L’archéologie prend une nouvelle dimension Réalité virtuelle
La revue de l’Espace des sciences
www.sciences-ouest.org
n°305
JANVIER 2013
Politique commune des pêches
LA RÉFORME DÉCRIÉE
L’archéologie prend une nouvelle dimension Réalité virtuelle
La revue de l’Espace des sciences
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n°305
JANVIER 2013
Politique commune des pêches
LA RÉFORME DÉCRIÉE
© DR
Une ressource menacée ? Vrai ou faux La Maison de la Mer à Lorient est née quatre ans après la première Politique commune des pêches de 1983. Nous avons donc été témoins, dès le début, des profondes mutations que le secteur des pêches a subies sur notre territoire breton. Le projet de réforme de la PCP proposé par la Commission européenne est en cours de négociation et devrait entrer en vigueur en 2014. Il répond à des enjeux majeurs tels que la préservation des ressources halieutiques, la durabilité de l’activité des pêches, la garantie de
produits de la mer sains et de qualité. Ses impacts sont environnementaux, économiques, sociaux et territoriaux. Ce dossier permet d’analyser et de comprendre la complexité de la pêche et de sa gestion : l’évolution des pratiques des pêcheurs, les travaux de recherche et de suivi pour préserver la ressource, la pression des organisations environnementales pour influencer les décideurs politiques et les opinions citoyennes. GUY DANIC PRÉSIDENT DU CCSTI- MAISON DE LA MER
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LE DOSSIER
DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES CE QUE JE CHERCHE
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DES PRODUITS EMBALLÉS PAR LA RECHERCHE L’OCÉAN N’EST PAS UN FLEUVE TRANQUILLE UNE SURFACE TRÈS SOPHISTIQUÉE
4 6 7 © SCAPÊCHE
Par MARJOLAINE SIMON, microbiologiste « La molécule que je cherche pourrait aider à lutter contre des bactéries infectieuses »
DÉJÀ DEMAIN LES ACTUS L’ARCHÉOLOGIE PREND UNE NOUVELLE DIMENSION
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DES CHAMPIGNONS BIEN CLASSÉS
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LES CHERCHEURS AUSSI À BORD
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LUTTE DANS LES EAUX PROFONDES
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PÊCHE SPÉCIALE GROS POISSONS !
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LES PÊCHEURS SONT SUR LE PONT
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L’ÉPREUVE PAR 7
ENTRE LOBBYS ET DÉMOCRATIE
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GÉRARD BAVOUZET, chercheur en technologie halieutique
ÉCOLOGIE : AMIE DES POISSONS ?
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CONSTRUIRE LA PÊCHE DE DEMAIN
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À L’ESPACE DES SCIENCES
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L’AGENDA DE LA RÉDACTION
Une interview non scientifique
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COUVERTURE © JACQUES LE MEUR
LA PÊCHE SOUS HAUTE TENSION 10 à 18
POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL
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CE QUE JE CHERCHE
Améliorer les emballages et les atmosphères protectrices des produits frais permettrait d’éviter le gaspillage.
