Para minha querida avozinha,
Les objets aimĂŠs sont des souvenirs.
«Le devoir de mémoire est le devoir des descendants, et il a deux aspects : le souvenir et la vigilance. La vigilance, c’est l’actualisation du souvenir, l’effort pour imaginer dans le présent ce qui pourrait ressembler au passé ou mieux (mais seuls les survivants le pourraient et ils sont chaque jour moins nombreux) pour se rappeler le passé comme un présent, y retourner pour retrouver dans les banalités de la médiocrité ordinaire la forme hideuse de l’innomable » Les formes de l’oubli, Marc AUGE
« Mon monologue en forme de dialogue avec toi sans toi en question à mes réponses. »
Babouillec, «Algorithme Eponyme»
«Avoir une peur bleue»
Définition Papier Carbone Papier carbone ou p. ell. carbone. Papier mince chargé sur une face d’une substance colorante (à l’origine de noir animal) et destiné à reproduire simultanément plusieurs exemplaires d’un même document. Papier carbone chargé de couleur et destiné à obtenir des doubles, en dactylographie. Le papier carbone est un moyen de duplication permettant de retranscrire, sur une feuille placée en dessous, ce qui est écrit sur la feuille placée au-dessus.
« Et pour le regardeur cet acte ne peut avoir été accompli que par quelqu’un qui est passé par là, qui, à un moment donné, y était d’une manière transitoire et éphémère. La prise de vue fige cet instant et constate qu’une personne a pu intervenir ici parce qu’elle était en mouvement, parce qu’elle était de passage et que l’espace s’est trouvé alors modifié par ce déplacement, repris par une opération légère et minutieuse, par une manipulation qui réactive le lieu dans lequel elle prend place, qui l’ouvre à nouveau au regard avant de disparaître, transfigurée, dans le rythme de la ville.» Thierry DAVILA, Marcher, créer
«Pour le marcheur actuel, la ville est le théâtre d’opérations par excellence, un territoire ouvert qui propose ses avenues, ses quartiers, ses collages architecturaux comme autant de terrains à explorer dans lesquels l’improvisation de gestes, d’actions, d’interventions, dans lesquels des oeuvres peuvent avoir lieu : des mouvements, des circulations, des déplacements utilisés comme processus de mise en forme. La promenade commence au bas de l’escalier, au coin de la rue, la promenade et ce qu’elle induit, un tremblement, une faille dans l’univers immédiat, une autre façon d’envisager et de pratiquer le donné, de le (re)voir pour la première dois, à l’état naissant.» Thierry DAVILA, Marcher, créer
« Nous sommes tous sensibles à la splendeur des commencements, à la qualité rare des instants où le présent s’affranchit du passé sans rien laisser transparaître encore du futur qui le met en mouvement. »
Les formes de l’oubli, Marc AUGE
Chaque soir, avant d’aller se coucher ma grand mère appelle ses filles. Pas un jour n’est manqué. Chaque jour, ma mère m’appelle.
Lorsque j’ai passé le pas de la porte de la cuisine du bas un sentiment de nostalgie et de réconfort m’envahie. Cette odeur. Cette odeur de mon enfance, elle est toujours la même et pourtant je pose un oeil neuf sur cette maison où j’ai passé presque tous mes étés. Chaques détails, chaques bibelots, carrelages, objets, livres, ont une toute autre valeur à mes yeux. Ils sont devenus des trésors.
À table chacun avait sa place. Papi en bout de table, moi toujours à sa gauche. Enfant, quand il nous servait à manger lorsque l’on disait «stop» pour lui cela voulait dire «encore».
« Elle est vraiment petite, toute petite. Comme un caillou au milieu de tous ces arbres »
« Fluides intimes », « Tirer un homme de sa torpeur »
Ma grand mère est toute petite. Seule à présent, elle me répète souvent qu’il faut «tout savoir faire seule». Pour celà, elle invente des stratagèmes, des outils. Pour ne pas se baisser, et enfiler sa carapace qui lui sert à asperger ses plantes, elle utilise une table à hauteur de son dos.
Petits, cette balançoire était notre terrain de jeu. Au milieu des fleurs, une cabane s’était installée. La chasse au loup commençait. A présent, elle est devenue un vestige trônant toujours au sein de ces fleurs, les pieds ancrés dans le sable.
Je profite des derniers rayons de soleil qui passent à travers cet arbre derrière la maison. Je m’installe un petit bureau. Le soleil réchauffe mon corps. Une petite brise vient chatouiller ma peau. Le bruit des voitures qui passent est rythmé. Ma grand mère arrose le jardin et ne cesse de me dire que je vais attraper froid.
« Comment parler de ces « choses communes », Comment les traquer plutôt, comment les débusquer, les arracher a la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : quelles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes. […] Faites l’inventaire de vos poches, de votre sac. Interrogez vous sur la provenance, l’usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez. Questionnée vos petites cuillères. Qu’y a t’il sous votre papier peint ? Combien de geste faut il pour composer un numéro de téléphone ?» Georges Perec, l’infra-ordinaire
«Les bons souvenirs nous reviennent toujours.»
«Les mauvais aussi.»
Ma grand mère, lors d’un dîner à se remémorer des vieux souvenirs
Des fleurs en cage, quelle drôle d’idée
Le carbone de ma grand mère. El papel carbon da minha avozinha
Je ne sais plus exactement le jour, où j’ai rencontré le papier carbone. Ce dont je me souviens, c’est de ma grand mère, assise sur ce gros fauteuil, lunettes au bout du nez, s’appliquant à recouvrir les traces de ce carbone, faisant apparaître peu à peu de belles fleurs. Répétant les mêmes gestes, comme si ses mains connaissaient par coeur cette danse.
Les objets de transmission sont des reliques.
Certains objets deviennent précieux avec le temps. Le possesseur transmet à l’objet en question son statut et son histoire. Il dépose sur ce dernier, une valeur sentimentale.
Champ de paquerettes - p.20
Encart central Ouvrages Transferts n°54
Tournesol d’été - p.24
Feuilles de Chêne - p.23
Reflet d’azulejos - p.21
Têtards dans l’eau- p. 22
Reproduire le dessin en vis à vis quatre fois au centre de la nappe
Encart central Ouvrages Transferts n°53
Vent champêtre - p.11 Champ de cailloux - p.13
Comme un poisson dans l’eau - p.10 Jardin estival - p.12
Buisson au vent - p.14
Reproduire le dessin en vis à vis quatre fois au centre de la nappe
MARTINS Sandra Le Fil Bleu Imprimé en 2019 Réalisé dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création « Errances » EESAB – site de Rennes L’atelier Errances / le blog : http://www.errances.fr/ Errances éditions : http://www.errances-editions.fr