i' rappoiior aux Saxons ;

;

;

;

(voir ci-dessus n»* 750-753).


.

280

deau dont -bec est le terme dans la Seine-Inférieure le Bolbec le ce nom est à rapprocher du nom de lieu danois Rodedans le Calvados FOrbec dans la et le Saffimbec

1169. Parmi les final,

noms

de cours

convient de citer

il

:

— —

Robec baek

NOMS UE LIEU

r.KS

;

;

Bricquebec et le Trottebec! dont le nom rappelle, par son premier terme, les noms de lieu suédois Trottaberg, Trotta-

Manche

le

torp et Trottorp

'

inO. Quant aux noms de lieu en -hec. ils sont assez nombreux en Normandie Annebecq (G.) cf. BjàlleBeaubec S.-l. cf. B0lb8ek D. Bricquebec M. Bolbec iS.-l. back S.) Garbec (E. Caudebec S.-l. Glarbec C.) Grabec Drubec M.) Foulbec :E.) 'M.l; cf. Kragbsek D.) Mobecq (M.) Houlbec (E.); cf. Holbœk (D.) Orbec (G.); cf. j3rb8ek D.) et Orbàck (S.) Varenguebec (M.). 1171. Dans plusieurs de ces noms, le premier terme est un

:

:

:

i

i

i

— —

adjectif.

formé sur

Iloulhec,

l'adjectif

Scandinave

de Parfondru (voir ci-dessus

l'équivalent

creux

«

/lo/,

n"

974)

»

est

de ses

et

variantes.

Dans «

nom du Robec

le

roug-e »

du

:

on

sol sur lequel

Si

l'élément initial peut être ladjectif rod,

voit parfois attribuer à il

coule

cf.

premier terme du

le

suédois

vilain

«

fui,

»,

ce

un cours d'eau

ci-dessus n° 1156

la

couleur

Aube).

:

nom Foulbec est à rapprocher ilu nom est synonyme de }faurupf

(Marne).

Clarhec signifie évidemment

comme partie

'

fort

ruisseau limpide

le

du nom Clarhec au suédois

ndjectif

aurait

«

Rieuclar (Ardèche). Mais doit-on apparenter

roman

Si cette

?

klar,

ou

faut-il

dernière hypothèse est

la

»,

tout

première

y voir un

plausible, on

un autre exemple de combinaison similaire dans Drubec, luisseau

1172.

Plus

d'homme

:

quand on

le

on

».

fréquemment -bec a

lieu de

est

considérer

retrouve, dans d'autres

cond^iné avec le mot roman

ville

:

combiné

comme noms de

à cet

avec

un

nom

termi' initial

tel

le

lieu

de Normandie,

égard Bolbec est

à rap-

1. .Vfin do no pas sn relia r^'^or lo texte de ce ehapilie et (hi suivant, nous avons cru devoir y désigner simplement par les initiales de leurs noms les

départernenls foiMués par Suèrie,

Norvège

et

la

NfHinaiidic,

Danemark.

.liiisi

ipie les

|>ays

seandinaves-


ORIGINKS SCANDINAVRS

procher de Bnlleville

AI..

S.-l.)

M.) — Carhec de Carvillc — Varenguehec M.,

(C,

HEKKH

:

Bricquebec de Bricqucville

(G., S.-I.)

de

S.-I.)

(E.,

Varengiieville

281

— Crahec de Crasville

Varengeville (S.-I.), jadis

'.

BUDH mot

1173. Le

dans

hiidh,

danois bod,

le

cabane, chaumière

«

former un nombre relativement élevé de

mandie.

Il

qu'on retrouve

»,

baraque, loge, boutique

«

noms

»,

a

contribué à

de lieu en Nor-

devient en français du xi® siècle -bued ou -huet, qu'on

prononçait heu, et cette forme francisée du mot norois subsiste

encore aujourd'hui, mais dénaturée par

-beuf

final et

la

notation fantaisiste

même

-bœuf, dont on tend maintenant à prononcer Vf parasite. On a vu (n°^ 1071, 1072, 1076. 1078) pareille

et

transformation subie par

la finale, latinisée

-bodus, d'un grand

nombre de noms d'homme des époques nîérovingienne

et caro-

lingienne.

1174. Le mot hudh

Bothus au

xi° siècle,

1175. Parmi les

est

noms de

1.

Dans

la

leçon du

a lieu de citer

y

il

avril 1891, après avoir

en -hec des indications analogues A. Long-non s'exprimait ainsi

:

Normandie, présentent

lieu qui, en

terminaison -beuf ou -bœuf,

la

du nom de BOOS (S.-L),

l'origine

puis Boes.

à

celles

donné, sur

les

-

Belbeuf

:

noms de

Le mot norois berg, au sens de

«

lieu

que nous venons de résumer,

mon-

><

guère été relevé que dans des noms de lieu dit, et je citerai Wimbergue (Manche) encore, le plus souvent, herg est-il assourdi eu ber, noté berl, comme dans Cannebert (Calvados), le MontCabert et Godebert (Seine-Inférieure). Il est possiljle que ce soit lui aussi qu'on retrouve dans la finale du nom Camembert (Orne), village construit tagne

»

ou de

«

roc

»

n'a

;

sur une colline qui domine un

at'tluent

hypothèse, une simple hypothèse, car

de la

la

Vie; mais ce n'est

terminaison beri d'un

qu'une

nom de

souvent la finale, originairement Aerc/jY dans langage des Francs, d'un nom propre d'homme germain ». Dans son enseignement do l't^cole des Hautes Études, il a reproduit ces énoncialions en 1901-1902, mais non plus en 190'J-190(); d'ailleurs les réserves qu'il avait en formulées au sujet du nom de Cmnembcrl étaient des plus fondées efTet, dans son Rapport sur Vorlhographe des noms de comrtiunes du drparlieu français représente le plus

le

:

lomont

(Je

VOrne, publié en 1903, Louis Duval signale(p. 78) qu'au

cette localité est appelée 2.

Nous reproduisons

xii'"

siècle

Campus Maimberti. ici,

à

toutes fins utiles, cet aiitic passage de

la


282

LES .NOMS UE LIEU

(S.-I.);

(S.),

beuf (E.. S. -T.);

Çalby

cf.

Elbeuf

(D.),

Lindby

cf.

— Marbeuf

cf.

;

Limbeuf

Markebo

(S.

qui

(S.),

cf.

;

Markby

,

(S.)

un homonyme dans

a

Vejlby (D.l, Velebo

Lindebeuf

(S.-I.)

;

— MarLincoln) — Pibeuf — Ribeuf Lancashire — Vibeuf

Marebo

S.i

S. et

Kilbo

cf.

cl.

\

(E.),

(E.. S.-I.)

Quillebeuf (E.);

Ribby

cf.

anciennement WeUebeuf

(S.)

-

:

(Lincoln)

quebeuf (E.) S.-L)

qui a des homonymes en Angleterre (Lincolnj —

(S.-I.),

Welby

(S.),

(S.) Brébeuf 'M.) Coulibœuf (G.); Kolbu (N.) Cricquebœuf (G.) et Griquecf. KirkebofD.. N.)— Daubeuf (G., E., S.-I.)

Bjàlbo

cf.

Kolebo

cf.

le

(S.-I.)

;

cf. Yquebeuf (S.-I.) Egebo, Egeby (D.), Ekebo, (.)n remarcjuera qu à l'exception de Brébeuf, de Ekeby (S.). Coulibœuf et de Cricquebœuf, tous ces noms appartiennent à la

(S.-l.i

;

Haute-Normandie. 1176. Le terme

nom commun Daubeuf

le

initial est,

beuf le mot mar, (n**"* 1202 à 1204)

ek,

klilla, ((

chêne

1177.

més de

source

»

vallée »;

le

suédois lind,

ou

»

«

de Quillebeuf, ;

— à' Yquebeuf

peut rapprocher

de Lindebeuf, « tilleul »

marais

;

le

danois

de

— de Mar-

étudié ci-après

danois kilde ou

le ,

»,

:

sans

et

er/

ou

le

le

sué-

suédois

».

que Cricquebœuf

se peut

Il

«

étang

u

;

dois

On

d ordre topographique.

danois dkl,

doute aussi de Limbeuf,

«

dans un certain nombre de cas, un

façon analogue sur

le

et

Criquebeuf soient

mot norois qui

signifie

«

for-

église »,

» Avaiil d(î vous énumérer les noms de lieu norsecond terme est le mol norois i!>urf/i,... je crois intéressant de vous signaler, hors de Normandie, deux noms de lieu modernes dont le second terme représente très certainement ce mol c'est d'abord la ville de Paimbœuf, « l'emboucliure de la Loire, ;im déparlemenl de la Loirec'est ensuite le villa^j-e d'Estrébœuf, près de renii)ouciuire de lid'érieure la Somme, à une lieue au sud de Sainl-Valery, au département delà SommeLe premier de ces noms, Pahnbii'iif, vsi certainement un vestif^e de l'occupalioii par les .Normands du pays nantais, dont ils restèrent maîtres de

leçon du

avril 1891

'3

mands dont

:

le

:

;

dOX

à \y.M

est

à

à

environ

;

et

il

est

extrêmement pnjhahle (pie le nom iV Kiilrrliivii/ les liommes du Nord du pays silué

une occupation temporaire par

l'embouelnire

f!«'

la

Somme

».

A.

Lon},Mioii

rapprochait

iVKsIi-i^Iia-nf les

Scandinaves 0sterby Danemark) et Osterbo iSuède) et en cet endroit de sf)n manuscrit nue nnle marj^inale, peut-être ajoutée après coup, mentionne Thubœuf Mayenne Il a répélé ces indications en IS'.t.'l et

noms de

lieu

;

.

l'.M»|-l'.«t)2,

mais non,

paiail-il,

en

llK):')- l'.lOd.


ORIGIIVES SCANDINAVES

kirke en danois et kyrka en suédois

naître dans

la

283

liUDH

toutefois on est autorisé (Iricqueville (C.

5ont à rapprocher,

le

les

noms Bolbeuf

premier de Bolbec

et

)

recon-

à

nom

première partie de ces vocables un

d'homme, de même que dans sus n" 1172),

;

du nom

tout aussi bien, pai l'existence

:

propre

Brébeuf, qui

et

de Bolleville

ci-des-

(cf.

second de Bréville (C, M.j.

le

BU 1178. Ce mot, qui se rapproche de et il

par

le sens, avait l'acception

revêt aujourd'hui

lage, en danois

une

la

forme

bij

ville. Il se

de ,

budh

à la fois

maison

«

de

»,

par la forme

domaine

«

présente dans les

Normandie sous les deux formes -bu à l'évolution du mot Scandinave. 1179. La forme -hii a prévalu dans

et -bie

dernier

nom »,

et

:

noms de

lieu

de

qui répondent bien

les noms Bourguébus (G.) Ce Carquebut (M.i. Tournebu (G., E. maison « signitient (M.) sa variante Tournebut et a pour « épine » se disant en danois for/)

vers 1078 Borgeshu,

de l'épine

»

qui désigne en suédois un vil-

.

synonymes Tornby

(D.) et

1180. Par contre, c'est

Thomby

la

(Northampton).

forme -/)/c que présente

Hambye

[M.].

1181. L'équivalence des deux terminaisons -bu et -bie résulte

de ce que Carquebut est appelé dans un texte du

Kirkebi

:

cette forme,

peine différente

à

Kirkeby de Danemark et de Norvège, Kyrkby et Suède, attestent que par Cunjuehut il faut entendre de l'église

xiii''

siècle

nombreux Kyrkeby de

des très

« la

maison

».

DAL 1182. Ce mot, commun aux dialectes Scandinaves et bas-allemands, avec le sens de « vallée ». termine quelques noms de lieu Croixdalle en Normandie Becdalle (E.i. Bruquedalle S.-I. :

.

(S.-L), Dieppedalle (S.-I.), Oudalle ^S.-l.j.

1183.

Baekdal

Par il

le

premier de ces noms

faut entendre « la vallée

et par

son équivalent danois

du ruisseau

»,

1184. Le premier terme de Bruquedalle est peut-èlie appa-

marécage >'. 1185. Dieppedalle, comparable à Djupdal, Djupedal

renté à l'allemand /"rwc/ï,

«

(S., N.i,


LES NOMS DK \AEV

2(Si

Dybdal

(D., N.), a le sens de « vallée profonde »

synonyme de Parfondeval

:

c'est

donc un

(Aisne, Oise, Orne. S.-I.).

GARD 1186. Gard avait, dans

la

langue noroise

qu'on retrouve dans notre mot jardin «

domaine

;

il

le

sens

d" «

enclos

»

a'pris depuis celui de

voisin de celui de « maison », que présentait le

»,

g-othique gards, et que conservent le danois

gaard

et le suédois

gàrd. 1187. Auppegard

gard

pomme

«

se

»

Il

a

1188. Bigards (E.)

Ecosse

nom du

disant en danois a'ble et en suédois

pour variante Epégard Auppegard et en 1 199 Alpegard.

aple.

moyen âge Apple-

iEblegaard (D.), Apelgârden (S.), et en a pour premier terme le

cf.

Applegarden (Dumfries) ponimier,

appelé parfois au

(S.-I.),

cf.

(E.), qui est appelé

Bygârden

et

Bygàrde

fS.)

en 1181

peut-

un équivalent A'Achères (v. ci-dessus n" 604 car dans son premier terme on reconnaît le nom de l'abeille, en suédois bi ^ être

I.

i,

Outre Auppegard, Epôf/ard

Ic^on du

avril 1891,

ol

Bigards, A. I.,ongn()n indiquait, flans sa

au Collège de France, et dans sa conféi'enco du 7 jan-

Hautes Études, les noms Fisigard et Vingurl, qu'il premierà la Scine-Inférieuro, le second au Calvados, mais dont nous ne pouvons donner ridentificatiou prrcise, et sur la signiûcalion des(juels il no s'exprime qu'avec beaucoup de réserve. Vingarl, désignant un lieu dit du Bessin, pourrait être rapproclu' du danois vingaard, « vignoble » !.. Dclislf, dans ses Eludes sur la condition de la classe agricole et l'élnl de l'agrirullure en Xorniandie au moyen ih/e, s'est étiMidu assez longuement (p. i-t8 à 470! sur la culture de la vigne, et le tiéparlemenl du Calvados com|)rend un certain noiniire de localités dénommées la Vigne, les Vignes, Quant h Fisigar(], après l'avoir comparé, en la Vignette, les Vignettes. I.ongnon le 1903, à Fisherganrd M)anemark et à I''ishguaril (Pembroke passait sous silence en 1901-1902, et l'aurait placé dans l'iMireen 190."t- 190(1 vier 1893 à l'École des

attribue, le

:

,

nom

;

le sens de sous réserves, nous le répétons r:i|i|)ui de eetir opinion, nous croyons devf)ir signaler, pèclu'rie > s id^h'-e de lO.tO, Mienliontie n n u m (pi' une chai'te do la Trinile dti MonI e p p a. ga rd m in

il

attribuai!

ce

ii

(>

ii

:

,

II

1

>

i

l'i


OKIGIMKiS SCA.NDLNAVLS

GliUNN

:

dRLiW

28o

^

1189. Le mot norois (/runn, « haut fond, écueil », est probablement l'orig-ine du mot « grune », qui désigne certains

rochers des côtes nord-ouest du Cotentin

On

:

le

Banc des Grunes, la

pourrait être tenté de reconnaitre

ce

;

Flamanvilie; les 1190.

devant Carteret

second élément

Grune, à JobourgGrunes, de Bretteville, etc.

dvi

la

nom

;

de Langrune

(G.), village

Grunette, à

mot dans

le

de la côte en

duquel s'étend une ligne de rochers plats; mais la forme Ling'ionia, qu'on rencontre en 1162, interdit à cet égard une affirface

mation absolue et il faut chercher une autre origine au nom Lengronne, que porte une commune du canton de Gavray (M.), ;

située à 13 kilomètres des côtes.

IIOLM

mot

1191. Le les

holni, qui termine tant de

pays Scandinaves,

et

notamment

celui

noms de de

la

lieu

dans du

capitale

royaume de Suède, désignait une île, non pas seulement une île maritime, comme le mot saxon ig (voir ci-dessus n" 750), mais encore une île située dans l'intérieur des terres, et même, s'il est permis de s'exprimer ainsi, une île de terre, c'est-à-dire, par exemple, un mamelon isolé qui, en raison de la dépression des terres environnantes, se trouve de temps à autre environné par les eaux. On le rencontre, sous la forme -homme, dans les noms

Engehomme mier à une

(E.) et

île

de

la

Robéhomme

(G.), qui s'appliquent, le pre-

Seine située en face de Martot.

le

second

Raimberthomme au xui'' siècle - à un village construit sur \\n Dans une charte de mamelon dominant un vaste marécage. insulam super alveum Sequane 1030, le texte que voici quam dicunt nomine Torhulmum, alio quidem vocabulo Oscellum, désigne sans doute l'île d'Oissel (S.-L), mentionnée

:

au

IX''

siècle

1192.

Il

comme une

semble que

station très fréquentée des pirates. le

mot norois holm

soit entré

dans

le

La leçon du D avril IHOl ne l'ail aucune allusion à ce mol; A. l.on^nion il fil de niènu- en l'JO.'i-lOOO, la conférence du 7 janvier ISO.'i alors (|n'il l'avait de nouveau passé sons silence en l'.Mtl-l'.l()2. 1.

Icludia dans

;


286

i\OMS DE LIEU

I^KS

langage roman des populations de la Normandie, car la nomenclature topographique de cette province présente les formes vulgaires Houlme et Homme précédées de l'article. Le Houlme iS.-I.)

d'une

est voisin

Honime, Calvados

Hommel 1193.

et de FEiu-e

;

Hommet

et le

On

noms de

du ru de

île

Gailly.

Quant au nom

le

désigne plusieurs écarts dans les départements du

il

l'Homme

et

qui existent en assez grand

vinces de rOuest

:

le

même élymologie aux VHommeau, V Houme et VHoiimcau,

gardera d'appliquer

se

lieu

Ion en rencontre des diminutifs

et

(M.). la

nombre dans plusieurs autres

pro-

Anjou, Maine, Touraine, Poitou, Saintonge,

:

Angoumois, et dans lesquels il faut voir une variante des mots orme et ormeau (cf. ci-dessus n° 645).

nus

dialectale

'

Le mot norois Jiiis, « maison, demeure », (jvii n'est qu'une variante de Tallemand moderne liaus, termine, dans les pays du Nord, un certain nombre de noms de lieu, par exemple celui de la ville à' Aarhiis (D.); c'est incontestablement ce mot qui constitue le dernier terme du nom Etainhus (S.-I.), jadis Estain/ius, qui a pour équivalents Stenhus (D. et Stenhuse ces noms ont le sens de « maison de pierre ». Peut-être (S.) doit-on reconnaître la même désinence dans Cropus (S.-I.) et 1194.

j

;

Gavrus (C.) terme initial

le

:

premier de ces noms serait apparenté par son à Kroppsiad, un nom d'homme sans doute

Krojjpelorp, Kroppfjiill, Kro/jpkiirr (S.).

JiLIF

1195. Klif, au sens de

.suédois klippa

mande. Un texte

de;

l'Eure rapporte à

<<

la

122i, que

Vnrsli'ii

I.

cf.

la

le

hviU en suédois, Iv)

est à

danois klippe et

tvi/.c

Dic/ioniniire topograpliiquc de

le

clive

h'IiI/j-

:

en

rapprochoi-,

mentionne

on reconnaît dans

;inglais,

pour son

k

blanc iceiss

»,

11

:i

|i,is

eh' clinlir

(l.iiis

le

pre-

livid

en

en allemand.

premier terme, de

S.).

i.r ijKil

le

toponomastique nor-

l'équivalent de notre adjectif

mier terme Verclives

»

dans

Côte-Blanche, près d'iwreux,

une roc h a qui vocatur il;iii()is,

rocher

est aussi entré

Ifs CDiilVu'cnct'S (le

l".((>!'i-iyO(l.


.

ORIGIMiS SCANDINAVES

LUXDH

:

287

LUNDR mot

1196. Le

bocage », a laissé de très nombreuses traces dans la toponomastique Scandinave on l'y voit employé tantôt seul, comme dans le nom de la ville universitaire de Lund, tantôt en composition. liindr, u bois,

:

On

1197.

pensé

a

reconnaître dans

le

le

nom

de lieu

la

Londe,

assez fréquent en Normandie, où une forêt, située au sud de

Rouen,

nom

est appelée forêt de la

Londe. Mais cette forêt

d'une localité voisine et l'on doit,

s'agit, objecter

d'une part

le

tire

son

à l'hypothèse dont

il

genre féminin attribué au mot londe,

du (/, alors que dans les noms énudont l'origine noroise est incontestable, ce d

et d'autre part la persistance

mérés ci-après,

et

Londe apparaît comme une variante dialectale de Anglo-normands ont fait launde. 1198. Lundr est évidemment le terme final des noms suivants Beslon (M.), Boslon (E.), Boulon (Ci, Bouquelon (E.),

s'est assourdi.

lande, dont les

:

le

Catelon

(E.),

Grollon

Écaquelon

(M.),

Scellon (E.), Yébleron (S.-L), jadis

(E.j,

Yhlelon

(C),

Ellon

(S.-I.),

Yquelon

(M., S.-L).

1199.

Un

bois voisin de Boslon,

était appelée

1200.

terme

Yquelon

initial le

hameau de Quittebeuf

mus de Boolon.

en 1189 ne cf.

Egelund (D.)

nom du chêne

et

Eklund

(S.)

a

(E.),

pour

(voir ci-dessus, n" 1176).

Bôkelund (S.)

1202. La terminaison -mare, k laquelle on peut attribuer

le

1201. Bouquelon

cf.

B0gelund

(D.) et

signifie « la hêtraie »

MAR

sens

d' «

étang

»,

de

«

marais

»,

comparal^le à celui de notre

mot « mare », est très fréquente dans la toponomastique de la Normandie Alvimare (S.-L), Aumare (E.\ Bellemare (E., S.-L), Bocquemare (]\.), Briquemare (S.-I.i, Brumare (E.), Colraare (S.-L), (E.), Croixmare (S.-L), Drumare (Ci, Étennemare Fine-Mare (E.), Fongueusemare (S.-L), Germare (E.), Hectomare (E.), Homare (Iv), Honguemare Iv Inglemare [V., M.), Ingremare [K.], Intremare Iv Landemare (C), Lignemare (S.-L), Limare (E.), Longuemare E., S.-L), Melamare (S.-L), :

,

,


LhJS

:2SiS

.NO.MS

DE

ni;i"

Normare (E.\ Rondemare E. Roumare (S.-I.), Sausseuzemare (S.-I.), Vandrimare (E.), Ymare (S.-I.). 1203. Les noms Belleniare, Fongueusernare. Longucmare, Rondemare Sausseuzemare, dans lesquels on voit -mare précédé d'un adjectif roman, attestent que le mot norois mar avoit pénétré, sous la forme dun substantif féminin, dans le lanijas^e roman '.

,

de la réo-ion.

1204. Le premier terme des noms Briquemare, Colmare, Etennemare, Normare, Roumare et Ymare^ qu on retrouve dans

E tenue ville {M.),

Bricqueville [C], Colleville (C, S.-L), (S.-l.),

JVorville

Rouville (E., S.-L), Yville (S.-L), est sans doute un

nom

dhomme. THORP 1205. Le

mot norois

f/iorp, « village », variante

de lallemand

dorf, s est romanisé, témoin l'article qu'on observe dans les

noms

Torp (M., S.-L), le Torpt (E.). le Tourp (M.); mais il est tombé de bonne heure en désuétude, car on ne le rencontre, employé comme nom commun, dans aucun texte en langue vulgaire de Normandie. Torps (C.), sans article, doit être raple

proché des nombreux Torp de Danemark

On ne employé comme 1206.

peut

dernier terme

Cametours (M.) terme

le

sur

le

Au

mot

klif,

territoire

— «

de Suède.

et

de rares exemples de

dun nom

de

kamp,

cf.

«

combat

»,

est

le-\ icomte, fut la

dénommé

désigné pendant tout

plus ancienne forme

connue

le

Ici le

Soir,

(l.iiis

iJiitiunn.iire

'X. Oliaimcs, J.f

('.iiinitr îles

de

la

',

rare dans

Franc»'.

Irnuii.r liixlufii/iirs ri

à peine

premier élément est

en Normandie,

le Kjirrinv'n joiiil jiiix iiislriiclioiis t/t'-oi/rnpini/iir

Prieuré, repré-

Saint-Sauveur-

moyen âge par un nom

du nom de Torgestorp (S.). nom d'homme Thorglls, qui subsiste nom de famille, sous la f(»rme Tunjis. 1207. Somme toute, le mot lltorj) est .

le île

est Torgistorp

le

I

;

étudié plus haut (n^ 1195).

de ('Utourps. l'écart

dillérente

lu

(S.)

certainement formé

sentant une ancienne dépendance de l'abbaye

dont

Kampetorp

».

Klippestorp (S.)

rocher

thorp

lieu.

est peut-être à rapprocher de

initial serait

Clitourps (M.)

que

citer

de

les

l,éo|<<)lil

l'ailirlc

comme noms de

Dolislc, sur

l'iuiiiii':

si-li'nll/i'/iira, lli.

(I.it, i'.Ml

.


.

OKKJLNES SCANDINAVES

:

289

TIIORP

Normandie, mais cette rareté s'explique lorsqu'on consnoms donnés par les compagnons de RoUon aux domaines que ce prince leur concéda sont ordinairement termi-

lieu de la

que

tate

les

nés parle

nom commun

ville qui,

dans

la lang-ue

de leur nouvelle

synonyme de ihorp il y a en Normandie sans parler des écarts, également fort nombreux plus de cinq cents communes dont les noms, terminés en -ville^ paraissent remonter, soit au x*' siècle, soit au commencement du xi". La parité de l'emploi des deux termes ihorp et ville dans les noms de lieu normands apparaît clairement, si de Torgistorp on rapproche le

patrie, était le

:

nom

Torgisville qui, au

Tournée ville (M.

xni'' siècle,

désignait le village actuel de

i.

THVEIT 1208. Le mot norois thveit désignait une pièce de terre, mais,

une pièce de

semble-t-il,

comme

terre

provenant d'un défricliement,

l'indiquent les mots tveit, tved,

lectes norvégiens et suédois, désignent

sens du

un

tvet.,

qui,

dans

les dia-

abatis d'arbres. Thveit^

mot

français essart —- sart

qui avait, par conséquent,

le

dans

fréquent lui-même dans la toponymie

les

pays wallons

(voir ci-dessus

n**

si

second élément de composés, pour former des noms de les pays Scandinaves. 1209.

comme

981), a été fort employé soit seul, soit

En Normandie, où

il

a revêtu la

forme

fhiiit

lieu

ou

dans

tuif,

il

se rencontre presque exclusivement dans la région de la basse

Seine, c'est-à-dire dans les départements de l'Eure et de la SeineInférieure

:

Boulon (C), présence de

Normandie,

Thuit, Thuit-Agron, Thuit-Anger,

le

Thuit-Hébert,

Thuit-Simer (E.); assez loin de ces

Thuit-Signol,

a

y

il

un

écart également

l'article atteste

mot

le

est

dénommé

localités,

le Thuit.

que, dans une partie au moins de

passé pour un temps dans

à

La la

langage

le

usuel.

1210. certain

On

voit -fuit ou -/huit constituer le lerme (inal d'un

nombre de noms de

lieu

— Bliquetuit, Brennetuit

iS.-I.j,

Écriquetuit (E.), Long-Thuit, le Milthuit, Vauthuit (S.-I.)

premier terme

d'homme,

ét;uit

parfois

Les noms

i/c

lien

un

le

plus

souvent,

sendde-t-il,

le

un nom

adjectif roman. 19


,

290

LES NOMS- DE LIEU

TOFT 1211. Le mot toft est un de ceux qui se présentent le plus fréquemment dans la toponomastique de la Normandie. Bien que

mot

ce

dans

ait,

danois moderne,

le

le

sens de

«

champ

».

sa

mot un emplacement jadis occupé par une maison, ou, plus exactement, « ce qui reste de bâtiments tombés en ruine » c'est du moins ce qu'on peut conclure de l'explication donnée par Biôrn Haldorsen, dans son Lexicon islandico« Toft, area do mus vacua, parietina, en latino-danicuni tomt » et tomt, en danois, signifie « emplacement à bâtir ». 1212. Toft, qui en Normandie se réduit à tôt, fut employé par les compagnons de RoUon pour désigner, soit seul, soit combiné avec un autre élément, certaines des habitations qu'ils se signification noroise paraît avoir été celle de notre vieux «

masure

désignant

»,

:

:

;

construisirent là où l'on voyait encore sur le sol des traces des

hameaux qu'avaient ruinés les incursions des On comprend dès lors qu'il soit relativement plus fréquent toponymie noroise de la Normandie que dans celle des

villages et des pirates.

dans

la

pays Scandinaves. 1213. Les noms de lieu de Normandie dans lesquels entre le mot toft, aujourd'hvii tôt, offrent donc un sens analogue aux noms de lieu français dont le vocable représente le latin maceria, «

muraille

»

:

Mézières, Maizières, Mazères, leurs dérivés Mézeray

Maizeray, Mazcret lités édifiées

— qui,

le

plus souvent, s'appliquent à des loca-

au moyen âge auprès de ruines antiques

moguer

équivalents bretons

(cf.

et à leurs

ci-après n" 1342) et mogiicriou.

De même que les formes vulgaires de plusieurs des mots norois précédemment passés en revue (n''" 1167, 1193, 1206, 1210), tôt est momentanément entré dans le langage cou1214.

rant de la Normandie, témoin l'article qu'on observe diuis le Tôt

(M., S.-L).

On

le

trouve en composition dans une soixantaine

de noms de Hou désignant plus de rpiatre-vingts (juehpios-uns seulemonl seront indi([ués

1215. Par MartOt (E.), cf.

ou

Maretoft ('

(^D.)

du marais

1216. Lilletot

il

localités, et

dont

ici.

Marclot vers 11(10 v\ on 1107 faut enlcndn> « la masiuc de l'étang

— »

». (I*>.)

fouinit

un (.'xrmplc de coiubinaisoii du non»

I


OlUGlNliS SCANDIINAVES

commun

toft

avec un adjectif

:

Danemark sous

existe en

il

291

TOI-T

!

la

masure ». Dans Fultot (S.-I.) le premier terme peut bien être l'adjeccf. Fulletofta (S.) tif /"fi/, « laid, vilain », mentionné plus haut (n° 1171). 1217. On voit toft combiné avec un nom d'arbre dans Appetot (E.), en 1258 Apletot, « la masure du pommier » (cf. n° 1187) Bouquetot (E.), « la masure du hêtre » (cf. n» 1201); cf. « la Egetoft (D.), Ektomta (S.) Ecquetot (E.) Lintot (S.-I.), « la masure du chêne » (cf. n°« 1177 et 1200) masure du tilleul » (cf. n° 1176) Tournetot (E.), « la masure forme

Lilletoft, et signifie « petite

:

;

;

de l'épine

il

propre

d'homme

Routot

(E.),

nom

n° 1179).

» (cf.

1218. Enfin

;

est fréquent :

nom

que

le

terme

initial soit

un nom

d'origine Scandinave dans Colletot (E.),

(S.-I.), formés sur Kolli, Hrolf et Saxi; germanique dans Hébertot (G.), Raimbertot Robertot (S.-I.), où l'on reconnaît Ileriberctus,

Sassetot

d'origine

(S.-I.),

Raginberctus, Rotberctus. VIK 1219. Ce

'

mot, qui subsiste en suédois

et

auquel

le

danois

une anse, une baie, sinus brevior il est, on le sait, la racine du et laxior, dit Biôrn Haldorsen hardis navigateurs qui, non ces désignant commun nom vikiriff,

donne

la

forme

vig, désignait

:

contents de courir les mers pour chercher fortune aux dépens des nations chrétiennes, allaient s'établir dans des terres loincomme l'Islande et même certaines parties du continent

taines,

américain.

1220. Vik se retrouve, par exemple, dans

le

nom Sanvic (S.-I.),

porté par une commune située au fond d'une cri(|ue voisine au Havre, et qui a pour équivalents Sandvik, très fréquent en Suède

Norvège, Sandvig en Danemark, Sandwich en Angleterre premier terme de ces noms est sand, « sable ». 1221. On reconnaît également le mot vik dans le nom de plu-

et en le

:

sieurs petites anses

du Cotentin,

Cap-Levy (M.), au xn" 1222.

On

.siècle

et

notamment dans

celui

de

Kapelvic.

ne saurait considérer

comme

1. A. Long-non no s'est pas occupé de ce 1901-1902 et de 190;j-190(l.

épuisée, dans les pages

mol dans

ses conférences de


LES .NOMS DE LIEU

292 qui précèdent,

la

des mots Scandinaves que présente

liste

la

il en est certainomenclature g-éoo^raphique de la Normandie nement qui, pour l'instant, sont ignorés, et qu'on signalera quelque jour il en est d'autres qui ont été omis à dessein, soit :

;

qu ils n'existent que dans des noms simples, soit que, communs aux anciennes lang-ues germaniques et à la langue Scandinave, ils n'attestent pas avec assez de certitude l'origine normande des noms de lieu qu'ils terminent. Par exemple, les noms de Cherbourg, de Johourg et de Montehourg (M.), celui de Caboiirg (C),

sont-ils bien certainement Scandinaves,

avant

la

prononcer, car

elle

peut provenir aussi bien du hurg de

part des langues germaniques, au sens de norois borg resse

»

ou existaient-ils

domination normande? Leur finale ne permet pas de se

rempart de pierre

«

terme

et,

noms de

de

final

»

forteresse »,

«

par extension,

la plu-

que du «

forte-

que

tant anciens

lieu,

royaumes du Nord. Il convient toutefois de en 1077 Cadburgus et Cathburnoter l'analogie de Cahourg le premier terme pourrait être l'adavec Catborg (D.) gus modernes, dans

les

:

jectif norois katr, « riant, gai ».

Deu.x autres mots, du

pour

la

nombre de ceux volontairement omis

semble-t-il, d'être mentionnés

ont prise dans

le

1223. Haiig,

ici

*,

langage courant de «

élévation,

en raison de la

hauteur

Hogue (C, M.), la Hougue M., S.-I.), les Hougues (M.).

noms

ont pourtant droit,

raison qui vient d'être indiquée,

la

place qu'ils

la

Normandie. se

»,

retrouve dans

les

Hogues (C,

E.,

(M.), les

E.j, sont des

Hoguettes (G.,

La Hoguette (C), les formes diminutives qui n'ont pu

appartenir qu'au langage roman parlé par les descendants des

compagnons de Rollon. 1224. ffafn, fut attribué

port

«

subsiste encore dans le

»,

comme nom

propre, au

time fondée par François

nombre

nom

P"",

le

xv!*" siècle,

à

mot havre, une

ville

Havre de Grâce. Un certain

de lieux, de lieux dits presque exclusivement, portent le

de Havre, mais

est Ilahlc, ainsi

le

vocable qu'on rencontre

que son diminutif Ilahlel

:

de Veuletles (S.-L), de Cricqueville (G.),

le i)lus

Il

n'en

;i

|i;i

s

('•!('•

i|iii'Mliuii

i\.\w^ les cinift'i

souvent

le

Hable de Dieppe,

le

Hablet d'Kculle-

ville (M.).

1.

qui

mari-

(Micc^ de

I

'.M).'i-

I

0(M).


LVI

NOMS EN -VILLE 1225. Les

mandie, où

au

x*"

siècle.

noms de

ils

lieu en -ville sont fort

paraissent remonter, à quelques exceptions près,

Le mot villa

(voir ci-dessus

nombreux en Nor-

avait,

on

le sait, le

sens de

«

village »

noms s'appliquent aussi bien à de communes. La proportion dans

n° 950), et ces

des écarts qu'à des chefs-lieux

laquelle les présente la nomenclature topographique des dépar-

tements qu'a formés la Normandie procure d'utiles indications sur l'étendue de la colonisation Scandinave. Si l'on ne tient compte que des noms de commune, on voit que cette proportion atteint presque le tiers, avec 233 vocables, dans le département de

la

qui

Seine-Inférieure,

comprend 759 communes

elle

' ;

— dans l'Eure sixième dépasse — Calvados, 111 sur 767 — dans près d'un septième Manche; quant près d'un quart — io7 sur 664 — dans —

le

121 sur 700

;

elle est

et

le

la

de de

au

département de l'Orne, correspondant k une contrée qui ne parait guère avoir reçu de colons Scandinaves, on n'y compte que 10 noms de commune terminés en -ville sur 511. c'est-à-dire moins d'un cinquantième

;

encore deux de ces noms, Francheville et

Neuville, ne peuvent-ils rentrer dans la série actuellement étudiée, ce qui réduit encore,

proportion des vocables

dans ce département,

le

communaux auxquels on

nombre

et la

pourrait être

tenté d'attribuer une origine normande.

L'exemple du département de l'Orne prouve bien que la fréquence et la terminaison -ville dans la toponomastique des quatre

((

hommes du Nord

résulte de l'établissement des Bien qu'on rencontre des noms en -ville

normands

autres départements ».

1. Ces chiffres et ceux (jui suivent sont ceux qu'énonçait .\. Lonfïnon dans sa leçon du 23 avril 1801, au Collège de France. Les créations et sup|M-essions de communes qui se sont produites depuis lors les ont plus ou moins modifiés mais la slatisti(|iu- él)auchée ici demeure exacle dans son ;

enseml)le.


LES NOMS DE LIEU

294 dans

les différentes régions

même

la

de

proportion. Ainsi,

la

France,

confine à celui de la Seine-Inférieure, ne

commune en

de

vingt-cinquième voisin,

-ville :

n'existent pas dans la

Somme,

qui

comprend que 34 noms

sur 832, c'est-à-dire à peine plus d'un

contraste bien apparent avec le département

proportion des

la

ils

département de

le

noms en

-ville

est,

on Fa vu, de

près d'un tiers.

1226. lieu,

On

noms de

peut affirmer d'une façon générale, que ces

en Normandie, sont dus aux compagnons de Rollon, ou à

leurs descendants immédiats,

et les attribuer,

d'une façon plus

générale encore^ peut-être, au x^ siècle ou à une date fort voisine. II va sans dire que la finale -ville étant romane, quelquesuns de ces noms peuvent avoir été donnés aux localités qui les portent en dehors des Normands, mais c'est l'exception.

Une exception plus rare encore, sans doute, consiste dans l'emploi, comme membre initial, d'un adjectif au lieu d'un nom propre d'homme aussi n'est-il pas inutile d'insister ici sur 1227.

;

exemples qu'en offre la toponymie normande. Les adjectifs adjectifs qualificatifs proainsi employés sont de deux sortes prement dits et adjectifs ethniques. 1228. A ne considérer que la nomenclature communale, on reconnaît les premiers dans Belleville (S.-I.), la Bonneville (G.), les

:

Longueville (C,

M.,

S.-I.), Neuville (G., E., S.-I.).

Gampanosa

ncuseville représente le bas-latin

Camp-

villa, désignant

Grenieuseville (E.) semble un village situé dans un pays plat. habitants étaient désagréables, grigneux, indiquer que les comme on disait au moyen âge on dirait aujourd'hui « grinPreuscvillc (S.-I.) répond au latin Petrosa villa. cheux ». 1229. (Juant aux adjectifs ethniques, on en compte quatre. Le vieux mot saisne, du latin Saxonem, accentué sur l'a, ligure ;

dans

les

nier

nom

noms

Sainncville (S.-I.), Senncville (E., S.-I.)

existe aussi, en dehors de la

Oise et dans Eure-et-Loir.

;

ce der-

Normandie, dans Seine-et-

L'adjectif féminin cih/lcst/ue

se

présente dans Englcsqueville (G., M., S.-I.) et dans AiH/icsfjiicville (S.-I.)

:

ces

noms s'appliquent à des villages qui ont été commencement du xi" siècle, par les parti-

fondés peut-être, au

sans exilés des rois anglais, dépouillés, en 1014, du trône d'Angleterre par

la

con(juête danoise, et qui,

normands, vinrent chercher

asile

apparentés aux ducs

auprès de ces princes.

Lad-


(JRIGINES SCANDINAVES

-VILLH

'.

295

féminin bref te au sens de

nom

« bretonne », qu'il a conservé langage dé certaines provinces de France, existe dans le Bretteville (G., M., S.-I.l, porté par une quinzaine de loca-

lités

:

jectif

dans

^

le

cette fréquence s'explique en partie par le fait que, durant

plus de soixante ans, de 867 à 933, les Bretons dominèrent sur

TAvranchin

et le Cotentin, et

— Enfin

contrées voisines.

poussèrent leurs incursions sur les

l'adjectif cossesse, « cauchoise

»

— —

pays de Gaux forme l'extrémité nord-est de la Normandie a contribué à former le nom Cossesseville (G.), comme son mascule

lin le

le

nom du

Mesnil-Caussois (G.).

1230. Encore une fois les noms de lieu en -ville dans lesquels terme initial est un adjectif ne sont qu'une exception, et dans

l'immense

d'homme. Parmi

majorité des

terme

ce

cas,

initial

est

un

nom

noms d'homme que présentent, employés de la sorte, les noms de lieu en -ville de Normandie, il en est un grand nombre dans lesquels on reconnaît tout d'abord de ces noms français, fort à la mode à l'époque féodale, qui étaient les

d'origine francique

lon, soit tels

que 912,

;

tels

cependant, dans

nom

le ;

et ce

sait aussi

la

plupart des cas où

désignaient, soit des

de leurs

iils

ou

ils

se

compagnons de Kol-

petit-fils.

On

sait,

en

effet,

établis en terre française pouvaient porter des

français, puisque Rollon

France

On

ou

Normands

les

noms

*

noms

présentent, ces

lui-même reçut au baptême, en le duc de

de Robert, que portait son parrain,

nom que

passa depuis à plusieurs de ses descendants.

les enfants issus de l'union

des corsaires Scan-

dinaves établis en France avec des femmes de ce pays, portaient

noms français, tel, par exemple, le fils de duc Guillaume Longue-Epée, né, antérieurement à la

plus d'une fois des

Rollon,

le

fille d'un comte franc de Bayeux. compte des rapports existant entre l'onomastique franque et l'onomastique Scandinave, moyennant lesquels le nom d'un immigrant Scandinave pouvait être assez souvent traduit par un équivalent français. Ainsi nos chroniqueurs du x*^ siècle appellent en latin Ragenoldus le chef des Nor-

conversion de son père, de la

On

doit encore tenir

mands 1.

établis

à

l'embouchure de

la

Loire, alors que le

C'est ainsi qu'à propos de plusieurs de ces

noms, on

a

nom

vu mentionnées

ci-dessus (n"- 1022, 1023, 1027, 1062, 1065. 1084, 1089. 1092. 1095, 1109, 1111. 1131' un certain nombre de localités de Noi'mandie.


296

NOMS DE LIEU

I>ES

nom

norois de ce personnage était sans doute Rdgnvalld. Le

Rollon lui-même

— qui

RoUo

chez ces

chroni'queurs,

de

Hrolf en

une variante Scandinave de Rodulfus, est devenu en langue romane Rou^ qui fut aussi l'une des formes vulg-aires du nom Raoul. Il serait trop long dénumérer ici tous les noms d'homme norois

était peut-être

d'origine Scandinave qu'on trouve, dans la toponomastique nor-

mande, combinés avec il

y en a de simples,

le

mot

y en

il

ville.

Ces noms sont de deux sortes

:

de composés.

a

1231. Les noms simples qui vont être passés en revue sont empruntés presque tous à deux textes particulièrement intéresVIslands Landnamabok récit de sants dans cet ordre d'idées rétablissement des Norvégiens en Islande-— édité k Copenhague

:

en 1774 par Hannes Finnsson,

Lund

— Liber daticus

un nécrologe de

et

Lundensis

— qui occupe

les

l'église

de

pages 474 à

o79 dans le troisième volume des Scriptores reruin danicariim Aki^ Bard, Bero, Blok, J. Langebek. Tels de ces noms étaient encore usités en Suède au Boite, Ketell, par exemple

de

-

XIV® siècle.

Assez fréquemment, ces noms simples avaient, à vrai dire, le surnoms hjdrn est le nom suédois de l'ours blakk

caractère de

:

pouvait avoir (/aasl

désignait

exprime

;

sens de

le

l'oie

noir

«

»

de petitesse, d'exiguïté qu'on retrouve dans

l'idée

substantif allemand knabe,

«

garçon

danois et suédois de l'allemand

évidemment

«

Saxon

le

l'allemand schncll,

«

1232. Ahl, latinisé 1233. Jiardr

:

»

rapide,

Aco

)>

;

stolt est

« fier »

sfolz,

et sniall

;

;

Berville

:

1235. revêt .Ml'"

siècle

vif, leste ».

().).

conslilue

le

nom

le

le

premier terme

:

de

lieu

lihil.h

:

Liber da/i-

Rou, est devenu, de Normandie dont

au il

Besneville (M.), ijadis licrncvillc,

Bennetot (S.-L), originellement lijnrniofi, 1236.

le

de plusieurs rois de Suède, et qui

Roman

dans les noms de

lie/Il

sig-nifiait

E., S.-L).

qui fut

forme Bier dans

la

Saxi

Acqueville (C, M.).

:

Barville iK., M.,

(C,

lijiirn,

le

l'équivalent

peut bien correspondre à

1234. l>ero, forme latinisée qu'on trouve dans cua

;

danois knap ou suédois knapp

l'adjectif

;

qui est celui de l'ang-lais black

Blacqueville ^S.-L).

et

Bemeval

l^S.-I.).


.

OHKilNES SCANDINAVES

-VILLE

:

297

1237. Blol;, dont Tusag-e en Normandie, au début du est attesté par le cartulaire de

Trinité

la

du Mont

:

xi'^

siècle,

Blosville

(C, M.). 1238. Blund :Blonville(G.).

1239. Bolli, Bolle

1040 BolliviUa

:

Bolleville (M., S.-I.), Boulleville (E.), en

Bolbec (S.-I.). 1240. Bondo, forme latinisée Bondeville (M.). 1241. Eysteinn Étienville (M.). cf.

;

:

:

1242. GaasL qui paraît dans les sagas islandaises, et qu'on

retrouve sous les formes Gaas et Gase^ était l'équivalent de

mand gans Ganzeville

sous l'influence francique

'.

est

devenu Ganse

:

S.-I.).

1243. Geiri, Gerri

Haki

1244.

il

l'alle-

1245. Kalp 1246. Kare 1247. Karl

:

Gerville (M., S.-I.), Guerville (S.-I.).

Hacqueville (E., M.;.

:

Cauville (G., S.-I.).

:

Carville

:

(C,

S.-I.);

Calleville (E.),

:

1248. Ketell

Quetteville

:

au

(E.).

siècle Carleville

xiii''

(C,

Carbec

cf.

AI.),

Quettreville

(M.);

cf.

Quettehou, Quettetot (M.).

Knappr

1249.

1250. Kollr

:

Ganappeville

(C,

Golleville

:

1251. Krakr

Grasville (E.,

:

Groco dans

1252. Krokr,

Crosville (E., M., S.-I.)

:

le

Canapville (C, 0.).

(E.),

Golmare (S.-I.). M., S.-I.); cf. Crabec (M.). cartulaire de la Trinité du Mont

S.-I.)

;

cf.

celui de l'Eure est appelé

:

G roc vil la

vers 1027.

Saxa

1253. Saxi,

:

Sasseville (S.-I.);

cf.

Sassetot (S.-I.).

Le dépendance dEvreux, est désigné dans une charte de 1195, par l'appellation Isnelmaisnille. 1254. Sniall, en

français Isnel

Isneauville (S.-I.).

;•

Buisson-Hocpin,

1255. Stolt, en français (S.-I.).

dans

Estant Estouteville, Étoutteville Le nom d'homme Estout était encore usité au xiv'' siècle, :

la famille d'Estouteville.

1256. Sfiire,

nom

d'une famille qui fournit à

administrateurs entre 1471 et io20

Estervilla,

:

la

Suède

Etréville (E.\ vers

trois

M 48

et peut-être aussi Éterville (G.).

et Tocco, et dont le nom di' Tycho n'est, paraît-il, qu'une variante Tocqueville lE., M., S.-I.); cf. Tocquemont (G.). Guillaume do .lumières. 1258. Torf Tourville ^E., S.-I.).

1257.

Toki,

baptême

latinisé

suédois

et

Toko

danois

:

:


LES NOMS DE LIEU

298

qui écrivait au début du xu* siècle, mentionne

Turulfus de

Ponte Audemari qui fuerat filius cujusdam nomine Torf, a quo etiamusquenuncquaedamvillaecog'nominatae sunt Torfvillae Parmi

noms propres de personne, composés de deux éléont contribué à former, en Normandie, des noms de

les

ments, qui

on se contentera d'examiner

lieu en -ville,

noms

nom

théophores

«

'.

»,

deux

ici

séries de

c'est-à-dire ayant pour élément initial

un

de .divinité, celui des Ases ou celui de Thor.

4259. Les Ases, au nombre de trente-deux, dont quatorze dieux déesses, constituaient le panthéon Scandinave,

et dix-huit

et,

panthéon des autres nations germaniques antérieurement à leur conversion au christianisme mais chez les peut-on dire,

le

;

nom divin As se disait Ans forme Anses dans Jordanès — et

Francs, les Lombards et les Goths,

au pluriel sous

latinisé

la

chez les Saxons on l'écrivait Os

:

le

de

là,

Ansoald, Ansbert, Anshelm, Ansgar; Osbert, Osborn, Oger, Osicin

;

chez les Francs, les

— chez

— chez

les

les

Saxons

noms

Osît"a/(7,

Scandinaves Asbiôrn,

Asbrand, Asdis, Ascjaut, Asgeir, Asffrim, Askilld, Askell, Asketell, Aslak, Asleik, Asmund, Astolf, Asvalld, Asvôr. Lorsque ces

noms

derniers

pénétrèrent en Gaule, leur élément initial devint

— sous l'influence francique, de sorte que

Ans

Asf/eir et Asketell, qu'on peut considérer

noms

Asf/aut,

étant au

nombre

les

comme

des plus répandus, se sont perpétués en Normandie, d'abord

comme nom

de baptême, ensuite

formes vulgaires Angot,

les

d autre part, sous l'influence

comme noms

de famille, sous

Angier ou Angcr et Anqiictil; saxonne qui pouvait bien s'exercer

encore sur certains points, As-

fit

place à Os-

:

Asbiôrn devint

Osborn ou Osborne — Asolf, Ôsulfus, d'où Ausouf — Asmund,

Osmundus,

d'où

Osnwnd

et Oniont.

1260. Asbiôrn a produit, sous l'influence francique,

l'Aul)erville

su

j)ra

sous l'influence

et

ville (E.),

du Calvados

est ajipch'

:

Angerville 'C.

A n sger I.

l>ii

on

IINH Osbernivilla

ma rc.

1261. Asgcir, confondu avec

rius

Amber-

saxonne Auberville (C, S.-L);

N

i

V...

le

S.-I/),

nom

franci{jue latinisé

Angreville (F.), au

Ansga-

xii''

lia.

('.licsiic.

/lislori.-ic

Xnrm.-nninrimi

s<'/'//)/o/v.<< ;iiilii/iii.

\).

ill'J.

siècle


ORIGINES SCANDINAVES

1262. Asgaiit

Angot

Angoville (G.,

:

-VILLE

!

E.,

299

M.).

Le Mesnil-

Cf.

{M.).

1263. Askeéell

Ancourteville

Ancretiéville,

:

(S.-I.),

Ancretteville, Anquetierville.

Ancteville (M.), Anctoville (C, M.i.

1264. Asleik, latinisé sous l'influence francique

Anneville (M., S.-L), au

xiii«

siècle

Anslaicus

Anslevilla.

becq (voir ci-dessus n" 1170). 1265. Asmund, devenu Osniiind sous l'influence saxonne Osmonville (S.-L), Omonville (E., M., S.-L). 1266. Asolf\ soumis à la même influence et latinisé suif us

Auzouville (S.-L).

Cf.

Ghamposoult

le

(0.),

:

Anne-

Cf.

:

:

Mesnil-Ausouf

(C). 1267. D'autres

noms d'homme,

rappelant

le

souvenir

des

anses g-ermaniques ou des ases Scandinaves ont également, en

Normandie, contribué à former des noms de lieu en -ville Anselmus, Ansfredus, Anseredus, reconnaissables dans :

Anceaumeville (S.-L),

dans Amfreville (C, E., M., S.-L)

Amferville (C), ainsi que dans Anseréville, ancien nom,

qu'on prétend,

de

mais ces

Saint-Mards-de-Blacarville (E.);

vocables paraissent avoir été empruntés par les x^ siècle à l'onomastique franque,

et

à ce

Normands au

et n'avoir point d'équivalents

dans l'onomastique Scandinave. 1268. Le dieu Thor, lun des Ases, présidait à sons, aux orages, et pour ce motif, on

l'a

torsclag.

au contraire

le

sai-

Son nom,

qui n'est peut-être point entré dans la composition de

personne chez

aux

parfois assimilé à Jupi-

témoin l'appellation Scandinave du jeudi,

ter,

l'air,

noms de

germaniques proprement dites, forme premier terme de nombreux noms d'homme Scan-

les nations

dinaves.

1269. locale

Thoralld, latinisé

(cf.

Turoldus sous

ci-dessus n° 1054)

:

l'inthience francique

Thérouldeville (S.-L)

;

cf.

Bourg-

théroulde (E.). 1270.

Thorhioni

:

Thouberville (E.);

cf.

Thibermesnil

(S.-L), jadis Toubermesnil.

1271.

Thorfred

:

Touffrainville (S.-L), jadis Toufrcville (voir

ci-dessus n«987i, Touffreville (C, E.. S.-L

le

1272.

(C).

,

Toufresville (M.)

;

Mesnil Toufray [C). Thorgils, d'ovi

le

nom

de famille Tur<fis

:

Tourgéville


300

LES NOMS

1273.

Thorkcll

1274.

Thorketell, d'où

DI-:

LIEU

Turqueville (M.), jadis Tordeville. le nom de famille Turquety Teurthé-

:

:

ville uM.i.

1275.

Thorlak

1276.

Thormod

1277.

Thorolf

:

Tourlaville (M.). :

Trémauville

(S.-I.), jadis

Tormoville

Trouville (G., M., E., S.-I.). 1278. Thorsteinn, d'où les noms de famille Tousfain pris à tort pour une altération de Toussaint et Toutain Toutain:

Ville (E.).

:


LVII

BRETONNES

ORIGINES

GÉNÉRALITÉS

:

1279. Les noms de lieu formés à Taide d'éléments bretons dominent par le nombre dans la péninsule armoricaine, exception faite cependant des anciens diocèses de Rennes et de Nantes mais il faut bien se garder de croire, selon une opinion populaire qui n'est pas encore entièrement déracinée, que la langue bretonne soit dans cette contrée un vestige de l'ancienne langue gauloise qui y aurait été conservée, parce que la civilisation et ;

langue des Romains n'auraient pu s'implanter jusqu'en ce coin reculé de la Gaule. La péninsule armoricaine a subi, comme les

la

autres

parties

romaine latin

;

ils

de

pays,

notre

l'influence

ses habitants ont parlé

;

ont pris des

noms romains,

de

civilisation

la

plus ou moins bien

vécu de

et

ce dernier point est suffisamment établi par les voies qui

lonnent

le

;

sil-

pays, par les vestiges des édifices et des demeures

antiques qu'on trouve sur tant de points,

extrêmes de

les plus

le

romaine

la vie

la péninsule, et

même

dans

les parties

par les ustensiles et

menus

objets qu'on y recueille.

