1 an d'écrits à Vénissieux 2015 - avec Pierre Soletti by espace pandora

Notre langue, la part commune En ce début d’année 2016, il s’agit pour nous d’entrer en langue, dans les langues, comme on entre dans la danse, sans bouder notre plaisir et sans aucun esprit de revanche ou de compétition. Afin de redonner un peu de lumière aux mots, aux mots de notre langue et aux mots des autres langues, nous avons décidé d’ouvrir le champ – le chant – en élargissant encore davantage le « cercle » qui, pourtant, n’a jamais été pour nous un cercle d’initiés. Entrer en langue, c’est d’abord, bien sûr, entrer dans sa propre langue, charnelle, sensuelle, sonore et parfois, même, visuelle. Mais c’est aussi cueillir et accueillir toutes les langues du monde, langues portées par les nombreux flux migratoires, langues d’ailleurs, langues – donc – d’ici et de là-bas, langues de la diversité (des corps et des langues) dans toute leur diversité. La Ville de Vénissieux et l’Espace Pandora vous proposent avec cette sixième livraison d’1 an d’écrits à Vénissieux de parcourir les traces laissées sur la page d’encre par le poète Pierre Soletti, à l’occasion de sa résidence d’auteur dans la commune, durant le premier semestre 2015. De découvrir aussi des proses et des poèmes issus des divers ateliers conduits, tout au long de l’année, par des écrivains amis, autour des « dix mots » de la langue française, notamment. La Ville de Vénissieux et l’Espace Pandora vous proposent, également, d’accueillir avec enthousiasme l’écrivain Denis Pourawa, notre nouvel auteur résident, qui va ouvrir le bal des langues 2016, en direction des nombreux publics concernés. Enfin, en cette année 2016, année marquée par le cinquantième anniversaire de la disparition d’André Breton, nous voudrions conclure par une citation en hommage au fondateur du surréalisme, sans doute l’un des plus importants écrivains du siècle dernier, une citation puisée dans l’un de ses recueils, Clair de terre : « L’horaire des fleurs creuses et des pommettes saillantes nous invite à quitter les salières volcaniques pour les baignoires d’oiseaux. Sur une serviette damée rouge sont disposés les jours de l’année. » Bonne et heureuse découverte ! Bayrem Braïki, Adjoint au Maire délégué à la culture, aux finances et au développement numérique Emmanuel Merle, Président de l’Espace Pandora

3 Une résidence littéraire à Vénissieux avec Pierre Soletti de février à mai 2015

En 2015, l’Espace Pandora a eu le plaisir d’accueillir l’écrivain Pierre Soletti en résidence à Vénissieux durant plusieurs mois. Installé dans un appartement de Vénissieux, il a partagé son temps entre l’animation d’ateliers d’écriture, des rencontres publiques et des temps de création. Les textes que vous allez découvrir dans ce recueil sont issus des ateliers menés par Pierre, auprès d’habitants de tous âges et horizons, dans diﬀérents lieux de la ville :

• Jardin de la Passion • Centres sociaux des Minguettes • École Saint-Exupéry • Collège Jules-Michelet • Centre social de Parilly • Médiathèque Lucie-Aubrac • École Louis-Pasteur • Ateliers Henri-Matisse • Marché des Minguettes

avec aussi des interventions poémiques, graphiques & plastiques libres de Pierre Soletti !

Pierre Soletti est né en 1971 et vit actuellement dans la région toulousaine. Il écrit, publie, peint, dessine, bidouille des sons, bricole des trucs qui ne sont pas faits pour marcher droit. Ses écrits ont donné lieu à la création de spectacles multimédia. En 2015, il fonde Facteur Zèbre et sort dans la foulée son premier CD en librairie, sans aucune logique commerciale. De la logique, pourtant, Pierre Soletti en a sérieusement puisqu'il arrête assez tôt toute activité d'aliénation lucrative pour se consacrer entièrement à l'écriture et aux rencontres. Quelques titres : Je travaille pas (collection Petit VA!) ; J’aime (Møtus) ; & cætera (Dernier Télégramme) ; Muséhomme (Le pédalo ivre). Son site : www.pierresoletti.fr