« La molécule que je cherche pourrait aider à lutter contre des bactéries infectieuses »
Des produits emballés par la recherche
MARJOLAINE SIMON MICROBIOLOGISTE e cherche à isoler une molécule secrétée par une bactérie marine du golfe du Morbihan. Cette molécule - ou ces molécules, car elles sont peut-être plusieurs - agit sur le comportement des autres bactéries. Lorsqu’elles se regroupent, les bactéries forment une structure particulière : biofilm, et produisent une sorte de mucus. La molécule que je cherche inhibe la formation de ce biofilm ! Cela peut être intéressant pour lutter contre certaines bactéries responsables d’infections, car il les protège des antibiotiques. Je m’intéresse donc au fonctionnement de cette inhibition sur différentes souches de Pseudomonas aeruginosa, une bactérie connue pour causer des infections très graves chez les patients atteints de mucoviscidose, ou chez les personnes dont les défenses immunitaires sont très faibles. D’un côté, j’étudie ces souches et surtout les caractéristiques de leur biofilm. De l’autre, sur des lames de verre, je les mets en présence de toutes les molécules produites par ma bactérie marine. Au microscope confocal à balayage laser, je compare comment se forment les biofilms, de quelques micromètres d’épaisseur, avec ou sans molécules actives. Et j’observe des différences, plus ou moins marquées selon les souches ! En identifiant les molécules actives et leur mode d’action, nous pourrions comprendre comment dégrader les biofilms pour faciliter l’action des antibiotiques, voire empêcher leur formation, et ainsi éviter les infections chroniques. »
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PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY Rens. : Marjolaine Simon Tél. 02 97 87 45 94 marjolaine.simon@univ-ubs.fr
ous n’y avez sûrement jamais songé en déballant votre barquette d’escalopes de dinde, mais l’air entre lesdites escalopes et le plastique qui les recouvre n’est pas commun ! C’est une atmosphère modifiée, comme cela est mentionné sur l’étiquette. Cela signifie que les industriels ont savamment dosé la quantité d’azote, de dioxyde de carbone ou d’oxygène qui composent cette atmosphère, afin de limiter au maximum le développement de bactéries pathogènes ou responsables d’altération. Mais pour éviter que ce gaz ne s’échappe, il faut des plastiques imperméables. Or ces derniers sont souvent peu biodégradables, ou peu recyclables. L’association Adria(1) a donc lancé, en janvier 2011 le projet Map’opt(2), qui s’intéresse à cette problématique pour les aliments qui ne “respirent” pas : viandes, fromages, produits de la mer ou plats préparés. « Nous espérons pouvoir fixer un cahier des charges sur la perméabilité des emballages, explique Dominique Thuault, responsable du projet, qu’il a présenté le 27 novembre dernier lors d’un colloque sur le gaspillage alimentaire, à Rennes. Pour éviter de faire trop barrière lorsque c’est inutile, pour les aliments à durée de vie très courte, par exemple. Et à terme, nous espérons pouvoir développer des films plus facilement recyclables. »
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Côté atmosphère, des scientifiques de Montpellier, partenaires du projet, ont mis en place une méthode pour mesurer la solubilité des gaz dans les aliments. « Dans une tranche de viande, les bactéries ne peuvent se développer qu’en surface, contrairement à un steack haché. Dans ce dernier le gaz doit se diffuser au cœur du produit. L’atmosphère n’aura pas la même composition selon les cas. » Le logiciel Sym’Previus, développé notamment par Adria, permet aussi d’étudier les effets des gaz, en particulier l’oxygène, sur la vitesse de croissance des bactéries en fonction de l’aliment, des taux de sel, de sucre. Et le laboratoire à Lubem (3) Q u i m p e r explore les effets du CO2 sur différents organismes, en fonction de sa quantité, des autres gaz présents. « In fine, nous pourrons évaluer la durée de vie des produits en fonction des films utilisés et des gaz injectés. Pour réduire l’usage des conservateurs, par exemple, diminuer le taux de sel, qui agit comme un conservateur et éviter le gaspillage alimentaire en augmentant la durée de vie des produits. » Le projet devrait se poursuivre jusqu’en 2014, année européenne de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Adria : Association pour le développement de la recherche appliquée aux industries agricoles et alimentaires. (2) Projet financé par l’Agence nationale de la recherche. (3) Lubem : Laboratoire universitaire de biodiversité et écologie microbienne-Université de Bretagne Occidentale.
(1)
Rens. : Dominique Thuault, dominique.thuault@adria.tm.fr
LES ÉCHOS DE L’OUEST
© DR
Marjolaine Simon est en deuxième année de thèse au laboratoire de biotechnologie et chimie marines à l’Université de Bretagne Sud, à Lorient. Le poster qu’elle a réalisé pour présenter ses recherches a remporté un prix décerné par des lycéens lors des Doctoriales, qui se tenaient à Lorient du 3 au 7 décembre dernier.