Mais l'Armorique ne jouit pas, durant tout domination romaine, de les

la

quiétude et de

le

temps de la pendant

la sécurité qui,

premiers siècles, y favorisèrent l'expansion de

la civilisation.

Comme

toutes les contrées du littoral septentrional de l'Empire,

elle fut

en butte, du m" au

v*=

siècle,

aux incursions des pirates

saxons, contre lesquelles la défendaient à grand' peine quelques postes

fortifiés

dont on trouve l'énumération dans

la

Notifia

dirjnitatum. Plusieurs de ses villes périrent, et le sol armoricain se dépeupla

vers

le

breton

rapidement. C'est à

la fin

de ces rudes épreuves,

milieu du v^ siècle, qu'apparaît alors sur :

il

venait de

race celtique

les

l'île

et

l'élément

de Bretagne, habitée par une nation de siècle à la soumise dès le encore pas s'était ne peuple-roi que le

Britanni

domination romaine, et complètement assimilée.

le sol

L'immigration des Bretons en Armoriquc

i'"''

fut la

conséquence


LES NOMS DE LIEU

302

de renvahissenient et de la conquête de

Saxons

les

l'île

mêmes

cimbrique, c'est-à-dire par ces

la péninsule

de Bretag-ne par

par les Angles, venus des contrées qui avoisinent

et

populations

de pirates qui avaient été. durant deux siècles, la terreur du

de la Gaule. La chose paraît établie par

ral

l'érudition

moderne,

de La Borderie

le

:

la

en particulier par les travaux d'Arthur

et

les

Annales d'Eginhard, parlant, sous

que, lors de l'invasion de

dans

le

la

réduction de la Bretagne cismarine, rappellent l'île

de Bretagne par les Angles et les

Saxons, une grande partie de ses habitants, passant s'établir

litto-

découvertes de

souvenir en était encore vivace au temps de

Charlemagne, puisque date de 786, de

les

pays des Venetes

la

mer, vint

dans celui des Curioso-

et

litae, c'est-à-dire dans les territoires dont les villes romaines de

Vannes

et de Gorseul étaient les chefs-lieux.

L'école de

La Borderie ne reconnaît

d'immigrants bretons en Gaule avant

l'existence d 1

aucune bande

an 460 environ. Le pre-

mier établissement durable de quelque importance aurait été le royaume de Cornouaille, ayant pour capitale Quimper,

petit

fondé, vers 480, par un chef connu, dans les traditions de

et la

Bretagne, sous

le

vocable de Grallon Meur,

c est-à-dire

Gral-

Grand. La fondation du petit Etat de Léon, l'établissement d'une colonie bretonne dans la partie septentrionale du diocèse de Vannes, et la création du royaume de Domnonée, qui correslon

le

pondait au département des Côtes-du-Nord

et à la partie

occi-

dentale de celui d'ille-et- Vilaine, n'appartiendraient qu'au com-

mencement du la

péninsule

mèrent. Celui de âge,

outre

Les noms de deux des Etats bretons de

vi^ siècle.

rappellent ceux des tribus insulaires qui les forla

Gornubia en latin du moyen dû aux Cornu vii, qui habitaient

Cornouaille,

Kernaw en breton, est mer le comté de Chester

voisines

et

quelques-unes des contrées

de l'extrémité sud-ouest du

pays de Galles,

et qui.

chassés de ces régions par les Angles, portèrent aussi leur à la pointe sud-ouest de

1

île

de Bretagne. Quant à

la

nom

Domnonée,

une colonie des Dumnonei dont le nom subsiste, transformé rlans celui du comté de Devon. Durant plus rk' trois siècles les jiietons ne s'étendirent gucrc en dehors du pays (jui, jusqu à la veille de la Hévolution franc'était

çaise, conq)ril les diocèses de

de Dol, de Sainl-Malo, de

Léon, de Tréguier, de Saint-Brieuc,

Quimper

et

de Vannes.

Ils

n'en soi-


OKIGINES URETOKNES tirent réellement le roi

303

GÉNÉRALITÉS

que vers Tan 84S, alors que Noménoé, devenu

national de tous les Bretons de la péninsule, enleva aux

Francs

les territoires

de Nantes et de Rennes, qui furent, en

ofïiciellement à son

851, cédés

tîls

successeur Erispoé, par

et

Chauve. 1280. Par suite des progrès incessants que fit, depuis le siècle, Télément roman dans le pays armoricain colonisé aux

Charles

x'^

!

le

ye qi yje siècles par les Bretons,

la

langue bretonne n'est en

usage, depuis longtemps, que dans les départements du Finistère et

du Morbihan

et

Côtes-du-Nord, autrement

dans dit

le

tiers

dans

les

occidental

de celui des

anciens diocèses de Léon,

de Tréguier, de Gornouaille et de Vannes, dont les noms servent à désigner ses quatre dialectes. On ne la parle plus dans les anciens diocèses de Saint- Brieuc, de Saint-Malo et de Dol

;

et

grande partie de royaume de Domnonée, présente un grand nombre

pourtant cette région, qui correspond à la plus ce que fut le

de

noms de

lieu d'origine bretonne.

De

plus, l'étude attentive

toponymie révèle des traces d'influence bretonne à gauche de la Vilaine, depuis la pointe où elle reçoit le Samnon jusqu'à la mer, et sur une largeur d'environ vingt kilomètres, alors que

de

la

la

Vilaine passe pour avoir été, vers le sud et le sud-est, la

limite

du pays breton antérieurement au

ix^

siècle.

Ces traces

d'influence bretonne, on ne doit pas les chercher seulement dans le pays pays roman, on peut

des vocables formés à l'aide de racines bretonnes. Entre

breton de l'époque mérovingienne

et le

tracer une ligne de démarcation en considérant

comment

se sont

les noms de lieu, d'origine gallo-romaine, dont la forme primitive présentait la finale -iacus dans le pays roman

comportés

:

qui avoisine

la

Bretagne,

Nantes, aussi bien que dans

c'est-à-dire le

;

dans

la

Hennés

Maine, l'Anjou,

Poitou, -iacus s'est réduit à -c

228, 237)

vers

(cf.

la

et

vers

Touraine,

le

ci-dessus n°^ 279 et 209,

région où la race bretonne dominait au début

il est devenu -ac (cf. ci-dessus n*> 284). De sorte que les noms de Nivillac et de Trédillac (Morbihan), ainsi que ceux àWsscrac, à' Avessac, de Crossac, de Dre/féac, de Fc(jrcac,

du moyen âge,

d'Herhif/nac, de Marsac, de Massérac, de Missillac, de Piriac et

de Sévcrac (Loire-Inférieure), appartenant tous à des paroisses de l'ancien diocèse de Nantes, et celui de Messac (Ille-et-Vilaine) porté par une paroisse de l'ancien diocèse de Rennes, ([ui semble


LES NOMS

304

DE

LIEL'

avoir d'abord appartenu au pays nantais, sont des indices non

équivoques des progrès de

gauche de la Vilaine. 1281. Les noms de

ment envisagés

ici,

colonisation bretonne sur la rive

lieu d'origine bretonne, qui sont spéciale-

bien que tirant leurs éléments du langage

parlé par une population

sont fort différents

la

des

étroitement apparentée aux Gaulois,

noms

forment l'une des parties

de lieu

les plus

d'origine

anciennes de

gauloise la

qui

toponomas-

D'une manière générale, on n'y reconnaît aucun de ces mots celtiques qui ont été étudiés plus haut dunos, duros, hriga, magos, hriva, rifos, duhron, nantos, onna. vera, nemetis. En revanche, ils renferment un certain nombre de mots d origine latine dont les Bretons avaient enrichi leur langue.

tique de notre pays.

:

mode de formation de ces noms de lieu est tout noms de lieu gaulois le mot principal est employé comme élément final, ce mot occupe la première place dans les noms donnés depuis le v** siècle aux D'ailleurs, le

autre

:

tandis que dans les vieux

Aussi, pour grouper ces derniers en vue de l'étude qu on se propose ici, doit-on considérer tout d'abord leur terme initial. Celui-ci est un nom commun désignant soit une circonscription territoriale, soit un lieu habité, localités de l'Armorique.

soit

un

site.


LVllI

NOMS COMMUNS DE CIRCONSCRIPTIONS Ces noms seront étudiés selon l'ordre d'importance des conscriptions qu

ils

cir-

désignent.

BRO 1282. Ce

apparenté à

mot breton,

En Bretagne,

est le

il

venus donnèrent au

tum. où qu'ils

signifiant

désinence du

la

nom

terme

pour cette

appelèrent

est

»,

évidemment

du nom que

initial

territoire de

leur premier prince

pays

«

de peuple gaulois Allobrog-es. \ an nés, à

la

les nouveaux civitas Vene-

un certain Waroch, et raison Bro- Waroch, c'est-à-dire

connu

fut

pays de Waroch » vocable traduit parfois par le latin Warrocliia ou patria Gueroci, et qui, affaibli depuis en Broërec, a désig-né, jusqu'au xv'" siècle, une des sénéchaussées ducales de «

:

Bretagne,

et

jusqu'à la Révolution l'unique archidiaconé du dio-

cèse de Vannes.

POU 1283. Le

nom du

puisse citer de

1

Broërec parait être

emploi, dans

le

seul

exemple qu on

péninsule armoricaine, pour

la

désigner une circonscription territoriale, du mot d'orig-ine celtique hro. Les Bretons établis sur le continent semblent avoir de très

bonne heure préféré ils

firent /)0f7, et

comtés

:

mot son équivalent latin pagus. dont les noms de quatre anciens

à ce

qu'on retrouve dans

Poher, Porhoët, Poudouvre et Poulet.

1284. Le Poher, en tant que comté indépendant du comté de Cornouaille, remonterait au tions relatives au prince

rement Poucaer,

«

le

vi= siècle, si

Comorre

il

;

pays de Caer

l'on

en croit

devait son

». à

sa capitale, la

Carhaix (Finistère), qu'on appelait en breton Kaer-Ahès 1.

I^c

nom

(lu

Polic'i'

s'est t'onservé

munes du canton de Carhaix, I.cs

nnim

ilc

Uni.

dans

les tradi-

nom.

le

originaiville

de

'.

surnom liune dos com-

(Hrdrn-I'nlipr. 20


LKS NOMS DE LIEU

306 1285. Le

nom

de Porhoët. dont

et à l'archidiaconé

au

nom

le

un comté

fut a23pliqué à

méridional du diocèse de Saint-Malo, apparaît

siècle sous la forme pagus Trocoet, traduite parfois par mots pagus trans sylvam, tro ayant le sens de la prépo-

xi*"

les

trans,

sition latine

n° 1335)

;

koat

et

signifiant

dès 859, on rencontre

On

Poutrecoët.

voit

que

«

forêt »

ci-après

(cf.

forme entièrement bretonne

la

Porhoët était à lorig^ine une contrée

le

naturelle.

1286. « le

On

en peut dire autant du Poudouvre,

pays des deux rivières

ou

»

breton moderne daou désigne

pagus

Z)au(/oy/',

entre deux rivières

«

nombre

>/

dans

:

deux » et doiir se rivière ». La forme francisée Poudouvre a servi à traduit par dénommer une vicomte féodale et un archidiaconé du diocèse de le

le

«

((

Saint-Malo. 1287. C'est au latin il

même

pagus Aleti,

et

qu'appartenait

diocèse

ville

en

immédiatement de

faut entendre par là le pays qui dépendait

la ville épiscopale d'Alet

par la

Poulet,

le

en langue vulgaire Poualet, puis Pouelet\

;

celle-ci fut remplacée,

au

siècle,

xii^

nouvellement construite de Saint-Malo.

Des quatre noms qui précèdent, une contrée où l'on parle encore appartenant à

la

Bretagne

le

premier seul s'applique

le

breton

;

les

trois

à

autres,

galle », c'èst-à-dire à la Bretagne

«

aujourd'hui de langue française, se sont plus ou moins altérés

sous l'influence romane.

PLOU 1288. Au-dessous du

diocèse,

armoricaine reconnaissaient

peuplade

»

les

que

chez, les Gallois aussi

:

Bretons de

la

péninsule

plou. Ce mot, qui correspond au

n'est autre chose

gallois phvif, «

le

le latin

plebs, au sens de

bien que chez nos Bretons,

ses diiïérentes formes désignaient tout à la fois

une peuplade

organisée, une

paroisse.

comprend dès forme

h;

paroisse et

lors

pourquoi

territoire de

le

mot

le

/ilnii,

cette

On

ou l'une de ses variantes,

premier terme de tant de noms de paroisses en Bre-

tagne. .Vu reste, un hagiographe du

ix' siècle,

rabl)é de Landé-

vennec, Cîurdestin, rapporte ainsi l'origine de l'une d'entre

Ploufragan

(-oles-du-Nord)

:

"

Un linmmc

illustre,

de

la

elles,

race


(jRKiiiNEs

iiitirrô.NNLs

:

307

l'i.or

des rois de lîle de Bretaj,'ne, Fracan, aj^ant ouï dire quil j avait encore, en Armorique, des forêts où l'on pouvait vivre en paix,

monta sur un vaisseau avec un

petit

par un bon vent du nord-ouest,

De

de Bréhec.

longeant

de

nombre des

siens, et, favorisé

vint prendre terre dans la baie

découvrit un terrain d'une d'un seul tenant (quasi unius piedes bois touffus l'entouraient de tous côtés, et, non loin là,

certaine étendue, et

bis)

il

;

là coulait

le rivage,

il

comme

un fleuve

nommé San guis.

Fracan

avec

s'établit

sa petite tribu sur ce territoire, que fertilisaient les eaux de la rivière et dont le climat lui otïrait toute sécurité

'

».

L'emploi du mot plebs pour désigner une circonscription ecclésiastique n'est pas exclusivement breton. Dans les textes de

du iv'" siècle, ce mot est pris au sens de « diocest ainsi que l'évêque de Potenza se qualifie episco-

certains conciles

cèse

»,

et

pus plebis Potentinae au

concile de Garthage; mais cette dans un diplôme de Charles le Chauve, pour l'église de Paris, ne s'est maintenue dans aucun pays roman. Tout au contraire, le mot plebs, au sens de

acception, qu'on trouve

«

paroisse

»,

aussi produit l'Italie et

par

n'est pas resté 1

vi®

même

seulement dans

italien pieve, qu'on retrouve

de la Corse; et son dérivé

l'italien

pievano ou piouano,

«

curé

le

breton plou

dans

la

plebanus

:

il

a

toponymie de

est représenté

».

1289. Le mot breton qui représente

le

latin

plebs

paraît

aujourd'hui sous une demi-douzaine de formes différentes dans

toponymie de

la

la

Bretagne

:

la

plus pure, plou,

appartient

exclusivement aux départements du Finistère, du Morbihan, et à la partie bretonnante des Côtes-du-Nord elle cède parfois la ;

place

à

plu dans

le

Morbihan

et les

Côtes-du-Nord, à plo ou ploe

dans le Morbihan pieu, qu'on rencontre dans les départements du Morbihan, des Côtes-du-Nord et d'Ille-et-Vilaine, est fort rare en pays bretonnant; on trouve pley dans le Finistère enfin plé ;

;

une forme francisée depuis plusieurs siècles qu on observe seulement en pays gallo. 1290. Les noms de lieu bretons présentant comme premiers termes l'une de ces formes sont relativement nombreux et portés est

exclusivement par des chefs-lieux de communes, représentant d'ancii'nnes paroisses.

1.

On

en compte dans

le

l'inistère

57

Vila S. Winvuloei, dans Aiia.lecla Bollundiana, Vil (1888), 177.

siu"


LES NU-MS DE LIEU

308

communes, soit le cinquième de l'effectif total dans les 284 Gôtes-du-Nord 70 sur 382, soit un peu plus des deux onzièmes dans le Morbihan 21 sur 237, soit presque le onzième dans Ille^

;

;

;

et- Vilaine 8

seulement, appartenant à l'extrémité occidentale du

département, sur 350

enfin la Loire-Inférieure n'en offre qu'un,

;

Plessé, qui confirme le

fait,

de l'élément breton dans Vilaine.

de

la

On

le voit,

il

entrevu déjà (n° 1280 de la diffusion du pays nantais qui avoisine la 1,

la partie

y

a

de ces

noms dans

toutes les parties

péninsule armoricaine qui ont reçu, aux

des colons bretons

par contre

;

caractère régional des

et l'on

et vi" siècles,

v*'

peut juger par

modes de dénomination

— phvif,

du

équiva-

lent g-allois de ploii, n'est entré dans la composition d'aucun des

noms de

Grande-Bretagne.

lieu de la

L'exemple de Ploufragan, plou se combine avec un

blement

le

avec un

nom

cas

cité

plus fréquent

le

plus haut

nom d'homme,

propre ou

;

mais

commun

il

(n**

1288), prouve que

et c'est là incontesta-

peut aussi se combiner

de lieu

ou avec un

,

adjectif.

1291.

Il

combine avec un nom propre de

se

dans

lieu

le

nom

plebs de Plessé (L.-L), qu'un acte de 854 mentionne ainsi que vocatur Sei le nom propre Sei, latinisé, se retrouve dans :

;

un

texte de l'an 900

1292.

Comme

nom commun

:

castrum Seium.

exemples de

de

lieu, l'on

la

combinaison de plebs avec un

peut citer Plcchàlel^ Plogastel, Ploii-

gner\ Plrlun, Ploulech, Plounun/oar et Ploumoyuer, Pléchâtel

(I.-et-V.)

et

Plogastel

(F.)

sont

deux

celle-ci plus bretonne, celle-là presque française, d'un

thème étymologique est Plebs castelli, château » ou « du lieu fortifié ». le

Plouguer (F.) scription

était,

avant la Révolution,

paroissiale de la

ville

le

«

la

nom

formes,

nom

dont

paroisse du

de

circon-

la

de Carhaix, et son nom,

ipii

ceux (|ui suivciil soiil ceux (juVMion(.iul A. Loiij,^noii, du 3()avril 1891 au Collège de Fiance. Depuis lors, le nombre des coniniunes, dans les divers dé[)artemeiils hrelons, a lérfèreuient augmenté; el Ton a lieu de rappeler à celle occasion l'observation formulée Par analogie avec ce que nous avons fait [jouiplus haut, p. 2'J.'{, noie 1. nous les départements de la Normandie ^cf. ci-dessus p. 280, noie désignerons, dans ceciiapitre et lesdeux suivants, ceux de la Mi(>lague par les initiales de leurs noms. I.

(À'S tliiiïi'fs et

<lans sa leçon

1

',


ORIGINES BRETONNES sigTiitie

la

<c

paroisse de la ville

»,

1304

'.

PLOU

309

a pour second

terme

le

mot

1309 i, qu'on rencontre dans le vocable Poucaër, aujourd'hui Poher, du pagus, du comté dont Carhaix était le chef-lieu (cf. ci-dessus n" 1284). La transformation de kaer ou ker engner est bien conforme à l'usage breton ker (voir ci-après

n'"'

à

breton qui, en composition, c'est-à-dire à l'intérieur des mots, adoucit

même

les

consonnes

initiales

kasfell

;

transformé

s'est

dans Plogastol (voir en outre ci-après

n''

de

1296).

Par Plélan (C.-du-N.. I.-et-^^^ il faut entendre « du monastère » ou « du lieu consacré » (cf. ci-après

la

paroisse

n'"*

1312

à

1316).

lapidum,

Ploulec'h (G.-du-\.), se traduit en latin par plebs la

«

paroisse des pierres

llech

»,

armoricain, signitiant effectivement

en

g^allois,

pierre

^

leach en breton

».

Ploumoguer (Finistère) représentent primitif formé de deux mots empruntés au un même vocable latin, et dont le thème étymologique serait plebs maceriarum, « la paroisse des murailles », allusion probable aux vestiges des Ploumagoar G.-du-N. '

)

et

constructions antiques que les Bretons des

vèrent

dans

1

une

n° 1213 et ci-après

l'autre de

et n''

1342)

le

:

v*"

et

vi''

ces bourgades

mot

latin

siècles trou-

(cf.

maceria

ci-dessus

est l'origine

magiuyr et du breton armoricain magoer ou moguer. 1293. La combinaison de plebs avec un adjectif apparaît dans Pleuhian, Pleuineur, Ploemeur, Plounévez, Plonévez. par plebs Pleubian ((^.-du-N.) se traduisait en latin par va il a pour second terme l'adjectif breton hi/ian, qu'on trouve aussi dans le nom du golfe du Morbihan, « la petite

du

gallois

:

mer ». Dans Pleumeur (C.-du-N.) est l'adjectif

meur,

«

maros, termine tant de

la

nouvelle paroisse

1294.

On

»,

Plœmeur dont

noms dhomme

Par Plounévez (C.-du-N.) «

et

grand

»,

et

1

(M.), l'élément final

antique forme gauloise, d'origine celtique.

Plonévez

(F.),

il

faut entendre

l'adjectif nevez signifiant «

nouveau

».

plebs combiné avec un nom commun de per-

voit

sonne dans Plogo/f

ei Plescop.

que Plogoff (F.) a sollicité l'attention de second terme de ce nom se rencontre aussi nom, incidemment cité plus haut (n" 583) de Iharo/J'.

C'est bien à tort

quelques slavistes

dans

le

Fin breton

goffu

;

le

le

sens de

k

foi-^eron » et /^logn/f\ «la paroisse


LKS NOMS

310

du forgeron 939

»,

sus, n"^

apparenté par

est

et 946),

DK LIKU

sens à Confavreux

le

(cf.

ci-des-

Cortis fabrorum.

Plescop (Morbihan), bourg- où les évêques de Vannes avaient une maison, est appelé en 136o Ploescoh le thème étymologique est Plebs episcopi. :

1295.

Dans et

est très

souvent

du

lieu, et

siale le

noms de

les

lieu

dont

le

nom même du

nom d'homme,

celui-ci

saint patron de l'égli.se parois-

plus d'une fois aussi ce patron n'est autre que

fondateur du plou, car, ainsi que

moines

derie, les

premier terme répond à

le

qui ont pour second terme un

plebs,

et les

évêques de

l'a

établi

l'île

Arthur de La Bor-

de Bretagne étaient les

véritables chefs, les véritables conducteurs des immigrants brev*^ et du VI'' siècles, et « il n'est pas téméraire d'affirmer chaque saint qui débarque en Armorique, venant de la Grande-Bretagne, c est une nouvelle bande d'émigrés qui débarque avec lui ».

tons du

qu'à

1296. Le patron de l'église de Pléboulle (C.-du-N.) est saint Paul, ei Pléhoutle équivaut à

Plebs Pauli; de même Ploubezre

(C.-du-N.) a pour thème étymologique Plebs Pétri. L'église de Ploujean (F.) est dédiée

à saint

Jean-Baptiste

gras (C.-du-N.) est placée sous l'invocation de «

;

la

celle de

Plou-

Sainte Croix,

croix » se disant en breton kroaz.

A

1297.

la

différence de

ces

noms,

vocables que l'on rencontre dans toute

correspondant à des suivants

la chrétienté, les

sont d'origine plus particulièrement bretonne.

Plouégat (F.) rappelle

ment

saint

l*lgat

;

le

souvenir de saint Agapat, vulgaire-

Plouagat (C.-du-N.) a sans doute

la

même

origine.

Pleucadeuc (M.), Plebs Cache, en 82G, second terme un nom breton bien connu.

présente

comme

Ploudaniel (F.) a pour patron saint Daniel, évêtjue hicton au

pays de Galles;

il

en fut sans doute jadis de

même

de Pleudaniel

(C.-du-N.).

Ploërmel (M.), en

H'.\:\

Plebs ArfhnuicL

a pour patron .saint

.\i iiicl.

Plougoulm

(F.) a poui-

nom

patron

le

saint

abbé irlandais (]oloni-

bau, dont

le

tion

adoncisscnicnt de sa consonne initiale

[)ai-

n"M292

1

cl

1296

.

bas-breton

doiihn

a élé

modijié en composi(cf.

ci-dessus


.

ORKilNKS BRKTONNES

PlOUédern

(F.) doit

nom

son

de Pluvigner (M.)

L'ég-lise

PLOf

:

311

à saint Édern.

Pleuguinner en 1239, Pleuvin-

gner en 1327 vivait au vi*" siècle.

est dédiée à saint Eguigner ou Guégner, qui

Plonéour (F.) est appelé, vers le x« siècle, Plebs sancti Eneg-uorii les deux Plounéour (F.) ont le même patron, saint Enéour, abbé. L'église de Plestin (C.-du-N.) a pour patron saint Gestin, anachorète du vi" siècle. ;

Plougonven

Celle de

mais on

sait

que

(F.) est aujourd'hui dédiée à saint

culte de ce saint, qui vivait au

le

relativement moderne

est

Plougonven,

et

;

c'est

xiii*'

Yves

presque de nos jours qu'à

a été substitué à celui de l'anachorète saint

il

;

siècle,

Gon-

ven.

Le patron de Plouigneau

un nom breton qui

(F.) est saint Igneau.

Plebs Huiernim

Pluherlin (M.), en 833

revêt, au ix" siècle, les

Hoiarnien, et qui répondrait à un fils

du

fer

nom

a pour second terme

formes Hoiarngen

gaulois Isarnogenos,

et

« le

<>

Plumaudan (C.-du-N.)

a pour patron saint

Ploumillian (C.-du-N.)

et

Maudan, abbé.

Plumélian (M.) ont leurs églises

dédiées à saint Mélian,

Plomelin de Rouen

(F.) a

mais

;

aujourd'hui pour patron saint Mellon, évêque

il

est probable

que

le

culte de ce bienheureux

a été substitué à celui d'un saint local dont on ne savait plus rien, et

avec lequel

il

aura été confondu.

Pluftlieux (C.-du-N.) a pour patron saint Mioch, abbé, vulgai-

rement saint Mieux. Plounérin a son église dédiée à saint Nérin, évêque.

Plouzané (F.

)

Sanaus, évêque

doit la seconde partie de son

irlandais

nom

à saint Sané,

mort vers 48d.

TREF 1298. Le latin

tribus.

moi plou, ton

;

il

mot

A

tref ou trev, francisé

«

trêve

»,

représente

travers les modifications successives de sens

le

du

ne cessa pas de désigner une fraction du plou brecomme le bourg chef-lieu de

par rapport au plou considéré

la paroisse,

la

tref était

un

village

;

par rapport au plou consi-


LES NOMS

312 déré sale.

DE LIEU

comme l'église paroissiale, la tref C est naturellement au sens de «

plou

que

»

le

mot

était

une

église succur-

village subalterne d'un

tref figure dans les

chartes des premiers

de la domination bretonne en Armorique, et l'un

siècles

des

exemples les plus intéressants qu'on puisse citer à cet égard se trouve dans le cartulaire de Landévennec. On y voit qu'un breton du nom d'Harthoc, venu doutre-mer au temps où le roi Grallon régrnait sur la Cornouaille, acheta une « trêve » de trente-deux villas, dépendant du « plou » de Briec, et qui, Harthoc étant

mort sans postérité, passa, désignée sous le nom de Tref-Haj-thoc, au roi Grallon, lequel la donna à saint Guénolé, c'est-à-dire au monastère de Landévennec le nom que la « trêve » avait ainsi et, sous la forme Trcpris de son propriétaire lui demeura par adoucissement de la consonne varzec, en construction initiale — -drévarzec, il forme aujourd'hui la seconde partie du ;

;

Landrécarz-ec — — porté par une commune voisine de Briec

nom

c'est-à-dire «

l'église

1299. Le mot tref figure aujourd'hui Tre- dans

forme

les

noms de

le

le

ix*"

du

communes

;

territoire breton

représentent autant de

siècle, et

»

plus souvent sous la

de soixante

plus

celles-ci appartiennent à toutes les parties

d'avant

de Tref-Harthoc (F.).

trêves

«

»

qui,

au cours du moyen âge, ont été élevées au rang de paroisse. Mais il est bien plus fréquent dans les noms des localités d'ordre par exemple le département du Morbihan, à côté de inférieur trois ou quatre communes dont le nom commence par Tre'- ou :

Tref-,

comprend environ deux cent quarante

même

particularité.

écarts offrant la

1300. Le mot tref est assez fréquemment, dans la toponymie

bretonne, combiné avec un

parmi ceux des noms de

nom lieu

propre

d'homme

;

mais,

même

constitués, qui désignent

ainsi

aujourd'hui des comr.iunes, c'est-à-dire d'anciennes paroisses,

il

peu dans lesquels le second terme i-eproduise le nom du saint patron de l'église on peut citer toutefois, comme remplis-

en

i-st

;

sant cette condition, Treffiagat (F.j, Tréméven fC.-du-\.)

et

1"'. ,

Treffléan ^^L

Tréouergat

F.j,

,

Tréflaouénan

noms

portés par

|)i)ur [)atrons respectifs saint Riagal, anachosaint Laouénan, tlisciple du v'' siècle saint Léon de saint Tugdual saint Méen, Mevennus, abbé, (|ui vivait au

des bourgs ayant rète breton

;

;

;

VI' siècle

;

cl saint l^lrgal,

abbé.


ORIGINES riRK'l'ONXES

!

TRHF

313

1301. Tréflez (F.), qu'une fort ancienne vie de saint appelle

Tribus Lisiae, terme

le

nom du

el

Tréblavet (M.), présentant

comme

Port-Louis, montrent /rrf en combinaison avec un

géographique. 1302. Dans Trébras (M.) lage

»

— pour

— Tréguen (M.) — pour

Tref-braz,

Trcf-girenn,

«

le

— etTrémeur (G.-du-N., — pour Tref-meur, — second terme un lage F.)

')

le

second

Blavet, fleuve côtier qui se jette dans l'Océan à

est

nom

« le

propre

grand

vil-

village blanc » « le

grand

vil-

adjectif.

1303. Enlin iref peut être suivi d'un nom commun d'ordre topographique, témoins les noms Trébont (M.), « le village du

pont .), Trécouet (M.), le Trécouet (I.-et-V.), Trégouet (M.) et Tréhouet(C.-du-N.), variantes de Tref-coëf, « le village du bois ».


LIX

NOMS COMMUNS DE LIEUX HABITÉS KER 1304. Un des quemment dans kej'.

Il a,

dans

substantifs bretons qui paraissent le plus fréles

noms de

incontestablement

lieu est

breton moderne,

le

le

sens de

«

maison

le

mot

», et l'on

s'explique par là pourquoi, dans toute la Bretagne,

il est le terme du nom de plusieurs milliers d'écarts et d'une quinzaine seulement de communes dans le seul département du Morbihan

initial

;

proportion est de 4 à 2.000 environ.

la

1305. L'histoire du

mot ker

est particulièrement

avait à Torigine le sens de « ville », de

Il

considérait

le

Ainsi un

comme un

véritable

breton insulaire,

siècle, l'écrit cair

dans

«

synonyme du

Nennius,

remarquable.

lieu retranché », et

on

latin civitas.

qui vivait au milieu du

donne, au chapitre lxvii de son Eulogium Britanniae seu Historia Britonum, des cités de l'île de Bretagne il y nomme York, l'Eboracum de Romains, IX'"

la liste qu'il

:

Cair Ebroauc

Londres, Cair Lundeji Gloucester, Cair Glovi Cirencester, Cair Ceri Dorchester, Cair Dauri, etc. Le mot ;

;

;

;

cair ne paraît pas s'être avili

dans

la

Bretagne insulaire

;

et à la

du xii" .siècle encore Giraud le Cambrien le traduisait par urbs; aussi les noms de lieu dont il constitue le terme initial sont-ils peu nombreux en Angleterre tels sont Caermarthen, fin

:

;

réunis.sant au

num;

substantif breton kaer le

nom

anti(jue

Maridu-

Carlisle (Gumberland), dont le second terme procède

de Lugiivallum,

nom que cette ville portait sous la domination Caerleon (Monmouth), qui doit .sans doute à quelque poste militaire romain ce nom de « ville des légions » pour lequel elle a abandonné celui d'Isca Silurum. romaine

1306.

;

I)ans les premiers siècles de

.\rtMori(iue, le

mot

rhnpr ou carr,

a aussi le

ker, qui paraît

sens de

((

la

dans ville

(h»mination l)retoiine en les textes

sous

la

forme

», et c'est ainsi qu'il a

désigné dès cette époque deux localités (pii ont conservé d'importants \('sliges de l'âge romain Cnrinii.r t-l /.orrn.iri.K/nrr. :


ORi(;i>Ks

iîRE'io.N>ii:s

kkr

:

315

Carhaix (F), le Vorgium des anciens, se dit en breton KerAhès pour Kaer-Ahès on a cru reconnaître dans la seconde partie de ce nom celui d'une princesse bretonne, qui joue dans les traditions du pays un rôle comparable à celui de la reine Bru;

nehaut dans celles de nos provinces septentrionales mais la le nom des Osismii ;

cri-

tique moderne voit plutôt dans Ahes

(cf.

ci-dessus n° 398). Carhaix, au début de la domination bretonne,

simplement appelé Kaer, « la ville », d'où les noms signaplus haut, Plouguer (n" 1292) et Poucaer^ aujourd'hui Poher

était

lés (n"

respectivement

désigné

ont

qui

1284)

circonscription

la

comté dont cette

paroissiale de Carhaix et le

fut

ville

chef-

le

lieu.

romaine de la cité de Vannes, ne fut aussi connue tout d'abord des Bretons que sous le nom de Kaer, et la mention de la plebs quae vocatur Chaer, qu'on lit dans une charte de 856 environ, prouve que

Locmariaquer

ancienne

(M.),

ville

cette localité a risqué de s'appeler Plouguer,

scription paroissiale de Carhaix lui a ((

valu

le

nom si,

l'a

circon-

Vierge,

ou

».

dans

les

moyen

premiers siècles du

breton kaer ou ker a conservé il

la

à la

qu'elle porte, et qui signifie « Sainte-Marie »

Notre-Dame de Ker 1307. Mais

;

comme

son église, dédiée

le

bientôt perdu pour celui de

«

âge, le

urbs ou castrum,

sens du latin

village », voire de « logis »,

maison ». Il a suivi, dans cet avilissement de sens, une de marche tout opposée à celle du mot latin villa, le français ville '), qui, désignant à l'origine une ferme, un domaine rural, a pris plus tard la signification de « village », qu il con«

((

le moyen urbs ou civitas.

serva durant presque tout l'équivalent du latin

1308. C'est

le

sens avili de

«

âge,

village

»

pour devenir enfin

ou de

«

maison

»

que

présente le mot ker dans les milliers de noms de lieu des départements du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord dont il est le terme initial, car ces noms sont, en général, postérieurs aux premiers siècles de la domination bretonne. Dans la partie orientale du département des Côtes-du-Nord, où l'usage du

abandonné depuis longtemps, et dans la du département d'IUe-et-Vilaine, qui avait revu au vT breton des

partie

est

colons

de

race

nombre de noms de

britannique,

lieu

il

existe

commençant par

la

un

siècle,

grand

assez

syllabe car-

:

c est


LES NOMS

316 là

une forme francisée de ker.

qu'on a observée dans

celle

le

nom

de Carhaix. Quelquefois aussi, dans la Bretagne de langue

officiel

mais

française, ker- est noté quer-,

cour des rois de France, aux

même

LIEU

Di:

à l'éçard

des

noms

le fait est

xvi'^ et

peu fréquent. A la on en usait de

xvii^ siècles,

des seigneurs bretons de ces localités.

François de Kernevenoy. gouverneur du duc d'Anjou,

le

futur

connu à la Cour que sous le nom de Carnavalet, et ce nom, grâce à une acquisition faite par sa veuve, dans le quartier du Marais, à Paris, désigne le charmant hôtel, construit par Du Cerceau et orné des sculptures de Jean Goujon, où est actuellement installé le musée historique de la ville de Henri

III, n'était

Paris.

Un

au

xviii''

membres de

des

siècle,

la famille

du duc de Tallard,

Vendômois, obtint

l'attribution de son

chef-lieu de cette seigneurie

Révolution, 1309.

de

le

nom

Il serait

noms de

officiel

sans intérêt

lieu bretons

:

nom

de Montoire en

nom patronymique au

Qiierhoent demeura, jusqu'à la

de Montoire. ici

de disséquer un certain nombre

commençant par Ker- ou par

prouver que dans ces vocables vent un

de Kerhoent, ayant acquis,

la seigneurie

le

second terme est

propre de personne, parfois un

d'ordre topographique ou

un

Car-, pour

plus sou-

nom commun

au beaucoup de ces noms sont relativement modernes, tels, par exemple, ceux qui présentent comme élément final un nom de baptême de époque féodale, un nom de baptême d'origine germanique ou mieux Kerguillerme, Kerroland, Kerrobin, Kerrichard encore un nom de famille français, comme Kerrousseau. Kerroussel, Kerchevalier. 11 convient seulement d'observer que dans la Bretagne gallo, ou du moins dans la partie de cette contrée où le français s'est substitué au breton, une grande quantité de noms de maisons isolées ou de hameaux commencent par les mots la Ville, accompagnés du nom de baptême ou du nom de famille de quelque ancien possesseur la Ville- André (I.-et-V., M.), la adjectif

:

on n'en

le

tirerait rien

sujet de l'histoire de la colonisation bretonne, car

1

:

Ville-Artus

I.-et-\'.).

'l.-el-V.)

;

la

Ville-Aubert

au-Boucher dans tous ces noms,

(^.-du-N.;. la Ville

du breton Ker.

iM.), la Ville-Baudoin

l.-et-V.), la la

Ville-au-Marchand

Ville est ré(ju vah-nt français


OKIGlMiS IJRETONXES

:

GWIK

1317

GWIK 1310. Ce mot, au

vicus, entré dans

sens de

bourg

«

représente

»,

latin

le

langue bretonne à l'exemple des mots pagus, plebs et tribus. Girik s'est réduit à Gui- dans les noms de lieu dont il constitue le membre initial Guichen la

:

Guiclan

(I.-et-V.),

(F.).

(F.), et peut-être aussi

(M.)

criflF

ces

;

Guimiliau

iF.),

Guiprouvel

noms désignent

(F.),

Guipavas Guipry

(F.;,

Guissény

(I.-et-V.),

Guistous d'anciennes paroisses bre-

tonnes, parmi les({uelles deux au moins avaient, au moyen âge, un second nom, synonyme en quelque sorte du premier, et qui n'en différait que par la substitution de plou à (/wik Guiclan se nommait aussi Ploelan, et Guipavas Ploeavaz. Par contre, Plou:

gourvest (F.)

s'est appelé

Guicourrest

;

dans l'ancien diocèse

et

de Saint-Pol-de-Léon, auquel appartenaient Guiclan, Guipavas et

Plougourvest, on a souvent désigné sous

les

noms de

Guital-

mezeaii et Guikerneau les chefs-lieux des paroisses de Ploudal-

mézeau

de Plouguerneau (F.).

Il est à remarquer que les Guissény ont pour patrons respectifs saint Méliau, prince breton, et saint Seny, évêque d origine irlandaise, et l'on a là une preuve de plus de l'analogie qu'il y a dans la toponymie au moins de l'ancien diocèse de Léon, entre

et

églises de Guimiliau et de

l'usage

àegwik

proprement

le

et celui de plou, le

bourg

premier de ces mots désignant

paroissial, et le

second

la

circonscription

tout entière.

Un exemple de combinaison de gwick

1311.

dans l'espèce e«, qui signifie

Guichen,

le

«

vieux bourg

«

vieux

avec un adjectif

»

est fourni

par

».

LAN noms

1312. Les

pas spéciaux

de lieu ayant lan pour premier terme ne sont

Bretagne armoricaine. Dans

les contrées de la Bretagne insulaire qui ont conservé une toponymie bretonne pays de Galles, Cornouailles, île d'Anglesey on ne compte à la

pas moins de 440 noms commençant par nique

le

mot

gallois

llan. Celui-ci avait le sens'd' « église », attesté

dans

les lois

llan

et

du prince de Galles, Hoël

au

xii^

[)ar

le

Bon

au

ou cor-

x''

cglicijs,

siècle,

alias

Giraud de Barry, auteur de Y irmcruriiuti


318

LES .NOMS DE LIEC

Cambriae et de la Descriptio Cariibriae, qui atteste que lan locus ecclesiasticus sonat, et traduit les noms de lieu Lavanan, Landevi, Lai\du, Lanmeir et Lanpadern Maur par Ecclesia S. Avani, Ecclesia David, Ecclesia Dei, Ecclesia Mariae, Ecclesia Pateriii Magni, et celui de Landaph par Ecclesia sita super Taph fluvium. Il ne peut donc y avoir doute sur la signification du terme initial Lan- des noms de lieu

de

la

Bretagne armoricaine, et à

qu'ils sont étroitement apparentés

par Giraud

examiner, on voit bien

les

aux noms de

lieu gallois cités

Gambrien, lesquels font partie d'un groupe

le

très

nombreux. On ne compte pas moins dune soixantaine de communes de péninsule armoricaine dont

la

nom commence

le

par Lan-.

1313. L'une d'elles, à l'exemple de la ville archiépiscopale de Landaff,

au pays de Galles

dans son

nom

du-N.), sur

(cf.

ci-dessus n° 1312), renferme

celui de la rivière qui l'arrose

affluent

le Leiî,

du Trieux.

1314. Lan- est suivi d'un adjectif dans « la

grande église

église

»

Lanmeur

Lannevez (G.-du-N.,

et

c'est Lanleff \C>.-

:

F.),

(F.,

« la

M.),

nouvelle

').

1315.

On

a

vu dans Landrévarzec

combinaison de lan avec

le

nom

ci-dessus n" 1298)

i^cf.

primitif

du

la

lieu.

1316. Mais dans la majeure partie des cas, lan a pour déterminatif le

nom du

consonne

la

quand

il

boulle), (cf.

saint auquel est dédié le sanctuaire du lieu

initiale

de ce déterminatif s'adoucit

commence par une

labiale (cf.

une gutturale

n"

(cf.

;

plus souvent,

1296, Pléhczre et Plé-

1292, Plouguer) ou une dentale

n" 1298, Landrévarzec).

Laraballe

G.-du-N.) et Lampaul i(>.-du-N., F.), doivent se

traduire par u église de saint Paul

Landeleau vus. Celle de

évêquc, bert

n"*

le

Landemeau

fils

>.

F.) a son église dédiée à saint

du

roi

Theliau, Thelia-

^F.) est sous l'invocation

bieton

Judicaol,

de saint Ternoc,

contemporain de Dago-

I''.

Landivisiau (F.), Lanloup fG.-du-X.

,

Lanildut (F.),

dez 'G.-du-X.). Lannédern

F.i.

Lanvollon G.-du-X.^ ont

ont eu pour- jjatrons

(»u

Thivisiau, saint Loup, saint

Lanriec

Ildul,

'F.),

Lanmo-

Lanrivoaré

abbé, saint

iF.),

res[KH-tifs saint

Maudez, abbé,


OltlGINES

saint Edern,

solitaire,

saint

LAX

319

disciple

de saint Gnénolé,

BRETONNES Riec,

:

saint Rivoaré, prêtre breton, oncle de saint Henri, et saint VolIon, abbé.

LOK On

1317.

peut être de prime abord porté à rattacher au mot

au breton armoricain

loch, qui appartient

sens de

— —

cabane

«

»

ou de

« log-e

nombreux noms de

d'assez

>'

le

et

au

membre

avec

g^allois,

— lok

initial

le lo

Bretagne armoricaine

lieu de la

pays de Galles ne possède pas de noms analogues

le

ou

et,

y précède généralement un nom de saint breton, on a pu croire qu'il servait à désigner les retraites que de

comme

ce

mot

lok

pieux ermites

dans

ou autres saints personnages s'étaient choisies centres habités. Mais le nom

des localités éloignées des

assez répandu de LociDaria (C.-du-N., F., M.), désignant des localités possédant

un sanctuaire dédiée

se prête pas à cette explication

dans lok le

mot

le

:

latin locus, passé

sens restreint de

«

dans

forme

primitive,

la

Vierge Marie, ne

la

à reconnaître

langue bretonne avec

lieu saint », de « lieu consacré »

ture à laquelle est loin de s'opposer le la

à

on songe alors

nom Locminé

;

conjec-

(M.), dont

Loch-Menech en 1108, présente comme

menech, forme plurielle de nianach, moine » en etfet, ce vocable, qu'on rend assez exactement dans les chartes du moyen âge par Locus monachorum, est dû à un monastère qui remonte, paraît-il. au vin^ siècle. 1318. La consonne finale de lok persiste dans Loc-Brévalaire (F.), Loc-Éguiner (F.), Locmalo (M.), Locronan (F.), Loctudy (F.), noms désignant des paroisses qui ont ou qui avaient à l'origine pour patrons saint Brandwalader, abbé, saint Eguiner, martyr, saint Malo, évêque, saint Renan, ermite, et saint Tudy, abbé. 1319. Cette finale se confond presque complètement parfois avec l'initiale du nom du saint patron, ([uand cette initiale est un r/ Locoal (M.), Locus Guduali; Locqueltas (M.), dont l'église est dédiée au fameux saint Gildas, GiieUas en breton déterminatif «

le

breton

;

:

— Locquirec (F.), qui a pour patron Warochus; — Locquénolé (F.) Locunolé armoricain

;

et

nyme

est saint

dévennc'c.

Guénolé,

saint Guerec.

(F.),

dont l'épo-

Win^A aloeus, premier abbé

de Lan-


LES NOMS VE LIEU

320

L'assourdissement total du

1320.

noms Loperhet Lothey

F.

A-

de lok se constate dans les

M.), Lohuec iC.-du-N.

F..

,

Loperec

(F.) et

dus au culte de sainte Brigitte, en breton Berhet^

,

de saint Josse,

Judocus, de

saint Perec,

Petrocus, de

saint

Thei. Taicus.

1321. Enfin lok. assourdi en

(C.-du-N.

,,

nom d'une

dans Laurenan

s'écrit lau

la.

paroisse de langue française dont

primitif était saint Renan,

le

patron

remplacé aujourd hui par l'évêque

d'Angers, saint René.

ILIZ équivalent du gallois e^/îrî/s, repréecclesia \^ci. ci-dessus, n" 1312). Beaucoup moins employé que lan. il apparaît surtout dans le nom de lieu dit Goz-Ilis ou Goh-Ilis. « la vieille église », nom relativement moderne appliqué, parait-il. k des endroits possédant des substructions romaines, que les paysans ont pris pour 1322. Le

mot breton

sente visiblement

iliz^

latin

le

des restes d'édifices religieux. F.) signifie u le buisson de l'église »

Bodilis ((

la

butte de l'église

»

;

;

Brennilis (F.),

maison de est formée par Ker-

Kerillis (C.-du-N.),

«

la

une variante de ce dernier nom où Yn joue le rôle de la préposition « de » vocable assez ancien pour qu'on ait lieu d'en interpréter le terme initial par " village » plutôt que par « maison ». l'église »

nilis (F.)

;

KASTELL 1323. Le mot breton Âas/e// n'est autre que le latin castellum, avec les diverses acceptions qu'a reçues le mot français château

dans la langue du moyen âge. U désigne parfois quelque retranchement, voire même quelque ancienne ville fermée, comme dans le nom Coz-Castell-Ach. porté en Plouguerneau (F.) par des ruines qui passent pour être celles de l'ancienne capitale

Osisrnii

cf.

ci-dessus, n" 398), et dans les

Plougastel (F.j, qu'on a traduits par 1324. Ainsi qu'on

pour

variante,

en

l'a

vu

Bretagne

'U"

de

noms

des

Plogastel et

Plebs castelli.

1292), ces derniers

langue

française,

noms ont Pléchâtel


()hi(um;s

Un

(I.-et-V.).

Br,ETON>'Es

kastull

:

autre dérivé de kaslelL qui a été complètement

francisé, est Châteaulin (F.), jadis Castelnin

on ignore ce que

:

déterminatif ~nin.

sig-nifiait le

1325.

321

Dans Châtelaudren (G.-du-N.),

nom d'iiomme

breton,

le second terme est un répandu encore comme nom de

assez

famille.

Gastellum Noec.

1326. Gastennec (^î.) est appelé en 1066

LIS

nom

1327. Le

lis.

qui subsiste en

en breton armoricain sous la forme

aula

latin

g-allois

eu, à la fois,

la

forme

llys,

un synonyme du comme ces deux mots, il a

du bas-latin cortis, et les deux sens de notre mot

et

sous

est

lez,

«

cour

»,

celui de cour

comme un synonyme d'un prince ou d'un seigneur — qui en — de cour d'une maison. C'est en sonde château fait

«

et celui

»

geant à ce dernier sens qu'un glossateur du

donne comme équivalent de siccatorium, avant cette époque, et dès

le

siècle,

ix'^

chartes de l'abbaye de Redon,

est

lis

le

x**

ou du

«

xi**

séchoir

siècle le

Mais

».

notamment dans les terme initial de noms

propres désignant un certain nombre de demeures seigneuriales,

comme Lishedu ou vid, Lispraf,

Lisuedu, Liscoet, Lisfaii, Lisfavin, JJsnou-

Lisrannac, Lisros, Lisicern, qui doivent se traduire

par « la cour du bouleau hêtre pré

»,

»,

la

((

Redon

«

»,

cour des hêtres

la

c

cour de Renac la

« la »,

« la

»

cour du tertre

»

cour du bois cour neuve

Renac

et « la

est

«

la

cour du

», «

la

cour du

»,

un bourg

cour de l'aune

voisin de », et

dont

certains ont des

homonymes dans

du Morbihan

Liscoet est à rapprocher de LesCOët et de Les-

:

la

nomenclature topographique

Le nom de Lescouet est aussi porté par deux communes des Côtes-du-Nord. Lesneven (F.) et Lescastel (M.) peuvent être cités comme appartenant à la même COUet,

LisnoLivid de Lesnevé.

famille.

KEMENET nom commandement » ou « ordonnance », et au commander », est traduit dans les chartes

1328. Le vieux mot breton kemenet, apparenté au

mun

breton kemenn,

verbe kemenna,

«

Les iinins de lieu.

«

21


322

LES NOMS DE LIEU

latines

bien

Le

le

nom

du moyen sens de «

àg'e

fief »

par

le

ou de

mot commendatio, exprimant

« bénéfice », qu'il paraît avoir eu.

Komenei-Illy, dont

le second terme est un nom propre de lieu, désignait un des archidiaconés du diocèse de Léon l'auteur de la Vie de saint Judicaël le traduit par Commenda:

tio

m.

M.),

et,

Aujourd'hui Kcmcnet se retrouve dans Guémené (L.-L, en composition dans Quéménéven {¥.).

I


LX

NOMS COMMUNS DE

SITES

ABER mot

1329. Le

par

«

havre

aber, que les lexicographes bretons traduisent

ne s'entendait à l'origine que de l'embouchure

»,

d'une rivière, et non pas seulement d'une embouchure maritime, mais aussi du confluent de deux rivières. mitif est attesté, à la fin

du

Ce sens

pri-

en ce qui concerne

xii® siècle,

le

gallois, par Giraud de Barry, qui nous apprend quAherhotheni, alors chef-lieu d'une province du pays de Galles, était situé ubi rivus Hotheni in aquam Oschee devolvitur, car ajoutet-il, aher lingua britannica dicitur locus omnis ubi

fluvius

in

fluvium cadit. Rien ne prouve

toutefois

que, sur

le continent aber ait désigné le confluent de deux rivières; il est possible qu'on l'ait réduit de bonne heure à n'indiquer, que le point où un covirs d'eau tombe dans la mer. Le breton armoricain emploie en eflet un autre mot (cf. ci-après, n" 1333) pour exprimer ridée de « confluent », et en Bretagne le mot aber ne paraît pas se rencontrer ailleurs que vers le littoral. Les réperioires géo-

graphiques

que

les plus

complets concernant

(juatre vocables

le

renfermant

:

la

France ne présentent

Aber, Aber-Benoit, Aber-

Ces noms sont portés par quatre fleuves mais à l'origine chacun d'eux désignait côtiers du Finistère proprement la localité située à l'embouchure du cours d'eau,

Iltud et Aber-Vrac'h.

;

comme on

le

reconnaît à l'existence des petits ports d'Aber-

Benoit et d'Aber- Vrac h.

BOT aujourd'hui bod, au sens de « buisson », de u touffe d'arbres ou de plantes », a contribué, dès le ix'' siècle k former des noms de on le voit par le cartulaire de Redon lieu en] Bretagne. Il existe à l'heure actuelle, commençant par 1330. Le

mot

bot,

Bod-, un

nom

de

commune

Bodilis (cf.^ci-dessus, n" 1322) et


.

LES >OMS DE

32i

LIEU

beaucoup de noms d'écart, surtout dans «

buisson de pommiers

le

Bod-er-Guen. «

«

buisson du

le

nommé Le

il

le

Morbihan

Bodelven, hameau

nommé Le

Blanc

sis »,

Bodaval, en Elven, :

Boderbihan. du

Petit », Bodermoël. « le buisson

», etc.

a pour

Bodanic (M.),

;

buisson du

le

nommé Le Chauve 1331. Bod

»

synonyme hoden

faut entendre

«

:

le petit

le

Bodan (M.); par

buisson

le

».

BREN 1332. Ce mot, au sens de c colline » ou « butte -'. se reconnaît dans Brennilis (cf. ci-dessus, n" 1322; et dans Brénédan (M.) ;

le

nom

de cette dernière localité s'écrit en

1447 Brannadan,

d où Ion peut conclure que hren avait à l'origine deux

n.

KEMBER 1333. Le mot keniber est l'équivalent du latin confluentes

=

eu m et hera == fluere). Il se présente dans la topom'mie bretonne sous la forme kemper, au k initial duquel on substitue d'ordinaire aujourd'hui le groupe qu. Quimper (F.) est au confluent de l'Odet et du Steyr on le distingue de ses homonymes en l'appelant Quimper-Coreniin, du nom de son patron [ken

;

saint Corentin. le premier

évêque de Cornouaille. Le surnom de du Trieux et du

Queraper-Gf/ere/utfic (C.-du-X.), au confluent Leir, est

moyen

également un

nom d'homme, Guethenocus

âge. Quimperlé (F.

i,

en latin du primitivement Keinpcr-Ellé, est au

confluent de l'IsoUe et de l'Ellé; et

Quemperven C.-du-N.) à de deux ruisseaux dont les eaux vont ensuite grossir le r.tiindv. Il existe dans le Morbihan deux villages dénonmiés

celui

Camper

et le

Camper.

KENECH 1334.

dune ner'fi^

L<'

vieux mot koncch, au sens de

colline

» (^st

en breton moderne

selon les dialectes.