5 Nous sommes nés par ouï-dire. Nous sommes nés parce qu’on nous l’a dit. Nous ne sommes pas que des êtres de chair et de sang. Nous sommes aussi des êtres de paroles. À notre naissance, on nous entoure de bras mais aussi de mots, la chose qui relie. Les mots sont des êtres vivants tout comme les êtres vivants sont des histoires. Tout commence par là. Par la naissance avec les mots. Sans mot, pas de naissance. Vous êtes nés parce qu’on vous l’a dit. Vous ne vous rappelez pas le jour de votre naissance. D’ailleurs, êtes-vous bien certain d’être nés ? On naît tous les jours vous savez. Chaque jour devrait être la fête de notre naissance. Les poètes savent ça. Pas de temps à perdre. Juste perdre son temps à ne pas le gagner. Juste partager. Être dans le partage, comme nous l’avons été durant les ateliers dont vous allez lire quelques poèmes ci-après ou vous faire lire même si vous savez lire parce que c’est si agréable de se faire la lecture entre nous. Installez-vous confortablement, laissez filer le chrono, ne comptez plus les heures, les minutes, faites une pause… prenez du bon temps… le mauvais temps n’en saura rien… Les textes qui suivent sont à lire à haute voix comme on jouerait à chat perché. Pierre Soletti

7 Centres sociaux des Minguettes & Jardin de la Passion Ouvrez grand vos feuilles de choux pour recevoir les épluchures de mots du Jardin de la Passion (jardin collectif participatif animé par Bioforce) et des Centres sociaux des Minguettes où Pierre Soletti a jardiné des vers en atelier, à même le terreau des mots, tantôt dans les fraises, tantôt dans les mauvaises herbes (qu’il aﬀectionne particulièrement), où chacun a pu rajouter son grain de sel…

Mwen pa ke ouais la lune an encore Mwen pe ke jamain ouais n, homme aimain yo, yon epi lotre Et ! si reve ta la, te pe realiser dans monde fou ta la. Moin pe ke jamain oue reve ta la realiser. Marie-Guilaine (en créole)

Je ne verrai pas des bisons dans le Jardin de la Passion, Je ne verrai pas le Titanic remonter des profondeurs de la mer, Je ne verrai pas un escargot sur le dos d’un chat, Je ne verrai pas Maurice courir le 100 mètres. Abdel

8 Je ne verrai pas ta soucoupe déformée par le temps. Je ne verrai pas ton visage sculpté de rides haineuses, tes oreilles pointues, ta bouche sans lèvres, tes yeux sans larmes, ton nez sans cellules olfactives. Je ne verrai pas ton ombre le jour, ni ton âme la nuit. Je ne verrai pas le résultat de ton travail méchant. Je ne verrai pas les gueules de tes amis ; monstres abyssales.

Il a plu des étoiles dans notre lit de ce soir et j’ai fini ma nuit dans la Lune.

Je ne verrai pas ta bouﬀe de reste de cadavres jetée dans le lac Victoria après le génocide d’innocents.

À la place de ta tête, je verrais une belle pâquerette avec une chevelure dorée, resplendissante de clarté.

Je ne verrai pas la lave couler du Kilimandjaro. Souad

Toutes tes mains n’auront servi qu’à faire du bien. Si je faisais 21 grammes de moins, je danserais dans les champs de fleurs. J’attends un train corail pour la toundra Où tu rêvais de prendre un thé Mais, le peuple mongol veille J’attends la prochaine station. Texte collectif Maurice, Sarah, Habib, Marie-Claude et Marie-Hélène

9 École primaire Saint-Exupéry

Vous allez lire des poèmes de formes courtes, créés par les élèves de CM2 de madame Laëtitia Eddaoui. Des haïkus libres comme l’air, légers comme des milliers de petites grenouilles plongeant depuis leur nénuphar dans la lagune de l’aube. Plouf ! Tirant un trait sur le passé, nous voilà tout neufs.

