1 an d’écrits à Vénissieux − Saison 2012/2013
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1an
d’écrits à Vénissieux Saison 2012/2013 Textes d’ateliers d’écriture Fragments de résidence
Direction des affaires culturelles Hôtel de Ville 5, avenue Marcel-Houël 69200 Vénissieux Tél. : 04 72 21 44 98 www.venissieux.fr Association Espace Pandora 7, place de la Paix 69200 Vénissieux Tél. : 04 72 50 14 78 espacepandora@free.fr www.espacepandora.org
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Édito
« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles » Oscar Wilde
L'écrivain Moussa Konaté, qui partageait sa vie entre Limoges et Bamako, entre deux cultures et deux continents, qui avait ouvert notre cycle de résidences d'auteur à Vénissieux, durant la saison 2009-2010, s'est éteint brutalement il y a quelques semaines, à l'âge de soixante-deux ans. Nous lui dédions, avec l'accord de Mouloud Akkouche, l'ensemble des pages de ce livret.
Un an d’écrits à Vénissieux.- Saison 2012/2013.- 52 p., ill., 15 x 21 cm.Photographie de couverture : © Marie Delorme Photographies intérieures : © Espace Pandora & Marianne Akkouche Conception graphique et mise en page : Myriam Chkoundali
1 « J’attends au bord du monde les-voyageurs-qui-ne-viendront-pas » Aimé Césaire, Les Armes miraculeuses
Les saisons passent, et les écrits restent. Écrits qui témoignent et qui, en même temps, interrogent l’avenir d’un monde que chacun de nous voudrait meilleur, plus habitable en somme. Pour la quatrième année consécutive, « 1 an d’écrits à Vénissieux », recueil réunissant les fruits des actions menées par l’équipe de l’Espace Pandora pendant toute une saison, autour particulièrement de la résidence d’auteur, paraît à l’initiative et avec le soutien de la municipalité. Un recueil qui, cette fois, après les chemins lumineux du poème avec Joël Bastard, fait la part belle aux récits et à l’errance propre au voyage, grâce au travail conduit sur le territoire, de janvier à avril 2013, par l’écrivain de romans policiers Mouloud Akkouche. La Ville de Vénissieux n’a jamais négligé la prise en compte des actions en faveur de la langue française, véritable ciment du « vivre ensemble » en ces temps difficiles et incertains, et en direction des nombreux publics de la commune, publics trop souvent tenus éloignés de la vie culturelle. Pour sa part, l’Espace Pandora (qui fêtera ses 30 ans en 2015 !) n’a jamais ménagé ses efforts pour mener à bien sa double mission : favoriser l’émergence et soutenir l’excellence. Outil de promotion et de diffusion de la littérature sous toutes ses formes et dans tous ses états, l’Espace Pandora entend poursuivre, avec l’appui de ses partenaires (Ville, Département, Région, État) et la complicité d’artistes et d’écrivains, une action résolue, porteuse de sens et de promesses pour le futur. Ce recueil témoigne, notamment, des ateliers animés par Mouloud Akkouche dans la commune. Et il ouvre, également, les portes de la cinquième résidence en accueillant la poète, venue du Québec, Laure Morali. Une nouvelle page se tourne donc à Vénissieux. Un autre cahier va se remplir. En attendant, bonne lecture à toutes et à tous !
Emmanuel Merle, président de l’Espace Pandora Yolande Peytavin, 1ère adjointe au maire chargée de la culture
2 Une résidence littéraire à Vénissieux avec Mouloud Akkouche de janvier à avril 2013
En 2013, l’Espace Pandora a renouvelé l’aventure de la résidence littéraire, accueillant un écrivain dans la commune durant plusieurs mois. De janvier à avril 2013, c’est l’auteur de polars Mouloud Akkouche, habitant éphémère de Vénissieux, qui a déposé ses valises de mots dans la ville. Ateliers d’écriture, rencontres et lectures publiques ont été proposés aux habitants de tous âges et horizons, dans divers lieux de la ville. Accompagnés par Mouloud Akkouche, tous ont été invités à s’approprier la langue et à créer des textes nés de leur imagination, pour une résidence à l’esprit ouvert et nomade. Les extraits de textes que vous allez découvrir dans ce recueil sont issus des ateliers menés par Mouloud, avec la complicité et le partenariat de :
• l’atelier Envie d’écrire • les centres sociaux des Minguettes • le collège Jules-Michelet • l’école Jean-Moulin • l’école Henri-Wallon • l’Unité Educative d’Activité de Jour • le cinéma Gérard-Philipe • le marché des mots
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Chaque jour est un voyage Avec pour thème « Chaque jour est un voyage », Mouloud Akkouche nous invitait à participer à sa résidence à partir d’un scénario de départ : « Ce jour-là, vous êtes assis dans la gare de Lyon Part-Dieu. Attendez-vous l’arrivée ou le départ d’un train ? En transit entre deux villes ou deux pays. Peut-être juste en train de vous interroger sur votre existence au milieu d’inconnus... À ce moment-là, une voix résonne dans les haut-parleurs : ‘La personne ayant oublié un sac portant les initiales AS est priée de venir le récupérer à la borne d’accueil’. Après trois annonces, vous allez chercher le sac en vous faisant passer pour AS. Vous l’ouvrez et découvrez un agenda. Que faire ? Le rapporter à l’accueil ? Le laisser sur un siège de la gare ? Après une hésitation, vous décidez de vous rendre à l’un des rendez-vous notés dans l’agenda. Et soudain, votre existence change totalement de direction... »
En atelier d’écriture ou sur internet, les participants étaient invités à choisir un rendez-vous imaginaire dans l’agenda de AS, puis à inventer une fiction en se glissant dans la peau d’un autre... De nombreuses nouvelles ont été produites. Les textes qui suivent ne sont qu’une sélection d’extraits écrits par les habitants. Vous pouvez retrouver l’intégralité des textes sur le site de l’Espace Pandora : http://www.espacepandora.org/a-Venissieux.html
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Mouloud Akkouche, né à Montreuil en 1962, est romancier. Il exerce une foule de petits boulots tout en écrivant des nouvelles. Il a publié Causse-toujours ! (Le Poulpe), deux fictions dans la Série noire, le roman Cayenne, mon tombeau (éd. Flammarion) et d’autres récits. Il est aussi l'auteur de pièces radiophoniques pour France Inter et France Culture.
5 Au cœur de l'agenda Certains naissent avec le monde à leurs pieds. D'autres sur leurs pieds. Dans les deux cas, il faut apprendre à marcher. Des années que j'ai fait mes premiers pas : le monde ni à mes pieds ni dessus. Mais avec toujours cette étrange impression chevillée au corps : la sensation d'être toujours à côté. Comme si tout se faisait hors de moi, sans moi. Jouet de fils invisibles. En règle générale, ce genre de pensées ne me traversent pas. Toujours entre deux rendez-vous professionnels. Mes initiales AS sur des dizaines de documents. Une vie de famille bien remplie, plein d'amis ; des faux en pixel et des vrais qui pètent et rotent. Bref : agenda aussi plein que le frigo. Pas aujourd'hui ; sur le banc de la gare, j'ai du temps suspendu : plusieurs heures inhabitées. Mon train a du retard. Et des interrogations se glissent dans la brèche. Rares les moments où l'on peut feuilleter l'autre agenda, pas le numérique ou en papier avec les semaines sagement numérotées. Pourtant, il n'est pas loin. Même très près. Toujours présent, jamais en retard. Mais il est très discret. Pourtant plus puissant que tous les I-Phone de la planète entière. Cet agenda de chair et de sang sous la poitrine. Celui qui, sans se soucier de notre classe sociale, ethnie, sexe, notre orthographe, alimente les pages de nos jours et nuits. Tour à tour stylo, clavier, feuilles ou écran. Rien de ce qui nous habite ne lui est étranger. Travailleur infatigable jusqu'à notre dernier souffle. Sans lui, pas de sang. Ni sens. « Eh ! Mouloud, café ou dessert ? », me demande Ildo. Je sursaute et jette un coup d’œil circulaire dans la salle du « Café de la Paix ». Merde ! Je vais être en retard pour l'atelier au centre social Roger-Vailland aux Minguettes. Je règle et file vers le tram. Que restera-t-il des feuilles de l'agenda semées durant quatre mois dans les rues de Vénissieux ? Des textes et des photos. Des réussites et des échecs. Des frustrations et des joies. Mais surtout ce que personne ne peut conserver dans un cahier ou un compte numéroté à Singapour : l'éphémère. L'éphémère du voyage sous sept milliards de poitrines.
Mouloud Akkouche
6 Envie d’écrire Cet atelier d’écriture ouvert à tous rassemblait des habitants de tous âges et horizons les lundis soir au Centre associatif Boris-Vian. Maryse, Dalila, Didier, Chantal, Juliette, Catherine, Samaira, Martine, François, Marie-Catherine, Jacques et Nadia étaient accompagnés par Mouloud Akkouche pour l’écriture de nouvelles, puis la comédienne Claire Terral leur a proposé un travail de mise en voix de leurs textes.