Il

«

tertre », de «

krcc'/i,

subsiste, sous

krrac'h,

sommet et

même

une forme conservant

Vu primitive, dans Quillipily (M.), en 1441 Quencchhili, QuénéM. en \'t'M) (jiirnrr/Hfolorf, Quénépozan (M.), en 1422

colet

,

QnciH'/h/irnsa/i


ORIGINES BKKTONNES

:

KO AT

325

KO A T mot breton lioat, au sens de « bois », qui reprémot gaulois, ketos, existant dans le nom Letoce-

1335. Le

sente un vieux

tum

l'île de Bretagne, est extrêmement toponymie bretonne sous les formes coat, coët^ couëi. Il figure dans les noms d'une quantité innombrable de menues localités, d'écarts, et aussi dans quelques noms de commune Coatascorn (C.-du-N.), Goat-Méal (F.), Coatreven, Coëtlogon, Coëtmieux (G.-du-N.) cette dernière localité doit la seconde partie de son nom au patron de son ég"lise paroissiale saint Mieux, Miocus qui est ég-alement celui de l'église de Plumieux (C.-du-N.), Plebs Mioci. 1336. Aoa/ joue aussi le rôle de déterminatif dans bon nombre

d'une localité antique de

fréquent dans

la

:

;

de

noms

teîme hoct

;

de lieu dont

alors

il

Huelgoat

:

(F.),

constitue, en conséquence, le

il

est assez «

fréquemment adouci en goët haut bois,

le

le

bois élevé

second

et

même

»

Kergoat,

;

en

Kergouet, Kerhoat, Kerhouat (M.), « la maison du bois » Lescouet (C.-du-N., M.), « la cour du bois » Porhoët, nom de contrée dont le sens a été expliqué déjà (n° 1285) Penhoat, ;

;

;

Penhoët, Penhouet (M.) Goat

(F.),

(M.),

«

;

la cavité

du bois

».

dune

Le château de Penhoat, en Plœmeur

seigneurie dite vulgairement Chef-du-

cette appellation, qui ne fait

la situation

et

;

Toulgoët, Toulgouet, Toulhoat, Toulhoët, Toulhouet

(M.), était le siège

Bois

;

— Talhoët, Talhouet (M.) — Toul-an-

du

que traduire Penhoat, indique du bois Talhoët

lieu à la « tête », à la lisière

Talhouet ont à peu près

le

même

;

sens.

1337. On se gardera d'apparenter aux noms qui précèdent le surnom de Saint-Hilaire-du-//arcoî?e^ (Manche), dans lequel on serait tenté de voir un témoignage de l'occupation bretonne au delà du Couesnon en réalité, Harcouet est une altération de Hascou, H a seul fus, nom du personnage qui possédait la terre ;

de Saint-Hilaire au

xi^ siècle.

A'OA^A'

1338. Le

mot konk,

«

angle, coin

»,

constituait le

nom

de

maritimes du département du Finistère, situées l'une et l'autre à des pointes de terre, à des sortes de caps. Le nom de la moins inqjortanle, le Conquet, se distingue par une

deux

localités


LES NOMS DE LIEU

326

terminaison diminutive.

située en

L'autre,

Cornouaille,

est,

pour ce motif, appelée en breton Konk Kernaiv, d'où Concarneau.

DOUR 1339. Le

dubron

(cf.

mot breton dour,

eau

«

qui reproduit

»,

ci-dessus, n° 105), paraît dans le

Dordu, porté par une rivière du Morbihan,

ment

sig-nifie «

noir

»,

ce qui fait de ce

et

nom

reau (n° 1156). Dourduff (F.) a sans doute

le

gaulois

nom Dourdu ou

dont

le

second élé-

l'équivalent de Noi-

le

même

sens, tandis

que par Dourguen (M.), il faut entendre « eau blanche ». 1340. Le nom du Poudouvre qui résulte, on l'a vu (n*^ 1286), d'une forte altération de expression pag-us Daudovr., « pays des deux rivières », conserve du moins trace de la ïorme diivr, inter1

niédiaire entre

dubron

et

dour.

ENIS 1341. Le

mot

« île » qui revêt dans le breton moderne mieux conservé dans le nom de Gavrinnis, « l'île aux chèvres », île du golfe du Morbihan qu'a rendue fameuse un monument mégalithique avec sculptures,

la

forme enez.

enis,

s'est

MACOER, MAGOER 1342. Macoer ou magoer, en bas-breton mof/uer., représente

maceria,

latin

On

l'époque romaine.

Magouer

généralement

et s'applique le

Magoar (C.-du-N.), Ploumoguer (cf. ci-dessus,

reconnaît dans

Ploumagoar

(M.i,

le

des vestiges de

h

et

n" 1292 Coët-Magouer (M.), Magoro, Magouero, Maguero, Mangoro, Manguéro, le Manguéro (M.), ainsi que dans le Magouérec (M.), qui représente une forme adjective. .

MA EN 1343. iiiilial

dans

Le mot niarn, aujourd'hui

lej\l(»rbiliaii

pierre noire

»,

pierre blanche

nom

:

Men-Bihan,

Mengouet, ",

rnr/ij

nombre de noms de

d'un grand

Menhir,

" -<

la

coiiiiinin incitlnr (h'signc

«

la

pclilt'

pierre

la

«

|)it'ri-t'

pierre

» est K'

terme

nnlamment », Mendu, « la Menguen, » la

lieu bretons,

du

pierre

boi.s

longue

une picric

»,

»

liclu'c

;

en

on

sait (pie

teri'e.

le


ORIGINES BKETONNKS

MEXEZ

!

MENÉ, MENEZ 1344. Ce mot, au sens de la

«

'

montag-ne

nomenclature géographique de

la

327

», est très

fréquent dans

Bretagne. Par une sorte de

« montagnes du Mené » une chaîne importante de ce pays les ingénieurs employés par Cassini ont pris pour un nom propre le mot du langage courant que les populations appliquaient à cette chaîne. Ce mot se reconnaît dans le Mené 'C.-du-N., M.), Ménéguen (M.), « la montagne blanche », Ménémeur (M.), « la &' grande montao^ne Ménégoff, " la montagne du forgeron

tautologie,

la

carte de Cassini appelle :

'

)

PEN 1345. Le mot pen

« tête

»,

qu'on a rencontré en combinaison

avec koat (n" 1336), ligure également dans Penmarch (F.), « la appellation due vraisemblablement à la forme tête de cheval » d'un rocher

et dtins

(G.-du-N.)etPenhars

Pencran

(F.),

Pénestin (M.), Penguily

(F.).

PONT

Au

1346.

sujet de ce mot, d'origine latine et par conséquent

analogue au mot français,

le

seul

fait

qui soit à signaler est

l'adoucissement de sa consonne initiale quand

comme

nom composé,

second terme d'un

Henhonl,

«

le

vieux pont

(M.), et dans Trébont

(cf.

»,

il

est

employé dans

par exemple

qui s'écrit aujourd'hui Hennebont

ci-dessus, n° 1303).

POUL 1347. Le '(

le

trou

»,

de

mot breton «

fosse

»,

de

au sens

poiil^ «

mare

premier terme des noms de

»

et

d'

«

par suite

excavation

»,

de

étang

»,

est

d' «

commune Pouldergat

(F.),

Poul-

Ici le texte rédigé par A. Longnon pour sa leçon du 21 mai 1891, au 1. Collège de France, intercale le court alinéa suivant " I.e mot breton :

nioïK-r'/ii,

le

Ménéhi

noms noms méridio-

minic'hi, signifiant « asile, franchise », est l'origine des et

Minihy

(M.), analogues,

par conséquent, aux

naux de France, la Salvelal, la Sauvelal ». Nous ne trouvons rien de dans les notes prises à l'École des Hautes-Études on 1902 et en 1906.

tel


LES NOMS DE LIEU

328

douran (C.-du-N.\ Pouldreuzic (F.). Uni à un nom d'homme et Pouldavid (F.), il est combiné avec un nom commun de lieu dans Poulderf et Pouldero M.); 1^^ fosse du chêne », et dans Poulprat (M.), « la fosse du pré » avec un adjectif dans Pouldu (G.-du-N., F., M.), « la fosse noire ». dans Poulbrient (M.

^<

;

nos 1348. Le

quent dans

mot la

butte

ros, h tertre,

», est

d'un emploi assez fré-

toponymie bretonne. Roz-Landrieux

et Roz-5u/'-

Couesnon (I.-et-V,) appartiennent à l'ancien diocèse de Dol, c'est-à-dire à la partie la plus orientale du pays colonisé par les Bretons du vi' siècle. Ros est le terme initial des noms de com-

mune Roscanvel,

Rosporden

Roscoff, Rosnoën.

Rostrenen (C.-du-N.),

de bien des

et

noms

(F.j,

d'écart

:

Rospez. Roscoat,

Roscoët. Roscouet, Roscouedo. Rosguillerme. Roslagadec

M.).

Le nom de Roscoff « la butte du forgeron )i. est porté, non seulement par une ville du Finistère, mais par plusieurs lieux dits de Bretagne où existent des amas de scories témoignant d'une ancienne exploitation de minerai

n«583

de

fer

(cf.

ci-dessus,

.

EUN 1349. Le mot run,

« colline », se

Runespern (C.-du-N.),

«

rencontre notamment dans

de l'épine

la colline

».

TUILL 1350. Ainsi

fju'on

signalé

l'a

à

propos de

Toul-an-Coat,

Toulgoët. Toulgouet, Toulhoat, Toulhoët, Toulhouet loull a le sens de

creux

«

rencontre aussi dans Jes

noms

nomenclatnre du Finistère

Toul-an-Marc h. trou du Steyr »), etc.

croix <<

le

de

»,

»,

cavité

»,

de

lien snivants.

Toul-an-GroaS,

:

"

(h'

«

le

trou

du cheval

«

(n'^

1336),

ti-ou »,

«

empruntés la »,

on

le

h

la

cavité de la

Toul-an-Ster,

TNOU 1351. Le mot breton trouve, au lornic ItuHi,

xi'^

siècle,

signilic

<<

(jui,

dans

en gallois, à

le

la

cartulaire de

bas-fond,

valh'*{> »

:

forme

fi/no, et

qu'on

Landévennec sous il est devenu fninii

la

et


BiîKTONNL'S

(iRKilNKS

même

fraon.

De

noms de

là les

TXOr

:

lieu le

329

Traon

(F.),

Traon-Jacob

(G.-du-N.), et beaucoup d'autres dont traoïi ou traon constitue

premier terme.

le

Traon

1352. «

dans les noms Tronjoly (M.), Tronscorf (M.), ce dernier porté par un

s'est réduit à tj-on

belle vallée

la

»

et

écart situé sur le Scortî.

1353. Ailleurs le vieux breton tnou est représenté par tro

Tromelin (M.)'

Tromeur

(M.),

Aux noms rattachent

« la

ou

vallée jaune »

^^

"

grande vallée

naturellement

ceux

:

Orval),

(cf.

noms communs de

de lieu formés sur des

tout

»

Grandval).

(cf.

>>

dorée

«

qui

sites

se

noms présente un

dérivent

de

La toponymie bretonne en grand nombre. 1354. Les uns ne font que reproduire un nom darbre

d'arbres ou de plantes.

:

le

Guern AL), c'est-à-dire « l'aune ». Ce dernier nom a pour équivalent Guer (M.), forme dans laquelle, sous l'influence française (cf. Jour diurnus, hibernus) Vn finale s'est assourdie. Guern a pour hiver diminutif Guernic (M.), le petit aune », pour pluriel Guerno,

Faou

(F.),

c'est-à-dire «

le

hêtre

»,

=

=

<(

« les

aunes

».

1355. Ailleurs on se trouve en présence de collectifs formés au

moyen du suffixe -hué ou -oéY, qui n'est autre que Vernetum (n° -etum Guemehué, Guernué [M.)

=

:

Faouet iG.-du-X., M.)

le

(M.)

= Cas tan etum

(M

formés sur

.

)

les équivalents

1356. Mais

=

(n° 618).

noms bretons àEpinay (n° 629) les

le suffixe

d'arbrisseaux plus

(n" 621)

Le Spernoët

et

Casténoët le

Bézouet

de l'épine et du bouleau^ sont et

de Bouloy

in'*

614).

il

se joint d'ailleurs à des

souvent qu'à des noms d'arbres —

analogue au gaulois -acos

pommeraie

latin

633)

qui sert à former le plus grand nomi)re

de collectifs de cette nature fixe -ec,

Fagetum

le

(cf.

ci-dessus,

n*'

noms

est le suf-

203) Avallec

», Beuzec Dremiec F.), le Dreneuc (L.-L), « l'épinaie », Quélenec (C.-du-X.i, Quélennec F.), « la houssaie », Radenec (M.), a la fougeraie », le Spernec (Morbihan), « l'épi-

(M.), « la

»,

(F.), « la buissière », le

naie

».

Balanec

(F.),

u la

genêtaie


LXI

BASQUES

ORIGINES

1357. C'est une erreur que de voir dans les Basques de l'ex-

un dernier vestige des populahabitaient entre la Garonne et les César, temps de tions qui, au Pyrénées, et que le conquérant désigne sous le nom d'Aquitains. Il est possible que, parmi les Aquitains, il y ait eu une dose plus ou moins forte de population apparentée aux Basques

trémité sud-ouest de la France,

;

mais

la

présence de cet élément ne se révèle, d'une façon cer-

toponymie antique de la Elimberris, sous lequel Pomponius Mêla le nom région désigne la ville d'Auch, est le seul argument un peu sérieux, au point de vue linguistique, présenté par les partisans dune origine ethnique commune des Aquitains et des Basques; argument résultant de la comparaison de ce vocable avec un nom de lieu basque moderne, Iriherri, qui, formé du substantif iri « demeure, ville », et de l'adjectif herri, « neuf », a un sens

taine,

ni par

par les textes,

ni

la

;

analogue à celui de notre

nom

de lieu Villeneuve

(cf.

ci-après

y a lieu de faire à cette opinion ont été indiquées déjà (n° 27). Lors même qu'on admettrait la présence d'un élément basque chez les A qui ta ni de César, cet élément, par suite delà romanisation si complète de la Gaule, n° 1358)

;

mais

les objections qu'il

ne devait plus se

trahir,

grandes invasions du

au point de vue linguistique, lors des pays sous la

v® siècle qui placèrent notre

domination barbare de nations d'origine germanique. Les ancêtres des populations basques de notre département des Basses-Pyrénées habitaient alors,

comme

au cours de

la

période romaine, la région, comprise entre les Pyrénées et l'Ebre, qui correspond d'une manière générale à la Navarre espagnt>le. Ils

réussirent tout d'abord à se maintenir dans une sorte d indé-

pendance

à l'égard des

partie de l'Espagne,

seconde moitié du vers ÎITS par

le

roi

Wisigoths qui, maîtres de la plus grande vigoureusement pendant la

les assaillirent

vi'^

siècle.

Ils

furent délinitivement vaincus

golh Leovigilde, et une partie de

la

nation


OniGINliS

basque, pour échapper à

la

BASQUES

nouvelle domination, se porta au

nord des Pyrénées, entre cette chaîne et qui, de leur cog-ne,

nom

latin,

Vasconia

;

331

Vascones,

a

la

Garonne, dans

conservé

le

nom

pays

le

de Gas-

leur présence sur le versant français des Pyré-

nées est attestée pour la première

fois en 587. Grégoire de Tours Les Vascons, se précipitant des montagnes, descendent dans les plaines, raA^agent les vignes et les champs, livrent les maisons au feu et emmènent quelques-uns des habitants

s'exprime ainsi

captifs avec

«

:

leurs troupeaux.

vent contre eux, mais

il

Le duc Austrovald marcha sou-

n'en tira qu'une faible vengeance

».

Les Vascons se fixèrent d'abord, en des proportions dans l'ancienne province différentes, selon les régions, et

dès

le

la

— Eudo — étendit sa domination dans il

de

de

Garonne et les Pyrénées. commencement du Yiii^ siècle, leur duc Yon

Novempopulanie, comprise entre Plus tard,

fort

les

provinces voisines

dominait non seulement à Toulouse, mais dans toute

:

la partie

Gaule comprise entre la Loire et les Pyrénées, entre le Rhône. Aussi le mot Gascogne, Vasconia, dési-

la

l'Océan et

gnant chez

les auteurs

du

vni^ siècle et

gouvernèrent successivement Yon, à tort

même du

Hunaud

Waïfre par nos historiens modernes

synonyme d'Aquitania, témoin Charlemagne, le

est-il

un

le capitulaire, édicté

pays que

— appelé véritable

en 806 par

relativement au partage de l'empire franc,

l'Aquitaine est appelée C'est là

ix®, le

et Gaifîer

sens

le

Aquitania vel Wasconia.

plus large dans lequel ait été pris

le

nom

Vasconia. Dans une acception plus restreinte, il fut appliqué à la partie du domaine d'Yon, situé entre la Garonne et les Pj'rénées, qui forma au ix" siècle, le duché carolingien de Gascogne,

région dans laquelle, sans doute, s'étaient établis, pour se fondre bientôt dans la population gallo-romaine, une partie des envahisseurs vascons de

encore, désigner

la

le

fin

du

vi" siècle.

Mais

pays basque, qui répond

il

à

aurait pu,

peu près

mieux

à la par-

occidentale arrondissements de Bayonne et de Mauléon du département des Basses-Pyrénées^ autrement dit au Labourdan ou pays de Bayonne, à la Basse-Navarre et au pays de Soûle la population vasconne, beaucoup plus dense, y dominait parle nombre, et elle a pu y maintenir, jusqu'à nos jours, tie

;

l'usage presque exclusif de sa langue nationale, parlée aussi, au

delà des Pyronées, par les Basques espagnols qui peuplent les


332

NOMS DE LIEU

I>ES

provinces de l'Alava, de

maintint

même

avec une

la

Biscaye et du Guipuzcoa. Elle s'y force que, durant

telle

le

cours du

xrx*^ siècle, le

seul où l'on se soit préoccupé de l'étudier, on n'a

pu, paraît-il,

constater un recul quelconque de cette

appelée euskara par ceux qui

langue,

la parlent.

Les documents qui permettraient de juger la question pour les temps plus anciens manquent d'une façon à peu près absolue. Il semble cependant incontestable que l'euskara a reculé quelque peu devant le dialecte roman que l'on qualifie de gascon ce fait est attesté par l'existence de toute une série de villes ou de villages où l'on parle aujourd'hui gascon, mais dont les noms sont Biarritz, Bayonne, Bidache, Arancou, de physionomie basque :

:

Osserain, Charre, Bidos, Aramiis, Asasp, Issor, etc.

Des noms de

lieu d'orig-ine

basque existent sans doute

aussi,

plus de distance encore de la limite des langues, dans les diffé-

à

rentes parties de

la

Gascogne, où

ils

apparaîtront, aux yeux des

érudits qui en constateront l'existence,

irrécusables de la polonisation basque

comme

du

des témoignantes

vu'' siècle.

Malheureu-

sement, ces noms doivent avoir subi de sérieuses transformations sous l'intluence du dialecte gascon, qui, depuis plus de dix siècles, tend à se les assimiler

sont tellement rares pour

la

;

du haut moyen-âge

et les actes

Gascogne, que

le

philologue ne peut

guère en attendre d'utiles indications sur leurs formes primitives. Néanmoins, quelques-uns de ces noms ont conservé, sous le

costume français, ou plutôt gascon, une physionomie qui atteste suffisamment leur origine basque. Mendosse Lot-et-Garonne ^)et f

Mendousse (Basses-Pyrénées)

ce dernier

nom

est celui d'une

localité située à quatorze lieues du pays de langue basque sont des formes francisées d'im nom de lieu basque <}u'on trouve

en Espagne sous les formes Mendoz (Guipuzcoa) et Mendoza (Alava, Bi.scaye). Or, Mendousse est appelée au xi" siècle Mcndioza, et l'on reconnaît dans le premier terme de cette forme If!

mol

b;is(jue tnendi,

"

montagne

» (cf.

ci-après, n° 1364).

Get exemple met sullisamment en hunière l'intérêt que présenterait, pour déterminer l'extension primitive de l'élément

vascon

en

l'"iance,

l'étude de

la

toponymie gasconne. Mais,

1. Lieu dil de la coiiimiuie «l'Kslill.'K', -.wy. renseignement dû à l'oIjUpeance de M. lU-né

cl-riai'onni'

.

d'\[;i^\\,

e;ml. de Lciplumc

Hoiiiial,

archiviste iW I.ol-


liASQLES

UlUGliNES

'.Vi3

de documents anciens, cette étude se heurterait

faute

sérieuses difficultés, et on ne l'entreprendra pas

On

ici.

de

à

se bor-

nera à l'indication des principales racines et des principaux sufles noms de lieu du pays basque. mot iri, au sens de « villag-e » ou de « localité noms géographiques Iriart (Basses-Pyrénées '),

que présentent

fixes

1358. Le

produit

les

»,

:

sous une forme un peu différente,

devenu nom de

Yriarte, est

nom

a

qui,

deux deux cours d'eau, et sa variante Iribarnia Iriberry, qui désigne deux villages ou hameaux appelés dans des textes des xvi^, xvii^ et xyui^ siècles Villanova, Villanueua ou Villeneuve, herri signifiant « nouveau » en basque Irigaray, village élevé » Irissarry Irigoyen, « village du bois »; Irissura. Le même mot est le second terme des noms Baratchéry, famille

;

Iribarne,

«

lieu

profond

»,

porté par

écarts et

((

;

a

jardin

», carriqiii,

»

«

;

pour premier

qui ont respectivement

rue», quehel,

«

muraille

».

Le mot carrica, qui désigne une rue ou un chemin

bordé de murailles, paraît dans

bout

— —

;

Carriquiri et Queheliri,

terme haratch, 1359.

;

ou

((

la tête

de

la

rue

»,

les

noms

Carricaburu,

:

équivalant au

nom

<(

le

Chedeville,

caput villae, qui désigne la partie extrême de certains villages généralement formés d'une longue rue unique; Garricaçarra, dont le second terme est le même Carricamussa, Carricart

que dans Iriart Carriquiri (cf. ci-dessus n° 1358), etc. 1360. Le nom commun jaiirer/ui, formé à l'aide du suffixe -ffui sur un substantif ?/a«/i, au sens de " seigneur » désigne une maison noble. De là les noms de lieu Jauréguy, Jauréguia cf. Jauréguia (Biscaye) Jauréguiberry. « le nouveau manoir »,

Jauréguissahar,

«

vieux manoir

le

».

1361. Le mot sala, d'origine française, a en basque

qu'au moyen-âge «

notre langue donnait au

demeure seigneuriale ». Sallaberry « et ou « nouveau manoir »

neuve

;

mot

salle,

signifie

l'une

des

donc

le

sens

celui de «

salle

localités

de

ce nom est en effet appelée Salanova dans un texte de 1621, 1362. Elche, qui a le sens de « maison », a produit beaucoup 1. Il nous paraît inutile de répéter cette indication à [iropos des nombreuses localités appartenant au même département, qui sont nommées nous avons constaté le dans le présent chapitre plusieurs d'entre elles no fiR-urenl pas dans le Dirlionnaire fait, et croyonsdevoir le signaler ici ;

lopofjraphù/nc de Paul

Raymond.


LES NOMS DE LIEU

334 de

noms de

L'un des plus répandus est Etcheberry, Etche« la maison neuve ^), dont les équivalents

lieu.

Echeberry,

verry,

Javerri ou Xaberri et Javier ou Xavier

sont, en Espag-ne,

nom

dernier

du

est celui

;

ce

lieu de naissance de saint François de

Xavier, lapôtre des Indes.

Il convient de citer aussi: Etcharry Etchéandy, « la grande maison » Etchébar et Etchébarne, « la maison d'en bas » Etcheçahar « la vieille mai;

;

son

Etchechurry,

;

maison blanche

» Etchegaray, maison du bois » Etchegoyen, La forme Echeberry Etchepare, « les deux maisons ». autorise à reconnaître la même racine dans Echagoyti, « la maison d'en haut » Echart, dont on a rencontré le second terme dans Iriart (n" 1358) et dans Carricart (n° 1359) Échat. 1363. Le mot basque eliça, qui, comme le breton ilis, représente le latin ecclesia, figure dans les noms Eliçabélar, littéralement « front de l'église », c'est-à-dire « lieu faisant face à l'église » Eliçaberria ou Eliçaberry, « la nouvelle ég-lise » Élicerry, « le village de l'église » Élicetche ou Élissetche, « la maison de l'église » la haute église » Elissagaray, « pour Eliçaalt, près de l'église Elissalt, », etc. 1364. Mendi, a montagne », se présente seul dans Mendy, et »

;

haute maison

la

«

»

;

« la

;

la

«

;

:

;

;

:

;

— —

:

;

;

><

;

noms

Mendionde, « près de la le Mendiburu, Mendive bout de la montagne » Mendigorry, « la montagne rouge » et Mendousse, mentionné déjà (n" 135T). 1365. Le mot aran, « vallée », est aussi employé comme nom de lieu, et figure comme premier terme dans Arance, AranArangaixa, « la mauvaise vallée » (cf. Mnlleval) cou Aranpuru, « le Arangorine. Arangorry, « la vallée rouge » bout » ou « la tête de la vallée », etc. constitue l'élément initial des

montagne

»

;

Menditte

;

;

;

beïty,

Ibarle

« ;

on bas de

1367.

la

— Ibarrolle.

bonne vallée

nom

synonyme

//>«/',

» (cf.

ftiirri,

Iturbide,

«

«

le

vallée « la

paraît dans

à'aran, »

;

— Ibarbidea,

forge de la vallée

»

;

1366.

*<

;

:

;

les

noms

:

Ibar-

Ibarburia, Ibarla, ;

— Ibarron,

«

la

lîonneval)\ Ibarrondoa, etc.

source, fontaine

chemin de

la

»,

est le

source

premier

», ([ui était

membre du au comnuMi-

cement du .mx" siècle le nom patronymicjuc de rempereur du Mexi(|ue, Augustin 1". ()i\ le rencontre aussi dans le nom de

commune

Ithorots,

i;t

il;ins

divers

noms géographiques

:


333

ORIGINES BASQUES

Ithorrondo, «

contre la fontaine

nom

— Ithorchilo — Ithurralde, — Ithurramburu, des fontaines

près delà fontaine

«

de montagne

»

;

;

ravin

«

;

;

u la

tête

»,

IthurrétO, etc.

1368. Les mots basques

ou

»

ibai^ « rivière » et erreka, «

ruisseau

»

ont contribué également à former un certain

»,

nombre d appellations géographiques parmi celles qui procèdent du second de ces mots, on peut citer Errécagorry, « le ruisseau ;

rouge

Errequidor, 'qui

», et

idor ayant le

même du nom

sens que

Rieussec, est un équivalent toponymie de la France méridionale. arri dans les dia1369. Harri, « pierre », ou « roche » Harparaît dans Harriague lectes basques d'Espagne

l'adjectif français « sec o

dans

très fréquent

la

riondo,

«

près de la roche

1370. Oihan, oyan,

:

est l'élément initial des

forêt »,

bois,

«

;

».

Oyanbelché, « le bois noir » ou mieux Oyanhart sombre » Oyhanhandy, « le grand bois », Oyhançarré etc. C'est le même mot qui, à la fm des vocables géogra-

noms

;

:

«

;

phiques,

;

par

peut-être

affecte,

Irigoyen, Etchegoyen

(cf.

euphonie, la forme -goyen

ci-dessus,

n*'"

1358

:

et 1362).

Les noms communs d'arbres figurent naturellement dans un grand nombre de noms de lieu. 1371. Ainsi haritz ou aritz, « chêne », est la racine des noms Aris, les

chêne

« le

chênes

»

Harispuru,

»

;

— Ariste,

— Harismendy,

;

«

la tête

« la

chênaie la

«

des chênes

».

»

;

— Harispe,

Il

se

sous

«

montagne des chênes

»

;

dans

voit également

deux chênes ». 1372. Ametz, nom basque du chêne tauzin, paraît dans Ames-

Biarritz, « les

petzu, Amestoy,

Amexague.

1373. L'appellation du frêne, lizar, se présente dans les Lissaragay, " la frênaie » et Licerasse, en 1402 Liçaraçu.

nom du noyer, incham, devenu nom de famille.

1374. Inchampe, formé sur ((

sous les noyers

nom du pommier, safjar, a pommiers ». Le nom de famille

1375. Le les

» et est

le

traduire par

« la

pommeraie

1376. Le mot »aras, saussaie

»

et

«

noms

signifie

produit Sagarspe, « sous espagnol Sagasta doit se

».

saule

»

est la racine de Sarastey,

'<

la

de Sarrasguette.

1377. Gueres,

«

cerise »,

recouuait dans Guerestey.

"

mot la

d'origine

cerisaie

«.

évidemment

latine, se


LES NOMS

336 13T8. Enfin d'Elhorry.

1379.

le

nom

LIEL'

de l'épine, elhorri. est porté par

— Elhoriet, Elhoriéta,

On

de;

le

hameau

sont des équivalents d'Epinay.

pourrait citer une multitude d'autres

noms de

lieu

formés sur des noms communs d'arbres ou de plantes. On se contentera de mentionner ici, parmi ces derniers, le mot iraze, «

fougère

»,

d'où dérivent les

noms de

lieu Iracelhay et Iraçabal,

qu'on a peut-être lieu de reconnaître, combiné avec quelque

et

suffixe locatif, fois,

dans

le

noms appartenant

les

nom

en ce qui concerne

d'Irazein (Ariège). Mais, encore une

la possibilité

à la

d'une origine basque pour

Gascogne proprement

dite,

il

serait

imprudent de conclure sans avoir préalablement étudié leurs formes anciennes. Ici, d'ailleurs, on n'entendait apporter que quelques notions de toponymie basque. La traduction, donnée en passant, de plusieurs des vocables énumérés, a mis en vedette, concurremment avec les substantifs particulièrement étudiés, un certain nombre d'adjectifs et de locutions adverbiales, et de plus un certain

nombre des

suffixes les plus

communément

usités.

Mais parmi ces derniers il convient de signaler encore ceux qu'on voit combinés avec des noms de personne pour former des noms de lieu car ce mode de formation n'a pas été moins familier aux l^asques qu'aux groupes ethniques dont il a été question dans ;

les chapitres qui

précèdent

celui-ci.

1380. Le suffixe -haïthau ou -haïtha a

le

sens de notre prépo-

Par Goyetcheba'ita et Laffitteba'ita, il faut entendre « chez Goyetche » et « chez Laflitle ». 1381. Analogue aux suffixes français -ière et -crie (cf. ci-dessus, n"^ 201 et 376), le basque -cnea ou -cnla se joint très fréquemment aux noms propres de personne Errolenea et Catalesition

«

chez

».

;

nea [)ourraient se traduire par la liolandirrc et la (Jathoriiiirre. Mais par surcroît d'analogie avec -aria, primitif de -/Vtc, il se combine aussi avec des noms communs de végétaux Mahatrenia, :

" la

raisinière », Iratzenea, « la fougeraie ».

1382. Le suffixe (|u

avec des

noms

-ia, paraît

de personne

ne se combiner, :

Bidegainia,

"

comme

-haïtha,

chez lîidegain

».



I



LXIII

ETABLISSEMENTS

RELIGIEUX

Le choix des noms communs employés à désigner les établisa varié selon les temps les plus anciennement

sements religieux

;

usités sont ceux qu'ici l'on étudiera les premiers.

1384. Le mot basilica était un

grecque, au sens de

dans

la

Rome

rendaient

dans

rovale

«

adjectif féminin d origine

Pris substantivement,

».

justice. Cette acception

la

primitive s'est conservée

mot « basoche », nom de la du Parlement soumettaient les

juridiction à laquelle les

le

clercs

désigna,

il

païenne, un édifice somptueux où les magistrats

dilférends qui pouvaient

surgir entre eux. Par une évolution de sens qu'on ne tentera pas

basilica en est arrivé dès le v'' siècle les Jérôme et de Sulpice Sévère en font foi à désigner un édifice chrétien consacré au culte, une église, parfois même, sous la plume du premier de ces auteurs, une simple chapelle. Dans les œuvres de Grégoire de Tours et dans plusieurs diplômes mérovingiens, où il revêt souvent les formes basileca et baseleca, il a toujours ce sens d' église », moyennant d'expliquer

ici,

écrits de saint

((

lequel

a trouvé place

il

Les noms de

lieu qui le

dans

toponomastique de notre pays. représentent diffèrent assez sensiblement

du type

primitif,

quels

convient de s'arrêter.

il

1385.

A

en raison de plusieurs

la (jue

qui

faits

de phonétique aux-

l'exemple des autres adjectifs latins en -icus, -ica,

-icum, basilica de

la

était

d'ordinaire,

accentué sur l'antépénultième

Vi

post-tonique étant tombé,

suivait a laissé quelque trace

;

le c

il

résulte

guttural

en revanche ce c disparail en raison de ce que de bonne heure on a dit basilia pour basilica, de même que colon ica s'est altéré en colonia (cf. le

;

parfois,

ci-d(;ssus, n" 918).

1386. Soit dit en pas.sant, liasilia, déformation de Hasilea, (l(! la viUe de li.ile. n'a rien de commun avec les noms

iHjin jjitin

présent<'m(;nt

1387.

Le

étudit'-s.

r latin,

pl.icé (h;vant

un

.7,

(it'\

icnt

c/i

en

friinc^-ais

;


OltlGhNES ECCLÉSIASIIOUES

mais dans

il

conserve

le

son guttural dans

:

la

'

BASILICA

339

langue d'oc d'une part,

normand, picard et wallon d'autre part. Conséquemment on voit basilica représenté en Normandie par la Bazoque (Calvados, Orne) et Bazoques (Eure) dans ce dernier nom, comme dans une foule d'autres noms de lieu français les dialectes

;

à

terminaison féminine

940),

(cf. ci-dessus, n°* 373, 577, 581, 582, Vs finale est parasite. L'i atone de basilica étant tombé

de bonne heure, ce mot

s'est réduit à

se trouvant en contact avec le

c,

basilca ou baselca;

s'est vocalisée, ce qui

1'/,

pouvait

produire une forme telle que haseurjue ou baseuclie, suivant les rég-ions

à vrai dire, les textes ne font connaître que husoque et

;

basoche. 1388. Cette dernière forme, propre aux pays de langue d'oïl

Normandie et de la Picardie, paraît dans les dont le surnom est Bazoche-Gû»e^ (Eure-et-Loir) celui d un de ses anciens seigneurs, Guillaume Gouet, qui vivait en 1050 Bazoche (Oise), Bazoches (Aisne, Eure-et-Loir, Loisitués en deçà de la

noms

:

la

Nièvre,

ret,

Orne,

Seine-et-Marne,

Seine-et-Oise

'),

Beton-

dont le thème étymologique fait Bazoches (Seine-et-Marne) précéder basilica d'un nom d'homme bien connu, d'orig-ine germanique, Betto (cf. ci-dessus, n" 1010). 1389. Aux xv^et xvi° siècles on a fréquemment confondu, dans la prononciation, l'r et \s intervocale. Clément Marot, dans sa célèbre Epistre du hiau fys de Pazy a raillé cette façon de parler, qui de son temps était en vog^ue dans certaines contrées arrosées par le cours moyen de la Loire, et dans l'Ile-de-France, et ([u'on observe encore de nos jours en Berry, et peut-être en Touraine. La substitution delV à l's, autrement dite le rhotacisme, a parfois transformé basoche en baroche, témoin les noms de la Barochesous-Lucé (Orne) et de la Baroche-6'onf/owin (Mayenne), le premier latinisé en lloO Bozocha, le second revêtant en HIO la forme Basilgia Gunduini mais on verra bientôt (n'^ 1398), ,

;

qu'ailleurs baroc/ie se réclame d'une origine dilférente.

1390. Le ch répondant au

dans

1.

esl-il

Bazoges (Vendée),

c

de basilica prend

Bazouges (lUe-et-Vilaîne,

le

son du

/

Mayenne,

Trois de ces départements })OSsèdenL deux Bazoches; aussi ce nom d'ordinaire suivi d'un déleiminalif, (pi'il serait d'ailleurs sans intérêl

d'indiquer

ici.

.


.

LES NOMS

340

LIEU

Ut;

la Bazoge (Alanche, Bazauges (Charente-Inférieure Mayenne. Sarthe), la Bazouge (Mayenne), ainsi que dans laBazeuge (Haute-Vienne); ce dernier nom se rapproche, par sa

Sarthe),

,

diphtongue (cf.

de

tonique,

forme haseuche,

la

qu'on

suppose

ci-dessus, n° 1387) avoir précédé basoche.

1391. Dans

France méridionale,

la

le c

de basilica, ayant

son guttural, ne peut s'adoucir qu en g dur. Il est permis de supposer que ce mot est le primitif de Bazugues (Gers)

conservé

le

En

Bazialgues (Haute-Garonne).

et de

mier de ces noms,

On

1392.

il

qu

faut admettre

pourrait

sest altéré en

eti

de

tenté

être

qui concerne

ce

croire

que

le

pre-

u.

Bazoïiyers

(Mayenne) a pour primitif un adjectif formé sur basilica, tel mais la plus ancienne forme connue de ce nom, fournie par un texte de 989 transcrit au cartulaire d Evron, est Basilg-eacum d'où l'on doit conclure qu'il a pour origine "un nom en -acus formé sur le gentilice Basilius. 1393. Par contre, il seml)le bien que basilica entre dans la que basilicarius

;

;

composition du vait

nom

au milieu du

de Bazancourt (Marne). Flodoard, qui écri-

cortis, c'est-à-dire

appelle cette

siècle,

x"^

le

«

domaine de

la

localité

basilique

»,

Basilicae ce dernier

monaterme sappliquant, stères de Reims. Basilicae cortis a dû donner d'abord Bazecourf la nasalisation de la syllabe antétonique est explicable soit à la cathédrale, soit à l'un des

;

phénomène

par un

particulier

à

région,

la

cortis n'ayant pu devenir Auniéiiancourl

que par

et 945)

1

(cf.

Alamannorum ci-dessus, n^"

intermédiaire d'une forme telle

(\n

528

Autne/icu-

rourl

1394. La forme basse basilia est représentée par Bazeilles Ardennes, Meuse), dont Bazoilles (Vosges) est peut-être une variante lorraine mais il n'y faut pas vniUxchQY BnzoUcn (Nièvre), dont la terminaison csl sans mouillure. ;

Transcription du grec

1395.

paroecia

saint Augustin fJi'jtciMhint

double

s(;ns

:

d un

il

du

de

«

désignait alors

il

jjrètrc

.1

(ini j);ir

;

la

v*"

» et

de

«

circonsci-iption

diocèse

mais en Gaule,

iHî^désigner

i[\xv.

le

voisinage

«

»,

le

mot

siècle daiLS les écrits de

ou diin éviMpic.

paroisse

du haut niQyen-àge gienne,

Trapsiyia,

se rencontre au début

et

a

Il

»

territoriale

buMi conservé ce

dans

les

documents

dès l'épocjuc carolin-

rcssoit d'une église urbaine


OBKilNKS KCcrJÔSlAS'nQCRS

ou rurale. Cette acception restreinte, paroisse, est la seule avec

laquelle

PAROCIIIA

:

celle de sa

il

3il

forme vulgaire

se soit introduit

toponomastique. De bonne heure paroecia

chia, moyennant un apparentement mal fondé avec

parochus, qui répond au grec

tif

noms

1396. Les

Trapoyj;, «

de lieu représentant

le

la

substan-

pourvoyeur

».

paroecia ou

latin

le

dans

en paro-

s'est altéré

parocliia sont d'ailleurs en petit nombre. Peut-êtie l'étude des textes locaux révélera-t-elle pourquoi la Paroisse (Allier, Loire, Isère) et Paroisse (Isère)

sont de simples écarts.

Quant

à

la

forme plurielle les Paroisses (Puy-de-Dôme), l'explication en est aisée ce nom s'applique à un groupe actuellement réduit à trois maisons, dont deux appartiennent au territoire communal de :

Saint-Dier ellautre à celui de Saint-Jean-des-OUières. L'appellation la Paroisse-(i«- V7yfln

(Gard), qui désignait une

réunie en 1860 à celle du Vigan, remonte à 1435

;

commune

on entendait

alors par là la partie rurale, imposée à part, de la circonscription paroissiale

du Vigan

nom

1397. Le

appliqué depuis

'.

de la

le

Grande-Paroisse (Seine-et-Marne) est à une localité dont l'existence est

xv" siècle

^

attestée dès l'époque mérovingienne, et

chartes de

l'église

dans l'étendue considérable

d'être

communal,

toire

Grande-Paroisse (Aube), à

paroisse

la

» est

ville

— 2.907

;

il

hectares

a

anciennes sa raison

— du

terri-

commune

»

de 2.046 hectares, doit évi-

une particularité analogue.

Dans cet exemple, qui rappelle

\.

les plus

jadis paroissial, de cette localité. Maizières-lB.-

demment son surnom

paroisse de

que

de Paris appellent Cellas

de Carhaix

(cf.

celui de

Plouguer (Finistère),

la

«

ci-dessus n" 1292), l'expression

(

la

prise dans une acception, non plus ecclésiastique, mais civile;

même sens, exactement, que « les villages » en Beri'y, " le plat en Bourgogne, « les granges » en Lorraine. On voit, dès 1701, la future commune d'Aubigny-Villages former une collecte distincte de celle

elle a

pays

le

j)

d'Aubigny-Ville

communes

:

et c'est

de nos jours seulement, en

ont été réunies en une seule, sous

le

nom

190(i, (jue les

deux

d'Aubigny-sur-Nère

La sépai'ation de Vierzon- Villages (Cher) d'avec Vierzon- Ville remonte au moins à 1580. Le Plat-Pays-de-Saulieu, mentionné dès 1476, a formé, jusqu'en 1859, une commune distincte de celle de Saulieu (Côted'Or) (ju'elle entourait. Les Granges-de-Plombières (Vosges), commune dont le territoire atteint presque le bourg de Plombières, consiituaitMil dès 1753 une communauté distincte. 2, Donc il ne remonte pas à la première moitié du moyen-i'ige, cl c'osi à peine si on pont le considérer comme un nom d'origine ecclésinslifiuc

(Cher).


LES NOMS DE LIEU

342 1398. Le le

mot

paroisse semble avoir eu pour variantes, dans

nord-est de notre pays, parodie et Laroche, employés con-

curremment. La commune appelée les Paroches, près de Saint-Mihiel (Meuse) aux xvii- et xviii'' siècles on disait les Baroches comprend deux hameaux, la Grande-Paroche et la PetiteParoche, dont l'un se nommait jadis Guigniville ou Gnéville, et

Hametel

une chapelle isolée a conservé le nom de Refroicourt, village disparu où se trouvait l'église mère '.

l'autre

On

;

territoire

voit désigné, en 1753, sous le

pement formé, dans par la

sur son

et

nom

un grou-

Paroisses,

les

le

voisinage de Briey (Meurthe-et-Moselle),

communauté de

Génaville, celle de Pénil et Méraumont,

et celle

de Lantéfontaine, et que

de la Moselle appelle

« la

le

Dictionnaire topographique

mairie des Paroches

»

ancienne

la plus

;

mention qu'en rapporte cet ouvrage n'est que de 1689 mais on peut citer également un contrat de 1399% dans lequel il est ;

question de

la

mairie de

la Paroche'-^,

le

contexte ne laissant

D'après Liénard [Dictionnaire topographique de

1.

seraient appelées en 1135

Parochia.

lu

Meuse), les Paroches

dans le texte qu'il Joseph de L'Isle, paniii les preuves de son Ilialoire de Saint-Mihiel p. 460-4771, le passage Parrochia Guene villa, Mamotello concerne incontestablement les Paroches, sans qu'il importe beaucoup de savoir si parrochia — employé, remarquons-le, au singulier est dans l'espèce nom propre ou nom commun. Mais ce texte latin, dans lequel on voit intercalées des expressions vulgaires (certum jus vulgaritcr nuiicupalum le lard, quod est Vépine de porc, cotex, nndouillex et houdins ferculum vocatum la purée de dominio directo, vulgariter nuncupato la seigneurie foncière, eic.) est bien moins ancien que ne le pen.saient Dom de L'isle et Liénard, et pourrait bien ne dater que du xv siècle. 2. Bibl. Nat., coll. de Lorraine, vol. 5-7, fol. '.tO. Il nous [)araîl intéressant do constater, ici encore, l'emploi du singu.3. lier si le terme dont il s'agit avait été pris dans sou acception ecclésiastique, le pluriel se fût imposé, car ce texte de 1.399 atteste que, parmi les hommes de cette mairie, il y en avait de Oénnville, paroisse du diocèse de Met/, il yen avait d'Imonville, paroisse (hi diocèse de Verdun. On peut conclure de là, semble-t-il, qu'en Barrois, vers la fin du moyen-Age, le mot p.'iroisxe, ou tout au moins sa variante locale paroche, |)ouvait s'entendre cite, et

qui a été publié par

Il

est de fait (|ue,

Dom

:

d'une circonscription

civile. lînsuito,

Barrois, parorhe ou haroche, ou

à partir

même

un simple hameau, témoin l'emploi du

du

xvir*"

siècle, toujours

paroisse, en serait venu

i\

en

désigner

|iluriel, uiii(|ii(Mnen( jiisiKié,

près de


ORKiINKS ECCLÉSIASTIQUES

:

ECCLKSIA

343

aucun doute sur ce qu'on doit entendre par là. Le souvenir de l'appellation les cette mairie a persisté au cours du xix^ siècle Baroches, qu'on rencontre dans le Dictionnaire des Postes, à ;

partir de l'édition de

18.^)9,

a été appliquée

en propre,

et g-loba-

lement, aux hameaux contig-us de Pénil et de Méraumont; et elle a été officiellement

au

qui, transférant

commune

«

consacrée par un décret du 2 février 1907,

hameau

de Génaville, a

des Baroches

fait

»,

le chef-lieu

de

la

nom

de

la

disparaître ce dernier

nomenclature communale.

La Baroche (Haut-Rhin), répond au kilchspel zii Zelle spiel)

La

de Zell

— de 1441.

appelée Zell par les Allemands,

à la paroisse {kirch-

c'est-à-dire

ferme dite la Baroche » marquait, en 17o3, au finage de Gizaucourt (Marne), l'emplacement d'un village détruit, appelé «

en 1092 Sancti Pétri Parrochia, et en 1352

PerroicheK

la

1399. Laparrouquial (Tarn), qu'on devrait écrire qiiial,

la

Parrou-

représente l'adjectif parochialis, qualifiant quelque sub-

stantif féminin sous-entendu.

1400. Le ((

assemblée

assemblées

:

mot »

ecclesia représente le grec iy//./,Y;(j(a, proprement à leurs désigna tout local où l'une de leurs commu-

latin

les chrétiens l'appliquèrent

;

puis

il

Saint-Mihiel, par Texistence d'une Grande-Paroche et d'une Petite-Pai'oche, localités

vers 1600, les Paroches dont aucune n'avait rang- de paroisse annexe de Refroicourt (Pouillés rie la province de aux environs de Briey, par le fait qu'au milieu du p. 382;

n'étaient encore qu'une Tri'ves,

XVIII* siècle, la "

mairie des Paroisses

»

ou

«

des Paroches

par un groupe de petites communautés, et que le d'avant 1907 n'était autre chose que la réunion

Méraumont. 1. Cet exemple plein moyen-âge, la

"

» était

constituée

hameau des Baroches

"

de ceux de Péuil et de

montre employé comme nom de Hou, en mot parochia, pris dans son acception originelle. A

est le seul qui le

suite des recherches auxquelles l'un

de nous

s'est livré

pour metlie au

point les notes dont nous disposions, nous avons cru devoir insister, dans ce paragraphe et dans les deux précédents, ainsi que dans les notes qui les

accompagnent, sur ce rpie, à notre avis, les autres vocables qui y sont mensont relativeparce que Longnon les étudiait à cette place tionnés ment modernes, et ne doivent pas être considérés, à proprement parler, comme des noms de lieu d'origine ecclésiastique de là certains développements de nature h surprendre ceux de nos lecteurs qui auraient gardé de

:

l'onseisnement du maître un fidèle souvenir.


i

LES NOMS DE LIEU

."Hi

réunissait pour les cérémonies religieuses, et ce sens

nautés se

d'« église » est attesté, vers la lin

du

vi''

basilica.

par les écrits de

siècle,

même

que son synonyme devait fournir des noms de lieu aux divers pays

Grégoire de Tours et de Fortunat. De il

chrétiens, entre autres à la Gaule.

nom

1401. L'Église est le

appartenant aux régions

accompagné

voit

le

noms de communes

l'Eglise-aur-

:

Église-Neuve-(f /ssac et Église-Neuve-G?e-l'err/^

Bois (Corrèzei,

Éqlisenenye-d' E nt raig lies

.

On

les plus variées.

d'un déterminatif dans les

Dordogne

d'au moins une trentaine d'écarts

ÉQli&eneUYe-d os-Liards, (Puy-de-Dôme). Neuvéglise Cantal chef-lieu de la vicaria de Nova Ecclesia. .

et Égliseneuve-/>'"^'*-^'^'''5''* était,

en 928.

1402. Les

le

i

Drômei et Gleysenove Aveyrom préFrance méridionale, une forme vulgaire du mot

Gleizes

sentent, dans

la

ecclesia, caractérisé par une aphérèse,

même

la

à laquelle est

l'italien cJiiesa.

1403. Le nom, signalé déjà fn" 993) de Bellenglise

Aisne), en

IIIK) BeJaineijl'iHo ce qui suppose un thème étymologique Berelindis ecclesia, dans lequel ecclesia est précédé dun

nom

de

femme

noms de

doit être rapproché des

niques en -kirch, ayant pour terme mitial un celui

du fondateur ou du patron de

nom

l'église qui a

lieu

germa-

de personne,

donné naissance

à la localité.

Dans Roiglise (Somme

1404.

d'ecclesia avec

le

nom

Amiens sur

on observe

primitif de

combinaison

la

entre

située

la localité,

romaine de \e\ey à Boulognecomsui'-Mcr, et appelée Rodium parla Tal)le de Peutinger binaison imaginée pour dilVérencier ce lieu du caslruin voisin,

Soissons et

la voie

;

portant

le

même nom,

petite

aucpicl la

ville

de Roye doit son

origine.

Fcclesia est également reconnaissable dans Witainéglise (Somme), nom d'un hameau connu dès le xi* siècle mais on ;

ne saurait dire en toute sûreté ce

(|u'il

faut

entendre

par

le

premier terme de ce nom, 1405.

On

riiilluonce

sait (jue

romaine,

mot ecclesia, imjjorté en Gaule sous

le

s'est

inaiiileiiu

langue romane a cédé du terrain (cf.

ci-dessus, n" 1322

(cf.

ci-des8us, n" 1363

:

.lU

:

dans

des régions

en Rietaijne, sous

pays

bas(|n<'.

sons

l:i

la

oii

forme

forme

la iliz

r/ir.i


.

ouifiiiNEs

1406.

KccLi':ai.\STiQUf':s

noms

existe eu France des

11

formes diniinutives d'ecclesia,

kiriciia

:

345

de lieu représentant des

principalement des dérivés

et

romans decclesiola Eglisolles (Puy-de-Dôme), et, moyennant une aphérèse, Glisolles (Eure), en 1130 Iglisolcs, la Gleizole :

Lozère), les Gleizolles (Basses-iVlpes,

(Gorrèze, Indre,

Hautes-

Alpes, Drôme), GleygeoUe (Gorrèze).

Dans

(Aisne,

Grisolles

d'ecclesia

;

Tarn-et-Garonne), Grisols (Gantai),

on note une

(Loire),

Grisollettes

modification

cette liquide disparaît, ainsi

de

que Vs de

la

licjuide

la

syllabe

suivante, dans Laguiole (Aveyron) et Laguiolle (Gard).

La terminaison

nom

Égriselles,

s

de

tardivement d'ailleurs,

altérée,

est

trois localités

dans

du département de l'Yonne,

dont lune, Ef/riselles-le-Boca(/e, est appelée Aecclesiola par

un

sénonais datant du

petit pouillé

nom

Loiret est

communes,

dans Griselles,

xi^ siècle, et

du un certain Hugues, qui tii-ait sou surnom de la première, appelé en 1090, dans une charte de l'abbaye de Molesme, porté par deux ;

Hugo E c c Dans d'être

l'une de la Gôte-d'Or, l'autre

1

esio1e

nsis

noms terminés

plupart des

la

énumérés,

l's

sumer un primitif

par une

est parasite, et n'autorise

à

forme plurielle

;

il

s

qui viennent

aucunement

n'en est pas de

à pré-

même

dans les Églisottes (Gironde).

mot ecclesia

1407. Le

mand

avait pour équivalent

le

haut alle-

kiricha, aujourd'hui représenté par l'allemand kirche et le

(lamand kerkc.

Dans

la

nom

l'adjectif ait, «

le premier terme est donc à rapprocher, au point

d'Altkirch (Haut-Rhin),

vieux

»

;

ce

nom

est

de vue du sens, de ceux de Vieille-Eglise (Seine-et-Oise) et de

la

Vieille-Eglise (Haute-Savoie).

La

petite ville

Darnmerkirch

allemand Marie

de Dannemarie (Haut-Rhin) est appelée en ,

c'est-à-dire

«

l'église

de sainte

».

Quant

à la

de lieu de

la

forme flamande, on

la

France septentrionale

reconnaît dans quelques

noms

:

Brouckerque (Nord), « l'église du marais » (hroek -— marais) l'église froide » [koud =^ froid); Goudekerque (Nord), Dunkerque (Nord), « l'église des dunes »; Houtkerque (Nord). « l'église du bois » [hout — bois). ((

;


.

"~

346

noms de lieu

lf;s

Dans

nom Haverskerque

le

premier ternie

(Nord), en

penser à havik,

fait

1362 Haveskerke,

nom du

le

gerfaut en flamand

moderne mais dans l'espèce, il s'ag-it vraisemblablement dun nom d'homme, comme dans la plupart des noms de lieu germaniques de forme composée antérieurs au xii"^ siècle. Offekerque (Pas-de-Calais) est appelée Houve en 1100, Flovekirke en oo6 on voit par là que le mot signifiant « église » est combiné avec le nom primitif de la localité (cf. ci-dessus, ;

I

;

n° 1404).

1408. Le mot latin altare,

bonne heure témoin ce passage, cité par Du Gange, d'un capitulaire de Charles le Chauve, Si nécessitas populi exedonné à Toulouse en juin 844 gerit, ut plures fianl ecclesiae, aut statuantur altaria, eu m ratio ne et auctoritate hoc faciant^. Dans l'ancien français « altare a donné régulièrement aller, ou allier, ou en Gaule

sens

le

d' « église

autel

«

», a

pris de

d'ordre secondaire

»,

:

aulier

;

la

forme aulel

s'est glissée à côté,

par

grand usage de l'adjectif mot très usité dans ces temps- ». Dans la toponymie française actuelle, le mot

et Vr, et aussi

par

le

jours employé au pluriel

l'affinité

entre Yl

aulel, semblable,

«

autel

»

est tou-

Les Autels (Aisne, Calvados, Eure-etLoir) Un écart du département de Saône-et-Loire est également appelé les Autels mais il semble que ce soit là une graphie fautive pour les Ilôlels, c'est-à-dire « les maisons ». La forme les Authieux (Calvados, Eure, Eure-et-Loir, Orne, :

.

;

Seine-Inférieuip) est à

formes du pluiiol de

rapprocher de

Le nom d'Autheux l'Somme) l'absence

d'article.

l'altération

de

les

picard

c'est

nom Zoteux

une trace

d'article

qu'on

résultant de

(Pas-de-Calais),

Auleu.c dans une région où l'on prononçait

Vz Aul.eux, et où Zaleu.v dit en

des

se dislingue des précédents par

contre,

Pai-

observe en tête du

qui fut une

lieux,

l'adjectif indéfini lel.