L’oiseau qui vole Se sent libre De lui-même Les panneaux se retournent dans ton dos L’histoire se retourne dans tes jambes Le jour s’envole et atterrit dans ta tête

Indira

Même les arbres Peuvent vivre En respirant Alperen

Les fleurs Tombent D’inspiration Aumayma

Maya

10 L’oiseau qui est noir et blanc Monte sur un bâtiment gris et blanc Qui s’écroule instantanément

Un arbre reste un arbre Vivant ou mort Nu ou vêtu

Bilel

Walid

Un homme Parcourt l’univers Avec des brouettes de trottoirs à gravir. Zohra

La rue se craquèle Les villes sautent Et le monde se balance

La ville s’envole Les feuilles aussi Et notre vie Mohamed-Ali

Nissoity

Sur le balcon fleurissent des hommes et des femmes Non, méchants, grands, petits Oui moyens Fatma

11 Les gens se demandent Comment le poteau électrique Ne s’électrocute pas

Les roses sont des roses Le Soleil est le Soleil Le monde est notre cœur

Bouchera

Brika

Le jour où j’accélère Je m’engouﬀre dans la ville Avec un chant d’oiseau dans la tête Badreddine

J’aime

J’aime dessiner les mains en l’air dans la mer J’aime manger des tacos de nuages sur Mars J’aime sous la pluie être un parapluie J’aime les trottoirs ocre quand ils sont maladroits J’aime les mathématiques qui piquent sous les cahiers en forme de bouteille J’aime courir sur les yeux de la maîtresse avec mes yeux châtain clair. Poème collectif

14 Collège Jules-Michelet Classe de 6èmeA de madame Houver. Des poèmes-promenades autour des jardins imaginaires urbains de Vénissieux. Des poèmes inscrits dans des livres d’artistes, rappelant que l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art*. En ouvrant grand vos écoutilles, vous saisirez comment la poésie change le monde sans avoir l’air d’y toucher. Et si par bonheur vous y touchez, sachez que vous avez le droit de le transformer. * Robert Filliou

15 Mon printemps se réveille en douceur Je me promène dans un monde merveilleux Avec une immense chaleur. Au fond de lui il veut s'enfuir Mais après tout Il s'en fout Car il ne veut pas Il veut finir sa saison Avec un grand point d'exclamation. Il laisse fleurir des roses En rose, des marguerites Et aussi des billes de toutes les couleurs Le chant des oiseaux Ne fait qu'un mot Mais parfois, il fait appel à la pluie Et oui mon printemps Il est comme ça ! Jessica

Il fait beau, le Soleil s'ouvre, Les fleurs se ferment, Mes billes cassées scintillent, C'est joli. Je nettoie, je salis, Dans la mare, je me baisse, Je m'endors, c'est fini. Eya

16 La rose curieuse Je plante dans un jardin Il s’y forme des plantes carnivores J'y décore des narcisses et des lys Dans ce magnifique jardin Il s’y forme une petite rose. Cette rose me colorie, Cette rose me plante. Toi petite forme ! Es-tu méchant ? Que me veux-tu ? Plantes-tu arrogant ? Je veux être grand à toutes ces questions En t'écrivant... Ces quelques mots de pétale rose Ces quelques mots pour sculpter ta vie. Lukman

Ce matin-là, je me freine. Que remplis-je ici Un monde merveilleux Bouﬀe de surprise. Le bonrosebon, une fleur pomponne Il y grossit un gros bonbon délicieux Coq, frei, freine, coquerico On y accélère mot fleur Texte, oh, texte Victoire

18 Centre social de Parilly Vous allez ouïr à présent (toujours si vous lisez à tue-tête) des poèmes de bouches à oreilles. Des poèmes tout nus, tout vrais, tout pleins d’humanité. Cette humanité qui refuse de se laisser jeter avec l’eau du bain de la grande lessiveuse de la rentabilité à tout crin. Vous allez ouïr ce jour (& ouïr pleinement je l’espère…) les poèmes écrits au Centre social de Parilly. Tendez l’oreille à la bouche des mots qui susurrent le monde qui gronde…