Sans A. Hall de gare. Une femme est assise sur un banc. Une femme : J'attends pour rentrer chez nous. Chez moi. Je n'aime pas cela, attendre. Ni l'idée de rentrer chez nous. Chez moi. Pourtant, je voudrais quitter ce hall de gare au plus vite, rejoindre le quai, grimper dans ma correspondance, m'asseoir à ma place et pleurer. Tout le trajet. Prendre l'eau, me noyer. Vider ma haine dans mes manches mouillées. Voix-off : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales A. S. est priée de venir le récupérer à l'accueil ». Une femme : L'attente me ronge. Je ne supporte plus ce hall. Voir ces corps étrangers courir me heurtent, ils tirent des lourdes valises qui m'épuisent. Les annonces saturent ma tête. Je suis impatiente de les retrouver. Pensentils à moi ? Que font-ils en ce moment ? S'amusent-ils beaucoup ? Rient-ils sans moi ? De moi ? Lui peut-être. Et s'il en profite pour les monter contre moi, pour me faire disparaître, pour prendre ma place. Lui donner ma place. Me rendre invisible. Je suis absente. Je veux rentrer. Voix-off : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales A. S. est priée de venir le récupérer à l'accueil ». Une femme : Cette voix. Faites taire cette voix ! A. S., viens chercher ta valise ! Que la voix ne résonne plus dans mon crâne ! Il me poursuit donc. Il me quitte mais se rappelle à moi sans cesse, même à des kilomètres. A.S. Alain, est-ce toi ? Est-ce lui ? Mon bourreau ? Mon amour ? Mon écœurement quotidien ? Il garde les enfants ce samedi. Il ne peut pas avoir pris le train. Silence. Qu’on me laisse en paix ! Les gens s'agitent, m'irritent. Je voudrais rentrer chez nous. Je ne peux plus rentrer chez nous. Voix-off : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales A. S. est priée de venir le récupérer à l'accueil ». Une femme : Tais-toi ! A. S., dépêche, viens chercher ta valise ! La ferme, la voix ! La voie ? Me jeter sur la voie ? En finir ? Rien à perdre. A. S. est perdu. Mon cœur est rendu. Sans crier gare. Il s'est fait la malle. Parti avec elle. Avec l'Autre. Jamais vue. À quoi ressemble-t-elle ? Veux pas la voir. Qu’elle crève ! Qu’il crève ! Ou moi avant ? A. S., viens récupérer ton bien. Prends ton sac et tire-toi. Dégage de ma vie pour de bon ! S'il te plaît. S'il te plaît. Je ne peux pas pleurer maintenant. Je ne suis pas encore sur mon siège. Voix-off : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales A. S. est priée de venir le récupérer à l'accueil ». Une femme : Je vais prendre ce foutu sac. C'est lui que je vais foutre sur la voie. Je vais tuer A. S., l'étriper, l'égorger, l'étrangler. Il va se faire écrabouiller. Je veux qu'il souffre, qu'il m'implore, qu'il s'excuse, qu'il regrette, qu'il revienne. Je veux qu'il meure. Elle se lève et sort de scène. [...]
Marie-Catherine Beluche
7 Anna 19h50 Il n'est que 8h10. Il me semble que je poireaute sous cet abribus depuis au moins une heure mais j'ai une vue imprenable sur l'entrée du restaurant. Je ne peux pas le rater quand il arrivera. Je me demande quel genre d'homme est un escort boy et pourquoi il fait ce métier. C'est sûrement un homme qui aime les femmes, comment est-ce-que ça pourrait être autrement ? Ou alors c'est un homme qui se vend, qui vend son corps, un prostitué, sauf qu'il y met les formes, que ça prend du temps, que, puisqu'il est payé, il doit tout faire pour satisfaire sa cliente. C'est excitant de penser ça ! Ce qui me gêne, c'est qu'il va être aimable sur commande, poli, galant, il essaiera de parler de choses qui m'intéressent, il fera semblant de s'intéresser à moi, mais en fait il sera au boulot. D'un autre côté, il y a des gens qui adorent leur boulot et qui le font avec passion et beaucoup de plaisir. C'est quand même bizarre comme situation. Je n'ai qu'à oublier que c'est un job et profiter de la situation qui va faire beaucoup de bien à mon ego. Sur l'agenda, il y avait : 20h – escort boy – Le Bouchon. Les choses me semblent claires, tout est possible, c'est ça qui m'excite et m'inquiète en même temps. [...] Chantal Courtet
8 Voyage sans fard
Sans parler du carnet déjà cité, il y avait deux douzaines de culottes, une dizaine de tee-shirts, trois paires de chaussures, deux pull-overs et une robe. Le problème, c’était la taille. Trois fois trop grandes pour moi. Que vais-je faire de toutes ces nippes ? Les pulls je garde, le savon je prends, le carnet je conserve. Mais le reste ? Et pourquoi pas un sac pour Emmaüs ? Ou un SDF de la gare qui est à l’entrée des guichets à la recherche de la chaleur humaine et de la chaleur thermique ? Après quelques instants d’hésitation, j’opte pour la personne démunie. − Bonjour, je m’appelle Andrée Sirocco, comment allez-vous ? − Mal ! Enfin une personne qui répond « mal ». Cela doit être une personne intéressante ! Vous n’avez pas remarqué que quand on demande à quelqu’un ou quelqu’une s’il va bien, cela va toujours bien ? Je lui propose d’aller boire un coup. Et voilà, c’est parti. Sans mettre de pièce, elle me raconte sa vie. [...] François Couturier
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Putain de valise ! Pourquoi avais-je réagi comme ça ? Moi, l’enfant sage, le jeune homme tranquille, l’adulte posé, timoré et timide à l’excès, comment avais-je pu surpasser ma peur de tout ? Cette bravade me pesait déjà. J’allais donc devoir vivre dans la peau de cet homme inconnu, Antoine Sabonis... À cause d’une réaction stupide, idiote, surgie de mon inconscient qui m’avait fait répondre « c’est moi » à l’appel à peine audible de ce fichu haut-parleur de cette gare de Lyon Part-Dieu que je détestais plus que toute autre... [...] Assis sur la valise d’AS, pardon, sur ma valise, mon agenda en main, j’avais flashé sur le médecin... Pourquoi un médecin, tiens ? J’habitais Vénissieux depuis des années mais je ne le connaissais pas. Les questions fusaient dans mon esprit tel un feu d’artifice. Que faire désormais de cette valoche bien trop encombrante pour moi ? Je la reluquais sous toutes les coutures. J’eus un rire nerveux, je l’auscultais comme un toubib de banlieue, tiens, comme A.MALLIEUX. Putain... et si cette valise était bourrée d’explosifs ! Si ça se trouve, elle était peut être programmée pour péter à la gueule du premier con qui l’aurait récupérée... avec au passage, quelques dégâts collatéraux pour les « pas de chance » qui seraient passés trop près de moi ! Une jeune fille vint d’ailleurs s’asseoir à mes côtés en réclamant une clope. « Désolé, je fume pas » et « restez pas là, cette valise peut vous péter à la gueule » lui fit prendre la poudre d’escampette pensant avoir à faire à un malade mental ! [...] Didier Crouzet
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« Le livre est l’agence de voyages la moins chère du monde. Et chacun part où il a envie... Bon voyage ! » Mouloud Akkouche
11 Centres sociaux des Minguettes Textes écrits par Ibtissem, Evelyne, Laila, Simone, Fatima, Sophie, Zarra, Alimé et Zélika – inscrites en atelier socio-linguistique aux centres sociaux des Minguettes, avec l’aide de Marie-Hélène Mathurin et Alice Pedebas. Elles les ont lus, en compagnie de la comédienne Claire Terral, sur la scène du cinéma Gérard-Philipe pour la clôture de la résidence littéraire.
Fiction. Tout est possible : le voyage dans le temps, mélange de policier et romantisme, beaucoup de suspense. Décrire les lieux et l’atmosphère, mes sentiments. Toujours écrire à la première personne. En chemin dans le bus, je jette un coup d’œil à l’agenda pour me faire une idée de A.S. Je ne comprends pas. Parmi les rendez-vous, certains sont soulignés en rouge, d’autres en vert, en bleu ou en violet. J'imagine qu’ils sont répertoriés en fonction de leur importance. Je verrai bien. Pendant ma lecture je me sens différente, je n’entends plus le vacarme des gens dans le bus. Je suis soudainement coupée du présent et j’entrevois un homme cagoulé courir et donner des ordres, puis un autre diriger un orchestre de musiciens. Prise de panique, j’aperçois une femme en tenue de policier commander une brigade d’hommes, une coiffeuse, un poète récitant des vers en latin, des pièces détachées de voiture, de la drogue, un homme bien habillé avec un attaché-case. Confuse, mes pensées s’entremêlent, j’ai du mal à respirer. Là, une personne me bouscule, je reviens à moi. C’est le chauffeur de bus qui s’inquiète de ne pas me voir descendre au terminus. Il me demande : − Tout va bien, madame ? Je lui fais signe que oui avec un hochement de tête. − Je crois que je me suis endormie. C’est pour quand le prochain départ, monsieur le conducteur ? [...]
Alimé
12 BON SANG ! Texte d’un rappeur Aux Minguettes je suis accroché, Tour bleue au cœur du quartier. Marre de traîner sans plan, blasé Je surfe sur l’agenda trouvé. En fluo : 15 heures, 12 janvier, Madame GODARS du Pôle Santé. Tiens, une meuf ! Toubib ? Secrétaire ? Blonde ? Glaciale ? Ou le contraire ? On est le 12, curieux hasard. Midi déjà, faut que j’ m’arrache. Je suis A.S. Vive le mystère ! « Personne suivante ! » Madame GODARS, Bouche framboise, tailleur pistache, Me scotche. Je la mate : une blonde ! Je me sens laid. C’est quoi mon nom ? Qu’est-ce que j’ai à suivre cette bombe « Puisque vous venez pour un don, Je vais contrôler votre état. Pas de maladie infectieuse, Ni de voyage ces derniers mois ? » « Non, non ». Et elle poursuit, curieuse De mes relations sexuelles. Elle parle de virus silencieux, Aussi de bactéries mortelles, De partenaires hasardeux.