(Somme)

se dit

pour

les

Alleux. Soit

passant, c'est à cette jirononciation, i)ropre aux dialectes et

wallon,

(lielgi(|ue, [)r()v.

primitivement Huy,

et

1.

Moniini. fiorin.. l.rf/im)

2.

V..

I.illrô.

duc

qu'est

la

de Namur), du

forme actuelle,

nom

Ilulsonniaux

d'un village qui s'appelait

qu'on voulut distinguer de iifrfio fI,(J,iiiUiil;irin rrgiini

I>iiliniin:iirr ih'

l.'i

luiii/iir fr/inrnisi'. -.wi

.

la

ville

fr;inrorin)K\\.

AiiIpI.

de

VM


ORKilNKS llcr.LÉSIASTIOrKS

même nom,

au moyen d un surnom

347

ORATORIi'M

!

tiré

des aunes qui abon-

daient sur son territoire, autrement dit en l'appelant Huy-les-

Auniaux. 1409. Le

substantif

orare, qui, du sens de

oratorium, formé sur

latin «

parler

»

temps de l'Empire romain, un

a désigné, aux bas

verbe

le

est passé à celui de « prier », « lieu

consa-

cré à la prière », et c'est ainsi que l'emploie saint Aug-ustin. est représenté, sur le sol français par

un

g-rand

Il

nombre de noms

de lieu de formes très variées. 1410. Dans les pays de langue doc, la dentale intervocale s est

adoucie en

d'où Oradour

f/,

Vienne) et rOradour (Dordogne), dont f/oH/' était

/

Charente,

Haute-

l'article atteste

qu'ora-

(Cantal,

un mot du langage courant.

1411. L'article paraît également, mais faisant corps avec le

mot

caprice de graphie dont

nom

dans Lourdoueix,

dont

y a bien d'autres exemples forme est caractérisée par des

il

la

particularités imputables à la situation vers la limite des langues

d'oc et

des localités, contiguës d'ailleurs,

d'oïl

Lourdoueix-Saint-Michel (Creuse)

:

disparition de

(Indre l'a

i,

et

qu'il désigne,

Lourdoueix-Saint-Plerre

antétonique, qui était sans doute

devenu un e muet; persistance de la dentale; enfin complication du son voyelle de la syllabe tonique, par l'etFet du passage à cette syllabe de

1412.

de

1'/

En pays

la

désinence

de langue

d'oïl,

(cf. ci-après, n°

le

/

1413).

intervocal tombe, et

la

voyelle antétonique, se trouvant en contact avec Va tonique, ne tarde pas à disparaître.

Oroux la désinence ne laisse aucune trace Ouroux (Ain, Nièvre, Rhône, Saône-et-Loire), moyennant la prosthèse de l'article, Louroux (Allier), Loreux

Tantôt 1/ de

(Deux-Sèvres et,

(Loir-et-Cher)

Yr

:

1,

:

ce sont là d'anciens Orour, (Juroiir, Oreux, dont

finale s'est assourdie

1413. Tantôt cet le

son

voyelle

:

i

;

Yx

passe à

Ourouër

est parasite. la

syllabe tonique, dont

(Nièvre),

il

modifie

OuTOUeT-Ies-Bourdelins

(Cher), Oroër (Oise), Orrouer (Eure-et-Loir), Oroir, ancien

nom

de "Villevaudé (Seine-et-Marne), Orrouy (Oise), anciennement Yrouerre Yonne). Oroiier, Aurouër l'.VUieru Auroir (Aisne i,

Le nom Lourouer désignait deux communes

i

(\\\

déparlemont de

l'Indre, Lourourr-lr-Bois oi Louroiier-Saint-Lnurcnl:

la

pnMiiière


LES NOMS DE LIEU

3i8 aujourdhui

s'appelle

le

Poinçonne/

nom

transféré au village qui doit ce

mentionnée au

On

1414.

xv!!*"

son chel'-lieu avant élé

',

à

une famille de laboureurs

siècle.

a A'u (n° 1389) le rhotacisme modifier basoche en

haroche. Le phénomène inverse

(cf.

68, 703, 1138) a changé

n<**

Seine-et-Marne), \'r d'oratorium dans Ozouer et Ozoir Loir-et-Cher, Loiret), Auzouer (Indre-et-Loire), Ouzouer Louzouer (Loiret). 1415. A propos de la prosthèse de Tarticle, qu'on observe dans ce dernier nom et dans plusieurs de ceux j)récédemment énumérés, il convient de l'appeler les exemples qu'en olfre le vocabuaureolus et hedera sont devenus loriot et laire français lierre^ et l'on a si complètement oublié que l'initiale de ces mots était à l'orig'ine un article, qu'on dit « le loriot » et « le lierre », de même que « le lendemain » se dit pour lendemain la célèbre foire du Lendit, à Saint-Denis, était appelée en latin indictum. Or, pareil redoublement d'article s'est produit à l'égard de (Ille-et-Mlaine, quelques primitifs oratorium le Loroux Maine-et-Loire), .Sa/nZ-P/V/vr-du-Lorouër (Sarthe\ le Loreur (Manche) et tandis que, dans les expressions qui viennent d'être citées, il ne remonte pas au delà du xV^ siècle, on voit dès

en

:;

i

:

;

:

;

nom du Louroux-Z^econ/it-?/.'? (Maine-et-Loire), latinisé Loratorium plus anciennement encore, en 1096, certain scribe traduisait par Laboratorium le nom de Saint-Pierre-

113i, le

;

du-Lorouër, ne soupçonnant pas

même

ce qu'il devait entendre

par ce nom. 1416.

Le mot capella,

cappella,

est

(jui

régulièiement

un diminutif du bas-latin caj)pa,

devrait «

chape

s'écrire ».

Il a

eu plusieurs sens successifs.

Primitivement,

il

s'entendit

dune

petite

chape, d'un petit

manteau, la chape de saint Martin, relique insig;ne conservée dans le palais des rois, et sur laquelle se prêtaient les serments, (je

On lit, De novo denomesua mano septima, (lies duos ante oralurio nosiro. super ca|)ella iu

sens est attesté par plusieurs textes nu-roving-iens.

dans un diplônu' de Thierry

nalus

aput

calt'iidas

I.

l'ii

vnrdi

sc!X.

julias,

iriiii

(lécrot

du

'^

III (()7.")-(»lll

mnrs

1H7M.

i

:


ORIGhNES KCCLÉSIASTHJUES

:

CAb'KLLA

349

Martini, ubi reliqua sacranieiita perciirribant, hoc dibiret conjurare^ Les mêmes termes, ou à peu près, se retrouvent dans un diplôme de Cliildebert III '695-710), k propos d'un jugement rendu par le maire du palais Grimoald Sic ad ipso viro Grimoaldo fuit judecatum, ut sex homenis de Verno. et sex de Latiniaco, bona fideus in oraturio suo, seu cappella Sancti Marcthyni, memorate homedoniiii

:

hoc debirent conjurare-.

nis

semblables

(pie

premier de son recueil

livre

:

C'est encore d'expressions

dans

se sert Marculfe,

Sed dum

la

XXXVIII du intenderent,

formule

in ter se

eidem a proceribus nostris, in quantum inlustris vir comes palatii nostri, testimoniavit, fuitjudicatum, et de quinque denominatus idem ille apud très et alios très sua manu septima tune in palatio nostro super capellam domni Martini, ubi reliqua sacramenta persic

ille,

currunt, debeat conjurare'^. Bientôt capella désigna le lieu même où, dans le palais, était conservée la chape de saint Martin et c'est dans ce sens qu'il faut entendre le surnom de la ville d'Aix-la-Chapelle, où l'on sait que les rois de la seconde race avaient un palais Caries serai ad Ais^ a sa capele, lit-on dans la Chanson de Roland Plus tard, l'appellation capella fut appliquée à tout édifice religieux où étaient conservées des reliques. ;

:

''.

Entin, le sens de ce

mot

se restreignit, et aujourd'hui

«

cha-

le local all'ecté à que dans trois sens Texercice du culte dans un palais, un château, un établissement hospitalier ou d'enseignement une petite église non paroissiale toute partie d'une église, autre que le chœur, ayant un

pelle » ne se prend plus

:

:

;

autel.

Le mot capella, désig-nant un

nom

devait nécessairement devenir

1417.

dans les

Il

édifice

de

consacré

au culte,

lieu.

revêt la forme capelle dans la langue d'oc, d'une part,

les dialectes

noms de

normand, picard

lieu

suivants

1.

Pardessus, Diplomala,

11,

2.

Pardessus, Diplomnin,

II, 2X('>.

.3.

Monumcnta Gcrnmniae,

4.

Kd. Léon Gautier, vers

:

et w^allon, d'autre part

Capelle

(Aude,

Nord,

18H.

Legiiin suclio :'>2.

\',

Foriniilue, p. 67-08.

;

de

Pas-de-


LES .NOMS DE LIEU

3o0 Calais)

;

Cappelle (Nord)

;

La Capelle (Aude, Aveyron,

— Lacapelle (Cantal, Lot, — Capelles (Eure)

Gard, Lozère, Eure, Pas-de-Calais);

Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne)

— les

;

;

Capelles (Calvados).

1418. Capelle a pour variante, dans le dialecte gascon, capère

:

Lacapère (Hautes-Pyrénées). 1419. Dans la France de langue d'oïl, en deçà, bien entendu,

des limites des dialectes normand, picard et wallon, le qu'il était,

trop long- et

déterminatif, surtout lorsqu

il

Chapelles, souvent avec

en occupe six pages dans

la liste

si

de communes, qu'on ren-

s'agit

grand nombre — contre en Dictionnaire des Postes — sur

le

de notre pays.

le sol

On

vera seulement que l'influence de la langue française

quelques cas

dans

:

il

existe des écarts appe-

Chapelle dans des départements qui comptent parmi les

lés la

méridionaux

plus

obser-

a,

forme chapelle en des régions

isolés, fait prévaloir la

parler local a maintenu capelle

le

lors-

a,

Chapelle, la Chapelle, Lachapelle. les

un

c,

prend le son chuintant. Il serait sans intérêt d'énumérer ici les localités dénommées

en latin, suivi d'un

:

Haute-Garonne, Landes, Basses-Pyrénées. Le nom Lachapelle voisine, dans la

Var.

Hautes-Pyrénées.

nomenclature communale Lacapelle-Biron,

pelle-Livron

Cahanac

et

et,

dans

portante

Lot-et-Garonne, avec

de Tarn-et-Garonne, avec Laca-

département du Lot, LacapelleLacapelle-Marival, et aussi Lachapelle- Auzac. \\\ ;

on

voit,

dans

le

autre Lachapelle se trouve dans la

Nord, où

de

ollicielle

celle

l'on a

Somme. Et

remarqué Capelle

commune

le

Cappelle,

et

département du

comprend

l'im-

de CJiapello-dArmenticros.

1420. Capelette Lot-et-Garonne j, la Capelette (Bouches-duRhône, Lot, Pas-de-Calais, Tarn-et-Garonne), Chapelette (Puyde-Dôme), la Chapelette (.\lliei\ Haute-Loire. Loire-lnférieuro, Somme) et la Chapelotte (Cher, Haute-Marne, Haute-Saone, Yonne) sont des diminutifs de capelle et de chapelle. l

1421.

Dans

les

bronck, quelques il

arrondissements de Dunkerque

noms de

laide du mol capella, qui revêt

(1

finale

.s.

d'Hazefaits

forme atppel. Tel est

la

nom ArmboutS-Cappel (Nord), dont nom lionmie employé au gi'nilif, ce

et

flamingant ont été

lieu d'as])ect

le

premier

le

terme est un

cas étant caractérisé par

la


ORIGINKS ECCI.KSl AS TIQUES

1422. Tianscriptioii du grec

MONASTHRIUM

:

3o 1

mot moiias terium

;j.svajTr,pivV, le

apparaît au déclin de la période romaine, pour désigner ce que

nous appelons un monastère. Certains indices permettent d'aflirmer que, dans quelques parties de la Gaule, il est devenu, par chute de l'a antétonique, monsterium ïn se trouvant ainsi en contact avec Vs, est tombée à son tour, par un phénomène dont plusieurs exemples ont été cités déjà(n'^ 962) de même que ministerium est devenu métier, de même monasterium, la

;

;

réduit

successivement à

monsterium

et

à

mosterium,

a

donné niustier, moastier, nioufier. A la fin du moyen-àge, le mot moiisller avait le sens à peu près exclusif d' « église », et de nos jours encore, on voit, dans plus d'une localité, la rue qui mène à l'église, dénommée « rue du Moutier » mais dans la toponomastique proprement dite, lors({u'on rencontre l'une ou ;

l'autre

des formes vulgaires de

monasterium, on

tendre au sens orig-inel de ce mot, car, localité

dont

il

la

doit l'en-

plupart du temps, la

un monastère de fondation antéremontant parfois même à l'époque méro-

s'agit possédait

rieure au xi^ siècle, et

vingienne. 1423. Les tier

:

noms de

lieu suivants sont des variantes de

Dordogne,

Moustier (Gorrèze,

Moustiers (Basses-Alpes),

Puy-de-Dôme,

Manche,

le

Moutier

Lot-et-Garonne,

mou-

Nord),

(Allier, Calvados, Creuse,

Seine-et-Oise),

Moutiers

(Côte-d'Or,

Eure-et-Loir, llle-et- Vilaine, Meurthe-et-Moselle, Orne, Savoie,

Deux-Sèvres,

Yonne), les Moutiers (Calvados, Loire-Inférieure, Drôme, Manche, Orne, Vendée, Vienne), Mouthier (Doubs, Saône-et-Loire), Mouthiers (Charente), et, en Seine-et-Oise,

Suisse, MÔtier tel).

cant. de Fribourgj, et Môtiers (cant. de

Deux communes de

pour l'une peut-être

.

la

Manche

on voit ce

d'elles,

rappellent-elles

le

nom

Neuchà-

s'appellent les Moitiers, et latinisé

souvenir

de

en

Monasteria;

monastères doubles

de l'époque franque. 1424. Par delà les limites du lang-age roman,

monasterium

Bretagne Mouster (Côtes-du-Nord, Finistère), Moustoir (Morbihan), le Moustoir (Côtes-du-Nord, Morbihan) est devenu,

en

— en Alsace Munster. 1425. Le département

nom (h» la

de Mouterre, porté par deux

Vienne, et dans

n'a été ajoutée qu'à

la

communes du

graphie ducjuel

une époque récente,

diffère

la finale re

des précédents


LES

'.Mrl

par ce

que

tait

DE LIEU

iNO.VIS

posttonique n'a eu aucune inlluence sur la

\'i

voyelle accentuée.

1426. Vers la

provoquée par

du moyen âge

fin

et

les clercs a substitué

au xvi^ siècle, une réaction une n à Vu de moiistier de ;

noms Montier (Aube), Montiers (Meuse.

là les

(Aisne),

Montiéramey (Aubei, Montierchaume

Oise), Monthiers (Indre), Montier-

en-Der (Haute-Marne).

A

1427.

ces diverses formes, qui procèdent toutes de

monasterium

populaire de

tion

en

mosterium,

altéra-

1

y

il

a lieu

d opposer quelques formes, plus ou moins savantes, qui se rencontrent, en

nombre

restreint d'ailleurs, dans la partie méridio-

Monastère Aveyron), le Monastier (HauteLoire, Lozèrei. Monestier lAUier, Ardèche, Gorrèze, Dordogne, Drôme, Isère), le Monestier Drôme, Puy-de-Dôme), le Monêtier nale de la France

:

le

(

(Hautes-Alpes), Monestiès (Aude, Tarn), et leur variante catalane le Monestir (Pyrénées-Orientales).

nombre de noms de lieu où Ion reconnaît monasterium, ce mot est en composition.

1428. Dans un grand

mot

le

latin

L élément

nom

qui l'accompagne peut être d'ordre topographique

de région, de

site,

:

de cours d'eau, ancienne appellation de

la localité.

Montier-en-Der (Haute-Marne), Monasterium in rappelle le souvenir d'une abbaye fondée vers G73 dans forestière (cf.

dite le

Der — dervos 148) — au

nom gaulois du chêne Putiolus ou Pociolus.

Labbaye de Montiers, près Possesse (Marne), Montiers-en-Argonne. du connue.

nom dune

Le vocable Vimoutiers (Orne) In

a

région

était le

lieu dit

ci-dessus, n°

Dervo, la

a été appelée

autre région forestière bien

pour premier terme

le

nom

de

Vie. afllueiil de droite de la Dive.

Montier-en-llsle (^Aubc) doit son origine à un monastère fon^lé assez anciennement dans une île de l'Aube.

Forest-Montiers 'Somme) est désigné, au

Fresmontiers (^Somme) âge

ix''

siècle, par l'ex-

cellaou Forestensis ceUa

])rcssion l'orestis

J'^rcsncniDiisfirr

:

\v

est appelé

dans

du

moyeu

n'-poud

donc au

les textes

picmicr Icrnu- de ce

nom

latin fra x in us.

Celui du liitin

nom

mariscus.

(h'-

Marestmontiers (Somme) représente man'cai,^e

)>.

h' ba.s-


.

oRiGiisEs

i:(:(;lksiasiiques

Mo.\ASTh:HiiM

:

Montipouret (Indre) est appelé au moyen ce qui autorise à penser que, dans le

.So3

Mostier Porrec,

àg-e

thème étymologique de

ce

nom, monasterium est suivi d'un nom de lieu erallo-romain en -a cus Le nom de Noirmoutier (Vendée) otTre la combinaison de Tanlie rus de l'île où s'élève ce bourg-, et du mot cien nom

monasterium,

s'appliquant à l'abbaye qu'y fonda saint Phili-

bert au vu^ siècle.

Heri monasterium

vulgaire Oinnoustier, et

devait donner en langue

prosthèse de Vn qui s'est produite

la

résulte vraisemblablement de la fréquence

que

:

«

je vais en Oirmoustier

de

locutions telles

»>.

Montier-Ia-Celle, abbaye bénédictine fondée vers 6()0, auprès

de Troyes, est appelé au

1215

ix*^

ecclesia Gellensis

;

Gella do m ni B obi ni, en résulte du rapprode Gella, qui était devenu le nom

siècle le

nom moderne

chement de monasterium et propie du lieu. Un rapprochement analogue (Seine-Inférieure), en latin

1429.

On

a

peut citer quelques

combinaison de

produit

Monasterium

monasterium

noms de

le

nom

Montivilliers

Villare. lieu

avec un adjectif

résultant de la '.

Puellemontier (Haute-Marne) doit son origine à un monastère dont l'existence remonte presque aussi loin que celle de c'était un monastère de femmes, Puellare monasterium. Le nom actuel a sans doute succédé à une forme plus ancienne Puellermuustier. Le nom de Marmoutiers (Indre-et-Loire) s'appliquait à une abbaye très fameuse, fondée au iv*^ siècle par saint Martin l'importance considérable de ce monastère le fit appeler majus monasteriu^m la forme de ce nom qui a prévalu suppose l'em-

Montier-en-Der, située tout auprès

;

;

;

ploi de

major au

Pour expliquer

lieu

de majus.

nom

Brémontier. que portent deux localités on n'ose faire état de la forme Brève monasterium, donné par un pouillé de 1337 il faudrait, pour

de

le

la Seine-Inféi'ieure,

:

fonder une hypothèse plausible,

j)ouvoir

recourir à des textes

plus anciens.

1430.

Somme toute, il n'y monasterium et

formés de 1.

('A'.

Les

L'AI)l)aYf

noms

ilc

tic

lien.

Montierneuf.

a pas

beaucoup de noms de

d'un adjectif, M

et

l'on

lieu

con(,'oit

l\)iliiM's.

23

it


354

LES .XOXS DE

quelle erreur on s exposerait

nigrum

le

terme

initial

si

l

UKU

on voulait rapporter au

du nom de Xoirnioutier. De même

latin

l'éty-

mologie donnée pour Marmoutiers ne saurait être répétée à propos de la petite ville des environs de Saverne qui porte presque

même nom

formée autour d une abbave dont le fondateur est un saint personnage du nom de Maurus, et Maren allemand Maursmànster. représentant moutier Ba>-Rhin le

:

celle-ci s est

.

Mauri monasterium. appartient à la catégorie des noms de lieu dans lesquels monasterium a pour déterminatif le latin

un nom de personne. Le nom de Montiéramey Aube est une contraction de la forme Mostier Arramé, qu'on rencontre dès 1 182. et qui répond au thème étymologique Monasterium Adremari. ce dernier nom étant celui d un prêtre de Troyes, qui. en 837. y fonda une abbaye bénédictine. Celle-ci, assez voisine de la lisière occidentale du Der. a été appelée, notamment en 1115. Dervense monasterium. et aurait pu êire l'homonyme de celle de Montier-en-Der. située à 1 autre extrémité de la même région. Monthieraolt (Aubei est appelé, en 1151. Monasterium Airaldi on ne sait rien de certain sur 1 origine de cette locaité le nom d homme combiné avec monasterium est \Taisemblablement le nom germanique Adroaldus. devenu ensuite Adraldus peut-être s'agit-il d'un saint personnage nommé Adraldus, dont 1 éfflise de Troyes conserve le souvenir. Dans le nom de Faremoutiers Seine-et-Marne le terme initial est le nom de sainte Fare. sœur de 1 evéque dt- Meaux saint Faron. qui. dans la première moitié du vu* siècle, fonda là une abbaye de femmes. Un document bien connu du ix* siècle, le testament du comte Aicard ou -\chard d'Autun. appelle ce monastère F ara ne ou Ferane monasterium. La forme vulgaire primitive a dû être Farainmoastier le son nasal ain se sera :

:

;

.

:

réduit à

<?

sous rintluence de

1

m

qui

le suivait.

Giremoutiers Seine-el-Mamer est appelé Girodi monasterium dans des textes latins qui ne sont, à vrai dire, pas très aussi est-il pemns d'hésiter sur la question de savoir nom de personne qui constitue la première partie de ce ocable est un nom d'homme, tel que Geroldus ou Giraldus. ou bien le nom de femme Gerhildis.

anciens si

;

le

Dans Romainmôtier

Suisse, cant. de Vaud.,

il

faut

recon-


ECCLÉSIASTIOl ES

0R1GIM.-S

naître le

anciens

nom

de

:

MOyASTERlOLL'M

Homain, dont

saint

un des

la vie est

monuments hagiographiques que Ton

355 tilu<

connaisse.

désignait, comme il convient à un monasterium. un monastère de peu d'importance,

Monasterioliim. qui diminutif de

devenu le nom d'un grand nombre de localités. Dans le midi de la France, il ne s'est guère altéré Monestrol Aude, Haute-Garonne Monistrol vHaute-LoireL 1432. Les formes suivantes, répandues sur une assez vaste

est

1431.

:

.

étendue de territoires, sont caractérisées par l'atTaiblissement de Yo de la première svllabe Ménestérol Dordogne Ménétréol (Cher Ménétréols Indre Ménétrol Puv-de-Dôme Menestniel Ain Ménétreuil Saône-et-Lo;re Menestreau Loiret. Nièvre .

:

.

.

i

.

.

.

Menétreau Jura

.

Nièvre

Cher.

.

Ménétreux

Ménétm

rOi-

C"t

.

1433. Par une transformation semblable à celle signalée plus

haut n*'1422 à propos de monast erium. monasteriohim est devenu mosteriolum. De là le vocable si répandu Montreuil Aisne, .\rdennes. Aube. Calvados. Eure. Eure-et-Loir, Ille-etVilaine.

Indrf-et- Loire,

Loire -Inférieure.

Manche, Haute-Marne. Mayenne.

Oise.

Maine-et-Loire.

Orne,

Pas-de-Calais.

Sarthe. Seine. Seine-Inférieure. Seine-et-Oise. Vendée. Vienne

,

au siii* siècle, sous les formes Mosteruei, MoiisterueL dont la diphtongue ue se prononçait eu Vn a été rétablie, vers la tin du moyen âge. comme dans Montier cf. qui se présentait,

:

par l'etîet d'une réaction savante, m cléri1427 cale ». et c est au xvi^ siècle que l's étymologique a disparu. Mosteruel et Monsteruel sont d'ailleurs les formes médiévales. non seulement de Montreuil. mais des variantes de ce nom qui

ci-dessus,

n**

.

vont être indiquées.

Dans les unes, mais -eau Montereau

la finale -et// est

1434.

Cher, Loiret.

:

devenue, non pas -euU, Seine.

Seine-et-Marne,

Maroialum

n** 167 174 sont devenus, non pas MareuîL XanteuiL Epineuil. mais Mareau Loiret). Xanteau ^Seine-et-Marne), Épineau Yonne), et où le nom de

Seine-et-Oise

Nantoialum

.

appartiennent àla région où n" 169

Jar</eiiu ^Loiret"

n

.

Spinoialum

n"

parait représenter au primitif

.

,

Garrigojaluni

164..

1435.

-\illeurs,

celte

finale

s'assourdit en

-eu

:

Montreiix


DE

LES iNOMS

iJo6

Nord,

Meurthe-et-Moselle,

.^Aisne,

lAEV.

sur laquelle a été fondée

dernière graphie,

cette

;

Mons

traduction

la

Montureux

Haut-Hhin).

(Haute-Saône), Monthureux (Vosges)

felix, a été adop-

tée à une époque relativement récente.

noms

1436. Les

Moutherot (Doubs)

le

comme

Vienne) doivent être considérés

Montrol (Haute-

et

des diminutifs de mous-

de montier, plutôt que comptés parmi les formes romanes

tier et

monasteriolum.

de

1437. Par Montrollet

d où

tirait

trelet

il

nom

son

(Charente) et Montrelet

faut entendre

petit

« le

Mil" siècle

MenetOU

et

l'hypothèse d'un autre diminutif de

monastellum,

et

de cape lia

de

et

dont

».

Moaastallum

on voit rendu par

MennetOU (Loir-et-Cher)

Montreuil

noms Monéteau (Yonne»

1438. Pour expliquer les

(Somme) Mons-

célèbre chroniqueur Enguerrand de

le

et

(Cher),

Monestallum

il

faut recourir à

monasterium,

([ui serait

formation serait comparable

la

castellum,

de

diminutifs

qu'au

capra

à celle

et

de

castrum. 1439. Un adjectif formé sur monasterium figure, au polyptyque de Saint-Hemi de Reims, composé vers 6o0, dans la plus

de mention connue Curtis monasterialis Cormontreuil (Marne). Le nom de cette localité signilierait donc « le domaine du monastère » comme Courdcnianche (cf. ci-des-

ancienne

domaine seigneurial ». 1440. G est comme un synonyme de monasterium qu il faut reconnaître dans Lamoiltgie (Puy-de-Dôme) et Lamonzie

sus, n" 943^

1.

Dans

le

«

riiilioiluction,

de présente

la

loi)0(ji-iij)hif/ue

Irc'uil

*

adjeclif ialin

-)

;

<'

et

qu'il

rialis

combinaison du

la

j)liis

à

la

mo n

cl coi'lis

ani'ait

rédigée avant 1891, de son Diclionmiirc

nom commun cortis a\oc nn

au cours de ses conlérences de 1906-1907 à

Hautes lUudes, signalant il

;i

Marut', Auf^usto Lonj^non affirme (p. xj (\nc dtrinon-

;i

penché pour

s

la

deux interprétations

les l

e

r

i

ol

i

dont ce

nom de

l'I-'-cole

des

eortis monasteiit-u

est susceptii)Ie,

premicri", contredisant ainsi rc\|)licalion

donnée

haut In" 944j, et dont nous axons cmpiiinlé les termes, Icxtuellenienl, le(.'on qu'il avait laite, le 11 le\rier INUI, au (]ollcg(> de l-rance. Clelte lavait ré[>étée, neuf ans plus

<;xplicalion,

il

ICtudes

mieux

;

'iurlis véritahle

et,

mouas thème

t

cncoi'C.

e li a él

1

i

s

en

190."i-190(i,

il

l'IOeole des Hautes expiimc lavis (|ue le paraphrase du qu une

lard, n

mirait

du l'olyptyqui' n'est Nous avons voidu, moyennant cet expose,

yuiologiqu*!

<•

.

•'


OniniMÎS ECCLÉSIASTIQl ES

357

(:h:LLA

:

deux communes qui portent ce. dernier nom sont la Mongie dans le Dictionnaire topographique du vicomte de Gourg-ues. Le mot latin monachus, qui reproduit le g-rec [j.oyy.yô:, et qui a donné le français moine, est devenu monge^ (Dordogne)

;

les

appelées

vers la limite des langues d'oïl et d'oc et le substantif mongie, formé sur monge, est comparable à notre expression familière ;

moinerie.

Dans

1441.

l'on a vu, par (n" 372j sait ville

et

que

le

le

domaine proprement

même

latin

Monoecus

forme mourgiie

7Vo^/'e-Da/?ie-f/e-Lamourguier

en 1302

de la langue d'oc, où devenir Domessargues

Rutenicum, Rouergue fn«^ 373 et 426), et où l'on nom de Monrgues désigna, jusqu'au xvu" siècle, la

Monaco, en

de

revêtu cette

dit

Domit i-uiicus

exemple,

à

Narbonne,

:

(n*'

3),

monachus

a

l'ancienne église paroissiale

Beata Maria de Monachia

faisait partie

d'un prieuré dépendant de

l'abbaye de Saint- Victor de Marseille.

De monachus

dérive l'adjectif monachalis, qui surnom de plusieurs localités, par exemple la FoyeMonjault (Deux-Sèvres), Faia monachalis en 1223. Paray-leMonial (Saône-et-Loire) doit le sien à un prieuré clunisien. Le

1442.

paraît dans le

commune de Paray-Douaville (Seine-et-Oise) a pour appellation propre _Para2/-/e-Moineau. variante populaire de Paray-le-Monial, rappelant le souvenir d'un prieuré dépenchef-lieu de la

dant de l'abbaye de Glairefontaine, au diocèse de Chartres. 1443. Le

mot cella,

qui

devint,

à

certaines

époques

moyen-âg-e, un véritable synonyme de monasteri'um, dait primitivement,

dans

le latin classi({ue,

met en réserve des provisions,

du

s'enten-

de l'endroit où l'on

celles-ci étant désignées à l'aide

d'un adjectif: cella farinaria, lignaria, pomaria, olearia; ce

qui s'est conservé dans notre

sens,

mot

cellier,

ne paraît

pas avoir laissé de traces en toponymie ailleurs que dans Vincelles (Aisne, Jura, Marne, Saône-et-Loire, Seine-et-Marne,

Yonne),

si

du moins

il

est

permis de rapporter ce

nom

au thème

foime conditionnelle sous laquelle se présente le paragraphe qu'on vient de lire; sans compter qu'au point de vue philologique nion-

justifier la

répond mieux à monasterioli qu'à monasteriali s. Dans le nom Lto»uC-les-Monges (Creuse) le déterminatif so rapporte une communauté, non de moines, mais de rclifîieuses. Ireuil t.

à


LES NOMS

3.-)8

LIEU

DIC

étymologique viui cella, en considérant que les localités auxquelles il s'applique appartiennent à des régions viticoles celle :

de

Marne est voisine de Dornians, et celle de l'Yonne fait du canton dont le chef-lieu poi*te le nom significatif de

la

partie

Cou\singeS'la-'Vineuse

.

Vincelottes (Yonne), au

même

canton, est

un diminutif de VincellesK 1444. Toujours à

chambre

ré[)oque classique,

cella a signifié aussi

que nous donnons encore au le qualificatif ostiaria, la loge du portier, dans Pline un cabinet de bains, dans Martial une maisonnette. De bonne heure, il prit un sens plus «

petite

mot

cellule.

nolile

de

»,

»

:

c'est le sens

désigne dans Pétrone, avec

celui de

:

temple

«

11

«

sanctuaire», qu'on

dans lequel Cicéron

dans Vitruve, celui

lui voit

l'avait déjà pris.

1445. Certains érudits ont voulu rattacher, les uns au sens de « cellier », les

La

autres à celui de

u

sanctuaire

le

»,

nom

de lieu

fréquemment. Benjamin Guérard veut que cel-la, dans la première moitié du moyen âge, ait désigné une grange, un cellier de monastèie et suivant lui, la plupart de ces granges étant devenues des prieurés, cella se serait entendu d'un prieuré, c'est-à-dire d'un monastère d'ordre inférieur, soumis à une abbaye. Sans doute, il en est ainsi dans ce passage de la Vie de saint Benoit d'Aniane, rédigée par le moine Ardon, au début du ix'' siècle Et quia caetera loca eos Celle, qu'on rencontre assez

;

:

capere non quibant, constituit locis congruis cellas, quibus praefectis magistris posuit fratres et une ;

charte donnée, en 1120, par Arnaud, archevêque de Bordeaux, dit, à

propos de Saint-Macaire (Gironde)

non

rius erat.

Par contre, dans

la liste

le

lacjuelle figure l'abbé Ililduin

premier évê(jue do Paris

l'Aréopagite

Saint-Denis.

On

qurdifié de cella

i.

I-f'S

Cfiis lie

l"Aii\<'iiois.

d(;

n'est pas

Viiicfllfs cl

de l'abbaye :

cella Sancti Dyonisii,

— l'auteur des Areopaffitica^

est

identifié

ne concei-ne rien moins (jue conclura

se

annoncée en ces termes

Haec sunt no mina monachorum ex dans

SanctusMacamonasterium

(Kiia

Livre des confraternités

le

de Saint-Gall, écrit vers 830, et

:

Sanctao Crucis, sed per

cella

avec saint Denis

l'illustre

abbaye de

ce dernier exeiuple qu'un monastère

nécessairemcnl de rang subalterne,

(le

N'iin'clolLi'S soiil

«oiiini'i

|ini'iiii

criix

dr


ORIGINES ECCr.ÉSIASTIQi:ES

CELLA

:

359

en d'autres termes que l'opinion émise par Guérard ne peut être posée en règle générale. Mais cette opinion se vérifie dans un

grand nombre de cas, par exemple en ce qui concerne Saint-Cloud (Seine-et-Oisej.

la Gelle-

La seigneurie de ce lieu, que Louis XIV acheta, en 1683, pour domaine de Versailles, appartenait auparavant à

l'incorporer au

l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, en vertu d'une donation de l'abbé

Wandremar, remontant

à l'an

nom

700 environ. Le

pri-

mitif de la localité, Villaris, s'est perdu en raison de la maison

monastique

cella fratrum

— qui

&\

fonda, et dont

il

est

mention au chapitre MI du Polyptyque d'Irminon on le voit encore dans une charte de 829 cella quae dicitur \'illamais une trentaine d'années plus tard, Aimoin, moine de ris fait

;

:

;

Saint-Germain-des-Prés,

cella nostra

remplacera

le

par une périphrase

:

quae contra vel s ecus locum Karoli Venna le nom Karoli Venna désignant le hameau,

posita est, dépendant de Bougival, qu'on nomme aujourd'hui la Chaussée. 1446. Pris ainsi dans le sens de monastère, la plupart du

temps de second ordre, cella

fréquemment devenu nom de

est

lieu.

La forme Celle

est rare

Celle-V Evècaull (Vienne) t-il, n''

;

encore

le

seul

nom

de

commune

dans lequel elle figure, représentenon pas cella, mais son diminutif cellula (cf. ci-après,

En revanche, beaucoup de

1455).

nom

localités portent le

de

Celles (Aisne, Ardèche, Corrèze, Aube, Cantal, Charente-Infé-

Dordogne, Hérault, Haute-Marne, Puy-de-Dôme, Vosges), le plus souvent parasite (cf. ci-dessus, il est toutefois prudent de n'affirmer cette dernière n" 1387)

rieure,

dont Vs terminale est ;

particularité qu'après avoir interrogé les textes

de Celles, qui désigna longtemps

la

en

:

effet, le

nom

Grande- Paroisse (Seine-etla forme

Marne), se présente dès l'époque mérovingienne sous

Cellas

(cf.

ci-dessus, n° 1397);

qu'employé ainsi au «

grange

))

ou de

«

pluriel,

grenier

»

le

il

est

du reste vraisemblable,

mot cella

avait

plutôt que celui de

«

1447. Selles-swr-.Va/io/j (Indre), ^eWeB-Saint-Denis snr-C/ier (Loir-et-Cher), représentant d'anci(>ns cella faut se garder d'attribuer

nymes, 1448.

et

notamment

S'il

la

même

à Selles

n'existe aucune

sens

le

monastère

de ».

et Selles;

mais

il

étymologie k tous leurs homo-

(Marne).

commune du nom

do

('elle

ic'pon-


.

LKS NOMS DK LIEU

360 dant à cella

compte une ving

ci-dessus, n° 1446), on eu

icf.

taine qui s'appellent la Celle (Aisne, Allier, Cher, Creuse. Indre-

Marne, \iè\re. Puy-de-Dôme, Seine-et-Marne, Seineou Lacelle (Corrèze), vocable dont la Selle

et-Loire,

et-Oise. Var, Yonne),

Mayenne, Saône-et-Loire)

(lUe-et-Vilaine, Loiret,

Tune

l'autre forme désignant en outre un certain nombre d'écarts

peut être une variante jusqu'au xix"

siècle,

:

le

nom

avec une

et

de la Celle-Saint-Cloud s'est écrit, s initiale

peut-être grâce

et c'est

;

de Benjamin Guérard que cette incorrection ne s'est

à l'autorité

pas maintenue

On

1449.

dans

a

proposé de reconnaître l'abbaye de Saramon (Gers),

Cella Medulfi, que mentionne un capitulaire de 817.

la

Cette opinion, sur le bien fondé de laquelle se

prononcer

que, dans

le

ici.

tire

n'y a pas lieu de

il

du moins quelque vraisemblance du

dialecte gascon,

devient /

//

fait

ci-dessus, n" 1418).

cf.

le nom de la Serre ou Lasserre. quand on le rencontre de ce dialecte, échappe- t-il à l'interprétation domaine dans le précédemment donnée (n** 36) du mot Serre, et se réclame-t-il

Peut-être

du primitif cella. 1450. Lalacelle (Orne), qui est aussi un ancien

un redoublement

sente

(n" 1415),

analogue

d'article

par exemple, dans

le

si l'on

en juge par

pré-

qui a

produite de

bonne

fort

forme latine Lacella, sous laquelle

la

un texte des environs de

cella,

qu'on a observé

Loroiix. L'agglutination

préparé ce redoublement, peut s'être heure,

à celui

désigne

1200

l'an

la

Selle-la-Forge

(Orne).

1451. Les localités appelées

pour

(pie,

maintes

fois,

ce

nom

///

délie sont assez

ait été

nombreuses

complété au moyen d'un

déterminatif.

Tantôt celui-ci est d'ordre topographi(iue il a été adopté surcar les habitants de l'endroit ne l'emploient guère dans ;

tout

leur langage courant

ou moins étiangèi'cs

à la région.

pour

la

commodité des personnes plus

Un nom

tel ([ue la

Celle-SOUS-

Ghantemerle (Marnei se passe de toute exjjlication. (^eux île la Celle-Barmontoise et de la Celle-Dunoise (Creuse) rappellent que ces localités appartenaient à des circonscriptions dont les chefs-lieux respectifs étaient

Tantôt nicnl

If

le

Barmontet l)un-le-Palleteau. nom d'homme, vraisembhible-

déterminatif est un

nom du

pieux j'oudateur de

la

cella

:

la Celle-Gueiiand


ORIGIiNP:S

(Indre-et-Loire),

ECCLÉSI-ASllQCES

CeUa Waningi

;

CELLA

'.

361

Cellefrouin (Charente),

Gella Fruini ou Freg-ohii. Ce mode de juxtaposition a été pratiqué de fort bonne heure, on l'a vu par l'exemple de Cella Medulfi (n" 1449), et parfois le nom d'homme a tôt ou tard fini par disparaître. La Cella domni Boliini du ix" siècle a pris

nom

le

de Monlier-la-Celle

Selles en Berry

Cher)

on

(cf.

ci-dessus, n" 1428). L'abbaye de

aujourd'hui Se Iles-su r-C lier (Loir-et-

dit

Cella sancti Eusicii, en souvenir fils de Clovis. La Translatio

était appelée jadis

de son fondateur, contemporain des écrite vers 8i0,

sancti Vi(i, l'itinéraire

suivi

par

le

mentionne, entre autres points de

pieux cortèg-e, Cella Gislefridi

située entre Rebais (Seine-et-Marne) et lité se

nomme

aujourd'hui

la

Oyes (Marne),

'

:

cette loca-

La

Celle (Aisne) tout court.

Celle

longtemps porté le nom de la Celle-Saint-Patrocle. D'autre part, le nom de Marmoutier, en Alsace (cf. ci-dessus, n° 1430] a remplacé celui de Cella Leobardi. (Allier) a

1452. La combinaison de cella avec un

nom d'homme

assez fréquente dans les pays de langue germanique.

en

cite

a été

Fœrstemann

une trentaine d'exemples, dont douze sont tirés de textes au xu'' siècle, et qui répondent à des noms pré-

latins antérieurs

sentant aujourd'hui

la

terminaison

fondée, dit-on, en

(Suisse) a été

Saint-Gall, et l'on a pensé que ce tis cella

d'iiomme

;

il

est plus

Abbo

-zell.

1161,

nom

L'église

d'Appenzell

abbé

par Norbert,

représente

le latin

probable que son premier terme est

de

Abbale nom

(voir ci-dessus. n° 999).

roman

1453. Si zell est l'équivalent germanique du

celle,

il

ne faut pas classer parmi les noms de lieu formés à l'aide de

cella

Aaciresselles,

Winnezeele,

Framezelle

Zermczeele

(Nord),

(Pas-de-Calais),

Moorseele,

inezeele (Belgique, Flandre occidentale).

Dans

appartiennent au pays de langue flamande,

Lederzeele,

Sysseele,

Voor-

ces vocables, qui

zeele, selon

Fœrste-

mann, représenterait un nom d'origine germanique, au sens du latin do mus, atrium, du français « maison, demeure », qui paraît dans l'ancien haut-allemand sous la

forme

sal,

dans

l'an-

cien saxon sous la forme seli.

1454. Dans Ilardoncelle (Ardennes), dont le

nom d'homme Hardoinus i.

Mon. (imm.

hist,, Scri/>t...

II.

(cf.

'-'tHi.

le

terme

ci-dessus, n" 1130).

initial est le

second


LES >OMS DE LIEU

3G2

terme

non pas cella, mais silva les Feoda Campaniae On notera là une forme vulgaire de silva, qui, avec que présentent Veuxhaules (Gùte-d'Or), en 1101, Vacua est

;

l'attestent.

celles

Haute-Seille

silva, et

AU

latins

ailleurs

(

a silva,

;

Meurthe-et-Moselle), dans les textes

pouvait compléter une énumération donnée

683-687;.

n°^

1455. La toponomastique olfre quelques diminutifs de cella.

Le liitin cellula, dont la terminaison est atone, peut donner une forme romane semblable à celle qu'a revêtue cella, dé

et

fait

la

localité

poitevine qu'un

texte

de

1218

appelle

Episcopalis cellula est maintenant Gelle-Lévescault (Vienne). De même Celles-SUr-Belle Deux-Sèvres) est, dans une charte de 1031, désis^né par les mots villa quae vocatur Cellula, ce f

qui interdit de rapporter à cette localité la légende

CELLA

qu'on

que

voit sur des triens méroving-iens. Cela considéré, on ne doit

sous réserves rapporter à un primitif cella

le

nom

des localités

appelées Celles. Selles, la Celle, la Selle, qui ont été mention-

nées plus haut

:

l'étude des textes peut révéler que telle d'entre

nommait à l'orig'ine cellula '. 1456.' Le diminutif roman collette appelle une observation. 11 est à pré.sumer que les localités aujourd'hui dénommées Celettes elles se

(Charente), Cellettes (Loir-et-Cher) (^Creuse,

la Cellette (Icllo

ou

la Colle, et

cier de localités

voisinage

1.

»,

mais bien

C'est lo cas do

rédigé vers

homonymes

cellolte sig-nifie

;

petite cella

la

~,

la Celette

Cher, Corrèze;,

Puy-de-Dôme) s'appelaient primitivement le diminutif a été emplové pour les dilleren-

a

plus importantes-^ situées dans

donc, non pas Celle-la-Petite

comme

cellula,

c

Colle-aous-Morel (Seine-ot-Marne\ dans un pouillé

l.'iiO.

2.

Cellâ sancli Muudricii dans un

3.

Cellefrouin l'Cliaienle), au caiilon do Mansle,

pouillé rédigé vers 1272.

comme Celelles — La comme la Celetlc ;

;

Lacelle fConè/.o), dans l'arrondissemenl de Tullo, nu(|uol confine

ritoire

de Monestier-Mcrlines, comprenant

l'écarl

dit

la

Celclle;

Celle-sous-(iouzon (Creuse), dans rarrondissement de lioussac, Cellolte;

comme

Collclle.

la

la

».

Celle (Cher), dans l'arrondissement de Sainl-Ainand,

le

la

Celle

Puy-de-Dome), dans

Tju

rondissemenl

le ter-

comme

l.a

la

de Hiom,


ORIGIMKS ECCLRSIASTinUES

:

363

Afin ATI A

1457. Un monastère ayant à sa tête un « abbé », en latin abbas, du syriaque aha, « père », était appelé « abbaye », en latin abbatia. La commune deVAbbaLye-sons-Planci/ (Aube) doit son origine, non pas à une abbaye^ mais à un prieuré de l'abbaye de Molesme, fondé vers 1080, et appelé alors monasterium ad

Ulmos. On voit qu'en l'espèce le mot abbaye » n'est pas pris dans son sens propre, mais bien dans celui de « dépendance d'une abbaye ». La même observation s'applique à beaucoup des nombreux écarts il qui y en a plus de quatre-vingts <'

nom de 1 Abbaye. Il s'en faut, en effet, que tous représentent, comme l'Abbaye -d'Emont (Somme), lAbbayeportent

le

d'Igny (Marne), l'Abbaye-de-Jouy

ment d'abbayes supprimées par fois

on n'est en présence

Seine-et-Marne), l'emplacela

Révolution

1458. Dans la toponomastique du nord de qui répond au latin

:

plus

d'une

d'un ancien domaine abbatial.

(|ue

abbatia

la

se présente sous

France,

le

mot

une forme plus

réduite.

Abbie (Pas-de-Calais) est une ancienne ferme de l'abbaye du Mont-Saint-Eloi.

Les fermes dénommées l'Abby, aux

territoires de Bonnières,

d'Haisnes, de Neuville-Saint- Vaast et de Thélus (Pas-de-Calais), appartenaient,

la

première

l'abbaye de Cercamp,

à

la

seconde à

l'abbaye de Marchiennes, les deux autres à l'abbaye de Saint-

Vaast d'Arras.

Le nom de doute

même

la

l'Abie, ancien

écart

étymologie que

du Crotoy (Somme), a sans

les précédents.

1459. La forme méridionale d'abbatia est représentée par les

noms de

lieu

Abadie (Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées), LabaAba-

die (Alpes-Maritimes), les Abadies (Pyrénées-Orientales) die est

;

devenu un nom de famille assez répandu. En Gascogne

et vers les

Pyrénées, ce mot s'entendait d'un alleu, très vraiseml'orig-ine, mais de bonne heure

blablement domaine abbatial à usurpé par quelque

la'ique

:

le

Glossaire de

des exemples de cette acception remontant .

1460.

Abbaye

et abbie

à

Du Cange

fournit

961, 1002 et 1054.

ont pour diminutifs Ablette (Somme),

lAbbayette (Pas-de-Calais), l'Abbiette (Aisne, Pas-de-Calais), Lablette (Pas-de-Calaisi, la Blette 'Nord, si l'on se reporte nu Diclinnnairo f()po;/ra/)hif/ire de l'Aisne et à celui du

l'Ablette,

;


LES NOMS

364

DR LIEU

Pas-de-Calais, ou constatera que bon nombre des écarts ainsi

dénommés 1461.

sont d'anciens biens d'abbayes.

Un

abbaye, et

monastère de second

dirig-é

par un prieur

ordre, subordonné à une ou une prieure est appelé

mot prior, comparatif de l'adjectif dont primus, est employé substantivement, en plu-

prieuré, prioratus. Le le

superlatif est

sieurs endroits de la règle de saint Benoît, pour désigner celui

qui est à la tête

dune abbaye, autrement

dit l'abbé.

Le sens

qui a prévalu paraît vers le xi^ siècle. Abusivement on appela «

prieur

ne dirigeât aucune conmiunauté,

)),,bien qu'il

reli-

le

gieux desservant une église paroissiale soumise à une abljaye, « 1

prieuré

»

non moins abusivement, vers la fin de dénomma.» prieuré » la demeure du prieur,

sa cure. Et,

ancien régime, on

même qunnd

elle n'était

pas située dans

du prieuré primimot

le lieu

C'est à cette circonstance, relativement moderne, que le

tif.

«

et

prieuré » doit la place assez importante qu'il tient dans la

toponomastique

;

importante, soit dit en passant, que

plus

Dictionnaire des Postes ne trente écarts appelés le seul

le

laisserai

Prieuré que ce répertoire indique, un

appartient au département des Hautes-Alpes

rencontre cinq dans

le

le

Sur près de

supposer.

it

;

or,

on en

Dictionnaire topographic/uc de ce dépar-

tement. Et l'on doit observer qu'en cette région, où un primitif

prioratus

aurait

donné priorat

plus au sud, on remarf[ue

eiFectivement le Priora (Alpes-Maritimes)

le

vocable Prieure

ne peut remonter à une date bien lointaine. Ppvn-tant, l'un

cU;

ces cinq écarts des Hautes-Alpes, celui compris dans le territoire

communal deChorges, correspond

bien

à

im ancien prieuré,

après avoir dépendu de Saint- Victor de Marseille,

fut

vers

cpii,

H 10,

uni à l'abbaye de Boscodon.

En

règle générale,

nom que celui nom servir de

im prieuié proprement

dit n'avait d'autre

où il s'élevait parfois, on voit ce déterminatif au mol prieuré, comme dans le

de

la localité

;

Prieuré-de-Baillon (Seine-et-Oise) et

le

Prieuré-d"Er, en Donges

(Loii-e-Iiiférieure).

1462. l.iliii

A

paiiir

du

v''

siècle,

ecclésiastique désigne

bium, calqué sur

le

grec

il

arrive assez, souvent

un monastère par

y.îiviÇiov.

qui s'applique

le i»

(jue

mot coenoun endroit où


OKlliLNKS ECCLESIASlKjUbiS

l'on nieue

«

la vie

commun

en

pas trace de ce mot dans

On

».

CHAPITRLS

:

3(),'j

pourrait dire qu'il ne reste

toponymie française, si le bourg de Villefranche (Allier) n'était appelé, dans un document rédigé entre 1048 et 1137, Villal'ranca Montis Cenobii. Dans cette expression, Montis Cenobium à moins que ce ne soit désigne un écart de la commune actuelle de Mons Cenobii la

nom Montcenoux.

A'illefranche, qui a

La stiques aux

transition

1463.

toute naturelle

est

des

églises

mona-

églises collégiales, desservies par des chapitres de

chanoines.

d'où le français chanoine Le mot latin canonicus dérive du grec xavcôv, désignant la « règle » à laquelle étaient assujettis les chanoines. De même qu on a vu monachus devenir, suivant les régions, moine, mange (n" 1440) ou mourgue (n° 1441), de même canonicus, accentué aussi sur l'o de l'antépénultième, est

devenu, dans

la partie méridionale de la France, canonge et canorgue ou canourgue. Quand un de ces mots, précédé de l'ar-

ticle

féminin, paraît

comme nom

de

lieu,

il

représente l'adjectif

canonica, qualifiant ecclesia sous-entendu. La Canourgue (Lozère) doit bien son nom, et sans doute aussi une collégiale qui y subsista jusqu'à la Révolution, Ganonge (Lozère), la Canorgue (Vaucluse), la Canourgue (Hérault), ainsi que Canourgue (Bouches-du-Rhùne, Lot), ne répondent vraisemblablement (ju'à d'anciens biens de son origine,

à

tandis que la

chapitres

1464.

'.

On

peut rapprocher de ces vocables, au point de vue de

la signification,

les

déterminatifs des

qui ont trait, tantôt à

noms de

lieux suivants,

un chapitre de chanoines, tantôt

à l'un de

ses dignitaires. Gesy/'es-le- Chapitre

(Seine-et-Marne), ancienne possession du

chapitre de Meaux, se distingue, par son surnom, du

en dernier lieu Gesvres-le-Duc, par un écart des

communes

<[ui

fief

appelé

est aujourd'hui représenté

de Crouy-sur-Ourcq et de May-en-

Multien (Seine-et-Marne).

1.

Le Diclion/iaire

(uj)<)</r!ii>lii(/iir

un fief du Canorgues, au leniloiro de Palaja. giislo

Loiif^non,

iiidi((ue

do

l'AiicIe,

cliaijjlre

paiu depuis

de

la

mort d'Aii-

'Jaicassoiiiie

tiénommé


LES NOMS

366

DE LIEU

1465. Le nom de la Fe/v/ère-au -Doyen, qui figure dans la nomenclature communale du Calvados et dans celle de lOrne, s'applique à des localités dont les seigneurs respectifs étaient le

doyen du chapitre cathédral de Bajeux

du chapitre

et celui

cathédral de Sées.

Grange-dM-Doyen, dans la paroisse de Véron (Yonne), appartenait au doyen du chapitre métropolitain de

La

terre de

la

Sens.

Le surnom de Neuilly -le-Dien (Somme), qu on depuis

le

s.i\^

siècle,

n'est

autre chose

— qu'une altération

époque en font foi 1466. La cure de

voit paraître

textes de cette

les

du mot doyen.

Brir/ueil-le-Ch.ainiTe (Vienne) était, jusqu'à

1 ancien rég-ime, à la collation du chantre de Fég-lise coldu Dorât. 1467. La cure de Villeneuve-Minervois (Aude), qu'on appela

la lin

de

légiale

longternps F//Z(?;î(?aue-les-Chanoines l'église cathédrale

',

au chapitre de

était unie

Saint-Nazaire de Garcassonne

L'Anffle-diUX-

'-.

Chanoines. écart de Ghantonnay (Vendée), était sans doute aussi la propriété de quelque chapitre. 1468.

Avant d'expliquer par une circonstance

vocable les Chanoines (Bouches-du-Rhône, Loiret), drait de s'assurer

nombre de

celles

que dont

les localités le

dont

il

est celui de la famille d'un ancien propriétaire

1.

Le cliangcuieiil de nom

2.

Brixeiy-aux-Chunoineu (Meiise; étail

a élé pi-esci-it paile

il

le

convien-

ne sont pas au

s'agit

nom, commençant par

similaire

1

article pluriel,

^.

décrcl du

3.'j

ocLobro 1894.

siège d'un chapitre fondé on

son surnom ne peut donc remonter qu'à une épo(jue tardive du moyen-âg-e, et c'est peut-être pour ce motif qu'Auguste Longnon ne l'a pas

1261

;

mentionné ici. A. Longnon formulait la même réserve à propos du nom les Canongss porté par deux écarts de l'Aude; mais, l'un deux, situé au territoire de Laurabnc, est api>elé, en 1306, tenenlia Ca pell a norum. '.i.