Stockfischs contre le béton nos cahiers bien rangés

Dans les jardins de l’oubli la ville Tourne et se retourne Pour ne pas s’endormir Lise

Evelyne

Pense aux cons vois les autres lutte debout ! Muriel

Toute la vie devant toi, Viens voir comme elle est belle, J’te fais la courte échelle. Anny

L’eau qui coule En attente Le fil s’écoule Temps Christian

La ville s'envole la fille enfile et file les folles volent et s'envolent Elle vole dans la ville sans voile, Seul, l'homme vole ses voiles et roule !

Sur l'aﬃche qui se décolle le candidat voit ses rêves de pouvoir qui s'envolent.

Par les fenêtres absorbées de nuages, de fusées, pleuvent encore des mots que peu comprennent !

Christine

Maryse

Je souﬄe l’envie d’accélérer avec la main dans le dos Étirement Réfléchissant Accueillant Ça allume dur Avec le bras en colimaçon Étirement problématique ou poétique ? Dur, dur de rayonner le mur Accueillir, quoi la posture ? Réfléchissant l’art et la poésie. Lâcher prise sur la gauche. Ça luminose Faut qu’on médite ? Loïc

Salut mon petit ! N’écoute pas les oiseaux de mauvaise augure qui te diront que ce monde est pourri ! Ce monde est ce que nous avons décidé d’en faire. Un arc-en-ciel de joie, une parenthèse enchantée. Aucun chemin de vie n’est rectiligne. Le savoir et l’accepter est une force insoupçonnable. Alors, sois curieux, ouvert et heureux. La vie te paraîtra belle ! Bonne route, mon petit ! Agnès

20 Médiathèque Lucie-Aubrac À la maison du livre ont eu lieu des ateliers d’écriture intenses, allant du slam à la prose, en passant par le récit mais jamais à côté de la vie en tout cas. Sur la faille, la brèche, la braise parfois et nous avons préféré souﬄer dessus plutôt que de vivre ternes.

Raconte-moi une histoire et si la tienne pleure, mets-y une pincée de lumière, un brin de brise ! Raconte-moi ! Écorche ta boîte à souvenirs, secoue-la, secoue-la encore que tes printemps puissent en extraire tout le jus puis que tes souvenirs s'échappent et voguent dans mes souvenirs à moi. Cécile

Une main posée regard voilé Une main penchée par-dessus rien La pensée s’ancre sous les doigts

Monique

Je ne verrai pas la fin de la course du temps. Je ne verrai pas les ĂŠchecs administratifs du purgatoire. Je ne verrai pas la bobine nue du fil de l'histoire. Je ne verrai pas le soir du grand jour. Je ne verrai pas le jour du Grand soir. Je ne verrai pas la petite morte suspendue dans les vents. Je ne saurai pas pourquoi. Je ne sentirai ni le froid, ni les flammes. Je ne verrai pas la suite et fin. ClĂŠmence

Oh Christian c’est toi ? Qu’est-ce que t’as grandi ! Tu joues de la musique T’es content de toi ? Oh t’es moi enfant Comme je me souviens, pas bavard Toujours devant la télé Au lieu de jouer avec les amis Oh Christian Sur facebook. Qu’est-ce que tu aimais Nos amis d’enfance ! J’vois leur nom sur ta liste d’amis Jamais tout le temps petit Tu étais à la maison Soit chez tatie, soit chez mamie

Oh Christian J’avais promis que la famille reviendrait en Guadeloupe Je vois que t’es toujours en France avec ta doudoune C’était prévu de revenir ? Je suis revenu mais trop tard Certains de nos amis M’ont pas attendu L’ont oublié Oh Christian ! Tu écris encore Cette fois-ci des chansons et des poèmes Y’a un point où j’suis resté le même. Christian