Au final, je suis surnoté, Bon pour donner mes plaquettes. Si bon qu’elle va me proposer D’élargir le champ de l’enquête : Mes antécédents familiaux, Tout mon parcours de jeune enfant ; Ma façon de manger, bio Ou pas ; mes loisirs très grisants... « Vous êtes le profil idéal Pour don d’un rein, d’un œil ou du foie, Après la mort, ça va de soi ». Assez tchatché, je la remballe. « Viser ma mort, un vrai délire ; J’aurai les organes périmés ! Votre discours pour me séduire Sort d’une bouche bien entraînée ». « Monsieur, ne vous méprenez pas. Quand on rencontre des volontaires, On souhaite qu’ils en arrivent là Sans douter de notre savoir-faire. Il y a bien trop de malades Qui ne sont pas greffés à temps ». « Arrêtez-moi toutes ces salades ! C’est OK pour une poche de sang, La première. Et je vais faire court : Je ne partage pas vos tracas. Vous pouvez toujours courir pour Que je vous cède un bout de moi ! » « Mais je n’irai pas jusque-là », Sourit-elle en m’ouvrant les bras. Evelyne F.
13 Tirée par les cheveux Ce jour-là, je suis allée à la gare pour l’arrivée de mon fils, il vient de Paris. Soudain, une voix dans les haut-parleurs annonce un oubli d’un sac. Je décide d’aller le récupérer, je regarde dedans. Je découvre un agenda avec un rendez-vous dans un salon de coiffure : Le samedi 17 mars avec Nadia Mechaus. Tiens ! Une occasion pour moi de me faire coiffer, j’ai une soirée avec mes amies. Je partirai à sa place. Le jour du rendez-vous, chez la coiffeuse, une femme m’accueille et me dévisage. Elle me dit : − Oui, madame ! − J’ai un rendez-vous avec Nadia Mechaus. − Ah ! Vous êtes la nouvelle coiffeuse. Venez, dit-elle. Je ne sais pas quoi dire. Je reste muette, debout au milieu du salon en regardant à droite à gauche. Et la surprise que je n’attendais pas, elle me donne un tablier et me dit : − Allez, au travail ! Je réfléchis en regardant une dame avec de longs cheveux assise à côté d’une table et d’un grand miroir. Comment faire ? Je me dis, allez, courage ! C’est facile ! Je lave, je coupe, je sèche ! Et je commence à mouiller les longs cheveux et je frotte, je frotte pour les faire mousser. Mais la dame crie : − Vous me faites mal à la tête ! Oh la la ! Mes yeux sont pleins de shampooing ! Mais quelle coiffeuse êtesvous ? Toutes les femmes du salon me regardent. Je me sens ridicule. Je perds mon sang-froid. Je sors à toute vitesse du salon de coiffure en laissant la tête de la pauvre dame pleine de shampooing. Mais quelle idée j’ai eue, de prendre le rendez-vous d’une autre !
Zarra Ibaouene
14 Parfum de bonheur Je veux aller à la ville. Pourquoi faire ? Me promener. Où ? Sur la place Bellecour. Voir les choses. Passer le temps. J’ai envie d’aller partout. Je suis vieille, mon mari est à la maison, il est fatigué et toujours sur son fauteuil. Et moi, j’ai envie de marcher, mais je ne suis pas tranquille car j’ai toujours peur pour lui... Mais j’aime la liberté. Je n’ai pas assez de deux yeux pour tout voir dans cette ville. Parfois, j’aimerais avoir plusieurs vies. Être prof de français par exemple... Mais le français a du mal à entrer dans ma tête. Ma tête est trop petite ou le français trop grand. Ou le contraire : ma tête trop grande... Mon plus beau rêve, c’est d’apprendre, parler, écrire... Même s’il faut un marteau pour me faire entrer ça dans la tête. Quand on vieillit, il est plus dur d’apprendre... Mais j’ai envie d’apprendre. Et mon cerveau va m’aider. Ma tête est comme mon ventre, elle a besoin de se nourrir. Accompagnée de ma fille, nous allons boire un café et surtout dévorer une glace à la vanille. Je suis heureuse et pour une fois, je laisse mes soucis dans le vide-ordures de mon immeuble. J’observe ma fille. Je souris, un large sourire, en pensant à mes enfants. D’un seul coup, mes sept enfants viennent s’asseoir avec moi. Je suis étonnée. J’avais oublié que c’était mon anniversaire. Ils m’offrent plein de cadeaux. Mais le plus beau cadeau pour moi est le flacon de Chanel !
Zélika Cheguettine
15 École Henri-Wallon Une histoire écrite par Ismaël, Sofiane, Fedi, Sami, Fayssal, Ali, Azir, Nabil, Amira, Ibrahima, Sephora, Sanela, élèves d’une Classe pour l’inclusion scolaire à l’école Henri-Wallon, accompagnés de leur instituteur Michel Casteran et de Mouloud Akkouche. Ils l’ont lu lors de la clôture de la résidence au cinéma Gérard-Philipe avec l’aide de la comédienne Claire Terral.
Le voyage d’un agenda Parvenbanne, le 1er février 2013 Ce jour de février 2013, il fait beau. Pourquoi suis-je triste et nerveux ? J'ai le cœur serré et j'ai une boule dans le ventre. Mon ami part très longtemps et je ne le reverrai pas avant des années. C'est ici que j'ai discuté avec mes parents pour la dernière fois. Leur train a percuté un autre train... Mes parents sont dans le coma depuis. Le train de mon ami va partir. Je l'embrasse sur la joue, le prends dans mes bras et lui tapote l'épaule. Quand le train est parti, je me dirige vers la sortie. J'ai les yeux embués de larmes. J'aperçois un agenda sur un banc. Je le saisis et demande : − Quelqu'un a perdu son agenda ? Pas de réponse. J'insiste : − Quelqu'un a perdu son agenda sur le banc ? Personne ne réagit. J'ouvre l'agenda. Pas de nom, ni de coordonnées. Juste deux initiales : A. S. Poussé par la curiosité, je lis les rendez-vous et choisis celui du musée préhistorique. Mon ami parti, je sors de la gare et lève la main : − Taxi ! Une voiture freine. J'ouvre la portière et m'installe sur la banquette arrière. − Bonjour. Pouvez-vous m'emmener au musée préhistorique, s'il vous plaît ? La voiture démarre, mais elle roule lentement à cause des bouchons. J'y vais ou j'y vais pas ? Est-ce un piège ? Je me tourne et regarde par la vitre. Je vois un parc avec des enfants et des chiens. Soudain, un cycliste nous double. Au-dessus de la ville de Parvenbanne, le ciel est rose. Devant la porte du musée, je suis énervé. Pourquoi est-il fermé ? Je regarde les horaires et souris. Il ouvre dans une heure. Je fais les cent pas. Mon ventre gargouille. Je décide d'aller au restaurant. De l'autre côté de la rue, il y a le « Restaurant du Musée ». Je traverse la rue, entre, et le serveur me demande de m'asseoir. Il me tend le menu. Quelques instants plus tard, il revient. − Vous avez choisi, monsieur ?
16 Entrée Brique au thon et poireau Cake aux olives Salade à l'indienne
Fromage Chaource Roquefort du chef Fromage blanc aux olives
Plat Mouton aux petits pois Steack de requin grillé Filet de colin à l'italienne
Dessert Crème brûlée Poire au chocolat Macarons aux framboises avec du coulis de vanille
Je ferme le menu et réponds : − Une brique au thon et poireau, un filet de colin à l'italienne, avec une coupe de champagne et une carafe d'eau. En mangeant, je repense à mon rendez-vous. Autour de moi des gens déjeunent. Peut-être que Suzangéleïla est ici. Je bois mon café, me lève et vais payer en carte bleue. De retour devant le musée, je pousse la porte. − Vous avez rendez-vous ?, demande le gardien. Après une hésitation je réponds : − Oui, avec Suzangéleïla. Le gardien met ses lunettes et regarde son agenda du musée. − 4e étage, à droite. Bureau numéro 406. − Merci. Je rentre dans l'ascenseur. Dans le couloir, je regarde ma montre. En avance, je décide de patienter. Je vois un fauteuil et m'assois. Je pousse un soupir et j'étends mes jambes. À 15 heures 30, je me lève et vais frapper à la porte du bureau 406. − Entrez, répond une femme. Je me retrouve devant une femme de trente-deux ans environ, de longs cheveux bruns, des yeux bleus. Elle mesure à peu près un mètre soixante-cinq. Elle a un piercing au nez et des boucles d'oreilles. Elle porte un pantalon et une blouse blanche. Elle semble joyeuse et contente. Elle doit marcher avec des béquilles, car une paire est posée contre son bureau. − Bonjour, monsieur, installez-vous. Je mets ma main sur le dossier de la chaise et m'assois. Elle cesse de taper sur son clavier et me fixe. Que vais-je lui dire ? Je cherche mes mots : − Je... je... Elle prend un dossier et l'ouvre. Elle lit un instant et fronce les sourcils.
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− Quel est votre problème ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Vite, il faut que j'invente un problème. − Je ne suis pas bien dans ma tête. Je baisse la tête. − Vous pouvez me raconter ? − Je n'ai pas confiance en moi. Elle se lève et dit : − Suivez-moi, s'il vous plaît ! Je la suis jusqu'à une porte. J'ai une boule au ventre. Qu'y a-t-il derrière cette porte ? Suzangéleïla frappe à la porte et entre. − Bonjour, dit-elle. Je serre la main de la femme assise derrière un bureau. − Bonjour. Suzangéleïla me regarde, fronce à nouveau les sourcils et me dit : − Je vous présente Amissapho Silc. Je suis nerveux. Que faire ? Je voudrais disparaître. Mais soudain je comprends ! Amissapho Silc ! A .S. ! Je fouille dans mon sac.
18 − Que voulez-vous ?, demande la femme du bureau. Je bredouille une phrase incompréhensible. − Excusez-moi, j'ai mal saisi. Je lui tends l'agenda et lui dit : − C'est à vous ! Elle me sourit. − Mais oui ! Merci beaucoup ! Je le cherchais partout ! Je tourne les talons pour sortir du bureau. − Attendez ! Je me retourne. Elle ouvre un tiroir et dit : − Vous m’avez rendu un énorme service en me rapportant cet agenda ! Pour vous remercier, voici un billet d'avion pour la destination de votre choix. Pour la destination de mon choix ! Mais alors... Je vais pouvoir aller voir mon ami à l’autre bout du monde dès les prochaines vacances ! On dirait que la curiosité n’est pas toujours un vilain défaut.