LXIV

SOUVENIRS DES ORDRES RELIGIEUX Moins anciens que ceux précédemment passés en revue, les de lieu dont l'étude est abordée ici sont empruntés surtout aux ordres hospitaliers qui jouèrent un rôle important pendant la seconde moitié du moyen-àg'e.

noms

1469. L'ordre militaire et religieux du Temple fut fondé en

1118,

à Jérusalem,

par un chevalier champenois,

Hugues de

Pains, et huit autres croisés français. Son but était de protéger

Baudouin II attribua aux nouveaux chevaliers une maison voisine de l'emplacement du Temple de Salomon, d'où les noms de Temple et de Templiers donnés à l'ordre et à ses membres. Par suite des les pèlerins qui allaient visiter les lieux saints.

donations considérables dont

ils

bénéficièrent, les Templiers se

répandirent dans toute l'Europe chrétienne, leur réputation méritée de bravoure,

ils

et

non contents de

se livrèrent à des opéra-

tions financières qui accrurent leur richesse et leur puissance.

Leurs

même

maisons étaient nombreuses, après

la

surtout

suppression de l'ordre en 1312,

en

France,

et l'attribution

où,

de

ses biens aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ces maile nom de Temple. Le Dictionnaire des Postes indique plus de soixante 1470. localités dénommées le Temple on pourrait, à l'aide des Dictionnaires topographicfues départementaux et des diverses nomenclatures rég-ionales, grossir notablement ce nombre sans compter que le nom dont il s'agit est resté à certaines maisons de Tem-

sons conservèrent

;

;

pliers, situées

à l'intérieur des

villes,

telle,

par exemple, leur

maison parisienne, qui devint, entre les mains des Hospitaliers de Saint-Jean, le siège du Grand -Prieuré de France. Le souvenir du Temple subsiste encore, son nom ayant été attribué successivement à l'un des quartiers du sixième arrondissement, et, depuis i860 •, au troisième arrondissement de Paris. Parfois ce 1.

Décret

(lu 31

octobre

18iJ9.


368

i^Es

nom

^OMs de lieu

accompagné d'un déterminatil' le Temple-de-Bretagne le Temple-de-Médoc (Gironde), le Templfe(Lot-et-Garonne), le Temple-la-Guyon (Dordogne), etc. Sur-Lot 1471. Dans quelques noms de lieu, le mot temple est employé, non comme terme principal, mais comme déterminatif ces noms est

:

(Loire-Inférieure),

:

s'appliquent

comme

d'ailleurs,

les

précédents,

commanderies ou dépendances de commanderies

Temple Temple

lAisne),

C/îo/sv-le-Temple

d'anciennes

à

CatiUon-du-

:

(Seine-et-Marne),

(Oise). Z)am/)/>/'/r-au-Temple et

Ivry-\e-

Sa i/?/-//i/cî/re-au-Temple

(Marne) appartenaient k la commanderie de la Neuville-auTemple, dont l'emplacement est situé au fînage de Dampierre. 1472. Le souvenir des chevaliers de l'ordre du Temple est

également rappelé par

le

nom

d'écart la Templerie (Charente,

Mayenne, Vendée)

Loire-Inférieure,

llle-et- Vilaine,

surnom des communes

et

par

le

Voulalnes-

de

de i?H/'e-les-Templiers et

les- Templiers (Côte-d'Or).

1473. Le sens du surnom de Dampierre-au-Temple et de Saint-Hilaire-au-Temple est nettement établi par les chartes de la

commanderie de

la

Neuville. C'est donc bien à tort qu'on a

pensé reconnaître dans l'une de ces localités le Fanum Minervae des textes itinéraires. Jamais dans la toponomastique, où quelques exemplaires s'en rencontrent et 456), le

mot

fanum

latin

(cf.

ci-dessus,

452-454 Les seuls

x\°^

n'a été traduit par temple.

vocables qu'on puisse rapporter au primitif

templum,

désignant

un sanctuaire païen, sont Templemai'S [Nord) et Talmas (Somme) de famille dn célèbre tragédien Talmn est une le nom synonymes l'un et l'autre de variante de ce dernier nom Famars (Nord), Fanum Martis (cf. ci-dessus, n^ 345).

1474. L'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem a été créé dès 1099, au lendemain de la prise de Jérusalem par les croisés. les

l'église tal

lieu

Il

avait

pèlei-ins.

»

et

et

pour mission de prali(juer l'hospitalité envers son [iremier chef-liou

Saint-Jean de

«

:

de

(îhev.iliers

lii

salem par Saladin en 1187. 1329. Chassés de lîhodes |)ai'

;i

les

dans

la ville

chcvalieis

à

Acre, après

Rhodes après le

sull;iii

s'c-iablirciil

,

sainte,

ordre de l'Ilopi-

de Saint-Jcan-de-.Iéiusalem

fut transféi'é successivement

m(''mor;il)lc,

fut,

les appellations d' «

la

)i.

Ce

chef-

prise de .léru-

la jierte

d'.Vcre en

S<»liman, après un siège

en

L")30.

dans

l'île

de


,

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

:

Malte, dont Charles-Quint leur avait

ORDRES RELIGIEUX fait

369

don. Malte leur fut enle-

vée, en 1798, par Bonaparte, et, de nos jours, l'ordre ne subsiste g-uère

que de nom.

1475. C'est

le

souvenir de cet ordre que rappellent

des localités appelées Hôpital ou l'Hôpital. Ce

nom

la

plupart

est souvent

employé seul, et parfois, surtout quand il s*ag-it d'une commune, 'accompagné d'un qualificatif IHÔpital-le-Grand (Loire) ou

d'un déterminatif qui rappelle, selon l'endroit

les cas, le

nom

primitif de

— Hôpital-Camfront (Finistère), l'Hôpital-du-Gros-Bois

(Doubsi, IHôpital-d'Orion (Basses-Pyrénées), IHôpital-le-Mercier (Saône-et- Loire), Mercier répondant ici au latin Marciacus le

vocable de l'église paroissiale

— l'Hôpital-Saint-Blaise

Pyrénées), l'HÔpital-Saint-Lieffroy (Doubs)

,

Basses-

la situation

topo-

— l'Hôpital-sur-Dorthe (Ain), IHôpital-sous— L'Hôpital pour variante l'Hopitau (Aube, Rochefort Charente, Charente-Inférieure, Côtes-du-Nord, Eure-et-Loir, Loire-Inférieure, Nièvre, Sarthe, Deux-Sèvres). — Les

graphique du lieu

(Loire).

a

Loiret,

noms

Champignij-YYxO'^lidM'yi (Seine-et-Marne) et Champignolles-

les-Hospitaliers (Cote-d'Or) doivent être rapprochés des précédents, en raison de leurs détermiiiatifs.

En revanche,

1476.

les

noms

caractérisés par la forme plu-

Hôpitaux-Neufs, les Hôpitaux-Vieux (Doubs), ne rappellent certainement en rien l'ordre de l'Hôpital. Il va sans

rielle,

les

que dans un petit nombre de cas l'emploi du mot hôpital, en toponymie, peut s'appliquer à d'autres ordres

dire, d'ailleurs,

nullement militaires, et désigner d'anciens établissements destinés à recueillir les voyageurs, les pèlerins, les hospitaliers,

enfants trouvés. Tel paraît bien être la

noms de

plupart des

IHospitalet Lozère)

:

• i

le

la forme diminutive Aveyron, Loire, Loi,

nommées

se trouvaient, en général,

Basses- Alpes,

les localités ainsi

sens auquel se rapportent

Ariège,

lieu désignés

par

sur d'anciennes grandes routes fréquentées par les voyageurs. L'Espitalet (Audej est une variante de V Hospitalct.

Dune

manière générale, il con^aent, pour expliquer le nom, au mot hôpital, d'une localité, de s'informer tout d'abord du passé de celle-ci. On trouve d'abondants renseignements sur les anciennes possessions de l'ordre de Malte, dans le apparenté

Cartulaire de

l

ordre des Hospitaliers de Sainf-Jean-de-Jérusalem

{1100-1 :]10), publié de 1894 Les notriA de lieu.

à

1906, en quatre volumes in-f<dio. -<


LES NOMS DE LIEU

370

par Joseph Delaville Le Roulx, et dans les publications d'un

comme celles de Mannier sur les commandedu grand-prieuré de France, de Du Bourg- sur le grandprieuré de Toulouse, de Niepce sur le grand-prieuré d'Auvergne. Il faut aussi tenir compte de ce qu'un établissement de l'ordre de l'Hôpital comportait d'ordinaire une chapelle sous le vocable objet plus spécial,

ries

de son patron, saint Jean. 1477.

l^es

noms de

rapportent en propre,

dans

lieu cités

les

pages qui précèdent se

uns aux Templiers,

les

les

autres aux

chevaliers de Malte. Les suivants peuvent concerner soit l'un, soit

létude des documents permettrait

l'autre de ces ordres, et seule

de tixer la part de chacun.

du Temple et de l'Hôpital étaient appelées commanderies », chacune ayant à sa tête un praeceptor ou commandeur. L'ordre de Saint-Lazare, dont il sera question plus loin, avait aussi ses commandeurs, comme ses chevaliers. Le nom d'écart la Commanderie se rencontre dans on le voit accompagné du nom les régions les plus diverses Les

maisons

((

:

originel

de la localité

Commanderie-de-Beaiigy

<lans la

(Cal-

vados).

1478. Les écarts dénommés la Chevalerie correspondent k d'anciennes commanderies, considérées comme « maisons de chevaliers », quand ils ne représentent pas les biens de propriétaires

dont

le

nom patronymique

(Chevalier. L'équivalent de la

était

Chevalerie est, en pays de langue d'oc, la Cavalerie (Arièg-e, Aveyron, Dordogne, Tarn, 'Vaucluse) et l'on sait positivement ;

Cavalerie, écart situé au territoire de Pamiers, doit son oiigine à une maison du Temple, fondée en 1130, et qu'on ai)pela longtemps la Cavalerie de la Noiujarède.

que

la

1479.

Le

nom

'Villedieu

ou

la Villedieu,

par dix-neuf

diverses parties de

la

nombre

remonte pas au delà du

d'écarts, ne

Franci',

porté,

dans

les

communes

et

bon

siècle,

et

l'on

xii"'

peut allirmcr (|ue toutes ces localités sont (rancicnnes posses(^e nom est souvent

sions des Templiers ou des Hospitaliers,

accompagné d'un surnom

:

celui

d»'

\'illedicu-les-Poèles [^lunclwj,

qui a cessé d'être officiel, fait allusion à l'industrie des pcfcéles à frii-c,

Imn.

assez anciemie dans

le

pays. |)uis(pu' Habclais en

fait iiien-


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

1480. Vildé (Côtes-du-Nord,

:

ORDRES RELIGIEUX

lUe-et- Vilaine,

371

Mayenne, Ven-

Deux-Sèvres), la ViUedée (Gôtes-du-Nord), peutêtre la ViUedée (Morbihan), sont des altérations de Villedieii ou dée), Villedé

la.

!

Villedieu.

1481. L'interprétation qui vient d'être donnée de ce nom, et qu'il serait facile de justifier historiquement,

ne peut être éten-

due à tous les noms de lieu dont le thème étymologique est Vallis Dei. A la vérité, l'ancienne commune' de la Vaudieu (Indrel était le siège d'une commanderie mais on n'a pas la preuve qu'il en ait été de même de Vaudieu (Vaucluse). Valdieu (Marne) était, au diocèse de Troyes, un prieuré de Tordre du Val-des-Choux, fondé en 1219. Quant au village de Lavaudieu ;

(Haute-Loire),

nom

de

il

changement au moyenun monastère

n'est ainsi appelé qu'en vertu d'un

autorisé par

acte royal, postérieurement

en ce lieu, jadis dénommé Comps, s'élevait femmes subordonné à l'abbaye de la Chaise-Dieu l'abbé de Renaud de Blot, voulant que ce monastère reçût un nom « consonnant au nom de sa dite abbaye », obtint du roi Charles VIII, àge

;

;

par lettres données à Laval

Gomps

s'appelât désormais

autrement 1482.

le «

9 octobre 1487, que le prieuré de le

prieuré de Vaudieu... et

non

».

L

des

ordre

chevaliers

de

Saint-Lazare

croit-on, en 11 19, à Jérusalem, par le roi

Baudouin

fut

II, et

établi,

confirmé

pape Alexandre IV, en 1255. L'importance qu'il tirait de sa mission spéciale, celle de soigner les malades atteints de la lèpre, diminua en raison de ce que le fléau perdit de son intensité. En France, où il avait fixé son chef-lieu dans le domaine de Boigny, concédé par le roi Louis VII, cet ordre fut réuni en 1693 par

le

à celui de Saint-Michel

;

tandis que l'union, en Savoie, de l'ordre

de Saint-Lazare à celui de Saint- Maurice est l'origine de l'ordre honorifique

«

des saints Maurice et Lazare

»

au royaume actuel

d'Italie.

On

peut rattacher au souvenir de l'ordre de Saint-Lazare

plupart des

plupart

noms

de lieu désignant d'anciennes léproseries

seulement,

étaient antérieurs à

car l;i

création de l'ordre

maison de Saint-Lazare, 1.

Réunie

à celle

de

quelques-uns

de :

ces

telle,

;

la la

établissements

par exemple,

la

à Paris.

Saiiil-Ililiiire

[)ai'

ordonnance du

l"''

so|)lonibre l8i'J


372

LES NOMS DE LIEU

1483. Les lépreux avaient été placés sous

la

protection de

saint Lazare, par l'effet d'une confusion entre Lazare, le

diant couvert d'ulcères

— dont parle,

moyen-âge en avait

le

dans l'Evang-ile selon saint Luc,

Mauvais Riche,

et saint

Lazare,

le frère

fait

la

menun lépreux parabole du

de Marthe et de Marie,

repas de Jésus, six jours avant la

qui, ressuscité, parta^^ea le

Pàque, chez Simon

le lépreux, à Béthanie. La forme vulgaire de Lazarus, accentué sur l'antépénultième, étant Ladre, la lèpre était dite mal Ladre, d'où le mot maladreries désignant les maisons où les lépreux étaient confinés. Le mot léproserie, de forma-

moderne, n"a pas trouvé place dans la toponomastique mais bon nombre d'écarts sont appelés la Maladrerie, la Malacar mal Ladre a été parfois abusivement assimilé à drie, et l'adjectif malade ^ la Maladière. les Maladières. tion

:

'

1484. Plus fréquemment, les localités correspondant à d'an-

ciennes léproseries portent

le

nom

de Saint-Lazare

;

mais l'em-

forme savante Lazare ne remonte guère qu'à l'époque auparavant la forme vulgaire était seule usi-

ploi de la

de la Renaissance

;

quelques Saint-Ladre (Cher, Eure-et-Loir, Nord, Oise, Pasde-Calais\ se sont d'ailleurs maintenus. tée

;

1485. La ville de Po/i ^-Saint-Esprit (Gard), qui s'est formée

autour d'un prieuré clunisien, ecclesia sancti Saturnini, dont

on constate l'existence dès 945, doit son nom actuel à un pont, jeté sur le Rhône, dont les travaux durèrent de 1269 à 1309, et à un hôpital de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier qui fut fondé vers

la

même

époque.

C'est vraisemblablement à ce siècle et

xii"

1.

Et,

poiirrail-oii ajouter,

ordre hospitalier, créé au

le

pape Innocent

III,

que

un nombre bien plus considérable encore de

On

en peut juyor en consultant les dictionnaires topographiques Haute-Marne et de la Côte-d'Or, et l'un de nous a fait pareille consla-

lieux dits. rie la

même

confirmé en 1198 par

en dépouillant les états de sections des communes du département II va sans dire que dans la |)lupait des cas un lieu dit appelé M.iL.tJii-rc ou la Maladrerie représente une ancienne [jossession d("

lalion

des Vosffes. la

léproserie, et non l'emplacement d'une léproserie. 2. Monl-aiJX-M;d;i(Jcs,

20 janvier actuelle

1819

de

a

ancienne

commune

à laquelle

une ordonnance du

réuid celle de Sainl-Aij^nan pour former

Mont-Sainl-.Vif^nan

textes latins du moyen-àf^-e,

(Seine-Inférieurel, est

Mous

l.c

|)

r

o so

r

ii

m.

la

ap|)t!lé,

commune dans

le»


ORIGLNES ECCLÉSIASTIQUES

nom

doivent leur

ORDRES RELIGIEUX

:

373

appelées Saint-Esprit (Allier, Côtes-du-Noi'd, Finistère, Gers, Lot-et-Garonne, Basses-Pyréles

localités

nées, Vaucluse) et le

Saint-Esprit (Orne).

Antérieurement au

xu^ siècle, on n'aurait pas eu l'idée de placer un sanctuaire sous l'invocation exclusive de la troisième personne de la Trinité

(cf.

ci-après, n" 1515).

1486. L'ordre de la Sainte-Trinité fut fondé en 1199 par saint Jean de Matha et saint Félix de Valois, pour racheter les captifs des mains des intîdèles. En France, les Trinitaires étaient appe-

maison de Paris, voisine de on les désifirnait aussi sous le nom d' « âniers » ou de « frères aux ânes » parce qu'à l'origine l'âne était la seule monture qui leur fût permise, témoin ce passage du Magnum chronicon Belyicum^ lés

Mathurins

cité

cause de

à

leur

Saint-Mathurin, qui leur avait été donnée en 1228

l'église

par

Du Gange

:

Anno Domini anno

centii pape 111

1198, pontificatus et institutus est

coepit

1,

;

Innoordo

Sanctae Trinitatis, quem solebant appellare ordinem asinorum, eo quod asinos equitabant, non equos c'est seulement en 12137 que le pape Clément IV leur permit de mon;

chevaux, à l'occasion. Mais leur

ter des

on

le

dans un compte de

voit

Du Gange

rapporte également

Madame En raison

bliaut^ ou

1487. l'ordre,

chaque

«

l'hôtel

nom du

roi

vulgaire subsista,

pour 1330, que

Les frères des asnes de Fontaine-

:

fut espousée.

de

cette

ministrerie »

— entretenait

circonstance, chaque maison

de

de

le

supérieur portant

le titre

un certain nombre d'ânes. De là le surnom « aux ânes » accolé, quand elle avait beaucoup d'homonymes, au nom d'une localité où se trouvait une ministrerie Fay-ai\xx-kne& (Oise). On voit ce surnom déformé dans la Ville«

ministre

»

:

neuve-di\xx-kanes et

la

ViUefte-aux-h.u\nes (Seine-et-Marne).

1488. S'agit-il, dans ces deux derniers noms, d'une déformation intentiotmelle, les habitants voulant échapper teries

que

le

mot

«

ânes

»

pouvait

leur attirer ?

aux plaisan-

Ou

bien

se

trouve-t-on en présence d'une altération de prononciation, étrangère à toute arrière-pensée ? Gette dernière supposition n'est pas

Polyptyque de Saint-Remi et une charte de 1240 aujourd'hui Villers-aux-Nœuds (Miwne), parle

sans vraisemblance. La localité cjue

le

de Reims appelle Villare asinorum, Vilers Anous, est


374 double

LES effet

de

la

même

NOMS DE LfEU altération, et d'un jeu de

remonte au moms au début du x,v« surnom „ au.-Xœuds „, qui devrait

nen

mots qui va sans dire m,e le s-écrire asneu., névoqie en siècle. Il

le souvenir de l'ordre des Trinitaires. à la eréation duquel .1 anteneur; ,1 a trait à l'élevage des ânes, et VUterlaur-^œuds répond à la même not.on d'économie rurale nue le, vocables représentant le latm asinar.a ceux-ci ont été indiqués a. leurs n598), et on j peut joindre les noms

est

:

plus

.4«,e.e

modern

Loiret, et f.inerie (Ardennes, Loire-Inférieure, Sarthe Lo,re-Infe„eure,. du moins dans les cas où ce dernier ne s'ap: plique pas à quelque propriété d'une famille

Unier ou Lamier


LXV

1489.

On

voit, à

l'heure actuelle, dans notre pays,

nombre de localités porter les Haute-Saône, Somme) à

et

une exception près Mais

noms ont

il

noms de Bethléem

un

petit

(Nièvre, Nord,

de Jérusalem (Nord, Vaucluse, Vienne) ci-après, n° 1493], elles

(cf.

d'importance, et l'on anciennes.

LA TERRE-SAINTE

DE

SOUVENIRS

n'a

pas

la

preuve qu'elles soient

est certain que, dès

;

sont de peu très

l'époque franque, ces

été en usage sur le sol gaulois.

1490. Le

fait a été

signalé incidemment (n" 866) à propos

du

monastère de Rebais, qui, lors de sa fondation, fut appelé Jérusalem. Et Flodoard, dans son Histoire de Véglise de Reims,

mentionne un autre Jérusalem, situé en Noyongauche de l'Oise, et dont il fut question, en un concile tenu à Noyon en 814, à propos de contestations entre les évêques de Noyon et de Soissons touchant U^s limites de leurs écrite vers 940,

nais, sur la rive

diocèses.

1491. L'abbaye de Spermalie, au territoire de Sysseele, près

de Bruges, dans l'ancien diocèse de Tournai, est dite

Jérusalem dans

des textes latins du

xiii''

Nova

siècle.

1492. La célèbre abbaye de Ferrières (Loiret), au diocèse de lors de

Sens, reçut,

sa

fondation, au xin"

siècle,

le

nom

Bethléem, qui, tout comme celui de Jérusalem, appliqué à même époque à Rebais, est tombé en désuétude. 1493. Par contre, un faubourg de a conservé le

Au

début du

nom xiii*"

de

la ville

la petite ville

siècle, l'évêque

de la

de Clamecy (Nièvre)

de Judée où naquit Jésus.

de Bethléem, chassé de Pales-

de Claune chapelle légués à l'un de par le comte de Nevers Guil-

tine par les infidèles, vint se fixer à Panthenor, près

mecy, où s'élevaient un hôpital prédécesseurs,

ses

laume IV

;

en

Panthenor

sans juridiction

1168,

et

prit alors le

— de Bethléem

nom

et le titre épiscopal

'.

Dans sa conférence du 25 janvier 1903, à l'Ecole des Hautes lUudes, Longnoa a fait remarquer que Bethléem a pour forme romane Belhle.in

1.

A.

ou Belean. L'hôpital de Bethléem, à Clamecy, est elTectivemenl appelé Bellenm et Belhliuin en 1408, et la forme Belhan, fpii se dit Bè-iaii dans le


.

LES iNOMS DE LIEU

376

1494. Le villag'e de Bithaine (Haute-Saône), doit son origine une abbaye cistercienne fondée en 1133; son nom est une forme vulgaire du latin Bethania. On n'est pas surpris de voir évoqué de la sorte le souvenir d'une localité, située à deux kilomètres de Jérusalem, dont les Evangiles font douze fois mention: c'est à Bétlianie que saint Luc place la dernière apparition du Eduxit autem eos foras in BethaChrist à ses Apôtres niam, et, élevât is manibussuis.benedixit eis; et factuni est, dum benediceret illis, récessif ab eis, et ferebatur in c a e 1 u m 1495. Ces derniers mots ont trait à l'Ascension, qui, selon la à

:

'

tradition, se produisit sur la

Montagne des

olivarum ou Mons oliveti de Béthanie.

voisine s est-elle

des

la

toute

pour ce lieu

toponomastique ? Il se peut mais les exemples qui paraissent ;

sentiment. Moiitolivet (Seine-et-Marne), paroisse de

Montaillevert

de

Mons

le

d'ailleurs

fidèles

l'ancien diocèse de Troyes, est appelé, dans

nom

soigneusement

on doit contrôler justifier ce

Ecritures —

La vénération des

manifestée dans

Oliviers

:

il

faut conclure de là

lieu, loin d'être le

que

calque du latin

le

un pouillé de 1407, second terme de ce

olivetum qu'on supnom d'homme

poserait sans défiance, résulte de l'altération d'un

l'époque franque, celui qu'on rencontre dans le Polyptyque d'Irminon sous la forme Aglovertus, et qui représente un ancien Aglebertus. Le nom de Monlolieu [Xxxàe) ei cqXxù Ae MontouUeu (Hérault), dont le terme final n'est jamais traduit, dans les textes latins, par un pluriel ou par un collectif, rappellent vraisemblablement l'existence, en chacun de ces lieux, d'un olivier isolé, plutôt que

en usage à

souvenir des oliviers de Béthanie

le

-.

eesL aussi un primitir commuue de Mesvin (Belf^ique, Ilaiuaut), près Mons, où fut fondée, en 1244, une abbaye de femmes de l'ordre de saint Augustin; et peut-être en esl-il de même de Balham ^Vrdcnues), qu'nu [)Ouillé du diocèse de Heims, antérieur à 1312parler local, est toujours eu usage.

D'autre

j)ait,

Betiiléem que représente Béliam ou Bélion, écart de

la

1

iippclle linlehun. i

.

Luc, XXIV,

;')U-!il.

de Saiiil-N'craiu Nièvre; ou l't'Mianjue un ruisseau et des écarts tlénoiuuiés le Jourdain, Betphagé, Jéricho, Jérusalem, sans parler du hameau des Hcrtlies, (pii fut, jus(pi'au xvii" siècle, appidé Bethléem ces noms ont été importes de l'errc-Sainte, à l'époipie des croisades, pai' 2.

Sur

le Ici-riloiic

:

les

seigneurs

de;

Sainl-\ Crain.

1


LXVI

ÉVÉNEMENTS DE L'HISTOIRE RELIGIEUSE 1496. Le plus ancien texte où soit consignée la tradition qui place à Montmartre

lieu

le

du martyre des

et Eleuthère est-ce passag-e de

la

saints Denis, Rustique

Vita sancti Dionyaii, écrite

antérieurement à 840 par l'abbé Hilduin

:

Quorum memo-

regione urbis Parisiorum in colle qui antea Mons Mercurii, quoniam inibi idolum ipsius principaliter colebatur a Gallis, nunc vero Mons Martyrum vocatur,... celebrata est vu idus

randa

et g-loriosissima passio e

octobris.

mémoire sur

Julien Havet, dans son

publié en

Denis, « le

même nom

que

«

1890

',

de deux façons différentes

»,

estimait que

Origines de Saint-

», et

concluant de

ces étymologies est nécessairement

l'une ou l'autre de

fausse

les

prétendant quHilduin explique ainsi

Mons

vraie est

« la

texte relativement ancien, la chronique dite

Mercurii. car un de Frédégaire, nous

apprend que Montmartre s'appelait au vu*' siècle Mons Mercore ». x\ vrai dire Hilduin, en s^exprimant dans les termes qu'on vient de lire, « ne présente aucunement Mons Mercurii et Mons Martyrum comme étant l'un et l'autre la forme pri'

mitive du

nom

de Montmartre

;

il

les

indique simplement

comme

deux vocables successifs d un même lieu, deux vocables dont le plus ancien, emprunté au paganisme, a été, postérieurement au Heimprimô en 189(1 dans U-s 1. Bihl. de VÉcole des chartes, LI, rj-62. LEuvres de Julien Iluvel, I, 191-246. •2. Julien Ilavet s'avançait plus que de raison. Le texte do Frédégaire ne Mercore et la mention d"un fait (]ue juxtaposer les mots in monte tout ce qu'il est permis de tirer de là séjour du roi Clotaire à Clichy c'est que la hauteur ainsi désignée vraisemblance el non certitude appartenait à la région parisienne; et, pour l'identifier avec Montmartre,

:

on ne saurait, en bonne criti(|ue, se contenter de Taffirmation d'Ililduin portant (pie la Havet tenait son témoignage pour « absolument nul »

«

Butte

»

s'appelait jadis

Mons Mercurii.


LES NOMS DE LIEU

378

martyre de saint Denis, remplacé par une appellation rappelant le souvenir du pieux évêque et de ses compagnons K Une telle affirmation n'offre absolument rien qui,

mette de

la

«

Mons

par

le culte

le

nom

condamner -. Mercurii est de Mercure,

il

le

nom

n" 455)

primitif de Montmartre. Inspiré

certainement, à l'époque romaine,

était

de plusieurs autres lieux de

;

«

Mons

en roman que

la

Gaule

^fercurii, accentué sur u

Merquevx

Merciieil, prononcé

finalement à Montmalchus, en passant

Mont?nercu,

Montmarcu, Montmalcu,

preuve quelconque,

il

est

».

Mercurii Mercurii dies

syllabe tonique de

mercredi,

:

a

«

et,

fait

en l'absence d'une qu'il ait produit

alléguera-t-on que

perdu son accent dans

elle

a

pour aboutir

par les intermédiaires

En vain

trouvant suivie immédiatement de accentué ce mot

»

pu donner par une

Mercurium

imprudent d'affirmer

Montmertre ou Montmartre

ci-dessus,

(cf.

bref, n"a

Montmerqueur ou Montmerqueu

évolution exactement semblable à celle qui de

Mercœur ou

notamment de

», et

Montmalchus

ou

Saint-Michel-AIont-Merciire

première vue, per-

à

ne pouvait la syllabe di,

le

le

la

mot

conserver, se

sur laquelle est

^.

observer que celte interprétation de Mons Rien n'indique positivement que bien plus, les martyrs dont il s'agit soient saint Denis et ses compagnons si la tradition avait été très nette à cet égard, il serait surprenant que, pour honorer la mémoire du premier évêque de Paris, on se fût contenté d'une 1.

Nous croyons devoir

Martyrum

faire

n'est pas la seule possible.

;

appellation collective, anonyme. Et cette appellation oblige-t-elle

même

à

que des chrétiens aient, à Montmartre, subi la mort pour leur foi? N'y peut-on voir, tout simplement, une manifestation du culte des martyrs, peut-être même des saints en général la fête de la Toussaint a été appelée lu Marlror — substitué fort naturellement par le populaire croire

i^

celui des faux dieux? 2.

sage

D'ailleurs, le rapi^oclicmenl

Mons Marti s, nu ne

du tcxlo d'ililduin

felici

et

de certain pas-

mutatione Mons Martyrum

des Mir.tcula suncti Uiimiaii, œuvre d'un de ses contemporains, établit

l'existence, dès le

chrétienne

ix"*

siècle, d'une tradition d'après la(|uel]e rappellatioii

Mons Martyrum

aurail

pris

la

place

dune

appellation

pa'KMine.

A cette observation, formulée par Longnon dans ses conférences de de 1900-1007, il convient d'objecter que, concurremment avec Mercurius, Mercurii, une déclinaison Mercur, Mercoris, avec raccent sur 1'*?, |)arait avoir été en usage elle expliepierait, avec l'ancien :!.

d9()2-190.'5 et

;

français inercresdi, le provençal inercn'x et l'espagnol nncrroli's.


OKiniNES ECCLÉSIASTIQUES

Le nom

«

été

qu'Hilduin dit avoir

primitif de la montag'ne, portait l'accent

l'antépénultième, c'est-à-dire sur

sur

conséquent,

Mons Martyrum,

nom

substitué au

toni(jue

de

latin

379

HISTOIRE RELIGIEUSE

]

l'a

:

par

c'est,

seule étymologie qu'on puisse accepter du

la

nom

de Montmartre. Si l'on admettait, avec Julien Havet, que Mons Martyrum est de l'invention d'Hilduin,

vocable de

le il

faudrait supposer que ce prélat connaissait les lois qui ont présidé au passage

révélée qu'au Paris 1.

du

latin en français, et

».

'

En dehors de l'observalion

mot

relative au

début de du nom de MontRecueil que la Société

Dtercrerli, tout ce

— Uélymologie

mémoire

chapitre est l'abrégé d'un petit

martre

dont l'existence n'a été

seulement, par Diez et par Gaston

siècle

xix*"

publié par Auguste Longnon, dans

le

nationale des Antiquaires de France, à l'occasion de son centenaire, a paraître en 1904.

Dans un

travail récent

fait

— Etudes sur Vahbaye de Saint-

Vépoque mérovingienne [Bihl. de VEcole des chartes, LXXXII, Levillain est revenu sur le même sujet. Selon lui, Montmartre devrait se dire Montmarie, et l'appellerait le culte de Mars (voir ci-dessus, Mons Martyrum serait, soit une invention des moines de p. 378, n. 2) Saint-Denis, soit la traduction en latin de Montmartre, altération de Monlmarte qui se serait produite dès ce temps-là. Constatant que Campus Martis est devenu Chamars, Fanum Martis Famars, et Templum Marias Talnias (cf. ci-dessus, n° 456), M. Levillain reconnaît que Mons Martis aurait dû donner en fi-ançais Montmars ou Muntmas, et, de fait, il cite les vocables Montmart (Aube) et Monf-Mart mais l'existence de lieux dits Montmarte, aux environs d'Avallon et sur le territoire de Nîmes, l'engage à dire qu' « il faut bien admettre une autre déformation populaire de Mons Martis. Nous ne pensons pas que cette conjecture s'impose. Quand bien môme les découvertes archéologiques faites au Montmarte de l'Yonne justifieraient l'explication du nom de ce lieu dit j)roposée p;ir M. Levillain, il serait téméraire d'étendre cette explication au Montmartre nîmois, sur le passé duquel on ne connaît qu'une tradition toute chréDenis

à

42-43)

— M.

;

;

->

celle d'après laquelle saint Baudile

tienne,

endroit. Et tique,

il

si

l'on

paraît

envisage

la

certain qu'au

aurait été

ix*"

siècle,

en Gaule,

Martis ne comportait aucune voyelle d'appui en

effet,

martyrisé en cet

question au point de vue purement phonéà

la

la

forme vulgaire de du groupe ri

suite

:

de pars, qui se décline comme Mars, serment des soldats de Charles le Chauve, par le

l'un des cas obliques

est représenté,

dans

le

mot part {Mon. Germ., Scri])t. C'est évidemment pour ne

II,

666,

1.

9).

pas avisés de disjoindre la (lueslit)n historique du lieu du martyre de saint Denis et la question philologi(iue de l'étymologie du nom de Montmartre, que Julien Havet et M. Levillain ont attaché tant d'impoitance

Mons Maityrnm

:

s'ils

s'être

à tenir

pour inventé de toutes pièces

le

vocable

s'étaient bornés à criticpier le rapproclunienl


LES NOMS DE LIEE

380

Employé au m"

au x'' par saint le mot exemples en abondent latin martyrium désignait le lieu du supplice ou de la sépulture des martyrs. Peut-être certains exemplaires du vocable Martres ou les Martres (Charente, Dordogne, Gers, Haute-Loire, 1497.

Jérôme

et

Puy-de-Dôme) 1498.

(ait

On

depuis

siècle par Tertullien,

lors les

sont-ils apparentés à ce mot.

peut en toute sûreté rapporter au latin

martyrium

par Hilduin de ce vocable et du souvenir de saint Denis, leurs argu-

ments, eu ce qui concei-ne

la

première question, n'eussent rien perdu de

leur valeur.

Le nom de Montmartre est étudié aussi dans une brocimre de 29 pages, que M. labbé J.-M. Meunier a fait imprimer à Nevers en 1914 l'auteur a judicieusement cru pouvoir aborder cette étude « sans essayer d'approfon dir la question difficile du lieu où saint Denis fut mis à mort ;>. Son avis est que iïfon^marfre « ne dérive pasdeMonte M arty rum, mais de Monte Mereore, forme du latin vulgaire pour le classique Mercurio » l'o posf tonique de Mereore serait tombé dès le viii"^ siècle, et « au temps d'Hilduin, il a fallu que Montinercre fût, comme prononciation dans la bouche du peuple, bien près de Montmartre, pour que cet historien pûl La gutturale sourde de déjà rapprocher ce mot de Mons Martyrum. Mercre s'avançait vers la dentale sourde /, et elle devait en être bien près déjà de même l'e entravé devant r devait être très ouvert, el sonner [)resque comme a, pour que Mercre soit devenu, vers le milieu du ix*^ siècle, presque Martre, et pût être rapproché de Martyrum ». Les faits dé phonétique apportés à profusion à l'appui de ces hypothèses, à supposer qu'ils soient applicables à la langue parlée en Gaule au temps d'Hilduin, n'infirment en rien l'opinion que défendait Longuon. A cette opinion M. Meunier objecte seulement que le mot martyr « n'a pas passé dans la couche populaire des mots des langues romanes », et n'a pénétré dans le français (ju'à titre de mot savant, caractérisé par le déplacement de l'accent tonique. L'argument, à notre avis, loin de servir la thèse de M. Meunier, établit l'ancienneté du vocable Mons Martyrum; àncionueté comparable à celle des noms de lieu dans lescpiels se reconnaissent des termes de bonne latinité disparus du langage courant, comme ;

;

.

.

.

.

.

;

les

substantifs

lucus

viens

(cf.

ci-dessus, n"" 506-515i, fa

(n»" 688-697,, l'adjcclil'

lapideus m"

705

nu

ni

n°-

453, 456).

.

autres lieux en France appelés M. Meunier signale enfin (pic, parmi les nous avons dit que M. LevilMontmartre », celui des environs d'Avallon laiu l'appelle Montmarle possédait un temple dédié à Mercure. On conçoit <|uc ce fait, à coup sûr rcmanjuable, l'ail parliculièrenu'ul séduit. Mais

on peut légitimement considérer qu'en raison de la réputation ([u'ont procurée à la butte aujourd'hui [)arisiennc les Areopni/itica d'Hilduin, le nom (le

Montmartre peut l)ien .ivoir él('- (huinc. par analogie, à Mercure par le paj^'aiiismc romain.

tagnes vouées

à

d'autios

mon-


OiUGlNES ECCLÉSIASTIQUES

nom

:

HISTOIRE RELIGIEUSE

381

de lieu breton

le Merzer (Côtes-du-Nord, Morbihan). Merzer-Salaiin (Finistère) est l'endroit où fut assassiné, en 814,

le

le roi

des Bretons Salomon

Salomon

— Salaiin

est l'équivalent breton de

deuxième successeur de Noméiioé la mort violente de ce prince fut assimilée au supplice du chrétien mourant pour sa foi. Limerzel (Morbihan) est appelé, dans un texte latin de 1387, Ecclesia martyrum, ce qui est bien le thème étymologique de son nom en effet, on sait qu'en breton ecclesia est devenu iliz (cf. ci-dessus, n° 1322), et un document de 148i donne la forme Illimerzel la forme moderne résulte de l'aphé;

;

;

rèse de la première syllabe.


LXVII

DE

CULTE On

1499.

appelait, au

un établissement geurs,

soit

il

LA DIVINITÉ

moyen âge

hôtel-Diou ou maison-Dieu,

hospitalier destiné,

héberger les voya-

soit à

De

recueillir les malades.

deux expressions

ces

synonymes, uniformément traduites par le latin domus Dei, la première, un peu archaïque, ne s'est guère maintenue que dans les villes, où elle désigne souvent le principal hôpital, ou le plus ancien, comme c'est le cas à Paris. Les localités appelées MaiSOn-Dieu (Haute-Marne, Deux-Sèvresj et la Maison-Dieu (CôtedOr, Creuse, Indre, Marne, Nièvre, Seine-et-Marne, Yonne) correspondent, soit à d'anciens hôpitaux ruraux, priétés d'hôpitaux urbains.

commune nom actuel

la

1500. L'appellation

Locus

Nièvre

substitué à celui de Trisi, qu'on

du diocèse d'Autun antérieur

pouillé

à des pro-

soit

seule de ces localités a rang de

du département de

c'est celle

a été

Une

lit

et

son

dans un

à 4312.

Dei, attribuée d'ordinaire à des

monastères remontant au xii'' siècle, est représentée par le LieuDieu (Gôte-d'Or), abbaye de bernardines fondée vers IloO, le Lieu-Dieu 1

HM

,.

Somme), abbaye de

l'ordre de

(\'endée),

Lieu-Dieu-en-./a/'(/

Cîteaux fondée en

abbaye de l'ordre de Pré-

Lieu-Dieu (Dordogne, Isère), et par LocDillo Dieu (Aveyron), abbaye cistercienne fondée en 1126. (Yonne), où une autre a])baye de l'ordre de Prémontré fui fondée

montré fondée en

on

113'),

1 14.^,

répondu Dei locus.

L'abbaye bénédictine du Joug-Dieu (Rhône), dont ht 18, était appelée en latin Jugum Dei. l'ondalion se j)lace vers 1501.

1

I

1502. Le Mont-Dieu Ardennes

,

Mon s

Dei,

(h)it

son origine

une chartreuse. 1503. L'abbaye de Mondai/e (Calvados), fondée en 1212 par Jourdain (ki Hommet, évècjue de Lisieux, passerai! pour avoir été à

l'homonyme (|ue voici d

de Monte

(h'

cette chartreuse,

un (hicmnent de 1217 |)ei: mais c'est hi

si :

l'on s en lenait

con une

us sa ne

\

t-nl

li

a(huli()ii

aux termes I

i

Mari

faulixc

(h'

in

i

la


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

:

383

CULTE DE LA DIVINITÉ

forme vulgaire, on peut s'en convaincre par l'examen des textes iSIons d'Ae, en 1202; Sanctus Martinus de Martinus de Aeio en 121o ecclesia de Sanctus et Ae en 1242. Ces diverses formes permettent Mondée Ae en 1216; plus anciens

:

;

de reconnaître dans

Mondaye

tion de la préposition de,

le mot mont suivi, avec intercaladu nom primitif du lieu, nom d'orig-ine

et vraisemblablement analogue à celui à Ay (Marne) qu'on rapporte généralement au latin Agiacus. 1504. Gloria Dei, qui désignait jadis une ministrerie de

gallo-romaine,

l'ordre des Trinitaires, est aujourd'hui Gloire-Dieu 'Aube).

1505. La Grâce-Dieu (Charente-Inférieure, Doubs, HauteGaronne), Gralia Dei, c'est-à-dire « la faveur divine », répond à une idée qui paraît avoir été en honneur dans la première moitié

du

xii*^

siècle.

Deux des

localités ainsi

nommées occupant

l'emplacement de monastères fondés, l'un en 1135, au diocèse de Dans le Poitiers, l'autre en 1139, au diocèse de Besançon.

nom nom

de

la

Grâce, écart de Gourbetaux (Marne), ce n'est pas

divin qui est sous-entendu

;

en ce

lieu,

voisin de

le

Montmi-

s'élevait, antérieurement aux guerres de religion, une rail, abbaye fondée en 1223, qu'on voit, en 1263, désignée par les mots ecclesia de Gratia béate Marie subtus Montem

Mirabilem. 1506. La Bénissons-Dieu (Loire) était appelée en latin Benedictio Dei l'accusatif benedictionem a donné très régulièrement henisson et Vs a été ajoutée à ce mot sous l'influence d'un :

impératif fréquemment employé.

D'autres

noms de

lieu présentent le

nom

divin compris dans

une formule précative ou votive. 1507. Celui de Dieulouard (Meurthe-et-Moselle) reproduit l'expression lorraine /)/<'« /ou icart, c'est-à-dire « Dieu le garde » ;

par Dei custodia, faute d'en pouvoir aisément donner une traduction exacte. Ce nom est certainement antérieur à l'an mil, témoin la mention qu'on en trouve sous la forme Deilaiwart, dans VHistoria episcoporiun Virdiinensiuni.

on

l'a

rendu en

latin

1508. Dieu-s'en-SOUvienne (Meuse) est un ancien prieuré de l'ordre du Val-des-Kcoliers fondé en 1227.

de Divajeu (Drôme) se présente sous les formes dialectales Devajua en 1145, Devajnda en 1201 on la traduit en 1509. Le

nom

;


i

LES NOMS DE LIEU

38

Dei adjutoiium. A vrai dire le thème étymolog-ique est Deus adjuvat. 1510. Dieulefit (Drôine) comprend dans son territoire une

latin par

montag-ne appelée Dieugrâce

:

ces

noms

s'expliquent d'eux-

mêmes.

nom

1511. Le

de

foi

en

comme un

Dieulivol (Gironde) comporte

acte

protection divine.

la

1512. Beaucoup d'ég-lises sont ou étaient dédiées à la SainteTrinité

existe, outre la Trinitat

il

:

une trentaine de

(Cantal),

Alpes-Maritimes,

appelées la Trinité (Basses-Alpes,

localités

Aube, Calvados, Côtes-du-Nord, Eure, Finistère, Loire-Inférieure, Manche, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Morbihan, Oise, Orne, Basses-Pyrénées, Savoie, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise, Var, Vosges 1513.

On

^).

ne peut citer aucun vocable honorant en particulier

première personne de la Trinité. Mais le culte de Dieu le Fils donné naissance aux noms de lieu dont la forme latine est Sanctus Salvator. Le nom Saint- Sauveur, porté par plus de quarante communes et par quelques écarts, a pour variantes, dans la France méridionale, Saint-Salvadour (Corrèze) et, par assourdissement de 1'/' finale. Saint-Salvadou (Aude, Aveyron)

la

a

:

ces formes répondent à l'accusatif dis

que

Sanctum Salvatorem,

tan-

nominatif est représenté par Saint-Salvaire (Alpes-

le

Maritimes, Aude). 1514.

pas

n'est

Il

règne de Philippe-Auguste,

roynume dès 1182,

le

qui

avait

expulsé

Juifs

les

du du

vocable du Saint-Sauveur fut attribué à

une ancienne .synagogue convertie en église fait

qu'au début

sans intérêt d'observer

à

Orléans

:

le

même

peut s'être produit ailleurs.

1515.

L

idée première de placer un édiiice religieux sous

1

in-

vocation spéciale de la troisième personne de la Trinité semble avoir appartenu à Pierre Abélard, le célèbre philoso})he

cjui.

en

le monastère du Paraclet, au Saint-Esprit consolateur. Cette appellation causa un certain scandale, parce alors sans exemple. .Vbéhird, dans sa célèbre Lfllrc

1122, fonda au diocèse de Troyes dédié,

comme

T^y-px/Xr-zz

.

qu'elle (Hait

I.

(>('l,t<'

son

(leniièro

aiicifu coiiveiil lie

nom

l'indique,

localilr,

l'i'iiiilairos.

(''cori

de

l.i

coiiuniiiir

Av

L;mi;irclie,

ost un


ORIGINES ECCLÉSlASTrQLES

LE SAINT-ESPRIT

:

à un ami, s'en explique en ces termes

de

la Sainte-Trinité,

mémoire de ce que

de ce qu'au milieu de

Tugitif, et

Fondé d'abord au nom

«

placé ensuite sous son invocation,

tuaire fut appelé Paraclet, en

en

:

385

mon

le

sanc-

j'y étais

désespoir, j'y

trouvé quelque repos dans les consolations de

la

venu avais

grâce divine.

Cette dénomination fut accueillie par plusieurs avec un grand

étonne ment

;

quelques-uns l'attaquèrent avec violence, sous prépas permis de consacrer spécialement une

texte qu'il n'était

au Saint-Esprit, pas plus qu'à Dieu

église fallait,

le

Père, mais qu'il

suivant l'usage ancien, la dédier, soit au Fils seul, soit à

Leur erreur provenait de ce qu'ils ne voyaient pas la distinction qui existe entre l'Esprit du Paraclet et le Paraclet.

la Trinité.

En

effet, la

nité,

Trinité elle-même, et toutes les personnes de la Tri-

même

de

qu'elle est appelée

parfaitement invoquée sous

le

Dieu

nom

consolateur, selon la parole de l'Apôtre « u

de Notre-Seigneur Jésus-Christ, cordes,

le

Dieu de toutes

les

et Protecteur,

de Paraclet

le

:

«

;

peut être

c'est-à-dire de

Dieu béni

et le

Père

Père de toutes les miséri-

consolations, la consolation de

que dit la vérité vous donnera un autre consolateur ». Puisque toute église est également consacrée au nom du Père, du Fils et du Saint«

toutes les tribulations »

;

et aussi, selon ce

:

« Il

Esprit, et

qu

elle est la

possession indivise des trois personnes,

qu'est-ce qui empêche de dédier la maison du Seigneur au Père

ou au Saint-Esprit, aussi bien qu'au Fils ? » Abélard obtint gain de cause, puisque le nom de Paraclet fut également donné à une abbaye fondée en 1219 au diocèse d'Amiens. Et l'on a vu(n«' 1485) qu'entre temps avait été fondé Tordre du Saint-Esprit, auquel un certain nombre de localités doivent leur nom.

/.Ci

noms de

lieu.


j

LXVIIl

APPELLATIONS On

1516.

nom

le

a

vu

(n°

1503j

MYSTIQUES

mot gratia, en combinaison avec noms la Grâce-Dieu. La Grâce-Notre-Dame, Gratia beatae

le

divin, représenté par les

Grâce (Marne)

est

pour

la

Mariae.

Gaudium,

1517.

du

tinctif

désignant

vrai chrétien,

la joie

nom

est le

spirituelle, caractère dis-

de la Joie, porté par des

abbayes cisterciennes de femmes, fondées, lune en 1231. au diocèse de Sens, près de

Nemours (Seine-et-Marne),

l'autre en

La

1230, au diocèse de Vannes, près d'Hennebont (Morbihan).

première fut

réunie en

1764 à celle de Villiers-aux-Nonains

(Seine-et-Oise) qu'à cette occasion on appela

On et

de

nom

renseignements précis sur Torig-ine du

n"a pas de

la Joie

yf7//ers-la-Joie

'.

de

porté par des écarts des Ardennes, de la Loire-Inférieure

Haute-Savoie.

la

Dei

1518. Pietas

est le

nom

sous lequel fut fondée, en 1229,

au diocèse de Troyes, une abbaye cistercienne, aujourd'hui

la

Piété (Aube).

1519.

Il

serait

hasardeux de rapporter

le

nom la

Foi (Charente,

Charente-Inférieure, Vendée) au latin fides, car

il

est possible

qu'on soit en présence d'une variante, d'une altération de (Deux-Sèvres), aurait

pu

nom

qui appartient à la

même

la

rég-ion,

Foi/e

et

qui

être compris parmi ceux représentant fagea, « hêtraie

(n" 657).

En

revanche,

il

ny

a pas

(h^

doute possible sur

»

la

du nom de Bonne-Espérance (Nord), ancienne abbaye du diocèse de Cambrai fondée avant 1226. Mais des trois sig^nilication

vertus théologales, c'est la

doit

son

origine à

xiT siècle. Sur

1.

p.

'.M

('A'.

-02.

la

charité

([ui se

toponomastique française. La

dans

1*.

Qiiesvers et H.

trouve

la

plus honorée

de la Charité

(

Nièvre

Cluny fondé au de Ghâteau-l'hierry (Aisne), un lios-

un prieuré de

le territoire

ville

Stciii,

l'ordre de

Pniiillô

ilc

l.tnrii'n

r//Vjc/».sv»

tJe

SerTs,


ORKHNES ECCLÉSIASTIQUES pice isolé est appelé la Charité

;

:

387

LA CHARITÉ

et l'on voit le

même nom

dési-

hôpitaux url^ains, à Auxonne, Besançon, Chambéry, Langres, Paris, Toulouse, par exemple. Quant aux écarts appelés

g-ner des

Charité (Ardennes, Haute-Saône, Savoie, Seine-et-Marne), il y aurait lieu de rechercher, pour chacun d'eux, à quelle circonstance il doit son nom. la

1520. L'écart appelé Réconfort (Nièvre) est une ancienne abbaye de cisterciennes fondée vers 1235. monasterium quod dicitur Consolatio béate Virginis. Le nom latin de Consolatio béate Marie a été appliqué à un autre établissement du même ordre, l'abbaye des Mazures (Ardennes), au diocèse de

Reims, mentionnée en 1274 et réunie en 1399 La chapelle de lermitag-e de Ghèvreroche,

à l'abbaye d'Elan.

près

Thuillières

au diocèse de Toul, était sous le vocable de NotreDame-de-Consolation '. Les écarts dénommés Consolation (Vosg-es

,

(Doubs, Pyrénées-Orientales) sont peut-être aussi

d'orig-ine reli-

g-ieusc.

1521. Entre le xu^ siècle et

Marie

le xiv®,

fut attribué à plusieurs

le

nom

de

Corona béate

monastères, dont l'un, fondé en

1124, a donné naissance au bourg de la Couronne, près d'Ang-oulême.

Grand-Couronne

et

Petit-Couronne (Seine-Infé-

dans l'espèce, Couronne, qui est masculin, résulte d'une altération de Courcnine, latinisé Curholmum, nom de lieu dans lequel on reconnaît

rieure) sont d'une origine toute différente

le

;

terme Scandinave holm, précédemment étudié

1.

Mémoires dp

la Société

(n° 1191).

d'archéologie lorraine, 1910, p. 118.


LXIX

CULTE DES SAINTS noms de

1522. Les

PARTICULARITÉS DIVERSES

:

lieu se rapportant

au culte des saints sont

nombreux. Quelques-uns de ces noms, représentant le pluriel de l'adjectif sanctus, évoquent le souvenir de plusieurs saints réunis en

fort

un

commun.

culte

Tel est Xanten (rég'ence de Dùsseldorf), où

sont vénérées les reliques de plusieurs des martyrs de

la

Légion

dénommées Sains (Aisne, Ille-et- Vilaine, Nord, Pas-de-Calais, Somme) et ^a.iïl&-en-Amiciiois (Somme) Saints (Seine-et-Marne, Yonne) est désigné dans un texte de 1090 par les mots f un dus ex

thébaine.

Il

existe,

en France,

plusieurs localités

:

nomine Sanctorum cus adSanctosau vi^ ;

les saints

Maintes la localité

^ainis-en-Puisaye (Yonne

et

le lieu

Cottiaoù furent martyrisés ,

Cottus et Priscus.

nom

fois le

vocable d'un sanctuaire est devenu

sélève, et la plupart du temps ce nom. bien

il

lificatif sa//?/.

Mais

le

de

un nom de personne précédé du qua-

reconnaissable, consiste dans

à

est

siècle,

cette règle générale souiïVe diverses exceptions

l'examen desquelles va se borner

l'objet

du présent chapitre

:

dans le suivant, beaucoup plus développé, que seront passés en revue les noms de personnages honorés par l'Eglise, qui ont trouvé place dans la toponomastique française. c'est

Sanctus nest pas ait

le

seul qualificatif que le latin médiéval

appliqué à ces personnages.

1523.

Beatus

a été

d'un usage tout aussi fréquent;

mais

le

nom de lieu dans lequel on soit fondé à le reconnaître est Belhomert (Eure-et-Loir). Cette localité doit son orig^ine à un siècle par un pieux abbé charlrain nonuné oratoire fondé au seul

W

Launomarus, l-'ontevrault.

et (|ui devint,

Launomarus

Suint-Loiiu'r de

Blnis, et

il

par

fut

la suite,

prieuré de l'abbaye de

donné pour

est

lionoiv

j)atron à l'abbaye de

au pHS-Sniitl-l. Iloincr

I

I


ORIGINES

ECCLÉSIASTIQUES

BEATUS

I

389

nul doute que son nom doive être reconnu dans (Ornej Belhomert cela dit, on ne saurait souscrire à la traduction Bellus Launomarus que les auteurs du Gallia christiana ont imag-inée au qualificatif bellus, qui jamais n'a été appliqué à :

;

;

un bienheureux,

il

faut,

sans hésitation, substituer beat us.