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MATÉRIAUX LES COMPOSITES HAUTES PERFORMANCES SUR UN PLATEAU ● Le Conseil régional de Bretagne apporte un soutien financier de 385 000 euros à la création d’un plateau technique mutualisé dédié à la production de composites hautes performances. Porté par l’Université de Bretagne Sud, ce projet concernera aussi des entreprises.
NOMINATION UNE RENNAISE PRÉSIDE L’OBSERVATION DE LA TERRE ● Laurence Hubert-Moy, enseignantechercheur au laboratoire Littoral, environnement, télédétection, géomatique de l’Université Rennes 2, vient d’être nommée à la présidence du comité Tosca qui rassemble les scientifiques français intéressés par l’observation de la Terre par télédétection.
Rens. : www.univ-ubs.fr
Rens. : www.cnes.fr
© FENG YU-FOTOLIA.COM
Déjà demain
es systèmes informatiques calculent eux-mêmes leur efficacité. Ils sont capables d’analyser les possibilités d’architectures, les comparent à leur situation du moment et les adaptent en fonction de leurs besoins. « Dans le jargon, on les appelle les models@runtime, explique Noël Plouzeau, membre de l’équipe Triskell d’Inria Rennes(1). On n’a pas besoin de les arrêter pour intégrer une nouvelle version : ils sont immortels. » Les chercheurs d’Inria ne sont pas à l’origine de ce concept, mais ont apporté des améliorations qui facilitent les changements, notamment sur des systèmes distribués, comme les réseaux de téléphonie mobile, ou les installations domotiques. Ancien pompier volontaire au Sdis 35(2), Noël Plouzeau a eu l’idée d’adapter ces travaux au système d’aide tactique utilisé par les soldats du feu. « Il s’agit pour l’instant d’un prototype qui fonctionne avec des tablettes tactiles avec lesquelles on peut activer le GPS, selon que l’intervention a lieu dehors ou non, ou d’autres capteurs permettant de superviser la sécurité des intervenants... » En 2013, l’équipe d’Inria compte poursuivre les tests sur le terrain, rechercher des partenaires industriels et, pourquoi pas, intégrer des projets européens pour développer le projet.
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Triskell est une équipe Inria commune à l’Insa de Rennes, l’Université de Rennes 1 et le CNRS. (2) Sdis 35 : Service départemental d’incendie et de secours d’Ille-et-Vilaine. (1)
Rens. : Noël Plouzeau Tél. 02 99 84 71 89 noel.plouzeau@irisa.fr, http://kevoree.org
REPÉRÉES, LES RAIES ! ● Cinq espèces de raies fréquentent les eaux côtières de l’Atlantique et de la Manche. Depuis le printemps dernier, trois projets visent à mieux les connaître. Deux concernent les pêcheries et le troisième, porté par l’Association pour l’étude et la conservation des sélaciens, s’intéresse à la biologie de ces animaux. Des pêches scientifiques sont organisées afin de mesurer, sexer et marquer certains spécimens avant de les remettre à l’eau. D’ici à 2014, 5 000 raies devraient être concernées, afin de mieux connaître l’évolution des stocks et d’envisager des mesures de gestion adaptées, notamment pour la raie brunette, interdite de pêche depuis 2009. Une campagne d’affichage a également été lancée pour informer les pêcheurs, professionnels ou amateurs.
© P.-Y. LEBON-AGLIA
Des systèmes immortels
Rens. : www.asso-apecs.org
TROUVER LE BON STAGIAIRE ● Rennes Atalante vient de sortir l’édition 2013-2014 de son guide des stages. Il recense près de 13 500 propositions émanant de 23 établissements d’enseignement supérieur d’Ille-et-Vilaine, dont sept nouveaux ainsi que les juniors entreprises qui proposent leurs services aux entreprises. Disponible en version papier sur demande à Rennes Atalante, il est consultable en ligne. Rens. : www.rennes-atalante.fr
ILS S’ALLIENT POUR SAUVER LE SAUMON ! ● Des chercheurs de l’Inra de Rennes et de l’association britannique Game and Wildlife Conservation Trust ont lancé, le 6 décembre dernier, le projet européen Morfish. Il s’agit de mettre en commun les données recueillies depuis 30 ans sur les migrations de saumons de part et d’autre de la Manche afin d’améliorer la préservation de cette espèce.