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« Et un grand moment de plaisir : l’arrivée des épreuves. J’aime corriger, corriger encore... Et encore un peu. Puis encore un nouveau coup d’œil avant d’envoyer le BAT (bon à tirer) à l’éditeur. Après cet envoi, il m’arrive souvent − comme pour nombre de collègues écrivains − d’avoir un manuscrit blues. Se sentir d’un seul coup complètement vide. Inutile. Mais une nouvelle idée vient souffler à nouveau sur les braises. Et c’est reparti pour un tour ! » Mouloud Akkouche
20 Collège Jules-Michelet Mouloud Akkouche a animé des ateliers d’écriture au collège Jules-Michelet, auprès de Mehdi, Zakaria, Farfari, Adem, Nesrine, Chaïma, Mélissa, Abdallah, Larafi, Omer, Mariam, Halima, Lenny, Syrine, Camélia, Imaine et Imad, élèves de 6eF et des élèves de CM2 de l’école Jean-Moulin. Ces rencontres ont été suivies de temps de réécriture en classe avec l’aide de leur enseignante, Aurore Biyong, et de Ghislaine Esmilaire, documentaliste.
Rendez-vous : lundi 29 juin 2009 à 21h29 à Paris – Saint-Denis avec un inconnu Aujourd'hui, c'est le lundi 29 juin 2009 et il est 17h. Je me promenais dans la gare de la Part-Dieu quand j'ai trouvé un sac abandonné aux initiales A.S. En fouillant dedans, j'ai vu un agenda dans lequel il y avait des rendez-vous. Il m'a intéressé : rendez-vous lundi 29 juin 2009 à 21h29 à Paris, à Saint-Denis avec un inconnu car il n'y avait pas de nom. Pourquoi ne pas y aller ? Il y avait un train à 19h... À force de doutes, j'ai fini par me décider et par sauter dans le train : sans billet ! J'ai fraudé... Donc, pour ne pas me faire prendre, je me suis caché dans les toilettes. Jusqu'à ce qu'un inconnu frappe... Voyant que je ne sortais pas, il est allé chercher un contrôleur qui m'a fait sortir en me menaçant. Me demandant mon billet, il s'est rendu compte que je fraudais et m'a indiqué que la police m'attendrait sur le quai à notre arrivée. En effet, des agents m'ont amené au commissariat. Je leur ai expliqué que je n'avais pas eu le temps de prendre mon billet, que j'étais pressé. Ils m'ont quand même mis une amende de deux cents euros. J'étais très énervé quand ils m'ont laissé partir. Je me suis quand même dirigé vers le rendez-vous. Je suis allé en direction de Saint-Denis. Arrivé là-bas, je me suis assis sur un banc, lieu du rendez-vous. Par terre, j'ai vu une lettre. Je l'ai ouverte et il était écrit : « Désolé, je ne pouvais pas me rendre au rendez-vous. Mais si tu veux on se verra le jeudi 3 juillet à 19h30 à Vénissieux, devant Simply Market ». Quelle journée ! Tout ça pour rien. J'étais trop énervé. Je suis rentré. Le 3 juillet, je décide d'aller en découdre avec celui qui m'a fait perdre deux cents euros pour rien. À 19h20, je suis allé à Vénissieux et j'ai vu... La Fouine ! Mon rappeur préféré. J’étais trop content. J'ai bien fait de tenir le coup... Je l'ai invité à venir boire un verre. Trop sympa, il m'a proposé de me faire tourner dans le clip de son nouvel album. J'ai trop de chance ! Adem Farfari
21 Rendez-vous : jeudi 14 janvier avec S. dans un café à 15h30 La galère Ce jeudi 14 janvier, je mets mon manteau et je sors de mon appartement. Pas possible ! L'ascenseur est encore en panne. Je suis obligée de descendre les vingt étages par les escaliers. Enfin arrivée dehors, je prends le taxi car je n'aime pas les transports publics : ça pousse, ça crie, et aujourd’hui ce n'est pas vraiment mon jour. Je suis arrivée à la gare de Vénissieux. J’étais obligée de descendre à la gare parce que le taxi ne pouvait pas m’emmener à la Part-Dieu. J'ai donc pris le train. Arrivée à la PartDieu, j'ai retrouvé ma copine. Nous sommes parties manger puis boire un café. Nous avons aussi décidé de faire les magasins. Dans une boutique, je vois un sac noir Nike au beau milieu du magasin. Personne ne l'a vu. Je demande, mais personne ne sait à qui il est. Je regarde dedans, et je vois un agenda. Dans cet agenda il y a des rendez-vous. Il porte des initiales A.S. Je le feuillette et lis le dernier rendez-vous : « Rendez- vous jeudi 14 janvier avec S. dans un café à 15h30 ». C'est aujourd'hui. Pourquoi ne pas y aller ? C'est amusant et je pourrais peut-être rendre le sac... Mais je voulais en savoir plus et en fouillant encore, je vois une carte où est écrit : « A-S PRODUCTEUR DE VIN ». Je m'excuse auprès de ma copine et je pars vite. Après tout, cette personne, cet A-S, doit chercher son sac... Enfin arrivée au rendez-vous, j’entre dans le café. Dans le magasin de vin, je montre le sac à tous les employés, mais il n'appartient à personne. Je demande enfin à une employée si elle reconnaît ce sac : « Mais c'est mon sac ! Je vais appeler la police ! − Non, madame, je vais vous rendre votre sac ! Remarquez qu’à cause de vous, j'ai passé des heures et des heures pour trouver votre café, pour vous rapporter le sac, et vous m’accueillez comme ça ! Je retiens ! − Excusez-moi, madame, vous êtes aimable. Merci. Il y avait tous mes papiers. Encore merci. Vous voulez quelque chose à boire ? − Oui ! Un bon diabolo fraise. Il fait très chaud ! − Bon encore merci. Je vous l'apporte tout de suite ». Après avoir bu mon verre, je lui ai dit au revoir. Je suis rentrée chez moi. Encore vingt étages à monter !
Camélia Aissa
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Rendez-vous : lundi 2 janvier au cimetière de Vénissieux à 0h45 avec un homme Assassin
Un beau jour, j’étais à la Part-Dieu pour acheter un ordinateur. Mais, à côté d'un banc, j'ai vu un sac abandonné. Je l'ai ouvert et il y avait un agenda avec les initiales A.S. Il y avait un rendez-vous le lundi 2 janvier, au cimetière de Vénissieux à 0h45 avec un homme. Pourquoi ne pas y aller pour rendre le sac ? Ce serait drôle. Le lendemain, le jour du rendez-vous, je monte dans le bus. En allant au fond du bus, je repense aux initiales A.S : et si c’était pour dire assassin ? Je commence à avoir peur ; je vais peut-être être une cible. Il faut que je fasse attention. Je descends du bus juste devant le cimetière, je rentre dans le cimetière et, soudain, j'entends un cri terrible. Je cours vers le son ; il y a un homme à terre, mort, avec un couteau en travers de la gorge. Un autre homme surgit tout à coup des buissons pour me tuer à mon tour. Je réussis à esquiver ses coups. Il me hurle : « Donne moi ce sac, connard ! ». Je lui remets vite et je m’enfuis. J'attrape le premier bus qui passe. Ça m'apprendra à vouloir rendre service... Lenny Bechekir
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Recueil confectionné à la main par les élèves de 6e F du collège Jules-Michelet.
24 École Jean-Moulin Textes écrits par les élèves de CM2, avec l’aide de leur enseignante Claire Morisot et de Mouloud Akkouche.
Rendez-vous : dimanche 21 janvier à 19h52 À City Malki (Algérie) avec Demel Jabouze, footballeur Ce matin, j'arrive en Algérie. Je pars dans l’hôtel cinq-étoiles que A.S. a réservé. Je m'allonge dans mon lit et je dors jusqu'à ce que mon réveil sonne. Je me lève, je prends ma douche. Je regarde par la fenêtre, quand le téléphone sonne. Je réponds : c'est Demel qui appelle. Il me dit de le retrouver dans un snack, à 19h52. Je prends le tramway pour me rendre au snack. Sur le chemin, une personne tire une pierre sur le tram. Le tramway s’arrête pendant quinze minutes puis redémarre. À un autre arrêt, un rail manque. Il s’arrête, je descends du tram et je vais à pied au rendez-vous. Je rentre dans le snack mais je ne trouve personne. Je rentre à l’hôtel, déçu. Je demande les clés de ma chambre. Le réceptionniste me les donne et me dit que quelqu'un m'attend devant ma porte. Je monte, je trouve Demel qui m'attend. Je lui dis de rentrer. Je lui explique que j'ai du retard à cause des arrêts imprévus. Je lui donne les médicaments et lui me donne une place pour assister à son match le 22 janvier. Il me dit que je pourrais m’asseoir sur le banc des remplaçants. J’étais étonné, car c’était la première fois qu’on me disait ça et la première fois également que je pourrais m’asseoir sur le banc avec les remplaçants. Ce soir-là, je suis allé au match et je me suis mis sur le banc. À la deuxième mi-temps, Demel se blesse et se fait emmener par les secours : il a une entorse. L'entraîneur me voit sur le banc. Il m’ordonne de le remplacer. J’ai un peu peur de jouer dans un vrai match. Au début, je joue mal, mais après, je n’ai plus peur et je joue mieux. À la quatre-vingt-dixième minute, je marque un but. Je suis content. Puis, les remplaçants disent que je ne suis pas un joueur de l'équipe. Il disent à l’entraîneur de me sortir mais il ne veut pas car il souhaite m’engager comme joueur. À la fin du match, l'entraîneur me demande de devenir attaquant de l'équipe. Je lui dis oui mais à une condition : que Demel devienne capitaine de l'équipe. Il accepte, alors Demel et moi devenons amis. Abdelkrim Babouche
25 La hèbs* ça rend malheureux ! Moi, je m'appelle Kizou Defah et je suis un homme normal : je suis heureux, malheureux, joyeux, nerveux mais pas souvent. Je suis un peu énervé parce que j'ai fait huit ans de prison. Je sors, je vais dans un autre pays et c'est reparti pour cinq mois de prison. J'en ai marre, j'ai des veines sur le crâne qui sortent. Ma femme me dit : − Arrête, Defah, calme-toi ! − Quoi, comment j'peux m'calmer, j'sors de taule, j'vais dans un bled et encore des poulets qui me suivent, j'en ai marre des keufs. − Mais calme-toi, rince-toi la figure, et va t'allonger. Tu verras, ça va aller mieux. − D'accord, j'y vais. Après avoir terminé tout ça, j'ai envie d'aller à Paris. Je vais à la Part-Dieu... Je m’assois et j’entends des annonces : « Quelqu'un a perdu un sac dont les initiales sont : A.S. » Après trois annonces, je vais le chercher, je vois un agenda, et je vois un rendez-vous. Je vais à ce rendez-vous : − Bonjour. − Bonjour. − Alors, où est la marchandise ? − Quelle marchandise ? − La drogue, sale con ! − Tu sais quoi ? − Non. − J'me casse, j'veux plus aller en taule. − OK, j'te flingue. − Juste essaye pour voir. − OK. Après plusieurs menaces, je prends son flingue, je l'explose et je me casse après lui avoir tout donné. Il se fait arrêter, va en prison et moi, je termine tranquillement ma vie à Paris avec ma femme et mes deux enfants.