23 pourquoi tu fermes les yeux ? pourquoi tu fermes la porte ? tu te souviens la porte jamais à clé fermée tu te souviens elle sur le pas de la porte dans sa blouse bleue ? tu n'as pas oublié le peuplier c'est bien. tu as appris à ranger ta chambre à tenir une maison c'est dommage pourquoi tu crois qu'il faut manger les enfants et protéger les fourmis ? pourquoi tu prends pas le train au hasard ? pourquoi tu n'as gardé de moi que la peur ? pourquoi aujourd'hui tu n'as pas dit : « excusez-moi, j'ai été retenue par le vent » pourquoi tu caresses la nuit ? elle te manque pas les phrases sans réponses ? je te vois chercher les réponses. tu soulèves les pierres. ça te demande plein des eﬀorts de soulever les pierres, mais après, plus rien. c'est beau les pierres suspendues mais ça fait pas un édifice. t'es drôle tout d'même. tu le crois pas, je le vois au sérieux de tes dents. mais tout d'même, t'es drôle. tu te souviens mais j'aime pas ton souvenir. toutes nos victoires tu les as réécrites à l'encre rouge. tu t'excuses. c'est un métier ça, s'excuser ? tu devrais écrire des gros mots ça te ferait du bien, sur les murs de ta peau t'écrirais :

SURVEILLEZ LES POÈTES ILS LÈCHENT LES MOTS AVANT DE LES PORTER À LEURS BOUCHES

et sinon ça va comment ? oui oui ici aussi on franchit les lignes blanches en fait non je me trompe ici on apprend à les repeindre – bleue comme un linge de ciel – d'ailleurs en parlant de ciel tu m'excuses je dois aller en découper un morceau pour rafistoler sa blouse. tu sais celle avec des fleurs. tu sais ce que c'est les impératifs allez prends soin de tes prochains embranchements c'est pas le moment de foirer. Caroline

26 École maternelle Louis-Pasteur Les enfants de la classe de Sonia Viel ont écrit des poèmes sonores, ils ont dessiné des mots, créé des petits objets-livres… Tout petits déjà, la poésie fait vibrer les membranes sensibles des baﬄes de la création à fond les ballons. L’envie d’être avec les autres. L’envie d’apporter sa pierre à l’édifice de la construction du monde. Car le monde n’est jamais fini, chaque part de rêve est nécessaire pour ne pas laisser les décideurs de la pensée unique dominante massacrer notre planète à la vitesse de la lumière oubliée dans les locaux du CAC 40. Nous avons besoin d’utopie. Nous avons besoin de rêveurs. Nous avons besoin de poètes en herbe pour penser à éteindre la lumière dans les locaux vidés d’humanité.

27 Ateliers Henri-Matisse Dessine-moi un mot, je t'écrirai un mouton. Tout ça pour mieux s’apprivoiser ‒ se livrer. Telle fut l'aspiration de cet atelier de création de livres faits main, encre et sueur. Une histoire de livres quoi. Puis, ce jour-là, chez Monsieur Matisse, les livres ont été sonores également, à l’image des mots que Pierre Soletti a dissimulés ça et là, dans un tiroir entrouvert, sur une étagère, une armoire ou un tableau noir, lors de sa lecture publique. Une réserve de petits mots pour les jours de pénurie. Des petits mots en équilibre qu'il a placés prêts à tomber au moment où l’on s’y attendra le moins pour remplir à nouveau la pièce de poèmes.

Soirée de lancement - Espace arts plastiques Madeleine Lambert

29 Le marché des mots Au Marché des Minguettes, l’Espace Pandora, ses adhérents et Pierre Soletti ont récolté des pensées, des fragments et des poèmes écrits par les passants. Ces ateliers en plein air ont eu lieu les jeudis 23 et 30 avril 2015.