LA SCIENCE BRETONNE “IN ENGLISH” ● Le portail Internet Technosciences, qui recense depuis un an tous les laboratoires de recherches et les compétences scientifiques et technologiques bretonnes, est désormais bilingue. Mis en place par l’Université européenne de Bretagne, il est décliné en version papier, également en français et en anglais !
Rens. : Jean-Marc Roussel Tél. 02 23 48 57 75 Jean-Marc.Roussel@rennes.inra.fr
Rens. : http://technosciences.ueb.eu
© IFREMER-SEBASTIEN PRIGENT
CAPTER DANS LES PROFONDEURS DE L’OCÉAN ● Il plonge jusqu’à 3 500 mètres de profondeur ! Le flotteur profilant Deep Arvor, destiné à mesurer la température et la salinité des océans, depuis la surface jusque dans les fonds, surpasse de 1 500 m les capacités des profileurs déjà installés en mer. Testés en août, le corps en matériau composite et les progrès réalisés sur ses capteurs embarqués lui permettent de résister à une pression plus importante (jusqu’à 360 bars). Il a été mis au point par l’Ifremer de Brest, qui devrait transférer cette technologie à l’entreprise bretonne NKE. Les deux partenaires ont prévu de tester vingt-quatre flotteurs Deep Arvor en Atlantique Nord en 2014. Ces travaux sont réalisés dans le cadre du projet Equipex Naos, dont l’objectif est de renforcer la participation française au réseau international de flotteurs Argo. Aujourd’hui, 3 000 flotteurs fournis par plus de trente pays recueillent déjà des données dans l’ensemble des océans. Ces informations viennent en complément des mesures satellitaires, notamment pour prévoir le rôle de l’océan sur le climat de notre planète.
© NASA
Rens. : www.ifremer.fr
BIOSCIENCES UNE CONFÉRENCE DANS LE FINISTÈRE ● Associés depuis 2010 autour des biosciences, les technopôles de Brest et Quimper, le pôle innovation du Pays de Morlaix et Investir en Finistère ont organisé une conférence sur cette thématique le 23 novembre dernier. Elle a permis de réunir 70 entreprises et organismes de recherche autour des applications en cosmétique et nutraceutique.
FORMATION VEOLIA OUVRE UN CAMPUS À BRUZ ● Le 18 décembre, le groupe Veolia a inauguré son Campus Veolia Atlantique sur le campus de Ker Lann à Bruz, où il a également établi son siège régional. Cette installation vient compléter l’offre déjà présente à Saint-Herblain (44) pour accueillir du personnel venant se perfectionner dans les métiers couverts par le groupe.
NUMÉRIQUE LA BRETAGNE NUMÉRISE SES FONDS ● Le Conseil régional de Bretagne va créer une bibliothèque numérique pour regrouper et mettre à disposition du grand public l’ensemble des écrits, photos, films et documents sonores dédiés à la région.
Rens. : www.biosciencesenfinistere.fr
Rens. : http://campus.veolia.fr
Rens. : www.bretagne.fr JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST
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Déjà demain
La vidéo www.espace-sciences.org/so/bais
RÉALITÉ VIRTUELLE Des chercheurs ont reconstitué deux sites bretons en trois dimensions : un nouvel outil pour les archéologues.
L’archéologie prend une nouvelle dimension E n chaussettes, affublé de lunettes pour le moins imposantes, un homme se balade sur une petite scène, devant une vingtaine de collègues. Il change de direction, se penche en avant ou regarde le plafond. Il n’est pas acteur mais plutôt cobaye : il se balade - virtuellement - dans une villa gallo-romaine bretonne grandeur nature.