Anès Benchelalli
* La hèbs : La prison
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Rendez-vous : le 8 février à 14h30 Sur les Champs-Élysées avec Fatoumata Doucouré
Cet après-midi, j'ai rendez-vous avec Fatoumata Doucouré aux Champs-Élysées. Je me demande vraiment si je dois y aller, et si j'ai bien fait de prendre cet agenda. Peut être va-t-elle me poser des questions auxquelles je ne saurais même pas répondre. Je ne sais rien sur la vie d'A.S... J'essaierais d'inventer. Je prends ma voiture puis je regarde bien l'agenda et je démarre. Je me rends aux Champs-Élysées, je vais dans le parking sous-terrain. Il fait tellement noir que j'ai peur et j'allume mes phares. Je me gare, je prends mon portable pour regarder la carte. Je sors du parking, je trouve le restaurant et je vois une dame avec deux enfants qui me dit : − Vous êtes Aminata Sissoko. − Oui, bien sûr. Elle me propose d'aller dans un restaurant africain pour parler. Je la fais monter dans ma voiture. On est arrivé au restaurant. Je dis : − Le restaurant est très beau, il y a beaucoup de couleurs, j'aime bien. − Moi aussi j'aime bien, c'est mon restaurant préféré. Elle me dit : − Où en êtes-vous pour la préparation de la robe de mariée ? Je ne sais pas quoi dire... Fatoumata avait rendez-vous avec A.S pour parler du mariage de leur copine d'enfance ! − J'ai bientôt fini, il me manque juste les petites fleurs. − Ah, d'accord. Puis on ressort et on va dans un parc. Ses enfants jouent, on parle. Elle me dit : − As-tu un enfant ? − Non, je n'ai pas d'enfant. Puis je la raccompagne chez elle et je retourne chez moi. Je ne sais même pas coudre une robe de mariée. Sakho Zineb
27 Unité Éducative d’Activité de Jour Ce scénario a été imaginé par Fayçel, Yassine, Rida et Patrice dans le cadre d’un stage d’écriture animé par Mouloud Akkouche auprès des jeunes de l’UEAJ, en partenariat avec Traction Avant et avec l’aide de Malika Matari, éducatrice.
En vol Après son évasion, Hafid Dablanc, braqueur en cavale, souhaite renouer le dialogue avec sa mère avant son départ... Décors : gare, quai, un banc un parking de supermarché une salle de restaurant une rue
Personnages : Hafid Dablanc Hafid Dablanc (enfant) Fatima Dablanc (mère d'Hafid) Enzo (complice d'Hafid) Malik (usurpateur d'identité) Le serveur Une hôtesse d’accueil « objets trouvés » Trois collègues de travail de Fatima Dablanc
Séquence 1− EXT. / GARE / MATIN Malik, yeux rougis par le manque de sommeil, est assis sur un banc dans une gare. Il ne cesse de bâiller. Il penche la tête et regarde ses pieds. Son mobile sonne. MALIK : Allô ! Il fronce les sourcils. Encore raté. Il secoue la tête. Jamais je trouverai de taf ! Il coupe son mobile et soupire, l’air abattu. Voix off : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales AS est priée de venir le récupérer aux objets trouvés ».
Séquence 2 − EXT. / GARE / MATIN Soudain, Malik se lève et se dirige à grands pas vers l’accueil. Une hôtesse d’accueil se trouve derrière le guichet. MALIK : Bonjour. Ce sac est à moi.
28 L’hôtesse d’accueil le dévisage. Elle prend le sac et le pose devant elle. HÔTESSE D’ACCUEIL : Je peux voir votre pièce d’identité s’il vous plaît ? Malik blêmit. Le téléphone de l’accueil sonne. L’hôtesse décroche. Malik s’empare du sac et s’enfuit de la gare.
Séquence 3 − EXT. JOUR / PARKING CARREFOUR Assis dans une voiture, Hafid pianote nerveusement sur le volant. Il est équipé d’un kit mains libres. Sur le tableau de bord de sa voiture, un billet d'avion pour Panama est posé... Il ouvre sa vitre et pose son coude à la fenêtre. Il consulte sa montre. HAFID : Qu’est-ce qu’elle fout ? Il pianote sur son mobile. Allô ! Il cogne sur le tableau de bord. Encore c’te putain de boîte vocale ! Il raccroche. Sors sur le parking ! Il faut que je te voie ! Il sort de la voiture, regarde fébrilement autour de lui puis remonte dans son véhicule. La porte de Carrefour s’ouvre.
Séquence 4 − EXT./ RUE / JOUR Malik regarde un agenda puis le ferme, le remet dans le sac et passe un coup de fil en marchant sur un trottoir. MALIK : Ouais, c’est Malik. Oh, t'sais quoi ? J'suis tombé sur un agenda d'un mec qui a un rendez-vous aujourd'hui avec Hafid Dablanc ! Ouais Hafid Dablanc, tu sais le gars qui fait tous les casses... Ben j'y vais... Tu sais à quoi y r'ssemble ? Il tourne à un coin de rue.
Séquence 5 − EXT./ PARKING CARREFOUR/ JOUR Nerveux, Hafid fait les cent pas près de sa voiture. Il s’arrête plusieurs fois et fixe la porte d’entrée du Carrefour.
Séquence 6 − INT. / RESTAURAUT/ JOUR Malik s’approche d’une table occupée par Enzo qui pianote sur son ordinateur portable. En apercevant Malik, il ôte ses écouteurs et l’invite d’un geste à s’asseoir. ENZO (large sourire) : Bonjour, cher monsieur.
29 Malik s’installe en face de lui. Enzo consulte sa montre. Pile à l’heure. Il lève le pouce. J’aime les gens ponctuels. On peut leur faire confiance. Vous désirez un apéritif ? MALIK : Un Perrier. Enzo lève la main. S’il vous plaît ! Un Perrier et un whisky glace ! Les deux hommes s’observent. Malik, pas très à l’aise, esquisse un sourire. MALIK : Monsieur Dablanc, je... ENZO (il fait un clin d’œil) : Appelez-moi Hafid, c’est pas plus cher. Le serveur arrive et dépose les consommations. Enzo boit une gorgée de whisky. Vous êtes sûr que vous pouvez le faire ? Malik se frotte la joue. MALIK : Bien sûr. ENZO : En plus, des faux papiers, je veux changer de (il se passe la main sur le visage)… vous comprenez ? Une autre vie, une autre tronche. Malik acquiesce de la tête. Vous avez un contact pour un bon chirurgien ? MALIK : Pas un bon. Enzo se redresse et fixe méchamment Malik. Un très bon ! Éclat de rire d'Enzo. Séquence 7 − EXT./ PARKING CARREFOUR/ JOUR Un rire à la radio. HAFID : Pas drôle, sa vanne ! Fatima Dablanc sort du Carrefour et s’arrête sur le seuil, salue ses collègues de travail. Elle jette un regard circulaire, repère la voiture de son fils, part dans la direction de la voiture, passe devant lui sans s'arrêter... HAFID : M’man ! FATIMA : Qu’est-ce que tu veux ? Il danse d’un pied sur l’autre. HAFID : Ben, je... Maman, tu sais que... FATIMA : Non, moi j'ai plus de fils, il n'existe plus, je l'ai perdu y a longtemps, bien longtemps... C'est bon... Toujours la faute des autres...
30 Elle se retourne et s’éloigne. On voit le visage de la mère triste mais déterminée. Et derrière elle, le visage de Hafid, l’air perdu, avec une larme qui roule le long de sa joue. Il veut un dernier regard de sa mère, il la rattrape, lui pose la main sur l'épaule, elle se retourne excédée... Séquence 8 − INT. / RESTAURANT / JOUR La porte battante de la cuisine s’ouvre sur le serveur. Il passe devant la table d'Enzo et Malik. Malik se lève. Il tend la main à Enzo toujours assis. MALIK : Affaire conclue ! Les deux hommes se serrent la main. Séquence 9 − EXT. / PARKING CARREFOUR / JOUR Soudain on voit Hafid Dablanc, enfant, face à sa mère. Il lui sourit... Elle lui sourit attendrie. Le gamin part en courant, à proximité de la voiture on entend un flash radio pendant que l'enfant poursuit sa course. Voix off (flash radio) : « Flash spécial : coup de filet ce midi dans un restaurant lyonnais où la police qui tentait d'interpeller Hafid Dablanc l'ennemi public numéro 1, a arrêté deux individus dont un de ses complices qui se faisait passer pour lui. À l'heure où nous parlons, Hafid Dablanc est toujours en cavale, depuis son évasion ». Kaléidoscope d'images autour de l'enfance, avec course de l'enfant pour arriver à cette phrase incrustée : « Je crois qu'il profita pour son évasion d'une migration d'oiseaux sauvages » Antoine de Saint-Exupéry.