Sur la ZUP le printemps éclot Enfants rieurs, papis pensifs Maman pleine de mains, paniers joyeux un arbre attrape un autre arbre du bout des branches… baiser d’écorce en plein ciel…

Place du Marché, les gens sont beaux. Catherine

Le cœur est à l’image d’une fenêtre, on l’ouvre habituellement quand il fait beau. Saïd

31 marcher sur un cimetière de mots se pencher, pleurer et sur son ombre, piétinée par la ronde des fourmis, s’émouvoir sous la lune dans les nuits blanches Cécile

Surprendre un mot de temps en temps j’ai un choc grand choc jusqu’à la palpitation de vivre choc de peur de ne plus avoir peur il y a des mots qui choquent les mensonges. Je suis dans un coin tranquille j’aime ne rien dire à personne. Zohra Bouberi & Pierre

32 Je vis à demi J’oublie à moins le quart, je prends un demi Médite et oublie

viens finir tes rêves ! viens trouver la solution pour qu’on ne tombe pas dans l’eau

Anonyme

Rabah-Montesquieu

34 Et aussi… Au cours de sa résidence, Pierre Soletti a participé à plusieurs événements pour des lectures, des concerts, et bien d’autres rencontres et récitals. Une soirée de lectures, exposition et musique a clôturé la résidence en beauté, à la salle Érik-Satie le 6 mai 2015. Les participants aux ateliers ont présenté leurs créations sur scène avec l’aide de la comédienne Claire Terral… Et Pierre Soletti a oﬀert un concert de poésie-rock avec son groupe Facteur Zèbre.

Soirée Poetry − Printemps des Poètes avec Éric Ségovia au Périscope (Lyon) − 10 mars 2015

Soirée de clôture − salle Érik-Satie (Vénisiseux) − 6 mai 2015

Facteur Zèbre − Soirée de clôture − salle Érik-Satie − 6 mai 2015

37 Au-delà de la résidence Cette seconde partie donne à lire des textes issus d’ateliers d’écriture menés tout au long de l’année 2015, par plusieurs écrivains, à Vénissieux. • le Jour du Livre • Dis-moi dix mots • Objets migrateurs • Mots d’elles d’espoir … autant d’occasions de s’amuser avec les mots, avec les auteurs : • Hassan Guaid • Jean-Baptiste Cabaud • Philippe Barbier

38 Le Jour du Livre La deuxième édition du Jour du Livre a pris place en plein air le samedi 26 septembre 2015, sur le plateau des Minguettes, avec la participation de nombreux partenaires. Des ateliers typograhie, reliure, illustration et écriture invitaient à créer son propre livre, avec aussi des stands d’éditeurs, rencontres avec des auteurs, spectacles et jeux littéraires.

M’en aller à Londres Boire le bon thé de seize heures et tout visiter Voyager à Rome spaghettis et raviolis Pizzas et lasagnes Courir vers Hawaï Puis manger en Côte-d’Ivoire chercher l’Atlantide Anonyme

Tap-tap le corbeau Clic-clac la fenêtre Cric-crac le rideau Cri-cri le corbeau S’envole dans les airs Fatima

39 Tant de cœurs qui battent

Paix

À l’intérieur de chaque ville,

La paix est-elle l’objectif ? Ou est-elle le moyen ?

Musique Tam-tam Maryse

Je pense que la paix est le chemin M.

40 Dis-moi dix mots & Objets migrateurs Deux thèmes ont été choisis par les écoles de Vénissieux en 2015. Les dix mots, pour les classes de Sabrina Dabic et Pauline Coudert, dans les écoles Jean-Moulin et SaintExupéry, lors d’ateliers d’écriture menés par Hassan Guaid. Et les objets migrateurs, avec les auteurs Jean-Baptiste Cabaud et Philippe Barbier, pour les classes de CP de Mathieu Laurenceau, Sarah Gninofou et Nadia Menni des écoles Henri-Wallon et Saint-Exupéry.