1524. Doninus, forme réduite de dominus, a été, aux époques mérovingienne et carolingienne, un véritable synonyme de sanctus. Les deux expressions sont employées concurremment dans le testament, écrit vers l'an 700, d'une dame parisienne du nom d Ermintrude, contenant de nombreuses libéralités en faveur des ég-lises de Paris ou des environs baselica sancti Dionisi, baselica domni Sinfuriani. Beaucoup de noms de lieu correspondent à des vocables d'églises, dans les:

nom du

quels

le

tus,

mais de

domnus

:

Domnus Germanus

Petrus ont donné Domgermain 1525.

non de sanc-

saint patron était ainsi précédé,

Domnus,

on

Domnus

devient dom, altéré parfois en

le voit,

dam. Le son nasal qui

et

Dampierre.

et

caractérise

ces

formes peut disparaître

devant une voyelle ou devant une liquide,

comme

dans Domalain

Domnus Al anus Bonnement (Aube), — Domnus Amandus Dannevoux (Meuse), Domnus Hipolitus, d'une part — Dommartin, Dammartin, Domnus Martinus — Doulevant (Haute-Marne), Domnus Lupentius — Dommarien (Haute-Marne), Domnus Marianus — Douriez ^Pas-de-Calais), Domnus Ricarius, d'autre part. 1526. Dans Demuin (Somme), Domnus Audoenus, l'o de (Ille-et- Vilaine),

;

dom ou

l'a

de

dam

s'est assourdi

en

muet.

e

domnus, domna, revêt des formes assez variées, témoin les noms Dommarie (Meurthe-et-Moselle), Dame-Marie (Eure, Indre-et-Loire, Orne), Dammarie (Eure-et1527. Le

féminin de

Loir, Loiret, Meuse, Seine-et-Marne),

Donnemarie (FLaute-Marne,

Seine-et-Marne), Dannemarie (Doubs, Haut-Hhin, Seine-et-Oise), qui tous procèdent de

Domna

Maria.

1528. Passé l'an mil, on n'a plus d'exemples avérés de l'emploi de domnus au sens de « .saint », mais la forme vulgaire de ce

mot

s'est

maintenue dans

postérieurement à

la

la

langue française, (^n

Renaissance,

aux membres de certains ordres

le

titre

dom

religieux, de

sait

a été

que,

donné

l'ordre de saint


390

ycms de lieu

-LES

Benoît notamment. D'autre part, pendant les derniei's siècles du moyen-àg-e, cloni ou dam, appellation de courtoisie analogue à l'espag-nol don et au portugais dom, avait été attribué à des seigneurs ou à des gens d Eglise. Et parfois le nom de tel personnage, précédé de cette appellation, est devenu celui d un établissement fondé par lui, dune maison qu'il avait possédée.

De

noms de

là certains

lieu, très

analogues d'aspect à ceux qu'on

vient de rencontrer, mais dans lesquels

il

faut bien se garder de

thème étymologique du nom de Damparis (Jura) est bien Do m nus Patricius, du moins doit-on entendre par là, non pas saint Patrice, mais un religieux du nom de Paris, qui, vers 1150, fonda en ce lieu un monastère. Danirémont (Haute-Marne) n'a que tardivement pris rang de paroisse c'était à l'origine une simple maison rurale fondée par un nommé Rémond, sans doute prieur de Varennes. Des noms la de femme, précédés du mot dame, ont eu le même sort Dame-Alix (Haute-Marne), la Dame-Huguenote (Haute-Marne), Dame-Jeanne (Côte-d"Or). Il convient d'observer que dam, signifiant non pas saint », mais « seigneur », fait partie du déterminatif, singulièrement voir des vocables hagiographiques. Si le

;

:

<(

défiguré par la graphie

d' Angillon

Chapelle

dam

les

certains

noms de

lieu.

Aix-d' Angillon (Cher) et

(Cher), devraient s'écrire

Magny dan

la

Igon,

dam Gillon, répondant resdomni Hugonis (cf. ci-dessus, Haiae domni (lilonis, Cappella domni Gilonis.

Haies

les

de

officielle,

Magny-Danigon (Haute-Saône),

Gillon et la Chapelle

pectivement à Mansionile n" 1025),

Ces deux derniers noms rappellent

le

souvenir d'un seigneur

berrichon, Gilles de Sully.

noms de

1529. Les

dont

ou

la

domna,

1.

lieu,

se

rapportant au culte des saints,

forme origimdle présente

lin cela

comme

seront indiqués dans

nous modifions

le

plan

le

premier terme

prochain chapitre

conslamniont suivi par

domnus ',

à

pro-

Longnon.

l'examen de ces noms la majeure partie de la conférence du 29 janvier dont le début coïncidait avec celui du pré-

Kn

1903,

il

a

consacré

à

sent chapitre

et

toute

la

conférence du

devait aborder, pour

ïi

février; c'est seulement

le

de l'année scolaire, l'élude des noms de lieu ayant pour premier terme le mot u saint ". De là. dans les notes orises nar ses auditeurs deux séries de 20 février

(pi'il

la

poursuivre jusqu'il

la fin


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

pos des divers

noms

I

DOMXUS

de personne sur lesquels

391 ont été formés.

ils

L'un d'eux cependant doit être mentionné à part, à raison de sa composition exceptionnelle et des altérations remarquables dont c'est celui de Dandesigny (Vienne). Les plus est le résultat anciennes mentions qu'on connaisse de ce village, jadis paroisse de l'archiprêtré de Mirebeau, appartiennent aux toutes dernières

il

:

années du

ix" siècle

Sennes

et

l'une est ainsi conçue

;

forme vulgaire Doni de Seigne, où, par forte,

de représente

qui semble,

-acus la

;

Abdon

;

l'effet

;

l'autre

Abdon offre

la

d'une crase assez

en 1307, on rencontre Dandeseiffné, répondre à quelque primitif en

première vue,

forme actuelle

la

même

à

:ecclesia

Mirebellense

in castellania

s'est produite sous l'influence qui,

région, a substitué

le

Champigny au

français

Champeigné, usité encore en 1437.

Si

dans

poitevin

compliquée que puisse

paraître cette étymologie, elle est pourtant indiscutable, car, à la veille de la Révolution, l'église de

patrons les saints martyrs

Abdon

Dandesigny avait encore pour Sennen, victimes de

la

per-

de lieu a pour premier élément

le

mot

terme qui

suit

et

sécution de Decius.

1530.

De

« saint »,

il

ce qu'un

nom

ne faut pas toujours conclure que

le

un nom de bienheureux. La démonstration n'a pas besoin d'être faite à propos des noms précédemment étudiés, qui se rapportent au culte des seconde et soit

troisième personnes de variantes

i

la

Sainte-Trinité

— Saint-Sauveur ses — non plus que des et

n° 1512), Saint-Esprit (n° 1484)

vocables Sainte-Croix, figurant à plus de cinquante exemplaires

au Dictionnaire des Postes, et Saint-Sépulcre (Côtes-du-Nord, Nord) cf. la Chapelle-Saint-Sépulcre (Loiret), Neuvy-Saint-

Sépulcre (Indre) et Villers-Saint-Sépulcre (Oise) dont on prétend que Saint-Polgues (Loire), prononcé dans le pays SaintPorgue, est une altération. Dans le surnom du village de BrauxSainte-Cohière (Marne), qui a pour objet de le différencier de

mot

son voisin Braux-Saint-Remy,

si le

vocables hagiographiques, dont

seconde présentait bien des élémenls

la

saint procède bien d

une

l'encontrés déjà dans la première, et donnant lieu inévitablemonl, qu'on

nous passe

le mot, à des redites qu'avantage, avons-nous il n'y avait pensé, à faire disparaître celles ci par la fusion des deux séries en une

seule.

;


LES NOMS DE LIEU

392 idée

cohière paraît être une expression locale dési-

relig'ieuse,

gnant

l'action de mettre

un prisonnier aux

y voir une allusion

l'espèce,

à

la

fers, et l'on doit,

dans

Saint-Pierre-ès-Liens,

fête

patronale du lieu.

1531.

Dans chacun des noms qui suivent, Saint est une altésyllabe, indûment séparée du reste du

ration de la première

nom. Les formes anciennes du nom de Saint-Boingt (Meurthe-etMoselle) sont, en 1179 Cemhench, en 1431 Samboin, en 1558 Sambeinff.

Saint-Cy (Nièvre) est

dit

en 1357 Saincy,

nom est d'orig-ine g^allo-romaine, forme Suenciacum, ([u'on trouve en ce

et

en 1699 Sincy

faut faire

s'il

état

de

:

la

1287.

Saint-Dréniont (Vienne) est appelé vers 1090 Sidrejuiim.

Saint-Ény (Manche) a pour forme primitive Centeniacus. Le nom de Saint- Inglevert (Pas-de-Calais) a été expliqué ailleurs (n^ 800).

Celui de Saint-Sauflieu ce

Sessaulieii,

Somme)

écrit au moyen-âge Saxoaldi ou Saxoldi

était

qui suppose un primitif

locus.

La substitution de

la

graphie Saint-Tronc à Centron, pour

désigner un écart du territoire de Marseille, a peut-être pour

cause

la

grande notoriété de

(Limbourg)

la

ville

— sanctus Trudo — dont

taient les foires de

Champagne

et celle

belge de les

Saint-Trond

marchands fréquen-

du Lendit.

1532. Dans certains cas, saint correspondant bien au latin le nom du bienheureux un autre élément, par exemple avec un de ces noms communs qui ont été d'un usage si fréquent j)our la formamons, dans Sainf-Baslemonf (Vosges), tion des noms de lieu Sainl-Germaininont (Ardennes), Saint-IIilaireniont (Marne), Saint- Pierremont (Aisne, Ardennes, Meurthe-et-Moselle, Vf)sges), Saint- fiemimonl (Meurthe-et-Moselle, Vosges) villa dans Saint-Piercortis d-AUs Saint-Deniscourt (Oise); rcville (Ardèche); — villare dans Saint-Pierrcvillers (Meuse)

sanctus, dont

il

le

terme qui suit combine

s'agit avec

:

;

;

noms

construits

d(;

mémo

((ue

celui

de

Saint-Eloi-Fontaine

(Aisnej, que porl.iit une ,d)h.iye auguslini' du diocèse de Noyon,

fondée on

1

1

'{îl.

1533. Les anciennes menlions de Sulnl-l'ri-nvillc (Nièvre)


ORIGLXES ECCLÉSIASTIQLES

parrochia Sancti Pétri de Villa en

SAXCTUS

:

393

1232, Saint Père en Ville en 1355, Saine t Père a Ville en 1405 donnent lieu de croire que Villa était devenu le nom de la localité; Saint-Péraville résulterait donc dune combinaison analogue à celle qui a donné Saint-Cy bardeaux (Charente), nom dont la forme correcte serait Saint-Ci/bard-d'Eaux Sanctus Eparchius (cf. ci-après, n° 1551) de Ilice ou de Ilcio. 1534. Le nom de Saint-Péravy-la-Colomhe (Loirety répond au

,

latin

Sanctus Petrus ad vicum Columnam. Columna

le

nom

de

la cité

sous lequel Grégoire de Tours désigne d'Orléans où

le roi

le

Clodomir, en 523,

est

bourg (vicus't

fît

tuer son pri-

sonnier Sigismond, roi des Burgondes. Celui-ci fut réputé martyr, et le puits

où son corps avait été jeté

Sigismundi, Puits-Saint-Simond

puteus sancti

— devint un lieu de pèlerinage

Columcomme on Ta cru, avec Coulmiers, columbarium, mais avec Saint-Péravy-

qui donna naissance au village actuel de Saint-Sigismond

na

doit être identifié,

dont

le

non

nom représente

la-Golombe, dont

pas,

le territoire

communal

confine à celui de Saint-

Sigismond colombe est d'ailleurs une des formes vulgaires que revêtit au moyen-âge le latin columna, à telles enseignes qu'il est souvent question, dans les inventaires de librairies des xiv'' et xv*" siècles, de livres écrits « à deux colombes » '. Saint-Péravy-Épreux (Loiret) est évidemment un autre Sanc;

tus Petrus ad vicum. noms Saint- Amancet (Tarn;, Saint-Canadel 1535. Les fBouches-du-Rhône), Saint-Cy branet (Dordogne), Saint-Floret

(Puy-de-Dôme

Saint-Gallet

I,

(Indre),

Saint-Jeannet

(Basses-

Alpes, Alpes-Maritimes), Saint-Jouannet 'Landes), Saint-Louet (Calvados, Manche), Saint-Paulet (Ariège, Aude, Gard), SaintSevret (Landes), s'appliquent à des localités primitivement appe-

Saint-Amans, Sainf-Cannat, Saint-Cybran,

lées

Saint-Jean,

Saint-Jalle,

Saint-Sever objet

1.

le

;

la

Saint-Jouan,

Saint-Lô,

Saint-Flour,

Saint-Paul,

terminaison diminutive qu'ils présentent

déterminatif

('

le-Petit

»

eût pu être

employé

a

pour

à pareille

de détails, A. Longnon, (iéograpliic de la Gaule au J. Soyer, Le « Columnae vicus » ri /' « a(/er Columdans les Bull, de la Soc. archéol. ci liist. de rOrléanah, l. XVIII

Voir pour

|)lus

V/« siècle, p. 344-346, et neiisis

»,

tiré à part

;

(Orléans, 1918,

l-'i

p. iii-8»

.


LES NOMS DE LIEU

39 i jJq

— de ditférencier

ces localités de localités

homonymes

plus

importantes.

Diverses circonstances ont eu parfois pour résultat de changer le

nom

genre du

de

Sancta Agatha Sancta Agnes

1536. 1537.

(Hérault),

Saint-Aiinès

de

l'oreille,

«

ou de telle sainte, est devenu Saint-Chaptes (Gard). a produit Saint-Agnet (Landes) et saint » ne se distinguant pas, pour

tel saint

«

le nom qui suit commence par une que Sancta Alvera est aujourd'hxii Saint-

sainte

»

voyelle; c'est ainsi

quand

Alvère (Dordogne). 1538. Sainte Barbe est la patronne de Saint-Barbant (Hautenom latin Barbara, qui était accentué sur l'antépé-

Vienne). Le

s'est réduit à

nultième,

Barba,

appliquer la déclinaison n" 985)

ci-dessus,

;

le

et

cette

imparisyllabique

cas régime

forme basse s'est vu en -a, -ane (voir

Barhan

comme

tout

les

Morin. Serein, Thérain 1164), exemple a été, en raison de son aspect, attribué au genre masculin il va sans dire que le / final de Saint-Barbant est parasite. 1539. Sanctus Candidus est devenu successivement Sain/-

noms de

rivière

Conan

Formans

et

Cousin,

(n*»

(n° 1165), par

;

Cande, Saint-Canne, enfin, en raison de l'apparence féminine qui lui donnait sa terminaison muette, Sainte-Canne (Gers). est le nom primitif de Saint-Aulaire Dordogne), de Saint-Aulais (Charente), de SainfAiilaye (Dordogne), de Saint-Aulazie (Tarn-et-Garonne) et de le changement de genre s'explique Saint-Arailles (Gers^

Sancta Eulalia

1540.

(Corrèze,

;

comme

à

propos des noms, mentionnés précédemment

qui répondent à sainte

— par

Sancta Agnes

commence par une

le fait

que

le

(n" 1537),

nom

de

la

voyelle.

1541. Sainle-Gergoine, ferme détruite au linage de

Dommar-

lin-la-Planchette (Marne) est appelée Saint Jargoinne en 1400,

Saint Gergoinne en litO. Saint Jargoi ne en

gonne en 1509;

la

féminisation,

imputable

151

IJ,

sans

Sninct Gcr-

doute à

terminaison muette, paraît n'être pas antérieure au xix" siècle 1.

l^es reli(|iies

de

saiiil Goij^oii

Goigonius)

étaient vénérôes

îi

la '•

ral)l)aye

ce moiuistorc posstMlait des l)iens dans la réf,^ion à la(]iu'lle On trouve conslanunent, dans la iipparlieiil Dommaitin-hi-PliMiclicllc. ié;,'ion lonaiiie, la forme (iiTf/i)iii<', fl d'autres (|ui n'en dilTèrcnl ynère. (le fîoi/.o, cl

I


.

.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

SAXCTUS

:

395

San c tus lllidius s'est altéré en Sainte-Olive (Ain) K Abbatia sancti Petrusii in Alorveno désigne, dans

1542. 1543.

un

texte de 887, Sainfe-Pereuse (Nièvre).

de

la

La terminaison muette forme vulgaire de Petrusius n'a rien d'anormal dans une région où sanctus Patricius a donné Saint-Parize (Nièvre). 1544. Sainte-Ramée (Charente-Inférieure) représente

Sanctus

Rem g us i

i

Sanctus Syniphorianus

1545.

devenu

est

Sainte-Fcijre

(Creuse), par l'intermédiaire d'une forme telle que Saint-Sinfeira

en disant Saint-Feira

;

puis, par

un phénomène analogue

qui a produit Saint-Affrique (Africanus, Africa),

L

adjectif

muet sous l'influence du français, passé pour un nom féminin-.

sanctus

importe de noter

On

1546.

Samer

un caractère régional,

ne soupçonnerait pas cet élément dans si

l'on

le

nom

ignorait que le monastère

en cet endroit est cippelé,

sancti Vulmari;

perdu

ici.

(Pas-de-Calais),

s'élevait

a

de

a subi diverses altérations, les unes acci-

dentelles et isolées, les autres présentant qu'il

à celui

l'a final

Ferla, transformé en e l'accent, et Feire a

:

une redondance qu'on aura évitée

celle-ci présentait à l'oreille

en

1107,

de qui

monasterium

forme Saunier, qu'on rencontre en 1298, reproduit évidemment une prononciation populaire Sa-ii-nier, la

pour Saint- L' nier. 1547. C'est par une prononciation similaire, ne sentir le

Aubin

t

faisant pas

de saint, qu on peut expliquer l'altération de Saint-

— Sanctus

Albinus

— en Sambin

(l.oir-et-Cher'i.

dans les anciennes désignations tant du village de Saint-Gorgon (Vosges) que de la paroisse messine dénommée de même vera Sainct Gergoine. ail nng vivier [La Guerre de Metz en 1 324, poëine publia par E. de Bouteil:

.

ler, 1.

str. d.o,

vers

.

.

6).

Le Dictionnaire topograpliique de

l'Ain porte Saint-Olive

;

mais cette

encore officiellement consacrée. Qu'il nous soit permis de citer un autre exemple de changement de genre, résultant à la fois de ce que le nom de la sainte commence par une voyelle et a été décliné en -a, -ane Saint-Ouen-lès-Pareg (Vosges^ a pour patronne sainte Ode, Oda, dont le nom, au cas régime, prenait la forme rectification,

si

justifiée qu'elle soit, n'est pas

:

Ouain. 2.

La forme originelle du

T roj a n u s

nom

de Sainle-Trie (Dordogne» est S.inrlus


396

LES NOMS DE LIEU

du son nasal caractéristique du mot du nom qui le suit, a donné au nom de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme) la forme vul1548. La

disparition

saint sous l'influence de la liquide initiale

désignant la famille,

gaire Senneterre,

originaire de

ce lieu,

maréchal de La Ferté. La petite

à laquelle appartenait

le

La Ferté-Saint- Aubin

(Loiret), ancien chef-lieu d'un duché-pairie

ville

de

en 1665, en faveur de ce personnage, a été appelée La

érigé,

FertéSenne/erre. 1549. Sniarve

Saint-Marve contraction avoir

le

et

(^

Vienne), appelé par des textes du xiv® siècle

Sancta Marvia,

paraît fournir l'exemple d'une

remarquable qu'on ne pourrait que constater, sans

moyen de

l'expliquer.

1550. Le passage du groupe latin

observe dans

octo; de

la

la

=

techo

tectum)

Octavum

(cf.

au son chuintant, qu'on

= noctem — ocho = ;

dans les parlers à'Uchaud, dont le pri-

s'est aussi produit

France méridionale, témoin

mitif est

cf.

langue espagnole [noche le

nom

Sanctus

ci-dessus, n" 479).

et

sancta

sont ainsi devenus, au moyen-âge, sanch et sa ne ha; puis, sous l'influence

du

parfois, le

nom

français, sancJi

qui suivait

chuintant de sanch

son

ou sancha

devenu sainche,

est

commençant par un son

s est

et

voyelle, le

détaché de l'adjectif pour

faire

nom. Telle est l'origine des vocables Saini-Chinian (Hérault), Saint-Chamans (Vaucluse), Saint-Chaniant (Cantal, Gorrèze, Puy-de-Dôme) et Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), Saint-Chaniond (Loire), Saint -Chapies (Gard), Saint-Chély

corps avec

(Aveyron,

le

Lozère), qui

répondent respectivement à Sanctus

Anianus, Sanctus Amantius, Sanctus Sancta Agatha (cf. ci-dessus. n° 1536) — par formes

telles

rius. Le la

i\\\e.

nom

de

lo|)<)grapliie

Sanche Ate la ville

et

Sainche Ate

Annemundus, l'intermédiaire de et

Sanctus

llila-

de Saint-Chamond a trouvé place dans

parisienne sous

la

forme Saint-Chauniont

'.

de Saiiit-Cliaumoiit, coiislruil pour k' marquis de Sainl-Cha16iî>, fut ac((uis, eu 1G83, par les religieuses de Filles de Saint-Chaul'Union chrétienne, (jui, depuis lors, furent dites nionl ", et s'avisèrent, après coup, de prendre pour second patron « saint Cliauinond, év»*-que de Lyon et martyr >, fêté le 28 septenil)re (voir CoinI.

L'Iiotol

iuoikI, (jui

mourut en

<<

ininaion mnniriiiuli-

Ha/iporl préxenl)^ (If

<lii

f>;tr

S.tinl-Chaaiiwnl,

.'/

\'fiix-Paris,

anin^r

M. (Charles Scllirr .. jiroiiDs <lc

!!)()(!, .

procds-verh.iiix,

mir runcirri couvent

lu ih'-inulilion ilu

n"

22

i

<lr

l;i

\>

.

<l<-s

0-1 S

:

////es

rue Suiitl-


ORIGINES ECCLESIASTIQUES

1551. Parfois,

et,

SANCTUS

:

397

d'une manière g-énérale, dans une région

moins méridionale que

appartiennent les

celle à laquelle

énumérés, au

noms

du son chuintant, on observe un son sifflant qui s'est comporté de même. Sanctus Aredius, Sanctus Avitus, Sanctus Eparohius, Sanctus Hospitius ont donné Saint-Scriès (Hérault), Saint-Savy (Dordogne), Saint-Cybard (Charente, Dordogne, Gironde) et qui viennent

d'être

lieu

ajouter, comme le faisait LonButtes-Chaumont devraient s'appeler du nom de cette communauté, Buttes Saint-Chaumont. 11 existait bien, voilà quelque soixanle-dix ans, une « Société des Buttes-Saint-Chaumont », témoin certaine demande de recherches adressée de sa part, le 20 juillet 1854, au secrétariat de la Direction générale des Archives de l'Empire, où elle fut enregistrée sous le n** 16027; la « cité Saint-Chaumont » relie le boulevard de la Villette à la rue Bolivar, qui contourne les Buttes et au n" 215 de la rue du Fauboui'g-Saint-Martin, presque au coin de la rue Louis-Blanc dénommée juscju'en 1885 « rue delà Butte-Chaumont on lit l'enseigne « Bains Saint-Chaumont ». Tout cela suppose, à coup sûr, que l'appellation dont il s'agit fut effectivement usitée, mais ne prouve aucunement qu'elle on écrivait ceci in terri torio de la soit fort ancienne. En 1657,

Denis).

gnon, que

Nous ne croyons pas devoir les

;

)>

:

Courtille,

(Arch. nat.

ce dernier

nom

fol.

14)

quiconniie sait que

la «

barrière de la Courtille

la

;

» était

rue du Faubourg-du-Temple, prolongée par

barrière de la Chopinette

de Chaumoiif d'énigmatique pour

n'a rien

S* 500,

de

montem

loco dicto Chopinette, prope

in

la

située à l'extrémité

rue de Belleville, et

la

rue du Buisson-SaintLouis, et où commence la rue Rébeval. Longtemps avant que le nom SaintChaumont ne prit racine à Paris, un censier de Belleville, daté de 1540, «

mentionnait

le

«

lieu

»

à l'endroit

de Chaumont

encore, dans une charte de 1276, in

lette,

territorio

»

finit la

(Arch. nat., S 1184).

Et,

mieux

est question de biens sis vers la Vil-

Calvo monte

prope patibulum

par patibulum, il faut entendre le gibet de dont l'emplacement, autant qu'on peut le déterminer en

(Arch. nat., S 910, n°

Montfaucon,

dicto de

il

4)

:

reportant sur un plan moderne les données du plan de Verniquet, correspond à la bifurcation des rues Bolivar et Secrétan, au pied des Buttes-

Chaumont. Nous avons rencontré ces textes parmi ceux qu'a jadis recueilen vue de l'établissement d'un Dictionnaire topographique du département de la Seine, .M. Raymond Teulet, alors archiviste aux Arciiives nationales ils permettent d'aflirmer que les Buttes, dont l'aspect, antérieurement aux embellissements qui les ont transformées comme chacun sait justifiait l'appellation de cal vus mon s, n'ont été [)lacécs que tardivemont sous le patronage de « saint Cliaumond », moyennant une adaptation comparable à sans (ju'oii puisse l'expliquer avec la même sûreté celle qu'avaient niis(ï en œuvre les Filles de l'Union ehrélienne. lis,

;


LES NOMS DE LIEU

398

enfin Samt-Sospis, Saint-Cy bardeaux (cf. ci-dessus, n" 1533) ancienne forme du nom de Saint-Hospice (Alpes-Maritimes). 1552. Dans le centre de la France on voit l'adjectif sanctus conserver la forme méridionale san et faire corps avec le nom qui suit. Des clercs des xi*" et xii*^ siècles ont appelé Sancerre

(Cherj

Sacrum Gaesaris,

qu'en

alors

l'appellation

réalité

antique de ce lieu est Gortona, d'où celle de Chàteau-Gordon usitée au début de l'époque féodale, et que Sancerre n'est autre

chose que

le

— Sanctus

vocable

toute voisine de cette ville. Le

du bienheureux auquel

cette

nom,

Satyrus

d'une abbaye

d'origine grecque (Z^atupor),

abbaye

accentué sur

était dédiée,

l'antépénultième, et réduit à Satrus, a

donné serre aussi régu-

lièrement que pâtre m père. Dans la G v rie us est devenu Saucer gués (Gher).

même

1553. Sentaraille

répondent

(x\riège)

— comme

Sanctus

région

(Lot-eL-Garonne),

et Xaintrailles

Saint- Ar ailles, cité plus haut (n° 1540)

à Sancta Eulalia. 1554. Le nom d'homme

Medardus

a

revêtu, au moyen-âge,

formes vulgaires Meard et Mard, et bon nombre de localités dont l'église est sous le vocable du premier évêque de Noyon sont les

appelées Saint-Mard ou Saint-Mars. Le nom de l'une d'elles, incompris dès le xii'^ siècle, a été traduit par Quinque Martes, et

ce jeu

de mots

a

été consacré par

la

graphie Cinq-Mars

(Indre-et-Loire), officielle de nos jours encore. 1555. Cintegabelle (Haute-Garonne) est appelé xi"

siècles

Sancta Gavella ou Gabella

;

le

aux

nom

x.'^

et

de cette

commune est donc d'origine religieuse, en dépit des apparences. 1556. On sait qu'à l'époque de la Révolution, un certain nombre de noms de lieu commençant par Saint- ou par Saintemais cette disposition n'a été que fort peu de temps en vigueur, et l'usage courant ne l'avait jamais complètement adoptée. Il est assez curieux d'observer que, dans un cas au moins, pareille amputation s'est produite bien plus anciennement. La plus ancienne mention connue de ont été privés de ce premier terme

Marrjcrie (Marne) est

;

Sancta Margariia,

texte de 1110; et dès 1222, on

voit

les appellations Merr/erie et Sainte

l)rétendu que Mamer.s (Sarthe)

lus, mais aucun texte ne vient

lit

dans un

Margeric. Jules Quicherat

s'e.st ;i

(pi'oii

concurremment iMuployées appelé

a

Sanctus Mamer-

l'appui de (clIc

(ti)ini(tn

;

peut-


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

:

SAXCTUS

399

mieux inspiré en citant, dans la même région, dénommée, dans les textes latins du moyen-âge, Sanctus Errehaldus saint n'aurait laissé d'autre trace que son t final, soudé au nom, oublié de bonne heure, du bienheureux. L'église de Bologne (Haute-Marne) a pour patronne sainte Bologne, martyrisée au iv® siècle mais ce être a-t-il été

Terrehaiilt (Sarthe), localité

:

;

lieu était, dès 834, le centre d'un des le

pagus Boloniensis,

la

sainte

y

ait été

et

il

pagi de

la cité

n'est pas impossible

de Langres,

que

introduit en raison de l'homonymie.

le culte

port que certains érudits locaux ont voulu établir entre

de saint Eloi

et le

nom

le

culte

d^Eloyes (Vosges) ne repose que sur

graphie toute moderne de ce dernier

de

— Le rapla

'.

1. Une charte de 1337 (Arch. des \'osges, G 1291) mentionne le r.uj^ei des. Loyes; la paroisse est désignée dans un pouillé de 1402 par les mots de Lobiis. L'église d'Éloyes est sous le vocable de l'Assomption.


LXX VOCABLES HAGIOGRAPHIQUES La très longue énuniération qui suit se compose exclusivement de vocables dont chacun, sous sa forme primitive, consiste en un nom de personne précédé de l'un des mots domnus ou domna, sanctus ou sancta. Les transformations qu'ont pu '

subir ceux-ci il

n'y

suffisamment indiquées

ont été

a plus lieu de les souligner

désormais à considérer sol français, les

au passage.

les aspects variés qu'ont

noms des

plus

On

haut,

et

s'attachera

revêtus, sur le

saints et des saintes, et c'est à cette

revue qu'on va procéder dans

le

présent chapitre, en suivant

noms. Saint-Haon (Loire, Haute-Loire)

l'ordre alphabétique des formes originelles de ces

Abundius

1557.

:

et

peut-

être Saint- Ahon (Gironde).

Acardus

1558. vii« siècle

:

ou

Achardus,

abbé

de

Jumièges

au

Saint-Accard (Somme).

1. lît, ajouterons-nous, 1res sèche, cardans ces pages, que vraisemblablement on consullera par endroits plutôt que d'en faire l'objet d'une lecture suivie, on n'aurait que faire des développements de style dont il fallait bien, dans un enseignement oral, accompagner cette énumération pour la rendre supportable. D'ailleurs, il nous a paru convenable de condenser, autant que faire se peut, le texte du présent chapitre, dont l'étendue rescontient la tera néanmoins exceptionnellement considérable, puisqu'il matière d'une quinzaine de conférences c'est à cette fin que nous nous abstiendrons, s'agissant d'un vocable très répandu, d'énumérer les départements où on le rencontre, à moins que cette énumération n'en fasse ressortir le caractère régional, comme cela se produit, par exemple, pour Saint:

Bonnel.

On

sait que,

dans

le

Dicliunnaire des Postes, les

çant par Saint forment un groupe à

|)art, à la

noms de

suile de

lieu

la lettre

N.

commenTous ces

nous nous en sommes tenus h ceux ijue rechercher les ra,otifs du choix (|ui I.ongnon a étudiés, sans nous attarder bii fait accueillii' Sainl-dhvysole et laisser de côté Saint-Agathon, men-

noms ne

se retrouvent pas

ici

;

;i

;i

tionner Saint- lie ma rtJ et Sninte-Cat/ierine, et passer sous silence Sainteet S;iint-Cfirislo/)he, ainsi ({ue ses variantes Saint-(^hristol, Saint-

Anne

f'./iiist:iii(l

ot S:iinl-(!hrisli>li/.


OKIGINES ECCLÉSIASTIQUES

ACEOLUS

:

401

1559. Aceolus, martyrisé à Amiens avec son frère Aceus Saint-Acheul (Somme). 1560. Acharius, évêque de No^^on au vii'^ siècle Saint:

:

Accaire (Nord), Saint-Acquaire (Aisne); -aire est une forme demi-savante de -a ri us, comme dans Clotaire, représentant

Chlotacharius. 1561. Adalhertus, de bonne heure

Albertus

réduit,

par chute de

la

Saint-Albert (Ardennes, Gironde), SaintAubert (Ilautes-Alpes, Alpes-Maritimes) cette dernière forme dentale, k

:

;

peut aussi bien représenter

Sanctus Autbertus

ci-après,

(cf.

n" 1617).

1562. Adalg-isus

ci-dessus,

cf.

n''

1098;

:

Saint- Algis (Aisne),

forme demi-savante.

Adalveus

Saint-Auvieux (Orne); c'est ainsi que donné He/'vieu. 1564. .Vdjutorius Salnt-Adjutory (Charente), forme savante

1563.

Heriveus

:

a

:

;

l'y, il

représentant

est sans doute

de

\ i

terminaison latine, était jadis atone

la

devenu accentué, sous

de l'instruction primaire

;

;

l'influence des progrès

Saint-Ustre (Vienne), forme vul-

gaire qui se prononce Saint-Uire, et qui est vraisemblablement la contraction

1565.

d'un plus ancien Saint-Ayutj'e.

Adora tor

Saint-Oradoux

:

(Creuse i,

Adoratorem, accentué sur Vo de la Aegidius Saint-Gilles, moyennant

l'accusatif

1566.

:

première syllabe et le

nom du

Valois

changement de

le (cf.

;

en

/

l'apliérèse de la

qu'on observe dans

ci-dessus, n" 732) et dans celui

de Blois, ancien paçfus de

Bedensis

cl

représentant

pénultième.

la cité

de Toul, en latin

du pays

Vadensis

et

— Saint-Gil (Savoie) — Saint-Gély (Gard, Hérault), ;

ou devrait être atone. Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) et l'église au xvn" siècle, Sainf-Géri/ bien patron saint (Dordogne) a pour paroissiale de Saint-Géry Gilles mais on verra plus loin (n"* 1692 et 1774) que Sainl-(iéry

dont

1";//

est

a été appelé parfois,

:

;

n a pas partout 1567.

la

même

x\emilianus

:

origine.

Saint-Émilien (Loire-Inférieure), Saint-

Émiland (Saône-et-Loire), Saint-Émilion (Gironde). premières de ces localités ra[)pelleraient

le

souvenir

Les deux

dun

saint

évêque de Nantes, qui mourut en Bourgogne en combattant les Sarrasins, au

1568. Les

viii''

siècle.

Africanus noms de

lieu.

:

Saint-Affrique (Aveyron, Tarn)

;

hi

forme -'»


402

LES >'OMS DE LIEU

vulgaire d'Africanus, en cette région, était Africa, dont

1

;/

sous l'influence du français, a perdu l'accent et s'est trans-

final,

formé en

muet

e

ci-dessus, n° 1545).

(cf.

Agatha

1569.

Le nom

Sainte- Agathe, forme savante.

:

latin

étant accentué sur l'antépénultième, la forme vulgaire se rap-

nom

procherait du

de

la ville

d'Affde

de cette forme vulgaire que procède

qué

1536

(n°^

d'une abbaye située en cette

vi® siècle

Domprix (Meurthe-et-Moselle)

;

dans

',

à

prononciation populaire

Agilus

Saint-Airy,

la

a

peine différente le village

forme actuelle

du contact de Vin

introduit très tardivement, résulte

:

Domnus Agericus

ville.

de Domery, qui, au xviii^ siècle encore, désignait

1571.

indi-

de Saint-Chaptes (Gard).

revêtu, dès 1064, la forme vulgaire Domereis

la

et c'est

;

nom, précédemment

Agericus, évéque de Verdun au

1570.

nom

et 1551),

ci-dessus, n° 8)

(cf.

le

et

le

de p,

de Vr dans

Domri.

Saint-Agil (Loir-et-Cher), Saint-Ay (Loiret), (Mayenne). Le premier de ces noms est une forme Saint-Isle savante le second se prononce dans le pays Saint-I dans le troisième, où agi est également représenté par le son /, 1'/ étymo:

;

;

logique s'est maintenue, et Y s parasite est tion avec le

nom commun

l'effet

d'une assimila-

qui répond au latin insula.

Agiulfus ou Aigulfus Saint-Aigout nom dune église Provins. à Le / parasite Saint-Ayoul, 1572.

:

(Var)

et

de Sainf-

Aufout se remarque aussi dans sa variante Saint-AoÛt (Indre) le second terme de ce nom, qu'à première vue on rapporterait à :

Augustus, le

comme

parut, au temps de la Révolution, emprunté,

premier, à un vocabulaire proscrit, ce qui valut à

la localité

pour un temps, appelée Thermidor. Sainte-Agnès (Alpes-Maritimes, 1573. Agnes

d'être,

Doubs,

:

forme savante. La déclinaison de ce

Jurai,

Isère,

imparisyllabique,

nom

étant

de ses cas obliques que procèdent

c'est

les

formes populaires, mentionnées précédemment (n" 1537), SaintAgnet Lan(h;s) et Saint-Aunès (Hérault) dans celle-ci le </ s'est i

;

vocalise''

et dans la ville

1574.

\.

comme le

nom

dans

le

lininhis,

mot cmcraudc en .

latin

Smaragdus,

sous lequel on désign;iit, au

XMi'" siècle,

de Bagdad. .\

gr p i

Cf. Mrth-nsi;,,

[)a

II,

nus, dérivé

2;t'.t.

cl III,

ilu

nom romain Agrippa

iiî-.'i.i.

:

Saint-


.

ORKlhNES ECCLÉSIASTIQUES

:

Agrève (Ardèche), Saint-Égrève

403

(Isère) dans ces noms, où le p comporté, entre deux voyelles, comme déplacement d'accent s'est produit de la même

redoublé du latin

un p simple,

AGRIPPANUS

le

;

s'est

manière que dans Saint-Aff'rique (cf. n°* 1545 et 1568). 1575. A la nus, précédé de do m nus Domalain (cf. ci-des:

sus, n" 1525).

Albanus

1576.

Saint-Albain (Saône-et-Loire), Saint-Alban Drome, Gard, Haute-Garonne,

:

(Ain, Hautes-Alpes, Ardèche, Hérault,

Rhône, Savoie),

Lozère,

Loire,

Isère,

Saint-Auban

(Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme). Appli-

qué à une commune des Gotes-du-Nord, Saint-Auban est une forme savante.

Albinus

1577.

Saint-Albin

:

Loire,

(Isère,

Pas-de-Calais,

— Saint- Alby (Tarn), caractérisé par chute de nom du Quercy ci-dessus, n° 427) Yn intervocale, comme — Saint- Aubin — Sambin ci-dessus, n" 1547). Haute-Saône)

la

;

(cf.

le

;

(voir

;

1578. Aida, peut-être déformation du germanique

Hilda

:

Sainte-Aulde (Seine-et-Marne) où 1'/ est abusive, comme dans la graphie aultre, adoptée à la Renaissance l'existence du nom de ;

un épisode bien Chanson de Roland. 1579. Alpinianus, prêtre du Limousin honoré par l'Eglise

femme Aude, auparavant connu de le

même

la

jour que saint Martial

refaite', et la

Aide, est attestée par

même

:

Saint-AIpinien (Creuse), forme

Saint-Auprien (Indre \ forme vulgaire où l'on observe

noms communs cophinus.

substitution de liquide que dans les

pampinus

pampre

et coffre,

1580.

Alvera

1581.

Amandinus Saint- Amandin (Cantal). Amandus Saint-Amand, — Saint- Amant

1582.

en latin :

Saint- Alvère (voir ci-dessus, n° 1537). :

:

Domnus Amandus 1583.

et

Amantius

:

;

Bonnement

(Charente).

(voir ci-dessus, n" 1525).

Saint-Amans (Ariège, Aude, Aveyron,

Haute-Garonne, Hérault, Lot-et-Garonne, Lozère, Tarn, Tarn-

Saint-Chamans et Saint- Chamant (voir ci-dessus, n« 1550); Saint-Ghamas (Bouches-du-Rhône), qu'en 1035 une charte de Saint-Victor de Marseille appelait castrum sancti et-Garonne)

Amantii.

;

correspondant

1.

Au

A

vrai dire, le départ entre les

respectivement

à

Sanctus

nu)yen-;ii;e on disait Sninl-Auperien

noms de

Amandus

lieu et

à


404

LES NOMS DE LIEU

Sanctus Amantius estime question d'espèce il importe de le martyrolog'e comprend cinq personnages du nom d'Amand, et que le culte de saint Amans, premier évêque ;

considérer que

de Rodez, a un caractère rég-ional.

par Saint-Amancet (Tarn), Petit

il

— On

vu

a

1535) que

(n**

faut entendre « Saint- Amans-le-

».

Amator

Saint-Amator (Calvados), forme savante. Le en usage à Auxerre et à Langres, est une forme demi-savante, car la forme populaire du nominatif Amator serait Amèro '. Le cas oblique Amatorem est représenté par Saint- Amadour (Mayenne) et, IV finale s'étant assourdie, 1584.

:

vocable Saint- Amâtre

,

Saint-Amadou (Ariège) on s'étonne de rencontrer le premier de noms fort loin du domaine de la langue d'oc peut-être le fait s'explique-t-il par la grande célébrité de Rocamadour (Lot). Soit dit en passant, l'Amator au souvenir duquel ce lieu de ;

ces

:

nom

pèlerinage doit son

pubiicain Zachée, dont

hagiographes,

serait, d'après certains

est question

il

au chapitre

XIX

le

l'Evan-

de.

gile selon saint Luc.

1585.

Amatus

1586.

Ambrosius

Saint-Amé (Vosges). Saint- Ambroise (Finistère, Gard, RassesPyrénées), Saint-Ambroix (Cher, Gard), Saint-Ambreuil (Saôneet-Loire) et le P////-Saint-Ambreuil (Allier)'. La forme très Ambroise de Loré, prévôt de Paris sous régulière Amhroix :

:

Charles VII, est appelé dans les textes contemporains Arnhrois,

époque

à cette

et

-ius sur

dont

la

Ambroise ne représentait

— s'explique par

Ambrosia

(jue

linlluence de Vi de

la

féminin

le

terminaison

voyelle tonique. Anihreu il était auparavant Ambreii

la finale a

-cnil\ c'est ainsi

été

abusivement assimilée

que

Luxovium

Saônet, après avoir été, jus(ju à

à celle

des

est aujourd'hui Z.i/xeui7 la fin

;

noms en (Haute-

du moyen-âge, prononcé

Lussou. 1587.

A Ml or,

martyr

a

P)esanç()n

:

Saint-Amour

(Jura,

ilaulc-Marne, Saône-et-Loire). 1588.

Anastasia

forme savante

1.

1.

r,r.

:

Sainte-Anastasie (Canlal, Gaid,

Saint-Anaslaise (Puy-de-Dôme),

\av)

forme popu-

(rijurrro.

A. Uniel,

11" 21;î.

;

l'oiiilli'H '(Jcs

ilioinsi-s

dr (Uit/iio/iI

t-l

il<-

Suml'l'loiir,

\<

.

\)\,


.

.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

n°*

changement

compliquée d'un

laire

1537

AXASTASIA

:

genre

de

40o

(cf.

ci-dessus,

et suivants).

1589. Anatolius, martyr d'Asie-Mineure, dont les reliques étaient vénérées

en

l'église

Saint- Anatole (Tarn)

atone

finale était jadis

1590. d'Or)

Saint-Anatoile de Salins

(Jura)

:

Saint- Anatholy (Haute-Garonne), dont la

;

ci-dessus,

n''

Andochius, martyrisé au

ii''

(cf.

1564). siècle à Saulieu

(Côte-

Saint- Andoche (Haute-Saône), forme savante.

' ;

Saint-André; 1591. Andréas Saint-Andrieu (BassesPyrénées. Seine-Inférieure). Saint- Andrieux (Dordogne). La :

forme Saint-Andréau a été employée, concurremment avec SainiAndré, pour désigner une commune du canton d'Aurignac Haute-Garonne) 1592. Angélus Saint-Ange (Drôme, fEure-et-Loir, Seine(

:

et-Marne).

— Saint-Angel

1593.

Anianus

s'est altéi^ée

'2,

Puy-de-

en Saint-

Saint-Agnan Saint-Agnant (Charente— Creuse, Meuse) Saint-Agnin Saint- Aignan dont la terminaison est à rapprocher de celle de Tullins :

;

Inférieure, (Isère),

Dordogne

(Allier, Gorrèze,

Dôme, Tarn) est une forme savante qui Angeau (Cantal, Gharente).

;

;

(voir ci-dessus,

n"

343)

;

Saint-Ignan (Haute-Garonne)

;

Saint-Ghinian (voir ci-dessus, n" 1550). La finale d'Anianus ayant passé par les mêmes vicissitudes que celle de Sympho-

rianus

(n°

1545)

et

d'Africanus

(n" 1568),

Sanctus Anianus

Saint-Agne (Dordogne^^ Haute-Garonne, Lot-et-Garonne), Saint-Igne (Tarn-et-Garonne) et Saint-Chignes est aussi représenté par

(Lot),

pour un ancien Sanch-Igna.

1594.

Annemundus,

Ennemond

(Allier,

évêque de Lyon

Pihône),

avi vu'' siècle

Saint- Ghamond

(voir

:

Saint-

ci-dessus,

n° 1550).

\.

Les formes anciennes

à

commencer par Sanctus Andeolus

du nom de Sainl-Andeux (Côte-d'Or) ne permettent pas d'y reconnaître une l'orme vulgaire d'Andochius; on serait d'autant plus enclin à commettre cette erreur, que Saint-Andeux appartient au canton (1272)

de Saulieu, 2.

son

Cette paroisse

a

pour patron saint Michel

nom comprend donc

saint Ange,

l'été le

il

le

mol angélus,

et

:

le

llièmo ét\ niolo^icpie de

non pas

le

nom du nimtyr

mai.

3. L'auteur du Diclioiinaire forme Saint-Aigne

{n[)()(jr;iphi<ju('

de ce département

a

adopté

la


LES NOMS DE LIEC

406

Anthemius

1595.

Puy-de-Dôme), forme

Saint-Anthême

:

savante.

Antidius

1596.

(Côte-

Saint-Anthot

Saint-Anthet (Loti,

:

d"Or). Ce dernier est appelé en 1197 Sant Anleil, en \22i Saint

Anfoil; T/, représentant

le

</

du primitif

ci-dessus. n° 1566).

cf.

sest assourdie.

Saint-Antonin (Alpes-Maritimes, Bou1597. Antoninus ches-du-Hhône, Gers, Tarn, Tarn-et-Garonne, Var). Saint-Antoine il est surprenant que cette 1598. Antonius :

:

;

soit la seule

forme savante

quon

donné Antoing

emplové seul a

rencontre, alors qvi'Antonius

Antoingt

et

(cf.

ci-dessus,

n« 288).

Saint1599. Aper, évèque de Toul au début du vi'^ siècle Epvre Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle), dont le p fait double emploi avec le u Domnus Aper adonné Domêvre MeurtheC'est au culte d'un autre et-Moselle) et Domèvre (Vosges). sanctus Aper, prêtre genevois fêté le 4 décembre, que se :

;

noms Saint- Avre (Savoie) et Saint- Aupre (Isère) K Apollinaris Saint- Apollinaire (Hautes -Alpes,

rapportent les 1600.

:

Ardèche,

Saint- Appolinaire (Rhône)

Côte-d'Or),

savantes ont été substituées

moyen-âge

".

Sainte-Appoline (Meurthe-et-Moselle 1602. A(juiliiius

:

formes

(Isère, Loire).

(Hauts -Garonne),

Sainte- Apollonie

:

ces

;

des formes populaires usitées au

— Saint-Appolinard

Apollonia

1601.

à

/.

Eure, Orne),

Saint-Aquilin (Dordogne,

Puy-de-Dôme), Saint-Aigulin Saint-Agoulin (Charente-Inférieure I, formes méridionales dans le nord de la forme

savante

;

;

France, où Ion chercherait quelque chose de comparable à Yveline, en latin E(iuilina, ancien nom delà forêt de Rambouillet, on ne trouve que Saint-Eulien (Marne), dont la iinale a été assimilée de bonne heure à celle que produit

1603.

Archontius, nom

de Gharlemagne par un saint évè(jue

le latin

-ianus.

grecque porté au temps

d'origine do.

Viviers

:

Saint-Arcons

(Haute-Loire).

1.

I.t-

nom

(le

Saint-Apre-'-/-

puiS'ju'on le voit traduit eu

Sanctus A.sperus. 2. On on trouvera une de

la

Côtc-d'Or.

une nuire oi'i<;iiU', S.inclus As|irus. el vn I.WO par

/"or.f/j.'dJonloj,--!!!') ;iiiiail

l.U"."l,

pitr

friande variélé dans

le

Dirlioiin.urr tniiof/niiilii'/iir


ORIGINKS ECCLÉSIASTIQUES

Aredius, abbé en Limousin

1604.

407

AREDIl'S

:

à la

Saint-Yrieix (Charente, Gorrèze, Creuse,

du

(iii

vi''

siècle

Haute-Vienne),

:

pro-

noncé Saint-Irié la i1/o ^/^^-Saint-Héraye (Deux-Sèvres), SaintHérie (Charente-Inférieure), Saint-Izaire (Aveyron), pour SaintGéri/ Jraire (cf. n° 1566 Aeg'idius) Saint-Sériès (voir -,

=

:

;

ci-dessus, n" 1551).

1605. Armag-ilus

Saint-Armel (Ille-et- Vilaine, Morbihan). la composition du nom de Ploënnel

:

Le même nom entre dans ci-dessus, n^ 1297).

(cf.

Arnoaldus

1606.

Sanct-Amuald, près Sarrebruck

:

Ariiaud (Lot-et-Garonne,

un

Orientales) présente

Arnulfus

1607.

Savoie)

;

Saint-

c parasite.

Saint-Arnoult (Calvados,

:

;

Saint-Arnac (PyrénéesEure-et-Loir,

Loir-et-Cher, Oise, Seine, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise).

Artemius

1608.

Saint-Arthémie (Tarn-et-Garonnej, dont

:

aujourd'hui suivi indûment d'un

li.

1609.

Asterius

1610.

Audoenus

Vien-ne).

1611.

muet, était jadis atone.

e

Saint-Ouen

:

— Domnus

A.

.Vudomarus

:

Demuin

'

;

(cf.

1612. 1614. 1615.

Saint-Auvent (Haute-

ci-dessus, n°1526).

Saint-Omer (Calvados,

:

Calais).

1613.

Lot-et-Garonne).

Saint-Astier (Dordog-ne,

:

Oise, Pas-de-

Augustinus Saint-Augustin Saint-Utin (Marne). Aurelius Saint-Aureil (Lot). Aureolus Saint-Auriol (Aude). Austreberta Sainte-Austreberthe (Eure, Pas-de:

;

:

:

:

Calais, Seine-Inférieure).

1616.

du

VII'

Austregis ilus, évèque de Bourges au commencement siècle

:

Saint-Outrille

/a-row/'-Saint-Austrille

(Cher),

(Creuse)

;

le

Saint-Aoustrille (Indre),

nom

latin

était

accentué

sur l'antépénultième.

1617.

Autbertus, nom

Cambrai au

\\\^

Saint- Aubert (Nord, Orne)

notamment par un évêque de un évèque d'Avranches au viir"

porté

siècle et par ;

la

:

forme populaire

serait Ohcrt.

1618. Autbodus Saint-Aubeuf (Marne), eu 132i Sainf Ohiicfisuv Vf parasite de la llnale, cf. ci-dessus, n" 1071). 1619. Autgarius Saint-Oger (Vosges). :

:

1.

note

Mais non pas Suint-Oiicn-U-s-Purei/ (Vosges) 1.

;

cf.

ci-dossus, p.

VJ-ô,


LES NOMS DE LIEU

408

et,

et

Avitus Saint-Avit Saint-Abit (Basses-Pyrénées); moyennant les altérations indiquées précédemment (n°* 1550

r^'1620.

:

;

1551), Saint-Chavis, Saint-Chabit et Saint-Savy (Dordog^ne).

Aybertus Babylas

1621. 1622.

Saint-Aybert (Nord).

:

Saint-Babel (Puj-de-Dôme).

:

femme

1623. Baldechildis,

du roi Clovis II sainte est connue surtout pour avoir fondé l'abbaye de Bathilde Ghelles (Seine-et-Marne), qui, au moyen-âge, était appelée C/ie//es-Sainte-Baudour ou Sainte-Baudeur. Dans ces formes

vulgaires

1'/*

iinale est parasite, la finale

comportée ainsi

-hildis s'étant d'ailleurs

qu'il a été dit ailleurs (n"992).

1624. Baldulfus,

abbé

d'Ainay,

à

Lyon

:

|Saint-Badolph

(Savoie), Saint-Bardoux (Drôme).

Baldus

1625.

Saint-Bauld

:

(Indre-et-Loire),

Saint-Bond

(Yonne). 1626. Baise mius, patron de l'église paroissiale Saiïlt-Baus-

sange, aujourd'hui détruite, qui avait pour succursale celle du

Chêne fAube) Saint-Baussant (Meurthe-et-Moselle). 1627. Bandarides, évêque de Soissons au iv*^ siècle Bandry (Aisne). ;

:

Saint-

Baomadus,

diacre dans le Perche au iv^ siècle, honoré Saint-Bomer (Mayenne, Orne), Saint-Bomert Vr n'avait à (Eure-et-Loir). La forme correcte serait Borné l'origine d'autre raison d'être que d'empêcher l'e d'être pris pour un e muet puis elle s'est prononcée, ce qui a favorisé l'addition

1628.

novembre

le 3

:

:

;

d'un

parasite.

/

Barbara,

1629.

Barbe.

demment 1630.

Le

expliqué (n" 1538).

,

I.

Il

s'est

Basilius

est

P>asilia |)f)ssil)lr

:

(Ardèche,

Saint-Basile

:

Sainte-Bazeille

<|in',

(l.iiis

ilii

moins en ce

appelé anssi

tpii

et

Berlhomé.

Calvados, Cote-

'.

Lot-ol-Garonne).

(

iiuMidioiiiilc, ce

l'iaiice

i.i

nom

icpréstMilo,

admis la conceine Sainl-Ha/.ilo-dc-la-Woclic (Clonvzo ,

pas S. Masiliiis, mais S. H

«•liosf,

Sainte-

Saint-Bazile (Corrè/c, Haute- Vienne)

1632.

:

cette forme Saint-Barthélémy; substituée à une époque plus ou moins récente :

formes vulgaires présentant Berihomicu

1631.

iioii

l'antépénultième

sur

Saint-Barbant (Haute- Vienne] a été précé-

Bartholomaeus

demi-savante à des

<l'<)i'

accentué

nom

S!iinl.~}i;im)ir<' (voir

a

ii <l

i

I

i

ci-après,

ii

s.

ii"

Loiif^non paraît avoir

1634

.


ORIGINES KCCLÉSIASÏIQUES

:

BASOLl'S

4 09

1633. Basolus, accentué sur rantépénultièine

(Marne), Saint-Baie (Ardennes)

Domnus

B.

;

Dombasle

:

Saint-Basle

:

Saint-Baslemont

'cf.

(n" 1532).

(Meurthe-et-Moselle,

Meuse,

Vosg-es).

1634. Baudilius, martvrisé à

Nîmes Saint-Baudel (Cheri, Saint-Baudelle (Mayenne), Saint-Baudille (Isère, Tarn), et par substitution de liquide, Saint-Baudière (Nièvre). Le d intervocal, :

qui s'est maintenu dans ces formes plus ou moins savantes, est

devenu

dans

z

formes méridionales Saint-Bauzeil (Ariège), dont Vy, comme celui de Saint-Bauzély

les

Saint-Beauzély (Gard)

(Aveyron), était orig-inellement atone Saint Bauzille

(Hérault),

Saint-Beauzile

(Ardèche,

-

Puy-de-Dôme)

;

et,

par

diphtong-ue au dans

la

Saint-Bauzile (Lozère),

(Tam-et-Garonne),

Saint -Beauzeil

Tarn), Saint-Beauzire (Haute-Loire,

la substitution régulière le dialecte

de v à d après

qui a parfois désig'né Saint-Bazile-de-la-Roche (Corrèze). les

pays de lang-ue

d'oïl le

d intervocal

qu'il séparait se sont contractées

jadis Saint-Boël,

nom

limousin, Saint-Bauvire,

:

est

tombé,

Dans

et les syllabes

Saint-Boil (Saône-et-Loire),

Saint-Bois (Ain), Saint-Bueil (Isère)

;

et,

gra-

phie bizarre, Saint-Bel (Rhône).