Une réalité partie de rien Nous sommes dans la salle immersive de l’espace des technologies innovantes, sur le campus de Beaulieu à Rennes (lire encadré cicontre). Les chercheurs de l’Irisa(1) et du centre Inria(2) y ont présenté pour la première fois, le 6 décembre dernier, le fruit d’un travail mené en collaboration avec des archéologues. Sur le mur face à la scène, le sol et le plafond sont projetées les images d’un site archéologique exceptionnel : la villa gallo-romaine du Bourg Saint-Père, à Bais, en Ille-et-
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Vilaine. Un petit miracle, car aujourd’hui, les bâtiments sont complètement arasés.
Granges et sanctuaires Lorsqu’ils commencent à fouiller le site en juin 2009, les archéologues ne retrouvent en effet que des fondations. Malgré cela, ils constatent qu’il s’agit d’un domaine complet, construit vers la fin du 1er siècle av. J.-C., juste après la conquête romaine et occupé jusqu’au 3 e ou 4 e siècle. « C’est une exploitation rurale, détaille Dominique Pouille, responsable du chantier(3), il y a la résidence du maître des lieux
et, un peu à l’extérieur, des granges : la pars rustica du domaine. Et l’on a aussi mis au jour des sanctuaires, probablement destinés à la collectivité. Tous les éléments d’un domaine type sont réunis. »
Toujours plus de réalisme Pendant six mois, sur le terrain, les scientifiques prennent des mesures, établissent des plans, relèvent des indices sur les matériaux. Ces données minutieusement récoltées permettent à leur collègue, Gaétan Le Cloirec, de proposer une première modélisation du site. C’est elle que les informaticiens
En immersion totale
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naugurée le 20 juin dernier, la plate-forme de réalité virtuelle Immersia est la troisième dont se dotent l’Irisa et le centre Inria de Rennes et l’une des plus grandes au monde. Avec ses 9,60 m de long sur 2,95 m de profondeur, pour une hauteur de 3,10 m, et son système de projection stéréoscopique, elle permet à ses utilisateurs, des chercheurs mais aussi des industriels, une immersion totale. CD Rens. : www.irisa.fr/immersia/
ont adaptée aux contraintes de la salle. « Nous ne travaillons pas avec les mêmes logiciels, explique Valérie Gouranton, enseignantechercheur au centre Insa de Rennes, qui a encadré ce projet, il a fallu faire la transcription d’un langage à l’autre. » Le projet a soulevé des problématiques différentes de celles amenées habituellement par des industriels. « Nous avons modélisé un second site, un cairn situé sur l’île de Carn dans le Finistère. Pour le commun des mortels, il s’agit d’un tas de cailloux. Les archéologues, eux, y voient des ruptures de montage, des indices visuels que seul un œil exercé peut percevoir. Il a fallu travailler sur le réalisme pour s’adapter à ces spécificités. »
Des couloirs assez larges ! Le résultat est un formidable outil de travail pour les archéologues. Le cairn de l’île de Carn menaçant de s’effondrer, ils peuvent envisager de poursuivre leurs travaux en sécurité dans sa
Des champignons bien classés GÉNÉTIQUE Des chercheurs rennais ont créé une base de données permettant de classer précisément tous types de champignons selon des marqueurs ADN. et outil n’est pas destiné aux cueilleurs de champignons. Il s’adresse plutôt aux chercheurs qui travaillent sur la phylogénie, et s’appuient sur des fragments de séquences génétiques pour les classer. Car des champignons, il en existe des milliers d’espèces, dont certaines ne sont pas visibles à l’œil nu, et beaucoup sont inconnues. Les séquences d’ADN sont déposées, répertoriées, stockées par les scientifiques et rendues librement accessibles dans des banques de données mondiales (GenBank, par exemple). « Mais le problème est que ces banques ne sont pas toujours fiables et comportent des erreurs », explique Philippe Vandenkoornhuyse, chercheur au laboratoire Écobio (1) à l’Université de Rennes 1. Des erreurs de séquençage, ou bien d’interprétation.