La vie de Kitsch Kitsch est habillée en mode disco. Kitsch est jugée par des inconnus pour son apparence. Kitsch est triste, car on la chagrine, Pourtant elle a une personnalité hors du commun ! Un jour, pourra-t-elle nous pardonner et être heureuse ? Kitsch est moche mais nous aussi, Moches ou beaux, on est tous pareils. Choukourati, École Jean-Moulin, classe de CM2

Pour le grigri du bonheur, c’est simple, il faut Rimer avec son métier Une fleur de bonheur Un nuage qui plane sur la page Manger un comprimé citronné Puis mélanger le tout Et cuire au four à 180°, Thermostat 6 PS : Une fois cuit, ajouter une souris, de la pluie, et manger aussi sec ! Nassim, École Saint-Exupéry, classe de CE 2

41 Pour fabriquer le grigri du bonheur, il faut Que les mouchoirs soient dans la casserole Moutons carnivores et loups herbivores Que les arbres soient fragiles et que les escargots coulent très fort Matière grasse et sucrée, vaches écrivant de la poésie Eau glacée et liquide Femme homme et homme femme Sami, École Saint-Exupéry, classe de CE 2

Bonjour Kermesse ! Toi ma sœur, tu me manques trop ! Je veux des gâteaux et des sucettes. Je veux des cadeaux, une pêche aux canards, un lâcher de ballons, des boissons gazeuses et sucrées, des pâtisseries turques et arabes, de la musique, des crêpes, des courses en sac, des boîtes de conserve à démolir. Kermesse toi, ma sœur, n’oublie pas de revenir tous les ans. Damlanur, École Jean-Moulin, classe de CM2

Pour trouver son grigri Il faut un cœur rempli de doudous Partir en vacances sur le dos d’une sorcière Travailler avec l’orage Que des enfants nagent dans des pots de miel Il faut écrire Écrire un quartier… Wessame, École Saint-Exupéry, classe de CE 2

42 Je suis partie en Algérie ma tata a donné le coﬀre à ma mère ma mère me l’a donné Habara, École Saint-Exupéry, classe de CP

La photo de papa et de grand-père on l’a ramenée en France pour se souvenir Youcef, École Saint-Exupéry, classe de CP

Le collier que pour moi dans mon cou important pour moi Sahare, École Saint-Exupéry, classe de CP

Mon pyjama ma grand-mère me l’a fabriqué j’étais trop contente. Israa, École Saint-Exupéry, classe de CP

43 Tortue décorée de petits points qui rêve de prendre un bain dans une grande machine à laver Carlos, École Saint-Exupéry, classe de CP

Mon collier rêve De se mettre sur le cou De tous les voyageurs. Ilyess, École Saint-Exupéry, classe de CP

Il rêve de son pays, l’Afrique parce qu’il lui manque Miraldi, École Saint-Exupéry, classe de CP

L’aventure de ma boîte quand mon frère était malade il l’a construite pour moi Idriss, École Saint-Exupéry, classe de CP

Mon panier vient du mali il a pris l’avion jusqu’en France Haoua, École Saint-Exupéry, classe de CP

44 Mots d’elles d’espoir Mots d’elles d’espoir est un groupe de femmes ayant subi des violences conjugales. En collaboration avec la CAF du Rhône, le groupe a souhaité créer un livret pour sensibiliser les victimes ainsi que leur entourage. Avec l’aide de l’Espace Pandora, de l’écrivain Jean-Baptiste Cabaud et du dessinateur Yann Degruel, un guide illustré verra la jour en 2016.