1635.

Beatus

Saint-Béat

:

(Haute- Garonne),

Saint-Biez

(Sarthe).

1636.

Benedictus

Domnus

B.

:

:

Saint-Benoît

;

— Saint-Benezet

Dambenois (Doubs),

(Gard).

Dambenoit (Haute-

Saône).

1637.

Benignus

Saint-Bénigne (Ain), forme savante dont

:

l'usage ne paraît pas antérieur à la Renaissance (Allier,

Calvados,

(Saône-et-Loire)

(Haute-Marne),

;

Nièvre,

et,

Nord),

altéré

en

par dissimilation des deux

Saint-Berain

(Haute-Loire,

Saint-Benin

^ ;

Saint-Bonnin Saint-Blin

n.

Saône-et-Loire

|,

Saint-Baraing (Juraj, Saint-Broing (Côte-d'Or), Saint-Broingt (Haute-Marne, Haute-Saône), le nom de famille HroïKjniarl

est

un dérivé de Broinr/

— Saint-Beron (Savoie),

(Indre-et-Loire). Cette dernière localité doit son local

Saint-Branchs à un saint

nom

mentionné par Grég-oire de Tours, mais dont

\. M. Kd. forme Sanz

tion suil.

souvenir

dans un pouillé du iiulicu du \m'' siècle, la ressemble à j)lusieurs des noms dont ri-unnu'Ta-

Phili|)(jn a relevé,

liprciiu/s, ([ui

le


LES NOMS

410 sest

DE LIEU

bien perdu, qu'à son culte on a substitué celui de son

si

à Dijon. Domnus B. Damblain (Vosges), Dambelain (Doubs), Domblain (Haute-Marne). 1638. Bercharius, fondateur de labbaye de Montier-enDer Saint-Bercaire (Haute-Marne), forme savante la forme

homonyme honoré

:

:

;

populaire serait Saint-Berier. 1639.

1640.

m

Be ardus Saint-Bernard. Bertramnus Saint-Bertrand (Haute-Garonne), :

ville

:

fondée au

xii*^

sur les ruines de

siècle

Convenarum,

du

chef-lieu

pays

de

Lugdunum

l'antique

Cominges, détruit au

siècle.

vi*^

1641. Betharius, évêque de Chartres au Bohaire (Loir-et-Cher). 1642.

vii° siècle

Bibianus, évêque de Saintes au m"

siècle

Saint-

:

Saint-

:

Vivien (Charente, Charente-Inférieure, Dordogne, Gironde, Lotet-Garonne, Basses-Pyrénées). 1643. Blasius

Saint-Biais (Vienne), Saint-Blaise

:

;

— Saint-

Blaize (Haute-Savoie).

1644.

Blitmundus, second abbé de Saint-Valery-sur-Somme

:

Saint-Blimont (Somme). 1645.

1646.

Bonifacius Saint-Bonifet (Vienne). Bonittus Saint-Bonnet (Allier, Hautes-Alpes, Can.•

:

Charente,

tal,

Charente-Inférieure,

Gard,

Drônie,

Gorrèze,

Gironde, Isère, Loire, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme,

Rhône,

Savoie, Vienne, Haute-Vienne) et sa

Saône-et-Loire,

Les textes du moyen-âge portent S. Boni lus, mais ce n'est pas là certainement la forme originelle, car un t unicjue entre deux voyelles serait tombé cette appellation paraît avoir été aussi celle de Saint-Bon ^Marne, Haute-Marne, Savoie) ', dont le nom résulvariante bourguignonne Saint-Bonnot (Nièvre).

;

terait

dune

altération [)liilol()gi(|uement inexplicable.

1647. Botericus

qu'on

:

Saint-Beury (Côte-d'Or)

a j)ailois traduit ce

nom

|)ar S.

c'est

;

Baldericus.

(jui

à

tort

eût donné

Sainl-Bniidri.

1648.

l.

Ainsi

MiigDiiin 2'»K

Bova

:

Sainte-Beuve Seine- Inférieure).

s:inclii;iirc

<|M<' (lu

l'oiilfin,

dont

l;i

riu-

<'ii

W'M't

Saint-Bon

p.-irision

— ccclosia

s

(I.asloyrio, (Jnrliiliiirc r;i|>|)('lli'

le

;i

n c

I

i

Honili

</i''iiri;il

iillr:i

dr l'uria,

1,

souvenir.

à


i

ORIGl.NES ECCLÉSIASTIQLES

1649. Brictius,

métropolitain

BRICTIUS

'.

successeur de saint

de Tours

411

Martin

sur

siège

le

Saint-Brice (Charente, Eure-et-Loir,

:

Haute- Garonne, Gironde, Ille-et- Vilaine, Lot-et-Garonne. Manche, Marne, Oise, Orne, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Haute- Vienne), forme savante Saint-Brix

Garonne, Saùne),

donnent Brictio,

Gers,

Saint-Bris (Charente-Inférieure),

Saint-Brès

(Gard,

Haute-

Saint-Bresson

(Gard,

HauteNièvre

Saint-Bressou (Loti et Saint-Brisson (Loiret, lieu de supposer une déclinaison imparisyllabique

Brictionis.

Dombresson

'),

Domnus

B.

Dombras

:

jadis appelés l'un et l'autre

(Meuse),

Domhrez

:

(Suisse, cant. de Neuchâtel).

Brigida,

1650. Brigitta, culte en

Hérault).

Dombrot-/e-S>c (Vosges

;

(Charente-Inférieure),

Britta

:

cette sainte,

Bretagne a été signalé précédemment

dont

[n° 1320),

le

est

appelée Bride dans les anciens calendriers français, mais la forme

savante Sainte-Brigitte (Basses-Alpes, Côtes-du-Nord, Hérault,

Morbihan, Var) 1651.

Gado

est la seule usitée

Cadocus,

(Finistère,

saint breton

dans

(cf.

la

toponomastique.

ci-dessus, n" 1297)

:

Saint-

Morbihan), Saint-Cadou (Côtes-du-Nord, Fini-

stère).

1652. Caecilia 1653.

Sainte-Cécile.

:

Caesarius

Saint-Césaire (Bouches-du-Rhône, Cha-

:

Gard,

rente-Inférieure,

Meurthe-et-Moselle),

Saint -Cézaire

(Alpes-Maritimes). 1654. Calixtus 1655.

1656.

Saint-Calix (Hautes-Pyrénées).

:

Camélia Sainte-Camelle (Aude Candidus Saint-Cande, nom jadis :

.

:

deux paroisses

;

Sainte-Canne

(voir

porté à

ci-dessus,

Rouen par n"

1539

.

Saint-Xandre (Charente-Inférieure). 1657.

Cannatus

:

Saint-Cannat (Bouches-du-Rhône)

diminutif Saint-Canadet

1658.

Garonne,

Caprasius Gers,

:

et

son

voir ci-dessus. n° 1535).

Saint-Caprais

Cher,

(Allier,

Gironde, Lot, Lot-et-Garonne,

Haute-

Seine-et-Oise,

Tarn,Tarn-et-Gar()nneK Saint-Chabrais (CreuseV Saint-Capraise (Dordogne), Saint-Caprazy Aveyion). !

1. Dombrot-sur-Vair, au même département, a pour patron saint Denis; mais cette localité ne s'appelle Dombrof que depuis 171") elle portait auparavant le nom de Bouzeij, que l'usage local a conservé jusqu'à nos jours. ;


LES NOMS DE LIEU

412

Caradocus

1659.

Saint- Cadreuc

Saint-Caradu(Gôtes-du-Xord, Morbihan), Saint-Garreuc (Gôtes-du-

:

(Côtes- du- Nord),

Nord).

Caraunus. martyr

1660.

chartrain du

v*^

siècle

:

Saint-Ché-

ron (Eure, Eure-et-Loir, Marne, Sarthe, Seiue-et-Oise). 1661. Carilefus

Saint-Calais i^Eure, Eure-et-Loir, Maine-

:

Mayenne, Sarthej Saint-Galez (Sarthe), Saint-Garlais (Deux-Sèvres). Tous ces ^vocables appartiennent à une région où on ne peut que le c primitif aurait dû prendre le son chuintant et-Loire,

;

;

constater qu'il n'y en a rien été.

1662. Garterius

Saint-Chartier (Indre).

:

1663. Cassianus, fondateur de l'abbaye de Saint- Victor de Marseille, au s" siècle

:

Saint-Cassian (Haute-Garonne,

Var),

Saint-Cassien (Basses- Alpes, Alpes-Maritimes, Dordogne, Isère,

Tarn-et-Garonne, Vienne), Saint-Gassin (Savoie).

Gastinus 1665. Gatharina

1664.

:

1666. Gel sus

Saint- Gastin (Basses-Pyrénées).

Sainte-Gatherine.

:

Saint-Géols

:

(Gher),

Un

Saint-Ghels (Lot).

du diocèse de Rouen, daté de 1337, mentionne, parmi les paroisses du doyenné de Bourgtheroulde, celle de San et us Geisus, g-allice [SaintJ Ghaus on remarque dans cette forme vulgaire le chuintement du dialecte picard. pouillé

:

1667. Ghristina

Gironde,

:

Sainte-Christine (Eure-et-Loir, Finistère,

Maine-et-Loire,

Oise.

Puy-de-Dôme, Var,

\'endée),

Sainte- Ghristie (Gers).

1668.

Ghrysolius

1669. Gitronius

Saint- Chry sole (Nord).

:

Saint-Citroine

:

1670. C^izius ou Gidius

1671. Glar.us

:

:

Saint-Clair,

Vienne").

Saint-Gizy (Ilaute-Garonne). (jui s'écrivait

jadis Saint Cler

;

Saint-Glar (Haute-Garonne, Gersl. prononcé quelquefois Sain/CLa.

1672. vu"

Glaudius,

siècle,

t'vêque métro{)olitain de Besançon au abbé de Saint-O^'and (Sanctus Eugendus) mona-

stère (jui revut pUis villages

du

territoire de

Dene/ières /Jura) en latin

tard

a

('-té

le

nom

Besancon

de Saint-Glaude

les

Un

se nt)nune aussi Saint-Claude.

appeh' jus(ju'au

xiii"

siècle Saint-Cloud.

Sanctus Glaudius. Mais Sninl-dlond

Claudc, quand on

(Jura).

rencontre loin de

susceptibles d'une autre interprétation

la

(cf.

et

même

Snint-

Franche-C^omté, sont ci-après, n" 1675).


.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

1673.

1674.

CLHMEAS

:

413

Clemens Saint-Clément: Saint-Clamens (Gers). Clementiuus Saint - Clémentin (Deux-Sèvres, :

:

^'ienne).

1675.

Clodoaldus,

du

(ils

échappé au poignard

roi Clodoinir,

Novigentum,

de ses oncles et retiré au monastère de

appela en son honneur Saint-Cloud (Seine-et-Oise).

qu'on existe

11

d'autres Saint-Gloud (Aisne, Calvados, Dordogne, Eure-et-Loir,

Vaucluse)

-oaldus

forme Cloud

la

;

s'explique

par

à -oldvis (cf. ci-dessus, n° 1054).

réduction

la

Sur

le territoire

de

de la

Ghapelle-Moulière (Vienne), au village de Saint- Glaud ', une foire se tient, chaque année, le 7 septembre, jour de la Saint-Gloud.

La chapelle de Saint-Claude, qui Blaslay (Vienne) et Saini-Clouault,

ce

le village

s'élevait entre

bourg de

le

de Poirier est appelée, en 1445,

Glodoaldus. Et dans

qui répond bien à

Saint- Claude -c?f-D//*aî/ (Loir-et-Gher), localité située sur la rive

gauche de

la Loire,

on est d'autant mieux fondé à reconnaître

le

monasterium sancti

Fludualdi super Lige rem dont parle Nithard, que Fludualdus est la forme revêtue par Glodoaldus à l'époque carolingienne. 1676. (

Golumba

Sainte-Colombe

:

;

Sainte-Colomme

Basses-P vrénées) 1677.

Golumbanus,

missionnaire

irlandais,

l'abbaye de Luxeuil, mort à Bobbio en (Loire -Inférieure),

(Morbihan,

pour

Haute-Saône,

615

Saint -Colomhain

Savoie);

fondateur de

Saint-Colombin

;

Saint-Colomban

\

Saint-Colombas

(Alpes-

Maritimes), dont Vs est parasite. 1678.

Coulomb 1679. 1680.

Golumbus

:

Saint-Colomb

(Lot-et-Garonne),

Saint-

fllle-et-Vilaine).

Gonsortia Sainte-Consorce (Rhône). Gonstantius Saint- Constant (Gantai, :

:

Gharente),

Saint-Coutant (Gharente, Gharente-lnférieure, Deux-Sèvres). 1681.

Gontextus, évêque de Baveux

:

Saint-Contest (Cal-

vados), Saint-Conté (Finistère).

Saint-Corentin 1682. Corentinus (cf. ci-dessus, n" 1333) (Côtes-du-Nord), Saint-Corantin (Seine-et-Oise), 1683. Cornélius Saint- Corneille (Oise, Sarthe, Tarn); :

:

Saint-Cornier (Orne), où l'influence de

1.

1'/

la

voyelle accentuée

s'e.st

modih'ée sous

posttonique.

es. Saint-Clau

Donlogno), Saint-Claud-.f(;/--/e-Son

fClinrcnle).


LES NOMS DE LIEU

414 1684.

Grispinus

Saint- Crépin

:

;

Saint-Crespin (Calva-

dos, Maine-et-Loire, Seine-Inférieure).

1685.

Cucufas

au

Gueufatis

g;énitif

martyrisé à Bar-

celone sous Dioclétien, et dont les reliques furent transférées au

cours du IX® siècle en l'abbaye de

forme

(Seine-et-Oise),

Saint-Denis

savante;

Saint-Couat

:

Saint-Gucufa

(Audej,

Saint-

Cophan (Tarn-et-Garonne), formes explicables par la simplification de la syllabe redoublée (cf. le mot français vieilli coulle,

= cucullat.

jadis cooule

Gyprianus

Saint-Gyprien (Allier, Aveyron, Gorrèze, Dordogne, Lot, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Orientales, Rhône), Par Saint- Cybranet (cf. ci-desforme savante Saint-Civran. 1686.

:

;

sus, n° 1535)

1687.

cus

il

faut entendre

sa variante

et

Saint-Gyprien-le-Petit

«

Gyriacus — du grec

/.upiaxôç,

équivalent de

Quiriacus

médiévale

domini-

Saint-Ciriac

:

Saint-Girac (Ariège), Saint-Gréac (Gers,

(Tarn),

».

Hautes-Pyré-

nées); Saint-Quiriace, église à Provins.

1688.

Gyricus ou Quiricus Tarn-c't-Garonne),

et-Garonne,

Saint-Girice (Gers, Lot, Lot-

:

Saint-Gyrice

(Hautes- Alpes,

Aveyron), formes savantes, car le nom était accentué sur Tantépénultième Saint-Gyr (Ain, Ardèche, Aube, Galvados, Gha;

rente-Inférieure, Gorrèze, Dordogne, Eure, Eure-et-Loir, lUe-etVilaine,

Indre-et-Loire, Jura, Loir-et-Gher, Loire,

rieure, Loiret, Maine-et-Loire,

Loire-Infé-

Manche, Mayenne, Nièvre, Oise,

Orne, Pihône, Saône-et-Loire, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres, Tarn, Var, Vendée, Vienne, HauteSaint-Cirgue (Tarn), Saint-Girgues (Ardèche,

Vienne. Yonne,, Gantai,

Gorrèze, Haute-Loire.

Lot,

l*uy-de-Dôme), Saint-Girq

Haute-

(Aveyron, Dordogne, Lot, Lot-et-Garonne), Saint-Gricq

Garonne, Gers, Landes, Hautes- Pyrénées). Charente-Inférieure, Gironde),

rente,

Saint-Giers

Saint-Giergues

Marne), Saint-Gergues (Haute-Savoie), Sancergues sus, n"

1552), et Saint-Gierge ^\^dèchei.

vines portent et

le

l'une d'elles,

Louis

lii'det,

nom

Deux

(Cha-

(Haute-

(cf.

ci-des-

localités poite-

Saint-Ghartres (Deux-Sèvres, Vienne), dans li^s textes latins cités au Dic/.ionnuirc de

est

(le

aj)pi'lt'M>

Sanctus

(!liricus.

Domnus

C.

:

Doncières (Vosges), Donceel flielgicjuc, province de Liège). 1689.

Decentius

graphie inijuitalde

:i

:

hi

Saint-Dizant |)rorH»iiciation,

(lliarinlt-lnférieure)

Saint-Ysans (Gironde).

et.


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

De datus

1690.

41.')

(Vosges), Saint-Dyé (Loir-et-

Saint-Dié

:

DEODAIUS

I

Cher,.

Desideratus

1691.

Saint-Désirat (Ardèche), Saint-Désiré

:

(Allier).

1692. Desiderius,

en

altéré

Saint-Disdier (Hautes- Alpes),

Bouches-du-Pihone,

dèche,

Desderius

Saint-Didier

Côte-dOr,

Deserius

et

(Ain,

Allier,

Drôme, Eure,

:

Ar-

Ille-et-

Vilaine, Isère, Jura, Loire, Haute-Loire,

Haute-Marne, Nièvre, Orne, Rhône. Saône-et-Loire, Savoie, Haute-Savoie, Vaucluse), Saint-Dizier (Creuse, Drôme, Lot-et-Garonne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Haut-Rhin), Saint-Dézéry (Gorrèze, Gardj,

Saint-Dier (Puy-de-Dôme) résulte Saint-Drézéry (Hérault). vraisemblablement de la simplification (cf. ci-dessus, n" 1685) de il a pour variantes Saint -Diéry (Puy-de-Dôme) Géry Dordogne, Lot, Tarn).

Didier

\

et Saint-

i

1693. Dionysius,

Denis

;

Deniscourt 1694. 1695.

fondateur de l'église

— Sancti

Saint-Daunès (Lot).

Paris

:

:

SaintSaint-

ci-dessus, n° 1552).

(cf.

Doda Dodo

de

D. cortis

:

Sainte-Dode (Gers,. ci-dessus, n° 1015j

(cf.

:

Saint-Don (Meurthe-et-

Moselle).

1696.

Domninus

Saint-Donin

:

(Seine-et-Marne),

Saint-

Donis (Drôme). — ^diiXii-\)&mB>-Comharnazat (Puy-de-Dôme) parfois appelé Sairt/-Z)o//r/zin

aussi

un sanctuaire dédié à

;

et

est

Saint-Domet (Creuse) représente

saint

Domnin.

1697.

Domnolenus

1698.

Donatianus Saint-Donatien (Loire-Inférieure). Donatus Saint-Donat (Basses-Alpes, Drôme, Puy-

1699.

de-Dôme

Saint- Andelain

:

i

Nièvre).

:

:

i.

1700.

Drogo

1701.

Dulcardus

quelques textes

:

Saint-Druon (Nord). Saint-Doulehard (Cher), appelé dans par une altération commvme

:

Saint-OucharcI,

aux vocables hagiographiques dans lesquels le nom du saint commence par une dentale (cf. ci-dessus, n"*" 1689 et 1697) Sâint-Eble 1702. Lbalo, accentué sur rantépénullièine :

(Haute-Loire). 1703.

Ebremundus

:

Saint-Ébremond (Manche)

et sa

forme

populaire Saint-Évremond.

1704. et-Uiscj.

Ebrulfus

:

Saint-Évroult (Eure-et-Loir, Orne, Seiiie-


LES NOMS DE LIEU

41(i

n05. Egetius

:

Saint-Igest (Aveyron).

1706. Eleutherius, nom

grecque

d'origine

:

Saint-Lattier

(Isère), par aphérèse.

Saint-Éloy Ain. Allier, Charente, CharenteInférieure, Cher, Corrèze, Côtes-du-Nord. Creuse, Eure, FiniManche, Haute-Marne, Nièvre, Orne, Puy-de-Dôme, stère,

n07. Eligius

:

Seine-et-Oise, Var, Yonne)'.

Saône-et-Loire, Seine,

Saint-

Éloi-Fontaine (Aisne).

nos. Eliphius (Vosges) celui de

dans ce dernier

;

Eure-et-Loir),

Saint-Éliph

:

nom

1/ tonique s'est

Saint-Élophe

comporté

comme

Sol ici a. aujourd'hui Soulosse (Vosges), tout à côté de

Saint Elophe.

n09. Eloquius, moine

à

Lagny au

viii*^

siècle

:

Saint-Lot

(Aisne), par aphérèse.

niO. Elpidius, honoré

Brioude

à

Saint-Ilpize

:

'Haute-

Loire).

Emelerius

1711.

Saint-Hymetière (Jura,, Saint-Émétéry

:

par aphérèse, Saint-Médier (Gard) 2. 1712. Engratia Sainte-Engrace (Basses-Pyrénées).

(Gard),

et,

:

1713.

Enimia

:

Saint-Ybard

f

reclus du

Corrèze

Saint-Cybard

cf.

Lozère).

Sainte-Énimie

1714. Eparchius,

Saint- Ybars

,

ci-dessus,

honoré à Angoulême

siècle,

vi""

:

Ariège), Saint-Bars (Gers),

n" 1551).

Cf.

Saint-Cybardeaux

(n« 1533).

1715.

(Aisne

Ermino, abhé

de Lobbes au

vu'' siècle

Saint-Erme

:

I.

1716.

Errehaldus

Terrehault

:

1717. b^thelburgis

:

voir ci-dessus, n" 1556).

Salnte-Aubierge (Seine-et-Marne), par

Adalberga. Eudo, martyr cliartrain Saint-Yon (Seine-et-Oise). Eugendus(cf. ci-dessus, n" 1672) Saint-Oyen Saône-

confusion avec 1718. 1719. et-Loire, f

:

:

Saône-et-Loire),

Saint-Yan

Savoie),

Saint-Héand

Loire).

1720. 1.

Lugenia

:

(Côtes-du-Xord.

Sainte-Eugénie

llaule-

Saint-Aleix ((lieuse).

Le bir.lionnnin- lnii(>(/r,ii>lii'/it'- de IWiii. <lo .M. I*liili|)on, meiilioiUK', pelil niouaslèie ((ui paraît la forme liyf)Olliéli(]ue Saint-Imier, un d (|ii on voit avoii- élé situé au départemeiil <!«' l'.Xin, non loin de Miiciui s m c r s. apix'lé, aux i\'' el X'' siècles. Sa uc 2.

sous

..,

I

II

I

i

I

i

ii


.

OKIGINES KCCLÉSIASTIQUES

:

KUGEMA

417

Orne, Pyrénées-Orientales), forme savante Loire, SainteEugienne (Manche), Sainte-Ouenne (Deux-Sèvres), et, par chang-ement de genre, Saint-Eugène (Aisne). 1721. Eugenius Saint-Eugène (Aude, Calvados, Charente;

:

Inférieure, Saône-et-Loire, Tarn).

1722. Eulalia, fêtée le 12 février

martyrisée

à

Barcelone

Corrèze, Dordogne, Gard,

ron. Cantal,

sous Dioclétien, et

Sainte-Eulalie (Ardèche, Aube, Aude,

:

Avej-

Gironde, Lot, Lot-et-

Garonne, Lozère, Tarn-et-Garonne), forme savante. Parmi les formes populaires, certaines s'expliquent par l'hypothèse d'une variante Euladia, dont s'est altérée

en

z

Alauzie (Lot)

la

dentale intervocale, selon les régions,

Sainte-Aulazie (Tarn-et-Garonne), Sainte-

ou est tombée

:

Saint-Aulaye

(Dordogne)

et

Saint-Aulais (Charente), ont été signalés ailleurs (n° 1540), en raison du changement de genre qu ils présentent. On obser-

vera aussi ce dernier

Dordogne),

dans

fait

noms Saint-Aulaire

les

(Corrèz«,

(Haute-Garonne) et Saint-Arailles (Gers), caractérisés par des changements de liquides. C'est une contraction de l'une de ces deux dernières formes qu'il faut reconnaître dans XaintraiUes (Lot-et-Garonne). 1723. Eumachius, confesseur honoré dans lAngoumois Saint-Chamassy (Dordogne), dont on se gardera de rapprocher Sainl-Chamas (cf. ci-dessus, n'* 1583). Saint-Araille

:

Euphemia

1724.

Sainte-Euphémie (Ain, Drôme), forme

:

savante, les deux localités dont

Ofeyme par un

du

il

s'agit

étant appelées, l'une

que donne Claude Guigue dans sa Topographie historique du département de l'Ain, et l'autre Sainct Euphème, dans une pièce de 1633, conservée aux archives de la Drôme Saint-Offenge (Savoie), dont on Sainte

texte

xiv^ siècle

;

rapprochera

le

nom

de l'ancienne famille angevine de Saint-

Of fange.

1725. 1726. 1727. 1728. Loire,

Euphrasia Sainte-Euphrasie (Marne) Euphronius Saint-Euplirône (Côte-d'Or), Eusebia Sainte-Eusoye (Oise). Eusebius Saint-Eusèbe (Hautes- Alpes, :

:

:

:

Haute -Savoie),

Saint -Eusoge

(Yonne),

(Aube, Côte-d'Or), Saint-Usuges (Saône-et-Loire

Saône-et-

Saint -Usage .

et,

par

le

rhotacisme, Saint-Huruge (Saône-et-Loire). 1729. Eusicius, fondateur de l'abbaye Les noms de lieu.

de Selles-sur-Cher 2"


LES >OMS DE LIEU

418 (Loir-et-Clier) le

nom

au

:

1730.

on

xyii*" siècle,

de Ce//e-Saint-Eurice

Eutropius

désigné cette localité sous

a

ci-dessus, n° 1451).

(cf.

Saint-Eutrope (Charente, Charente-Infé-

:

Mayenne). Exupère (^Averron,

rieure. Finistère, Lot-et-Garonne,

1731.

Exuperius

Saint

:

-

Haute-Garonne), Saint-Exupéry

Calvados,

Corrèze, Gironde); Saint-Spire,

i

église à Corbeil.

1732. Faro, évèque de

1733. Fasciolus

Meaux

Saint-Faron (Seine-et-Marne). Saint -Faziol (Deux -Sèvres), en 1559

:

:

Saint Faziou. 1734.

1735.

Fausta Sainte-Fauste (Gers, Indre). Faustus Saint-Faust Basses-Pyrénées) :

(

:

;

dans Saint-

Ost (Gers), la chute de 1"/ a eu pour prélude sa transformation en

h aspirée, (cf.

phénomène commun

ci-dessus, n" 448).

1736. Félix: Saint-Félix;

forme catalane

tales),

gasconne (voir 1737.

l'alinéa précédent)

(Charente), formes

et

gascon

au

Saint-Féliu (Pyrénées-Orien-

Saint-Elix (Haute-Garonne, Gers), forme

;

Ferme rius

l'espag'nol

à

:

'.

Saint-Ferme (Gironde),

qu'il faut constater,

Saint-Fraigne

sans pouvoir expliquer

le

recul de l'accent.

Les formes vulgaires Saint-Féréol. 1738. Ferreolus donnent lieu de supposer une variante Ferriolus, dont 1'/, sauf dans Saint-Ferriol (Aude), s'est constamment consonSaintnilié Saint-Ferjeux Doubs. Marne, Haute-Saône), :

:

Fergeux 'Ardennesi, Saint-Ferjus

Saint-Fargeau (Seine-

(Isère).

et-Marne, Seine-et-Oise. Yonne), Saint-Fargeol (Allier), Saint-

Fargheot (Puy-de-Dôme

Forgeux

Forget (Seine-et-Oi.se). caiil.

Saint-Forgeot Saône-et-Loire). Saint-

Domnus

F.

:

Damphreux

(Sui.sse,

de Berne).

1739. Fiacrius 1740. I.

i,

(Loire, lihônej, Saint-Forgueil (Saône-et-Loire), Saint-

F ides

Saint-Flin

:

:

Saint-Fiacre.

Sainte-Foy.

Meinllio-eL-Moscllt'j csl uiif ancieniie possession

i\i.-

\':\h-

baye rloSainUdlément de Met/, liKincllc «Mil pour p.ilioii primitif sainl l'clix (cf. McUfiisii, III, 00); le son nasal ipie piésenle celle forme s'est piiulnil tardivement, comme dans le nom, appartenant à la même région, de Piilin fMeurthe-el-Moselle), aneiennemcnl l-'ilis cl /•'(•//./• icf. MrHcnai.i, l\', 2, note

2).


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

FIDOLUS

!

4^9

1741. Fidolus, nom, accentué sur l'antépénultième, d'un saint d'origine auvergnate qui vécut au diocèse de Troyes

(Aube. Loiret, Yonne), Saint-Fiel (Creuse) ^ Damphal (Haute-Marne). 1742. Filibertus

Saint-Philibert (Côte-d'Or,

:

:

Saint-Phal

— Domnus

¥.

:

Drôme, Indre-

et-Loire, Isère, Morbihan, Pas-de-Calais, Seine-et-Oise), Saint-

Philbert (Calvados, Eure, Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Orne, Vendée) l'usage constant de la notation /)/i s'explique par l'in;

fluence de Philippe.

Firminus Flaminia

1743. 1744.

1745. Fia via

Saint-Firmin, forme savante.

:

Sainte- Flamine (Allier)-.

:

Sainte-Flaive (Vendée).

:

1746. Flavitus

Saint-Flavy (Aube).

:

1747. Flodoveus, n" 1675)

en

l.'^72

1748.

Clodoveus

Saint-Flovier (Indre-et-Loire)

:

Saint

;

ci-dessus,

(cf.

Saint-Fleur (Vienne),

F huer.

Florentinus

1749. Florina

:

1750. Florins

variante de

:

Saint-FIorentin (Indre, Yonne).

:

Sainte-Florine (Haute-Loire).

Saint-Floury (Lot).

Florus Saint-Flour (Cantal, Lozère, Puy-de-Dôme). Saint-Floret (Puy-de-Dôme) signifie « Saint-Flour-le-Petit

1751.

:

->

(cf.

ci-dessus, n° 1535).

1752. Floscellus

1753.

Folcuinus

1754. Fortis

:

peut-être Saint-FIoxel (Manche).

:

:

Saint-Foiquin (Pas-de-Calais).

Saint-Fort

Charente-Inférieure,

(Charente,

Mayenne, Tarn-et-Garoune). 1755. 1756.

1757.

Fortunata Sainte-Fortunade (Corrèze). Fortunatus Saint-Fortunat (Ardèche, Rhône). F ra gui fus, martyr du pays de Cominges peut-être :

:

:

Saint-Frajou (Haute-Garonne), paraît insolite

dont

le

J,

dans cette région,

-^

Framboldus

Saint-Fraimbault (Mayenne, Orne, ce Sarthe), Saint-Frambourg, quartier dlvry-sur-Seine (Seine) dernier nom était aussi celui d'une église collégiale à SenHs. 1758.

:

;

1.

Cf.

2. 3.

Mrm. de

la Sociélé

.

.

.

de

la

Creuse, XI, 82, et A.

l,(^clcr, l>u-(ion-

Creuse, p. 621 A. Bruel, Pouillés dc^ diocèses de Clermont et de Saint-Flonr, p. 192. Cette réserve s'impose-l-elle, alors que, à une dizaine de lieues de \h, el

naire.

.

.

de

la

plus au sud,

Mons

.

régal

is est représenté par

Montrejeaul


LES NOMS

420

Francoveiis

1759.

vation qu'on n'a pas 1760.

Fredulfus

1761.

Fredus

1762. Frigio

Saint-Franchy (Nièvre), par une déri-

:

moyen d

le

expliquer. (Charente-Inférieure).

Saint-Froult

:

Saint-Fray iSarthe). Saint-Frion Creuse •. Saint-Fréjoux(Corrèze). :

:

)

(

Frodoaldus,

1763.

DE LIEU

réduit

Frodaldus

k

:

Saint-Frézal

Lozère).

Fronto

1764.

:

Saint-Front (Aisne, Allier, Charente.

dogne, Haute-Loire, Lot-et-Garonne, Orne).

Domfront

(Oise, Orne,

Dor-

Domnus

F.

:

Sarthe).

1765.

Frotmundus

1766.

Fructuosus

Saint-Fromond (Marne). Saint-Fructueux (Tarn), forme savante Saint-Frichoux (Aude, Hérault), par le changement de et en ch (cf.

:

;

:

ci-dessus, n° 1550).

Fulgentius

forme savante substituée, en ce qui concerne Saint-Fulgent-des-Ormes (Orne), à Saint-Frogent, qu'on avait latinisé Sanctus Fro1767.

Saint-Fulgent (Orne,

:

Vendée),

gentius.

Fuscianus Saint-Fuscien Somme). Gai la Sainte- Jalle (Drôme). Saint-Gai (Cantal, Lozère, Puy-de-Dôme j, 1770. Gai lus 1768.

:

1769.

:

:

Saint-Gaux (Gironde), Saint-Jal (Corrèze).

— Saint-Jallet (Indre)

signifie « Saint-Jal-le-Petit ».

nom

1771. Gang.ulfus,

présentant les

prénom allemand Wolfgang

mêmes éléments que

Saint-Gengoux (Saône-et-Loire),. (Nièvre). Saint- Gengoulph (Aisne), Saint-GinSaint- Gengoult'

le

golph

Ilautc-Savoie).

1772. (iatianus

1773.

:

Saint-Gatien Calvados). •

Gaudentius

Gaudent l'\

:

rénéesj

Vienne),

:

Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Saint-

Saint-Gauzens (Tarn),

Saint-Jouvent

;

Saint-Goin iBasses-

llautc-\'ienne), jadis Sainl-Joucn.

p. 023), toiil en produisaiil clos texles forme originelle du nom de celle paroisse. juillel. assure que « son patron est saint Frédulphe, al)bé », qu'on fêle le Kt la liio-bihlioçffapliu' du chanoine Ul. (.lievalier renvoie de l-'i-nlnlp/iiis ' Frion (saint) de Saintonge », honoré le 4 aoijl. 2. (a' nom est aussi celui d'une des paroisses de Tonl, aiuieiine collégiale, et il y avait à Metz une paroisse Saint-Gengoulf. On eomitle, dans les diocèses acluels de Metz, Nancy, Verdun et Sainl-l)ié, une viiif^laine au moins d'églises paroissiales placées sous le même patronai;i'. 1.

qui

.\

lie

.

Lecler [Dicl. de

laissent

la (Jreu^e,

aucun doute sur

la

"i

i*


ORIGINES ECCLÉSIAST1QI;ES

:

GAUDERICUS

Gaudericus ou Gaug-ericus

1774.

:

421 à

Saint-Géry, église

Gambrai.

Gelasius Saint-Gelais (Deux-Sèvres). Gemini, appellation collective des Saints Jumeaux

1775.

:

1776.

((

Saint-Geosmes (Haute-Marne) en est un fait particulier à la

Gemma

1777.

;

la

transformation de

l'e

»

:

tonique

rég'ion bourguig-nonne.

Sainte-Gemme (Aude, Charente-Inférieure,

:

Cher, Eure-et-Loir, Gers, Gironde, Indre, Lot-et-Garonne, Marne, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres. Tarn, Vendée), SainteGemmes (Loir-et-Cher, Maine-et-Loire, Mayenne), SaintB-

Jamme

(Sarthe).

Genardus Saint-Génard (Deux-Sèvres). Generosus Saint-Généroux (Deux-Sèvres). Genesius Saint-Genès (Ariège, Corrèzç,

1778.

:

1779.

:

1780.

:

Gironde,

Lot-et-Garonne. Puy-de-Dôme), Saint-Genest (Allier, Ardèche, Loire,

Marne, Tarn,

Vienne,

Haute-^ ienne,

Vosges),

Saint-

Geneys (Haute- Loire), Saint-Geniès (Ardèche, Dordogne, Gard, Haute-Garonne, Hérault. Lot, Tarn-et-Garonne), Saint-Geniez Bouches-du-Rhône, Corrèze, HauteGaronne), Saint-Genis (Ain, Hautes-x\lpes, Charente, CharenteInférieure, Drôme, Gironde, Isère, Loire, Lot-et-Garonne, Pyré(Basses-Alpes, Aveyron,

nées-Orientales,

Rhône),

Saint-Genix

(Savoie),

Saint-Gineis

(Ardèche), Saint-Giniès (Aude), Saint-Genois (Belgique, Flandre Occidentale).

Gênais, de

Dans

même

dernier nom,

ce

que

le

nom

(réunis

substitvié

a été

à

de famille S'eruots est pour Servais,

en latin Servatius. 1781.

Genius, martyrisé

à Lectoure

Saint-Gein (Landes),

:

Saint- Geny (Gers).

1782. Loiret,

Genovefa

:

Sainte-Geneviève (Aisne, Aveyron, Eure,

Manche, Meurthe-et-VIoselle, Morbihan,

Oise,

Seine-

Inférieure, Seine-et-Oise).

1783. Gentianus Saint-Gence (Haute-Vienne), par un déplacement d'accent frécjueut dans la région cf ci-dessus, :

i

1545

n°«

1784.

.

et 1568).

Gentius

1785. Genulfus

:

:

Saint- Gens (Vaucluse).

Saint-Genou (Indre), Saint-Genoux "Loir-et-

Cher), Saint-Genouph (Indre-et-Loire).

1786.

Georgius

:

Saint-Georges.

Les formes populaires,


.

LES iNOMs

422 auxquelles se rattache la

forme

basse

le

nom

Georius

:

lieu

d;j

de famille Joret, répondent à (Meuse),

Saint-Joire

Saint-Jeoire

(Savoie, Haute-Savoie), Saint-Geoire (Isère), Saint-Geoirs (Isère),

Saint-Geours (Landes), Saint-Juire (Vendée), Saint-Jure (Moselle),

Saint- Yors

(Basses-Alpes),

Saint-Jurs

Saint-

(Gers),

en Savoie, les terminaisons -az et Jorioz (Dordogne, Haute-Garonne), Saiïlt-Jory -oz sont atones Saint-Juéry (Aveyron, Lozère, Tarn). Saint-Georges-de-Lusen(Haute-Savoie)

Domnus G. con (Aveyron) est appelé aussi Saint-Jordy Donjeux (Haute-Marne, Moselle), Dampjoux (Doubs), Daiigeul .

:

(Sarthe).

1787. Geraldus,

plus

Gairaldus

anciennement

Saint-

:

Géraud (Corrèze, Dordog-ne, Lot-et-Garonne, Tarn), Saint-Giraud Saint-Glrault (Deux-Sèvres), Saint-Girod Isère), (Ardèche, (Savoie), Saint-Guiral (Tarn), Saint-Guiraud (Gers, Hérault).

1788.

Gerboldus, évêque de Baveux au

siècle

vu''

:

Saint-

Gerbold (Calvados).

Geremarus

1789.

Deux-Sèvres,

Saint-Germer

Saint-Germier (Haute-Garonne, Gers, Saint-Germé (Gers, Hautes-Pyrénées),

:

Tarn), (Oise).

1790. Gereo,

martyr de

la

Légion thébaine

Saint-Géréon

:

Loire-Inférieure) (

Germanus, nom

1791.

par plusieurs saints, dont un

porté

un évêque dAuxerre Saint-Germain, Saneti vocable des plus répandus; Saint-German (Gers).

évêque de

Paris

et

:

Domnus G. Saint- Germainmont (Ardennes). Domgermain (Meurthe-et-Moselle). Saint- Giron Saint- Gérons (Cantal), 1792. Gerontius

G.mons

:

:

:

flIaute-Loire), Saint-Girons

(Ariège, Gironde,

Pyrénées j.

Gervasius

1793.

:

Saint- Gervais

Saint-Gervazy (^Puy-de-Dôme)

;

;

ei

Landes, Basses-

Saint-Gervasy (Gard),

Saint-Urbary

peut-élre

((iersj.

Gibrianus,

1794. Y*'

siècle

:

confesseur

Saint-Gibrien (Marne,

du

Chàlons au

diocèse de

Mcurlhe-et-Moselle),

Saint-

Gibrin (^Meurlhe-el-Moselle). 1795. évêcpic

Gildardus, (If

Xoyoïi

:

évé(pu> de Houen, frère

Saint-Godard,

(''glise

à

île

saint Mt'dard,

Houen,

jadis Sn'ml-


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

Gaudard

dlLDARDl'S

:

423

Saint-Jodard (Loire), qui, par confusion, a aujour-

;

d'hui pour patron saint Gildas.

1796. Gildasius, fondateur de l'abbaye de Rhuis, au diocèse de Vannes Saint-Gildas (Côtes-du-Nord, Finistère, Loire-Infé:

rieure, Morbihan).

1797.

Gislenus: Saint-Gelin

(Indre-et-Loire, Saône-et-Loire),

Saint- Guislain (Aisne, Nord).

1798. Glycerius,

évêque de Couserans vers 700

Lizier (Ariège, Gers), Saint-Lézer (Hautes-Pyrénées)

comme dans

est

tombé,

du

latin glis.

1799.

le

mot

Saint-

:

g initial représentant un cas oblique

loir,

Gobbanus, nom emprunté

;

le

l'onomastique irlandaise

à

:

Saint-Gobain (Aisne), Saint-Gobin (Allier). 1800.

Godebertus

1801.

Godo

Saint-Gobert (Aisne, Seine-et-Marne Saint-Gond (Marne), Saint-Gaud (Haute-Saône). 1802. Gorgonius Saint-Gorgon (Doubs, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Nord, Vosges), Saint-Gourgon (Eure, I.

:

:

:

Loir-et-Cher, Orne), Saint-Golgon (Côtes-du-Nord), Sainte-Ger-

goine (voir ci-dessus, n° 1541).

1805.

Gradulfus Saint-Groux (Charente). Gratus Saint-Grat (Aveyron). Gregorius Saint-Grégoire.

1806.

Guenocus

1807.

Gundulfus

1803.

:

1804.

:

:

Saint-Guénoux (Ille-et-Vilaine).

:

Saint-Gondon

:

(Loiret

;

cf.

ci-dessus,

n" 1144).

1808.

Gunhardus, évêque

de Nantes au

ix^ siècle

Saint-

:

Goard (Deux-Sèvres). 1809.

Gunsaldus

:

Saint-Goussaud (Creuse).

1810. Heriboldus, solitaire en Bretagne au

Herbot (Côtes-du-Nord, 1811.

Hermelandus

Saint-Herblon

(

ix® siècle

:

Saint-

Finistère). :

Saint-Erblon lUe-et-Vilaine, Mayenne),

Loire- Inférieure

),

Saint -Herblaln

(Loire-Infé-

rieure).

1812.

Hieronymus

:

Saint- Jérôme

i^^.

Vin,

Houches-du-Rhône,

Tarn, Vaucluse). 1813.

Ililarius

Saint-EIlier (île

:

Saint-Hilaire

(Maine-et-Loire,

;

Mayenne,

de Jersey), Saint-Hellier (Côto-d'Or,

Saint-Élier

Orne),

(Eure),

Saint-Hélier

llle-et- Vilaine, Seine-

Inférieure), Saint-Hilliers (Seine-et-Marne), Saint-Illiers (Seine-


LES NOMS DE LIEU

424

et-Oise), Saint-Ghély (voir ci-dessus, n° 1550), Saint- Ylifi (Jura),

Haute-Garonne, Gers, Lot-et-Garonne, Saint-Lary (Ariège, Hautes-Pvrénées). Le lieu dit Saint-Hilier, marquant, au territoire

de Bannoncourt (Meuse), l'emplacement

chapelle, est appelé, dans

m on s

H.

:

le

d'une ancienne

parler local, Sainte-Laie.

Sancti

Saint-Hilairemont (Marne).

1814.

Hildebertus

1S15.

Himerius

:

Saint-Hildevert (Eure).

Saint-Hymer

:

(Calvados),

Saint-Imier

(Suisse, cant. de Berne), et peut-être Saint-Ismier (Isère).

Hippolytus Saint- Hippolyte (Hérault;. Aucun texte du moven âge latine du nom de Dannevoux (Meuse) mais

Saint-ApoUis donne la forme cette paroisse a pour patron saint Hippolyte or en supposant que le p redoublé de Hippolytus, s'est comporté comme un p simple (cf. ci-dessus, n° 1574), ce nom, accentué sur l'antépénultième, donne nécessairement evolt, evoui, evou on peut donc admettre que le primitif du nom de lieu dont il sagit est Domnus Hippolytus 1816.

:

;

ne

;

;

;

(cf.

ci-dessus, n° 1525).

Hispanus

1817. (Oise),

Saint-Épain (Indre-et-Loire), Salnt-Épin

:

Mei.r-Saint-Époing (Marne).

le

Honora tus

1818.

:

Saint-Honorat (Basses-Alpes, Bouches-

du-Rhône, Drôme). Saint-Honoré

(^Finistère, Isère,

Inférieure, Var), Saint-Ondras (Isère);

est produit par le contact de l'net de

second

Nièvre, Seine-

dans ce dernier

1'/-,

consécutif à

la

nom

le

il

chute du

o.

1819.

Honorina

Seine-Inférieure).

Sainte-Honorine (Calvados, Eure, Orne,

:

1820. Ilospitius

Con/7a/is-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise). :

Saint-Hospice (Alpes-Maritimes),

jadis

Sainl-Sospis (voir ci-dessus, n" 1551).

1821.

Hostianus

:

1822. Ilucbertus,

voir ci-après, n" 1950.

évêque de

Maastricht

au

viii*"

siècle

:

Saint-Hubert (Allier, Cher, Eure, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher,

Haute-Marne, Mayenne, Sarthe, Seine-et-Oise, Somme, \'ienne, ^Belgique, Saint-HuLcrt-dc-Caslagnolc Luxembourg (Tani-ct-Garoiine) réponih-ail un ancien S anc tus Ansbertus. 1823. Hugo Saint- Hugues (Isère, Tam-et-Garonne), Saint-

et

.

;i

:

Hugon 1.

Isère, Savoie).

Cr. I.oii-iioii,

l>i,iiillr ihi ,li.,rèsijile (:;ilii>r>!,

|>.

liH,

ii"

008.


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

Ilumbertus

1824.

1825. Ig-natius

!

HUMBERTUS

42")

Saint-Imbert (Nièvre).

:

Saint- [gnace iGôles-du-Nord),

:

Saint-Tgnat

(Puy-de-Dôme). 1826. lUidius, évêque des Arvernes au iv^ siècle SaintIllide (Cantal), Saint-Alyre (Puv-de-Dôme), Sainte-Olive (cf. ci:

dessus,

n^'

1542).

L'/'

d'Alyt^e s'est produite

et d'Tzaire (a"

(n° 1566)

1604);

blable que, dans la langue

représente

c'est

comme

Géry sem-

celle de

par un phénomène

du moyen-âg-e, le nom commun mire réduit à médius.

medicus,

le latin

Irmina Sainte-Hermine (Vendée). Jacobus Saint-Jacob (Finistère) Saint-Jacques

1827.

:

1828.

:

;

;

Aude, Gironde, Loire-Inférieuie, Manche, Puy-de-Dôme, Seine), Saint-Jammes (Basses-Pyrénées), par le changement de h en m dont l'exemple le plus ancien est fourni par sabbati dies devenant samedi, et que l'on observe aussi dans les formes anglaise et italienne de Jacobus, James et Giacomo; Saint-Jaumes (Var), Saint-Jeaume (Var, Vaucluse), moyennant, par surcroît, une vocalisation de gutturale comparable à celle qui, d'Agnes a fait Aunes [n° 1573) SaintJaymes (Gers), dont le second terme ne diffère guère de l'espagnol Saint-James

(Allier,

;

— Gelui de Saint-Jacôme (Savoie) ime variante du wallon Jaqiiemes, Jakme. — Saint-Yaguen (Landes), répond Jaime.

était

l'origine,

S

certainement, à

qui se prononçait peut-être

aussi à

Jacobus,

.

Joannes

1829.

Saint-Jean

:

(cf.

— Saint-Jouan (Côtes-du-Nord,

diminutifs Saint-Jeannet et Saint-Jouan-

Ille-et- Vilaine) et leurs

net

;

ci-dessus, n° 1535).

— Domnus

J.

Danjouan (Seine-et-Oise). 1830. Jovinus Saint-Jouin (Galvados,

:

Domjean (Manche)

et peut-être

:

et-Loii'e,

Orne,

Seine-Inférieure,

(Manche), Saint- Juvin (.\rdennes), et-Garonne). 1831.

Nord), lieu

Domnus

Judo eus,

:

Saint-Jouvin

et peut-être Saint-Juin (Lot-

Domjevin (Meurthe-et-Moselle).

breton

:

;

Saint-Judoce ces deux

(Côtes-du-

formes donniMit

de supposer une variante Judocius.

Maritimes), :

J.

Saint-Josse (Pas-de-Calais)

1832. Julianus

J.

prince

Ille-et-Vilaine, Indre-

Deux-Sèvres),

:

Saint-Julien

;

Domjulien

f

.Alpes-

Saint- Juillen

Saint-Julia (Aude. Haute-Garonne).

Domnus

Vosges).

1833. .lulitta, mère de saint Cyv. et martyrisée avec

lui

sous


LES >'OMS DE LIEU

426 Dioclétien

:

Sainte -Juliette (Aveyroa, Indre-et-Loire, Tarn-etforme refaite à la manière dun diminutif de Julie

Garonne), Julitta eût donné Julette. Saint-Junien (Creuse, Haute-Vienne). 1834. Junianus Saint-Justin (Gers, Landes). Domnus 1835. Justinus

:

:

:

Danjoutin

J.

:

de Belfort).

(territoire

Justus Saint-Just, prononcé Saint-Ju. Saint-Lactencin (Indre). 1837. Lactantianus Saint-Lié (Marne), Saint-Lyé (Loiret), mais 1838. Laetus

1836.

:

:

:

non pas

(cf.

ci-après, n^ 1848)

La ma nus

1839.

Landbertus

1840.

Saini-Lyé (Aube).

Saint-Lamain

:

(Jura).

Saint -Lambert

:

Ardennes,

(Aisne,

Bouches-du-Rhône, Calvados, Côtes-du-Nord,

Eure,

Gironde,

Maine-et-Loire, Orne, Seine-et-Oise, Vaucluse).

Laudus, primitivement Lauto

1841.

Somme)

et

Saint-Lo (Manche,

:

son diminutif Saint-Louet (voir ci-dessus, n° 1535),

Saint-Lot (F.uretardivement latinisé Sanctus Laudulus; [Aisne) ci-dessus, Saint-Lot non (cf. n** 1709) et-Loir), mais ;

la

CAa/:»e^/e-Saint-Laud (Maine-et-Loire).

1842.

(Orne

Launoyisilus

Saint-Longis (Sarthe),

:

Saint-Langis

i.

1843.

Launomarus

:

le

être Saint-Léomer (Vienne).

Pas-Saint-LHomer (Orne), et peutBeatus L. Belhomert (cf. ci-

:

dessus, n" 1523).

1844.

Launus

Saint-Laon

:

(Vienne)

;

(Deux-

Thouars

à

Sèvres), ce saint a été confondu avec saint Lo.

1845.

Laurus

Saint-Laurs (Deux -Sèvres),

:

Saint- Laure

/Puy-de-Dôme). 1846.

Lau tenus

:

Saint- Lothain (Jura).

Les noms de lieu se rapportant au culte 1847. Lazarus. de saint Lazare, ressuscité par Jésus, et confondu avec le mendiant de la parabole du Mauvais Riche, ont été déjà passés en revue

(n*"*

f^nant

1482-1484

;

l'emplacement

on [jouvait y joindre Saint-Laze, nom déside l'ancienne léproserie de Sommières

(Gard).

1848.

Léo

Dordoj^ne,

Saint-Léon Haute-Garonne, :

(Allier,

Girojide,

Aveyron, Côte.s-du-Nord, Indre,

Lot-et-Garonne,

n;iss"s-PyrtMiées, Tarn), Saint-Lyé (.\ube).

1849.

Leobinus,

évêcpu- de

C^liai'tres

au

vT'

siècle

:

Saint"


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUKS

LEOBIXUS

:

427

Lubin ((]otes-du-Norcl. Eure, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Seineet-Oise).

1850. Leodeg-arius

— Domnus

L.

Saint-Léger:

:

Rhône), Saint-Ligaire

Vieunei.

(Somme;,

Domléger

:

— Saint-Lager

(Ardèche^

Deux-Sèvres).

Saint-Liguaire

Dampléger

(Seine-et-

Marne).

Leonardus Saint-Léonard, forme populaire de Leonardus étant IJénard. 1851. 1852.

:

Leonius

Saint-Liesne (Seine-et-Marne).

:

de famille Lioine se rencontre dans 1853.

savante,

la

forme

la

Le nom

région de Sézanne.

Leonorius, évêque breton du

vi''

siècle

Saint-Lunaire

:

(Ille-et- Vilaine).

1854.

Leontius

Saint-Léonce (Tarn), Saint-Lions (Basses-

:

Alpes), Saint-Léon-swr-Fe:;^re Dordogne). i

1855.

Leopardinus

1856. Leofarius 1857.

1858.

:

Saint-Lieux (Tarn).

Saint-Léopardin (Allier). Saint-Nauphary (Tarn-et-Garonne). :

Leporius Saint-Loubouer (Landes). Leutfredus la C/-oi.r-Saint-Leufroy (Eure), :

:

V HôpUal-

Saint-Lieffroy (Doubs).

1859. 1860.

Leudomirus Leudovinus

:

:

Saint-Lumier (Marne). Saint-Llévin (Nord, Pas-de-Calais).

Sainte-Livrade (Haute-Garonne, 1861. Liberata Garonne, Tarn-et-Garonne).

Lot-et-

:

1862. Libéria,

Libère

Domna

peut-être

(Meuse), L.

:

à

Torigine

Leobaria

:

Sainte-

Sainte-Libaire (Meurthe -et -Moselle], Sainte-

Livière (Marne),

Co/u/e - Sainte -Libiaire

(Seine-et-Marne j.

Damelevières (Meurthe-et-Moselle).

1863. Licinia

Sainte-Lizaigne (Indre).

:

1864. Licinius

:

Saint-Lézin (Maine-et-Loire).

1865. Lifardus, honoré

à

Meung-sur-Loire

:

Saint-Lyphard

(Loire-Inférieure).

1866. Lotharius, évêque de Sées au

vin'' siècle

:

Saint-Loyer

(Orne).

1867.

Lucas,

Hautes-Pyrénées), 1868.

Lucia

Morbihan)

et,

:

l'évangéliste

saint

Luc

:

Saint-Luc

Eure,

r;Aa/)e//e-Saint-Luc (Aube).

la

Sainte-Lucie

Aude,

forme plus régulière,

Drôme, Lozère, Meuse, Sainte-Luce

(Dordogne,

Gironde, Isère, Loire-Inférieure, Oise, Tarn). 1869.