31 « ... je me sens belle et intelligente dans ses yeux, plus forte que tous les livres de la ville. Je sais qu’il a en lui tous les mots que je n’aurai jamais, ces mots comme des pays lointains... » Mouloud Akkouche, extrait de l’anthologie Soleils de midi. Pour saluer Albert Camus (éd. La passe du vent, 2013).
32 Cinéma Gérard-Philipe À l’occasion des rencontres cinéma et littérature Hors Cadre, le cinéma Gérard-Philipe accueillait un stage d’écriture de scénario ouvert à tous, animé par Mouloud Akkouche. Jean, Anne-Claire, Lise, Isata, Ebenezer, Ludmila, Leslie, Aimé, Monique, Valérie, Santy et Christine y ont participé.
EXT./ QUAI DE LA GARE/ JOUR Blandine arrive sur le quai en gueulant, au moment où le train est en train de partir – déjà lancé. Mon saaaac ! Arrêteeeez ! J’ai oublié mon saaaaaac ! Elle s’écroule en pleurant, s’assoit ou plutôt se laisse tomber au sol en pleurant. Gros plan sur le téléphone. On entend une voix au loin : Allo ? Allo ? Blandine, réponds-moi ! Blandine ! Réponds ! Plan moyen : Elle reprend le téléphone très lentement, parle en hoquetant : J’ai... j’ai lai... laissé m... mon sac... d... dans le train, je... je... suis trop conne, c’est mon père qui a raison... je suis nulle... Gros plan sur ses mains, ongles rongés, peau blanche, transparente, tremble. Elle sort un kleenex de son sac à mains. Plan moyen : se mouche bruyamment. Tu vois, Léa... toi t’es une amie, une vrai... mais ma vie, c’est de la merde, là, j’en ai marre... (voix décidée) j’vais pas rentrer, Léa. De toute façon, je suis pas une bonne colocataire... (voix plus forte, elle crie presque) Tu trouveras mieux, et puis tu auras pas à te soucier de moi, comme ça... tu sais ce que je vais faire, là ? Je vais me jeter sous un train... le premier venu... Plan large de la gare déserte, rails vides. Plan rapproché : Blandine se remet à pleurer de plus belle : Mais des trains, y’en a même pluuuus... Plan large en plongée du quai. [...] Blandine reste assise par terre, attitude un peu prostrée, le téléphone à l’oreille. La conversation continue mais on n’entend pas. Puis, peu à peu, toujours d’en haut, on la voit se lever péniblement. Plan rapproché : Tu crois Léa ? (se mouche) Tu es sûre ?... Quelqu’un ?... On aurait pu le trouver ?... Les contrôleurs ?... Tu crois qu’ils vérifient les sièges ?... Gros plan sur ses mains à nouveau qui fouillent son sac à main. Elle prend un médicament. Gros plan sur le visage : l’avale d’un coup sec. Essuie ses yeux. Respire fort. Plan moyen : marche, se dirige vers les escaliers, mais comme un blessé de guerre. [...] Ludmila Safyane
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L’improbable voyage Séquence 1 − INT./ GARE/ FIN DE JOURNÉE Salle d'attente, face au tableau d’affichage des trains grandes lignes. Une femme, la cinquantaine, tailleur-pantalon marine, mocassins et petit sac de voyage beige. Assise l'air pensif, elle regarde défiler les annonces. Un départ s'efface, un autre s'affiche avec retard. Gros plan sur le personnage. Voix off : « Dans une semaine, j'ai cinquante ans, je suis là seule comme une conne à me demander si je vais ou non m'offrir un week-end. Oui, mais où et quand ? Ras le bol, de cette vie de merde avec ces abrutis, qui ne pensent qu'à leur retraite et à leur avancement. Vivre... un peu (elle marque une pause, soupire) avant qu'il ne soit trop tard. Le haut-parleur de la gare : « La personne ayant oublié un sac portant les initiales A.S. est priée de venir le rechercher à l'accueil ». Elle hausse les épaules. Voix off : « Stupide, signaler les initiales ». La femme se tasse sur son siège, l'air las. Son regard va du tableau d'affichage aux voyageurs qui courent vivement vers les escalators. Marseille a disparu, Lille-Europe partira à 17h30 de la voie A. [...] Lise Pluzet-Rochette
34 Le marché des mots Accompagnés par une équipe de « récolteurs de mots », composée de l’équipe de l’Espace Pandora et du comédien Philippe Séclé, les passants des marchés des Minguettes et du Centre ont été invités à déposer leurs histoires, poèmes ou pensées autour du thème « Chaque jour est un voyage », pour un moment d’écriture en plein air !
Je cours, le temps passe, la peur d’être en retard. C’est le dernier rendez-vous. Enfin j’arrive à point, la cabine se referme. Juste le temps de voir sa silhouette qui me fait coucou de la main. Une larme chaude triste me coule sur le visage. Souvenir. Me restera le nom, ton nom me restera, Saint-Exupéry, l’envol de mon amie. Jimmy Une attente, des frissons, on attend et on trouve. Trop longtemps que je ne l’avais pas vu, mais enfin, on y est. Elle avait grandi, mais toujours la même. Merci de m’avoir donné une telle fille ! François
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Je voudrais partir en voyage dans un pays où les gens sont sincères et pas menteurs ! Jamel Aujourd’hui, je suis allée à la gare pour prendre un billet pour la direction LIBERTÉ. Au guichet, le cheminot n’a pas compris. J’ai épelé L-I-B-E-R-T-É. Son visage s’est illuminé. Il a compris, m’a comprise. Il m’a donné le billet, en a pris un autre. Nous sommes partis dans le même train, la même direction. B. A.-B.
Aller au pays du soleil, se changer les idées. Laisser tout derrière soi sans oublier les enfants et petits-enfants. Quoi faire ? Partager entre son pays et le pays d’accueil ? Anonyme
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Des mouchoirs, des petites pièces, des biscuits, un porte-monnaie, dans un sac oublié. Anonyme
Ma femme me fait voyager. Quand je pense à elle, j’ai l’impression de découvrir des espaces naturels magnifiques. David
Un rendez-vous manqué ? Il y a vingt-quatre ans, j’avais donné rendez-vous à un homme que j’avais rencontré. Il est resté plus de trois heures à attendre et après il est parti. Mais depuis, on s’est rencontré. Il m’a fait ce jour-là cadeau d’un maillot de bain. Et depuis, on s’est marié et on est très heureux. Bernadette
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Un rêve de départ en train... Je rêve de prendre le train, loin de tout, à la conquête du monde. Betty
Gare routière Gare de chemin de fer Gare de triage VOYAGE G. R.
Monsieur Brasseau, nous sommes ici à l’aéroport SaintExupéry. Que pouvez-vous me dire sur cette époque de la Résistance ? Lui : Beaucoup de choses, mais hélas, j’ai un avion à prendre. Jacques
38 Sur la toile Deux nouvelles ont été sélectionnées parmi les 64 histoires reçues par internet, suite à l’appel à textes envoyé par Mouloud Akkouche pendant sa résidence littéraire. Extraits :
Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai volé l'agenda. Depuis la rencontre avec le poète Pirouette, je n'ai pas réussi à me faire à l'idée de ne pas le remettre en personne à sa propriétaire. Je suis retourné au Café de la Paix. J'avais juste dans l'idée de demander au patron si la fameuse Adria était passée pour le récupérer. Je me suis placé tout au bout, près de la caisse et j'ai attendu que quelqu'un se présente. Il était à peine onze heures. Une heure où les clients ne se bousculent pas encore. Pas de serveur, ni de patron, sans doute occupés dans une arrière-salle, et j'ai brièvement passé le nez par-dessus le comptoir, pour aviser l'endroit même où j'avais vu le patron poser l'agenda. Il était toujours là. Je fus déçu mais aussitôt je compris que j'étais la chance de cet agenda. C'était à moi de poursuivre la quête. Mon bras se détendit à une vitesse qui me surprit moi-même, et dans la seconde je serrais le précieux agenda. Personne n'avait pu me voir. Il n'y avait qu'un client de dos. Je songeais immédiatement que s'il m'avait aperçu j'étais grillé. Mais il était plongé dans les pages du Turf, en train de griffonner des chiffres. « Vous prenez quelque chose ? ». [...] Christian Creseveur
39 Tant qu’à faire... Le rendez-vous avec Nordine Hamadaoui est fixé au mercredi 16 janvier, quatorze heures, à Science Po Lyon. Un entretien avec un juriste ne peut que m’être utile. J’ai grandement besoin de conseils suite à la grosse bêtise que j’ai commise lors de la soirée du Nouvel An. Avec un peu de chance, il n’a jamais rencontré le fameux A.S, celui dont j’ai récupéré l’agenda à la gare de Lyon Part-Dieu. Je me présente au rendez-vous, à l’heure s’il vous plaît. Je m’introduis à la secrétaire avec mes supposées initiales, et celle-ci, après m’avoir examiné d’un regard rapide et dédaigneux, me demande froidement de patienter dans la salle d’attente déjà (ou toujours) pleine. Nerveux, je feuillette quelques magazines, n’interrompant ma lecture que pour consulter ma montre. Le temps file. Il est quinze heures cinq quand on appelle monsieur Albert Samborit. Je mets un peu de temps avant de percuter mais, je crois que c’est moi qu’on appelle. Je vérifie quand même autour de moi qu’il n’y a pas d’autre Albert Samborit prêt à se manifester, puis je me lève et suis le juriste jusqu’à son bureau. Sans prendre la peine de me regarder, il m’invite à m’asseoir puis me tend une main distraite que je sers. Il est absorbé dans la lecture d’un dossier, probablement mon dossier... heu, celui de A.S, je veux dire. Au bout de quelques secondes, Nordine Hamadoui se rend enfin compte que je suis là et que j’attends. Il commence donc son discours : « Docteur Samborit, cette affaire est d’une gravité sans précédent ». Docteur ? Je suis docteur ? Enfin, A.S est docteur ? Je ne l’aurais pas pensé en lisant son agenda. Nordine Hamadoui poursuit : « Le meilleur conseil que je peux vous donner, c’est de laisser les choses se tasser. Partez en vacances, faites-vous oublier. Avec un peu de chance, vos supérieurs ne monteront pas sur l’affaire ». Quelle affaire ? Je décide quand même de faire celui qui sait de quoi il s’agit : « Vous croyez que je dois m’enfuir ? Que je dois m’évader comme... Albert Spaggiari s’est évadé de prison ? − La comparaison est intéressante mais... oui, c’est ça. Les faits sont graves. − Grave ? À quel point ? − La patiente est morte, je vous le rappelle. Et votre taux d’alcoolémie était... bien au-dessus de la normale. Vous n’auriez pas dû vous rendre au travail ce jour-là. Croyez-moi : le mieux, c’est que vous vous fassiez oublier. C’est dans votre intérêt. − Vous êtes sûr ? ». C’est de toute évidence offensé qu’il me répond : « Évidemment, que j’en suis sûr ! En qualité de juriste spécialisé en droit médical, je ne pourrais pas vous donner de meilleur conseil ». Juriste en droit médical ? Merde alors... il ne me sera d’aucune utilité, concernant ma bêtise du Nouvel An. [...] Mikhal K.
