Au delà de la cohérence
Mathieu ONUKI
Ma démarche dans cet atelier s’est réalisé en plusieurs étapes. Été 2010, j’ai réalisé un voyage de deux mois au Japon dont un mois et demi à Tokyo et deux semaines de traversée jusqu’ à Hiroshima. Mon travail se portant sur ces terres, j’ ai essayé d’ amasser un maximum d’ images photo et vidéo qui allaient ensuite devenir la matière première de ma production. Au total, 9462 photos, dans la ville, la campagne, sur les paysages, les humains, les animaux, les insectes tout ce qui m’ attirait, de manière plutôt instinctive. Une fois revenu en France, et l’ atelier Errances démarrant, j’ ai ouvert le dossier et j’ ai commencé pour la première fois à me concentrer sur le contenu de ces images, les unes après les autres pour bien m’en imprégner. La prise de distance était essentielle à cette étape. C’ est lors de cette première étape de visionnage qu’ avec un stylo à la main, j’ ai commencé à noter mes impressions, des thèmes potentiels, des naissances de série et des idées d’ association. C’est uniquement à partir de ces images que j’ai commencé à réfléchir aux concepts, en triant les images dans des catégories. Cette démarche me permettait d’ analyser le sens de mes images et de construire un décors mental au delà de la représentation. La prise de distances avec mes origines m’ a permis d’aller au delà de ce qui m’ apparaissait sous les yeux et de construire un regard personnel et critique par rapport à cette société. Je restais spectateur de mes images jusqu’ à ce que je me les approprie peu à peu. Plusieurs thèmes cohérents les uns par rapport aux autres me sont apparus. De chaque thème ont découlés divers travaux sur différents supports (vidéo, photo, édition, dessin, son.) Tous ces travaux sont à la fois autonomes et complémentaires car il sont issus de la même origine, les images prises lors de mon voyage et la recherche établie sur l’ évolution de la société japonaise de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’ à nos jours. Les travaux réalisés ont pour thème principal la collision entre la tradition et la modernité, la nature et l’ homme, le Japon et l’ étranger. L’ atelier Errances me permettait constamment de me concentrer sur mon sujet et de produire tous les jours des images. La recherche continuelle et la production intensive me permettait d’ aller au delà des photos en passant d’un médium à un autre.
La deuxième phase de cohérence s’est faite en deux temps et m’ a poussé à séparer chaque projet afin de les approfondir individuellement. La première étape m’a permis d’ aller au bout de mes recherches en réalisant des textes accompagnant mes travaux. La deuxième étape concernait le façonnage de mes éditions. De cet atelier de recherche et de création ont découlés cinq éditions, neuf vidéos, de nombreux dessins et des textes. Dans ce livre «Au delà de la cohérence», mon but était de briser les cloisons existantes entre chaque projet et de les rassembler dans un même volume. Je voulais leur donner un nouveau statut en créant des collisions entre les différents travaux. Les textes et dessins imprimés sur des feuilles transparentes peuvent être détachés et insérés dans le livre. En permettant cet interaction je veux que le spectateur prenne part au projet et imagine des possibles associations entre textes, dessins et photos. Ma démarche durant cette année dans cet atelier se résume en trois étapes: - la première phase d’ errance s’est déroulée au Japon lors de mes prises d’ images et lors du visionnage de l’ ensemble de mes images, - la phase de cohérence lors de la conception et la production des projets, - la dernière phase est une sorte de retour à l’ errance à travers la brisure de cette cohérence.
De cette alarme commence une série d’explosions de cause inconnue, rasant ces villes en passant de la lumière à la pénombre. la lumière rejoint l’ombre et quel qu’il en soit, seul le vide persiste.
eirés enu ecnemmoc emrala ettec eD tnasar ,eunnocni esuac ed snoisolpxe’d al à erèimul al ed tnassap ne selliv sec .erbmonép ne li’uq leuq te erbmo’l tniojer erèimul al .etsisrep ediv el lues ,tios
Les murs poussent sur un sol sans racine Alimentés par câbles et tuyaux Vides- Leurs lignes tracent les courants Les énergies se dispersent alors s’accélèrent les mouvements Poussés, les enfants rêveurs, dans le flux constant Innocence déchirée, tiraillée par leurs pères Les rêves errent dans l’ombre – Ne subsistent que chimères pour éclairer leur horizon incandescent
enicar snas los nu rus tnessuop srum seL xuayut te selbâc rap sétnemilA stnaruoc sel tnecart sengil srueL -sediV tnesrepsid es seigrené seL stnemevuom sel tnerèlécca’s srola tnatsnoc xufl el snad ,sruevêr stnafne sel ,séssuoP serèp sruel rap eélliarit ,eérihcéd ecneconnI serèmihc euq tnetsisbus eN – erbmo’l snad tnerre sevêr seL tnecsednacni noziroh ruel rerialcé ruop
ĂŠtinredoM
Traditions Croisement
ModernitĂŠ
snoitidarT tnemesiorC
Été 2010, debout au milieu des buildings du quartier de Shinjuku, je regardais ce flux incessant d’énergies. Les lumières révèlent les architectures ainsi que les corps des passants. La ville et ses habitants à travers les lumières colorées sont l’image de ces quartiers de Tokyo. Les énergies s’échappent de chaque élément, constituant l’espace, en se mêlant les unes au autres. La Chimère représente en même temps la ville sous la forme de créature engloutissant chaque être, mais elle est aussi illusion créée par le scintillement des enseignes publicitaires. La ville n’est plus qu’un ensemble de lignes dans le néant.
sgnidliub sed ueilim ua tuobed ,0102 étÉ xufl ec siadrager ej ,ukujnihS ed reitrauq ud sel tnelèvér serèimul seL .seigrené’d tnassecni .stnassap sed sproc sel euq isnia serutcetihcra serèimul sel srevart à stnatibah ses te elliv aL .oykoT ed sreitrauq sec ed egami’l tnos seéroloc ,tnemélé euqahc ed tneppahcé’s seigrené seL ua senu sel tnalêm es ne ,ecapse’l tnautitsnoc spmet emêm ne etnesérper erèmihC aL .sertua tnassituolgne erutaérc ed emrof al suos elliv al el rap eéérc noisulli issua tse elle siam ,ertê euqahc elliv aL .seriaticilbup sengiesne sed tnemellitnics .tnaén el snad sengil ed elbmesne nu’uq sulp tse’n
Je sentais dans le fond une sorte de réaction contre la société japonaise. Dans le calme et la paisibilité apparente, est enfoui une souffrance profonde. Leurs visages cachés par le masque, ils semblent fuir les regards.
ertnoc noitcaér ed etros enu dnof el snad siatnes eJ étilibisiap al te emlac el snaD .esianopaj étéicos al .ednoforp ecnarffuos enu iuofne tse ,etnerappa tnelbmes sli ,euqsam el rap séhcac segasiv srueL .sdrager sel riuf
Réalisé dans le cadre de l’ atelier errances EESAB Rennes 2011