Photo© J.-L Klein & M.-L Hubert / Naturagency
Ours polaire
Photo©J.-L Klein & M.-L Hubert / Naturagency
L’exposition “Quand le réchauffement climatique jette un froid sur la planète” a pour objectif de sensibiliser et d’éduquer par l’image le grand public aux risques dus à l’augmentation, sans précédent, de l’émission des gaz à effet de serre. Le gaz carbonique est produit lors de la combustion des énergies fossiles, il entraîne une dilatation des océans avec de la chaleur qui s’y accumule, une diminution de la couverture neigeuse au printemps, le recul de la banquise arctique et l’élévation de 3 mm par an du niveau de la mer. Le réchauffement climatique est dû pour une large part, environ 95 %, aux activités humaines.
À partir de ce constat, plusieurs photographes et scientifiques de grand renom se sont associés
(Ursus maritimus)
pour illustrer l’impact du réchauffement climatique sur différentes espèces présentes dans des écosystèmes remarquables. Jean Jouzel, climatologue au CEA et Gilles Bœuf, biologiste au Collège de France ont accepté d’être les conseillers scientifiques de cette exposition produite par l’Espace des sciences de Rennes, le Festival photo de Montier et Naturagency. Nous remercions le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (DRRT Bretagne) pour son financement accordé dans le cadre du “Train du climat”.
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE
L’ours polaire dépend de son environnement naturel, la banquise arctique, où ce grand mammifère marin, carnivore règne en maître. C’est bel et bien la fonte de son territoire de chasse, due au réchauffement climatique, qui l’affame et l’épuise. Mais on le voit aujourd’hui se mettre à coloniser de nouveaux territoires. Les ours blancs se déplacent sur la banquise en recherche de phoques, dont la graisse (plus riche en calories que la viande) leur permet de subvenir à leurs besoins énergétiques pour chasser, se déplacer, se nourrir et jeûner, lorsqu’ils rejoignent la terre ferme, pendant la fonte de la banquise. Celle-ci se forme à présent de plus en plus tard en automne et fond de plus en plus tôt en été, ce qui raccourcit dangereusement la période d’alimentation, ne permettant pas aux ours polaires de se constituer des réserves de graisse en suffisance. Les plaques de glace dérivantes s’éloignent de plus en plus de la côte et se réduisent aussi en taille poussant les ours à nager sur des centaines de kilomètres, nécessitant un effort physique considérable. Le roi de l’Arctique est habitué à jeûner. L’ourse qui donne naissance à ses petits au milieu de l’hiver peut même rester sept mois sans s’alimenter, en puisant dans ses réserves. Mais l’allongement de quelques semaines d’un jeûne forcé, combiné à la réduction du territoire de chasse estival est souvent fatal pour un animal qui a déjà atteint ses limites physiologiques.
Pour les besoins de nos reportages, nous voyageons aux quatre coins de la planète mais l’Arctique agit sur nous comme un véritable aimant. Nous y retournons très régulièrement et certains lieux nous sont devenus familiers. Pourtant, depuis quelques années, la joie de retrouver ces paysages polaires est teintée d’une certaine appréhension. Année après année, les fronts de glaciers reculent… Le plus douloureux est sans doute d’assister à l’agonie d’un ours polaire qui, faute de nourriture, meurt de faim. A notre approche, l’animal couché sur le flanc aura juste la force de lever la tête, de nous observer un court instant avant de se laisser retomber, épuisé. Ce regard vide, dans lequel nous pouvons lire une immense détresse mais aussi l’acceptation d’une mort toute proche, provoque en nous une émotion très forte. Ce n’est pas seulement la gêne de voyeurisme ou notre totale impuissance face à un dénouement fatal. Nous ressentons une immense gifle, le reproche d’une responsabilité bafouée à l’égard du vivant… J.-L Klein & M.-L Hubert, photographes animaliers professionnels