40 Journée de clôture Hors Cadre La résidence littéraire s’est terminée lors d’un après-midi convivial le dimanche 14 avril 2013 au cinéma Gérard-Philipe, pendant le festival Hors Cadre. Dans un décor et une ambiance sonore de hall de gare créés pour l’occasion, les participants accompagnés de Mouloud Akkouche et de Claire Terral ont proposé des lectures sur scène et une exposition de leurs créations devant un large public.
41 « Chaque jeudi, je circulais très fier dans la plus belle BM de ma ville de Montreuil-sous-Bois. Que de voyages à portée de main dans la bibliothèque municipale ! » Mouloud Akkouche extrait de Voyage en BM, Bulletin des Bibliothèques de France
42 Au-delà de la résidence... Cette seconde partie du recueil Un an d’écrits à Vénissieux donne à voir une sélection de textes écrits en atelier d’écriture tout au long de la saison 2012 /2013 à Vénissieux, au-delà de la résidence littéraire.
• Entreprise Peugeot SLICA • Centre social de Parilly • Centres sociaux des Minguettes • Collège Elsa-Triolet • Collège Paul-Éluard • École Anatole-France • École Paul-Langevin • École Jean-Moulin • Jardin de l’Envol • Jardin de la Passion • Espace Pandora... Avec les écrivains Jean-Baptiste Cabaud Hassan Guaid Judith Lesur Geneviève Metge Marc Porcu Thierry Renard Barbie Tue Rick
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Texte collectif écrit par quatre salariés de l’entreprise Peugeot SLICA lors d’une formation avec le poète Thierry Renard.
44J’ai un coup de foudre car ma copine est très belle et elle me parle tous les jours. Je la protégerai. Je sais ce que je ferai, je lui achèterai un bouquet de fleurs. Voilà ce qu’il me faut ; je vais me nocer avec Léa. Souhail El Bousfi, 10 ans (Centres sociaux des Minguettes)
Je préfère un coup de foudre à un coup de poing le premier me touche au cœur le second me met K.O.
La nuit des temps Il pleut très fort La rencontre arrive Un regard, un sourire Le coup de foudre est là Soline (École Anatole-France)
Leonardo Fortes Timas (Collège Paul-Éluard)
De nombreux ateliers d’écriture ont été menés sur la commune avec les « dix mots ». Un temps fort a donné à voir et entendre les créations pendant la Semaine de la langue française et de la francophonie à la médiathèque Lucie-Aubrac, le 21 mars 2013. Les « dix mots 2013 » : atelier, bouquet, cachet, coup de foudre, équipe, protéger, savoir-faire, unique, vis-à-vis, voilà.
45 Le poète Jean-Baptiste Cabaud a mené des ateliers de haïku au sein de trois classes de CP et de CE1 de l’école Jean-Moulin, sur le thème de la ville :
Les voitures rêvent De passer Au feu rouge Soukaïna
Dans la rue Des arbres bougent Les enfants courent autour Abdellah
L’épicier jette du poivre Sur les passants Atchoum, ils éternuent Classe de madame Menni
Le jardin de la Passion (Darnaise) et le jardin de l’Envol ont accueilli l’auteur Hassan Guaid pour des ateliers d’écriture. Un temps convivial en plein air a permis à chacun d’échanger ses textes. Abdel rend hommage à cette rencontre chargée d’émotions :
Pour Hassan ... Il est arrivé un jour, On était tous là, Le sourire aux lèvres, Il était tellement sympa. Autour d’un verre de l’amitié, Les paroles s’envolent à tout va. Il était notre frère, notre ami, Le cœur gros comme ça, Autour de lui, tous joyeux, On racontait n’importe quoi.
Salut à toi, camarade écrivain, Hassan, notre ami, notre frère, Tu as réveillé peut-être en nous, Quelque chose enfoui en profondeur. Tu es parti comme tu es venu, Avec un grand sourire, Mais nous sommes contents et heureux de t’avoir connu, Merci, merci de tout cœur. Abdel
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À l’occasion du 18e festival Parole Ambulante, des ateliers d’écriture ont été proposés au centre social de Parilly par la slameuse Barbie Tue Rick. Ce texte collectif a été créé par Ali, Arezki, Aïcha, Christina, Bachir, Tamara, Garmia, Humda, Jivodar et Benkheira, de l’atelier socio-linguistique, avec l’aide de Jacky, Monique et Ghyslaine, puis lu lors d’une scène ouverte au Café de la Paix.
Là où il y a la mer, les vagues, les mouettes Là où on ne voit pas les mouettes parce qu’il fait nuit Là où mes filles et moi, entre nous complices Là où nous avons des verres qui pétillent Là où les lumières, les couleurs illuminent la nuit Là où la fraîcheur de la promenade avec mon mari Là où elle m’a rendu beaucoup d’espoir, la joie et les mots de deux amoureux Là où est l’enfant vanille, il fait beau, il crie à la mère, chante et rit Là où j’ai grandi dans le jardin du bonheur du côté de toi mon grand-père D’enfance de joie les étés passés, Là où je me suis demandé : est-ce que le soleil s’est couché ? Là où les hirondelles ont abandonné BAÏCUSTESTI
[...] D’avoir descendu l’escalier avec le café D’avoir crié à l’hôpital où on écoute exactement le bruit des ambulanciers D’avoir tourné la tête, mon fils à côté de moi un samedi D’avoir crié Amin, Amin, Amin dans le parc D’avoir couru à droite, à gauche D’avoir pleuré quelqu’un qui est malade et la fin des études Maladie noire, la peur, la tristesse... six ans d’hôpital D’avoir perdu ma mère et manqué de sa présence en silence Je regarde protéger les enfants et la nature Je regarde le cheval qui passe dans la rivière Je regarde les montagnes où il y a de la neige Je regarde les enfants jouer dans l’eau de la mer Collectif
47 La poète Geneviève Metge a animé des séances d’écriture à l’Espace Pandora dans le cadre du 18e festival Parole Ambulante, à partir de l’œuvre d’Albert Camus. Jacques, Claire, Malika, Odette, Syvlie L. et Sylvie G., Samira, Chantal, Fabienne, Didier, Franck et Alain y ont participé. En voici deux extraits :
C'est l'un des rares endroits où l'on peut flâner seule quand on est une femme sans risque d'être importunée. Je quitte la maison de mes amis qui surplombe Tipasa. Je vois à l'horizon, la mer et le ciel qui se mêlent. Je descends la rue qui longe la Minatech et mène à l'école primaire Hassiba-Benbouali, puis à l'esplanade de la Mosquée du village. Tout le long du chemin, je retrouve les trottoirs immenses, déchaussés, les petites échoppes, le café où sont attablés les hommes en attendant l'heure de la prière. Le petit square est toujours là. Je dévale les marches, traverse la rue. Je continue en direction du port. Je débouche sur ce qui autrefois était une plage en pente douce. Là, le port que j'ai connu n'existe plus. La mer a disparu. Face à moi, au loin, un immense mur. Une place goudronnée, avec des bancs. Et là, dans une eau sombre, stagnante et nauséabonde, les bateaux des pêcheurs avec les filets déposés sur les pontons en bois. Quelle déception ! Le port est complètement défiguré. On ne voit plus la mer. On l’entend. Elle heurte cette digue immense, censée protéger le village mais qui l’enferme. Il faut monter sur ce mur pour voir la mer. À gauche, le mont Chenoua, fier, qui se dresse et plonge dans la mer. À droite, l’anse où se lovent les ruines de Sainte-Salsa. Devant, les îlots jusqu’où nous nagions après la fermeture des ruines au public. Comme je regrette le petit port de pêche avec sa pente douce où les enfants se baignaient, où les vagues nous léchaient les pieds, où le poteau, vestige des Romains, planté dans l’eau était l’objectif à atteindre pour être un bon nageur. Malika Matari
Un souvenir plaisant [...] Il ne reste plus qu’à allumer, non ? « Je peux le faire ? », demande Claire. « Non, c’est dangereux », répond le grandpère avec un très fort accent espagnol. Tant pis, Claire restera spectatrice. Les allumettes sont rangées au-dessus de la lampe murale, dans un creux du mur, juste à droite de la grande cheminée. Son grand-père prend la boîte, en sort une allumette qu’il gratte et dépose doucement sur un des morceaux de papier. La flamme glisse rapidement, attirée par le reste de l’échantillon, tandis que la grande main du pépé se jette sur un autre reste froissé de journal. [...] Un grand bruit sec surgit du petit tas de bois. Le grand-père sourit et Claire demande ce qu’il se passe. « C’est le petit bois qui pète », dit son frère. Les crépitements se multiplient alors comme pour encourager le feu à poursuivre son festin. Le feu est enfin lancé et ses flammes dansent de plus en plus vers le conduit de la cheminée encrassé de suie. On ne parle plus, le grand-père reste dans l’étable avec ses petits-enfants. Tous ont les yeux figés droit devant et le visage brûlant de chaleur. Claire Esteban