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Grâce à la réalité virtuelle, les archéologues peuvent se balader dans la villa gallo-romaine de Bais (ci-contre), alors que le site est aujourd’hui complètement arasé (ci-dessus) ! © DR
copie virtuelle. Quant à la villa de Bais, « ce premier essai nous a permis de confirmer nos hypothèses sur la répartition des bâtiments, poursuit Dominique Pouille, la circulation dans le site et les relations entre les différents espaces. Nous allons essayer d’aller plus dans les détails, d’entrer dans les bâtiments, d’ajouter du mobilier ou les charpentes : même si on ne les a pas retrouvées, nous savons comment elles étaient fabriquées à l’époque. » Les chercheurs de l’Irisa réfléchissent déjà aux solutions pour intégrer des objets et des personnages dans ces lieux virtuels. Et à long terme, cela devrait permettre aux archéologues d’affiner leurs hypothèses, « sur d’autres constructions, mais également sur des paysages, ajoute Gaétan Le Cloirec, pour reconstituer la lande d’il y a plusieurs milliers d’années et comprendre le choix d’emplacement de certains sites, par exemple. »
Des séquences par milliers! « C’est pourquoi nous avons eu l’idée et le besoin de créer une base de données experte qui soit la plus propre possible. Pour cela, nous avons commencé par nous concentrer sur deux gènes seulement, que l’on
retrouve chez tous les champignons sans exception et qui sont connus pour donner de bonnes informations phylogénétiques. Nous avons été les récupérer dans les bases de données mondiales existantes », poursuit le chercheur. Ce qui représentait déjà des dizaines de milliers de séquences dans leur panier ! Un premier filtre automatique a permis d’enlever toutes les séquences trop courtes, incomplètes, ou encore les chimères, créées artificiellement à partir de deux séquences distinctes.
Explorer la biodiversité Le deuxième nettoyage a été manuel. Il avait pour objectif d’enlever les séquences mal annotées, c’est-à-dire génétiquement correctes, sans erreurs, mais mal classées. « Cette tâche était très importante. Elle a occupé Stéphane Mahé, doctorante au laboratoire, pendant près d’une année. À notre grande surprise, cela a éliminé encore 20 % des séquences filtrées. » Au final, environ 10 000 séquences non redondantes composent PhymycoDB. « Elle nous permet d’aller explorer la biodiversité inconnue des champignons et d’éla-
borer petit à petit leur arbre phylogénétique. » Pour la construction et la création de l’interface de la base de données, les chercheurs d’Écobio se sont associés aux bio-informaticiens de la plate-forme GenOuest, basée à l’Université de Rennes 1(2). Ces travaux ont été publiés en septembre dernier(3) et Phymyco-DB est d’ores et déjà accessible en ligne. « Nous avons pour ambition de l’enrichir avec d’autres gènes. Au-delà de l’approche évolutive, PhymycoDB pourrait servir à faire de l’identification, mais aussi de l’analyse environnementale, pour étudier, par exemple, la réaction d’une communauté de champignons face à un changement donné : modification de température ou de l’écosystème, pollution... » Mais en forêt, gardez toujours l’œil pour savoir s’ils sont comestibles ou non ! NATHALIE BLANC UMR 6553 de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Rennes (Osur). (2)Laboratoire Irisa. (3) Dans Plos One. Phymyco-DB : A Curated Database for Analyses of Fungal Diversity and Evolution. (1)
CONTACT Philippe Vandenkoornhuyse Tél. 02 23 23 50 07 philippe.vandenkoornhuyse@univrennes1.fr
CÉLINE DUGUEY
© PHILIPPE VANDENKOORNHUYSE
(1) Irisa : Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires. (2)Inria : Institut national de recherche en informatique et en automatique. (3) De l’Inrap : Institut national de recherches archéologiques préventives.