Farida et Leïla

46 Remerciements L’Espace Pandora souhaite remercier la Ville de Vénissieux – en particulier le service des aﬀaires culturelles et le service communication – qui a permis la réalisation de ce livret. Que soient également vivement remerciées, pour leur soutien, la Direction régionale des aﬀaires culturelles de Rhône-Alpes, l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, la Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône, la Région Rhône-Alpes et la Métropole de Lyon. Ont permis la réalisation de la résidence littéraire et des ateliers d’écriture, le cinéma Gérard-Philipe, la médiathèque Lucie-Aubrac et les bibliothèques de quartier, l’Espace Arts Plastiques Madeleine-Lambert, le Service jeunesse de la Ville, le Centre social Parilly, l’Institut Bioforce et le Jardin de la Passion, les Centres sociaux des Minguettes, l’école Louis-Pasteur, l’école Saint-Exupéry, l’école Henri-Wallon, le collège Jules-Michelet, le Pôle Territorial d’Éducation Artistique et le Réseau de Réussite Scolaire Jules-Michelet, la Caf de Vénissieux et toutes leurs équipes. Toutes et tous ont réservé un accueil chaleureux à Pierre Soletti lors de sa résidence littéraire ainsi que lors des rencontres avec les auteurs invités par l’Espace Pandora. Merci à Claire Terral, comédienne, qui a accompagné les habitants de Vénissieux pour la mise en voix de leurs textes. Nous tenons à remercier la Maison de la poésie - Centre de Créations pour l'Enfance de Tinqueux (51), et en particulier sa directrice, Mateja Bijzak Petit, qui a apporté son soutien à la soirée de clôture de la résidence avec le concert de Facteur Zèbre. Nous adressons également un salut amical aux auteurs Philippe Barbier, Jean-Baptiste Cabaud et Hassan Guaid, pour leur présence et leurs contributions. Enfin, encore, nos plus chaleureux « signes ascendants » au poète agité Pierre Soletti, avec qui nous avons aimé fêter nos 30 ans.

47 Une résidence littéraire avec Denis Pourawa Moussa Konaté, Fabienne Swiatly, Joël Bastard, Mouloud Akkouche, Laure Morali, Pierre Soletti… Ces auteurs ont posé pendant plusieurs mois leurs valises de mots à Vénissieux, à l’occasion d’une résidence littéraire. En 2016, c’est le poète Denis Pourawa qui sera accueilli à Vénissieux, du 1er février au 30 avril. Denis Pourawa est né en 1974 à Nouméa, Nouvelle-Calédonie. Il trace une écriture crue issue de l’urbain, concise, ciselée, mais aussi chaleureuse et habillée de rythmes de sa riche culture mélanésienne. Poète forgé par son pays, venu à Paris avec la ferme volonté de se « frotter » à ce vieux continent de la Littérature et des Arts qu’est la France, il y entreprend un projet d’écriture, de recherche sur les arts de la scène (performance / théâtre / spoken word / video…) Simplement écrire trois phrases Trois lignes de vie Sur la paume matinale du jour Ses derniers livres : La Tarodière, Vents d’ailleurs, 2010 ; Entre voir les mots des murs, Éd l’Herbier de Feu – Grain de Sable, 2006 ; Téâ Kanaké, l’homme aux cinq vies, Éditions Grain de Sable jeunesse, 2003.

48 Espace Pandora Agitateur poétique depuis 1985

Depuis trente ans (1985-2015), l’Espace Pandora est une association spécialisée dans l’action culturelle autour du livre et de l'écrit, et plus particulièrement de la poésie. Aﬃrmant la nécessité de créer de nouveaux lieux et liens de la lecture et de l’écriture, l’Espace Pandora conduit de nombreuses actions et souhaite sensibiliser un large public à la littérature contemporaine sous toutes ses formes et dans tous ses états. Ainsi, l’association organise des manifestations littéraires et pluridisciplinaires à Vénissieux, et plus largement dans la région :

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le festival Parole Ambulante, dans l’agglomération lyonnaise, le Jour du Livre, en plein air à Vénissieux, le concours Quelles nouvelles ?, destiné à favoriser l’émergence de jeunes auteurs, le Printemps des Poètes, dans la Métropole de Lyon, l’opération « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes.

Avec le désir de partager les mots et la langue, l’Espace Pandora met en place tout au long de l’année des ateliers d’écriture animés par des écrivains, au sein de structures sociales, scolaires, culturelles, pénitentiaires etc. Cette mission prend à Vénissieux une dimension particulière avec la mise en place d’une résidence littéraire associant les habitants de la ville. Enfin, l’Espace Pandora est un lieu ouvert à tous − situé au 7 place de la Paix à Vénissieux − proposant des lectures-rencontres, des formations, des expositions, des ateliers artistiques et un fonds documentaire spécialisé en poésie. L’équipe : Myriam Chkoundali, Marie Delorme, Julie Dorille, Jamel Morghadi, Thierry Renard et Marie-Caroline Rogister.