48 Vauniguettes Au milieu de la nuit, Cinquante pianote sur un ordinateur. Le ronronnement du frigo et la frappe se partagent le silence. Depuis la mort de son père, il ne cesse d’écrire. Pour être publié et passer à la télé, comme pensent ses amis, persuadés qu’il rédige un texte sur la marche. Il l’évoque brièvement. Avec le recul et, malgré toute l’aigreur distillée depuis des années, Cinquante ne regrette pas les kilomètres de l’automne 83. Même si la guerre était perdue d’avance. Pas toutes les armes entre les mains, surtout les plus efficaces – invisibles et transmises de génération en génération. Pourtant au début, tous pareils, tous ensemble ; sauf au moment du partage des dividendes du rêve commun. Rêva-t-il plus haut que sa condition ? Désormais, c’est l’histoire d’un autre, le combat d’un gosse de vingt ans. Mais toute son existence, il se souviendra de son parfum, ses dents blanches, son rire, son corps infatigable sous les draps d’une chambre de bonne. Et sa joie. Quatre jours passés avec une étudiante à Paris. S’il n’avait pas paumé son numéro... Rien ne sert de refaire le match. Plus que deux heures pour terminer. Cinquante écrit une lettre, une très longue lettre, à ses deux gosses. Écrire ce qu’il ne saura leur dire, de vive voix, les yeux dans les yeux. Incapable de parler du plus profond de son être ; là où les trouilles se cachent et se taisent. Trop écrasé par un héritage de pudeur mêlé de virilité. Face à l’écran, il oublie « Un vrai homme ça ne pleure pas et ça meurt debout » maintes fois entendus par son père et d’autres. Et transmis à ses enfants. Des semaines qu’il écrit pour leur offrir la tendresse dont ses bras sont incapables. Les enlacer à distance. Qu’il sache qu’un homme a aussi des larmes. Et des doutes. Même le plus fort des darons a ses faiblesses. Son sac est prêt. Bientôt, il aura quitté Vauniguettes par le premier tram. Pour quelle destination ? Aucune idée. À part se rendre de ville en ville, seul. Pas qu’en France. Demain, il ne marchera pas pour un monde meilleur. Juste pour lui. À cinquante ans, apprendre à dire Je.
Mouloud Akkouche, extrait de Fuite en aimant, inédit, 2013
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50 Remerciements
L’Espace Pandora souhaite remercier la Ville de Vénissieux – en particulier le service des affaires culturelles et le service communication – qui a permis la réalisation de ce livret. Que soient également vivement remerciés, pour leur soutien, la Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, la Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône, la Région Rhône-Alpes, le Département du Rhône et Emmaüs-Lyon. Ont permis la réalisation de la résidence littéraire et des ateliers d’écriture le cinéma Gérard-Philipe, la médiathèque Lucie-Aubrac, la Direction Unique Prévention Sécurité et le service des marchés forains, le Pôle Territorial d’Éducation Artistique et le réseau de réussite scolaire Jules-Michelet, les centres sociaux des Minguettes, le centre social de Parilly, l’Unité Éducative d’Activité de Jour de Vénissieux, le centre associatif Boris-Vian, l’école Jean-Moulin, l’école Henri-Wallon, le collège Jules-Michelet, le collège Elsa-Triolet, le collège Paul-Eluard, l’école Anatole-France, l’école Paul-Langevin, le comité d’entreprise Peugeot SLICA, le jardin de l’Envol, le jardin de la Passion, la Plateforme de la jeune création franco-allemande, le Café de la Paix et toutes leurs équipes. Toutes et tous ont réservé un accueil chaleureux à Mouloud Akkouche lors de sa résidence littéraire ainsi que lors des rencontres avec les auteurs invités par l’Espace Pandora. Merci à Claire Terral, comédienne, qui a accompagné les habitants de Vénissieux pour la mise en voix de leurs textes, ainsi qu’au comédien Philippe Séclé pour sa participation au « marché des mots ». Nous tenons également à saluer les auteurs Marc Porcu, Hassan Guaid, Geneviève Metge, Judith Lesur, Barbie Tue Rick et Jean-Baptiste Cabaud pour leur présence et leurs contributions. Enfin, un merci tout particulier à Mouloud Akkouche qui a su plonger toute une ville dans une intrigue invitant au voyage. En quelques mois, il est devenu, à sa manière, un habitant de Vénissieux. Merci à Mouloud pour son implication et pour le souffle d’écriture qu’il a su partager durant toutes les rencontres.
51 Une résidence littéraire avec Laure Morali
© Delphine Zana
Après Moussa Konaté, Fabienne Swiatly, Joël Bastard et Mouloud Akkouche, c’est Laure Morali qui s’installera pour une résidence littéraire à Vénissieux, du 6 janvier au 6 avril 2014. Auteure de poèmes, de récits et de romans, elle a grandi en France et vit aujourd'hui au Québec. Elle mène également des projets éditoriaux sous le signe du rapprochement des cultures, et travaille entre autres à mettre en lumière la littérature amérindienne. Son site : www.lauremorali.net Elle poursuivra dans le sillon des précédents résidents pour inviter les Vénissians à écrire autour du thème de l’autre, dans divers lieux de la ville : « Dès que l’on écrit, on se rencontre sous un nouveau visage. Mais à partir du moment où l’on fait entrer l'Autre dans nos textes et en nous, c’est notre regard qui se lave, notre vision du monde qui s’élargit, notre langue qui se renouvelle, notre voix qui apparaît... Écrire permet de faire circuler le souffle du monde dans l’enveloppe des mots et comme les mots font partie de notre corps, l’écriture aide à mieux respirer, elle propulse. L'écriture est le seul pays que je connaisse où il fait bon se sentir un étranger ».
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Espace Pandora Agitateur poétique depuis 1985 Depuis plus de vingt ans, l’Espace Pandora est une association spécialisée dans l’action culturelle autour du livre et de l'écrit, et plus particulièrement de la poésie. Affirmant la nécessité de créer de nouveaux lieux et liens de la lecture et de l’écriture, l’Espace Pandora conduit de nombreuses actions et souhaite sensibiliser un large public à la littérature contemporaine sous toutes ses formes et dans tous ses états. Ainsi, l’association organise des manifestations littéraires et pluridisciplinaires dans la commune de Vénissieux, et plus largement dans la région :
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le festival Parole Ambulante dans l’agglomération lyonnaise, L’Autre Salon !, salon de l’édition et des médias indépendants à Grigny, le concours Quelles nouvelles ? destiné à favoriser l’émergence de jeunes auteurs, le Printemps des poètes à Lyon et agglomération, les rencontres cinéma et littérature Hors Cadre avec le cinéma Gérard-Philipe de Vénissieux, l’opération « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes.
Avec le désir de partager les mots et la langue, l’Espace Pandora met en place tout au long de l’année des ateliers d’écriture animés par des écrivains, au sein de structures sociales, scolaires, culturelles, pénitentiaires etc. Cette mission prend à Vénissieux une dimension particulière avec la mise en place d’une résidence littéraire associant les habitants de la ville. Enfin, l’Espace Pandora est un lieu ouvert à tous − situé au 7 place de la Paix à Vénissieux − proposant des lectures-rencontres, des formations, des expositions, des ateliers artistiques et un fonds documentaire spécialisé en poésie. L’équipe : Carole Bijou, Myriam Chkoundali, Marie Delorme, Jamel Morghadi, Thierry Renard et Marie-Caroline Rogister.
Édito
« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles » Oscar Wilde
L'écrivain Moussa Konaté, qui partageait sa vie entre Limoges et Bamako, entre deux cultures et deux continents, qui avait ouvert notre cycle de résidences d'auteur à Vénissieux, durant la saison 2009-2010, s'est éteint brutalement il y a quelques semaines, à l'âge de soixante-deux ans. Nous lui dédions, avec l'accord de Mouloud Akkouche, l'ensemble des pages de ce livret.
Un an d’écrits à Vénissieux.- Saison 2012/2013.- 52 p., ill., 15 x 21 cm.Photographie de couverture : © Marie Delorme Photographies intérieures : © Espace Pandora & Marianne Akkouche Conception graphique et mise en page : Myriam Chkoundali
1 an d’écrits à Vénissieux − Saison 2012/2013
Contacts
1an
d’écrits à Vénissieux Saison 2012/2013 Textes d’ateliers d’écriture Fragments de résidence
Direction des affaires culturelles Hôtel de Ville 5, avenue Marcel-Houël 69200 Vénissieux Tél. : 04 72 21 44 98 www.venissieux.fr Association Espace Pandora 7, place de la Paix 69200 Vénissieux Tél. : 04 72 50 14 78 espacepandora@free.fr www.espacepandora.org
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