CONTACTS Dominique Pouille Tél. 02 23 36 00 62 dominique.pouille@inrap.fr Valérie Gouranton Tél. 02 99 84 22 18 valerie.gouranton@irisa.fr JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST
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LE DOSSIER DE
LA PÊCHE SOUS H LANCÉE EN 1983 ET DÉJÀ RÉFORMÉE EN 2002, LA POLITIQUE COMMUNE DES PÊCHES PRÉPARE UNE NOUVELLE RÉVISION POUR 2014. a création de l’Europe Bleue en 1983 a fait suite à l’institution, en 1977, de Zones économiques exclusives (ZEE) de 200 milles(1) par les États adhérents. Les zones de pêche de l’Atlantique et de l’Europe du Nord ont été placées dans le giron européen, la Méditerranée étant exclue de ce processus. En 1982, il est précisé que les États conservent leurs eaux territoriales, c’est-àdire la bande des 12 milles. Cette nouvelle gouvernance européenne a mis progressivement en place des modes de gestion des ressources de poisson. Dans chaque zone, pour chaque espèce, elle a ins-
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Les zones de pêche de l’Atlantique et de l’Europe du Nord ont été placées dans le giron européen, la Méditerranée étant exclue de ce processus. titué le régime des Totaux admissibles de capture (Tac), définis sur des bases scientifiques. Les États ayant une activité de pêche sur une zone donnée ont reçu une part de ce total que l’on appelle quota. Ce dernier est ensuite attribué à leurs flottilles sous contrôle public.
Des marchés organisés Le volet suivant de la Politique commune des pêches (PCP) a été l’organisation com-
mune des marchés dont l’aspect le plus visible est la régulation à travers des prix minimaux à la production et l’instauration d’un prix plancher : quand le prix de marché s’effondre, le pêcheur reçoit le prix minimal et le poisson peut être détruit ou stocké pour une commercialisation ultérieure. Troisième volet, la politique structurelle a comme principal effet d’encadrer la flotte par des critères administratifs. Depuis une vingtaine d’années, la tendance est systématiquement à la réduction des prises pour lutter contre les surcapacités. Aujourd’hui, le renouvellement des bateaux est pratiquement bloqué. Le dernier volet est l’action internationale qui a transféré à l’échelon communautaire la responsabilité de
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Les chercheurs aussi à bord © JACQUES LE MEUR
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Les pêcheurs sont sur le pont © JACQUES LE MEUR
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Construire la pêche de demain © JACQUES LE MEUR
HAUTE TENSION conclure des accords de pêche avec des pays tiers. Ainsi, la flotte thonière française qui évolue dans l’océan Indien opère dans le cadre d’accords signés entre l’Europe et les pays riverains.
Retour à l’équilibre Une première révision de cette politique commune, pensée pour une décennie, a été réalisée en 2002. L’objectif était de favoriser un retour à une exploitation équilibrée des stocks. Depuis 2009, l’Union prépare une nouvelle révision qui entrera en vigueur cette année. La réflexion a été conduite à travers un livre vert sur le constat que la réforme précédente n’a pas permis de rétablir l’état des stocks. L’explication se trouverait dans une certaine inertie des gouvernements nationaux et des professionnels de la pêche. La Commission de Bruxelles a mis en débat une série de propositions qui vont
La bonne image des pêcheurs français
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oucieux de défendre l’image de sa profession, le Comité national des pêches (CNPMEM) avait mis en place un Observatoire de la filière pêche. Dans ce cadre, il avait commandé à l’institut Ipsos une étude sur la perception des Français. 89 % des sondés ont une bonne image des pêcheurs, image qui s’est fortement améliorée
depuis dix ans. 58 % se disent attachés à ce secteur et 87 % considèrent qu’il fait partie du patrimoine national. 77 % (plus 10 % par rapport à 2011) pensent que la pêche a fait des efforts en matière de protection de l’environnement. Ils sont 69 % (plus 7 %) à estimer que le secteur se montre davantage respectueux de la sauvegarde des espèces
menacées. Sur ces deux derniers points, les sondés considèrent que les pêcheurs français sont largement en avance sur leurs collègues européens. Les impressions sont encore plus favorables sur l’image des produits. Il existe une très grande confiance dans leur qualité en général, avec un attachement particulier au “made in France”. JLM
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