Lucianus

:

Saint-Lucien (Eure-et-Loir, Oise, Seine-


LES NOMS DE LIKU

i28

mais non (cf. ci-après, n" 1872) Saint-Lucien, en Rezé (Loire-Inférieure).

Inférieure/,

Lupentius, abbé du Gévaudan, qui périt en Chamla fin du vi*" siècle, victime des intrigues de BruSaint-Louvent (Mamei, et, s'il faut en croire un pouillé

1870.

pag^ne. vers

nehaiit

'

:

du xvin^

Loire).

Saint-Lupien (.\ube)

siècle,

Domnus

L.

Lupercius

1871.

:

Saint-Louand (Indre-etDoulevant (Haute-Marne). ;

Saint-Loubert (Gironde), Saint-Loubergt

:

(Gironde), Saint-Loubès (Gironde),

et,

Saint-Loube

a.ssure-t-on,

Saint-Luperce (Eure-et-Loir) est une forme savante, car dans une forme populaire, le p du latin serait devenu v, (Gers).

témoin

le

1872.

nom deLouvercy (Marne), au ix'' siècle Luperciacum. Lupianus Saint-Lucien, chapelle en Rezé (Loire:

Inférieure)

;

à

une forme

que Luchain, une fausse interpré-

telle

tation aura fait substituer Lucien,

Lupus

1873.

(Saône-et-Loire, L.

:

nom

;

Damloup (Meuse), Domioup

(Aisne);

le

(Ille-et- Vilaine),

Dampleux

-6ois-Danloup, au territoire d'Ourouer (Nièvre)

appelé en 1266

est

nemusde Sancto Lupo.

Macarius

1874.

d'un usage courant.

— Saint-Leu (Oise, Pas-de-Calais, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise). — Domnus Saint-Loup

:

Saint-Macaire (Haute-Garonne, Gironde,

:

Hérault, Maine-et-Loire), Saint-Macary (Bouches-du-Rhône).

Maclovius, évèque d'AIeth au vi« siècle Saint-Malo Loire-Inférieure, Manche, Morbihan, Nièvre,

1875.

:

(Ille-et- Vilaine.

Orne, Vendée), Saint-Maclou (Calvados, Eure, Seine-Inférieure), Saint-Malon (lUe-et-Vilaine) le vocable Saint-Maclou résulte parfois d'une confusion (cf. ci-après, n" 1877). ;

Macrinus

1876.

:

Ma cul fus,

Saint-Maigrin (Cliarente-Inférieure).

en Macutus, honoré à Ars au dioSaint-Macoux (Vienne). C'est sous l'invocation de ce saint qu'était, en réalité, placée l'église Saint-Maclou de Mantes et le nom de l'église Saint-Maclou de Bar-sur-Aube a

1877.

cèse de Saintes

alti'ré

:

;

Sanctus Macutus. Madalgisilus Saint-Mauguille (Somme). 1879. Madalvcus Saint-Maulvis Somme).

été latinisé

1878.

:

:

i.

On

silui'G

.uK'iitKMiU'iil

ira|)('r<;<)il

li>p(};/rni>hif/iie

de

an Icniloirt;

l.i

(Je

i

l.-i

i-aison

pDiir

M(miso désii^iie sons ce

l'iesnes-au-Mont.

l.nnicllt'

nom

l:i

le

friinc

/)irli(niii:iirt' il(>

l.onvcnl,


.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

1880.

429

Magdalena,

surnom de lune des trois Marie de Magdala la Madeleine, la Madelaine, parla Magdeleine (Charente), la Magdelaine

l'Évangile, native de fois

MAGDALEXA

:

sans article

;

:

(Alpes-Maritimes, Savoie;, Sainte-Madeleine (Haute-Garonne).

C'est à une église placée sous l'invocation de sainte Marie-

Madeleine que doit son origine Mont-Notre-Dame (Aisne) mais dans l'expression Mons béate Marie Magdalene, le dernier ;

terme étant tombé de bonne heure en désuétude, Béate Marie, fut rendu par Notre-Dame. 1881. Maglorius, évêque breton Saint-Magloire (Seine-et-

désormais mal compris,

:

Oise).

1882.

Magnentia

1883.

Magnus Saint-Magne (Gironde). Mamertus Saint-Mamert (Eure,

Sainte-Magnance (Yonne).

:

:

1884.

:

Eure-et-Loir,

Gard, Isère, Morbihan, Rhône). 1885.

Mammes

Saint-Mammès (Seine-et-Marne), Saint-

:

Mamest

(Dordogne),

Garonnej,

et

Saint-Mamet (Allier, Cantal, Hautepeut-être Saint-Mamans (Drôme), ecclesia Sancti

Mamatis en 1196. 1886. Mandrarius

Saint-Mandrier

:

Manehildis

1887.

('V^ar)

Sainte-Menehould

:

(Marne),

prononcé

Sainte-Menou. 1888.

Mansuetus

Saint-Mansuy (Meurthe-et-Moselle). Saint-Manvieu (Calvados). :

1889.

Manveus

1890.

Marcellinus

:

:

Saint-Marcellin (Basses-Alpes, flautes-

Alpes, Ille-et- Vilaine, Isèie,

Loire,

Saône-et-Loire, Var,

Vau-

cluse).

1891.

dennes,

donné

Marcellus

:

Saint- Marcel

Loiret, Sarthe), et,

castet,

1892.

1893. 1894.

Saint-Marceau (Ardans une région où castellum a ;

Saint-Marcet (Haute-Garonne).

Marciana Sainte-Martianne (Tarn). Marculfus Saint-Marcouf Calvados, Manche). Maicus Saint-Marc, que la prononciation peut :

:

i

:

avoir

confondu avec Saint-Mard (voir ci-après, n" 1918V Dans le département de la Mayenne, Saint-Mars-SUr-Colniont et SaintMars-sur-la-Fiitaie sont appelés, le premier Sanctus Marchus vers 1200, 922.

le

second

— Saint-Max

appeli';

Sanctus Medardus super Fustayam en

(Meurthe-et-Moselle), prononcé .Sam/-.l/à, est

Sanctus Marcus dans un

pouillé de 1402.


LES NOMS

430

Dli

LIEU

1895. Marg^arita (cf. ci-dessus, n" 1556) Sainte-Marguerite. 1896. Maria, la Vierge, mère du Sauveur Sainte-Marie :

:

;

— —

(Manche), Sanctae Mariae ecclesia. Dommarie Meurthe-et-Moselle), Dommary M. (Meuse), Damemarie (Eure, Indre-et-Loire, Orne), Dammarie Meuse, Seine-et-Marne), Donnemarie (Eure-et-Loir, Loiret, (Haute-Marne, Seine-et-Marne), Dannemarie (Doubs, Seine-etOise) on a vu (n° 1407) que Dannemarie est aussi le nom d'une commune du Haut-Rhin, appelée en allemand Dammerkirch. Sainte-Mère-Eglise

Domna

(^

:

;

Domnae Mariae

ecclesia.

Très fréquemment,

dans

les

du moyen-âge, Sa ne ta ^Slaria ou Beata Maria mais en ce qui concerne la traduit l'expression Notre-Dame réciproque, on sait (cf. ci-dessus, n° 1880) que le nom de MontNotre-Dame (Aisne), n'a pas trait au culte de la Mère du Christ. Saint-Marien (Creuse), Saint-Mariens 1897. M aria nus Dommarien (Haute-Marne). (Gironde). — Domnus M. textes latins

;

:

:

1898.

1899. 1900.

Marina Sainte-Marine (Finistère). Marinus Saint-Marin Indre). Marins Saint-Mary (Cantal, Charente), :

(^

:

:

Saint-Maire,

Lausanne Saint-May (Drôme). 1901. Martialis, fondateur de l'église de Limoges

église à

;

Martial (Ardèche,

x\veyron.

:

Saint-

Cantal, Charente, Charente-Infé-

Haute- Garonne, Gironde. Hérault, Lot, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vienne, HauteVienne j, Saint-Marsault (Deux-Sèvres). Saint-Marsal (Pyrénées-

rieure,

Corrèze,

Creuse,

Dordogne,

Gard,

Orientales).

Saint-Martin, à coup l'apôtre des Gaules répandu en France des noms de litu se rapportant au Domnus M. Dommartin (Ain, Aube, culte des saints. Doubs, Marne, Haute- Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse,

Martinus,

1902.

sur

le j)lus

:

:

Nièvre, Pas-de-Calais, Rhône, Saône-et-Loire,

Dammartin Doubs, i

et-Oisej

;

Mf)selle).

nom

Vosges),

Jura, Haute-Marne, Seine-et-Marne, Seine-

Domni M. mons (|ui

Somme,

foinnit

:

Dommartemont

i

Meuillie-et-

un double cxemph' d'assourdissement

du son nasal devant une m (cf. ci-ilessus, n" 1525). Saint-Mart, 1903. Martius, abbc en .Vuvergne au vi' sièch> pics Pioyat (Puy-de-Dôme). Saint-Martory Haute-Garonne). 1904. Martyrius :

:

1905. Mascilius

:

i

Saint-Maxire (Deux-Sèvres).


OKlGliMiS ECCLÉSIASTIQUKS

:

MATTHAEIJS

M

43i

1906. Matthaeus, réduit parfois à a te us Saint-Mathieu {Côtes-du-Nord, Finistère, Hérault, Morbihan, Haute- Vienne), :

Saint-Mahé (Finistère), Saint-Macé (Maine-et-Loire); l'égUse Saint-Mathieu de Moidaix (Finistère) est appelée dans un compte

rendu au chapitre de Trég^uier en 14(J1, Saint-Mahé. 1907. M a tu ri nus Saint-Mathurin (Côtes-du-Nord,

Cor-

:

rèze, Maine-et-Loire, Vendée).

Maudetus,

1908.

solitaire breton

pays de Trég-uier, et dont les transportées dans l'intérieur de

du-Nord, Finistère),

et,

du

vi^ siècle

reliques la

France

furent, :

ayant vécu au au

ix®

siècle,

Saint-Maudez (Côtes-

par une altération graphique, Saint-Man-

dez (Côtes-du-Nord),

Saint-Mandé (Charente-Inférieure, Côtesdu-Nord, Loir-et-Cher, Morbihan, Pu^^-de-Dôme Seine, Vienne). La chapelle de Saint-Mandé, au territoire de Mouterre-Silly (Vienne), est désig'née, dans un pouillé composé au ,

début du xiv" dont

le

siècle,

par les mots capellania

dernier semble attester que la forme

San

cti

Mandé

Malde ti,

était

encore

en usage. 1909.

M aura

Sainte-Maure (Aube, Indre-et-Loire, Lot-et-

:

Garonne). 1910. Maurilius, rille,

(Creuse),

Saint-Moreil

imparisyllabique

évêque d'Angers au

usitée

à

et,

v*"

par" l'effet

l'époque

siècle

de

franque,

:

la

Saint-Maudéclinaison

Saint-Morillon

(Gironde).

1911.

Maurinus

:

Saint-Maurin (Lot-et-Garonne, Var, Vau-

cluse).

Légion thébaine Saint-Maurice, forme savante substituée plus ou moins tardivement à diverses formes populaires, Saint-Maurice de Beynost (Ain), 1912. Mauritius, n^artyr de

la

:

ayant été appelé, vers 1320, Saint Mûris Saint-Mury (Drôme, Isère), Saint-Morezi (Dordo^ne). par exemple,

Maurus

;

Saint-Maur (Calvados, Cher, Eure-et-Loir, Gers, Indre, Jura, Maine-et-Loire, Meurthe, Oise, Seine, Seine1913.

:

Inférieure).

1914.

1915.

Maxentia Po/î/-Sainte-Maxence (Oise). Maxentius Saint-Maixant (Creuse, Gironde), :

:

Saint-

Maixent ((Charente, Charente-Inférieure, Sarthe, Deux-Sèvres, Il Vendée), Saint-Maxent (Somme), Saint-Mexant (Corrèze). résulte d'une altération (Dordogne) est possible que Saint-Naixenl on est toutefois semblable à celle qui de mappa a fait nappe

\


LES NOMS DE LIEU

i32

en droit de

de

faire état

forme Sanctus Xascentius, qu'on

la

rencontre en 1295.

Ma xi minus

Saint-Maximin (Gard, Isère, Oise, Var), Saint-Mesmin ^Gôte-dOr, Loiret, Deux-Sèvres. Vendée), SailltMéinin (Dordogne), Saint-Mémy Tarn). Saint-Même (LoireInférieure) était une possession de labbaye de Saint-Mesmin de Saiiit-Mesryiin (Aube) est dune origine Micy, près Orléans. 1916.

:

différente (voir ci-après, n" 1923).

Maxim us

Saint-Maxime Var), Saint-Maime BassesAlpes), Saint-Maïmes (Vari, Saint-Maixme (Eure-et-Loir), SaintMayme Aveyron, Dordogne), Saint-Mesmes Seine-et-Marne), L'/u de Saint-Même {Charente, Charente-Inférieure, Savoie). la dernière syllabe a parfois disparu, témoin les noms Saint1917.

:

,

^

Masse

A'ar),

ancienne

Saint-Maxe,

collégiale

à

Bar-le-Duc,

MaxiSaint-Mauxe (Eure). mus Saint-Masmes (Marne), qu'un texte de 1209 appelle Sanctus Mammius. 1918. Medardus, évèque de Xoyon au vi" siècle SaintII

serait risqué de rapporter à S.

:

Saint-Méard (Dordogne, Haute-Vienne SaintMédard CharenteInférieure, Marne, Meurthe-et-Moselle, (Aisne, Mard :

Orne,

Oise,

j

Saùne-et-Loire,

Mards (Aube, Eure,

Seine-Inférieure

Mayenne

Inférieure. Maine-et-Loire,

Orne,

(Gers).

Seine-et-Marne,

Sarthe.

ci-dessus,

n*'

M.

Saint-Merry,

Saint-

Saint-Mars (Eure, Loire-

voir ci-dessus,

Vendée), Cinq-Mars

Domart (Somme), Dammard

1894 voir

:

:

(Aisne),

'.

Saint-Méry

à Paris, a été appelée,

Medulfus

1920.

:

(Seine-et-Marne)

Medericiis

1919.

i,

Vendée),

1554.. Saint-Merd (Corrèze, Creuse), Saint-Mézard

— Do m nus

Dampmart

Seine-et-Marne,

,

Saint-Molf

(Seine-et-Marne);

l'église

par réaction. Saint-Médéric

Loire-Inférieure),

Saint-Myon

Liiy-de-Dome).

Melanius, évèque de Rennes au

1921.

(Calvados,

Melaine

Saint-Melain

Eure

Ille-et-\'ilaine,

Saint-Meslin

,

1.

342).

Damas .\

|)

u

(I

Saint-Menges

{\'osf,'es

Saint-

Saint-Mélan (Mor-

Mcnuiiiiis. prcmiei- évèque de Châlons

1922.

2,

Maine-et-Loire, (Eure),

:

N'endée).

Ardeche/.

bihan;. Saint-Mélany

(Marnej;

siècle

vT'

:

Saint-Memmie

.Vrdennes), Saint-Menge

'

(Vosges).

.

.s.-inctuin

.M

f

mm

i

n

m, au

xii''

siècle y^Uo/*. '/c/v/i.,

.Sc/v/j/., .\II,


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

MEMORIUS

I

433

1923. Memoi-ius Saint-Mesmin (Aube^, nom dont le second terme est écrit, en 1291. Mirnmy, les formes intermédiaires le son nasal avant été vraisemblablement Memuir et Memui région champerésulte d'un phénomène assez fréquent dans la noise, où il paraît que Valmy sest dit vers 1274 Walemain, et :

;

où x\conin

Saconin (Aisne) répondent peut-être

et

des primitifs

à

en -iacus.

Menulfus,

1924.

Menoux 1925.

Merulfus

1926.

Mevennus Michael

La forme

Saint-

:

le

nom

prononcé Saint-Min.

Saint-Michel:

:

Michael

vulg-aire de

rapprocher

est

Salnt-Mihiel (Meuse).

Michau

;

on

inexplicable

:

commune en c

le

dur serait

aucun texte du moyen-àge n'ayant

d'ailleurs

gardera d'en

se

Saint-Micaud, porté par une

Saône-et-Loire, c'est-à-dire dans une région où

recueilli

:

Saint-Méru ou Saint-Méry (Vienne). Saint-Méen (Gôtes-du-Nord, Finistère,

:

lUe-et- Vilaine, Morbihan),

1927.

Mainulfus

plus anciennement

(Allier).

sur cette localité, dont l'église est sous

le

été

vocable de

Saint-Pierre, on ignore ce qu'il faut entendre par Saint-Micaud.

Aix-en-Provence

1928. Mitrias, confesseur à

:

Saint-Mitre

(Bouches-du-Rhône, Var). 1929.

Modéra mnus

:

Saint-Moran (Ule-et- Vilaine),

Saint-

Morand (Haut-Rhin). 1930. 1931.

Modéra tus Saint-Moré (Yonne). Montana: Sainte-Montaine (Cher). :

Mon ta nu s.

1932.

Vivarais

en

ermite

Saint -Montant

:

(Ardèche). 1933.

Mummolenus,

évêque

Noyon

de

et

Tournai au

Saint-Momelin (Nord, Pas-de-Calais). Le nom de Saint-Momble (AisneV Villeinomhlc (Seine) est formé de même sur Villa Mumn\oli.

vu'' siècle

1934.

:

Mummolus Mundana

:

Sainte-Mondane (l)ordogne^. Saint-Naamas Aveyron 1936. Naamalius Saint-Nabor Bas-Rhin Saint-Nabord lAube, 1937. Nabor 1935.

:

i.

(

:

).

(

:

ayant été absorbée par le son nasal du mot.sam/, Saînt-Avold (Moselle), prononcé 5am/-.4ud. Sainte-NathalèiiB (Dordogne). 1938. Natalena

Vosges),

et,

Vn

initiale

:

1939. Natalis 1940. Les

:

Xazarius noms de

lien.

Saint-Nadeau :

Charente-Inférieure).

Saint-Nazaire. '^^


LES NOMS DE LIEU

434

Nectarius

1941. sus,

:

Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme;

cf.

ci-des-

1548).

n<>

1942.

Neomadia

1943.

Nicasius Nicetius

1944.

:

Sainte-Néomaye (Deux-Sèvres).

Saint-Nicaise.

:

(Ain,

Saint-Nizier

:

Loire,

Isère,

Rhône,

Saône-et-Loire), forme populaire, qui serait écrite plus correcte-

ment

Saint-Xiziès.

1945.

Xummius

1946. 011a

:

:

Saint-Nom (Seine-et-Oise).

Sainte-Olle (Nord).

Saint-Orens 1947. Orientius, évêque d'Auch au v<= siècle (Haute-Garonne, Gers, Landes, Lot-et-Garonne), Saint-Ourens :

Lot-et-Garonne)

(Gironde,

;

17///e/-s-Saint-0rien

(Eure-et-

Loir).

1948.

Ortharius

1949.

Osmanna

1950.

Ostianus

:

Saint-Orthaire (Manche).

Sainte-Osmane (Sarthe). Saint-Hostien ou Hostianus

:

:

(Haute-

Loire).

1951.

Osvinus

Saint-Ovin (Alanche).

:

1952. Othildis, réduit à Ohildis

Sainte-Hoïlde (Meuse),

:

qu'on appelle aussi Sainte-Hould. 1953. Othilia

1954.

Sainte-Odile (Vosges).

:

Paduinus

Saint-Pavin (Orne, Sarthe).

:

Palladia Sainte-Pallaye (Orne). Saint-Palais (Allier, Charente, Charente1956. Palladius

1955.

:

:

Inférieure, Gironde, Basses-Pyrénées), Saint-Palavy (Lot).

Saint-Pancrace (Basses-Alpes, HautesAlpes, Alpes-Maritimes, Dordogne, Gard, Meurthe-et-Moselle, Vaucluse), Saint-Pancrasse (Isère), Saint-Pancré (Meurthe-etMoselle), et, semblant indiquer une forme basse Prancatius, Saint-Prancher (Vos^^es), Saint-Planchers (Manche), Saint1957.

Pancratius

:

Brancher Saône-et-Loire, Yonne;,

ainsi que. selon toute proba-

bilité, Saint-Plancard (Haute-Garonne), Saint-Blancard (Gers), Saint-Blanquat Ariègej. Saint-Brancaï Aliics-iMaritimes). <

!

Saint-Pantaléon (Corrèze, Drôme, Lot. Haute-Marne, Saône-et-Loire, Tarn, Vaucluse), Saint-Pandelon 1958.

Pantaleo

:

Dordoi^ne) '. Saint-Papoul (.\ude, Haute-Garonne), qui lOrif^inc, comme le nom latin, accentué sur 1 .i.

(Landesj, Saint-Pantaly

1959.

Papulus

était sans

1.

doute

à

Saint-Plantaire

:

(liirlrc .<•(•(•

le si.t

sducli

l':in

l

Im loonis en 1212.


.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

:

PARDULFUS

435

1960. Pardulfus, abbé de Guéret, mort vers 737 Saint(Allier, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gironde, Lot-et:

Pardoux

Garonne, Puy-de-Dôme, Deux-Sèvres, Haute-Vienne), SaintPardoult (Charente-Inférieure), Saint-Perdoux (Dordogne, Lot, Tarn), Saint-Pardon (Gironde, Lot-et-Garonne: cf. ci-dessus, no 1144)^ Saint-Perdon (Landes, Lot-et-Garonne).

Parthenius

1961.

1962. Pastor

:

Saint-Parthem (Aveyron).

Saint-Pastour (Lot-et-Garonne, Var), SaintPastOUS (Hautes-Pyrénées). :

Paternus

1963.

Saint-Paterne

:

Indre-et-Loire, Morbihan, Oise,

(Côtes-du-Nord,

Indre,

Sarthe), Saint-Pater (Sarthe),

Saint-Paër (Eure, Seine- Inférieure), Saint-Pair (Calvados, Manche), Saint-Pois (Manchej, Saint-Poix (Mayenne), Saint-

Pern

(Ille-et- Vilaine).

Patricius

1964.

Saint-Patrice

:

Manche,

(Indre-et-Loire,

Orne), Saint-Patris (Côtes-du-Nord), Saint-Parize (Nièvre).

1965. Patrocles ou

Patroclus

:

Saint-Parres (Aube).

Patuscius, chanoine de Meaux vers

1966.

le

vi*^

siècle

:

Saint-Pathus (Seine-et-Marne)

Pau la

1967.

Sainte-Paule (Rhône), Sainte-Pôle (Meurthe-

:

et-Moselle).

1968.

1969.

Paulianus Saint-Paulien (Haute-Loire). Paulus Saint-Paul Saint-Pol (Finistère, Nord, :

:

Pas-de-Calais) n**

diminutif

le

et

Saint-Paulet

(voir

ci-dessus,

Les noms de Lamhallc et de Lampaul, en Bretagne ci-dessus, n° 1316) sont dus au culte de saint Paul, évêque

1535).

(cf.

;

de Léon.

Pavatius Saint-Pavace (Sarthe). La MothePaxentius Saint-Paixant (Vienne). Montravel (Dordogne) s'est jadis appelée la Mot he-^aint-Faixent. Sainte-Pécinne, chapelle à Saint-Quentin 1972. Pecinna 1970.

:

1971.

:

:

(Deux-Sèvres), Sainte-Pazanne (Loire-Inférieure). 1973.

Peregrinus

:

Saint-Pellerin (Eure-et-Loir, Manche),

Saint-Pérégrin (Haute-Marne). 1974.

Petrocus

:

1975. Petronilla

bue

la

même

ter plutôt

1976.

Saint-Perreux (Morbihan). :

Sainte-Pétronille (Gironde).

On

attri-

origine à Sainte-Périne (Oise), qui paraît représen-

un autre dérivé féminin de Petrus, Pétri na.

Petrus:

Saint- Pierre

;

Saint-Père

(Ille-et- Vihiine,


LES NOMS

436

lieu

dl;

Loire-Inférieure, Loiret, Nièvre, Sarthe. Seine-et-Oise, Vendée,

Yonne)

en-Vallée, rant, le

à Chartres s'élevait la célèbre et, à

nom

abbave de Saint-Père-

Paris, la rue des Saints-Pères rappelle, en Talté-

de la chapelle Saint-Pierre, dont l'emplacement est

actuellement occupé par l'hôpital de (Alpes-Maritimes,

Hérault,

la

Charité

Var,

Lot,

'

Saint-Peyre

Vaucluse),

Saint-Pey

(Gironde), Saint-Pé (Haute-Garonne, Gers, Landes, Lot-et-Ga-

Basses-Pyrénées,

ronne,

Hautes-Pyrénées

i.

(Vaucluse) est un diminutif de Sainù-Pei/re.

demment

!n°*

— Saint-Peyret — On a vu précé-

1532-1534) des noms de lieu dont

le

thème

mologique présente Sanctus P. en combinaison.

éty-

Domnus

P. Dompierre (Ain, Allier, Charente-Inférieure, Côte-dOr, Doubs, lUe-et- Vilaine, Jura, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Saône-et-Loire, Somme, Vendée, Haute:

Dampierre (Aube, Calvados, Charente-InféDoubs, Eure-et-Loir, Indre, Jura, Loiret, Haute-Marne. Nièvre, Haute-Saône, Maine-et-Loire, Marne. Le nom de Saône-et-Loire, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise) Domprot (Marne), dont Téglise est dédiée à saint Pierre, doit Vienne,

Vosges),

rieure, Cher, Côte-d'Or,

-'.

s'interpréter

Dompierre-le-Petit

<(

1977. Petrusius (cf.

».

Sainte-Péreuse, par changement de genre

:

ci-dessus, n° 1543).

1978.

Pharetrius

:

Saint-Phalier (Cher, Indre), Saint-Phal-

lier ;Seine-et-Oise), par substitution

1979. Pientia

de liquide.

Sainte-Pience (Manche).

:

1980. Placidius

Saint-Plaisir

:

(Allier),

dont

1'/-

finale est

parasite.

1981.

Pompouia

Révolution par 1.

A

la

:

Saiiite-Pompoigne,

commune

Moiilreuil (Seine) les

nom

porté jusqu'à

la

de Poinpogne (Lot-et-Garonne)^.

rues

rlo

Homainvillc el Danton, voisines de

l'éplisc paroissiale Sam^-PiVTre-et-Sainl-l'anl, étaient appelées, antérieiire-

mentà

1882, la première, rue Basse-Saint-Père,

la

seconde, rue//au<e-Saint-

Père. 2. A ces noms Lonf^^non ajoiilait celui de iJoinimire (Vosges) nous faisons ne traon en a depuis le xii" siècle observer que les textes latins duisenl jamais ce nom |)ar Dom nus Pet r u s, el (\ue réglisc du lieu a pour [)atron saint Nicolas. (>elte église était primitivement annexe de celle de ;

Laviéville, dédiée à saint .lean-Baptiste. H.

Il

Y a

donc

cédemment

lieu

fn" 289)

de tenir pour non avenue de ce nom.

riiiter|)ietation doinu'-e pré-


OUIGINES ECCLÉSIASTIQUES

1982.

Pomponius

:

POMPOXIUS

437

Saint-Pompont (Dordogne); dans Saint-

:

Pompain (Deux-Sèvres) le second terme était sans doute, à rorig-ine, Pompoin (cf. ci-dessus, n° 288). 1983. Pontius Saint-Ponce (Ardennes), Saint-Pons (Basses:

Alpes, Alpes-Maritimes, Ardèclie. Bouches-du-Rhône, Drôme,

Gard, Hérault. Var). Saint-Pont (Allier). Saint-Point (Doubs, Saône-et- Loire), Saint-Poncy (Cantal). 1984.

Porcarius

Porchaire

Saint-Porquier (Tarn-et-Garonne), Saint(Charente -Inférieure, Deux-Sèvres). :

1985. Portianus, abbé en Auvergne dans

du

vi'^

siècle

1986.

:

Potamius

première moitié

Saint-Pouange (Aube).

:

Praecordius 1988. Praejectus

1987.

:

Saint-Précord (Aisne). (Ilaute-Loire,

Saint-Préjet

:

Lozère),

Ardèche, Cher, Gorrèze, Creuse, Dordogne,

Saint-Priest (Allier, Isère, Loire,

la

Saint-Pourçain (Allier).

Puy-de-Dôme, Haute- Vienne), Saint-Prayel( Vosges),

Saint-Pregts (Yonne). Saint-Prix (Aisne, Allier, Ardèche, Côted'Or, Marne, Saône-et-Loire, Seine-et-Oise), peut-être Saint-Pré

(Var) et Saint-Projet (Cantal, Charente, Corrèze, Eure-et-Loir, Lot, Deux-Sèvres, Tarn, Tarn-et-Garonnej.

1989.

Primus

1^90. Priscus,

(Yonne)

:

Saint-Prim (Isère). martyr à Auxerre

vers 274

Saint-Bris

:

et peut-être Saint-Prest (Eure-et-Loir).

1991.' Priva tus Saint-Privat (Ardèche, Aveyron, Corrèze, Dordogne, Gard, Héravilt, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de:

Dôme, Vaucluse), Saint-Privé

(Loiret, Nièvre, Saône-et-Loire,

Yonne). 1992.

Proba

:

Sainte-Preuve (Aisne).

1993. Proculus, accentué

sui'

l'antépénultième

:

Saint-Preuil

(Charente).

1994. Protasius, évêque d'Avenche au

vi''

siècle

:

Saint-Prex

On remarcpiei'a que, dans la tojionomastique française, aucun nom n"a trait au culte du martyr saint Protais, de Milan, qui était comme subordonné à celui de (Suisse, cant.

de Vaud).

son frère, saint Gervais. 1995.

1996.

Prudentius Quintinus

:

Saint-Prouant (Vendée).

:

Saint- Quentin

;

Saint-Quintin

.Vriège,

Puy-de-Dôme, Tarn-et-Garonne), Saint-Quenty (Lot). Sainte-Quitterie (Ariège, Haute-Garonne, 1997. Quiteria :

Lot-et-Garonne, Tarn).


.

LES NOMS DE LIEU

438

Raco, évêque dWutun au

1998.

xi"

siècle

Saint-Racho

:

(Saône-et-Loire)

Radeg'undis

1999.

:

Sainte-Radegonde

Aveyron,

Allier,

Charente, Charente-Inférieure, Cher, Creuse, Dordogne, Eureet-Loir, Gers, Gironde, Indre-et-Loire, Lot-et-Garonne. Saône-

Somme,

et-Loire, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise, Deux-Sèvres,

Vendée, Vienne) ci-dessus,

(cf.

n''

la

;

forme

vulg-aire de

Radeg'undis

est

Ragon

990).

2000. Radulfus,

Nant en Rouergue

abbé de

Saint-Rau

:

(Aveyron).

Rag-nebertus ou Rag-nobertus Saint -Rambert Drôme, Loire, Rhône), Saint-Renobert (Haute-Marne).

2001. (Ain,

:

Raphaël

2002.

Saint-Raphaël (Alpes-Maritimes, Dordogne.

:

Drôme, Gironde, Var, Vaucluse), Saint-Raffel (Tarn).

Régi m un du s, chanoine de

2003.

au

xii*^

siècle

:

Saint-Sernin-de-Toulouse,

Saint-Ramond (Lot-et-Garonne).

— On signale en

passant que le nom de Saramon (Gers), sur l'étymologie duquel une hypothèse a été formulée précédemment (n° 1449) a été altérée en Saint-Raymond et appliqué à une famille originaire de ce

lieu.

Regina Sainte-Reine (Haute-Loire, Loire-Inférieure, Meurthe-et-Moselle, Haute-Saône, Haute-Savoie) Alise2004.

:

;

Sainte-Reine fCôte-d"Or).

Regius

2005.

:

Damery (Marne)

Domnus

de Charles-le-Chauve,

du

est appelé, dans un diplôme Regius. On ne connaît rien

que ce vocable honore; le souvenir s'en est d'ailleurs car depuis longtemps l'église de Damery, dont la

saint

vite perdu,

cure était à

la

présentation de l'abbé de Saint-Médard de Sois-

sons, a pour patron saint Médard.

2006.

nom

Regulus

était porté

:

Saint-Rieul

(Gôtes-du-Nord,

par une église de Senlis;

Meuse)

Saint-Règle

;

ce

Indre-

et-Loire).

2007. m;iis

Remedius. Hemegius.

non Saint-Remij-dii-P/uin

Remège Puy-de-Dôme (voir inèiic

(cf.

Hemigius

:

Saint-Remy.

ri-après, n" 2018);

Saint-

Saint-Remèze Ardèche), Sainte-Ramée ci-dessus, n" 1544; et, avec un prosthétique phéno|);irticulier nu dialecte gascon (cf. /i/vvV<;= rivus) Sainti

,

ii

Arroumex Tarn-et-Garonne). Sancti H. mons: Saint-Remimont Meurthe-et-Moselle, Vosges). Doinuus H. Domremy I

:


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

(Haute-Manie, Meuse, Vosges), (Belg-i(|ue.

2008.

:

RKMIGIUS

Dompremy

439

(Marne),

Dampremy

Hainaut).

Renatus

Saint-René

:

(

Côtes-du-Nord

Maine-et-

,

Loire).

2009.

Repara ta

Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône).

:

2010. Restituta

^Ircv-Sainte-Restitue (Aisne).

:

2011. Restitutus 2012.

graphie a

la

Saint-Restitut (Drôme).

:

Reverentius subi

Saint-Révérend (Vendée, Vienne) dont de l'adjectif calqué sur reve-

:

l'intluence

rendus. 2013.

Reverianus

:

Saint-Révérien (Allier, Nièvre), Saint-

Rirand (Loire).

Riberius Saint-Rabier (Dordogne). Ricardus: Saint-Richard (Meurthe-et-Moselle). —On affirmer que dans le nom Damprichard (Doubs), le pre-

2014.

:

2015. n'ose

mier terme

ait le

sens de

appelé Richard, qui

âge

;

ait

«

saint », car on ne connaît

vécu dans

vraisemblablement ce

que Damparis

et

2016. Ricarius Saint-Riquier

Douriez

(cf.

aucun saint

première partie du moyen

appartient

la

à

même

catégorie

(voir ci-dessus, n° 1528).

Saint-Richer (Calvados, Seine-Inférieure),

:

(Seine-Inférieure,

Somme).

Domnus

R.

:

ci-dessus. n° 1525).

2017. Ri gai du s

2018.

nom

Damrcmonf

la

Saint-Rigaud (Saône-et-Loire).

:

Rigomerus ou Richmerus

Saint-Rigonnet

(Indre-et-Loire),

:

Saint-Rigomer (Sarthe),

Saint-Rimay

(Loir-et-Cher).

Saint-Remy-dii-Plain (Sarthe).

Saint-Rouin 2019. Rodingus, succédané de Chrodingus (Meuse), ancien ermitage placé sous l'invocation du fondateur :

de l'abbaye de Beaulieu, en Argonne.

Saint-Roman (Drome, 2020. Romanus Saint-Romain; Gard, Var, Vaucluse), Saint-Romans (Alpes- Maritimes, Isère, Lozère, Deux-Sèvres). Saint-Rome Aude, Aveyron, Dordogne, :

(

Haute-Garonne, Lozère) résulte d'un déplacement d'accent dont la région offre plusieurs exemples (cf. ci-dessus, n"^ 1545, 1568, 1574, 1593). Saint-Arroman (Gers, Hautes-Pyrénées), est une forme gasconne (cf. ci-dessus, n" 2007), qui a pour variante

Saint-Armon (Ba.sses-Pyrénées), en 1371 Sent Arromaii. 2021. Romulus Saint-Rombe (Cher), pour Sninl-RomJde. :

2022.

Roua nus,

ermite breton dont on

a

vu

<pie

le culte a


LKS NOMS DE LIEU

140

donné naissance aux noms Locronan (n° 1321)

Ridina

2023.

(n°

1318) et

Laurenan

Saint-Renan (Finistère).

:

Sainte-Ruffine

:

(Moselle),

Sainte-Rafine

fHaute-Garonne. Gers. Lot-et-Garonne. Tarn-et-Garonne).

Rufinus Saint-Rouffy (Cantal). Rufus Saint-Ruf (Vaucluse).

2024.

:

2025.

:

2027.

Rumoldus: Saint-Rimault (Oise). Rumpharius Saint-Romphaire (Manche).

2028.

Rusticus

2026.

:

savante donnant au 2029.

Sabina

:

(Haute-Garonne), forme nest pas justifié. Sainte-Sabine (Côte-d"Or, Dordogne. Sarthe, Saint-Rustice

:

un son

c

sitilant qui

Tarn-et-Garonne), Sainte-Savine (Aube).

Sabinianus

2030.

(Charente-Inférieure),

Saint-Savinien

:

Yonne).

Sabinus: Saint-Savin

2031.

(Charente-Inférieure, Isère, Jura,

Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées_, Vienne), Saint-Sabin (Landes, Loire), Saint-Saby (Aveyron), Saint-Sevin (Lot-et-Garonne).

Sacerdos

2032.

Saint-Sardos

:

(Lot-et-Garonne,

Tarn-et-

Garonne). 2033. Sa 1 vins Saint-Saulve (Nord). Saint-Salvy (Lot-etGaronne, Tarn, Tarn-et-Garonne), Saint-Sauvy (Gers), Saint:

Saulge (Nièvre)

supposant une forme basse Sallius, Saint-

et,

Saire (Seine- Inférieure).

2034.

Sanctinus

Saint-Santin (Aveyron, Cantal,

:

Orne), Saint-Xantin (Corrèze).

Loiret,

2035. Saturninus Saint-Saturnin; Saint-Sornin (Allier, Ardèche, Arièj^e, Charente. Cliarcnte-lnférieure, Corrèze, Creuse, Vendée, Haute-Vienne), Saint-Sernin (^Ardèche, Ariège, Aude, :

Aveyron,

Haute-Garonne,

Dordog-ne,

Saône-et-Loire,

Gers,

Lot-et-Garonne,

Tarn, Tarn-et-Garonne), Saint-Gemin (Ariège,

Cantal, Corrèze, Dordogne, Lot, Tarn-et-Garonne

(Dordognei, Isère,

(Ain,

Saint-Sorlin

,

Saint-Sarnin

Charente-lid'érieure,

Drôme,

Rhône, Saône-et-Loire, Savoie), Saint-Savoumin (Bouohes-

du-Hliône).

2036.

Satyrus

:

Sancerre (voir ci-dessus,

n" 1552j, Saint-

Satur (Cher). 2037.

Scholastica

2038.

Scubiculus

changement de

g(Mire.

Sainte

:

savanttî; Sainte-ScolaSSe :

i

<

)rn('

-

Scolastique

(Loiret),

forme

).

Sainte-Escobille

(Seim-el-Oiseï,

|)ar


.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

Secundinus

2039.

2040. Senarius,

:

SHCUXDINUS

:

441

Saint-Secondin (Loir-et-Cher, Vienne).

peut-être altération

de

Sénat or

Saint-

:

Senier (Manche).

Seneratus 2042. Senericus

2041.

Saint-Géneré Mayenne).

:

Saint -Céneri

:

(Orné),

Saint -Gélerin

(Sarthe).

2043. Sequaniis 2044.

Serenus

Saint-Seine (Nièvre, Côte-d'Or).

:

Saint-Céré (Lot).

:

2045. Se r va tins

Saint-Servais (Gôtes-du-Nord,

:

Finistère,

Morbihan). r vus Saint-Ser (Bouches-du-Rhône) ^ Severa Sainte-Sévère (Charente, Indre). Severinus Saint-Séverin (Charente, Charente-Infé-

2046. Se

:

2047.

:

2048.

;

rieure, Creuse,

Dordog-ne, Finistère, Haute-Garonne, Seine-et-

Marnej, Saint-Seurin (Charente-Inférieure. Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne), Saint-Surin (Charente), Saint-Saury (Cantal). 2049.

Sève ru s

Saint-Sever (x\veyron, Calvados, Charente-

:

Inférieure, Landes, Hautes-Pyrénées, Seine-Inférieure) et,

nant un recul d'accent préparé par

moyen-

prononciation Saint-Sevé,

la

Saint-Sève (Gironde). 2050.

Sicarius

(Dordogne),

Saint-Sicaire

:

Saint-Cicaire

(Dordof^ne).

2051. Si do ni us

Saint-Saëns (Seine-Inférieure).

:

Sidronius Saint-Cydroine (Yonne). 2053. Sigifredus Saint-Siffret (Gard), 2052.

:

Saint-Suffren

:

(Basses- Alpes, Bouches-du-Rhône).

Sigiramnus

Saint-Cyran (Indre). 2055. Sig-ismundus, roi de Bourg-o^ne, mis

2054.

du

roi

:

Clodomir (voir

(Charente-Inférieure,

ci-dessus,

Loiret,

1534)

n'^

à

:

Maine-et-Loire,

Savoie, Vendée), forme savante substituée à

la

mort par ordre

Saint-Slgismond Savoie, Haute-

forme vulgaire

Sainl-Simond 2056.

Sigolena

2057. Sig-rada f

:

:

Sainte-Sigolène (Haute-Loire, Tarn). Somme)), Sainte-Segros Sainte-Se grée !

Côte-d'Or).

2058.

Silvanus

Maine-et-Loire,

i.

:

Saint-Silvain

Seine-Inférieure),

Giiérartl, CarLidairn

Calvados, Corrèze, Creuse,

Saint-Sauvant

(Charenle-

de Vnhhntjc de Sainl-Viclor do Mursoille,

II, '.t23.


LES NOMS DE LIEU

442

Saint-Sauvent (Vienne),

Inférieure),

ci-dessus,

(cf.

avec recul

et,

d'accent

2020), Saint-Sauves (Puy-de-Dôme),

Saint-

Solve (Corrèze). 2059.

Silveus

Saint-Sauvier (Allier), dont

:

pas insolite, car on a des exemples de

veus donnant Hervier 2060. Silvius

graphie n'est

de Flodo-

et

et Flovicr.

Saint-Selve (Gironde).

:

2061. Si me on

la

Herveus

Saint-Siméon (Eure,

:

Isère,

Manche, Orne,

Seine-et-Marne), Saint-Simeux (Charente).

Simon

2062.

Garonne),

nom

Bouches-du-Rhône,

(Aisne,

Haute-Garonne, LoireRhône, Savoie, Tarn-et-

Charente-Inférieure,

Lot-et-Garonne,

Lot,

Inférieure,

Saint-Simon

:

Cantal, Charente,

qui, parfois, peut représenter

S.

Sigismundus

ci-dessus, n° 2055).

(cf.

2063. Sindulfus Saint-Sandoux (Puy-de-Dôme), Sidoux (Marne), Saint-Sindulphe (Marne). :

2064. 2065.

Solemius Solemnia

2066. Solina f

:

Saint-

Saint-Soulan (Gers).

:

Sainte-Solange (Cher).

:

Sainte-Soline (Deux-Sèvres), Sainte-Souline

Charente).

2067. Sosius 2068.

Saint-Sozy (Lot).

:

Stephanus,

premier martyr

le

:

Saint-Etienne

;

Saint-Estèphe (Charente, Dordog-ne, Gironde, Tarn-et-Garonne),

Alpes-Maritimes, Aude, Bouchesdu-Rhône, Gard, Pyrénées-Orientales, Var. Vaucluse), SaintEsteben (Basses- Pyrénées), accentué sur la pénultième, et par Saint-Estève (Basses-Alpes.

substitution

de

17

à

(Meurthe-et-Moselle).

Vn,

Saint-Stail

— Domnus

S.

:

(Vosges)

Saint-Ail

et

Donstiennes (Belgique.

Domptail (Meurthe-et-Moselle, Vosges). 2069. Stremonius, l'apôtre de l'Auvergne Saint-Astrômoine Aveyron), Saint-Austremoine (Haute-Loire). Ilainaut),

:

2070. Sulpicius Vl

et

du p

:

:

Saint-Sulpice

phori.i

nus

et, })ar

Nord),

l'interversion de

Saint- Soupplets

(Meurthe-et-Moselle),

Saint-Supplet

Supplix (Seine-Inférieure

Sy m

Saint-Souplet (Marne,

'Seine-('t-Marnej,

2071.

;

:

Saint-Symphorien,

forme

savante

suiistituée à divoises formes vulgaires ayant eu cours au

âge,

et

répondcint

Sainte-Feyre vrin

Meuse).

(cf.

Saint-

.

d'oidinaire

à

la

ci-dessus, n"1545).

moyen-

variante Si for ia nu.s

Doumus

S.

:

;

Dompce-

I


.

ORIGINES ECCLÉSIASTIQIES

I

TAURIXUS

443

Tau ri nus Saint-Taurin (Eure), Saint-Thurin (Loire) forme dont on n'a pas lieu d'être surpris si l'on observe que plusieurs Tliiiry (Aisne, Calvados, Yonne), représentent cer-

2072.

:

tainement un primitif Tauriacus ciation,

et,

2073. Terentia

(Aisne, Aube, Cher,

de

pronon-

la

Saint-Thibaud (Savoie). Saint-Thibault

:

Côte-d'Or,

Eure-et-Loir,

Oise, Sarthe, Seine-et-Marne, Yonne),

de

l'effet

Sainte-Thérence (Allier).

:

Theobaldus

2074.

l'est

par

Saint-Aurin (Somme).

la

et,

Nièvre,

Loiret,

formes particulières à

France, Saint-Thiébaud (Jura, Haute-Saône),

Saint-

Thiébault (Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle). 2075. Theodardus, fondateur de l'abbaye de Saint-Auzard

de Montauban 2076.

:

Saint-Théodast (Tarn).

Theoderius

Saint-Chef (Isère), moyennant la pala-

:

forme basse Tioderius. patron de l'abbaye du Monastier (HauteTheofredus, 2077. Saint Cheffroy Saint-GhafMonestier Loire), appelée en 1493 le Saintfrey (Hautes-Alpes), en 1118 Sanctus Theotfredus talisation de Y yod de la

:

;

Théofrède (Ardèche), Saint-Théoffray 2078.

Theodericus Theodoretus

(Isère).

Saint-Thierry (Marne).

:

Saint-Théodorit (Gard). L'église de (Indre). Saint-Théodore 2080. domnus TheoThéodore, saint Domsure (Am) a pour patron dorus la forme .swre s'expliquerait par la prononciation sifflante du / initial dans une forme basse Tiodorus. 2079.

Theodorus

:

:

;

2081.

Theodosia

2082.

Thomas

2083.

Thyrrus

:

Sainte -Thuise (Aube).

Saint-Thomas

:

;

Saint-Thomé (Ardèche).

Saint-Trys (Rhône), semble-t-il, par

:

l'elTet

d'une métathèse. 2084. Tiberius

2085.

Torpes

loin de là,

par

la

:

:

Saint-Thibéry fHérault). on a vu

Saint-Tropez (Var)

métathèse inverse.

Tiirbie (Alpes-Maritimes

;

m» 555) que, non Tropaea est devenue la

)

2086. Torfjualus: Saint-Torquat ou Saint-Turquoi (Drôme), Saint-Tronquet (Vaucluse), avec une nasalisation adventice. Saint2087. Trechmorus, confesseur breton du vu'" siècle :

Trémeur 2088.

(Finistère, Morbihan).

Treverius

:

Saint-Trivier (Ain).

2089. Troianus, évoque de Saintes

:

Saint-Trojan Charente,


.

LES NOMS DE LIEU

444

Gironde)'.

Charente-Inférieure,

Domnus

T.

Dontrien

:

(Marne).

Trophimius

2090.

:

Saint-Trophime

(Bouches-du-Rhône,

Vaucluse).

Trudo

2091.

Saiïlt-Trond (Belgique, Limbourg), en flamand

:

Sint-Truyden.

Tugdualus

Saint-Tugdual (Côtes-du-Nord, MorD'après une légende bihan), Saint-Thual (Ille-et-Vilaine). fort accréditée au moyen-âg'e, ce saint serait allé à Rome, et y 2092.

:

devenu pape, d'où la qualification de pahu qui On a donc lieu d'attribuer à son culte

serait

parfois donnée.

lui a été

les

noms

de lieu Saint-Pabu (Côtes-du-Nord, Finistère) et Trébabu (Finistère).

2093. Turiavus, évêque de Dol au viu" siècle

Saint-Thuriau dont Saint-Thurian (Côtes-du-Nord, Morbihan) ne serait qu'une variante graphique (cf. ci-dessus, n** 1908)

(Morbihan)

Saint-Thurien par

(Finistère),

perte du

la

:

initial

/

Saint-Thurial cf.

ci-dessus,

(Ille-et-Vilaine),

et,

n° 2072), Saint-Urien

(Côtes-du-Nord, Eure), peut-être Saint-Euriel (Côtes-du-Nord). 2094. Turibius, évêque du Mans au v'^ siècle Saint-Tref :

('Mayenne).

2095.

Udalricus: Saint-Oury

(Moselle), Saint-Ulrich (Haut-

lUiin).

2096. IJlfacius, solitaire

du Perche au

vu''

siècle

Saint-

:

Ulphace (Sarthe). 2097. Ulfus

Saint-Oulph (Aube). 2098. Ursicinus Saint-Urcisse (Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne), Saint-Urcize (Cantal), noms dans lesquels le :

:

recul de i'acceni s'explique par l'hypothèse d'une forme Urcissy, (loni

la

voyelle finale aura passé à tort pour atone

Ursitz (^Suisse, cant. de

Berne), qui se dit en

;

Sankt-

français Saint-

Ursanne 2099. llrsinus: Saint-Ursin (Calvados, Eure, luue-et-Loir. Manche, Mayenne). 2100. Ursus Puy-de-Dôme. Saint-Ours (Basses-Alpes, :

Savoie, Ilaute-Savoie), Saint-Orse (Dordogne).

2101. Valeria

I.

Sainte-Trie

r.\'.

:

Sainte-Valière (Allier, Aude, Nièvre).

ci-dessus, p.

;Ut:i,

note

2).


ORIGINES ECCLÉSIASTIQUES

Valerianus

2102.

VALERIANCS

:

445

Saint-Valérien (Vendée, Yonne), Saint-

:

Vallerin (Saône-et- Loire).

Valerius

2103.

Saint-Valère (Haute-Saône), Saint- Vallier

:

(Alpes-Maritimes, Charente, Drùnie, Isère, Haute-Mtirne, HauteSaône, Saône-et-Loire, Vosges). Domnus V. Domvallier

(Vosg-es),

:

Dampvalley (Haute-Saône).

Vasius Saint-Vaize (Charente-Inférieure). 2105. Vedastus, évêque d'Arras au v® siècle Saint-Vaast 2104.

:

:

(Calvados, Manche, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Seine-Inférieure),

Saint- Waast (Nord),

Saint- Vast (Manche, Somme, Tarn). Domvast (Somme 2106. Venantius Saint-Venant (Pas-de-Calais). 2107. Venerandus Saint- Vénérand (Haute-Loire). 2108. Venitia Sainte-Venise (Seine-Inférieure).

Domnus

V.

:

.

:

:

:

2109.

Veranus

Saint-Verain Nièvre), Saint-Véran (^Hautes-

:

!

Alpes, Aveyron, Vaucluse), Saint-Varent (Deux-Sèvres), Saint-

Vrain (Marne, Seine-et-Oise), Saint-Vran iCôtes-du-Nord). 2110.

Verus

Saint-Vert (Haute-Loirej, Saint-Voir (Allier).

:

2111. Viator

Sainf-Amâtrc

2112. Victor

(Loir-et-Cher),

Saint- Viâtre

;

comme

Saint-Victor, VilleneuveSaint-Yisire (Marne),

:

forme populaire répondant au cas sujet rèze).

formé

ci-dessus, n° 1584).

(cf.

Saint- Vidou

(Landes).

;

Saint-Victour (Cor-

Domnus

V.

Dampvitoux

:

(Meurthe-et-Moselle).

2113. Victoria

Sainte -Victoire (Tarn-et-Garonne).

:

2114. Victurius, évêque du

2115.

Victurnianus

:

Mans

:

Saint-Victeur (Sarthe).

Saint-Victurnien (Haute- Vienne).

2116. Vigor, évêque de Baveux au

siècle

vi''

(Calvados, Eure, Manche, Seine-Inférieure).

DanvOU 2117.

:

Saint- Vigor

Domnus

V.

:

(Calvados).

Vincentianus:

2118. Vi ne en tins

:

Saint- Viance (Corrèze).

Saint- Vincent.

2119. Virg-ana, berg'ère des environs de Thouars honorée par l'Eglise le 7 janvier

2120.

Vitonus

abbaye célèbre, 2121. Vitus,

:

:

Sainte-Vorge (Deux-Sèvres). nom que portait à \'erdun une

Saint-Vanne,

martyr sous

Dioclétien

:

Saint- Vi

(Savoie),

Saint-Wit 'Doubs), Saint-Witz (Seine-et-Oise), Saint-Vite (Lotet-Garonne Saint-Vitte (Cher, Haute- Vienne). i,


.

LES .NOMS DE LIEU

446

Viventianus

2122.

second v sera de là une forme

nom

résulte le

2123.

2124. rieure,

;

le

qui a donné viande:

que Vincien, favorable à

telle

(Sarthe)

Saint-Vincent-f/es-P/'es

:

tombé, comme dans vivenda,

confusion d'où

la

actuel.

Viventius Vivian us

Saint- Vivant (Gôte-d'Or, Jura).

:

Saint-Vivien

:

Charente- Infé-

(Charente,

Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne, Basses-Pjrénées).

2125.

Walaricus

rieure, Seine-et-Oise,

2126.

Walburgis

Saint-Valery (Meuse, Oise, Seine-Infé-

:

Somme), Saint-Vaury

(Creuse).

Sainte-Vaubourg (Ardennes, Eure, Seine-

:

Inférieure), Sainte- Gauburge (Orne), Sainte-Valburge (Meurthe-

et-Moselle).

— L'altération

que présente

le

nom

de Saint- Avau-

gourd (Vendée), s'explique par la grande notoriété, surtout dans l'ouest de la France, de la baronnie bretonne d'Avaugour. 2127.

Waldebertus

Saint-Valbert

:

(Haute-Saône), jadis

Saint-Vauhert. 2128.

Waldericus

Saint-Gaudéric (Aude),

:

Saint-Gaudé-

rique (Pyrénées-Orientales).

Waldrada

2129.

Sainte-Valdrée

:

(Meurthe-et-Moselle),

autrefois Sainte-Vaudréc.

2130. 2131.

Waltarius Saint-Gaultier (Indre) Wandregesilus Saint-Vandrille (Orne), Saint-Wan:

:

drille (Seine-Inférieure).

2132.

Willelmus

Saint-Guillaume (Hautes- Alpes, Côtes-

:

du-Nord, Isère, Var), Saint-Guilhem (Haute-Garonne, Hérault). 2133.

Winimarus Winwaloeus

:

Saint-Vinnemer (Yonne).

Saint-Guénolé (cf. ci-dessus, nM319) probablement Saint-Gueneul (Morbihan). 2135. Wulfilaicus, solitaire d'origine lombarde, retiré dans Saintf(M(''t des Ardennes au temps de Grégoire de Tours

2134.

:

(Finistère) et

la

:

Walfroid (Ardennes). 2136.

Wulframnus

:

Saint-Vulfran,

église

à

Abbeville

;

Saint-Ulfrand (Eurej. 2137.

Wulmarus

:

Samer (Pas-de-Calais:

cf.

ci-dessus,

n" 1546).

2138. ^ vo M<)il)i!i.iii

I.

:

Saint-Yves ^Vveyron, Côtes-du-Noid, Finistère.


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